SECTION 2: Evolution du sécteur financier et
monétaire tchadien
C'est dans un environnement international
relativement favorable que s'inscrivent les activités économiques
et financières tchadiennes. D'une manière générale,
au cours des ces dernières années, les perspectives
économiques se sont caractérisées principalement par une
croissance économique soutenue qui s'est accompagnée d'une
maîtrise de l'inflation, d'une consolidation des finances publiques,
d'une bonne tenue des comptes extérieurs courants, et le renforcement du
système bancaire
2- 1: Evolution de l'inflation
Sur le front des prix, les poussées inflationnistes de
8,1 % en 2006 ont fait place à une déflation de 4,0 % en 2007 et
ce, en dépit de la hausse des prix importés d'environ 2,7 %. En
effet, l'indice des prix des produits locaux a reculé de 11,4 % sous
l'effet de la baisse de 13,3 % des prix des produits alimentaires, bien que
ceux des biens manufacturés et des services se soient accrus
respectivement de 0,4 % et de 0,8 %. Selon l'INSEED, les principales causes de
cette déflation tiennent essentiellement à (i)
l'abondance résultant de la bonne campagne agricole 2006/2007 des
produits alimentaires, notamment les céréales, sur les
différents marchés, (ii) aux vicissitudes des relations
entre la Cotontchad et les cotonculteurs en début d'année 2006,
ayant contraint certains de ces derniers à abandonner la culture du
coton au profit de produits alimentaires tels que le céréales et
les oléagineux, (iii) aux bitumages de certains axes routiers
ayant contribué positivement à l'écoulement des produits
alimentaires des régions productrices vers les grands centres de
consommation.
2 - 2: Situation des finances publiques.
Les recettes budgétaires provisoires
à fin décembre 2007 sont ressorties en hausse de 34,4 %,
s'établissant à 760,3 milliards, contre 565,8 milliards un an
plus tôt et de 150,4 millards en 1982. Elles représentent 98,4 %
des prévisions de l'année 2007 (772,4 milliards). Cette
évolution a été rendue possible par la progression de 67,9
% des recettes fiscales, grâce notamment au recouvrement efficace des
impôts sur les revenus et les sociétés (+79,6 %), suite
à la perception de l'impôt sur les sociétés
pétrolières (425,8 milliards). Les taxes sur les biens et
services et celles sur le commerce international ont également
augmenté de 41,9 % et de 14,5 % respectivement, pour se situer à
33,4 milliards et à 46,6 milliards. Les recettes en capital ont, en
revanche, baissé de 27 %, revenant de 2,9 milliards à fin
décembre 2006 à 2,1 milliard à fin décembre 2007.
Cependant, les recettes non fiscales ont diminué de
26,8 % au cours de la même période, se situant ainsi à
144,7 milliards contre 197,6 milliards un an plus tôt. Ce déclin
est lié à la chute de 23,6 % des redevances
pétrolières qui sont retombées de 173,4 milliards en
décembre 2006 à 132,5 milliards un an plus tard, à cause
du recul de la production de pétrole brut.
Prenant en compte les droits constatés, les recettes
à imputer et les variations de créances, les recettes, base
encaissement, sont estimées à 764,8 milliards à fin
décembre 2007, en hausse de 33,8 % par rapport au même mois de
l'année 2006.
Dans le même temps, les dépenses totales ont
progressé de 60,3 %, pour se fixer à 558,9 milliards (87,9 % des
prévisions de l'année 2007), contre 348,6 milliards un an
auparavant. Les dépenses courantes ont augmenté de 53,6 %,
entraînées par les hausses conjuguées des salaires et
traitements des agents de l'Etat (+78,4 %), des achats de biens et services
(+49,3%), des dépenses de transferts et subventions (+38 %), ainsi que
du service de la dette (+104,5 %). Les dépenses en capital se sont
également accrues de 84,6 %, passant de 75,8 milliards en
décembre 2006 à 139,9 milliards à fin décembre
2007.
En intégrant dans les dépenses totales les
charges à imputer, qui s'élèvent à 26,5 milliards,
ainsi que celles relatives au règlement des arriérés qui
se chiffrent à 22,4 milliards, les dépenses totales, base caisse,
se sont situées à 607,9 milliards à fin décembre
2007.
Au total, la gestion des finances publiques s'est
soldée, au 31 décembre 2007, par un excèdent, base caisse,
de 155,2 milliards, contre 130 milliards un an plus tôt et par un deficit
en 1982.
2-3: Situation de la balance des paiements et de la
dette
Les données en volume du commerce
extérieur, recueillies auprès de l'administration, font ressortir
une évolution mitigée des exportations et des importations des
biens et services non facteurs à fin décembre 2007, par rapport
à la même période de l'année 1982. En ce qui
concerne les importations, celles des hydrocarbures, des biens de consommation
alimentaires et des matériaux de construction ont baissé
respectivement de 4,1 %, de 6,6 % et de 3 %. Parallèlement, celles des
équipements industriels et de transport chutaient de 47,8 %. En
revanche, les entrées des autres produits ont progressé.
S'agissant des exportations, elles ont baissé de 28,8 % pour la coton
fibre, de 7,5 % pour le pétrole brut, de 78,5 % pour les cigarettes et
de 4,8 % pour les biens de consommation alimentaires tandis que celles des
produits divers progressaient de 251,8 %.
S'agissant de la dette extérieure, l'encours s'est
contracté en 2007, en rapport avec la dépréciation des
cours du Dollar américain et du DTS par rapport à l'Euro et, les
remboursements enregistrés pendant la période.
2-4: Au niveau de la masse monetaire
En relation avec la hausse observée au
niveau de toutes ses composantes, la masse monétaire (M2) est
passée de 63454 millions de franc Cfa en 1990 à 367703 millions
de francs en fin juin 2007.
L'analyse de la structure de la masse monétaire
met en exergue une augmentation de la part de la monnaie scripturale( de 13728
millions en 1982 à 135600 millions en 2007), de même que la quasi
monnaie a augmenté malgré des fluctuations de hausse et baisse
pour atteindre 18782 millions en fin juin 2007 au lieu de 2746 millions en
1982. La part de la monnaie fiduciaire malgré les mouvements de baisse a
connu une augmentation presque constante sur la période.
2-5: Le systeme bancaire tchadien
Le système bancaire tchadien compte 7 banques la BAC (ex-BAST), la BCC,
la CBT (ex-BDT), l'Ecobank Tchad (éx- BIAT), BSIC, la Financial Bank
Tchad et la SGTB en decembre 2007 contre 2 en 1982. Le marché bancaire
tchadien est dominé par trois banques, en termes de crédit et de
dépôts.
En dépit d'un environnement extérieur favorable marqué par
la hausse des cours mondiaux de pétrole, les résultats globaux de
l'économie connaissent une baisse avec un taux de croissance du PIB
réel de 3,6% en 2007 (contre 33,7% en 2004). Cette performance
économique s'explique notamment par le recul de l'activité
pétrolière resultant de la chute de l'extraction de brut, la
baisse des cours mondiaux de coton, malgré la relance de la production
vivrière dans des conditions climatiques favorables et la poursuite des
grands travaux de l'Etat. Le taux d'inflation est mieux contenu à 4,0%
en 2007 (contre 7,2% en 1982). Par ailleurs, le programme conclu avec le
FMI, objet de l'accord FRPC (Facilité pour la réduction de la
pauvreté et la croissance), semble se réaliser de manière
satisfaisante pour permettre une accession à brève
échéance au point d'achèvement de l'initiative PPTE
renforcée.
Dans ce contexte économique très favorable, le
système bancaire tchadien a connu, à fin juin 2007, une
légère croissance, qui ne reflète pas suffisamment la
forte augmentation de l'activité de collecte des dépôts et
de distribution des crédits.
Tirant avantage de la bonne évolution du cadre macro
économique du pays, en 2007 le système bancaire tchadien a
établi une bonne performance, marquée par une impulsion des
dépôts collectés qui font un bond à 186 milliards et
des crédits distribués qui s'établissent à 148
milliards nettement supérieur à ceux de 1982, année ou le
Tchad venait juste de sortir d' une grande instabilité politique qui
ne favorise pas le climat des affaires.
Le secteur bancaire tchadien se deploie
dès lors dans une économie en forte croissance, une inflation
sous contrôle, mais avec des contraintes importantes au niveau des
infrastructures. Le système bancaire tchadien est exposé à
plusieurs risques liés principalement à la forte concentration
des dépôts et des crédits dans le portefeuille des banques,
à la volatilité des cours du coton et à la qualité
de l'appareil judiciaire qui n'apporte pas aux banques le soutien dont elles
ont besoin dans le respect des contrats de recouvrement des créances.
Les établissement de crédit font en outre face à des
problèmes de gestion opérationnelle et financière
inadéquate et leur offre de produits est limitée, bien que le
secteur commence à être secoué par la concurrence.
Au plan du respect des normes prudentielles, la quasi-totalité des
banques tchadiennes est apparue liquide et bien capitalisée pour assurer
la couverture de leurs risques.
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