REPUBLIQUE DU CAMEROUN
REPUBLIC OF CAMEROON
Paix -
Travail - Patrie
Peace - Work - Fatherland
UNIVERSITE DE DOUALA
UNIVERSITY OF DOUALA
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES
FACULTY OF ECONOMICS AND
ET DE GESTION
APPLIQUEE APPLIED
MANAGEMENT
ECOLE DOCTORALE DES SCIENCES ECONOMIQUES
UNITE DE FORMATION DOCTORALE : ECONOMIE MONETAIRE
ET BANCAIRE
DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE AU
TCHAD DE 1982 A 2007
Mémoire présenté en vue de
l'obtention du diplôme d'études approfondies (DEA) en Economie
Monétaire et Bancaire
Option : Finance
Par :
AHAMAT DJABRE Genson
Titulaire d'une Maîtrise en Monnaie Banque
Finance
SOUS LA DIRECTION
Georges
Dieudonné MBONDO
Docteur d'Etat es Sciences
Economiques
Chargé de cours
ANNEE ACADEMIQUE 2007 - 2008
DEDICACE
Ce mémoire est dédié à :
Mon défunt
père DJABRE Genson
Ma mère
Hazallah Moutari Salah
REMERCIEMENTS
Ce mémoire est le fruit de multiples efforts
conjugués de la part de mon directeur de mémoire et des corps
professoraux des universités de Ngaoundéré, Yaoundé
II et de Douala. Je leur témoigne ici toute ma reconnaissance pour les
efforts consentis durant toutes ces années d'études
universitaires.
Je tiens d'abord à exprimer mes sincères
remerciements à Monsieur :
ü Le Docteur Georges Dieudonné MBONDO, Docteur
d'Etat es sciences économiques à la Faculté des Sciences
Economiques et de Gestion Appliquée (FSEGA) à l'université
de Douala.
Je le remercie sincèrement pour toutes les
qualités dont il a fait preuve durant ces quelques mois de
rédaction de ce mémoire, surtout pour sa disponibilité,
son soutien moral et matériel, et pour ces précieux conseils qui
m'ont été d'une utilité énorme dans la
rédaction de ce document.
ü Les Docteurs Ntchakounté Ndjoda et TAMOKWE G.
Bertrand pour leurs conseils et suggestions qui ont énormément
contribué à la finalisation de ce document.
Je remercie également :
ü Tout le corps professoral de l'université de
Douala qui nous a transmis son savoir surtout en matière de recherche.
Je remercie en particulier : le Pr Bruno Békolo EBE, le Pr UM
NGOUEM Marie Thérèse, le Pr Avom Désiré et le Dr
et HDR François KOUM
ü Le Pr Ali Souleymane Daby, Dr Mahamat Taher Nahar, Dr
Hamid Moutaye pour leur soutien multiforme. Je leur témoigne ici toute
ma gratitude.
ü Mr Nanko Gérard Ledoux, Mahamat Eliyé
Ahmed, Malick Abdelrasoul, Mansour Ali Moussa, le défunt Mahamoud
Kisiné. je leurs présente ici mes sincères
remerciements.
ü Madame Mariam D Genson pour son soutien sans faille. Je
lui témoigne ici toute ma reconnaissance et ma profonde gratitude.
ü La Famille Boukar Hamza à Yaoundé et
Moustapha Nour à Douala
Merci également à tous mes frère et
ses soeurs : Aziza D Genson, la défunte Hawa D Genson , Haroun
Abdelkader, Sadié D Genson, Fathia D Genson, Mahamat F Genson, Seida
Yimga G, Hazalah Mahamoud, Ahmat Malick, Noura Mahamoud, Seby Mahamoud, Mariam
Mahamoud, Abdelrasoul Malick, Djoubrane Mahamat, Saad Miskine.
Merci à tous mes amis :
Brahim Abdoulaye Dors, Ahmat Youssouf Tahir, Djibrine Mahamat
Taher, Djibrine Derdey , Haroun Ahmat Zenallah, Ahmat Baba, Mahamat Owi,
Nadjibé Eric, Gamaradine Abdallah, Nyeka S Rihanna, Doudet Ingrid.
A toutes les personnes ayant de près ou de loin
contribué à ma réussite scolaire, trouvez ici l'expression
de ma gratitude.
DEFINITION DES SIGLES
BAC : Banque Agricole et Commerciale
BEAC : Banque des Etats de l'Afrique Centrale
BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
BCC : Banque Commerciale du Chari
BSIC : Banque Sahélo-Saharienne pour l'Investissement
et le Commerce
CBT : Commercial Bank Tchad
CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale
COBAC : Commission Bancaire de l'Afrique Centrale
INSEED : Institut National de la Statistique, des Etudes
Economiques et Démographiques
PIB : Produit Intérieur Brut
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine
UMOA: Union Monétaire Ouest Africaine
SGTB: Société Général Tchadienne des
Banques
STEE: Société Tchadienne d'Eau et de
l'électricité
WDI: World Development Indicators
LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX
Pages
Figure 1 : Evolution des taux de croissance au
Tchad---------------------------------------------21
Figure 2 : Ventilation sectorielle du
BIP------------------------------------------------------------23
Figure 3 : Evolution des dépôts
bancaires-----------------------------------------------------------31
Figure 4 : Evolution des dépôts bancaires par
nature et durée------------------------------- ----32
Figure 5 : Evolution des crédits
bancaires-----------------------------------------------------------33
Figure 6 : Evolution des crédits bancaires par
durée-----------------------------------------------34
Figure 7 : Cheminement théorique de la transmission
de la finance à la croissance----------42
Figure 8 : Illustration d'équilibres multiples entre
la finance et la croissance-----------------51
Tableau 1 : Caractéristiques des variables
financières et réelles-----------------------------------60
Tableau 2 : Modèle à correction
d'erreur-------------------------------------------------------------62
Tableau 3 : Elasticité de long
terme-------------------------------------------------------------------63
Tableau 4 : Les résultats du test de causalité
de Granger------------------------------------------64
RESUME
Le problème de l'interconnexion entre secteur financier
et secteur réel dans les économies en développement a
donné lieu à des multiples travaux. Certaines analyses ont mis en
avant et tester l'hypothèse théorique d'une causalité
à sens unique, allant du secteur réel c'est-à-dire la
croissance du PIB vers le secteur financier c'est-à-dire certains
indicateurs de liquidité ou d'allocation de crédits. A
côté de cette thèse coexiste une autre suffisamment
partagée, celle de la causalité réciproque entre le
développement de ces deux secteurs de l'économie. L'objectif du
présent mémoire est de vérifier dans le cadre de
l'économie tchadienne la validité de ces deux postures
théoriques. Partant des données macroéconomiques
collectées entre 1982 et 2007 sur les bases de données des
organisations internationales telles que la FMI, la Banque Mondiale et la BEAC,
les tests de relations évoquées ont été entrepris.
D'abord le diagnostic des propriétés statistiques des
séries d'indicateurs a montré que la plupart d'entre elles sont
stationnaire en différence première puis leur
cointégration. Le test de causalité de Granger a permis de mettre
en évidence la causalité allant du développement de
l'activité réel vers le développement financier. La
réciproque de cette relation n'a pas été confirmée,
ce qui implique en matière des politiques économiques des mesures
qui tendent non seulement de renforcer le secteur réel qui a pris un
essor depuis près d'une décennie, mais aussi des mesures allant
vers la diversification des moyens financiers qui sont de nature à
accompagner un tel développement. Cela favoriserait sans doute un
développement plus intégré des deux secteurs.
Mots clés : Développement
financier, approfondissement financier, croissance
économique
SOMMAIRE
Page
Dédicace
-----------------------------------------------------------------------------------------------I
Remerciements
---------------------------------------------------------------------------------------II
Définition des sigles
-------------------------------------------------------------------------------III
Liste des figures et tableau
------------------------------------------------------------------------IV
Résumé
-----------------------------------------------------------------------------------------------V
Introduction générale
-------------------------------------------------------------------------------1
Première partie : Evolution de
l'activité économique globale et du système financier
tchadien de 1982 à
2007-----------------------------------------------------------------------------12
Chapitre 1 : L'activité économique
globale tchadienne de 1982 à 2007-------------------14
Section 1 : Evolution du secteur
réel----------------------------------------------------------14
Section 2 : Evolution du secteur financier et
monétaire--------------------------------------24
Chapitre 2 : L'évolution des indicateurs du
système financier tchadien--------------------29
Section 1 : Evolution des indicateurs de
liquidité du système financier--------------------29
Section 2 : Evolution des indicateurs d'allocation du
crédit----------------------------------34
Deuxième partie : Détermination du
lien entre le développement financier et la croissance économique
au
Tchad-------------------------------------------------------------------46
Chapitre 3 : Analyse économétrique des
données nécessaires et procédure d'estimation du lien
entre le développement financier et croissance économique au
Tchad------------48
Section 1 : Les éléments de
modélisation de la relation entre le secteur
financier et le secteur
réel----------------------------------------------------------------------------48
Section 2 : Propriété
statistique des séries d'indicateurs et procédure
d'estimation-56
Chapitre 4 : Caractère univoque du lien entre
croissance économique et développement
financier------------------------------------------------------------------------------------------------
-61
Section 1 : Les résultats des estimations
économétriques-------------------------------------61
Section 2 : Les mesures de politiques
économiques envisagées pour favoriser la
croissance--------------------------------------------------------------------------------------------------69
Conclusion
générale------------------------------------------------------------------------------------74
Bibliographie-------------------------------------------------------------------------------------------
78
Annexes---------------------------------------------------------------------------------------------------82
INTRODUCTION GENERALE
Au cours des quinze dernières années,
l'étude de la croissance économique est devenue l'un des champs
de recherche les plus actifs de la théorie macroéconomique. Les
théories modernes de la croissance mettent l'accent sur des
éléments d'explication différents quoique non exclusifs
(Katheline, 2000).
Le niveau de croissance que les économies
développées et certaines économies en développement
connaissent semble être dû en partie à une profonde mutation
de leurs structures monétaires et financières. En effet,
concernant l'économie tchadienne, durant l'ère coloniale, un
nombre important de banques commerciales au Tchad était la
propriété des grandes banques des puissances coloniales. Le
système financier tchadien qui émerge après les
indépendances reflète, dans une certaine mesure, les
infrastructures institutionnelles mises en place au cours de l'ère
coloniale. Cependant, des changements notables interviennent au cours de la
période post coloniale. Conscient du rôle primordial des banques
dans le développement économique, l'Etat tchadien procède
à la nationalisation des intermédiaires financières
existants et à la création de nouvelles banques détenues
en majorité par le pouvoir public. Le secteur bancaire est devenu un
outil de la promotion du développement et va connaître, à
ce titre, un interventionnisme public marqué. Au début de cette
politique, l'économie tchadienne est marquée par la
répression financière. Le gouvernement maintient le
contrôle sur le taux d'intérêt dans le but de minimiser les
coûts de crédits aux entreprises publiques et à certains
secteurs dits prioritaires, en croyant que le taux d'intérêt
faible peut stimuler l'investissement. Le secteur bancaire est utilisé
à des fins de financement du déficit budgétaire. Au
même moment, les autres secteurs de l'économie,
considérés comme non prioritaires, font l'objet d'un rationnement
de crédit. Le crédit bancaire est devenu une modalité de
dépenses publiques comme le souligne Collier ( 1994)1(*). l'Etat impose aux banques
commerciales l'octroi des crédits aux offices de commercialisation des
produits d'exportation alors que les offices sont dans une situation
déficitaire, principalement à cause de la politique des prix que
les mêmes pouvoirs publics leur avaient fixée.
Vers la fin des années 70, l'environnement
économique n'était pas favorable à cause de
l'instabilité politique, notamment à cause de la guerre civile de
1979 et des évènements de 1982 qui ont paralysé
complètement l'économie et l'Etat qui posséde plus de 43%
des dépôts à court terme. A cela s'ajoute le niveau
élevé de l'inflation et des taux d'intérêt
réels qui deviennent très faibles, voire négatifs au
Tchad. Le système financier Tchadien se trouve déprimé.
Dans le but de leur profitabilité, les banques font peser la charge aux
épargnants et aux emprunteurs du secteur non prioritaire en jouant sur
l'écart entre les taux de rémunération des
dépôts et les taux de prêts. Les dirigeants des
entréprises publiques financées échappent au
contrôle et ils ne remboursent pas les prêts.
Dans cette situation, le secteur bancaire n'arrive plus
à remplir deux de ces rôles fondamentaux : assurer l'allocation
optimale des ressources et la surveillance des dirigeants d'entreprises. Il en
resulte donc un sous-développement du système financier. Les
interventions des pouvoirs publics dans le secteur financier ne sont pas la
seule cause du sous-développement de celui-ci. Ont note aussi la
faiblesse de l'environnement légal, la dégradation de
l'environnement macroéconomique (faible croissance, niveau d'inflation
et de déficit budgétaire élevé,...) et une faible
régulation du système financier. Cette déstabilisation de
la sphère bancaire, du fait du manque d'épargne, conduit
inévitablement à une baisse drastique du taux de croissance. Mais
du fait de son appartenance à la zone CEMAC, le Tchad amorce une
réforme monétaire commune à la zone CEMAC qui porte
très rapidement ses fruits. L'entrée en vigueur de la nouvelle
politique monétaire en 1992 et le renforcement de la capacité des
organes de supervision bancaire, conduit à une plus grande prudence des
banques, l'observation très stricte des ratios prudentiels de gestion
dans la canalisation de l'épargne et la reprise des financements
privés. De façon générale, ces réformes
sont focalisées sur la réduction de la répression
financière, la restauration de la solvabilité des banques par la
privatisation des banques publiques, la restructuration des banques en
difficulté et la facilitation de l'entrée des banques
étrangères dans le capital des banques domestiques. La
libéralisation financière vise à relâcher le
contrôle de l'Etat sur les taux d'intérêt, à la
diminution des réserves obligatoires, à l'abandon complet ou
partiel de l'encadrement du crédit, à la privatisation du secteur
bancaire et financier, à une meilleure réglementation du
système financier, et à la mise en place de mesures visant
à promouvoir la concurrence dans le secteur financier. Ces mesures ont
théoriquement pour effet de relancer l'épargne, l'investissement
et la consommation. Cette réforme bancaire et le climat politique
favorable accentuent le développement du système financier
Tchadien et accroit le nombre des banques au Tchad, nombre qui est
passé de 2 en 1982 à 7 en 2007. Leurs guichets s'ouvrent dans
toutes les grandes villes du pays, à savoir N'djamena, Moundou,
Abéché, Doba et Sarh.
Suite à ces réformes, le pays connaîtra
une croissance positive de 33,7 % du PIB en 2004 àprès la
dévaluation du franc CFA et la concrétisation du projet
pétrole après des taux faibles dans les années
antérieures (INSEED 2006). C'est cette évolution qui nous
amène à nous poser la question principale suivante :
Quel lien existe t-il entre le
développement financier et la croissance économique ?
De cette question principale découle deux autres
questions subsidiaires à savoir :
1- Le développement financier a-t-il un impact sur la
croissance économique au Tchad ?
2- Quelle sont les consequences de la croissance du PIB sur le
développement financier au Tchad ?
Notre étude a pour objectif de mettre en relief le
lien entre le développement financier et la croissance
économique. Nous envisageons particulièrement de :
- Evaluer l'impact du développement financier sur la
croissance.
- Caractériser la nature du lien entre le
développement financier et la croissance économique.
La réalisation de cet objectif aura un
intérêt théorique certain. Elle permettra d'apporter un
éclairage supplémentaire sur le lien entre développement
financier et croissance économique dans un contexte
particulièrement spécifique comme celui du Tchad. En particulier,
notre travail permettra de mettre en relief l'importance du
développement financier dans la croissance économique du Tchad.
Au plan pratique, cette étude permettra de voir la contribution du
développement financier à la croissance afin d'assurer une
meilleure mobilisation de l'épargne indispensable au financement des
investissements susceptibles à même de soutenir la croissance
économique et conduire à un développement durable.
La théorie économique a toujours
été partagée entre deux courants concernant l'importance
du système financier dans la croissance économique. D'un
côté, il y a ceux qui, dans la lignée de Bagehot et Hicks,
parlent de son rôle actif dans le démarrage de l'industrialisation
en Angleterre. Schumpeter (1912) dans son ouvrage « La
théorie de l'évolution économique »
précise que le crédit sert le développement industriel et
qu'il est une condition préalable à la création et au
développement de l'innovation et donc à la croissance
économique. D'autre part, il y a ceux qui ne croient pas à
l'importance de la relation entre finance et croissance économique.
Robinson (1952) et Lucas (1988) sont les principaux économistes de cette
tendance.
Le développement financier est défini par Gurley
et Shaw (1967) comme « une maturité des activités
d'intermédiation monétaire en terme d'extension de la
sphère bancaire, apparition des marchés financiers avec
innovation et création des produits financiers de plus en plus
adaptés permettant une plus grande couverture géographique de
l'économie ainsi que des économies d'envergure et
d'échelle conduisant à l'efficience des banques et marchés
financiers ». Ces auteurs seront encore plus précis en 1973 en
mettant l'accent sur les reformes structurelles des banques pour une meilleure
collecte de l'épargne et l'octroi des crédits pour le financement
des investissements. Dès lors, se pose la question de la contribution du
développement financier à la croissance économique.
Des travaux de MC Kinnon et Shaw (1973) sur la
répression financière, une vaste littérature empirique et
théorique détermine un lien positif entre le
développement financier et la croissance économique connu comme
l'accroissement du PIB annuel global d'une nation. D'après les travaux
de Goldsmith (1969) et MC Kinnon (1973) à travers l'école dite de
la répression financière, le secteur financier joue un rôle
important dans le processus de la croissance économique mais il peut
être limité dans un contexte de répression
financière. Ainsi, la libéralisation financière
entraîne un développement financier conduisant à une
meilleure mobilisation de l'épargne et sa répartition efficiente
pour le financement des investissements. Cette approche sera simplifiée
suite aux travaux de nombreux auteurs comme (Kapur, 1976), (Collier et Gunning,
1999) qui assimilent le développement financier à
l'allègement des conditions de taux d'intérêt et la
proximité des marchés financiers.
Le rapport sur le développement dans le monde,
publié par la Banque Mondiale en 1989, présentait
déjà une étude approfondie du lien entre finance et
croissance en insistant sur le développement du secteur financier dans
les pays en développement pour renforcer la croissance
économique. Un des premiers modèles financiers de croissance
endogène, celui de Bencivenga et Smith (1991), montre qu'une meilleure
gestion du risque de liquidité par le secteur bancaire permet
d'augmenter la part de l'épargne allouée à des placements
plus productifs tout en gardant un niveau général
d'épargne constant. Ainsi, une relation positive entre secteur financier
et croissance économique est établie de manière
théorique.
Les modèles de croissance qui nous apprennent que
l'investissement et la croissance sont positivement liés justifient
alors le niveau d'importance qu'il convient d'accorder à
l'intermédiation financière. Les secteurs bancaire et financier
qui ont la responsabilité de mobiliser le maximum d'épargne et
d'allouer efficacement ces ressources collectées pour stimuler
l'économie par le biais de l'investissement doivent évoluer et
diversifier les biens et services qu'ils fournissent.
Le développement financier augmente la croissance
économique de multiples façons. La finance mobilise et rassemble
l'épargne, produit de l'information sur les investissements possibles de
sorte que les sources peuvent être canalisées vers leurs emplois
les plus productifs, surveille l'emploi des fonds, favorise le négoce,
la diversification et la gestion du risque, et facilite l'échange de
biens et services (Levine, 1997).
Le lien entre la finance et la croissance repose de
façon importante sur le dépassement des contraintes
financières extérieures qui, sans cela, entraveraient l'expansion
des sociétés. Parmi les pays d'Afrique subsaharienne autres que
les pays producteurs de pétrole, les économies qui ont connu la
croissance la plus rapide entre 1960 et 2004 sont celles qui sont le plus
développées sur le plan financier selon le rapport de FMI
publié en 2006.
Cependant, la causalité entre ces deux
phénomènes a connu une importance particulière lors de
l'évaluation au début des années 90 des politiques de
libéralisation financière entreprises à la fin des
années 80 et surtout la prise en compte du contexte de financement des
économies africaines par des intermédiaires bancaires ou les
marchés financiers sont naissants.
De nouveaux axes d'analyse conduisent alors à une
relation positive inverse comme les travaux de Spears (1992) ; Levine
(1996) ainsi qu'une double interaction réciproque entre le
développement financier et la croissance économique
prouvée par Barthélemy et Varoudakis (1996) suivi de St Paul
(1996). D'autre par contre, s'inspirant des travaux de Patrick (1966), arrivent
à des résultats plus mitigés à l'instar de Pagano
(1993) ; Amable et Châtelain (1995) qui décèlent
plutôt que le développement financier par la répression et
l'instabilité financière qu'elle induit est défavorable
à la croissance économique.
Parmi ces diverses études, peu nombreuses sont celles
qui se sont intéressées à l'Afrique Centrale, à
plus forte raison au Tchad qui constitue un cas particulier où le
développement financier s'est amorcé dans une situation
d'instabilité politique et de perpétuels troubles.
La reconnaissance du lien entre le développement
financier et développement économique peut être
retrouvée dans la littérature depuis plus de trois
décennies chez des auteurs tel que : Bagehot (1873), Goldsmith
(1955, 1969), Gurley et Shaw (1955, 1960). Mais ce thème est
déjà présent chez Adam Smith (1776), qui défend le
principe selon lequel le niveau d'activité industrielle d'un pays
dépend fortement de l'utilisation plus ou moins efficace de
l'épargne que le système bancaire peut constituer.
De même Schumpeter (1912) avait mis l'accent sur le
rôle primordial des banquiers qui, par leur ciblage et leur financement
des entrepreneurs, encouragent l'innovation technologique, l'accumulation du
capital et stimulent ainsi la croissance économique. On peut donc dire
que le développement financier stimule la croissance à travers
l'accroissement du taux d'investissement et à travers l'allocation du
capital aux projets les plus productifs. Dans la même ordre
d'idée, Bencivenga et Smith (1991) ont montré que les
intermédiaires financiers, par l'allocation de l'épargne aux
actifs peu liquides, et par la réduction de la liquidation
prématurée d'investissement rentables, améliorent la
productivité du capital et stimulent donc la croissance
économique. En l'absence de système financier, les agents en
seraient réduits à autofinancer leurs projets d'investissement.
C'est le paradigme du « petit paysan pauvre» présenté
par Mc Kinnon (1973) qui, en l'absence de système financier, est
incapable de financer la mise en place de techniques de production plus
efficaces parceque cela représente un sacrifice trop important en termes
de consommation. Ainsi, comme l'épargne constitue un préalable
à tout investissement et que l'accumulation du capital est à
l'origine de la croissance, il est nécessaire que se développent
les structures financières destinées à faciliter la
constitution de l'épargne financière. Pour McKinnon, comme pour
Shaw ( 1973 ), le développement de la sphère financière
constitue donc une condition nécessaire au développement
économique. Cette explication peut être complétée en
ajoutant le fait que la collecte de l'épargne sur une grande
échelle induit des coûts de transaction difficilement supportables
par un seul individu. Il résulte de ces travaux que la mesure de la
relation qui s'établit entre secteurs réel et financier repose
sur une hypothèse fondamentale :
Il existe une relation bidirectionnelle entre le
secteur financier et le secteur réel.
En examinant la littérature, cette hypothèse
peut se décomposer en deux sous hypothèses :
H1: Le développement financier a un
impact positif sur la croissance économique au Tchad.
H2 : la croissance du PIB influe sur le
développement financier.
Ces hypothèses découlent des travaux plus
récents : Roubini et Sala Martin (1992), King et Levine (1993), Easterly
(1993), Pagano (1993), Gertler et Rose (1994), Levine (1997), Loayza et Beck
(2000), Han et Senhandji (2003), Christopoulos et Tsionas (2004) parviennent
à des conclusions relativement concordantes quant à l'impact
positif du développement financier sur le taux d'investissement et sur
la productivité du capital, et partant, sur la croissance. Malgré
toutes les faiblesses du système financier des pays africains, ainsi que
son évolution contrastée, la majorité des travaux de
recherche s'accorde néanmoins sur l'existence d'un effet modeste du
développement financier sur la croissance en Afrique. Les premiers
travaux remontent à Bhatia et Khatkhate (1975). Plus récemment,
Gelbard et Leite (1999), Collier et Gunning (1999) et Ndikumana (2001) arrivent
à la même conclusion que le développement financier a un
impact positif sur la croissance économique en Afrique.
Pourtant, et à la suite des travaux de Patrick (
1966 ), il convient de s'interroger sur l'existence d'un lien de
causalité inverse. Patrick distingue deux étapes dans le
développement économique d'un pays. Dans la première
étape, c'est le développement financier qui induit la croissance.
C'est la phase de « supply leading» ou le développement
financier permet, comme chez Schumpeter, le transfert des ressources d'un
secteur traditionnel peu productif vers un secteur moderne plus efficace. Une
fois cette première étape franchie, le sens de causalité
s'inverserait. C'est la phase de « demande following» où le
système financier répond de manière passive à la
demande de services qui s'adresse à lui. De même, certains
auteurs comme Robinson (1952, p.82 ), en soutenant que « lorsque
l'entreprise tire la finance suit » , montrent que le
développement financier n'est que le résultat de la croissance
économique. Même si la plupart des travaux théoriques tente
de légitimer l'existence d'un lien causal univoque entre le
développement financier et la croissance de la sphère
réelle, un sens de causalité inverse peut également
être envisagé.
Afin de tester cette double hypothèse, nous
emprunterons le modèle de King et Levine (1993). En effet,
l'étude de cette relation a connu un regain d'intérêt
depuis une dizaine d'années avec les modèles de croissance
endogène. Le premier article d'importance capitale est celui de King et
Levine (1993). Sur un échantillon mondial de 80 pays au cours de la
période 1960-1989, ces auteurs ont étudié l'impact du
développement financier sur la croissance, le rythme de l'accumulation
du capital et la productivité des facteurs. Une étude qui viendra
combler plusieurs faiblesses de l'étude de Goldsmith notamment: elle ne
tient pas compte de l'ensemble des facteurs qui influencent la croissance
economique; elle n'examine pas si le développement financier est
associé à l'augmentation de la productivité et
l'accumulation du capital; la taille des intermédiaires financiers
retenue peut ne pas mesurer correctement le fonctionnement du système
financier; l'importance de corrélation entre la taille du système
financier et la croissance économique n'identifie pas la direction de
causalité. C'est ainsi que King et Levine (1993) ont construit quatre
indicateurs de développement financier qui sont devenus par la suite les
plus utilisés et que nous prenons à notre compte dans le
développement qui suit. Il s'agit :
- du ratio de liquidité divisé par le PIB;
- de la part du crédit accordé aux enterprises
privées par rapport au PIB;
- du ratio du crédit accordé par les banques
commerciales sur le PIB ;
- du ratio du crédit bancaire accordé par les
banques commerciales sur l'ensemble du crédit bancaire domestique, y
compris celui de la banque centrale;
Les deux dernières mesures concernent donc l'allocation
du crédit. Etant donné leur pertinence, nous allons
utilisé dans le cadre de notre étude sur le Tchad, les trois
premiers indicateurs de mesure compte tenu de la disponibilité des
données qui nous permettent d'élaborer un modèle
permettant de tester nos hypothèses de recherche. Et ce,
àprès avoir verifié l'influence des variables
associées à la croissance économique, il s'agit du PIB
initial, de l'ouverture commerciale, de la consommation du gouvernement en
proportion du PIB.
Les données sont annuelles et portent sur la
période de 1982 à 2007, période prenant en compte à
la fois la dévaluation du FCFA, la stabilité politique et
l'exploitation du pétrole, qui ont entraîné une
réprise timide de l'activité économique au Tchad et le
retour des investisseurs étrangers parmi lesquels les banques
commerciales. Ces variables seront estimées par la méthode de
cointégration et traitées à l'aide du logiciel statistique
E-VIEWS, après avoir verifié la stationnarité de
séries et procéder au test de Granger pour mettre en
évidence le lien de causalité entre développement
financier et croissance de la sphère réelle.
Nous allons ainsi nous
appesantir, dans une première partie, sur l' analyse de
l'évolution de l'activité économique globale et du
système financier tchadien de 1982 à 2007. Dans cette partie, on
étudiera, dans un premier temps, l'évolution de
l'activité économique globale (chapitre I) et, dans un second
temps, l'évolution des indicateurs du système financier (chapitre
II).
La deuxième partie aura pour objet de
déterminer la nature du lien entre le développement financier et
la croissance économique au Tchad. La réflexion portera d'abord
sur l'analyse économétrique des données et la
procédure d'estimation ( chapitre III) . Ensuite, l'accent sera mis
sur le caractère univoque de la causalité de la croissance
économique sur le développement financier ( chapitre IV).
PREMIERE PARTIE: EVOLUTION DE L'ACTIVITE ECONOMIQUE
GLOBALE ET DU SYSTEME FINANCIER TCHADIEN DE 1982 A 2007
L'objectif de cette partie est de présenter
l'évolution de l'activité économique globale et du
système financier tchadien de 1982 à 2007. Il s'agira de mettre
en évidence les tendances des principaux indicateurs réels et
financiers. L'approche adoptée ici est purement historique , ce qui
permet de structurer cette partie en deux mouvements.
Dans un premier temps, on analysera
l'évolution de l'activité économique globale et son
implication sur la croissance économique. On fera le point sur la
contribution de chaque secteur au développement économique.
Dans un deuxième temps, on analysera
l'évolution des indicateurs du système financier. Dans ce cas, on
présentera d'une part l'évolution des indicateurs de
liquidité et d'autre part l'évolution des indicateur d'allocation
des crédits.
CHAPITRE I : L'EVOLUTION DE L'ACTVITE ECONOMIQUE
GLOBALE TCHADIENNE DE 1982 A
2007
L'économie tchadienne a évolué en 2007
dans un environnement caractérisé, au plan extérieur, par
une hausse des prix du pétrole, une évolution favorable du cours
du coton sur les marchés internationaux et une
dépréciation du taux de change du dollar par rapport au FCFA. Au
plan intérieur, malgré la dégradation de la situation
sécuritaire à l'Est du pays, l'INSEED (Institut National de la
Statistique, des Etudes Economiques et Démographiques) indique que le
taux de croissance économique a atteint 3,6 % en 2007, contre 1,2% en
1982, tiré par la consommation privée. La variation de l'indice
des prix à la consommation des ménages s'est établie
à -9 %, en moyenne annuelle, à fin décembre 20072(*). Cependant l'évolution de
l'activité économique globale au Tchad sera apprehendée
selon deux aspects, l'aspect réel ( section I) et l'aspect financier (
section II).
SECTION 1 : Evolution de l'activité
économique réelle tchadienne
La problématique de la mesure et du suivi du secteur
réel de l'économie s'est posée aussi bien en statistique,
pour appuyer la Comptabilité Nationale, qu'en analyse macro
économique. En analyse macroéconomique, on a souvent
retrouvé le cadre traditionnel de Solow et toutes les
améliorations qu'il a subit pour rendre compte de taux de croissance de
l'activité et des différents facteurs qui contribuent. La
préoccupation du présent mémoire étant
d'établir le lien entre la sphère réelle et la
sphère financière, il nous semble judicieux de passer par les
extensions de ces modèles qui ont tenu compte de la dimension
financière comme le modèle de Pagano (1993) dont celui de Levine
ne semble être qu'une application. Par la suite, on pourra rendre compte
de l'évolution du secteur réel, les faits historiques.
I - 1: Les apports du modèle de croissance de
Pagano
La littérature économique definit
la croissance comme « l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs
périodes longues d'un indicateur de dimension, pour une nation, le
produit net en termes réels »3(*). Les théories portant sur le thème de la
croissance ont connu une évolution depuis les classiques jusqu'aux
nouvelles théories de la croissance endogène.
I-1-1 Des théories traditionnelles au modèle
de Pagano
Les modélisations expliquant le phénomène
de croissance ont connu des améliorations à partir des travaux de
Harrod et Domar, de Robert Solow, de Paul Romer, dont le modèle de
Pagano est la résultante.
I-1-1-2 Le modèle Harrod et Domar (1947)
Après la seconde guerre mondiale, les
économistes Harrod et Domar (1947), influencés par Keynes, vont
chercher à comprendre les conditions dans lesquelles une phase
d'expansion peut être durable. Ainsi, s'il ne propose pas à
proprement parler une théorie de la croissance (expliquant son origine
sur une longue période), le modèle Harrod-Domar permet,
néanmoins, de faire ressortir le caractère fortement instable de
tout processus d'expansion. En particulier, il montre que, pour qu'une
croissance soit équilibrée (c'est-à-dire que l'offre de
production augmente au même rythme que la demande), il faut que
l'investissement augmente à taux précis, fonction de
l'épargne et du coefficient du capital (quantité de capital
utilisée pour la production unitaire) de l'économie. La
croissance est donc, selon une expression de Harrod, toujours
« sur le fil du rasoir ». Ce modèle
construit après la guerre et marqué par le pessimisme
engendré par la crise de 1929, a toutefois été fortement
critiqué. Il suppose, en effet, que ni le taux d'épargne, ni le
coefficient du capital ne sont variables à court terme, ce qui n'est pas
prouvé.
I-1-1-3 Le modèle de Robert Solow : Le
progrès technique comme résidu
Robert Solow a été le premier à proposer
un modèle formel de la croissance. D'inspiration néo-classique,
ce modèle se fonde sur une fonction de production à deux
facteurs : le capital et le travail. La production résulte donc
exclusivement de la mise en combinaison d'une certaine quantité de
capital (moyens de production) et de travail (main d'oeuvre).
Le modèle de Solow se fonde sur l'hypothèse que
les facteurs de production connaissent des rendements décroissants,
c'est-à-dire qu'une augmentation de ceux-ci dans une certaine proportion
engendre une augmentation dans une proportion plus faible de la production. Il
pose également comme hypothèse que les facteurs de production
sont utilisés de manière efficace par tous les pays. En supposant
que la population connaît un taux de croissance que Solow qualifie de
« naturel » (non influencé par
l'économie), le modèle déduit trois
prédictions :
i) Augmenter la quantité de capital
(c'est-à-dire « investir ») augmente la
croissance : avec un capital plus important, la main d'oeuvre augmente sa
productivité (dite apparente).
ii) Les pays pauvres auront un taux de croissance plus
élevé que les pays riches. Ils ont en effet accumulé moins
de capital, et connaissent donc des rendements décroissants plus
faibles, c'est-à-dire que toute augmentation de capital y engendre une
augmentation de la production proportionnellement plus forte que dans les pays
riches.
iii) En raison des rendements décroissants des facteurs
de production, les économies vont atteindre un point où toute
augmentation des facteurs de production n'engendrera plus d'augmentation de la
production. Ce point correspond à l'état stationnaire. Solow note
toutefois que cette troisième prédiction est
irréaliste : en fait, les économies n'atteignent jamais ce
stade, en raison du progrès technique qui accroît la
productivité des facteurs. Autrement dit, pour Solow, sur le long
terme, la croissance provient du progrès technologique. Toutefois, ce
progrès technologique est exogène au modèle,
c'est-à-dire qu'il ne l'explique pas mais le considère comme
donné.
I-1-1-4: Les nouvelles théories de la
croissance : Endogénéisation du progrès
technique
Les théories récentes cherchent
précisément à rendre ce facteur (progrès technique)
endogène c'est-à-dire à construire des modèles qui
expliquent son apparition. Mais la technologie reste en général
une boîte noire. Les économistes se contentent de prendre acte de
son existence, ils expliquent les rendements d'échelle provenant de
l'organisation humaine mais pas la productivité provenant des
technologies et en particulier des machines.
Une nouvelle approche, propre à
« l'économie du savoir » est celle de la
concentration des compétences dans des « pôles de
développement ».
Quelques économistes ont proposé la
théorie de l'enrichissement «au
goutte-à-goutte», selon laquelle un petit nombre parmi ceux
qui ont pris les devants s'enrichissent d'abord, après quoi une partie
de la richesse qu'ils ont accumulée finit par rejoindre les plus pauvres
lorsque ceux-ci travaillent pour eux. Ce qui arrive, c'est que la croissance
procure autant d'avantages aux pauvres, et au même rythme qu'aux riches.
Ils en profitent immédiatement du fait de la valeur accrue de leur
travail et du fait que les biens qu'ils achètent sont meilleurs
marchés par rapport à leurs revenus. L'économie du pays
s'améliore d'abord parce que ses habitants travaillent, épargnent
et investissent.
Paul Romer (1986) par sa théorie de la croissance
endogène rend compte du facteur A qui, dans les théories
traditionnelles, représentait le niveau technologique : (Y = f (K,
L, A)). Des travaux ont été menés à la suite de
Romer pour la recherche du moteur de la croissance dans le
phénomène d'apprentissage par l'expérience au niveau des
entreprises. Lucas (1988) introduit le capital humain dans le modèle
afin de mesurer son impact à travers le taux de scolarisation
secondaire. Romer (1989) et Aghion-Howitt (1992) font de A un stock
d'innovations, produit d'une activité volontaire de recherche et de
développement au sein de l'entreprise. Les interactions entre
institutions financières et croissance dans les modèles de
croissance endogène, soulignent l'importance que les institutions
financières avaient dans la part de la croissance.
I-1-2 Les différents modèles de la
croissance endogène
On a deux types de modèles sur la croissance
endogène : dans les premiers, les politiques ont un effet permanent
et dans les seconds, cet effet est seulement transitoire. Quel est le cadre le
plus pertinent pour modéliser la croissance ? Les politiques
ont-elles un effet permanent sur les taux de croissance des
économies ? A un niveau très global, la réponse doit
être positive : les économies industrialisées ont bien
vécu des taux de croissance significativement supérieurs dans les
deux derniers siècles. Cette explication ne contredit pas le
modèle de Romer : si les chercheurs ne peuvent pas
récupérer le fruit de leurs efforts, la recherche s'arrête,
ainsi que la croissance.
Parmi les modèles de croissance endogène
permettant de formuler les interactions entre facteurs financiers et
croissance, on trouve celui de Pagano (1993). Ce
modèle de Pagano (1993) présenté ci-dessous explique les
mécanismes par lesquels l'approfondissement financier
accélère la croissance. D'autres travaux sur ce thème
ont été réalisés et montrent qu'une
intermédiation financière concurrentielle augmente le taux de
croissance de long terme (Greenwood et Jovanovic, 1990 ; Bencivenga et
Smith, 1991 ; Levine, 1991).
I-1-2-1 Le modèle théorique (modèle de
Pagano, 1993)
Partant du modèle développé par Rebelo
(1991) dans lequel la production est une fonction du stock de
capital formulé comme suit ;
Y = AKt [E1]
Pagano y introduit une équation relative à
l'investissement brut It pour avoir l'équation
suivante :
It = Kt+1 - (1-ä)Kt
[E2] où le coefficient ä représente le
taux de dépréciation du capital sur une période.
Il suppose qu'une fraction (1-è) de l'épargne
totale est perdue dans le processus d'intermédiation financière
(il s'agit du coût d'intermédiation et des règles
prudentielles telles que les réserves obligatoires). Le volume
d'épargne disponible devient alors :
It = èSt [E3]
Le taux de croissance de l'année t+1 s'écrit en
tenant compte de l'équation [E1] tel que :
[E4a]
Les équations [E2] et [E3] permettent de déduire
le taux de croissance stationnaire g selon l'équation suivante :
g = [E4b] où s est le taux
d'épargne brut.
L'équation [E4b] indique les trois canaux par lesquels
le système financier peut affecter la croissance :
i) D'abord, en augmentant la proportion de l'épargne
è nationale allouée à des investissements productifs.
Selon Pagano, l'augmentation de è peut être due
à la baisse de l'inefficacité de la sphère
financière. Lors de la libéralisation du secteur bancaire, l'on
peut aussi penser à une baisse des réserves obligatoires ou des
taxes associées aux transactions.
ii) Ensuite en augmentant la productivité marginale A,
grâce à la collecte d'informations et à l'incitation des
investisseurs à replacer leurs avoirs dans des projets plus
risqués à cause d'un partage du risque plus significatif de la
part des intermédiaires financiers.
iii) Enfin, le secteur financier influence la croissance par
l'intermédiaire du taux d'épargne s de l'économie.
Théoriquement, la croissance est formulée
à partir d'une fonction de production Cobb-Douglas Yt
= AtKtLtâ où
Yt représente le niveau de la
production ; Kt : niveau du capital ;
Lt : travail (main d'oeuvre) et At est un
résidu.
En log-linéarisant cette équation de production
on obtient : yt = c + kt
+âlt
Malgré l'unanimité autour des modèles de
Pagano, il demeure moins utilisé que le modèle de King et Levine
(1993a, 1993b).
1-1-2-2 Le modèle de King et Levine
(1993)
C'est un modèle qui examine systématiquement
l'ensemble des facteurs financiers susceptibles d'affecter la croissance
à long terme, tout en mettant en exergue les meilleurs indicateurs pour
mesurer le niveau de développement financier.
En effet King et Levine (1993) intègrent dans leur
modèle une matrice de variables de contrôle associées
à la performance économique telles que le revenu par tête,
le taux de scolarisation au secondaire représentant le capital humain,
la stabilité politique, le degré d'ouverture des économies
et la politique fiscale et monétaire. Ils ont utilisé à
cet effet la structure théorique du modèle de Levine qui se
présente comme suit : G(i) =
á + âF(i) + uX(i) + åt où ; G(i) : indicateurs
de développement réel ( taux de croissance à long terme du
PIB par tête, du stock de capital par tête, de la
productivité.) ; F(i) : matrice des variables
financières ; X(i) : matrice des variables de contrôle
(log du revenu par tête, log du taux de scolarisation dans le
secondaire , ratio des dépenses publiques rapportées au PIB,
taux d'inflation, degré d'ouverture...) et åt la variable
aléatoire.
Nous utiliserons dans notre étude le modèle
utilisé par Boujelbène et Slim (2006) sur la Tunisie qui est une
version simplifiée du modèle de King et Levine. Ce modèle
et celui de Pagano mettent en évidence l'interaction entre le secteur
financier et le secteur réel dont l'évolution fera l'objet de la
sous-section suivante.
I - 2: Evoluition du Produit Intérieur Brut
(PIB)
L'évolution du PIB est
marquée au Tchad par des périodes de chute et de rebond entre
1982 et 2007.
A partir de 1982, le PIB a évolué pour
atteindre 14,2% en 1983 avant de connaître une chute de 1985 à
1987 de -7,5% à cause de la guerre civile dans le sud et le nord du
pays,qui ne permettait pas aux différentes structures d'exportations de
jouer leurs rôles. Mais à partir de fin 1987, le PIB
connaîtra un rebond malgré quelques périodes de chutes
observées pour atteindre un pic de 33,7 % en 2004 suite à la
concrétisation du projet pétrole et l'amelioration du climat des
affaires. Le PIB connaîtra une baisse à partir 2005 pour atteindre
-0,7% en 2006 suite aux problèmes liés à l'exploitation du
pétrole.
En 2007, le PIB a atteint 3,6% grâce la situation
macroéconomique du Tchad caractérisée par un
raffermissement de l'activité économique, sous l'effet
principalement d'un accroissement des dépenses d'infrastructures
publiques, d'une intensification des depenses d'exportation, de recherche, de
développement et de production des compagnies pétrolières.
L'économie tchadienne frappe aussi par la grande stabilité du
poids des composantes du tableau ressource emplois; ce qui révèle
une grande rigidité de la structure de l'économie. La production
de biens et services représente, bon an mal an 80 % des ressources de
l'économie, au moment où les consommations (
intermédiaires et finales ) représentent le même
pourcentage des emplois.
L'évolution du PIB est liée fortement à
l'évolution des ses différentes composantes notamment la demande
globale et l'offre globale.
1-2-1 : Evolution de la demande
globale
La croissance a été imputable à l'apport
positif de la demande globale, en raison notamment du dynamisme de la
consommation privée, des investissements publics et privés. En
revanche, les transactions avec l'extérieur se sont illustrées au
cours de la période sous étude, par la baisse simultanée
des exportations du pétrole et du coton fibre.
a- La consommation globale.
La consommation globale contribue à la croissance
à hauteur de 0,2 points, soutenue principalement par la fermeté
de sa composante privée ( 1,4 points ) en 2007 contre -0,3 en 1982.
Cette évolution favorable des dépenses des menages serait
liée à la revalorisation des salaires des agents de la fonction
publique qui a connu une augmentation de 15% sur l'indice à partir de
fin 2005 , aux recrutements dans les secteurs prioritaires notamment
l'éducation, la santé et les affaires sociales. Cette
évolution est aussi liée à la régularisation du
règlement des salaires des agents de l'Etat et à la poursuite des
créations d'emplois dans les secteurs d'hydrocarbures, du bâtiment
et des travaux publics. Le concours de la consommation plublique,
évalué à - 1,3 points, serait imputable à
l'augmentation des dépenses courantes primaire, notamment des
dépenses de biens et services, et des dépenses en matière
de sécurité. Par contre la masse salariale de la fonction
publique a continué à progresser passant de 15,6% en 1982 ou la
situation économique du pays était à plat, à 33,7 %
en 2007, en raison d'une conjoncture économique favorable.
b- Les investissements bruts.
Les investissements bruts contribuent à la
croissance à hauteur de 5,5 points en 2007, contre 0,5 point en 1982, du
fait de l'accroissement des dépenses d'équipements tant du
secteur public que du secteur privé pétrolier.
En effet, les investissements publics soutiennent la
croissance à concurrence de 3,4 points, en relation principalement avec
les surplus des revenus pétroliers destinés à financer les
dépenses en capital dans les secteurs prioritaires. Ces ressources
étaient consacrées à la mise en oeuvre des grands travaux
de l'Etat en matière d'infrastructures routières,
d'édification de nouveaux établissements scolaires, de
réhabilitation d'hôpitaux et de centres de soin de santé
primaire, ainsi que le développement des réseaux
électriques et hydrauliques.
Le concours de la formation brute de capital fixe du secteur
privé non pétrolier était de 1,2 point en 2007 contre 0,3
point en 1982, compte tenu de l'acquisition et du renouvellement de l'outil de
production dans les secteurs d'électricité et d'eau, de
l'accroissement des capacités de production des entreprises des
bâtiments et travaux publics, ainsi que l'extension des réseaux
de la téléphonie mobile couvrant desormais tout le
térritoire tchadien.
Les investissements privés du secteur pétrolier
participent positivement à la formation de la croissance à
hauteur de 0,9 point en 2007 contre 0,0 point en 1982, en liaison avec le
développement de la nouvelle concession de Maikeri ( 20 puits
prévus ) au sud-ouest de Miandoum, les travaux d'exploration dans une
partie du bassin du Lac Tchad, de Madiago, de Bongor, de l'ouest de Moundou, de
Pala et du Salamat.
c- La demande extérieure nette.
La demande extérieure nette pèse sur
la croissance à hauteur de 2,0 points, compte tenu de la participation
négative de 1,3 point des importations de biens et services, en rapport
avec l'accroissement des commandes à l'extérieur dans le cadre
des projets des secteurs pétroliers. Cette évolution était
neanmoins affectée par un apport négatif des exportations de
biens et services ( - 0,8 % ), avec notamment la chute des ventes du coton
Tchadien à l'extérieur, tandis que les exportations en volume de
pétrole brut enregistrent un léger recul en dépit de la
hausse des prix sur le marché mondial a cause de l' eau apparue
précocement dans les puits.
Figue 1: Graphique représentant
l'évolution de taux de croissance du BIP en terme réel
Source: Par l'auteur à partir des
données de la BEAC
I-2-2 : Evolution de l'offre globale
L'évolution de l'offre globale concerne le secteur
primaire, le secteur secondaire et le secteur tertiaire.
I-2-2-1: Secteur primaire
Selon la Division de la Statistique Agricole, les
récoltes brutes céréalières de la campagne
2007/2008 n'atteindraient que 1 972 035 tonnes, ce qui indiquerait une baisse
d'environ 19 000 tonnes par rapport aux 1 991 122 tonnes de la campagne
précédente.
Au niveau des cultures de rente, la campagne cotonnière
2007/2008 n'a pu démarrer au cours du quatrième trimestre 2007 en
raison des difficultés financières qu'a connues la Cotontchad. La
production de pétrole brut s'est repliée de 7,5 % pour se situer
à 7,3 millions de tonnes en 2007 (soit 52,4 millions de barils), contre
7,9 millions de tonnes (56,7 millions de barils) au cours de l'année
2006. Cette baisse s'explique par les difficultés techniques qui ont
occasionné de nombreux arrêts sur certains champs et les
remontées d'eau dans les puits et de la mise en exploitation d'un
nouveau champ ( Maikeri ) au second semestre 2007.
Dans le domaine de l'élevage, la production de viande
s'est contractée de 7,4 %, en raison de fréquentes pannes
techniques au niveau des abattoirs ainsi que de la recrudescence des abattages
clandestins. Le secteur primaire ( agriculture et élevage ) constitue
une part importante du Produit Intérieur Brut ( PIB ) du pays puisqu'il
occupait environ 80 % de la population totale en 1982 et représentait 43
% du PIB. Malgré le recul observé dans l'économie, il
demeure encore important avec 38 % du PIB en 1998. Cette structure du PIB
change avec la concrétisation du projet pétrole au cours de
l'année 2003, modifiant ainsi la structure du secteur primaire desormais
composée non seulement de l'agriculture et de l'élevage mais
aussi du pétrole avec un poids de 47,7 % du secteur primaire.
L'extraction du pétrole donne un nouveau soufle à
l'économie tchadienne à partir de 2003 et portant le taux de
croissance du PIB en terme réel à 33,7 % en 2004 avant de
fléchir à -0,7 % en 2006 pour se situer à 3,6% en 2007,
suite à la chute d'extraction du pétrole et de prix du coton sur
le marché mondial malgré l'augmentation de la production
cotonnière .
I-2-2-2:Secteur secondaire
S'agissant du sous-secteur de l'industrie
manufacturière, les activités des entreprises industrielles ont,
dans l'ensemble, affiché une nette reprise. A fin décembre 2007,
le chiffre d'affaires global a augmenté de 16,2 %, progressant de 80
milliards à 92,96 milliards, en raison d'une demande soutenue des
ménages.
Les activités artisanales ont cependant un poids de
45 à 47 % du secteur secondaire. Elles relèvent aussi
essentiellement du secteur informel qui est en fin de compte, le poumon de
l'économie tchadienne.
De même, la production énergétique et les
activités du secteur des Bâtiments et Travaux Publics (BTP) ont
été dynamiques, en rapport avec l'augmentation des
capacités de production et la poursuite des grands chantiers de
construction et d'aménagement des routes.
I -2-2-3 Secteur tertiaire
Au terme de l'année 2007, les activités
commerciales et de services ont été, dans l'ensemble, soutenues
en liaison avec la reprise générale des activités hors
pétrole.
Figure 2: Ventilation sectorielle du BIP
Source: Estimation de
l'auteur sur la base des données de l'INSEED
SECTION 2: Evolution du sécteur financier et
monétaire tchadien
C'est dans un environnement international
relativement favorable que s'inscrivent les activités économiques
et financières tchadiennes. D'une manière générale,
au cours des ces dernières années, les perspectives
économiques se sont caractérisées principalement par une
croissance économique soutenue qui s'est accompagnée d'une
maîtrise de l'inflation, d'une consolidation des finances publiques,
d'une bonne tenue des comptes extérieurs courants, et le renforcement du
système bancaire
2- 1: Evolution de l'inflation
Sur le front des prix, les poussées inflationnistes de
8,1 % en 2006 ont fait place à une déflation de 4,0 % en 2007 et
ce, en dépit de la hausse des prix importés d'environ 2,7 %. En
effet, l'indice des prix des produits locaux a reculé de 11,4 % sous
l'effet de la baisse de 13,3 % des prix des produits alimentaires, bien que
ceux des biens manufacturés et des services se soient accrus
respectivement de 0,4 % et de 0,8 %. Selon l'INSEED, les principales causes de
cette déflation tiennent essentiellement à (i)
l'abondance résultant de la bonne campagne agricole 2006/2007 des
produits alimentaires, notamment les céréales, sur les
différents marchés, (ii) aux vicissitudes des relations
entre la Cotontchad et les cotonculteurs en début d'année 2006,
ayant contraint certains de ces derniers à abandonner la culture du
coton au profit de produits alimentaires tels que le céréales et
les oléagineux, (iii) aux bitumages de certains axes routiers
ayant contribué positivement à l'écoulement des produits
alimentaires des régions productrices vers les grands centres de
consommation.
2 - 2: Situation des finances publiques.
Les recettes budgétaires provisoires
à fin décembre 2007 sont ressorties en hausse de 34,4 %,
s'établissant à 760,3 milliards, contre 565,8 milliards un an
plus tôt et de 150,4 millards en 1982. Elles représentent 98,4 %
des prévisions de l'année 2007 (772,4 milliards). Cette
évolution a été rendue possible par la progression de 67,9
% des recettes fiscales, grâce notamment au recouvrement efficace des
impôts sur les revenus et les sociétés (+79,6 %), suite
à la perception de l'impôt sur les sociétés
pétrolières (425,8 milliards). Les taxes sur les biens et
services et celles sur le commerce international ont également
augmenté de 41,9 % et de 14,5 % respectivement, pour se situer à
33,4 milliards et à 46,6 milliards. Les recettes en capital ont, en
revanche, baissé de 27 %, revenant de 2,9 milliards à fin
décembre 2006 à 2,1 milliard à fin décembre 2007.
Cependant, les recettes non fiscales ont diminué de
26,8 % au cours de la même période, se situant ainsi à
144,7 milliards contre 197,6 milliards un an plus tôt. Ce déclin
est lié à la chute de 23,6 % des redevances
pétrolières qui sont retombées de 173,4 milliards en
décembre 2006 à 132,5 milliards un an plus tard, à cause
du recul de la production de pétrole brut.
Prenant en compte les droits constatés, les recettes
à imputer et les variations de créances, les recettes, base
encaissement, sont estimées à 764,8 milliards à fin
décembre 2007, en hausse de 33,8 % par rapport au même mois de
l'année 2006.
Dans le même temps, les dépenses totales ont
progressé de 60,3 %, pour se fixer à 558,9 milliards (87,9 % des
prévisions de l'année 2007), contre 348,6 milliards un an
auparavant. Les dépenses courantes ont augmenté de 53,6 %,
entraînées par les hausses conjuguées des salaires et
traitements des agents de l'Etat (+78,4 %), des achats de biens et services
(+49,3%), des dépenses de transferts et subventions (+38 %), ainsi que
du service de la dette (+104,5 %). Les dépenses en capital se sont
également accrues de 84,6 %, passant de 75,8 milliards en
décembre 2006 à 139,9 milliards à fin décembre
2007.
En intégrant dans les dépenses totales les
charges à imputer, qui s'élèvent à 26,5 milliards,
ainsi que celles relatives au règlement des arriérés qui
se chiffrent à 22,4 milliards, les dépenses totales, base caisse,
se sont situées à 607,9 milliards à fin décembre
2007.
Au total, la gestion des finances publiques s'est
soldée, au 31 décembre 2007, par un excèdent, base caisse,
de 155,2 milliards, contre 130 milliards un an plus tôt et par un deficit
en 1982.
2-3: Situation de la balance des paiements et de la
dette
Les données en volume du commerce
extérieur, recueillies auprès de l'administration, font ressortir
une évolution mitigée des exportations et des importations des
biens et services non facteurs à fin décembre 2007, par rapport
à la même période de l'année 1982. En ce qui
concerne les importations, celles des hydrocarbures, des biens de consommation
alimentaires et des matériaux de construction ont baissé
respectivement de 4,1 %, de 6,6 % et de 3 %. Parallèlement, celles des
équipements industriels et de transport chutaient de 47,8 %. En
revanche, les entrées des autres produits ont progressé.
S'agissant des exportations, elles ont baissé de 28,8 % pour la coton
fibre, de 7,5 % pour le pétrole brut, de 78,5 % pour les cigarettes et
de 4,8 % pour les biens de consommation alimentaires tandis que celles des
produits divers progressaient de 251,8 %.
S'agissant de la dette extérieure, l'encours s'est
contracté en 2007, en rapport avec la dépréciation des
cours du Dollar américain et du DTS par rapport à l'Euro et, les
remboursements enregistrés pendant la période.
2-4: Au niveau de la masse monetaire
En relation avec la hausse observée au
niveau de toutes ses composantes, la masse monétaire (M2) est
passée de 63454 millions de franc Cfa en 1990 à 367703 millions
de francs en fin juin 2007.
L'analyse de la structure de la masse monétaire
met en exergue une augmentation de la part de la monnaie scripturale( de 13728
millions en 1982 à 135600 millions en 2007), de même que la quasi
monnaie a augmenté malgré des fluctuations de hausse et baisse
pour atteindre 18782 millions en fin juin 2007 au lieu de 2746 millions en
1982. La part de la monnaie fiduciaire malgré les mouvements de baisse a
connu une augmentation presque constante sur la période.
2-5: Le systeme bancaire tchadien
Le système bancaire tchadien compte 7 banques la BAC (ex-BAST), la BCC,
la CBT (ex-BDT), l'Ecobank Tchad (éx- BIAT), BSIC, la Financial Bank
Tchad et la SGTB en decembre 2007 contre 2 en 1982. Le marché bancaire
tchadien est dominé par trois banques, en termes de crédit et de
dépôts.
En dépit d'un environnement extérieur favorable marqué par
la hausse des cours mondiaux de pétrole, les résultats globaux de
l'économie connaissent une baisse avec un taux de croissance du PIB
réel de 3,6% en 2007 (contre 33,7% en 2004). Cette performance
économique s'explique notamment par le recul de l'activité
pétrolière resultant de la chute de l'extraction de brut, la
baisse des cours mondiaux de coton, malgré la relance de la production
vivrière dans des conditions climatiques favorables et la poursuite des
grands travaux de l'Etat. Le taux d'inflation est mieux contenu à 4,0%
en 2007 (contre 7,2% en 1982). Par ailleurs, le programme conclu avec le
FMI, objet de l'accord FRPC (Facilité pour la réduction de la
pauvreté et la croissance), semble se réaliser de manière
satisfaisante pour permettre une accession à brève
échéance au point d'achèvement de l'initiative PPTE
renforcée.
Dans ce contexte économique très favorable, le
système bancaire tchadien a connu, à fin juin 2007, une
légère croissance, qui ne reflète pas suffisamment la
forte augmentation de l'activité de collecte des dépôts et
de distribution des crédits.
Tirant avantage de la bonne évolution du cadre macro
économique du pays, en 2007 le système bancaire tchadien a
établi une bonne performance, marquée par une impulsion des
dépôts collectés qui font un bond à 186 milliards et
des crédits distribués qui s'établissent à 148
milliards nettement supérieur à ceux de 1982, année ou le
Tchad venait juste de sortir d' une grande instabilité politique qui
ne favorise pas le climat des affaires.
Le secteur bancaire tchadien se deploie
dès lors dans une économie en forte croissance, une inflation
sous contrôle, mais avec des contraintes importantes au niveau des
infrastructures. Le système bancaire tchadien est exposé à
plusieurs risques liés principalement à la forte concentration
des dépôts et des crédits dans le portefeuille des banques,
à la volatilité des cours du coton et à la qualité
de l'appareil judiciaire qui n'apporte pas aux banques le soutien dont elles
ont besoin dans le respect des contrats de recouvrement des créances.
Les établissement de crédit font en outre face à des
problèmes de gestion opérationnelle et financière
inadéquate et leur offre de produits est limitée, bien que le
secteur commence à être secoué par la concurrence.
Au plan du respect des normes prudentielles, la quasi-totalité des
banques tchadiennes est apparue liquide et bien capitalisée pour assurer
la couverture de leurs risques.
CONCLUSION DU PREMIER
CHAPITRE
Au terme de ce chapitre nous
avons mis en évidence le modèle de croissance endogène qui
intégre le secteur financier comme le modèle de King et Levine.
Cela nous a permis de suivre l'évolution du PIB et ses composantes et le
secteur financier. La première section a montré que,
évoluant dans un environnement économique favorable, la
situation macroéconomique du pays s'est caractérisée par
un raffermissement de l'activité économique entraînant une
croissance économique soutenue. La seconde section, quant à elle,
a presenté l'évolution du secteur financier et monétaire
dans un contexte relativement favorable et stable. De manière
générale, l'évolution du secteur réel influence le
secteur financier et monétaire. Il se traduit alors par la
maîtrise de l'inflation, l'amélioration de la situation du
système bancaire, de la balance de paiement et de la dette. La bonne
santé du secteur réel favorise le secteur financier et
monétaire provoquant ainsi une impulsion des dépôts
collectés et des crédits distribués. Ainsi
l'évolution des indicateur du système financier fera l'objet de
notre deuxième chapitre.
CHAPITRE II : EVOLUTION DES INDICATEURS DU SYSTEME
FINANCIER TCHADIEN
La notion de système financier inclut en
général les banques et les marchés financiers.
Malgré les différences entre ces deux sous-systèmes, on ne
fera pas de distinction entre ces deux formes dans notre étude dans la
mesure où le système financier tchadien est essentiellement
composé de banques.
Depuis la réforme bancaire de 1989 et la
mise en la place du nouveau dispositif de la politique monétaire, la
situation financière des banques de la CEMAC en général,
et en particuliér celles du Tchad semble plus intéressante au
regard de certains indicateurs de la liquidité bancaire et d'allocation
du crédit. En effet, l'évolution à la hausse des
dépôts, aussi bien de la clientèle privée que du
secteur public, ainsi que l'évolution des créances sur
l'économie, montre un regain d'intérêt de la part des
agents économiques au système financier. Cet intérêt
qui est aujourd'hui accordé au système bancaire tchadien
s'inscrit dans la logique des fonctions principales d'une banque.
Santomero4(*) (1984) situe
à trois niveaux le rôle d'une banque dans l'économie.
Premièrement, la banque assure le rôle de
diversification et d'évaluation des actifs financiers. Ce rôle
s'explique par la capacité qu'a une banque d'évaluer le risque de
défaut pour des prêts accordés sur la base des
dépôts reçus de sa clientèle. Le second rôle
de la banque relève de sa capacité d'intermédiation, qui
consiste à collecter des ressources auprès des agents à
capacité de financement pour les mettre à la disposition des
agents à déficit de financement. Enfin, le troisième point
qui justifie l'existence d'une banque est la forte corrélation entre
rendement d'actifs et passifs, laquelle motive l'activité
d'intermédiation et réduit le risque d'incertitude autour du
profit espéré.
Cet chapitre s'articule autour de points suivants: la section
1 est consacrée à l'évolution des indicateurs de
liquidité du système financier essentiellement dominé par
le secteur bancaire; la section 2 est, quant à elle, consacrée
à l'évolution des indicateurs d'allocation du crédit et
à l'influence du système financier sur la croissance.
SECTION 1: Evolution des indicateurs de
liquidité du système financier
La liquidité d'une banque
s'apprécie d'une manière générale par des actifs
aisément mobilisables. Il s'agit des actifs facilement transformables
sans perte de valeur, ni coûts de transaction. L'actif le plus liquide
étant reconnu être la monnaie, peut-on lier l'excès de
liquidité à une abondance du stock de monnaie dans
l'économie ? Cette question ne gênerait en rien les
économistes classiques, du fait de la neutralité de la monnaie
sur l'activité réelle. Mais du côté des
monétaristes, la question serait d'une grande importance, car la monnaie
est au centre des fluctuations économiques. Outre cette
appréhension de la liquidité par les agrégats
monétaires, la liquidité d'une économie s'apprécie
également au moyen des éléments de l'actif du bilan d'une
banque. La prise en compte de la stabilité macroéconomique et
financière dans les situations d'excès de liquidité induit
nécessairement une interdépendance entre la liquidité du
marché et celle des banques (Valla et al., 2006)5(*). Cette interdépendance
dans les économies en développement ne s'explique que par
l'interconnexion des marchés financiers et l'intense mouvement des
capitaux.
Par définition, la liquidité
d'une banque est sa capacité à faire face à ses
obligations de trésorerie suivant leur échéance (Valla et
al., 2006). La littérature bancaire propose deux façons de
définir la liquidité bancaire. Au sens strict, la
liquidité bancaire est la liquidité nécessaire pour
satisfaire les demandes de retraits de fonds à court terme
émanant des contreparties ou pour couvrir leurs opérations. Au
sens large, la liquidité bancaire est beaucoup plus proche de la
liquidité de marché. C'est la capacité d'une banque
à liquider un actif non monétaire dans le cadre d'une action en
dernier ressort afin de lever des fonds en monnaie banque centrale (VALLA et
al., 2006). Ces auteurs proposent les indicateurs de liquidité bancaire
basée sur les actifs des bilans bancaires. Comme principaux indicateurs,
on note : la gestion de la trésorerie et opérations
interbancaires, titres acquis dans le cadre des opérations de prise de
pension, titres de transaction, titre d'investissement auxquels on ajoute les
engagements de refinancement hors bilan. A cette définition de la
liquidité bancaire basée sur les actifs des bilans bancaires,
l'on peut ajouter celle donnée par Poole (1968)6(*) et Baltensperger (1974) 7(*). Le modèle de gestion des
réserves bancaires de Poole (1968) et Baltensperger (1974), qui a fait
l'objet de nombreuses applications aussi bien dans les économies
développées qu'en développement, est fondé sur une
définition de la liquidité basée sur les réserves
et les dépôts des banques. En effet, dans le cadre de leur
activité d'intermédiation, les banques sont tenues de
procéder à des ajustements de leurs portefeuilles aussi bien sur
le marché monétaire qu'auprès de la Banque centrale. Ces
ajustements s'expliquent aussi bien par d'éventuels retraits
inopinés des agents que par le respect des normes réglementaires.
La liquidité bancaire est donc une composante des actifs des banques.
Pour simplifier, certains auteurs apprécient cette liquidité
à travers le comportement des réserves libres des banques
(réserves - réserves obligatoires). Ces derniers sont
constitués des encaisses, des dépôts des banques en comptes
courants ainsi que des placements à la banque centrale.
Dans le cadre de cette étude, nous allons nous baser
sur l'un des indicateurs de liquidité pour analyser l'évolution
du système bancaire, notamment les dépôts bancaires au
Tchad.
1-1: Evolution des dépôts bancaires au
Tchad
De part le changement dans la politique monétaire et
les differentes mesures de restructurations engagées, les
dépôts à vue ont progressé, passant de 12084
millions en 1982 à 135576 millions en 2007 et les dépôts
à terme de 2000 million en 1982 à 18782 millions en 2007. Mais
cependant la progréssion des ces variables a connu une chute dans les
années 1990, les agents économiques ont anticipé la
dévaluation du franc CFA et ont retiré leurs dépôts
du système bancaire entre le 31/ 12/ 1992 et le 31/ 12 / 1993, les
dépôts à vue ont chuté de 617 millions et le
dépôts à terme de 1358 millions. Le but étant
à l'époque de convertir le francs CFA et de les replacer dans les
comptes étrangers. La fuite des capitaux avait ainsi atteint des
proportions alarmantes au cours du premier semestre 1993; 1 millard de FCFA
sortait chaque jour de la zone franc.
Pour tenter d'enrayer cette fuite, les
autorités monetaires de la zone BEAC ont dans un premier temps
rétabli l'utilisation des carnets de change et effectué les
fouilles systématiques aux douanes pour verifier si les sortants ne
transportaient pas de billets par devers eux. Ces mesures s'étant
révélées insuffisantes , la fin de la
convertibilité des billets CFA hors de la zone a été
decidée le 02/09/1993. Cette mesure a été
complétée le 13/09/1993 par la fin de la convertibilité
des billets entre les deux zones UEMOA et CEMAC. Certe, la fuite des capitaux (
dépôts) a été ralentie, mais elle n'a pas
été stoppée car, de manierè
détournée, de nombreux agents ont continué à sortir
avec de l'argent.
A partir du moment où la dévaluation
était devenue effective, les liquidités sont retournées
dans la zone franc8(*) entre
le 21/12/93 et le 31/12/94, les dépôts à vue ont
progressé de 48% et les dépôts à terme de 18%;
l'impact de la dévaluation sur les dépôts était
alors devenu réel et positif.
En 1997, les dépôts au Tchad avaient
diminué avant de reprendre en 1999 comme l'indique le graphique
ci-dessous.
Figure 3: Graphique représentant
l'évolution de dépôts bancaire
Source: Par l'auteur à partir
des données de la BEAC
Au vu de ce graphique, il ressort que les dépôts
ont augmenté à partir de 1982 ( fin de la guèrre civile)
jusqu'à fin 1985 avant de diminuer en 1986 à cause des troubles
à l'intérieur du pays et la guerre Tchad-Libye et reprennent en
1987 pour chuter à nouveau à partir 1990 jusqu'à fin 1993
à cause de la chute de l'ancien regime et le problème
d'insécurité dans le pays. Les dépôts rebondissent
à partir de 1994 ( après la dévaluation) jusqu'à
fin 1997 pour devenir négative en 1998 en raison de la situation
économique défavorable, caractérisée par la chute
de la production cotonnière qui constituait le principal produit
d'exportation et les arriérés de salaires.
A partir de 1999, les dépôts reprenent
et évoluent pour atteindre 100986 millions de franc en 2002 avant de
chuter brevement en 2003. Mais à partir de 2004, les dépôts
évoluent pour atteindre un point culminant en 2006. Chiffre qui
s'explique par l'amélioration de la situation économique
générale due aux rapatriements des recettes d'exportation (
surtout pétrolierè) et par la reussite des mesures de
réformes mises en place.
1-2 : Evolution de dépôts par nature
et durée
Les différentes réformes mises en
place et la situation macroéconomique du pays ont contribué
à l'amélioration de collecte des dépôts bancaires
notamment, les dépôts de l'Etat, les dépôts à
terme et d'épargne et les dépôts à vue comme
l'indique la figure ci-après.
Figure 4 : Graphique représentant
l'évolution de dépôts par nature et durée.
Source : Par l'auteur à
partir des données de la BEAC
Les dépôts de l'Etat9(*) sont passés de 3560
millions en 1982 à 31759 millions en 2007. Les dépôts
à vue ont suivi le mouvement avec respectivement 123492 millions en
valeur absolue malgré une chute observée au cours des quelques
années. Pour les dépôts à terme et d'épargne
ils ont subi une augmentation de 16782 millions en valeur absolue.
Au total, la reprise des dépôts est devenue une
réalité dans le système bancaire Tchadien; ces
dépôts ont- ils été transformés effectivement
en crédit?
SECTION 2: Evolution des indicateurs d'allocation du
crédit
Au niveau de la distribution des crédits.
Malgré les mesures de restructuration, les banques tchadiennes sont
restées frileuses et s'engagent très peu dans le financement de
l'économie.
2-1 : Evolution des crédits bancaires au Tchad
Les crédits bancaires ont suivi le même rythme
que l'évolution des dépôts mais de façon moins que
proportionnelle comme l'indique les différentes figures
ci-àprès.
Figure 5: Graphique représentant
l'évolution du crédits bancaire
Source : Par l'auteur à partir
des données de la BEAC
Au vu de ce graphique, il ressort que les crédits
bancaires on connu une augmentation à partir de 1982 jusqu'à la
fin de l'année 1986 à cause de la stabilité politique
avant de chuter à partir de 1987 jusqu'à fin 1989 à cause
de la guerre civile.
La dévaluation n'a pas eu les effets
escomptés et les crédits à l'économie ont
diminué entre le 31/12/1993 et le 31/12/1994. Cette situation s'explique
par une prudence excessive des banquiers, mais aussi par une diminution de la
demande d'entreprise.
Entre 1998 et 1999, ont observe la même
tendance, les crédits ayant baissé. Cette tendance s'explique par
les conséquences de la deuxième phase de restructuration
engagée au second semestre 1995.
De 2000 à 2007, les crédits ont
connu une augmentation malgré quelque inflexion en 2002 et en 2004,
cette évolution semble avoir au moins trois niveau d'explication: la
forte amélioration de la liquidité du système bancaire,
l'amélioration de climat des affaires et le nombre des banques
créeés en augmentation ces dernières années ( 4
banques ont été créeés depuis 2000 et une est en
cours de création ).
Au cours de la période d'étude,
l'évolution du crédit bancaire par durée s'est
presentée de la manière suivante.
Figure 6: Graphique représentant
l'évolution du crédit bancaire par durée
Source : Par l'auteur à partir
des données BEAC
De manière générale, les crédits
bancaires ont évolué en dent de scie de 1982 à 2007
s'agissant des différents termes, un constat peut être fait au vu
de ce graphique .
Les crédits à long terme
étaient inéxistants de 1982 à 1985 en raison de manque de
confiance des intermédiaires financiers envers les emprunteurs qui se
trouvaient dans une situation politique et économique incertaine. Mais
à partir de fin 1985 à 1988 les crédits à long
terme ont répris timidement avant de disparaître en fin 1989
à cause de la situation politique défavorable au climat des
affaires. Ils ont progressé à partir de 1990 jusqu'à
atteindre un pic en 2007 à cause de la situation favorable au climat des
affaires.
Les crédits à moyen terme relativement plus
important ont gardé la même évolution au fil du temps
malgré quelques périodes de chute.
Enfin, les crédits à court terme quant à
eux ont progressivement évolué avec le climat des affaires et la
situation économique du pays.
Au total, les crédits bancaires ont gardé la
même structure qu'avant la restructuration avec une nette diminution des
crédits à court terme et crédits à moyen terme. Les
crédits à long terme restent presque négligeables
malgré le rôle qu'ils sont appelés à jouer dans la
formation brute du capital fixe.
2-2 : L'influence des activites financiers sur la
croissance
L'objet des systèmes financiers est de s'interposer
entre prêteurs et emprunteurs afin de rendre plus cohérents leurs
décisions d'épargne et d'investissements, et finalement de
faciliter leurs transactions. Cette interposition peut être
réalisée de façon centralisée par un
intermédiaire financier qui doit être capable d'assurer une
allocation efficace de l'épargne vers l'investissement, en
évitant à la fois un endettement excessif des entreprises par
rapport aux fonds disponibles, une sous utilisation des capacités de
financement conduisant à des situations de sous-emploi de
l'épargne, ou bien encore une mauvaise utilisation de ces
capacités conduisant à financer les projets les moins
rentables.
En effet, la relation financière
élémentaire directe entre un épargnant et un emprunteur
présente de grandes faiblesses. D'une part, une telle relation exige une
complémentarité totale, sur un certain laps de temps au moins
entre deux projets individuels, l'un d'épargne et l'autre
d'investissement. Or cette double coïncidence entre projets à la
fois sur le montant et sur la durée n'a aucune raison d'être
systématiquement vérifiée. D'autre part, le financement
d'un projet d'investissement crée généralement des risques
et des problèmes d'asymétrie informationnelle qu'un investisseur
isolé n'est pas toujours à mesure d'assurer.
L'intérêt majeur d'un système financier
développé est à la fois de rendre compatible dans le temps
des projets qui ne le sont pas à une date donnée, et de
réduire les asymétries informationnelles et les risques afin de
favoriser l'investissement et donc la croissance. A ce titre, c'est à
travers les principales fonctions qu'exercent les systèmes financiers
qu'on mesure leurs effets sur la croissance.
2-2-1 : Les Principales fonctions des systèmes
financiers
Levine (1996) récence cinq arguments qui peuvent fonder
théoriquement l'existence d'une liaison positive et forte entre le
système financier et la croissance :
- Le système financier faciliterait la protection
contre le risque et le partage de celui-ci ;
- Il permettrait une acquisition de l'information et une
allocation optimale des ressources ;
- Il permettrait un meilleur contrôle des dirigeants et
de l'entreprise par les actionnaires ;
- Il faciliterait la mobilisation de l'épargne
domestique ;
- Enfin, la présence d'un système financier
suffisamment développé faciliterait l'échange de biens et
services.
2-2-1-1 : La facilitation de la protection contre
le risque et son partage
Les institutions financières naissent du fait qu'elles
devraient faciliter la gestion du risque lié aux coûts
d'information et de transaction spécifique. Nous allons ici distinguer
deux types de risques. Le risque de liquidité et le risque de
diversification du portefeuille.
Levine définit la liquidité comme la
facilité avec laquelle les agents économiques peuvent convertir
leurs actifs non liquides en actifs liquides, notamment la monnaie. Le risque
de liquidité naît donc à cause des incertitudes
associées à la conversation des actifs. Ces incertitudes sont
liées aux asymétries d'information et aux coûts de
transactions.
Le lien entre la liquidité et le développement
économique provient du fait que certains projets à rendement
élevé nécessitent des financements de long terme. Or un
tel comportement est incompatible a priori avec les intérêts des
épargnants. Par conséquent, si les systèmes financiers
n'augmentent pas la liquidité pour les investissements de long terme, il
y aurait moins de projets à haut rendement qui apparaîtront.
Levine soutient que cette gestion du risque de liquidité peut être
faite en plus des marchés financiers par les banques. S'agissant de ces
dernières, Diamond et Dybvig (1983) dans leur modèle montrent
qu'il est excessivement coûteux d'observer les chocs qui affectent les
individus, et par conséquent, il est impossible de passer des contrats
financiers contingents (où tous les états de l'économie
sont prévus). Sous de telles conditions, les banques peuvent offrir des
dépôts liquides aux épargnants et entreprendre un mixage
des investissements liquides et à faibles rendement pour satisfaire les
besoins de liquidité des épargnants, et des investissements
illiquides et à rendement élevé. En fournissant la demande
de dépôt et en choisissant un mixage approprié des
investissements liquides, les banques fournissent une assurance complète
aux épargnants contre le risque de liquidité, pendant que
simultanément elles facilitent les investissements de long terme
à travers le financement des projets à rendement
élevé. Ainsi, en éliminant le risque de liquidité,
les banques peuvent accroître l'investissement en actifs illiquides,
à haut rendement et accélérer la croissance
économique (Bencivenga et Smith, 1991).
Cependant Pagano (1994) montrent dans un modèle avec un
capital physique et externalité, qu'une liquidité accrue peut
diminuer le taux d'épargne et la croissance économique.
En plus de la réduction du risque de liquidité,
les systèmes financiers devraient aussi atténuer le risque de
diversification du portefeuille. L'habileté des systèmes
financiers à fournir des services de diversification du risque peut
affecter la croissance économique de long terme en modifiant
l'allocation des ressources et les taux d'épargne. Lorsque les
épargnants sont généralement averses au risque, les
projets à haut rendement deviennent plus risqués que ceux
à faible rendement. Par conséquent, les systèmes
financiers qui facilitent la diversification du risque tentent d'induire une
modification du portefeuille vers des projets dont le rendement attendu est
élevé (Saint-Paul, 1992). En plus du lien de la diversification
et de l'accumulation du capital, elle peut également affecter le taux de
changement technologique. L'habileté à détenir un
portefeuille diversifié en projets innovateurs réduit le risque
et encourage l'investissement en activités innovatrices porteuses de
croissance. Par conséquent, tout système financier qui facilite
la diversification du risque peut accélérer l'innovation
technologique et la croissance économique (King et Levine, 1993a).
2-2-1-2 Acquisition de l'information et l'allocation
des ressources
D'une part, les banques, à partir des informations
recueillies sur la nature des chocs auxquels s'expose une économie,
répartissent au mieux l'épargne collectée lorsqu'elles
sont parties prenantes des projets d'investissements. Tant qu'il y a
séparation nette entre actifs monétaires et actifs financiers,
les banques continueront à remplir la fonction d'intermédiation
financière. En atténuant les risques par la mobilisation de
l'épargne, le système financier incite les épargnants
à investir dans les projets à taux de rentabilité interne
élevé (Saint Paul, 1992) et contribue à
accélérer les changements technologiques. L'orientation des
investissements est facilitée par l'existence d'un système
financier qui est l'agent dont les coûts de transaction et d'information
concernant un projet précis sont les plus faibles (information relative
aux dirigeants, aux débouchés des produits, à la
capacité technologique, etc...). Les intermédiaires financiers
suppléent aux frictions du marché et rendent l'information,
assimilable à un bien public (Stiglitz, 1985).
Par ailleurs, l'intérêt majeur d'un
système financier est de rendre compatible dans le temps des projets qui
ne le sont pas à une date donnée, et de réduire les
risques et les asymétries informationnelles afin de favoriser
l'investissement et donc la croissance (Laroche et al, 1995). A ce titre,
Diamond (1984) montre que les coûts d'acquisition d'information
créent des incitations à l'émergence des
intermédiaires financiers. Pour illustrer cette idée, supposons
qu'il existe un coût d'acquisition d'information à propos d'une
production technologique.
En l'absence d'intermédiaires financiers,
chaque investisseur doit payer ce coût fixe. En réponse à
cette structure de coût d'information, les groupes d'individus pourraient
se constituer en intermédiaires financiers afin d'économiser les
couts de Traitement et d'acquisition d'information à propos
d'investissement. Au lieu que chaque individu supporte seul ce coût, un
intermédiaire peut le faire sur tous ses membres. Il en résulte
donc une économie des coûts d'acquisition d'information qui
facilite l'obtention d'information à propos des opportunités
d'investissement, et par là, améliore l'allocation des
ressources.
L'habileté avec laquelle les intermédiaires
financiers acquièrent et traitent l'information devrait alors avoir
d'importantes implications sur la croissance économique. Car plusieurs
firmes sollicitent ce financement à travers les intermédiaires
financiers et les marchés qui assurent mieux la sélection
d'entreprises et des firmes prometteuses. Ainsi, ils induiront une allocation
efficiente du capital et une croissance rapide (Greenwood et Jovanovic,
1990).
En dehors de l'identification de la meilleure production
technologique, les intermédiaires financiers devraient aussi stimuler le
taux d'innovation technologique en identifiant les entrepreneurs qui ont de
bonnes chances d'initier avec succès de nouveaux processus de production
des biens (King et Levine, 1993a).
2-2-1-3 Le contrôle des actionnaires sur les
managers et sur l'entreprise
Une fonction importante du système
financier est également de réduire les problèmes
d'asymétrie d'information entre investisseurs et emprunteurs. En effet,
un obstacle aux transactions directes réside dans la crainte des
investisseurs d'être mal informés par les emprunteurs qui peuvent
sous-évaluer leur profit ou gérer la firme selon le
critère de maximisation de leur seule utilité. Ces
problèmes d'asymétrie d'information peuvent se produire ex ante
et impliquer la mise en oeuvre de projets trop risqués favorisant les
actionnaires ou au contraire conduire à l'abandon de projets rentables.
Ils peuvent également se produire ex post et conduire à une
utilisation frauduleuse des capitaux levés par les actionnaires
(Jensen-Meckling, 1976). Dans tous les cas, ils engendrent une mauvaise
utilisation du capital financier disponible. Pour améliorer la
qualité de cette allocation, le système financier doit donc
à la fois identifier les risques ex ante et gérer les risques ex
post via une fonction de monitoring. De ce point de vue, il est très
souvent montré dans la littérature que le contrat de financement
optimal est un contrat de dette favorisant les banques par rapport aux
marchés de financement direct (Diamond, 1984). Tout ceci permet donc
d'éviter les problèmes d'aléa de moralité
généralement constatés à travers les arrangements
possibles entre propriétaires et gestionnaires d'entreprises. A ce
titre, Bencivenga et Smith soulignent que les contrats financiers qui
améliorent le contrôle collectif tentent de promouvoir une
accumulation rapide du capital et de la croissance en améliorant
l'allocation du capital. Cependant Raffinot et Venet10(*) (1998) soutiennent que ce
contrôle reste un peu anecdotique dans le cadre d'un pays en
développement.
2-2-1-4 La mobilisation de l'épargne
L'une des composantes essentielles de
l'activité est de rendre compatible des projets individuels
d'épargne et d'investissement afin d'éviter des situations de sur
ou sous utilisation des capitaux disponibles. Cette fonction peut être
assurée aussi bien par des marchés décentralisés
que par les intermédiaires bancaires.
Les marchés décentralisés confrontant
à chaque instant offre et demande de capitaux, ils assurent à
chaque investisseur (respectivement entrepreneur) de trouver sur le
marché un entrepreneur (respectivement investisseur) dont la demande
(respectivement offre) de capitaux correspond à la sienne. Cependant, le
fonctionnement d'un tel système repose à la fois sur une
nécessaire profondeur du marché et sur une gamme suffisamment
vaste de produits capables de satisfaire tout type de besoin financier. De ce
point de vue, les marchés à terme jouent d'ailleurs un rôle
important puisqu'ils permettent de confronter décisions d'épargne
et d'investissement dans un cadre inter temporel. Ainsi par exemple, si le
volume des prêts à terme est trop important, l'information est
transmise aux marchés comptants par une baisse des taux qui favorise le
lancement de nouveaux projets, lesquels utiliseront à terme le surplus
d'épargne dégagée dès aujourd'hui pour demain.
L'adéquation de l'épargne à l'investisseur se trouve alors
mieux assurée. Le développement des activités
financières entendu dans le sens d'une augmentation du volume des
marchés et de la palette de produits proposés, permet alors une
augmentation de la part de l'épargne effectivement consacrée
à l'investissement, et génère ainsi un niveau de
croissance supérieur.
Les intermédiaires centralisés, quant à
eux, collectent l'épargne et, disposant alors d'un volume de capitaux
suffisamment important, ils peuvent s'adapter à chaque instant aux
besoins financiers respectifs des investisseurs et des épargnants. En
outre, le principe même de leur fonctionnement (négociation
préalable à tout financement et gamme assez large de produits
proposés) leur permet d'établir un échéancier
correct des retraits et dépôts à venir, et donc d'assurer
l'adéquation entre la maturité de l'épargne qu'ils
collectent et celle de l'investissement qu'ils financent.
Le système financier a également pour fonction
de faire bonne utilisation de l'épargne disponible en le dirigeant vers
les investisseurs les plus productifs. Pour cela, ils doivent en particulier
réduire l'incertitude des épargnants en diversifiant les risques
de liquidités. En effet, l'un des obstacles majeurs aux transactions
entre prêteurs et emprunteurs réside dans la peur des premiers de
devoir disposer plus tôt que prévu de leurs placements.
Ce besoin de liquidité peut les conduire à
favoriser des investissements liquides et peu productifs au détriment de
projets de plus long terme. Bencivenga et Smith (1991) montrent qu'un
système bancaire permet de réduire ce risque de liquidité.
En effet, en l'absence des banques, les ménages se protègent des
chocs de liquidités par des investissements en actifs liquides mais peu
productifs. Cette inefficacité peut être considérablement
réduite par les intermédiaires financiers qui, ayant un grand
nombre de déposants, ont la capacité de mettre en commun les
risques de liquidités des épargnants et d'investir une part plus
importante de leurs fonds dans des projets illiquides mais plus productifs. Il
est ainsi montré que les banques augmentent la productivité des
investissements, à la fois en dirigeant les fonds vers des technologies
illiquides à haut rendement et en réduisant le nombre
d'investissements gâchés par des liquidités
prématurées.
2-2-1-5 Le développement des échanges des
biens et services
Bencivenga et Smith (op.cit) en se
référant à l'exemple de l'Angleterre du 19è
siècle, ont montré que les révolutions industrielles et
managériales suivent une révolution financière. Cette
thèse conforte l'idée que le système financier
accélère la mise en oeuvre de projets industriels, de
découvertes et d'inventions technologiques. En effet, si l'on admet que
les épargnants ont des exigences en termes de retour sur investissement,
il faut convenir que les intermédiaires financiers et même le
marché les ont conduits à investir leurs fonds dans des projets
incorporant de la technologie récente et/ou susceptible d'effets
d'entraînement. Le système financier est en ce sens un
accélérateur d'échanges de biens et services, de division
du travail, de spécialisation et d'innovation, ne serait-ce que par
rapport à un système de troc dominé par le « truisme
de la double coïncidence des besoins ». Il contribue à la
diminution des coûts de l'éducation, catalyse l'accumulation inter
temporelle des talents (Severino J.M ,1999 ). L'idée centrale
à retenir est que les marchés financiers et monétaires
exercent des effets allocatifs sur la croissance en influençant les taux
de rentabilité, des projets, l'accumulation du capital et
l'activité réelle.
Le cheminement théorique par lequel les
intermédiaires financiers influencent l'activité
économique est synthétisé sur la figure suivante,
inspirée de Levine (1997).
Imperfections du marché
-Asymétrie d'information
-Coûts de transaction
Fonctions des intermédiaires
financiers
-Mobilisation de l'épargne
-Faciliter les transactions financières, gérer les
risques et diversifier les actifs
-Choix d'investissements, Expertise et allocation des
ressources
-Surveillance des entrepreneurs et contrôle des entreprises
-Favoriser l'échange des biens et services
Canaux de transmission à la
croissance
-Accumulation du capital plus efficace
-Financement de l'innovation technologique
-Les effets externes (externalités)
Croissance économique
Figure 7 : Cheminement
théorique de la transmission de la finance à la croissance,
Levine (1997).
CONCLUSION DU DEUXIEME CHAPITRE
Ce chapitre a mis en évidence
l'évolution des différents indicateurs du système
financier. Les crédits bancaires ont évolué en fonction
de l'évolution des dépôts bancaires au cours des ces
dernière années. La contrainte de liquidité apparaît
ainsi être un bon indicateur de mesure de l'efficacité du
système financier, surtout pour le pays en développement. Comme
le souligne Fry (1997), le système financier de ce pays se
caractérise par le poids prépondérant des banques dans le
système de finance formelle. Un système bancaire plus efficace se
traduit par une diminution des ressources improductives, au profit de
l'investissement productif, élément qui favorise le
développement à long terme. Toutefois, l'amélioration de
la situation politique et économique du pays influence le système
bancaire en matière de mobilisation et d'allocation efficace de
l'épargne permettant d'assurer un meilleur développement de
l'économie.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Au terme de cette partie nous avons mis en évidence
l'apport de modèle de croissance endogène dans une
économie, en l'occurrence celle du Tchad, ensuite une synthèse de
l'évolution historique de cette secteur a été
donné. De manière générale la stabilité du
secteur réel est particulièrement importante dans les pays en
développement, dont les structures de production sont souvent
très sensibles à des chocs intérieurs et
extérieurs. Il est presque évident que la stabilité
macroéconomique est importante pour la solidité du système
bancaire et financier.La solidité du système financier exige
essentiellement un contexte macroéconomique stable, un secteur
privé dynamique, un cadre juridique favorable permettant une bonne
administration interne des institutions financières et une discipline
externe exercée par le marché, ainsi qu'une
réglementation et un contrôle rigoureux. La mise en place et le
maintien d'un système bancaire solide ne sont possibles que si les prix
et d'autres variables nominales de l'économie évoluent de
manière relativement stable et si l'activité économique
progresse à un rythme raisonnable. C'est pour cette raison que
l'instabilité du secteur réel a toujours entraîné
celle des systèmes financiers dans les pays en développement et
que la stabilisation macroéconomique a été
considérée comme une condition préalable clé de la
restructuration des banques dans les pays en développement après
la crise bancaire. Un environnement macroéconomique sain et la
croissance économique sont indispensables au développement d'un
système bancaire viable. Ce double apport permet à présent
de rechercher les moyens de vérification de relation reciproque entre
les deux secteurs comme nous l'avons supposé dans nos
hypothèses.
DEUXIEME PARTIE : DETERMINATION DU LIEN ENTRE LE
DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE AU TCHAD
Le lien entre la croissance économique et le
développement financier a été reconnu dans la
littérature économique depuis plus de trois décennies:
Bagehot (1873), Schumpeter (1912), Goldsmith (1955, 1969), Gurley et Shaw
(1955, 1960) en furent les précurseurs. Rapidement la structure
financière devint même un des éléments de la
stratégie de développement économique sous l'impulsion des
auteurs comme Gurley et Shaw (1967),Mckinnon (1973, 1991), et récemment
King et Levine (1993).
Dans toutes ces études, les conclusions
confirment qu'un sytème financier efficient active la croissance
économique tout en l'orientant. Cependant la corrélation est
largement admise, mais le sens de causalité reste
contesté11(*)
opposant, d'une part, le développement financier exogène (conduit
par l'offre du services financiers) et, d'autre part, le développement
financier endogène ( induit par la demande de services financiers).
Ainsi cette partie a pour objectif d'estimer la relation entre le
développement financier et la croissance économique ( Chapitre
III) et de mettre surtout en évidence la nature du lien entre le
développement financier et croissance économique au Tchad et les
mesures de politiques économiques à envisager ( Chapitre IV).
CHAPITRE III: LA DEMARCHE METHODOLOGIQUE DE LA MISE EN
EVIDENCE DU LIEN ENTRE LE DEVELOPPEMENT FINANCIER ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE
AU TCHAD
Les principales études économétriques
cherchant à étudier l'impact des systèmes financiers sur
la croissance proviennent des travaux précurseurs de Goldsmith [1969],
Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973). Leur problématique cherchait à
mesurer les conséquences en termes de croissance des politiques de
répression financière mises en place après les
différents conflits mondiaux et la crise des années 30. Le
secteur financier accélère la croissance économique et
améliore les performances d'une économie en facilitant le
déplacement de capitaux vers les secteurs les plus productifs. Pour Mc
Kinnon, l'essor des marchés financiers et l'approfondissement de
l'intermédiation aident le développement économique, en
opposition à la situation où les investisseurs sont contraints de
s'autofinancer intégralement.
Ce chapitre s'article autour de deux points. La
première section présente la méthodologie concernant la
modélisation de la relation entre le secteur financier et le secteur
réel. La seconde section, quant à elle, présente les
considérations méthodologiques liées aux propriétes
statistiques des indicateurs et aux procédures d'estimation.
SECTION 1: Les considérations
méthodologiques liées à la modélisation de la
relation entre le secteur financier et le secteur réel.
Les liens entre le développement financier
et la croissance économique ont fait l'objet de nombreux travaux
empiriques dans les années récentes. Leurs conclusions sont
relativement concordantes quant à l'impact positif du
développement financier sur la croissance.
1.1. les différentes analyses
empiriques
Goldsmith (1969) est l'un des pionniers dans
l'étude des liens entre croissance et développement financier.
Son étude portée sur un échantillon de 35 pays sur la
période 1860-1963 a abouti au fait qu'il existe une liaison entre le
secteur financier et le secteur réel. Son étude cependant
présente des limites : d'abord il ne tient pas compte des variables
de contrôle pouvant influencer la croissance économique et ensuite
il n'identifie pas le sens de causalité.
King et Levine (1993), en voulant remédier
à ces faiblesses, ont porté leur analyse sur un
échantillon de 80 pays développés sur une période
allant de 1960 à 1989 en examinant l'ensemble des facteurs financiers
susceptibles d'influencer la croissance à long terme.
Dans leur conclusion, ils notent une contribution positive et
statistiquement significative des variables financières sur le secteur
réel. A cet effet, ils ont considéré comme variables
financières trois indicateurs qui sont : les engagements liquides
du secteur financier rapportés au PIB et représentés par
le ratio (M2/PIB) ; les dépôts auprès des banques
commerciales rapportés à ces même dépôts
majorés des dépôts des banques commerciales auprès
de la banque centrale et enfin le montant des crédits accordés
aux entreprises privées toujours rapportés au PIB. A travers le
premier indicateur, ces deux auteurs ont démontré une forte
corrélation positive entre le PIB réel par tête qui
représentait la variable endogène et la taille du système
financier.
Par le biais du second, ils mesurent le degré avec
lequel les banques de dépôts et la banque centrale allouent les
crédits. Mais cet indicateur présente deux faiblesses dû au
fait que dans un premier temps les banques ne sont pas les seuls
intermédiaires financiers pouvant accorder des crédits à
l'économie surtout dans les pays en développement et en
particulier dans les pays d'Afrique subsaharienne. Deuxièmement,
celles-ci peuvent aussi financer les dépenses publiques comme c'est le
cas dans les pays en développement. Le dernier indicateur répond
à son tour positivement et significativement à l'accroissement du
PIB réel par tête.
Levine et Zervos (1998) ont essayé dans leur
étude d'évaluer l'incidence de la bourse et le
développement du secteur bancaire sur la croissance économique.
Ils ont utilisé à cet effet un échantillon de 49 pays sur
la période 1976-1993 et ont considéré comme variables
financières : le ratio de rotation des actifs, le ratio de
capitalisation boursière, la volatilité du marché et les
indicateurs du développement bancaire. Ils considèrent comme
variables endogènes: le taux de croissance du PIB réel, du
capital, de la productivité et de l'épargne comme l'ont
considéré King et Levine (1993). Leur résultat met en
lumière l'impact des variables financières sur la croissance
économique. Selon la conclusion de ces deux auteurs, il existe deux
mécanismes à travers lesquels l'impact du développement
financier se manifeste:Le premier concerne l'augmentation de l'efficacité du capital,
grâce à la meilleure allocation des ressources ; le second
concerne la mobilisation de l'épargne qui accroît le volume
d'investissement. Ils concluent enfin dans leur étude que les
économies ayant un niveau élevé de développement
financier présentaient des taux de croissance assez importants.
Anne Joseph, Marc Raffinot et Baptiste Venet (1998)
dans une étude intitulée «l'approfondissement financier et
croissance : analyses empiriques en Afrique sub-saharienne »,
pour la période 1970-1995 ont conclu que l'approfondissement financier
joue un rôle dans la croissance réelle d'une grande
majorité des pays de l'U.E.M.O.A, ainsi que dans le cas du Cameroun
entre 1963 et 1995. Ils ont utilisé dans leur étude d'une part,
la croissance économique mesurée par le PIB réel par
tête comme régresseur et d'autre part, les variables
financières telles que : le ratio M2/PIB étant donné
le faible nombre d'institutions financières non bancaires dans les pays
d'Afrique sub-saharienne ; le ratio quasi-monnaie/M2, variable
destinée à rendre compte des progrès de
l'intermédiation financière dans la mesure où c'est au
travers de la croissance des dépôts à terme et
d'épargne que les intermédiaires financiers sont supposés
pouvoir pleinement jouer leur rôle de promoteur de l'accumulation de
l'épargne domestique et d'orientation des ressources vers l'allocation
optimale des ressources ; l'encours nominal de crédits au secteur
privé et l'encours réel de crédit par habitant. Ils
concluent à partir de leur résultat qu'il existe dans six cas sur
sept (non compris la Guinée Bissau dû à son
intégration récente à l'union), un lien de
causalité au sens de Granger entre approfondissement financier
(mesuré par M2/PIB) et croissance de la sphère réelle.
Seul le Niger n'exhibait aucun lien de causalité significatif (ce
résultat n'implique pas forcément l'absence de lien
économique entre les deux secteurs dans ce pays). Pour ce qui concerne
le Togo dans cette étude, les deux auteurs ont conclu qu'il existait un
lien unidirectionnel allant du secteur réel au financier.
Saint Marc en 1972 avait montré que les pays
les plus riches de l'UMOA se caractérisaient par des ratios
d'approfondissement financier plus élevés. En effet, en 1992,
Spears dans une étude sur 10 pays africains sur la
période 1966-1986 a obtenu une corrélation proche de
l'unité entre approfondissement financier et croissance dans 9 pays.
L'auteur a utilisé trois indicateurs de développement financier
tels que le ratio des dépôts à vue et des comptes
d'épargne rapportés à M2, et les agrégats
monétaires M2 et M3 en proportion du PIB. Malheureusement, l'absence de
certaines variables (variables de contrôle) peut laisser supposer un
problème d'identification, et donc une surévaluation de l'impact
du développement financier sur la croissance économique.
Ouédraogo Idrissa (1985) conclut à
partir de ses résultats que de façon générale,
l'hypothèse de complémentarité de McKinnon qui stipule que
« la détention d'encaisses monétaires est un
préalable à l'investissement et donc qu'il existe une
complémentarité entre la demande d'encaisses monétaires
réelle et l'investissement » n'est pas vérifiée
dans son analyse au sein de l'UMOA. L'auteur affirme également que ses
résultats sont contradictoires et le justifie par la non prise en compte
des réalités spécifiques particulières à
chaque pays en développement qui composent son échantillon. Il
préconise qu'il faut abandonner les modèles de
développement propices aux pays à économie
développée, c'est-à-dire de rompre avec le
« capitalo-centrisme ».
Berthélemy et Varoudakis (1998) ont
porté leur analyse sur la contribution du développement financier
à la croissance économique en utilisant des données de
Panel. Ils ont considéré 82 pays pendant six périodes
quinquennales dès le début des années soixante jusqu'aux
années quatre vingt dix. Ces deux auteurs utilisent comme variable
explicative le taux de croissance comme il a été utilisé
par Mankiw, Romer et Weil (1992).
Toutefois, ils traitent différemment la variable M2 /
PIB considérée comme un indicateur de développement
financier d'un pays. En effet, le traitement de cette variable est
modifié par rapport aux travaux antérieurs dans la mesure
où ils introduisent le rôle de la répression
financière. Ils ont choisi de synthétiser son incidence par une
variable indicatrice binaire qui vaut 1 pour les périodes
précédentes à la réforme financière et 0
pour les périodes suivantes y compris la période de sa mise en
place. Ces auteurs ont ajouté donc cette variable pour
différencier l'impact du développement financier selon les
périodes de répression financière et de
libéralisation financière. Ils ont obtenu une influence minimale
de la croissance du système financier en période de
répression financière. Le coefficient associé à
cette variable indicatrice multiplié par le ratio (M2 / PIB) est
négatif et significatif. De là, les deux auteurs ont conclut q'un
système financier réprimé, semble avoir une influence
nuisible sur la croissance. Ce résultat confirme la position des
défenseurs de la libéralisation.
Par ailleurs, les deux auteurs ont constaté que le
développement du système financier n'a pas un effet significatif
sur la croissance. Le seul effet mis en évidence est un effet
négatif lorsqu'il est associé à un régime de
répression financière. L'explication proposée pour
interpréter cette situation concerne la possibilité d'existence
d'équilibres multiples de croissance en liaison avec le niveau du
développement financier.
Les mécanismes qui expliquent ces équilibres
multiples reposent sur l'existence d'externalités réciproques
entre la sphère financière et la sphère réelle: le
développement du secteur financier accroît l'efficience de
l'investissement et renforce la croissance, mais en même temps, la
croissance de la sphère réelle favorise l'épargne et le
développement financier, ce qui exerce un effet positif sur
l'efficacité de l'intermédiation financière. Cette
conclusion milite en faveur de la position de Patrick (1966) qui soutient une
causalité inverse.
Dans le cas d'existence d'équilibres multiples, la
relation estimée pourrait être simplement
Taux de croissance
LM2
*
*
*
*
*
*
*
*
une régression aberrante permettant de confirmer un
impact positif de (M2/ PIB) sur la croissance comme la montre la figure
suivante :
Figure_8 : Illustration
d'équilibres multiples de l'impact entre finance et croissance
Berthélemy et Varoudakis (1998)
Des interactions de ce type génèrent deux
équilibres stables :
Un « équilibre haut » avec forte
croissance et développement normal du système financier et un
« équilibre bas » avec faible croissance, où
l'économie ne réussit pas à développer son secteur
financier. Entre les deux, il y a un équilibre instable qui
définit un effet de seuil du développement du système
financier sur la croissance. Au-delà de ce seuil, l'économie
converge vers l'équilibre avec forte croissance, alors que, en
déça de celui-ci, elle reste bloquée dans une situation de
piège de pauvreté.
Le deuxième mécanisme à travers lequel le
développement du système financier peut influencer la croissance
est la meilleure mobilisation de l'épargne qui entraîne
l'augmentation du ratio d'investissement. A cet égard, Berthélemy
et Varoudakis (1998) ont estimé une régression pour le ratio
d'investissement pour le même échantillon. Ces deux auteurs ont
retrouvé le même résultat que celui vu au premier
mécanisme : le développement financier ne semble pas influencer
le comportement d'investissement.
L'existence d'équilibres multiples de croissance
implique que l'effet du système financier sur le volume d'investissement
ne se manifeste pas sous une forme linéaire mais plutôt à
travers un effet de palier analogue à celui identifié
précédemment en ce qui concerne la croissance.
Par le biais de cette analyse, ils ont validé
l'idée suivant laquelle l'impact de l'approfondissement financier sur la
croissance ne se manifeste qu'à partir d'un certain seuil (M2/PIB) au
moins égal à 36,5%. Cela signifie que dans les pays ayant un
faible ratio (M2/PIB) l'impact du développement financier sur la
croissance ne sera pas significatif. Face à cette explication
théorique, la recherche empirique a mis en oeuvre parallèlement
une démarche très différente, fondée sur l'analyse
statistique de causalité (le test le plus utilisé dans ce cas
celui de Granger, 1983).
Plus récemment, Gelbard et Leite ( 1999), Collier et
Gunning (1999), et Ndikumana (2001) arrivent à la même conclusion
que le développement financier a un impact positif sur la croissance
économique en Afrique. L'étude de Gelbard et Leite (1999) est
d'autant plus intéressante que les auteurs ont construit un indicateur
composite de développement financier à l'aide de six indices
représentant les caractéristiques majeurs des systèmes
financiers des pays africains( la structure de marché et la
compétitivité du système financier, l'éventail des
produits financiers disponibles sur le marché financier, le degré
de libéralisation financière, la qualité de
l'environnement institutionnel, le degré d'ouverture financière
et le degré de complexité des instruments de politique
monétaire). L'enquête couvre 38 pays de l'Afrique subsaharienne
entre 1987 et 1997. Les résultats des estimations
économétriques montrent une relation positive entre l'indice
composite de développement financier et la croissance du PIB par
tête.
Toutes ces études empiriques ont porté sur un
échantillon de plusieurs pays. Les données en panel
utilisées dans ces analyses peuvent ne pas refléter l'impact
exact de l'approfondissement financier sur la croissance avec beaucoup de
précision. En effet certaines études en séries temporelles
portant sur un seul pays ont été menées pour valider ou
non l'existence d'un lien de causalité entre le développement
financier et le secteur réel.
Boujelbène Younes et Chtioui Slim (2006) ont
réalisé une étude sur la libéralisation et l'impact
du développement financier sur la croissance économique en
Tunisie. S'inspirant des travaux de Levine et Renelt (1992), King et Levine
(1993), et Levine (1997), les deux auteurs confirment l'étroite liaison
positive entre les variables financières et réelles, après
avoir tenu compte des variables de contrôle comme les dépenses
publiques, l'ouverture commerciale, le capital humain et le taux
d'investissement national constituant des facteurs aussi fondamentaux dans une
équation de croissance économique. Leurs résultats
vérifient la relation positive et statistiquement significative entre
les indicateurs de développement financier mesurés par : la
surface de l'intermédiation financière rapportée au PIB,
la disponibilité du système bancaire, la part des crédits
alloués au secteur privé rapportée au PIB nominal, la
liquidité de la bourse et la mesure de la croissance économique
reflétée par le PIB réel par tête. Ils
déduisent que le système financier peut donc contribuer à
la performance de l'économie en Tunisie à partir des
équations à correction d'erreurs analysées.
Comme King et Levine (1993), les deux auteurs ont
considéré le ratio du crédit bancaire accordé par
les banques commerciales sur la somme de ces crédits et le montant de
refinancement accordé par la banque centrale aux banques commerciales.
En effet, depuis 1994, date de la dévaluation du franc CFA, la plupart
des banques commerciales dans les pays de CEMAC sont surliquides, et la
politique de refinancement par la banque centrale n'est tellement
utilisée.
1.2: Limites des analyses empiriques
Les différentes analyses empiriques qui ont fait
l'objet de la revue de littérature de cette analyse présentent
deux grandes limites qu'il convient de souligner.
Primo, dans la plupart des études empiriques, ce sont
les données de panel qui sont utilisées et la relation de
causalité n'est pas clairement mise en évidence. En effet, ces
analyses précisent l'étroite liaison positive entre la finance et
la croissance mais le sens de causalité reste moins clairement
défini. La relation entre les deux secteurs est-elle uni ou
bidirectionnelle ?
C'est pour essayer d'apporter une réponse à
cette question que Patrick (1966) par ses travaux s'interroge sur
l'existence d'un lien de causalité inverse : en quoi le
développement économique peut-il induire le développement
financier ?
Secundo, certaines études empiriques ont
considéré le ratio du crédit bancaire accordé par
les banques commerciales rapporté à la somme de ces
crédits et le montant de refinancement par la banque centrale aux
mêmes banques commerciales. Cet indicateur de développement
financier ne semble pas adéquat pour cette analyse concernant le Tchad
car depuis la dévaluation du franc CFA, le refinancement des banques
commerciales par la banque centrale n'est plus propice comme politique
monétaire car la presque totalité des banques commerciales
étant surliquides n'ont plus besoin de refinancement. Il serait donc
anormal d'utiliser cette variable comme indicateur.
Parmi les modèles de croissance endogène
permettant de formuler les interactions entre secteur financier et croissance,
on trouve celui de Pagano (1993). Ce modèle explique les mecanismes par
lesquels l'approfondissement financier accélère la croissance
lorsque l'épargne augmente.
1.3: Spécification
économétrique
Empiriquement, pour mesurer la contribution du
développement financier sur la croissance, on peut retenir un
modèle linéaire comme la théorie le formalise mais qu'on
adapte par l'introduction des variables de contrôle et des variables
financières.
Pour cette analyse, la structure du modèle de Levine
utilisée par Boujelbène et Slim (2006) sur la Tunisie est
retenue.
Ce modèle se présente comme suit :
G(i) = á + âF(i) + uX(i) + åt
[E5]
Où:
- G(i): indicateurs de développement réel (taux
de croissance à long terme du PIB par tête, du stock du capital
par tête, de la productivité).
- F(i) : indicateurs de développement
financier ;
- X(i) : variables de contrôle (log du revenu par
tête, Log du taux de scolarisation dans le secondaire, ratio des
dépenses publiques au PIB, taux d'inflation, degré
d'ouverture...)
- åt : variable aléatoire,
suivant une loi normale N(0 ;ó2).
Le modèle qu'on veut estimer pour
évaluer l'impact du secteur financier sur la croissance
économique au Tchad de 1982 à 2007 se présente comme
suit :
Log(Yt) = áLog(Xt) +
âLog(Zt) + åt [E6]
Où :
- Yt : PIB réel par tête
- Xt : matrice des variables de contrôle
dans une étude des déterminants de la croissance, il s'agit
surtout du : taux d'investissement national, des dépenses
publiques, de l'ouverture commerciale.
- Zt : matrice des variables
financières (indicateurs de développement financier)
- åt : variable aléatoire,
suivant une loi normale N(0 ;ó2).
SECTION 2 : Les considérations
méthodologiques liées aux propriétés statistiques
des series d'indicateurs et aux procédures d'estimation
Dans cette section, il sera question de présenter dans
un premier temps les différentes variables financières et
réelles retenues pour cette étude et, dans un second temps, la
procédure d'estimation.
2-1 Présentation des variables
financières et réelles retenues pour cette
étude
Cette sous-section se propose de présenter l'indicateur
de croissance économique, les variables de contrôle
associées au modèle et les variables financèires.
2-1-1 L'indicateur de croissance
économique
Conformément aux travaux empiriques de
Levine (1997), on utilise comme variable endogène le produit
intérieur brut réel par tête (PIBRT en
dollar américain, constant 1995). Il est souvent considéré
comme le meilleur indicateur synthétique qui permet de mesurer la
croissance économique d'un pays.
2-1-2 Les variables de contrôle
Partant des travaux de R. Levine (1997), cette analyse retient
comme variables de contrôle qui sont les déterminants fondamentaux
de la croissance économique au Tchad : le ratio des
dépenses publiques rapportés au PIB nominal (dp)
et l'ouverture commerciale (ouv). A cause de l'inexistence des
données sur la variable taux d'investissement national concernant toute
la période d'étude, celle-ci n'était pas prise en compte.
2-1-3 Les variables financières
Comme variables financières, cette analyse
retiendra :
ü M2 rapporté au PIB nominal qui mesure la
profondeur financière (m2) ;
ü Crédits privés alloués au secteur
privé rapportés au PIB nominal (csp) ;
ü Le ratio du crédit accordé par les
banques commerciales sur le PIB nominal (cbc) ;
Ainsi notre modèle à estimer se présente
comme suit:
PIBRt =
â0 + â1cbct +
â2cspt + â3m2t +
â4dpt + â5ouvt +
åt
2-1-4 Sources des données
Les données statistiques utilisées pour notre
analyse sont des données secondaires. Elles ont été
recueillies dans les bases des données de la banque mondiale et de la
BEAC. Notre étude utilise des données annuelles couvrant la
période de 1982 à 2007, soit une période de 25 ans. Pour
des raisons d'homogéniété et de disponibilité des
séries n'ont pas été prolongées jusqu'au
déla de 1982, à cause notamment des différentes crises
politiques et économiques qu'a connues le Tchad dans les années
70.
2-2 Procédure d'estimation
La méthodologie utilisée pour atteindre
l'objectif de l'étude consiste à utiliser les nouvelles
méthodes économétriques. Ces méthodes
économétriques ont remis en cause les résultats obtenus
par les études utilisant les régressions des séries
temporelles sans passer par la vérification de la stationnarité
des séries par le test de l'existence de racine unitaire et leur
cointégration et faire ressortir la dynamique de long terme.
En effet, la plupart des variables financières et
économiques sont générées par un processus non
stationnaire. Pour se prémunir du risque du manque d'information de long
terme par le biais de l'utilisation du test de Box et Jenkins pour la
résolution du problème d'auto corrélation, on fait appel
au concept de cointégration initié par Granger (1983) et Engel et
Granger (1987) ou à celui de Johansen.
Ces méthodes économétriques
vérifient donc la stationnarité des séries temporelles et
dans le cas échéant les rendent stationnaires avant de les
appliquer aux techniques statistiques. L'idée qui sous-tend la
cointégration est que deux séries non stationnaires peuvent
diverger à court terme, mais évoluer dans le même sens
à long terme.
Généralement cette méthodologie
d'estimation se déroule en trois étapes :
La première étape consiste à
estimer le degré d'intégration des séries à l'aide
des test de Dickey et Fuller Augmentés et du test de Phillips Perron.
La seconde étape consiste à tester la
présence éventuelle de relation de cointégration qui relie
à long terme les séries si elles sont intégrées du
même ordre. L'ordre d'intégration étant le nombre de fois
qu'il faut différencier une série pour la rendre stationnaire.
La troisième étape consiste à tester la
causalité des séries en question.
2-2-1 Ordre d'intégration des
séries
Pour déterminer l'ordre d'intégration d'une
série, on utilise les tests de la racine unitaire dans les
modèles Augmentés de Dickey et Fuller (ADF) comprenant
successivement une tendance et une constante, en suite seulement une constante
et enfin sans constante et sans tendance. Par le biais de ces tests, on met en
évidence le caractère stationnaire ou non d'une série par
la détermination d'une tendance déterministe ou stochastique.
2-2 -2 Test de cointégration
(Johansen)
Une condition nécessaire de cointégration est
qu'il faut que les séries soient intégrées de même
ordre, sinon elles ne peuvent pas être cointégrées. Ce test
sera approprié que si les variables dans la première
étape sont intégrées du même ordre. Il s'agit
d'étudier surtout l'indépendance entre ces deux séries
sans faire l'hypothèse à priori sur les valeurs des coefficients
qui les relient. La cointégration signifie l'existence d'une ou
plusieurs relations d'équilibre à long terme qui peut être
combinée avec les dynamiques de court terme des séries. Dans ces
conditions, on utilise un modèle à correction d'erreur.
2-2-3 Dynamique de court et de long terme entre les
variables financières et réelles et causalité.
Granger (1969) définit la causalité
entre deux variables comme suit : on dit que la variable X est la cause de
Y si la prédictibilité de Y est améliorée lorsque
l'ensemble des informations relatives à X est pris en
considération. La procédure utilisée par le test de
causalité est celle de la représentation vectorielle
autorégressive (VAR) d'ordre P.
Le modèle à correction d'erreur a pour
objectif de rechercher la liaison réelle entre les variables. Cette
représentation est à la fois un modèle statique et un
modèle dynamique. Autour de la relation de long terme, le modèle
à correction d'erreur ( MCE ) permet d'intégrer les fluctuations
de court terme. Le coefficient â qui doit être
négatif, rend compte d'une force de rappel vers l'équilibre de
long terme.
Ainsi si le signe du â
coefficient du résidu décalé estimé (force de
rappel vers l'équilibre) est négatif et statistiquement
significatif, on peut donc affirmer l'existence d'une relation de
causalité à long terme allant de Xt à
Yt. En plus le signe de â doit être négatif, pour
qu'on puisse avoir un mécanisme à correction d'erreur (rattrapage
qui permet de tendre vers la relation de long terme). â
représente donc le coefficient de correction d'erreur qui mesure la
vitesse d'ajustement de la variable endogène vers sa valeur
d'équilibre stationnaire de long terme. Le MCE n'est valide que si la
force de rappel est significativement négative.
Le MCE présente un avantage économique
puisqu'il permet de donner la dynamique de court et long terme pour une
variable donnée. Le second avantage est de nature statistique puisque
dans un MCE toutes les variables sont stationnaires et donc les tests
classiques (Student, Fisher...) sont alors applicables et cela permet
d'éviter toutes régressions fallacieuses. L'estimation d'un
modèle à correction d'erreur ne pose donc pas de problème
particulier et nécessite simplement le recours à une technique de
moindres carrée ordinaire facile à manipuler.
CONCLUSION DU TROISIEME CHAPITRE
Ce chapitre a mis en évidence les
principales études économétriques et les
différentes procédures d'estimation. La première section a
présenté les différents éléments de
modélisation de la relation entre le secteur financier et le secteur
réel. La seconde section, quant à elle, a présenté
les propriétés statistiques des series des indicateurs et la
procédure d'estimation. De maniére générale, ce
chapitre nous a permis d'examiner les différentes variables
financières et de contrôle susceptibles d'expliquer le
phénomène et de présenter le modèle retenu. Ainsi
nous allons procéder à des tests économétriques
à l'aide du logiciel statistique Eviews. Tests dont les resultats sont
présentés en Annexe. Cependant, l'interprétation et les
implications feront l'objet du prochain chapitre.
CHAPITRE IV: LE CARACTERE UNIVOQUE DE
LA CAUSALITE DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE SUR LE DEVELOPPEMENT FINANCIER AU
TCHAD
Après la présentation de la procédure
d'estimation et du modèle retenu pour notre étude dans le
chapitre précédent, nous essayerons, dans le chapitre IV, de
procéder aux différents tests décrits au chapitre III,
ainsi que leur interprétation statistique et économique.
Cet chapitre s'articule autour des deux points essentiels. La
première section procéde à la présentation des
résultats des estimations économétriques. la seconde
section, quant à elle, propose des mesures de politique
économique envisagéés en vue de favoriser la croissance du
PIB au Tchad.
SECTION 1: La significativité plus importante
de la causalité de la croissance sur le développement
financier
Dans cette section, on procédera à une analyse
des résultats des tests économétriques et leurs
interprétations.
1-1 Résultats et
interprétation.
L'analyse descriptive des différentes variables, le
test de stationnarité des séries, le test de cointégration
des séries de Johansen, l'estimation du modèle à
correction d'erreurs, le test de causalité de Granger et le test de
stabilité structurelle retiendront notre attention dans cette
sous-section.
1-1-1 Analyse descriptive
Les caractéristiques des différentes variables se
présentent comme suit :
Tableau 1 :
Caractéristiques des variables financières et réelles.
|
PIBT
|
M2
|
CSP
|
CBC
|
OUV
|
DP
|
Moyenne
|
191,4615
|
13,14346
|
6,915000
|
12,97885
|
51,67308
|
9,406154
|
Mediane
|
189,5000
|
12,30000
|
4,240000
|
12,00000
|
49,15000
|
8,325000
|
Maximum
|
218,0000
|
21,20000
|
21,20000
|
22,20000
|
76,40000
|
15,80000
|
Minimum
|
154,0000
|
8,430000
|
3,310000
|
9,120000
|
20,10000
|
5,470000
|
Ecart type
|
14,82762
|
2,697849
|
5,022520
|
3,156122
|
13,90745
|
2,806384
|
Skewness
|
-0,307358
|
1,372149
|
1,732384
|
1,834663
|
0,153661
|
0,782932
|
Kurtosis
|
2,960939
|
5,232016
|
5,137735
|
6,050465
|
2,569156
|
2,680772
|
Jarque et Bera
|
0,411017
|
13,55582
|
17,95573
|
24,66673
|
0,303414
|
2,766658
|
Probabilité
|
0,814233
|
0,001139
|
0,000126
|
0,000004
|
0,859240
|
0,250742
|
Observations
|
26
|
26
|
26
|
26
|
26
|
26
|
Source : Auteur à partir des
données.
Selon ce tableau, on constate que :
- Selon le ratio m2 qui indique la part de
l'agrégat monétaire M2 dans le PIB nominal, la population
Tchadienne détient en moyenne 13,14% de leur revenu sous forme d'actifs
liquide, ce ratio reste en dessous de la moyenne pour les pays en
développement.
Cependant, ce résultat n'est pas conforme à
celui de Garip Turunç ayant mené une étude sur le
développement du secteur financier et la croissance
économique dans les pays émergents
méditerranéens sur la période 1990-1995. Ce dernier
conclut que ce ratio était de 48,2% pour l'ensemble de
l'échantillon contre 67% dans les pays riches et 36% dans les pays en
développement.
Pour le Tchad, la plus grande valeur de ce ratio se situe
à 21,20% et la plus petite valeur est à 8,43% sur la
période 1982-2007.
- Selon le ratio cbc qui représente
la proportion des crédits accordés par les banques commerciales
dans le PIB nominal, on constate qu'en moyenne la part des crédits
octroyés par les banques commerciales représente 12,97% du PIB
nominal au Tchad avec une valeur maximale de 22,20% et minimale de 9,12%.
- Selon le ratio csp indiquant la proportion
du crédit privé dans le PIB nominal, on a une moyenne de 6,9% sur
la période. Ce faible taux milite en faveur du sous développement
du crédit au secteur privé.
1-1-2 Test de stationnarité des
séries
Les résultats des tableaux du test de racine unitaire
de l'annexe II (page 82) confirment la non stationnarité des Toutes les
variables au même niveau. Elles sont tous stationnaires en
différences premières à l'exception de CBC qui est
stationnaire à niveau.
1-1-3Test de cointégration des séries de
Johansen
Au regard des résultats portant sur l'ordre
d'intégration des variables, on remarque qu'il pourrait y avoir une
relation de cointégration entre d'une part la variable à
expliquer PIBT, et d'autre part les variables explicatives M2, CSP, OUV et
DP qui sont toutes stationnaire en différence première. Par
ailleurs, la possibilité de l'existence de relation de
cointégration entre PIBT par exemple (ou toute autre variable) qui
demeure en différence première et CBC est à exclure, les
ordres d'intégration étant différents.
Au terme du test de Johansen, l'hypothèse nulle de
l'absence de relation de cointégration est rejetée 1 % par les
deux tests de la « trace statistic » et du maximun
d'« Eigenvalue » qui donnent le même résultat
à ce niveau. En effet, 112,8565 est supérieurs à 68,52 et
76,07 (valeur critique à 1 % et 5 % respectivement). De même,
l'hypothèse nulle de la présence d'une seule relation de
cointégration est rejetée 1 % par le test de la « trace
statistic », car 57,7902 est supérieurs à 54,46. Au
total, on constate qu'il existe deux relations de
cointégration :
PIBT = 29,28634 + 26,79300*CSP + 0,081393*OUV -
42,55730*DP
(34,5704) (1,09534)
(53,6373)
M2 = -0,678558 + 0,526507*CSP + 0,006011*OUV - 1,710091*DP
(1,41837) (0,04494)
(2,20065)
NB : les t de Student sont entre
parenthèses.
La première équation nous intéresse au
premier chef, car elle représente la relation de long terme entre la
variable à expliquer d'une part, et les variables explicatives d'autre
part.
Il résulte de la relation de cointégration
qu'à long terme le PIBT est donné par une constante, le
crédit au secteur privé, l'ouverture commerciale moins la
dépense publique. Tandis que, à court terme, la masse
monétaire (M2) est aussi fonction d'une constante, le crédit
au secteur privé, l'ouverture commercial moins la dépense
publique.
1-1-4 Estimation du modèle à correction
d'erreur
Le modèle à correction d'erreur met en
évidence la dynamique de court et de long terme entre la variable
à expliquer et les variables explicatives intégrées de
même ordre. Il se fait en deux étapes:
Première étape : estimation du
modèle PIBT, M2, CSP, OUV et DP
La première étape consiste à
régresser la variable à expliquer sur les variables principales
variables explicatives intégrées au même ordre. PIBT M2
CSP OUV DP
Deuxième étape : estimation du
modèle différencié à l'ordre 1 : PIBT,
M2, CSP, OUV, DP et résidu (de la précédente estimation)
décalé d'une période
D(PIBT) D(M2) D(CSP) D(OUV) D(DP) RESID01(-1)
Tableau 2 : Modèle à
correction d'erreur dont la variable dépendante est le DLPIBRT.
Variable
|
Coefficient
|
t-Statistic
|
Prob
|
Part des crédits bancaires octroyée au
secteur privé (DLCSP)
|
2.104881
|
2,088315
|
0,0491
|
Ratio M2/PIB (DLM2)
|
3,160748**
|
1,626372
|
0,0355
|
Part des dépenses publiques dans le PIB (DLDP)
|
1,480585
|
1,222539
|
0,2350
|
Ouverture commerciale (DLOUV)
|
0,367933
|
1,842815
|
0,0795
|
Produit intérieur brut retardé
(LPIBT_1)
|
-0,860020***
|
-4,520810
|
0,0014
|
Part des crédits bancaires octroyée au secteur
privé retardée (LCSP_1)
|
14,20936
|
3,773733
|
0,0044
|
Ratio M2/PIB retardé (LM2_1)
|
-1,701956***
|
-1,166020
|
0,0070
|
Part des dépenses publiques dans le PIB retardée
(LDP_1)
|
2,144574
|
0,881013
|
0,2034
|
Ouverture commerciale retardée (LOUV_1)
|
-0,207065
|
-0,681202
|
0,5129
|
Constante
|
131,5348
|
6,335830
|
0,0000
|
Note : (***), (**) signifie respectivement
significatif à 1% et 5%.
Source : Auteur à partir des
estimations
Dans cette équation, selon la variable LPIBRH_1, on
constate que la force de rappel à l'équilibre est négative
et significative au seuil de 1% égal à -0,8600. Ainsi, la
stabilité de la relation de long terme mise en exergue après le
test de cointégration est confirmée. On arrive alors à
ajuster 86% du déséquilibre entre le niveau désiré
et effectif du produit intérieur brut par habitant.
Dynamique de court terme
A court terme, l'augmentation d'un pour cent des indicateurs
de développement financier mesurant la part des crédits
accordés au secteur privé dans le PIB nominal (csp) et de la
profondeur financière (m2) fait augmenter respectivement la croissance
économique de 2,10 ; 3,16 pour cent. Cependant, la part des
crédits accordés au secteur privé dans le PIB nominal
(csp) et la profondeur financière (m2) ont une influence significative
sur la croissance du secteur réel au Tchad à court terme. Ce
résultat pourrait se justifier par la performance du secteur bancaire
dans l'allocation des crédits dans l'économie tchadienne.
L'influence de la profondeur financière n'est pas conforme aux
conclusions de Berthélemy et Varoudakis (1998) qui soutenaient dans leur
analyse l'idée selon laquelle, l'impact de l'approfondissement financier
sur la croissance ne se manifeste qu'à partir d'un certain seuil
(M2/PIB) au moins égal à 36,5% alors qu'en
moyenne ce ratio est de 13,14% au Tchad.
En effet, toutes les variables de contrôle ont une
influence positive et non significative sur la mesure de la croissance à
court terme au Tchad
Dynamique de long terme
Les élasticités de long terme se présentent
comme suit :
Tableau 3 : Elasticités de
long terme
Variables
|
DLcsp
|
DLm2
|
DLdp
|
DLouv
|
Elasticités de long terme
|
- â6/â5
|
- â7/â5
|
- â8/â5
|
- â9/â5
|
Valeurs estimées
|
-2,49
|
1,97
|
-2 ,67
|
0,24
|
Source : Auteur à partir des
résultats du MCE
A long terme, l'augmentation de la part des crédits
accordés au secteur privé dans le PIB nominal (csp)
augmentés d'un pour cent fait baisser le niveau de croissance de
l'économie Tchadienne de 2,49 pour cent à long terme. Et la
profondeur financière (m2) augmentés d'un pour cent augmente le
niveau de croissance de l'économie Tchadienne de 1,97 pour cent à
long terme
Cependant seule la profondeur financière a une
influence significative à long terme sur la croissance économique
Tchadienne.
1-1-5 Test de causalité de Granger
Note : Pour faire le test de
causalité de Granger on part des hypothèses suivantes :
H0 : L'approfondeur financier cause au sens de Granger
PIBT
H1 : PIBT cause au sens de Granger l'approfondeur
financier
Décision : si la probabilité est
supérieure à 5%, on accepte l'hypothèse nulle H0 ;
sinon on rejette H0 et on accepte H1.
Pour l'étude du sens de causalité, le test de
causalité de Granger prouve qu'au Tchad, la croissance économique
cause le ratio de la profondeur financière (m2) et la part des
crédits octroyés par les banques commerciales dans le PIB nominal
(cbc) au seuil de 5%.
Tableau 4 : Résultats du test
de causalité de Granger
Hypothèses
|
Observations
|
F-Static
|
Proba
|
M2 cause au sens de Granger PIBT
|
24
|
0,75606
|
0,48312
|
PIBT cause au sens de Granger M2
|
24
|
5,72633
|
0,01132
|
CSP cause au sens de Granger PIBT
|
24
|
1,07670
|
0,36062
|
PIBT cause au sens de Granger CSP
|
24
|
1,98010
|
0,16554
|
CBC cause au sens de Granger PIBT
|
24
|
1,60336
|
0,22728
|
PIBT cause au sens de Granger CBC
|
24
|
3,93788
|
0,03709
|
Source : Auteur à partir des
résultats du test de Granger
Conclusion : C'est le secteur
réel qui cause le secteur financier.
1-1-6 Les autres tests (de stabilité
structurelle)
Test du CUSUM of SQUARES sur le modèle global
: il s'agit de vérifier si les coefficients sont stables dans
l'ensemble de la période de régression (1982-2007).
On remarque que la courbe du CUSUM of SQUARES (voir annexe)
reste confinée dans l'intervalle de confiance à 95 % dans le
temps. On peut considérer que les coefficients sont stables sur la
période indiquée et, par conséquent, les
régressions sont plausibles avec le fait d'avoir utilisé les
données telles quelles.
1-2 Conformite des resultats a la theorie
Les implications des résultats de notre étude
confirment nos hypothèses, à savoir : le
développement financier a un impact positif sur la croissance
économique au Tchad et la croissance du PIB influe sur le
développement financier. Car en analysant de façon
detaillée la contribution du développement financier à la
croissance économique au Tchad, nous nous rendons compte que les
variables explicatives financières ont une influence faible sur la
croissance du PIB mais le sens de causalité reste mitigé. Ces
résultats constiuent une justification de la théorie sur
l'existence de la relation entre le développement financier et la
croissance économique dans les pays en développement.
Cette conformité des resultats aux hypothèses
ne cache pas pour autant les limites du système financier tchadien. Il
convient donc de rechercher les justifications empiriques de cette
faiblesse.
1-2-1 : Un système financier peu
développé
De façon générale, nous traiterons ici
les faiblesses du système financier tchadien.
1-2-1-1 : Un système financier en
reconstruction: une restructuration tardive et inachevée
La conjoncture économique du Tchad est
façonnée d'une manière ou d'une autre par la structure
financière de l'économie. Contrairement à certains pays
d'Afrique qui ont entrepris les reformes de leurs secteur financier à
l'aurore des années 90, le Tchad n'a vraiment entrepris le sien qu'au
début de l'année 1994 suite à l'adoption du programme
d'ajustement structurel qui consacre un volet spécifique à la
restructuration bancaire. Ce programme a néanmoins permis de restaurer
un système financier un peu étouffé par la politique
prudente des banques étrangères implantées au Tchad et
fortement déprimé par la mauvaise gestion des entreprises
publiques, des recettes publiques qui ont conduit à la
décroissance voire la baisse drastique du PIB.
Ce pendant au delà de multiples efforts pour restaurer
la paix, la sécurité intérieure et la libre circulation
des capitaux, condition incontournable pour une attractivité de
l'économie tchadienne nous remarquons que le cadre réglementaire
et juridique des banques n'est pas totalement assaini. Les gros clients des
banques sont des entreprises para publiques ou privées mais très
influentes qui imposent leurs lois au marché du fait de leur monopole.
En outre le système financier n'est pas totalement
libéralisé.
Ces résultats font ressortir une restructuration
bancaire inachévée malgré une politique monétaire
prudente et efficace de l'institut d'émission qui permet de maintenir
une stabilité monétaire permanente et un taux d'inflation
acceptable ainsi que le renforcement des prérogatives de la COBAC et du
conseil national de crédit. La surveillance de l'activité
bancaire par ces deux institutions est louable mais suscite des interrogations
car jusqu'à présent, le fonctionnement des banques concernant la
tarification des prestations, la rémunération des
dépôts et le coût du crédit bancaire est livré
à une certaine anarchie. En fait, les banques ne se conforment pas
vraiment à la fourchette des taux créditeurs et débiteurs
confère enquête auprès des usagers de la banque pour le
compte de la CBT 2007 et le rapport 2005 de la BEAC qui atteste que le taux
servi sur les crédits a atteint la marge de 18 à 20% alors qu'il
est fixé autour de 5% par la banque centrale. La conséquence
cumulée de ces facteurs conduit à des résultats suivants:
Une politique de collecte d'épargne et d'octroi de crédit peu
stimulante qui conduit à une surliquidité conséquente des
banques. Ce qui confirme bien le paradoxe de l'épargne et de
l'investissement dans un pays où tout est accès sur le seul
secteur pétrolier.
1-2-1-2 Une politique de collecte d'épargne et
de crédit peu stimulante et inefficient
L'une des préoccupations fondamentales de la zone BEAC
lors des reformes financières et de la restructuartion bancaire est la
mobilisation suffisante de l'épargne pour le financement des
économies et surtout la promotion de l'entreprenariat privé qui
permettrait de redynamiser la production intérieure et relancer la
croissance économique dans toute la zone. Cette politique a permis de
crédibiliser les banques d'où l'afflux des ressources externes et
l'accumulation de l'épargne interne. Seulement cet
accroissement des ressources des banques n'a pas permis le financement effectif
de l'économie.
D'ailleurs les indicateurs de la masse monétaire sont
à leur beau fixe depuis 1985 en dépit de quelques baisse
acceptable. La masse monétaire prise globalement a connu une nette
hausse continuelle pour atteindre finalement une variation de 15,39% de 2006
à 2007. De même une analyse de ses composantes fait ressortir
aussi une variation continuelle durant cette période pour se chiffrer
à 28,71% entre 2006-2007 pour la monnaie scripturale ainsi qu'une
variation de 36,3% pour les quasi-monnaie.
Ces statistiques nous montrent effectivement que la
stabilité monétaire sous la houlette de la BEAC a porté
ses fruits: les causes et raisons de la faible productivité de
l'économie tchadienne ne sont pas à seulement chercher dans la
masse monétaire mais plutôt dans l'environement économique
du pays. Il est vrai que de temps à autre, les soubresauts militaires
font renaître un climat de méfiance du côté des
banques quand au crédit à accorder à l'économie.
Les crédits à l'économie au Tchad sont orientés
vers les entreprises paraétatiques à l'instar de la CotonTchad,
la Compagnie Sucrière du Tchad et la STEE ainsi que de nombreuses autres
entreprises. La preuve est qu'en 2006, les créances sur l'Etat ont
augmenté de 2,8% pour atteindre 86,2 milliards de franc CFA.
En outre, la faible productivité de l'économie
tchadienne s'explique par la non prise en compte de la
spécificité et surtout de l'évolution de la conjoncture
économique de chaque pays par l'institut d'émission. Mais aussi
par le faible niveau du revenu et l'absence d'une politique stimulant
l'épargne.
1-2-1-3 Une sphère financière
restreinte et surliquide
Tous ces manquements cités ci-haut ayant conduit
à une faible contribution du développement financier à la
croissance économique se matérialisent empiriquement suite au
résultat des tests.
En effet la faible couverture géographique de
l'économie tchadienne par le réseau bancaire ne contribue pas
à la croissance économique au Tchad. Ceci s'explique par le fait
qu'en dépit de l'implantation de nouvelles banques depuis 2003, la
repartition des banques ne couvre pas l'ensemble du territoire et reste
fortement concentrée dans la capitale et les quelques villes
économiquement rentables comme Moundou, Sarh, Abéché. En
plus de cette mauvaise répartition, le nombre de population par guichet
est très élevé sensiblement 650 000 habitants autour d'un
guichet, car actuellement pour presque 10 000 000 d'habitants les banques ne
totalisent que 18 guichets opérationnels en 2007.
De même parmi les sept banques implantées
au Tchad seule la SGTB a une répartition acceptable de ces guichets dans
l'ensemble du territoire suivi de l'ECOBANK. Quant au reste, elles ne disposent
que d'un ou deux guichets tout au plus et n'opèrent que dans la capitale
soit à Moundou ou à Abéché. Ceci peut expliquer le
fait qu'une grande partie des fonctionnaires du secteur publique ou du
privé se trouve au billetage.
La faiblesse du taux de liquidité dans
l'économie tchadienne est la résultante de l'étroitesse de
la sphère financière. Le ratio M2/PIB est de 13,14% ce qui
signifie qu'il contribue faiblement à la croissance économique,
même si dans certaines économies la faiblesse de ce taux traduit
des innovations conséquentes au niveau des moyens de paiement et
instruments financiers, tel n'est pas le cas du Tchad, où on remarque
l'utilisation des moyens de paiement et instruments financiers traditionnels.
De toutes les banques, seule la SGTB utilise des techniques bancaires modernes
comme les guichets et distributeurs automatiques de billets. Or selon la
théorie, plus la couverture bancaire est grande, plus les banques sont
proches de la clientèle, ce qui leur permet une assistance technique et
un contrôle accru pour une meilleur collecte de l'épargne et
distribution des crédits.
1-2-1-4 Une intermédiaton
financière peu performante
L'efficacité de l'activité bancaire
s'apprécie par le dynamique des banques. Or l'observation de
l'évolution des indicateurs du système financier tchadien montre
une inadéquation entre le niveau d'épargne collecté et le
crédits distribués. Ceci prouve que les banques sont peu
efficaces. La mauvaise répartition des termes de l'épargne
domestique sont les conséquences du manque de créativité,
d'incitation et de l'absence de dynamique des banques. En outre cette faible
performance bancaire peut trouver aussi son fondement dans l'application sans
tenir compte de la spécificité du contexte et de la conjoncture
économique du Tchad des mesures prudentielles de gestion. L'absence
d'une réelle concurrence interbancaire justifie aussi à
suffisance la faible performance des banques.
SECTION 2: Les implications de politiques
économiques de la causalité mise en évidence
Après avoir cerné la faible
contribution du développement financier à la croissance
économique au Tchad, il importe de mettre en exergue des politiques
macroéconomiques et microéconomique succeptibles de stimuler les
instruments financiers favorisant la croissance économique.
2-1 : Propositions de politiques sur le plan
macroéconomique pour une amélioration du système bancaire
tchadien
Sur le plan macroéconomique les mesures susceptibles
d'influence la performance bancaire passent par un ensemble
d'élément dont : l'assainissement du cadre réglementaire
et légal, le renforcement des prérogatives de la COBAC et la
poursuite des restructurations bancaires
2-1-1 Assainissement du cadre
réglementaire et légal
Depuis les années 1990, les autorités publiques
ont entrepris de nombreuses actions allant dans le sens de la
sécurité intérieure, de la libre circulation des capitaux
et des personnes. Cela se manifeste par les législations et les accords
signés à l'intérieur du pays ou dans le cadre de la sous
région. Malgré la recrudescence des affrontements armés au
niveau de la frontière la sécurité intérieure
semble rétablie. Mais force est de constater que de nombreuses lois
édictées souffrent du manque cruel d'application. L'emprise de
l'Etat sur le secteur financier n'est complètement
relâchée: les dirigeants des grandes entreprises en infraction ne
peuvent pas être poursuivi par les institutions financières. Le
tribunal de commerce seul compétent en charge des litiges
financières n'est pas d'abord implanté dans toutes les
régions du pays et sa neutralité est contestable. Il faudra
alléger les coûts des poursuites judiciaires et surtout
réduire les delais de déroulement des procès afin de
permettre aux banques d'entrer en possession de leur fonds. Enfin il faudra
dans la mesure du possible édicter des lois qui renforce la
sécurité des banques et des usagers ainsi que la réduction
de la fiscalité des banques car si les fiscalités sont
élévées, cela se repercute sur le coût de
crédits et des prestations.
2-1-2 Le renforcement des
prérogatives de la COBAC
Depuis la création du marché
monétaire de la zone BEAC, la commission bancaire de l'Afrique centrale
et le conseil national des crédits sont les principaux organes de
surveillance de l'activité bancaire au Tchad. En dépit de
quelques progrès significatifs, nous constatons avec regret que la
surveillance de la COBAC n'est pas très active. La libéralisation
des conditions des banques n'a pas vraiment milité en faveur de la
concurrence inter bancaire mais serait plutôt source de gestion
anarchique des crédits et dépôts par les banques
tchadiennes. Pour une surveillance accrue, il faut une plus grande implication
de la commission bancaire dans la gestion des banques au lieu de se focaliser
tout simplement sur le respect des normes strictes des ratios prudentiels de
gestion. La COBAC doit décentraliser ses sous commissions de
surveillance et de contrôle dans chaque état membre de
façon à exercer de manière permanentes sa mission.
2-1-3 La poursuite des
restructurations bancaires
Il ne s'agit pas ici de porter un
jugement sur le fonctionnement des banques et de battre en brèche la
politique monétaire de la banque centrale, qui d'ailleurs porte des
résultats très satisfaisants en matière de
stabilité monétaire. La reforme financière sous la
houlette du Fonds Monétaire International mérite bien
d'être accentuée et même perpétrée au regard
des résultats que portent les mesures de restructuration bancaire au
Tchad, qui ont permis non seulement de crédibiliser tout le
système financier mais aussi de donner une impulsion à toute
l'économie. Il convient en outre de réorienter ces
restructurations bancaires du coté de la gestion même des actifs
bancaires tenant compte de la surliquidité qui handicape lourdement le
financement. Il est tout simplement question suite à cette
évaluation empirique du développement financier au Tchad de
partir des incompatibilités de certaines mesures prises dans le cadre de
ces reformes bancaires pour tenir compte des spécificités et
exigences du contexte économique tchadien pour une meilleure orientation
des reformes structurelles et du cadre de fonctionnement des banques.
2-2 : Préconisation de politiques sur le
plan microéconomique
Sur le plan microéconomique les mesures à
même d'influer sur l'efficacité du secteur bancaire peuvent
être les suivantes : la nécessité
d'élargissement de la couverture bancaire et la réorientation de
la politique de collecte d'épargne et de financement des investissements
par les banques secondaires.
2-2-1 : La
nécessité d'élargissement de la couverture
bancaire
La taille actuelle de la sphère financière
n'est pas du tout favorable à la croissance économique. La faible
couverture de l'économie tchadienne par les banques laisse entrevoir de
nombreuses difficultés tout d'abord du coté de la mobilisation de
l'épargne et ensuite au niveau du financement des investissements et
enfin dans les relations de proximité banque clients. La faible
implantation des banques contribue à nourrir l'asymétrie
informationnelle donc le risque de perte du capital investi et la mauvaise
orientation ainsi que le manque de suivi des entreprises par les banques. Les
nouvelles théories d'agence et la théorie des contrats stipulent
que l'efficacité des banques ainsi que la gestion des risques de
crédit et de liquidité passent forcement par l'implication des
banques dans la vie de l'entreprise. Ainsi, cette faible répartition des
banques handicape lourdement à la fois la rentabilité des banques
elles-mêmes et l'activité économique tout entière.
Il est donc urgent et très impératif que les banques s'implantent
d'abord dans toutes les provinces du Tchad et procèdent ensuite à
la sophistication des instruments financiers. L'élargissement de la
sphère bancaire permet de relancer la concurrence entre les banques et
stimuler ainsi la croissance économique.
2-2-2 : La réorientation de la politique de
collecte d'épargne et de financement des
Investissements par les banques secondaires
Les implications des resultats prouvent que les crédits
octroyés aux secteurs privés sont faible et contribuent de
façon mitigée à la croissance économique au Tchad,
ces résultats attestent aussi que la profondeur financier doit
être améliorée.
Les solutions envisagées dans cette
direction sont la révision des taux de rémunération sur
les dépôts à moyen et long terme. Il consiste à
augmenter le taux de rémunération des comptes d'épargne et
des dépôts à moyen et long terme afin de renverser la
tendance et permettre une plus grande mobilisation de l'épargne de
longue durée.
Le véritable problème se pose au
niveau de la politique d'octroi des crédits: interrogées sur les
raisons fondamentales des faiblesse des crédits bancaire au Tchad, les
banques ont pour raison l'absence des projets bancales,
l'insécurité et l'environement légal et juridique. Il est
donc necessaire d'améliorer le climat des affaires et confier la
responsabilité des projet à des personnes conpétent en la
matière.
Auctuellement, seule les banques secondaires
détiennent le monopole de financement de l'économie au Tchad car
elles constituent l'organe optimal de transfert de ressources dans un pays ou
le marché financier est totalement inexistant. En l'absence de
concurrents et d'autres structures spécialisées de financement
des investissements, ces dernières imposent leurs lois au marché
et ne se soucient pas vraiment de la satisfaction de leur clientèle au
niveau de la tarification des prestations et de taux servis sur les
crédits. Il est donc important de songer d'abord à la
réhabilitation des sociétés spécialisées de
financement des projets de développement en général et
celles oeuvrant dans le financement de l'habitat et du capital productif.
Ensuite la banque centrale devrait songer à développer d'avantage
le marché financier de la sous région, afin de relancer la
concurrence au niveau du marché.
Enfin, l'institut d'émission doit
évaluée conséquemment certaines institutions
financières non éligible à son refinancement afin de les
soutenir financièrement. Il s'agit d'un cas typique qui a porté
ses résultats au Bangladesh avec les institutions de microfinance comme
la Gramen Bank qui a été financièrement secouru par la
banque centrale et la banque mondiale.
CONCLUSION DU QUATRIEME
CHAPITRE
En somme, l'analyse empirique
confirme la corrélation positive entre les variables financières
retenues et la croissance économique au Tchad sur la période
d'analyse. Cependant seules deux de ces variables financières (la part
des crédits accordés aux secteurs privés dans le PIB
nominal et la profondeur financière) influencent de manière
statistiquement significative de la croissance à court terme. Par
contre, à long terme, seule la profondeur financière a une
influence statistiquement significative sur la croissance économique
tchadienne. En effet, la causalité a un sens mitigé entre les
différentes variables financières et la croissance
économique. On a une causalité unidirectionnelle allant du
secteur réel au secteur financier. Les causes de la faible contribution
du système financier tiennent particulièrement à
l'évolution de la politique monétaire et financière, et
aux problèmes structurels qui minent le système financier
tchadien. Afin de lever ces obstacles, d'importantes mesures de politiques
économiques s'imposent.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
En somme, cette
partie a essayé, d'une part, d'évaluer l'impact du
développement financier sur la croissance économique et, d'autre
part, de determiner la nature du lien entre ces deux concepts. A ce titre, le
troisième chapitre a d'abord mis en exergue les éléments
de modèlisation de la relation entre le secteur financier et secteur
réel, et les limites des différentes analyses empiriques. Ensuite
elle s'est proposée de présenter les différentes variables
financières et réelles ainsi que la spécification
économétrique du modèle à estimer et, enfin, la
procédure d'estimation. Les résultats obtenus montrent dans le
quatrième chapitre que la contribution du système financier
à la croissance économique reste faible au Tchad. Toutefois,
l'amélioration de la finance pourrait avoir des effets positifs sur la
croissance. Les résultats du test de causalité ont mis en
évidence la nature unidirectionnelle du lien allant du secteur
réel au secteur financier.
CONCLUSION GENERALE
La question soulevée par cette étude
était de savoir s'il existe un lien entre le développement
financier à la croissance économique au Tchad à court et
long terme sur la période 1982 - 2007.
La relation entre les secteurs financier et réel est
intéressante à analyser empiriquement puisque les analyses
théoriques n'arrivent toujours pas à un consensus tandis que la
plupart des études théoriques militent en faveur d'une relation
positive entre les deux secteurs.
La réponse à cette question permet de confirmer
ou non les hypothèses qui stipulent qu'il existe une relation
bidirectionnelle entre les secteurs financier et réel, le
développement financier a un impact sur la croissance économique
et que la croissance économique au Tchad influe le développement
financier. Cette réponse peut avoir des implications importantes en
matières de décisions politiques concernant l'augmentation des
biens et services fournis par les intermédiaires financiers pouvant
stimuler la croissance économique.
La méthodologie utilisée pour l'analyse est
similaire à celle de Boujelbène et Slim (2006) pour la Tunisie.
Il a fallu dans un premier temps déterminer l'ordre d'intégration
des séries temporelles par les tests de Dickey-Fuller Augmentés
(ADF), ensuite tester la présence éventuelle de
cointégration à partir du test de Johansen. Enfin, pour avoir la
dynamique de court et long terme des différentes variables, des
modèles à correction d'erreur ont été
utilisés. Le test de causalité de Granger a été
utilisé pour determiner la nature du lien entre le secteur financier et
secteur réel.
En effet, selon les tests ADF, toutes les séries sauf
la variable financière (cbc) qui est stationnaire à niveau. Les
autres sont stationnaires en différence première,
c'est-à-dire qu'elles sont intégrées d'ordre1.
Le test de cointégration de Johansen nous confirme
l'existence d'une relation de long terme entre les variables financières
et réelle.
L'analyse valide les modèles à correction
d'erreur qui montrent la dynamique de court et long terme entre les variables
car les coefficients associés à la force de rappel sont
négatifs et statistiquement significatifs.
A court terme, l'augmentation des indicateurs de
développement financier mesurant par le ratio des crédits
accordés au secteur privé dans le PIB nominal (csp), la
profondeur financière (m2) fait augmenter la croissance
économique. Cependant, les crédits accordés au secteur
privé dans le PIB nominal (csp) et la profondeur financière (m2)
ont une influence significative sur la croissance du secteur réel au
Tchad à court terme. Ce résultat peut se justifier par la
performance du secteur bancaire dans l'allocation des crédits dans
l'économie tchadienne.
Les tests de causalité confirment l'existence d'une
causalité bidirectionnelle entre la croissance économique et la
profondeur financière. La causalité est cependant
unidirectionnelle allant aussi du secteur réel à la part des
crédits accordés par les banques commerciales. Le sens inverse
n'est pas constaté entre les variables financières et
réelles. C'est le secteur réel qui cause le secteur financier.
Donc la relation de causalité est unidirectionnelle allant du
réel au financier.
En somme, les différents tests confirment nos
hypothèses d'études.
Les implications politiques de l'analyse sont claires. Le
développement financier doit être encouragé, mais il est
souhaitable qu'il soit le plus régulier possible. Cela signifie qu'une
politique de libéralisation financière ne doit pas être
menée dans n'importent quelles condition. C'est pourquoi le
développement financier sera d'autant plus favorable à la
croissance et à la réduction de la pauvreté que la
politique macroéconomique sera stable, que l'ouverture
extérieure, notamment financière, sera progressive et que les
banques seront soumises à surveillance.
L'effet bénéfique du développement
financier sur la croissance n'en demeure pas moins, mais l'instabilité
financière atténue sensiblement la croissance
économique.
L'analyse bien que n'ayant pas incorporé
l'instabilité financière. La plupart des études
théoriques ou appliquées sur le rôle du
développement financier dans la croissance économique
reconnaissent son effet bénéfique. Toutefois, d'autres
études montrent l'effet souvent désastreux des crises
financières sur la croissance économique12(*). C'est dans cet optique qu'il
est important dans une étude ultérieure d'intégrer
l'impact d'instabilité financière sur la croissance
économique de la sous région en générale et au
Tchad en particulier
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ELEMENTS ANNEXES
I.- DONNEES MACROECONOMIQUES
Année
|
PIBT
|
m2
|
CSP
|
CBC
|
OUV
|
DP
|
1982
|
1.54E+02
|
1.24E+01
|
1.09E+01
|
1.52E+01
|
2.01E+01
|
5.47E+00
|
1983
|
1.73E+02
|
1.21E+01
|
1.02E+01
|
1.36E+01
|
4.00E+01
|
6.50E+00
|
1984
|
1.72E+02
|
1.37E+01
|
1.14E+01
|
1.34E+01
|
4.21E+01
|
1.00E+01
|
1985
|
2.04E+02
|
1.50E+01
|
1.40E+01
|
1.43E+01
|
4.32E+01
|
1.17E+01
|
1986
|
1.91E+02
|
1.96E+01
|
2.03E+01
|
2.20E+01
|
4.88E+01
|
1.39E+01
|
1987
|
1.81E+02
|
2.12E+01
|
2.12E+01
|
2.22E+01
|
5.19E+01
|
1.58E+01
|
1988
|
2.04E+02
|
1.59E+01
|
7.85E+00
|
1.61E+01
|
4.51E+01
|
1.27E+01
|
1989
|
2.09E+02
|
1.49E+01
|
7.33E+00
|
1.25E+01
|
4.52E+01
|
1.50E+01
|
1990
|
1.95E+02
|
1.48E+01
|
7.28E+00
|
1.15E+01
|
4.14E+01
|
1.00E+01
|
1991
|
2.06E+02
|
1.34E+01
|
5.96E+00
|
1.20E+01
|
3.64E+01
|
8.91E+00
|
1992
|
2.16E+02
|
1.40E+01
|
6.27E+00
|
1.43E+01
|
3.59E+01
|
9.20E+00
|
1993
|
1.77E+02
|
1.38E+01
|
5.03E+00
|
1.46E+01
|
4.26E+01
|
1.00E+01
|
1994
|
1.89E+02
|
8.43E+00
|
3.63E+00
|
1.20E+01
|
5.03E+01
|
1.27E+01
|
1995
|
1.85E+02
|
1.09E+01
|
3.87E+00
|
9.93E+00
|
5.65E+01
|
1.18E+01
|
1996
|
1.83E+02
|
1.29E+01
|
3.65E+00
|
1.11E+01
|
4.67E+01
|
8.72E+00
|
1997
|
1.85E+02
|
1.33E+01
|
3.31E+00
|
1.04E+01
|
5.05E+01
|
7.93E+00
|
1998
|
1.90E+02
|
1.07E+01
|
3.31E+00
|
9.12E+00
|
4.95E+01
|
5.55E+00
|
1999
|
1.83E+02
|
1.10E+01
|
3.59E+00
|
1.07E+01
|
4.62E+01
|
6.89E+00
|
2000
|
1.77E+02
|
1.13E+01
|
3.46E+00
|
1.23E+01
|
5.44E+01
|
7.87E+00
|
2001
|
1.89E+02
|
1.11E+01
|
3.54E+00
|
1.20E+01
|
6.69E+01
|
7.61E+00
|
2002
|
2.01E+02
|
1.21E+01
|
4.05E+00
|
1.09E+01
|
7.64E+01
|
7.63E+00
|
2003
|
2.18E+02
|
1.22E+01
|
4.43E+00
|
1.14E+01
|
7.32E+01
|
7.83E+00
|
2004
|
1.89E+02
|
1.15E+01
|
3.36E+00
|
1.17E+01
|
6.59E+01
|
7.70E+00
|
2005
|
2.02E+02
|
1.18E+01
|
4.00E+00
|
1.14E+01
|
7.21E+01
|
7.69E+00
|
2006
|
2.02E+02
|
1.19E+01
|
3.94E+00
|
1.13E+01
|
7.18E+01
|
7.72E+00
|
2007
|
2.03E+02
|
1.18E+01
|
3.93E+00
|
1.15E+01
|
7.04E+01
|
7.74E+00
|
|
|
|
|
|
|
|
Notes :
(1) Produit intérieur brut par tête
(2) Masse monétaire
(3) Crédit au secteur privé
(4) Crédit banques commerciales
(5) Ouverture commerciale
(6) Dépenses publiques
II.- TEST DE RACINE UNITAIRE
PIBT M2 CSP CBC OUV DP
Variable à expliquer :
PIBT
ADF Test Statistic
|
-5.208810
|
1% Critical Value*
|
-3.7497
|
|
|
5% Critical Value
|
-2.9969
|
|
|
10% Critical Value
|
-2.6381
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(PIBT,2)
|
Method: Least Squares
|
Date: 11/20/08 Time: 12:00
|
Sample(adjusted): 1985 2007
|
Included observations: 23 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
D(PIBT(-1))
|
-1.797095
|
0.345011
|
-5.208810
|
0.0000
|
D(PIBT(-1),2)
|
0.312198
|
0.206073
|
1.514988
|
0.1454
|
C
|
2.610762
|
3.130053
|
0.834095
|
0.4141
|
R-squared
|
0.716657
|
Mean dependent var
|
0.086957
|
Adjusted R-squared
|
0.688323
|
S.D. dependent var
|
26.41782
|
S.E. of regression
|
14.74855
|
Akaike info criterion
|
8.341274
|
Sum squared resid
|
4350.394
|
Schwarz criterion
|
8.489382
|
Log likelihood
|
-92.92465
|
F-statistic
|
25.29296
|
Durbin-Watson stat
|
1.788243
|
Prob(F-statistic)
|
0.000003
|
Variable explicative 1 :
M2
ADF Test Statistic
|
-4.427752
|
1% Critical Value*
|
-3.7497
|
|
|
5% Critical Value
|
-2.9969
|
|
|
10% Critical Value
|
-2.6381
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(M2,2)
|
Method: Least Squares
|
Date: 11/20/08 Time: 12:08
|
Sample(adjusted): 1985 2007
|
Included observations: 23 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
D(M2(-1))
|
-1.290116
|
0.291371
|
-4.427752
|
0.0003
|
D(M2(-1),2)
|
0.324636
|
0.208390
|
1.557832
|
0.1350
|
C
|
-0.090777
|
0.449754
|
-0.201838
|
0.8421
|
R-squared
|
0.547723
|
Mean dependent var
|
-0.073913
|
Adjusted R-squared
|
0.502495
|
S.D. dependent var
|
3.057775
|
S.E. of regression
|
2.156772
|
Akaike info criterion
|
4.496210
|
Sum squared resid
|
93.03328
|
Schwarz criterion
|
4.644318
|
Log likelihood
|
-48.70641
|
F-statistic
|
12.11034
|
Durbin-Watson stat
|
2.026008
|
Prob(F-statistic)
|
0.000358
|
Variable explicative 2 :
CSP
ADF Test Statistic
|
-4.331436
|
1% Critical Value*
|
-3.7497
|
|
|
5% Critical Value
|
-2.9969
|
|
|
10% Critical Value
|
-2.6381
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(CSP,2)
|
Method: Least Squares
|
Date: 11/20/08 Time: 12:10
|
Sample(adjusted): 1985 2007
|
Included observations: 23 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
D(CSP(-1))
|
-1.234682
|
0.285051
|
-4.331436
|
0.0003
|
D(CSP(-1),2)
|
0.335950
|
0.209387
|
1.604449
|
0.1243
|
C
|
-0.398005
|
0.669965
|
-0.594069
|
0.5591
|
R-squared
|
0.525176
|
Mean dependent var
|
-0.052609
|
Adjusted R-squared
|
0.477693
|
S.D. dependent var
|
4.412684
|
S.E. of regression
|
3.189082
|
Akaike info criterion
|
5.278451
|
Sum squared resid
|
203.4049
|
Schwarz criterion
|
5.426559
|
Log likelihood
|
-57.70218
|
F-statistic
|
11.06042
|
Durbin-Watson stat
|
2.040002
|
Prob(F-statistic)
|
0.000583
|
Variable explicative 3 :
CBC
ADF Test Statistic
|
-2.838932
|
1% Critical Value*
|
-3.7343
|
|
|
5% Critical Value
|
-2.9907
|
|
|
10% Critical Value
|
-2.6348
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(CBC)
|
Method: Least Squares
|
Date: 11/20/08 Time: 12:13
|
Sample(adjusted): 1985 2007
|
Included observations: 23 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
CBC(-1)
|
-0.414885
|
0.146141
|
-2.838932
|
0.0098
|
D(CBC(-1))
|
0.462169
|
0.191926
|
2.408066
|
0.0253
|
C
|
5.359495
|
1.952095
|
2.745509
|
0.0121
|
R-squared
|
0.325895
|
Mean dependent var
|
-0.087500
|
Adjusted R-squared
|
0.261694
|
S.D. dependent var
|
2.451041
|
S.E. of regression
|
2.106050
|
Akaike info criterion
|
4.443974
|
Sum squared resid
|
93.14437
|
Schwarz criterion
|
4.591231
|
Log likelihood
|
-50.32769
|
F-statistic
|
5.076207
|
Durbin-Watson stat
|
1.609676
|
Prob(F-statistic)
|
0.015909
|
Variable explicative 4 :
OUV
ADF Test Statistic
|
-3.828599
|
1% Critical Value*
|
-3.7497
|
|
|
5% Critical Value
|
-2.9969
|
|
|
10% Critical Value
|
-2.6381
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(OUV,2)
|
Method: Least Squares
|
Date: 11/20/08 Time: 12:18
|
Sample(adjusted): 1985 2007
|
Included observations: 23 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
D(OUV(-1))
|
-1.006487
|
0.262886
|
-3.828599
|
0.0011
|
D(OUV(-1),2)
|
0.202561
|
0.182531
|
1.109737
|
0.2803
|
C
|
1.417305
|
1.331564
|
1.064391
|
0.2998
|
R-squared
|
0.451055
|
Mean dependent var
|
-0.152174
|
Adjusted R-squared
|
0.396161
|
S.D. dependent var
|
7.679422
|
S.E. of regression
|
5.967456
|
Akaike info criterion
|
6.531626
|
Sum squared resid
|
712.2107
|
Schwarz criterion
|
6.679734
|
Log likelihood
|
-72.11370
|
F-statistic
|
8.216764
|
Durbin-Watson stat
|
1.953561
|
Prob(F-statistic)
|
0.002485
|
Variable explicative 5 :
DP
ADF Test Statistic
|
-2.919148
|
1% Critical Value*
|
-3.7497
|
|
|
5% Critical Value
|
-2.9969
|
|
|
10% Critical Value
|
-2.6381
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(DP,2)
|
Method: Least Squares
|
Date: 11/20/08 Time: 12:20
|
Sample(adjusted): 1985 2007
|
Included observations: 23 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
D(DP(-1))
|
-0.826711
|
0.283203
|
-2.919148
|
0.0085
|
D(DP(-1),2)
|
-0.184508
|
0.202923
|
-0.909252
|
0.3740
|
C
|
-0.115475
|
0.408459
|
-0.282709
|
0.7803
|
R-squared
|
0.557147
|
Mean dependent var
|
-0.151304
|
Adjusted R-squared
|
0.512862
|
S.D. dependent var
|
2.802532
|
S.E. of regression
|
1.956034
|
Akaike info criterion
|
4.300823
|
Sum squared resid
|
76.52140
|
Schwarz criterion
|
4.448931
|
Log likelihood
|
-46.45946
|
F-statistic
|
12.58088
|
Durbin-Watson stat
|
2.070556
|
Prob(F-statistic)
|
0.000290
|
III.- TEST DE COINTEGRATION DE JOHANSEN
Date: 11/20/08 Time: 12:35
|
Sample: 1982 2007
|
Included observations: 24
|
Test assumption: Linear deterministic trend in the data
|
|
|
|
|
|
Series: PIBT M2 CSP OUV DP
|
Lags interval: 1 to 1
|
|
Likelihood
|
5 Percent
|
1 Percent
|
Hypothesized
|
|
Eigenvalue
|
Ratio
|
Critical Value
|
Critical Value
|
No. of CE(s)
|
|
0.899181
|
112.8565
|
68.52
|
76.07
|
None **
|
0.709373
|
57.79025
|
47.21
|
54.46
|
At most 1 **
|
0.545906
|
28.13309
|
29.68
|
35.65
|
At most 2
|
0.306225
|
9.186266
|
15.41
|
20.04
|
At most 3
|
0.017007
|
0.411688
|
3.76
|
6.65
|
At most 4
|
*(**) denotes rejection of the hypothesis at 5%(1%)
significance level
|
|
|
|
|
|
L.R. test indicates 2 cointegrating equation(s) at 5%
significance level
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Unnormalized Cointegrating Coefficients:
|
PIBT
|
M2
|
CSP
|
OUV
|
DP
|
|
-0.010347
|
0.246369
|
-0.147511
|
0.000639
|
0.019024
|
|
0.002343
|
-0.117752
|
0.000788
|
-0.000517
|
0.101640
|
|
0.022983
|
-0.074477
|
0.023644
|
-0.014094
|
-0.045434
|
|
0.015256
|
-0.018082
|
0.033433
|
0.003321
|
0.025636
|
|
-0.004197
|
0.026888
|
-0.017251
|
-0.014402
|
0.029199
|
|
|
|
|
|
|
|
Normalized Cointegrating Coefficients: 1 Cointegrating
Equation(s)
|
|
|
|
|
|
PIBT
|
M2
|
CSP
|
OUV
|
DP
|
C
|
1.000000
|
-23.81081
|
14.25644
|
-0.061743
|
-1.838649
|
45.44335
|
|
(3.91825)
|
(2.37424)
|
(0.13111)
|
(0.79761)
|
|
|
|
|
|
|
|
Log likelihood
|
-280.3728
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Normalized Cointegrating Coefficients: 2 Cointegrating
Equation(s)
|
|
|
|
|
|
PIBT
|
M2
|
CSP
|
OUV
|
DP
|
C
|
1.000000
|
0.000000
|
26.79300
|
0.081393
|
-42.55730
|
29.28634
|
|
|
(34.5704)
|
(1.09534)
|
(53.6373)
|
|
0.000000
|
1.000000
|
0.526507
|
0.006011
|
-1.710091
|
-0.678558
|
|
|
(1.41837)
|
(0.04494)
|
(2.20065)
|
|
|
|
|
|
|
|
Log likelihood
|
-265.5442
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Normalized Cointegrating Coefficients: 3 Cointegrating
Equation(s)
|
|
|
|
|
|
PIBT
|
M2
|
CSP
|
OUV
|
DP
|
C
|
1.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
-0.670527
|
-3.535273
|
-123.4560
|
|
|
|
(0.19088)
|
(1.03576)
|
|
0.000000
|
1.000000
|
0.000000
|
-0.008765
|
-0.943272
|
-3.680085
|
|
|
|
(0.02425)
|
(0.13156)
|
|
0.000000
|
0.000000
|
1.000000
|
0.028064
|
-1.456426
|
5.700832
|
|
|
|
(0.03923)
|
(0.21290)
|
|
|
|
|
|
|
|
Log likelihood
|
-256.0708
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Normalized Cointegrating Coefficients: 4 Cointegrating
Equation(s)
|
|
|
|
|
|
PIBT
|
M2
|
CSP
|
OUV
|
DP
|
C
|
1.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
2.452245
|
-216.1803
|
|
|
|
|
(2.72602)
|
|
0.000000
|
1.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
-0.865009
|
-4.892092
|
|
|
|
|
(0.18392)
|
|
0.000000
|
0.000000
|
1.000000
|
0.000000
|
-1.707026
|
9.581687
|
|
|
|
|
(0.34614)
|
|
0.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
1.000000
|
8.929576
|
-138.2857
|
|
|
|
|
(4.39551)
|
|
|
|
|
|
|
|
Log likelihood
|
-251.6835
|
|
|
|
|
112.8565
|
68.52
|
76.07
|
57.79025
|
47.21
|
54.46
|
IV.- ESTIMATION DU MODELE DE CORRECTION D'ERREUR
Première étape : estimation du
modèle PIBT, M2, CSP, OUV et DP
Dependent Variable: PIBT
|
Method: Least Squares
|
Date: 11/20/08 Time: 12:55
|
Sample: 1983 2007
|
Included observations: 25
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
131.5348
|
20.76046
|
6.335830
|
0.0000
|
M2
|
3.160748
|
1.943435
|
1.626372
|
0.0355
|
CSP
|
2.104881
|
1.007932
|
2.088315
|
0.0491
|
OUV
|
0.367933
|
0.199658
|
1.842815
|
0.0795
|
DP
|
1.480585
|
1.211074
|
1.222539
|
0.2350
|
R-squared
|
0.375526
|
Mean dependent var
|
191.4615
|
Adjusted R-squared
|
0.256579
|
S.D. dependent var
|
14.82762
|
S.E. of regression
|
12.78466
|
Akaike info criterion
|
8.105410
|
Sum squared resid
|
3432.396
|
Schwarz criterion
|
8.347351
|
Log likelihood
|
-100.3703
|
F-statistic
|
3.157079
|
Durbin-Watson stat
|
1.974393
|
Prob(F-statistic)
|
0.035228
|
Deuxième étape : estimation du
modèle différencié à l'ordre 1 : PIBT,
M2, CSP, OUV, DP et résidu (de la précédente estimation)
décalé d'une période
D(PIBT) C D(M2) D(CSP) D(OUV) D(DP) RESID01(-1)
Dependent Variable: D(PIBT)
|
Method: Least Squares
|
Date: 11/20/08 Time: 13:00
|
Sample: 1983 2007
|
Included observations: 25
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
0.369681
|
1.816361
|
0.203528
|
0.8432
|
D(M2)
|
-1.701956
|
1.459628
|
-1.166020
|
0.0070
|
D(CSP)
|
14.20936
|
3.765334
|
3.773733
|
0.0044
|
D(OUV)
|
-0.207065
|
0.303970
|
-0.681202
|
0.5129
|
D(DP)
|
2.144574
|
1.676135
|
0,881013
|
0.2034
|
RESID01(-1)
|
-0.860020
|
0.190236
|
-4.520810
|
0.0014
|
R-squared
|
0.903157
|
Mean dependent var
|
-0.866667
|
Adjusted R-squared
|
0.849355
|
S.D. dependent var
|
15.52816
|
S.E. of regression
|
6.026952
|
Akaike info criterion
|
6.719534
|
Sum squared resid
|
326.9174
|
Schwarz criterion
|
7.002754
|
Log likelihood
|
-44.39651
|
F-statistic
|
16.78671
|
Durbin-Watson stat
|
1.029271
|
Prob(F-statistic)
|
0.000250
|
V.- TEST DE CAUSALITE DE GRANGER
Premier test de causalité entre PIBT, M2, CSP, OUV
et DP
Pairwise Granger Causality Tests
|
Date: 11/20/08 Time: 13:05
|
Sample: 1982 2007
|
Lags: 2
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
M2 does not Granger Cause PIBT
|
24
|
0.75606
|
0.48312
|
PIBT does not Granger Cause M2
|
5.72633
|
0.01132
|
CSP does not Granger Cause PIBT
|
24
|
1.07670
|
0.36062
|
PIBT does not Granger Cause CSP
|
1.98010
|
0.16554
|
OUV does not Granger Cause PIBT
|
24
|
1.31678
|
0.29137
|
PIBT does not Granger Cause OUV
|
0.39924
|
0.67632
|
DP does not Granger Cause PIBT
|
24
|
0.49676
|
0.61619
|
PIBT does not Granger Cause DP
|
0.32437
|
0.72691
|
CSP does not Granger Cause M2
|
24
|
5.76735
|
0.01103
|
M2 does not Granger Cause CSP
|
2.12036
|
0.14750
|
OUV does not Granger Cause M2
|
24
|
0.36525
|
0.69879
|
M2 does not Granger Cause OUV
|
1.03752
|
0.37356
|
DP does not Granger Cause M2
|
24
|
0.99651
|
0.38766
|
M2 does not Granger Cause DP
|
2.44257
|
0.11375
|
OUV does not Granger Cause CSP
|
24
|
0.56799
|
0.57599
|
CSP does not Granger Cause OUV
|
0.84281
|
0.44597
|
DP does not Granger Cause CSP
|
24
|
0.51110
|
0.60785
|
CSP does not Granger Cause DP
|
7.56053
|
0.00384
|
DP does not Granger Cause OUV
|
24
|
2.88041
|
0.08080
|
OUV does not Granger Cause DP
|
1.63343
|
0.22151
|
Deuxième test de causalité entre PIBT et
CBC
Pairwise Granger Causality Tests
|
Date: 11/20/08 Time: 13:07
|
Sample: 1982 2007
|
Lags: 2
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
CBC does not Granger Cause PIBT
|
24
|
1.60336
|
0.22728
|
PIBT does not Granger Cause CBC
|
3.93788
|
0.03709
|
VI.- LES AUTRES TESTS (DE STABILITE STRUCTURELLE)
TABLE DES MATIERES
Page
Dédicace
----------------------------------------------------------------------------------------------------
Remerciements
---------------------------------------------------------------------------------------------
Définition des sigles
-------------------------------------------------------------------------------------
Liste des figures et tableaux
---------------------------------------------------------------------------
Résumé
---------------------------------------------------------------------------------------------------
Sommaire--------------------------------------------------------------------------------------------------
INTRODUCTION
GENERALE-------------------------------------------------------------------1
PREMIERE PARTIE: EVOLUTION DE L'ACTIVITE ECONOMIQUE
GLOBALE ET DU SYSTEME FINANCIER TCHADIEN DE 1982 A
2007-----------------------------11
CHAPITRE I : L'evolution de l'activite economique
globale tchadienne de 1982 à
2007-------------------------------------------------------------------------------------------------------13
SECTION 1 : Evolution de l'activité
économique réelle tchadienne------------------------13
1- 1: Les apports du modèle de croissance de
Pagano---------------------------------------------13
1-1-1 : Des théories traditionnelles au
modèle de Pagano-----------------------------------------14
1-1-1-2 : Le modèle Harrod et Domar
(1947)-------------------------------------------------------14
1-1-1-3 : Le modèle de Robert Solow : Le
progrès technique comme résidu ------------------14
1-1-1-4: Les nouvelles théories de la croissance :
Endogénéisation du progrès technique--- 15
1-1-2 : Les différents modèles de la
croissance endogène-----------------------------------------16
1-1-2-1 : Le modèle théorique
(modèle de Pagano, 1993)-----------------------------------------16
1-1-2-2 : Le modèle de King et Levine
(1993)------------------------------------------------------18
I-2: Evoluition du Produit Intérieur Brut
(PIB)------------------------------------------------------18
1-2-1 : Evolution de la demande
globale-----------------------------------------------------------19
a-La consommation
globale.---------------------------------------------------------------------------19
b-Les investissements
bruts.---------------------------------------------------------------------------20
c-La demande extérieure
nette------------------------------------------------------------------20
I-2-2 : Evolution de l'offre
globale----------------------------------------------------------------21
I-2-2-1: Secteur
primaire------------------------------------------------------------------------------21
I-2-2-2:Secteur
secondaire----------------------------------------------------------------------------22
I -2-2-3 : Secteur
tertiaire-----------------------------------------------------------------------------23
SECTION 2: Evolution du sécteur financier et
monétaire tchadien--------------------23
2-1: evolution de l'inflation
-------------------------------------------------------------------------23
2-2: situation des finances
publiques.--------------------------------------------------------------24
2-3: situation de la balance des paiements et de la
dette---------------------------------------- 25
2-4: Au niveau de la masse
monetaire-------------------------------------------------------------25
2-5: le systeme bancaire
tchadien-----------------------------------------------------------------26
CHAPITRE II : Evolution des indicateurs du
système financier tchadien-------------28
SECTION 1: Evolution des indicateurs de
liquidité du système financier------------29
1-1: Evolution des dépôts bancaires au
Tchad--------------------------------------------------30
1-2 : Evolution des dépôts bancaires par
nature et durée---------------------------------------32
SECTION 2: Evolution des indicateurs d'allocation du
crédit---------------------------33
2-1 : Evolution des crédits bancaires au
Tchad---------------------------------------------------33
2-2 : L'influence des activites financiers sur la
croissance--------------------------------------35
2-2-1 : Les Principales fonctions des systèmes
financiers --------------------------------------36
2-2-1-1 : La facilitation de la protection contre le
risque et son partage-----------------------36
2-2-1-2 : Acquisition de l'information et l'allocation
des ressources -------------------------37
2-2-1-3 : Le contrôle des actionnaires sur les
managers et sur l'entreprise--------------------39
2-2-1-4 : La mobilisation de
l'épargne-------------------------------------------------------------39
2-2-1-5 : Le développement des échanges
des biens et services------------------------------- 41
DEUXIEME PARTIE : DETERMINATION DU LIEN ENTRE LE
DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE AU
TCHAD---------------------------------------------------------------------------------------------------45
CHAPITRE III: La demarche methodologique de la mise en
évidence du lien entre le developpement financier et la croissance
economique au tchad------------------------------47
SECTION 1: Les considérations
méthodologiques liées à la modélisation de la
relation entre le secteur financier et le secteur
réel.-------------------------------------------------------47
1.1 : les différentes analyses
empiriques-------------------------------------------------------------47
1.2: Limites des analyses
empiriques-----------------------------------------------------------------53
1.3: Spécification
économétrique---------------------------------------------------------------------54
SECTION 2 : Les considérations
méthodologiques liées aux propriétés statistiques
des series d'indicateurs et aux procédures
d'estimation-------------------------------------------55
2-1 : Présentation des variables
financières et réelles retenues pour cette
étude-------------55
2-1-1 : L'indicateur de croissance
économique----------------------------------------------------55
2-1-2 : Les variables de
contrôle--------------------------------------------------------------------56
2-1-3 : Les variables
financières--------------------------------------------------------------------56
2-1-4 : Sources des
données-------------------------------------------------------------------------56
2-2 : Procédure
d'estimation------------------------------------------------------------------------56
2-2-1 : Ordre d'intégration des
séries-------------------------------------------------------------57
2-2-2 : Test de cointégration
(Johansen)-----------------------------------------------------------57
2-2-3 : Dynamique de court et de long terme entre les
variables financières et réelles et
causalité.---------------------------------------------------------------------------------------58
CHAPITRE IV: LE CARACTERE UNIVOQUE DE
LA CAUSALITE DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE SUR LE DEVELOPPEMENT FINANCIER AU
TCHAD--------------------------------------------------------------------------------------------------60
SECTION 1: La significativité plus importante
de la causalité de la croissance sur le développement
financier------------------------------------------------------------------------------60
1-1 :Résultats et
interprétation-------------------------------------------------------------------60
1-1-1 :Analyse
descriptive-----------------------------------------------------------------------------60
1-1-2 :Test de stationnarité des
séries-----------------------------------------------------------------62
1-1-3 :Test de cointégration des séries de
Johansen------------------------------------------------62
1-1-4 :Estimation du modèle à correction
d'erreur------------------------------------------------63
1-1-5 :Test de causalité de
Granger-------------------------------------------------------------------65
1-1-6 : Les autres tests (de stabilité
structurelle)--------------------------------------------------66
1-2 : Conformite des resultats a la
theorie-------------------------------------------------------67
1-2-1: Un système financier peu
développé---------------------------------------------------------67
1-2-1-1 : Un système financier en reconstruction:
une restructuration tardive et inachevée-67
1-2-1-2 :Une politique de collecte d'épargne et de
crédit peu stimulante et inefficien------- 68
1-2-1-3 :Une sphère financière restreinte et
surliquide---------------------------------------------69
1-2-1-4 :Une intermédiaton financière peu
performante-------------------------------------------70
SECTION 2: Les implications de politiques
économiques de la causalité mise en
évidence--------------------------------------------------------------------------------------------------70
2-1 : Proposition de politiques macroéconomique
pour une amélioration du système bancaire tchadien
-------------------------------------------------------------------------------------------------70
2-1-1 :Assainissement du cadre réglementaire et
légal------------------------------------------70
2-1-2 :Le renforcement des prérogatives de la
COBAC-----------------------------------------71
2-1-3 : La poursuite des restructurations
bancaires-----------------------------------------------71
2-2 : Préconisation de politiques sur le plan
microéconomique----------------------------------72
2-2-1 :La nécessité d'élargissement
de la couverture bancaire---------------------------------72
2-2-2 : La réorientation de la politique de collecte
d'épargne et de financement des
Investissements par les banques
secondaires------------------------------------------72
CONCLUSION
GENERALE-------------------------------------------------------------------75
BIBLIOGRAPHIE--------------------------------------------------------------------------------78
ANNEXES-------------------------------------------------------------------------------------------
* 1 Collier,P.,(1994),
cité par Kangni R.Kpodar,(2003), Le développement financier et la
croissance: L'afrique subsaharienne est -elle marginalisée?, Sept 2003
pp 37.
* 2 ONU, (2007)
« Bilan commun de pays au Tchad (CCA) », Coordination
Résidente des activités opérationnelles des Nations Unies
au Tchad, Décembre 2007 pp 159.
* 3 Lexique d'économie,
8 edition, pp.202-205
* 4 Santomero A.
(1984).»modelling the banking firm: A survey». Journal of Money,
Credit and
Banking, vol. 16, n° 4, pp. 576-602
* 5 VALLA et al. (2006),
cité par KAMGNA S.Y et NDAMBENDIA. H,(2006), Excès de
liquidité systémique et effectivité de la politique
monétaire: Cas des pays de la CEMAC.pp.27
* 6 IDEM
* 7 IDEM.
* 8 Caisse Française de
Développement: Les effets économiques de la dévaluation du
FCFA dans RTFD n° 35 Juin- Juiellet 1994 pp. 12-34
* 9 Le dépôts de
l'Etat comprend les dépôts du gouvernement et les
dépôts des organismes publics d'àprès la BEAC
* 10 Raffinot Marc et Venet
Baptiste (1998):« Approfondissement financier, libéralisation
financière et croissance: le cas de l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africain (UEMOA)», Contribution au colloque de
l'AFSE, Paris, Septembre
* 11 Voir St Hill R.L (1992)
et H.Patrick (1966). On trouvera des éléments de
vérification empirique et des tests de causalité chez Jung
(1986) et Thornton ( 1991, 1994).
* 12S. GUILLAUMONT JEANNENEY et
K.R.KPODAR .2004 « Développement financier, instabilité
financière et croissance économique. CERDI, avril 2004; 40p