CHAPITRE IV
ESSAI D'IDENTIFICATION DES DETERMINANTS DES
COMPORTEMENTS SEXUELS A RISQUE CHEZ LES ADOLESCENTS
IV-1 Variations des comportements sexuels à
risque chez les adolescents
Il sera question à ce niveau d'évaluer le
degré et le sens des associations entre les caractéristiques des
adolescents et leurs comportements sexuels. Il serait capital de ventiler nos
résultats par sexe car les comportements sexuels varient beaucoup selon
le sexe. Mais à cause du faible effectif constaté après
distribution des différentes variables dépendantes, nous ne
sommes pas en mesure de présenter ces résultats. Un test de
comparaison de proportion pourrait éventuellement être
envisagé si ces effectifs n'étaient pas très faibles.
C'est une des limites majeures de cette étude.
IV-1-1 Age aux premiers
rapports sexuels
L'entrée en vie sexuelle constitue un moment clé
de la vie des individus. Elle est porteuse de signification et de risques
à la fois sur les plans social, économique, psychologique,
biologique et médical. Au-delà de ses implications biologiques
(la déchirure de l'hymen par exemple), l'entrée en vie sexuelle
expose aux risques de grossesses précoces ou non désirées,
d'avortements, de morbidité et mortalité maternelles, de MST/VIH,
etc. (Akoto et al., 2000 ; FNUAP, 1999 ; Kuaté-Defo, 1998;
Evina, 1998; United Nations, 1995; Kouton, 1992; Rwengé, 1999; 2000;
2004). On remarque qu'au Niger, plus de la moitié des adolescents
enquêtés ont déjà eu leurs premiers rapports sexuels
à l'âge de 16 ans (51,52%).
IV-1-1-1
Caractéristiques socioculturelles
L'ethnie, le milieu de résidence et le niveau
d'instruction sont associés à l'âge aux premiers rapports
sexuels.
i) Ethnie
Plus de 80 % des adolescents nigériens, quel que soit
le groupe ethnique auquel ils appartiennent commencent leurs premiers rapports
sexuels avant l'âge de 16 ans. En effet, 54% des adolescents
"Djerma/songhaï" et 49,3% des adolescents "Haoussa"
enquêtés qui sont les deux plus grands groupes ethniques du pays
ont déclaré avoir eu leurs premiers rapports sexuels avant
l'âge de 16 ans et 57,4% des adolescents des "Autres ethnies"
ont eu leurs premiers actes sexuels avant cet âge.
ii) Milieu de
socialisation
Le milieu de socialisation n'est pas associé à
l'âge aux premiers rapports sexuels chez les adolescents. On observe
néanmoins que les adolescents qui ont passé leur enfance dans les
campagnes et qui ont eu leurs premiers rapports sexuels avant l'âge de 16
ans représentent 58,71% alors que cette proportion n'est que de 53% chez
les adolescents ayant passé leur enfance à Niamey la capitale ou
dans une autre grande ville du pays. Parmi les adolescents socialisés
dans les petites villes, 57,8% d'eux ont déclaré avoir eu leurs
premiers rapports sexuels avant l'âge de 16 ans.
iii) Milieu de
résidence
La proportion des adolescents ayant eu leurs premiers rapports
sexuels avant l'âge de 16 ans est plus élevée en milieu
rural (60,2%) qu'en milieu urbain (53,8 %). Ce résultat nous semble
infirmer l'idée selon laquelle l'urbanisation entraîne les
adolescents à entrer précocement dans l'activité
sexuelle.
iv) Niveau
d'instruction
Dans le cas du niveau d'instruction, on observe chez les
adolescents enquêtés que le niveau d'instruction est
négativement associé à l'occurrence précoce des
premiers rapports sexuels. Ces résultats confortent ceux mis en
évidence au Cameroun par Kuaté-Défo (1999) et
Rwengé (1999 ; 2000 ; 2004). En effet, la proportion des
adolescents ayant eu leurs premiers rapports sexuels après 16 ans est
plus élevée chez ceux du niveau secondaire et plus (51,3%) que
chez les sans niveau (40,9%) et chez ceux de niveau primaire (39,4%).
v) Fréquence
d'exposition à la radio
La fréquence d'exposition à la radio n'est pas
associée à l'âge aux premiers rapports sexuels. Toutefois,
on constate que les adolescents qui sont exposés à ce
média chaque jour, au moins une fois par semaine et moins d'une fois par
semaine entrent plus tardivement en vie sexuelle (respectivement 45,1%, 41,7%
et 45,1%) que ceux qui ne sont pas du tout exposés (38,2%).
vi) Fréquence
d'exposition à la télévision
Tout comme la variable
précédente, la fréquence d'exposition à la
télévision n'est pas aussi associée à l'âge
aux premiers rapports sexuels. Néanmoins, il ressort que chez les
adolescents, les premiers rapports sexuels avant 16 ans surviennent plus
tôt chez ceux qui ne sont pas du tout exposés à la
télévision (60,3%) et chez ceux qui la regardent moins d'une fois
par semaine (47,1%). Ils surviennent plus tardivement chez les adolescents qui
regardent la télévision au moins une fois par semaine
(59,3%) et ceux qui la regardent chaque jour (52,4%).
IV-1-1-2
Caractéristiques économiques
i) Niveau de vie du
ménage
Le niveau de vie du ménage n'est pas associé
à l'âge aux premiers rapports chez les adolescents. Cette absence
d'associativité entre le niveau de vie des ménages dans lesquels
vivent les adolescents et l'occurrence précoce des premiers rapports
sexuels semble conforter les résultats obtenus par Talnan et al. (2002)
en Cote d'ivoire. On observe que c'est dans les ménages de niveau de vie
faible qu'on a la plus grande proportion des adolescents ayant
débuté leurs premiers rapports sexuels avant l'âge de 16
ans (61,1%). L'âge aux premiers rapports sexuels est plus tardif dans les
ménages de niveau de vie moyen et élevé (respectivement
58,9% et 53,3%).
IV-1-2 Multipartenariat
sexuel au cours des douze derniers mois
Le type de partenaires et de relations entre partenaires
influent beaucoup sur le processus de diffusion du VIH/SIDA. Ces relations
peuvent être ponctuelles, occasionnelles ou régulières,
sérielles ou concomitantes. Le multipartenariat multiple les situations
à risque et donc accroît le risque d'exposition (Ferry, 1999). Au
Niger, on constate que le multipartenariat sexuel est un
phénomène répandu. En effet, dans l'ensemble de notre
échantillon 44,3% des adolescents enquêtés ont eu d'autres
partenaires sexuels "occasionnels" en dehors du partenaire régulier au
cours des douze derniers mois ayant précédé
l'enquête.
IV-1-2-1
Caractéristiques socioculturelles
Toutes les variables sont associées au multipartenariat
sexuel chez les adolescents.
i) Ethnie
L'ethnie est associée au multipartenariat chez les
adolescents nigériens au seuil de 1%. Le recours aux partenaires
multiples est un comportement plus fréquent chez les adolescents
"Haoussa", "Djerma/Songhaï", "Kanouri" et
"Peul". En effet, la proportion des adolescents ayant eu d'autres
partenaires sexuels en dehors du partenaire régulier est plus
élevée dans ces groupes ethniques. Elle est respectivement de
56,0%, 53,5% 52,5% et 51,4% soit un peu au dessus de la moyenne d'ensemble. En
revanche, cette proportion est plus faible chez les adolescents des autres
groupes ethniques ; elle est de 36,5% chez les adolescents
"Touareg" et de 28% chez les "Autres ethnies".
ii) Milieu de socialisation
Le milieu de socialisation est associé au
multipartenariat sexuel chez les adolescents nigériens (p<0,01). On
observe que cette pratique est plus fréquente chez les adolescents
socialisés à Niamey la capitale ou dans les grandes villes
(61,6%) et dans les petites villes (52,5%) que ceux ayant été
socialisés dans les campagnes (40,2%). Ce résultat semble
conforter l'idée selon laquelle l'urbanisation favorise chez les
adolescents l'occurrence des relations sexuelles occasionnelles.
iii) Milieu de
résidence
Le milieu de
résidence est aussi associé au multipartenariat sexuel chez les
nigériens (p<0,01). Dans ce cas précis, on observe chez les
adolescents enquêtés que le degré d'urbanisation du milieu
est positivement associé au multipartenariat sexuel. En effet, 62% des
adolescents enquêtés résidant en milieu urbain ont
déclaré avoir eu d'autres partenaires en dehors de leurs
partenaires réguliers. En revanche, seulement 36% des adolescents
vivant en milieu rural ont déclaré avoir adopté ce
comportement sexuel, représentant près de la moitié des
jeunes urbains ayant eu ce comportement sexuel à risque.
iv) Niveau d'instruction
Le niveau d'instruction influence positivement au
multipartenariat sexuel. En effet, la proportion des adolescents qui ont
déclaré avoir adopté ce comportement sexuel augmente avec
le niveau d'instruction atteint. En dehors de leur partenaire habituel, 31% des
adolescents sans niveau ont déclaré avoir eu d'autres partenaires
sexuels, 56%de ceux du niveau primaire et 76% de ceux du niveau secondaire et
plus l'ont déclaré.
v) Fréquence
d'exposition à la radio
Cette variable n'est associée au multipartenariat
sexuel chez les adolescents nigériens qu'au seuil de 5%. On voit en elle
un facteur de différenciation du multipartenariat sexuel. En effet, ce
comportement s'observe plus les adolescents qui écoutent ce media moins
d'une fois par semaine (54%) et ceux qui l'écoutent au moins une fois
par semaine (55%). Par contre, il est moins fréquent chez ceux qui ne
l'écoutent pas du tout (42%) et ceux qui l'écoutent chaque jour
(44%).
vi) Fréquence
d'exposition à la télévision
Cette variable est associée au multipartenariat
sexuel chez les adolescents nigériens au seuil de 1%. Les adolescents
qui sont exposés à la télévision au moins une fois
par semaine (71%), ceux qui la regardent moins d'une fois par semaine (60%),
ceux qui la regardent chaque jour (65%) ont davantage déclaré
avoir adopté ce comportement sexuel que ceux qui n'y sont pas du tout
exposés (35%).
IV-1-2-2
Caractéristiques économiques
i) Niveau de vie du
ménage
Le niveau de vie du ménage est associé au
multipartenariat sexuel chez les adolescents nigériens au seuil de 1%.
Le niveau de vie influence positivement le recours aux partenaires multiples.
On observe à cet effet, que la proportion des adolescents ayant eu
d'autres partenaires sexuels en dehors du partenaire régulier augmente
en fonction du niveau de vie du ménage. Elle passe de 27% dans les
ménages de "niveau de vie faible", à 41% dans les ménages
de "niveau moyen " et enfin à 68% pour les ménages de
"niveau de vie élevé". Ce résultat montre que les moyens
financiers mis à la disposition des adolescents influencent chez eux
l'intensité et l'engagement dans l'activité sexuelle à
risques.
ii) Connaissances des
IST/VIH/SIDA
a) Niveau de connaissance des
IST/VIH/SIDA
Le niveau de connaissance des IST/VIH/SIDA est associé
au multipartenariat sexuel chez les adolescents nigériens (p<0,01).
Paradoxalement, on observe à ce stade que la connaissance de ces
maladies n'a pas un effet négatif sur le multipartenariat sexuel chez
ces adolescents. En effet, les adolescents n'ayant aucune connaissance des
IST/VIH/SIDA s'engagent moins dans les relations sexuelles avec plusieurs
partenaires (40,1%). En revanche, ceux ayant une connaissance partielle des ces
maladies (50,4%) et celles ayant une connaissance élevée (55,9%)
s'engagent plus dans les relations multipartenariales.
b) Connaissance du condom
comme moyen de prévention des IST/VIH/SIDA
La connaissance du condom comme moyen de prévention
des IST/VIH/SIDA est aussi associée au multipartenariat sexuel chez les
adolescents nigériens au seuil de 1%. Conformément à nos
attentes, on constate que le fait de connaître le condom a plutôt
un effet positif sur le comportement sexuel en question. En effet, la
proportion des adolescents ayant eu d'autres partenaires sexuels est plus
élevée chez ceux qui savent que le condom est un moyen de
prévention des IST/VIH/SIDA (56,7%) que chez celles qui l'ignorent
(33,7%).
c) Connaissance de la
"fidélité" à un partenaire non infecté comme moyen
de prévention des IST/VIH/SIDA
Cette variable n'est pas associée au multipartenariat
sexuel chez les adolescents nigériens. Néanmoins, on constate que
les adolescents qui savent que la fidélité à un seul
partenaire sexuel non infecté est un moyen de prévention des
IST/VIH/SIDA recourent moins à d'autres partenaires sexuels occasionnels
(46,7%) que ceux qui l'ignorent (56,8%). Ce résultat confirme aussi nos
attentes.
d) Connaissance de la
transmission sexuelle
La connaissance de la transmission sexuelle est
associée au multipartenariat sexuel chez les adolescents
nigériens. Les mêmes résultats que ceux décrits
précédemment s'observent à ce niveau. En effet, les
adolescents qui savent que le SIDA se transmet par voie sexuelle recourent
moins à d'autres partenaires sexuels occasionnels (47,6%) que ceux qui
ne le savent pas (56,2%)
IV-1-3 Non-utilisation du
condom au dernier rapport sexuel
Plusieurs études ont montré que l'utilisation
systématique du préservatif n'est pas très répandue
en Afrique subsaharienne. Ce résultat est encore plus confirmé au
Niger. En effet, seulement 3,8% des adolescents enquêtés ont
déclaré avoir utilisé un préservatif lors de leur
dernier rapport sexuel.
En dehors de la variable relative à la connaissance de
la fidélité à un seul partenaire non infectée comme
moyen de prévention des IST/VIH/SIDA, toutes les autres variables sont
significativement associées à la non-utilisation du condom au
dernier rapport sexuel au seuil de 1%.
IV-1-3-1
Caractéristiques socioculturelles
i) Ethnie
Conformément à nos attentes, l'ethnie est
associée à la non-utilisation des condoms aux derniers rapports
sexuels au seuil de 1%. On constate que la proportion des adolescents n'ayant
pas utilisé les condoms est plus élevée dans les groupes
ethniques "Haoussa" (98,3%), "Touareg" (95,9%) et
"Peul" (95,1%) que dans les autres groupes ethniques où elle
est de (93,0%) chez les "Djerma/songhaï", (90,4%) chez les
"Kanouri" et (92,1%) chez les "Autres
ethnie"s.
ii) Milieu de socialisation
Le milieu de socialisation est aussi associé à
la non-utilisation des condoms aux derniers rapports sexuels au seuil de 1%. Le
milieu de socialisation est un facteur de différenciation de la
non-utilisation du condom chez les adolescents nigériens. Le
degré d'urbanisation du milieu influence positivement l'utilisation des
condoms. D'autant plus que, la proportion des adolescents n'ayant pas
utilisé les condoms lors de leurs derniers rapports sexuels est plus
élevée dans les campagnes (98,9%) que dans les autres milieux
(Niamey ou les grandes villes 78,1% ; les petites villes 88,4%).
iii) Milieu de
résidence
Le milieu de résidence est aussi
associé à la non-utilisation des condoms aux derniers rapports
sexuels au seuil de 1%. Ici aussi le degré d'urbanisation influence
positivement l'utilisation des condoms. En effet, 98,9% des adolescents vivant
en milieu rural ont déclaré n'avoir pas utilisé les
condoms lors des derniers rapports sexuels, contre 84,9% en milieu urbain.
iv) Niveau d'instruction
La relation entre le niveau d'instruction et la non-protection
des derniers rapports sexuels est significative au seuil de 1%. En effet, le
niveau d'instruction influence positivement l'utilisation des condoms aux
derniers rapports sexuels chez les adolescents nigériens. En effet, la
proportion des adolescents n'ayant pas utilisé les condoms lors des
derniers rapports sexuels est plus élevée chez les adolescents
sans niveau (99,1%) que chez ceux du niveau secondaire ou plus (69,3%) ;
les adolescents de niveau primaire occupent la position intermédiaire
(93,1%).
v) Fréquence
d'exposition à la radio
Cette variable est associée à la non-utilisation
des condoms au dernier rapport sexuel au seuil de 1%. L'influence positive de
la modernité sur l'utilisation des condoms en général
s'observe aussi à travers l'exposition aux médias, d'autant plus
que ce sont les adolescents qui ne sont pas exposés à ces
médias qui ont les proportions les plus élevées de la
non-utilisation des condoms aux derniers rapports sexuels. Dans le cas de la
radio, on observe que la proportion des adolescents n'ayant pas utilisé
les condoms au cours de leurs derniers rapports sexuels est plus
élevée chez les adolescents qui ne sont pas exposés
à ce média (99,8%) et chez ceux qui l'écoutent moins d'une
fois par semaine (99,1%). Par contre, cette proportion est moins
élevée chez ceux qui écoutent au moins une fois par
semaine la radio (95,2%) et chez ceux qui l'écoutent tous les jours
(91,8%).
vi) Fréquence
d'exposition à la télévision
Cette variable est aussi associée à la
non-utilisation des condoms au dernier rapport sexuel au seuil de 1%. Par
rapport à la télévision, on constate cette proportion est
plus élevée chez les adolescents qui ne sont pas du tout
exposées à ce média (99,2%) que chez ceux qui la regardent
moins d'une fois par semaine (95,5%). Les adolescents qui suivent chaque jour
la télévision (75,0%) et ceux qui la suivent au moins une fois
par semaine (89,6%) représentent les proportions les plus faibles.
Ce résultat semble confirmer le rôle joué
par les médias dans la sensibilisation et la prévention des
IST/VIH/SIDA.
IV-1-3-2
Caractéristiques économiques
i) Niveau de vie du
ménage
Le niveau de vie du ménage est
associé à la non-utilisation des condoms aux derniers rapports
sexuels au seuil de 1%. On observe que la proportion des adolescents n'ayant
pas utilisé les condoms lors des derniers rapports sexuels diminue
à mesure que s'améliorent les conditions de vie des
ménages bien que cette variation est presque nulle entre les
ménages de niveau de vie faible et ceux de niveau de vie moyen. En
effet, cette proportion est de 99,2% chez les adolescents vivant dans les
conditions de vie faible contre 92,8% chez ceux vivant dans les ménages
de niveau de vie élevé. Les adolescents qui vivent dans les
ménages de niveau de vie moyen occupent la position intermédiaire
avec une proportion de 99,8%.
ii) Connaissances des
IST/VIH/SIDA
a) Niveau de connaissance des
IST/VIH/SIDA
Le niveau de connaissance des IST/VIH/SIDA est
significativement associé à la non-utilisation du condom au
dernier rapport sexuel au seuil de 1%. Celui ci influence positivement la
non-utilisation des condoms aux derniers rapports sexuels. En effet, les
adolescents n'ayant aucune connaissance des IST/VIH/SIDA sont
proportionnellement plus nombreux à n'avoir pas utilisé les
condoms lors de leurs derniers rapports sexuels (98,1%). Par contre, les
adolescents ayant une connaissance élevée des IST/VIH/SIDA sont
ceux qui ont plus utilisé les condoms au cours de leurs derniers
rapports sexuels (90,3%). Ceux ayant une connaissance partielle de ces maladies
occupent la position intermédiaire (94,5%).
b) Connaissance du condom
comme moyen de prévention des IST/VIH/SIDA
La connaissance du condom comme moyen de prévention des
IST/VIH/SIDA est significativement associée à la non-utilisation
du condom au dernier rapport sexuel au seuil de 1%. La relation entre la
connaissance du condom comme moyen de prévention des ITS/VIH/SIDA et son
utilisation aux derniers rapports sexuels va dans le sens attendu. En effet, la
proportion des adolescents n'ayant pas recouru aux condoms lors des derniers
rapports sexuels est moins élevée chez ceux qui les connaissent
(86,0%) que chez ceux qui l'ignorent (98,0%).
c) Connaissance de la
"fidélité" à un partenaire non infecté comme moyen
de prévention des IST/VIH/SIDA
La connaissance de la "fidélité" à un
partenaire non infecté comme moyen de prévention des
IST/VIH/SIDA est la seule variable qui n'est pas associée à la
non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel parmi toutes nos variables
retenues. Néanmoins, on observe que ce sont les
adolescents qui savent que la fidélité à un seul
partenaire non infecté est un moyen de prévention des
IST/VIH/SIDA qui recourent moins aux condoms (95,9%) contrairement a leurs
confrères ceux qui l'ignorent (95,3%).
d) Connaissance de la
transmission sexuelle
La connaissance de la transmission sexuelle est
significativement associée à la non-utilisation du condom au
seuil de 1%. On voit que ce sont les adolescents qui ne savent pas que le SIDA
se transmet par voie sexuelle qui recourent moins au condom (96,2%) par rapport
à ceux qui le savent (87,2%).
Tableau 4-1 : Variations
des comportements sexuels des adolescents selon les
caractéristiques
socioculturelles et économiques
|
Age aux premiers rapports sexuels (%)
|
Multipartenariat sexuel (%)
|
Non-utilisation des condoms
aux derniers rapports sexuels (%)
|
<= 16 ans
|
> 16 ans
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Ethnie
|
***
|
***
|
***
|
- Djerma/Songhai
|
54,0
|
46,0
|
46,5
|
53,5
|
7,0
|
93,0
|
- Haoussa
|
49,3
|
50,7
|
44
|
56,0
|
1,7
|
98,3
|
- Kanouri
|
70,2
|
29,8
|
49,5
|
52,5
|
9,6
|
90,4
|
- Peul
|
49,3
|
50,7
|
48,6
|
51,4
|
4,9
|
95,1
|
- Touareg
|
65,9
|
34,1
|
63,5
|
36,5
|
4,1
|
95,9
|
- Autres ethnies
|
57,4
|
42,6
|
72
|
28
|
7,9
|
92,1
|
Milieu de socialisation
|
Ns
|
***
|
***
|
- Capitale/grandes villes
|
53,0
|
47,0
|
38,4
|
61,6
|
21,9
|
78,1
|
- Petites villes
|
57,8
|
42,2
|
47,5
|
52,5
|
11,6
|
88,4
|
- Campagnes
|
58,7
|
41,3
|
59,8
|
40,2
|
1,1
|
98,9
|
Milieu de résidence
|
**
|
***
|
***
|
- Urbain
|
53,8
|
46,2
|
48
|
62
|
15,1
|
84,9
|
- Rural
|
60,2
|
39,8
|
64
|
36
|
1,1
|
98,9
|
Niveau d'instruction
|
***
|
***
|
***
|
- Sans niveau
|
59,1
|
40,9
|
69
|
31
|
0,9
|
99,1
|
- Primaire
|
60,6
|
39,4
|
44
|
56
|
6,9
|
93,1
|
- Secondaire et plus
|
48,7
|
51,3
|
24
|
76
|
30,7
|
69,3
|
Fréquence d'exposition à la
radio
|
Ns
|
**
|
***
|
- Pas du tout
|
61,8
|
38,2
|
58
|
42
|
0,2
|
99,8
|
- Moins d'1fois/semaine
|
54,9
|
45,1
|
46
|
54
|
0,9
|
99,1
|
- Au moins 1fois/semaine
|
58,3
|
41,7
|
45
|
55
|
4,8
|
95,2
|
- Chaque jour
|
54,9
|
45,1
|
56
|
44
|
8,2
|
91,8
|
Fréquence d'exposition à la
télévision
|
Ns
|
***
|
***
|
- Pas du tout
|
60,3
|
39,7
|
65
|
35
|
0,8
|
99,2
|
- Moins d'1 fois/semaine
|
47,1
|
52,9
|
40
|
60
|
4,5
|
95,5
|
- Au moins 1 fois/semaine
|
59,3
|
40,7
|
29
|
71
|
10,4
|
89,6
|
- Chaque jour
|
52,4
|
47,6
|
35
|
65
|
25,0
|
75,0
|
Condition de vie du ménage
|
Ns
|
***
|
***
|
- Faible
|
61,1
|
38,9
|
73
|
27
|
0,8
|
99,2
|
- Moyen
|
58,9
|
41,1
|
59
|
41
|
0,1
|
99,8
|
- Elevé
|
53,3
|
46,9
|
32
|
68
|
7,2
|
92,8
|
Ensemble
|
51,52
|
48,48
|
55,7
|
44,3
|
3,8
|
96,2
|
Seuil de signification :
*** significatif à 1% ;
** significatif à 5% ;
* significatif à 10% ;
Ns Non significatif
|
Tableau 4-2 : Variations
des comportements sexuels des adolescents selon leurs
Connaissances sur les IST/VIH/SIDA
Variables
|
Age aux premiers rapports sexuels (%)
|
Multipartenariat sexuel (%)
|
Non-utilisation des condoms
aux derniers rapports sexuels (%)
|
<= 16 ans
|
> 16 ans
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Connaissance des IST/VIH/SIDA
|
|
***
|
***
|
- Aucune
|
|
|
59,9
|
40,1
|
1,9
|
98,1
|
- Partielle
|
|
|
49,6
|
50,4
|
5,5
|
94,5
|
- Elevée
|
|
|
44,1
|
55,9
|
9,7
|
90,3
|
Connaissance du condom comme moyen de
prévention des IST/VIH/SIDA
|
|
***
|
***
|
- Non
|
|
|
66,3
|
33,7
|
2,0
|
98,0
|
- Oui
|
|
|
43,3
|
56,7
|
14,0
|
86,0
|
Sait que la fidélité est un moyen de
prévention du VIH/SIDA
|
|
**
|
Ns
|
- Non
|
|
|
43,2
|
56,8
|
4,7
|
95,3
|
- Oui
|
|
|
53,3
|
46,7
|
4,1
|
95,9
|
Sait que le VIH/SIDA se transmet par voie
sexuelle
|
|
***
|
***
|
- Non
|
|
|
43,8
|
56,2
|
3,8
|
96,2
|
- Oui
|
|
|
52,4
|
47,6
|
12,8
|
87,2
|
Ensemble
|
51,52 48,48
|
55,7 44,3
|
3,8 96,2
|
Seuil de signification :
*** significatif à 1% ;
** significatif à 5% ;
* significatif à 10% ;
Ns Non significatif
|
Source : Traitement des
données de l'EDSN-MICS-III, Niger 2006.
IV-1-4 Catégorisation
des adolescents selon leurs comportements sexuels
IV-1-4-1
Caractérisation des axes factoriels
Nous allons considérer le premier plan axe factoriel
qui explique la plus grande contribution des variables et qui va nous permettre
de définir les grands groupes caractérisant les adolescents par
rapport à leurs comportements sexuels. Pour mieux caractériser
les deux axes factoriels, nous allons utiliser la contribution de l'axe i
à la variance du point j (CTR) et sa contribution à la variance
expliquée par l'axe i (CTA). Ainsi pour interpréter un axe, on
utilisera les modalités pour lesquelles les CTRi sont les plus fortes
(ce sont celles ayant joué le plus grand rôle dans son
positionnement). A partir de la matrice de configuration (annexe E), nous avons
élaboré le tableau 3.3 qui présente la contribution des
variables-modalités à l'inertie des axes factoriels.
Tableau 4-3 : Contribution des
points-modalités à l'inertie des axes factoriels
Premier axe factoriel
|
Deuxième axe factoriel
|
Les variables ayant contribuées au
positionnement de l'axe 1
|
Position de la variable sur l'axe 1
|
Les variables ayant contribuées au
positionnement de l'axe 2
|
Position de la variable sur l'axe 2
|
OSEX
|
+
|
HAOU
|
-
|
SOCC
|
-
|
KANU
|
+
|
RRAL
|
-
|
DJER
|
-
|
INS0
|
-
|
TOUA
|
+
|
INS2
|
+
|
AUTN
|
+
|
TV0
|
-
|
NSEX
|
-
|
TV3
|
+
|
NFEP
|
+
|
NCDM
|
-
|
FPAR
|
-
|
OCDM
|
+
|
SOCG
|
-
|
NPAR
|
-
|
SOCV
|
+
|
OPAR
|
+
|
RURB
|
+
|
NUNI
|
+
|
INSO1
|
-
|
OUNI
|
-
|
RADO
|
+
|
OUTC
|
+
|
NUTC
|
+
|
Source : Traitement des
données de l'EDSN-MICS-III, Niger 2006.
Dans la partie positive du premier axe factoriel, on retrouve
les adolescents de niveau d'instruction secondaire ou plus, qui suivent chaque
jour la télévision et qui savent que le condom est un moyen de
prévention contre les IST/VIH/SIDA. Les adolescents appartenant à
ce groupe ne vivent pas en union, ont eu d'autres partenaires sexuels
occasionnels en dehors du partenaire régulier, savent que le SIDA se
transmet par voie sexuelle et ont utilisé le condom lors de leur dernier
rapport sexuel. Dans la partie négative de cet axe, on retrouve les
adolescents vivant en milieu rural, ayant passé les douze
dernières années de leur vie dans ce milieu, n'ayant pas du tout
été exposés à la télévision et qui ne
savent pas que le condom est un moyen de prévention contre les
IST/VIH/SIDA.
Le deuxième axe factoriel oppose dans sa partie
négative les adolescents des groupes ethniques "Haoussa",
"Djerma/songhaï", de niveau primaire, qui ne savent pas que le
SIDA se transmet par voie sexuelle, qui restent fidèles à un seul
partenaire sexuel et qui ont été socialisés dans la
capitale Niamey ou dans une autre grande ville. Dans sa partie positive, on
retrouve les groupes ethniques "Touareg", "Kanouri" et
"Autres ethnies", qui ne sont pas fidèles à un seul
partenaire sexuel, résidant en milieu urbain, ayant passé les
douze dernières années de leur vie dans une petite ville, qui
n'écoutent du tout la radio et qui n'ont aucune connaissance sur les
IST/VIH/SIDA.
IV-1-4-2 Profils des
adolescents selon leurs comportements sexuels
Le graphique 3.1 ci-dessous permet de mettre en relief trois
groupes d'adolescents caractérisés selon leurs comportements
sexuels. Le premier groupe est composé des adolescents qu'on retrouve
à la partie positive du premier axe et à la partie
négative du deuxième axe. Le second groupe est
délimité par le côté négatif du premier axe
factoriel et le côté positif du second axe factoriel. Le
troisième groupe se trouve à l'opposé du deuxième
groupe.
Le premier groupe (G-I) est celui des adolescents qui ont eu
précocement leurs premiers rapports, qui n'ont pas eu d'autres
partenaires sexuels en dehors de leurs partenaires sexuels habituels au cours
des douze derniers mois. Ceux-ci ne savent pas que le condom est un moyen de
prévention des IST/VIH/SIDA et ne l'ont pas utilisé lors de leurs
derniers rapports sexuels. Les adolescents appartenant à ce groupe ne
savent pas que le SIDA se transmet par voie sexuelle, résident en milieu
rural et ils ont passé les douze premières années de leur
vie dans ce milieu. Ces derniers n'ont aucun niveau d'instruction, vivent dans
les ménages de niveau de vie faible ou moyen. Ces adolescents ne sont ni
exposés à la radio, ni exposés à la
télévision. Par conséquent, ils n'ont aucune connaissance
des IST/VIH/SIDA. C'est au sein de ce groupe qu'on retrouve la plus grande
proportion des adolescents vivant en union et ceux qui appartiennent à
la tranche d'age 15-19 ans.
Le deuxième groupe (G-II) est celui des adolescents qui
ont eu tardivement leurs premiers rapports sexuels. Ces adolescents sont de
niveau primaire, savent que le SIDA se transmet par voie sexuelle, ont
passé les douze premières années de leur vie à
Niamey, la capitale ou dans une autre grande ville du pays. C'est au sein de ce
groupe qu'on retrouve les adolescents qui ont une connaissance partielle des
IST/VIH/SIDA. Cependant ils savent que le condom permet d'éviter les
IST/VIH/SIDA. Les adolescents de ce groupe écoutent la radio et suivent
la télévision moins d'une fois par semaine.
Enfin, le troisième groupe (G-III) est celui qui
caractérise les adolescents ayant utilisé le condom lors de leur
dernier rapport sexuel et qui ont eu d'autres partenaires sexuels en dehors du
partenaire habituel. Ces jeunes adolescentes résident en milieu urbain,
sont de niveau d'instruction secondaire ou supérieur, ont une
connaissance élevée des IST/VIH/SIDA, et sont âgés
de 20 à 24 ans. Ces adolescents suivent régulièrement la
télévision et c'est au sein de ce groupe qu'on retrouve les
adolescents qui ne vivent pas en union.
Graphique 4.1: Premier plan
factoriel de l'analyse des correspondances multiples (EDSN-MICS-III, Niger
2006)
AXE HORIZONTAL (1) -- AXE VERTICAL (2) --TITRE:
COMPORTEMENTS SEXUELS A RISQUES DES ADOLESCENTS
NOMBRE DE POINTS : 47 ==ECHELLE : 4 CARACTERE(S) = .118
1 LIGNE = .049
+-----------NFEP------------2+-------------------------------------------+ 0
01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! ! TOUA
! 0 01
G -III
! !
! 0 01
! !
! 0 01
AUTN !
OUTC! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
KANU !
! 0 01
G -I
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! RAD0 ! RURB
INS2! 1 01
! ! SOCV
TV3 ! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! NCDM ! PEUL TV2
! 0 01
! !
OPAR ! 0 01
! PREC! AGE2
NUNI NELV ! 0 01
! !
! 0 01
! INS0 ! RAD3
! 0 01
1+---------------NMOY--------+-------------------------------------------+ 0
01
! TV0 NUTC!
OSEX ! 0 01
NFAI NPAR !
NPRE CELV ! 1 01
G -II
OUNI AGE1 RAD2
! 1 01
! !
! 0 01
! ! RAD1CPTL OCDM
! 0 01
! RRAL ! TV1
! 0 01
! !
! 0 01
! ! INS1
! 0 01
! !
! 0 01
! NSEX ! DJER
! 0 01
! ! SOCG
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! ! MASC
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! ! HAOU
! 0 01
! !
! 0 01
! FPAR
! 0 01
+---------------------------+-------------------------------------------+ 0
01
NOMBRE DE POINTS SUPERPOSES : 3 CAUC (RAD0) NPAR (SOCC)
FEME (RAD2)
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