DEDICACE
A la mémoire de mon frère MODIELI Aboubacar
Sidikou, ancien étudiant de l''IFORD et de ma soeur MODIELI Amadou
Maimouna que Dieu a rappelés à Lui ;
A mon père MODIELI AMADOU, à qui je dois
tout ;
A ma mère Mme TANTAMA Goulgoul, à qui je ne
pourrais jamais rendre le millième de ce qu'elle a fait pour
moi ;
A ma grand-mère HAJIA Fadjimata, dernière
survivante de mes grands parents pour son affection et ses multiples
prières et bénédictions qui m'accompagnent ;
A ma grand-mère HAJIA Kounoukou que Dieu a rappelée
à lui ;
A tous mes frères et soeurs.
REMERCIEMENTS
Au terme de nos premiers pas dans la recherche en sciences
sociales et notamment en démographie, nous tenons à remercier
tous ceux qui, de près ou de loin ont contribué à la
réalisation de ce mémoire.
Nos remerciements vont à l'endroit de celui-là
même qui, malgré ses multiples occupations n'a
ménagé aucun effort pour donner à cette oeuvre une valeur
scientifique à travers une rigueur dans la démarche. Docteur
TOLNO Fassa Daniel, nous vous remercions pour l'amour du travail et de la
recherche inculqué. Vous avez été plus qu'un directeur de
mémoire.
Nous aimerons exprimer notre vive reconnaissance au Docteur
MIMCHE Honoré, pour ses lectures et critiques pertinentes de ce
document.
Nous aimerons, par ailleurs, exprimer notre vive
reconnaissance au Docteur KAMDEM KAMGNO Hélène, avec qui nous
avons commencé ce travail, pour ses lectures et critiques pertinentes.
De même que pour sa parfaite coordination des activités
académiques, grâce à laquelle ce travail a pu s'achever.
Nos remerciements vont également à l'adresse de
tout le corps enseignant et administratif de l'IFORD, notamment à
l'endroit de la Directrice Exécutive le Professeur ANNAN YAO Elizabeth
et du Directeur des Etudes et de la Formation le Professeur EVINA Akam, dont
les contributions ont été importantes pour notre formation.
Nous adressons aussi nos remerciements à l'Institut
National de la Statistique du Niger pour les efforts déployés
afin que notre formation soit possible. Nos remerciements vont
particulièrement à l'endroit du Directeur Mr BEIDOU
Abdoullahi.
A la famille ZOCLI Nicaise pour tout le soutien qu'elle n'a
cessé de m'apporter ;
A mes compatriotes DAN AOUDE Sani et SOUMANA
Issoufou ;
A NIGNAN Gafarou, MAMADOU Saliou Barry, DERRA Karim, KALTSAM
MAGRAMA Albert, ZRA Issa qui, plus que des amis, furent des frères pour
moi ;
A tous les étudiants de la 28ème
promotion, nous adressons nos remerciements pour leur collaboration et l'esprit
de travail qui a prévalu tout au long de notre formation.
Nos remerciements s'adressent enfin à tous ceux qui ont
contribué à la réussite de ce travail et dont les noms ne
figurent pas ici.
ENGAGEMENT
Il est d'usage que les futurs
démographes présentent un mémoire de fin d'études
à l'IFORD destiné à :
Ø Tester leurs aptitudes à sélectionner
une bibliographie ;
Ø Juger de leurs capacités dans le traitement et
l'analyse des données ainsi que dans l'interprétation des
résultats obtenus, éventuellement dans leur contexte
socio-économique et culturel ;
Ø Et juger de leur aptitude à la
rédaction.
C'est dans ce cadre que nous nous sommes
intéressés à la recherche des déterminants des
comportements sexuels à risque d'infection aux IST/VIH/SIDA chez les
adolescents au Niger.
La voie sexuelle étant le principal mode de
transmission du SIDA, le lecteur sera peut-être frappé par la
fréquence de l'usage des expressions "échanges sexuels",
"comportements sexuels à risque", "rapports sexuels non
protégés avec des partenaires occasionnels" etc.
Mais la pudeur peut elle encore de mise en sciences ?
n'est-ce pas cette même pudeur qui a longtemps contribué - et qui
le fait encore - à la vulnérabilité de notre jeune
génération ?
Cette étude qui, du reste, constitue nos premiers pas
en sciences sociales, nous a permis, entre autres, de sortir de notre position
antérieure à l'égard de la démographie. En effet,
en tant que mathématicien- statisticien, nous regardions cette
discipline comme "de la littérature", sans aucune scientificité.
Ce mémoire tout au long duquel nous avons découvert la
nécessité de la pluridisciplinarité en sciences, n'a fait
que parachever l'oeuvre commencée par Pr. EVINA Akam, Directeur des
Etudes et de la Formation à l'IFORD, et tout le corps enseignant de
l'IFORD, qui dès le début de notre formation, se sont
attelés à nous montrer l'importance du "social scientist".
Les opinions émises dans le présent
mémoire sont propres à l'auteur et ne sauraient en aucun cas
engager l'Institut de Formation et de Recherches Démographiques
(IFORD).
SOMMAIRE
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
ENGAGEMENT
iv
LISTE DES ABREVIATIONS
ix
LISTE DES TABLEAUX
xi
LISTE DES FIGURES ET DES GRAPHIQUES
xii
RESUME
xiii
INTRODUCTION GENERALE
1
CHAPITRE I CONTEXTE DE L'ETUDE
7
I-1 Cadre géographique
7
I-2 Caractéristiques
démographiques
9
I-3 Caractéristiques
socio-économiques
10
I-4 Environnement social
14
I-5 Situation sanitaire
15
I-6 Politique sanitaire et lutte contre le
VIH/SIDA
16
I-7 VIH/SIDA dans le monde et au Niger
21
I-7-1 Définition du VIH/SIDA
21
I-7-2 Modes de transmission
21
I-7-2-1 Transmission sexuelle
21
I-7-2-2 Transmission materno-infantile
22
I-7-2-3 Transmission sanguine
22
I-7-3 Situations épidémiologiques
23
I-8 Conséquences du VIH/SIDA
31
I-8-1 Conséquences démographiques
31
I-8-2 Conséquences sociales
33
I-8-3 Conséquences économiques
35
SYNTHESE PARTIELLE
38
CHAPITRE II CADRE THEORIQUE
39
II-1 Revue de la littérature
39
II-1-1 Approches explicatives des comportements
sexuels à risque des adolescents
39
II-1-1-1 Approche socio-culturelle
39
i) Ethnie
42
ii) Religion
45
iii) Milieu de résidence
47
iv) Niveau d'instruction
49
II-1-1-2 Approche socioéconomique
50
II-1-1-3 Approche institutionnelle
52
II-2 Cadre conceptuel
53
II-2-1 Hypothèse générale
53
II-2-2 Schéma conceptuel
54
II-2-3 Définition des concepts
56
II-2-3-1 Adolescence
56
II-2-3-2 Comportement sexuel à risque
58
II-2-3-3 Milieu socio-culturel
58
II-2-3-4 Milieu socio-économique
59
II-2-3-5 Connaissances sur le VIH/SIDA
59
II-2-3-6 Exposition aux sources d'information
59
II-3 Cadre analytique et hypothèses
spécifiques
59
II-3-1 Variables dépendantes
59
II-3-1-1 Age aux premiers rapports sexuels
59
II-3-1-2 Multipartenariat sexuel
60
II-3-1-3 Non-utilisation du condom au dernier
rapport sexuel
60
II-3-2 Variables indépendantes
60
II-3-2-1 Variables opérationnelles du milieu
socio-culturel
60
i) Ethnie
60
ii) Religion
61
iii) Milieu de socialisation
61
iv) Milieu de résidence
61
v) Niveau d'instruction
61
vi) Fréquence d'exposition aux medias
62
II-3-2-2 Variables opérationnelles des
connaissances des IST/VIH/SIDA
62
i) Niveau de connaissances des
IST/VIH/SIDA
62
ii) Connaissance du condom comme moyen de
prévention des IST/VIH/SIDA
62
II-3-2-3 Variables opérationnelles du milieu
socio-économique
62
II-3-3 Variables de contrôle
65
II-3-4 Hypothèses spécifiques
65
SYNTHESE PARTIELLE
68
CHAPITRE III ASPECTS METHODOLOGIQUES
69
III-1 Présentation des données
69
III-1-1 Source de données
69
III-1-2 Objectifs de l'EDSN-MICS-III
69
III-1-3 Echantillonnage
70
III-1-4 Questionnaire de l'enquête
72
III-1-4-1 Questionnaire Ménage
73
III-1-4-2 Questionnaire Individuel Femme
74
III-1-4-3 Questionnaire Individuel Homme
74
III-2 Evaluation de la qualité des
données
75
III-2-1 Evaluation de la qualité des
données relatives à l'âge
75
III-2-2 Evaluation des données sur
l'âge au premier rapport sexuel
77
III-2-3 Taux de couverture des variables de
l'étude
79
III-3 Distribution des variables
81
III-3-1 Variables socioculturelles
81
III-3-1-1 Ethnie
81
III-3-1-2 Milieu de socialisation
81
III-3-1-3 Milieu de résidence
82
III-3-1-4 Niveau d'instruction
82
III-3-2 Exposition aux médias et le niveau
de vie
83
III-3-2-1 Fréquence d'exposition à la
radio
83
III-3-2-2 Fréquence d'exposition à la
télévision
83
III-3-2-3 Niveau de vie
83
III-3-3 Connaissances relatives aux
IST/VIH/SIDA
84
III-3-4 Comportements sexuels à risque
85
III-4 Méthodes d'analyse
86
III-4-1 Analyse descriptive
86
III-4-2 Analyse explicative
87
SYNTHESE PARTIELLE
90
CHAPITRE IV ESSAI D'IDENTIFATION DES
DETERMINANTS DES COMPORTEMENTS SEXUELS A RISQUE CHEZ LES ADOLESCENTS
91
IV-1 Variations des comportements sexuel à
risque chez les adolescents
91
IV-1-1 Age aux premiers rapports sexuels
91
IV-1-1-1 Caractéristiques
socio-culturelles
91
i) Ethnie
91
ii) Milieu de socialisation
92
iii) Milieu de résidence
92
iv) Niveau d'instruction
92
vi) Fréquence d'exposition à la
radio
92
vii) Fréquence d'exposition à la
télévision
93
IV-1-1-2 Caractéristiques
économiques
93
i) Niveau de vie du ménage
93
IV-1-2 Multipartenariat sexuel au cours des douze
derniers mois
93
IV-1-2-1 Caractéristiques
socio-culturelles
94
i) Ethnie
94
ii) Milieu de socialisation
94
iii) Milieu de résidence
94
iv) Niveau d'instruction
95
vi) Fréquence d'exposition à la
radio
95
vii) Fréquence d'exposition à la
télévision
95
IV-1-2-2 Caractéristiques
économiques
95
i) Niveau de vie du ménage
95
ii) Connaissances des IST/VIH/SIDA
96
a) Niveau de connaissance des IST/VIH/SIDA
96
b) Connaissance du condom comme moyen de
prévention des IST/VIH/SIDA
96
c) Connaissance de la "fidélité"
à un partenaire non infecté comme moyen de prévention des
IST/VIH/SIDA
96
d) Connaissance de la transmission sexuelle
97
IV-1-3 Non-utilisation du condom au dernier rapport
sexuel
97
IV-1-3-1 Caractéristiques
socioculturelles
97
i) Ethnie
97
ii) Milieu de socialisation
97
iii) Milieu de résidence
98
iv) Niveau d'instruction
98
v) Fréquence d'exposition à la
radio
98
vi) Fréquence d'exposition à la
télévision
99
IV-1-3-2 Caractéristiques
économiques
99
i) Niveau de vie du ménage
99
ii) Connaissances des IST/VIH/SIDA
99
a) Niveau de connaissance des IST/VIH/SIDA
99
b) Connaissance du condom comme moyen de
prévention des IST/VIH/SIDA
100
c) Connaissance de la "fidélité"
à un partenaire non infecté comme moyen de prévention
des IST/VIH/SIDA
100
d) Connaissance de la transmission sexuelle
100
IV-1-4 Catégorisation des adolescents selon
leurs comportements sexuels
102
IV-1-4-1 Caractérisation des axes
factoriels
102
IV-1-4-2 Profils des adolescents selon leurs
comportements sexuels
104
SYNTHESE PARTIELLE
107
IV-2 Essai d'explication de la variation des
déterminants des comportements sexuels à risque
109
IV-2-1 Déterminants de la non-utilisation
des condoms aux derniers rapports sexuels
114
IV-2-2 Contribution des variables à l'explication de
la variation de la non-utilisation du condom chez les adolescents de 15-24 ans
114
V-2-2-1 Méthodologie
114
V-2-2-2 Hiérarchisation des facteurs
114
IV-2-3 Synthèse des résultats
115
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMAMDATIONS
119
BIBLIOGRAPHIE
129
ANNEXES
i
LISTE DES
ABREVIATIONS
BM : Banque Mondiale
CEFORP : Centre de Formation et de
Recherche en matière de Population
CEPED : Centre français sur la
Population et le Développement
CERPOD : Centre d'Etude et de Recherche
sur la Population et le Développement
CISLS : Coordination Intersectorielle de
Lutte contre les IST/VIH/SIDA
CNLS : Comité National de lutte contre
le SIDA
CP : Comité de Pilotage
CSI : Centre de Santé
intégré
CSN : Cadre Stratégique
National
DPSS : Déclaration de Politique
Sectorielle de Santé
DSRP : Document de Stratégies de
la Réduction de la Pauvreté
EDSN-MICS-III : Enquête
Démographique et de Santé et à Indicateurs Multiples,
Niger 2006
FMI : Fonds Monétaire
International
IDH : Indice de Développement
Humain
INS : Institut National de la
Statistique
IST : Infections Sexuellement
Transmissibles
MST : Maladies Sexuellement
Transmissibles
OMD : Objectifs du Millénaire
pour le Développement
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONUSIDA : Programme commun des Nations
Unies pour la lutte contre le VIH/SIDA
PCT : Plan à Court Terme
PNDS : Plan National de
Développement Sanitaire
PMI : Protections Maternelle et
Infantile
PMT : Plan à Moyen Terme
multisectoriel
PNLS : Programme National de Lutte
contre le SIDA
PPTE : Pays Pauvres Très
Endettés
PNUD : Programme des Nations Unies pour
le Développement
RDH : Rapport de Développement
Humain
RGPH : Recensement Général
de la Population et de l'Habitat
SDRP : Stratégie de
Développement et de Réduction de la Pauvreté
SIDA : Syndrome de l'Immuno
Déficience Acquise
SNIS : Système National
d'Information Sanitaire
SSP : Soins de Santé Primaires
UEMOA : Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine
UNFPA: United Nations Population Fund
USAID: United State Agency International of
Development
VIH : Virus de l'Immunodéficience
Humaine
ZD : Zone de Dénombrement
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1.1 :
Prévalence (%) du VIH chez les jeunes de 15 à 24 ans selon le
sexe en 2003
24
Tableau 1.2 :
Situations épidémiologiques des cas du SIDA au Niger de 1987
à 2006.
29
Tableau 1.3 :
Prévalence du VIH parmi les jeunes de 15-24 ans selon certaines
caractéristiques socio-démographiques
30
Tableau 2.1:
Caractéristiques des ménages des différents niveaux de vie
66
Tableau 2.2: Variables
opérationnelles des différents concepts
66
Tableau 3.1: Taille et taux
de couverture de l'échantillon
72
Tableau 3.2:
Répartition par âge des adolescents de 15 à 24 ans dans
l'échantillon
76
Tableau 3.3:
Répartition des adolescents de 15 à 24 ans selon leur âge
au premier
78
rapport sexuel
78
Tableau 3.4: Taux de
couverture des variables de l'étude
79
Tableau 3.5 :Répartition
des adolescents selon les variables socio-culturelles
82
Tableau 3.6
:Répartition des adolescents selon la fréquence d'exposition aux
médias et le niveau de vie du ménage
84
Tableau 3.7:
Répartition des adolescents selon leurs connaissances relatives aux
85
IST/VIH/SIDA
85
Tableau 3.8:
Répartition des adolescents selon leurs comportements sexuels
86
Tableau 4-1 :
Variations des comportements sexuels des adolescents selon les
101
caractéristiques socioculturelles et
économiques
101
Tableau 4-2 :
Variations des comportements sexuels des adolescents selon leurs
102
Connaissances sur les IST/VIH/SIDA
102
Tableau 4-3 :
Contribution des points-modalités à l'inertie des axes
factoriels
103
Tableau 5-1 :
Résultats de la régression logistique (à-pas croissant) du
risque relatif, contrôlé par l'âge, chez les adolescents de
15-24 ans de la non-utilisation des condoms aux derniers rapports
sexuels.
112
Tableau 5-1 :
Hiérarchisation des déterminants selon leur contribution à
l'explication des variations de la non-utilisation des condoms aux derniers
rapports sexuels chez les adolescents de 15-24 ans
115
Tableau 5-2 : Tableau
récapitulatif des risques relatifs de la non-utilisation des condoms
aux derniers rapports sexuels chez les adolescents de 15-24 ans
117
LISTE DES FIGURES ET DES
GRAPHIQUES
Figure 1.1 : Carte
administrative du Niger
8
Graphique 1.1 :
Distribution des jeunes de 15-24 ans vivant avec le VIH-SIDA en fin 2003
26
Graphique 1.2 :
Distribution du taux de séroprévalence de l'infection à
VIH selon les tranches d'âge et le sexe au Niger en 2006
28
Graphique 1.3 : Taux
de prévalence selon les catégories d'âge
28
Figure 2.1 :
Schéma conceptuel d'explication des comportements sexuels à
risque des jeunes et des adolescents de 15-24 ans
55
Figure 2-2 :
Schéma d'analyse de l'étude
67
Graphique 3.1: Répartition de la population
par âge et par sexe au moment de l'enquête.
76
Graphique 3.2:
Répartition de la population par groupe d'âge quinquennaux et par
sexe au moment de l'enquête
77
Graphique 4.1: Premier plan
factoriel de l'analyse des correspondances multiples (EDSN-MICS-III, Niger
2006)
106
RESUME
Le Niger a l'un des taux de prévalence au VIH/SIDA les
plus faibles1(*) au monde et
de la sous-region ouest africaine en particulier. Cependant, malgré la
faiblesse de ce taux, le pays présente un profil général
qui peut favoriser une explosion de la pandémie du SIDA. Les facteurs
susceptibles d'entraîner cette explosion sont : la pauvreté
rampante engendrée par des phénomènes
socio-économiques et certains comportements à risque mis en
exergue par les rares études comportementales2(*) réalisées dans le
pays.
L'objectif de cette étude est de contribuer à
l'amélioration de l'état des connaissances des facteurs
explicatifs des comportements sexuels à risque des adolescents au Niger,
c'est-à-dire chez les individus des deux sexes âgés de 15
à 24 ans. Nous avons émis l'hypothèse selon laquelle, le
milieu socio-économique et le milieu socio-culturel influencent
directement ou indirectement les comportements sexuels des jeunes et des
adolescents à travers leur exposition aux sources d'information et
leurs connaissances sur le VIH/SIDA.
L'aspect des comportements sexuels à risque retenu dans
le cadre de cette étude au niveau de l'analyse multivariée est la
non-utilisation des condoms aux derniers rapports sexuels. L'analyse repose sur
les données de l'EDS-MICS-III.
Les analyses multivariées à partir de la
régression logistique ont confirmé l'hypothèse selon
laquelle les conditions de vie des jeunes et des adolescents influencent la
non-utilisation des condoms. Par ailleurs, l'ethnie, la connaissance du condom
comme moyen de prévention contre les IST/VIH/SIDA et le niveau
d'instruction se sont révélés significativement
associés à la non-utilisation du condom chez les jeunes et les
adolescents.
Toutes choses étant égales par ailleurs, les
résultats de nos études montrent que l'environnement
socio-culturel et économique prédispose les adolescents à
l'adoption des comportements sexuels à risque. Ils suggèrent
à cet effet que le cadre logique des interventions prend en compte des
activités d'ordre économique comme celles visant à
réduire la pauvreté et qu'il intègre les stratégies
pour le changement de comportement.
INTRODUCTION GENERALE
« Le problème de la santé
reproductive des adolescents dans le
Sahel est urgent, complexe et sensible et les solutions sont
loin d'être évidentes » (CERPOD, 1996).
Pendant des générations, le mystère le
plus complet a régné sur la sexualité : elle était
fortement imprégnée de peur, d'angoisse, ce qui lui donnait un
contexte dramatique (Vellay, 1979 :13) et faisait de la
sexualité l'un des sujets ou phénomènes de
société les plus sensibles de l'époque. Cette
sensibilité a constitué un obstacle à la production
scientifique dans ce domaine. Jusqu'aux décennies 1980-90, très
peu d'efforts ont été fournis pour la production statistique
publique dans le domaine de la sexualité. Il a fallu attendre
l'émergence du SIDA avec ses corollaires (forte mortalité,
problèmes de la santé de reproduction) pour voir les
démographes notamment, accorder de l'intérêt à
l'étude de la sexualité. Ce développement scientifique a
été surtout renforcé par le paradigme de la «
Santé de la Reproduction » promu par la Conférence
Internationale sur la Population et le Développement en 1994 au Caire en
Egypte.
Le SIDA restera longtemps, comme la plus grave
pandémie qu'ait connu le vingtième siècle. En effet, nulle
autre maladie n'a touché simultanément autant de pays. Bien
plus, le SIDA intervient au cours d'une période où la
mortalité a fortement diminué dans les pays industrialisés
et très légèrement dans les pays en voie de
développement. Il provoque " la panique " dans le monde en
réduisant, chez les uns l'assurance d'une espérance de vie
élevée, et anéantissant chez les autres tous les efforts
consacrés à la réduction de la mortalité (Mboup,
1989, 12-21).
Dans les pays en voie de développement,
particulièrement les pays d'Afrique sub-saharienne, l'apparition de la
maladie a coïncidé avec une période de forte
récession économique et de profondes transformations sociales. Le
SIDA est venu anéantir les capacités déjà fort
limitées des infrastructures sanitaires de ces pays à prendre les
malades en charge.
L'infection à VIH a commencé à devenir
une épidémie, voire une endémie, le début des
années 1980. En deux décennies, sa propagation s'est
effectuée selon une très forte progression marquée par une
"tiers-mondialisation" du fléau. Ainsi la grande majorité des
personnes infectées par le VIH vit dans le monde en développement
(ONUSIDA, 1999). Le continent africain est la région la plus
affectée par l'épidémie, notamment sa partie subsaharienne
qui regroupe plus de 68% du nombre estimé des personnes vivant avec le
VIH à la fin de l'année 2006 (ONUSIDA, 2007).
Les personnes atteintes n'appartiennent pas à des
groupes isolés mais font partie des jeunes actifs de la population
générale. D'où l'impact de l'infection en termes de pertes
humaines et de coûts socio-économiques directs et indirects. Ceci
est lié à l'une de ses principales caractéristiques :
dans cette région, 90% des infections chez les adultes se font par voie
hétérosexuelle (ONUSIDA, 2000).
La santé sexuelle et reproductive des jeunes est au
centre des préoccupations actuelles visant à répondre aux
besoins de la jeunesse. Cela est vrai notamment en Afrique Subsaharienne
où les données disponibles révèlent une situation
déplorable. Dans cette région du monde,
caractérisée par une extrême jeunesse de la population
(plus de la moitié de la population ayant moins de 20 ans),
l'entrée en vie sexuelle est précoce, le multipartenariat s'est
développé et le nombre de grossesses avant le mariage a
augmenté du fait de la non utilisation systématique du condom et
des autres méthodes contraceptives modernes (Zanou et al, 2002). Les
risques d'infection aux IST/VIH/SIDA sont par conséquent devenus
incalculables.
Selon les estimations, 6,9 % des femmes et 2,2% des hommes
âgés de 15 à 24 ans vivaient avec le VIH, en fin
20043(*). Etant donné
l'urgence et l'ampleur des besoins en matière de santé sexuelle
et reproductive chez les adolescents, il est devenu important d'évaluer,
chez ceux-ci, les comportements qui les mettent en danger vis-à-vis de
la transmission du VIH ou les grossesses non désirées ;
d'examiner les niveaux de connaissances et les raisons pour lesquelles certains
adolescents courent des risques plus élevés que d'autres en terme
de transmission du VIH ou des grossesses non désirées ; de
documenter les obstacles que rencontrent les adolescents dans la recherche de
services et d'informations en matière de santé sexuelle et
reproductive ; et de fournir de nouvelles informations sur ce que les
adolescents savent et font en ce qui concerne la santé sexuelle et
reproductive afin de faciliter la mise en oeuvre des programmes de santé
publique.
La recherche sur les facteurs explicatifs de ces changements
en matière de sexualité a mis en évidence l'influence de
la modernisation avec son corollaire de « désorganisation sociale
» qui auraient induit un affaiblissement de l'autorité des
aînés sur les cadets et du groupe familial sur les enfants faisant
ainsi place à la liberté pour les jeunes d'avoir des conduites
sexuelles contraires à la morale traditionnelle (Diop, 1995 Rwenge, 2000
; Gueye et al., 2001). D'autres chercheurs mettent l'accent sur l'approche de
« l'adaptation rationnelle » selon laquelle, s'engager dans une
relation sexuelle résulterait d'une décision rationnelle visant
à rechercher un soutien d'ordre économique. C'est ainsi que les
jeunes filles peuvent entretenir des rapports sexuels avec les hommes dans le
but d'obtenir de l'argent, des cadeaux ou diverses autres faveurs en vue de
subvenir à leurs besoins. Ce facteur pourrait jouer d'autant plus en
Afrique subsaharienne que la récession économique à
laquelle est confronté ce continent depuis le début des
années 1980 et la dégradation des conditions de vie en ville
comme en campagne ont rendu les populations plus vulnérables. Les
enfants démunis qui n'ont généralement aucun soutien
financier, en particulier les adolescentes qui ont besoin de payer leurs
études sont alors devenues les premières victimes. Mais la
plupart de ces études n'ont pas couvert l'ensemble du pays et se sont
limitées au milieu urbain ou certaines grandes.
La situation au Niger est très préoccupante
à l'instar d'autres pays d'Afrique subsaharienne. Les données de
L'ESD-MICS-III révèlent que l'âge médian au premier
rapport sexuel des femmes s'élève à 15 ans. La
quasi-totalité (93 %) ont déjà eu leur premier rapport
sexuel à 22 ans. Cette précocité reste vraie quelle que
soit la génération, le milieu de résidence ou l'ethnie ;
l'âge moyen d'entrée en vie sexuelle se situe en effet, entre 15
et 17 ans selon les catégories de population (INS et ORC Macro, 2006).
L'entrée en vie sexuelle des hommes se produit un peu plus tard, soit
environ 2,5 années après celle des femmes. On note des
différences selon le niveau d'instruction et le milieu de
résidence : la précocité des relations sexuelles est un
peu plus prononcée en milieu rural (16 ans) qu'en ville (17 ans); plus
les hommes ont un niveau d'instruction élevé, moins
l'entrée en vie sexuelle est précoce (20 ans pour ceux qui sont
du niveau d'instruction secondaire et plus, 18,5 ans pour le primaire et 17,5
ans pour les analphabètes).
Si les femmes et les hommes débutent de plus en plus
tôt leur première expérience sexuelle, ils entretiennent
également des rapports avec plusieurs partenaires sexuels.
L'enquête démographique et de santé de 2006 qui a
collecté des informations sur ce sujet pour la période des 12
derniers mois qui l'ont précédé révèle
qu'environ 2 % des femmes en union et 8 % des femmes célibataires ont
déclaré avoir eu au moins deux partenaires sexuels durant cette
période de référence. Ces femmes se retrouvent à
des degrés variables dans toutes les catégories
socio-économiques. Les citadines et les femmes de niveau d'instruction
primaire ont plus de partenaires multiples que les femmes du milieu rural et
les analphabètes. Les hommes qui déclarent avoir eu au moins deux
partenaires sexuels sont nettement plus nombreux que leurs homologues femmes :
23 % contre 2 % chez ceux qui sont en union, et 34 % contre 8 % chez les
célibataires. Cela se vérifie dans toutes les catégories
socio-économiques.
Dans de nombreux cas, les rapports sexuels ne sont pas
protégés. Le préservatif qui constitue aujourd'hui le
moyen le plus efficace de protection des rapports hétérosexuels
est bien connu mais son utilisation demeure restreinte. D'après ces
données de l'enquête démographique et de santé,
seulement 7 % des hommes utilisaient le préservatif au moment de
l'enquête, cette proportion est un peu plus élevée en
milieu urbain (10 %) qu'en milieu rural (6 %) (INS et ORC Macro, 2006).
Au Niger, comme partout ailleurs en Afrique au sud du Sahara,
les jeunes (filles comme garçons) sont plus susceptibles que leurs
aînés d'adopter des pratiques sexuelles à risque. Le
contexte socio-économique dans lequel ils vivent a une influence parfois
négative sur leurs décisions et leurs pratiques en matière
de santé sexuelle et reproductive, augmentant ainsi le risque
d'infections sexuellement transmissibles et de grossesses non souhaitées
susceptible de compromettre leur réussite sociale. Il importe donc
d'identifier les catégories de jeunes les plus exposées en
matière de pratiques sexuelles à risque en vue de contribuer
à mieux cibler les actions des nombreux programmes en matière de
santé reproductive en faveur des jeunes. C'est dans cette perspective
que nous examinons à travers cette étude les comportements
sexuels à risque des jeunes nigériens, c'est-à-dire les
individus des deux sexes âgés de 15 à 24 ans révolus
au moment de l'enquête.
Parmi les trois aspects des comportements sexuels à
risque à savoir la précocité des premiers rapports
sexuels, le multipartenariat sexuel, et la non-utilisation des condoms aux
derniers rapports sexuels, seul le dernier fera l'objet d'une analyse
multivariée. En effet, le multipartenariat sexuel ne peut être
considéré comme un comportement sexuel à risque que
lorsque le condom n'est pas systématiquement utilisé au cours des
rapports sexuels. Il serait idéal de savoir si les adolescents qui
entretiennent des relations multipartenariales utilisent les condoms avec leurs
partenaires, mais cette variable n'a été saisie au moment de
l'enquête. Quant à la précocité des premiers
rapports sexuels, elle ne fera pas l'objet d'une analyse multivariée
compte tenue de la faible association observée au niveau bivarié
entre cette variable et les variables indépendantes.
Cette étude cherche à répondre à
une seule question : quels sont les déterminants
des comportements sexuels à risque chez les jeunes et les adolescents au
Niger dans un contexte des IST/VIH/SIDA ?
L'objectif de notre étude est de:
Contribuer à l'amélioration de l'état des
connaissances des facteurs explicatifs des comportements sexuels à
risque des adolescents au Niger, afin d'aider les décideurs politiques
et autres partenaires au développement à avoir des informations
fiables qui pourront leur servir de base pour une prise en charge des besoins
spécifiques des jeunes et des adolescents; et de là,
intégrer la problématique du VIH/SIDA dans les politiques et les
programmes nationaux de développement.
Pour atteindre cet objectif, nous nous fixons les trois
objectifs spécifiques suivants:
Ø Identifier les déterminants des comportements
sexuels à risque d'infection aux IST/VIH/SIDA des adolescents au
Niger ;
Ø Mettre en évidence les mécanismes par
lesquels certains facteurs socio-culturels et économiques influencent
les comportements sexuels à risque des adolescents au Niger;
Ø Hiérarchiser les déterminants selon
leur pouvoir explicatif dans l'explication des comportements sexuels à
risque chez les adolescents nigériens.
Pour ce faire, notre travail est structuré en quatre
chapitres :
Ø Le premier chapitre est consacré au contexte
général de l'étude ; une brève
présentation du Niger et de son environnement socio-économique et
démographique. Il s'agira des éléments justificatifs de
l'étude.
Ø Le second chapitre porte sur le cadre
théorique qui servira de base à l'étude. Il s'agira ici de
mettre en place un cadre conceptuel et de formuler les différentes
hypothèses de l'étude.
Ø Le troisième chapitre traite des aspects
méthodologiques. A ce niveau, il sera question de présenter les
sources de données, de décrire les données,
d'évaluer leur qualité et de présenter la
méthodologie adaptée.
Ø Enfin le dernier chapitre donne un essai
d'identification des comportements sexuels à risque chez les adolescents
et la synthèse des résultats de l'étude.
Ø Une conclusion générale fait suite
à ces chapitres pour rappeler les principaux résultats et
présenter les différentes recommandations.
CHAPITRE I
CONTEXTE DE L'ETUDE
Ce chapitre a pour objectif de présenter le contexte de
l'étude afin de mieux comprendre les comportements sexuels des
adolescents. Les pesanteurs culturelles, la situation économique et la
politique sanitaire d'un pays constituent des cadres d'expression de la
sexualité des adolescents et de leur vie reproductive.
I-1 Cadre géographique
Le Niger est l'un des pays enclavés de l'Afrique
Occidentale, situé en zone sahélo-saharienne. Il a une superficie
de 1.267.000 km2 et est limité au nord par l'Algérie
et la Libye, au sud par le Bénin et le Nigeria, à l'ouest par le
Burkina Faso et le Mali et à l'est par le Tchad. Le Niger est
organisé en 8 régions administratives, 42 départements, 52
communes urbaines et 213 communes rurales.
De par sa position géographique, le Niger constitue un
trait d'union entre l'Afrique du Nord et l'Afrique Noire. Quoique les
données ne soient pas disponibles, nombreux sont ceux qui transitent par
le Niger en partance ou en retour du nord au sud, de l'est à l'ouest,
avec des séjours plus ou moins prolongés dans les villes
d'escales (Agadez, Arlit, Bilma, Dirkou).
On observe des ressortissants des pays côtiers, les
routiers transfrontaliers partant pour la Libye, l'Algérie ; les
chauffeurs (Yen turis) de diverses nationalités
(Béninois, Nigériens, Nigérians) importateurs des
véhicules d'occasions principalement en provenance des ports de
Lomé, Cotonou ayant pour destinations le Nigeria, le Tchad, voire le
Cameroun.
Les deux tiers des migrants internationaux nigériens
sont les jeunes, essentiellement de sexe masculin de moins de 30 ans, sans
leurs compagnes. Ils proviennent des milieux ruraux. Pour certaines
régions comme Tahoua, l'une des principales destinations des migrants
est la Côte d'Ivoire, en raison des importantes opportunités
économiques qu'offre ce pays. Mais aussi on les retrouve dans une
certaine mesure dans presque tous les pays de la sous région (Tchad,
Cameroun, Gabon, Libye, Algérie, Mali, Bénin etc.) Ils ont
tendance au séjour longue durée 4-6 mois voire une ou plusieurs
années.
Figure 1.1 : Carte
administrative du Niger
Sur toute la bande sud du pays y compris Tahoua en partie, on
observe de nombreux courants migratoires avec le Nigeria en raison d'importants
échanges commerciaux avec ce pays. Habituellement, les migrations en
direction du Nigeria ont tendance au séjour courte durée. Elles
sont très fréquentes, drainent beaucoup de monde et semblent
être pour la majorité des cas, au rythme des marchés
hebdomadaires des grandes citées des régions frontalières
du Niger.
Des franges soudano-sahéliennes au sud du territoire et
le désert du Sahara au nord, la pluviométrie définit deux
principales saisons : une très longue saison sèche qui va du
mois d'octobre au mois de mai, et une courte saison des pluies qui
s'étale du mois de juin au mois de septembre. Comme conséquence
de cette situation géographique, le pays figure parmi les régions
les plus chaudes de la terre avec des variations importantes de
température. Les températures moyennes les plus
élevées sont enregistrées entre mars et avril où
elles dépassent les 40°C, tandis que les plus basses le sont de
décembre à février où elles peuvent descendre en
dessous de 10°C.
Par ailleurs, le pays a connu plusieurs
années de sécheresse au cours des dernières
décennies. Une des plus importantes manifestations des contraintes
économiques sur les conditions sanitaires reste la
précarité de la situation alimentaire des populations et ses
implications sur l'état nutritionnel des femmes et des enfants. En
effet, la combinaison de la désertification, des sécheresses
récurrentes et de la croissance rapide de la population se traduisent
dans la baisse des rendements agricoles et des années successives de
déficit alimentaire que le pays est contraint de résorber par des
importations et l'aide alimentaire. Cette situation se reflète dans la
relation étroite entre la pauvreté et l'insécurité
alimentaire qui se manifeste sous diverses formes : des pénuries
saisonnières pendant la période de soudure
précédant la période des récoltes ; et une
insuffisance alimentaire chronique qui, en association avec l'exposition aux
maladies et à la pauvreté, se traduit dans l'état
nutritionnel parmi les populations.
Les éléments ci-dessus évoqués
sont caractéristiques d'un environnement hostile dans lequel vit la
population nigérienne. Cette situation de précarité
devient plus préoccupante lorsque l'on tient compte de la composante
démographique.
I-2
Caractéristiques démographiques
La population Nigérienne était estimée en
2006 à 13 009 723 habitants4(*) à partir des données du recensement
général de la population et de l'Habitat de 2001. Les femmes
représentent 50.1%. Le taux d'accroissement moyen est de 3,3% avec un
indice synthétique de fécondité de 7,5 enfants par femme.
L'espérance de vie à la naissance est de 54,5 ans5(*) en 2007. Le Niger accuse des
taux de fécondité et de mortalité les plus
élevés du monde. La population vit dans une très grande
proportion (83,7%) dans les zones rurales. Les femmes et les jeunes de moins de
15 ans représentent respectivement 50,1% et 47,4% de la population. Les
jeunes de 10 à 24 ans qui font l'objet de notre population
d'étude représentent plus du quart de la population totale
(28,6%). C'est aussi l'un des groupes les plus exposés à
l'infection à VIH/SIDA. L'islam est la religion la plus largement
pratiquée avec plus de 95% de la population.
La dynamique de la population est
caractérisée par un taux de croissance démographique parmi
les plus élevés de la sous-région. La croissance
démographique de la population est maintenue par des régimes
démographiques marqués par la précocité des
mariages et une forte fécondité. Les femmes nigériennes se
marient tôt et par conséquent commencent très
tôt leur vie féconde: 50% des femmes se marient avant
l'âge de 15 ans, et 50% ont leur première naissance avant
l'âge de 18 ans. Cette précocité de la nuptialité et
de la fécondité a très peu évolué durant les
deux dernières décennies. Etant donné que la
mortalité est toujours élevée, les tendances de la
fécondité et la jeunesse de la population pourraient maintenir
une croissance démographique élevée au cours de la
prochaine décennie.
Outre cette croissance très rapide, la population
nigérienne est caractérisée par sa jeunesse et sa forte
concentration en milieu rural puisque la proportion de la population
âgée de moins de 25 ans est de 67% et quatre nigériens sur
cinq sont des ruraux d'après la même source (INS, 2005).
L'extrême jeunesse de la population entraîne
l'augmentation de la demande des services de base, notamment dans les secteurs
de la santé et de l'éducation. La ruralité de la
population est à mettre en rapport avec la situation économique
du pays, car elle influence fortement la structure du PIB à travers
notamment la prédominance du secteur primaire (agriculture,
élevage, etc.).
I-3
Caractéristiques socio-économiques
En plus de ce contexte socio-démographique
contraignant, le Niger doit faire face à une crise économique et
financière liée à un environnement geo-économique
difficile : désertification croissante, poids excessif de la dette
extérieure, chute du cours de l'uranium et détérioration
des termes de l'échange. La persistance de la crise économique,
ainsi que la paupérisation des populations constituent d'importants
facteurs qui entravent la lutte contre l'épidémie du VIH/SIDA.
Le Niger figure parmi les pays les plus pauvres du monde en
matière de développement. Le PNUD le classe au
174ème rang sur 177 pays couverts par le rapport de 2007 sur
l'indice de développement humain (IDH). Le phénomène de
pauvreté affecte environ 2 ménages sur 3. Notons que cet IDH qui
était de 0,243 en 1975 et de 0,292 en 2001, évolue très
lentement. Cette lenteur dénote certaines difficultés que
rencontre le pays pour amorcer une amélioration rapide et durable des
conditions de vie de sa population.
L'économie nigérienne repose essentiellement sur
l'agriculture et l'élevage, deux secteurs d'activités fortement
influencés par les conditions climatiques. Le revenu national brut par
habitant est évalué à 210$ US6(*). La pauvreté, plus
accentuée dans les zones rurales, touche plus les femmes que les hommes.
Les causes de cette pauvreté sont la forte croissance
démographique, les sécheresses successives ayant
entraîné de mauvaises récoltes, la dégradation du
potentiel productif, l'exode rural. La période de la saison sèche
allant d'octobre à juin est une période propice à une
migration interne des jeunes des zones rurales vers les zones urbaines et
minières et externe vers les pays de la sous-région.
Le Niger est un pays sahélien disposant de ressources
naturelles limitées. Il est classé parmi les Pays les Moins
Avancés (PMA) et éligible à l'initiative PPTE (Pays
Pauvres Très Endettés). Le phénomène de la
pauvreté est apparu et s'est amplifié dans les années 90
avec une détérioration continue des conditions de vie des
ménages.
La fragilité aux facteurs externes et la
pauvreté sont parmi les caractéristiques de l'économie du
Niger qui ont les plus importantes implications sur la santé.
L'économie est essentiellement basée sur une agriculture de
subsistance et un élevage extensif qui sont les premières sources
d'emploi et de revenus de la majorité des ménages
nigériens.
Par ailleurs, le secteur non agricole est
dominé par l'exploitation de l'uranium qui fournit une part importante
des recettes d'exportation. Ainsi, les combinaisons des conditions climatiques
et des cours mondiaux de l'uranium ont déterminé les performances
de l'économie du pays et les capacités internes de réponse
des ménages et de l'Etat aux problèmes de santé au cours
des dernières décennies. Avant le milieu des années 1970,
le secteur rural occupait plus de 80% de la population active et contribuait
à hauteur de 60% au produit intérieur brut (PIB). A cause de la
dépendance de l'économie aux aléas climatiques, les
années de sécheresse se traduisent par une réduction
drastique de la base de ressources de la majorité des ménages
ruraux. Tel a été le cas au cours de l'année 1982, qui a
été caractérisée par une sécheresse ayant
entraîné la perte de la majeure partie du cheptel nigérien.
Pendant la période de 1975 à 1982,
cependant, l'amélioration de la pluviométrie a contribué
à une croissance de la production agricole et à la reconstitution
du cheptel. Par ailleurs, sous l'impulsion de la demande et des cours mondiaux,
l'économie a été soutenue par une augmentation des
recettes issues de l'exportation de l'uranium entre 1975 et 1982. La
combinaison de ces facteurs externes favorables a ouvert une période
d'importants investissements et l'expansion des dépenses publiques.
Depuis 1982, l'économie du pays est sous
ajustement. Suite à la chute du cours de l'uranium, le Niger est
confronté à des difficultés socio-économiques qui
se sont caractérisées par une nette dégradation des
finances publiques et un déséquilibre profond de la balance de
paiement ; tout ceci conduisant à une dégradation des
conditions de vie des ménages.
L'activité économique et
financière se caractérise au plan international par la chute
continue des cours mondiaux des matières premières, la hausse des
prix des produits manufacturiers et la remontée des cours du
pétrole et du dollar.
La mise en oeuvre des Programmes d'Ajustement Structurel au
cours de la période 1980-2000 a entraîné des
réformes structurelles et institutionnelles qui ont permis une
amélioration du cadre macroéconomique sans améliorer les
conditions de vie des populations. L'encours de la dette du pays en 2000 a
été jugé insoutenable, ce qui lui permis (eu égard
à la mauvaise performance de son économie) d'être
éligible à l'initiative PPTE en 2000.
Au cours de ces dernières années, la
structure du PIB est dominée par le secteur tertiaire. Ce dernier a
fourni environ 45% du PIB annuel au cours de la période 1990-2000.
Malgré les conditions climatiques sévères et la
dégradation de l'environnement physique, la part du secteur primaire
dans le PIB n'est pas négligeable. Il contribue au PIB à hauteur
de 40% au cours de la même période, avec une
prépondérance de l'agriculture et de l'élevage.
Au plan régional, les événements
intervenus en Cote d'ivoire au cours du mois de septembre 2002 ont eu de
répercussions sur les économies des Etats membres de l'UEMOA, et
le Niger en particulier.
Au plan national, les perturbations d'origine interne
(le Niger est actuellement à sa cinquième république) et
les répercussions de la crise ivoirienne ont rendu la situation
économique et financière globalement non satisfaisante.
En 2005, l'activité économique,
mesurée par le PIB réel, a enregistré un taux de
croissance de 7 % après une baisse de 1 % en 2004 et une hausse de 3,3 %
en 2003, pour un taux d'accroissement de la population de 3 %. La bonne tenue
de l'activité en 2005 est en rapport avec la bonne campagne agricole
2005-2006. Sur la période allant de 1990 à 2005,
l'activité économique a connu une croissance annuelle moyenne de
l'ordre de 3 %.
Ce résultat enregistré sur le plan
macroéconomique au cours des dernières années n'a pas
été suffisant pour créer les conditions d'un
développement durable soutenu. En effet, les indicateurs de
pauvreté calculés à partir des données de
l'Enquête Nationale sur le Budget et la Consommation de 1989-1990 en
milieu urbain et 1992-1993 en milieu rural et l'Enquête QUIBB de 2005
sont restés pratiquement identique (63 % contre 62%).
Dans cette conjecture, la lutte contre la pauvreté
devient une autre priorité nationale.
La réduction de la pauvreté
constitue à la fois une préoccupation majeure et un défi
autant pour le Gouvernement du Niger que ses partenaires au
développement. Pour relever ce défi, le Niger s'est doté,
au cours de l'année 2002 d'une stratégie de réduction de
la pauvreté (SRP). L'élaboration de la SRP traduit les
engagements pris par le Gouvernement du Niger avec la communauté
internationale par son adhésion aux Objectifs du Millénaire pour
le Développement (OMD) dont l'objectif premier est de réduire de
moitié l'incidence de l'extrême pauvreté d'ici 2015. Il
s'agit d'une nouvelle stratégie visant à impulser davantage les
acteurs sociaux, notamment par l'amélioration de l'accès aux
services de santé, à l'éducation, à la formation
professionnelle, aux services d'hygiène et d'assainissement, en vue
d'une amélioration subtancielle du cadre de vie des populations. Au
regard des 8 objectifs du millénaire pour le développement des
Nations Unies, le bilan d'action des plans de lutte contre la pauvreté
reste mitigé.
Face à cette crise, les pouvoirs publics ont
pris des mesures d'austérité, avec le soutien du FMI et de la
B.M, pour contenir les déséquilibres internes et externes. Ces
mesures s'appuient sur une limitation des charges et une mobilisation accrue
des ressources. Ces mesures s'accompagnaient d'un certain nombre de reformes
visant à renforcer le rôle du secteur privé dans
l'économie, et à restaurer le secteur parapublic.
Malgré ces mesures et les espoirs
d'exploitation industrielle de l'or et du pétrole nigérien
nourris par les résultats des premières prospections, le Niger
n'a pas encore retrouvé le chemin de la croissance économique.
Ainsi, en plus de la fragilité économique, la pauvreté
continue d'être parmi les principales caractéristiques de la
situation économique du pays.
Mais cette crise socio-économique affecte
plus particulièrement le monde rural avec comme conséquences, le
déficit alimentaire structurel, la dégradation continue de
l'écosystème, la paupérisation croissante des campagnes,
l'exode rural massif et un état de santé précaire.
I-4
Environnement social
La situation sociale du pays est difficile: la
pauvreté affecte les populations aussi bien au village qu'en ville ; les
budgets de consommation des ménages sont en baisse ; l'alimentation
d'une bonne partie de la population se dégrade aussi bien en
quantité qu'en
qualité ; l'insécurité alimentaire et la
famine guettent les populations.
Le Niger reste dépendant d'une agriculture
traditionnelle et rudimentaire. Les irrégularités
pluviométriques entraînent très souvent des déficits
céréaliers. Déjà, en période
d'autosuffisance alimentaire la faible diversité alimentaire condamne
les populations à une ration pauvre en éléments nutritifs
essentiels ; qu'en est-il alors de la période de crise alimentaire ?
Suite à un arrêt prématuré des précipitations
et une invasion acridienne, le pays a fait face à une crise alimentaire
en 2005.
Cette crise alimentaire dans un contexte
économique déjà caractérisé par le faible
pouvoir d'achat des ménages a stimulé des actions de la part de
l'Etat et de ses différents partenaires au développement. Les
actions se menaient conjointement et étaient multiples ;
distribution alimentaire gratuite et ciblée, vente à prix
modéré des vivres.
Aussi, les populations concernées se battent
à travers l'adoption de nouvelles habitudes. D'après une
enquête sur la conjoncture alimentaire des ménages
réalisée par le
Gouvernement nigérien en mai 2006, environ 32% des
ménages ont diminué leur ration alimentaire journalière.
Certains ménages (11%) ont vendu ou hypothéqué des terres
alors que d'autres (38%) ont vendu des biens personnels pour faire face aux
problèmes alimentaires. La diminution de la quantité de la ration
journalière (57% des ménages) fait partie des nombreuses
stratégies employées par les populations pour s'adapter au
contexte de la crise.
I-5
Situation sanitaire
Le dispositif sanitaire du Niger est édifié
selon une structure pyramidale comportant:
Ø un niveau central constitué par les services
nationaux
Ø un niveau intermédiaire constitué par
les régions sanitaires
Ø un niveau opérationnel constitué par
les districts sanitaires au niveau des départements. On y
trouve les hôpitaux de districts, les centres de santé
intégrés, les centres de soins privés et les
cases de santé...
Les structures de soins se répartissent suivant cette
logique :
v 3 hôpitaux nationaux au niveau central ;
v 3 maternités de référence;
v 5 centres hospitaliers régionaux au niveau
intermédiaire;
v 42 hôpitaux de district associés à 417
centres de santé intégrés au niveau
périphérique (CSI).
Les services de santé des armées qui en plus des
prestations offertes aux militaires et paramilitaires prennent en charge les
populations civiles, sont répertoriés parmi les structures
publiques avec lesquelles elles collaborent étroitement. Ils disposent
actuellement d'un hôpital, de 17 infirmeries, de 5 centres de Protections
Maternelle et Infantile (PMI), 5 postes médicaux, d'une pharmacie et
d'un laboratoire.
Le secteur privé, le secteur civil et confessionnel et
la médecine traditionnelle demeurent le premier recours des malades
surtout en milieu rural. Une faculté de
médecine, deux écoles nationales de santé publique et 5
établissements privés assurent la formation des médecins,
des paramédicaux et des auxiliaires de la santé.
La situation sanitaire se caractérise par la forte
dominance des affections telles que le paludisme, les infections respiratoires
et les maladies diarrhéiques la méningite et la rougeole. Le
budget national alloué au secteur de la santé est autour de 5%
contre 10% que l'OMS préconise.
Le commerce sexuel existe dans l'ensemble des 8 régions
du Niger. L'instauration du suivi médical obligatoire avec
délivrance de carte médicale dans le centre national de
référence des IST où sont admises essentiellement les
Travailleuses de Sexe (TS) fait dire que l'activité est
tolérée. L'opinion nationale parle de plus en plus de l`existence
de réseaux de groupes d'hommes qui ont des rapports avec d'autres hommes
cependant le phénomène n'est pas documenté.
I-6
Politique sanitaire et lutte contre le VIH/SIDA
Au lendemain des indépendances, la politique sanitaire
du Niger était axée essentiellement sur la médecine
curative individuelle. Les éléments essentiels de cette politique
reposaient sur la gratuité des soins. Les perspectives décennales
1965-1974 préconisaient une médecine décentralisée
intégrant l'aspect curatif et préventif.
La politique du programme triennal 1974-1976 a mis l'accent
sur une médecine de masse; l'option fondamentale était une
médecine globale et intégrée coordonnant les
activités préventives, éducatives, curatives et
promotionnelles pour toutes les communautés et visant l'autosuffisance
sanitaire.
Pour renforcer cette option fondamentale, le Niger a souscrit
à plusieurs déclarations régionales et internationales
dont la déclaration d'Alma Ata en 1978 ou la stratégie des Soins
de Santé Primaires (SSP).
Afin d'accélérer l'application des
stratégies des SSP, le Niger a aussi souscrit, depuis 1987 à
l'Initiative de Bamako qui a pour but de redynamiser le système de
santé en réorganisant son fonctionnement et en impliquant
davantage les populations bénéficiaires dans sa gestion.
En juillet 1995, l'Etat a adopté la Déclaration
de Politique Sectorielle de Santé. Elle impliquait le
développement des activités prioritaires préventives et
promotionnelles intégrées aux soins curatifs et aux actions
intersectorielles coordonnées dans le cadre d'un processus
gestionnaire.
En dépit des efforts consentis, au cours de la mise en
oeuvre de ces différentes politiques, les indicateurs sanitaires sont
demeurés préoccupants.
Afin d'accélérer la mise en oeuvre de la
stratégie des soins de santé primaires et l'objectif universel de
la santé pour tous au 21eme siècle, le gouvernement a
adopté la Déclaration de Politique Sanitaire en mai 2002.
Dès l'apparition des premiers cas de SIDA en 1987, le
gouvernement du Niger s'est organisé pour apporter une réponse
nationale à l'épidémie de l'infection à VIH/SIDA
par la mise en place d'un Comité National de Lutte contre le SIDA
(CNLS). En outre, en collaboration avec l'Organisation Mondiale de la
Santé (OMS), un Plan à Court Terme (PCT) a été
développé pour la période 1987-1989. Dans un premier temps
il s'était agi de mettre sur pied un comité de surveillance du
SIDA. Au cours de la mise en oeuvre du PCT, les laboratoires ont
été renforcés en vue de pouvoir réaliser les tests
et sécuriser les dons d'unités de sang.
Le PCT a été suivi par l'élaboration et
la mise en oeuvre de deux Plans à Moyen Terme (PMT I, 1990-1992 et PMT
II, 1994-1998). Des plans annuels ont été mis en oeuvre de 1999
à 2002 et ont jeté les bases pour l'élaboration d'un Plan
à Moyen terme multisectoriel (PMT III).
Conscient du fait que bien plus qu'un problème de
santé, le SIDA est un véritable problème de
développement, le gouvernement du Niger a adopté un Cadre
Stratégique National de lutte contre les IST et le VIH/SIDA 2002 - 2006.
Il se voulait multisectoriel et décentralisé avec l'implication
de tous les secteurs d'activités de la nation et a servi de
référence en matière d'actions de lutte contre les IST et
le VIH/SIDA pendant la période concernée.
En 2002, les visions de la lutte contre le VIH/SIDA pour les 5
ans étaient: « La lutte contre le SIDA est un combat social qui
dépasse largement le maintien et le recouvrement de la santé.
Dans la lutte qui s'engage, l'ensemble de la société et toutes
les structures sont interpellées, toutes les ressources sont mises
à contribution par une approche multisectorielle qui veut
entraîner des changements de comportements sociaux. Grâce à
l'engagement de l'État et à la mobilisation de la
société tout entière, il s'agira notamment (i) de briser
le silence, (ii) de considérer le SIDA comme une maladie chronique qui
doit être soignée et qui peut être maîtrisée,
(iii) de dépouiller le SIDA de l'image de honte qui l'entoure et
empêche la société de s'y attaquer.»
Ainsi, devant les impacts potentiels du VIH/SIDA et ayant
souscrit aux Principes Directeurs de l'ONUSIDA, le Niger a bâti un plan
stratégique très ambitieux pour la période 2002-2006 avec
pour buts:
ü une baisse très sensible de la propagation du
VIH et des IST ;
ü une réduction de la morbidité et la
mortalité des enfants nés de mères
séropositives,
ü une amélioration de la qualité de vie des
PVVIH et un allongement de leur
espérance de vie,
ü la mise en place d'un cadre organisationnel et
institutionnel de la lutte
contre le VIH/SIDA performant.
Pour répondre efficacement à
l'épidémie du VIH au Niger, un nouveau cadre stratégique a
été élaboré. Il couvre la période 2008-2012.
Ca cadre constitue un document de référence pour une politique
globale de lutte contre le VIH/SIDA et les IST. Tout comme celui qui a couvert
la période 2002-2006, il définit les orientations nationales pour
chacun des domaines d'intervention, l'organisation institutionnelle, et se
caractérise par la dimension multisectorielle,
décentralisée de la réponse.
Ce cadre modifie les grandes options stratégiques pour
permettre l'accès universel. Il définit clairement les
orientations stratégiques, les rôles et responsabilités des
intervenants en vue d'un dispositif institutionnel et organisationnel propice
à plus de
rigueur dans la gouvernance de la lutte, à plus
d'efficacité et d'efficience dans le fonctionnement des structures qui
le composent.
Fruit d'un processus hautement participatif impliquant les
acteurs publics, privés, société civile au niveau
national, régional et local, notamment les partenaires techniques et
financiers, le cadre stratégique national 2008-2012 est pleinement
intégré au plan décennal de développement sanitaire
du Niger et au Document de Stratégies de la Réduction de la
Pauvreté (DSRP) dont le Niger s'est doté en 2002.
Le Cadre Stratégique National définit
également les mécanismes nécessaires à une mise en
oeuvre efficace des interventions. Il décrit la réorganisation du
cadre institutionnel et notamment celle du Conseil National de Lutte contre les
IST/VIH/SIDA et des organes politiques et techniques impliqués dans la
lutte. La base de cette réorganisation a été
impulsée par l'engagement politique au plus haut niveau de l'État
(Présidence) et par l'appui des partenaires multi et
bilatéraux.
Les principaux axes d'interventions contenus dans le CSN sont
notamment :
§ La prévention ;
§ Les soins-conseils ;
§ Le soutien socio-économique ;
§ L'organisation de la lutte.
Au vu des déterminants de la propagation de
l'épidémie, les groupes cibles prioritaires du programme sont
:
§ Les groupes à risque: Jeunes, Prostituées
et leurs clients, Homosexuels, Populations mobiles : (Migrants, Routiers,
éléments des FDS, population carcérale, orpailleurs).
§ Les groupes vulnérables: Femmes, Orphelins et
Enfants Vulnérables.
L'approche multisectorielle sera renforcée pour les
organismes du secteur public avec une priorité pour les secteurs de la
Santé, de la Jeunesse, des Transports, des Forces de Défense et
de Sécurité, de l'Education (base et supérieure), de la
Promotion de la Femme et de l'Action Sociale, du Développement Rural, et
du Commerce.
La lutte contre les IST/VIH/SIDA au Niger
bénéficie de l'appui politique au plus haut niveau de l'Etat.
ü Le Président de la République
préside l'organe d'orientation et de décision
au niveau national : le Conseil National de Lutte
contre les IST/VIH/SIDA ;
ü Il existe au niveau de l'Assemblée Nationale, un
réseau parlementaire de
lutte contre le SIDA.
ü Au niveau régional et sous régional, les
autorités administratives évoquent
dans leurs discours la pandémie du SIDA et
sa situation au plan national.
Mis en place par Décret du Président de la
République, Chef de l'Etat, le CNLS a pour missions de (i) Veiller
à l'application de la Politique nationale de lutte contre le SIDA, (ii)
apprécier les impacts de la lutte contre les IST/VIH/SIDA ; (iii) faire
le plaidoyer pour la mobilisation des ressources.
Comme attributions le CNLS est chargé de :
ü Approuver les orientations et les stratégies de
lutte contre les IST/VIH/SIDA,
ü Approuver le Plan National Multisectoriel,
ü Assurer le plaidoyer pour la mobilisation des
ressources nécessaires à la lutte
contre les IST/VIH/SIDA.
Tous les ministères sont dans le CNLS,
l'Assemblée nationale est représentée également au
sein du conseil.
La Coordination Intersectorielle de Lutte contre les
IST/VIH/SIDA est l'instance de coordination des programmes et des actions des
différents secteurs. Rattachée au Cabinet de la Présidence
de la République, la CISLS a pour missions d'assurer la coordination, le
suivi et l'évaluation des activités de lutte contre les
IST/VIH/SIDA sur toute l'étendue du territoire national. Au niveau
régional la Coordination Intersectorielle est représentée
par des Coordinations Régionales qui travaillent en étroite
collaboration avec les Conseils Régionaux, Sous-régionaux et
communaux, sous la supervision de la plus haute autorité du niveau
correspondant. Au niveau des secteurs ministériels les activités
de lutte contre le SIDA sont coordonnées par des Coordinations
Sectorielles.
Etant donné la nécessité de concertations
régulières entre les différents acteurs de la lutte contre
les IST/VIH/SIDA, d'un suivi rigoureux et d'une évaluation de la mise en
euvre du Plan National Multisectoriel, il est prévu la mise en place
d'un Comité de Pilotage (CP) par décret du Président de la
République.
Le Niger a adhéré à la Déclaration
d'Abuja d'avril 2001 qui a recommandé d'allouer 15% du budget national
à la santé. Il s'est doté d'un Plan de
Développement Sanitaire (PDS) 2005-2009. L'objectif
général du PDS est de contribuer à la réduction de
la mortalité maternelle infantile en améliorant l'efficience et
la qualité du système de santé à partir des
potentialités actuelles.
Entre 2002 et 2005, l'allocation des ressources
budgétaires au secteur de la Santé a connu une baisse passant de
10,9% du budget national en 2001 à 9% en moyenne sur la période
2002-2005.
Les dépenses nationales de santé7(*) sont couvertes par l'Etat
à hauteur de 40% , les ménages pour 28%, les partenaires
techniques et financiers pour 27% , le secteur privé pour 4%, les ONG
nationales pour 0,2% et la Caisse nationale de Sécurité Sociale
pour 0,2%. Aucun ministère ne dispose d'une inscription
budgétaire spécifique pour la lutte contre les IST/VIH/SIDA.
Pour le fonctionnement de la CISLS, le trésor public
prévoit chaque année 30 millions de francs CFA. Ce montant
correspond à la contrepartie du don de la Banque Mondiale accordé
au Niger en 2003. L'Etat prend en charge également les salaires des
personnels de santé, fournit et entretient les infrastructures
sanitaires.
Le processus de planification stratégique du cadre
stratégique 2002-2006 achevé en 2003 a abouti à
l'élaboration de 42 plans sous-régionaux, 8 plans
régionaux et 24 plans sectoriels de lutte contre les IST/VIH/SIDA. Le
plan national multisectoriel qui en a résulté a
nécessité la mobilisation d'importantes ressources
financières réparties entre l'Etat et les partenaires
internationaux. Ces dépenses n'ont pu être ventilées par
domaine que partiellement.
La mise en oeuvre d'une politique cohérente de lutte
contre les Infections Sexuellement Transmissibles et le VIH/SIDA s'allie
harmonieusement à la volonté politique du Gouvernement de mettre
en place un système de santé décentralisé selon
l'approche de l'initiative de Bamako et une prise en compte du VIH/SIDA dans
les politiques et les programmes de développement.
I-7
Le VIH/SIDA dans le monde et au Niger
I-7-1 Définition du
VIH/SIDA
Les médecins concluaient dès 1981
à l'apparition d'une nouvelle maladie jusque-là inconnue. C'est
en mai 1982 qu'une définition formelle du SIDA a été
donnée par le centre américain chargé du contrôle
des maladies.
Le SIDA (syndrome d'immunodéficience acquise)
est un syndrome ; c'est un ensemble de maladies et de symptômes
résultant d'une déficience immunitaire humaine, causée par
le VIH. Notons que l'appellation VIH (virus d'immunodéficience humaine)
a été adoptée en mai 1986 par le Comité
International de la Taxonomie. On distingue 2 principaux types de virus
VIH : le VIH1, le plus répandu, et le VIH2.
I-7-2 Modes de transmission
On note à l'heure actuelle trois (3) modes de
transmission du virus du SIDA :
ü la transmission sexuelle;
ü la transmission materno-infantile ;
ü et la transfusion sanguine.
I-7-2-1 La transmission sexuelle
La transmission hétérosexuelle est la
principale voie d'infection au VIH. Elle semble être à l'origine
d'environ 80% des infections en Afrique (Mann et al., 1993). Les femmes sont
davantage sujettes à la contamination par le VIH que les hommes; on
observe une plus forte probabilité de transmission d'un homme
infecté à une femme saine que l'inverse (Rwengé, 2002).
Selon l'ONUSIDA (1999), les personnes souffrant
d'autres maladies sexuellement transmissibles (MST) sont aussi à haut
risque, en particulier dans le cas d'ulcère des organes génitaux,
de gonorrhée, et d'infection par chlamydia et par trichomas ; ces
maladies peuvent faciliter la transmission du VIH. Toujours selon l'ONUSIDA
(1999), une personne souffrant d'une MST non soignée est de 6 à
10 fois plus susceptible de transmettre le VIH ou d'être infectée
par celle-ci au cours des rapports sexuels.
Toutefois, les rapports sexuels entre hommes
constituent aussi l'un des facteurs importants de transmission du VIH.
I-7-2-2 La transmission materno-infantile
La transmission materno-infantile est le second
mode d'infection du VIH par ordre de fréquence en Afrique (Garenne et
al., 1995). Il s'agit de l'infection de l'enfant par sa mère. Plus de
90% des 3 millions de nouveaux-nés infectés par le VIH à
travers le monde depuis le début de l'épidémie sont
nés en Afrique (UNAIDS, 1996). Aux Etats-Unis et en Europe, le taux
d'infection est de 20%. Lorsque la femme infectée contracte une
grossesse, elle peut transmettre le virus à l'enfant pendant
l'accouchement par le placenta.
I-7-2-3 La transfusion sanguine
La transfusion sanguine est le troisième mode
important de transmission du VIH. Elle est fréquente en
obstétrique, ainsi que chez les enfants anémiés, en
particulier dans les cas d'anémie falciforme. Le premier cas de SIDA
parmi les patients affectés par l'anémie falciforme recevant des
transfusions sanguines a été rapporté en République
Centrafricaine en 1984. Par exemple, en Côte d'ivoire 20% des 67 cas
d'anémie falciforme ayant reçu plusieurs transfusions
étaient séropositifs et au Zaïre ( actuel République
Démocratique du Congo), 47% des enfants hospitalisés pour
paludisme avaient reçu des transfusions et risquaient d'être
infectés par le VIH (Garenne et al., 1995).
Les transmissions par les aiguilles ou autres objets
usés sont aussi des voies de transmission sanguine, de même que
les objets déjà utilisés par des personnes
infectées.
I-7-3 Situations
épidémiologiques
En 2006, ONUSIDA estimait à 40 millions le nombre de
personnes porteuses du VIH dans le monde. Pour l'année 2007,
l'organisation revoit ses estimations à la baisse : 33,2 millions. Ce
chiffre reflète les nouvelles méthodes d'estimation
utilisées offrant des données plus précises qui ont
d'ailleurs donné lieu à d'importantes révisions des
estimations antérieures.
70% de la différence entre les estimations 2006 et 2007
proviennent de corrections effectuées dans six pays : l'Angola,
l'Inde, le Kenya, le Mozambique, le Nigeria et le Zimbabwe. En Inde, par
exemple, grâce à de nouvelles méthodes de collecte
d'informations, le nombre de personnes affectées par le virus
initialement évalué à 5,7 millions a été
revu fortement à la baisse : 2,5 millions. « Ces statistiques
améliorées nous offrent une vision plus claire de
l'épidémie en en révélant à la fois les
défis et les opportunités », explique le directeur
exécutif d'ONUSIDA Peter Piot.
Les jeunes d'aujourd'hui constituent la
génération la plus importante numériquement de notre
histoire: près de la moitié de la population mondiale a moins de
25 ans (UNFPA, 2003). Et ils n'ont pas connu un monde sans SIDA.
Les jeunes de 15 à 24 ans sont les plus menacés-
la moitié des nouvelles infections dans le monde se déclarent
chez eux- et représentent en même temps le plus grand espoir
d'inverser le cours de la pandémie. Ce sont leurs actes qui forgeront
l'avenir. L'expérience le prouve: les rares pays qui ont réussi
à faire baisser leur prévalence nationale du VIH sont ceux qui
ont convaincu leur jeunesse d'adopter des comportements plus sûrs.
Les jeunes sont exposés au VIH de diverses
façons. Dans l'Afrique subsaharienne- qui connaît une forte
prévalence- la transmission s'opère principalement lors de
rapports hétérosexuels. Cette région abrite près
des deux tiers des jeunes vivant avec le VIH- environ 6,2 millions dont 75%
sont de sexe féminin (ONUSIDA, 2003).
Le Rapport des Nations Unies de l'année 2001 a
révélé que dans le monde, les adolescents et jeunes de 15
à 24 ans représentent près du tiers de la population avec
un effectif absolu de 1,7 milliard parmi lesquels la grande majorité
provient des pays en développement dont l'Afrique au sud du Sahara. Ces
jeunes enregistrent les taux les plus élevés des IST dans le
monde : avec plus de tiers des cas signalés, cette proportion est
plus élevée an Afrique au Sud du Sahara. L'ONUSIDA estime par
ailleurs le nombre de jeunes atteints du VIH/SDIA à près de 12
millions parmi lesquels les femmes sont majoritaires. Dans les pays de
l'Afrique au sud du Sahara, au moins 5 % des jeunes femmes sexuellement actives
sont infectées par le VIH.
L'exposition aux IST/VIH/SIDA quant à elle s'accentue
d'année en année alors que l'amélioration de la
santé de la reproduction des adolescents et jeunes est indispensable au
bien-être social et économique futur du monde. Dans la plupart des
pays de l'Afrique au sud du Sahara, la faiblesse du niveau de communication
entre adultes, adolescents et jeunes sur les questions liées à la
sexualité, et l'absence des services de soins appropriés et
adéquats pour les adolescents et jeunes sont, entre autres, des
barrières à la santé sexuelle de cette couche importante
de la population.
Le tableau ci-dessous présente pour certains pays
d'Afrique la prévalence du VIH chez les adolescents et jeunes de 15
à 24 ans selon le sexe. Il montre que quel que soit le pays
considéré, la prévalence des adolescentes et des jeunes
filles est nettement plus élevée à la valeur
enregistrée par leurs pairs du sexe masculin. Comme le montre les
statistiques générales sur ce phénomène, les pays
de l'Afrique australe sont les plus touchés par le VIH pour ce qui
concerne les adolescents et jeunes.
Tableau 1.1 :
Prévalence (%) du VIH chez les jeunes de 15 à 24 ans selon le
sexe en 2003
Pays
|
Prévalence (%) du VIH/SIDA en 2003
|
Adolescents et jeunes de 15 à 24 ans
|
Hommes
|
Femmes
|
Afrique du Sud
|
10,65
|
25,65
|
Burkina Faso
|
4,00
|
9,75
|
Burundi
|
4,95
|
11,05
|
Cameroun
|
5,40
|
12,65
|
Côte d'Ivoire
|
2,90
|
8,35
|
Ghana
|
1,38
|
3,00
|
Kenya
|
6,00
|
15,55
|
Ouganda
|
2,00
|
4,65
|
Rwanda
|
4,90
|
11,20
|
Sénégal
|
0,19
|
0,54
|
Soudan
|
1,10
|
3,10
|
Swaziland
|
15,25
|
38,50
|
Zimbabwe
|
12,40
|
33,00
|
Source : Rapport sur
l'état de la population mondiale UNFPA 2003 tiré de la
thèse de TOLNO Fassa Daniel, 2007.
Graphique 1.1 :
Distribution des jeunes de 15-24 ans vivant avec le VIH-SIDA en fin
2003
'
Divers facteurs8(*) rendent les jeunes plus vulnérables au VIH.
Parmi ceux-ci le manque d'information, d'éducation et de services sur le
VIH, les paris fous qu'ils doivent souvent faire pour survivre et les risques
que leur font courir la curiosité et le besoin d'expérimentation
propres à leur âge.
La plupart des jeunes sont actifs9(*) sexuellement à
l'adolescence, souvent avant leur quinzième anniversaire. L'urbanisation
croissante, la pauvreté, les conflits d'opinion sur les valeurs et les
comportements liés au sexe, le rejet des canaux d'information
traditionnels sur la sexualité et la reproduction encouragent chez les
adolescents l'activité sexuelle avant le mariage.
La recherche montre que les adolescents qui commencent
tôt leur vie sexuelle active ont plus de chances d'avoir plusieurs
partenaires sexuels et parmi eux des personnes déjà
exposées au risque de VIH. Il n'est guère probable qu'ils
utilisent un préservatif (OMS, 2000). A Kisumu, au Kenya, 25% des jeunes
garçons sexuellement actifs et 33% des jeunes filles déclaraient
n'avoir pas utilisé de préservatif lors de leur première
expérience sexuelle ni lors des suivantes (Glynn et al., 2001).
« C'est en accordant une priorité spéciale
aux jeunes que l'on parviendra à influer sur le cours de
l'épidémie. Le changement des comportements et des attentes
à un jeune âge permettra d'obtenir des avantages pendant toute la
vie, à la fois pour prévenir le VIH. Le défi consiste
à promouvoir des programmes efficaces qui encouragent les jeunes
à faire face au VIH/SIDA de toutes les manières possibles... Dans
tous les pays où la transmission du VIH a reculé, c'est parmi les
jeunes que les progrès les plus spectaculaires ont été
enregistrés. », (Carol Bellamy, Directrice générale
de l'UNICEF 2004).
« Les succès remportés dans le monde pour
lutter contre le SIDA doivent se mesurer par leur impact sur nos enfants et nos
jeunes. Reçoivent-ils l'information dont ils ont besoin pour se
protéger du SIDA ? Les filles ont-elles les moyens d'assumer leur
sexualité ? Telles sont les questions difficiles que nous devons nous
poser. C'est à la réponse qu'ils y apporteront que l'on pourra
juger nos dirigeants. Nous ne pouvons laisser le SIDA dévaster une
nouvelle génération. » (Peter Piot, Directeur
général, ONUSIDA 2004)
Le Niger fait partie de l'un des pays ouest africains
où l'épidémie VIH est caractérisée de faible
prévalence comme le montre les données de l'EDSN-MICS III de
2006. Depuis la notification du premier cas de VIH/SIDA en mars 1987,
l'épidémie au Niger évolue de façon constante,
différemment selon certains groupes cibles.
L'enquête nationale de séroprévalence
réalisée en 200210(*), a révélé un taux de
séroprévalence de 0,87 % avec un nombre moyen
estimé de 40.000 personnes infectées. La
séroprévalence était plus élevée en milieu
urbain (2,08%) qu'en milieu rural (0,64 %). En outre, des taux
élevés de séroprévalence ont été
observés au niveau de certains groupes à savoir : enseignants
(1,4%), routier (1,7%), détenus (2,8%), militaires (3,8%) et
professionnelles du sexe (25,4 %). Ces dernières
semblaient constituer le noyau de diffusion de la maladie notamment à
partir de leurs clients.
Les résultats du volet VIH de l'Enquête Nationale
de Démographie et de Santé à Indicateurs Multiples
réalisée en 2006, montrent une tendance à la stabilisation
de l'épidémie avec une séroprévalence de 0,70 % et
toujours une disparité en milieu rural (0,5 %) et milieu urbain (1,5
%).
Graphique 1.2 :
Distribution du taux de séroprévalence de l'infection à
VIH selon les tranches d'âge et le sexe au Niger en 2006
Graphique 1.3 : Taux de
prévalence selon les catégories d'âge
Tableau 1.2 : Situation
épidémiologiques des cas du SIDA au Niger de 1987 à
200611(*).
ANNEES
|
NOUVEAUX CAS
|
CAS CUMULES
|
1987-1991
|
-
|
505
|
1992
|
304
|
809
|
1993
|
453
|
1262
|
1994
|
467
|
1729
|
1995
|
621
|
2350
|
1996
|
652
|
3002
|
1997
|
217
|
3219
|
1998
|
425
|
3644
|
1999
|
940
|
4584
|
2000
|
1014
|
5598
|
2006*
|
1664
|
7262
|
Source : PNLS/ IST Niger 2000
* Données issues de l'EDSN- MICS-III
Etant donné que peu d'enfants
infectés au VIH survivent jusqu'à l'adolescence, l'infection chez
les jeunes fournit une indication des infections récentes et peut
fournir, indirectement, une estimation de l'incidence de nouveaux cas. La
prévalence moyenne du VIH chez les jeunes de 15-24 ans est de 0,4%, soit
0,5% chez les filles et 0,1% chez les hommes. Le tableau 1-3 nous
présente la prévalence du VIH parmi les jeunes de 15-24 ans selon
certaines caractéristiques sociodémographiques.
Tableau 1.3 :
Prévalence du VIH parmi les jeunes de 15-24 ans selon certaines
caractéristiques sociodémographiques
Caractéristiques sociodémographiques
|
Femmes
|
Hommes
|
Ensemble
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Groupe d'âges
|
15-17
|
0,0
|
507
|
0,0
|
373
|
0,0
|
880
|
18-19
|
0,0
|
303
|
0,0
|
206
|
0,0
|
509
|
20-22
|
0,4
|
542
|
0,1
|
321
|
0,3
|
863
|
23-24
|
2,2
|
281
|
0,9
|
142
|
1,8
|
423
|
15-19
|
0,0
|
810
|
0,0
|
579
|
0,0
|
1389
|
20-24
|
1,0
|
823
|
0,3
|
463
|
0,8
|
1286
|
Milieu de résidence
|
Urbain
|
0,5
|
374
|
0,0
|
362
|
0,3
|
736
|
Rural
|
0,5
|
1259
|
0,2
|
680
|
0,4
|
1939
|
Région
|
Niamey
|
1,0
|
186
|
0,0
|
171
|
0,5
|
357
|
Agadez
|
0,0
|
54
|
0,0
|
37
|
0,0
|
91
|
Diffa
|
3,1
|
33
|
1,1
|
27
|
2,2
|
60
|
Dosso
|
0,5
|
245
|
0,0
|
133
|
0,3
|
379
|
Maradi
|
0,5
|
285
|
0,0
|
171
|
0,3
|
456
|
Tahoua
|
0,5
|
335
|
0,0
|
206
|
0,3
|
541
|
Tillaberi
|
0,5
|
212
|
1,0
|
121
|
0,7
|
333
|
Zinder
|
0,0
|
283
|
0,0
|
176
|
0,0
|
459
|
Etat matrimonial
|
Célibataire
|
0,1
|
425
|
0,2
|
877
|
0,2
|
1302
|
A déjà eu rapports sexuels
|
*
|
14
|
0,0
|
195
|
0,3
|
209
|
N'a jamais eu rapports sexuels
|
0,0
|
411
|
0,2
|
682
|
0,1
|
1093
|
En union
|
0,4
|
1170
|
0,0
|
159
|
0,3
|
1328
|
Divorcé(e)/séparé(e)/veufs/veuves
|
(9,3)
|
38
|
*
|
7
|
7,8
|
45
|
Ensemble 15-24 ans
|
0,5
|
1633
|
0,1
|
1042
|
0,4
|
2675
|
Source : EDSN-MICS -III, Niger
2006 ( ) Basé sur un faible nombre de cas non pondérés *
Basé sur trop peu de cas non pondérés
I-8
Conséquences du VIH/SIDA
Dans tous les pays à faible comme à forte
prévalence du VIH, le SIDA freine le développement et fait payer
aux individus et aux familles un tribut exorbitant. Dans les pays les plus
durement frappés, il efface des décennies de progrès
social, économique et sanitaire, amputant l'espérance de vie de
plusieurs années, aggravant la pauvreté et contribuant aux
pénuries alimentaires ou les accentuant.
I-8-1 Conséquences
démographiques
L'Afrique subsaharienne a la prévalence la plus
élevée du monde et doit faire face à l'impact
démographique le plus important. Dans les pays les plus atteints
d'Afrique orientale et australe, si les niveaux actuels d'infection se
maintiennent et des programmes de traitement à grande échelle ne
sont pas mis en place, jusqu'à 60% des jeunes qui ont 15 ans aujourd'hui
n'atteindront pas leur soixantième anniversaire.
Dans sept pays africains où la prévalence de
l'infection à VIH dépasse 20%, l'espérance de vie pour une
personne née entre 1995 et 2000 n'est plus que de 49 ans, soit 13
ans de moins qu'en l'absence de SIDA. Au Swaziland, en Zambie et au Zimbabwe,
on estime que l'espérance de vie moyenne tombera à moins de
35 ans en l'absence de traitements antirétroviraux.
Certains chercheurs prévoient une croissance
démographique négative et une baisse de l'espérance de vie
imputable aux effets du SIDA (ONUSIDA, 2002).
Roy Anderson estimait que : «dans les régions
du monde les plus atteintes, le SIDA pourra vraisemblablement en quelques
décennies transformer de positifs en négatifs les taux de
croissance démographique» (Stover, 1996), alors qu'en 1990 John
Bonguarts pensait que «les taux de croissance démographique ne
devraient pas devenir négatifs en Afrique centrale. Vraisemblablement,
les taux de croissance démographique en Afrique Centrale et Orientale ne
tomberont pas en dessous de la moitié de leurs valeurs
actuelles».
Dans de nombreux pays, le SIDA anéantit des
décennies de progrès en matière d'allongement de
l'espérance de vie. L'impact du SIDA sur l'espérance de vie porte
un coup considérable au développement d'une société
surtout en Afrique. Dans les 45 pays les plus touchés, les projections
démographiques indiquent qu'entre 2000 et 2025, 65 millions de personnes
mourront plus tôt qu'elles ne l'auraient fait en l'absence du SIDA. C'est
en Afrique subsaharienne que le nombre projeté de décès
est le plus élevé, avec 55 millions de décès
supplémentaires attendus (39% de décès de plus que si le
SIDA n'existait pas). Les effets du SIDA sont particulièrement
importants sur la mortalité juvénile (parmi les enfants de moins
de 5 ans). La survie de l'enfant est donc menacée dans les pays les plus
touchés (ONUSIDA, 2002).
Les conséquences démographiques de
l'épidémie sont logiquement plus importantes dans les pays
où les taux de prévalence sont élevés. C'est donc
sur le continent africain que les effets sont aujourd'hui les plus
sensibles ; ce qui se mesure avec autant plus d'acuité que la
croissance démographique est importante et que les populations y sont
jeunes.
La première conséquence liée
à la surmortalité des personnes infectées est donc une
réduction de l'espérance de vie à la naissance. Dans les
pays les plus touchés par le SIDA, l'espérance de vie à la
naissance, des hommes comme des femmes, recule de façon spectaculaire.
L'autre impact concerne la composition par
âge et par sexe de la population. La mortalité liée au
virus ne touche pas tous les âges de façon identique et affecte
davantage les femmes que les hommes en Afrique. Selon les projections des
Nations Unies à l'horizon de 2020, au Botswana les jeunes de moins de 20
ans et les adultes de 30 à 60 ans enregistreraient la ponction la plus
lourde, au regard des tendances actuelles. Les Nations Unies estiment en effet
que les taux de prévalence chez les 15-49 ans sont jusqu'à 20
fois plus élevés dans les pays d'Afrique subsaharienne que dans
les pays industrialisés. Au final, l'épidémie retarde le
vieillissement, en réduisant considérablement les effectifs des
adultes. Mais l'impact de l'épidémie est plus lourd chez les
femmes jeunes qui représentent une plus grande proportion en Afrique
subsaharienne, pour plusieurs raisons concomitantes. Elles sont en effet plus
exposées au risque d'infection car elles n'ont pas toujours le pouvoir
de négocier les termes de leurs rapports sexuels, ni d'accéder
correctement aux contraceptifs, et sont fréquemment soumises à un
rapport de domination vis-à-vis des hommes. D'autre part, l'accès
des femmes aux soins médicaux est également plus
limité ; ce qui aggrave d'autant l'impact à leur
égard, quand elles ne souffrent pas de discrimination lorsqu'elles
vivent avec le virus. Certains rapports des Nations Unies
révèlent une situation très préoccupante, où
les inégalités de genre accentuent considérablement les
conséquences d'une telle maladie.
Au Niger, en 2000, le nombre de personnes vivant avec
le VIH etait estimé à 64.000 et le nombre de décès
à 6500 pour l'année 1999. Les personnes vivant avec le VIH/SIDA
sont hospitalisées dans tous les services de santé sans
discrimination. La proportion des lits qu'elles occupent est difficilement
appréciable. Certaines structures l'estiment de 0,5 à 33%
(PNLS/IST, Niger 2006).
I-8-2 Conséquences sociales
Le VIH/SIDA constitue une menace potentielle
importante sur les structures familiales. L'épidémie prive la
famille de ses biens et appauvrit encore ceux qui sont déjà
pauvres. Selon l'ONUSIDA (2002), 65% des ménages zambiens dans lesquels
la mère était morte du SIDA s'étaient
désintégrés, et dans les deux tiers de familles dans
lesquelles le père était mort du SIDA, le revenu mensuel a
chuté de plus de 80%.
Au Niger, une étude a montré que le
revenu des ménages touchés correspondait à la
moitié du revenu moyen des ménages. Cela est dû au fait que
la famille affectée devait non seulement consacrer davantage de temps et
d'efforts à des tâches autres que leurs activités
productrices de revenu, mais aussi à dépenser pour les malades de
la famille.
La durée moyenne d'hospitalisation chez un
malade du SIDA au Niger, varie de 5 à 40 jours selon l'épisode de
la maladie, la capacité d'accueil et le coût de l'hospitalisation.
La charge de travail en soins infirmiers et en soutien psychoaffectif du
personnel a augmenté de manière générale dans les
Hôpitaux Publics et Privés. Le coût direct moyen de prise en
charge en 14 jours dans les formations sanitaires publiques,
s'élève à 77.500 FCFA comprenant 33.825 FCFA en
médicaments, 7473 FCFA pour les frais d'hospitalisation, 24.465 FCFA en
examens complémentaires et 1600 FCFA pour les frais de consultation. La
prise en charge par hospitalisation est estimée entre 300.000 FCFA et
500.000 FCFA dans les structures privées (sans le coût des
antiretroviraux). Quant au coût supplémentaire lié à
la sécurité du personnel, il a connu une augmentation liée
aux moyens de prévention (gants, chaussures de sécurité,
appareils d'incinération).
Lorsque l'épidémie évolue, la
demande de soins des personnes vivant avec le VIH/SIDA augmente. On assiste
alors à un surcroît de pression sur le secteur de la santé.
Les services de soin de santé sont soumis à des niveaux de
pression qui varient en fonction du nombre de personnes qui cherchent ces
services, de la nature de la demande et de la capacité à fournir
cette prise en charge. Selon l'ONUSIDA (2002), le rapport sur le
développement humain du Swaziland (2001) a estimé que les
personnes infectées par le VIH/SIDA occupaient la moitié des lits
et qu'ils ne sont admis qu'à des stades avancés de la maladie. Ce
qui réduit leur chance de guérison.
L'un des phénomènes sociaux
majeurs induit par l'épidémie sera la progression du nombre
d'orphelins. Du fait d'une mortalité encore forte en Afrique, la
proportion d'orphelins est déjà, sans le SIDA, très
élevée : à 15 ans, 10% des enfants ont perdu leur
mère et 20% leur peur et près de 2% ont perdu leurs deux parents
(Vallin et al., 1994). Au Niger, l'absence d'études et de données
fiables ne permet pas de déterminer le nombre d'orphelins, veufs, et
veuves du SIDA. Toutefois dans certaines régions du pays comme Tahoua,
au Centre Hospitalier Régional (CHR) la demande en assistance sociale
concerne les orphelins et veuves du SIDA. Le nombre d'enfants de la rue a
augmenté même s'il est difficile de déterminer la part
liée au VIH/SIDA.
Les attitudes de la société
vis-à-vis des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) sont la compassion
pour beaucoup tandis que pour certains c'est la méfiance et la crainte
d'être contaminé. La solidarité familiale existe toujours
mais l'épuisement de la prise en charge matérielle liée
à la chronocité de la maladie explique parfois les abandons. Les
groupes stigmatisés sont surtout les exodants, les prostituées.
Dans certaines régions, les veuves et les étrangers ont
été cités. Quant aux valeurs sociales, l'avènement
du VIH ne les a pas modifiées fondamentalement qu'il s'agisse des
intentions de mariage, de polygamie et du sororat.
On observe que dans la zone de Maradi, la peur est
le facteur le plus important, suivi de près par la psychose et
l'isolement. Dans la zone de Diffa la psychose l'emporte sur l'isolement et la
peur. Les groupes stigmatisés sont surtout les exodants, les
prostituées. Quelques rares cas de demande en test prénuptial ont
été signalés (PNLS/IST, Niger 2006). Une autre
étude (P.A.C : Etude sur l'ampleur de l'épidémie du
VIH/SIDA dans quatre (4) régions du pays) indique que dans les zones de
Maradi et de Diffa, l'épidémie du VIH/SIDA a des
conséquences sociales et psychologiques allant de l'angoisse à la
psychose sociale.
Il convient de noter que l'avènement du
VIH/SIDA dans les villages notamment n'est pas sans provoquer des perturbations
sociales, tant du point de vue de l'organisation que dans les logiques
culturelles des communautés en présence (dissémination et
rejet des PVVIH/SIDA, abandon des veuves, veufs et orphelins, dislocation des
ménages, changement des schémas culturels).
I-8-3 Conséquences économiques
La perte de revenu, le surcroît des
dépenses liées aux soins, ainsi que l'augmentation des
coûts de la santé et des obsèques entraînent la
pauvreté. Le VIH/SIDA est donc un obstacle à l'expansion
économique et au progrès social parce que la grande
majorité des personnes vivant avec le VIH/SIDA dans le monde est
âgée de 15 à 24 ans, principale période de la vie
active. Le SIDA affaiblit l'activité économique en
réduisant la productivité, en augmentant les coûts, en
réorientant les ressources et en amenuisant les compétences.
L'impact du VIH/SIDA sur la main d'oeuvre, les
entreprises et les ménages est lourd dans la mesure où le SIDA
engendre une demande accrue de ressources et de services à tous les
niveaux de la société, tout en affaiblissant les fondements
même de l'économie et de l'Etat. La production agricole qui reste
le secteur dominant des économies africaines est affectée par
l'épidémie, entraînant ainsi une baisse des cours des
principaux produits d'exportation et mettant en péril par la même
occasion la sécurité alimentaire des populations ; comme
ça a été observé en Ouganda ou en Tanzanie.
Plusieurs études ont montré que l'effet
net de l'épidémie sur le produit intérieur brut (PIB) par
habitant est négatif et peut-être même important (ONUSIDA,
2002). Pour les pays dont les taux nationaux de prévalence sont de 20%,
la croissance annuelle du PIB chute en moyenne de 2,6% (ONUSIDA, 2002).
Au Niger, il a été constaté
une diminution du revenu du ménage lorsque l'un ou les deux conjoints
sont malades. Dans les entreprises et sociétés, il existe des
personnes infectées dont la plupart sont au stade du SIDA. L'impact sur
la production n'est pas encore évalué. Les frais de prise en
charge médicale au niveau des entreprises qui sont remboursés par
paiement direct de 80 à 100% selon les structures, ont connu une
augmentation non chiffrée (PNLS/IST, Niger 2006).
Selon l'étude du Fonds des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) réalisée en 2001, les
impacts du SIDA sont multiples et multiformes, notamment en milieu rural.
L'étude révèle que l'impact de la maladie sur
l'exploitation de la terre n'est ressenti que lorsque la personne
infectée est elle-même chef de famille exploitant le(s) champ(s)
ou alors lorsqu'il s'agit d'un exodant résidant ailleurs et qui est le
soutien de la famille. Quand le chef de famille meurt, le champ est
cultivé par les enfants et leur mère, et les conséquences
se traduisent par une baisse de la production.
Dans ce cas de figure, d'autres conséquences
à long terme seront que les enfants non encadrés,
abandonnés à eux-mêmes ne pourront acquérir le
savoir-faire que leurs parents leur auraient transmis.
A l'échelle mondiale, le SIDA constitue un obstacle
important à la réalisation de l'accès universel des
enfants à la scolarisation d'ici 2015 (objectif clé de
l'Initiative 'Education pour tous' de l'UNESCO et des Objectifs de
développement pour le Millénaire). On estime à un milliard
de dollars par année le coût supplémentaire net susceptible
de compenser les effets du SIDA - perte et absentéisme des enseignants
et encouragements à la demande destinés à maintenir
à l'école les orphelins et autres enfants vulnérables.
SYNTHESE
PARTIELLE
Ce chapitre a porté sur deux grandes sections. La
première, qui avait pour but de présenter le contexte de
l'étude s'est appesantie sur les aspects géographiques,
démographiques, socio-économiques et sur la politique en
matière de santé au Niger. Il y est ressorti que la
précarité des conditions d'existence et la politique de
santé reproductive en cours au Niger sont autant de facteurs à
prendre en compte dans l'explication des comportements sexuels des
adolescents.
Dans la seconde section, il était question de faire le
point sur le VIH/SIDA. Il y est ressorti que le VIH/SIDA affecte une frange
importante des adolescents. Sa forte propagation augure de sombres
perspectives, eu égard aux conséquences démographiques,
sociales et économiques qu'elle occasionne. Les adolescents plus
particulièrement paient un lourd tribu à
l'épidémie. Toutefois, cette catégorie de population fait
très peu l'objet d'attention dans les cadres stratégiques de la
lutte contre le VIH/SIDA au Niger. Dans ce pays, des avancées
significatives pour une réponse efficace à
l'épidémie ont été certes effectuées, mais
l'épidémie continue sa propagation.
CHAPITRE II
CADRE THEORIQUE
Dans ce chapitre, il s'agit d'une part d'aborder les
études relatives à l'activité sexuelle des jeunes et des
adolescents, et d'autre part d'élaborer le cadre conceptuel de notre
étude.
II-1 Revue de la littérature
La sexualité est un domaine qui a
longtemps attiré l'attention aussi bien des sociologues et
anthropologues que des démographes. Cette attention résulte,
entre autres, des relations identifiées entre les comportements sexuels
et certains phénomènes ayant des conséquences sociales,
sanitaires, économiques et démographiques néfastes. En
Afrique au sud du Sahara, les premières études sur les
comportements sexuels remontent à la période coloniale (Rwenge,
1999).
De nombreuses études ont été
réalisées par la suite pour expliquer les comportements sexuels
des adolescents en Afrique. Celles-ci se sont distinguées selon
l'importance qu'elles accordent à certains facteurs qu'elles trouvent
à la base de ces comportements. Elles ont à cet effet
procédé à plusieurs approches à savoir :
l'approche socio-culturelle, l'approche économique et l'approche
institutionnelle.
II-1-1 Approches
explicatives des comportements sexuels à risque des
adolescents
II-1-1-1 Approche socio-culturelle
L'approche socio-culturelle se fonde sur le fait qu'on ne peut
pas "désocialiser" l'activité sexuelle. Elle accorde un
rôle central à la construction sociale et culturelle, sans
laquelle, selon elle, aucun désir ne peut apparaître et s'exprimer
(Foucault, 1984 cité par Bozon, 1994b). Ainsi, selon les auteurs de
cette approche, les comportements sexuels sont déterminés par les
normes et valeurs socio-culturelles en matière de sexualité.
C'est l'ensemble de ces constructions idéologiques qui
déterminent les circonstances du déroulement de l'activité
sexuelle. Dans ce cas, les relations sexuelles seraient spontanées et ne
répondraient pas à un objectif particulier (Diop, 1995 ;
Calvès, 1996). Une des expressions de cette approche est la thèse
selon laquelle l'activité sexuelle des jeunes en milieu urbain
s'expliquerait par la "désorganisation sociale", la faiblesse du
contrôle social ou le relâchement des moeurs. Cette thèse
fait partie de la théorie générale de la modernisation,
qui se fonde sur l'affaiblissement des structures traditionnelles et le
relâchement du contrôle des aînés sur les cadets. Les
comportements nouveaux qui en résultent, sont plus orientés vers
la satisfaction personnelle et la gratification individuelle que vers la
responsabilité familiale (Diop, 1995).
Cette approche stipule que l'affaiblissement des
structures traditionnelles et le relâchement des contrôles des plus
grands sur les plus petits issus de la modernisation seraient à la base
des comportements sexuels à risque des adolescents (Van Balen, 1958;
Romaniuk, 1967; Retel, 1974; Sala-Diakanda, 1980; Evina 1990). C'est ce facteur
qui a été favorable à la propagation des maladies
sexuellement transmissibles (MST) stérilisantes (blennorragie,
gonococcie, chlamydia et mycoplasma) ou abortives (syphilis) (Sala-Diakanda,
1980; Evina, 1990).
Dans la société traditionnelle, le respect de
l'aîné est important. Les parents y ont aussi des obligations
vis-à-vis des enfants, les aînés des cadets ou les adultes
en général des jeunes. Ce sont ceux-là qui se chargent de
leur éducation et de leur apprentissage. Les enfants évoluent
d'abord dans la sphère maternelle. Viennent ensuite leur entrée
dans le milieu le plus élargi de la grande famille, où les autres
enfants de la classe précédente prennent une grande importance
pour lui, et leur initiation aux rites, qui ont pour fonction de faire
évoluer l'enfant, non dans son comportement, son intelligence ou son
affectivité, mais dans son existence même, pour le faire passer de
l'état de nature à celui de culture et de le mener à sa
véritable destinée, à son plein épanouissement
(Rwenge, 1999).
L'apprentissage de l'enfant se fait dans cette
société à l'aide de maximes, sentences, chansons, contes,
proverbes...utilisés pour justifier telle manière de
procéder, ou telle intervention et au travers desquels on devine
l'existence d'un projet pédagogique, d'une véritable philosophie
de l'éducation (Mbarga, 1991). Les normes et valeurs de la
société véhiculées à l'enfant portent
souvent sur l'honneur (pour sa famille et lui), la pudeur, le respect de
soi-même, etc. Dans le domaine de la sexualité, la
chasteté, la virginité, la tolérance et la patience dans
leurs futurs ménages sont davantage adressées aux jeunes filles
qu'aux garçons. Pour ces derniers, on insiste sur le sens et
l'importance de la responsabilité afin d'en faire des êtres
capables de s'assumer et de contribuer à la reproduction du groupe.
Ainsi, la sexualité des adolescents ne dépend
pas d'eux mais de leurs parents et des responsables communautaires qui
constituent des canaux de transmission d'information dans les domaines de la
sexualité tels que la chasteté, la virginité
prémaritale, la soumission à leurs maris aux filles et le sens de
la responsabilité pour les garçons.
La société actuelle, contrairement à la
précédente, n'assigne pas de fonctions sociales précises
à la jeunesse. La société traditionnelle était
sécurisante pour elle. L'autorité qu'y avait la famille s'est
réduite à l'heure actuelle (Caldwell et al., 1991 et Diop, 1995).
L'influence de la famille sur l'enfant, en ne se limitant point à
transformer son affectivité en vue de l'accommoder à la vie de la
communauté, dépouille celui-ci de toute fonction sociale. Son
éducation y est prise en charge par l'école et les médias
: télévision, radio et presse écrite véhiculant de
nouvelles idées qui créent des comportements
différents.
L'éducation des jeunes à l'école ne les
prépare pas seulement à des rôles d'acteurs à
l'intérieur de la famille et dans un nouvel environnement où la
réussite de l'individu n'est plus liée à sa
communauté, mais résulte de sa capacité à assimiler
un savoir "scientifique" et à innover (Diop, 1995).
L'école et les nouvelles activités
récréatives éloignent souvent les jeunes des adultes et la
séparation des sexes n'y est plus assurée. Ces activités
récréatives qui se rapportent au cinéma, aux
soirées dansantes, au football (...), raccourcissent le temps que les
jeunes sont sous le contrôle des parents ou passent dans le cercle
familial. Il s'en suit le développement de l'activité sexuelle
précoce des jeunes observé dans la plupart des villes africaines.
Les études existantes ont pris en compte,
entre autres facteurs, l'ethnie, la religion et le milieu de résidence
pour concrétiser le milieu socioculturel régi par les valeurs,
normes, dogmes et idéologies.
i) Ethnie
L'ethnie est le cadre de production des
modèles socio-culturels propres à chaque société.
Elle conditionne les pratiques des populations notamment des adolescents.
L'ethnie joue un rôle important dans les différences des
comportements sexuels des adolescents. Elle agit plus à travers les
croyances, les perceptions, les valeurs relatives au modèle culturel de
référence (Akoto cité par Mudubu, 1996).
Les comportements sexuels des individus sont
fonction des normes de chaque ethnie. Les valeurs traditionnelles en
matière de sexualité et de procréation favorisant la
procréation des MST/SIDA ont été observées en
Afrique de l'Est chez les Masai du Nord Kenya où une femme mariée
est autorisée à entretenir des relations sexuelles
extraconjugales avec un autre homme au sein du lignage de son mari , en cas
d'absence prolongée de ce dernier .Cela permet , selon l'auteur , que
pendant les longues absences de ces gardiens de troupeau nomades , les
épouses soient sexuellement occupées par les parents du mari
(Bauni cité par Rwenge 2002).
Divers auteurs ont identifié l'appartenance ethnique
comme un facteur important de différenciation des comportements sexuels
des adolescentes et des adolescents. La littérature sur le sujet met en
relief deux typologies. D'une part, on retrouve les ethnies où les
moeurs sexuelles sont permissives et d'autre part, celles où les moeurs
sexuelles sont très rigides. En effet, en matière de
sexualité certaines ethnies sont plus tolérantes que d'autres.
Dans ces ethnies, l'encadrement familial est caractérisé par un
très faible contrôle social des adolescents par leurs parents et
d'autres membres de la communauté.
Les adolescents jouissent ainsi d'une très grande
marge de liberté. La sexualité avant le mariage est
encouragée. Cette attitude est surtout adoptée dans les
sociétés à taux élevé
d'infécondité pour tester les capacités des jeunes
à procréer. C'est notamment « le cas des
Moba-gurma du Togo, des Krou de Côte d'Ivoire, des
Mongo et Tetela de RD Congo, des
Zandés-Nzakara de Centrafrique, des Bëti du
Cameroun, dans les provinces de Toliary et de Fianarantsoa à
Madagascar » (Gastineau & Binet, 2006 ; Ombolo, 1990 ;
Rey, 1989 ; Schwart, 1978 ; Retel-Laurentin, 1974, cités par
Beninguisse12(*), 2007).
Dans un tel contexte, l'ethnie apparaît comme un facteur important dans
l'occurrence précoce de la sexualité chez les adolescentes. Les
études de Rwenge (1999 ; 2000) confortent cette hypothèse.
Il ressort qu'à Bamenda l'appartenance ethnique aux groupes Tikar-Soh et
Bamiléké est positivement associée au risque pour les
jeunes d'être sexuellement actif avant 16 ans. En Côte d'ivoire, il
a été aussi observé que les filles Krou et Sénoufo
(ou Malinké) sont plus susceptibles que leurs consoeurs Akan d'avoir des
rapports sexuels avant 16 ans (Talnan et al., 2002). Dans la
même perspective, Kouton (1992) fait remarquer qu'au Bénin les
adolescentes Fon et apparentés ont 39 % plus de risque d'avoir une
sexualité précoce que celles d'origine Adja et apparenté.
Les études antérieures ont aussi montré
que dans les ethnies à moeurs permissives, le multipartenariat,
l'activité sexuelle occasionnelle et la sexualité
rétribuée sont fréquents (Rwenge, 1999 ; 2002 ;
Talnan et al., 2002). En Côte d'ivoire, ces comportements
résultent aussi du "rite de lavement " si l'on en croit notamment
Guérry (1972 cité par Aonon, 1996 :362). Selon l'auteur, ce
rite est le facteur clé de la liberté sexuelle des filles
baoulés avant le mariage. Par ailleurs, Talnan et al. (2002)
ont observé que l'appartenance ethnique influence très
positivement le multipartenariat chez adolescentes Krou. Dans le cas du
Cameroun, Rwenge (2000) a constaté que le multipartenariat est une
conduite observée plus chez jeunes appartenant aux ethnies
Bamiléké, Metta, et les (autres) ethnies du Nord-Ouest. Cet
auteur a aussi examiné la relation qui existe entre l'ethnie et la
sexualité occasionnelle d'une part, et d'autre part la relation entre
l'ethnie et la sexualité rétribuée. Dans le premier cas,
les ethnies Makon-Banyague, Bamiléké, Tikari-Nsoh sont moins
enclines à la relation sexuelle occasionnelle (Rwenge, 1999 ;
2000). Dans une autre étude (2002) dans laquelle cet auteur compare les
comportements sexuels des Bëti à ceux des Bamiléké,
les rapports sexuels occasionnels et rétribués se sont
avérés plus fréquents chez les premiers que les seconds
(Rwenge, 2002).
Quelques études ont montré aussi que la
prévalence de l'utilisation des condoms lors des rapports sexuels
diffère selon le groupe ethnique d'appartenance. Au Cameroun par
exemple, les Bamiléké dont les moeurs sexuelles sont rigides ont
un risque plus élevé d'utiliser les condoms pendant les rapports
sexuels que les Bëti, où les moeurs sexuelles sont permissives
(Rwenge, 2002). En Côte d'ivoire par contre, c'est plutôt les
jeunes d'origine ethnique "étrangères" à ce pays qui ont
un risque plus élevé de ne pas utiliser le condom aux cours des
rapports sexuels (Talnan et al., 2002)
Des études qualitatives ont mis en évidence les
raisons associées au multipartenariat et à la non utilisation des
condoms dans certaines ethnies. Chez les Bëti tout comme chez les
Bamiléké, la recherche du plaisir sexuel serait la principale
raison du multipartenariat chez les hommes. Par contre, chez les femmes les
contraintes économiques étaient la principale raison du
multipartenariat (Rwenge, 2002). Le désir d'enfants, la diminution du
plaisir, la mauvaise appréciation du condom, la fidélité
et la confiance au partenaire sont les principales raisons liées
à la non-utilisation des condoms aussi bien en milieu Béti qu'en
milieu Bamiléké (Rwenge, 2002).
Au Niger, la plupart des coutumes exigent que la femme n'ait
ses premiers rapports sexuels que dans le mariage. C'est fort de cela que les
normes en matière de sexualité, de nuptialité, et de
fécondité sont étroitement gérées par le
groupe familial et ne sont jamais laissé au seul soin de l'individu. Ces
normes favorisent le mariage et la fécondité précoces tout
en focalisant l'attention sur deux points : la virginité avant le
mariage et la fécondité après le mariage (Kouton, 1992).
La virginité de la fille est une valeur recherchée chez la jeune
fille, et les parents y veuillent à cela. Car, une fille qui va vierge
au mariage est un bel exemple de bonne éducation et de fierté de
sa famille et de son époux.
Etant donné que les normes et les valeurs ne sont pas
uniquement dictées par l'appartenance ethnique, il convient d'examiner
les relations entre la religion et les comportements sexuels.
ii) Religion
La religion véhicule un certain nombre de valeurs et
normes qui régissent la vie des fidèles sur le plan
comportemental et psychique (Akoto, 1985). Ainsi, la religion joue un
rôle fondamental dans les perceptions, comportements et attitudes des
fidèles à travers ses croyances, valeurs et dogmes.
L'appartenance à une religion peut modifier l'activité sexuelle
des adolescents et leur propension à adopter un comportement sexuel
à risque (Akoto, 1985). « Dans la plupart des
sociétés traditionnelles, on sait que la religion fonde l'ordre
de l'univers, qu'elle prescrit la forme canonique de la vie collective ou de
l'identité individuelle, et qu'elle renferme l'ensemble du savoir
technique » (Jacques Pierre, 1994). Ceci montre que dans
n'importe quelle société, la religion joue un rôle
important dans la vie des individus. Son rôle en tant que galvaniseur de
la morale a été bien reconnu de plusieurs manières.
Le Niger est un pays composé de plus de 95% de
musulmans. La religion musulmane rend la sexualité tabou et de ce fait,
les adolescents doivent uniquement se conformer aux dogmes et principes qui
enseignent la virginité pour les filles et la chasteté pour les
garçons et ce jusqu'au mariage. A cet effet, cette religion
déconseille l'utilisation du préservatif et des méthodes
contraceptives car contraire aux lois divines. La religion musulmane
perçoit le SIDA comme une « maladie de Satan
» à cause du lien qu'il entretient avec le sexe. En
effet, dans la religion musulmane avoir des rapports sexuels hors mariage est
considéré comme un péché. L'utilisation du condom
est aussi considérée comme un péché. L'influence de
la religion sur les comportements sexuels varie selon les pays. Au Ghana, Takyi
(2003, cité par Boula, 2005) a observé que la religion a un effet
significatif sur les connaissances du SIDA. Cependant, il n'a pas
observé que la religion est liée au changement de comportement
sexuel, notamment à l'usage du préservatif. En revanche, en
milieu urbain ivoirien Talnan et al., (2002) ont observé que
les adolescentes musulmanes ont moins de chance d'avoir recouru aux condoms
dans leur vie que les adolescentes adeptes de religions chrétiennes.
Baya et Meda (2001) sont parvenus aux mêmes conclusions chez les jeunes
de Bobo-Dioulasso.
Les jeunes appartenant aux religions musulmanes grandissent
sans être convenablement informés sur la sexualité et les
conséquences néfastes qui en résultent car ils
accèdent difficilement aux informations relatives à la
sexualité (Rwenge, 1999). Avec l'entrée des valeurs occidentales
en Afrique, la religion chrétienne, très rattachée
à ces valeurs, favorise le mariage tardif et encourage l'utilisation des
méthodes contraceptives afin d'éviter les grossesses non
désirées. Les facteurs de modernisation ont entraîné
une rupture des liens entre les parents et leurs enfants. Ce relâchement
des liens n'est qu'une conséquence de l'adhésion des parents
à la religion occidentale (Rwenge, 1999).
La religion est une variable qui sert à approcher
d'autres variables telles que l'instruction ; la profession, etc. (Mudubu,
1996). En effet, les adolescents musulmans ont tendance à avoir un
faible niveau d'instruction que leurs pairs chrétiens, ce qui pourrait
être désavantageux dans les prises de décision concernant
les rapports sexuels.
L'appartenance religieuse est un déterminant de
l'entrée précoce en vie sexuelle dans certains pays. Au Cameroun,
il ressort que les adolescentes musulmanes et les adeptes des religions
traditionnelles sont significativement moins susceptibles de retarder leurs
premiers rapports sexuels dans toutes les régions de résidence
(Kuaté Defo, 1998). Dembélé (2004) a pratiquement
observé la même tendance au Burkina-Faso. Il ressort de son
étude que les adolescentes animistes et musulmanes sont plus
susceptibles de s'engager dans l'activité sexuelle prémaritale
que les catholiques. Par contre au Brésil, Bozon et
al. (2006) ont observé qu'uniquement dans la religion
pentecôtiste les jeunes hommes ont retardé leur entrée dans
l'activité sexuelle. Dans d'autres études, les chercheurs ont
comparé les comportements des jeunes adeptes d'une des religions
existantes à ceux de leurs confrères qui ne pratiquent aucune
religion. Talnan et al. (2002) ont observé que le risque
d'être sexuellement actif est plus élevé chez les derniers
que chez les premiers. Bozon et al. (2006) se sont
intéressé à l'influence de la mobilité religieuse
(transition d'une religion à une autre) ou abandon d'une religion de
référence sur les comportements sexuels des jeunes. Ils ont
observé que ces facteurs sont associés chez les filles à
une entrée précoce dans l'activité sexuelle. Ces auteurs
ont aussi observé que les filles qui ont connu une socialisation
religieuse « cohérente », c'est-à-dire
catholique de famille catholique, et surtout pentecôtiste de famille
pentecôtiste, sont entrées plus tardivement que les autres dans
l'activité sexuelle.
iii) Milieu de
résidence
Dans la plupart des pays en voie de développement, le
milieu rural et le milieu urbain sont totalement différents en ce qui
concerne les modes de vie, les types d'activité et les infrastructures
sociales disponibles (Mudubu, 1996). Pour l'auteur, ces disparités se
traduisent par des risques d'exposition à la mort entre les couches
sociales.
Le lieu de résidence revêt donc une importance
capitale dans l'étude des comportements sexuels dans la mesure où
il constitue le cadre structurel dans lequel évoluent les
adolescents.
L'influence du milieu de résidence sur les
comportements sexuels a été mise en exergue dans de nombreuses
études. En effet, il apparaît dans la littérature que
l'activité sexuelle varie d'un milieu de résidence à
l'autre, aussi bien au niveau de l'intensité que du calendrier des
différences significatives qui apparaissent entre les milieux rural et
urbain. Les adolescents du milieu rural sont sexuellement plus actifs que ceux
du milieu urbain (Kouton, 1992 ; Delaunay, 1994 ; Akoto et
al., 2000 ; 2005, Guèye et al., 2001 ; Ouedraogo
C. et al., 2006). Il ressort que parmi les adolescents sexuellement
actifs, ceux du milieu rural ont un comportement sexuel plus intense que leurs
homologues du milieu urbain. De même, l'entrée en vie sexuelle est
relativement plus tardive en milieu urbain. Les résultats obtenus au
Bénin par Kouton (1992), par Sossa et Zounon (2005) et au Burkina par
Akoto et al. (2005) confirment cette tendance. Dans cette
dernière étude, il a été observé par exemple
qu'avant 18 ans 66 % des jeunes ruraux (de 18 ans et plus) ont leurs premiers
rapports sexuels contre seulement 45 % en milieu urbain. Au Niger par exemple,
les données de la dernière enquête démographique de
santé de 2006 révèlent que l'âge médian aux
premiers rapports sexuels s'élève à 16 ans en milieu rural
pour les femmes de 20-24 ans contre 17 ans en milieu urbain. En ce qui concerne
le milieu urbain, une différence a été observée au
Cameroun par Rwenge (1999 ; 2000) et au Brésil par Bozon et
al. (2006). L'âge aux premiers rapports sexuels s'est
avéré plus précoce chez les garçons que les filles.
En milieu rural, les jeunes filles entrent plus précocement en vie
sexuelle que les garçons. Dans la plupart des cas, l'activité
sexuelle précoce en milieu rural reflète un respect de la
tradition, soit dans le mariage, qui lui est aussi bien souvent précoce,
soit avant le mariage quand il s'agit d'apporter une preuve de
fertilité.
Certains résultats des études
antérieures, dans lesquelles le milieu rural été
comparé au milieu urbain sont contraires aux précédents.
En effet, comme l'urbanisation s'accompagne de l'ouverture des jeunes aux
médias et d'un contrôle social faible des jeunes,
l'activité sexuelle serait davantage intense et précoce dans ce
milieu. L'étude de Delaunay et al. (2001) conforte cette
hypothèse. Dans cette étude, l'entrée en vie sexuelle
s'est avérée plus précoce dans les jeunes
générations des hommes. Selon l'auteur, l'ouverture aux valeurs
modernes à travers la scolarisation, la migration de travail, les
modifications des normes en matière de sexualité sont les
facteurs via lesquels l'urbanisation a influencé les comportements
sexuels des jeunes garçons. Kuaté-Défo (1998) a
paradoxalement observé chez les adolescentes du Cameroun une absence de
lien entre le lieu de résidence et le début de l'activité
sexuelle. Mais, selon l'auteur cette absence de lien pourrait refléter
aussi bien l'influence des changements dans les normes et pratiques qui
régissent l'activité sexuelle selon le milieu que les
transformations régionales de la nuptialité.
En ce qui concerne l'utilisation du préservatif, ce
sont pratiquement les mêmes constats qui ressortent. De façon
générale, il ressort que les rapports sexuels sont quel que soit
le sexe mieux protégés en milieu urbain qu'en milieu rural (Akoto
et al., 2005). Tout comme la connaissance des IST/VIH/SIDA, le recours
au préservatif demeure faible chez les adolescentes (Talnan et
al., 2002 ; Akoto et al., 2000 ; 2005 ; Sossa et
Zounon, 2005 ; Ouédraogo et al., 2006; Rwengé,
1999, 2000).
iv) Niveau
d'instruction
La scolarisation est un facteur déterminant dans
l'explication de la variation des comportements sexuels chez les adolescents.
Toutefois, les diverses études qui se sont penchées sur le lien
entre la scolarisation et les pratiques sexuelles des adolescents font
état d'une certaine ambivalence. Le calendrier de la
primo-sexualité, en revanche fait état d'une sexualité
davantage précoce chez les adolescents de faible niveau d'instruction
(Rwenge, 1999 ; Guèye et al., 2001 ; Akoto et
al., 2000 ; Kuaté-Défo, 1998 ; Kouton,
1992 ; Dembélé, 2004 ; Sossa et Zounon, 2005). En
effet, le niveau d'instruction influence significativement l'occurrence
précoce des premiers rapports sexuels (Rwengé, 1999 ;
2000 ; Kouton, 1992). Autrement dit, à une éducation
poussée correspondraient de faibles risques d'activité sexuelle
précoce. Kuaté-Défo (1998) souligne l'effet
réducteur de l'amélioration de la scolarisation féminine
sur la précocité de l'activité sexuelle au Cameroun. Au
Bénin, Kouton (1992) a observé que par rapport à
l'adolescente ayant le niveau secondaire, l'adolescente qui n'a qu'au plus le
niveau primaire a 7 fois plus de risque d'avoir une sexualité
précoce.
Les études ont montré que l'éducation
sexuelle des jeunes modifie leurs comportements sexuels par l'utilisation
accrue des préservatifs et l'atténuation de leurs
activités sexuelles à condition qu'ils accèdent par la
lecture et la compréhension aux sources d'information car il ne suffit
pas seulement de disposer d'un téléviseur et/ou d'un poste radio
mais de pouvoir décrypter les messages liés au VIH/SIDA.
La fréquentation scolaire détermine le support
social dont peut disposer l'adolescente pour la connaissance et la pratique des
méthodes contraceptives (Kouton, 1992). Selon l'auteur, plus une ethnie
contiendra des adolescentes de plus en plus instruites, plus celles-ci auront
des aspirations socioprofessionnelles et ceci aura une influence
négative sur l'engagement précoce dans les relations sexuelles et
l'aspiration précoce au statut d'épouse par les adolescentes.
Le niveau d'instruction influence positivement les
comportements sexuels des adolescentes car une femme instruite est capable de
créer de bons rapports de communication au sein du couple et prendre
certaines décisions. Les femmes instruites sont davantage capables de
négocier la manière de faire les rapports sexuels ou de refuser
de les avoir dans certains cas. Et lorsque l'éducation de la femme
s'accompagne de son indépendance économique, sa capacité
à prendre les décisions augmente et partant, ses risques
d'utiliser les condoms (Cherlin et Riley, 1996 ; Bledsoe, 1986 ;
Pickering et al.., 1993 ; Awusabo et al..,1993 ; Niang, 1995 ;
Varga, 1997 ; Rwenge, 1999, 2000,2001).
La fréquentation scolaire influence positivement aussi
bien la connaissance des IST/VIH/SIDA que les moyens de prévention
(Rwenge, 1999, 2002 ; Kuaté-Défo, 1998 ;
Dembélé, 2004). Baya et Meda (2001) ont observé que le
niveau d'instruction est un déterminant de l'utilisation des condoms aux
premiers rapports sexuels chez les jeunes Bobolais. Kobelembi (2005) a aussi
constaté qu'à Bangui l'utilisation du préservatif au cours
des rapports sexuels est plus le fait des adolescents qui fréquentent un
établissement scolaire. Rwenge (2000) a par ailleurs observé
qu'à Bamenda les jeunes scolarisés au niveau du premier cycle
secondaire étaient plus susceptibles de ne pas utiliser le
préservatif au moment de l'enquête que leurs homologues
lycéens.
II-1-1-2 Approche socioéconomique
L'approche économique considère les jeunes comme
des acteurs rationnels. Cette approche se fonde sur la thèse de
"l'adaptation rationnelle" selon laquelle les jeunes s'engageraient dans la
sexualité pour atteindre des objectifs bien précis,
précisément d'ordre économique ou social (Rwenge, 1999).
Dans le premier cas, on peut noter les études qui ont insisté sur
le fait que les conditions économiques contribuent aussi à
l'engagement des jeunes dans l'activité sexuelle. Ainsi, la satisfaction
des pulsions sexuelles peut se faire chez les jeunes garçons en
échange de cadeaux, d'habits, de sommes d'argent ou d'un travail
rémunéré en faveur des jeunes filles. Dans le second cas,
se retrouvent les études qui expliquent l'activité sexuelle des
jeunes, surtout les filles, par le mariage et la fécondité,
celle-ci étant en fait une stratégie de l'aboutissement du
mariage.
L'approche socioéconomique stipule alors que
l'activité sexuelle des adolescentes répond à des
objectifs bien précis d'ordre économique et social. Les jeunes
garçons et les jeunes filles contractent les rapports sexuels à
but lucratif. Il s'agit du phénomène de commercialisation du sexe
par les adolescentes qui veulent gagner de l'argent nécessaire à
la satisfaction de leurs besoins (Rwenge, 1999). A travers le monde, le statut
économique et social inférieur réservé aux femmes a
pour conséquence directe d'accroître leur
vulnérabilité à l'égard du VIH et limite leur
capacité à contrôler leur vie sexuelle et à se
protéger (Panos, 1993). Dans la plupart des sociétés
africaines, les relations entre les sexes sont caractérisées par
un déséquilibre du pouvoir. Dans ces sociétés, le
rôle de la femme est essentiellement de faire des enfants et d'exercer
les travaux domestiques. Très peu de femmes ont accès à
des ressources économiques et éducatives d'importance
cruciale : information, avoirs, compétence professionnelle. La
dépendance des femmes à l'égard des hommes exerce une
influence négative sur leur capacité à déterminer
les conditions dans lesquelles se déroulent les rapports sexuels.
Selon l'approche économique les jeunes vivant dans la
pauvreté, ou menacés par la pauvreté sont
vulnérables à l'exploitation sexuelle et sont incités
à échanger des faveurs sexuelles afin de survivre. Les
difficultés économiques motivent donc les adolescentes à
adopter des comportements "à risque". Dans ces conditions, certaines
s'adonnent même à la prostitution. Pour soumettre à
l'épreuve des faits l'approche économique, la variable composite
suivante a été utilisée : le niveau de vie du
ménage ou condition de vie du ménage. Le choix de la variable
varie d'un pays à un autre.
Dans certaines études menées au Cameroun (Evina,
1998 ; Rwenge, 1999 ; 2000 ; 2003), les variables
considérées pour cette étude ont été :
l'activité économique du père, l'activité
économique de la mère, la suffisance des moyens. Les
résultats particulièrement ceux de Rwenge (1999 ; 2000) ont
révélé une forte corrélation entre ces facteurs
économiques et les comportements sexuels étudiés. Il s'est
avéré que l'activité sexuelle était moins courante
chez les jeunes dont le père était fermier ou pécheur que
chez ceux dont le père était employé de bureau. Ce
comportement sexuel a aussi été observé chez les jeunes
issus de foyer pauvre. La relation entre la suffisance des moyens et
l'activité sexuelle ne présentait aucun effet significatif.
Dans le contexte ivoirien, les conditions de vie ont
été retenues par Talnan et al. (2002) pour soumettre
à l'épreuve l'influence du contexte économique sur les
comportements sexuels des jeunes. La relation entre les conditions
économiques et les premiers rapports sexuels avant 16 ans ne s'est pas
avérée significatif. Par contre, ces auteurs ont observé
que les adolescents qui vivent dans les conditions économiques
difficiles étaient plus susceptibles d'avoir plusieurs partenaires
sexuels. Il apparaît aussi que ces deniers se sont avérés
moins enclins à protéger leurs rapports sexuels.
II-1-1-3 Approche institutionnelle
La dernière approche, la moins
représentée dans la littérature existante, suppose que
l'activité sexuelle des jeunes en milieu urbain serait aussi fonction de
l'importance que les décideurs accordent aux lois et programmes les
concernant. D'où l'importance accordée aux législations
relatives au mariage, à la vie maritale des parents, à la
protection sociale des jeunes et aux services spécifiques aux jeunes
dans certaines études antérieures ayant abordé ce
sujet.
Le recours aux facteurs institutionnels pour
l'explication des comportements sexuels des adolescents découle du fait
que les politiques créent des conditions susceptibles d'influencer les
comportements des adolescents, leurs connaissances et leurs sensibilisations au
VIH/SIDA.
Dans la plupart des études
antérieures, ces facteurs ont été présentés
sous forme de recommandations (Rwenge, 1999). Aucune d'elles n'a donc mis en
exergue leurs associations avec les comportements sexuels des jeunes. La
célébration des unions des jeunes est réglementée
dans la plupart des pays africains par des textes portant organisation de
l'état civil et diverses dispositions relatives à l'état
des personnes physiques (Mbarga, 1991). Il existe encore
cependant des pays africains où la législation sur le mariage des
enfants est inexistante ; le "coutumier" demeure ainsi le cadre
juridique par excellence en matière de nuptialité (Rwenge,
1999).
Rwenge (1999) fait remarquer par ailleurs qu'il
existe des lois concernant la protection sociale des enfants, mais très
peu de pays africains en disposent et là où ces lois existent,
elles sont rarement appliquées. Les programmes de population des pays
africains sont limités par le fait qu'ils s'adressent davantage aux
adultes et moins aux jeunes (Rwenge, 1999).
Les approches explicatives des comportements sexuels des
jeunes et des adolescents sont donc essentiellement d'ordre socio-culturel et
économique. Ce sont ces deux approches qui sont retenues dans le cadre
de ce travail. Un des objectifs importants de notre étude consiste
justement à comprendre comment les contextes socio-culturel et
économique affectent la sexualité des jeunes et des
adolescents.
II-2 Cadre conceptuel
Un cadre conceptuel est une représentation graphique
qui résume une série de propositions concernant les
déterminants d'un phénomène donné et leurs
mécanismes causaux (Palloni, 1987).
II-2-1 Hypothèse générale
Le milieu socio-économique et le milieu socioculturel
influencent directement ou indirectement les comportements sexuels des jeunes
et des adolescents à travers leur exposition aux sources d'information
et leurs connaissances sur le VIH/SIDA.
II-2-2 Schéma
conceptuel
« Ce qui se conçoit bien
s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément
». Cette phrase introductive de Boileau (cité par Hubert GERARD)
nous permet de situer la place du schéma conceptuel dans un travail de
recherche en sciences sociales.
Figure2.1 :
Schéma conceptuel d'explication des comportements sexuels à
risque des jeunes et des adolescents de 15-24 ans.
Milieu socio-économique
Milieu socio-culturel
Exposition aux sources d'information
Connaissances des IST/VIH/SIDA
Comportements sexuels à risque
Selon ce schéma, les comportements sexuels des jeunes
et des adolescents sont fonction des caractéristiques socioculturelles
et économiques. Plus spécifiquement, le milieu socioculturel
à travers l'ethnie, le milieu de socialisation, le milieu de
résidence inculquent à l'individu les normes et valeurs
culturelles en matière de sexualité. Ces modèles culturels
représentent des facteurs considérables dans l'influence des
comportements sexuels humains, et partant celui des adolescents. Dans le
même temps, le milieu socio-économique, à travers la
situation économique des parents offre aux adolescents
l'opportunité de bénéficier d'un certain nombre
d'avantages : instruction, exposition aux médias, suffisance des
moyens pour satisfaire leurs besoins, etc. De même, il détermine
le risque qu'ils courent d'échanger leurs faveurs sexuelles pour
satisfaire leurs besoins lorsque les conditions de vie sont
défavorables. De ces caractéristiques découlera la
capacité de ces derniers à s'informer sur la sexualité,
sur la connaissance du VIH/SIDA, sur les modes de prévention de cette
maladie, et sur les conséquences de cette maladie. Ainsi, de ces
connaissances découlera l'attitude des adolescents à
l'égard de la sexualité et, partant du VIH/SIDA.
Le milieu socio-culturel et socio-économique
déterminent directement ou indirectement le comportement sexuel des
adolescents. Quant à l'influence indirecte, nous estimons qu'elle est
le produit des connaissances relatives au VIH/SIDA.
II-2-3 Définition
des concepts
II-2-3-1 Adolescence
Les critères utilisés par les
différents auteurs pour définir l'adolescence sont variables,
d'où la difficulté de limiter avec précision une
période spécifique pour l'adolescence.
L'adolescence vient du latin
"adolescere" qui signifie "grandir vers".
L'adolescence est une période de maturation physique,
émotionnelle, sociale et sexuelle rapide. L'adolescence est souvent
définie comme une période de transition entre l'enfance et
l'âge adulte. Toutes les cultures constatent et marquent cette transition
entre l'enfance et l'âge adulte. La définition de ce concept varie
beaucoup d'une société à une autre et/ou d'un chercheur
à l'autre.
Selon le dictionnaire Larousse, l'adolescence est la
période qui se situe entre l'enfance (aux environs de 12 ans) et
l'adulte. Le dictionnaire médical de GARNIER*(*) la situerait entre l'enfance
et la puberté plus précisément entre douze (12) et quinze
(15) ans. Ces définitions bien que situant la période de
l'adolescence ne nous donnent pas une image claire de ce que c'est qu'un
adolescent.
La définition de l'Organisation Mondiale de la
Santé (OMS) par contre, fait état des aspects biologiques,
sociaux, psychologiques inhérents qui marquent l'être humain. En
effet, selon l'OMS l'adolescence se définit comme:
o La progression entre l'apparition de caractéristiques
sexuelles secondaires (puberté) et la maturité sexuelle et
génésique ;
o Le développement de mécanismes mentaux adultes
et d'une identité d'adulte ;
o La transition entre une entière dépendance
socioéconomique et une relative indépendance.
Contrairement aux précédentes, cette
définition ne nous permet pas de délimiter la population
adolescente.
Les Nations Unies (1987) (cité par Delaunay, 1994),
d'un autre côté définissent l'adolescence comme "a
state or process of growing up" (un état ou un processus de
croissance) et comme "a period of life from puberty to maturity" (une
période de la vie allant de la puberté à la
maturité). L'adolescence est donc définie, en amont, comme
débutant avec la puberté. En aval, elle s'achève par une
certaine maturité sociale dont les limites varient selon les
sociétés. Cette définition, tout comme celles qui
précèdent, ne nous renseigne pas de façon précise
sur les critères d'âge, à prendre en compte dans la
définition de ce concept. A contrario, la définition
proposée par Keats (cité par Kouton, 1992) va plus loin. Cet
auteur distingue quatre étapes de l'adolescence:
§ l'éveil sexuel vers 12-15 ans ;
§ les premières relations sexuelles vers 14-17
ans ;
§ le rôle sexuel vers 16-19 ans ;
§ le choix d'un rôle déterminant dans la
société vers 18-25 ans.
Cette définition met un accent particulier sur
l'âge, variable clé en démographie et pour la plupart des
phénomènes démographiques. S'agissant des adolescents,
beaucoup de statistiques portent sur la tranche de 10 à 19 ans, tandis
que d'autres portent sur la tranche de 15 à 24 ans. Ces bornes ne
représentent dans aucun cas un début et une fin qui soient
universellement reconnus sur le plan social ou sur le plan biologique.
Ces différentes définitions montrent d'une
part, que l'adolescence est une notion très difficile à
définir. D'autre part, que ce concept recouvre plusieurs
dimensions (biologique, démographique, sociale, psychosociale,
physiologique, juridique, économique, psychanalytique) qui permettent
toutefois de l'appréhender (Evina, 1998). Par ailleurs, il ressort de
toutes ces définitions mentionnées un élément
commun : le début de l'adolescence coïncide avec l'âge
de la puberté physiologique. La puberté indique donc le
début biologique de l'adolescence. Mais disons tout de suite que
l'adolescence n'est pas la puberté. Les deux phénomènes
sont connexes. La puberté se définit comme l'ensemble des
changements essentiellement biologiques et anatomiques qui aboutissent à
la capacité de reproduction. Si toutefois, l'on se fait une idée
du début de l'adolescence, cerner la fin de celle-ci est chose moins
aisée, car les signes qui marquent son achèvement sont divers et
mal définis.
Au regard donc de tout ce qui précède, nous
définissons comme "adolescence" la période de transition
physiologique et sociale débutant par la puberté, marquée
par les transformations biologiques et anatomiques qui aboutissent à la
capacité de reproduction et située dans la tranche d'âge 12
à 24 ans. Ainsi, nous considérons comme adolescent toute individu
des sexes qui, au moment du passage des enquêteurs dans le ménage
était âgée de 15 à 24 ans révolus dans la
mesure où les données disponibles ne concernent que la tranche
d'âge 15-24 ans.
II-2-3-2 Comportement sexuel
à risque
Le comportement sexuel se rapporte à l'ensemble de
conduites et pratiques en rapport avec le sexe. Les comportements sexuels
à risque font référence ici à un ensemble d'actes
sexuels qui ont la particularité de soumettre l'individu à un
risque, celui de contracter les IST/VIH/SIDA par exemple. Trois dimensions des
comportements sexuels à risque sont pris en compte dans ce
travail : la précocité des premiers rapports sexuels, le
multipartenariat sexuel et la non-utilisation du condom au dernier rapport
sexuel.
II-2-3-3 Milieu socio-culturel
Ce concept renvoie au milieu ou à l'entité
socioculturelle dans laquelle vit l'adolescent. Il se définit ici comme
l'ensemble des caractéristiques et des conditions qui déterminent
et modulent à des degrés divers les valeurs et normes propres aux
groupes socio-culturels d'origine (Rwenge, 1999).
II-2-3-4 Milieu socioéconomique
Le milieu économique rend compte des conditions
économiques dans lesquelles les jeunes et les adolescents. Ces derniers
étant pour la plupart du temps encore dépendants de leurs
parents.
II-2-3-5 Connaissances sur le VIH/SIDA
Elles renvoient aux informations acquises par les jeunes et
les adolescents par rapport à l'existence du VIH/SIDA, ses modes de
transmission et les moyens de prévention de cette maladie.
II-2-3-6 Exposition aux sources
d'information
Au-delà de l'influence des pratiques culturelles, les
comportements sexuels peuvent changer sous l'effet d'autres facteurs tels que
les médias. Ainsi, à travers les moyens de communication, il est
possible d'agir sur la connaissance, les représentations, et les
comportements en matière de sexualité.
II-3 Cadre analytique et
hypothèses spécifiques
Le tableau 2.1 présente les variables
opérationnelles des différents concepts. Les relations entre ces
variables sont définies à la figure 2.2
II-3-1 Variables
dépendantes
Le concept de comportements sexuels à risque recouvre
plusieurs dimensions. Nous avons retenu, ici, trois aspects : l'entrée
précoce en vie sexuelle, le multipartenariat et la non utilisation
systématique du condom pendant les rapports sexuels. Comment mesurer
chacun de ces aspects ?
II-3-1-1 Age aux premiers
rapports sexuels
En ce qui concerne l' « entrée précoce en
vie sexuelle », un individu de la tranche d'âge 15-16 ans qui a
déjà eu des rapports sexuels à la date de l'enquête
est considéré comme ayant une vie sexuelle précoce.
Environ 52% des individus de l'échantillon se retrouve dans cette
catégorie.
II-3-1-2 Multipartenariat
sexuel
En ce qui concerne le multipartenariat, l'indicateur retenu
est le nombre de partenaires sexuels au cours des douze derniers mois. La
période de référence couvrant les douze derniers mois
permet de contourner les erreurs de déclaration due à la
mémoire mais également de contrôler l'effet d'âge.
Une autre variable permettrait de mesurer cet indicateur. Il s'agit du nombre
de partenaires sexuels depuis le premier rapport. Mais compte tenu du fait que
la période de référence n'était pas identique pour
tous les enquêtés, nous avons opté pour la première.
Ne sont concernés que les individus qui ont entamé leur vie
sexuelle.
II-3-1-3 Non-utilisation du
condom au dernier rapport sexuel
En ce qui concerne la non-utilisation du condom pendant les
rapports sexuels, on retiendra comme indicateur : la non-utilisation d'un
préservatif au dernier rapport sexuel. L'utilisation du condom à
un moment quelconque est un indicateur qui permettra de mesurer le
degré auquel le préservatif est utilisé. Mais compte tenu
du phénomène d'arrêt de l'utilisation des méthodes,
cet indice ne permet pas de cerner le degré de protection des rapports
sexuels ; c'est pour pallier cette insuffisance qu'a été
préféré l'indicateur qui attrait à la
non-utilisation d'un préservatif au dernier rapport sexuel.
II-3-2 Variables
indépendantes
II-3-2-1 Variables
opérationnelles du milieu socio-culturel
i) Ethnie
L'ethnie est le lieu de production des modèles
socioculturels auxquels l'individu s'identifie. Elle a une influence sur les
variables comportementales telles que la non-utilisation du préservatif
au cours des rapports sexuels. Nous chercherons à vérifier son
influence sur les comportements sexuels à risques des adolescents, selon
que ces derniers soient à moeurs sexuelles permissives ou rigides.
Sur le plan socio-culturel, la composition ethnique du pays
est assez diverse .En plus des groupes Haoussa et
Djerma-Songhai qui constituent démographiquement les plus
grands groupes, 6 autres groupes contribuent à la diversité
ethnique du pays .Ce sont ; les Peulhs, les Kanouris, les Arabes, les
Touaregs/Bellas, les Gourmantché et les Toubou.
La variable ethnie comprend 6
modalités: Les Haoussas, les Djerma-Songhais, les Peulhs, les
Kanouris, les Arabes, les Touaregs et les Autres ethnies
qui regroupent les Arabes les Gourmantchés et les Toubous.
ii) Religion
La religion peut se définir comme
« l'ensemble des
croyances,
sentiments, dogmes et pratiques qui définissent les rapports de
l'être humain avec le sacré ou la divinité »
(Wikipédia, 2007). Elle est aussi un système de croyances
(dogmes) et de pratiques (rites et interdits) relatives aux sentiments de la
divinité et unissant en une même communauté morale tous
ceux qui y adhèrent.
La variable religion n'a pas été prise en
compte dans notre travail car plus de 99% des adolescents enquêtés
ont déclaré être de confession musulmane. Les autres
religions représentent dans leur ensemble moins de 1%.
iii) Milieu de socialisation
Le milieu de socialisation désigne le
lieu où les adolescents ont passé les douze premières
années de leur vie. Cette variable comprend 3 modalités :
capitale ou grandes villes, petites villes et campagnes. Les adolescents ont en
général tendance à conserver les habitudes qu'ils ont
acquises dans le milieu où ils ont été
socialisés.
iv) Milieu de
résidence
Nous entendons par milieu de résidence le lieu
où les adolescents vivent au moment de l'enquête. Il joue un
rôle important dans la variation des comportements sexuels des
adolescents. Nous considérons dans cette étude le milieu urbain
et le milieu rural.
v) Niveau d'instruction
C'est le niveau atteint par l'adolescent dans le
système de scolarisation formelle. Il fait référence
à l'exposition à un système formel d'enseignement durant
une période déterminée. Cette variable a comme
modalités : sans niveau, primaire, secondaire et
supérieur.
vi) Fréquence
d'exposition aux medias
Cette variable vise à rendre compte de l'impact de la
fréquence d'exposition à la radio ou à la
télévision sur les comportements sexuels des adolescents. Chacune
des variables relatives à la radio ou à la
télévision aura 4 modalités : pas du tout, moins
d'une fois par semaine, au moins une fois par semaine et chaque jour.
II-3-2-2 Variables
opérationnelles des connaissances des IST/VIH/SIDA
i) Niveau de connaissances
des IST/VIH/SIDA
Cette variable renseigne sur les voies de
transmission et de prévention des infections sexuellement transmissibles
et permet de savoir si l'adolescente sait que le SIDA se transmet par voie
sexuelle. Cet indicateur est construit à partir des variables
suivantes :
ü Avoir entendu parler du SIDA ;
ü Avoir entendu parler des IST autre que le
SIDA ;
ü Connaissances des voies de transmission du
VIH/SIDA ;
ü Connaissances des voies de prévention du
VIH/SIDA.
ii) Connaissance du condom
comme moyen de prévention des IST/VIH/SIDA
La connaissance du condom comme de
prévention des IST/VIH/SIDA est une variable fondamentale dans
l'explication des comportements sexuels des adolescents dans la mesure
où les adolescents qui ont cette connaissance sont plus susceptibles de
recourir au condom lors de leurs rapports sexuels.
II-3-2-3 Variables
opérationnelles du milieu socio-économique
La variable opérationnelle du milieu
socio-économique est le niveau de vie du ménage. Cette variable
permet de rendre compte de la situation économique des ménages
dans lesquels vivent les adolescents. C'est un indicateur
composite construit à partir des caractéristiques des
ménages et des biens que ces ménages possèdent. Il permet
de mesurer l'influence du niveau de vie des ménages sur les
comportements sexuels des adolescents. En effet, les données des EDS sur
les équipements de base disponibles dans chaque ménage et la
possession de biens de consommation durables, peuvent être
utilisées ensemble ou séparément pour développer
divers indices de condition de vie (Kishord et Neitzel, 1997). On suppose qu'un
individu a accès aux équipements et biens durables si le
ménage dans lequel il vit en possède (Kishord ; Neitzel,
1997).
Tableau 2.1 : Caractéristiques des
ménages des différents niveaux de vie
Effectif total
|
Niveau de vie
|
Elevé
|
Moyen
|
Faible
|
662
|
254
|
414
|
Mode d'approvisionnement en eau
1. Eau courante
2. Puits
3. Pluie
4. Ne sait pas
|
Proportion (%)
|
Effectif
|
Proportion (%)
|
Effectif
|
Proportion (%)
|
Effectif
|
78,6
15,7
5,7
0,0
|
520
104
38
00
|
18,4
68,4
13,2
0,0
|
47
174
33
00
|
2,0
92,4
5,6
0,0
|
08
383
23
00
|
Type d'aisance
1. Chasse-eau personnel
2. Autre Chasse-eau
3. Latrines
4. WC traditionnel
5. Brousse
6. Ne sait pas
|
1,9
3,2
81,1
10,7
3,1
0,0
|
13
21
537
71
20
00
|
0,0
0,0
13,7
9,9
76,4
0,0
|
00
00
35
25
194
00
|
0,0
0,0
0,2
0,0
99,8
0,0
|
00
00
01
00
413
00
|
Matériau du sol
1. Carrelage
2. Ciment
3. Terre
4. Ne sait pas
|
1,9
86,8
11,3
0,0
|
13
575
74
00
|
0,0
18,9
81,1
0,0
|
00
48
206
00
|
0,0
0,5
99,5
0,0
|
00
02
412
00
|
Matériau du toit
1. Tôle
2. Banco
3. Paille
4. Ne sait pas
|
33,3
65,4
1,3
0,0
|
220
433
09
00
|
3,1
93,5
3,4
0,0
|
08
237
09
00
|
0,0
70,0
30,0
0,0
|
00
290
124
00
|
Possession de l'électricité
1. Oui
2. Non
3. Ne sait pas
|
39,0
61,0
0,0
|
258
404
00
|
0,3
99,7
0,0
|
01
253
00
|
0,0
100
0,0
|
00
414
00
|
Possession d'un poste radio
1. Oui
2. Non
3. Ne sait pas
|
83,0
17,0
0,0
|
549
113
00
|
76,2
23,8
0,0
|
194
60
00
|
33,1
66,9
0,0
|
137
277
00
|
Possession d'un téléviseur
1. Oui
2. Non
3. Ne sait pas
|
34,6
65,4
0,0
|
229
433
00
|
0,5
99,5
0,0
|
01
253
00
|
0,0
100
0,0
|
00
414
00
|
Possession d'un réfrigérateur
1. Oui
2. Non
3. Ne sait pas
|
11,3
88,7
0,0
|
75
587
00
|
0,5
99,5
0,0
|
01
253
00
|
0,0
100
0,0
|
00
414
00
|
Possession d'une voiture
1. Oui
2. Non
3. Ne sait pas
|
7,5
92,5
0,0
|
50
612
00
|
0,5
99,5
0,0
|
01
253
00
|
0,0
100
0,0
|
00
414
00
|
II-3-3 Variables de
contrôle
Si les comportements sexuels à risque sont susceptibles
de varier selon les conditions de vie des adolescents, ils peuvent
également être influencés par différents facteurs
qui relèvent aussi bien du domaine démographique que du
socio-culturel et psychosocial. Si bien que pour mieux comprendre la
réalité de l'association entre les conditions de vie des
adolescents et leurs pratiques en matière de sexualité, il est
important de les prendre en compte dans l'analyse en vue d'éliminer
l'effet de certaines caractéristiques psychosociales à l'origine
des décisions sexuelles des adolescents. Les variables retenues pour
chacun de ces domaines sont celles-ci : l'âge, le sexe et le statut
matrimonial. Ce choix s'explique par le fait que les variables relatives au
domaine socio-culturel (comme l'appartenance à une association,
l'attachement à une ou plusieurs activité de loisir) et
psychosocial (par exemple l'importance accordée à l'opinion
d'autrui sur les comportements sexuels, la religion, l'estime de soi) n'ont
pas été saisies dans lors de l'enquête.
Le rapport de genre, notamment le pouvoir de prise de
décision sur la capacité de l'adolescente à
négocier les comportements protecteurs face à son partenaire est
une variable importante dans l'explication des comportements sexuels des
adolescents. Mais compte tenu du fort taux de
« missing » observé sur cette variable,
celle-ci ne sera pas prise en compte dans l'étude.
Tableau 2.2: Les variables
opérationnelles des différents concepts
Concepts
|
Variables
|
Variables
opérationnelles
|
Milieu socio-culturel
|
Variables socio-culturelles
|
· Ethnie
· Milieu de socialisation
· Milieu de résidence
· Niveau d'instruction
· Exposition aux médias (radio,
télévision)
|
Milieu socio-économique
|
Variable économique
|
· Niveau de vie du ménage
|
Connaissances sur les IST/VIH/SIDA
|
Variables relatives aux connaissances des
IST/VIH/SIDA
|
· Niveau de connaissance des IST/VIH/SIDA
· Connaissance du condom comme moyen de prévention
des IST/VIH/SIDA
|
Comportements sexuels à risques
|
Variables dépendantes
|
· L'âge aux premiers rapports sexuels
· Multipartenariat sexuel
· Non -utilisation des condoms aux derniers rapports
sexuels
|
II-3-4 Hypothèses
spécifiques
Les hypothèses spécifiques sont les
suivantes :
ü H1 - Les adolescents
appartenant à une ethnie ayant des moeurs sexuelles permissives ont
précocement leurs premiers rapports sexuels et plus de risque d'avoir
plus de partenaires sexuels occasionnels et de ne pas utiliser les condoms que
ceux appartenant à une ethnie ayant des moeurs sexuelles rigides.
ü H2 - Les facteurs
socio-culturels de modernisation tels que le milieu de résidence, les
écoles ou les médias influencent le multipartenariat sexuel ou la
non-utilisation des condoms chez les adolescents.
ü H3 - Les adolescents qui
vivent dans des conditions économiques difficiles ont plus de chance
d'avoir plus de partenaires sexuels occasionnels et de ne pas utiliser les
condoms que ceux qui vivent dans les conditions économiques
meilleures.
ü H4 - Les
adolescents qui débutent précocement leurs premiers rapports
sexuels ont plus de chance d'avoir plusieurs partenaires sexuels occasionnels
et de ne pas protéger leurs rapports sexuels.
ü H5 - Les
adolescents qui ont une connaissance élevée des IST/VIH/SIDA et
qui savent que les condoms permettent prévenir ces maladies sont plus
enclins à utiliser les condoms.
Figure 2-2 : Schéma d'analyse de
l'étude
Milieu de residence
Ethnie
Milieu de socialisation
Niveau de vie des ménages
Niveau d'instruction
Degré d'exposition aux Medias
Niveau de connaissances sur le VIH/SIDA
Précocité des rapports sexuels
Multipartenariat sexuel
Non-utilisation du préservatif
Relation qui fera l'objet de notre étude
Relation qui ne sera pas vérifiée dans
notre étude
SYNTHESE
PARTIELLE
La revue de la littérature nous a permis de
dégager les différentes approches explicatives pertinentes des
comportements sexuels des jeunes et des adolescents. Deux principales approches
se sont dégagées de cette revue : l'approche
socio-culturelle et l'approche économique.
L'approche socioculturelle stipule que les comportements
sexuels des jeunes et des adolescents dépendent de l'environnement
socioculturel dans lequel vivent ces derniers. Deux dimensions sont ressorties
de cette approche la dimension "traditionnelle" et la dimension "moderne". Dans
la dimension "traditionnelle" les comportements sexuels des adolescents sont
déterminés par les normes et les valeurs traditionnelles de la
société dans laquelle ils vivent. Les adolescents vivant dans les
sociétés à moeurs sexuelles permissives sont plus
susceptibles que les autres à avoir des comportements sexuels à
risque. La dimension "moderne" fait référence à
l'influence de la modernité. En effet, il est ressorti que les facteurs
socio-culturels dits modernes à savoir le milieu de résidence,
l'instruction et les médias déterminent aussi les comportements
sexuels des adolescents.
Quant à l'approche économique, les
résultats des études antérieures nous ont permis de
dégager les différents facteurs économiques qui ont des
incidences sur les comportements sexuels des jeunes et des adolescents. Les
conditions économiques dans lesquelles vivent les jeunes et les
adolescents les motivent à s'engager dans l'activité sexuelle
précoce, occasionnelle ou à avoir plusieurs partenaires sexuels
et à utiliser les condoms.
En nous basant sur la revue de la littérature, une
hypothèse générale a été formulée et
élaborée sous la forme d'un schéma qui constitue notre
schéma conceptuel. Nous avons par la suite, identifier les variables
opérationnelles qui nous permettront de vérifier nos
hypothèses de travail. Les différentes relations entre ces
variables opérationnelles ont été établies à
travers notre schéma d'analyse.
Les assises théoriques de l'étude étant
définies, nous allons procéder à la présentation
des données et des méthodes statistiques qui sont
utilisées dans cette étude.
CHAPITRE III
ASPECTS METHODOLOGIQUES
Dans ce présent chapitre, il est question de
présenter la source des données, d'évaluer la
qualité de ces données et d'exposer les différentes
méthodes statistiques qui sont utilisées pour les analyser.
III-1 Présentation
des données
III-1-1 Source de
données
Les Enquêtes Démographiques et
de Santé (EDS) collectent des informations sur les femmes
âgées de 15 à 49 ans, sur les hommes âgés de
15 à 59 ans, sur la survie des enfants et sur certaines
caractéristiques des ménages. De plus, elles fournissent diverses
informations sur le niveau de connaissance, les opinions et attitudes
vis-à-vis des Infections Sexuellement Transmissibles (IST) et du
VIH/SIDA. Les données issues de telles enquêtes conviennent bien
à la vérification des hypothèses formulées et la
poursuite des objectifs définis en amont. Ainsi, les données
collectées par l'EDSN-MICS-III réalisée en 2006 au Niger
(EDSN-MICS-III, 2006) sont utilisées dans cette étude. Plus
précisément, les fichiers «femme », «homme »
et « ménage » disponibles sur le site web
www.measuredhs.com seront utilisés. Quelques aspects
méthodologiques (objectifs, questionnaire et échantillonnage) de
cette enquête sont présentés dans les sections qui
suivent.
III-1-2 Objectifs de l'EDSN-MICS-III
L'Enquête Démographique et de Santé et
à Indicateurs Multiples (EDSN-MICS-III) 2006 a pour objectif d'estimer
de nombreux indicateurs socio-économiques, démographiques et
sanitaires au niveau de l'ensemble de la population et au niveau des
sous-populations des femmes de 15 à 49 ans, des enfants de moins de 5
ans et des hommes de 15 à 59 ans. En particulier, l'EDSN-MICS-III vise,
entre autres, à identifier et/ou à estimer :
ü le niveau de connaissance, les opinions et attitudes
vis-à-vis des Infections Sexuellement Transmissibles (IST) et du
VIH/SIDA ;
ü les facteurs directs et indirects qui
déterminent les niveaux et les tendances de la fécondité,
tels que les comportements matrimoniaux, les comportements sexuels et
l'utilisation de la contraception ;
ü les taux de connaissance et de pratique contraceptive
par méthode, selon diverses
caractéristiques
sociodémographiques ;
ü différentes composantes de la santé de la
reproduction et de la santé des enfants : visites prénatales et
postnatales, conditions d'accouchement, allaitement, vaccination,
prévalence et traitement de la diarrhée et d'autres maladies chez
les enfants de moins de cinq ans ;
ü le niveau de prévalence du VIH/SIDA.
L'ensemble des informations collectées constitue une
base de données qui facilitera la mise en place et le suivi de
politiques et de programmes dans le domaine de la population et de la
santé et, plus globalement, de politiques visant à
l'amélioration des conditions de vie de la population nigérienne.
Par ailleurs, les données ayant été collectées
selon une méthodologie similaire à celle utilisée dans de
nombreux autres pays ayant participé au programme DHS, celles-ci font
partie, de ce fait, d'une base de données utilisable et comparable au
niveau international.
III-1-3
Echantillonnage
Pour atteindre les objectifs assignés à cette
enquête, un échantillon national stratifié de 345 grappes a
été tiré. Parmi ces grappes, 342 ont pu être
cartographiées et enquêtés au cours de l'EDSN-MICS-III, les
trois autres ont été abandonnées pour cause
d'insécurité.
La procédure d'échantillonnage retenue pour
l'EDSN-MICS-III est un tirage aréolaire stratifié à deux
degrés. L'unité primaire de sondage, appelée aussi grappe,
est la zone de dénombrement (ZD). La partie urbaine et la partie rurale
de chaque région correspondent chacune à une strate
d'échantillonnage. Au total, 15 strates ont été
définies : les 7 régions décomposées en
urbain/rural et la ville de Niamey.
L'échantillon au premier degré a
été tiré indépendamment dans chaque strate et
l'échantillon au second degré l'a été
indépendamment dans chaque unité primaire tirée au premier
degré.
Au premier degré, 345 grappes ont été
tirées à partir de la liste des zones de dénombrements
(ZD) établie à partir du Recensement Général de la
Population et de l'Habitat (RGPH) de 2001. Parmi celles-ci, 342 grappes ont
fait l'objet d'une cartographie et d'un dénombrement exhaustif des
ménages, les trois (3) autres ont été abandonnées
pour cause d'insécurité.
Au deuxième degré, des ménages ont
été tirés à partir des listes établies lors
de l'opération de dénombrement. Les mesures du poids et de la
taille ont été prises pour toutes les femmes de 15-49 ans et sur
tous les enfants âgés de moins de cinq ans dans la moitié
de l'échantillon des ménages. Dans le même
sous-échantillon, au niveau d'un ménage sur deux, toutes les
femmes de 15-49 ans et tous les hommes de 15-59 ans ont été
testés pour estimer la prévalence de l'anémie et la
prévalence du VIH. Tous les enfants de moins de cinq ans du même
sous-échantillon ont été testés pour la mesure de
la prévalence de l'anémie.
Toutes les femmes âgées de 15-49 ans
(résidentes habituelles ou visiteuses) qui se trouvaient dans les
ménages ont été enquêtées
individuellement.
Enfin, dans un sous échantillon d'un ménage sur
deux, tous les hommes de 15-59 ans (résidents habituels ou visiteurs)
ont été enquêtés.
Les principaux domaines d'étude retenus sont : les 7
régions (Agadez, Diffa, Dosso, Maradi, Tahoua, Tillabéri et
Zinder) et la Communauté Urbaine de Niamey.
Compte tenu de la taille variable de chaque strate,
constituant chacune un domaine d'études, différents taux de
sondage ont été appliqués initialement à chaque
strate. Finalement les résultats ont été
pondérés au niveau de chaque grappe.
Au total, 8 418 ménages ont été
sélectionnés et, parmi eux, 7 824 ménages ont
été identifiés. Parmi ces 7 824 ménages, 7 660 ont
pu être enquêtés avec succès, soit un taux de
réponse de 98%. Au total, 9223 femmes de 15 à 49 ans ont
été enquêtées avec succès parmi lesquelles on
retrouve 3369 adolescentes âgées de 15-24 ans et 3549 hommes de 15
à 59 ans ont été enquêtés avec succès
parmi lesquels on retrouve 1110 adolescents ages de 15-24 ans. Le tableau 3-1
présente les taux de couverture et les taux de réponse de
l'enquête selon le milieu de résidence. Il montre que les taux
réponses sont élevés en milieu et en milieu rural.
Tableau 3.1: Taille et taux
de couverture de l'échantillon
Résultat
|
Milieu de résidence
|
Ensemble
|
Niamey
|
Autres villes
|
Ensemble urbain
|
Rural
|
Enquête individuelle femme
|
Effectif de femmes éligibles
|
1418
|
2011
|
3429
|
6217
|
9646
|
Effectif de femmes éligibles enquêtées
|
1329
|
1920
|
3249
|
5974
|
9223
|
Taux de réponse de femmes éligibles
|
93,7%
|
95,5%
|
94,8%
|
96,1%
|
95,6%
|
Enquête individuelle homme
|
Effectif de hommes éligibles
|
753
|
909
|
1662
|
2177
|
3839
|
Effectif d'hommes éligibles enquêtés
|
681
|
827
|
1508
|
2041
|
3549
|
Taux de réponse des hommes éligibles
|
90,4%
|
91,0%
|
90,7%
|
93,8%
|
92,4%
|
Source : Rapport EDSN-MICS-III,
2006.
III-1-4 Questionnaire de
l'enquête
Les questionnaires préparés par le projet DHS
sont les instruments de base de l'EDSN-MICS-III.
Trois questionnaires ont été
développés dans le cadre de cette enquête :
Ø un Questionnaire Ménage ;
Ø un Questionnaire Individuel pour les femmes de 15-49
ans ;
Ø un Questionnaire Individuel pour les hommes de 15-59
ans.
Dans le cadre de cette étude, nous avons recouru aux
trois questions. En effet, le questionnaire ménage nous a permis de
créer notre indicateur « Niveau de vie du
ménage » et les questionnaires Homme et Femme nous servi de
base pour la constitution de notre fichier d'analyse.
Les premiers changements ont été
déjà apportés aux questionnaires de base à la
lumière des expériences passées en matière
d'enquête au Niger et des premiers besoins en informations
exprimés par les partenaires.
En plus des sections habituelles, les questionnaires ont
comporté aussi, entre autres, un module sur le VIH/SIDA de façon
à obtenir les informations nécessaires au calcul des indicateurs
de suivi et d'évaluation adaptés aux besoins du CNLS
conformément aux recommandations de l'ONUSIDA (questionnaires femme et
homme).
Les contenus spécifiques des questionnaires principaux
de l'enquête sont les suivants :
III-1-4-1 Le questionnaire Ménage
Le questionnaire ménage nous a permis d'avoir des
informations portant sur les caractéristiques du logement
(approvisionnement en eau, type de toilettes, matériau de construction,
disponibilité de l'électricité, possession de biens
durables, etc.), la possession des biens et autres. Ces informations sont
recueillies afin d'évaluer les conditions environnementales et
socioéconomiques dans lesquelles vivent les personnes
enquêtées.
Le questionnaire ménage a, enfin, servi à
enregistrer certaines informations sur les tests du VIH et de l'anémie
qui ont été inclus dans l'enquête. Les tests ont
été effectués dans le sous-échantillon de
ménages sélectionnés pour l'enquête auprès
des hommes. A partir d'un prélèvement sanguin, on a mesuré
par un test direct, le niveau d'hémoglobine de toutes les femmes de
15-49 ans, de tous les hommes de 15-59 ans et de tous les enfants de moins de 5
ans. Ce même prélèvement a servi pour le test du VIH/SIDA
sur toutes les femmes de 15-49 ans et tous les hommes de 15-59 ans. Il est
important de noter que les tests du VIH/SIDA et de l'hémoglobine n'ont
été effectués que sur les enquêtés qui
acceptaient de s'y soumettre volontairement, après lecture d'un
consentement éclairé. Pour les mineurs de moins de 18 ans, le
consentement a été demandé aux parents ou personnes en
charge des mineurs, avant de demander le consentement personnel du mineur.
III-1-4-2 Le questionnaire Individuel
Femme
Il constitue l'élément central de
l'EDSN-MICS-III. Il permet d'enregistrer les informations d'identification du
ménage, le résultat de l'interview qui permet de calculer le taux
de couverture de l'enquête ainsi que dix sections qui servent à
recueillir des informations sur plusieurs thèmes dont entre autres :
Ø Caractéristiques sociodémographiques :
cette section a porté sur le lieu de résidence, l'âge et la
date de naissance, la scolarisation, l'alphabétisation, la
nationalité, la religion, l'ethnie et l'exposition aux médias.
Ø Mariage et activité sexuelle : cette section a
porté sur l'état matrimonial de la femme, la cohabitation avec le
conjoint, le type de mariage (monogamie ou polygamie), l'âge au premier
mariage et l'âge aux premiers rapports sexuels ainsi que sur
l'activité sexuelle.
Ø IST et SIDA : cette section a permis d'obtenir des
informations sur la connaissance et la prévalence des infections
sexuellement transmissibles, sur les modes de transmission et les moyens de
prévention du SIDA.
III-1-4-3 Le questionnaire Individuel
Homme
Le questionnaire Homme, administré aux hommes de 15-59
ans, est une forme allégée du questionnaire individuel femme.
Ces questionnaires ont donc permis de collecter des
données sur les caractéristiques socio-démographiques des
enquêtés, leurs caractéristiques socioculturelles et
socio-économiques, les caractéristiques économiques de
l'habitat. On trouve aussi les informations sur les comportements sexuels, les
comportements matrimoniaux, sur les ITS/SIDA.
Les questionnaires définitifs ont été
traduits dans les deux principales langues nationales (Haoussa et Zarma). Ces
questionnaires traduits ont été utilisés pendant la
formation théorique et pratique et sur le terrain.
Etant donnée qu'on retrouve dans la base de
données les caractéristiques des enquêtés et celles
sur les comportements sexuels, la source des données est bel et bien
adaptée à l'étude.
III-2 Evaluation de la
qualité des données
III-2-1 Evaluation de la
qualité des données relatives à l'âge
En tirant un échantillon pour extrapoler les
caractéristiques observées à l'ensemble de la population,
les enquêtes induisent de facto un biais qui se traduit par les erreurs
d'échantillonnage. L'établissement d'un plan de sondage bien
adapté à la population étudiée,
l'élaboration préalable des formules des estimateurs et des
intervalles de confiance avant la phase du terrain contribuent à
minimiser ces erreurs.
Cependant, il existe un deuxième type d'erreurs dit
d'observation. La qualité du questionnaire, la formation des
enquêteurs, la disponibilité et la collaboration des
enquêtés ainsi que la qualité de la saisie des
réponses issues du terrain jouent un rôle important sur la
qualité des données collectées.
Des méthodes permettant à l'analyste
d'évaluer la qualité des données soumises à son
utilisation existent. Elles se classent en deux catégories : les
méthodes externes et les méthodes internes. Les
premières comparent les données à analyser à celles
issues d'une autre source et collectées dans presque le même
contexte ; les secondes analysent la cohérence des données
à l'aide des graphiques et des indices analytiques, en les comparant le
plus souvent à des standards théoriques ou régionaux. Nous
mettons ici l'accent sur la qualité de la déclaration de
l'âge au niveau de toutes les femmes et au niveau de tous les hommes pour
en arriver aux adolescents.
Les attractions aux âges ronds : les
âges ronds sont ceux terminant par les chiffres 0 ou 5. Ne connaissant
pas exactement leur âge, certaines personnes ont tendance à
déclarer des âges se terminant par de tels chiffres. L'analyse de
la courbe de population par âge aide à déceler ce type
d'erreurs.
Tableau 3.2:
Répartition par âge des adolescents de 15 à 24 ans dans
l'échantillon
|
FEMMES
|
HOMMES
|
ENSEMBLE
|
Ages
|
Effectifs
|
Proportions (%)
|
Effectifs
|
Proportions (%)
|
Effectifs
|
Proportions (%)
|
15
|
351
|
10,4
|
143
|
12,9
|
494
|
11,0
|
16
|
301
|
8,9
|
122
|
11,0
|
422
|
9,4
|
17
|
411
|
12,2
|
136
|
12,2
|
547
|
12,2
|
18
|
455
|
13,5
|
138
|
12,4
|
593
|
13,2
|
19
|
200
|
5,9
|
81
|
7,3
|
281
|
6,3
|
20
|
555
|
16,5
|
152
|
13,7
|
708
|
15,8
|
21
|
208
|
6,2
|
81
|
7,3
|
289
|
6,5
|
22
|
370
|
11,0
|
107
|
9,6
|
477
|
10,7
|
23
|
255
|
7,6
|
77
|
6,9
|
332
|
7,4
|
24
|
262
|
7,8
|
73
|
6,5
|
334
|
7,5
|
Total
|
3369
|
100
|
1110
|
100
|
4479
|
100
|
Source : Rapport EDSN-MICS-III,
Niger 2006.
Les graphiques suivants donnent la répartition de la
population par âge et par sexe au moment de l'enquête.
Graphique 3.1:
Répartition de la population par âge et par sexe au moment de
l'enquête.
On remarque aisément des pics aux âges 20, 25,
30, 35, 40, 45, 50 et 55 ans. Cette situation corrobore la présomption
d'une certaine mauvaise qualité de la déclaration de l'âge
des femmes et des hommes au moment de l'enquête.
Des indices analytiques mesurant ce type d'attraction (indice
de Whipple) et d'autres mesurant la préférence de tous les
chiffres de 0 à 9 (indice de Myers) aident à donner un ordre de
grandeur à la qualité de la déclaration d'âge en
terme de structure par âge. Il est fréquent que le regroupement en
groupes d'âge quinquennaux soit évoqué comme un moyen de
dissimuler les attractions (Harouna, 1998). Mais cette procédure est
souvent vaine, puisque ce n'est pas toujours sous forme de groupes d'âge
que l'âge interviendra dans les analyses.
Graphique 3.2:
Répartition de la population par groupes d'âge quinquennaux et par
sexe au moment de l'enquête
III-2-2 Evaluation des
données sur l'âge au premier rapport sexuel
Dans l'ensemble de notre échantillon, comme le montre
le Tableau 3-3 en dessous, la proportion des adolescents qui ont
déjà eu leurs premiers rapports sexuels est de 30,16% à la
date de l'enquête. Dans ce sous groupe, à 15 ans exacts, plus de
la moitié (51,52%) des adolescents avaient déjà eu leurs
premiers rapports sexuels. Lorsqu'on tient compte de l'age médian
d'entrée en première estimé à 15,5 ans chez les
femmes et à 22 ans chez les hommes (EDS-MICS-III, Niger 2006), on se
rend compte qu'une proportion importante d'adolescents s'engage dans les
rapports sexuels avant leur entrée en union contrairement aux
adolescentes. Ceci peut s'expliquer par le fait que les mariages très
précoces chez les femmes sont très fréquents au Niger.
Très souvent il se passe un certain temps entre le mariage et sa
consommation, la jeune fille étant donnée en mariage à un
âge très jeune. Le phénomène de la sexualité
premaritale est donc plus fréquent chez les jeunes garçons. Il
ressort des données du tableau 3.3 que l'âge moyen aux premiers
rapports sexuels est de 15,84 ans13(*) chez l'ensemble des adolescents.
Tableau 3.3:
Répartition des adolescents de 15 à 24 ans selon leur âge
au premier
rapport sexuel
Age au premier rapport sexuel
|
Effectifs
|
Frequences (%)
|
Cumul (%)
|
8
|
2
|
0,15
|
0,15
|
9
|
2
|
0,15
|
0,30
|
10
|
11
|
0,81
|
1,11
|
11
|
5
|
0,37
|
1,48
|
12
|
49
|
3,63
|
5,11
|
13
|
91
|
6,74
|
11,84
|
14
|
214
|
15,84
|
27,68
|
15
|
322
|
23,83
|
51,52
|
16
|
195
|
14,43
|
65,95
|
17
|
173
|
12,81
|
78,76
|
18
|
123
|
9,10
|
87,86
|
19
|
56
|
4,15
|
92,01
|
20
|
46
|
3,40
|
95,41
|
21
|
29
|
2,15
|
97,56
|
22
|
20
|
1,48
|
99,04
|
23
|
9
|
0,67
|
99,70
|
24
|
4
|
0,30
|
100,00
|
Total
|
1351
|
100,00
|
|
Source : Rapport
EDSN-MICS-III, 2006.
III-2-3 Taux de couverture
des variables de l'étude
Le tableau 3-3 donne le taux de couverture des
différentes variables retenues dans le cadre de notre étude. Il
ressort de ce tableau que la plupart des variables de l'étude ont
été relativement bien couvertes ; le taux de couverture
s'étendant de plus de 84% a 100%.
Les «Non déclarés» sont relativement
faible, ce qui rend compte de la consistance statistique de nos
différentes variables.
Tableau 3.4: Taux de
couverture des variables de l'étude
Variables
|
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquences (%)
|
Taux de couverture (%)
|
Ethnie
|
Arabe
Djerma/songhaï
Gourmantché
Haoussa
Kanouri
Peul
Touareg
Toubou
Autre
Non déclaré
|
9
275
18
742
57
90
123
7
11
1
|
0,6
20,7
1,3
55,8
4,3
6,7
9,2
0,5
0,8
0,1
|
100,0
|
Milieu de socialisation
|
Capitale/grandes villes
Villes
Campagnes
Etranger
Non déclaré
|
107
150
1049
16
7
|
8,1
11,3
78,9
1,2
0,5
|
99,5
|
Milieu de résidence
|
Urbain
Rural
|
288
1041
|
21,7
78,3
|
100,0
|
Niveau d'instruction
|
Sans niveau
Primaire
Secondaire
Supérieur
|
1001
216
109
3
|
75,3
16,3
8,2
0,3
|
100,0
|
Fréquence d'exposition à la radio
|
Pas du tout
Moins d'une fois par semaine
Au moins une fois par semaine
Chaque jour
Non déclaré
|
374
237
296
420
2
|
28,1
17,8
22,3
31,6
0,2
|
99,8
|
Fréquence d'exposition à la
télévision
|
Pas du tout
Moins d'une fois par semaine
Au moins une fois par semaine
Chaque jour
Non déclaré
|
1037
56
92
138
7
|
78,0
4,2
6,9
10,4
0,4
|
99,6
|
A utilisé le condom au dernier rapport sexuel
|
Non
Oui
Non déclaré
|
1074
42
213
|
80,8
3,2
16,0
|
84,0
|
A entendu parler du SIDA
|
Non
Oui
|
210
1119
|
15,8
84,2
|
100,0
|
A entendu parler des IST
|
Non
Oui
|
1098
231
|
82,6
17,4
|
100,0
|
Sait que le SIDA se transmet par voie
sexuelle
|
Non
Oui
Ne sait pas
Non déclaré
|
86
1033
60
151
|
6,5
77,7
4,5
11,3
|
88,7
|
Sait que le condom est un moyen de prévention
du VIH/SIDA
|
Non
Oui
Ne sait pas
Non déclaré
|
817
230
276
6
|
61,5
17,3
20,8
0,4
|
99,6
|
Sait que l'abstinence est un moyen de
prévention du VIH/SIDA
|
Non
Oui
Ne sait pas
Non déclaré
|
648
399
276
6
|
48,5
30,0
20,8
0,4
|
99,6
|
Sait que la fidélité est un moyen de
prévention du VIH/SIDA
|
Non
Oui
Ne sait pas
Non déclaré
|
579
468
276
6
|
43,6
35,2
20,8
0,4
|
99,6
|
Etat matrimonial
|
Célibataire
Marié(e)
En concubinage
Veuf/ve
Divorcé(e)
Ne vit pas ensemble
|
221
1056
10
5
27
11
|
16,7
79,4
0,7
0,3
2,0
0,8
|
100,0
|
Source : Traitement des
données de l'EDSN-MICS-III, Niger 2006.
III-3 Distribution des
variables
III-3-1 Les variables
socioculturelles
Le tableau 3-4 présente la répartition des
adolescents selon les variables socioculturelles.
III-3-1-1
L'ethnie
Le Niger se caractérise essentiellement par trois
grands groupes ethniques. Dans le premier groupe, on retrouve les
"Haoussa", "Djerma/songhaï" et les "Touareg".
Dans le second, on a les "Peul" et les "Kanouri". Et enfin on
distingue les "Autres ethnies"(Arabe, Toubou, Gourmantché). On
retrouve dans le tableau 3-4, la répartition des adolescents
enquêtés selon le groupe ethnique. Les adolescents "Peul"
représentent 6,7% des enquêtés et les "Touareg"
9,2%. Les "Kanouri" et les "Autres ethnies"
représentent respectivement 4,3% et 3,3%. Les "Haoussa"
sont majoritairement représentés dans l'échantillon
avec une proportion de 55,8%, viennent ensuite
les"Djerma/songhaï" avec 20,7%.
Comme la littérature a montré que les moeurs
sexuelles varient selon l'ethnie, nous nous attendons à ce que l'ethnie
influence tous les comportements sexuels des adolescents dans ce milieu.
III-3-1-2 Le milieu de
socialisation
Par rapport au milieu de socialisation, les adolescents ont
été saisis selon qu'ils ont passé les douze
premières années de leur vie dans la capitale ou les grandes
villes, dans les petites villes ou en campagne. Dans notre échantillon,
on constate qu'une très grande majorité des adolescents (80,3%)
ont été socialisés dans les campagnes, 11,5% dans les
petites villes, 8,2% dans la capitale Niamey et les grandes villes.
III-3-1-3 Le milieu de
résidence
Selon le milieu de résidence au moment de
l'enquête, les adolescents se répartissent en deux groupes :
ceux qui vivent en milieu urbain et ceux qui vivent en milieu rural. Dans notre
échantillon, on constate que plus de 3/4 des adolescents (78,3%) vivent
en milieu rural, tandis que ceux qui vivent en milieu urbain ne
représentent que 21,7%.
III-3-1-4 Le niveau
d'instruction
Dans le cas du niveau d'instruction, on constate qu'une
très forte proportion des adolescents sont sans niveau (75,3%), 16,3%
sont de niveau primaire, et seulement 8,5% de niveau secondaire ou plus.
Tableau 3.5
Répartition des adolescents selon les variables
socioculturelles
Variables
|
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquences (%)
|
Ethnie
|
Djerma/songhaï
Haoussa
Kanouri
Peul
Touareg
Autres ethnies
|
275
742
57
90
123
41
|
20,7
55,8
4,3
6,7
9,2
3,3
|
Total
|
|
1328
|
100,0
|
Milieu de socialisation
|
Grandes villes/ Capitale
Petites villes
Campagnes
|
107
150
1049
|
8,2
11,5
80,3
|
Total
|
|
1306
|
100,0
|
Milieu de résidence
|
Urbain
Rural
|
288
1041
|
21,7
78,3
|
Total
|
|
1329
|
100,0
|
Niveau d'instruction
|
Sans niveau
Primaire
Secondaire et plus
|
1001
216
112
|
75,3
16,3
8,4
|
Total
|
|
1329
|
100,0
|
Source : Traitement des
données de l'EDSN-MICS-III, Niger 2006.
III-3-2 L'exposition aux médias et le niveau de
vie
III-3-2-1 La fréquence d'exposition à la
radio
Par rapport à cette variable, la question suivante a
été posée aux adolescents pour saisir leur
fréquence d'exposition à la radio :
« Écoutez-vous la radio pratiquement chaque jour, au moins
une fois par semaine, moins d'une fois par semaine ou pas du
tout ? ». On retrouve dans le Tableau 3-5 la
répartition des adolescents enquêtés selon leur
fréquence d'exposition à la radio. On constate que 28,2% des
adolescents n'ont pas du tout été exposés à ce
média, par contre 17,9 des adolescentes l'écoutent moins d'une
fois par semaine, 22,3% au moins une fois par semaine et 31,70% chaque jour de
la semaine.
III-3-2-2 La fréquence
d'exposition à la télévision
La même question a aussi été posée
aux adolescents afin de saisir leur fréquence d'exposition à cet
autre média. La distribution des adolescents selon leur fréquence
d'exposition à la télévision montre que plus des trois
quarts d'entre eux ne regardent pas ce média (78,4%), 10,5% la regardent
chaque jour, 7,0% au moins une fois par semaine, et 4,2% moins d'une fois par
semaine.
III-3-2-3 Le niveau de vie
Nous avons considéré la situation
économique du ménage dans lequel vivent les adolescents pour
mesurer le niveau de vie. En effet, dans la plupart des pays africains et au
Niger en particulier les adolescents sont financièrement
dépendants de leurs parents. Dans cette étude, nous avons retenu
le niveau de vie des ménages comme variable opérationnelle de la
situation économique des parents. Cet indicateur a été
construit à partir des biens que ces derniers disposent. Compte tenu de
la nature des données dont nous disposons, nous avons recouru à
l'analyse en composantes principales (ACP) à partir du logiciel SPAD de
SPSS sous windows. Cette méthode présente l'avantage d'attribuer
des points à certaines modalités afin de définir des
classes ou groupes homogènes. L'objet de cette méthode
classification est de partitionner une population initiale en k classes
(groupes) disjointes de telle manière que 2 individus appartenant
à une même classe aient un maximum de caractéristiques
très semblables et 2 éléments provenant de 2 groupes
présentent des caractéristiques fortement dissemblables. Nous
avons constitué trois groupes à savoir : faible, moyen et
élevé.
La distribution de cette variable indique que les adolescents
qui vivent dans les ménages de niveau de vie faible représentent
31,1%, ceux qui sont issus des ménages de niveau moyen
représentent 19,1%, et ceux qui vivent dans les ménages de niveau
de vie élevé représentent 49,8%.
Tableau 3.6 Répartition des adolescents selon
la fréquence d'exposition aux médias et le niveau de vie du ménage
Variables et modalités
|
Effectifs
|
Fréquences (%)
|
Fréquence d'exposition à la
radio
|
|
|
- Pas du tout
|
374
|
28,2
|
- Moins d'une fois/semaine
|
237
|
17,9
|
- Au moins une fois/semaine
|
296
|
22,3
|
- Chaque jour
|
420
|
31,7
|
Total
|
1326
|
100,0
|
Fréquence d'exposition à la
TV
|
|
|
- Pas du tout
|
1037
|
78,4
|
- Moins d'une fois/semaine
|
56
|
4,2
|
- Au moins une fois/semaine
|
92
|
7,0
|
- Chaque jour
|
138
|
10,5
|
Total
|
1323
|
100,0
|
Niveau de vie du ménage
|
|
|
- Faible
|
414
|
31,1
|
- Moyen
|
254
|
19,1
|
- Elevé
|
662
|
49,8
|
Total
|
1330
|
100,0
|
Source : Traitement des
données de l'EDSN-MICS-III, Niger 2006.
III-3-3 Les connaissances
relatives aux IST/VIH/SIDA
Les variables utilisées pour la construction de cet
indicateur sont relatives au fait d'avoir entendu parler du SIDA ou des
IST, à la connaissance des modes de transmission du SIDA et à la
connaissance des modes de prévention du SIDA. A partir du Tableau 3-6,
on voit que 55,21% des adolescents ont une connaissance élevée
des IST/VIH/SIDA, 7,64% ont une connaissance partielle et 37,15% n'ont aucune
connaissance de ces maladies.
Tableau 3.7
Répartition des adolescents selon leurs connaissances relatives aux
IST/VIH/SIDA
Variables et modalités
|
Effectifs
|
Pourcentage (%)
|
Connaissance IST/VIH/SIDA
|
|
|
- Aucune
|
389
|
37,15
|
- Partielle
|
80
|
7,64
|
- Elevée
|
578
|
55,21
|
Total
|
1047
|
100,0
|
Connaissance du condom comme moyen
de prévention des IST/VIH/SIDA
|
|
|
- Non
|
648
|
61,89
|
- Oui
|
399
|
38,11
|
Total
|
1047
|
100,0
|
Source : Rapport EDSN-MICS-III,
2006.
III-3-4 Les comportements
sexuels à risque
On constate qu'au Niger le multipartenariat sexuel est un
phénomène répandu. En effet, 44,3% des adolescents ont eu
des rapports sexuels avec des personnes autres que leurs partenaires
réguliers au cours des douze derniers mois contre 55,7% qui n'ont pas
adopté ce comportement sexuel au cours des douze derniers mois
précédant de l'enquête.
En ce qui est des premiers rapports sexuels, on constate que
les adolescents commencent très précocement leurs
activités sexuelles. En effet, 87,86% des adolescents ont eu leurs
premiers rapports avant l'âge de 16 ans et seulement 12,14% l'ont eu
après.
Enfin, dans le cas de la non-utilisation des condoms aux
derniers rapports sexuels, on constate que seulement 3,8% des adolescents ont
utilisé des condoms aux derniers rapports sexuels contre 96,2% qui ne
l'ont pas fait lors de leurs derniers rapports sexuels.
Tableau 3.8 Répartition des adolescents selon
leurs comportements sexuels
Variables
|
Effectifs
|
Pourcentage (%)
|
Âge aux premiers rapports sexuels
|
|
|
- <=16 ans
|
1187
|
87,86
|
- >16 ans
|
164
|
12,14
|
Total
|
1351
|
100,0
|
Multipartenariat sexuel
|
|
|
- Non
|
757
|
55,7
|
- Oui
|
594
|
44,3
|
Total
|
1351
|
100,0
|
La non-utilisation des condoms aux derniers rapports
sexuels
|
|
|
- Non
|
1074
|
96,2
|
- Oui
|
42
|
3,8
|
Total
|
1116
|
100,0
|
Source : Rapport EDSN-MICS-III,
2006.
III-4 Méthodes
d'analyse
Nous allons utiliser au premier niveau d'analyse des
données les méthodes statistiques descriptives et au second
niveau les méthodes explicatives.
III-4-1 Analyse descriptive
Nous allons nous intéresser ici à l'association
entre chaque caractéristique de l'adolescent et les comportements
sexuels étudiés. Comme toutes les variables sont qualitatives,
nous allons recourir aux tableaux croisés et à la statistique du
Khi-deux pour évaluer le degré et le sens des différentes
associations.
A ce niveau d'analyse, nous allons aussi recourir à
l'analyse Factorielle des Correspondances Multiples pour identifier au niveau
multivarié les indépendances entre variables et de façon
simultanée les caractéristiques des adolescentes adoptant telle
ou telle modalité des comportements sexuels à risque.
L'analyse (factorielle) des correspondances multiples (ACM)
est une technique de réduction factorielle qui permet d'avoir une vue
d'ensemble des variables de base (ou des individus) en mettant en
évidence les liaisons, ressemblances ou différences14(*). Les variables soumises
à l'ACM doivent être catégorielles (ou rendues telles), la
matrice de données étant un tableau dit disjonctif
complet ou tableau binaire, dans lequel chaque individu-ligne a la valeur
0 ou 1 pour chaque variable/modalité-colonne. Dans l'ACM, en effet,
chaque modalité (dichotomisée au préalable) intervient
comme une variable.
L'une des richesses de cette méthode réside dans
la possibilité de distinguer, parmi les variables, celles qui sont
actives (c'est-à-dire qui entrent dans la construction des axes
factoriels) et celles qui sont passives, encore appelées
variables supplémentaires (qui n'entrent pas dans la
construction des axes). L'intérêt des variables passives est que,
n'ayant pas pris à la construction des axes factoriels, leur
proximité avec un axe ou un groupe de variables témoigne d'une
forte corrélation.
En plus des corrélations ou associations qu'elle nous
aura permis de mettre en évidence, l'ACM est aussi une étape
préliminaire dans la construction de profils et d'indicateurs
synthétiques. L'algorithme de la méthode permet, en effet, de
sauvegarder les coordonnées (ou scores factoriels) des individus sur les
principaux axes factoriels (et vice-versa, d'avoir les scores factoriels des
variables dans le champ vectoriel formé par les individus). On peut
alors recourir à ces scores pour procéder à d'autres
types d'analyse, notamment, dans le cas de la présente étude,
à une classification des adolescents selon leurs comportements sexuels
à risque et à une analyse en composantes principales (ACP) pour
la création d'indicateurs combinés tels le niveau de vie du
ménage ou le niveau de connaissance des IST/VIH/SIDA chez les
adolescents par exemple.
III-4-2 Analyse explicative
En général, le but de la plupart des recherches
en sciences sociales est de déterminer des relations entre un ensemble
de variables. Les techniques « multivariables » ont été
développées à cette fin. Souvent on considère une
variable dépendante que l'on veut prédire et des variables
indépendantes ou explicatives.
Remarquons que bien souvent le terme « multivarié
» est confondu avec « multivariables », ce qui peut porter
à confusion étant donné que le premier se
réfère à la situation où l'on considère
plusieurs variables dépendantes à la fois, tandis que le
deuxième plus vague correspond peut être mieux à la
situation la plus fréquente où l'on considère une seule
variable dépendante et plusieurs variables explicatives.
L'analyse explicative nous permet de mettre en relief les
facteurs qui déterminent les comportements sexuels des adolescents et
les mécanismes par lesquels certaines variables influencent ces
comportements. Etant donnée que les variables à expliquer sont
dichotomiques (précocité ou non du premier rapport sexuel,
utilisation ou non du condom), c'est le modèle de régression
logistique que nous avons retenu.
La régression logistique est l'une des méthodes
adaptées à l'analyse des variables dépendantes
catégorielles15(*).
Dans la régression logistique, une variable dépendante de
nature dichotomique est expliquée par un ensemble de variables
qui peuvent être qualitatives ou quantitatives. Dans le cas de la
présente étude, la variable à expliquer est la
probabilité qu'un adolescent de 15-24 ans adopte ou non un comportement
sexuel à risque au moment de l'enquête. Il est question ici de la
probabilité qu'un adolescent de 15-24 ans recourt ou non au
multipartenariat sexuel, à la précocité des rapports
sexuels ou à la non-utilisation des condoms au dernier rapport sexuel.
Ce qui est modélisé dans la régression logistique, c'est
la quantité P/1-P appelée odds, qui est le rapport de
deux probabilités : la probabilité que
l'événement survienne (P) et la probabilité que celui-ci
ne survienne pas (1-P). En considérant Xi variables
indépendantes (i allant de 1 à k), l'équation de
régression logistique peut s'écrire :
P/1-P= e
B0+B1+......+Bk
Où les Bi représentent les
coefficients de régression ; eBi le facteur
par lequel le odds change lorsque la ie variable indépendante
passe de la valeur 0 à la valeur 1.
Dans la comparaison de deux sous-populations ou
catégories d'une variable indépendante (dans lesquelles la
probabilité que l'événement survienne est respectivement
P1 et P2), ce qui est examiné, c'est le rapport
(P2/1-P2)/ (P1/1-P1)
appelé rapport des chances16(*) (odds ratio en anglais). Le rapport de
chances s'interprète en termes d'écart par rapport à une
modalité de référence.
La régression logistique fournit entre autres
statistiques d'interprétation des résultats :
Ø le "odds ratio" ou risque relatif de connaître
l'évènement étudié ;
Ø la statique de khi deux (Khi2) pour le test de
signification du modèle et des paramètres ;
Ø le pseudo R2 pour le test de
l'adéquation du modèle ;
Ø les seuils de signification des odds ratios
Ø le coefficient de corrélation partiel r
Le test de Khi2 permet de savoir si le
modèle est adéquat ou pas. Si la probabilité critique
associée au Khi2 est inférieure au seuil choisi le modèle
est donc adéquat. Ceci signifie que les variables indépendantes
considérées dans l'ensemble expliquent la variation de la
variable dépendante. Elles peuvent donc prédire la valeur de Y.
Dans le cas de cette étude, un modèle sera adéquat lorsque
le seuil de signification associé au Khi2 sera inférieur ou
égale à 10%.
Le Pseudo R2 permet d'estimer la
part (en %) de la variance de la variable dépendante expliquée
par le modèle.
Pseudo R2 = Khi-deux/ (Khi-deux +n) où n est
la taille de l'échantillon
La contribution de chaque variable indépendante
à l'explication sera calculée à partir de cette formule
suivante :
Cx: Contribution de la variable
f : Khi deux final
s : Khi deux sans la variable
SYNTHESE
PARTIELLE
Dans un premier temps, nous avons présenté dans
ce chapitre notre source de données, évalué la
qualité de celle-ci, et présenté les distributions des
variables et les méthodes d'analyse. La source de données
utilisées provient de l'Enquête Démographique de
Santé et à Indicateurs Multiples (EDS-MICS-III)
réalisée au Niger en 2006.
Secundo, nous avions présenté les limites de
notre étude. Pour ce faire il était d'abord question
d'apprécier la méthodologie de l'enquête et de
procéder à l'évaluation de la qualité des
données sur l'âge. Cette évaluation a porté sur la
qualité de l'âge des adolescents au moment de l'enquête et
sur leur âge aux premiers rapports sexuels. Il ressort que les
distorsions constatées ne sont pas de nature à mettre en cause la
validité de ces données. Il a été aussi question de
présenter la distribution des différentes variables de
l'étude afin de juger de leur pertinence pour l'étude. Dans
l'ensemble, ces variables ont été relativement bien
déclarées.
Par la suite, nous avons procédé à la
distribution de ces variables. Afin de faciliter, la compréhension des
résultats ultérieurs, les différentes méthodes
utilisées pour la création des indicateurs combinés de
l'étude ont été aussi présentées.
Pour finir cette section, nous avons aussi
présenté les méthodes statistiques qui seront
utilisées dans cette étude. Cette étude fera l'objet d'une
analyse descriptive bivariée et d'une analyse explicative
multivariée.
CHAPITRE IV
ESSAI D'IDENTIFICATION DES DETERMINANTS DES
COMPORTEMENTS SEXUELS A RISQUE CHEZ LES ADOLESCENTS
IV-1 Variations des comportements sexuels à
risque chez les adolescents
Il sera question à ce niveau d'évaluer le
degré et le sens des associations entre les caractéristiques des
adolescents et leurs comportements sexuels. Il serait capital de ventiler nos
résultats par sexe car les comportements sexuels varient beaucoup selon
le sexe. Mais à cause du faible effectif constaté après
distribution des différentes variables dépendantes, nous ne
sommes pas en mesure de présenter ces résultats. Un test de
comparaison de proportion pourrait éventuellement être
envisagé si ces effectifs n'étaient pas très faibles.
C'est une des limites majeures de cette étude.
IV-1-1 Age aux premiers
rapports sexuels
L'entrée en vie sexuelle constitue un moment clé
de la vie des individus. Elle est porteuse de signification et de risques
à la fois sur les plans social, économique, psychologique,
biologique et médical. Au-delà de ses implications biologiques
(la déchirure de l'hymen par exemple), l'entrée en vie sexuelle
expose aux risques de grossesses précoces ou non désirées,
d'avortements, de morbidité et mortalité maternelles, de MST/VIH,
etc. (Akoto et al., 2000 ; FNUAP, 1999 ; Kuaté-Defo, 1998;
Evina, 1998; United Nations, 1995; Kouton, 1992; Rwengé, 1999; 2000;
2004). On remarque qu'au Niger, plus de la moitié des adolescents
enquêtés ont déjà eu leurs premiers rapports sexuels
à l'âge de 16 ans (51,52%).
IV-1-1-1
Caractéristiques socioculturelles
L'ethnie, le milieu de résidence et le niveau
d'instruction sont associés à l'âge aux premiers rapports
sexuels.
i) Ethnie
Plus de 80 % des adolescents nigériens, quel que soit
le groupe ethnique auquel ils appartiennent commencent leurs premiers rapports
sexuels avant l'âge de 16 ans. En effet, 54% des adolescents
"Djerma/songhaï" et 49,3% des adolescents "Haoussa"
enquêtés qui sont les deux plus grands groupes ethniques du pays
ont déclaré avoir eu leurs premiers rapports sexuels avant
l'âge de 16 ans et 57,4% des adolescents des "Autres ethnies"
ont eu leurs premiers actes sexuels avant cet âge.
ii) Milieu de
socialisation
Le milieu de socialisation n'est pas associé à
l'âge aux premiers rapports sexuels chez les adolescents. On observe
néanmoins que les adolescents qui ont passé leur enfance dans les
campagnes et qui ont eu leurs premiers rapports sexuels avant l'âge de 16
ans représentent 58,71% alors que cette proportion n'est que de 53% chez
les adolescents ayant passé leur enfance à Niamey la capitale ou
dans une autre grande ville du pays. Parmi les adolescents socialisés
dans les petites villes, 57,8% d'eux ont déclaré avoir eu leurs
premiers rapports sexuels avant l'âge de 16 ans.
iii) Milieu de
résidence
La proportion des adolescents ayant eu leurs premiers rapports
sexuels avant l'âge de 16 ans est plus élevée en milieu
rural (60,2%) qu'en milieu urbain (53,8 %). Ce résultat nous semble
infirmer l'idée selon laquelle l'urbanisation entraîne les
adolescents à entrer précocement dans l'activité
sexuelle.
iv) Niveau
d'instruction
Dans le cas du niveau d'instruction, on observe chez les
adolescents enquêtés que le niveau d'instruction est
négativement associé à l'occurrence précoce des
premiers rapports sexuels. Ces résultats confortent ceux mis en
évidence au Cameroun par Kuaté-Défo (1999) et
Rwengé (1999 ; 2000 ; 2004). En effet, la proportion des
adolescents ayant eu leurs premiers rapports sexuels après 16 ans est
plus élevée chez ceux du niveau secondaire et plus (51,3%) que
chez les sans niveau (40,9%) et chez ceux de niveau primaire (39,4%).
v) Fréquence
d'exposition à la radio
La fréquence d'exposition à la radio n'est pas
associée à l'âge aux premiers rapports sexuels. Toutefois,
on constate que les adolescents qui sont exposés à ce
média chaque jour, au moins une fois par semaine et moins d'une fois par
semaine entrent plus tardivement en vie sexuelle (respectivement 45,1%, 41,7%
et 45,1%) que ceux qui ne sont pas du tout exposés (38,2%).
vi) Fréquence
d'exposition à la télévision
Tout comme la variable
précédente, la fréquence d'exposition à la
télévision n'est pas aussi associée à l'âge
aux premiers rapports sexuels. Néanmoins, il ressort que chez les
adolescents, les premiers rapports sexuels avant 16 ans surviennent plus
tôt chez ceux qui ne sont pas du tout exposés à la
télévision (60,3%) et chez ceux qui la regardent moins d'une fois
par semaine (47,1%). Ils surviennent plus tardivement chez les adolescents qui
regardent la télévision au moins une fois par semaine
(59,3%) et ceux qui la regardent chaque jour (52,4%).
IV-1-1-2
Caractéristiques économiques
i) Niveau de vie du
ménage
Le niveau de vie du ménage n'est pas associé
à l'âge aux premiers rapports chez les adolescents. Cette absence
d'associativité entre le niveau de vie des ménages dans lesquels
vivent les adolescents et l'occurrence précoce des premiers rapports
sexuels semble conforter les résultats obtenus par Talnan et al. (2002)
en Cote d'ivoire. On observe que c'est dans les ménages de niveau de vie
faible qu'on a la plus grande proportion des adolescents ayant
débuté leurs premiers rapports sexuels avant l'âge de 16
ans (61,1%). L'âge aux premiers rapports sexuels est plus tardif dans les
ménages de niveau de vie moyen et élevé (respectivement
58,9% et 53,3%).
IV-1-2 Multipartenariat
sexuel au cours des douze derniers mois
Le type de partenaires et de relations entre partenaires
influent beaucoup sur le processus de diffusion du VIH/SIDA. Ces relations
peuvent être ponctuelles, occasionnelles ou régulières,
sérielles ou concomitantes. Le multipartenariat multiple les situations
à risque et donc accroît le risque d'exposition (Ferry, 1999). Au
Niger, on constate que le multipartenariat sexuel est un
phénomène répandu. En effet, dans l'ensemble de notre
échantillon 44,3% des adolescents enquêtés ont eu d'autres
partenaires sexuels "occasionnels" en dehors du partenaire régulier au
cours des douze derniers mois ayant précédé
l'enquête.
IV-1-2-1
Caractéristiques socioculturelles
Toutes les variables sont associées au multipartenariat
sexuel chez les adolescents.
i) Ethnie
L'ethnie est associée au multipartenariat chez les
adolescents nigériens au seuil de 1%. Le recours aux partenaires
multiples est un comportement plus fréquent chez les adolescents
"Haoussa", "Djerma/Songhaï", "Kanouri" et
"Peul". En effet, la proportion des adolescents ayant eu d'autres
partenaires sexuels en dehors du partenaire régulier est plus
élevée dans ces groupes ethniques. Elle est respectivement de
56,0%, 53,5% 52,5% et 51,4% soit un peu au dessus de la moyenne d'ensemble. En
revanche, cette proportion est plus faible chez les adolescents des autres
groupes ethniques ; elle est de 36,5% chez les adolescents
"Touareg" et de 28% chez les "Autres ethnies".
ii) Milieu de socialisation
Le milieu de socialisation est associé au
multipartenariat sexuel chez les adolescents nigériens (p<0,01). On
observe que cette pratique est plus fréquente chez les adolescents
socialisés à Niamey la capitale ou dans les grandes villes
(61,6%) et dans les petites villes (52,5%) que ceux ayant été
socialisés dans les campagnes (40,2%). Ce résultat semble
conforter l'idée selon laquelle l'urbanisation favorise chez les
adolescents l'occurrence des relations sexuelles occasionnelles.
iii) Milieu de
résidence
Le milieu de
résidence est aussi associé au multipartenariat sexuel chez les
nigériens (p<0,01). Dans ce cas précis, on observe chez les
adolescents enquêtés que le degré d'urbanisation du milieu
est positivement associé au multipartenariat sexuel. En effet, 62% des
adolescents enquêtés résidant en milieu urbain ont
déclaré avoir eu d'autres partenaires en dehors de leurs
partenaires réguliers. En revanche, seulement 36% des adolescents
vivant en milieu rural ont déclaré avoir adopté ce
comportement sexuel, représentant près de la moitié des
jeunes urbains ayant eu ce comportement sexuel à risque.
iv) Niveau d'instruction
Le niveau d'instruction influence positivement au
multipartenariat sexuel. En effet, la proportion des adolescents qui ont
déclaré avoir adopté ce comportement sexuel augmente avec
le niveau d'instruction atteint. En dehors de leur partenaire habituel, 31% des
adolescents sans niveau ont déclaré avoir eu d'autres partenaires
sexuels, 56%de ceux du niveau primaire et 76% de ceux du niveau secondaire et
plus l'ont déclaré.
v) Fréquence
d'exposition à la radio
Cette variable n'est associée au multipartenariat
sexuel chez les adolescents nigériens qu'au seuil de 5%. On voit en elle
un facteur de différenciation du multipartenariat sexuel. En effet, ce
comportement s'observe plus les adolescents qui écoutent ce media moins
d'une fois par semaine (54%) et ceux qui l'écoutent au moins une fois
par semaine (55%). Par contre, il est moins fréquent chez ceux qui ne
l'écoutent pas du tout (42%) et ceux qui l'écoutent chaque jour
(44%).
vi) Fréquence
d'exposition à la télévision
Cette variable est associée au multipartenariat
sexuel chez les adolescents nigériens au seuil de 1%. Les adolescents
qui sont exposés à la télévision au moins une fois
par semaine (71%), ceux qui la regardent moins d'une fois par semaine (60%),
ceux qui la regardent chaque jour (65%) ont davantage déclaré
avoir adopté ce comportement sexuel que ceux qui n'y sont pas du tout
exposés (35%).
IV-1-2-2
Caractéristiques économiques
i) Niveau de vie du
ménage
Le niveau de vie du ménage est associé au
multipartenariat sexuel chez les adolescents nigériens au seuil de 1%.
Le niveau de vie influence positivement le recours aux partenaires multiples.
On observe à cet effet, que la proportion des adolescents ayant eu
d'autres partenaires sexuels en dehors du partenaire régulier augmente
en fonction du niveau de vie du ménage. Elle passe de 27% dans les
ménages de "niveau de vie faible", à 41% dans les ménages
de "niveau moyen " et enfin à 68% pour les ménages de
"niveau de vie élevé". Ce résultat montre que les moyens
financiers mis à la disposition des adolescents influencent chez eux
l'intensité et l'engagement dans l'activité sexuelle à
risques.
ii) Connaissances des
IST/VIH/SIDA
a) Niveau de connaissance des
IST/VIH/SIDA
Le niveau de connaissance des IST/VIH/SIDA est associé
au multipartenariat sexuel chez les adolescents nigériens (p<0,01).
Paradoxalement, on observe à ce stade que la connaissance de ces
maladies n'a pas un effet négatif sur le multipartenariat sexuel chez
ces adolescents. En effet, les adolescents n'ayant aucune connaissance des
IST/VIH/SIDA s'engagent moins dans les relations sexuelles avec plusieurs
partenaires (40,1%). En revanche, ceux ayant une connaissance partielle des ces
maladies (50,4%) et celles ayant une connaissance élevée (55,9%)
s'engagent plus dans les relations multipartenariales.
b) Connaissance du condom
comme moyen de prévention des IST/VIH/SIDA
La connaissance du condom comme moyen de prévention
des IST/VIH/SIDA est aussi associée au multipartenariat sexuel chez les
adolescents nigériens au seuil de 1%. Conformément à nos
attentes, on constate que le fait de connaître le condom a plutôt
un effet positif sur le comportement sexuel en question. En effet, la
proportion des adolescents ayant eu d'autres partenaires sexuels est plus
élevée chez ceux qui savent que le condom est un moyen de
prévention des IST/VIH/SIDA (56,7%) que chez celles qui l'ignorent
(33,7%).
c) Connaissance de la
"fidélité" à un partenaire non infecté comme moyen
de prévention des IST/VIH/SIDA
Cette variable n'est pas associée au multipartenariat
sexuel chez les adolescents nigériens. Néanmoins, on constate que
les adolescents qui savent que la fidélité à un seul
partenaire sexuel non infecté est un moyen de prévention des
IST/VIH/SIDA recourent moins à d'autres partenaires sexuels occasionnels
(46,7%) que ceux qui l'ignorent (56,8%). Ce résultat confirme aussi nos
attentes.
d) Connaissance de la
transmission sexuelle
La connaissance de la transmission sexuelle est
associée au multipartenariat sexuel chez les adolescents
nigériens. Les mêmes résultats que ceux décrits
précédemment s'observent à ce niveau. En effet, les
adolescents qui savent que le SIDA se transmet par voie sexuelle recourent
moins à d'autres partenaires sexuels occasionnels (47,6%) que ceux qui
ne le savent pas (56,2%)
IV-1-3 Non-utilisation du
condom au dernier rapport sexuel
Plusieurs études ont montré que l'utilisation
systématique du préservatif n'est pas très répandue
en Afrique subsaharienne. Ce résultat est encore plus confirmé au
Niger. En effet, seulement 3,8% des adolescents enquêtés ont
déclaré avoir utilisé un préservatif lors de leur
dernier rapport sexuel.
En dehors de la variable relative à la connaissance de
la fidélité à un seul partenaire non infectée comme
moyen de prévention des IST/VIH/SIDA, toutes les autres variables sont
significativement associées à la non-utilisation du condom au
dernier rapport sexuel au seuil de 1%.
IV-1-3-1
Caractéristiques socioculturelles
i) Ethnie
Conformément à nos attentes, l'ethnie est
associée à la non-utilisation des condoms aux derniers rapports
sexuels au seuil de 1%. On constate que la proportion des adolescents n'ayant
pas utilisé les condoms est plus élevée dans les groupes
ethniques "Haoussa" (98,3%), "Touareg" (95,9%) et
"Peul" (95,1%) que dans les autres groupes ethniques où elle
est de (93,0%) chez les "Djerma/songhaï", (90,4%) chez les
"Kanouri" et (92,1%) chez les "Autres
ethnie"s.
ii) Milieu de socialisation
Le milieu de socialisation est aussi associé à
la non-utilisation des condoms aux derniers rapports sexuels au seuil de 1%. Le
milieu de socialisation est un facteur de différenciation de la
non-utilisation du condom chez les adolescents nigériens. Le
degré d'urbanisation du milieu influence positivement l'utilisation des
condoms. D'autant plus que, la proportion des adolescents n'ayant pas
utilisé les condoms lors de leurs derniers rapports sexuels est plus
élevée dans les campagnes (98,9%) que dans les autres milieux
(Niamey ou les grandes villes 78,1% ; les petites villes 88,4%).
iii) Milieu de
résidence
Le milieu de résidence est aussi
associé à la non-utilisation des condoms aux derniers rapports
sexuels au seuil de 1%. Ici aussi le degré d'urbanisation influence
positivement l'utilisation des condoms. En effet, 98,9% des adolescents vivant
en milieu rural ont déclaré n'avoir pas utilisé les
condoms lors des derniers rapports sexuels, contre 84,9% en milieu urbain.
iv) Niveau d'instruction
La relation entre le niveau d'instruction et la non-protection
des derniers rapports sexuels est significative au seuil de 1%. En effet, le
niveau d'instruction influence positivement l'utilisation des condoms aux
derniers rapports sexuels chez les adolescents nigériens. En effet, la
proportion des adolescents n'ayant pas utilisé les condoms lors des
derniers rapports sexuels est plus élevée chez les adolescents
sans niveau (99,1%) que chez ceux du niveau secondaire ou plus (69,3%) ;
les adolescents de niveau primaire occupent la position intermédiaire
(93,1%).
v) Fréquence
d'exposition à la radio
Cette variable est associée à la non-utilisation
des condoms au dernier rapport sexuel au seuil de 1%. L'influence positive de
la modernité sur l'utilisation des condoms en général
s'observe aussi à travers l'exposition aux médias, d'autant plus
que ce sont les adolescents qui ne sont pas exposés à ces
médias qui ont les proportions les plus élevées de la
non-utilisation des condoms aux derniers rapports sexuels. Dans le cas de la
radio, on observe que la proportion des adolescents n'ayant pas utilisé
les condoms au cours de leurs derniers rapports sexuels est plus
élevée chez les adolescents qui ne sont pas exposés
à ce média (99,8%) et chez ceux qui l'écoutent moins d'une
fois par semaine (99,1%). Par contre, cette proportion est moins
élevée chez ceux qui écoutent au moins une fois par
semaine la radio (95,2%) et chez ceux qui l'écoutent tous les jours
(91,8%).
vi) Fréquence
d'exposition à la télévision
Cette variable est aussi associée à la
non-utilisation des condoms au dernier rapport sexuel au seuil de 1%. Par
rapport à la télévision, on constate cette proportion est
plus élevée chez les adolescents qui ne sont pas du tout
exposées à ce média (99,2%) que chez ceux qui la regardent
moins d'une fois par semaine (95,5%). Les adolescents qui suivent chaque jour
la télévision (75,0%) et ceux qui la suivent au moins une fois
par semaine (89,6%) représentent les proportions les plus faibles.
Ce résultat semble confirmer le rôle joué
par les médias dans la sensibilisation et la prévention des
IST/VIH/SIDA.
IV-1-3-2
Caractéristiques économiques
i) Niveau de vie du
ménage
Le niveau de vie du ménage est
associé à la non-utilisation des condoms aux derniers rapports
sexuels au seuil de 1%. On observe que la proportion des adolescents n'ayant
pas utilisé les condoms lors des derniers rapports sexuels diminue
à mesure que s'améliorent les conditions de vie des
ménages bien que cette variation est presque nulle entre les
ménages de niveau de vie faible et ceux de niveau de vie moyen. En
effet, cette proportion est de 99,2% chez les adolescents vivant dans les
conditions de vie faible contre 92,8% chez ceux vivant dans les ménages
de niveau de vie élevé. Les adolescents qui vivent dans les
ménages de niveau de vie moyen occupent la position intermédiaire
avec une proportion de 99,8%.
ii) Connaissances des
IST/VIH/SIDA
a) Niveau de connaissance des
IST/VIH/SIDA
Le niveau de connaissance des IST/VIH/SIDA est
significativement associé à la non-utilisation du condom au
dernier rapport sexuel au seuil de 1%. Celui ci influence positivement la
non-utilisation des condoms aux derniers rapports sexuels. En effet, les
adolescents n'ayant aucune connaissance des IST/VIH/SIDA sont
proportionnellement plus nombreux à n'avoir pas utilisé les
condoms lors de leurs derniers rapports sexuels (98,1%). Par contre, les
adolescents ayant une connaissance élevée des IST/VIH/SIDA sont
ceux qui ont plus utilisé les condoms au cours de leurs derniers
rapports sexuels (90,3%). Ceux ayant une connaissance partielle de ces maladies
occupent la position intermédiaire (94,5%).
b) Connaissance du condom
comme moyen de prévention des IST/VIH/SIDA
La connaissance du condom comme moyen de prévention des
IST/VIH/SIDA est significativement associée à la non-utilisation
du condom au dernier rapport sexuel au seuil de 1%. La relation entre la
connaissance du condom comme moyen de prévention des ITS/VIH/SIDA et son
utilisation aux derniers rapports sexuels va dans le sens attendu. En effet, la
proportion des adolescents n'ayant pas recouru aux condoms lors des derniers
rapports sexuels est moins élevée chez ceux qui les connaissent
(86,0%) que chez ceux qui l'ignorent (98,0%).
c) Connaissance de la
"fidélité" à un partenaire non infecté comme moyen
de prévention des IST/VIH/SIDA
La connaissance de la "fidélité" à un
partenaire non infecté comme moyen de prévention des
IST/VIH/SIDA est la seule variable qui n'est pas associée à la
non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel parmi toutes nos variables
retenues. Néanmoins, on observe que ce sont les
adolescents qui savent que la fidélité à un seul
partenaire non infecté est un moyen de prévention des
IST/VIH/SIDA qui recourent moins aux condoms (95,9%) contrairement a leurs
confrères ceux qui l'ignorent (95,3%).
d) Connaissance de la
transmission sexuelle
La connaissance de la transmission sexuelle est
significativement associée à la non-utilisation du condom au
seuil de 1%. On voit que ce sont les adolescents qui ne savent pas que le SIDA
se transmet par voie sexuelle qui recourent moins au condom (96,2%) par rapport
à ceux qui le savent (87,2%).
Tableau 4-1 : Variations
des comportements sexuels des adolescents selon les
caractéristiques
socioculturelles et économiques
|
Age aux premiers rapports sexuels (%)
|
Multipartenariat sexuel (%)
|
Non-utilisation des condoms
aux derniers rapports sexuels (%)
|
<= 16 ans
|
> 16 ans
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Ethnie
|
***
|
***
|
***
|
- Djerma/Songhai
|
54,0
|
46,0
|
46,5
|
53,5
|
7,0
|
93,0
|
- Haoussa
|
49,3
|
50,7
|
44
|
56,0
|
1,7
|
98,3
|
- Kanouri
|
70,2
|
29,8
|
49,5
|
52,5
|
9,6
|
90,4
|
- Peul
|
49,3
|
50,7
|
48,6
|
51,4
|
4,9
|
95,1
|
- Touareg
|
65,9
|
34,1
|
63,5
|
36,5
|
4,1
|
95,9
|
- Autres ethnies
|
57,4
|
42,6
|
72
|
28
|
7,9
|
92,1
|
Milieu de socialisation
|
Ns
|
***
|
***
|
- Capitale/grandes villes
|
53,0
|
47,0
|
38,4
|
61,6
|
21,9
|
78,1
|
- Petites villes
|
57,8
|
42,2
|
47,5
|
52,5
|
11,6
|
88,4
|
- Campagnes
|
58,7
|
41,3
|
59,8
|
40,2
|
1,1
|
98,9
|
Milieu de résidence
|
**
|
***
|
***
|
- Urbain
|
53,8
|
46,2
|
48
|
62
|
15,1
|
84,9
|
- Rural
|
60,2
|
39,8
|
64
|
36
|
1,1
|
98,9
|
Niveau d'instruction
|
***
|
***
|
***
|
- Sans niveau
|
59,1
|
40,9
|
69
|
31
|
0,9
|
99,1
|
- Primaire
|
60,6
|
39,4
|
44
|
56
|
6,9
|
93,1
|
- Secondaire et plus
|
48,7
|
51,3
|
24
|
76
|
30,7
|
69,3
|
Fréquence d'exposition à la
radio
|
Ns
|
**
|
***
|
- Pas du tout
|
61,8
|
38,2
|
58
|
42
|
0,2
|
99,8
|
- Moins d'1fois/semaine
|
54,9
|
45,1
|
46
|
54
|
0,9
|
99,1
|
- Au moins 1fois/semaine
|
58,3
|
41,7
|
45
|
55
|
4,8
|
95,2
|
- Chaque jour
|
54,9
|
45,1
|
56
|
44
|
8,2
|
91,8
|
Fréquence d'exposition à la
télévision
|
Ns
|
***
|
***
|
- Pas du tout
|
60,3
|
39,7
|
65
|
35
|
0,8
|
99,2
|
- Moins d'1 fois/semaine
|
47,1
|
52,9
|
40
|
60
|
4,5
|
95,5
|
- Au moins 1 fois/semaine
|
59,3
|
40,7
|
29
|
71
|
10,4
|
89,6
|
- Chaque jour
|
52,4
|
47,6
|
35
|
65
|
25,0
|
75,0
|
Condition de vie du ménage
|
Ns
|
***
|
***
|
- Faible
|
61,1
|
38,9
|
73
|
27
|
0,8
|
99,2
|
- Moyen
|
58,9
|
41,1
|
59
|
41
|
0,1
|
99,8
|
- Elevé
|
53,3
|
46,9
|
32
|
68
|
7,2
|
92,8
|
Ensemble
|
51,52
|
48,48
|
55,7
|
44,3
|
3,8
|
96,2
|
Seuil de signification :
*** significatif à 1% ;
** significatif à 5% ;
* significatif à 10% ;
Ns Non significatif
|
Tableau 4-2 : Variations
des comportements sexuels des adolescents selon leurs
Connaissances sur les IST/VIH/SIDA
Variables
|
Age aux premiers rapports sexuels (%)
|
Multipartenariat sexuel (%)
|
Non-utilisation des condoms
aux derniers rapports sexuels (%)
|
<= 16 ans
|
> 16 ans
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Connaissance des IST/VIH/SIDA
|
|
***
|
***
|
- Aucune
|
|
|
59,9
|
40,1
|
1,9
|
98,1
|
- Partielle
|
|
|
49,6
|
50,4
|
5,5
|
94,5
|
- Elevée
|
|
|
44,1
|
55,9
|
9,7
|
90,3
|
Connaissance du condom comme moyen de
prévention des IST/VIH/SIDA
|
|
***
|
***
|
- Non
|
|
|
66,3
|
33,7
|
2,0
|
98,0
|
- Oui
|
|
|
43,3
|
56,7
|
14,0
|
86,0
|
Sait que la fidélité est un moyen de
prévention du VIH/SIDA
|
|
**
|
Ns
|
- Non
|
|
|
43,2
|
56,8
|
4,7
|
95,3
|
- Oui
|
|
|
53,3
|
46,7
|
4,1
|
95,9
|
Sait que le VIH/SIDA se transmet par voie
sexuelle
|
|
***
|
***
|
- Non
|
|
|
43,8
|
56,2
|
3,8
|
96,2
|
- Oui
|
|
|
52,4
|
47,6
|
12,8
|
87,2
|
Ensemble
|
51,52 48,48
|
55,7 44,3
|
3,8 96,2
|
Seuil de signification :
*** significatif à 1% ;
** significatif à 5% ;
* significatif à 10% ;
Ns Non significatif
|
Source : Traitement des
données de l'EDSN-MICS-III, Niger 2006.
IV-1-4 Catégorisation
des adolescents selon leurs comportements sexuels
IV-1-4-1
Caractérisation des axes factoriels
Nous allons considérer le premier plan axe factoriel
qui explique la plus grande contribution des variables et qui va nous permettre
de définir les grands groupes caractérisant les adolescents par
rapport à leurs comportements sexuels. Pour mieux caractériser
les deux axes factoriels, nous allons utiliser la contribution de l'axe i
à la variance du point j (CTR) et sa contribution à la variance
expliquée par l'axe i (CTA). Ainsi pour interpréter un axe, on
utilisera les modalités pour lesquelles les CTRi sont les plus fortes
(ce sont celles ayant joué le plus grand rôle dans son
positionnement). A partir de la matrice de configuration (annexe E), nous avons
élaboré le tableau 3.3 qui présente la contribution des
variables-modalités à l'inertie des axes factoriels.
Tableau 4-3 : Contribution des
points-modalités à l'inertie des axes factoriels
Premier axe factoriel
|
Deuxième axe factoriel
|
Les variables ayant contribuées au
positionnement de l'axe 1
|
Position de la variable sur l'axe 1
|
Les variables ayant contribuées au
positionnement de l'axe 2
|
Position de la variable sur l'axe 2
|
OSEX
|
+
|
HAOU
|
-
|
SOCC
|
-
|
KANU
|
+
|
RRAL
|
-
|
DJER
|
-
|
INS0
|
-
|
TOUA
|
+
|
INS2
|
+
|
AUTN
|
+
|
TV0
|
-
|
NSEX
|
-
|
TV3
|
+
|
NFEP
|
+
|
NCDM
|
-
|
FPAR
|
-
|
OCDM
|
+
|
SOCG
|
-
|
NPAR
|
-
|
SOCV
|
+
|
OPAR
|
+
|
RURB
|
+
|
NUNI
|
+
|
INSO1
|
-
|
OUNI
|
-
|
RADO
|
+
|
OUTC
|
+
|
NUTC
|
+
|
Source : Traitement des
données de l'EDSN-MICS-III, Niger 2006.
Dans la partie positive du premier axe factoriel, on retrouve
les adolescents de niveau d'instruction secondaire ou plus, qui suivent chaque
jour la télévision et qui savent que le condom est un moyen de
prévention contre les IST/VIH/SIDA. Les adolescents appartenant à
ce groupe ne vivent pas en union, ont eu d'autres partenaires sexuels
occasionnels en dehors du partenaire régulier, savent que le SIDA se
transmet par voie sexuelle et ont utilisé le condom lors de leur dernier
rapport sexuel. Dans la partie négative de cet axe, on retrouve les
adolescents vivant en milieu rural, ayant passé les douze
dernières années de leur vie dans ce milieu, n'ayant pas du tout
été exposés à la télévision et qui ne
savent pas que le condom est un moyen de prévention contre les
IST/VIH/SIDA.
Le deuxième axe factoriel oppose dans sa partie
négative les adolescents des groupes ethniques "Haoussa",
"Djerma/songhaï", de niveau primaire, qui ne savent pas que le
SIDA se transmet par voie sexuelle, qui restent fidèles à un seul
partenaire sexuel et qui ont été socialisés dans la
capitale Niamey ou dans une autre grande ville. Dans sa partie positive, on
retrouve les groupes ethniques "Touareg", "Kanouri" et
"Autres ethnies", qui ne sont pas fidèles à un seul
partenaire sexuel, résidant en milieu urbain, ayant passé les
douze dernières années de leur vie dans une petite ville, qui
n'écoutent du tout la radio et qui n'ont aucune connaissance sur les
IST/VIH/SIDA.
IV-1-4-2 Profils des
adolescents selon leurs comportements sexuels
Le graphique 3.1 ci-dessous permet de mettre en relief trois
groupes d'adolescents caractérisés selon leurs comportements
sexuels. Le premier groupe est composé des adolescents qu'on retrouve
à la partie positive du premier axe et à la partie
négative du deuxième axe. Le second groupe est
délimité par le côté négatif du premier axe
factoriel et le côté positif du second axe factoriel. Le
troisième groupe se trouve à l'opposé du deuxième
groupe.
Le premier groupe (G-I) est celui des adolescents qui ont eu
précocement leurs premiers rapports, qui n'ont pas eu d'autres
partenaires sexuels en dehors de leurs partenaires sexuels habituels au cours
des douze derniers mois. Ceux-ci ne savent pas que le condom est un moyen de
prévention des IST/VIH/SIDA et ne l'ont pas utilisé lors de leurs
derniers rapports sexuels. Les adolescents appartenant à ce groupe ne
savent pas que le SIDA se transmet par voie sexuelle, résident en milieu
rural et ils ont passé les douze premières années de leur
vie dans ce milieu. Ces derniers n'ont aucun niveau d'instruction, vivent dans
les ménages de niveau de vie faible ou moyen. Ces adolescents ne sont ni
exposés à la radio, ni exposés à la
télévision. Par conséquent, ils n'ont aucune connaissance
des IST/VIH/SIDA. C'est au sein de ce groupe qu'on retrouve la plus grande
proportion des adolescents vivant en union et ceux qui appartiennent à
la tranche d'age 15-19 ans.
Le deuxième groupe (G-II) est celui des adolescents qui
ont eu tardivement leurs premiers rapports sexuels. Ces adolescents sont de
niveau primaire, savent que le SIDA se transmet par voie sexuelle, ont
passé les douze premières années de leur vie à
Niamey, la capitale ou dans une autre grande ville du pays. C'est au sein de ce
groupe qu'on retrouve les adolescents qui ont une connaissance partielle des
IST/VIH/SIDA. Cependant ils savent que le condom permet d'éviter les
IST/VIH/SIDA. Les adolescents de ce groupe écoutent la radio et suivent
la télévision moins d'une fois par semaine.
Enfin, le troisième groupe (G-III) est celui qui
caractérise les adolescents ayant utilisé le condom lors de leur
dernier rapport sexuel et qui ont eu d'autres partenaires sexuels en dehors du
partenaire habituel. Ces jeunes adolescentes résident en milieu urbain,
sont de niveau d'instruction secondaire ou supérieur, ont une
connaissance élevée des IST/VIH/SIDA, et sont âgés
de 20 à 24 ans. Ces adolescents suivent régulièrement la
télévision et c'est au sein de ce groupe qu'on retrouve les
adolescents qui ne vivent pas en union.
Graphique 4.1: Premier plan
factoriel de l'analyse des correspondances multiples (EDSN-MICS-III, Niger
2006)
AXE HORIZONTAL (1) -- AXE VERTICAL (2) --TITRE:
COMPORTEMENTS SEXUELS A RISQUES DES ADOLESCENTS
NOMBRE DE POINTS : 47 ==ECHELLE : 4 CARACTERE(S) = .118
1 LIGNE = .049
+-----------NFEP------------2+-------------------------------------------+ 0
01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! ! TOUA
! 0 01
G -III
! !
! 0 01
! !
! 0 01
AUTN !
OUTC! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
KANU !
! 0 01
G -I
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! RAD0 ! RURB
INS2! 1 01
! ! SOCV
TV3 ! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! NCDM ! PEUL TV2
! 0 01
! !
OPAR ! 0 01
! PREC! AGE2
NUNI NELV ! 0 01
! !
! 0 01
! INS0 ! RAD3
! 0 01
1+---------------NMOY--------+-------------------------------------------+ 0
01
! TV0 NUTC!
OSEX ! 0 01
NFAI NPAR !
NPRE CELV ! 1 01
G -II
OUNI AGE1 RAD2
! 1 01
! !
! 0 01
! ! RAD1CPTL OCDM
! 0 01
! RRAL ! TV1
! 0 01
! !
! 0 01
! ! INS1
! 0 01
! !
! 0 01
! NSEX ! DJER
! 0 01
! ! SOCG
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! ! MASC
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! ! HAOU
! 0 01
! !
! 0 01
! FPAR
! 0 01
+---------------------------+-------------------------------------------+ 0
01
NOMBRE DE POINTS SUPERPOSES : 3 CAUC (RAD0) NPAR (SOCC)
FEME (RAD2)
IV-2 Essai d'explication de la
variation des comportements sexuels à risque
Dans le paragraphe précédent, nous avons
décrit les liens entre les variables dépendantes et les variables
socio-culturelles et socio-économiques et celles relatives aux
connaissances sur les IST/VIH/SIDA retenues pour notre étude. Les
analyses effectuées nous ont permis d'avoir une vision globale sur les
hypothèses posées à partir de notre cadre conceptuel, mais
sans pour autant donner d'informations sur les effets éventuels. Dans ce
chapitre, nous allons vérifier si les relations observées entre
les variables dépendantes et les variables explicatives ne sont pas
fallacieuses et tenter de donner une explication des résultats obtenus
à travers des tests de validité qui seront appliqués
auxdites relations. En effet, pour mieux examiner l'association entre les
caractéristiques des adolescents et leurs pratiques en matière de
sexualité, il a été jugé nécessaire de
procéder par des analyses multivariées explicatives sur la
non-utilisation des condoms au cours des derniers rapports sexuels. L'âge
aux premiers rapports sexuels et le multipartenariat sexuel ne feront pas
l'objet d'une analyse multivariée pour les raisons
évoquées plus haut. Un modèle de régression
logistique multivariée a été élaboré
incluant l'ensemble des variables susceptibles d'influencer le comportement
sexuel relatif à la non-utilisation du condom. Les modèles
à-pas croissant nous ont permis de mettre en exergue les
mécanismes par lesquels certaines variables influencent ce
comportement.
Sont utilisées dans cette analyse, outre la variable
dépendante, l'ethnie, le milieu de socialisation, le milieu de
résidence, le niveau d'instruction, la fréquence d'exposition
à la radio, la fréquence d'exposition à la
télévision, le niveau de vie, le niveau de connaissance sur les
IST/VIH/SIDA, la connaissance du condom comme moyen de prévention,
la précocité des rapports sexuels et le multipartenariat sexuel.
L'âge, le sexe et l'état matrimonial nous servent de variables de
contrôle. Les résultats de ces analyses figurent dans le Tableau
5-1.
IV-2-1 Déterminants de
la non-utilisation des condoms aux derniers rapports sexuels
Toutes choses égalent par ailleurs, il ressort des
résultats de l'analyse de la régression logistique que quatre
facteurs déterminent la non-utilisation des condoms aux derniers
rapports sexuels chez les adolescents : l'ethnie, le niveau d'instruction, le
niveau de vie du ménage et la connaissance du condom comme moyen de
prévention (Modèle M13).
En effet, on observe que le risque d'avoir utilisé les
condoms est plus élevé chez les adolescents "Djerma/songhaï"
comparés à leurs homologues "Haoussa". Les adolescents
"Djerma/songhaï" ont 64% fois moins de risque de n'avoir pas
utilisé les condoms au cours de leur dernier rapport sexuel. On observe
aussi une relation significative entre le niveau d'instruction et la
non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel. Le niveau d'instruction
des adolescents enquêtés, au delà du primaire influence
significativement l'utilisation des condoms au dernier rapport sexuel au seuil
de 5%. Par rapport aux adolescents sans niveau d'instruction, les adolescents
de niveau secondaire ou plus ont 65% fois moins de risque de ne pas avoir
protégé leur dernier rapport sexuel. Par ailleurs, la relation
entre la condition de vie des adolescents et la non-utilisation des condoms est
confirmée dans la mesure où on observe que les adolescents vivant
dans des ménages de niveau de vie faible ont 4,50 fois plus de risque de
n'avoir pas utilisé le condom au dernier rapport sexuel que ceux vivant
dans les ménages de niveau de vie élevé. La connaissance
du condom comme moyen de prévention des IST/VIH/SIDA a aussi un effet
significatif sur l'utilisation du condom. Ceci d'autant plus que, par rapport
aux adolescents qui savent que le condom permet d'éviter les
IST/VIH/SIDA, ceux qui l'ignorent ont 3,48 fois plus de risque de n'avoir pas
utilisé de condom au cours de leur dernier rapport sexuel.
Les variables relatives à l'état matrimonial, le
milieu de socialisation et le milieu de résidence bien que
restées non significatives au modèle final (M13)
trouvent leur importance dans l'explication des mécanismes par lesquels
certaines variables influencent le comportement sexuel des adolescents sur la
non-utilisation du condom. En effet, le contrôle de l'état
matrimonial sur la non-utilisation du condom a rendu non significative la
différence observée entre les adolescents
"Djerma/songhaï" et "Haoussa". L'introduction du milieu de
socialisation n'a pas eu d'effet significatif sur les autres variables
(Modèle M3). Par contre, l'introduction du milieu de
résidence a eu un effet significatif sur le milieu de socialisation
(Modèle M4). Les différences observées
au modèle (M3) entre les adolescents socialisés
à Niamey, la capitale ou dans une autre grande ville du pays et la
campagne et celles observées entre les adolescents socialisés
dans une petite ville et la campagne sont devenues non significatives au
modèle (M4). En effet, avant l'introduction de la
variable milieu de résidence (Modèle M3), les
adolescents socialisés à Niamey ou dans une autre grande ville et
ceux socialisés dans une petite ville avaient respectivement 68% et 65%
fois moins de risque de n'avoir pas utilisé les condoms que ceux
socialisés dans les campagnes. Ainsi, les différences
observées étaient dues aux différences de milieu de
résidence. Le milieu de résidence médiatise donc les
effets du milieu de socialisation sur la non-utilisation du condom au dernier
rapport sexuel.
L'introduction de la variable "niveau d'instruction" a
diminué la significativité de la variable relative au milieu de
résidence, la faisant passer d'un seuil de 5% à celui de 10%
(Modèle M5). Le niveau d'instruction médiatise
donc à son tour les effets du milieu de résidence sur la
non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel. Par contre l'ajout de la
variable "Niveau d'instruction" a rendu significative la différence
observée être les adolescents "Djerma/songhaï" et "Haoussa".
Elle apparaît donc comme une variable inhibitrice.
En contrôlant les effets du niveau de vie du
ménage, le risque de n'avoir pas recouru au condom au dernier rapport
sexuel selon le milieu de résidence est devenu non significatif
(Modèle M8). A ce stade aussi, on voit que les
différences observées étaient imputables aux
différences de niveau de vie des ménages dans lesquels vivent les
adolescents. Le niveau de vie médiatise donc l'effet du milieu de
résidence sur la non-utilisation des condoms aux derniers rapports
sexuels. En même temps le niveau de significativité de la variable
relative à l'ethnie est passée de 10% a 5%. En somme, on peut
dire que les effets du milieu de résidence et de l'ethnie sur la
non-utilisation des condoms au dernier rapport sexuel passent par la
présence du niveau de vie. . Dans ce cas, le niveau de vie agit comme
une variable inhibitrice.
L'introduction de la variable relative à la
connaissance du condom comme moyen de prévention des IST/VIH/SIDA a fait
passer le risque de ne pas utiliser le condom au dernier rapport sexuel selon
le niveau d'instruction d'un seuil de 1% à 5%. Donc les
différences observées entre les adolescents sans niveau
d'instruction et ceux de niveau secondaire ou plus étaient dues aux
différences de connaissance du condom comme moyen de prévention
des IST/VIH/SIDA. Ainsi, les effets du niveau d'instruction sur la
non-utilisation des condoms aux derniers rapports sexuels chez les adolescents
passent en partie par la connaissance du condom comme moyen de
prévention des IST/VIH/SIDA.
Au modèle M9, on observe que les
adolescents ayant un niveau de connaissance élevé sur les
IST/VIH/SIDA et ceux ayant une connaissance partielle de ces infections ont
respectivement 68% et 65% moins de risque de n'avoir pas utilisé de
condom au dernier rapport sexuel que ceux n'ayant aucune connaissance de ces
infections. Mais après l'introduction de la variable relative à
la connaissance du condom comme moyen de prévention
(M10), les effets de la variable relative à la
connaissance des IST/VIH/SIDA sont devenus non significatifs. Ceci montre que
la connaissance du condom comme moyen de prévention des IST/VIH/SIDA
médiatise totalement l'effet du niveau de connaissance de ces maladies
sur l'utilisation du condom.
La relation entre la précocité des premiers
rapports sexuels chez les adolescents au Niger et la non-utilisation des
condoms aux derniers rapports sexuels n'est pas significative
(M12). Il en est de même du multipartenariat sexuel
(M13).
Le sexe aussi s'est révélé non
significatif. Néanmoins, nous nous proposons l'hypothèse que du
fait de leur faible pouvoir de négociation pour ce qui concerne les
rapports sexuels, les filles seraient significativement moins susceptibles que
les garçons d'avoir utilisé le condom au cours de leur vie
sexuelle et particulièrement lors de leur dernier rapport sexuel.
Tableau 5-1 :
Résultats de la régression logistique (à-pas croissant) du
risque relatif, contrôlé par l'âge, chez les adolescents de
15-24 ans de la non-utilisation des condoms aux derniers rapports
sexuels.
Variables
|
Risques relatifs par rapport aux modalités de
référence
|
Effets nets par rapport aux autres variables
indépendantes
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
M6
|
M7
|
M8
|
M9
|
M10
|
M11
|
M12
|
M13
|
A
|
A-B
+Cov
|
A-C
+Cov
|
A-D
+Cov
|
A-E
+Cov
|
A-F
+Cov
|
A-G
+Cov
|
A-H
+Cov
|
A-I
+Cov
|
A-J
+Cov
|
A-K
+Cov
|
A-L
+Cov
|
A-M
+Cov
|
A-Ethnie
Peul
Touareg
Haoussa
Djerma/songhaï
Kanouri
Autres ethnies
Statistique r
|
1,52
0,97
Réf
0,48*
0,81
0,62
0,23**
|
0,97
1,31
Réf
0,74
0,96
0,56
0,16
|
0,98
0,98
Réf
0,72
0,90
0,43
0,13
|
0,96
0,87
Réf
0,62
0,73
0,39
0,13
|
0,98
0,71
Réf
0,37*
0,65
0,34
0,12*
|
0,93
0,69
Réf
0,37*
0,65
0,34
0,13*
|
0,88
0,69
Réf
0,37*
0,53
0,28
0,13*
|
0,94
0,65
Réf
0,33**
0,64
0,28
0,12*
|
0,94
0,46
Réf
0,33**
0,30*
0,23
0,12*
|
0,95
0,41
Réf
0,33**
0,30*
0,22
0,12*
|
0,96
0,29* Réf
0,33**
0,26*
0,28
0,12*
|
0,92
0,31*
Réf
0,34**
0,24
0,22
0,12*
|
0,94
0,48
Réf
0,36**
0,26
0,24
0,12*
|
B-Etat matrimonial
Célibataire
En union
Statistique r
|
|
1,10
Réf
0,00
|
1,10
Réf
0,00
|
1,36
Réf
0,00
|
1,26
Réf
0,00
|
1,26
Réf
0,00
|
1,26
Réf
0,00
|
1,36
Réf
0,00
|
1,28
Réf
0,00
|
1,24
Réf
0,00
|
1,35
Réf
0,00
|
1,21
Réf
0,00
|
1,16
Réf
0,00
|
C-Milieu de socialisation
Capitale/grandes villes
Petites villes
Campagnes
Statistique r
|
|
|
0,32**
0,35***
Réf
0,16*
|
0,49
0,50
Réf
0,11
|
0,55
0,64
Réf
0,06
|
0,54
0,64
Réf
0,06
|
0,58
0,65
Réf
0,06
|
0,56
0,64
Réf
0,06
|
0,56
0,64
Réf
0,05
|
0,55
0,70
Réf
0,05
|
0,57
0,71
Réf
0,05
|
0,57
0,71
Réf
0,05
|
0,57
0,66
Réf
0,05
|
D-Milieu de résidence
Urbain
Rural
|
|
|
|
0,41**
Réf
|
0,48*
Réf
|
0,45*
Réf
|
0,44*
Réf
|
0,60
Réf
|
0,60
Réf
|
0,60
Réf
|
0,56
Réf
|
0,60
Réf
|
0,61
Réf
|
E-Niveau d'instruction
Sans niveau
Primaire
Secondaire et plus
Statistique r
|
|
|
|
|
Réf
0,54
0,17***
0,16*
|
Réf
0,54
0,17***
0,11*
|
Réf
0,55
0,18***
0,06*
|
Réf
0,68
0,19***
0,06*
|
Réf
0,81
0,27***
0,06*
|
Réf
0,87
0,30**
0,05*
|
Réf
0,84
0,30**
0,05*
|
Réf
0,87
0,34**
0,05*
|
Réf
0,86
0,35**
0,05*
|
F-Frequence d'exposition à la radio
Pas du tout
Moins d'une fois/semaine
Au moins une fois/semaine
Chaque jour
Statistique r
|
|
|
|
|
|
1,27
1,35
0,66
Réf
0,00
|
1,18
1,26
0,63
Réf
0,00
|
1,18
1,41
0,58
Réf
0,00
|
1,18
1,32
0,58
Réf
0,00
|
1,23
1,37
0,58
Réf
0,00
|
1,24
1,42
0,52
Réf
0,00
|
1,13
1,40
0,56
Réf
0,00
|
1,10
1,40
0,51
Réf
0,00
|
G-Frequence d'exposition à la
télévision
Pas du tout
Moins d'une fois/semaine
Au moins une fois/semaine
Chaque jour
Statistique r
|
|
|
|
|
|
|
Réf
1,78
1,32
0,91
0,00
|
Réf
2,10
1,75
1,26
0,00
|
Réf
2,13
1,70
1,21
0,00
|
Réf
2,02
1,54
1,09
0,00
|
Réf
2,00
1,44
1,05
0,00
|
Réf
1,88
1,38
0,94
0,00
|
Réf
1,88
1,33
0,95
0,00
|
H-Niveau de vie du ménage
Faible
Moyen
Elevé
Statistique r
|
|
|
|
|
|
|
|
4,41**
1,77
Réf
0,07*
|
4,57**
1,49
Réf
0,06*
|
4,73**
1,42
Réf
0,05*
|
4,80**
1,36
Réf
0,05*
|
4,54**
1,33
Réf
0,05*
|
4,50**
1,36
Réf
0,04*
|
I-Niveau de connaissance sur les
IST /SIDA
Aucune
Partielle
Elevée
Statistique r
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Réf
0,35**
0,32**
0,06*
|
Réf
0,68
0,78
0,05
|
Réf
0,73
0,85
0,05
|
Réf
0,80
0,87
0,05
|
Réf
0,80
0,87
0,05
|
J-Connaissance du condom comme moyen de prévention
des IST /SIDA
Non
Oui
Statistique r
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3,15**
Réf
0,05*
|
3,33**
Réf
0,05*
|
3,50**
Réf
0,05*
|
3,48**
Réf
0,04*
|
K-Sexe
Masculin
Féminin
Statistique r
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0,50
Réf
0,00
|
0,51
Réf
0,00
|
0,35
Réf
0,00
|
L-Precocité
Non
Oui
Statistique r
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Réf
0,79
0,00
|
Réf
1,27
0,00
|
M-Multipartenariat sexuel
Non
Oui
Statistique r
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Réf
0,50
0,00
|
Khi-2
|
53,02
|
61,09
|
73,13
|
87,52
|
101,19
|
102,23
|
104,70
|
113,17
|
119,51
|
121,50
|
124,54
|
134,15
|
136,55
|
Signification du Khi-2
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Pseudo R2 (%)
|
7,21
|
8,35
|
9,73
|
11,37
|
13,05
|
13,35
|
13,71
|
14,52
|
14,97
|
15,31
|
15,87
|
16,55
|
17,53
|
Source : Traitement des
données de l'EDSN-MICS-III, Niger 2006.
IV-2-2 Contribution des
variables à l'explication de la variation de la non-utilisation du condom chez les adolescents
de 15-24 ans
Après la détermination des différents
facteurs qui concourent à l'explication de la non-utilisation du condom
chez les adolescents et l'identification des mécanismes par lesquels ces
variables influencent le comportements sexuel de ceux-ci, il est question ici
de procéder à une hiérarchisation des facteurs à
partir de leur contribution.
V-2-2-1
Méthodologie
La contribution de chaque variable est calculée
à partir de la formule (1).
Le f : Khi-2 final
est donné dans le modèle saturé. Pour déterminer s,
on retire la variable du modèle et on répète la
même méthode pour chacune des variables.
(1)
Cx: Contribution de la variable
f : Khi-2 final
s : Khi-2 sans la variable
V-2-2-2
Hiérarchisation des facteurs
Le tableau 5-2 présente la hiérarchisation des
déterminants selon leur contribution à l'explication de la
variation de la non-utilisation du condom chez les adolescents.
Les caractéristiques individuelles,
socio-économiques et culturelles des adolescents déterminent la
non-utilisation du condom chez ces derniers. En effet, le niveau d'instruction
de l'adolescent, le niveau de vie du ménage dans lequel il
évolue, la connaissance du condom comme moyen de prévention des
IST/VI/HSIDA et l'ethnie sont les facteurs qui déterminent la
non-utilisation du condom.
Tableau 5-2 :
Hiérarchisation des déterminants selon leur contribution à
l'explication des variations de la non-utilisation
du condom chez les adolescents de 15-24 ans
Comportement sexuel à risque
|
Hiérarchisation des determinants
|
Non-utilisation des condoms aux derniers rapports sexuels
|
1. Niveau d'instruction
|
2. Niveau de vie du ménage
|
3. Connaissance du condom comme moyen de prévention des
IST/VIH/SIDA
|
4. Ethnie
|
Source : Rapport EDSN-MICS-III,
2006.
IV-2-3 Synthèse des
résultats
A partir des résultats récapitulatifs du tableau
5-2, on peut dégager une typologie des adolescents les plus
vulnérables aux IST/VIH/SIDA au moment de l'enquête.
Dans le cas de l'ethnie, il ressort de nos résultats
que sont les adolescents "Peul" qui recourent moins au condom lors de
leurs rapports sexuels. Ce résultat confirme en partie notre
hypothèse H1.
En ce qui est du milieu de socialisation, il ressort à
ce niveau que les adolescents socialisés à Niamey la capitale ou
dans une autre grande ville du pays recourent plus au condom lors de leurs
rapports sexuels. Dans le cas du milieu de résidence, les adolescents
résidant en milieu urbain protègent mieux leurs rapports sexuels.
Les adolescents de niveau secondaire ou plus ont une plus forte propension
d'utiliser le condom lors de leurs rapports sexuels.
L'influence des medias sur la non-utilisation du condom chez
les adolescents est confirmée ici. En effet, on observe que les
adolescents qui écoutent la radio au moins une fois par semaine ont un
plus faible risque ne pas utiliser le condom au cours de leurs rapports
sexuels. De même, ceux qui suivent la télévision chaque
jour ont un plus faible risque de ne pas utiliser de condoms au cours de leurs
rapports sexuels. Ainsi, les facteurs socioculturels de modernisation, à
travers le milieu de résidence, les écoles, les medias ...
influencent indirectement le comportement sexuel des adolescents.
La relation entre le niveau de vie des ménages dans
lesquels vivent les adolescents et leurs comportements sexuels est aussi
confirmée. En effet, les adolescents qui vivent dans des ménages
de niveau élevé recourent plus au condom lors de leurs rapports
sexuels. On peut faire l'hypothèse que les moyens dont les parents
mettent à la disposition des adolescents influencent l'engagement et
l'intensité dans l'activité sexuelle de ces jeunes.
Par rapport aux variables relatives aux IST/VIH/SIDA, on
constate que la connaissance du condom comme moyen de prévention de ces
infections permet aux adolescents de se protéger lors de leurs rapports
sexuels. Les adolescents ayant une connaissance partielle ou
élevée des IST/VIH/SIDA protègent plus leurs rapports
sexuels.
Enfin, on voit que la précocité des rapports
sexuels chez les adolescents expose ces derniers à des risques
d'infection des IST/VIH/SIDA. En effet, contrairement à ceux qui ont
débuté leurs premiers rapports sexuels au-delà de 18 ans,
ceux qui ont commencé plus tôt leurs premiers rapports sexuels ont
un risque plus élevé de ne pas utiliser les condoms lors de leurs
rapports sexuels.
Tableau 5-3: Tableau
récapitulatif des risques relatifs de la
non-utilisation des condoms aux derniers rapports
sexuels chez les adolescents de 15-24 ans
Variables
|
Non-utilisation des condoms
|
A- Ethnie
|
|
Peul
|
0,94
|
Touareg
|
0,48
|
Haoussa (Réf)
|
Réf
|
Djerma/songhaï
|
0,36**
|
Karouri
|
0,28
|
Autres ethnies
|
0,24
|
B- Milieu de socialisation
|
|
Capitale/grandes villes
|
0,57
|
Petites villes
|
0,66
|
Campagne (Réf)
|
Réf
|
C- Milieu de résidence
|
|
Urbain
|
0,61
|
Rural (Réf)
|
Réf
|
D- Niveau d'instruction
|
|
Sans niveau (Réf)
|
Réf
|
Primaire
|
0,86
|
Secondaire et plus
|
0,35**
|
E- Fréquence d'exposition à la
radio
|
|
Pas du tout
|
1,10
|
Moins d'une fois/semaine
|
1,40
|
Au moins une fois/semaine
|
0,51
|
Chaque jour (Réf)
|
Réf
|
F- Fréquence d'exposition à la
TV
|
|
Pas du tout (Réf)
|
Réf
|
Moins d'une fois/semaine
|
1,88
|
Au moins une fois/semaine
|
1,33
|
Chaque jour
|
0,95
|
G- Niveau de vie du ménage
|
|
Faible
|
4,50**
|
Moyen
|
1,36
|
Elevé (Réf)
|
Réf
|
H- Niveau de connaissance sur les
IST/VIH/SIDA
|
|
Aucune (Réf)
|
Réf
|
Partielle
|
0,80
|
Élevée
|
0,87
|
I- Connaissance du condom comme moyen de
prévention
|
|
Non
|
3,48**
|
Oui (Réf)
|
Réf
|
J- Précocité
|
|
Non (Réf)
|
Réf
|
Oui
|
1,27
|
K- Multipartenariat
sexuel
|
|
Non
|
Réf
|
Oui
|
0,50
|
Seuil de signification :
*** significatif à 1% ;
** significatif à 5% ;
* significatif à 10% ;
Covariables : l'âge, l'état
matrimonial et le sexe des adolescents
|
Source : Traitement des
données de l'EDSN-MICS-III, Niger 2006.
CONCLUSION GENERALE ET
RECOMMAMDATIONS
Nous sommes partis d'une préoccupation que suscitent
les comportements sexuels à risque d'infection aux IST/VIH/SIDA chez les
jeunes et les adolescents au Niger. L'objectif de notre étude
était de contribuer à l'amélioration de l'état des
connaissances des facteurs explicatifs des comportements sexuels à
risque des jeunes et des adolescents au Niger. Ceci, afin d'aider les
décideurs politiques et autres partenaires au développement
à avoir des informations fiables qui pourront leur servir de base pour
une prise en charge des besoins spécifiques des jeunes et des
adolescents; et de là, intégrer la problématique du
VIH/SIDA dans les politiques et les programmes nationaux de
développement. Pour atteindre cet objectif, nous nous sommes
fixés les trois objectifs spécifiques suivants:
Ø Identifier les déterminants des comportements
sexuels à risque d'infection aux IST/VIH/SIDA des adolescents au
Niger ;
Ø Mettre en évidence les mécanismes par
lesquels certains facteurs socio-culturels et économiques influencent
les comportements sexuels à risque des adolescents au Niger;
Ø Hiérarchiser les déterminants selon
leur pouvoir explicatif dans l'explication des comportements sexuels à
risque chez les adolescents nigériens.
La présentation des différents contextes
révèle des conditions favorables à des comportements
sexuels à risque des adolescents au Niger : conditions
économiques très difficiles, population très jeune
à 83,4% rurale (EDSN-MICS-III), faible taux de scolarisation
estimé à 52,4% (EDSN-MICS-III).
La revue de la littérature nous a permis de faire le
point sur les déterminants des comportements sexuels à risque des
jeunes et des adolescents. Des études antérieures qui ont
porté sur ce sujet, il est ressorti deux principales approches
explicatives des comportements sexuels des jeunes et des adolescents :
l'approche socio-culturelle et l'approche économique. A partir de la
synthèse de la littérature, un schéma conceptuel des
comportements sexuels à risque a été élaboré
à cet effet. De ce schéma, nous avons émis
l'hypothèse selon laquelle les comportements sexuels à risque des
adolescents nigériens sont influencés directement ou
indirectement par l'environnement socio-culturel et économique. Pour
opérationnaliser l'environnement socio-culturel, nous avons retenu comme
variables l'ethnie, le milieu de socialisation, le milieu de résidence,
le niveau d'instruction, la fréquence d'exposition à la radio et
la fréquence d'exposition à la télévision. Le
niveau de vie du ménage a permis d'opérationnaliser
l'environnement économique. Dans le cas des variables
intermédiaires, nous avons considéré les connaissances et
attitudes vis-à-vis des IST/VIH/SIDA. L'âge, le sexe et
l'état matrimonial nous ont servi de variables de contrôle. En
effet, si les comportements sexuels à risque sont susceptibles de varier
selon les conditions de vie des adolescents, ils peuvent également
être influencés par différents facteurs qui relèvent
aussi bien du domaine démographique que du socio-culturel et
psychosocial. Si bien que pour mieux comprendre la réalité de
l'association entre les conditions de vie des adolescents et leurs pratiques en
matière de sexualité, il est important de les prendre en compte
dans l'analyse en vue d'éliminer l'effet de certaines
caractéristiques psychosociales à l'origine des décisions
sexuelles des adolescents. Les variables susceptibles d'être retenues
pour chacun de ces domaines sont ; au niveau démographique :
l'âge, le sexe et le statut matrimonial ; au niveau socio-culturel :
l'appartenance à une association, l'attachement à une ou
plusieurs activité de loisir ; au niveau psychosocial : l'importance
accordée à l'opinion d'autrui sur les comportements sexuels, la
religion, l'estime de soi, la connaissance du SIDA. Mais, les variables
relatives à l'appartenance à une association, à
l'attachement à une ou plusieurs activité de loisir, à
l'importance accordée à l'opinion d'autrui sur les comportements
sexuels, l'estime de soi n'ont pas été saisies au moment de
l'enquête. Ce qui a fait que nous n'avons pu garder que l'âge, le
sexe et le statut matrimonial comme variables de contrôle. Quant
à la religion, elle n'a pas été prise en compte car la
quasi-totalité des jeunes et des adolescents enquêtés ont
déclaré être de confession musulmane (plus de 99%) et
seulement 1% de ces adolescents ont répondu pratiquer une autre
religion. Pour opérationnaliser les comportements sexuels à
risques, nous avons considéré comme variable la non-utilisation
des condoms. Dans ce cas, on a retenu comme indicateur : la non-utilisation
d'un préservatif au dernier rapport sexuel.
Pour atteindre nos objectifs, nous avons formulé les
hypothèses spécifiques suivantes :
ü H1 - Les adolescents
appartenant à une ethnie ayant des moeurs sexuelles permissives ont
précocement leurs premiers rapports sexuels et plus de risque d'avoir
d'autres partenaires sexuels occasionnels et de ne pas utiliser les condoms que
ceux appartenant à une ethnie ayant des moeurs sexuelles rigides.
ü H2 - Les facteurs
socio-culturels de modernisation tels que le milieu de résidence, les
écoles ou les médias influencent le multipartenariat sexuel ou la
non-utilisation des condoms chez les adolescents.
ü H3 - Les adolescents qui
vivent dans des conditions économiques difficiles ont plus de chance
d'avoir plus de partenaires sexuels occasionnels et de ne pas utiliser les
condoms que ceux qui vivent dans les conditions économiques
meilleures.
ü H4 - Les jeunes et
les adolescents qui débutent précocement leurs premiers rapports
sexuels ont plus de chance d'avoir d'autres partenaires sexuels occasionnels
et de ne pas protéger leurs rapports sexuels.
ü H5 -Les adolescents qui ont
une connaissance élevée des IST/VIH/SIDA et qui savent que les
condoms permettent prévenir ces maladies sont plus enclins à
utiliser les condoms.
Le test de ces hypothèses s'est fait en appliquant
notre cadre théorique aux données de l'EDSN-MICS-III,
réalisée au Niger en 2006. L'analyse des données a
été faite à trois niveaux selon les modèles
statistiques utilisés. En premier lieu l'analyse factorielle des
correspondances multiples (AFCM) nous a permis de catégoriser trois
grands groupes de adolescents selon leurs comportements sexuels. En second
lieu, nous avons décrit au niveau bivarié les associations qui
existent entre les variables indépendantes retenues dans l'étude
et chacune des trois variables dépendantes grâce au test de
Khi-deux. Enfin, l'analyse multivariée nous a permis de valider les
résultats de l'analyse bivariée à l'aide de la
régression logistique.
A l'issue de l'analyse bivariée, il ressort les
résultats suivants :
L'ethnie, le milieu de socialisation, le milieu de
résidence, le niveau d'instruction, le fréquence d'exposition aux
medias et le niveau de vie des ménages dans lesquels évoluent les
jeunes et les adolescents sont les facteurs associés à la
précocité des premiers rapports sexuels chez les adolescents
nigériens. En effet, l'occurrence précoce des premiers rapports
sexuels est fréquente chez les jeunes et les adolescents
nigériens quelle que soit leur appartenance ethnique. Ce comportement
s'observe plus chez les jeunes et les adolescents ayant passé les douze
premières années de leur vie en campagne, résidant en
milieu rural, n'ayant aucun niveau d'instruction, vivant dans des
ménages de niveau de vie faible ou moyen et qui ne sont pas
exposés aux medias.
En plus des variables associées à la
précocité des premiers rapports sexuels, la connaissance des
IST/VIH/SIDA, la connaissance du condom comme moyen prévention des
IST/VIH/SIDA, la connaissance de la fidélité à un
partenaire sexuel non infecté comme moyen de prévention des
IST/VIH/SIDA et la connaissance de la voie sexuelle comme moyen de transmission
du VIH/SIDA sont les facteurs associés au multipartenariat sexuel chez
les jeunes et les adolescents nigériens. En effet, le multipartenariat
sexuel est davantage fréquent chez les jeunes et les adolescents
"Djerma/songhaï" et "Haoussa", socialisés en
ville, résidant en milieu urbain, de niveau d'instruction secondaire ou
plus, qui écoutent la radio au moins une fois par semaine ou moins
d'une fois par semaine, qui suivent la télévision au moins une
fois par semaine et qui vivent dans les ménages de niveau de vie
élevé. Ce comportement s'observe chez les adolescents ayant une
connaissance partielle ou élevée des IST/VIH/SIDA, qui savent que
le condom est un moyen de prévention des IST/VIH/SIDA, qui ignorent que
la fidélité à un partenaire non infecté est un
moyen de prévention des IST/VIH/SIDA et qui ignorent que le SIDA se
transmet par voie sexuelle.
En ce qui est de la non-utilisation du condom, rappelons que
très peu de jeunes et d'adolescents ont recouru au condom lors de leurs
derniers rapports sexuels. Les jeunes et les adolescents "Haoussa",
"Peul" et "Touareg" n'ont pas utilisé de condom lors de
leurs derniers sexuels. La non-utilisation du condom est un comportement qui
s'observe aussi chez les adolescents socialisés en campagne,
résidant en milieu rural et ayant au plus un niveau d'instruction
primaire. Ces jeunes et ces adolescents sont moins exposés aux medias et
vivent dans les ménages de niveau de vie faible ou moyen. Notons en plus
que ces jeunes et ces adolescents n'ont aucune connaissance des IST/VIH/SIDA et
ignorent que le SIDA se transmet par voie sexuelle.
A cette étape nous remarquons que les résultats
vont le sens de nos hypothèses. Les résultats de l'analyse
multivariée vont nous permettre de confirmer ou d'infirmer les effets de
certaines variables. Il ressort de ces résultats que :
Les facteurs explicatifs de la non-utilisation du condom sont
l'ethnie, le niveau d'instruction, le niveau de vie du ménage dans
lequel évoluent les adolescents et la connaissance du condom comme moyen
de prévention des IST/VIH/SIDA. En effet, l'appartenance au groupe
ethnique "Djerma/songhaï", le niveau d'instruction à partir du
secondaire influencent négativement la non-utilisation du condom au
dernier rapport sexuel. En revanche, le fait d'évoluer dans un
ménage de niveau de vie faible influence positivement la non-utilisation
du condom au dernier rapport sexuel chez les adolescents. La connaissance du
condom comme moyen de prévention des IST/VIH/SIDA chez les adolescents
contribue à son utilisation d'autant plus que les adolescents qui ne le
savent pas ont trois plus de risque de ne pas l'utiliser lors de leurs rapports
sexuels.
On peut donc conclure que les facteurs socio-culturels et
économiques, à travers la connaissance des IST/VIH/SIDA,
déterminent la non-utilisation du condom chez les adolescents
nigériens.
Au regard de ce qui précède, nous pouvons
affirmer que nos objectifs sont partiellement atteints et nos hypothèses
partiellement vérifiées.
Globalement, nous estimons que les résultats auxquels
nous avons abouti sont très importants puisque largement suffisants pour
des recommandations. Toutefois, nous pouvons noter quelques limites. En effet,
comme dans plusieurs études démographiques utilisant les
données des enquêtes démographiques, la présente
étude souffre du caractère transversal des données et du
fait que les données collectées pendant l'enquête soient
exclusivement quantitatives.
Une autre limite est celle relative à la
définition retenue pour designer une sexualité précoce. La
limite de la précocité que nous avons retenue n'est pas
irréfutable car un changement de l'âge limite pourrait
entraîner un changement de résultats, donc de conclusions sur les
risques de la sexualité précoce. A cela, il faut ajouter que les
variables retenues pour expliquer la précocité des premiers
rapports sexuels (par exemple le niveau de vie du ménage, le milieu de
résidence, le niveau d'instruction du jeune adolescent) n'ont pas
été saisies au moment où ces rapports sexuels ont eu lieu.
Toutefois, compte du fait que l'âge moyen aux premiers rapports sexuels
est de 15 ans chez les filles et 17ans chez les garçons, nous avons
estimé que peu de adolescents ont changé de condition de vie ou
de milieu de résidence. Ce qui n'est pas forcement le cas en ce qui est
du niveau d'instruction. L'idéal aurait été de disposer
des données sur cette variable au moment de l'occurrence des premiers
rapports sexuels. La dernière limite, non moins importante est relative
aux données de l'EDSN-MICS-III qui ne nous ont permis de permis de
prendre en compte l'aspect genre et les facteurs psychosociaux à cause
du fort taux de non-réponses observé sur les variables relatives
à la prise de décision sur l'utilisation du condom lors des
rapports sexuels et à l'opinion d'autrui sur les comportements sexuels.
Bien que la sexualité soit précoce chez les
adolescents nigériens, une des choses les plus importants à noter
ici est qu'elle a lieu généralement dans le mariage. Il s'agit
là d'une exception en Afrique subsaharienne et c'est aussi le reflet de
la réalité sociale au Niger où une valeur capitale est
accordée au mariage. Celui-ci répond au souci social
d'éviter les relations sexuelles prémaritales prohibées
par la religion musulmane qui est la religion dominante dans le pays.
Les comportements sexuels des adolescents au Niger sont
très divers et complexes. Ils le sont de plus en plus dans une situation
de pauvreté qui amène la population à se retrancher sur
ses anciennes valeurs. En effet, pour les défenseurs de la tradition,
c'est la dégradation des moeurs engendrée par des facteurs
modernes extérieurs à la culture qui est à la base des
maux dont souffre la société (sécheresse, maladies,
pauvreté). Par exemple, la campagne de lutte contre le SIDA qui se fait
en conseillant l'utilisation des préservatifs est
considérée comme une incitation à la débauche, donc
difficilement acceptable.
Au vu des résultats auxquels nous avons abouti, il
semble intéressant d'appréhender la dimension sociologique
surtout dans un pays comme le Niger où la parole des leaders
traditionnels et religieux est primordiale et où la tradition orale sert
de support à l'éducation sociale. Pour cette approche, il est
indispensable de passer par une enquête qualitative qui nous permettra de
mieux saisir les représentations sociales de la sexualité et
comprendre les vrais mobiles des comportements observés et que l'on
souhaite modifier.
Notre souci est la protection de la santé des jeunes
et des adolescents. Pour ce faire, nous formulons les recommandations suivantes
à l'adresse des décideurs et autres autorités :
ü La forte relation observée entre la connaissance
du condom comme moyen de prévention des IST/VIH/SIDA et la
non-utilisation du condom aux derniers rapports sexuels montre qu'il
s'avère nécessaire d'intensifier les programmes visant à
promouvoir l'utilisation des condoms par les adolescents ;
ü Pour ce faire, l'Etat et les organismes internationaux
doivent prendre en compte les représentations négatives qui
bloquent l'usage des condoms chez les adolescents.
ü Ils doivent par conséquent éviter de
calquer les programmes déjà testés ailleurs ; il est
temps que ces derniers s'approchent de la population avant l'élaboration
de tout programme, parce qu'en fait ce ne sont pas les programmes qui sont
rejetés mais les stratégies de leur mise en oeuvre ;
ü La mise en place des actions favorables à la
scolarisation des jeunes et des adolescents au niveau secondaire et
supérieur afin de renforcer les programmes visant à promouvoir
l'utilisation des condoms ;
ü Renforcer et amplifier les actions d'information et de
conscientisation de la population sur les risques et les inconvénients
d'une sexualité précoce déjà engagées dans
le pays avec le soutien de l'UNICEF, le UNFPA et l'OMS à travers les
projets mis en place ;
ü Sensibiliser les adolescents sur les
inconvénients du multipartenariat sexuel à l'ère du
SIDA et sur les risques liés à l'activité sexuelle
précoce ;
ü Comme l'influence de l'ethnie s'est
avérée significative avec la précocité des premiers
rapports sexuels, il importe de sensibiliser les parents sur les
inconvénients du mariage précoce et de la sexualité
précoce chez les adolescents.
BIBLIOGRAPHIE
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vécu des personnes sexuellement actives en milieu urbain au Cameroun,
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ANNEXES
Annexe A Tableau A : Dictionnaire des
variables utilisées pour l'AFCM
Variables
|
Modalités
|
Variables
|
Modalités
|
Ethnie
- Haoussa
- Kanouri
- Djerma/songhaï
- Touareg
- Peul
- Autres ethnies
|
HAOU
KANU
DJER
TOUA
PEUL
AUTN
|
Niveau de connaissance des IST/VIH/SIDA
- Aucune
- Partielle
- Elevé
|
CAUC
CPTL
CELV
|
Milieu de socialisation
- Niamey/grandes villes
- Peties villes
- Campagnes
|
SOCG
SOCV
SOCC
|
Connaissance du condom comme moyen de prévention
des IST/VIH/SIDA
- Non
- Oui
|
NCDM
OCDM
|
Milieu de résidence
- Urbain
- Rural
|
RURB
RRAL
|
Groupe d'âge
- Age1
- Age2
|
15-19 ans
20-24 ans
|
Niveau d'instruction
- Sans niveau
- Primaire
- Secondaire et plus
|
INS0
INS1
INS2
|
Situation matrimoniale
- Célibataire
- Mariée
|
NUNI
OUNI
|
Fréquence d'exposition à la
radio
- Pas du tout
- Moins d'une fois pare semaine
- Au moins une fois par semaine
- Chaque jour
|
RAD0
RAD1
RAD2
RAD3
|
Sexe
- Masculin
- Féminin
|
MASC
FEME
|
Fréquence d'exposition à la
radio
- Pas du tout
- Moins d'une fois pare semaine
- Au moins une fois par semaine
- Chaque jour
|
TV0
TV1
TV2
TV3
|
Précocité
- Non
- Oui
|
NPRE
PREC
|
Niveau de vie du ménage
- Faible
- Moyen
- Elevé
|
NFAI
NMOY
NELV
|
Multipartenariat
- Non
- Oui
|
NPAR
OPAR
|
Sait que le SIDA se transmet par voie sexuelle
- Oui
- Non
|
OSEX
NSEX
|
Utilisation condom
- Non
- Oui
|
NUTC
OUTC
|
Sait que la fidélité est un moyen de
prévention du VIH/SIDA
- Oui
- Non
|
FPAR
NFEP
|
|
|
******************************************
* *
* B I B L I O T H E Q U E A D D A D *
* *
* MICRO (VERSION 89.1) *
* *
* 17/09/89 *
* 08-30-08 02:46:31 *
******************************************
A D D A D - 89 -
ANALYSE DES CORRESPONDANCES (ANCORR)
D'APRES : YAGOLNITZER ET TABET
INS. 1 - TITRE :
TITRE COMPORTEMENTS SEXUELS A RISQUES DES
ADOLESCENTS AU NIGER.
INS. 2 - PARAM (PARAMETRES GENERAUX) :
NI,NJ,NF,NI2,NJ2,LECIJ,STFI,STFJ
PARAM NI=1115 NI2=0 NJ=49 NJ2=0 NF=2 LECIJ=1
STFI=0 STFJ=1;
INS. 3 - OPTIONS : IOUT,IMPVP,IMPFI,IMPFJ,NGR
OPTIONS IOUT=0 IMPVP=1 IMPFI=0 IMPFJ=1 NGR=1;
INS. 5 - GRAPHE (NGR DEMANDES DE GRAPHIQUES) :
X,Y,GI,GJ,NCHAR,OPT,NPAGE,CADRE
GRAPHE X=1 Y=2 GI=0 GJ=1;
INS. 6 - LISTE (LECTURE DU TABLEAU DES DONNEES - A,F) :
LISTE IDEN(1,3) HAOU(5,1) KANU(7,1) DJER(9,1) TOUA(11,1)
AUTN(13,1) NSEX(15,1) NFEP(17,1) OSEX(19,1) FPAR(21,1) SOCG(23,1)
SOCV(25,1)
SOCC(27,1) RRAL(31,1) RURB(33,1) INS0(35,1) INS1(37,1)
INS2(39,1) RAD0(41,1) RAD1(43,1) RAD2(45,1) RAD3(47,1) TV0(49,1)
TV1(51,1) TV2(53,1) TV3(55,1) NFAI(57,1) NMOY(59,1) NELV(61,1)
CAUC(63,1) CPTL(65,1) CELV(67,1) NCDM(69,1) OCDM(70,1) AGE1(71,1)
AGE2(73,1) FEME(5,1) NPRE(7,1) PREC(9,1) NUTC(11,1) OUTC(13,1)
NPAR(15,1) OPAR(17,1) NUNI(19,1) OUNI(21,1);
------------------------------------------------------------------------------
!NUM ! VAL PROPRE ! POURC.! CUMUL !VARIAT.!*! HISTOGRAMME DES
VALEURS PROPRES
------------------------------------------------------------------------------
! 2 ! .27756 ! 13.647!
13.647!*******!*!***************!***************!
! 3 ! .11733 ! 5.769! 19.417! 7.878!*!*************
! 4 ! .10188 ! 5.009! 24.426! .760!*!***********
! 5 ! .08788 ! 4.321! 28.747! .688!*!*********
! 6 ! .08115 ! 3.990! 32.737! .331!*!*********
! 7 ! .07884 ! 3.876! 36.614! .114!*!*********
! 8 ! .07641 ! 3.757! 40.371! .119!*!********
! 9 ! .07028 ! 3.456! 43.826! .301!*!********
! 10 ! .06891 ! 3.388! 47.215! .068!*!*******
! 11 ! .06729 ! 3.309! 50.523! .079!*!*******
! 12 ! .06491 ! 3.192! 53.715! .117!*!*******
! 13 ! .06393 ! 3.143! 56.858! .048!*!*******
! 14 ! .06281 ! 3.089! 59.947! .055!*!*******
! 15 ! .05993 ! 2.947! 62.894! .142!*!******
! 16 ! .05710 ! 2.808! 65.701! .139!*!******
! 17 ! .05578 ! 2.742! 68.444! .065!*!******
! 18 ! .05296 ! 2.604! 71.048! .138!*!******
! 19 ! .05221 ! 2.567! 73.615! .037!*!******
! 20 ! .05145 ! 2.530! 76.145! .037!*!******
! 21 ! .04974 ! 2.446! 78.590! .084!*!*****
! 22 ! .04832 ! 2.376! 80.966! .070!*!*****
! 23 ! .04546 ! 2.235! 83.201! .141!*!*****
! 24 ! .04515 ! 2.220! 85.422! .015!*!*****
! 25 ! .04329 ! 2.128! 87.550! .092!*!*****
! 26 ! .04125 ! 2.028! 89.578! .100!*!****
! 27 ! .03609 ! 1.774! 91.353! .254!*!****
! 28 ! .03259 ! 1.603! 92.955! .172!*!****
! 29 ! .02675 ! 1.315! 94.270! .287!*!***
! 30 ! .02443 ! 1.201! 95.472! .114!*!***
! 31 ! .02193 ! 1.078! 96.550! .123!*!**
! 32 ! .01935 ! .952! 97.502! .127!*!**
! 33 ! .01629 ! .801! 98.303! .151!*!**
! 34 ! .01145 ! .563! 98.866! .238!*!*
! 35 ! .00786 ! .386! 99.252! .177!*!*
! 36 ! .00540 ! .266! 99.518! .121!*!*
! 37 ! .00349 ! .172! 99.689! .094!*!
! 38 ! .00231 ! .114! 99.803! .058!*!
! 39 ! .00203 ! .100! 99.902! .014!*!
! 40 ! .00150 ! .074! 99.976! .026!*!
! 39 ! .00027 ! .013! 99.989! .060!*!
! 40 ! .00021 ! .011!100.000! .003!*!
! 43 ! .00000 ! .000!100.000! .011!*!
! 42 ! .00000 ! .000!100.000! .000!*!
! 43 ! .00000 ! .000!100.000! .000!*!
! 44 ! .00000 ! .000!100.000! .000!*!
! 45 ! .00000 ! .000!100.000! .000!*!
! 46 ! .00000 ! .000!100.000! .000!*!
! 47! .00000 ! .000!100.000! .000!*!
1------------------------------------------------------
------------------------------------------------------
! J1 ! QLT POID INR! 1#F COR CTR! 2#F COR CTR!
------------------------------------------------------
1!HAOU! 138 7 26! 375 19 4! -931 119 54!
2!KANU! 152 8 27! -809 92 18! 651 60 28!
3!DJER ! 309 27 17! 350 96 12! -521 213 62!
4!TOUA! 129 7 27! 90 1 0! 987 128 60!
5!AUTN! 256 10 27! -878 138 27! 813 118 55!
6!NSEX! 191 12 25! -734 127 23! -521 64 27!
7!NFEP! 512 15 24! -405 50 9! 1238 462 192!
8!OSEX! 205 27 17! 513 200 25! -85 5 2!
9!FPAR! 166 9 26! -7 0 0!-1020 166 75!
10!SOCG! 180 9 26! 844 125 24! -562 55 25!
11!SOCV! 120 22 19! 261 38 5! 382 82 27!
12!SOCC! 268 26 18! -607 256 34! -134 12 4!
13!PEUL! 6 5 29! 188 3 1! 204 3 2!
14!RRAL! 462 34 14! -540 343 35! -318 119 29!
15!RURB! 439 28 17! 600 300 37! 408 139 40!
16!INS0! 454 33 15! -637 452 48! 44 2 1!
17!INS1! 78 15 23! 283 26 4! -399 52 21!
18!INS2! 420 13 23! 1139 372 63! 406 47 19!
19!RAD0! 120 12 25! -545 73 13! 443 48 21!
20!RAD1! 25 12 25! 136 5 1! -289 21 9!
21!RAD2! 7 15 23! 32 0 0! -146 7 3!
22!RAD3! 14 22 19! 152 13 2! 46 1 0!
23!TV0 ! 469 37 13! -560 457 42! -90 12 3!
24!TV1 ! 26 6 27! 340 13 3! -328 12 6!
25!TV2 ! 35 5 28! 574 31 6! 221 5 2!
26!TV3 ! 371 13 24! 1103 330 57! 388 41 17!
27!NFAI! 288 19 21! -788 283 43! -110 5 2!
28!NMOY! 47 15 23! -388 47 8! -32 0 0!
29!NELV! 487 26 18! 819 476 62! 127 11 4!
30!CAUC! 302 23 21! -619 207 31! 417 94 34!
31!CPTL! 106 29 15! 217 44 5! -257 62 17!
32!CELV! 86 10 25! 658 83 15! -117 3 1!
33!NCDM! 181 24 19! -505 156 22! 203 25 8!
34!OCDM! 312 27 17! 573 260 32! -255 52 15!
37!AGE1! 97 15 23! -523 89 15! -159 8 3!
38!MASC! 88 25 18! 341 80 10! 107 8 2!
39!FEME! 7 12 24! 39 0 0! -166 6 3!
40!NPRE! 27 27 17! 126 12 2! -141 15 5!
41!PREC! 44 35 13! -133 23 2! 129 21 5!
42!NCDM! 74 46 7! -129 51 3! -86 23 3!
43!OCDM! 223 5 27! 1255 154 32! 842 69 30!
44!NPAR! 393 33 15! -596 378 42! -118 15 4!
45!OPAR! 378 29 16! 620 355 41! 158 23 6!
46!NUNI! 502 35 13! 595 472 45! 151 30 7!
47!OUNI! 533 27 18! -833 512 67! -170 21 7!
------------------------------------------------------
! ! 1000! 1000! 1000!
ANNEXE B
Tableau B: Contribution des variables à
l'explication de la non-utilisation des condoms aux derniers rapports
sexuels
Facteurs explicatifs
|
Non-utilisation des condoms aux derniers rapports
sexuels
|
Rang
|
Ethnie
|
3,51
|
5
|
Milieu de socialisation
|
3,16
|
6
|
Milieu de résidence
|
0,69
|
8
|
Niveau d'instruction
|
4,61
|
1
|
Fréquence d'exposition à la
radio
|
3,68
|
4
|
Fréquence d'exposition à la
télévision
|
1,06
|
7
|
Niveau de vie du ménage
|
4,36
|
2
|
Niveau de connaissance des IST/VIH/SIDA
|
0,11
|
11
|
Connaissance du condom comme moyen de
prévention
|
4,26
|
3
|
Précocité des premiers rapports
sexuels
|
0,37
|
9
|
Multipartenariat sexuel
|
0,28
|
10
|
ANNEXE C
Construction de l'indicateur "Niveau de vie du
ménage "
L'indicateur composite « Niveau de vie du
ménage » a été construit dans le fichier
ménage, puis exporté dans le fichier d'analyse lequel a
été constitué suite à la fusion des fichiers homme
et femme. Nous avons recouru à une méthode d'analyse qui donne un
rang à chaque individu selon ce qu'il possède. Il en ressort
plusieurs modalités que nous avons regroupées en trois :
élevé, moyen et faible. Cet indicateur prend en compte certaines
caractéristiques du logement et la possession de certains biens. Le
« Niveau de vie du ménage » permet
d'appréhender l'état de pauvreté ou de richesse d'un
ménage et partant, celui des personnes qui le constituent.
Les ressources dont dispose le ménage sont
appréhendées par le confort du logement et la possession de
certains biens durables.
Ø Les caractéristiques du logement sont
appréhendées par le principal matériau de construction du
toit, , du sol ; la source d'approvisionnement en eau et le type de
toilette utilisée.
Ø Les biens possédés sont : le poste
radio, le téléviseur, le réfrigérateur, la
bicyclette, la mobylette, la voiture, le téléphone et l'usage de
l'électricité.
Tableau C : Variables retenues pour la construction
de l'indicateur « Niveau de vie du
ménage »
Variables et anciennes modalités
|
Variables et nouvelles modalités
|
Mode d'approvisionnement en eau
1. Robinet dans la construction
2 Robinet public
3. Puits dans la concession
4 Puits public
5. Source
6. Rivière, ruisseau
7. Pluie
8. Vendeur d'eau
9. Autre
10. Ne sait pas
|
Mode d'approvisionnement en eau
1. Eau courante (1+2=1)
2. Puits (3+4=2)
3. Pluie (5+6+7+8+9=3)
4. Ne sait pas (10=4)
|
Type d'aisance
1. Chasse-eau personnel
2. Chasse-eau commun
3. Chasse-eau public
4. Fosse traditionnelle
5. Fosse améliorée, latrines
6. Brousse
7. Autre
8. Ne sait pas
|
Type d'aisance
1. Chasse-eau personnel (1=1)
2. Autre Chasse-eau (2+3=2)
3. Latrines (5=3)
4. WC traditionnel (4=4)
5. Brousse (6+7=5)
6. Ne sait pas (8=6)
|
Matériau du sol
1. Terre, sable
2. Parquet, bois ciré
3. Bande de vinyle, bitume
4. Carrelage
5. Ciment
6. Moquette
7. Ne sait pas
|
Matériau du sol
1. Carrelage (2+3+4+6=1)
2. Ciment (5=2)
3. Terre (1=3)
4. Ne sait pas (7=4)
|
Matériau du toit
1. Paille
2. Tôle
3. Banco
4. Tente
5. Ciment
6. Ne sait pas
|
Matériau du toit
1. Tôle (2+5=1)
2. Banco (3=2)
3. Paille (1+4=3)
4. Ne sait pas (6=4)
|
Possession de l'électricité
1. Oui
2. Non
3. Ne sait pas
|
Possession de l'électricité
1. Oui
2. Non
3. Ne sait pas
|
Possession d'un poste radio
1. Oui
2. Non
3. Ne sait pas
|
Possession d'un poste radio
1. Oui
2. Non
3. Ne sait pas
|
Possession d'un téléviseur
1. Oui
2. Non
3. Ne sait pas
|
Possession d'un téléviseur
1. Oui
2. Non
3. Ne sait pas
|
Possession d'un réfrigérateur
1. Oui
2. Non
3. Ne sait pas
|
Possession d'un réfrigérateur
1. Oui
2. Non
3. Ne sait pas
|
Possession d'une voiture
1. Oui
2. Non
3. Ne sait pas
|
Possession d'une voiture
1. Oui
2. Non
3. Ne sait pas
|
Source : Traitement des
données de l'EDSN-MICS-III, Niger 2006.
ANNEXE D
Construction de l'indicateur "Niveau de connaissance des
IST/VIH/SIDA"
Cet indicateur a été
créé à partir de deux autres indicateurs : le niveau
de connaissance du SIDA et le niveau de connaissance des IST.
Ø Niveau de connaissance du SIDA
Les variables retenues pour construire cet indicateur
proviennent des questions posées aux femmes sur le SIDA :
- Avoir entendu parler du SIDA ;
- Connaissance des modes de transmission ;
- Connaissance des modes de prévention ;
Le niveau de connaissance a été crée en
combinant les trois variables :
NSIDA = Avoir entendu parler + connaissance des modes de
transmission + connaissance de prévention.
La nouvelle variable (NSIDA créée a
été recodé en trois modalités en tenant compte
du nombre de réponses favorables données par le jeune ou
l'adolescent : aucune, partielle et élevée. Un jeune ou un
adolescent qui n'a jamais entendu parler du SIDA n'a d'office aucune
connaissance du SIDA.
Ø Le niveau de connaissance des IST
Cet indicateur a été créé selon le
même principe que le précédent. Les variables prises en
compte pour la construction de cet indicateur sont :
- Avoir entendu parler des IST ;
- Connaissance des signes ou symptômes
spécifiques aux ITS chez les hommes ;
- Connaissance des signes ou symptômes
spécifiques aux ITS chez les femmes.
L'indicateur a été créé en
combinant les différentes variables :
NIST = Avoir entendu parler des IST + Connaissance des
signes ou symptômes spécifiques aux ITS chez les hommes +
Connaissance des signes ou symptômes spécifiques aux ITS chez les
femmes. Selon les réponses données par les adolescents, nous
avons recodé cette variable en trois modalités comme dans le cas
du niveau de connaissance du SIDA. Tout comme dans le cas du SIDA, les jeunes
ou les adolescents qui n'ont jamais entendu parler des IST n'ont aucune
connaissance des IST.
Après la création de ces deux indicateurs, nous
les avions combinés pour créer l'indicateur « Niveau de
connaissance des IST/VIH/SIDA ». L'indicateur a été
créé suivant le même principe que les deux autres :
NIST/VIH/SIDA = NSIDA + NIST. En fin de compte trois modalités ont
été retenues selon le nombre de points : aucune, partielle
et élevée. La modalité aucune regroupe les jeunes et les
adolescents qui ont qui n'ont jamais entendu parler des IST et du SIDA. La
modalité partielle regroupe les adolescentes qui ont entendu parler des
IST et SIDA, mais qui ne connaissent pas les modes de transmission ou de
prévention du SIDA et les symptômes des IST. La modalité
élevée concerne les jeunes et les adolescents qui ont entendu
parler du SIDA et des IST, qui connaissent les modes de transmission et de
prévention du SIDA et les symptômes chez les hommes et chez les
femmes.
* 1 0,7% selon les estimations
de l'EDS-MICS-III
* 2 Cabinet Bozari en 2002 et
CEPED en 1997
* 3 ONUSIDA 2004
* 4 Projection de l'INS en 2005
* 5 Source: table A.17 life
expectancy at birth, both sexes combined by country for selected periods,
Nations Unies
* 6 Source: FAOSTAT, Banque
Mondiale, 2006
* 7 Source : Stratégie de
Développement Accéléré et de Réduction de la
Pauvreté 2007
* 8 Rapport ONUSIDA 2004
* 9 Rapport de la santé
sur les jeunes OMS-2004
* 10 Rapport enquête
nationale de séroprévalence dans la population
générale âgée de 14 à 49 ans et dans 6
groupes cibles au Niger
* 11 Il serait souhaitable de
présenter ces résultats par âge, mais nous ne disposons pas
de ces données
* 12 Gervais
Beninguissé, 2007, Sexualité prémaritale et santé
de la reproduction des adolescents et des jeunes en Afrique Subsaharienne,
version provisoire, 38 p. (article non publié)
* * DSCN et CRD (1991),
Fécondité des adolescentes en Côte d'ivoire.
* 13 46% des adolescents ont eu
leurs premiers rapports sexuels dans le mariage
* 14 Pour plus de
détails sur la méthode, se référer, par exemple,
à Volle (1993), Escofier et Pagès (1998), Bouroche et Saporta
(1998).
* 15 La régression
logistique (ou logit) est un cas particulier du modèle log-lineaire
général (modèle général dans lequel aucune
distinction n'est faite entre variables dépendantes et variables
indépendantes).
* 16 Les appellations variant
dans la littérature scientifique francophone: en dehors de l'expression
rapport des chances beaucoup utilisée en épidémiologie, on
parle aussi de rapport de risques et de rapport des cotes, ce dernier terme
étant, semble-t-il, beaucoup utilisé au Québec en
référence aux paris (Leridon et Toulemon, 1997).
|