INTRODUCTION
Toute entreprise est perçue comme un portefeuille de
vulnérabilités et d'opportunités combinées pour
atteindre les objectifs d'une stratégie déterminée par le
top management. En assimilant les
« vulnérabilités » aux « risques
négatifs » et les « opportunités »
aux « risques positifs », selon les auteurs de cette
assertion, l'on peut déduire que l'univers de l'entreprise, est
pavé de risques. Mais si le risque est consubstantiel à
l'activité des entreprises, force est de reconnaître qu'elles ne
sauraient s'accommoder de risques qui mettraient en péril la
rentabilité et la pérennité.
En effet, tout individu, toute organisation, toute entreprise,
toute collectivité publique doit, d'une manière ou d'une autre,
gérer ses risques. Mais il est bien évident que les moyens
à mettre en oeuvre ne sont pas les mêmes lorsqu'il s'agit de
gérer les risques d'un étudiant célibataire ou ceux d'une
entreprise internationale ou les risques auxquels sont soumis les Etats-Unis
d'Amérique par exemple. Quand on parle de Risk Management dans une
école de gestion, on pense prioritairement à la gestion des
risques d'une entreprise (banques...) et c'est essentiellement dans ce contexte
qu'il faut placer cette mémoire.
La première partie de cette mémoire, qui est une
partie théorique, s'articule essentiellement sur les fondements
théoriques des différents risques.
Dans un premier chapitre, qui est un chapitre introductif, on
va définir dans une première section le concept de la
vulnérabilité, origines, facteurs et indicateurs... La
deuxième section s'intéresse aux composantes et l'analyse des
risques afin qu'une entreprise (banque) maitrise et gère d'une
manière précise les risques qui sont déjà
analysés. Pour cette raison, un aperçu sur la manière de
maitriser et gérer le risque des entreprises est essentiel et qui fait
l'objet de la troisième section.
Dans le deuxième chapitre, on s'intéresse
essentiellement à la crise financière qui peut être l'un
des causes des risques rencontrés par les entreprises, on va
définir dans une première section les crises financières,
dans la deuxième section, on va donner les différents types des
crises financières et leurs conséquences. Enfin, dans une
troisième section, on va voir l'impact de la crise financière sur
les entreprises.
Dans le troisième chapitre, on va étudier
l'importance du diagnostic dans les entreprises. La première section
consiste à identifier l'objectif du diagnostic financier. Dans la
deuxième section, on va voir comment l'endettement participe aux
difficultés des entreprises. La troisième section
s'intéresse à la relation entre la rentabilité et les
risques.
Dans la deuxième partie, on va faire une étude
empirique sur les banques des dépôts tunisiennes afin d'analyser
les risques de ces banques.
Première partie : fondement
théorique des différents risques encourus par les entreprises et
le rôle de la crise financière dans l'aggravation des situations
des entreprises (banques...).
La vulnérabilité est le caractère de ce
qui est vulnérable, c'est-à-dire capable d'être
attaqué ou blessé. Dans cette acception, toute entreprise est
vulnérable car sa réussite dépend de l'attitude des
concurrents de son secteur d'appartenance et de sa capacité d'adaptation
aux modifications de l'environnement. L'idée de
vulnérabilité s'analyse en termes de risque et demeure le
critère d'appréciation principal de toute stratégie.
CHAPITRE 1 :
L'importance du risque dans la gestion de
l'Entreprise
Section I : La vulnérabilité des
Entreprises.
I-1 : Définition de la
vulnérabilité
La vulnérabilité est un fait relatif à la
situation d'une personne et qui amoindrit les garanties qu'elle présente
en termes de protection des informations ou supports protégés.
Celles-ci prenant le caractère fragilité peut
entrainer des pressions de divers nature.
Depuis long temps, de nombreux auteurs ont mis en avant le
fait de la justification des profits de l'entrepreneur par la prise de risque
inhérente à toute décision générale.
L'évolution récente des environnements concurrentiels a conduit
certains de ces auteurs à assimiler, trop rapidement à notre
sens, l'idée de vulnérabilité et celle de risque de
défaillance. Par exemple, G. Koenig indique que « la
vulnérabilité est la caractéristique d'entreprises dont le
risque de défaillance est élevé si surviennent certains
événements. Le degré de vulnérabilité est
fonction de deux variables : la première traduit l'exposition au
risque et rend compte des aspects statiques du problème, pour cette
raison, le terme « état de
vulnérabilité » lui a été
réservé. La second variable a trait a la capacité qu'a
l'entreprise de régler les difficultés qu'elle
rencontre ».
En réalité, toute entreprise qui s'engage de
manière quelque peu importante sur des voies nouvelles se trouve
confrontée (et pas toujours à la manière de
l'équilibriste) son adaptation lui permettant
d'avancer « avec sûreté ».
Il semble donc important de dissocier l'idée de
vulnérabilité de celle de défaillance en
considérant en considérant que le risque stratégique,
risque spéculatif dans toute son acception fait partie de la vie
courante des managers. Plusieurs éclairages trouvent leur place dans cet
ordre d'idées.
Le dictionnaire nous apprend que la
vulnérabilité comporte plusieurs facettes :
Vulnérable du latin vulnerabilis de vulnus, eris,
blessure.1. Qui peut être blessé : la cuirasse des chevaliers
laissait peu d'endroits vulnérables. Malgré ses efforts, je
restais très vulnérable (Beauvoir).-2. Qui peut être
attaqué : Ville forte vulnérable en un seul point.3. Qui est
faible, défectueux, donne prise : Une argumentation
vulnérable. L'organe petit et énorme, vif mais vulnérable
doué d'imparfaite et pourtant prodigieuse puissance, dont il
dépendait pour voir l'univers(Yourcenar).4. Etre vulnérable, au
bridge, contrat, fait pour une équipe d'avoir gagné une manche et
d'être ainsi exposée à de plus fortes
pénalités.
La vulnérabilité peut ainsi venir (comme au
bridge) de gains antérieurs qui mettent l'entreprise en position
d'être attaquée. La vulnérabilité est ici
associée à l'idée de stratégie (gagner ou perdre)
et à celle de compétition. Une vision restrictive de
l'idée de vulnérabilité reviendrait à dire que
l'entreprise connait des faiblesses majeures qui peuvent la conduire à
sa ruine.
Nous dirons que la vulnérabilité est la
caractéristique de toute entreprise qui peut être attaquée.
La vulnérabilité est alors affaire de
degré depuis l'entreprise « peu vulnérable »
à l'entreprise « très vulnérable »,
cet état pouvant naturellement conduire à des issues fatales
d'état de cessation de paiement voire de disparition.
Mais toute entreprise est potentiellement vulnérable
car n'est jamais acquis, surtout en matière de décisions
stratégiques.
I-2 : les domaines de la
vulnérabilité
La personne est un être responsable, bio-psycho-social.
Elle a des besoins et des capacités : physiques, psychiques,
sociaux. Elle a droit à la dignité et au respect.
Cet équilibre peut être perturbé par une
déficience ou in incapacité d'un ou plusieurs de ces trois
pôles :
Physique : l'âge, le handicap, la maladie (physique
ou mentale)
Les violences coups et blessures, les catastrophes
extérieures...
Psychique : un état de faiblesse ; de
fragilité, de dépression ou maladie mentale ; de baisse des
capacités de résilience ou de rebondissement après un
échec une rupture, une blessure, d'incapacité à
gérer seule ses besoins prioritaires...
Social : altération de l'environnement familial ou
social, isolement détérioration des liens, absence ou perte
d'emploi précarité et pauvreté
Les déficiences, les incapacités
congénitales ou acquises, lentement ou brutalement peuvent rendre la
personne vulnérable et l'exposer à la maltraitance dans ses
diverses formes de violences : physiques, psychiques (renferment
dépression abus de faiblesse), spoliation financière, viol,
inceste, suicide...
La vulnérabilité peut dont être
assimilée à : une blessure, une faiblesse, une perte ou
diminution de ses moyens de défenses, de résilience, de ses
capacités à conduire seule sa vie ; à un
« défaut de cuirasse » écrit Simone de
Beauvoir.
I-3 : Les indicateurs de la
vulnérabilité
Ces indicateurs couvrent les secteurs publics, financier, des
ménages et des entreprises. Lorsque des pressions s'exercent sur les
économies, les difficultés dans un secteur se propagent souvent
aux autres. Par exemple, les préoccupations engendrées par le
déficit budgétaire d'un pays peuvent causer une chute brutale de
la valeur de change de sa monnaie, ou saper la confiance envers les banques qui
détiennent des créances sur l'État, et déclencher
ainsi une crise bancaire.
Les indicateurs ci-après sont au nombre de ceux que le
FMI suit de très près :
· Les
indicateurs de
la dette extérieure et intérieure, notamment le profil des
échéances, le calendrier de remboursement, la sensibilité
aux taux d'intérêt, et la composition en devises. Les ratios
respectifs de la dette extérieure aux exportations et de la dette au PIB
sont des indicateurs utiles parce qu'ils sont indicatifs des tendances de la
capacité d'emprunt et de remboursement du pays concerné. Lorsque
le volume d'emprunt du secteur public est substantiel, le ratio de la dette aux
recettes fiscales est particulièrement important pour évaluer la
capacité de remboursement du pays.
· Les
indicateurs
d'adéquation des réserves sont essentiels pour savoir dans
quelle mesure un pays est apte à éviter les crises de
liquidités. Le ratio des réserves au volume de la dette à
court terme revêt une importance particulière pour l'analyse de la
vulnérabilité des pays dont l'accès aux marchés de
capitaux est élevé mais entouré d'incertitudes.
· Les
indicateurs de
solidité financière servent à évaluer les
forces et les faiblesses des secteurs financiers des pays membres. Ils portent
sur l'adéquation des fonds propres des institutions financières,
la qualité des actifs et des positions hors bilan des banques, la
rentabilité et la liquidité des banques, ainsi que sur le rythme
et la qualité de l'expansion du crédit. Les indicateurs de
santé financière servent par exemple à analyser la
sensibilité des systèmes financiers aux risques de marché,
et notamment aux fluctuations des taux d'intérêt et des taux de
change.
· Les
indicateurs du
secteur des entreprises - exposition au risque de change et au risque de
taux d'intérêt des entreprises - revêtent une importance
particulière lorsqu'il s'agit d'évaluer l'incidence potentielle
des fluctuations du taux de change et du taux d'intérêt sur le
bilan des entreprises. Les indicateurs liés aux niveaux d'emprunt, de
rentabilité et de trésorerie, ainsi qu'à la structure
financière des entreprises sont également utiles.
I-4 : Les facteurs de la
vulnérabilité
La taille de l'entreprise apparaît comme un
élément important dans les travaux descriptifs sur les
défaillances. Combier et Blazy (1998) distinguent pas moins de huit
tranches de taille allant de 0 salariés à 100 et plus. Le
degré de précision semble moins important sur un plan explicatif.
Les Petites et moyennes Entreprises sont généralement
différenciées des grandes firmes sans autre distinction à
l'intérieur de ces deux grands ensembles.
Ce choix se justifie en raison du faible nombre de
dépôts de bilan parmi les grandes entreprises, qui disposent bien
souvent des moyens et des stratégies adaptés aux contextes de
crise. La défaillance apparaît alors comme un
phénomène exceptionnel découlant de causes
elles-mêmes exceptionnelles. Les conséquences sociales de la
défaillance s'avèrent elles aussi spectaculaires ce qui explique
un attachement médiatique important.
On distingue ainsi les défaillances peu communes des
grands groupes et les défaillances de petites ou moyennes entreprises
plus conventionnelles et moins médiatiques.
Alors qu'il est courant de distinguer la moyenne entreprise de
la petite voire de la très petite (Julien et Marchesnay, 1987), on peut
s'interroger sur l'impact de la taille de la firme sur la
défaillance.
Les défaillances sont sensées être
traitées de la même manière, quelle que soit le type
d'entreprise.
Pourtant, les petites firmes présentent des
caractéristiques propres, qui les distinguent de leurs grandes soeurs.
Ces particularismes apparaissent comme des facteurs de
vulnérabilité, c'est-à-dire comme des faiblesses les
exposant à la défaillance.
La formation des dirigeants fait partie de ces facteurs de
vulnérabilité bien que les exemples de réussites
auto-didactiques viennent contre carrer cette thèse.
Les experts de la petite entreprise s'accordent
néanmoins à reconnaître que ces expériences restent
limitées en nombre, le manque de formation à la gestion restant
un facteur de fragilité pour la firme (Julien et Marchesnay, 1987).
Les dirigeants eux-mêmes l'admettent volontiers : 29 %
des dirigeants interrogés par Peterson, (1983) considèrent qu'il
s'agit du premier facteur de défaillance pour une petite entreprise. Le
manque de fonds propres constitue un autre facteur de fragilité comme le
montre Hamza (1996).
Cette liste non exhaustive des facteurs de
vulnérabilité n'explique pas la relative diversité des
taux de défaillance à l'intérieur même du cadre des
petites entreprises.
Il existe deux grands statuts juridiques : le statut
individuel et la forme sociétaire. Le premier se caractérise par
le principe d'unité de patrimoine : tous les biens du chef d'entreprise
sont affectés à l'exploitation y compris les biens personnels.
Ceci peut conduire les créanciers à exiger le dessaisissement des
affaires personnelles du débiteur si les biens attachés à
l'entreprise s'avèrent insuffisants pour combler les dettes. L'autre
forme et notamment à «responsabilité limitée »
aboutit à une dissociation des patrimoines et offre davantage de
garanties en matière de protection sociale.
Le risque de faillite est plus important pour les
sociétés que les entreprises gérées en nom
propre.
La confusion du patrimoine renforce les craintes des
entrepreneurs ; ces derniers cessent alors délibérément
leur activité lorsque les premières difficultés
surviennent. Les entreprises sociétaires, au contraire, ont une
propension plus importante à continuer d'exercer du fait du risque
personnel limité.
Contrairement aux firmes de taille supérieure, les
entreprises de cette taille n'auraient pas les moyens de réaliser des
économies d'échelle ou encore ne disposeraient pas d'un pouvoir
de négociation suffisant pour pallier ces désagréments.
Ces entreprises Seraient finalement les plus vulnérables parce qu'elles
disposent encore d'une taille relativement modeste tout en étant
à un stade leur permettant d'envisager de nouveaux projets.
I-5 : Origine de la vulnérabilité
La vulnérabilité, comme manifestation du risque
subi par l'entreprise, trouve son origine dans le degré d'exposition au
risque de toute entreprise.
Ce degré d'exposition relève de deux sources
principales :
*le risque pur est, en principe, indépendant de la
volonté des décideurs et concerne les manifestations
d'événements naturels ou fortuits (incendie, inondation,
malversation extérieures etc.).
Le risque pur fait traditionnellement l'objet de
procédures d'assurance.
*Le risque spéculatif est quant à lui,
directement lié à des choix faits par les décideurs de
l'entreprise. Il est l'essence même de la stratégie et comporte
à son tour deux composantes :
- La capacité à gérer le potentiel
de l'entreprise (gestion et donc risque, opérationnels).
- La capacité à créer un potentiel
nouveau (gestion et donc risque, stratégique).
· I-5-1- Les risques spéculatifs
Le risque spéculatif est celui qui provient de la
volonté du chef d'entreprise de réaliser ses objectifs qui seront
souvent l'augmentation de la richesse ou de la puissance de l'entreprise.
Les facteurs de ce type de risques sont divers. On peut citer
les suivants :
*Décisions des pouvoirs publics (fiscalité,
droit des sociétés...).
*Techniques de productions (brevets, informatisation...) et
technologies.
*Marché (diversification, concurrence,
conjoncture...).
*Facteurs financiers (trésorerie, rentabilité,
investissement ...).
*Facteurs humains.
*Facteurs structurels (organisation, absorption,
fusion...).
Les caractéristiques de ces risques sont les
suivants :
- Ils résultent de l'action du chef d'entreprise, ils
proviennent d'un choix raisonné s'intégrant dans un projet.
La décision face au risque peut être fort
différente suivant les entreprises, pouvant aller du gout du risque
jusqu'à l'aversion totale en passant par la neutralité.
-Ils sont mesurables dans leurs effets. L'entreprise peut
calculer les résultats prévisionnels fastes ou néfastes
qu'ils provoqueront.
- Ils sont contrôlables et leur traitement
résulte de l'application de techniques de gestion, le marketing, le
droit des affaires...
Le domaine de la stratégie constitue l'origine
essentielle des risques de nature spéculative. On peut cependant
être étonné du peu d'études de risque ou de
vulnérabilité associées à la réflexion
stratégique, comme si l'intuition suffisait à donner un
caractère de faisabilité à des projets
stratégiques.
Ce sont effectivement les décideurs qui
portent la responsabilité (même sans faute de leur part) de la
vulnérabilité stratégique de leur entreprise.
· I-5-2 - Les risques purs
Les risques purs sont la
conséquence d'événements accidentels ou fortuits. A
première vue ils semblent ne provenir que de la seule malchance ou du
hasard : il s'agit alors de l'action subite de forces extérieures
tels les événements de force de majeure (ouragans,
tempêtes, tremblement de terre, inondations...) ou le comportement
anormal d'autrui (guerres, attentats, vandalisme...).
Cependant leur origine se situe souvent à
l'intérieure de l'entreprise, au niveau de la défaillance humaine
(erreurs de conception ou de fabrication, mauvais entretien des bâtiments
et du matériel d'exploitation, non-respect des règles de
sécurité...).
Leurs conséquences peuvent être importantes, non
seulement pour le patrimoine de l'entreprise (dommage aux biens, pertes
d'exploitation, actions en responsabilité civile) ; mais aussi pour
les personnes y travaillant.
Les caractéristiques de ce type de risque sont les
suivantes :
-Il constitue une menace imprévisible pour
l'entreprise.
-La délimitation des pertes qui pourront être
entrainées par sa réalisation est difficile.
-Etant par nature lié à un
événement indépendant de la volonté de
l'entrepreneure il ne sera pas facile de le contrôler. C'est la raison
pour laquelle son traitement a été principalement confié
aux compagnies d'assurances et à l'Etat dès lors que son
degré de gravité ou sa variabilité serait hors de
portée de l'assurance (pertes catastrophiques).
Cependant, ces risques ne sont pas toujours une
fatalité et les entreprises peuvent y appliquer un processus du
management des risques pour en réduire la fréquence et la
gravité. En effet, aujourd'hui, la réalisation des risques purs
est de plus connectée avec la prise de risques décisionnels.
Section II : Composantes et analyse du risque.
II-1 : Les composantes du risque
On a l'habitude de caractériser un risque par la
combinaison de deux facteurs :
* facteur F (fréquence),
* facteur G (gravité).
La fréquence F se mesure en terme de probabilité
d'occurrence ou de réalisation de la menace.
Elle s'exprime en 10-x. Elle est estimée par
des spécialistes de la prévention.
La gravité G se mesure en terme d'impact ou de
conséquence des effets de la réalisation de la menace.
L'unité de mesure est généralement la
monnaie. Le raisonnement va jusqu'à procéder à
l'évaluation d'un individu dans un contexte donné, ce qui permet
de prendre en considération, de manière brutale, le risque pour
l'homme dans une analyse globale des risques.
La valeur d'un risque s'exprime donc par le produit des deux
facteurs :
R = F x G
II-2 : L'analyse des risques
L'analyse des risques est une démarche qui consiste,
face à toutes les menaces susceptibles d'atteindre le patrimoine de
l'entreprise, à :
-Déterminer une probabilité d'occurrence
(identification des risques, facteur F).
- Déterminer une gravité ou l'impact de
réalisation de la menace sur toutes les composantes de L'entreprise et
en évaluer le coût (évaluation des risques, facteur G).
- Hiérarchiser les risques en fonction des
résultats des différentes valeurs de "R" obtenues pour chaque
type de risque.
A la notion de probabilité d'occurrence, ou de
fréquence, il faut associer la notion de "point dangereux".
A la notion de gravité ou d'impact, il faut associer la
notion de "point névralgique".
Notions de "point dangereux" et de "point
névralgique".
Il faut rappeler les définitions de ces deux notions
:
Par "point dangereux", il faut entendre toute activité,
tout lieu, tout système, toute disposition pouvant, avec une
probabilité non négligeable, constituer l'origine ou un
élément primordial d'un début de sinistre ou
d'accident.
Le point dangereux est donc le point de départ
potentiel de la réalisation d'une menace.
Par "point névralgique", il faut entendre toute
activité, tout système dont l'arrêt, la mise hors service,
la destruction ou la disparition aurait, pour l'entreprise, des
conséquences importantes, difficilement ou très difficilement
supportables et pouvant, à l'extrême, entraîner la
disparition de l'entreprise.
L'identification des points névralgiques et des points
dangereux :
L'identification des points dangereux nécessite une
analyse méticuleuse de toutes les activités de l'entreprise et
surtout de toutes les conditions dans lesquelles s'effectuent ces
activités :
Cette analyse nécessite une certaine expérience
dans les risques et les dangers liés aux produits, aux systèmes,
aux dispositions des lieux, etc.
Identifier un point dangereux nécessite en effet
d'associer à la démarche la notion de probabilité ou de
fréquence possible de réalisation du danger. Dans cette
démarche, la connaissance statistique de l'assurance est
précieuse, on retrouve en effet tous les points dangereux classiques
signalés et pris en considération dans le traité de
tarification des risques d'entreprise.
L'identification et l'analyse des points dangereux sont donc
essentiellement du ressort des spécialistes de la prévention,
qu'ils soient internes ou externes à l'entreprise, qui pourront
très utilement être aidés dans leur démarche par un
représentant de la profession de l'assurance.
L'identification des points névralgiques, par contre,
ne peut pas réellement être effective sans la contribution des
compétences internes à l'entreprise. C'est en effet, les
responsables de production, d'informatique, de développement, etc....
qui peuvent connaître les points réellement névralgiques de
leur entreprise.
Mais cette démarche nécessite aussi une action
importante d'arbitrage. En effet, il est normal et humain que chaque acteur,
chaque rouage de l'entreprise considère que son rôle est
particulièrement névralgique...
C'est donc un travail de concertation entre le
préventionniste et les différents responsables de l'entreprise
qui permettra de procéder à :
- L'identification des points névralgiques.
- A la mesure de l'impact ou de la gravité des
différents scénarios d'atteinte des points
névralgiques.
II.3 : La hiérarchisation des risques
C'est la hiérarchisation la plus objective possible des
points névralgiques qui permettra de procéder à la
hiérarchisation des valeurs de "G" (gravité) associée
à chaque risque, et donc à la hiérarchisation des
risques.
Cette hiérarchisation s'effectue en fonction de deux
critères :
- Délais de remise en service ou de restauration du
point sinistré,
- Conséquences financières du sinistre. Ces deux
critères sont évidemment très liés.
Il est donc nécessaire d'examiner, point à
point, toutes les conséquences d'un sinistre, et cela de manière
exhaustive : conséquences directes (temps d'arrêt,
réparation) et conséquences indirectes (pertes
immatérielles, coûts supplémentaires, perte de
clientèle, altération d'image, temps de recherche ou de
reconstitution de données, etc.).
Pour cela, nous estimons indispensable que soit
constitué, pendant la démarche d'analyse de
vulnérabilité, un "comité de pilotage" ou "comité
d'application" chargé d'assister l'auditeur pendant la démarche
d'analyse de vulnérabilité. Cette démarche permet alors de
hiérarchiser les risques en les classant, par exemple, en 5
catégories essentielles :
R0. Risque nul ou
négligeable.
Sa réalisation est très improbable et n'aurait
aucune incidence sur les objectifs de l'entreprise.
R1. Risque faible. Les
conséquences peuvent être compensées sans effets
négatifs sur les objectifs de l'entreprise.
Ne justifie pas des mesures contraignantes de
sécurité supplémentaires.
R2. Risque moyen. Sa
réalisation fragilise l'entreprise.
Les objectifs peuvent encore être atteints mais avec des
mesures (et donc des coûts) supplémentaires.
Nécessite un traitement.
R3. Risque fort ou majeur. Sa
réalisation compromet les objectifs de l'entreprise.
Nécessite un plan de traitement avec plan de
redémarrage ou plan de survie avec recours à L'assurance.
R4. Risque catastrophique. Sa
réalisation entraîne la disparition de l'entreprise.
Traitement indispensable, généralement avec
transfert à l'assurance.
Cette échelle des risques permet donc de constituer une
partie importante de référentiel à prendre en compte pour
l'audit de sécurité
Section III : Maitrise et gestion des risques.
III-1 : Maitrise des risques
· III.1.1 :
Prévention, protection, précaution
La prévention, c'est, vis à vis de
risques connus et identifiés, l'ensemble des mesures, techniques ou non,
susceptibles de diminuer la probabilité de survenance d'un sinistre ou
d'un accident. La protection, c'est, toujours vis à vis de risques
connus et identifiés, l'ensemble des mesures, techniques ou non,
susceptibles de diminuer les conséquences de l'accident ou du
sinistre.
La précaution, c'est, vis à vis des risques mal
connus, mal identifiés, mais supposés comme possibles, l'ensemble
des mesures destinées à diminuer la probabilité
d'occurrence et/ou les conséquences prévisibles ou
imaginables.
· III.1.2 : Audit de
sécurité
La Chambre de Commerce Internationale, à la suite des
travaux d'une douzaine d'experts de haut niveau de l'industrie, a adopté
une définition de l'Audit environnement que l'on peut parfaitement
étendre à la notion d'audit de sécurité en
général. Cette adaptation donne alors la définition
suivante :
- l'audit de sécurité est un outil de gestion
qui comprend une évaluation systématique, documentée,
périodique et objective de la manière dont fonctionnent
l'organisation, la gestion et le matériel en matière de
sécurité, dans le but de contribuer à la sauvegarde des
personnes, des biens et, d'une manière générale, du
patrimoine de l'entreprise en :
- Facilitant le contrôle par la direction de la
façon dont les questions de sécurité sont
traitées.
- Evaluant la conformité avec les politiques de la
société, y compris celle qui consiste à satisfaire aux
exigences réglementaires.
Nous y ajouterons un troisième aspect : les exigences
d'assurabilité des risques.
Il faut rappeler que l'audit, en tant que tel, ne comporte pas
la notion de recommandation, encore moins la notion d'étude ou de
conception de solutions. Ces démarches sont en effet du ressort des
missions de conseil et d'ingénierie.
La démarche d'audit de sécurité consiste
donc :
- à déterminer le référentiel,
c'est-à-dire la situation optimale vis-à-vis des risques.
- à conduire la démarche d'audit,
c'est-à-dire l'examen de la situation réelle par rapport à
ce référentiel.
- à traduire les observations, les constatations et les
conclusions sous forme d'un rapport écrit et sous forme d'une
présentation plus active auprès de l'équipe dirigeante de
la société.
· III-1-3 : Le besoin
d'assurance
Le besoin d'assurance est exprimé à partir de
l'analyse des risques et de l'analyse des moyens financiers de l'entreprise.
Cette démarche est souvent exclue de celle de l'audit de
sécurité.
Elle nous semble cependant indispensable dans une politique
cohérente de gestion des risques.
Le besoin d'assurance sera donc essentiellement défini
en fonction de la capacité financière de l'entreprise à
conserver certains risques, autrement dit de faire face financièrement
aux pertes générées par les risques concernés et
par l'arbitrage économique entre le coût de rétentions du
risque et le coût de son transfert à l'assureur.
III-2 : Gestion des risques
Dans les grandes entreprises, on trouve des équipes
spécialisées à la tête desquelles oeuvre un
gestionnaire du risque ou risk manager. Il a donc vocation à
gérer les
risques de l'entreprise qui
l'emploie.
Pour les PME, " Les entreprises de taille moyenne sont encore
peu préoccupées de gestion des risques. Selon une étude du
cabinet d'audit Mazars, qui a interrogé environ 200 entreprises
affichant des chiffres d'affaires de 100 millions à quelques milliards
d'euros, les risques qui les inquiètent le plus sont ceux qui peuvent
entraîner une sanction du client, suivis des risques techniques ou
opérationnels. Viennent ensuite les risques industriels, juridiques,
fiscaux et informatiques." (Les Échos 09/05/2007 "La gestion des risques
s'installe aussi dans les entreprises de taille moyenne").
Quelle que soit la taille de l'entreprise, chaque type de
risque nécessite une réponse appropriée avec des
ressources humaines dédiées externes et/ou internes. On a vu,
avec le
passage
informatique à l'an 2000, qu'il était nécessaire de
mettre en place dans les entreprises des équipes
spécialisées dans la gestion du risque sous l'angle de l'
informatique de
gestion.
Aujourd'hui, les questions de
responsabilité
sociétale des entreprises nécessitent, de la même
manière, la prise en compte d'un
risque global,vis-à
vis de la
société
civile (impacts de l'activité, risques liés aux produits
défectueux, etc.), la dématérialisation impose un
traitement attentif des dirigeants.
La gestion en continu de la grille de risques d'une entreprise
suppose vision et vigilance du dirigeant et de ses conseils et cadres, pour la
réadapter aux réalités du terrain et des systèmes
régulatoires qui s'y appliquent.
On
distingue quatre manières de gérer le risque, par ordre croissant
de coût :
L'évitement :
L'activité présentant un
risque, on ne fait pas
l'activité. Du point de vue des décideurs, cette stratégie
est la moins risquée et la moins chère, mais elle est un frein au
développement de l'
entreprise. De plus, la
plupart du temps, elle reporte le risque sur d'autres entreprises, ou bien elle
le remet à plus tard. Si le risque est susceptible de devenir
majeur,
l'évitement n'est pas une attitude responsable.
L'acceptation :
Le risque est accepté et l'on contracte une
assurance si on souhaite
le transférer ou on le provisionne dans les comptes de l'entreprise
à des fins de réduction des risques financiers ce qui ne
permettra pas de réduire d'éventuels risques juridiques du
dirigeant. Cette approche ne permet pas de protéger les personnels ni
l'outil de production tant qu'aucune volonté de réduction du
risque ne se manifeste.
La réduction du risque :
Veille, identification des
risques par l'
audit, analyse par la
recherche des
facteurs de risques et des
vulnérabilités,
maîtrise des risques par les mesures de
protection et de
prévention :
c'est la démarche classique de gestion des risques.
Le transfert :
A titre financier, le transfert de risque s'établit
lorsque qu'une assurance ou toute autre forme de couverture de risque financier
ou garantie financière est contractée par le dirigeant
confronté au risque. Ces garanties ne sont pas exhaustives pour couvrir
le risque économique et financier. En cas de risque pénal pris
par le dirigeant, ce transfert peut être réduit à
néant.
A titre opérationnel et économique, ce transfert
s'effectue lorsque l'entreprise sous-traite l'activité à risque
sous une forme ou une autre (sous-traitance directe, co-traitance,
externalisation
) ; un sous-traitant sérieux et qualifié pourra faire payer
très cher sa prestation mais aussi démontrer qu'il gère
mieux le risque pour un prix équivalent voire inférieur, et le
recours à un sous-traitant non qualifié fera courir un risque
encore plus grand.
Chapitre 2 :
La relation entre la crise financière et les
risques de l'Enterprise
Section I : Les différentes
définitions de la crise financière.
On ne peut pas donnée une définition exacte de
la crise financière, c'est pour cette raison qu'on a choisie quelques
définitions pour mieux comprendre ce concept.
I-1 : Définition n°1
Une crise financière concerne les acteurs en
difficultés financières, ayant du mal à payer leurs
engagements à leurs créanciers. Les agents économiques
concernés sont souvent proche de l'état de cessation de paiement.
C'est donc un problème de fonds pour l'entreprise, cela peut traduire
d'une mauvaise gestion ou d'un environnement économique très
défavorable, pesant sur l'activité de l'entreprise. Les raisons
peuvent être nombreuses. Une crise financière peut être
d'échelle différente. Elle peut être régionale,
nationale, mondiale, ou se limitée à un seul secteur
d'activité. Elle peut même concerner un seul et unique agent,
l'entreprise. Mais, cela dépend de la taille de l'acteur
économique et de son rôle dans l'activité économique
d'une place. Si celui ci est de taille importante, l'impact sur les autres
acteurs sera d'autant plus fort. En effet, il y a un effet de contagion. Une
société traversant une crise financière ne peut plus tenir
ses engagements financiers. Ces créanciers peuvent eux même se
retrouver en difficulté financière. Ainsi, l'ampleur de la crise
financière grandit et peut atteindre l'échelle mondiale. Par
ailleurs, si l'acteur est coté en bourse, la crise financière
peut se coupler avec une
crise
boursière. Si l'entreprise va mal, ses résultats vont
être mauvais et leur publication fera chuter le cours de bourse. La
encore, la part de la société dans l'indice ou elle est
cotée est très important. Une grosse entreprise peut de par son
poids dans l'indice et par effet de contagion, entraîner la chute de
l'indice.
I-2 : Définition n°2
Une crise financière peut être définie
comme une fluctuation de grande ampleur qui affecte la totalité ou une
partie de l'ensemble de variables financières : volume
d'émission, cours des obligations ou des actions, encours de
crédits et de dépôts bancaires, taux de change. Lorsque
s'effondre la valeur de ces variables, on parle de crise
financière ; précédée
généralement d'une phrase de hausse, elle aussi
accentuée.
La phrase de crise Qui distingue de baisse ample et rapide
des quantités et des prix qui mesurent les activités bancaires et
financières, est caractérisée par un comportement de fuite
en dehors des actifs jusque là détenus : soudainement, tous
les acteurs souhaitent échanger leurs avoirs contre des instruments leur
semblent offrir à la fois une négociabilité
(capacité à être échangé sans délai)
et une liquidité (capacité à être
échangé sans risque de perte en capital) plus grandes. De
façon générale, une crise financière se
définit comme une brutale augmentation de la demande de monnaie à
des fins de précaution (Eric Barthalon ; 1998).
Des variations autour de ce thème
général sont possibles. En effet, si le doute porte sur la valeur
des actions ou des obligations, c'est dans les dépôts bancaire que
l'on cherchera refuge ; si c'est la solidité des banques
émettrices de ces dépôts qui est en doute ,c'est la monnaie
émise par la banque centrale qui sera recherché ;si la
monnaie nationale n'est pas crédible, c'est vers une monnaie
étrangère que le marché se retournera ;en fin si ce
sont les monnaies-papier inconvertibles qui font l'objet d'une défiance
généralisée, c'est vers lors ou toute forme de
monnaie-marchande, n'ayant pas le caractère d'une créance sur
autrui, que pourra se porter la demande de monnaie. D'où la distinction
mise en évidence par les monétaristes :Il s'agit de crises
authentiques :celles qui dégénèrent en paniques
bancaires ; et pseudo-crises financières ; qui se limitent
à de fortes fluctuations des prix des actifs financières et des
volumes échangées mais sont néanmoins susceptibles d'avoir
des répercutions suffisamment importantes pour entrainer la
défaillance d'un ou plusieurs intermédiaires financières,
perturber le système de paiement, ou empêcher le processus
d'allocation de capitale par le système financier. Cette distinction ne
constitue qu'une différence de degrés (Eric Barthalon, 1998).
Section II : Types et conséquences des
crises financières.
II-1 : Les types des crises
financières :
Rade let et Sachs(1998) identifient cinq types de crises
financières, même si elles sont souvent imbriquées en
pratiques.
· II.1.1 : Les crises liées à
la politique économique :
Dans le monde canonique de Kurgan(1979), un excès de
création monétaire (généralement liés
à la monétisation de déficits budgétaires
excessifs) rend le taux de change insoutenable. Les réserves de change
s'épuisent à tenter de le défendre, jusqu'au moment ou la
crise de change éclate. C'est un peu le scénario européen
de 1992-93.
· II.1.2 La panique
financière :
Elle peut intervenir lorsque les dettes à court
terme dépassent les actifs à court terme et s'il n'y a pas de
prêteur en dernier ressort crédible. Il devient alors rationnel
pour les prêteurs de retirer leurs capitaux, s'ils constatent que les
autres créanciers en font autant, et ce, même s'ils avaient
été disposés à maintenir leurs engagements. La
crise aurait donc pu être évitée. La crise mexicaine est
une illustration possible de ce type de crise. Il peut sembler illogique
d'associer le terme de panique à un comportement individuel rationnel,
mais l'irrationalité découle ici de l'addition de ces
comportements (effet de composition).
· II.1.3. L'éclatement d'une bulle
spéculative :
On parle de bulle lorsque le prix des actifs diverge de
manière de plus en plus prononcée de leur valeur fondamentale,
définie comme la somme actualisée des flux de revenus
anticipés que l'actif doit générer, par exemple, sur le
marché des actions, lorsque le PER (rapport
cours/bénéfice) ne cesse de progresser. Les bulles
révèlent un surendettement des agents analysé par Irving
Fischer dans un article de 1933 à propos de la crise de 1929. Reprenant
cette analyse, Minsky distingue trois structures possibles : hedge (dette
couverte par des revenus) spéculative (des revenus couvrent les
intérêts mais pas le capital à rembourser), et Ponzi
(couverture des engagements par la dette). Le passage de hedge à
spéculative s'explique par les opportunités de profit qui
naissent en période d'euphorie ; on passe à la structure Ponzi
lorsque les emprunteurs sont obligés de céder des actifs pour
solder leur dette, ce qui provoque une baisse du prix de ces actifs et
l'inversion des anticipations. C'est la situation étudiée par
Fisher sous le terme de debt-deflation. La crise japonaise en est une bonne
illustration dans sa première phase.
· II.1.4. Hasard moral :
Dans le modèle de Akerlof et D. Romer
(1996), lorsque des bues sous-capitalisées ou peu régulées
peuvent emprunter en bénéficiant de garanties publiques, elles
ont toutes chances de prendre des risques excessifs. Ils appliquent ce
modèle à la crise des caisses d'épargne
américaines. Paul Krugman (1998) présente les choses ainsi : si
un prêt ou un placement est très risqué, il peut rapporter
beaucoup, mais avec une faible probabilité; son espérance de
gain, guide normal de la décision, est donc faible. Mais, si les pertes
éventuelles sont couvertes par les autorités monétaires,
il est inutile de se préoccuper du cas où les choses tourneraient
mal. L'espérance de gain est alors remplacée comme guide de la
décision par la valeur du gain en cas de succès, que Krugman
appelle valeur "Pangloss". Vient cependant un moment où les risques
apparaissent pour ce qu'ils sont : de mauvais risques. Les agents envisagent
alors la mobilisation de la garantie implicite dont bénéficient
les intermédiaires financiers, et se rendent compte qu'elle ne pourra
pas être mobilisée compte tenu de l'importance des sommes en jeu.
Selon Krugman, ce mécanisme a joué un rôle essentiel dans
la crise asiatique.
· II.1.5. Sauvetage catastrophique (Disrderly
workout) :
Selon Sachs (1995), ce type de crise intervient
lorsque l'insolvabilité d'un emprunteur provoque une compétition
des créanciers pour tenter de limiter leurs pertes. L'assèchement
du marché des fonds qui peuvent être prêtés
entraîne alors l'accumulation de faillites.
Les crises ainsi définies et classées
constituent une vraie menace non seulement sur le plan économique mais
aussi sur le plan social.
II.2 : Les conséquences des crises
financières :
Il s'agit essentiellement des conséquences
économiques et sociales.
· II.2.1 : les conséquences
économiques
Les crises financières, qui ont touché nombre de
pays émergents, souvent considérés auparavant comme
porteurs d'un brillant avenir,ont mis à jour dans les économies
concernées des faiblesses : parties de change maintenues au
delà du raisonnable, déficits extérieurs ou
budgétaires trop tardivement combattus, faiblesse structurelles touchant
en particulier le système financier local, manque de clarté sur
l'ampleur du soutien que les autorités étaient prêter ou
capables d'apporter à celui-ci, endettement extérieur comportant
une trop grande proportion d'échéance à court terme.
Selon Radelet et shacks (1998), le retrait de capitaux
étranger avait sur les pays asiatiques des effets
macroéconomiques et microéconomiques qui s'emboitent.
Immédiatement et dramatiquement, les taux de change ont
déprécié, après la défense du taux de change
fixe (comme en Thaïlande et Corée). les taux d'intérêt
domestiques ont monté suit au retrait des crédits
étrangers, ce qui a conduit directement à une contraction des
conditions des crédits domestiques avant même que les banques
centrales réagissent à la crise .
Puisque le retrait de crédit a immédiatement
amené à une réduction de l'absorption (qui était
financée par les flux internationaux de capitaux), non seulement le taux
de change nominal, mais aussi le taux de change réel (défini par
le ratio du prix des biens échangeables au prix des biens non-
échangeables) ont déprécié.
La combinaison de la dépréciation de taux de
change réel et de la grande hausse des taux d'intérêt avait
pour conséquence une rapide augmentation des prêts non performants
les secteurs bancaires des économies asiatiques, surtout quand les
projets d'immobilier ont fait faillite.
Dans certains cas, les promoteurs d'immobilier ont
emprunté des prêts non couverts libellés en dollar des
banques domestiques pour financier leur projets.ces projets ont
échoué sous le poids de la dépréciation de la
monnaie.De plus suite au fait que les banques ont permis de courtes positions
en dollar(c'est-à-dire les emprunteurs en dollar net), la
dépréciation du taux de change a conduit à une perte
brusque des fonds des banques.
Les banques ont diminué par conséquent, à
prêter parce qu'elles étaient non liquides et aussi
décapitalisées.
· II.2.2 : Les coûts
sociaux :
Les crises financières aggravent la pauvreté et
les inégalités de revenu de plusieurs manières :
D'une part, elles causent le ralentissement de l'activité
économique.
Du fait de suppressions d'emploi dans le secteur formel, de la
baisse de la demande de services rendus par le secteur informel et d'une
diminution des heures de travail et des salaires réels, une crise
financière peut contribuer à une baisse de la
rémunération des salariés. Lorsque les salariés du
secteur formel ayant perdu leur emploi arrivent dans le secteur informel, ils
exercent une pression supplémentaire sur les marchés du travail
informel.
D'autre part, une crise financière est
généralement synonyme d'une forte dépréciation
monétaire qui entraine une modification des prix relatifs. Ainsi, le
prix des biens échangeables augmente par rapport à celui des
biens non échangeables. D'où une chute de la
rémunération des travailleurs dans le secteur des biens non
échangeables. Parallèlement, la hausse de la demande
d'exportations excite l'emploi et les rémunérations dans les
secteurs produisant ces exportations.
Il arrive aussi que la dépréciation touche les
prix à la consommation, et le renchérissement des importations
alimentaires affecte les pauvres qui consacrent l'essentiel de leur revenu
à la nourriture.
Comme réaction face aux crises, les gouvernements
combinent souvent durcissement monétaire et austérité
budgétaire, ce qui provoque une diminution des dépenses
consacrées aux programmes sociaux, aux transferts aux ménages et
aux traitement et salaires.
Section II:L'impact de la crise financière
sur les entreprises.
La tourmente financière mondiale et ses
répercussions sur l'économie réelle risquent de
créer 20 millions de nouveaux chômeurs dans le monde d'ici
à la fin 2009, Selon des estimations du BIT (Bureau
Internationale de Travail), "le nombre de
chômeurs pourrait passer de 190 millions en 2007 à 210 millions
fin 2009, ce chiffres pourraient s'aggraver en fonction de l'impact de la crise
sur l'économie réelle. "Cela serait la première fois dans
l'histoire", que ce chiffre pourrait même s'aggraver en fonction de
l'impact de la crise sur l'économie réelle. (Juan Somavia).
Nous avons besoin d'une action rapide et coordonnée des
gouvernements pour prévenir une crise sociale qui pourrait
s'avérer sévère, longue et globale". Le nombre de
"travailleurs pauvres" qui vivent avec moins de un dollar par jour pourrait
croître de 40 millions tandis que celui des personnes gagnant moins de
deux dollars pourrait augmenter de 100 millions entre 2007 et 2009. "L'impact
serait global" et que la crise actuelle frapperait plus durement certains
secteurs tels que la construction, l'automobile, le tourisme, la finance, les
services et l'immobilier. Il a également noté que les nouvelles
projections « pourraient se révéler
sous-estimées si l'on n'affronte pas rapidement les effets du
ralentissement économique actuel et la récession qui
menace ». (Juan Somavia).
« La crise ne sévit pas seulement à
Wall Street, mais partout dans le monde. Nous avons besoin d'un plan de
sauvetage économique pour les familles laborieuses et l'économie
réelle, avec des règles et des politiques qui fournissent des
emplois décents. Nous devons mieux assurer le lien entre
productivité et salaires et entre croissance et emploi »,
(Juan. Somavia).
« La protection et la promotion des entreprises
durables et des offres d'emplois décents doivent être au coeur du
Sommet sur la crise financière, récemment annoncé par les
Présidents Bush et Sarkozy ».
La crise doit être saisie comme une "opportunité"
de rééquilibrer la mondialisation devenue "inéquitable et
non durable", a-t-il encore considéré. Il s'agit de redonner sa
place à l'économie réelle, affaiblie par la sphère
financière. Le "niveau des profits du secteur financier était
devenu si élevé que les banques préféraient la
finance" au soutien des entreprises créatrices d'emplois,
(juan. Somavia).
M. Somavia a également fait part de ses
inquiétudes quant à la restauration des flux de
crédit ; au maintien et au renforcement de la protection sociale
(pensions, indemnités chômage, allocations familiales et
mécanismes de soins de santé) ; à l'accès
garanti des entreprises au crédit pour éviter les licenciements,
les réductions de salaire, la banqueroute et pour permettre la reprise,
le respect des droits des travailleurs et l'approfondissement du dialogue
social afin de gérer les conséquences de la crise pour les
entreprises ; au maintien des flux d'aide publique au
développement ; à la restauration d'un régime de
régulation de la finance mondiale ; et au passage rapide de la
reprise au développement durable grâce à l'investissement
et à la croissance.
Chapitre 3 :
Diagnostic des Entreprises en difficultés
Section I : Objet et objectif du diagnostic.
I.1 :l'importance du diagnostic
Le diagnostic est une analyse d'une situation
d'entreprise qui permet de souligner les points forts et les points faibles de
l'entreprise dans son environnement concurrentiel. Le diagnostic doit donc
permettre un positionnement de l'entreprise : veille interne
(forces-faiblesses) et externe (opportunités-menaces). Il permet aussi
de valider les actions passées par l'analyse des écarts entre
objectifs et résultats et d'orienter l'action, de projeter l'entreprise
dans son futur souhaité par une redéfinition d'objectifs
« raisonnables ». Le but du diagnostic est donc double : il
s'agit de repérer des déficiences de l'organisation mais aussi et
surtout de prévoir et d'indiquer les moyens pour y remédier.
Le diagnostic éclaire les choix de l'entreprise (c'est
un outil d'aide à la prise de décision) et les orientations
stratégiques possibles entre lesquelles il convient d'arbitrer.
La conduite du diagnostic : le diagnostic sera
réalisé en deux temps, la collecte des informations puis
l'appréciation des forces et des faiblesses de l'entreprise.
Il s'agit de soumettre l'entreprise à un
examen
critique, de porter une appréciation objective sur ses produits, ses
marchés, sa capacité de production, son savoir-faire, son
expérience de l'exportation. Il convient de bien définir le
travail confié à la personne qui conduit le diagnostic, d'autant
que s'il est effectué par des consultants extérieurs, on se
heurte aussi à des difficultés spécifiques
liées à l'intervention : en effet, l'analyse n'est pas neutre, et
bien que le consultant s'efforce de « faire table rase » de
ses préjugés, il va se référer à des
modèles de sorte que le diagnostic émis aura
nécessairement une teinte personnelle. De plus, certains
éléments spécifiques peuvent échapper au
consultant.
On devra donc veiller tout particulièrement aux points
suivants :
- L'indépendance d'action (disposer des pouvoirs
d'investigation nécessaires), d'esprit (éviter tout jugement
subjectif).
- La compétence qui se manifestera par des avis et
commentaires éclairés, des recommandations pertinentes, des
suggestions réalistes et adaptées aux besoins.
- La qualité du travail et le contrôle de la
qualité : la mission doit être effectuée avec conscience
professionnelle et diligence.
- Le secret professionnel sur l'ensemble des informations et
documents qui lui sont communiqués.
I.2 : les causes de la cessation
d'activité
Les causes de cette incapacité sont :
* Les causes économiques :
· Baisse du niveau de la demande.
· Saturation du marché.
· Concurrence plus accrue.
· Variation du niveau des taux de change.
· Augmentation du prix des matières
premières...
|
|
*Les erreurs de gestion :
· Surcharges des charges fixes à cause de
mauvaises prévisions.
· Manque d'innovation.
· Politique d'investissement inadaptée.
· Absence de contrôle de gestion.
· Les causes accidentelles et brutales.
· Décès ou incapacité majeure du
dirigeant.
· défection d'un client important.
· graves conflits sociaux.
· destruction de l'outil de production.
|
1
L'ensemble de ces difficultés est immédiatement
traduit dans les documents de synthèse car elles
détériorent, au cours du temps, la situation financière de
l'entreprise. C'est pourquoi le législateur a fait l'obligation aux
entreprises d'élaborer et de publier régulièrement de tels
documents afin de déceler suffisamment à l'avance les
difficultés rencontrées.
Section II : Rôle de l'endettement dans
les difficultés des Entreprises.
II.1 : Les Risques engendrés par la
mauvaise gestion de la dette :
II.1.1. Risque de marché :
Risques liés à l'évolution des prix du
marché, tels que les taux d'intérêt, les taux de change,
les prix des produits de base, etc. Qu'elle soit libellée en devises ou
en monnaie nationale, toute variation des taux d'intérêt modifiera
le coût du service de la dette, soit lors des émissions de
refinancement pour la dette à taux fixe, soit lors de la fixation du
nouveau taux pour la dette à taux flottant.
De ce fait, la dette à court terme, qu'elle soit
à taux fixe ou flottant, est en général
considérée plus risquée que la dette à long terme
à taux fixe (quoiqu'une concentration excessive de dette à taux
fixe sur de très longues échéances puisse être aussi
risquée, les besoins de financement futurs étant inconnus). La
dette libellée en monnaies étrangères ou indexée
sur elles accroît aussi l'instabilité du coût du service de
la dette en monnaie nationale en raison des variations des taux de change de
ces monnaies. Les obligations à option de vente peuvent exacerber les
risques de marché.
II.1.2. Risque de refinancement :
Le risque de devoir renouveler la dette à un coût
exceptionnellement élevé, ou à l'extrême, de ne pas
pouvoir la renouveler du tout.
Dans la mesure où le risque de refinancement est
limité au risque de devoir renouveler la dette à des taux
d'intérêt plus élevés, y-compris l'évolution
des marges d'intermédiation, on peut le considérer comme un
risque de marché. Cependant, du fait que l'incapacité de
refinancer la dette et/ou une hausse exceptionnellement élevée
des coûts de financement de l'État peuvent susciter ou exacerber
une crise de la dette et par là provoquer des pertes économiques
réelles, il est souvent traité séparément. La
gestion de ce risque est particulièrement importante pour les
marchés émergents.
II.1.3. Risque de liquidité :
On distingue deux types de «risque de
liquidité». L'un concerne le coût ou la
pénalité auxquels s'exposent les investisseurs qui tentent de se
dégager d'une position lorsque le nombre des opérateurs a
fortement diminué ou que le marché considéré n'est
pas assez actif. Ce risque est particulièrement important lorsque la
gestion de la dette inclut la gestion des actifs liquides ou fait appel
à des instruments financiers dérivés.
L'autre type de risque de liquidité, du point de vue
de l'emprunteur, concerne une situation dans laquelle le volume des actifs
liquides est susceptible de fortement diminuer à cause d'obligations de
trésorerie imprévues et/ou en cas de difficultés à
obtenir à bref délai des ressources liquides par l'emprunt.
II.1.4. Risque de crédit :
Il s'agit du risque de non-exécution, de la part de
l'emprunteur, des conditions de prêts ou autres contrats sur actifs
financiers ou, de la part d'une contrepartie, des conditions d'un contrat
financier. Ce risque est particulièrement à considérer
lorsque la gestion de la dette inclut la gestion des actifs liquides. Il peut
aussi se présenter dans le cas d'acceptations de soumissions à
l'occasion d'adjudications de titres publics, ainsi que dans le cadre
d'obligations conditionnelles, et lorsque des contrats sur produits
dérivés sont souscrits par le gestionnaire de la dette.
II.1.5. Risque de règlement :
Ce risque concerne la perte que l'État peut subir par
suite d'un non-règlement de la part de la contrepartie, dû
à tout autre raison qu'un défaut de paiement. Risque
opérationnel Cette catégorie regroupe différents types de
risque, notamment : les erreurs de transaction aux différentes
étapes de l'exécution et de l'enregistrement des
opérations, les insuffisances ou les défaillances des
contrôles internes, ou des systèmes et services, le risque
afférent à la réputation financière, les
problèmes juridiques, les atteintes à la sécurité
ou les catastrophes naturelles préjudiciables à l'activité
économique.
Section III : L'analyse de la
rentabilité et la mesure du risque d'exploitation.
III-1 : L'analyse : Coût -Volume - Profit
Le résultat d'une entreprise dépend de trois
facteurs :
· le coût de revient de sa production ;
· les quantités vendues ;
· le prix de vente.
Ces trois facteurs sont soumis aux influences du marché
; à savoir la position de l'entreprise, l'état de la demande,
l'état du marché, l'environnement économique, juridique et
social.
Ces influences conditionnent la structure de son
activité et participent à la prise de décision dès
lors que les dirigeants cherchent l'optimum : prix de vente - quantités
vendues.
L'outil utilisé pour mesurer l'impact de
l'environnement sur l'activité est l'analyse : coût - volume -
profit qui s'appuie sur la distinction des charges en charges variables et
charges fixes. En effet, la formation du résultat d'une entreprise
dépend de l'importance de ses charges fixes.
La sensibilité du résultat dépend donc de
la structure des coûts d'une entreprise.
L'objectif de toute entreprise est donc que le volume
d'activité absorbe les charges fixes. Cet objectif est atteint lorsque
l'entreprise a atteint un niveau d'activité mesuré par le chiffre
d'affaires. Ce chiffre d'affaires est appelé : seuil de
rentabilité.
III-2 :L'analyse du risque d'exploitation
Il y a risque d'exploitation lorsqu'un événement
aléatoire est susceptible d'affecter l'activité (grève,
augmentation brutale des prix des matières premières ...).
soi To de
Il est possible de mesurer le risque d'exploitation en
considérant donc que l'activité est une variable
aléatoire.Troix indicateurs sont utilisés pour mesurer ce
risque :
§ l'écart-type du résultat.
§ L'intervalle de confiance.
§ La probabilité de ruine.
III-2-1 : l'écart-type du
résultat
Le risque d'exploitation et donc lié à la
variabilité du résultat d'exploitation. Il est donc mesuré
par l'écart type du résultat d'exploitation. L'écart-type
d'une variable exprime la dispersion de cette variable autour de sa moyenne.
Donc, plus la dispersion est grande, plus le risque est grand.
III-2-2 : l'intervalle de confiance
Il ) ent ent
An
int
Il est possible de calculer un intervalle de confiance,
c'est-à-dire obtenir un résultat d'exploitation compris entre
deux montants. À ce coefficient de confiance, par exemple 0,95 (95 %),
est associé un risque de 5 % (1 -- 0,95) de ne pas obtenir un
résultat compris entre ces deux montants.
III-2-3 : la probabilité de ruine :
IL est possible de calculer la probabilité d'obtenir
un résultat négatif.
Cette probabilité est appelée :
probabilité de ruine.
Deuxième partie :
Etude empirique : Cas des banques de dépôt tunisiennes.
Des études antérieures comme celle de Plihon et
Miotti (2001) et Saadoui (2004) ont étudié la relation entre la
libéralisation financière et les comportements spéculatifs
des banques. Ces études ont mis une relation entre les comportements
spéculatifs et leurs effets sur les rendements des banques et leurs
vulnérabilités.
Ce présent travail étudie cette relation
à partir d'une étude empirique concernant les banques
commerciales tunisiennes. Il s'intéresse à analyser deux
principales problématiques qui s'orientent à l'analyse du
comportement spéculatif des banques, c'est-à-dire la tendance des
opérateurs du secteur financier à spéculer et à
profiter de l'instauration de la déréglementation et du
développement du marché financier afin de se constituer des gains
à court terme, tout en ignorant le risque dont ils font face.
Les problématiques se présentent comme
suit :
· Les banques tunisiennes ont-elles choisi de renforcer
leurs activités spéculatives pour augmenter leurs
bénéfices ? et à quels degrés ?
· Le degré d'activités spéculatives
atteint par les banques tunisiennes constitue t-il une menace de faillite pour
ces banques ?
I. Présentation de
l'échantillon
Pour étudier la relation entre le rendement et la
probabilité de faillite avec le comportement spéculatif des
banques, l'étude de ce mémoire s'intéresse à un
échantillon composé de huit banques commerciales cotées
sur la bourse des valeurs mobilières de Tunis. Ces huit
établissements seront observés sur une période de onze ans
allant de 1996 jusqu'à 2006.
Ces banques sont:
· Arab Tunisian Bank (ATB)
· Amen Bank (AB)
· Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT)
· Banque Nationale Agricole (BNA)
· Banque de Tunisie (BT)
· Banque de l'Habitat (BH)
· Société Tunisienne de Banque (STB)
· Union Bancaire pour le Commerce et l'Industrie
(UBCI)
II. Hypothèses
Après avoir consulté la théorie et les
différentes études empiriques et pour mener une analyse plus
significative on doit simplifier la réalité par des
hypothèses.
Ce travail s'appui sur une hypothèse centrale qui est
simplifiée par deux hypothèses H1 et H2 représentant
l'effet du comportement spéculatif sur la situation des banques.
Figure 1 :
Présentation des hypothèses des modèles
Hypothèse centrale : la
vulnérabilité des banques naissent essentiellement des
comportements spéculatifs et de risque de liquidité.
1. Hypothèse 1 : H.1 : Le recours aux
activités spéculatives a un impact significatif sur le rendement
de ces banques.
Ø Sous hypothèse 1 : H.1.1 : Le poids
du portefeuille-titres commercial dans l'actif total d'une banque exerce une
influence significative sur le rendement.
Ø Sous hypothèse 2 :H.1.2: La part des
produits financiers hors intérêts, provenant d'opérations
hors intermédiation traditionnelle, dans le produit net bancaire
explique significativement l'évolution du rendement d'une banque.
Ø Sous hypothèse 3 :H.1.3: Le poids des
dépôts de la clientèle dans le passif total exerce un
impact significatif sur l'évolution des rendements d'une banque.
2. Hypothèse 2 : H.2: La tendance
à la spéculation augmente leur risque de faillite de ces
banques.
Ø Sous hypothèse 1 :H.2.1: Le poids du
portefeuille-titres commercial dans l'actif total d'une banque exerce une
influence positive et significative sur le risque de faillite d'une banque.
Ø Sous hypothèse 2 :H.2.2: La part des
produits financiers hors intérêts, provenant d'opérations
hors intermédiation traditionnelle, dans le produit net bancaire
entraîne, significativement, une croissance du niveau du risque de
faillite subit par une banque.
Ø Sous hypothèse 3 :H.2.3: Il existe une
relation significative entre l'évolution du risque de liquidité
des banques tunisiennes et le risque de faillite.
Ø Sous hypothèse 4 : H.2.4: La
variation du niveau du risque de faillite d'une banque est due essentiellement
à la variation réciproque de la qualité de gestion propre
à cette banque.
III. Présentation des
variables
Pour le choix des variables constitutives des modèles
étudiés, on a recours à une revue de littérature
qui résume les importants variables dans le tableau suivant :
Tableau 1 :
Récapitulation des variables
Etude
Variable
|
Z.S.* (2004)
|
P. et M. ** (Argentine) (2001)
|
P. et M. (Corée) (2001
|
Etude du mémoire
|
Portefeuilles titres commerciales / Actif Total
(SP1)
|
+
|
|
|
+
|
Produits Financier Hors Intérêt / Produit
net financier
|
+
|
|
+
|
+
|
Total dépôts / Passif Total
|
+
|
|
|
+
|
Frais d'exploitation / Résultat
d'exploitation
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Résultat net / Capitaux propres
|
|
|
+
|
|
Résultat net / Actif Total
|
|
+
|
|
|
Prêts à risques / prêts totaux et
caution
|
|
+
|
|
|
Prêt totaux / total de
dépôt
|
|
+
|
|
|
Capitaux propres / prêts totaux
|
|
+
|
|
|
Produits financiers nets / Investissement productifs
d'intérêt
|
|
|
+
|
|
Actifs disponibles / Dépôts +
Emprunts
|
|
|
+
|
|
* Z. S. : L'étude de Zied Saadoui (2004) porte sur
un échantillon de dix banques commerciales tunisiennes de 1991 à
2002. Il estime trois modèles économétriques de
donné de panel reliant le rendement et la probabilité de faillite
aux degrés de spéculation, risque de liquidité et
coefficient d'exploitation.
** P. M. : l'Etude de Plihon et Miotti (2001) porte sur
les banques saines et défaillantes en argentine et en Corée. Ils
ont utilisé des modèles économétriques
(méthodes Probit et Moindres Carré Ordinaire).
Pour la vérification des hypothèses
utilisées, on va utiliser un ensemble de variables explicatives et
autres à expliquer pour mener des modèles
économétriques.
Ces variables sont calculés à partir des ratios
et formules financières avec le logiciel Microsoft Excel 2007 qui nous a
donné les résultats qui sont présentés dans
l'annexe. Ces variables se présentent dans les tableaux
suivants :
Tableau 2 :
Les variables à expliquer et leurs objectifs
La variable
|
La formule de calcul
|
Objectif de la variable
|
Return On Assest (ROA)
Retour sur actif
|
Résultat net / Actif Total
|
Il mesure le rendement et donne une idée sur le
degré d'efficacité de l'actif bancaire.
|
Probabilité de faillite
(PR)
|
1 / (2RI2)1(*)
|
Il estime le niveau du risque de faillite encourue par une
banque.
|
Tableau 3 :
Les variables explicatives et leurs objectifs
La variable
|
La formule de calcul
|
Objectif de la variable
|
Variable de spéculation (SP1)
|
Portefeuille-titres commercial / Actif Total
|
Il estime la tendance à se financer auprès du
marché financier, et l'influence que peut avoir cette tendance sur le
rendement de cette banque.
|
Variable de spéculation
(SP2)
|
Produit Financiers Hors Intérêts2(*) / Produit net bancaire3(*)
|
Il vérifie l'influence de la marge financière
hors intérêts sur le rendement de la banque.
|
Risque de liquidité (RL)
|
Total dépôts4(*) / Passif Total
|
Il vérifie l'effet de l'intermédiation bancaire
traditionnelle sur le rendement d'une banque.
|
Coefficient d'Exploitation (CE)
|
Frais d'exploitation5(*) / Résultat d'exploitation
|
Il vérifie l'effet de la qualité de gestion
propre à une banque sur son niveau de rendement.
|
IV. Analyse
économétrique
L'objectif de cette section est de présenter la
méthodologie à suivre pour estimer les régressions pour
chaque banque de l'échantillon, reliant le rendement et la
probabilité de faillite aux degrés de spéculation, les
dépôts et les coefficients d'exploitation.
Pour le besoin de l'estimation de ces
régressions ; on a choisi d'utiliser des données de panel.
Ce choix est dû à l'insuffisance des observations pour les
variables traitées dans cet essai, ce qui rend l'application des
méthodes d'estimation MCO linéaires et non linéaires
inefficaces. Il faut en effet au moins 30 observations pour les utiliser.
Les données en panel possèdent deux dimensions :
une pour les individus et une pour le temps. Elles sont
généralement indiquées par l'indice i et t respectivement.
Il est souvent intéressant d'identifier l'effet associé à
chaque individu. Cet effet peut être fixe ou aléatoire. Dans cet
essai, tous les individus sont observés pendant la totalité de la
période d'observation ce qui implique que le panel est dit
cylindré.
Dans ce travail, on estimera 2 modèles qui relient le
rendement et la probabilité de faillite aux degrés de
spéculation, les dépôts et les coefficients
d'exploitation.
IV.1.Règles de décisions
Pour vérifier la significativité globale du
modèle testé, on utilise le test de Fisher. Ses hypothèse
et règles de décision sont comme suit :
H0 : â2 = â3 = â4 = â5 = âi
= 0 Si F >F5% H0 n'est pas acceptée et les variables sont
significatives.
H1 : â2 ? 0 ; â3 ? 0 ; â4 ?
0 ; â5 ? 0 ; âi ? 0 Si F <F5% H0 est
acceptée et les variables ne sont pas significatives.
Pour détecter la significativité des variables
constitutives du modèle et leur pouvoir d'explication on utilise le test
de Student, dont voici ses hypothèses et ses règles de
décision :
H0 : âi = 0 La variable reliée à ce
coefficient est non significative.
H1 : âi ? 0 La variable reliée à ce
paramètre est significative.
E-Views permet, par ailleurs, de tester le degré
d'explication d'une variable à différents niveaux de confiance en
recourant à la statistique prob.
Dans l'analyse des donnés de panel on est en choix
entre deux modèles celui à effet aléatoire ou celui
à effet fixe. Pour ce choix on utilise le test Haussmann. Le choix du
modèle est décrit par la procédure suivante.
Le résultat suit une loi ÷² avec K-1
degré de liberté. Si on ne peut rejeter la nulle (H0) si la
plus-value est supérieure au niveau de confiance, on utilisera les
effets aléatoires si non on utilise les effets fixes.
H0 : Effet aléatoire.
H1 : Effet fixe.
La procédure affichera la différence (Var
(Diff.)) de ce test áH.
Le seuil de rejet étant de 10% :
Si áH > 10% H0 est acceptée.
Si áH < 10% H0 n'est pas acceptée.
Après avoir fait les tests avec le logiciel Eviews 5.1
qui sont présentés si dessous et comparer les plus valus avec un
niveau de confiance de 10% on utilisera dans ce travail les modèles
à effet fixe.
Tableau 4 : Test
Hausman pour le modèle ROA
Correlated Random Effects - Hausman Test
|
|
Pool: MEMO
|
|
|
|
Test cross-section random effects
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Test Summary
|
Chi-Sq. Statistic
|
Chi-Sq. d.f.
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cross-section random
|
2.097847
|
4
|
0.7178
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cross-section random effects test comparisons:
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Fixed
|
Random
|
Var(Diff.)
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
SP1?
|
-0.013376
|
-0.015650
|
0.000040
|
0.7194
|
SP2?
|
-0.013225
|
-0.013224
|
0.000004
|
0.9997
|
RL?
|
0.003895
|
0.004454
|
0.000001
|
0.5009
|
CE?
|
-0.000490
|
-0.000527
|
0.000000
|
0.2445
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cross-section random effects test equation:
|
|
Dependent Variable: ROA?
|
|
|
Method: Panel Least Squares
|
|
|
Date: 06/24/08 Time: 22:09
|
|
|
Sample: 1996 2006
|
|
|
Included observations: 11
|
|
|
Cross-sections included: 8
|
|
|
Total pool (balanced) observations: 88
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
0.014154
|
0.002648
|
5.345378
|
0.0000
|
SP1?
|
-0.013376
|
0.015518
|
-0.861930
|
0.3914
|
SP2?
|
-0.013225
|
0.005626
|
-2.350474
|
0.0213
|
RL?
|
0.003895
|
0.003366
|
1.157007
|
0.2509
|
CE?
|
-0.000490
|
0.000136
|
-3.603860
|
0.0006
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Effects Specification
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cross-section fixed (dummy variables)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.567205
|
Mean dependent var
|
0.010108
|
Adjusted R-squared
|
0.504563
|
S.D. dependent var
|
0.005238
|
S.E. of regression
|
0.003687
|
Akaike info criterion
|
-8.241853
|
Sum squared resid
|
0.001033
|
Schwarz criterion
|
-7.904035
|
Log likelihood
|
374.6415
|
F-statistic
|
9.054781
|
Durbin-Watson stat
|
0.920147
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Tableau 5 : Test
Hausman pour le modèle PR
Correlated Random Effects - Hausman Test
|
|
Pool: MEMO
|
|
|
|
Test cross-section random effects
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Test Summary
|
Chi-Sq. Statistic
|
Chi-Sq. d.f.
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cross-section random
|
1.451972
|
4
|
0.8351
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cross-section random effects test comparisons:
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Fixed
|
Random
|
Var(Diff.)
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
SP1?
|
0.006164
|
0.006273
|
0.000000
|
0.8268
|
SP2?
|
-0.000134
|
-0.000266
|
0.000000
|
0.3768
|
RL?
|
-0.000913
|
-0.000870
|
0.000000
|
0.4958
|
CE?
|
0.000001
|
0.000000
|
0.000000
|
0.6898
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cross-section random effects test equation:
|
|
Dependent Variable: PR?
|
|
|
Method: Panel Least Squares
|
|
|
Date: 06/24/08 Time: 22:11
|
|
|
Sample: 1996 2006
|
|
|
Included observations: 11
|
|
|
Cross-sections included: 8
|
|
|
Total pool (balanced) observations: 88
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
0.001135
|
0.000285
|
3.985798
|
0.0002
|
SP1?
|
0.006164
|
0.001670
|
3.691822
|
0.0004
|
SP2?
|
-0.000134
|
0.000605
|
-0.221939
|
0.8250
|
RL?
|
-0.000913
|
0.000362
|
-2.521839
|
0.0138
|
CE?
|
1.46E-06
|
1.46E-05
|
0.099492
|
0.9210
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Effects Specification
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cross-section fixed (dummy variables)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.627094
|
Mean dependent var
|
0.000696
|
Adjusted R-squared
|
0.573120
|
S.D. dependent var
|
0.000607
|
S.E. of regression
|
0.000397
|
Akaike info criterion
|
-12.70072
|
Sum squared resid
|
1.20E-05
|
Schwarz criterion
|
-12.36290
|
Log likelihood
|
570.8316
|
F-statistic
|
11.61859
|
Durbin-Watson stat
|
0.905114
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
V.2.Interprétation des résultats de
l'estimation
V.2.1. Analyse des
modèles de rendement
Ces modèles estiment la relation reliant le rendement
aux degrés de spéculation, les dépôts et les
coefficients d'exploitation. Pour estimer ces régressions on a recours
au variable à expliquer Return On Assets.
Le premier modèle retenu se présente comme
suit :
Tableau 6 :
Estimation du modèle ROA
Dependent Variable: ROA?
|
|
|
Method: Pooled Least Squares
|
|
|
Date: 06/24/08 Time: 22:15
|
|
|
Sample: 1996 2006
|
|
|
Included observations: 11
|
|
|
Cross-sections included: 8
|
|
|
Total pool (balanced) observations: 88
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
0.014154
|
0.002648
|
5.345378
|
0.0000
|
SP1?
|
-0.013376
|
0.015518
|
-0.861930
|
0.3914
|
SP2?
|
-0.013225
|
0.005626
|
-2.350474
|
0.0213
|
RL?
|
0.003895
|
0.003366
|
1.157007
|
0.2509
|
CE?
|
-0.000490
|
0.000136
|
-3.603860
|
0.0006
|
Fixed Effects (Cross)
|
|
|
|
|
_AB--C
|
-0.000490
|
|
|
|
_ATB--C
|
0.000317
|
|
|
|
_BH--C
|
-0.002662
|
|
|
|
_BIAT--C
|
-0.000809
|
|
|
|
_BNA--C
|
-0.003663
|
|
|
|
_BT--C
|
0.005098
|
|
|
|
_STB--C
|
-0.000207
|
|
|
|
_UBCI--C
|
0.002417
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Effects Specification
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cross-section fixed (dummy variables)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.567205
|
Mean dependent var
|
0.010108
|
Adjusted R-squared
|
0.504563
|
S.D. dependent var
|
0.005238
|
S.E. of regression
|
0.003687
|
Akaike info criterion
|
-8.241853
|
Sum squared resid
|
0.001033
|
Schwarz criterion
|
-7.904035
|
Log likelihood
|
374.6415
|
F-statistic
|
9.054781
|
Durbin-Watson stat
|
0.920147
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
L'estimation montre qu'il n'a pas une relation significative
entre ROA et les variables SP1 et RL. La non significativité de ses
variables nous donne le rejet de l'hypothèse H.1.1 (le poids du
portefeuille-titres commercial dans l'actif total d'une banque exerce une
influence significative sur le rendement) et l'hypothèse H.1.3 (Le poids
des dépôts de la clientèle dans le passif total exerce un
impact significatif sur l'évolution des rendements d'une banque).
Cette estimation montre qu'il existe une relation
significative avec une probabilité inférieure à 5% entre
le ROA et la proportion des produits financiers hors intérêt dans
le produit net bancaire (SP2). Ceci vérifie l'hypothèse H.1.2 qui
postule que la part des produits financiers hors intérêts,
provenant d'opérations hors intermédiation traditionnelle, dans
le produit net bancaire explique significativement l'évolution du
rendement d'une banque. Cette relation est négative qui indique que
l'évolution de marge hors intérêt, provenant de
l'intermédiation hors traditionnelle d'une unité entraîne
une baisse d'ordre 1,32% du rendement des banques tunisiennes de
dépôts. Une conclusion peut s'exprimer que les banques n'ont pas
réussi à intégrer les activités spéculatives
et hors intermédiation traditionnelle au sein l'ensemble des fonctions
sources de rendements et de profits.
Cette estimation montre aussi une relation significative entre
le rendement des banques et l'évolution de leurs coefficients
d'exploitation. Cette relation consiste que la croissance d'une unité de
coefficient d'exploitation (calculé par le rapport entre les charges
d'exploitation et le résultat d'exploitation) entraîne la
réduction du ROA de 0,04%.
De même, ce modèle présente un ajustement
linéaire de nuage des points moyen qui est exprimé par la valeur
de R² (R-squared).
Le présent modèle est attribué avec une
constante C qui est égale à 1,4% ce qui explique qu'il existe
d'autres facteurs communs, à part la spéculation, les
dépôts et les charges d'exploitation à toutes les banques
de l'échantillon, qui influencent l'évolution du rendement.
V.2.2. Analyse de modèle de
la faillite
Ce modèle estime la relation reliant la
probabilité de faillite aux degrés de spéculation, les
dépôts et les coefficients d'exploitation. Pour estimer cette
régression on a recouru à la variable PR dont le modèle se
présente comme suit
Tableau 7 :
Estimation du modèle PR
Dependent Variable: PR?
|
|
|
Method: Pooled Least Squares
|
|
|
Date: 06/22/08 Time: 15:00
|
|
|
Sample: 1996 2006
|
|
|
Included observations: 11
|
|
|
Cross-sections included: 8
|
|
|
Total pool (balanced) observations: 88
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
0.001135
|
0.000285
|
3.985798
|
0.0002
|
SP1?
|
0.006164
|
0.001670
|
3.691822
|
0.0004
|
SP2?
|
-0.000134
|
0.000605
|
-0.221939
|
0.8250
|
RL?
|
-0.000913
|
0.000362
|
-2.521839
|
0.0138
|
CE?
|
1.46E-06
|
1.46E-05
|
0.099492
|
0.9210
|
Fixed Effects (Cross)
|
|
|
|
|
_AB--C
|
-0.000113
|
|
|
|
_ATB--C
|
-0.000291
|
|
|
|
_BH--C
|
-8.01E-05
|
|
|
|
_BIAT--C
|
-7.44E-05
|
|
|
|
_BNA--C
|
-0.000454
|
|
|
|
_BT--C
|
0.000212
|
|
|
|
_STB--C
|
-5.36E-05
|
|
|
|
_UBCI--C
|
0.000855
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Effects Specification
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cross-section fixed (dummy variables)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.627094
|
Mean dependent var
|
0.000696
|
Adjusted R-squared
|
0.573120
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S.D. dependent var
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0.000607
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S.E. of regression
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0.000397
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Akaike info criterion
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-12.70072
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Sum squared resid
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1.20E-05
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Schwarz criterion
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-12.36290
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Log likelihood
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570.8316
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F-statistic
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11.61859
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Durbin-Watson stat
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0.905114
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Prob(F-statistic)
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0.000000
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On estime le modèle reliant probabilité de
faillite aux variables de spéculation, de risque de liquidité et
de coefficient d'exploitation. Cette estimation montre qu'il existe une
relation significative entre la probabilité de faillite et la variable
de spéculation SP1. Ce qui vérifie l'hypothèse H.2.1 qui
postule que la proportion du portefeuille-titres commercial dans l'actif total
exerce une influence significative sur le risque de faillite d'une banque.
Cette relation qui est positive indique que lorsqu'il y a une augmentation
d'une unité de proportion de portefeuille-titres commercial dans l'actif
total entraîne une augmentation de 0,61% de probabilité de
faillite. Ce qui permet la vérification de l'hypothèse H.2.1.
Cette estimation montre aussi qu'il y a une relation
significative entre la probabilité de faillite et le risque de
liquidité ce qui vérifie l'hypothèse H.2.3. Cette relation
qui est négative indique que lorsqu'il y a une augmentation d'une de
risque de liquidité entraîne une diminution de 0,09% de
probabilité de faillite. Ce résultat peut être
expliqué par une bonne utilisation des ressources par les banques
tunisiennes qui arrivent à améliorer la qualité de leurs
actifs c'est-à-dire leur rentabilité et donc réduire leur
probabilité de faillite.
Pour les autres variables qui sont le coefficient
d'exploitation et le degré de spéculation SP2 (la part de Produit
Financiers Hors Intérêts dans le produit net bancaire)
s'avère n'avoir aucun effet sur la probabilité de faillite. Ces
résultats confirment le rejet d'hypothèses H.2.1 et H.2.4.
Une remarque importante qu'il faut noter est que la constante
du modèle est peu importante (0.11%) ce qui montre qu'il y a d'autres
facteurs communes, à part la spéculation les dépôts
et les charges d'exploitation, à toutes les banques de
l'échantillon qui peuvent influencer la probabilité de faillite
des banques tunisiennes.
Il faut noter aussi que le modèle est globalement
significatif, avec une probabilité (f-statistic6(*)) = 0,0000000. De même, ce
modèle présente un ajustement linéaire de nuage des points
moyen d'une proportion presque de 62,7%.
Récapitulant d'une revue de littérature les
études antérieures avec la présente étude, on a
résumé les résultats dans le tableau suivant :
Tableau 8 :
Récapitulation des résultats des études
Etude
Variable
|
Z.S. * (2004) (rendement ROA)
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Z. S. * (2004) PR
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P. et M. ** (Argentine) (2001)
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P. et M. ** (Corée) (2001)
|
Etude du mémoire (ROA)
|
Etude du mémoire (PR)
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Portefeuilles titres commerciales/Actif Total (SP1)
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S -
|
S -
|
|
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NS
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S +
|
Produits Financier Hors Intérêt/Produit net
financier (SP2)
|
NS
|
NS
|
|
S +
|
S -
|
NS
|
Total dépôts /Passif Total (RL)
|
S +
|
S +
|
|
|
NS
|
S -
|
Frais d'exploitation /Résultat d'exploitation (CE)
|
S -
|
S -
|
NS
|
NS
|
S -
|
NS
|
Résultat net /Capitaux propres
|
|
|
|
S+
|
|
|
Résultat net/Actif Total
|
|
|
S+
|
|
|
|
Prêts à risques/prêts totaux et caution
|
|
|
S +
|
|
|
|
Prêt totaux/total de dépôt
|
|
|
S -
|
|
|
|
Capitaux propres/prêts totaux
|
|
|
S -
|
|
|
|
Produits financiers nets/Investissement productifs
d'intérêt
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|
|
|
S +
|
|
|
Actifs disponibles/Dépôts + Emprunts
|
|
|
|
S +
|
|
|
S : variable significative
S + : variable significative positive
S - : variable significative négative
NS : variable non significative
* Z. S. : L'étude de Saadoui (2004) porte sur un
échantillon de dix banques commerciales tunisiennes de 1991 à
2002. Il estime trois modèles économétriques de
donné de panel reliant le rendement et la probabilité de faillite
aux degrés de spéculation, risque de liquidité et
coefficient d'exploitation.
** P. M. : l'Etude de Plihon et Miotti (2001) porte sur
les banques saines et défaillantes en argentine et en Corée. Ils
ont utilisé des modèles économétriques
(méthodes Probit et Moindres Carré Ordinaire)
Après avoir analyser les résultats de
l'estimation, on peut vérifier que la part des produits financiers hors
intérêts provenant d'opérations hors intermédiation
traditionnelle dans le produit net bancaire affecte négativement le
rendement des banques tunisiennes et que la qualité de gestion affecte
plus que le comportement spéculatif. Ainsi que, l'estimation du
modèle concernant la probabilité de faillite montre que
l'augmentation du risque de liquidité diminue la probabilité de
faillite et que le comportement spéculatif mesuré par SP1
augmente la faillite chez les banques tunisiennes de dépôt.
Conclusion
Ce travail de recherche a porté
essentiellement sur la notion de risque et de vulnérabilité des
entreprises, est l'importance du diagnostic financière pour
préciser le degré de risque au sein de l'entreprise et trouver
des solutions pour sortir des situations difficiles, surtout lorsqu'il s'agit
d'une crise financière qui peut être l'un des causes des risques
rencontrés par les entreprises (banques...).
La cause de la crise se situe principalement dans une
envolée considérable de l'endettement et en particulier des
acteurs privés. Cette envolée elle-même a pour cause le
système de réserves bancaires fractionnelles et la part
croissante des banques et autres acteurs privés dans la création
monétaire. C'est à ce niveau fondamental qu'il faut agir de
façon prioritaire et surtout radicale si l'on entend éviter une
nouvelle crise dans 50 ou 80 ans. Cela signifie donner à la banque
centrale un objectif de pilotage du niveau de l'endettement privé et
réguler très fortement l'activité financière pour
réduire l'ampleur tant des phases d'exhubérance que des phases de
dépression.
Après une estimation économétrique des
régressions reliant les rendements et la probabilité de faillite
aux degrés de spéculation, coefficient d'exploitation et risque
de liquidité, une interprétation que les banques n'ont pas
réussi à intégrer les activités spéculatives
et hors intermédiation traditionnelle au sein l'ensemble des fonctions
sources de rendements et de profits. En effet ces comportements ont une
influence majeure dans l'augmentation de probabilité de faillite.
* 1 RI = (E
(ROA) + CAP) / óROA
Avec CAP = capitaux propres / total actifs
* 2 Commissions + Gains sur
portefeuille-titres commercial et opérations financières +
Revenus du portefeuille d'investissement - commissions encourues - pertes sur
portefeuille-titres commercial et opérations financières.
* 3 Produits d'exploitation
bancaire - charges d'exploitation bancaire.
* 4 Dépôts a vue
de la clientèle + dépôts d'épargne + bons et comptes
à terme et autres produits financiers + certificats de
dépôts souscrits par la clientèle + autres sommes dues
à la clientèle.
* 5 Charges de personnels +
charges d'exploitation générale.
* 6 Test de Fisher.
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