Université de Lille III
Charles De Gaulle
Pont de Bois UFR des Sciences de l'Education
Master Sciences Humaines et
Sociales Spécialité Sciences de l'Education Option Conseil
en Développement des Compétences et Valorisation des
Acquis. Année Universitaire 2006-2007
MEMOIRE PROFESSIONNEL
Organisation du dispositif RMI et impact sur le parcours
d'insertion professionnelle des allocataires RMI
Quels sont les freins institutionnels qui influent sur les
parcours d'insertion ?
Etude dirigée par Mme Anne
Barrère
Etude réalisée par Mme Dominique
Bouriez Etudiante 20207395
~~meyeie,ne~~~
Lorsque je suis revenue à l'Université, j'ai
rencontré d'autres étudiants, des chercheurs, mais surtout
moi-même.
Beaucoup ont participé, sans le savoir, à ma
re(co)naissance.
Je souhaite remercier particulièrement
:
Mme Anne Barrère, ma Directrice de
recherche, qui m'a soutenu dans ce travail de recherche, et qui m'a beaucoup
apporté tout au long de mon parcours universitaire,
Mr Francis Danvers, Directeur du Master
Conseil en Développement des Compétences et Valorisation des
Acquis, qui m'a permis d'entrer dans cette promotion 2007,
Mr Barnabé N'Kondo, que j'ai
rencontré durant cette aventure et qui a accepté de
m'épauler pour la dernière ligne droite,
Mme Nadine Maréchal qui était
toujours présente pour nous soutenir tout au long de cette
année,
Madhan, for his support, trust and patience,
UR#1
Maëva qui a compris l'importance de
cette démarche pour moi, Joël Bouriez,
mon papa, parce que sans lui... je ne serai pas...
Chantal, qui a pris le temps de relire ce
travail malgré ses obligations professionnelles et surtout
familiales,
Fabienne qui m'a toujours encouragé,
même dans les moments de doutes,
Peggy, Safia, Anne Rosalie, Marie D et Marie L, Alice,
David, Sarah, Hélène et Elisabeth, du groupe CDVA,
qui ont du supporter mon humour sarcastique et mon âme
torturée (voire tordue...),
Toute l'équipe du PLIE-ATES de
Tourcoing qui m'a accordé sa confiance et dont j'ai pu apprécier
l'engagement et le dynamisme,
Le Service Ressources Humaines de la Mairie
de Tourcoing pour son accueil,
Une pensée particulière pour Monique
Wattel, qui m'a accueillie et chouchoutée durant mon stage et
à qui je souhaite une retraite dynamique !
~~ ~~lerté commence øà
f~~~nor~~ce~~nit
Victor Hugo
SOMMAIRE
Introduction - 5 -
CHAPITRE I - La création du RMI - 8 -
I - la pauvreté comme Leitmotiv de la création du
RMI - 8 -
A- La pauvreté en tant que concept : - 9 -
1 - La pauvreté selon des critères
économiques : - 9 -
2 - La pauvreté en tant que construction sociale et
stigmate - 10 -
3 -Comment se traduit cette stigmatisation ? - 11 -
B - L'exclusion des allocataires du RMI est-elle subie ou choisie
? - 12 -
1- Le lien pauvreté/exclusion - 12 -
2- Un concept multidimensionnel - 13 -
C - Pourquoi est-il compliqué de s'insérer
lorsqu'on est au RMI ? - 15 -
1 - Les trappes : piège ou refuge ? - 15 -
2 - L'inemployabilité présumée des
allocataires du RMI : un stigmate récurrent. - 19 -
Conclusion : - 20 -
II - Mise en place d'un dispositif institutionnel - 21 -
A - Répartition des rôles au niveau national et
départemental - 21 -
Organigramme Institutionnel Départemental du dispositif
RMI - 23 -
B -Le rôle des instances locales - 24 -
1 - Le rôle des communes dans les politiques d'insertion
professionnelle. - 24 -
2 - Le conseil de développement : - 26 -
3 - Le rôle de l'ANPE dans le dispositif du RMI - 26 -
4 - Les métiers de l'insertion professionnelle : - 27
-
C - L'instruction d'une demande de RMI : conditions
d'attribution, montant, contrat
d'insertion - 30 -
1 - Les conditions d'attribution et montant au 1er
janvier 2007 : - 30 -
2 - Le contrat d'insertion : - 32 -
III - L'insertion professionnelle des allocataires du RMI : - 34
-
A - Qu'est ce que l'insertion professionnelle ? - 34 -
1 - Une histoire : - 34 -
2 - Le lien travail insertion : - 35 -
B - Les dispositifs d'aide au retour à l'emploi au travers
l'IAE - 35 -
1 - L'insertion par l'activité Economique (IAE). - 36 -
2 - Descriptif des principaux dispositifs de l'insertion par
l'économique : - 37 -
C - Le Plan Local d'Insertion pour l'Emploi / Plan Local
d'Insertion par l'Economie
(PLIE). - 42 -
1 - Qu'est ce qu'un PLIE ? - 42 -
2 - Le développement des parcours d'insertion au sein du
PLIE : - 43 -
3 - Les financements du PLIE : - 44 -
4 - Une évaluation régulière : - 45 -
5 - Le réseau partenarial du PLIE - 45 -
La formation : - 46 -
Chapitre II - Terrain et méthodologie de recherche - 49
-
1- Le choix du terrain - 49 -
A- Le PLIE de la ville de T. - 49 -
Une instance décisionnaire et gestionnaire - 49 -
B - Un PLIE pour quoi ? - 50 -
Les conditions d'entrée dans le PLIE - 50 -
C - Quels sont ses outils ? - 50 -
Quels sont les opérateurs ? - 51 -
2 - La méthodologie : - 51 -
A- Le questionnaire - 51 -
B- L'entretien - 53 -
L'entretien semi-directif : - 53 -
L'analyse de contenu de l'entretien : - 53 -
C - Le public interrogé : - 54 -
Les allocataires du RMI : - 54 -
Les chargés de mission : - 55 -
Les référents généralistes de
parcours : - 56 -
Chapitre III - Analyse, interprétation et conclusion - 58
-
I- Analyse des données - 58 -
A- Les résultats quantitatifs - 58 -
1- Qui sont les référents ? - 58 -
2 - Les missions principales du référent
généraliste de parcours exprimées par les
référents - 59 -
3 - Comment travaillent les référents et avec qui ?
- 60 -
4 - Les partenaires pour la mise en place d'une formation lors
d'un parcours
professionnel : - 61 -
5 - Le contrat d'insertion - 61 -
6 - Combien de personnes les référents
accompagnent-ils en moyenne chaque année ?....-
62 -
|
|
7 - Quelles sont les priorités données aux
référents dans leur mission ?
|
- 62 -
|
8 - Critères d'inemployabilité invoqués par
les référents :
|
- 65 -
|
9 - Principaux freins pour l'accès aux dispositifs
d'accès à l'emploi :
|
- 66 -
|
Conclusion :
|
- 67 -
|
B - Analyses et interprétations des entretiens
|
- 69 -
|
1 - Un parcours d'insertion professionnelle balisé
|
- 69 -
|
2 - Des acteurs de terrain face aux exigences institutionnelles
|
- 75 -
|
3 - Un partenariat fondamental
|
- 86 -
|
4 - Représentations et attentes des allocataires du RMI
vis-à-vis du dispositif.
|
- 98 -
|
C- Quelques pistes de travail
|
- 102 -
|
1 - Un partenariat actif et collaboratif
|
- 102 -
|
2 - Mieux communiquer
|
- 105 -
|
3 - Aider l'élaboration du parcours d'insertion
|
- 107 -
|
4- Des freins institutionnels puissants
|
- 109 -
|
5 - Un public en demande
|
- 111 -
|
Conclusion générale
|
- 116 -
|
INDEX
|
- 120 -
|
Bibliographie
|
- 121 -
|
Entretien avec Charles, référent RMI.
|
- 128 -
|
Entretien avec Alex, Référent
généraliste de parcours
|
- 145 -
|
Entretien avec Fabienne, titulaire RMI, ex contrat d'Avenir.
|
- 157 -
|
Entretien Gaël , PLIE
|
- 172 -
|
Questionnaire destinés aux référents et
conseillers insertion
|
- 192 -
|
Quelques textes et graphiques essentiels
|
- 201 -
|
|
- 4 -
|
Introduction
En reprenant mes études il y a 3 ans en Licence Sciences
de l'Education, j'étais loin d'imaginer le tournant qu'allait prendre
cette nouvelle orientation.
Professionnelle du social, j'étais
décidée à divorcer de ma vocation première,
à savoir : accompagner les personnes dans leurs difficultés
sociales, familiales et professionnelles, et les aider à cheminer dans
leur parcours, vers un mieux être.
Cette rupture avait été provoquée
à la suite d'un licenciement difficile, durant lequel j'ai pris
conscience que le monde du social n'avant pas toujours un regard bienfaiteur
sur les personnes qu'il prétendait soutenir.
Aussi, mon projet initial fut d'obtenir la licence pour me
diriger vers le métier de formatrice. Pourtant, au fur et à
mesure de propre parcours universitaire, je découvrais le plaisir de la
découverte, de la lecture, de la compréhension des choses au
travers la théorie, de la réflexion que cela pouvait
engendrer.
En arrivant en Master Professionnel Conseil en
Développement des Compétences et Valorisation des Acquis, j'avais
préalablement réfléchis au thème que je souhaitais
approfondir.
En réalité, ce n'était pas un thème,
mais un public : les allocataires du Revenu Minimum d'Insertion.
Les lectures préalable à mon entrée dans
le Master m'avaient permis d'avoir un regard distant sur mon expérience
personnelle et professionnelle ; mon questionnement était simple et
complexe à la fois : malgré les outils mis en oeuvre dans le
dispositif RMI, les résultats en termes de sortie du dispositif, par un
retour à l'emploi, sont relativement médiocres. Quelles en sont
les causes ?
Je voulais comprendre ce qui ne fonctionnait pas. Les
accusations montrant du doigt les allocataires du RMI, les targuant de
« bons à riens », de « profiteurs »,
m'horripilaient : j'avais été, moi aussi, de l'autre
coté de la barrière, et je savais ce qu'était d'être
enfermé dans un statut, un état « d'assisté
».
J'avais connu des difficultés considérables pour
sortir la tête hors de l'eau, me souvenant des réponses qui
m'étaient alors faites par les agents des institutions lorsque je
tentais de me sortir de cette situation : « vous n'y avez pas droit
», « nous n'avons pas de solutions miracles ».
Cet isolement, cet abandon ressenti durant ma période
d'errance personnelle et professionnelle ont contribué à
l'élaboration de mon cheminement dans cette démarche de
recherche.
Si je m'en étais sortie, c'est parce que j'avais pu
bénéficier d'une mesure d'aide au retour à l'emploi,
appelée « contrat emploi jeune », mais aussi par la
construction d'un projet d'insertion professionnelle, en préparant un
BTS en Economie Sociale et Familiale. Cette mesure d'insertion m'avait servi de
tremplin, car j'avais élaboré et cheminé seule mon projet.
Aussi, j'avais pu accéder à ces deux étapes de
professionnalisation qu'étaient la formation et l'emploi en contrat
aidé.
Néanmoins, ce n'était pas sans m'être
battue pendant près de deux ans, à m'entendre dire que je ne
pouvais accéder à aucune formation, qu'il n'y avait pas d'horizon
pour moi, que j'étais condamnée à rester
cloîtrée dans le monde glauque de l'assistanat.
Ce type d'expérience reste gravé à jamais
dans votre mémoire, laissant des traces dans votre parcours de vie : on
n'oublie jamais lorsqu'on a touché le fond.
Alors, forte de mon expérience personnelle mais aussi
de mon expérience professionnelle qui m'avait conduit à
accompagner des personnes allocataires du RMI dans « leurs
démarches d'insertion », je me suis posée la question
suivante :
Si, malgré les outils mis en place pour favoriser le
retour à l'emploi, les allocataires du RMI restent dans le dispositif,
peut être que leur accès n'est pas facilité. Alors, c'est
l'organisation du dispositif qui serait en cause.
Mon hypothèse part du postulat que c'est l'organisation
du dispositif qui englue les parcours d'insertion, enfermant les allocataires
dans ce système, les empêchant donc d'accéder à des
outils qui augmenteraient leur employabilité.
Comment se traduisent ces freins ?
Au cours de mes lectures, j'ai tout d'abord cherché
à comprendre comment s'organisait le dispositif RMI du point de vue
institutionnel. C'est pour cela que ma recherche concerne plus
particulièrement l'organisation du point de vue territorial, en
s'orientant sur le département et la commune.
Finalement, il était intéressant de regarder
l'organisation interne du dispositif RMI, l'articulation entre l'institution et
le terrain, et l'impact de cette organisation sur les parcours d'insertion.
En partant de l'hypothèse que l'organisation du
dispositif freinait les parcours d'insertion, je cherchais à
vérifier quelles étaient les relations existantes entre
l'institution et le terrain, et comment l'institution était à
même de contrôler le dispositif du point de vue local.
Cette analyse des pratiques institutionnelles et
professionnelles permet de mettre en lumière certains freins, mais vise
surtout à faire une analyse critique d'une partie du dispositif RMI : le
parcours d'insertion.
La prise de conscience des obstacles existants et
l'objectivation de la réalité, peuvent contribuer à faire
émerger une autre façon d'agir et de penser l'insertion
professionnelle des allocataires RMI.
C'est pourquoi la partie théorique présentera le
dispositif RMI, en comprenant dans quelles circonstances il est apparu, et les
concepts sous-jacents qui s'y rapportent, tels que la pauvreté et
l'exclusion.
La question de la trappe à exclusion sera abordée,
puisqu'elle est l'un des concepts récurrent des études que nous
avons pu lire, et qu'elle est au coeur de notre questionnement.
La présentation du dispositif RMI d'un point de vue
organisationnel, et des rôles de chaque acteur permettra de cadrer
l'environnement politique et institutionnel dans lequel nous allons
évoluer. Puis, l'orientation de la réflexion se tournera vers
l'insertion professionnelle des allocataires du RMI, en se focalisant plus
précisément sur l'Insertion par l'Activité Economique
(IAE).
La partie méthodologique de ce travail présentera
le terrain de recherche sélectionné et étudié, les
méthodes de recherche utilisées et les personnes
interrogées durant les entretiens.
La dernière partie de ce mémoire sera
consacrée exclusivement à l'analyse des données et leur
interprétation, et engendre une sous-partie dédiée aux
pistes de travail possibles, pour tenter de réduire les freins qui
auront été mis en avant.
Cette recherche est une analyse critique du dispositif RMI, mais
elle est aussi un plaidoyer pour un travail social de qualité,
garantissant une certaine efficacité.
Le RMI est né d'une volonté de solidarité
nationale, pour faire face aux conséquences de la précarisation
de la vie. Mais les « premiers secours » se sont transformés
en « soins palliatifs » de lutte contre le chômage.
Nous allons tenter d'en comprendre les raisons et les
conséquences.
CHAPITRE I - La création du RMI
Créé en 1988, le RMI doit apporter une
réponse aux nouveaux phénomènes de pauvreté.
Constitué au nom de la solidarité nationale, le RMI permettait
alors « à toute personne qui se trouve en incapacité de
travail en raison de son âge, de son état physique et mental, ou
de la situation de l'économie et de l'emploi » (Article 1 de
la loi du 1er décembre 1988 sur le RMI) d'obtenir de la
collectivité des moyens convenables d'existence.
Impulsé par deux rapports, celui du père
J.Wresinski et celui de G. Oheix, le RMI fut proposé par le Ministre de
lutte contre les exclusions et contre la pauvreté Claude Evin, sous la
coupe du gouvernement Rocard, et fut adopté à
l'unanimité.
Claude Evin insiste sur les deux caractéristiques de ce
projet de loi :
· D'une part, une volonté de souplesse du
dispositif, qui est une allocation versée au titre de la
solidarité nationale et qui implique le maillage local d'intervention
pour une meilleure coordination du dispositif.
· D'autre part, la volonté de mettre en place un
partenariat engagé et associant la totalité des acteurs, de
l'Etat aux bénéficiaires, en passant par les collectivités
locales et les associations.
Le RMI est alors destiné aux personnes
âgées de plus de 25 ans. L'insertion sociale et professionnelle
des personnes en difficulté constituait dès lors un
impératif national, et « le RMI est l'un des outils du
dispositif global de lutte contre la pauvreté, tendant à
supprimer toute forme d'exclusion » (Revenu Minimum et Insertion, p
11).
I - la pauvreté comme Leitmotiv de la
création du RMI
La situation économique après la crise
pétrolière de 1972 s'est fortement dégradée,
entraînant une augmentation importante du taux de chômage, mais
aussi du nombre d'emplois précaires : les pauvres ne sont plus
considérés comme des personnes marginales, mais comme des
personnes intégrées dans le monde du travail.
Dans les années 1980, la pauvreté touche alors
le monde salarié et fragilise les individus, faisant planer son ombre
sur la carrière professionnelle de tout à chacun. Le taux du
chômage « longue durée » augmente de mois en mois, et
l'installation dans la précarité devient monnaie courante. C'est
ce que l'on appelle la nouvelle pauvreté.
En réalité la pauvreté a toujours
existé dans notre société, bien qu'elle ne touchait qu'une
population relativement marginale. Les années 60 dénoncent
l'accroissement des inégalités, et montre que
l'élévation du niveau de vie « laisse à
l'écart une partie de la population » (l'Exclusion, G.
Lamarque, p 12).
Dans ce contexte de récession économique, les
politiques tentent de répondre aux conséquences d'un
phénomène récurrent : la « nouvelle »
pauvreté. Le RMI répond à un besoin : celui de subvenir
aux besoins de base des citoyens qui n'en ont pas les moyens, en leur allouant
une allocation mensuelle, calculée sur la base du seuil de
pauvreté.
Le concept de pauvreté est donc au fondement de la
création d'un tel dispositif. Que signifie t-il, quels en sont les
critères économiques et sociologiques ? Quelles en sont les
conséquences sur la vie sociale des individus ?
A- La pauvreté en tant que concept :
Avec la fin des trente glorieuses, la pauvreté est
analysée en termes d'inadaptation et de reproduction. J. Labbens dira
même que « c'est un destin ».
Suivre cette théorie permet d'identifier les
populations cibles susceptibles d'avoir besoin d'aide sociale. Selon Merton, il
existe une culture de la pauvreté liée à la non
intériorisation des normes de la société, une sorte de
« déviance naturelle intégrée », liée
à la non socialisation.
Lewis appuiera cette thèse (Les enfants de Sanchez,
1961, La vida, 1965) en affirmant que cette culture de la pauvreté
est entretenue par des valeurs, des savoirs marginaux et des organisations en
réseau d'entraide très développés, qui permettent
un maintien de la solidarité naturelle au sein d'une communauté.
Pour lui, cette culture entraîne un comportement fataliste et
dépendant face à la pauvreté et enferme les individus dans
ce « dogme ».
En revanche, pour Leeds et Labbens, les causes sont plus
structurelles ; ainsi ils affirment que l'absence d'opportunités
objectives dans un environnement social dégradé explique la
culture de la pauvreté et non l'inverse.
Aussi, la thèse interactionniste tend à
démontrer l'influence de l'environnement sur l'état de
pauvreté, qui n'est ni une construction communautariste, ni une
déviance intégrée.
La pauvreté serait donc la conséquence de
phénomènes économiques générateurs
d'exclusion, et non pas de comportements individuels et collectifs.
Rowntree, en 1901, parle de pauvreté absolue en
déterminant le seuil minimum en deçà duquel le biologique
est menacé. Le pauvre ne peut subvenir à ses besoins de
première nécessité.
Adam Smith précise alors que « par objet de
nécessité, j'entends non seulement les denrées qui sont
indispensablement nécessaires au soutien de la vie mais encore toutes
choses dont les honnêtes gens même de la dernière classe ne
sauraient décemment manquer » (la richesse du monde, 1776).
Le concept de pauvreté est donc une variable dans le temps
et dans l'espace. 1 - La pauvreté selon des critères
économiques :
Comptabilisés à environ 500 000 personnes en
1987 dans le rapport de J. Wresinski, les « nouveaux pauvres »
ont la caractéristique commune de ne pas être en mesure de
subvenir financièrement à leurs besoins primaires. Selon G.
Lamarque, la pauvreté a « joué » comme un
facteur de cohésion pour revendiquer une amélioration des
salaires, des conditions de vie et des conditions de logement. Elle a
« servi d'argument politique » (id, p 13).
Le phénomène de nouvelle pauvreté n'est
apparu que dans le milieu des années 1980, avec pour origine la
montée du chômage, mais aussi le développement du travail
précaire. La précarité de l'emploi est un
phénomène récurrent et un nombre de plus en plus important
de ménages demandent une assistance à l'aide sociale et aux
associations caritatives. On craint alors l'apparition d'une
société duale où une partie de la population serait
rejetée.
La définition de la pauvreté reste assez diverse
: L'ONU préfère parler de misère, l'OMS considère
qu'il s'agit des populations qui ne disposent que d'une somme inférieure
ou égale à 1 dollar par jour et par individu, alors que la Banque
Mondiale a fixé un revenu de 370 dollars par personnes (en 1985) en
deçà duquel on est en pauvreté absolue.
Toutefois nous retiendrons que l'INSEE1 a
défini la pauvreté sous deux angles :
1- La pauvreté monétaire :
Le taux de pauvreté est défini comme la
proportion des ménages dont le niveau de vie est inférieur
à un montant appelé seuil de pauvreté. Il existe deux
façons de déterminer celui-ci :
- le seuil de pauvreté absolue, qui est
déterminé par rapport à la satisfaction de certains
besoins. Son montant est évalué en fonction de la
hausse des prix.
- Le seuil de pauvreté relatif, déterminé
par rapport au niveau de vie2 de l'ensemble de
la population (en France, on retient habituellement 50% du
niveau de vie médian).Son montant évolue en fonction du niveau de
vie médian de la population.
2- La pauvreté par les conditions de vie :
Un indicateur synthétique de difficultés
consiste à cumuler pour chaque ménage le nombre de
difficultés sur les 27 retenues (contraintes budgétaires, retards
de paiement, restriction de la consommation, difficultés de
logement...). La proportion de ménage cumulant 8 difficultés ou
plus est du même ordre de grandeur que le taux de pauvreté
monétaire. Aussi, en 2001, le seuil de pauvreté monétaire
est de 600€ par unité de consommation mensuelle3.
L'estimation de la pauvreté monétaire prend en
compte le degré de persistance de la situation de pauvreté
(dynamique), montrant ainsi que les taux de sortie de la pauvreté
déclinent pour ceux qui y restent le plus longtemps. Le retour
à la situation de pauvreté est quatre fois plus important pour
celui qui en sort que pour celui qui ne l'a pas encore connu. (La
documentation Française, problèmes économiques, pp 3-4,
novembre 2003, n° 2.833)
2 - La pauvreté en tant que construction sociale et
stigmate
Pour G.Simmel (Les pauvres, 1998), le pauvre ne le
devient que si la société le reconnaît en tant que tel
« c'est à partir du moment où ils sont assistés,
peut être même lorsque leur situation pourrait normalement donner
droit à l'assistance, même si elle n'a pas encore
été octroyée, qu'ils deviennent partie d'une groupe
caractérisé par la pauvreté. Ce groupe ne reste pas
unifié par l'interaction entre ses membres, mais par l'attitude
collective que la société comme totalité apporte à
son égard. Par conséquent la société ne peut
être définie (...) que par rapport à la réaction
sociale qui résulte d'une situation spécifique ».
La pauvreté est donc construite socialement et se
structure différemment selon les sociétés dans laquelle
elle se trouve. Elle est relative au niveau de vie de l'ensemble de la
société.
Les personnes pauvres contraintes de solliciter les services
sociaux, sont de suite stigmatisées.
1 INSEE : Indicateurs de pauvreté
2 Niveau de vie : quantité de biens et services
dont dispose un individu ou une famille, que ces biens ou services soient
achetés ou mis à disposition gratuitement.
3 Unité de consommation : permet de tenir
compte du nombre de personne vivant dans le ménage. Le premier adulte
compte pour une Unité de consommation, les autres pour une
demi-unité de consommation. Une partie des dépenses sont
communes. Un enfant de moins de 15 ans compte pour 0,3 unité de
consommation.
Cela entraîne une altération de leur
identité sociale au sein de la collectivité et modifie ses
rapports avec autrui. Avec le sentiment d'être à la charge de la
société, s'ajoute celui d'être socialement
dévalorisé (et défavorisé).
Selon l'étude de P.Concialdi (op, pp3-4), il
existe deux types de trajectoires de vie chez les pauvres :
Les trajectoires problématiques, avec une pauvreté
persistante, un voisinage persistant et des sorties temporaires ou des
trajectoires descendantes.
Les trajectoires non problématiques sont liées
à des situations transitionnelles. Pourtant Concialdi précise que
77% des personnes en situation de pauvreté sont dans la perspective
n°1.
La personne pauvre à tendance à se replier sur
elle-même, à réduire ses relations avec l'extérieur,
et par conséquent à réduire son réseau. Cette
exclusion s'effectue progressivement, en fonction des situations de ruptures,
des difficultés rencontrées : plus les difficultés sont
grandes, plus le repli et le sentiment d'exclusion augmente.
A la stigmatisation4 sociale, rappelée sans
cesse par autrui et les institutions (démarches spécifiques,
tarifs spécifiques...), s'ajoute la stigmatisation économique. La
personne pauvre n'est pas qu'une personne désargentée, c'est
aussi un individu marginalisé, rejeté, et cela se voit d'autant
plus dans le cadre de l'insertion professionnelle.
3 -Comment se traduit cette stigmatisation ?
Le RMI se situe bien souvent en dessous du seuil de
pauvreté (relative). Cela a des conséquences sur la vie
quotidienne des individus.
Les professionnels constatent qu'il est très difficile
pour les allocataires du RMI d'ouvrir un compte bancaire, d'assumer des
dépenses extra scolaires, d'obtenir un prêt ou encore de se
nourrir après le 15 de chaque mois. Cet enfermement économique a
des conséquences non négligeables sur la vie sociale.
Tantôt accusés de « faux chômeurs
», de tomber dans la « trappe à inactivité », ou
considérés comme les victimes du système, les allocataires
du RMI rencontrent de véritables difficultés sociales :
- un repli sur soi qui entraîne une exclusion de la vie
sociale, et une réduction de leur
réseau.
- Des difficultés d'intégration du monde du
travail, car considérés non plus comme
des travailleurs potentiels avec des compétences, mais
comme des assistés auxquels il faut tendre la main.
- Une renonciation à la santé, à l'aide
juridictionnelle
- Une peur de l'institution qui les contraint à se
justifier de leur statut de pauvre.
Une mise en accusation constante des politiques, des
institutions et d'autrui les conduit à se mettre en situation
d'échec ou d'abandon de projet comme le rappelle Serge Ebersold qui
montre que les individus se trouvent invalidés et sont
considérés tels des « handicapés sociaux ».
4 Le stigmate, selon Goffman : l'individu est dit
stigmatisé lorsqu'il présente un attribut qui le disqualifie lors
de ses interactions avec autrui. « Cet attribut constitue un
écart par rapport aux attentes normatives des autres à propos de
son identité » (Nizet, J et Rigaux N, la sociologie de Erwing
Goffman, p 26, Paris, 2005).
R. Castel montre que cette invalidation est due aux
transformations économiques et sociales engendrées par la
mondialisation et à cause de l'effondrement de la société
salariale, alors que d'autres tendent à pointer du doigt
l'incompétence des individus et leur incapacité «
à participer aux processus interrelationnels qui fondent les liens
sociaux, à communiquer positivement et à négocier leurs
compétences et leurs valeurs » (Ebersold, S., La naissance de
l'inemployable ou l'insertion aux risques de l'exclusion, Presses
Universitaires de Rennes, Paris, 2001, p 18).
Que l'on se situe sur une approche macro ou une approche
micro, la conséquence principale de ces défaillances est
l'inemployabilité supposée ou réelle des allocataires du
RMI, plus ou moins accentuée par des difficultés d'insertion
sociale à divers degrés.
Une telle stigmatisation les marginalisent et les accusent de
leur incapacité à être dans la normalité.
Elle n'est pourtant pas sans conséquences sur le
comportement des individus. Dans l'article du CREDOC, Retour à
l'autonomie des bénéficiaires du RMI, un chemin parsemé
d'obstacle, D. Chauffant et E. David nous montrent combien il est
difficile pour les allocataires du RMI de retrouver la confiance en soi, moteur
principal de l'insertion sociale et professionnelle. Cette perte de confiance
signe un repli de la personne sur soi, une désocialisation par
l'amenuisement du réseau social et professionnel, et une aggravation de
la précarité de la personne.
Cette stigmatisation sociale, mais surtout institutionnelle
nous mène à une question essentielle dans notre travail de
réflexion : quel rôle joue l'institution, au travers le dispositif
RMI, dans la précarisation des personnes qui y sont inscrites ?
L'exclusion est-elle alors conséquente de la
précarisation ?
C'est ce dont nous allons traiter dans la prochaine partie, afin
de comprendre quel est le concept de l'exclusion, à quoi nous pouvons le
rattacher, et ce que signifie être exclu.
B - L'exclusion des allocataires du RMI est-elle subie ou
choisie ?
Nous entendons quotidiennement parler d'exclusion, avec l'image
récurrente d'une situation de marginalité, de pauvreté, de
déchéance parfois.
Pourtant, le concept d'exclusion ne peut être
définit de façon aléatoire, car les croyances et les
représentations qui lui sont louées ne sont pas toujours exactes.
Aussi, bon nombre de personnes ne dissocient pas la pauvreté de
l'exclusion.
Dans cette partie réflexive sur le concept de l'exclusion,
nous verrons que s'il peut exister un lien entre la pauvreté et
l'exclusion, une telle corrélation n'est pas récurrente.
Aussi, après avoir brièvement exposé ce
qui lie la pauvreté à l'exclusion, nous nous intéresserons
à multi dimensionnalité de ce concept, et surtout aux causes
réelles de l'exclusion.
1- Le lien pauvreté/exclusion
J.Labbens montre que la pauvreté est la
conséquence et la cause d'un statut dévalorisé. Mais la
pauvreté comme construction sociale est évoquée par
G.Simmel (Les pauvres, 1908) qui dit « le fait que quelqu'un soit
pauvre ne signifie pas encore qu'il appartienne à la catégorie
spécifique des pauvres. Il peut être un pauvre commerçant,
un pauvre artiste ou un pauvre employé, mais il reste situé dans
une catégorie définie par une activité spécifique
ou une position ».
Il ajoute que les pauvres qui ont une position sociale ne sont
pas ceux qui en souffrent le plus, mais ce sont ceux qui demandent assistance
et qui admettent ainsi ne plus être dans la norme sociale, ne plus avoir
de catégorie dans laquelle se positionner.
S. Paugam (1996) construit 3 idéaux-types de la
pauvreté :
|
La pauvreté intégrée, caractéristique
des régions sud et dont le taux est élevé, mais dont la
stigmatisation est moindre et ou la solidarité naturelle existe.
La pauvreté marginale qui concerne une minorité
de gens considérés comme inadaptés et voués
à l'assistance. Ce statut est fortement dévalorisé et
existe particulièrement dans les pays du nord de l'Europe.
La pauvreté disqualifiante, qui est le résultat
du processus de rejet, en marge du monde de la production (travail). Elle est
associée au chômage et au développement de la
précarité. Elle est aussi nommée exclusion.
|
2- Un concept multidimensionnel
Le terme exclusion est né dans les années 1960
(l'exclusion sociale, Klanfer, 1965) pour s'imposer dans les années
1990. Considérée comme une notion floue par S. Paugam, elle
implique le concept d'inclusion, et montre que l'individu appartient à
différents groupes de la société, tels que la famille, les
amis, l'école, le travail, etc.... L'inclusion et l'exclusion sont
intimement liées, même s'il est nécessaire de rappeler que
l'exclusion n'est jamais exclusive (totale), bien qu'il soit difficile d'en
délimiter les champs. On peut alors être exclu de l'emploi, de
l'éducation, du logement, de l'un ou/et de l'autre. C'est l'accumulation
des facteurs qui entraine l'exclusion.
L'exclusion ne frappe pas au hasard, tout comme la grande
pauvreté liée au chômage et la précarité qui
touche essentiellement les catégories populaires. Elle est
l'accumulation de handicaps sociaux dont la pauvreté fait partie. La
pauvreté n'est donc pas le seul critère d'exclusion
Paugam (Exclusion, l'état des savoirs), conçoit
l'exclusion comme un « concept-horizon » : ce qui fait de l'exclusion
un concept familier qui est dû à l'apparition de nouvelles formes
de pauvreté mais aussi de son caractère multidimensionnel. En
effet, l'exclusion des années 1990 n'est pas comparable avec la grande
pauvreté que la société avait connue jusque là,
c'est-à-dire une pauvreté marginale. Depuis les années
1980, la pauvreté concerne de plus en plus d'individus et exclut de
façon arbitraire certains types de population, qui ne connaissent jamais
l'intégration (l'inclusion) à cause d'une activité
professionnelle inexistante ou parce qu'ils entrent très rapidement dans
l'assistance. Cela pose la question du risque de la société duale
dont nous parlions précédemment, et surtout de la
dégradation de la cohésion sociale, du ciment social dont nous
parlait déjà Durkheim.
Le lien social est constitué des «
échanges qui naissent de la collaboration, du travail en commun, ceux
qui s'établissent à l'intérieur de la famille et à
l'occasion de relations sociales plus larges » (D. Schnapper,
1996).
La précarisation de l'emploi, et l'affaiblissement des
liens familiaux entrainent dans leur chute la cohésion sociale à
l'intérieur de la société, et avec elle, le sentiment de
solidarité naturelle.
Oscar Lewis associe l'isolement des personnes exclues à
l'instabilité du lien familial et à la diminution de la
solidarité naturelle.
L'isolement serait donc le critère essentiel de
l'exclusion et Dubet et Vérétout démontrent cette
théorie en montrant que la disparition du réseau entraîne
l'exclusion5.
Cependant, la pauvreté économique n'entraîne
pas forcément l'exclusion, et la pauvreté peut faire l'objet
d'une culture, entretenue par les individus.
C'est pourquoi il est important, pour pallier à ce
phénomène d'exclusion, de recréer un réseau autour
des individus, avec des associations et des travailleurs sociaux, qui lui
permettent de tisser des liens qui le lient à la société
dans laquelle il vit. C'est dans cette optique que les politiques publiques
soutiennent les actions en faveur de la cohésion sociale, et par
ailleurs que la loi de cohésion sociale a été mise en
place.
Le sentiment de la perte d'un statut social peut alors
être limité par un réseau relationnel suffisamment large,
permettant à l'individu d'être inclus dans la
société malgré son exclusion économique.
Toutefois la frontière entre « les exclus »
et le reste de la société devient de plus en plus floue et
constitue une menace perpétuelle de l'exclusion, ébranlant alors
la cohésion sociale (Robert Castel, les métamorphoses de la
question sociale, 1995).
Si la société duale que l'on craint n'existe pas
encore, la précarisation de la vie s'accentue et n'exclut personne.
L'exclusion menace chaque individu, et déstabilise ses
représentations, ses valeurs, son identité. C'est encore plus
vrai pour les allocataires du RMI, qui font face à une stigmatisation
récurrente de leur statut social.
On comprend alors l'importance de ce concept dans la mise en
place des dispositifs RMI. En effet, la prise en compte des conséquences
du phénomène d'exclusion dans la mise en place d'un parcours
d'insertion est primordiale, et permet un diagnostic relativement précis
du degré d'exclusion de la personne accompagnée.
En outre, la réponse institutionnelle faite au travers
la loi contre les exclusions de 1998 met en place de nouveaux droits sociaux et
une approche de l'intégration par la citoyenneté et les droits
des personnes, dans l'idée d'une création d'un réseau
autour de l'individu.
Notons malgré tout un retour en masse des politiques
publiques plus incitatives, qui poussent à la reprise d'une
activité économique, en faisant le constat de l'échec des
dispositifs d'insertion actuels, mais en pointant surtout l'existence d'un
groupe social d'assistés, responsables de leur propre exclusion.
François Dubet et Yannick L'Horty nous permettrons, par
leurs études et leurs réflexions sur ce sujet, de démentir
l'idée que l'assistanat serait une manière de vivre choisie
plutôt que subie.
Notre réflexion s'attardera à montrer que
l'institution, par une politique de retour au travail substituée
à la politique d'un retour à l'emploi, participe largement
à la précarisation des publics en difficultés, et à
leur enfermement dans cette trappe de l'insertion professionnelle.
5 Voir la partie concernant les trappes
C - Pourquoi est-il compliqué de s'insérer
lorsqu'on est au RMI ?
Nous l'avons vu précédemment, la stigmatisation
entraîne une altération de l'identité de la personne. Dans
le cas de l'allocataire du RMI, cette stigmatisation a pour conséquence
une perte de la confiance en soi et de son autonomie, les assimilant à
de « simples assistés ». Pourtant, si certains arrivent
à garder et à tisser un réseau social, nombre d'entre eux
glissent lentement vers l'exclusion, et ce, au vue de la durée
d'entrée dans le dispositif.
Nous pouvons alors revenir sur le dispositif RMI qui
accompagne les personnes dans leur projet d'insertion et se poser la question
de savoir si l'organisation de ce dispositif ne tend pas à
considérer l'allocataire comme en incapacité de se prendre en
charge, entrainant une mise sous tutelle quasi-systématique :
L'allocataire se laisse t-il envahir par le sentiment d'exclusion, où le
système lui retire t-il sa liberté d'agir et de penser, au nom de
sa « déviance sociale » ?
La pression exercée sur les chômeurs et les
Rmistes, au travers de l'injonction de travailler, n'entraîne telle pas
un sentiment de soumission, un sentiment de dû en échange de
l'aide sociale qui lui est accordée ?
Finalement, l'allocataire du RMI n'est-il pas poussé
vers la trappe à inactivité par le système qui ne propose
que des solutions à court terme, inefficaces en termes de retour
à l'emploi ?
.
1 - Les trappes : piège ou refuge ?
Des auteurs comme F. Dubet, L'Horty, Guillemot ou Y. Benarrosh
se sont penchés sur ce concept de trappe, et posent la question de
savoir si ces trappes sont provoquées par les individus eux même
ou par le système tel qu'il est proposé aujourd'hui.
Dans son article les trappes d'inactivité :
chômage volontaire ou chômage de résistance (Revue Travail
et emploi, p73, Juillet 2003), Y. Benarrosh part de l'hypothèse que
« une situation de trappe potentielle existe lorsqu'il n'y a pas de
différence significative entre salaire et revenu de remplacement (...)
lorsque les individus sans emploi n'ont pas financièrement
intérêt à accepter les emplois auxquels ils peuvent
prétendre ». De part cette hypothèse, on peut se
positionner sous deux angles : soit l'individu est calculateur, soit le
système l'enferme dans le dispositif.
C'est ainsi qu'en traitant de la question du rapport de
l'individu au travail, Benarrosh montre que le refus de travailler de certaines
personnes n'est pas nécessairement en corrélation avec la
question économique : il existerait une résistance à une
forme de travail précaire n'améliorant pas les conditions
d'existence des personnes potentiellement employables.
Un autre facteur entre en jeu : la situation familiale, qui
permet de comprendre les attitudes vis-à-vis de la reprise d'une
activité salariée. Les femmes, et plus particulièrement
les femmes seules connaissent de vraies difficultés à concilier
vie professionnelle et vie familiale ; leur employabilité est en
corrélation avec leur flexibilité.
Aussi, Benarrosh décèle deux types de public
enfermés dans ces trappes : les résistants que nous
venons d'évoquer et les inemployables, victimes de leur âge
jugé trop élevé.
Benarrosh évoque alors que « si ce n'est pas
le comportement des intéressés qui les fait tomber dans la
trappe...alors c'est leur état qui est en cause : car ils n'ont pas de
place sur le marché actuel du travail » (id, p 76).
Le système considère que l'individu est
enfermé dans une trappe à partir du moment où il y a refus
ou impossibilité d'accepter les propositions d'emploi : c'est alors
présager de la mauvaise foi de celui-ci à ne pas vouloir
répondre « positivement » à la charité
collective.
a- Le sens du travail :
Benarrosh met en évidence que les individus acteurs de
leur parcours d'insertion considèrent le RMI comme une étape
transitoire durant laquelle ils mettent en oeuvre des stratégies
d'insertion (formation, création d'entreprise...) ne leur permettant pas
d'accepter des emplois considérés comme précaires. Le
niveau d'exigence de ce public peut alors s'appuyer sur la dynamique de
parcours qu'il a engagé ; de ce point de vue, il serait donc
prémédité de considérer cette situation comme une
trappe de précarité.
Le refus du travail précaire est alors un refus de
l'instabilité et de la précarité doublé d'une
volonté d'assurer un revenu continu et exempt de toutes contraintes de
temps et de rentabilité. « Le rapport au travail
détermine le refus aux emplois accessibles » (id, p77).
Un autre public refuse la précarité au travail :
ceux qui n'ont connu que les petits boulot et les emplois aidés ;
Ceux-là même qui aspirent à fonder une famille et à
s'installer, et qui résistent à la précarité de
l'emploi en refusant tout contrat ne leur permettant pas de se stabiliser
professionnellement. Pourtant, Benarrosh rappelle que ce public qui n'a connu
que le travail précaire, et qui refuse aujourd'hui cette
précarité, risque de s'enfermer dans une spirale, en misant tout
sur le CDI.
Quant à l'individu « calculateur », il est
évident que l'acceptation d'un emploi à temps partiel fait perdre
des droits qu'il est très difficile de recouvrer, mettant en balance une
situation matérielle et financière très difficile, et
fragilisant le projet d'insertion. La projection dans l'avenir est alors
interrompue de part le déséquilibre familial et financier que
l'acceptation d'un travail entraîne. Aussi, Y. L'Horty, in les gains
du retour à l'emploi, p6, appuie cette théorie en affirmant
que les gains immédiats d'un retour à l'emploi ne sont pas les
plus déterminants. Il évoque ainsi trois autres facteurs :
l'accessibilité des « bons emplois », la
sécurité de l'emploi et la carrière salariale.
Accepter la précarité de l'emploi, c'est
accepter de s'enfermer ou d'être enfermé dans une trappe. Mais
pour le système, refuser l'emploi, c'est s'enfermer dans la trappe
à inactivité, de part le temps consacré au projet
d'insertion.
Nous avons ici deux poids, deux mesures : le concept de trappe
diffère que l'on soit du côté du public ou de
l'institution.
La logique « politique » voulant permettre aux
individus d'élaborer un parcours d'insertion est contrecarrée par
une logique économique qui voudrait limiter fortement le temps
consacré à ce parcours.
Aussi, dès que l'individu reste « trop longtemps
» dans une logique de parcours, il est classé par le système
comme enfermé dans la trappe à inactivité.
En réalité, il ne l'est pas, puisqu'il
élabore une stratégie d'insertion.
Le système libéral s'appuie sur la notion de
trappe de deux façons : la trappe à inactivité qui
reçoit les mauvais chômeurs (ceux qui refusent les
emplois précaires), et la trappe à précarité, qui
reçoit les bons chômeurs qui travaillent à
n'importe quel prix.
Benarrosh évoque plusieurs types de trappes : la trappe
d'inactivité motivée par le non emploi, et la trappe de
pauvreté, qui elle n'a rien à voir avec le fait que l'on accepte
ou que
l'on refuse les emplois proposés (accepter un emploi
précaire ne sort pas, loin de là, de la pauvreté...voire
même l'accentue).
On a alors deux visions du rapport au travail : la vision
politique et la vision du public. La vision politique ne voit dans le travail
qu'une fonction instrumentale de ressources financières, alors que le
public voit dans le travail avant tout une stabilisation de la vie familiale et
sociale qui permet d'avoir sa place dans la société.
L'Horthy évoque par ailleurs le bon et le mauvais
emploi : le bon emploi étant celui que l'on souhaite occuper (c'est
alors une activité professionnelle), alors que le mauvais emploi est
celui que l'on occupe « faute de mieux » (c'est alors un travail de
subsistance) (id, p 10). Pourtant Y. Benarrosh rappelle à juste titre,
que le choix de l'emploi que l'on occupe n'est réservé
qu'à l'élite de la société, mais que celui-ci est
très présent chez les personnes sans emploi.
L'individu étiqueté comme RMIste choisit, lui
aussi « de dire non à un emploi » (p74). Comme le
note Benarrosh, « ce qui est refusé (...) ce n'est pas le
travail comme tel, ce sont les différentes caractéristiques
afférentes tantôt au contenu du travail, tantôt à ses
conditions d'exercices ou encore à ses deux aspects » (p74).Le
refus de l'emploi à ce niveau est donc un refus de l'enfermement dans la
précarité et une revendication à la stabilité
professionnelle. D'autre part, ce droit au refus dépend des ressources
des individus en termes d'expériences professionnelles et de
compétences et ne serait pas, pour Benarrosh, un enfermement dans une
trappe.
Si l'institution les considèrent comme enfermés,
les individus, (qui eux, considère le RMI comme une période de
remise à niveau, d'élaboration d'une stratégie de remis
à l'emploi selon leurs besoins et leurs aspirations) font valoir leur
droit de refus de part l'incohérence de ce qu'il leur est proposé
et de ce à quoi ils aspirent.
Le concept de trappe serait alors un concept
politico-économique, classant les publics et les stigmatisant par un
pointage de leur « mauvaise foi » à accepter un emploi
à n'importe quelles conditions. La pression exercée par les
politiques « en faveur de l'emploi » peut être très
forte (par exemple le suivi mensuel des demandeurs d'emploi, les
positionnements sur des emplois aidés...) engendrant une stigmatisation
importante.
Notons le décalage important qui existe entre le
comportement attendu et le comportement réel : la société
voudrait imposer à chaque chômeur et Rmiste un retour à
l'emploi dans n'importe quelles conditions, avec l'idée charitable de
donner du travail comme on offre un morceau de pain dont il faut se
contenter.
Pourtant c'est sans compter sur le sens que donne l'individu
à son existence, aux valeurs qui gèrent sa vie. L'Horthy
précise d'ailleurs que le projet professionnel existe toujours chez les
allocataires, ce qui a le mérite de leur apporter motivation et sens
à leurs recherches d'emplois.
Malgré tout, cette capacité de choix se
réduit selon plusieurs critères, en particulier celui de la
configuration familiale, qui peut provoquer un enfermement dans
l'inactivité par l'impossibilité des individus à
équilibrer leur vie professionnelle et familiale. Marc Gurgand appuie
cette idée en affirmant que la composition familiale est un
élément important du comportement sur le marché du travail
(p3). Pour lui, les personnes seules seraient d'ailleurs plus motivées
à la reprise d'un emploi (p3), sous entendant ainsi que la famille
pourrait être un frein à l'insertion professionnelle.
Lorsque Y. L'Horty se penche sur le retour à l'emploi
des allocataires RMI, il fait le constat que ceux-ci finissent par accepter un
travail à plus où moins long terme ; les raisons
évoquées sont de « penser à demain, à se
sortir du RMI » et les difficultés de gestion du RMI. (p 17 et
18).
Cette remise au travail souvent impulsée par
les emplois précaires (Contrat d'Avenir, Contrat d'Accès à
l'Emploi) augmenterait, d'après l'auteur, les chances d'accession aux
« bons emplois », sécuriserait les revenus (contrairement aux
affirmations de Benarrosh) et permettrait une progression salariale. (p19).
Comment expliquer le positionnement différent de Benarrosh
et de l'Horty sur la sécurisation des revenus ?
Alors que Benarrosh se positionne sur le temps présent,
l'Horty choisit de voir les effets de la reprise d'une activité sur le
long terme. En effet, si la perte de droits en termes de reprise
d'activité est évidente dans l'immédiat, elle est, selon
l'Horty, compensée dans le temps (il parle de « gains
différés », p 19).
L'Horty appuie par ailleurs son argumentation sur les
conséquences positives de l'emploi sur le réseau de l'individu et
balaye d'un revers de la manche l'idée qu'un travail peut être
dévalorisant, affirmant que c'est le fait d'être actif et non le
travail en lui-même qui est important.
Par ce fait, l'Horty apporte un élément nouveau
sur le rapport au travail et l'importance sociale de celui-ci : pour lui,
l'individu s'épanouit par l'activité travail et non par les
activités effectuées dans le travail. (p20).Aussi, « le
mauvais emploi doit pouvoir garantir une évolution de la situation
financière et professionnelle à plus long terme » (p33)
même si cela relève aussi de la prise de risque, d'un «
hasard de circonstances » (Dubet)
F. Dubet et A. Vérétout précisent cette
pensée en écrivant que « les individus ne choisissent
pas seulement un emploi et des revenus : ils choisissent aussi un travail
» (F. Dubet et A. Vérétout, une «
réduction » de la rationalité de l'acteur. Pourquoi sortir
du RMI ?, revue française de sociologie, 42-3, 2001, pp
407-436).
b - Un travail pour sortir de la précarité
?
La réalité met en avant l'existence de la trappe
à pauvreté grâce au retour à l'emploi du public RMI
: le retour à l'emploi ne fait pas sortir de la pauvreté ;
En effet, 1/3 des allocataires du RMI en reprise d'emploi
n'ont aucun gain financier, ce qui infirme l'hypothèse disant que c'est
le comportement des individus face à l'emploi qui entraine
l'inactivité.
A l'inverse, la recherche d'un travail coûte cher et
accroît les difficultés financières de l'individu, avec
« les limites financières auxquelles ils se heurtent »
(Dubet, p 413).
Seuls 10% des allocataires ont refusé un travail en
1996, selon Guillemot, avec comme motifs évoqués
l'inadéquation du travail proposé par rapport à
l'expérience et aux compétences, ou encore l'éloignement
du domicile. Sur ces 10%, seuls 13% ont refusé l'emploi pour cause de
faiblesse de revenu. En fait, Guillemot pose ici un problème de taille
et relativement tabou : si les allocataires du RMI ne trouvent pas de travail,
c'est parce qu'on ne leur en offre pas (p15, Guillemot)
La trappe à chômage serait provoquée par
une dés-incitation financière et le manque d'offre d'emploi en
direction de ce public, marquée d'une certaine discrimination.
L'individu ne trouve pas de travail, même à tout prix et le public
RMI reste celui le plus touché par la
pénurie de l'emploi, malgré un niveau
d'exigences de leur part assez peu élevé sur les
rémunérations. D'ailleurs, selon Guillemot, cette pénurie
augmenterait au fur et à mesure que la « valeur » de
l'individu baisse...
Constat est alors fait que la reprise d'emploi se fait via les
contrats précaires, enfermant les personnes dans la pauvreté dont
1/3 en emploi aidés, 1/4 en CDD, 15% en indépendants, et 15% en
CDI. D'autre part, 60% des personnes en reprise d'emploi sont à temps
partiel et sur un smic horaire... (p18).
Pour Guillemot, la trappe à pauvreté est le plus
grand risque de l'allocataire RMI, à cause de la précarité
des emplois occupés.
Nous voyons ici le phénomène de déplacement
de statut social face au retour à l'emploi des allocataires RMI : de
celui « d'assisté », on passe à celui de travailleur
pauvre.
Il est alors intéressant de s'interroger sur les causes
de cet enfermement dans cette situation de précarité,
engendrées par une restriction des solutions de sortie du statut de
RMIste.
La stigmatisation par le statut est réelle et entraine une
discrimination sociale et institutionnelle.
Aussi, nous allons nous intéresser
particulièrement à l'inemployabilité supposée des
allocataires du RMI et des conséquences de cette représentation
sur la sortie du dispositif RMI.
2 - L'inemployabilité présumée des
allocataires du RMI : un stigmate récurrent.
Cette partie permet de comprendre les représentations
engendrées par le stigmate à travers le statut social du RMIste
et les conséquences qui en découlent.
Constat est fait par les professionnels de l'insertion qu'il
existe un problème de discrimination à l'embauche des personnes
au RMI, souvent considérées comme très
éloignées de l'emploi, avec des représentations
négatives sur leurs compétences, leurs capacités
« l'emploi précaire est utilisé comme une épreuve
probatoire par les employeurs doutant des capacités des Rmistes »
(Dubet, p 409), entrainé par « la
dégénérescence du capital humain » (p 409).
Les emplois précaires deviennent alors la norme pour ce
public.
Nous pourrions argumenter que la précarité de
l'emploi est devenue une norme pour tous les publics, et qu'elle touche, entre
autre, le public RMI.
Toutefois, il est important de remarquer qu'il existe des
constantes dans le processus de précarisation de la trajectoire
professionnelle de la personne au RMI : Dubet note que la durée du RMI
est un indicateur majeur négatif de l'employabilité des
personnes, expliquant les difficultés du retour à l'emploi. En
effet, la durée d'inscription dans le dispositif pèse très
lourdement sur les probabilités de sortie de celui-ci (p 413), beaucoup
plus que les gains financiers de retour à l'emploi (p 413).
D'autre part Dubet met l'accent sur le fait que le public RMI
est très hétérogène avec un seul point commun :
celui d'être éloigné du monde du travail et d'avoir un
« parcours marqué par le chômage ».
Aussi la stigmatisation commence par la désignation
administrative et institutionnelle des personnes au RMI,
considérés comme faisant partir d'un groupe homogène, avec
des pratiques pensées de façon collective pour une application
individuelle, pensée paradoxale face à des politiques publiques
qui poussent à l'individualisation des parcours. La question est : dans
quelles conditions ?
Si l'institution suggère à l'individu de trouver
sa voie dans un temps limité, les pratiques professionnelles et
institutionnelles peuvent être un frein à la sortie du dispositif,
comme l'indique Dubet, « c'est la mauvaise volonté des services
sociaux qui enferme les clients ne voulant pas affronter les humiliations des
guichets, les stages bidons, les réunions de rmistes organisées
par la commission locale d'insertion, et les forcent à s'identifier
à un groupe déchu » (p 420).
Conclusion :
La notion d'exclusion est au centre du débat social et
politique face à la dégradation du marché de l'emploi et
à la fragilisation de la vie professionnelle : l'individu n'est plus
à l'abri du chômage et de la précarité.
Plus encore que son statut social, l'exclusion touche
profondément la structure identitaire de l'individu, en perte de
repères et de reconnaissance sociale.
Cette stigmatisation se retrouve d'ailleurs dans ce que Touraine
nomme : les « in » et les « out » ; ceux qui sont
insérés et ceux qui sont exclus de la société.
Toutefois, la définition de l'exclusion reste floue de
part son caractère multidimensionnel, se perdant parfois dans les
débats qu'elle suscite.
En croyant au travail comme solution miracle face à la
gangrène de l'exclusion et de la précarité, la
société tend à oublier qu'il n'est chose facile
d'échapper à la spirale de l'exclusion.
Aussi, nous rappelons qu'il existe un marché de
l'emploi parallèle, autrement nommé marché « des sous
emplois », qui nous amène à conclure que les trappes
à chômage, à précarité ou encore à
pauvreté sont engendrées par une organisation qui ne donne pas
d'autre alternatives que de rester bloqué dans le monde de l'exclusion
(et paradoxalement, celui de l'insertion).
Aussi, nous ne pouvons pas étayer notre
réflexion concernant l'organisation du dispositif RMI et de son impact
sur le parcours d'insertion, sans faire une description détaillée
des instances qui la compose.
La prochaine étape de ce travail a pour objectif de
décrire l'organisation complexe du dispositif RMI, afin de mieux
comprendre les enjeux institutionnels existants.
Néanmoins, nous attirons l'attention du lecteur sur les
nombreuses modifications, concernant les rôles et les champs d'action de
chaque instance, qui interviennent de façon régulière, en
particulier lors de bouleversements politico-législatifs6.
6 En effet, lors de la rédaction de ce
mémoire, nous avons élu un nouveau Président de la
République ainsi que de nouveaux députés, qui proposent,
comme nous le verrons ultérieurement, une refonte partielle du
dispositif RMI.
II - Mise en place d'un dispositif
institutionnel
Tous les auteurs s'accordent à dire qu'il existe un
flou abyssal concernant le rôle et les champs d'action des instances qui
régissent le dispositif RMI. Cette méconnaissance entraîne
des dysfonctionnements, mais surtout, peut être expliquée par la
territorialisation des actions.
En effet, le lecteur devra garder en mémoire que chaque
territoire a son propre fonctionnement, ses propres instances, avec leurs
propres rôles et champs d'action.
A - Répartition des rôles au niveau national et
départemental
L'état garde le contrôle législatif du
dispositif : aussi les Départements (représentés par les
Conseils Généraux) sont tenus de respecter les conditions
d'attribution que la loi a fixée. Les Département sont ainsi
garants de la mise en oeuvre du dispositif au niveau territorial et du respect
des conditions fixées par la législation. Ils décident des
moyens mis en oeuvre dans cette démarche.
Le niveau national garde toutefois quelques
responsabilités inhérentes à l'ajustement de la
législation et des conditions d'attribution du RMI :
- La Direction de l'action sociale
- La Délégation interministérielle du RMI
- Le Groupe institutionnel de coordination
- La Commission Nationale d'Evaluation
- Le groupe de coordination scientifique
Ces instances permettent une évaluation constante du
dispositif.
Le transfert de l'État au Département de la
charge financière de l'allocation du RMI est porté sur le
principe d'une compensation financière. Ainsi les présidents des
Conseils Généraux reçoivent des prérogatives
exercées jusque-là par les préfets, dont celle de
prononcer l'attribution ou la suspension du RMI.
Le préfet garde une seule compétence dans le
dispositif du RMI : la désignation, en cas de carence du
président du conseil général, d'une personne relais.
La loi de décentralisation du 13 août 2004
transfère la compétence action sociale de façon
définitive au Département.
Celui-ci définit et met en oeuvre et coordonne une
politique d'action sociale par : > Le versement des prestations sociales
sur son territoire (RMI et APA).
> La coordination de la politique de l'aide à l'enfance
(ASE), aux mineurs, aux familles, aux personnes âgées et aux
AH.
> L'insertion des allocataires du RMI et du RMA (Revenu
Minimum d'Activité)
Les Départements peuvent décider, en sus des
prestations sociales définies par l'état, de compléter par
d'autres mesures d'aides sociales dont ils gèrent les conditions
d'attribution et les montants.
Le Département évalue et définit les
objectifs au travers du Programme Départemental d'Insertion (PDI), et
préconise les développements des actions sociales à
entreprendre.
En outre, il doit établir un règlement
départemental d'aide sociale qui définit les conditions
d'attribution des aides.
L'état et les communes peuvent participer au cofinancement
des actions du département sur le territoire concerné.
Concernant le RMI, le département est, depuis la loi du
18 décembre 2003, compétent pour gérer ce dispositif. Il
verse une allocation garantissant le RMI et impose à l'allocataire la
signature d'un contrat d'insertion qui engage celui-ci à réaliser
des actions d'insertion sociale et professionnelle.
Le renforcement du contrat d'insertion vise les
difficultés de mise en place du volet insertion dans le dispositif.
Aussi, les dispositifs IAE (Insertion par l'Activité Economique ) et les
contrats aidés permettent de renforcer les actions dans ce sens.
Le CDI (Comité Départementale d'Insertion)
émet un avis concernant le PDI et les programmes locaux, le Conseil
Général adopte examine ces deux instances. Enfin 17 % du budget
du département de tête est consacré à l'allocation
RMI (ce chiffre concerne le département du Nord)
Le CLI (Comité Local d'Insertion) est un organisme tenu
de recevoir la déclaration d'élection de domicile pour les
bénéficiaires du RMI (SDF, gens du voyage).Il a une mission
générale élaboration d'animation et d'évaluation de
la politique d'insertion avec une fonction décisionnelle.
La caisse d'allocations familiale et la Mutualité Sociale
Agricole gèrent le versement de l'allocation pour le compte du
Département.
Le Département :
- Finance le RMI
- Met en place le schéma départemental
d'organisation sociale tous les 5 ans - Délègue la gestion et
l'instruction administrative des demandes de RMI à la CAF et MSA
- Coordonne l'attribution d'aides financières aux
personnes et familles en
grandes difficultés
- Désigne le référent chargé du suivi
de l'allocataire
- Valide les contrats d'insertion
- Met en place le CDI
- Décide de la suspension du RMI
- Conventionne des opérateurs de l'insertion (ANPE,
Associations, etc.)
ERRATUM :
Organigramme Institutionnel Départemental du
dispositif RMI
Renvoid'information
Le CDI
Le conseil Départemental d'insertion
- Il a un effet consultatif sur le Programme Départemental
d'Insertion (PDI)
- Il transmet des informations concernant le fonctionnement
du PDI au Département
RenvoiD'information La
CLI
La Commission Locale d'Insertion
- Élabore et anime la mission
générale de la politique d'insertion - Evaluation
de la politique
d'insertion
- Est une instance consultative en cas de suspension de
RMI
Transmission
La CAF et la MSA
(Caisse d'Allocations Familiales et Mutuelle Sociale
Agricole)
- Versent le RMI
- Instruisent le dossier administratif et vérifient
l'accès aux droits
- Gèrent le budget annuel pour le RMI versé par le
Département.
Délégation de la gestion du budget
Désignation après instruction
du dossier Transmission du Contrat d'Insertion
|
Le Service instructeur
- Il transmet le dossier de demande de RMI
- Il informe les individus sur leurs
droits et obligations
- Il reçoit la désignation du
référent RMI
|
|
|
|
|
|
Le référent
- Il informe, suit et conseille les allocataires dans leur
démarche d'insertion
- Il met en place le contrat d'insertion et est garant de sa
mise en pratique
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pourtant, la mise en place d'actions en faveur de l'insertion des
allocataires du RMI repose essentiellement sur l'organisation territoriale des
partenaires.
Rappelons à nouveau au lecteur que chaque zone
d'intervention a son propre fonctionnement, ses propres objectifs, fixés
en fonction des besoins révélés au travers des diagnostics
territoriaux en ce qui concerne l'emploi.
La prochaine étape permet de décrire les
principales instances locales existantes et intervenantes dans le champ du
dispositif RMI.
B -Le rôle des instances locales
Il est nécessaire de rappeler ici que l'organisation
territoriale dépend des acteurs et que chaque territoire à une
organisation particulière. Aussi, cette partie s'appliquera à
décrire les instances locales susceptibles d'intervenir et les champs
d'action qui les concernent.
1 - Le rôle des communes dans les politiques
d'insertion professionnelle.
Les actions des communes peuvent prendre différentes
formes :
- Insertion et réinsertion des publics en
difficulté par les contrats de travail aidé (CA/CAE...)
- Mise en place de lieu d'information et d'action de formation
- Actions pour le développement des entreprises et de
l'emploi
- Soutien des EI
- Soutien aux infrastructures telles que les MDL, les PLIE...
Les communes investissent selon leurs moyens dans les
équipements, les moyens humains, les emplois aidés et
l'apprentissage public.
Elles peuvent aussi aider les entreprises par des prêts,
des bonifications, des exonérations fiscales, une augmentation des
primes à la création d'entreprise, par l'achat ou la location de
locaux, etc....
Les communes peuvent signer une convention avec l'état
afin d'élargir leurs compétences en matière
économique.
Enfin, les communes peuvent aussi jouer un rôle
concernant l'attribution des marchés publics par l'intégration
des clauses d'insertion dans le cahier des charges, qui prévoient des
engagements en matière de création d'emploi, de condition de
formation ou de statut des personne embauchées, etc.
Les structures intercommunales revêtent trois formes
principales :
- Les communautés de communes
- Les communautés d'agglomération - Les
communautés urbaines
Ce sont des établissements publics de
coopération intercommunale. La loi permet cependant un transfert des
compétences communales en matière économique vers cet
établissement public.
Ces structures permettent d'organiser de façon commune les
politiques d'insertion, d'emploi et de formation sur le bassin de l'emploi.
La politique de la Ville, dont le cadre à
été rénové par la loi pour l'égalité
des chances et le comité interministériel de la ville du 9 mars
2006, vise à apporter une solution globale à des territoires
urbains connaissant une fracture sociale et territoriale, en
réinsérant les quartiers difficiles dans le tissu urbain.
L'Etat a dirigé son action en faveur des quartiers en
difficulté et de leurs habitants sur 5 axes prioritaires :
> L'accès à l'emploi et le développement
économique > L'amélioration de l'habitat et du cadre de vie
> La réussite éducative et
l'égalité des chances
> la citoyenneté et la prévention de la
délinquance > L'accès à la santé
Il y a plusieurs acteurs intervenants dans la politique de la
Ville : Au niveau national :
> La délégation interministérielle
à la Ville, le comité interministériel des Villes et le
conseil national des villes.
> Six préfets délégués à
l'égalité des chances sont nommés et représentent
les services territoriaux de l'Etat
Au niveau local :
> Les maires et les élus
> Les acteurs de terrain tels que les associations, les
services publics etc. > L'observatoire national des zones urbaines
sensibles
La politique de la Ville s'effectue dans le cadre du contrat
urbain de cohésion sociale depuis janvier 2007.
Conclu entre l'Etat et les communes pour une période de
trois années, il est reconductible après évaluation. Il
permet la mise en oeuvre contractualisée des interventions de l'Etat en
faveur des territoires les plus en difficulté.
Elaboré par les communes, en partenariat avec les
départements et les Régions, il met en place un projet local de
cohésion sociale en complément des projets de rénovation
urbaine, selon des programmes pluriannuels précisant des objectifs
précis et évaluables.
L'Agence Nationale pour la cohésion sociale et
l'égalité des chances signe les conventions avec les communes
pour l'accompagnement des actions en faveur de la politique de la Ville.
L'accès à l'emploi et le développement
économique se font au travers des dispositifs de type Zone Franche, ou
« défense deuxième chance » (écoles de la
deuxième chance), parmi eux, deux programmes spécifiques :
accès aux métiers du sport pour 2500 jeunes en 2006 et Parcours
d'insertion professionnelle pour 6000 jeunes sous main de justice.
2 - Le conseil de développement :
C'est l'une des innovations de la loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement durable du territoire du 25
juin 1999, confirmé par la loi Urbanisme et habitat du 2 juillet
2003.
Cette instance permet d'associer les acteurs
socio-économiques d'une agglomération pour l'élaboration
et la mise en oeuvre du projet territorial.
Il est librement organisé par les élus des
établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) ou
des communes.
Les membres sont nommés directement par les
élus, par des organismes jouant le rôle de relais et de
mobilisateur de leur secteur d'activité, ou par recours à une
élection par famille d'acteurs.
Il comprend des représentants des milieux
économiques, sociaux, culturels et associatifs.
Le conseil de développement est consulté par les
agglomérations lors de l'élaboration du projet
d'agglomération, et pour toute question relative à
l'agglomération (aménagement et développement de
celle-ci).
Le conseil peut être appelé à
développer d'autres missions de type formation, développement de
projets d'action sociale...
C'est pourquoi nous l'évoquons ici.
3 - Le rôle de l'ANPE dans le dispositif du
RMI
Le 6 décembre 2005 l'ANPE a signé un accord
cadre avec l'Assemblée des Départements de France pour
l'insertion des allocataires du RMI. Il souligne l'importance de partenariat
entre les conseils généraux, l'ANPE et encadrent les
échanges locaux pour les actions mises en oeuvre.
Mobilisée au titre de l'État, l'ANPE met à
disposition des agents affectés à l'insertion professionnelle du
RMI, qui disposent de prestations spécifiques sur ce dispositif.
Ces prestations sont déclinées sur :
- Connaissance du réseau professionnel insertion du
territoire
- Outils opérationnels destinés aux employeurs des
demandeurs d'emploi - Outil informatique
- Connaissance du public et secteur d'activité et
économique - Adaptation des interventions aux besoins des
départements
L'ANPE propose d'assurer les services spécifiques de
RMI afin d'optimiser l'efficacité du dispositif en répondant au
contexte local et aux besoins des départements. La mise en oeuvre des
services emploi sur les compensations financières établies au
niveau national est basée sur l'intervention de deux types de profils :
les conseillers RMI et les conseillers chargés d'emploi RMI.
L'ANPE affecte des agents basés sur l'agence locale
dédiée au RMI. Le financement du Département est
calculé sur une base annuelle au prorata des équivalents temps
pleins avec des niveaux de forfaits intervention.
L'ANPE finance les emplois hors agence des agents basés
dans des services du Conseil Général ou sur une plate-forme dans
laquelle est exécutée une action RMI.
Le Département rémunère en partie ses
agents. Le Département peut subventionner l'informatique de l'ANPE ou de
ses agents.
L'ANPE finance un volume de service réalisé au
programme action. Elle peut solliciter le département pour le
subventionnement de ses actions si le Département a fait appel à
la concurrence.
4 - Les métiers de l'insertion professionnelle
:
Cette dernière sous partie nous permet de faire un tour
d'horizon succinct des métiers rencontrés dans le monde de
l'insertion sociale et professionnelle, puisque ces deux notions sont
intimement liées.
Aussi la description des intervenants du point de vue de
l'organisation comme des professionnels, nous permet d'avoir une vision
complète du contexte dans lequel ce travail de recherche se situe.
Nous présenterons par conséquent deux types de
professions : les métiers du social et les métiers de l'insertion
professionnelle. En effet, si chaque métier peut se retrouver
mandaté par le département en tant que référent
RMI, la formation initiale et les rôles principaux ne sont pas toujours
en corrélation avec la demande du Département en termes
d'insertion professionnelle des allocataires du RMI.
a - Le référent Généraliste
de Parcours/ Référents RMI :
Le référent RMI est souvent un travailleur
social dont la spécialité est de gérer le service RMI
d'une structure. Il est donc assistant social, Conseiller en Economie Sociale
et Familiale, Educateur ou Conseiller en Insertion professionnelle.
La fonction principale du référent RMI est
d'assurer le suivi des personnes allocataires du RMI et de leurs ayants-droit,
en leur facilitant les démarches d'insertion sociale et
professionnelle.
Toutefois, le Conseil Général, dans son «
Guide du RMI » insiste lourdement sur le volet insertion professionnelle
que sont sensé appuyer les référents.
C'est pourquoi nous ne présenterons pas le
métier de référent mais les métiers des
référents, avec leurs approches et leur culture propre, qui
peuvent nous aider à comprendre les entretiens qui seront
proposés dans la partie empirique de ce travail.
b - Assistant(e) de service social :
L'assistant de service social contribue à créer les
conditions pour que les personnes, les familles et les groupes avec lesquels il
travaille, aient les moyens d'être acteurs de leur
développement et de renforcer les liens sociaux et les
solidarités dans leurs lieux de vie.
Dans ce cadre, l'assistant de service social agit avec les
personnes, les familles, les groupes par une approche globale pour :
- améliorer leurs conditions de vie sur le plan, social,
sanitaire, familial, économique, culturel et professionnel,
- développer leurs propres capacités à
maintenir ou restaurer leur autonomie et faciliter leur place dans la
société,
- mener avec eux toute action susceptible de prévenir ou
de surmonter leurs difficultés. L'assistant de service social est
également force de proposition pour la conception des politiques
sociales, les orientations générales et les missions
développées par l'organisme qui l'emploie.
L'assistant de service social opère dans des conditions
souvent difficiles. Il agit en tant qu'intermédiaire entre demandeurs et
services sociaux pouvant répondre à la demande. Cela
nécessite un travail administratif important : rédaction de
rapports, compte-rendu d'enquêtes, tenue de dossiers, organisation de
réunions et d'entretiens avec les ayants droit. Il est appelé
également à se déplacer.
c - Le Conseiller ESF :
LE CESF aide à résoudre des problèmes
divers d'ordre social, administratif, socioéconomique, posés par
différents publics en quête d'une meilleure insertion sociale
(personnes, familles, salariés...).
Il informe, conseille et propose les dispositifs d'aide
existants les mieux adaptés. Il analyse la situation (diagnostic) et
engage les interventions de médiation nécessaires (courriers,
enquêtes, démarches, accompagnement...).
Le CESF peut être spécialisé sur des champs
d'intervention ou des publics particuliers, comme par exemple, dans le cadre de
la gestion du service instructeur RMI d'une structure.
Les champs d'actions entre l'AS et le CESF sont très flous
et s'adaptent aux fonctions qui leur sont déléguées.
La formation de CESF aboutit au diplôme d'état
ESF.
Et enfin, n'oublions pas qu'il existe des référents
RMI dans les ANPE :
d - Conseiller de l'emploi (ANPE) :
Il participe, met en oeuvre ou organise les différents
services offerts par l'agence aux employeurs et demandeurs d'emploi. Il informe
et conseille dans le recrutement, la recherche d'emploi, l'insertion
professionnelle et l'aide à l'orientation.
Le travail s'effectue principalement en agence. Mais le
conseiller de l'emploi peut être amené à se
déplacer dans une entreprise ou chez un partenaire, sur une zone
géographique
déterminée. La fonction s'exerce dans le secteur
public. Elle peut également être pratiquée dans le secteur
privé ou associatif, mais le métier et les conditions
d'accès sont différents.
Il n'existe pas de formation spécifique à ce
métier, toutefois certains diplômes de chargé ou conseiller
d'insertion peuvent y mener. L'accès au métier, dans le secteur
public, est réglementé. Il s'effectue par voie de concours sous
certaines conditions de recrutement et de niveau de formation. Les niveaux
exigés vont de Bac à Bac + 3. A l'ANPE, il existe deux niveaux de
conseiller de l'emploi : conseiller et conseiller référent. A
chaque fonction correspond un degré plus ou moins grand de
responsabilité et de mise en oeuvre du métier de conseiller de
l'emploi.
e -Le Conseiler en Insertion Professionnelle
(CIP)
Le conseiller en insertion professionnelle travaille
auprès de jeunes ou d'adultes à la recherche d'un emploi. Il a
une mission d'aide à l'orientation professionnelle, à l'insertion
ou à la réinsertion dans le marché du travail. Pour cela,
il mobilise des techniques ou sollicite des services et des partenaires dans
les domaines de l'évaluation, l'orientation, la formation,
l'emploi...
Il reçoit le plus souvent les personnes en entretien
individuel et les aide notamment à :
· Faire le bilan de leurs acquis professionnels ou
personnels
· Évaluer leurs aptitudes et leurs
compétences
· Réfléchir sur eux-mêmes et à
faire des choix professionnels.
Le conseiller peut aussi être amené à
monter des projets locaux autour de la question de l'insertion (participation
à la mise en place d'un chantier d'insertion, par exemple). Dans
certains cas, il intervient sur des questions d'insertion sociale avant de
traiter l'insertion purement professionnelle (il est parfois amené
à résoudre des problèmes de santé, de
logement...).
Il peut, enfin, démarcher certaines entreprises pour les
mettre en relation avec les personnes dont il assure le suivi.
Selon le lieu d'exercice (secteur public, associatif ou
privé), la dimension commerciale est plus ou moins
développée.
Il n'existe pas de formation spécifique pour ce
métier mais un niveau universitaire est exigé.
f - Le médiateur à
l'emploi
Le médiateur à l'emploi est chargé de
prospecter les entreprises afin de révéler le marché
caché de l'emploi. Il négocie les conditions d'embauche avec les
entreprises et propose une sélection préalable des candidats. Il
met en balance les offres et les demandes mis à sa connaissance.
Son objectif principal est la remise au travail des personnes
ayant des difficultés particulières d'accès à
l'emploi. Son action vise, de façon plus générale,
à modifier le comportement des recruteurs, en adaptant les
critères d'embauche aux candidats potentiels,
par l'évaluation juste et objective des besoins
réels des entreprises.
Ainsi, le médiateur à l'emploi doit lever les
freins à l'embauche. En outre, le médiateur à l'emploi
doit s'assurer du bon déroulement de la phase de recrutement et
d'accueil du salarié dans l'entreprise.
Le métier de médiateur à l'emploi
n'exige pas de formation spécifique mais on retrouve plus
particulièrement des CIP (Conseiller en Insertion Professionnelle) ou
des travailleurs sociaux ayant une bonne connaissance du territoire
concerné.
Cette sous partie ne décrit que les métiers
principaux de l'insertion professionnelle. Nous pouvons y ajouter les
chargés de mission, les formateurs et les conseillers en insertion, en
formation, à l'emploi, CIBC...
Nous ne voyons pas l'intérêt ici de faire une
liste exhaustive des métiers relatifs à l'insertion
professionnelle. Ceux préalablement détaillés permettent
en effet d'avoir une vision assez précise des rôles et fonctions
des métiers que l'on peut rencontrer lors d'une rencontre avec le monde
de l'insertion professionnelle en direction des allocataires du RMI.
C - L'instruction d'une demande de RMI : conditions
d'attribution, montant, contrat d'insertion.
1 - Les conditions d'attribution et montant au
1er janvier 2007 :
Le RMI est attribuable à toute personne de 25 ans au
moins, ou à toute personne de moins de 25 ans qui a un enfant à
charge (ou est enceinte).
Les ressources avant RMI ne doivent pas dépenser le
montant du RMI calculé en fonction de la composition familiale.
De plus, la personne ne peut cumuler le RMI et
l'équivalent retraite des ASSEDIC. Enfin, le contrat d'insertion doit
être signé dans les trois mois après obtention du RMI.
Les montants :
Le montant mensuel est égal à la différence
entre le montant du RMI et les ressources mensuelles.
L'aide au logement sera par ailleurs déduite en partie,
du montant du RMI à percevoir.
Ce forfait déductible s'élève à
:
52,90€ pour une personne seule 105,81€ pour deux
personnes
130,94€ pour trois personnes ou plus
Le montant du RMI s'élève à :
Nombre d'enfants
|
|
Vous vivez seul(e)
|
|
Vous vivez en couple
|
|
0
|
440,86
|
€
|
661,29 €
|
1
|
661,29
|
€
|
793,55 €
|
2
|
793,55
|
€
|
925,81 €
|
Par enfant en plus
|
176,34
|
€
|
176,34 €
|
|
Figure 1 Montants du RMI jusqu'au 31 décembre
2007, Source CAF.
Le calcul du RMI est trimestriel. Aussi, les allocataires sont
tenus de renvoyer une déclaration de ressources tous les trimestres pour
une évaluation de l'allocation.
La reprise d'activité :
En cas de reprise d'emploi ou de formation
rémunérée, le RMI reste entièrement versé
durant les trois premiers mois. Toutefois, ce travail ne doit pas
excéder 78 h par mois (idem pour une activité non
salariée), sauf pour les contrats aidés tels que le CIRMA et le
Contrat d'Avenir.
La prime forfaitaire peut être versée à la
reprise d'un emploi de plus de 78 h par mois (sauf pour les CIRMA et les
Contrats d'Avenir). La prime forfaitaire se situe entre 150 et 225 € selon
la situation familiale.
Si l'activité dure quatre mois consécutifs, la
prime de retour à l'emploi sera versée. Elle est de 1000€ et
concerne les CDD, les CDI et les Travailleurs indépendants.
Pour les personnes qui travaillent moins de 78h par mois, seuls
50% de leurs revenus seront pris en compte pour le calcul du RMI.
Dans le cadre d'un CIRMA ou d'un contrat d'avenir, les
revenus ne sont pas pris en compte pour le calcul du RMI. Toutefois, le montant
du RMI est versé à l'employeur qui reverse la somme à son
employé.
La CMU :
Le RMI inscrit automatiquement la personne dans le cadre de
la couverture maladie universelle, et de la couverture complémentaire
qui prend en charge totalement les frais médicaux et
d'hospitalisation.
Toutefois, il y a des sommes plafonnées concernant les
matériaux utilisés, par exemple en dentisterie ou en
ophtalmologie.
D'autre part, notons que la CMU n'est pas acceptée par
tous les praticiens et qu'il existe une réelle discrimination en termes
de santé envers les affiliés de la CMU, dont l'argumentation
réside dans les difficultés de remboursement des praticiens par
la sécurité sociale.
2 - Le contrat d'insertion :
L'élaboration du contrat d'insertion suppose
l'adhésion du signataire, par la signature de celui-ci, et son
engagement sur un projet qui lui a été proposé ou que la
personne a formé, et dont les conditions ont été convenues
avec elle.
Ce contrat doit être adapté aux handicaps de la
personne et être pensé en termes d'étapes de parcours et
non d'objectif final.
Avant toute chose, il est nécessaire d'établir
un diagnostic de la situation de la personne (situation familiale globale
effectuée sur du déclaratif avec le bénéficiaire)
et valoriser les atouts, les compétences, les acquis sur lesquels
s'appuiera la démarche d'insertion.
Ce diagnostic est effectué par les
référents RMI, avec l'appui des conseillers professionnels, les
médecins, les spécialistes du logement, etc.
On peut les trouver dans les missions locales, les PLIE,
à l'ANPE, dans les UTPAS, ou des
associations/structures d'insertion.
a - La construction du parcours
d'insertion
Les parcours d'insertion sont constitués d'étapes
en cohérence avec l'objectif final du contrat d'insertion, avec des
orientations telles que :
- le rétablissement de la confiance en soi
- la réorientation
- la solution aux problèmes urgents etc.
Les types d'insertion proposées sont diverses et
variées : action d'évaluation, d'orientation, de remobilisation,
d'autonomisation, de participation à la vie familiale, à des
activités de toute nature.
L'accompagnement social est renforcé et la mise en
oeuvre du contrat est effectuée par le référent qui
coordonne l'ensemble des mesures proposées, fait le bilan de
l'exécution du contrat, veille à ce que les moyens soient mis
à la disposition des bénéficiaires et les soutient lors
des évènements négatifs.
Le contrat est évolutif au même titre que le projet
de la personne et des réajustements peuvent être mis en place
(article 16 de la loi), en fonction de la progression du projet de la
personne.
Dans cette deuxième partie, nous avons pu constater la
multiplicité des instances qui composent le dispositif RMI, ayant un
objectif commun : le retour à l'emploi des allocataires.
Si la décentralisation a permis une redistribution des
compétences de l'Etat vers les Départements, c'est dans le but de
répondre au plus près des besoins locaux.
La mise en oeuvre du dispositif RMI, gérée par les
Départements, passe par les actions d'insertion professionnelle et
sociale en faveur des allocataires.
Le prochain chapitre traitera de la question de l'insertion
professionnelle des allocataires du RMI, en définissant ce qu'est
l'insertion professionnelle, puis en décrivant les modèles
d'insertion proposés depuis les années 80, pour
s'intéresser plus particulièrement à l'insertion par
l'économie (IAE), au travers les outils et les actions proposées
par une plateforme
réunissant une majeure partie des acteurs de l'insertion
professionnelle : le PLIE (Plan Local d'Insertion par l'Economique)
III - L'insertion professionnelle des allocataires du
RMI : A - Qu'est ce que l'insertion professionnelle ?
L'insertion professionnelle se concrétise au travers
l'immersion en lieu de travail, la mise en activité ou la
réduction du coût de la main d'oeuvre qualifiée par les
formules en alternance, les contrats aidés ou encore les
exonérations fiscales.
Elle se résume à l'exercice d'un emploi et
à l'appartenance sociale qui lui est subordonnée. Pascal Noblet
(quel travail pour les exclus ? pour une politique de l'insertion durable,
Paris, Dunod, 2005) note que l « 'on conçoit l'insertion
par l'accès de tous les exclus à l'emploi marchand stable et
à temps plein, postulant ainsi sur une différenciation des
publics, avec un objectif commun : chacun doit y parvenir coûte que
coûte ».
La mise en place des dispositifs d'insertion professionnelle
est pensée par l'institution comme une offre d'insertion devant
répondre à une demande sociale formulée par des individus
en référence à des contextes locaux (S. Ebersold, p
49).
1 - Une histoire :
Le début des années 80 montre une vision
éducative de l'insertion, mettant en corrélation chômage et
sous-qualification. Les actions privilégient alors les plans de
qualification au travers des formations, sensées apporter une
connaissance de l'entreprise, de ses attentes et de permettre une meilleure
orientation professionnelle des publics concernés.
En fait, comme le rappelle Ebersold, l'objectif était
de minimiser l'écart entre l'offre et la demande sur le marché de
l'emploi, par une adaptation de l'offre au travers un système
éducatif répondant aux exigences du marché.
La qualification est à ce moment précis, un outil
primordial sensé participer à la réduction du
chômage.
Néanmoins, la signification sociale de la notion
d'insertion a radicalement changé à partir de la fin des
années 1990, car elle n'est plus apparentée à la lutte
contre le chômage mais elle est désormais rattachée
à la notion d'exclusion et devient un outil de cohésion sociale
bien plus qu'un instrument de qualification « la lutte contre le
chômage cède la place à la lutte contre l'exclusion »
(Ebersold, p 33).
L'insertion cible des populations dont l'accès à
l'emploi est entravé par des difficultés sociales avant de
résulter d'un manque de qualification. (S. Ebersold, p 77-78).
Aussi la loi du 29 juillet 1992 érige au rang
d'insertion, « Toute action susceptible de mobiliser l'individu, de le
responsabiliser et de contribuer à sa resocialisation » (op.cit., p
79). La législation vise les publics en très grande
difficultés d'insertion et tente de « pallier aux
conséquences engendrées par l'absence d'emploi et la
précarisation professionnelle en renforçant les aides sociales et
en favorisant le développement des mesures d'accompagnement
(Ebersold, p33)
2 - Le lien travail insertion :
C'est pourquoi l'insertion signifie la mise au travail et au
contact direct avec le milieu du travail.
Par conséquent, l'insertion est conditionnée
par l'exercice d'une activité professionnelle, d'où la
création de dispositifs par l'IAE (Insertion par l'Activité
Economique).
L'insertion par l'économique devient le principe
structurant la prise en charge des sans emplois. Dès 1992,
l'accompagnement Social Individuel (ASI) devient la mesure phare pour
l'accès à l'emploi des chômeurs très longue
durée. La vision économiste de l'insertion se traduit par un
soutien particulier aux entreprises et aux dispositifs adaptés à
leurs besoins économiques.
Les actions en faveur de l'IAE apparaissent en 1987 en
conjuguant l'insertion professionnelle des plus éloignés de
l'emploi avec le développement d'initiatives économiques et la
création d'activité. L'idée principale étant que le
chômage devait trouver sa récession dans le développement
local des emplois familiaux, des renforcements des entreprises d'insertion et
des associations intermédiaires. Aussi, ces instances locales peuvent
proposer aux plus démunis un travail précaire qui répond
toutefois à l'exigence de l'activité économique.
Les allocataires du RMI se distinguent, comme le rappelle
Serge Ebersold (la naissance de l'inemployable ou l'insertion aux risques
de l'exclusion, Paris, PU de Rennes, 2001), de difficultés dites
d'insertion sociales et professionnelles plus ou moins importantes et
apparaissent être, à ce titre, à des degrés divers
« inemployables ». Invalidés sur le marché de l'emploi,
il est nécessaire de mettre en place des dispositifs favorisant une
réintégration sur le secteur marchand, leur apportant
expérience et formation nécessaire à leur retour à
l'emploi.
Aussi, selon S. Ebersold, l'insertion serait un outil de
gestion de l'inemployabilité, de régulation des sans emplois
« inemployables » et « une vision occupationnelle et
socialisatrice de l'insertion ». Les dispositifs mis en place au
travers l'insertion professionnelle serait alors des instruments de ré
affiliation sociale, rétablissant des liens sociaux jusque là
inexistants. (p 93).
Aujourd'hui, le droit à l'insertion
préconisé par la loi sur le RMI, est, selon P.Noblet, «
un discours politique qui se traduit par un panel de prestations diverses
». (Op, cit.P13-14)
Ce chapitre permet de décrire quels sont les
dispositifs mis en place en faveur de l'insertion professionnelle au niveau
local. En effet, le partenariat institutionnel doit se faire au niveau
territorial, offrant un terrain d'intervention adapté aux populations
ciblées.
Le maillage territorial est donc indispensable pour créer
une dynamique d'insertion grâce à une mobilisation forte des
acteurs.
B - Les dispositifs d'aide au retour à l'emploi au
travers l'IAE
Cette partie nous permettra d'énumérer les outils
mis en place pour améliorer l'accès et le retour à
l'emploi.
Nous tenons à retenir l'attention du lecteur sur
l'évolution constante de ce type de dispositif et qu'à l'heure
où ce travail sera publié, certains d'entre eux (si ce n'est pas
toute la gamme) auront peut être disparus, pour laisser place à
d'autres outils.
Pourtant, si les appellations changent, les conditions de
travail restent quasiment les mêmes pour les salariés en emploi
aidé ; les dispositifs changent plus sur le fond (critères
d'éligibilité, incitations fiscales...) que sur
la forme (conditions de travail, type d'emploi proposé...).
1 - L'insertion par l'activité Economique
(IAE).
Elle concerne les personnes les plus éloignées de
l'emploi. Le public RMI est particulièrement concerné par ces
mesures.
L'IAE permet un retour à l'emploi par des mesures de
« réadaptation » au secteur marchand, en proposant des
contrats de travail adaptés aux difficultés des publics, et un
accompagnement personnalisé sensé permettre une
amélioration de l'employabilité des personnes.
L'insertion par l'activité économique devrait
faciliter l'insertion sociale et professionnelle des personnes sans emploi,
à l'aide d'un contrat de travail dans le cadre de structures offrant un
accueil et un accompagnement spécifique.
L'IAE repose sur 3 axes :
- Les activités marchandes.
- Les activités d'utilité sociale - Les secteurs
mixtes.
Le secteur regroupe :
· Les entreprises d'insertion (E.I)
· Les entreprises de travail temporaire d'insertion
(ETTI)
· Les associations intermédiaires (A.I)
· Les chantiers d'insertion (ACI)
· Les chantiers école
· Les centres d'hébergement et de réinsertion
sociale
· Les associations de prévention
spécialisées
· Les associations d'animation et de gestion de
l'environnement local.
L'état offre des aides financières pour
compenser la « faible productivité » des personnes
embauchées, et le surcoût de l'encadrement, l'accompagnement
social et professionnel. Mais ces aides ne sont pas cumulables avec d'autres
aides de l'Etat en faveur de l'emploi, mais peuvent l'être avec le PDI et
le PLI.
L'agrément des personnes embauchées par ces
organismes, auprès de l'ANPE est indispensable pour :
- s'assurer du profil des bénéficiaires
- faire de l'insertion par l'activité économique
un recours possible parmi les
possibilités offertes dans le cadre du service
personnalisé
- faciliter le passage d'une structure à une autre dans
le cadre du parcours d'insertion
- réussir l'accès à l'emploi à
l'issu de la période d'insertion.
Pour obtenir l'agrément, il est donc nécessaire
d'établir un diagnostic préalable, qui sera effectué par
les travailleurs sociaux (le plus souvent les référents RMI),
l'agence locale des bassins d'emploi, et les partenaires de l'ANPE (Mission
locale, PLI, PAIO...).
Dans ce cadre, le PLIE est l'instance qui permet d'articuler les
actions de chaque acteur de l'IAE sur un bassin d'emploi donné.
2 - Descriptif des principaux dispositifs de l'insertion
par l'économique :
a - Les Associations Intermédiaires (A.I)
Les associations intermédiaires doivent faciliter
l'insertion sociale et professionnelle des personnes sans emploi rencontrant
des difficultés particulières, en les mettant à
disposition d'utilisateurs à titre onéreux, mais sans but
lucratif, et en leur assurant un accompagnement adapté. Les associations
intermédiaires interviennent sur un territoire précisé
dans la convention avec le Préfet
Les associations Intermédiaires interviennent en
début de parcours d'insertion par un premier placement en entreprise,
dans une association ou une collectivité locale, et ce, pour une
durée limitée. Ce travail permet de repérer les
capacités d'adaptation de la personne sur un poste de travail. On
oriente ensuite la personne vers une ETTI (Entreprise de Travail Temporaire par
l'Insertion)
Les associations intermédiaires concernent divers
publics tels que les personnes au RMI, les CLC, les EEH, les ASS, les API, les
anciens prisonniers, les personnes en post désintoxication, et les moins
de 26 ans sans qualification.
Les associations intermédiaires permettent un
accompagnement social et professionnel. Elle peut aider à la recherche
d'emploi, mettre en place un contrat d'orientation, de stage d'insertion
à la formation et à l'emploi.
Les types de contrats proposés par les associations
intermédiaires sont des CDD, des CDI à temps partiel et des
contrats de mise à disposition.
Les associations intermédiaires
bénéficient d'aides telles que les exonérations des
charges sociales dans la limite de 750h/personne et par an, le financement de
l'accompagnement social et professionnel par le FSE (Fond Social
Européen), ainsi qu'une aide au démarrage, au
développement et à la consolidation par le fond
départemental pour l'insertion (première année
uniquement).
b - Les Entreprises d'Insertion (E.I)
Elles font partie du secteur marchand et effectue la vente de
biens et de services.
L'entreprise d'insertion facilite l'exercice d'une
activité économique pour une période limitée.
L'entreprise d'insertion a un projet social, en fonction des personnes
embauchées (par exemple, le réentraînement au rythme de
travail, le respect des horaires, etc.)
L'embauche est effectuée sous un contrat de travail
aidé ou un contrat d'apprentissage. Les aides institutionnelles sont
diverses :
L'état alloue une aide forfaitaire au poste, en
remboursant les frais d'encadrement et d'accompagnement social, ainsi qu'une
compensation sur la productivité.
L'entreprise d'insertion bénéficie d'une
exonération des charges patronales et de sécurité
sociale.
D'autre part, le FSE, la Direction du ministère de
l'emploi et de la solidarité verse une aide au titre d'actions
spécifiques en faveur des salariés embauchés.
D'autres fonds peuvent être débloqués,
comme le fond de garantie pour l'insertion par l'activité
économique, et le fond de garantie pour les structures d'insertion,
géré par l'Institut de développement de l'économie
sociale.
c - Les Entreprises de Travail Temporaire d'Insertion
(ETTI)
Les ETTI permettent aux employés de
bénéficier d'une expérience professionnelle et d'un
accompagnement spécifique, en vue de faciliter l'accès au
marché du travail du secteur marchand.
Les ETTI reposent sur une activité exclusive concernant
l'insertion des personnes sans emploi rencontrant des difficultés
sociales et professionnelles spécifiques.
Les bénéficiaires doivent être inscrits dans
cet organisme.
D'autre part, les ETTI sont tenues de mettre en place des
dispositifs spécifiques d'accueil et d'accompagnement des publics.
Enfin, elles sont conventionnées par l'Etat.
Le public est accompagné par une personne
spécifique chargée de l'accompagnement, d'aider à trouver
un travail, une formation, mais aussi de chercher à négocier avec
les entreprises des missions de travail temporaire adaptées à
l'objectif d'insertion et au parcours d'insertion des personnes suivies.
Les contrats proposés en ETTI sont des contrats de mise
à disposition et des contrats de mission.
Les aides sont allouées par l'Etat, au titre de l'aide
aux postes, destinée à assurer le fonctionnement de
l'accompagnement social et professionnel, et qui est déterminé en
fonction du nombre de salariés en insertion.
d - Les contrats de travail aidés.
« Le contrat aidé relève de la politique
de l'emploi afin de supprimer les difficultés posées par le
problème légal du motif d'embauche. » ( S. Ebersold, p
88)
Les contrats aidés sont sous le coût d'un
conventionnement tripartite entre l'Etat, l'employeur et l'employé.
L'état étant représenté par les
collectivités territoriales, de type ANPE, Département, CAF...
Ces contrats de travail s'articulent sur deux axes essentiels
:
- l'incitation des employeurs potentiels au travers des
abattements fiscaux et des crédits d'impôt
- l'insertion des publics les plus en difficulté sur le
marché du travail
D'autre part, il est nécessaire de rappeler que ces
contrats concernent en majorité des emplois peu ou pas qualifiés,
même s'il existe une tendance à l'embauche surqualifiée de
certains publics pour des postes normalement destinés au marché
de l'emploi classique.
Nous rappelons à notre lecteur l'effet «
emploi-jeune », destiné préalablement au moins
qualifiés, et qui voyait ses critères de recrutement se situer
sur des niveaux bac + 2, ou encore les contrats de professionnalisation adulte
que l'on retrouve actuellement sur le site de l'ANPE, et qui n'hésite
pas à positionner le niveau de recrutement au Master...
L'effet pervers de ce type de contrat est bien d'utiliser de
la main d'oeuvre de haute qualification à moindre coût et pas
seulement le contraire, comme l'explique Pierre Courbebaisse dans son dernier
ouvrage (p73).
Certes, l'incitation fiscale auprès des employeurs
pour les emplois peu qualifiés est avantageuse, mais elle l'est encore
plus sur des emplois hautement qualifiés, qui permet de disposer de main
d'oeuvre très qualifiée à moindre coût.
Le CI-RMA (Contrat d'Insertion-Revenu Minimum
d'Activité).
Ce contrat s'adresse aux allocataires RMI, ASS, API, AAH depuis
6 mois au cours des derniers 12 mois.
Ce contrat est un CDD de 6 mois renouvelable deux fois, soit 18
mois au total. Il n'exige pas d'accompagnement spécifique ou de
formation professionnelle.
Les conditions d'embauche sont spécifiées par
convention entre l'employeur, l'employé et le département.
La rémunération se situe au niveau du SMIC
horaire7.
L'employeur reçoit une aide forfaitaire égale au
montant du RMI8 pour une personne seule, cumulée aux
dispositifs fiscaux en vigueur pour ce type de contrat.
Le CIE (Contrat Initiative Emploi).
Ce contrat s'adresse à toute personne ayant des
difficultés particulièrement difficiles à l'accès
à l'emploi.
C'est un CDI ou un CDD de 24 mois maximum.
Il n'est pas prévu d'accompagnement spécifique ou
de formation obligatoire, mais cela est fortement recommandé.
La rémunération se situe au niveau du SMIC
horaire.
L'employeur reçoit une aide mensuelle maximum
égale à 47% du SMIC pendant la durée de la convention ;
d'autre part, il y a une possibilité de cumul avec les
exonérations fiscales en vigueur.
Le C.A (Contrat d'Avenir).
Il est destiné aux allocataires du RMI, ASS, API, AAH
depuis 6 mois au cours des derniers 12 mois.
C'est un CDD de 2 ans renouvelable dans la limite de 3 ans (5
ans pour les 50 ans et plus).
Dans les faits, le CA a rencontré des
difficultés suite à un conflit entre les départements et
l'état : l'état devait reverser les sommes RMI correspondantes
à chaque CA signé au département. Pourtant,
considérant que le signataire CA ne fait plus partie du dispositif RMI
(alors que, dans les textes, il en fait toujours partie), l'état refuse
de reverser ces sommes indispensables au financement du dispositif.
De ce fait le Département du Nord a gelé les
contrats d'avenir à destination du public RMI, de part la perte
financière que cela entraîne...
7 Depuis le 1er juillet 2006, le SMIC
horaire brut s'élève à 8,27€, soit 1254, 28€
mensuels sur la base de la durée légale des 35 heures
hebdomadaires
8 Le montant du RMI pour une personne seule
d'élève à 440,86€ jusqu'à décembre
2007.
Aujourd'hui, le contrat d'avenir est ouvert en fonction
du statut des personnes, et on essayera de cumuler plusieurs statuts pour
permettre à l'allocataire RMI de bénéficier d'un CA (ex :
L'allocataire est aussi AAH).
Le contrat d'avenir permet un accompagnement spécifique,
avec un référent de parcours ; d'autre part la formation
professionnelle est obligatoire.
Il est rémunéré au SMIC horaire à
hauteur de 26h semaine.
L'employeur reçoit une aide forfaitaire égale
au RMI pour une personne seule, ainsi qu'une aide dégressive pour le
solde restant à sa charge (1ère année : 75%,
2ième année : 50%, et 3ième année :
25%). S'y ajoutent des exonérations : taxe sur les salaires, taxe
d'apprentissage, taxe au titre de l'effort de construction, cotisations de
sécurité sociale.
Le C.A.E (Contrat d'Accompagnement à l'Emploi).
Il s'adresse, comme le CIE, à toute personne ayant de
sérieuses difficultés à trouver un emploi.
C'est un CDD à temps partiel ou plein. Dans les faits, la
plupart des CAE sont proposés à hauteur de 20h par semaine.
Il est d'une durée de 6 mois dans la limite de 24
mois.
Il n'exige pas d'action d'accompagnement ou de formation,
même si la recommandation reste forte.
Le CAE est rémunéré au SMIC horaire.
L'employeur reçoit une aide à hauteur de 85% du
SMIC et est exonéré de la taxe sur les salaires, de la taxe
d'apprentissage, de la taxe due au titre de l'effort de construction et des
cotisations de sécurité sociale.
Le contrat de professionnalisation
Il concerne les demandeurs d'emploi de plus de 26 ans
(DELD9).
C'est un CDI ou un CDD qui dure de 6 mois à 1 an (si un
accord de branche existe, extensible à 2 ans).
La formation est obligatoire, et doit être entre 15% et 25%
du contrat, avec un maximum de 150h.
La rémunération est égale au SMIC
horaire.
Les employeurs sont exonérés de cotisations
patronales de sécurité sociale pour les 16-25 ans et pour les
DELD de 45 ans et plus.
(Donc entre 25 et 45 ans, les personnes ont peu de chance de
signer un tel contrat).
Le CNE (Contrat Nouvelles Embauches).
Aucune condition de statut.
C'est un CDI avec des conditions de licenciement
simplifiées durant les deux premières années de
l'embauche.
Notons qu'à l'heure où nous rédigeons
ce mémoire, le nouveau Chef de l'Etat à promis la suppression des
différents types de contrat de travail, en proposant le « contrat
unique ».
9 Demandeur d'emploi depuis plus d'un an, pour
l'ANPE.
e - L'accompagnement et la médiation à
l'emploi
L'accompagnement et la médiation à l'emploi
s'inscrivent dans un travail de médiation engagé en direction des
entreprises, afin de créer les meilleures conditions d'accès
à l'emploi. Cette prestation vise à favoriser l'embauche des
personnes que les entreprises
n'embaucheraient pas spontanément, en levant des
critères subjectifs d'embauche.
L'accompagnement à l'emploi vise à insérer
les personnes sur des emplois durables (CDD de plus de 6 mois ou CDI)
La médiation qui intervient dans le cadre de
l'accompagnement à l'emploi et dans l'emploi, doit permettre la
captation de l'offre d'emploi et de son traitement, la mise en relation de
partenariat avec l'entreprise, le travail sur les freins aux recrutements,
l'intégration sur le poste de travail, le suivi des nouveaux
salariés et les conditions de maintien dans l'emploi. Elle doit par
ailleurs rassurer l'entrepreneur, en mettant en place ce dispositif de suivi
des nouveaux salariés.
Il y a une sélection préalable des individus
pour garder une crédibilité au niveau des entreprises et
effectuer un maximum de placement. C'est pourquoi le travail en amont avec les
personnes à placer est essentiel, car il permet de préparer le
public à l'emploi et doit l'aider à franchir les critères
de sélection.
D'autre part, le dispositif tend à diminuer la
concurrence existante sur les postes proposés, en positionnant un nombre
limité de personnes candidates à l'embauche.
Notons que la médiation est plus difficile avec les
grandes entreprises car les rapports sont plus institutionnels dès lors
qu'il existe un processus DRH.
L'accompagnement dans l'emploi, qui intervient après
l'embauche de la personne, permet de révéler les faiblesses et
les atouts des personnes ; lorsque l'échec de cette prestation survient,
un travail de partenariat avec le référent, le médiateur
à l'emploi et la personne doit permettre de résoudre les
difficultés qui avaient été mal identifiées.
D'autre part, le travail peut être
révélateur de problèmes sous jacent, d'où
l'importance du suivi durant une période donnée après
l'embauche de la personne.
La difficulté principale de l'accompagnement à
l'emploi est de convaincre les entreprises à jouer le jeu de ce suivi,
qui peut être ressenti comme une intrusion ; d'autre part, il importe
d'effectuer le suivi de façon discrète par crainte d'une
stigmatisation de la personne concernée.
f - Les clauses d'insertion dans les appels d'offres publics
L'article 14 du Code des marchés publics stipule que
" la définition des conditions d'exécution d'un marché
dans les cahiers des charges peut viser à promouvoir l'emploi de
personnes rencontrant des difficultés particulières d'insertion,
à lutter contre le chômage ou à protéger
l'environnement. Ces conditions d'exécution ne doivent pas avoir d'effet
discriminatoire à l'égard des candidats potentiels ".
De plus en plus, les maîtres d'oeuvre publics
(collectivités territoriales, locales, bailleurs sociaux, etc..)
introduisent des clauses d'insertion dans le cadre de leurs marchés
publics.
L'entreprise retenue pour le marché doit alors
réaliser un certain nombre d'heures de travail en employant des
personnes en parcours d'insertion professionnelle.
Les clauses d'insertion peuvent être prévues
dans les cahiers des charges des marchés publics en tant que condition
d'exécution du marché, et doivent promouvoir l'emploi des
personnes ayant des difficultés particulières d'insertion. La
clause d'insertion réserve un pourcentage d'heures du chantier à
des personnes éloignées de l'emploi. Les conditions
d'exécution ne doivent pas avoir d'effet discriminatoire à
l'égard des candidats potentiels.
Les chantiers concernés par les clauses d'insertion ne
sont pas limités : chantiers de construction, collecte des
déchets, entretien d'espaces verts, gardiennage, travaux de voierie,
recyclage de papier etc.
La structure qui négocie l'intégration de ces
clauses apporte son soutien à l'entreprise en faisant appel à ses
partenaires de l'emploi et de l'insertion, pour définir les
modalités d'exécution des clauses les plus appropriées et
les besoins en formation.
La recherche de candidat et le volet administratif sont pris en
charge par la structure. La clause d'insertion sociale permet une embauche sous
trois possibilités :
L'embauche classique en CDI ou CDD
La sous-traitance ou la co-traitance avec une entreprise
d'insertion, basé sur un pourcentage d'heures de production qui peut
porter sur un ou plusieurs lots du marché
La mutualisation des heures d'insertion, au travers des missions
dans plusieurs entreprises (ETTI, GEIQ, A.I)
Dans tous les cas, la personne continue d'avoir un
référent pour l'accompagner dans ses démarches sociales
Ce dispositif est une collaboration directe entre les
entreprises et les acteurs de l'insertion professionnelle et de la formation.
Il peut permettre des sorties positives de façon concrète et
rapide.
La coordination des dispositifs de l'IAE est
nécessaire pour optimiser le partenariat local, en jouant le rôle
de régulateur et de relai entre la sphère économique et la
sphère sociale, et en promouvant un projet collectif de
développement local. C'est le rôle que joue le PLIE.
C - Le Plan Local d'Insertion pour l'Emploi / Plan
Local d'Insertion par l'Economie (PLIE).
1 - Qu'est ce qu'un PLIE ?
La circulaire 93-2 du 12 janvier 1993 décrit le PLIE
comme ayant pour objectif de " favoriser le retour à l'emploi des
personnes les plus en difficulté et initié par une
collectivité locale ou un groupement de collectivité locales. Le
PLIE permet de mobiliser sur des objectifs quantitatifs et qualitatifs
clairement identifiés, sur une durée pluriannuelle ne pouvant
excéder cinq ans l'ensemble des acteurs intervenants au plan local en
faveur de l'insertion : Communes, département, région,
entreprises, organisations socioprofessionnelles, structures d'insertion et
réseaux associatifs aux côtés de l'Etat"
Le PLIE apparaît la plupart du temps sous la forme
d'une association loi 1901, d'un groupement d'intérêt public (GIP)
ou est intégré à une structure déjà
présente, de type CCAS, ou Mission Locale... (Tout en ayant ses propres
financements).
L'animation est assurée par une équipe
réduite dirigée par le responsable du PLIE qui participe au
comité opérationnel. L'externalisation des fonctions
opérationnelles est privilégiée.
L'objectif du PLIE est d'harmoniser les diverses actions
publiques locales pour favoriser l'accès et le retour à l'emploi
des personnes ayant des difficultés d'insertion. Il accompagne les
publics dans l'accès à l'emploi durable.
Créé sur l'initiative d'une commune ou d'une
structure intercommunale, le PLIE coordonne l'ensemble des acteurs de
l'insertion sociale et professionnelle tels que le Département, le
Conseil Général, la Commune, les Entreprises, les organismes
socioprofessionnels, les structure d'insertion par l'activité
économique, les centres de formation, les associations...
Le PLIE ne s'intéressent pas exclusivement aux
allocataires du RMI, et accueille tout type de public : séniors,
juniors, RMI, Adulte Handicapé (A.H), Allocataire de Parent Isolé
(API), etc.
Les critères récurrents concernant
l'évaluation des difficultés d'insertion sociale et
professionnelle sont :
- L'exclusion durable du marché de l'emploi : DELD (
Demandeurs d'Emploi Longue Durée) RMI...
- Le cumul de difficultés sociales et professionnelles :
problèmes financiers, familiaux,
de logement, de santé, qui peuvent entraîner une
marginalisation de la personne - Les jeunes ayant de grave problème
d'insertion
- Les femmes seules dépendant de l'API (allocation parent
isolé) ou du RMI.
Au 1er mars 2007, il existait 205 PLIE 10
(en France).
2 - Le développement des parcours d'insertion au
sein du PLIE :
Les parcours individualisés proposés dans le
cadre d'un PLIE associent des actions d'accueil, d'accompagnement social,
d'orientation, de formation, d'insertion et de suivi. Chaque parcours est mis
en place avec le bénéficiaire, il est individualisé,
pensé par étapes et en lien avec le marché de l'emploi
local.
Le Plan contribue à une meilleure gestion de l'accueil
des personnes en difficultés et de leur parcours individualisé.
Aussi pour renforcer la cohérence et l'efficacité des diverses
politiques d'insertion, il doit permettre une meilleure articulation des champs
d'action entre les différents acteurs dans l'objectif d'optimiser
l'accès à l'emploi pour le public. Le PLIE est par ailleurs un
outil de promotion des entreprises ayant un objectif d'insertion.
10(Source :
http://www.ville.emploi.asso.fr/uploads/diaporama_plie_Conso_2005.ppt#289,3,
Le PLIE : outil de développement local et partenarial)
Dans cette optique, le PLIE participe à la conception,
au développement et à l'aide au financement des projets comme la
création de nouvelles structures d'insertion professionnelle qui
proposent de nouvelles activités pour des besoins non satisfaits sur le
marché des biens et services, mais aussi supporte la création de
groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification (GEIQ) et enfin,
fait une recherche systématique des actions liée à
l'insertion professionnelles et sociales dans la passation des marchés
publics locaux (par exemple via les clauses d'insertion).
L'accueil et l'orientation vers un PLIE sont assurés
par les organismes en contact avec les personnes visées par le
dispositif. Sont notamment impliqués les missions locales, l'ANPE, les
associations du champ sanitaire et social, les CCAS...
Réunis en comité opérationnel
animé par un responsable du PLIE, ces organismes se chargent de
l'organisation de chaque parcours d'insertion individualisés, de la
coordination et du suivi des actions... Ce comité effectue
également des bilans réguliers de la situation des publics et de
la mise en oeuvre des actions.
La réalisation technique des parcours est
confiée à différents opérateurs et
prestataires (entreprises, organismes de formation, structures d'insertion
par l'économique...) par voie de convention. Le comité
opérationnel assure la liaison avec ces partenaires.
Le renforcement des relations avec les milieux
économiques le plus en amont possible du processus d'élaboration
du PLIE constitue un facteur clef de sa réussite. La mobilisation des
entreprises, de leurs représentants et des structures locales de
développement économiques (organismes consulaires,
société d'économie mixte, clubs d'entreprises, groupements
d'employeurs pour l'insertion et la qualification...) doit favoriser
l'amélioration de la gestion de fin de parcours, l'adéquation des
parcours aux possibilités réelles d'emploi et
l'élargissement des itinéraires en entreprise.
3 - Les financements du PLIE :
L'élaboration et le fonctionnement d'un PLIE sont
financés par plusieurs sources, principalement par les
collectivités locales initiatrices et le FSE11.
L'Etat intervient aussi par la mobilisation des instruments
d'insertion. Il apporte sa contribution au financement des phases
d'études et d'élaboration des projets de plans et participe aux
coûts de leur évaluation.
Il intervient dans le cadre de la contractualisation au titre
de la politique de la Ville, les contrats de projets
Etat-Région.(CPER)12, et dans le cadre du droit commun
(Ministère de l'emploi, de la cohésion sociale et du
logement).
11 FSE : Fond Social Européen
12 Un contrat de projets État-région (CPER un
document par lequel l'État et une région s'engagent sur la
programmation et le financement pluriannuels de projets importants tels que la
création d'infrastructures ou le soutien à des filières
d'avenir. D'une durée de sept ans, les contrats de projets
État-région succèdent aux contrats de plan
créés par la loi du 29 juillet 1982 portant réforme de la
planification, que l'on doit à Michel Rocard. Le gouvernement, par
l'intermédiaire du préfet de région
représenté par son secrétaire général aux
affaires régionales (SGAR) s'accorde avec l'exécutif de la
région sur la réalisation de projets relatifs à
l'aménagement du territoire régional et sur la part de chaque
instance dans le financement. D'autres collectivités (conseils
généraux, communautés urbaines...) peuvent s'associer
à un CPER à condition de contribuer au financement des projets
qui les concernent.
Les autres collectivités territoriales telles que le
Conseil Régional et le Département participent au financement du
PLIE.
Autres participations financières envisageables : celles
en provenance d'entreprises, d'offices HLM, d'entreprises publiques...
4 - Une évaluation régulière
:
Bien qu'ils soient spécifiques aux besoins et aux moyens
de chaque collectivité, les PLIE ont des points communs :
- Une même finalité : la lutte contre les
exclusions ;
- Un dispositif contractualisé sur une durée
pluriannuelle avec des objectifs quantitatifs et qualitatifs suivis et
évalués en permanence;
- Un souci de mise en cohérence et de
complémentarité du parcours d'insertion. Et ce, avec toujours le
même objectif : conduire à l'emploi des publics en
difficulté.
- Une méthode identique : le partenariat territorial. Les
objectifs, les priorités et les moyens financiers du PLIE sont
arrêtés au sein d'un comité de pilotage réunissant
des partenaires financiers et institutionnels (Etat, commune, conseil
régional, conseil général, ANPE, mission locale...),
animé par le Président du PLIE et par le Préfet.
Ce comité de pilotage s'assure du respect des
programmes de travail défini, et fixe les objectifs et les publics
prioritaires, les actions, et enfin, définit le budget et les moyens. Le
comité opérationnel vérifie la mise en oeuvre des
orientations du comité de pilotage et organise les relations avec les
opérateurs et les prestataires.
Enfin, le PLIE fait l'objet d'une évaluation par un
membre extérieur sur l'aspect quantitatif et qualitatif de ses
actions
L'Etat a confié :
- à EUROPLIE (association créée en 1997 qui
regroupe des représentants administratifs et techniques des PLIE) une
mission d'animation des ressources de l'ensemble du dispositif ;
- à l'association Alliance Villes Emploi une mission de
sensibilisation et de mobilisation des élus pour contribuer au
développement cohérent des PLIE.
5 - Le réseau partenarial du PLIE
Il est très développé et diversifié.
En voici les principaux éléments :
Structures
|
Type de partenariat
|
Etat, Région, département, ANPE, Mission
locales...
|
Financier et institutionnel
|
Missions locales, ANPE, Associations
sanitaires et sociales, CCAS...
|
Accueil et orientation du public vers le PLIE
|
Entreprises, Organismes de formation,
|
Réalisation des parcours d'insertion
|
|
structures d'insertion par
l'activitééconomique
|
|
Organismes consulaires, sociétés
d'économie mixte, clubs d'entreprises, GEIQ...
|
Relations avec le monde de l'entreprise
privée/marché du travail
|
|
La formation :
Les types de formations proposées sont :
- Pré qualifiante comme la remise à niveau
- Qualifiante comme le diplôme le certificat
- Non qualifiante remise à niveau, formation sans
l'évaluation
La formation est effectuée par les centres de formation
gérée par l'État :
- AFPA qui propose des formations qualifiantes
- GRETA qui propose des formations gérées par
l'Education Nationale
- APP gérées par le Conseil Général
qui propose des ateliers et des modules au travers le porte clef
formation.
- Les organismes privés et, les écoles
privées ou non, les associations comme la Croix-Rouge
- Les associations chantier insertion des associations
d'insertion et les entreprises insertion.
Les financements diffèrent selon le statut de la
personne.
Cela concerne par ailleurs les allocataires de l'allocation
parent isolé (API), les personnes de plus de 25 ans et les contrats
aidés.
Il y a risque de rejet pour :
- Les bénéficiaires ayant des diplômes ou/et
une expérience professionnelle leur permettant de travailler
- Les études universitaires sauf dérogation
exceptionnelle
Le financement des formations concerne : a - Les
actions non qualifiantes :
Formations de moins de 40 heures qui concernent les
pré- formations, les remises à niveau, la préparation au
concours (excepté les APP et les actions collectives), le BAFA, le BAFD,
le BNS..., le DAEU A et B, le certificat de conduite (cariste, habilitation
EDF-GDF...), le permis B. (demande argumentée + 2 devis).
Financements et cofinancements : conseil
général
La demande est faite par les référents qui
transmettent au pole insertion (PLIE, CLI, Cellule Appui) et qui fait passer le
dossier en commission technique départementale pour une validation en
conseil général.
b- Formations qualifiantes et formations de plus de
40 heures :
Sont concernées les formations PRF qui ont des
crédits régionaux à 100 %.
Le RMI est maintenu et l'inscription à l'ANPE est
obligatoire.
Les formations hors PRF (si impossibilité d'inscription)
: prise en charge à hauteur de 4600 € ou 1200 h en centre de
formation.
Formation de 430 heures à 1200 heures : financement par
le dispositif RMI. La prise en charge de la couverture accident du travail se
fait par la DDTE.
Les formations supérieures à un an sont prises en
charge par le bénéficiaire qui peut effectuer une demande de
dérogation.
Toutefois :
Les formations hors région peuvent être
argumentées.
Les bénéficiaire RMI qui n'ont jamais
travaillé peuvent être considéré comme des
étudiants c'est pourquoi il faut demander une dérogation
auprès de la CLI avec une lettre de motivation et le contrat
d'insertion.
Dans tous les cas il faut passer par le référent
pour faire la demande afin d'évaluer la cohérence du projet et
d'évaluer la situation sociale de la personne.
Le financement n'est pas prévu pour les personnes
diplômées et est inexistant après la prise en charge d'une
première formation
Le recours est possible en cas de refus en s'adressant au
directeur de la D. G. A.S. ou au tribunal administratif
Les modalités de prises en charge par organismes de
droit commun : APP : gratuit
La prise en charge est effectuée par l'État
néanmoins les délais sont longs (trois mois minimum). Cette
formation débute par une première information collective depuis
un entretien individuel et des tests de niveau. Ceci aboutit à une
intégration dans le module selon disponibilité. Le choix de
modules reste restreint.
AFPA : gratuit
Le délai d'attente est long (1an), il faut être
capable de s'adapter au lieu de formation selon le type de formation choisie,
l'entrée s'effectue par tests de niveau, dossier et entretien.
GRETA : gratuit
Les entrées et sorties en formation sont possibles en
fonction des calendriers de formation. Les modalités d'intervention sont
différenciées : formation face à un formateur, formation
en
groupe ou individuelle, coaching, formation à distance
accompagnée, utilisation de plateformes numériques.
c - Les modalités de prises en charge pour les
organismes privés :
Pour les autres organismes, la prise en charge peut être
effectuée en partie par les bénéficiaires et le PLIE qui
les dossiers validaient.
Le dossier doit comporter un devis, une copie du contrat
d'insertion, la note d'opportunité du référent, le
curriculum vitae de la personne et éventuellement une lettre de
motivation de celle-ci. Il n'y a pas d'obligation de résultat et
l'assiduité est surveillée par le référent.
Conclusion
Depuis une quinzaine d'années, les politiques
d'insertion s'articulent entre le monde économique et social dans le
souhait d'atténuer les effets de la dérégulation du
marché du travail. C'est dans cette perspective que l'action
territoriale est plébiscitée, dans un souci de mieux agir, au
travers des dispositifs adaptés au mieux à l'échelle
locale.
Le territoire est alors une zone autonome, avec ses propres
fonctionnements. Pourtant, la notion de territoire ne se réduit pas
à une proximité géographique, c'est avant tout
l'articulation des politiques d'insertion, qui prend en compte
l'évolution du contenu de l'emploi et des mutations du travail.
C'est dans cette optique que L'Insertion par
l'Activité Economique, met en oeuvre des modalités
spécifiques d'accueil et d'accompagnement au niveau local dans une
volonté forte de sortir des logiques d'assistance, en facilitant
l'insertion sociale et professionnelle des personnes en difficultés par
le biais de contrats de travail sensés s'adapter à leurs
problématiques.
Aussi, le partenariat est primordial pour instaurer et animer
une dynamique d'insertion viable, à l'enjeu territorial. Il permet en
outre la multiplication des offres au travers des prestations d'aide au retour
à l'emploi diverses et variées, dans lequel le PLIE intervient
dans un souci de redistribution et de régulation.
C'est dans ce contexte que nous allons nous diriger vers
l'étude empirique de ce travail, effectuée auprès d'un
PLIE du Nord de la France.
Chapitre II - Terrain et méthodologie de
recherche 1- Le choix du terrain
Nous nous sommes intéressés au PLIE, qui se trouve
à la croisée de financements et d'actions variées en
faveur de l'insertion professionnelle.
L'intérêt que possède une telle structure
est qu'elle se consacre à cette mission d'insertion professionnelle par
l'économique et qu'elle est un outil complet et complexe, se trouvant
à l'intersection du pouvoir décisionnaire et politique, des
praticiens et du public.
A- Le PLIE de la ville de T.
Le PLIE de T, grande ville du Nord, s'avère être
un excellent terrain de recherche car il permet d'être en contact avec
plusieurs intervenants, à divers niveaux de l'organisation du parcours
d'insertion des allocataires du RMI.
Cela a facilité la communication avec des
opérateurs, les référents de parcours, mais aussi avec les
chargés de mission qui ont pour objectif de valider, d'animer et de
coordonner les actions d'insertion au niveau local.
Une instance décisionnaire et
gestionnaire
Le PLIE de T. est établit sur le dispositif de la loi
1901. Il a été créé par la commune, qui a ensuite
souhaité, par soucis de transparence financière, que cette
instance soit gérée hors des budgets de la Ville.
Le PLIE est une instance décisionnaire et gestionnaire
qui joue un rôle majeur dans la lutte pour l'insertion et l'emploi au
niveau local. Il permet la mise en place d'actions d'insertion par le
financement et la mise à disposition de moyens techniques et humains,
mais participe en outre à l'évaluation et au diagnostic des
besoins, au niveau local, en termes d'insertion et d'accès à
l'emploi.
Le PLIE de T. se caractérise par le fait qu'il
participe au plan de lutte contre les discriminations au travail, qu'il
contribue au diagnostic et aux préconisations liés au
développement de l'économie solidaire, et qu'il anime les
partenariats entre les différents acteurs de l'insertion :
institutionnels, professionnels, publics.
Aussi, le PLIE revendique une logique de travail reposant sur la
proximité des publics, des acteurs du travail social, des acteurs
opérationnels et des territoires.
Néanmoins, il est nécessaire de rappeler que le
PLIE reste une instance qui dépend des pouvoirs publics locaux,
départementaux, nationaux ou même européens, qui lui
délèguent la responsabilité des budgets inhérents
à l'insertion professionnelle des personnes en difficulté. Aussi,
les évaluations qualitatives et quantitatives des actions
financées pèsent lourdement sur les budgets à venir, et le
PLIE se doit de garder un regard objectif et distant vis-à-vis de ses
opérateurs. Ainsi, une action n'ayant pas été fructueuse
ne sera pas renouvelée, mettant parfois en péril la structure qui
la supporte.
B - Un PLIE pour quoi ?
Le PLIE travaille pour la promotion de l'insertion
professionnelle des publics en situation d'exclusion, et favorise, par des
actions d'insertion, l'accès à l'emploi.
Financé par la Ville, l'Etat, la Région et le
Département, le PLIE s'accorde avec le CTE13 (Comité
Technique d'Engagement) sur les budgets engagés sur des actions, sur les
évaluations et les analyses qualitatives des stratégies du PLIE
et mises en oeuvre par ses opérateurs. Le CTE est en quelque sorte un
comité de « vigilance ».
Comme toute institution, le PLIE de T. présente
diverses instances de décision, très codées et
protocolaires, avec, entre autre, le Comité de Suivi qui réunit
divers acteurs selon les besoins, mais qui permet un meilleur contrôle
des suivis individualisés des publics, une meilleure communication
interne et externe.
Les comités de suivi sont organisés de
façon régulière dans les différents quartiers de la
Ville, rassemblant l'ANPE, les référents RMI et les
référents sociaux, qui prennent des décisions quant au
parcours d'insertion des personnes, et qui orientent les publics sur des
dispositifs d'insertion cohérents avec leur contrat d'insertion.
Le point fort de ces comités de suivi est
l'objectivité qu'ils requièrent, par la prise de distance avec la
situation exposée dans le dossier.
Le PLIE de T. est constitué de 4 pôles
principaux, gérés par quatre chargés de mission :
Le pole Insertion, géré par S.S
Le pole Formation, géré par C.M
Le pole Clauses d'insertion, géré N.K
Le pole Accompagnement à l'Emploi., géré
par D.S
Ces chargés de mission ont pour but d'animer et de
valider des projets et des actions d'insertion pour les publics ayant de
grandes difficultés d'accès à l'emploi : chômeurs de
longue durée, Travailleurs Handicapés, Allocataires du RMI,
jeunes sans qualification etc.
Le PLIE finance par ailleurs des postes de
référents PLIE, dispatchés dans diverses structures, dont
la fonction est d'assurer l'élaboration et le suivi des parcours
d'insertion des personnes ayant signé un contrat PLIE.
Les conditions d'entrée dans le PLIE
Etre inscrit à l'ANPE,
Avoir des difficultés d'accès à
l'emploi.
Pour les allocataires du RMI, avoir signé un contrat
d'Insertion
Pour les jeunes de moins de 26 ans, avoir signé un
CIVIS.
En outre, les candidats à l'entrée au PLIE
doivent signer un contrat d'intégration au PLIE pour une durée de
3 mois, engageant les deux parties dans la recherche d'emploi et la mise
à disposition d'outils pour faciliter l'accès à l'emploi
de la personne.
C - Quels sont ses outils ?
|
Les actions de formations individuelles et collectives
Les positionnements sur des contrats aidés tels que les
CA/CAE...
Les positionnements sur des dispositifs d'évaluation telle
que l'EMT14
|
|
13 Le CTE réunit les financeurs, l'ANPE et la
Mission Locale.
14 EMT : Evaluation en Milieu de Travail
|
Les positionnements sur des dispositifs de remise à
l'emploi, tels que les chantiers d'insertion, les contrats en
ETTI15...
Les positionnements sur les dispositifs de l'accompagnement
à l'emploi, avec un renforcement particulier pour aider à la
reprise d'emploi, par le biais de stages, de parrainages, etc....
Les clauses d'insertion dans les contrats publics, qui
permettent de positionner des personnes en contrat aidés ainsi que de
leur assurer une formation et une pratique,
Les projets tels que le projet EQUAL qui entrent dans le Plan de
Lutte contre les Discriminations...
|
|
Quels sont les opérateurs ?
Les opérateurs sont les partenaires qui ont
signé une convention avec le PLIE pour certaines prestations que le PLIE
a souhaité financer. Ces conventions précisent la nature des
prestations, les moyens humains mis à disposition et les objectifs
quantitatifs et qualitatifs. Sans le respect de la convention, celle-ci voit
son renouvellement fortement remis en cause.
Les opérateurs diffèrent selon les pôles
mais font toujours partie du territoire (bassin de l'emploi). D'autre part,
certains organismes de formation, par exemple, peuvent être
financés pour des formations spécifiques qui ne seraient pas
proposées auprès des opérateurs conventionnés ou
des formations de droit commun proposées par le conseil
général, l'AFPA ou le GRETA.
2 - La méthodologie : A- Le
questionnaire
Le questionnaire a été ici utilisé en
préalable aux entretiens, afin de mieux cerner le champ d'action des
référents, leurs rôles, leurs fonctions, et leurs
pratiques. Il permet par ailleurs, d'appuyer les résultats
découlant des entretiens effectués.
Le questionnaire est un instrument standardisé dans le
texte, les questions et leur ordre, afin d'assurer la comparabilité des
réponses de tous les sujets. Il est indispensable que chaque question
soit posée à chaque personne de la même façon.
Dans notre étude, le questionnaire à
été envoyé par mail ou par courrier, sans contact direct
avec l'enquêteur. Cela implique une clarté des questions, sans
ambigüité, avec une directive précise permettant à la
personne interrogées de savoir exactement ce que l'on attend d'elle.
Le libellé de la question affecte la réponse, dans
des limites variables, selon le contenu. Elle reste alors dépendante du
savoir faire et de l'expérience du chercheur.
En outre, l'ordre dans lequel les questions sont
posées est important : les questions qui précèdent donnent
à la personne interrogée une idée du champ couvert par
l'enquête et l'ont familiarisé avec le thème et la
façon dont il est abordé.
Dans notre cas, le questionnaire est introduit par une
explication brève de la recherche en cours, ce qui influence
probablement les réponses qui en découle. De plus, il est
important de noter que ce questionnaire a été diffusé
à partir de la base de données du PLIE, ce qui est un autre
facteur qui a pu influer dans le taux de réponse, et le type de
réponse effectué.
15 ETTI : Entreprise de Travail Temporaire
d'Insertion
Les questionnements ont été regroupés en
thèmes, en ayant soin de garder une certain cohérence dans le
contenu des questions et dans leur succession. La longueur du questionnaire (66
questions) implique une dynamique dans le questionnement, alternant questions
ouvertes et questions fermées.
Les types de questions :
Le questionnaire proposé propose deux types de questions
:
Les questions ouvertes Les questions fermées.
Les thèmes abordés :
Présentation du référent
L'insertion professionnelle de l'allocataire RMI Le parcours
d'insertion professionnelle
Les procédures de positionnement et d'orientation La
formation
Les contrats aidés
L'idée principale était de permettre une
certaine liberté d'expression, bien que relativement limitée par
le support de recherche, sur des questions précises comme la mise en
place du parcours d'insertion.
Les questions fermées concernaient principalement, des
opinions, des chiffres, ou des choix de partenaires.
Les questions ouvertes nécessitent un codage des
réponses permettant un traitement approprié, et une liste
exhaustive des réponses.
Les questions fermées sont quant à elles, plus
faciles à traiter de part une liste préétablie des
réponses possibles.
Le traitement du questionnaire a été
effectué avec le logiciel Nestor, afin de croiser les données.
Toutefois, toutes les données n'ont pas pu être exploitées,
de part un nombre de réponses insuffisantes.
Rappelons ici que 20 questionnaires sur 32 ont
été remplis, malgré les relances par mail, courrier et
téléphone. Les raisons invoquées furent principalement un
manque de temps : toutefois, les questionnaires ont été
envoyés en février pour une réponse en avril, ce qui
laisse un laps de temps confortable pour ce type de document.
Nous avons pu constater que ce questionnaire, s'il a pu
être utile pour la préparation des entretiens, n'a pas
été une méthode de recherche concluante pour ce travail de
réflexion, ce pour deux raisons :
|
Un panel trop restreint
Un questionnaire trop long.
|
|
Toutefois, nous avons pu en tirer quelques analyses qui croisent
l'analyse des entretiens effectués.
B- L'entretien
L'entretien permet aux chercheurs de retirer des informations et
des éléments de réflexion au travers une interaction avec
une population préalablement sélectionnée.
L'échange qui découle de l'entretien permet
d'exprimer les perceptions d'une situation au travers des questions ouvertes,
et d'interpréter les réactions. Le chercheur facilite alors
l'expression, en proposant un cadre de réflexion autour des objectifs de
recherche fixés.
Les questions posées permettent de guider l'entretien
de façon à ce que le sujet ne s'éloigne pas des objectifs
de recherche. Aussi, le chercheur se doit de garder en éveil son esprit
théorique, de façon à ce que ses interventions
amènent des éléments d'analyse susceptibles d'apporter des
pistes de travail en ce sens.
L'entretien permet de concentrer l'échange autour de ses
hypothèses de travail sans exclure les développements
parallèles susceptibles de les nuancer ou de les corriger.
L'entretien semi-directif :
L'entretien est dit semi-directif car il n'est ni
entièrement ouvert, ni canalisé par un grand nombre de questions
précises.
La préparation de l'entretien demi-directif se fait au
travers une grille d'entretien, avec des questions-guide, souvent
thématiques, permettant de recevoir des informations ciblées de
la part de l'interviewé.
Il faut garder à l'esprit que ces questions sont, en
quelque sorte, des bornes permettant de guider l'entretien vers des objectifs
précis, et que le déroulement de l'entretien fera évoluer
l'utilisation de ces bornes, en fonction des interactions entre le chercheur et
son interlocuteur.
C'est donc bien l'interviewé qui, en fonction de ses
réponses, mène l'entretien. Le chercheur s'efforcera de recentrer
celui-ci lorsqu'il s'écarte des objectifs de recherche, en posant les
questions auxquelles l'interviewé ne répond pas par
lui-même.
L'entretien semi directif permet de compléter les
résultats obtenus par sondage quantitatif de type questionnaire, et
apporte de plus grandes précisions des informations recueillies au
travers les relances et les interactions entre l'intervieweur et
l'interviewé.
Enfin, l'entretien permet de repérer les
représentations au travers du discours des personnes
interrogées
L'analyse de contenu de l'entretien :
L'entretien permet de faire surgir un maximum d'informations et
de réflexions qui serviront de matériaux à une analyse de
contenu systématique.
L'analyse de contenu offre la possibilité de traiter de
manière méthodique des informations et des témoignages qui
présentent un certain degré de profondeur et de
complexité.
L'analyse thématique tente de mettre en évidence
les représentations sociales ou les jugements des locuteurs à
partir d'un examen de certains éléments du discours. L'analyse de
l'évaluation porte sur les jugements formulés par
l'interlocuteur, leur direction et leur intensité.
L'analyse de contenu permet alors d'être
utilisée pour l'analyse de stratégies, des enjeux, d'une
situation problématique ou encore de l'impact d'une mesure sur
l'interlocuteur et ses pratiques. Elle oblige le chercheur à prendre
beaucoup de recul par rapport aux interprétations spontanées, en
l'examinant à partir de critères qui portent sur l'organisation
interne du discours.
Dans cette partie du travail de recherche, il est important
de garder une méthodologie qui permette des repères précis
dans le travail d'analyse, en mettant en lumière les variables
impliquées par les hypothèses, en relevant les informations
correspondantes à ces variables, en vérifiant que celles-ci soit
conformes ou non aux hypothèses et en exprimant leurs
caractéristiques principales pour mieux les mettre en évidence
La méthode utilisée pour l'analyse des
données provenant des entretiens semi-directifs a donc été
élaborée selon trois thématiques principales :
Le partenariat, qui englobe les relations avec les instances
locales, et qui éclaircit les rôles de chacune d'entre elles
L'élaboration du parcours d'insertion professionnelle qui
reprend les étapes importantes, mais aussi les difficultés
éprouvées par les personnes interrogées
Les pratiques et décisions institutionnelles qui influent
sur le déroulement du parcours professionnel.
Ces trois thématiques permettront de mettre en avant
l'importance du maillage territorial, mais aussi de comprendre comment
l'institution, par des critères de mise en application du dispositif
RMI, contribue à freiner le travail d'élaboration des parcours
d'insertion professionnelle des allocataires RMI.
D'autre part, nous verrons les difficultés
éprouvées par les acteurs face à des outils manquant de
souplesse, qualifié parfois d'inadaptés voire de
défaillants vis-à-vis des problématiques
rencontrées par les allocataires. Nous croiserons en outre ces
données avec les attentes exprimées des allocataires
vis-à-vis du dispositif.
C - Le public interrogé :
|
Les allocataires du RMI
Les chargés de Mission PLIE Les référents
RMI
|
|
Les allocataires du RMI :
Les entretiens semi directifs effectués auprès des
allocataires du RMI se sont déroulés principalement chez eux.
L'évolution du parcours d'insertion professionnelle
des personnes a été choisie à divers moments « T
» afin de mieux comprendre l'évolution de leurs
représentations et de leurs attentes à cette période du
parcours d'insertion.
Par conséquent, j'ai rencontré des personnes
ayant signé un contrat aidé, des personnes qui sont en cours de
parcours et d'autres personnes qui ont signé un contrat mais qui n'ont
pas d'objectifs clairement définis.
Les entretiens semi directifs ont pour objectifs de
connaître l'état des savoirs des allocataires en termes de
procédures, de rôles et de règles institutionnelles. La
question principale étant de savoir si le dispositif leur permet de
repérer facilement qui
interpeller.et quelles sont les
attentes des allocataires vis-à-vis du référent et du
contrat d'insertion.
Ces entretiens se sont déroulés avec :
2 personnes en contrat aidé ou ayant effectué un
contrat il y a moins de 6 mois 2 personnes en cours de parcours insertion
1 personne ayant signé un contrat d'insertion sans
objectifs professionnels précis
La particularité de ces publics est qu'il y a une
majorité de femmes.
D'autre part, les personnes interrogées ne proviennent
pas du panel de personnes géré par le PLIE de Tourcoing. Elles
ont été sélectionnées sur la base du volontariat et
ne résident pas sur le même territoire, mais dans la région
du Nord.
La sélection de ce panel a été basée
sur deux critères principaux :
Etre allocataire du RMI
Avoir signé un contrat d'insertion
Puis, les panels ont été à nouveau
divisés en trois autres critères :
|
Les personnes ayant connu un contrat aidé depuis moins de
6 mois
Les personnes qui ont signé un contrat d'insertion,
incluant un projet professionnel et qui tentent de le mettre en oeuvre
Les personnes qui ont signé un contrat d'insertion sans
objectifs professionnels précis à atteindre
|
|
La durée des entretiens fut aléatoire : de 30mn
à 90 mn.
Le lecteur doit en outre être informé des
difficultés particulières que nous avons rencontré pour
approcher ce public, qui s'explique par une méfiance et qui exprimait
une crainte de représailles institutionnelles. D'autre part, le contact
direct avec le public était relativement rare, limitant drastiquement
les opportunités.
Pourtant, quelques personnes proches ont accepté de
participer à cet entretien, avec parfois, un coté revendicatif
qui a permis de récolter des données riches et
éclairantes. Certaines personnes ont eu plus de mal à s'exprimer
que d'autres. Deux personnes ayant eu des imprévus, cela explique que
les entretiens ne soient pas tous de même qualité, en termes de
questionnements et réponses.
Les chargés de mission :
A la frontière entre le public, les partenaires locaux
et les instances politiques, les chargés de mission ont pour objectifs
principaux de veiller à l'équilibre et à l'application des
mesures en faveur de l'insertion professionnelle des personnes très
éloignées de l'emploi, et d'animer ces dispositifs en diffusant
l'information des dispositifs disponibles, validant les actions menées
par les opérateurs conventionnés par le PLIE et en faisant le
lien entre les référents instructeurs et les actions
menées.
Les entretiens effectués avec les chargés de
mission ont pour objectif de repérer le partenariat et les
difficultés qu'ils impliquent, mais aussi comprendre leur point de vue
sur l'organisation et l'utilisation des outils par les référents
et les bénéficiaires.
Les quatre chargés de mission qui ont accepté
de s'entretenir dans le cadre de ce travail de recherche, sont assignés
à un pole particulier de l'insertion professionnelle : les clauses
d'insertion, la médiation à l'emploi, la formation et
l'insertion.
Les rencontres se sont déroulées sur le lieu de
travail des intéressés et ont duré en moyenne 120 mn.
Elles ont été obtenues sur la base du
volontariat. Je n'ai pas rencontré de freins particuliers pour
m'entretenir avec les professionnels du PLIE, les entretiens n'ont pas
été exploitables de façon similaire. Ceci peut s'expliquer
par les différences qui existent dans les domaines d'intervention, et
l'éloignement plus ou moins prononcé avec le public, en
particulier le public RMI.
Les référents généralistes
de parcours :
Les référents sont en lien direct avec le
public. Ils signent les contrats d'insertion, accompagnent les personnes, et
jouent un rôle d'intermédiaire entre les instances et le public.
Les questionnaires préalablement adressés aux
référents ont eu un rôle de compréhension globale de
leurs pratiques, en termes de moyens, de résultats. Ils ont permis
d'esquisser les difficultés ressenties pour l'élaboration du
parcours d'insertion.
Les entretiens qui ont suivis cherchent à comprendre
la relation que les référents entretiennent avec les partenaires
institutionnels et les marges de manoeuvre qui leur sont possibles face aux
freins institutionnels.
Le seul critère de sélection des
référents était qu'ils travaillent le suivi de publics
percevant le RMI.
Les questionnaires16 ont été
envoyés à tous les référents de parcours connus du
territoire de Tourcoing, soit 32 référents. J'ai pu en
récupérer une vingtaine, après maintes relances. La
principale difficulté qui a été exprimée face au
remplissage du questionnaire était le manque de temps. En effet, l'outil
proposé était composé de 66 questions ouvertes et
fermées. En outre, les référents avec qui j'ai pu
m'entretenir ont préféré la relation d'interaction de la
rencontre plutôt qu'une transmission abstraite et impersonnelle au
travers d'un questionnaire.
Trois entretiens ont eu lieu. Nous tenons à
préciser à notre lecteur que ces professionnels ont des
spécificités assez différentes, de part leur lieu de
travail et les publics qu'ils reçoivent.
|
Le premier référent, Charles, travaille seul dans
une structure associative de la ville de T. Le public qu'il reçoit est
assez homogène.
Le deuxième référent Alex, travaille
pour une structure qui accueille un public RMI ayant une problématique
de santé. Le lecteur sera attentif à cette précision qui
est un critère d'éligibilité pour accéder à
certains dispositifs.
Le troisième référent, Judith, travaille
dans le domaine des contrats aidés et
intervient spécifiquement auprès des personnes
concernées pour qu'elles accèdent à une
|
|
16 Voir annexes
formation et à sortir de ce dispositif particulier. Le
public que Judith reçoit concerne tous les publics positionnés
sur ce type de dispositif, mais notre entretien concernera en priorité
les difficultés rencontrées pour le positionnement sur la
formation et sur la sortie du dispositif du public RMI.
Nlveaux
Bac + 4 et plus
Bac + 3
Bac + 2
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70%
Niveau scolaire des référents
RMI
Pourcentages
Chapitre III - Analyse, interprétation et
conclusion I- Analyse des données
A- Les résultats quantitatifs
Le questionnaire permet d'éclaircir les rôles et
champs d'action du référent de parcours. 20 questionnaires sur
les 36 envoyés ont été traités.
Les soixante six questions posées au travers cette
enquête ne font pas toutes l'objet d'une évaluation statistique,
car leurs résultats sont problématiques.
Le lecteur aura particulièrement noté le
caractère peu scientifique de ce questionnaire qui s'est adressé
à un public restreint. Aussi, il permet surtout d'esquisser les actions
mises en place par les référents et les difficultés
éprouvées dans leur pratique quotidienne.
L'objectif primaire de ce questionnaire est un préalable
aux entretiens avec les référents.
Toutefois, il nous semblait intéressant d'en tirer les
données les plus exploitables afin d'étayer notre travail de
recherche.
La première partie de cette analyse tend à
connaître les référents, leurs qualifications, leurs
compétences, et leur organisation au travers le partenariat qu'ils
établissent.
Puis nous nous pencherons sur les pratiques des
référents au travers des thèmes tels que le contrat ou le
projet d'insertion, l'employabilité, les critères de mise en
oeuvre d'un projet d'insertion.
Enfin, le troisième volet de cette analyse met en avant
les freins principaux pour entrer dans les dispositifs d'accès à
l'emploi.
1- Qui sont les référents ?
Le métier de référent est relativement
récent, et il n'existe pas de formation spécifique pour cette
profession. Les profils de poste correspondent en majorité à des
travailleurs sociaux de type Assistant Social ou Educateur
Spécialisé. Tous ont une formation dans le domaine du travail
social.
Le lecteur notera que les Diplômes d'Etat sont
considérés ici comme niveau Bac+3.
2 - Les missions principales du référent
généraliste de parcours exprimées par les
référents:
Missions principales du référents
RMI
12
10
8
6
4
2
0
Missions principales
Définition des
professionnel besoins en
formation
Orientation vers les partenaires
Accueil Suivi social Accompagnement Contractualisation
Définition de projet
Ce graphique montre l'importance du suivi social et de la
contractualisation.
L'accompagnement est un suivi plus aléatoire que le
suivi social, qui nécessite des interventions renforcées.
(L'accompagnement signifie que la personne est actrice de ses actions et les
rencontres sont ponctuelles, en travail social, le suivi a plus un sens de
contrainte, par exemple judiciaire)
Pourtant, on pourra s'étonner que l'accueil ne soit
pas considéré comme une mission primordiale du métier de
référent, puisque, de celui-ci dépendra la relation
entretenue entre le référent et la personne
accompagnée.
Le suivi social est la fonction première
exprimée par les référents, avant même la
contractualisation et la définition d'un projet professionnel ; cela est
sans doute dû par la formation initiale des référents
plutôt orientée vers les métiers du travail social à
la différence de ceux issus de l'insertion/l'orientation professionnelle
(de type Conseiller en Insertion Professionnelle).
L'impact de ce choix de formation initiale des
référents de parcours est évidemment une tendance à
privilégier l'aspect social dans la relation d'accompagnement de la
personne, et des difficultés à mettre en place un parcours
d'insertion professionnelle.
Alors que le métier de référent est
polyvalent, nous avons demandé quelles sont les principales
compétences que ce métier requiert.
Sans surprise, le graphique reflète l'importance de la
capacité d'écoute et d'empathie du référent
à 96%. Vient ensuite l'organisation à 24% qui est suivie de
près par la capacité d'adaptation à 20%. Ces deux
dernières données peuvent refléter l'indispensable mise en
place d'un réseau partenarial sur lequel le référent
s'appuie pour la mise en oeuvre du projet d'insertion.
Qualités du référent
QEilles
|
Formation adaptée Capacité
d'adaptation Accueil Organisation Ecoute/empathie
|
|
|
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Pourcentage de référents
Orientation des allocataires vers les
référents
Guichet
Information collective Collectivités
Associations et assimilées
Aussi, nous allons tenter de découvrir ce réseau,
qui est un outil précieux pour les référents, ce qui nous
permettra un premier pas vers la lisibilité des rôles et des
champs d'action des différents acteurs.
3 - Comment travaillent les référents et
avec qui ?
Pour comprendre comment le public est touché par les
référents, nous avons posé la question concernant
l'impulsion de l'orientation des personnes allocataires du RMI vers les
référents.
Les collectivités sont majoritairement
génératrices de ces orientations (de types Conseil
général, ANPE, CCAS...).
Le lecteur tiendra compte du fait que les rencontres
spontanées, que l'on retrouve au guichet, se font dans le cadre d'une
demande l'instruction du dossier RMI. En outre, les informations collectives
sont obligatoires une fois les dossiers RMI instruits, et servent à
repérer les allocataires n'ayant pas de référent.
4 - Les partenaires pour la mise en place d'une
formation lors d'un parcours professionnel :
Le partenariat pèse sur la mise en oeuvre du parcours
d'insertion. Aussi, il a été demandé aux
référents de nous indiquer quels étaient les partenaires
principaux avec qui ils travaillaient dans le cadre de la professionnalisation
des allocataires RMI.
Partenaires principaux dans le dispositif d'insertion
professionnelle
Ne sais pas
UTPAS
CAF
CCAS
Mission locale
CMP EI/ETTI/ACI
APP
AFPA CIBC COnseil général
Centres d'hébergement Bailleurs
ANPE
Organismes de formation PLIE-ATES
On note les rôles importants du PLIE, de l'ANPE et des
organismes de formation. Les ETTI, ACI et EI sont aussi fortement
sollicités.
5 - Le contrat d'insertion :
Légalement obligatoire dès lors que le RMI est
attribué à une famille, le contrat d'insertion est
considéré avant tout comme obligatoire mais aussi
conseillé, en outre, par le fait qu'il ouvre des droits et une
reconnaissance du projet de la personne.
20 18 16 14 12
|
|
|
|
10
|
|
Série1
|
8
|
|
|
6 4 2 0
|
|
|
|
Obligatoire Conseillée Suggérée
|
|
|
|
6 - Combien de personnes les référents
accompagnent-ils en moyenne chaque année ?
(Nombre allocataires suivis par an)
|
effectifs
|
%/Total
|
% cumulés
|
27
|
1
|
4.76%
|
4.76%
|
28
|
1
|
4.76%
|
9.52%
|
30
|
1
|
4.76%
|
14.29%
|
32
|
1
|
4.76%
|
19.05%
|
33
|
1
|
4.76%
|
23.81%
|
34
|
1
|
4.76%
|
28.57%
|
37
|
1
|
4.76%
|
33.33%
|
38
|
1
|
4.76%
|
38.10%
|
39
|
1
|
4.76%
|
42.86%
|
40
|
5
|
23.81%
|
66.67%
|
60
|
1
|
4.76%
|
71.43%
|
75
|
1
|
4.76%
|
76.19%
|
78
|
1
|
4.76%
|
80.95%
|
80
|
3
|
14.29%
|
95.24%
|
100
|
1
|
4.76%
|
100.00%
|
Total
|
21
|
100.00%
|
|
|
Valeur modale : 40 (n=5)
Médiane entre 39 & 40
Moyenne 50.05, écart-type 21.74
30 40 50 60 70 80 90 100
Les référents ont une moyenne de 49 allocataires
à suivre tous les mois.
Notons que 53% des personnes accompagnées ne sont pas
considérées comme employables de suite par les
référents.
7 - Quelles sont les priorités données aux
référents dans leur mission ?
La sortie du dispositif est évidemment l'objectif ultime
des allocataires comme des référents.
On retrouve en outre l'importance de la construction d'un projet
d'insertion sociale et/ou professionnelle, visant à l'autonomie de la
personne.
Objectifs vis à vis des allocataires
Insertion sociale Insertion professionnelle
Etablir un parcours, un projet
Autonomie
Relation de confiance Sortie du dispositif
Selon les référents interrogés, le projet
d'insertion professionnelle est avant tout impulsé par la motivation et
la volonté des personnes à plus de 45%.
Il est important que nous remarquions que ces notions de
volonté et de motivation sont subjectives.
Elles peuvent exprimer une difficulté des
référents à mettre en dynamique un projet d'insertion
professionnelle. Le travail empirique nous permettra d'approfondir ce point,
à savoir quelles sont les raisons explicatives de ce frein à
l'insertion professionnelle ?
Il est par ailleurs intéressant de constater que, selon
les réponses des référents, la résolution des
problèmes sociaux périphériques n'est pas un
critère sine qua non pour construire un parcours d'insertion
professionnelle.
oftmoimaddEm ·mmscw
1
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Critères de mise en place d'un projet
d'insertion
Importance des critères
Motivation volonté employabilité
expérience professionnelle qualification
capacité de projection
résolution des problèmes sociaux
périphériques Réalité économique
Il était intéressant de comparer ces derniers
résultats avec ceux concernant l'employabilité des personnes
rencontrées, puisque cette notion, aussi subjective que la motivation et
la volonté, revient de façon récurrente dans le jargon
professionnel.
Aussi, on remarque que, paradoxalement, les difficultés
sociales annexes pourraient jouer sur l'employabilité des personnes, la
motivation étant toujours mise très en avant.
A contrario, le nombre d'années non travaillées et
l'état de santé ne sont pas considérés comme des
freins à l'emploi.
Employabilité (diagnostic d')
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Difficultés sociales
|
age
|
motivation
|
illetrisme
|
manque d'expérience
|
état de santé
|
Manque de qualification
|
2
|
19
|
4
|
14
|
1
|
9
|
1
|
10
|
|
20 15 10 5 0
Série1
Série1
Nous avouons avoir été étonné de
ce résultat, qui est à l'opposé de ce que les recherches
sur le sujet tendent à montrer, c'est-à-dire que la durée
d'immersion dans le dispositif entraine une « désintégration
lente » de l'employabilité ; Aussi, nous avons souhaité
connaître quels étaient, selon les référents, les
principaux freins à l'embauche que leur public rencontrait.
Le prochain graphique illustre que le frein le
récurrent pour l'insertion professionnelle serait l'expression du
sentiment de fatalité de la part du public face à leur situation
doublé du manque de confiance en soi.
Le manque de motivation exprimé auparavant serait-il une
mauvaise interprétation des craintes des individus face à
l'échec ou à sa répétition?
Ou cette subjectivité serait-elle le reflet de
représentations sociales des référents vis-à-vis de
leur public ?
Nous ne manquerons pas de rappeler alors que le manque de
qualification reste ici le critère objectif le plus important
exprimé dans ce graphique.
1,50% 7,00%
21%
3%
1,50%
3%
3%
1,50%
7,50%
1,50%
13,00%
15%
9%
9%
3%
manque de formation
multiplication des interlocuteurs manque de moyens financiers
complexité des démarches manque de confiance en soi temps de
réponse des institutions habitude
sentiment de fatalité
difficultés sociales annexes manque
d'expérience
marché de l'emploi difficile manque de formations
rémunérées Profil du candidat inadapté
discrimination
Difficultés de compréhension du français
Afin de comprendre les critères d'inemployabilité,
nous avons posé la question des handicaps particuliers qui
empêchaient leur retour à l'emploi.
8 - Critères d'inemployabilité
invoqués par les référents :
Les questions de santé sont ici récurrentes
à près de 50%, qu'elles soient de santé
générale, des problèmes d'addictions, ou
psychologiques.
Nous retrouvons par ailleurs des difficultés sociales
majeures qui doivent être résolues pour pouvoir penser à
l'insertion professionnelle.
Critères d'inemployabilité des personnes
très éloignées de l'emploi
2%
6% 2%
4%
26%
8%
14%
4%
4%
2%
8%
20%
Santé psychologique/mentale santé en
général
Logement toxicomanie motivation garde d'enfants
Difficultés sociales majeures manque de qualification
age
Mobilité
NSP
Isolement
La santé est pour les référents un frein
majeur à l'insertion
professionnelle.
La motivation, qui était préalablement
exprimée, devient ici secondaire et n'est pas un frein majeur à
l'accès à l'emploi.
On peut traduire cette nouvelle donnée par
l'explication suivante : la motivation est une notion que l'ont retrouve en
amont de l'action d'insertion. C'est donc le frein évoqué par les
référents pour la mise en route d'un projet. Avec le dernier
graphique, on note un net recul de l'expression de cette notion de motivation,
qui pourrait signifier qu'une fois le projet mis en oeuvre, la personne est en
phase de dynamisation et qu'elle retrouve une certain sens à sa
trajectoire professionnelle.
Le travail de fond est donc le plus difficile mais aussi le plus
important pour permettre la construction d'un projet par la personne.
Nous nous sommes intéressés à un dispositif
particulier de d'aide à l'accès à l'emploi : le contrat
aidé.
Ce choix a été effectué par le constat de
difficultés observées lors des positionnements des allocataires
prétendant à un poste à la mairie.
Nous avons alors voulu comprendre quels étaient les
principaux freins pour positionner une personne sur les dispositifs de retour
à l'emploi, puis nous avons affiné cette recherche pour les
contrats aidés uniquement.
9 - Principaux freins pour l'accès aux
dispositifs d'accès à l'emploi :
(Critères d'exclusion des dispositif)
|
effectifs
|
%/Total
|
gel CA
|
2
|
9.52%
|
Crit. sele
|
6
|
28.57%
|
pbm outils
|
7
|
33.33%
|
age
|
1
|
4.76%
|
pbm famill
|
1
|
4.76%
|
NSP
|
4
|
19.05%
|
Total
|
21
|
100.00%
|
|
Efficacité entropique : 86.7%
NSP 19%
pbm famill 5%
age 5%
pbm outils 33%
|
|
10% gel CA
29% Crit. sele
|
|
Effectif = 21
Les critères d'exclusion des dispositifs insertion
concernent à 33% des outils non adaptés aux
problématiques. 29% considèrent que les critères de
sélection sont trop élevés. 10% regrettent le gel des
contrats d'avenir. Enfin 19% ne se prononcent pas.
Nous pouvons constater que les problématiques
évoquées sont d'ordre structurel et non social.
Intéressons nous plus particulièrement aux
emplois aidés, qui est le dispositif le plus visible mis en place pour
dans le cadre de l'insertion des personnes les plus en difficultés et
qui représente en mai 2007, plus du quart des sorties du dispositif
RMI.17 .
17
http://www.travail.gouv.fr/IMG/pdf/Sortie_des_minima_sociaux_et_acces_a_l_emploi.pdf
Principaux freins pour l'accès aux emplois
aidés :
(Difficultés à positionner sur un co)
|
effectifs
|
%/Total
|
peu offres
|
3
|
14.29%
|
+ de CA
|
2
|
9.52%
|
CAE négati
|
3
|
14.29%
|
Crit sélec
|
3
|
14.29%
|
aucunes
|
10
|
47.62%
|
Total
|
21
|
100.00%
|
|
|
14% peu offres
10% + de CA
14% CAE négati 14% Crit sélec
|
|
Efficacité entropique : 87.7%
aucunes 48%
Effectif = 21
48% des référents ne constatent aucun frein au
positionnement sur un emploi aidé.
Pourtant, cela laisse 52% de ces référents qui
expriment ces difficultés, avec, sur trois niveaux équivalents
(14%) un volume de contrat aidés restreint, des critères de
sélection trop élevés et une image négative des
contrats aidés vis des publics accompagnés.
Enfin, on note que 10% d'entre eux regrettent le gel des
contrats d'avenir pour les personnes au RMI, ce qui peut s'associer au manque
de volume de ces emplois.
Conclusion :
Le référent généraliste de
parcours est avant tout un travailleur social, ce qui influe largement sur
l'approche que ces professionnels ont vis-à-vis du suivi des
allocataires du RMI.
L'interprétation de leurs fonctions les pousse
à agir d'abord sur les problématiques sociales, puis sur
l'insertion professionnelle. Pourtant, nous avons pu constater que la
résolution de ces problématiques sociales n'était pas une
condition préalable à la mise en route d'un projet d'insertion ;
toutefois, les référents exprimaient une difficulté
à dynamiser le public pour impulser le projet. Cette difficulté
semble d'ailleurs s'atténuer une fois le projet en construction.
Avec une moyenne de 49 allocataires à suivre tout au
long de l'année, le référent généraliste de
parcours doit s'appuyer sur un partenariat réactif et suffisamment dense
pour satisfaire ses besoins d'outils en faveur de l'insertion professionnelle
et sociale.
Par ailleurs, nous avons pu voir tout au long de cette analyse
de données, que les référents généralistes
de parcours sont assez mal à l'aise avec des notions inhérentes
à l'insertion professionnelle, et ont plutôt des
représentations sur les critères de mise en oeuvre d'un parcours
professionnel, comme la volonté, la motivation, l'employabilité
ou l'inemployabilité.
Pourtant, nos questions ont permis d'identifier des freins
à l'insertion professionnelle, partant de constats face à
l'échec du public accompagné.
Il faut ici noter une notion importante : nous allons
exprimer les freins à l'emploi face aux freins à
l'employabilité. Cette différenciation est essentielle pour bien
comprendre que les référents ont clairement identifiés les
handicaps pour accéder à une activité professionnelle et
les critères d'embauche imposés par le marché.
Les référents expriment ici les
difficultés rencontrées en amont du travail d'insertion
professionnelle, avec l'identification des notions de « sentiment de
fatalité, de manque de confiance en soi, de manque de motivation
». On retrouve tout de même l'identification d'un manque de
qualification, qui, ajouté à un manque d'expérience,
contrebalance cette tendance à mettre en avant des
représentations sociales fortes. Cela peut s'expliquer par le fait que
le référent contextualise la relation d'accompagnement, qui
implique une relation de transfert et de contre-transfert importante, que nous
ne développerons pas ici, mais qui reste déterminante dans le
processus d'accompagnement.
Les critères d'employabilité ont l'avantage
d'être objectifs : pour les référents, la santé est
un frein majeur de l'insertion professionnelle des allocataires du RMI.
Les référents identifient toujours les
problématiques sociales comme étant des freins à cette
insertion professionnelle, ce qui pourrait être paradoxal avec ce qui a
été dit précédemment, à savoir que les
problématiques sociales ne freinaient pas le projet d'insertion.
Cela tendrait à signifier que le projet d'insertion,
qui reste abstrait, est plus accessible que l'insertion elle-même.
Pourtant, il faut garder à l'esprit que le référent doit
effectuer un travail considérable en amont pour redynamiser la personne
et impulser ce projet.
L'accessibilité au projet d'insertion et aux outils
pour construire ce projet à été posée au travers
deux questions concernant les freins que les référents
rencontrent pour positionner leur public sur des actions insertion.
Les résultats montrent que les problématiques
rencontrées sont d'ordre plutôt organisationnel, avec une
élévation des critères de sélection, et une
réduction du volume des offres.
En nous intéressant plus particulièrement aux
emplois aidés, nous constatons que ces deux résultats
s'accompagnent d'une image négative du public envers ce dispositif.
Le contrat aidé devient alors un outil dont les enjeux
sont élevés par rapport aux résultats qu'on lui
prête : la baisse régulière du nombre d'offres de ces
contrats entraîne mécaniquement une surenchère des
critères d'embauche, aidée par des décisions
politicoinstitutionnelles qui tentent de réduire les coûts au
maximum.
Nous pouvons nous interroger sur une éventuelle
volonté des pouvoirs politiques à tuer l'oiseau dans l'oeuf : le
contrat aidé est considéré comme non viable en termes de
résultats et coûte encore trop cher à la
collectivité. La réduction des budgets étouffe le
dispositif, pour mieux le faire disparaître.
Pourtant, nous verrons dans notre étude qualitative
que, malgré une réputation peu flatteuse, le contrat aidé
peut être un outil valorisant et efficace pour un retour à
l'emploi durable.
B - Analyses et interprétations des
entretiens
1 - Un parcours d'insertion professionnelle
balisé
Comme nous l'avons ultérieurement
précisé au travers l'échange théorique de la
première partie, établir la topologie du parcours d'insertion est
chose impossible, tant les problématiques rencontrées par les
personnes allocataires du RMI sont diverses et variées. A défaut
de mettre en évidence un parcours d'insertion type, les entretiens
permettent de révéler des étapes clefs de la mise en
oeuvre de ce parcours, au travers une explicitation des pratiques des
référents.
1.1 : Une relation déterminante
Nous notons l'importance de la relation humaine qui lie les
acteurs dans ce type d'intervention. Le suivi et le soutien d'une personne dans
l'élaboration de son parcours d'insertion sont principalement
régis par une relation de confiance « Quand elle sent au
travers cette écoute de la considération, quand on sent qu'on a
une personne, alors vraiment elle peut se confier. A ce moment elle se livre en
toute confiance. Ca, je pense que c'est une notion très importante,
très, très importante » (Charles, RGP). La prise en
compte de la parole de l'autre, la capacité d'écoute instaure la
relation de confiance qui s'établira et qui conditionnera le travail de
construction du parcours d'insertion.
Si la relation du référent avec l'allocataire
se situe, comme le dit Alex, dans « un rôle de coach
», il ne faut pas perdre de vue que le référent
détient les clefs, pour proposer des alternatives dans la construction
d'une trajectoire sociale professionnelle, des personnes qu'il accompagne. En
favorisant la création de lien, et en activant la capacité
d'entrer en relation des personnes qu'il « coache », le
référent collabore à la reconstruction de
l'identité sociale de la personne. Le recouvrement de l'estime de soi,
qui passe par des périodes d'apprentissage de la vie en
société mais aussi de la vie professionnelle, permet de
« motiver la prise de risque » (Charles, RGP), de donner
à la personne la possibilité de se construire de nouveaux
repères et ainsi de « pousser le public à scruter le
marché de l'emploi marchand » (Charles, RGP).
1.2 : Une dynamisation du parcours par la mise en
étapes
Le parcours d'insertion est vu comme une succession
d'étapes « pour définir un projet, un parcours mais je
parle souvent d'un escalier qu'il faut parfois monter une marche à la
fois pour arriver en haut » (Alex, RGP18). Certaines
d'entre elles sont essentielles pour s'assurer d'une collaboration interactive
entre le référent et la personne qu'il suit « La
première étape qui est nécessaire et qui définit
aussi bien le métier de référent, c'est l'accueil,
18 RPG : Référent
Généraliste de Parcours aussi nommé référent
RMI
euh... tout part de l'accueil et de la relation de
confiance que vous pouvez établir avec l'intéressé, la
personne qui vous avez en face ». (Charles, RGP)
La mise en étape du parcours d'insertion permet, en
outre, de recadrer les actions à mettre en place, d'éviter «
la dispersion » des personnes suivies « les gens en
général se dispersent beaucoup face à la
précarité, il est prêt à prendre tout ce qui se
présente. Et souvent ça ne tient pas, ça ne tient pas...
» (Charles, RGP). Cette perte de repères, attribuée par
Charles à la situation de précarité, doit être
contrôlée par le référent, en posant des conditions
à l'accompagnement qu'il propose « en termes de parcours
d'accompagnement, dès le départ, l'explication est tellement
nécessaire pour que la personne comprenne quel est le rôle du
référent et quelles sont ses limites dès le départ.
Pour éviter les problèmes. Il a sa part à accomplir
là dedans. C'est très important. Et que la personne peut
créer avec ça, on a pas de difficultés, on a pas de
difficultés ». (Charles, RGP). D'autres
préfèrent situer cette situation d'accompagnement dans une
relation d'ajustement plutôt que de balisage« Je ne me mets pas
d'objectifs particuliers, je suis là pour accompagner les personnes
» (Alex, RGP)
La mise en oeuvre des moyens visant à l'insertion se
traduit par une succession d'étapes, qui s'étalent sur une
durée plus ou moins longue. Ainsi, Alex explique « moi y'a des
gens que j'accompagne, on en est au 15ième voire au
16ième contrat d'insertion et euh l'objectif... ».
D'ailleurs, la durée de cette période varie en fonction de
l'accumulation des problématiques sociales rencontrées par les
personnes « on essaye de tout mettre à plat de poser ses
valises » (Alex, RGP) et de la capacité des personnes à
rebondir sur des situations difficiles comme, par exemple, les problèmes
de santé qui n'autorisent plus l'exercice d'un métier et qui
oblige à se remettre en question.
Cette dynamisation du projet d'insertion lie les deux acteurs
« Donc rapidement malgré la problématique santé,
malgré le fait que les personnes n'ont parfois pas travaillé
depuis des années, euh, on essaie dans la mesure du possible
d'évaluer, de mettre en place assez fréquemment des parcours
d'insertion professionnelle », car elle donne un rythme au parcours,
d'autant plus que les référents constatent que « plus on
était longtemps dans le parcours RMI, plus on était inemployable
» (Alex, RGP).
La réduction de cette période d'insertion est
importante, même si elle semble paradoxale avec l'idée de respect
du rythme des allocataires. C'est tout l'art du référent que de
jongler avec ce rythme aléatoire du parcours d'insertion, pour permettre
une insertion rapide en fonction des problématiques du public.
Toutefois, les référents constatent une fois
encore que « Le plus difficile est quand la personne est très
éloignée de l'emploi » (Charles, RGP).
Comment alors envisager l'élaboration d'un parcours
professionnel si les problématiques sociales ne sont pas résolues
?
A ce niveau les référents reconnaissent une
fois encore que cela dépend des personnes et des problématiques
qui les suivent « parfois il faut pouvoir lever les freins afin de
pouvoir penser l'insertion professionnelle, parfois c'est en accédant
à un parcours d'insertion professionnelle que les freins vont se lever
» (Alex, RGP).
On peut alors comprendre le besoin des
référents à connaître les personnes avant de signer
un contrat d'insertion, qui le lieront un certain temps, au succès du
parcours de leur public. Aussi, Charles explique « Moi, je convoque
une personne quand je me sens disponible par rapport à elle. Sinon,
entre le moment où je fais le contrat d'insertion parfois
j'appelle une personne au bout de 2 mois, parfois quatre
mois. Quand moi je suis disponible pour cette personne, je l'appelle. Je ne
l'appelle pas pour pouvoir répondre à des chiffres ou à
des données statistiques, non. Je ne m'impose jamais cette contrainte
là ».
Cette analyse des pratiques des référents nous
permet de mettre en avant que l'élaboration d'un parcours d'insertion
passe par différentes étapes. Le parcours professionnel est l'une
des composantes du parcours d'insertion et reste indissociable du parcours
d'insertion sociale. Pourtant, l'étape de professionnalisation qui est
au coeur du processus du parcours d'insertion professionnelle, ne peut
être efficace que si un travail d'explicitation, de verbalisation et de
préparation à la mise en projet est maximal.
Ce travail par objectifs successifs montre qu'il existe un
besoin en termes de temps de réflexion. On laisse le temps aux personnes
de construire, à leur rythme, un projet d'insertion « On y va
par petites étapes » (Alex, RGP).
Ces étapes peuvent permettre de garder une dynamique
d'insertion constante, en corrélation avec les capacités des
personnes, et selon leurs problématiques particulières.
Toutefois, nous pouvons émettre un bémol, en interprétant
cette volonté de ne pas aller trop vite, comme une manière habile
de contrer ses propres angoisses, face à l'échec
éventuelle de la personne dans son cheminement « parfois on est
un peu trop vigilants » (Alex, RGP).
L'adaptabilité du référent, face
à la diversité des problèmes exposés par les
personnes, dépend de sa capacité à diagnostiquer les
problématiques visibles et cachées, afin de pouvoir proposer des
étapes en adéquation avec les particularités de chaque
individu « les gens ont un projet sous jacent qu'ils n'osent jamais
mettre en avant. Ca commence par des petites touches pour voir comment on va,
si c'est possible... au fil du temps, il sort l'essentiel quoi »
(Charles, RGP).
1.3 : Un diagnostic approfondit essentiel
Le diagnostic, qui succède à l'accueil, est
l'une des étapes clef du parcours d'insertion « on essaye de
tout mettre à plat de poser ses valises et de se poser la question d'un
parcours professionnel » (Alex, RGP). D'ailleurs, ce diagnostic
permet d'évaluer la capacité de l'individu à entrer dans
un processus de construction de projet au vu des problématiques qui le
concerne. Là aussi, revient le thème de la relation de confiance
: « Le diagnostic permet de mettre en mot les besoins et les attentes
réelles des personnes » (Charles, RGP) qui vont verbaliser
leurs difficultés. La transformation de ces difficultés en
problématiques est du ressort du RGP et se contextualise à
travers le diagnostic qui en découlera.
Une fois ce dernier établi, le référent
sera à même de comprendre à quel niveau il devra
intervenir, mais aussi il pourra décider quels seront les cadres de
l'accompagnement qu'il proposera à la personne.
Comme le remarque Marc, en parlant des référents
« nous on leur fait confiance (...) ils sont en capacité de
diagnostiquer ». Le rôle des référents est bien
de faire une évaluation sociale et professionnelle de la situation de
son public. Il est l'interlocuteur clef, celui qui connaît les personnes,
et qui est sensé agir de façon adéquate pour l'aider
à construire un projet de vie, en utilisant au mieux les outils à
sa disposition.
1.4 : Un pouvoir contractualisé
Une autre étape clef du parcours d'insertion concerne
le contrat d'insertion, officialisant la relation tripartite entre le
référent, l'allocataire et le Conseil Général, et
approuvant le projet d'insertion qui a été préalablement
travaillé par le binôme référent/allocataire.
Cette étape de la signature du contrat d'insertion,
intervient à la fin du premier trimestre du versement de l'allocation
RMI. Toutefois, le référent est en mesure d'en reporter la
signature, s'il considère que la personne a besoin de plus de temps pour
élaborer un projet d'insertion, qui peut être social et/ou
professionnel.
Le contrat d'insertion renforce le pouvoir du
référent sur l'évolution du parcours d'insertion. En
effet, le Conseil Général mandate de référent pour
agir au nom de la personne « ce contrat d'insertion, quand j'explique
à la personne que on... monte, on élabore un projet ensemble, je
l'envoie au conseil général. Le Président du conseil
général le, le valide, on me le retourne, c'est comme si on m'a
donné la signature du Président du conseil général
pour agir au nom de cette personne, cette signature là, qui vient, en
disant le contrat est validé, moi c'est, ça me donne... j'aime
pas le mot hein, entre parenthèse, hein, un pouvoir extraordinaire. Que
j'appelle le HLM, que j'appelle je ne sais pas quelle entreprise, que j'appelle
la préfecture, que j'appelle.... il intervient ! Ils vont même pas
me demander pourquoi vous le faites, j'ai le mandat du Président du
Conseil Général pour agir au nom de la personne »
(Charles, RGP).
Nous pouvons alors interpréter ce mandat comme
étant une mise sous tutelle de l'allocataire et « de s'assurer
qu'il y a bien un lien existant avec euh, un référent
mandaté pour voilà... oui, s'assurer de l'effectivité de
la mise en place d'actions » (Gaël, PLIE).
Nous pouvons d'ailleurs voir fortement le parallèle
avec la pratique médicale, qui s'appuie sur le concept du patient
éclairé, conscient des choix qui s'offrent à lui,
après avoir établi un diagnostic de sa situation. Finalement, le
rôle principal du référent est d'établir un check up
de la situation sociale des individus, et de proposer un traitement
adapté aux symptômes (problématiques) pour éradiquer
la maladie (l'exclusion), le tout, au travers un contrat légalement
établi, une sorte de décharge pour le patient (l'allocataire) qui
confie sa situation aux experts de l'insertion (sociale/professionnelle).
Comment alors ne pas craindre une tendance à
dépendre des services qui le prennent en charge, qui induit un
comportement infantile, presque d'aliénation « le rôle
des référents à ce moment dans un travail de dynamisation
de la personne et de mobilisation toute azimut de la personne parce que c'est
très, très, très important de dire à la personne
« moi je crois... vous avez un potentiel, vous savez faire des choses
» mais euh « peut être que vous vivez euh... en fonction du
regard des autres ou vous vous laissez guider » alors que c'est à
vous d'avancer un peu quoi !. Faut pas se dire... faut pas laisser les gens
tout le temps penser à votre place ! Si vous avez des capacités,
et ben on vous sert votre plateau et vous faites vos tartines ! Voilà !
Ca c'est très important ! Les gens eux même sont dans cet
état d'esprit, et ça, c'est dommage, ça c'est dommage !
» (Charles, RGP) et à Alex d'ajouter « Je fais des
contrats de quatre à six mois en général, j'essaie de voir
les personnes assez régulièrement, y'a peut être des gens
que je vois peut être trop régulièrement ».
Nous nuançons cette interprétation, en
indiquant que les référents sont conscients du pouvoir que leur
infère la signature du contrat d'insertion et de la
responsabilité qu'ils prennent en signant ce contrat « j'ai
compris que cet accueil que je fais avec les gens, ce n'est pas simplement un
accueil administratif, mais c'est en fait l'accueil de la vie des gens
» (Charles, RGP).
Le contrat d'insertion est une étape qui doit pouvoir
être préalablement explicitée aux individus «
C'est important d'expliquer les avantages du contrat d'insertion »
(Charles, RGP) pour qu'ils en comprennent l'impact sur leur vie
quotidienne. Si les référents voient au travers ce dispositif un
moyen de faire valoir les droits des personnes, en leur facilitant
l'accès à d'autres dispositifs au travers l'intervention du
référent « Ce qui importe pour moi, c'est d'expliquer
quel est l'avantage de faire un contrat d'insertion. » (Charles,
RGP), nous pouvons y voir un moyen de contrôle des actions d'insertion
(mises en place et acceptées par le binôme), par le Conseil
Général.
Le référent représente les
intérêts de la personne mais aussi une institution capable de
soutenir, par des moyens divers et variés, le projet d'insertion sociale
et professionnelle des personnes.
1.5 : Les compétences mises en oeuvre par le
référent
Alors que nous positionnons cette étape de la
signature du contrat d'insertion comme une étape majeure du parcours
d'insertion, c'est parce qu'elle impulse le projet non seulement en le
validant, mais aussi en mobilisant le réseau du référent
et sa capacité à activer ce réseau en fonction des besoins
de la personne. Nous rappelons par conséquent l'importance de la
qualité du diagnostic préalablement effectué, qui
orientera les actions proposées pour mener à bien ce projet.
Notons en outre l'importance que les référents
accordent à l'explicitation des actions menées « ses
droits, c'est de connaître les dispositifs » (Charles, RGP),
comme pour s'assurer de la compréhension des solutions qui lui sont
proposées.
C'est alors que nous insisterons sur l'importance une fois
encore, de la relation existante entre le référent et la
personne, qui devra permettre à l'allocataire d'atteindre le but ultime
: «L'objectif, c'est l'autonomie » (Alex, RGP)
Lorsque l'insertion professionnelle est
évoquée, elle l'est pour deux raisons : soit on propose une
mesure de retour à l'emploi pour enrayer une problématique
économique ou sociale, et éventuellement impulser un projet
professionnel, soit on met en place un projet professionnel bien balisé,
avec des objectifs de formation, d'insertion via un contrat aidé, ou
d'une mesure d'accompagnement à l'emploi.
L'orientation sur l'une ou l'autre des solutions
dépend véritablement de la situation de la personne à un
moment T du parcours d'insertion. C'est ici qu'intervient la capacité du
référent à réagir en fonction des évolutions
du parcours d'insertion et de la personne. Si, pour le référent
« la formation doit permettre d'accéder au travail »,
il avoue ne « pas être en capacité juger si une formation
est bonne ou non » (Charles, RGP).
Nous pourrions alors penser que les outils proposés
pour baliser le parcours d'insertion ne sont pas toujours maitrisés par
les référents, avec un retour, en termes de résultats, non
optimum, comme l'exprime Gaël, du PLIE « cette personne veut
travailler, j'ai testé la plateforme IOD, ça n'a pas
marché, euh, bon, est ce que vous pouvez faire quelque chose
quoi .Est ce que la conclusion qui a été
tirée par le référent c'est ben, comme l'IOD n'a pas
marché, c'est forcément un positionnement contrat aidé,
c'est un positionnement contrat aidé, est qu'on est plutôt sur
première étape de parcours type CAE ou CA, ou est ce que c'est
plutôt CDDI... rien de tout ça n'est travaillé au jour
d'aujourd'hui ».
Se pose alors la question de la nécessité de
l'échange des pratiques, et d'une réflexion commune sur
l'utilisation possible des outils dans les parcours d'insertion.
Malgré tout, les référents ont bien
constaté que l'association simultanée des outils dans
l'étape de professionnalisation est primordiale pour garder une
dynamique et un sens à l'action. Aussi, « le contrat
aidé n'est pas une fin en soi » (Alex, RGP), mais qu'il doit
permettre un réapprentissage des comportements attendus dans le monde
professionnel ; il est donc lui-même l'instrument d'acquisition de
nouvelles compétences, au travers des savoirs faire et des savoirs
être inculqués durant la prise de poste.
Aussi, la mobilisation des personnes et des employeurs doit
être constante pour pouvoir optimiser les chances de maintient à
l'emploi lors d'une sortie positive du dispositif « Moi je m'attache
peut être à rencontrer les personnes peut être plus
régulièrement les personnes qui accèdent à un
emploi que quand elles n'y sont pas » (Alex, RGP) en maintenant cette
relation de confiance et de travail avec ses partenaires « jouer le
jeu avec l'employeur, de sensibiliser l'employeur (...) savoir qu'il y a une
structure derrière qui peu lever certains freins ou aller chercher des
financements... » (Alex, RGP).
Conclusion :
Faute de pouvoir mettre en évidence une typologie du
parcours d'insertion des allocataires du RMI, nous avons pu établir les
étapes clefs de la mise en oeuvre du projet d'insertion, qui porte sur 4
points principaux :
L'accueil de la personne qui déterminera le
déroulement de la relation entre le référent et
l'allocataire et le degré de confiance qui permettra la mise en mot des
problématiques de ce dernier
Le diagnostic précis de la situation sociale et
professionnelle de la personne, qui découlera de l'accueil, et qui devra
rendre compte de la globalité du contexte dans lequel évolue
l'individu
Le contrat d'insertion, qui, loin de n'être qu'une
formalité administrative, est la clef qui ouvre des perspectives, des
stratégies, des alternatives pour la mise en oeuvre du parcours
d'insertion professionnelle.
Une méthode de travail, qui repose sur :
o L'association des ressources, en termes de moyens mais
aussi de partenariat afin de rythmer le parcours d'insertion et de garder ainsi
une dynamique mais aussi d'acquérir de nouvelles compétences, au
travers l'étape de « socio- professionnalisation
»19, en vue de l'insertion professionnelle et sociale de la
personne.
19 Etape de socio-professionnalisation : c'est la
socialisation de l'individu au travers sa professionnalisation que l'on
décrit ici.
o La mise en étape du parcours d'insertion de
façon logique et articulée, demandant une veille constante du
référent sur les parcours d'insertion qu'il accompagne.
Néanmoins, la définition et l'élaboration
d'un parcours d'insertion restent laborieuses.
2 - Des acteurs de terrain face aux exigences
institutionnelles
L'analyse des pratiques institutionnelles au travers les
entretiens qui ont eu lieu auprès des chargés de mission et des
référents de parcours va permettre la mise en avant de
l'articulation des outils mis à disposition dans le dispositif RMI, en
particulier concernant l'insertion professionnelle des allocataires du RMI.
Cette analyse pourra pointer les paradoxes qui opposent les pratiques
institutionnelles et les pratiques de terrain, mais aussi de repérer
quelles sont les marges de manoeuvre des professionnels face aux
impératifs institutionnels.
La signature du contrat d'insertion permet, comme nous avons
pu le voir dans la partie précédente, d'ouvrir les portes du
parcours d'insertion, en offrant un accès aux dispositifs d'insertion
mis à disposition dans le cadre de l'insertion professionnelle des
allocataires du RMI.
Malgré un sentiment d'autonomie exprimé par les
référents RMI, appuyé par une faible directivité du
Conseil Général sur les moyens à utiliser pour la mise en
oeuvre du parcours d'insertion, il est important de relever les pratiques
institutionnelles qui régissent la mise en oeuvre du contrat
d'insertion.
2.1 : Un pouvoir cadré par une contractualisation du
parcours
Dès l'entrée de la personne dans le dispositif
RMI, le Conseil Général est en mesure de lui désigner un
référent (si la personne a effectué sa demande RMI sans
intermédiaire). De ce fait, le référent se voit attribuer
un nombre pré établit d'allocataires à suivre,
calculé au prorata du nombre d'heures hebdomadaires.
Il devient de fait le principal interlocuteur des partenaires
impliqués dans l'élaboration du parcours d'insertion «
Le référent prescripteur devient notre principal interlocuteur
», (Gaël, PLIE).
Comme le précise Gaël, du PLIE « on est
bien dans l'idée de ne pas multiplier les interlocuteurs », le
référent étant désigné comme l'interlocuteur
principal entre l'institution, les instances et la personne accompagnée,
impliquant par ailleurs une demande de polyvalence de cet acteur-relai
«j'ai le sentiment d'avoir un rôle, on est multicarte »
(Alex, RGP).
Les pratiques institutionnelles que nous avons relevé
dans les entretiens ont pour objectif le cadrage des pratiques des
référents, laissant parfois une impression de contrôle de
leur travail avec les allocataires : « La signature du contrat
d'insertion permet le contrôle de l'effectivité de la mise en
place d'actions. On impose aux référents de rencontrer les gens
par une contractualisation trimestrialisée » (Gaël,
PLIE).
Les partenaires exercent une pression sur les
référents de façon constante, afin qu'ils répondent
aux attentes institutionnelles : « Le comité de suivi permet de
vérifier si tout le monde a eu l'information, l'a bien comprise de la
même manière que le sens. C'est aussi une manière de garder
un contact avec les référents » (Gaël, PLIE).
Toutefois, ces partenaires sont forcés de constater que «
Les référents présents en comité de lecture sont
ceux qu'on retrouve en comité de suivi. On n'arrive pas à toucher
tous les référents au travers ces comités »
(Gaël, PLIE).
Nous pouvons en déduire logiquement, que le PLIE n'est
pas qu'une plateforme réunissant les acteurs de l'insertion, mais aussi
un manageur de ces acteurs. Malgré tout, il existe une résistance
à cette pression institutionnelle, comme par exemple, au travers
l'absentéisme récurrent de certains référents,
conviés aux comités de suivi.
Quant au contrat d'insertion, la trimestrialisation est
limitée par l'incapacité du Conseil Général
à réduire le temps de traitement du document « La limite
de réduction des durées des contrats d'insertion, c'est le temps
de traitement du conseil général » (Gaël, PLIE).
C'est aussi un contrôle du référent comme du public
« On est sur les contractualisations qui sont sur des durées
les moins importantes possibles » (Gaël, PLIE).
Ce contrat d'insertion qui officialise l'engagement pris
entre le département et l'allocataire est avant tout du contrôle
social « Par le contrat d'insertion, le conseil général
est au courant de ce que la personne fait comme démarche »
(Charles, RGP).
Il est surtout la condition sine qua non pour
bénéficier des actions possibles en faveur de l'insertion
professionnelle « Le jour où la personne a besoin de la
collectivité, le conseil général répond par des
financements. S'il a été suivi, s'il a un bilan de suivi par
exemple » (Charles, RGP).
Mais la contractualisation du parcours n'est pas comprise
« je ne saisi pas toujours à quoi cette obligation
répond... si c'est uniquement pour dire voilà sur la
région le nombre de contrats d'insertion qu'on a, franchement, ça
va beaucoup me désoler. » (Charles, RGP).
Elle est identifiée comme une volonté de
contrôle statistique, et les reproches que les référents
lui font, sont un manque d'objectivité en termes de travail effectif
effectué avec les personnes. Pour les référents, la
contractualisation ne reflète pas le retour à l'emploi des
personnes, mais cherche à instrumentaliser les outils pour faire du
contrôle social.
Ce contrôle social fait l'objet d'une contrepartie :
l'accès aux dispositifs d'insertion professionnelle, comme la formation
« il a plus de chance de faire une formation .Si la personne n'est pas
connue, elle n'aura pas accès aussi facilement aux dispositifs
d'insertion. Quelqu'un qui n'est pas suivi, ce sera un parcours du combattant,
par rapport à nous qui obtenons tout en une semaine, même moi
» (Charles RGP).
La contractualisation des parcours devient en outre
systématique, avec la signature d'un contrat d'entrée dans le
PLIE et il est constaté que « plus le temps passe, plus on
signe des contrats avec tout le monde, avec une illisibilité du
système et des dispositifs » (Gaël).
Le flou qui réside autour du monde de l'insertion
serait renforcée par l'établissement de procédures (ici,
de contractualisation), avec un impact parfois inattendu « on se
retrouve avec des personnes qui sont sur un contrat, qui sont
bénéficiaires du PLIE et qui, en fait, ne s'en rendent pas compte
durant leur première étape de parcours » (Marc). Aussi,
il est intéressant de constater que la contractualisation à
outrance finie par ne plus avoir de sens.
Cette constatation est renforcée par les
témoignages des allocataires du RMI, qui, interrogés sur le
contrat d'insertion, avouent que « c'est pour dire de signer quelque
chose » (Fabienne).
2.2 : L'autonomie relative des référents
généralistes de parcours
Nous pouvons constater que le sentiment d'autonomie des
référents par rapport à leur façon de gérer
les parcours reste fort. Malgré tout, lorsque le Conseil
Général souhaite un changement de référent, Alex
note : « le conseil général, c'est-à-dire la CALI
n'hésite pas à faire un petit avis ».
En revenant sur le rôle des référents,
Marc évoque leurs difficultés à travailler sur l'insertion
professionnelle ; il met en avant le manque de compétences de ces
professionnels sur cet angle de travail « on a le département
qui a demandé à des personnes, qui, pendant 10, 15 ans, ne
faisaient que du travail social avec eux. On leur a demandé de faire de
l'insertion professionnelle...ça ne se fait pas du jour au lendemain. On
est quand même sur un choc de culture [...] Là, on a du personnel,
ce n'est pas qui veulent pas faire, ils ne savent pas faire ».
Si les fonctions du référent ont
évoluées, elles posent question aux référents de
parcours lorsqu'une tentative de formation en direction de l'insertion
professionnelle est effectuée « j'ai pris du recul par rapport
à ça parce que c'est essentiellement porté sur l'emploi,
donc nous, on se situe plus de l`autre coté ? ».
En effet, lorsqu'on parle d'autonomie des
référents concernant les moyens qu'ils utilisent pour mettre en
oeuvre un contrat d'insertion, il est opportun de noter une certaine
volonté de la part des instances et institutions, à
privilégier les actions en faveur du retour à l'emploi
plutôt que l'action sociale, mais, comme l'exprime Charles « le
contrôle social dévalorise le travail humain ».
Pourtant, l'intervention du référent s'effectue
en prenant en comptant la situation globale de l'individu, et ne peut se
contenter de travailler uniquement sur l'insertion professionnelle, intimement
liée à l'insertion sociale.
C'est pourquoi, les référents ne comprennent
pas cette tendance à occulter l'aspect social de leur activité
« le PLIE oublie que les référents ont aussi le
coté social », nous dit Charles, Gaël va plus loin dans
son analyse « le Conseil Général est dans l'idée
que le public est oisif. On est sur de l'activation, sur du rappel à
l'ordre ».
Cette suspicion d'oisiveté des allocataires du RMI, cette
stigmatisation des individus, induisent un effet de contrôle, non
seulement du public, mais aussi des travailleurs sociaux.
C'est pourquoi, nous nous attardons, dans cette partie,
à montrer que l'indépendance des référents
vis-à-vis des moyens utilisés pour construire un parcours
d'insertion, se réduit au fur et à mesure que les
procédures se multiplient.
Le Conseil Général, qui gère le
dispositif RMI, ne donne pas de directives précises sur la façon
dont le référent construit son partenariat, utilise à tel
ou tel moment du parcours d'insertion tel ou tel outil. De plus, la signature
du Président du Conseil général sur le parcours
d'insertion mandate le référent à agir au nom de cette
institution, pour la mise en oeuvre du parcours d'insertion. Mais cette
légitimité ressentie par certains référents, est
mise à mal par un manque de soutien du Conseil Général
envers ses troupes.
Certes, il existe un contrôle renforcé des
résultats obtenus par les référents, avec la menace
permanente de la suppression du poste en cas de non rentabilité.
Pourtant, la motivation des troupes reste inexistante, la reconnaissance du
métier est quasiment nulle, et les moyens sont de plus en plus
réduits.
2.3 : Des difficultés exprimées
L'une des difficultés majeure est le turn over
important qui existe au niveau des référents RMI, qui s'explique
en partie par une réduction des financements de poste, mais aussi par la
précarité de ces emplois qui sont, pour la plupart des CDD assez
mal rémunérés « La faiblesse ça peut
être aussi un point fort, c'est peut être le turn over dans
certaines structures qui développe, personnellement je développe
un réseau avec certaines structures X ou Y, euh, et puis le
réseau peut parfois se casser la figure quand les personnes
démissionnent, ou une action qui n'est pas reconduite » (Alex,
RGP).
L'impact que ce turn over est une déstabilisation
récurrente des relations établies entre les partenaires locaux et
institutionnels et le public suivi. Cela participe au ralentissement du projet
construit avec les référents précédents.
De plus, on retrouve la problématique de la formation,
puisqu'il est clairement exprimé qu'une rencontre d'explicitation du
fonctionnement du territoire est à chaque fois indispensable pour
permettre au référent de prendre en main ses fonctions «
j'essaie toujours d'avoir un premier entretien individuel avec euh, avec ces
personnes qui débarquent sur le territoire pour euh, essayer de faire un
petit tour d'horizon rapide, en une heure et demie, ben tiens le PLIE de
Tourcoing c'st quoi, quelles sont les actions qu'on met en place, et pis aussi
de, de rentrer tout de suite cette personne là, voilà dans le
réseau. » (SS, PLIE).
2.4 : Une demande de rentabilité
Les référents sont, en outre, tenus à
une obligation de résultats, de contractualisation. Cette obligation
n'est pas comprise par les professionnels, qui voient ici un paradoxe entre
leur domaine d'action et une demande de rentabilité « Il y a un
suivi toute l'année avec des évaluations de projet, un suivi du
public... » (Charles, RGP)
Charles s'exprime clairement sur ce sujet : «(...)
depuis quelques années, je vois le coté administratif et le
contrôle social dans lequel on essaye de m'inscrire, on glisse du travail
social à un contrôle du travail social, ça, c'est ma
souffrance. Ce n'est pas par rapport à la personne. Ca, c'est ma
souffrance. Voilà, c'est tout. Je vois qu'ils sont entrain de casser
quelque chose qu'ils ont mis en mal, qu'on pouvait travailler avec passion,
euh... et même par vocation, mais ils sont entrain de casser quoi, ils
sont entrain de casser. On fait des bilans, des statistiques que, j'aurai voulu
envoyer des éléments d'ordre humain (...) » , tout
comme Alex, qui lui, ne comprend pas l'objectif des résultats qu'il doit
fournir « quand on voit les nouveaux contrats d'insertion, où
nos bilans intermédiaires ou nos bilans finaux, on n'est, enfin, je me
sens pas évalué ». Il n'y a pas de sens dans cette
demande de chiffres. Avec ce regard de gestionnaire, le Conseil
Général participe à la dévaluation des actions des
référents, qui attendent un regard qualitatif sur leurs
pratiques.
Nous pouvons noter une conséquence importante de cette
pression du chiffre et des quotas, comme le montre Gaël « si je
fais de la qualité sans faire mon quota, on me rajoute du public, donc
je contractualise les plus employables pour mieux me concentrer sur les plus en
difficultés [...] on me demande de faire du résultat, alors je
contractualise avec les plus employables ». Ceux qui signeraient un
contrat seraient les moins en difficultés. Malgré tout, certains
référents résistent, comme Alex ou Charles, qui targuent
ce type d'action comme « un
accueil administratif », et qui refuse cette pression
institutionnelle en repoussant les limites temporelles imposées par le
Conseil Général.
La mise en case du parcours d'insertion, son cloisonnement,
étouffe sa dynamique. Le système se sclérose, par la
rationalisation du travail social, et par l'induction de pratiques
professionnelles, qui tentent de répondre à l'injonction de
rentabilité imposé par le Département-gestionnaire.
Assaillis de contraintes de résultats, de
contractualisation, de critères de positionnement, de demande de bilans,
les référents voient leurs marges de manoeuvre
réduites.
2.5 : des marges de manoeuvre pour faire face à la
pression du chiffre
Alors, des résistances s'installent : on repousse les
délais, en ne remplit pas les cases sur les dossiers, on positionne sur
des dispositifs de façon plus ou moins aléatoire afin de gagner
du temps, on ne participe pas aux réunions, on cherche le critère
qui fera passer de justesse un dossier...
Etre référent, c'est être seul devant son
public, c'est aussi avoir un réseau très développé
pour pouvoir s'appuyer dessus, faute d'un soutien institutionnel fort. Alors,
on ne peut plus s'étonner d'entendre un référent dire
« Je suis salarié de ma structure, mais parfois, je me demande
si je ne suis pas salarié du Conseil Général »
(Alex, RGP). La légitimité du Conseil Général
à demander des comptes parce qu'il est financeur, ne va pas de soi. Et
c'est bien là le problème :
Malgré la pression institutionnelle qui demande
à faire du quota, les référents résistent à
cet appel du pied en privilégiant la relation sociale et le travail
qualitatif qu'ils effectuent avec les personnes suivies « Je refuse de
faire de l'accueil administratif » (Charles, RGP).
De plus, le retard dans les contrats d'insertion ne freine
pas le projet, et n'interrompt pas le versement du RMI si le
référent est capable d'expliquer pourquoi le contrat d'insertion
n'est pas encore signé.
Quand aux travailleurs sociaux de l'UTPAS, qui sont sous les
ordres directs du Conseil Général, il existe une forte
revendication concernant l'aspect social de leur travail, et une revendication
de leur incompétence sur l'aspect professionnel, qui est un
positionnement paradoxal par rapport au discours du Conseil
Général, qui voudrait privilégier l'insertion
professionnelle.
Aussi, on retrouve un fort taux de contractualisation des
allocataires RMI dans les UTPAS, avec un suivi très aléatoire,
qui, comme le confirment les témoignages des allocataires RMI, se
contentent d'un renouvellement automatique du contrat d'insertion tous les
trimestres et d'une demande d'inscription à l'ANPE.
On note qu'il existe une différence de traitement des
situations, que l'on soit fonctionnaire ou contractuel, avec des
conséquences sur la qualité de l'accompagnement des personnes en
cours d'insertion.
Le référent est au coeur du travail relationnel
entre le conseil général et l'allocataire et qui défend ce
dernier face à l'institution « Je ne m'impose pas de limite de
temps pour élaborer le parcours » (Charles, RGP), et à
Alex de renchérir « je ne me mets aucune pression par rapport
à ça, je réponds en temps et en heure à mes bilans.
Je ne me mets aucune pression par rapport à mes objectifs
».
Le référent est amené à trouver
des marges de manoeuvre pour pouvoir répondre à une demande de
plus en plus forte, et surtout, pour tenter de sortir les personnes de leur
situation. Alex précise « Plus on s'éloigne et plus on
tombe dans une sorte de spirale de l'exclusion, après c'est d'autant
plus difficile de remonter la pente. On s'appuie aussi sur une forme de
discrimination positive (...) on s'appuie aussi, enfin, les gens sont à
la fois dans le dispositif RMI et ont ce statut de travailleur handicapé
(...) c'est un des critères d'éligibilité, donc, la
personne est amenée à ce statut (...) on se sert du
critère travailleur handicapé pour faire en sorte que la personne
puisse bénéficier d'une formation » et il ajoute
même « on essaye plus de cocher la case travailleur
handicapé que de cocher la case du RMI ».
Nous voyons, dans ce dernier témoignage, que,
malheureusement, c'est le cumul des handicaps qui autorise l'accès
à certains dispositifs.
Comme l'exprime Gaël « On commence par
découper par le statut, puis on regarde ce qui se passe pour cette
personne. L'individu en tant que personne intervient bien tardivement dans ce
processus. [...] on se dit alors, est-ce qu'il à moins de 26 ans, est ce
qu'il a plus de 50 ans, est-il AAH, est-il DELD, et puis final, comme le disait
PS de l'ASSFAM, « ce qu'il faudrait faire c'est les inciter à
être délinquants pour qu'ils aillent en prison, mais sur une peine
relativement réduite, comme ça ils seront sortant de prison, et
il entrera dans un critère d'éligibilité quoi. Ou alors on
leur fait très mal comme ça ils peuvent s'inscrire en AAH...
» C'est vrai qu'en termes de discrimination, ben oui peut être, ...
c'est une discrimination légale, mais c'est effectivement une
discrimination. ».
Si les pratiques des référents sont
cadrées de façon plus ou moins rigides par une institution en
quête de résultats chiffrés, nous avons pu relever, au
travers les discours, des obstacles institutionnels qui viennent contrecarrer
le bon déroulement des parcours d'insertion.
2.6 : Des freins institutionnels importants
Tout d'abord, nous relevons une discrimination de statut, qui
est un phénomène récurrent dans les pratiques
institutionnelles : Le statut détermine les positionnements sur les
actions, ou la possibilité d'accéder à certains services
publics.
On se retrouve alors avec des critères
d'éligibilité qui arrivent en tête des conditions
d'accès à un dispositif, plutôt que par des critères
définis par un diagnostique des besoins des individus. Ainsi, Gaël
remarque « On positionne sur les emplois aidés d'abord sur les
critères d'éligibilité, avant la réalité des
besoins de la personne ».
On peut alors craindre une normativité des parcours
d'insertion, en fonction des statuts administratifs des individus,
réduisant l'accès des dispositifs d'insertion.
Un cloisonnement du dispositif :
Nous constatons un cloisonnement des actions, fermant
là aussi l'accès du public RMI sur certains dispositifs, en
particulier pour les actions exigeants le partenariat avec l'ANPE. Comme le
rappelle Marc du PLIE « l'important, c'est pas l'emploi, c'est que la
personne soit pas dans mon dispositif, dispositif Etat/ANPE ou dispositif
RMI/Conseil Général ». Ce cloisonnement, que nous
croyons conséquent aux manques de moyens humains et financiers, marque
une réelle discrimination vis-à-vis des allocataires RMI, qui ne
peuvent bénéficier,
comme tout le monde, des services publics de l'ANPE, sous
prétexte qu'ils sont suivis par un référent.
Ce transfert implicite de compétences, que le
référent ne peut assumer, nous amène à insister sur
la nécessité de clarifier les champs d'actions de chaque
partenaire, en particulier des référents, piliers de la relation
tripartite entre le public, les financeurs et les opérateurs.
Les critères d'éligibilité pour
accéder à certains dispositifs sont de véritables
obstacles dans le parcours d'insertion ; alors qu'il est demandé
à l'allocataire du RMI de pallier à ses obligations (faire des
efforts pour se réinsérer), le système, tel qu'il est
conçu, réduit l'accès aux dispositifs de façon
dramatique.
L'augmentation des critères montre une bureaucratisation
des dispositifs, au travers la mise en place de procédures de
positionnement, jouant un rôle de filtre.
Nous insistons ici sur le fait qu'il ne s'agit pas d'un
recrutement pour une grande entreprise, mais bien d'intégrer un
dispositif d'insertion : l'emploi aidé
. Constatons alors combien il est difficile d'intégrer
une aide à l'insertion (alors que le RMI et la loi considère
l'insertion comme un Droit...), par une multitude de filtres : positionnement
par le référent, commission d'accès, commission de
recrutement, entretien individuel et enfin, période d'essai.
Nous posons alors une question essentielle : le public, tel
qu'il nous est présenté, est en grande fragilité, à
besoin de recouvrer une confiance en soi, n'est pas assez fort pour se battre
dans le secteur marchand... Or, d'après ce que nous constatons,
intégrer un contrat aidé relève du parcours du combattant,
où l'on juge les personnes selon des critères discriminants, pour
accéder à un poste considéré comme un « sous
emploi »...
Cela en vaut-il vraiment la peine ?
Comme le rappelle Marc du PLIE, en parlant des contrats
aidés : « trop souvent on rentre sur un contrat de travail.
Donc là, on parle pas d'insertion ».
Cela signifierait-il que les professionnels comme le public
oublient qu'il s'agisse d'un dispositif insertion, avec des objectifs
d'insertion ? Qu'est ce qui peut engendrer une telle confusion ?
Un semblant de réponse peut être apporté
par Alex, qui parle de l'ANPE qui « oriente systématiquement
les personnes au RMI sur des emplois aidés », et à
Charles d'ajouter « pour le PLIE, on dirait que les emplois
aidés, c'est une exclusive [...] les institutions pensent
systématiquement aux emplois aidés(...) » ou par
Gaël lorsqu'il parle des pratiques de l'UTPAS « Mais par contre
c'est vrai qu'au niveau des UT, il continue à avoir des positionnements
dans le PLIE alors qu'ils sont en plus peu nombreux, mais dans lequel, c'est...
« cette personne veut travailler, j'ai testé la plateforme IOD,
ça n'a pas marché, euh, bon, est ce que vous pouvez faire quelque
chose quoi ».Est ce que la conclusion qui a été tirée
par le référent c'est ben, comme l'IOD n'a pas marché,
c'est forcément un positionnement contrat aidé, c'est un
positionnement contrat aidé, est qu'on est plutôt sur
première étape de parcours type CAE ou CA, ou est ce que c'est
plutôt CDDI... rien de tout ça n'est travaillé au jour
d'aujourd'hui ».
La mise en procédure, cumulée à une
baisse des offres de d'insertion participe à renforcer les
critères de plus en plus drastiques d'entrée sur les dispositifs,
avec, en particulier, une augmentation de la concurrence concernant les
positionnements, comme le note Alex.
La suite de notre analyse cherchera à montrer comment le
système participe à « la mise en trappe » des
allocataires.
2.7 : Un enfermement des individus à cause du
système
Les professionnels comme les publics intègrent
l'idée que la normalité, lorsqu'on est au RMI, est de passer
obligatoirement par la case emploi aidé, laissant de coté les
contrats classiques dans le secteur privé « les politiques ont
fait que, au lieu de se tourner vers la recherche d'un véritable emploi,
ils sont entrain de demander des emplois aidés quoi ! »,
s'insurge Charles.
L'intériorisation de cette « culture du Rmiste
» induit des comportements « quand on dit aux gens s'ils ont
été à l'ANPE, et qu'ils disent qu'il n'y a rien pour eux,
c'est pas vrai. Pour les gens, dans leur tête, c'est au
référent de trouver un boulot ! » (Charles, RPG).
On peut éventuellement voir ici une piste de
réponse face aux difficultés du public RMI à entrer sur
les contrats de droit privé : et si les dispositifs d'insertion
étaient des trappes à précarité?
Effarée de constater que certaines personnes sont dans
le dispositif depuis 10 ou 15 ans, Judith (Référente) explique ce
phénomène par l'hypothèse que « les postes sont
de plus en plus inadaptés au public que l'on a », avec des
critères de plus en plus élevés, en particulier en
matière de niveau scolaire ainsi qu'une pénurie d'emploi non
qualifiés, plus adaptés au public reçu « au
niveau des propositions de poste, je trouve que ça concerne pas notre
public qui a un niveau trop faible ».
Gaël, quant à lui, constate que l'enfermement
dans le système provient de « La représentation de
l'accès aussi, au marché du travail que je finis par avoir par le
biais de la systématisation des emplois aidés [...] Après
on est peut être toujours dans l'idée que un parcours ça
doit forcément être long et que on est aussi porteur de ces
représentations là vis-à-vis de la personne. « Vous
êtes en CA ou CAE, alors après pour vous qu'est ce qu'on pourra
mettre en place... un CDDI, ou une formation ... » Et pourquoi pas le
secteur marchand tout de suite ? C'est pas ce qui vient spontanément
à l'esprit... parce que justement si on se dit que si on a bien fait le
repérage du public qui a été positionné sur un tel
dispositif au départ, c'est quelqu'un qui a été
repéré comme quelqu'un pas assez autonome, on a quand même
le sentiment que c'est pas le fait de s'être retrouvé en contrat
aidé dans un milieu relativement protégé qui lui aura
permis de développer l'autonomie nécessaire ... ».
Par ailleurs, ces pratiques « protectrices »
induisent des comportements de repli vers le secteur non marchand, et sont la
conséquence de l'injonction de résultats imposée aux
référents par l'institution : en ne prenant pas de risques pour
la personne, les résultats, s'ils stagnent, ne s'écroulent pas
pour autant. Alors, « On retourne sur les questionnements qu'on
pouvait avoir sur l'histoire du contrat. Il ne s'agit pas de s'engager
n'importe comment, donc finalement, je choisis de m'engager sur des choses que
je peux garantir. » (Gaël).
La prise de risques est quasiment nulle, on ne risque pas
l'échec de la personne en la poussant vers l'emploi marchand, on la
maintient dans le système.
L'institution qui est derrière cette demande de
résultats est à l'origine de ces pratiques : le manque de sens
des bilans quantitatifs, le désintérêt pour le travail
qualitatif des référents et pour les moyens qu'ils mettent en
oeuvre pour construire un parcours, en d'autres
termes, le manque de reconnaissance du travail effectué
par ceux-ci à un impact non négligeable sur leur façon de
travailler avec les personnes.
Comme le rappelle Marc, le projet doit « être
porté par la Direction [...] ce qui doit vraiment porter le dispositif,
c'est le Conseil Général ! »
2.8 : Une bureaucratisation du système
Les instances telles que le PLIE ou l'ANPE, sous le cout
d'une demande de régulation du marché de l'insertion
professionnelle, participent largement à cette bureaucratisation de
l'accès aux dispositifs, comme le constate Alex « Il faut
être dans le PLIE pour bénéficier des aides
financières ». Toutefois un bémol permet de dire que
c'est aussi un moyen de « bien cibler les publics » (Alex) ;
en d'autres termes, de faciliter les positionnements.
Ces instances sont considérées par les
référents comme des instruments de contrôle, cherchant
à obtenir le monopole du réseau territorial « le PLIE
est devenu une pieuvre, il a prit beaucoup » (Charles, RGP) et, comme
le précise Alex « si on n'est pas dans le PLIE, c'est foutu
», forcé de constater qu'avant, il avait son propre
réseau pour positionner sur des CES.
Désolé que le PLIE ne soit perçus que
« comme des contrôleurs », Gaël souligne
malgré tout que « si on vient demander des comptes c'est aussi
parce qu'on vient se mettre à coté à un moment
donné en disant « bon qu'est ce qu'on peut faire pour ces personnes
là, pour vous aider dans votre démarche ». L'enjeu se trouve
là quoi.... c'est comment on vient poser les choses, et puis le sens
qu'on vient mettre et comment on accompagne ce sens. ».
Aussi, ce contrôle est justifié par «
des histoires de management derrière, en plein. Et ce qu'il y a
c'est qu'on se retrouve sur de tels volumes publics et tels volumes financiers
et bien souvent le management, on l'a oublié dans l'histoire et qu'on
est uniquement sur le contrôle du service fait quoi ».
En outre, Marc ajoute : « un PLIE est une ressource
qui s'assure de la gestion du service fait et qui doit être dans la
proximité pour s'assurer de la bonne exécution et de pouvoir
être en alerte avant qu'il y ait des clash. ».
La représentation des différents partenaires du
PLIE semble justifiée, principalement par le contrôle des actions
mises en oeuvre au travers les conventions et les bilans ou les obligations de
résultats.
Toutefois, l'efficacité de ces actions et des
organismes qui les supportent doit être justifiée. La mise en
place de critères d'évaluation, comme les taux d'accès
à l'emploi, ou les taux de sortie du dispositif répondent
à une mise en statistique globale, à une vision gestionnaire du
dispositif RMI. Le traitement social du chômage à un coût
non négligeable sur le budget national, tout comme la
réorganisation du travail autour de ce dispositif.
Une bureaucratisation pour cacher une
désorganisation interne :
En effet, les instances qui gèrent et régulent
le dispositif RMI au niveau local n'ont pas la maitrise de leur propre
rôle. Ainsi, Charles explique qu'il existe toujours, en 2007, une
difficulté de mise en oeuvre de la loi de 2004, concernant la
répartition des rôles entre les instances pour l'instruction du
dossier RMI : « C'est pas clair encore aujourd'hui. Le changement a
été fait en 2004... ben là, ça commence seulement
à aller, maintenant ça commence à aller. Parce que, encore
récemment, quelqu'un m'a dit « on connaît cette personne au
cas ou ça passe pas, la CAF ceci, parce que la CAF a encore une
délégation... » Bon ben j'ai pas voulu faire de
commentaires... pour moi, compte tenu de ce que je sais, je demande pour moi,
c'est clair, c'est de l'instruction à la CAF via la CLI, pour pas
encore
solliciter la CAF. Bon pour le RMI c'est à eux de
nous suivre, la CAF elle exécute et puis c'est tout. Les rôles ont
changé au niveau de chacun, ça bloque dans la pratique. Y'a
toujours des anciens reflexes, avec des conséquences sur les publics
dramatiques, terribles ! ».
Comment espérer alors un fonctionnement efficace si les
instances décisionnaires sont en incapacité d'assumer leurs
propres fonctions ?
Une clarification à ce niveau est indispensable ; si la
mise en procédure tend à rigidifier le système pour le
rendre impraticable, le manque de cadres le rend inefficace.
Pour aller plus loin dans notre réflexion, nous
pourrions avancer l'hypothèse que si le dispositif d'insertion
professionnelle des allocataires du RMI est peu satisfaisant en termes de
retour à l'emploi des allocataires, c'est en partie à cause d'un
manque de coordination des instances gestionnaires et décisionnaires qui
le régissent.
Comment pourraient-elles être alors en mesure de demander
une harmonisation des pratiques aux référents qu'elles sont
sensées appuyer dans leur mission ?
Incapables de gérer leur propre organisation, elles ne
sont pas crédibles face aux référents et autres
partenaires, et peinent à leur proposer un cadre de travail
satisfaisant.
Aussi, on ne s'étonne plus de voir que l'ANPE
n'hésite pas à se décharger petit à petit de la
« problématique RMI »...
Le semblant de cadre qui s'effectue au travers la
bureaucratisation du dispositif ne répond en rien à ce
problème de fond, et ne serait que l'arbre qui cache la forêt.
En d'autres termes, une mise au point en plus haut lieu
s'impose pour qu'une fois les rôles et fonctions de chacun
clarifiés, l'articulation entre les différents dispositifs
s'améliore et qu'une harmonisation des pratiques soit envisageable.
Des effets sur les pratiques professionnelles :
L'impact de ce manque de management, est une perte de
contrôle de l'institution sur l'utilisation des dispositifs mis en place
pour le retour à l'emploi.
Aussi, certains d'entre eux, comme l'emploi aidé ou la
formation, peuvent servir à gagner du temps, afin de mieux
réfléchir au projet d'insertion. Cela explique certains
positionnements qui ne semblent pas en corrélation avec le projet
professionnel pré établit, ou encore le suivi relativement
chaotique des personnes en cours d'emploi aidé ou de formation, qui
n'auront pas une poursuite de parcours « logique »,
c'est-à-dire une aide renforcée pour le retour à
l'emploi.
Marc constate qu' « il y a une grosse
difficulté d'engagement », que les « personnes ne
sont pas préparées, n'ont pas été
sollicitées pendant leur parcours régulièrement »,
nous pouvons y voir un moyen détourné d'utilisation de ces
outils par les référents, afin de laisser du temps aux personnes
pour réfléchir à leur projet, pour se poser, où
découvrir le monde professionnel.
C'est ici que l'on peut comprendre ce qui lie aussi intimement
l'insertion sociale et l'insertion professionnelle : l'une ne peut pas aller
sans l'autre.
Si l'insertion professionnelle est une priorité
politique, se servir de l'insertion par l'économique comme d'un levier
vers l'insertion sociale est une solution à double tranchant : une fois
encore, c'est la qualité du suivi et de l'accompagnement de la personne
qui lui permettra de travailler sur elle de façon satisfaisante.
C'est pourquoi nous soutenons que l'utilisation
détournée des dispositifs peut être satisfaisante, mais
qu'une telle stratégie d'insertion doit être préalablement
explicitée à la personne accompagnée, et le
référent doit veiller à l'articulation des dispositifs
tout au long du parcours pour que cette stratégie fonctionne.
D'autre part, cette manipulation des dispositifs
répond à l'augmentation des critères d'accès : les
référents sont contraints de mettre en place des marges de
manoeuvre permettant de travailler de façon relativement satisfaisante
avec le public.
La perte de contrôle des instances sur l'utilisation des
dispositifs est certes contrée par la mise en place de procédures
sélectives et par la diminution des budgets alloués à ces
outils.
Malgré tout, ces tentatives de rattrapage ont des
conséquences sur les publics suivis, par un durcissement
généralisé du système, et la fermeture des
alternatives possibles pour sortir de leur situation.
Ainsi, Charles et Alex regrettent que le PLIE, qui voit ses
budgets baisser, n'est pas en mesure d'accepter tous ceux qui ont besoin d'un
accompagnement renforcé à l'emploi, et réduit ses
effectifs de façon importante pour pouvoir proposer des actions de
qualité « le PLIE ferme les portes de l'accès à
l'emploi car il n'a pas la possibilité de reprendre et d'intégrer
tout le monde et de répondre à toutes les attentes »
(Charles).
Une fois encore, c'est le public qui subi les décisions
institutionnelles et budgétaires.
Si la décentralisation visait à
décloisonner le système pour mieux répartir les
rôles au niveau territorial, on note une tendance à la
centralisation des pouvoirs au niveau local et départemental, et
à un cloisonnement d'autant plus fort, qu'il est conditionné par
les coûts de maintien du dispositif RMI.
L'harmonisation des dispositifs et des pratiques mis en place
dans le cadre du dispositif RMI passe alors par une coordination des instances
gestionnaires et permettra un partenariat optimal entre les acteurs de
l'insertion.
C'est pourquoi, tout au long de nos entretiens, nous avons
tenté de comprendre quelle était la nature du partenariat entre
les différents partenaires, et l'importance du maillage territorial dans
l'établissement des parcours d'insertion.
Notre prochaine partie concernera l'importance du partenariat
local dans l'animation du dispositif RMI.
3 - Un partenariat fondamental
La volonté politique de territorialiser le traitement
social du chômage tentait de répondre au mieux aux
particularités du territoire concerné. Ainsi, cette
proximité devait permettre aux acteurs locaux de tisser un maillage
permettant une amélioration de la réactivité des acteurs
face aux besoins des publics.
La ville de T est particulièrement dynamique et riche
de structures qui travaillent en faveur de l'insertion sociale et
professionnelle des personnes en difficultés. Mais le nombre fait-il la
qualité ?
Les relations établies entre les structures et les
instances sont capitales pour construire un maillage de qualité,
réactif et impulsif.
Dans cette nouvelle partie, nous nous attacherons à
comprendre quel est le type de partenariat existant sur cette commune, et
l'importance de ce maillage dans la construction du parcours d'insertion.
Nous allons approcher cette notion de partenariat sous deux
angles : celui des instances, comme le PLIE et celui des
référents.
Ces deux approches sont radicalement différentes de part
leur nature et les attentes de chaque entité vis-à-vis de leur
partenaires.
3.1 : des référents générateurs
de réseaux
Ne pas avoir de réseau, c'est, pour le
référent, s'isoler et être inefficace.
C'est le référent qui bâtit, petit à
petit, et selon ses besoins, le partenariat avec des entités diverses et
variées, et qui concerne l'insertion sociale et professionnelle.
Charles précise : « on connaît les
partenaires dans tous les domaines, dépassant même les domaines
qui me sont désignés, les organismes désignés. Moi
je cherche, par exemple à la préfecture, j'ai une trentaine de
différents numéros des gens de la préfecture, je me suis
débrouillé tout seul pour les avoir. [...] Moi je le sais, si je
ne fais pas ça, ils vont pas venir à moi. [...]
Question : donc le référent anime le
réseau ?
Il doit se donner les moyens, et doit se donner les
moyens. Alors si vous êtes là dans une position d'attendre qu'on
fasse pour vous, et ben nous, on dit aux bénéficiaires qu'il y a
plein de possibilités qu'ils doivent apprendre, ah mais, si nous on ne
sait pas apprendre, y'a un problème non ?».
Alex renchérit « Il faut ne pas rester dans
son bureau et subir, entre guillemets, les entretiens individuels à
longueur de journée, parce qu'il est aussi important d'aller à
l'extérieur pointer le bout de son nez et de voir à
l'extérieur ce qui bouge, ce qui se passe quoi ».
En effet, l'importance du réseau des
référents va leur permettre de travailler d'autant plus
efficacement qu'ils auront une plus grande capacité à interpeler
la bonne personne pour une problématique particulière.
Les référents RMI, devenus
référents généralistes de parcours ne peuvent
compter que sur leur réseau pour soutenir leur public dans leurs
démarches. Aussi Charles avoue « je ne suis pas suffisamment
outillé ou bien je n'ai pas cette euh... qualification de juger, de dire
si c'est bon ou c'est pas bon, je vais pas au contact avec (...)je n'ai pas une
connaissance approfondie ce qui est sur, mais l'offre de formation qui est
là, elle est riche et très abondante. Utilisée peut
être à 10% de sa capacité, on l'utilise pas assez parce
que, on connaît pas tout ».
Gaël souligne l'importance de ce réseau pour les
référents « le constat que j'ai pu dresser ces
dernières années c'est qu'il est bien évident que ceux
qu'on réussit à toucher le plus facilement, c'est ceux qui sont
eux-mêmes les plus isolés dans leur vécu quotidien »
(Gaël, PLIE).
Alors que d'autres, soutenus par leur structure, s'enferment
dans une sorte de cocon hermétique « Là ou par contre
ça va poser plus de difficultés, ca va être lorsque
justement on est confronté à des grandes équipes qui ont
déjà leur mode de fonctionnement bien particulier et leur
réunion hebdomadaires etc., euh, là et je pense naturellement au
CCAS et aux deux UTPAS, avec, euh, je dirai bon, au niveau du CCAS , il est
clair, des avancées constantes au fil du temps, c'est même
plutôt carrément positif ce qui se passe, même s' il reste
quand même des choses à accomplir, et pis une difficulté
récurrente au niveau des UTPAS quoi, là c'est un petit peu la
forteresse inviolable pour l'instant. ».
3.2 : Une qualité du réseau en
corrélation avec la qualité de l'accompagnement
Cette réactivité est indispensable face aux
urgences rencontrées par les allocataires RMI, particulièrement
les urgences sociales, comme l'explique Charles : « Quelqu'un qui
n'est pas suivi ça sera encore un parcours de combattant pour pouvoir
obtenir ce que nous, on a réussi à obtenir en une semaine,
même moins, voilà... ».
Aussi, « tout son talent, c'est la qualité de
l'orientation » (Gaël, PLIE), qui s'inscrit dans la
qualité de son réseau. Plus le réseau du
référent est développé, plus sa
réactivité sera forte et facilitera le travail
d'élaboration du projet, « plus le réseau est large,
plus je suis crédible » affirme Alex, qui montre que le
réseau doit être pluridisciplinaire et qu'il est l'outil principal
du référent en matière d'insertion sociale et
professionnelle.
En outre, le référent doit rester en veille
face à ce réseau, qui peut, à tout moment connaître
des faiblesses, par le turn over important qui existe sur le territoire, comme
l'explique Alex « le turn over dans certaines structures qui
développe, personnellement je développe un réseau avec
certaines structures X ou Y, euh, et puis le réseau peut parfois se
casser la figure quand les personnes démissionnent, ou une action qui
n'est pas reconduite. Enfin le réseau ça demande à
être entretenu, c'est je te donne mais tu me donnes, ca fait partie du
rôle de référent. ».
Comme le précise Alex, le partenariat repose sur une
relation d'interaction entre les acteurs, qui puisse maintenir une
collaboration équilibrée où chaque partie trouve son
compte.
L'animation du réseau est par conséquent
très importante, tout autant que le développement, permettant une
bonne réactivité « si on a besoin d'aide, les
partenaires répondent de façon positive » (Charles,
RGP), et Gaël (PLIE) en insistant sur le fait que « l'information
doit aller dans les deux sens ».
Enfin, la connaissance du réseau est essentielle, au
vu de la multiplicité des acteurs et de leur champ d'action, comme le
souligne Alex « on développe un réseau et des
connaissances ».
Le partenariat permet au référent de se
positionner et d'affirmer ses fonctions, son rôle à jouer dans
l'élaboration du parcours professionnel.
Nous sommes sur de la mobilisation de compétences, sur
une recherche qualitative du partenariat. C'est la compétence des
acteurs qui est sollicitée au travers le maillage, peu importe que
celui-ci soit un travailleur social, un collègue, un médecin ou
une institution ; c'est aussi la compétence du référent
à faire intervenir le bon acteur au bon moment qui engendra le
succès de l'intervention de ce dernier.
Malgré tout, il est important de rappeler que le
réseau partenarial doit rester dynamique, mouvant « pour faire
de l'air dans le parcours d'insertion », comme le dit Alex.
Le partenariat permet parfois d'avoir un nouveau regard sur
les situations des personnes, afin de retrouver une certaine objectivité
sur les parcours des personnes, comme l'explique Gaël (PLIE) «
Y'a un constat qu'on avait fait il y a un moment : on s'était rendu
compte que certaines personnes étaient suivies par des
référents RMI, ces personnes passent à l'ANPE et bon le
référent RMI avait préconisé plutôt un
contrat aidé avec une formation... cette personne est reçue par
un conseiller ANPE, qui n'avait jamais vu cette personne là auparavant,
paf qui l'engage sur la médiation emploi. », ce que confirme
Alex (RGP) « un relai, c'est nécessaire parfois [...] Parfois
ça permet d'avoir certaines informations et de rebondir ou de trouver
des solutions plus appropriées, pour avoir un certain élan, pour
rebondir plus facilement ».
Aussi, le partenariat facilite le relai entre les professionnels
et ouvre une nouvelle perception sur le parcours d'insertion, moins
stigmatisant pour la personne.
Le fait de suivre une personne sur une longue période
conditionnerait-elle le regard porté sur les individus ?
Il semble que la réponse apportée par nos
interlocuteurs soit sans équivoque, et que l'alternative est de relayer
le travail d'insertion à une tierce personne, dont la nouvelle
appréciation peut élargir les pistes de travail
Comme nous l'avons écrit précédemment,
les référents sont les piliers de la relation entre les acteurs
de l'insertion et le public RMI. Toutefois, nous verrons dans cette nouvelle
sous-partie, que les structures décisionnaires parlent du partenariat
dans des termes relativement éloignés de la notion de partage, et
que le maillage s'effectue de façon dichotomique entre les financeurs et
les opérateurs.
Lorsque nous avons évoqué, dans la partie
consacrée aux pratiques institutionnelles, le regard que les
référents portent sur le PLIE et le Conseil Général
en termes de contrôle, nous avions insisté sur le fait que ce
regard n'était pas apparu de façon anodine, mais qu'il
était invoqué par les pressions institutionnelles (bilans,
exigence de résultats...).
3.3 : Un partenariat sur plusieurs niveaux
Le partenariat concerne aussi les structures à
l'interne. Alex explique « je n'hésite pas à
présenter une personne à mon collègue et puis elle
intègre les ateliers une à deux fois par semaine, et puis je fais
le lien de temps en temps ».
Le partenariat s'effectue à tous les niveaux,
même politiques « le fait d'avoir un conseil d'administration,
ça permettait aussi [...] d'avoir des informations sur (...)
différentes politiques locales » (Alex)
Ce réseau permet de solliciter les compétences, et
devrait faciliter la circulation de l'information.
Un conseil général financeur non
collaboratif
Concernant la collaboration entre les référents
et leur financeur principal, le Conseil Général, il est
intéressant de noter que le partenariat repose sur le respect des
procédures : contractualisation, respect des délais, respect des
quotas, justifications...Le Conseil Général, lui, brandit la
menace de la suppression du budget consacré au poste de
référent, en cas de manquement à la règle.
En d'autres termes, et comme nous l'avions exprimé
dans une partie précédente, le Conseil Générale se
positionne bien en tant que Financeur, ayant le pouvoir économique, donc
décisionnaire, alors que le référent est un
exécutant des politiques publiques, un « petit soldat »
envoyé sur le front, face à un public en demande «
j'ai l'impression qu'ils se retrouvent seuls face au public en permanence et
euh, ont un contact très limité avec leur direction... »
(Marc, PLIE)
Malheureusement, ce schème n'est pas aussi simple, et
le Conseil Général, fort de sa puissance institutionnelle,
à beau tonner en réunion « qu'il faut taper un grand
coup sur la table car ça ne fonctionne pas avec les
référents » (dixit un directeur de structure qui
rapportait les propos tenus par des responsables du Conseil
Général, lors d'une réunion concernant le dispositif RMI),
pointant du doigt que ses petits soldats font de la résistance, et
jouant la carte de l'autorité par la menace de la suppression de leur
poste «Ils sont suivis chacun de plus en plus à leur dire
« attendez vous suivez combien de personnes, votre poste il est
financé, sous la condition qu'il y ait autant de personnes
contractualisées dans votre portefeuille. Voilà. Donc y'a une
pression institutionnelle pas possible » (Gaël, PLIE), le fond
du problème n'est pas touché...
Il n'existe pas de partenariat entre les référents
et le Conseil Général, il n'existe qu'une relation de financeur
à financés, établie au travers un regard gestionnaire.
Le Conseil Général n'a pas pris la peine
d'outiller ses référents pour faire face aux demandes, leur
laissant un ersatz d'autonomie «Le conseil général dit
« voilà ta mission, à toi maintenant de savoir que... »
j'ai un rôle de faire reculer l'exclusion, par ou je dois passer pour y
arriver, ben voilà... » (Charles, RGP)
. En établissant lui-même une relation de
financeur/exécutant, le Conseil Général a pris le risque
de voir ses troupes isolées, agissant comme des électrons
(presque) libres, qu'il tente de cadrer par des procédures «
d'activation » : « on est un peu sur le rappel à l'ordre,
et toujours sur les deux coté : toi qui perçois le RMI , il faut
que tu fasses des démarches significatives et toi qui est
référent et qui signe le truc, t'as intérêt à
te démener pour faire des propositions. On est un peu là-dessus
» (Gaël, PLIE)
Non seulement financeur mais fin gestionnaire, le Conseil
Général a réduit la possibilité d'entrée sur
certains dispositifs, comme pour le Contrat d'Avenir, désormais
réservé au non Rmistes.
D'autre part, il a supprimé les fiches pratiques en
direction des référents, mais aussi la cellule RMI qui permettait
le relai d'informations générales qui pouvaient intéresser
le dispositif RMI. Ces outils manquent cruellement aux RGP : « On sait
pas tout faire, je pense qu'on est bien généraliste et ça,
ça manque énormément... alors depuis peu le conseil
général à remis ça en place hein, lieu ressources,
y'a un bulletin mensuel, et ça je pense que c'était
nécessaire, mais y'a aussi, enfin les référents ont
été en demande par rapport à ça. » (Alex,
RGP), mais aussi aux structures, comme le PLIE, qui ne peuvent être
constamment en veille vis-à-vis de l'évolution du dispositif RMI,
et qui attendent aussi du Conseil général, une meilleure
communication des informations.
Enfin, il n'existe que très peu de formation continue
pour les référents, qui s'organisent entre eux pour
établir un réseau de partage d'information « (...) le
conseil général nous sollicite pour qu'on puisse accueillir par
demi-journée des référents pour qu'on puisse leur dire ce
qu'on fait en termes d'emploi. »(Alex RGP)
Ce manque de soutien de la part du Conseil Général
vis-à-vis des référents pénalise le public RMI : il
existe un manque de moyens humains évident pour répondre aux
besoins
En outre, le Conseil Général et ses instances
décrédibilisent le référent face au public, comme
nous l'explique Marc (PLIE) « moi les référents, ils me
disent qu'ils ont jamais vu de commission qui ont fait que une personne soit
radiée du RMI parce que non engagée sur l'offre d'insertion...
». Aussi, cela pourrait expliquer un repli des
référents vers l'insertion sociale plutôt que
professionnelle : « derrière le mot insertion professionnelle,
quand ça fonctionne pas, ben, ils disent , ben ouais on sait bien que
ça fonctionne pas parce que socialement ils ont besoin de quelque chose,
donc on va continuer à travailler... ca renforce le fait qu'on doit
continuer à travailler sur le social...Ca les conforte dans leur
positionnement... » (Marc, PLIE).
Le partenariat, c'est aussi être capable de
négocier, de discuter, de réduire les tensions existantes.
Constat est fait que le Conseil Général
évite les relations de collaboration, même avec d'autres
institutions « Le partenariat avec le Conseil Général
est aléatoire et dilué » (Gaël, PLIE), sous
prétexte qu'il est le financeur de ces mêmes instances.
Comment peut-il espérer alors établir et
régir un dispositif de façon efficace s'il n'est pas capable de
travailler main dans la main avec les acteurs locaux ? Si son seul objectif est
de récupérer les chiffres et de ne pas mettre la main à la
pâte plutôt qu'à la poche ?
Une précaution sémantique ?
Cette volonté de contrôle à des
répercussions sur le travail des instances locales. Elles aussi sont en
demande constante de résultats, que ce soit l'ANPE ou le PLIE «
nous on a des objectifs aussi » (Marc, PLIE).
Si « La notion de partenariat est une
précaution sémantique » (Gaël, PLIE), le PLIE
montre une volonté constante de valoriser la qualité des
prestations et des offres qu'il propose, et tente de travailler avec les
partenaires en ce sens.
Pourtant, il nous important de revenir préalablement
sur cette notion même de partenariat : nous avons posé la question
de cette précaution sémantique à l'un des chargés
de mission, dont voici la réponse « le partenaire, c'est
quelqu'un qui rentre dans les objectifs,
où, même s'il y rentre pas forcément,
est en adéquation avec la demande, le cahier des charges qui fait partie
des valeurs de la structure(...) on voit des organismes qui sont techniquement
intéressant, mais qui fonctionnent assez en live. Ils sont en live
notamment de part un manque de pilotage de part leur direction ».
Malgré tout, il précise « on les appelle les
partenaires, mais on serait plus tenté à dire opérateurs
».
Etre partenaire, ce serait respecter le cahier des charges
que le PLIE rédige (tel un appel à projet), c'est-à-dire
veiller aux moyens que le partenaire va utiliser pour atteindre ses
objectifs.
Toutefois, si Marc affirme que le partenaire ne doit pas
forcément atteindre ses objectifs, tant qu'il respecte le cahier des
charges, il se contredit ultérieurement, en expliquant qu' « on
est sur une obligation de résultats ».
La notion de partenariat est formalisée au travers les
conventions entre les financeurs et les opérateurs, prestataires voire
même public, qui, nous le rappelons ici, signe lui aussi un contrat PLIE
engageant les deux parties.
Le partenariat établit au niveau local à plusieurs
objectifs. Certes, l'objectif commun est la mise à l'emploi des publics
les plus précaires.
Comment s'y prennent-ils ? Quelles sont leurs stratégies
? Quel est l'impact du partenariat sur l'élaboration du parcours
d'insertion ?
3.3 : Une hiérarchisation de la relation
partenariale
Nous avons constaté, tout au long de nos entretiens,
qu'il existait une hiérarchisation du partenariat local.
Nous avons pu voir précédemment, que ce
classement était principalement influencé par le pouvoir
économique de l'institution partenaire. Ainsi, le Conseil
Général reste le maître dans le domaine de l'insertion des
allocataires du RMI.
Au niveau local, nous retrouvons ce visage du partenariat,
avec en haut de la pyramide, les institutions appuyée par l'Etat ou le
Département, puis la Commune, puis les opérateurs et enfin les
référents RMI, qui, a défaut d'être
considérés comme des partenaires, sont des agents
exécutants.
En outre, nous verrons que la collaboration réelle
s'effectue de façon horizontale et non pas de façon verticale, et
dans quelles conditions ?
La pyramide partenariale du dispositif RMI
Hiérarchie verticale
ETAT
Département/Région
PLIE/ANPE/MAIRIE
OPERATEURS + REFERENTS
Les trois H : Une Hiérarchie Horizontale qui
facilite l'Harmonisation
Entre le PLIE et l'ANPE, les relations se situent
plutôt de « direction à direction » (Gaël,
PLIE), avec une négociation concernant les champs d'action des uns et
des autres, et une convention nommée « Plan Emploi »,
qui fixe le cadre d'intervention des deux structures de façon claire.
Une telle relation partenariale, vise avant tout, à
réduire les doubles financements, donc les coûts.
Marc (PLIE) explique « c'est un accord financier et
un accord d'action (...) L'ANPE fait des prestations emploi, donc il y a des
personnes dessus. Le PLIE fait des prestations emploi, il positionne des
personnes. La synthèse du truc, c'est qu'on se rendait compte que
c'était les mêmes organismes et bien souvent, les mêmes
personnes, donc on était sur du double financement ».
En fixant leurs cadres d'intervention, ces deux institutions
élaborent une stratégie commune de contrôle de
résultats et de leurs finances.
En effet, le manque de lisibilité vis-à-vis des
taux d'accès à l'emploi et du maintien dans l'emploi,
évoqué par Marc, et constaté préalablement à
ce Plan Emploi, à été contré par un accord tacite,
articulant les deux étapes d'insertion, désormais
attribuées de façon spécifique à l'une ou l'autre
des structures. Ainsi, l'ANPE à en charge l'accès à
l'emploi, alors que le PLIE s'occupe du maintien dans l'emploi.
L'impact n'est pas qu'une réduction des coûts.
C'est aussi la réduction du nombre des opérateurs qui
travaillaient sur ces étapes d'insertion de 70 %, en 4 ans (soit 4
opérateurs restants sur les 13 initiaux), donc une réduction du
partenariat.
Toutefois, le partenariat entre l'ANPE et le PLIE ne se limite
pas à la convention et aux financements en commun de certains
dispositifs.
C'est aussi un partenariat impliquant la prise de
décisions communes, et un travail de réflexion sur
l'évolution des dispositifs locaux.
Agathe nous explique le travail effectué avec les
ASSEDICS, qui effectuent le diagnostique emploi du bassin et communique sur les
résultats, afin d'orienter les politiques locales (par exemple
l'orientation sur les secteurs en tension).
Des outils sont par ailleurs communs à ces
institutions, comme le comité d'accès, qui réunit le PLIE,
l'ANPE, le CCAS et la Mission Locale, et qui valide les dossiers PLIE en
fonction des arguments avancés par le référent des
personnes (note d'opportunité).
Ce pouvoir décisionnaire dépend fortement de
l'indépendance financière de ces organismes les uns
vis-à-vis des autres. En d'autres termes, le partenariat, à ce
niveau, bien que nécessaire pour éviter un gaspillage
économique, n'est pas obligatoire.
Une hiérarchie verticale privilégiant les
relations de pouvoir
Les « opérateurs » ou autres prestataires de
services, se trouvent à un niveau en dessous dans la pyramide
partenariale. Eux, dépendent des financements institutionnels et doivent
se plier aux cahiers des charges qui leur sont imposés.
Indispensables mais pas irremplaçables, les
prestataires de services représentés par les organismes de
formation, les ACI, les ETI, et autres chantiers d'insertion, sont à la
merci des financements que leur accordent leurs « partenaires ».
Comme le rappelle Gaël (PLIE), « il y a des
relations de conventionnements avec nos opérateurs »,
entrainant une exigence de résultats et de cadrage des actions
menées, de plus en plus contrôlées comme l'explique Marc
« on est partis sur des petites conventions à taille humaine
(...) on est passé à du 3/5 mois sur une étape de
médiation à l'emploi (...) le fait de donner à un
opérateur ou un partenaire une vision à 12 mois intègre le
fait qu'il sera évalué à 12 mois. Et intègre aussi
qu'il a le temps de travailler avec les bénéficiaires (...) Le
fait de réduire sur 3 mois, c'est se donner des objectifs de
réactivité, c'est de se dire « je n'ai pas beaucoup de temps
et il faut qu'il sorte vite par l'emploi », puisque c'est un outil
d'accès direct à l'emploi. »
Le conventionnement est une assurance, pour le financeur,
d'avoir un minimum de résultats préalablement fixés.
La dépense publique doit en effet être
justifiée, et gérée par des financements attribués
vers des dispositifs efficaces.
On revient ici à cette vision gestionnaire du
dispositif RMI. Toutefois, il est important de rappeler que ces prestataires
font partie des ressources, du « Capital Humain » à
disposition du PLIE pour qu'il soit en mesure de répondre à la
demande des publics.
On retrouve à ce niveau de partenariat, une autre
hiérarchisation interne :
|
Les partenaires du « droit commun », qui concernent
la formation Région, l'AFPA, le GRETA,
etc. et qui sont préfinancés
par les Conseils Généraux, ou l'Education nationale, mais aussi
d'autres partenaires comme la Mairie, qui proposent des postes en CAE/CA.
|
|
Les partenaires privés, qui concernent
particulièrement les organismes de formation, mais aussi les
associations et entreprises d'insertion
etc. et qui dépendent directement des
financements qu'on leur accorde.
Enfin, les partenaires que nous nommerons ici « liant
», sont les référents, qui dépendent
financièrement du Département, mais qui ont une position
d'interlocuteurs entre les différents niveaux de partenariat.
Si le PLIE est tributaire des partenaires du droit commun,
puisque ce sont eux qui établissent les conditions d'accès dans
leurs dispositifs, les partenaires privés restent bien en position
d'opérateurs, car eux-mêmes tributaires du cahier des charges qui
leurs sont imposées par les commanditaires, dont le PLIE.
L'impact de cette organisation partenariale sur le parcours
d'insertion est direct :
Concernant les dispositifs de droit commun, le PLIE ne peut
que suivre les procédures imposées, et jouer le rôle
d'intermédiaire, en diffusant les informations concernant les offres
auprès des référents, et en cofinançant certaines
prestations. Les freins que nous avons pu noter à ce niveau
relèvent plus particulièrement du positionnement par statut, que
nous jugeons discriminatoire pour les allocataires du RMI « c'est plus
difficile d'accéder au portefeuille région quand on est au RMI.
Il y a un quota par rapport au statut » (Agathe, PLIE). Ainsi, il est
plus compliqué d'obtenir des places pour les allocataires du RMI dans
les prestations de droit commun, où il est impossible de placer une
personne au RMI sur un Contrat d'Avenir suite au gel de ces contrats pour ce
public.
Les alternatives envisagées dépendent de plusieurs
critères :
|
La personne cumule telle des critères possibles de
sélection ? Dans ce cas, il est envisageable de la positionner sur un
Contrat d'Avenir en effaçant le statut RMI.
Si la personne ne cumule pas les critères,
l'alternative en ce qui concerne la formation est une inscription dans un
organisme privé. Concernant le contrat aidé, le CAE devient le
contrat d'insertion par défaut.
|
|
.Concernant les organismes privés, les financements sont,
comme nous l'avons indiqué dans la partie théorique,
limités selon le type et la durée de la formation.
Une collaboration imposée :
Le référent joue un rôle important dans
cette étape d'insertion, car la note d'opportunité qu'il
rédigera pour argumenter le positionnement sera scrupuleusement
étudié en comité d'accès, et permettra ou non la
validation du projet. Comme le rappelle Gaël « quand il n'y a pas
de note d'opportunité dans le dossier, ça veut dire que la
personne n'est pas connue », montrant que les échecs de
positionnements sont principalement dus au manque d'accompagnement des
personnes. Le référent va définitivement construire le
projet, en cherchant des devis, impulser la formation et défendre le
dossier.
Les instances décisionnaires se reposent sur la
connaissance qu'ont les référents sur leur public, comme le
confirme Marc (PLIE) : « nous, on leur fait confiance ».
Le rôle de coordonnateur délivré au
référent, se retrouve aussi lors d'un positionnement sur le
contrat aidé.
Comme le précise Gaël (PLIE) « les
employeurs ne laissent pas toujours de souplesse au dispositif des emplois
aidés ».
C'est le travail en aval et en amont qui importe dans ce
domaine : la préparation à l'emploi est certes très
importante pour les allocataires. Toutefois, la préparation à
l'accueil d'un emploi aidé est aussi nécessaire :
L'employeur potentiel doit bien garder à l'esprit que
ces contrats aidés ne sont pas de véritables emplois, mais qu'ils
sont bien un outil de professionnalisation ; Il est par conséquent
indispensable de communiquer sur cet aspect du contrat, sous peine d'avoir
quelques difficultés à recruter sans discriminer, mais aussi
à mettre en place un accompagnement tout au long du contrat, avec
d'autres étapes de professionnalisation comme une formation, un
accompagnement renforcé à l'emploi, etc.
Comme nous l'avons préalablement signalé, la
procédure d'embauche pour un emploi aidé relève d'un
véritable parcours du combattant, avec une discrimination
institutionnelle bien réelle. Cette lourdeur dans le processus est un
handicap non seulement pour les personnes, mais aussi pour les employeurs qui
« gardent les personnes en contrat aidé, même si
ça ne leur convient pas » (Gaël, PLIE).
C'est pourquoi nous allons nous intéresser à la
communication dans la relation partenariale, et montrer l'importance de cette
dernière dans le fonctionnement du dispositif.
3.4 : Une communication laborieuse
Durant les entretiens avec les référents et
chargés de mission, nous avons pu relever un thème
récurrent : la communication, l'information, les échanges...
Ces mots revenaient dans les discours de nos interlocuteurs
comme l'expression d'une obsession lancinante : un besoin impérieux de
communiquer, de parler, de transmettre, d'échanger avec les partenaires,
l'institution, le public.
Notre pensée s'est alors orientée vers trois
questions simples : comment s'établit la communication ? Comment est
transmise l'information ? Comment est-elle traitée ?
Les institutions comme le Conseil Général, ou
le Conseil Régional, s'appuient sur les demandes de bilans, les lettres
d'information ou de rappel et quelquefois, sur des séminaires
thématiques. Leur régularité rythme la vie des instances
locales de façon régulière. Ce n'est pas le cas des
structures locales qui, pour garder une certaine réactivité
vis-à-vis des besoins, doit communiquer de façon active et,
souhaitons le, efficace.
Le PLIE communique avec des supports classiques : E-mail, fax,
téléphone, courriers, conventions, contrats...
Alors que les conventions et les contrats restent des
documents formalisés et suffisamment importants pour qu'ils ne se
perdent pas dans la masse informationnelle, il n'en est pas de même pour
les documents d'information, partagés avec les référents
et les opérateurs.
Comme le précise Agathe (PLIE), « on a des
faiblesses de communication ». Les conséquences sont
immédiatement vérifiables sur les parcours d'insertion : le
manque de coordination entre l'ANPE et le PLIE sur certains dossiers montre que
« parfois la personne ne signifie pas qu'elle est
bénéficiaire du PLIE au niveau de l'ANPE, nous on le
découvre
après », (Agathe, PLIE) ralentissant, par
exemple, les procédures pour mettre en place une formation.
Plus en aval, Agathe note qu'il existe des difficultés
pour suivre une personne dans l'évolution de son parcours lors du
partenariat avec l'ANPE « on a un partenariat avec l'ANPE, mais ils
n'ont pas assez de temps à consacrer... », Avec une autre
conséquence immédiate : doit -on continuer à proposer des
actions d'insertion à cette personne ou non ?
C'est l'organisation du parcours qui est ici en cause : le
manque de relai de l'information joue dans l'articulation des étapes
d'insertion du parcours.
Si « les informations circulent bien »
(Agathe, PLIE), leur traitement n'est pas maitrisé.
Une information abondante mais une communication
difficile :
Charles (RGP) explique « j'ai une dense
récolte d'informations, mais je ne puise pas » et Alex ajoute
« on est sollicité de partout ! ». Agathe a le
sentiment que les référents « sont extrêmement
nourris d'informations (...) et les diffusent bien auprès des personnes,
s'en servent bien, communiquent bien », mais ce n'est pas le
sentiment de Charles (RGP), qui explique « les offres sont là,
il y en a de partout (...) il y en a tellement, parfois on n'arrive pas
à rencontrer les personnes parce que le planning ne le permet pas
».
Gaël (PLIE) rappelle que le volume d'informations en
direction des référents est important, avec une
multiplicité des thèmes et que « finalement, comment est
ce qu'on se positionne au milieu de tout ça, est ce qu'on n'oublie pas
un petit peu l'info qui arrive et qui concerne tellement peu de personne,
qu'elle est très rapidement oubliée »
Aussi, pour tenter de maîtriser cet afflue d'information
et de « trier » ces ressources, le PLIE a mis en place un
système de fiches « on doit être a peut prêt
à une vingtaine de fiches aujourd'hui, qui doivent pouvoir s'adapter en
fonctions de circonstances... le fait est qu'à force ça fini par
devenir très lourd, enfin ça apparaît lourd »
(Gaël, PLIE). Agathe propose alors de ne garder que les fiches utiles
afin « d'éliminer les interférences. Plus on va garder
utile, plus on va améliorer le parcours des personnes ».
En effet, traiter l'information de façon efficace
devrait permettre le suivi de l'évolution des parcours en temps
réel. Ainsi, comme l'explique toujours Agathe, ce traitement de
l'information permettrait un renouvellement des données et dynamiserait
les mouvements d'entrée et de sortie dans les structures
accueillantes.
Ce traitement de l'information ne peut se faire sans une bonne
coordination entre les acteurs de l'insertion, à l'interne, comme
à l'externe.
Cette difficulté de traitement de l'information se
retrouve au niveau des référents, qui expriment reçoivent
une masse inexploitable d'information, mais qui ont bien du mal à
obtenir les informations dont ils auraient besoin.
Des supports de communication mal
maîtrisés
Aussi, concernant le suivi des parcours d'insertion, les
référents expriment franchement le manque de retours
vis-à-vis des positionnements qu'ils effectuent sur les Contrats
aidés où les formations « y'en a certains qui
communiquent pas assez, y'a certains organismes, une fois qu'ils ont la
personne, on a pas beaucoup de nouvelles, il faut tout chercher »
(Charles, RGP), et à Martine (Référente d'Etape) de
constater qu'elle « n'a pas beaucoup de contact avec les
référents durant la période des contrats aidés,
mais ça s'améliore ».
Nous nous retrouvons avec un problème communicationnel :
qui interpelle qui et pourquoi ?
La mise en place de fiches délivre des informations,
mais ne communique pas sur ces informations. Comme le souligne Gaël, le
contact physique reste important afin de s'assurer que l'information à
été correctement comprise par tous.
Comme Charles l'exprimait concernant le public, il nous
semble important, dans une relation partenariale, d'établir clairement
les règles, en définissant préalablement qui doit
interpeller et dans quelles circonstances.
Ce manque de communication, (mais pas d'information) à
une influence sur l'articulation des étapes d'insertion et sur
l'harmonisation des pratiques des différents partenaires.
Car communiquer ne signifie pas transmettre l'information, mais
bien donner du sens à une information.
« Toute la difficulté du partenariat, c'est que
tout le monde doit progresser » (Marc,
PLIE).
Le partenariat doit permettre l'échange grâce
à la proximité des acteurs, au travers des contacts directs ou
indirects. En stimulant cet échange, les acteurs pourront s'organiser
entre eux, aller dans le même sens, en construisant des stratégies
communes, intégrant d'autant mieux les rôles et champs d'action
sur lesquels ils interviennent, qu'ils pourront travailler sur une
harmonisation de leurs pratiques.
La difficulté principale du partenariat est de visualiser
les niveaux d'intervention des partenaires, et de rester constamment en veille
vis-à-vis de l'évolution du réseau.
Pour finir, nous pouvons dire que le partenariat est la synergie
des compétences en direction d'une plus-value du dispositif RMI.
4 - Représentations et attentes des allocataires
du RMI vis-à-vis du dispositif.
Il nous a semblé intéressant de
repréciser l'origine de l'entrée des personnes dans le dispositif
: trois personnes sur 5 sont allées voir leur assistante sociale,
puisqu'elles étaient suivies par ces dernières.
Deux personnes ont effectuées leur demande directement
auprès de la CAF, et se sont vu attribuer un référent par
la CALI.
4.1 : Une relation tendue avec les référents
Les 5 personnes interrogées ont toutes une image
relativement négative des référents. Certes, la plupart
des personnes interrogées sont suivies par des assistantes sociales de
l'UTPAS, qui considèrent que leur principale mission reste le suivi
social.
D'ailleurs, on ne peut que confirmer la tendance de ce groupe de
référentes à ne pas s'investir dans l'insertion
professionnelle de leur public...
Malheureusement, la limite majeure de ces entretiens est
qu'il réunit principalement des personnes suivies par des assistantes
sociales, qui exercent une partie de leurs fonctions en tant que
référentes ; ce détail est très important, car cela
ne reflète pas la relation des référents
généralistes de parcours et de leur public, mais principalement
la relation de référente/assistante sociale avec son public.
Les référents assistantes sociales sont
particulièrement targués d'incompétence en matière
d'insertion professionnelle. Aussi, Claire affirme « l'assistante
sociale, à part te faire raconter ta vie... (Je la vois) quand j'en ai
besoin ».
Pour elle, l'assistante sociale « m'aide pour mes
problèmes » ; Fabienne, quant à elle, ajoute qu'il
« n'y a pas de suivi spécial par rapport au contrat
d'insertion(...) on te suit pas tout de même » et elle ajoute
même « le fait de pas avoir de référente
compétente, ça t'enfermes aussi dans le système, à
mon avis c'est peut être fait exprès ».
La relation avec le référent montre ici ses
limites. Aussi, comme nous l'avons écrit précédemment, il
est indispensable d'établir les règles de fonctionnement de la
relation entre la personne et le référent, afin d'éviter
ce genre de sentiment négatif, qui peut nuire à
l'évolution du parcours d'insertion, par une résistance de la
personne à accepter les propositions d'orientation du
référent.
C'est aussi le rôle du référent que
d'être en capacité d'écoute face aux besoins et attentes du
public, et de négocier avec la personne, la stratégie d'insertion
à adopter.
On note par ailleurs une suspicion du référent
à vouloir « faire du chiffre », comme l'évoque Fanny
« c'est à se demander si c'est pas pour que lui fasse du
chiffre (...). On sait très bien qu'ils ont aussi des quotas et qu'ils
doivent caser les gens (...) mais s'ils font ça n'importe comment, je ne
vois pas trop l'intérêt ».
En outre, il existe un sentiment de mépris, ressenti
par les allocataires, de la part des professionnels de l'insertion, avec une
méfiance qui s'installe auprès des allocataires, qui, comme le
souligne Fabienne, en parlant des difficultés rencontrées lors
d'un contrat aidé dans une entreprise d'insertion « ils sont
avec eux », en évoquant le fait de dénoncer une
entreprise d'insertion auprès de l'ANPE, qui ne respecterait pas le
droit du travail.
D'autre part, la relation avec le référent
reste ambiguë voire inexistante : Alors que Fanny s'insurge contre la
directivité de son référent « sans m'en parler il
décide (...) il fait de l'abus de pouvoir », Claire, Fabienne
et Delphine n'y vont que quand elles « en ont besoin »,
quand elles « ont des problèmes ».
Cette « indisposition » freine l'insertion
des allocataires et peut même aller jusqu'à désinformer ces
derniers, comme le dit Fabienne « Je savais pas qu'il fallait rester
inscrite à l'ANPE pendant mon contrat, on me l'a pas dit non plus
». Ou à les démotiver « je lui ai dit que je
voulais faire une formation, elle m'a dit qu'il n'y en avait pas beaucoup
» (Fabienne).
Toutefois, les témoignages montrent une volonté
de sortir du dispositif « je serais pas toute ma vie assistée
» espère Fabienne, que ce soit avec ou sans
référent « C'est pas parce qu'il y aura un
référent derrière moi que je ferai ça ou ça
», dit Delphine.
Une relation de pouvoir difficile à vivre :
Les référents sont perçus comme des
acteurs ayant le pouvoir de faire bouger les choses « les
référents font comme ils veulent. C'est eux qui ont le pouvoir,
vous n'êtes qu'un Rmiste » (Fanny), un interlocuteur
privilégié avec les institutions « je l'utilise si j'en
ai besoin. Il peut faciliter les financements de tel ou tel truc. »
(Delphine).
D'autres utiliseraient la menace de perdre le RMI mais
échouent « Je trouve pas que les menaces soit très
motivantes », affirme Fanny.
Fanny, quant à elle, pense qu' « avoir un
référent, ça vous infantilise », C'est pour elle
un rapport de force, et le référent a un contrôle sur sa
vie : « aller voir mon référent toutes les semaines pour
justifier de pourquoi je trouve pas de travail, c'est pire que l'ANPE !
».
D'autres interlocuteurs évoquent les difficultés
relationnelles qu'ils éprouvent avec leurs référents, dont
ils ne comprennent pas toujours la démarche : « mon
référent a décidé qu'il fallait que je cherche
ailleurs (...) nous faire faire n'importe quoi juste pour nous caser quelque
part... », dit Claire, et elle ajoute « ça fait deux
mois que je suis au RMI et il harcèle toutes les semaines, et en plus,
là, sans m'en parler avant, il décide de me proposer des postes
qui me vont pas ».
4.2 : Un enfermement provoqué par le système
Le contrat d'insertion : une formalité
administrative et un contrôle des allocataires
Le contrat d'insertion est une formalité
administrative pour obtenir le RMI « c'est obligatoire » dit
Claire, « l'objectif, c'est de retrouver un emploi (...) le plus vite
possible sinon (...) on me supprimerait le RMI », dit Fanny.
Pour Fabienne en revanche, le contrat n'est pas obligatoire,
puisqu'il n'y a pas de suivi « je ne pense pas qu'il soit obligatoire,
je suis même pas convoquée. C'est pour dire de signer quelque
chose. Signer un contrat comme ça c'est débile, vu que t'as pas
de suivi ».
Aussi, s'il existe une vraie confusion sur le critère
obligatoire ou non obligatoire du contrat d'insertion, pour la plupart des
allocataires, c'est une formalité administrative qui n'a pas grand sens,
puisqu'il n'y a « même pas de suivi ».
Pour d'autres, c'est un moyen de contrôler les
allocataires dans leur recherche d'emploi, un peu comme le ferait l'ANPE avec
la déclaration des droits mensuels « Il faut prouver qu'on fait des
efforts pour se réinsérer », dit Claire.
Pire encore, certains allocataires avouent l'avoir signé
mais « je ne sais pas ce qu'elle à écrit »
(Claire).
Les allocataires déclarent avoir un objectif de retour
à l'emploi, sans description précise des étapes de
parcours à effectuer.
Les contrats d'insertion qui ont été signé
le sont sur des durées de trois à six mois. Les rencontres, comme
nous le verrons dans la seconde sous partie, restent parfois sporadiques
Un sentiment d'enfermement exprimé :
Il existe des attentes fortes vis-à-vis du dispositif,
même si Guillaume exprime un sentiment d'enfermement « je suis
enfermé dans le système depuis trop longtemps », qui
est la conséquence du temps passé dans ce dispositif, mais
surtout, parce que ce même dispositif ne lui permet pas d'en sortir
« on me refuse des formations parce que je suis trop
diplômé ! On ne peut pas s'en sortir ! ». D'ailleurs,
Fanny reprend cette image, en exprimant une attente commune « il faut
nous donner les moyens de s'en sortir ! ».
Les moyens semblent donc manquer cruellement à ces
personnes, qui, faute de trouver une réponse à leurs attentes,
s'enferment un peu plus ou tentent désespérément de
trouver des alternatives, comme Guillaume « je me suis mis aux
chèques emploi service ».
Par ailleurs Fabienne exprime une idée
intéressante vis-à-vis de cet enfermement « le fait de
ne pas avoir de référente compétente »,
dit-elle, « ça t'enferme dans le système
». La qualité de l'accompagnement dépendrait alors de
l'accompagnant et les allocataires ne seraient pas égaux face à
l'accompagnement qui leur serait proposé.
Cela confirme d'autant plus notre pensée,
renforçant l'idée que le référent est l'une des
clefs de sortie ou de maintien dans le dispositif.
4.3 : Une incapacité des référents
à répondre aux attentes des allocataires
L'idée récurrente des témoignages
recueillis est l'inefficacité des interlocuteurs face à une
demande d'aide des personnes.
« Je n'ai pas de suivi spécial », dit
Fabienne, et elle renchérit « je me débrouille par mes
propres moyens, je ne me sens pas aidée (...) elle ne va pas me pousser
»
En outre, les personnes interrogées sont très
critiques quant à l'incompétence supposée de leur
référent « elle y connaît rien au professionnel
», dit Fabienne à propos de sa référente, et
elle continue « Mon assistante sociale était pas capable de me
dire ce que c'était le contrat d'avenir », Fanny ajoute
« il est incompétent (...) on devrait plus contrôler les
référents ».
Aussi, les personnes repèrent vite le champ de
compétences dans lequel naviguent leurs interlocuteurs, et elles
adaptent leurs comportement en fonction de leur référent :
« je la vois une fois de temps en temps pour re-signer »
(Fabienne) « je vois l'Assistante Sociale quand j'en ai besoin,
elle m'aide pour mes problèmes » (Claire).
Cela pose question quant à la qualité du suivi
par les assistantes sociales concernant l'insertion professionnelle des
allocataires du RMI. Comme le disait Marc (PLIE), « ce n'est pas
qu'ils ne veulent pas faire, c'est qu'ils ne savent pas faire ».
4.4 : Des attentes concrètes
Si les allocataires ont tous pour objectif de sortir du
dispositif, ils n'ont pas les mêmes attentes :
Fanny souhaite plus d'écoute, de négociation
avec son référent, et aimerait effectuer un bilan de
compétence ou une VAE. Aussi, elle aimerait que son
référent lui fasse plus confiance sur les choix qu'elle aura
à faire pour son orientation professionnelle, et qu'il ne décide
plus pour elle.
A contrario, Fabienne voudrait être plus guidée
dans ses démarches, elle se sent perdue, non accompagnée. Elle
aimerait elle aussi faire une formation, puisqu'elle a découvert une
activité professionnelle qui lui convient, lors de son contrat d'avenir.
Pour elle, cette formation lui permettrait d'être reconnue sur le
marché de l'emploi, et d'avoir plus de chance de « sortir du
RMI pour un salaire ».
Toutefois, Fabienne ne trouve pas le soutien dont elle dit
avoir besoin auprès de sa référente, « on ne te
parle de rien », dit elle « je me débrouille
seule ». Elle aimerait un référent qui sache
l'orienter, et la garder dans la dynamique d'emploi qu'elle a entrepris il y a
quelque temps, car elle a peur de « s'encroûter à nouveau
».
Claire souhaite sortir du dispositif, mais pas à
n'importe quel prix. Elle affirme ne pas vouloir reprendre de travail
« si c'est pour travailler et être encore plus dans la
misère ». Pour elle, travailler lui permettrait « de
se poser un peu », de ne plus « vivre au crochet des gens
».
Elle refuse de travailler sur un contrat aidé «
un boulot étiqueté Rmiste », qui la stigmatiserait
encore plus.
Claire souhaite faire une formation, mais jusqu'ici n'a rien
trouvé, accusant les formateurs ne « ne plus vouloir » des
Rmistes. Claire exprime un réelle souffrance à être dans ce
dispositif et se sent exclue de la société.
Delphine, qui est en contrat aidé, estime que cette
situation lui convient parfaitement, au vue de sa situation sociale. Elle
souhaite effectuer une formation, mais affirme que pour le moment, c'est sa
famille qui lui importe, et que même sans activité
professionnelle, elle se sentirait investie, puisque mère avant toute
chose. Elle n'envisage pas de retour à temps complet sur une
activité salariée avant que ses enfants n'aient grandis.
Enfin, Guillaume espère le moins du dispositif. Il
s'estime « enfermé dans le système depuis trop longtemps
», et a vu ses demandes de formation refusées parce qu'il est
déjà diplômé.
Pourtant Guillaume a trouvé une alternative, qui ne
doit pas lui apporter beaucoup en termes de finances, mais qui le renoue
à une activité professionnelle : les chèques
emploiservice.
Dans tous ces cas, les allocataires se projettent dans
l'avenir ; les unes souhaitent se former afin d'augmenter leur
employabilité, les autres restent dans ce dispositif comme une
transition en attendant que les enfants grandissent et d'autres tentent de
sortir du système par des alternatives.
Les allocataires du RMI que nous avons rencontré
perçoivent le référent comme un relai avec les
institutions, comme une personne qui peut les faire accéder à
leurs droits. Mais c'est aussi une personne qui leur rappelle de façon
plus ou moins diplomatique, leurs obligations.
D'autre part, avoir pour référente une
assistante sociale brouille les représentations des allocataires sur les
fonctions de ce professionnel « hybride ». La question devrait se
poser concernant la légitimité des assistantes sociales à
effectuer un travail dont elles avouent ne pas avoir les compétences
pour en assurer les fonctions.
Enfin, une explicitation sur le contrat d'insertion
s'avère nécessaire, car, d'après ce qu'il ressort de ces
entretiens, le sens qu'il recouvre n'a pas été tout à fait
saisi.
L'analyse des entretiens nous permet de retirer quelques
réponses à nos problématiques, et à confirmer
quelques hypothèses. C'est pourquoi la prochaine partie sera
consacrée aux conclusions et aux préconisations qui
découlent de l'analyse des entretiens que nous venons d'effectuer.
C- Quelques pistes de travail
1 - Un partenariat actif et collaboratif
Nous avons pu constater dans notre analyse l'importance de la
place du partenariat dans l'élaboration du parcours d'insertion.
Aussi, le développement du réseau resserre le
maillage territorial, et permet une meilleure réactivité pour
répondre aux besoins des personnes accompagnées.
Toutefois, comme le précise Jean Pierre Boutinet (p 66,
L'immaturité de la vie adulte, PUF, Paris, 1998), « le
réseau est un système faiblement structuré »,
par essence, fragile.
C'est pourquoi on comprend aisément l'affaiblissement du
réseau provoqué par un turn over important des partenaires.
Cette vulnérabilité du réseau partenarial
doit pouvoir être compensée en partie par une veille, au travers
d'interactions régulières et de collaborations
équilibrées au sein du réseau.
Une animation de ce réseau est nécessaire pour
maintenir une dynamique relationnelle efficace.
Le développement du partenariat engendre une meilleure
connaissance des rôles et des champs d'action des partenaires, permettant
aux référents de se positionner dans le paysage du monde de
l'insertion, en affirmant son rôle et ses fonctions.
Nous avons vu que sans partenariat, le référent
est inefficace. Toutefois, il doit être en capacité à
mobiliser le bon partenaire au bon moment.
C'est pourquoi il est indispensable que les
référents connaissent parfaitement leur
réseau.
Pour cela, une aide doit pouvoir leur être
apportée, en particulier lors de l'entrée en
poste.
La mise en relation et les informations de base sur les
acteurs principaux du territoire réduiront le temps passé
à construire un réseau primaire, qui ne saurait satisfaire les
besoins du public.
Aussi, le référent pourra consacrer une partie de
son temps à développer le réseau secondaire, qui lui
permettra d'augmenter son efficacité.
En outre, la mise en réseau peut inciter les
référents à relayer une situation et à avoir un
double regard lui permettant de garder une certaine objectivité.
Solliciter les relations partenariales :
L'amélioration des relations entre les
référents et leurs partenaires ne peut être que
bénéfique et participera à l'évolution de la
qualité du réseau.
Le travail de relai est indispensable, c'est pourquoi
le travail en équipe partenariale doit être
sollicité, non seulement pour poser les cadres d'intervention, mais
aussi pour échanger de façon objective sur des situations
complexes.
Afin d'aider les référents à construire
leur réseau et à rester en veille vis-à-vis de ce dernier,
nous proposons que les informations concernant les acteurs du
territoire et les dispositifs d'insertion soient à leur disposition de
façon constante et en temps réel.
La création d'un site internet, accessible aux
référents, chargés de mission, conseillers ANPE,
opérateurs, constituant une base de données pourrait permettre la
diffusion de ces informations importantes, telles que les coordonnées,
les champs d'action, les interlocuteurs etc.
Constat à été fait qu'il existe un manque
de coordination des partenaires concernant, par exemple, le positionnement des
allocataires.
L'implication des acteurs, en particulier des
référents dans les positionnements, devrait être
motivé par leur participation obligatoire aux comités
de recrutement, mais aussi en ayant des retours
systématiques sur les positionnements qu'ils ont
effectués, et enfin, en incitant ces derniers à des
mises au point régulières sur l'évolution des
personnes en formation, en contrat aidé ou encore en
chantier insertion etc.
Comme nous l'avons constaté durant ces
dernières analyses, certes, la contrainte institutionnelle est forte,
mais elle est parfois indispensable pour cadrer les actions des
référents. Aussi, ces mises au point doivent être la
condition pour la reconduite d'un projet (renouvellement, prise en
charge...).
D'autre part, la prise en compte du
référent dès le positionnement, dans tout le
processus d'embauche et d'insertion, engendre un sentiment de reconnaissance,
motivant l'implication de ce dernier dans cette étape de
professionnalisation.
En effet, jusqu'ici, nous avons constaté qu'une fois
le positionnement effectué, le référent est rarement
sollicité, il est même rarement informé du rejet ou de
l'acceptation du dossier en commission de recrutement. Cette pratique
élimine de fait le référent du projet de la personne.
En maintenant une certaine proximité des
référents auprès de leur public positionné, cela
permettrait un travail de collaboration entre les employeurs ou les
formateurs.
Promouvoir la collaboration pour assouplir les relations :
Nous avons analysé le partenariat comme étant
vertical, régi selon le pouvoir économique de l'acteur.
Pourtant, nous avons remarqué que cette tendance à
mettre en place des relations de pouvoir n'aidait pas la collaboration et
satisfaisait plutôt la relation financeur/financés.
La collaboration est une notion importante dans le partenariat,
si l'on veut construire une dynamique interactive et constructive.
L'ANPE et le PLIE ont compris qu'en
s'associant sur le Plan Emploi, non seulement ils
réduisaient leurs coûts, mais aussi, ils cadraient
leur champs d'action, leurs rôles respectifs, et enfin, mettaient en
oeuvre des pratiques communes, tel que l'évaluation du
dispositif.
Aussi, si ces deux institutions sont au même niveau
hiérarchique du partenariat, travailler de la même
façon avec les opérateurs et les référents est une
piste de travail à exploiter.
En gardant les conventions et les contrats PLIE comme
assurance pour le PLIE, celuici pourrait instiguer l'animation de ces acteurs,
en leur proposant des outils d'évaluation de leurs
pratiques, en mettant à disposition une personne relai pour analyser les
situations et tenter de comprendre les freins, les déficits, les
problèmes et tenter de trouver des solutions.
Le PLIE, tout comme le Conseil Général, doit
être un véritable partenaire, et doit prendre sa place en tant que
tel.
Certes, des efforts sont faits par le PLIE de T en ce qui
concerne la qualité du dispositif et de ses outils, ce qui est fort
encourageant.
Toutefois, ce n'est pas le cas du Conseil
Général qui fixe son regard de gestionnaire sur le dispositif RMI
et de ce qui en dépend. Malgré tout, il convient de rappeler que
la mise en commun des outils profite à l'harmonisation des
pratiques et du même coût, à réduire les
dépenses.
Le partenariat concerne en outre la relation entre le Conseil
Général, les instances locales et les référents.
Nous avons montré que les relations restent aléatoires et
formalisées par des bilans, des contrats, et quelques réunions de
travail avec les instances pour les stratégies à mettre en oeuvre
en direction des offres d'insertion du territoire.
Il convient d'améliorer ce partenariat en
promouvant le soutien du conseil général envers les
référents, en leur proposant une fiche de poste concise, et une
feuille de mission cadrant leurs champs d'action.
En outre, une communication directe avec les
référents pourrait être envisagée, au travers des
séminaires, des réunions de travail
thématiques.
Les référents comme les chargés de
mission pointent du doigt le manque de formation concernant l'insertion
professionnelle. Aussi, nous proposons la mise en place d'actions
de formation continue thématique, à partir de l'étude
qualitative des pratiques professionnelles des
référents.
La collaboration du Conseil Général avec ses
partenaires suppose que celui-ci anime le dispositif RMI et participe à
la valorisation de la qualité des offres et des prestations.
Enfin, il est nécessaire d'augmenter les
effectifs des référents pour répondre à une
importante demande du public et travailler de façon
efficace avec lui.
2 - Mieux communiquer
Nous avons constaté un problème de
maîtrise du traitement des informations, avec une sur-communication, mais
un constat général que l'information n'est pas toujours
exploitée à bon escient.
Comme le souligne Boutinet (1998), ce n'est pas le
déficit de communication qui est un problème, mais l'inverse.
Aussi « le pléthore de communication »
engendre de sérieux problèmes dans les interactions. Nous
allons nous reposer sur cette théorie de Boutinet pour montrer que nos
observations sont justifiées.
Désengorger les circuits en utilisant
sélectionnant les informations et en utilisant de nouveaux supports :
Boutinet (p, 87-88, 1998) décrit 5 conséquences
entrainées par l'overdose communicationnelle, que nous avons
retrouvé dans notre analyse :
La première conséquence est « la
banalisation et la relativisation de l'information »,
provoquées par la multiplicité des messages émis. En
effet, nous avons pu constater que les référents, comme les
chargés de mission, reconnaissais la multitude d'informations qui
étaient transmises dans le réseau. D'ailleurs, les
référents avouaient ne pas traiter ces informations de
façon satisfaisante pour eux, avec une perte énorme de ces
ressources.
C'est ce qu'explique Boutinet, en montrant que trop
d'informations font perdre le caractère informatif de ces
dernières, neutralisant les informations, voire même apportant une
certaine confusion, une désinformation. En d'autres termes, la
surinformation brouille l'information.
En outre, la répétition de l'information contribue
à neutraliser cette dernière. C'est ce que Boutinet nomme
« l'enfermement solipsiste » (p-p 87- 88)
Néanmoins il apporte un autre élément, qui
concerne le « médium ». Le support de des messages
sera également un critère important dans sa transmission et sa
réception.
La multiplicité des messages empêche le
contrôle de la circulation de l'information et peut participer à
« produire des messages contradictoires, des messages qui (...)
s'annihilent » (p88).
D'autre part, et sur ce point Gaël l'a bien
expliqué, la perception de l'information n'est pas celle que
l'émetteur souhaite qu'elle soit, et dépend de nombreux filtres.
C'est ce que Boutinet appelle « la présupposée
transparence communicationnelle ».
Il ne faut pas oublier que toute information, aussi claire et
précise qu'elle soit, est traitée par son récepteur selon
de nombreux critères (environnementaux, psychologiques, langagier,
etc.). Il est donc important de vérifier la compréhension de
l'information par le récepteur.
Boutinet va montrer, dans le cinquième point,
nommé « déficit communicationnel » que
« plus on communique, moins on communique » (P 89): la mise
à distance du récepteur et de l'émetteur par les
médias modernes, participe à rendre la communication
impersonnelle, neutre.
Aussi, l'information ne s'adresse à personne.
« Ce déficit subjectif » entraîne le
déficit communicationnel. Pour y remédier, il est
important que l'information soit personnalisée pour qu'elle soit
traitée.
Nous sommes conscients de la difficulté à mettre
en oeuvre une telle démarche sur un territoire. Pourtant, la
personnalisation de l'information peut être effectuée en fonction
des besoins.
Par exemple, la mise en ligne des dispositifs
insertion disponibles en temps réel sur le territoire, pourrait
être proposé, avec une présélection des
critères (ex : statut de la personne, type de dispositif
recherché, période, etc.), qui permettrait d'affiner
les positionnements, d'avoir une information en temps réel, constante et
personnalisée en fonction des besoins des allocataires et des
référents.
En outre, motiver le retour d'information des
opérateurs et des partenaires en conditionnant le règlement d'une
prestation par le retour d'information.
La mise en place d'une zone de
rencontre (virtuelle ou classique) permettrait
l'amélioration des transferts d'informations, et contribuerait à
une meilleure connaissance du territoire.
Le partage d'informations et de pratiques peut
contribuer à mettre en place un travail d'équipe des
référents et une harmonisation de leurs
pratiques.
Si le média importe dans la communication entre les
partenaires, il est important de ce dernier soit interactif, voire
réactif. L'outil informatique et internet sont les médias par
excellence pour la communication rapide et en temps réel.
Alléger les procédures en optimisant le travail
de préparation :
Nous avons constaté tout au long de notre étude
une lourdeur administrative dans le processus d'embauche des contrats
aidés (en particulier, ceux de la Ville).
Pré-positionnés par les
référents, qui ont rempli un dossier réunissant toutes les
informations nécessaires pour s'assurer de l'éligibilité
du candidat, validé en commission d'accès PLIE, puis
présenté en commission de recrutement à la Ville, avec une
nouvelle vérification de l'éligibilité, le candidat doit
passer un entretien pour être positionné sur un poste CA ou CAE
Ville, et parfois, doit passer le « test de la formation »
pour vérifier son aptitude à travailler sur le poste
affecté.
Comment justifier un tel processus de recrutement pour un
contrat d'insertion professionnelle ?
Envisager l'allègement de cette
procédure en privilégiant un travail en direction des
référents sur la pertinence des positionnements, sur
l'information des postes à pourvoir et des compétences
exigées, mais aussi travailler avec les employeurs sur des
critères de recrutement objectifs, qui reposent sur les
compétences requises, et non sur d'autres critères plus
subjectifs, tels que l'âge, le physique, le sexe...etc., comme j'ai pu le
constater lors d'un comité de recrutement.
Aujourd'hui, les positionnements sont effectués selon des
critères d'éligibilité par rapport à un statut.
Nous avons constaté que les allocataires du RMI
n'avaient pas accès, de part ce statut, à tous les dispositifs,
et qu'il valait mieux cumuler les problématiques pour pouvoir entrer
dans les cases.
S'il est reconnu par tous que c'est le besoin réel des
personnes qui doit être primordial dans le positionnement, les faits
montrent qu'on regarde d'abord l'éligibilité du candidat, et que
l'intérêt la personne arrive en fin de processus de
recrutement.
Nous n'avons pas compris pourquoi être au RMI pouvait
empêcher de faire certaines études ou d'accéder à
certains contrats. Cela reflète peut être une stigmatisation de
l'institution vis-à-vis de ce public.
Mais cette stigmatisation entraîne une discrimination
institutionnelle par la sélection au travers le statut. C'est aussi un
moyen de contrôler les financements investis dans le dispositif RMI.
Aussi nous proposons un renforcement du travail
en amont permettant un diagnostic plus poussé sur les capacités
de la personne à entrer dans un dispositif qu'il soit CA ou formation et
qui participerait à positionner de façon plus objective et moins
aléatoire, les personnes sur de telles actions.
D'autre part, le dossier de positionnement
permettant l'accès au PLIE, qui est agrémenté de la note
d'opportunité doit apporter des détails objectifs concernant la
situation sociale, familiale et professionnelle de la personne, avec un
positionnement motivé par la définition préalable des
étapes prévue dans le parcours. A l'heure
d'aujourd'hui, les dossiers que nous avons pu étudier montrent qu'ils
sont rarement complets, en particulier concernant le parcours d'insertion
prévu.
3 - Aider l'élaboration du parcours
d'insertion
Le Parcours d'insertion se défini par une succession
d'étapes, qui permettent de garder une dynamique d'insertion.
Cela suppose une adaptabilité du référent
et une capacité à diagnostiquer les problématiques
visibles ou non visibles des allocataires.
Aussi, il est important pour les référents, de
garder une marge de manoeuvre concernant la période qui sépare
l'instruction du dossier RMI et la contractualisation. En effet, si le contrat
reste obligatoire, il doit pouvoir être justifié pour ne pas faire
l'objet d'un « accueil administratif ».
Accélérer la mise en réseau des
référents :
La mise en étape suppose une capacité
d'orientation qui demande une bonne connaissance du réseau. Pour cela,
et comme nous l'avions préconisé préalablement,
un soutien particulier doit être pensé pour aider le
RGP à constituer rapidement un réseau primaire et
secondaire.
La mise en étape du parcours d'insertion cadre les
actions à mettre en place, balise le parcours, autant que le type
d'accompagnement qui doit être clairement explicité.
Le travail d'explicitation et de préparation au parcours
est essentiel et ne doit pas être négligé.
Nous reprendrons ici le terme de « public
éclairé », emprunté au vocabulaire médical :
la compréhension de l'engagement et des actions mises en oeuvre est la
base de l'accord tacite
qui existera entre le référent et l'allocataire,
et donnera toute la légitimité au référent pour
intervenir au nom de l'intéressé.
Accompagner de façon constante et ininterrompue les
personnes durant leur parcours :
Les outils tels que la formation ou le contrat aidé,
ne conduisent pas à l'emploi, mais professionnalise les individus. La
mise à l'emploi doit passer par une dernière étape :
l'accompagnement renforcé à l'emploi ou la médiation
à l'emploi.
C'est pourquoi il est important de travailler sur
le parcours d'insertion avant l'entrée sur un dispositif de
professionnalisation et durant le positionnement, par des rencontres et des
évaluations régulières. Ainsi la personne se sentira
accompagnée, et gardera à l'esprit qu'elle est dans un processus
de professionnalisation.
Le diagnostic est un élément crucial dans le
parcours d'insertion. Il évalue la capacité de l'individu
à s'engager dans le processus d'insertion en tenant compte de ses
problématiques. D'autre part, le diagnostic permet de comprendre quel
sera le niveau d'intervention du RGP, et décidera du type
d'accompagnement proposé à la personne (fréquence, type
d'intervention...)
Toutefois, il est important de rappeler qu'un
suivi régulier permet de rester en alerte quant à
l'évolution du parcours d'insertion. Il faut alors garder contact avec
le public et le solliciter si nécessaire.
Expliciter le contrat d'insertion aux allocataires :
Le contrat d'insertion cadre les pratiques des
référents et les limites de leurs actions. Le
référent devient le pilier du parcours d'insertion de la
personne.
Le contrat d'insertion est le cadre dans lequel le
référent intervient en termes de temps, d'actions et de champs
d'action. Il définit le réseau à activer et contrôle
la mise en oeuvre des actions. Le contrat d'insertion est la condition sine qua
non pour accéder aux dispositifs d'insertion.
Aussi, le contrat d'insertion doit être
préalablement expliqué aux personnes qui s'engagent pour en
comprendre l'impact sur leur vie quotidienne, et sur leurs droits à
l'insertion.
Du point de vue du conseil général, cela permet
de contrôler la mise en oeuvre des actions en direction d'un retour
à l'emploi, mais l'engagement de la personne doit permettre son
adhésion au contrat, et mettre en oeuvre sa capacité
d'autonomie.
« En outre, nous savons que les conseils
généraux misent surtout sur l'insertion professionnelle des
publics, l'insertion sociale ne représentant que 26 % des crédits
d'insertion : les dépenses en actions d'insertion ont eu tendance
à diminuer depuis que les départements ne sont plus
obligés d'y consacrer l'équivalent de 17 % de leurs
dépenses d'allocation : alors que celles-ci ont beaucoup augmenté
entre 2003 et 2005, les crédits d'insertion, eux, ont diminué de
12,7 % en deux ans, passant de 630 millions à 550 millions d'euros. De
quoi s'inquiéter de la qualité des parcours proposés aux
allocataires du RMI. » (C. Dorival, la lettre de l'insertion par
l'économique n° 137, mars 2007)
Solliciter le soutien du Conseil Général
Si l'institution choisi d'imposer le contrat d'insertion,
c'est la personne qui doit être en mesure d'assurer ses engagements en
signant le contrat d'insertion pour que celui-ci ait un sens.
Le taux de contractualisation des personnes au RMI est de 43%
pour la région du Nord20 en 2005, il était
prévu une augmentation de 10% pour l'année 2006. Malheureusement,
nous n'avons pas accès à ces informations.
Malgré tout, ce taux reste modeste vis-à-vis du
caractère obligatoire du contrat d'insertion.
Toutefois, si la signature du contrat d'insertion et son
approbation par le conseil général mandate le
référent pour intervenir dans l'élaboration du parcours,
le soutien du conseil général est impératif
pour aider le référent dans son travail de médiation et de
conseil.
Optimiser le travail des référents
Si le PLIE garde un oeil sur les mouvements d'entrées
et de sorties des personnes positionnées sur les dispositifs, et informe
régulièrement les référents des sorties et
entrées de leur public, les référents RMI
doivent s'organiser pour mettre en place un outil de suivi des publics
positionnés.
Une fois encore, l'outil informatique serait bien
utile pour répondre à ce besoin de planification des actions, et
la création d'outil de gestion du temps en direction des
référents serait un avantage certain.
Notons par ailleurs l'importance du matériel
mis à disposition des référents, qui doivent
être en mesure d'accéder à un maximum d'informations de
façon rapide.
La capacité de réaction du référent
dépend de sa connaissance et de l'importance de son réseau, mais
aussi des outils qui sont à sa disposition.
Ces outils peuvent être pédagogiques, comme les
groupes d'échanges de pratiques, pour permettre une réflexion
commune sur l'utilisation des outils.
4- Des freins institutionnels puissants
Nous avons pu constater qu'il existe un sentiment
de contrôle des référents par leurs partenaires et
financeurs, qui se traduit de façon concrète en bilans et
comités de suivi. Cela entraîne des résistances telles que
l'absentéisme récurrent de certains professionnels, et une
rétention de l'information en ce qui concerne les bilans
évaluation de prestations ou de positionnements.
Une contractualisation dénuée de sens pour les
référents et les allocataires :
En outre, la contractualisation que l'on constate
dans le social participe au flou qui réside autour de ces contrats et
les décrédibilisent aux yeux des allocataires, qui
n'en
20 Chiffres publiés sur le site du Conseil
général :
www.portail.cg59.fr
comprennent pas l'intérêt, ce sentiment
étant partagé par les référents qui ne comprennent
pas le besoin de contractualiser à outrance.
Cette demande institutionnelle de responsabilisation des
individus, au travers leur engagement par le contrat d'insertion, répond
à une exigence de qualité universelle (Boutinet, 1998, p-p
70-71).
Par le contrat d'insertion, l'individu s'engage à
édifier un parcours d'insertion, à en maitriser les risques par
l'utilisation de stratégies d'insertion diverses.
Aussi, « tout devient stratégique puisque
l'acteur navigue dans une incertitude
constante ; devenir stratège, c'est affirmer son
pouvoir » (Boutinet, 1998, p 67). D'oül'importance
pour l'allocataire d'être autonome dans ses décisions. Le
référent peut l'aider à
élaborer sa stratégie d'insertion, mais ne doit
en aucun cas lui imposer un parcours préétabli « cet
acteur stratège doit affirmer son autonomie au sein de stratégies
qui vont orienter son action (...) mais il reste impuissant et fragile d'avoir
à décider seul quand tout se dérobe autour de lui »
(Boutinet, p67). C'est le rôle du référent
à supporter les individus dans leur cheminement. Faut-il encore que
l'institution leur en laisse le temps.
Une évaluation qualitative a envisager :
Le contrat est une procédure dénuée de
sens pour les allocataires si les actions mise en oeuvre n'ont pas d'impact sur
leur vie quotidienne. La prise en main du parcours d'insertion par
la personne dépend de la relation avec le référent mais
aussi des alternatives qui s'offrent en matière
d'insertion.
La contractualisation obligatoire n'est pas comprise par les
référents, car la demande du conseil général est
avant tout quantitative, basée sur le taux de contractualisation.
Pourtant, l'évaluation qualitative peut amener
des éléments indispensables sur les besoins réels des
référents en termes d'outils et de formation.
Les données quantitatives satisfont la justification
des dépenses pour le dispositif RMI, mais ne traitent pas de
l'efficience des pratiques et des outils mis en oeuvre. C'est pourquoi
l'évaluation sur les deux niveaux est
indispensable.
Un autre frein institutionnel concerne particulièrement
le soutien du conseil général envers les
référents.
L'indépendance apparente des
référents est limitée par le quota de contractualisation
des parcours, les outils à sa disposition, un contrôle
récurrent de ses actions, le manque de formation, le manque de cadre
officiel de ses fonctions.
Il est important de rétablir une relation de confiance
entre les référents et leur principal financeur, le Conseil
Général, afin d'optimiser le travail en direction du public
RMI.
La résistance dont font preuve les
référents montre un mal être de la profession,
et à des conséquences non négligeables sur les parcours
d'insertion en termes d'articulation des étapes, et d'évolution
des parcours.
La prise en compte de la parole des
référents doit être une priorité et doit engendrer
un travail en commun sur des outils utiles et efficaces.
D'ailleurs, jusqu'ici nous n'avons pas évoqués les
allocataires du RMI, dont la parole est rarement mise en avant.
5 - Un public en demande
Les attentes des allocataires vis-à-vis du dispositif
sont une prise en compte de leurs demandes, de leurs envies, de leurs attentes.
Mais c'est aussi plus d'ouverture en termes de droits à la formation, et
avoir d'autres alternatives que des emplois aidés.
En effet les personnes rencontrées ont toutes la
volonté affichée de sortir du dispositif, à des
degrés différents.
Néanmoins, le retour à l'emploi n'est pas
envisagé de la même manière. Ainsi, en reprenant la
typologie de l'employabilité des chômeurs au RMI
étudiés par Noëlle Burgi (du RMI au RMA. Et l'
(in)employabilité des chômeurs ?, Revue de l'IRES n° 50,
2006, Paris), nous retrouvons une partie de notre public interrogé, dans
le type II :
Typologie de l'employabilité des allocataires
du RMI
(N. Burgi, revue de l'IRES n° 50, 2006/1)
Type
I
Déploiement maîtrisé des activités
dans plusieurs domaines de vie
II
Engagement plutôt dominant dans un seul domaine de vie
;
Engagement assumé ou subi (degré de perte de
maîtrise des activités plurielles)
III
Désinvestissement des trois
domaines de vie
Frontière supérieure
|
Sorties vers l'emploi
|
· Engagement dominant assumé :
· Femmes indépendantes,
chefs de famille
· Hommes sans responsabilités familiales
en situation d'adolescence prolongée
· Profiteurs et autres cas particuliers
|
Désengagement subi.
Dépression, maladie, caractère (très)
altéré.
|
Motivations
|
Frontière moyenne
|
Survie, reconstruction,
regroupement familial etc. Emancipation
Construction identité
personnelle
|
|
Transition immédiate ou engagement actif dans la
carrière/le métier choisis Diplômés dont
nationalités non européennes
Hommes et nombreuses femmes sans qualifications Artistes ou
autres métiers activement investis
· Niveau de rémunération et/ou
formation
qualifiante compatible avec équilibre de vie ou
passage à l'âge adulte
|
· Engagement subi dans un autre domaine de vie :
· Situation féminine de relégation et/ou
de découragement subis
· Hommes en
situation de relégation et/ou de
découragement
· Hommes et femmes
|
Soins médicaux notamment
|
Position indéterminée
(désengagement subi)
|
|
|
|
de la génération
plus âgée
|
|
Motivations
|
Même motivations que
frontière supérieure
|
lassitude, découragement.
Engagement rabattu sur un domaine de vie prédominant
|
Aucune (rejet, entièrement
submergé)
|
Frontière inférieure
|
Tension entre l'engagement dans l'emploi et le repli vers un
engagement dominant dans une sphère privilégiée
|
Vers errance et
désinvestissement des domaines de vie
|
Position indéterminée
|
Motivations
|
Même motivations mais
fragiles
|
En voie de
désinvestissement des trois domaines de vie
|
Aucune (sujet entièrement
submergé)
|
|
Typologie des personnes interrogées pour notre
recherche
|
|
Fabienne
|
Delphine
|
Claire
|
Guillaume
|
Fanny
|
Type
|
Type II Frontière moyenne
|
Type II/ Frontière supérieure
|
Type II/
Frontière moyenne
|
Type II /
Frontière supérieure
|
Type I/ Frontière inférieure
|
|
Tout d'abord nous notons que le retour à l'emploi est
perçu comme un critère
d'épanouissement personnel pour ces personnes, qui
recherchent un emploi, et non un travail.
Ce n'est pas l'activité salariée qui est en
vue, c'est la représentation du métier et de l'identité
professionnelle qui s'y rapporte qui est une source de motivation. Yolande
Benarrosh (2003), écrit « Le rapport au travail [est] entendu
comme la place qu'occupe le travail, la signification qu'il revêt, dans
la vie et dans l'imaginaire des personnes interrogées ».
Si Claire, Fanny et Fabienne ne sont pas disposée
à accepter n'importe quel travail, c'est, selon Y. Benarrosh, une
résistance à la précarité de l'emploi.
Une prise en compte de la situation globale qui est
essentielle :
Nous avons constaté que la situation familiale est un
critère important du positionnement des personnes vis-à-vis de
l'emploi, comme le souligne Benarrosh. Aussi, les femmes seules avec enfants
mettent en avant leurs obligations familiales et les identifient comme un frein
à leur retour sur le marché du travail. Delphine est un cas
particulier qui, elle, choisi de rester dans les emplois précaires, afin
d'assurer un minimum vital à sa famille, et vise un retour à
l'emploi durable lorsque ses enfants auront grandi.
Quant à nos deux célibataires, ils se battent
chacun à leur manière pour tenter de sortir du dispositif :
Guillaume tente la débrouillardise, tandis que Fanny est convaincue que
son expérience professionnelle et ses diplômes peuvent lui
permettre un retour sur un poste occupé auparavant, et n'envisage pas de
reconversion professionnelle dans l'immédiat.
Nous voyons ici l'imbrication de l'insertion professionnelle
et de l'insertion sociale : ne pas tenir compte de la situation globale de
l'individu est une erreur et ne peut que nuire et freiner le parcours
d'insertion.
C'est pourquoi le référent se doit d'être
attentif, à l'écoute pour analyser la situation personnelle de
chacun et les attentes exprimées ou cachées du public.
Une spécialisation des référents
impérative :
Pourtant, nos allocataires se disent déçus de
leur référent, ce qui s'explique facilement, car la
majorité des personnes interrogées ont leur assistante sociale
pour référente. Comme indiqué auparavant, les
représentations des personnes concernant le métier d'assistant
social et le métier de référent généraliste
de parcours inculque des attentes différentes. Si l'assistante sociale
est perçue comme celle qui agit sur les problèmes sociaux, son
rôle de référente n'est pas légitime, puisqu'elle
n'a pas les compétences pour accompagner les parcours d'insertion, et
que cela s'en ressent sur les pratiques et les relations avec le public
RMI.
C'est pourquoi il est nécessaire de former du
personnel spécialement embauché pour les accompagnements, qui
n'ont rien à voir avec les suivis ASE. Les Assistants
sociaux ne peuvent être référents et les
référents ne peuvent être assistants
sociaux.
Un accompagnement renforcé :
Néanmoins, nous avons constaté qu'il existe un
sentiment d'enfermement dans le système, que les allocataires expliquent
par le manque de suivi, le manque d'accès à la formation
où encore des difficultés à se positionner sur des emplois
non précaires, hors secteur marchand.
Face à une demande qui n'est pas satisfaite, ou non
entendue, les allocataires désespèrent de sortir du RMI.
D'ailleurs ils ont bien perçu la discrimination dont
pouvait faire preuve l'institution vis-à-vis de leur statut pour
accéder à certains dispositifs, ce qui, non seulement aggrave
leur sentiment de relégation, mais inculque un comportement de repli et
d'exclusion.
Nous retrouvons en outre un certain désengagement du
au manque de suivi, au manque de dynamisation des parcours, ce qui
confirme la nécessité, pour les référents, de
rester en contact permanent avec son public, et d'articuler les étapes
d'insertion sous peine de perdre la dynamique d'insertion.
Aussi, l'exclusion des individus serait entretenue
par une relégation institutionnelle basée sur le statut des
personnes.
Pour finir, nous avons relevé le manque de sens du
contrat d'insertion RMI et nous insistons sur la corrélation existante
entre cette expression du non sens de l'engagement pris et l'incapacité
pour l'institution et ses représentants, à mettre en oeuvre un
parcours d'insertion outillé. C'est le manque de places disponibles dans
les dispositifs pour promouvoir le retour à l'emploi, cumulé
à une sélection drastique, qui seraient à l'origine de ce
non sens de la contractualisation.
Nous retrouvons dans ces entretiens avec les allocataires du
RMI, les mêmes problématiques que celles exposées par les
référents et les chargés de mission.
Nous allons terminer cette partie en reprenant les pistes de
travail qui pourraient permettre une optimisation du dispositif au niveau
territorial :
Un renforcement de la collaboration entre les
différents acteurs locaux :
· Une promotion du travail en équipe permettant
l'échange de pratiques et une certaine objectivité sur des
situations sclérosée
· Une association des acteurs, à tous les niveaux
hiérarchiques, sur des projets communs qui permettrait la
réduction des coûts, la répartition des rôles et
l'harmonisation des pratiques.
· Une mise en commun des outils profite à
l'harmonisation des pratiques et du même coût, à
réduire les dépenses.
Un renforcement du soutien en direction des
référents généraliste de parcours
par :
· La création d'une fiche de poste concise, et
une feuille de mission cadrant leurs champs d'action. La professionnalisation
des RGP, qui est essentielle : Les Assistants sociaux ne peuvent être
référents et les référents ne peuvent être
assistants sociaux
· La mise en place d'actions de formation continue et/ou
thématiques, à partir de l'étude qualitative des pratiques
professionnelles des référents.
· La création d'outils d'évaluation de
leurs pratiques, en mettant à disposition une personne relai pour
analyser les situations et tenter de comprendre les freins, les
déficits, les problèmes et tenter de trouver des solutions
· L'évaluation qualitative peut amener des
éléments indispensables sur les besoins réels des
référents en termes d'outils et de formation. L'évaluation
sur les deux niveaux est donc indispensable
· Le partage d'informations et de pratiques peut contribuer
à mettre en place un travail d'équipe des référents
et une harmonisation de leurs pratiques.
· Un soutien particulier pour aider le RGP à
constituer rapidement un réseau primaire et secondaire.
· La prise en compte de la parole des
référents doit être une priorité et doit engendrer
un travail en commun sur des outils utiles et efficaces.
Une amélioration de la communication
:
De façon générale, il est important que
l'information soit personnalisée pour qu'elle soit traitée.
Au niveau des référents :
· Des retours systématiques sur les
positionnements
· Des mises au point régulières sur
l'évolution des personnes en formation, en contrat aidé ou encore
en chantier insertion etc.
· Le maintien d'une certaine proximité des
référents auprès de leur public positionné, cela
permettrait un travail de collaboration entre les employeurs ou les
formateurs.
Par des outils :
· La mise en ligne des dispositifs insertion disponibles
en temps réel sur le territoire, pourrait être proposé,
avec une présélection des critères (ex : statut de la
personne, type de dispositif recherché, période, etc.), qui
permettrait d'affiner les positionnements, d'avoir une information en temps
réel, constante et personnalisée en fonction des besoins des
allocataires et des référents.
· La mise en place d'une zone de rencontre (virtuelle ou
classique) permettrait l'amélioration des transferts d'informations, et
contribuerait à une meilleure connaissance du territoire.
Des pistes de travail pour la mise en place des
parcours d'insertion : Envisager l'allègement des
procédures de positionnement en
· Privilégiant un travail en direction des
référents sur la pertinence des positionnements,
· Informant des postes à pourvoir et des
compétences exigées,
· Travaillant avec les employeurs sur des critères
de recrutement objectifs
· renforçant l'étape de diagnostic
permettant d'évaluer les capacités de la personne à entrer
dans un dispositif qu'il soit CA ou formation et qui participerait à
positionner de façon plus objective et moins aléatoire, les
personnes sur de telles actions.
· Définissant préalablement les étapes
prévues dans le parcours lors du positionnement sur dossier
Améliorer l'accompagnement des personnes en :
· Expliquant le contrat d'insertion aux personnes qui
s'engagent pour en comprendre l'impact sur leur vie quotidienne, et sur leurs
droits à l'insertion
· Travaillant sur le parcours d'insertion avant
l'entrée sur un dispositif de professionnalisation et pendant
le positionnement
· Gardant contact avec le public et le solliciter si
nécessaire.
· Mettant en place un outil de suivi des publics
positionnés.
Conclusion générale
Notre recherche concernant les freins institutionnels
existants sur le parcours d'insertion, a permis de valider l'hypothèse
que l'organisation du dispositif RMI participe à enfermer les personnes
dans le dispositif. Elle a en outre mis en avant un certain nombre
d'informations concernant le déroulement du parcours d'insertion
professionnelle.
La rencontre avec des personnes impliquées à
différents niveaux du dispositif RMI nous a aidé à mieux
comprendre les enjeux du parcours d'insertion.
Si le RMI est affilié aux concepts de pauvreté
et d'exclusion, cela ne lie pas la pauvreté à l'exclusion :
l'exclusion est engendrée par un état statutaire, lui-même
géré par les institutions. En effet, en limitant les solutions
alternatives pour construire leur projet d'insertion, les pouvoirs publics
entraînent les individus dans la trappe, excluent d'office une partie du
public, sous le coût d'un statut administratif, devenu critère de
sélection.
Aussi, la responsabilité de cette situation
d'enfermement, est, selon nous, portées par l'organisation
institutionnelle du RMI et des pratiques qui s'y rapportent.
Tout d'abord, nous avons vu qu'il existait différentes
sortes de trappes, selon l'angle d'approche qui était proposé. La
trappe à précarité, qui se situe sur une facette
économique, considère que l'homme ne voit dans le travail,
l'intérêt financer qui lui rapporte. Si nous avons pu
détecter ce type de discours dans les entretiens effectués avec
les allocataires du RMI, la plupart des personnes montraient un
intérêt pour le travail d'un point de vue identitaire : avoir un
emploi, c'est avoir un autre statut que d'être « Rmiste ».
Aussi, lorsque Y. Benarrosh montre que l'allocataires du RMI
est poussé à avoir un travail sans vraiment avoir le choix de
l'emploi, nous appuyons son discours, par l'analyse des entretiens qui mettent
en avant que les personnes interrogées sont très conscientes que
les emplois aidés les enferment dans une précarité latente
et elles émettent le souhait d'en sortir.
Ce qui les motive, c'est d'avoir un emploi classique, pas un
sous-emploi. Cette volonté d'obtenir un CDI à tout prix ne serait
pas, pour elles, une sécurisation de leur parcours professionnel, mais
bien un passeport pour la « normalité », une façon de
d'échapper au stigmate du « Rmiste ».
Nous avons pu montrer, tout au long de notre travail, que
c'est le référent RMI (RGP) qui était la personne
ressource pouvant contribuer à la sortie du dispositif RMI, sa fonction
principale étant d'effacer autant que faire se peut, les obstacles qui
parsèment le projet d'insertion des individus.
Pourtant, nous avons relevé d'importantes
difficultés qui concourent à freiner les projets, et qui
relèvent des pratiques institutionnelles, de l'organisation du
territoire et des pratiques professionnelles de certains
référents.
Aussi, nous avons expliqué le lien qui existait entre
ces trois points de dysfonctionnement, et de l'effet « domino » que
les pratiques institutionnelles pouvaient engendrer sur le partenariat, le
travail des référents ou encore les positionnements sur certaines
offres/prestations.
En outre, l'étude des pratiques professionnelles des
référents à mis en avant les éléments clefs
du parcours d'insertion, en fonction de leur impact sur ce dernier. Nous avons
par ailleurs noté les difficultés récurrentes des parcours
d'insertion, comme le suivi des allocataires en étape de
professionnalisation, qui reste très aléatoire, et qui est
malgré tout essentiel pour garder une dynamique dans le parcours, et une
articulation logique des actions.
D'autre part, ces pratiques professionnelles participent
à l'enferment des allocataires dans le système, et nous avons vu
que le non positionnement sur le secteur marchand (par principe de
précaution) ou sur une prestation d'accompagnement renforcé
à l'emploi fait partie des freins à l'insertion. Si Guillemot
affirme que « les allocataires ne trouvent pas de travail, c'est parce
qu'on ne leur en donne pas », il existe des moyens de
négociation avec les entreprises du secteur marchand pour aider
l'insertion des personnes au RMI sur ce secteur, comme la médiation
à l'emploi, ou encore les clauses d'insertion. Pourtant, peu de
référents positionnent sur ces dispositifs.
Dans notre recherche, nous avons montré que
l'institution participait à la mise en trappe des allocataires, de
façon directe ou non. Nous avons en outre mis en avant l'importance du
partenariat dans l'élaboration du parcours d'insertion. En effet, la
cohésion sociale entre les acteurs locaux de l'insertion doit être
un tremplin pour aider les personnes dans leurs démarches. Toutefois,
nous avons constaté des dysfonctionnements qui fragilisent le maillage
partenarial. Cela réduit la réactivité des acteurs en
place.
Aussi, la hiérarchisation du partenariat est, à
notre avis, nuisible à une collaboration efficace.
La vision gestionnaire des partenaires institutionnels du
dispositif RMI est certes nécessaire pour la maîtrise des fonds,
mais elle n'est certainement pas l'unique critère d'évaluation
sur lequel l'institution doit se baser. En outre, ce contrôle purement
quantitatif engendre des pratiques professionnelles inefficaces, basées
sur des quotas, et autres taux d'accès à l'emploi.
Il ne met pas en avant le travail qualitatif effectué
sur le terrain, et ne permet pas d'étudier les pratiques
professionnelles les plus efficaces.
Aussi, nous avons été agréablement
surpris de constater que Bertrand Schwartz fasse une analyse similaire de notre
approche. Dans un entretien donné dans la Lettre de l'Insertion par
l'Activité Economique, B. Schwartz explique que la démarche de
recherche action qu'il préconise :
« Implique que toutes les parties prenantes d'un
dispositif mettent en cause la manière dont fonctionne ce dispositif. Or
il n'est pas facile d'accepter d'être critiqué, d'entendre que
l'on ne s'y prend pas forcément de la bonne manière pour
insérer les personnes. Il semble pourtant évident qu'aujourd'hui,
l'insertion marche mal. Non pas que les acteurs de l'insertion fassent du
mauvais travail. Mais les pouvoirs publics leur ont imposé d'obtenir des
résultats uniquement quantitatifs et ils n'ont plus le temps de
réfléchir à ce qu'ils font. L'insertion est devenue un
mécanisme dans lequel on impose des solutions, et non plus une
démarche de recherche menée avec la personne qui doit
s'insérer. De là est né, chez les professionnels de
l'insertion, un fort sentiment de perte de sens de leur actions » (B.
Schwartz, une frilosité du secteur de l'insertion quant aux actions
d'innovation sociale, p-p 4, La Lettre de l'Insertion par l'Economique n°
137, juin 2007, Paris)
Notre étude a pu montrer que la trappe à
précarité pouvait être engendrée par une
organisation du dispositif RMI, et des pratiques qui en découlent.
Malgré tout, il existe de nombreuses questions
concernant l'efficacité du dispositif RMI, et l'impact réel des
actions d'insertion sur la trajectoire professionnelle, mais aussi concernant
l'impact du RMI sur l'employabilité présumée dans le
secteur marchand, la réalité
de la décentralisation au niveau local, ou encore une
étude approfondie des pratiques des référents RMI, qui ont
été particulièrement évoqués durant ce
travail.
Les difficultés que nous avons rencontré durant
le travail de réflexion qui constitue la source de ce mémoire ont
été de deux ordres : les difficultés
éprouvées pour délimiter les frontières de cette
recherche et les obstacles inhérents à la mise en place de la
méthode de recherche.
Aussi, il fut très frustrant pour nous d'être
limité en termes de temps et d'accès à la bibliographie
foisonnante qui existe sur les sujets tels que l'exclusion, l'inclusion,
l'insertion, la pauvreté, la précarité, ou les politiques
publiques...
Ensuite, la rencontre avec les différents acteurs n'a
pas été de qualité équivalente, de part un
environnement particulier ou des obligations familiales exprimées par
ces derniers. Cela a limité notre démarche de recherche, et notre
crédibilité.
Néanmoins, ce mémoire à ouvert des
perspectives diverses comme l'envie d'approfondir les questionnements sur des
questions relatives à l'insertion dans la poursuite de nos
études.
Ce travail est, en outre, un plaidoyer pour un travail social
de qualité, et vise à solliciter une auto critique des pratiques
professionnelles, au travers des groupes d'échanges de pratiques et de
réflexion autour des difficultés rencontrées par les
travailleurs sociaux sur les parcours d'insertion.
Pour finir, il est important que le lecteur informé des
changements qui vont s'opérer durant les mois qui suivront la
publication de ce mémoire.
En effet, le nouveau gouvernement a chargé Martin
Hirsch, ancien Directeur Général de l'Association Emmaüs, et
nouveau Haut Commissaire de l'Agence des Nouvelles Solidarités Actives
(ANSA), de réfléchir à la refonte du système
RMI.
Ainsi est né le Revenu de Solidarité Active
(RSA), sur l'idée que le retour à l'emploi des allocataires du
RMI doit leur permettre d'augmenter leur revenu pour motiver leur implication
dans la recherche d'emploi. En outre, le RSA est sensé proposé un
contrat d'insertion unique, qui regrouperait tous les contrats d'insertion
existants.
Le RSA s'inscrit dans le cadre de l'article 142 de la loi de
finances n° 2006-1666 du 21 décembre 2006 pour 2007. Elle a
été complétée par l'article 42 de la loi n°
2007-290 du 5 mars 2007 instituant le droit au logement opposable.
Le RSA sera expérimenté dans une quinzaine de
départements Français durant les trois prochaines années,
et devrait être généralisé à l'ensemble du
territoire d'ici 2012. Le Département du Nord est volontaire pour
être « département pilote » durant 3
années.
Les objectifs du RSA sont uniquement économiques et ne
visent pas l'amélioration de la qualité des emplois
occupés par les allocataires du RMI, imposant l'idée du travail
à tout prix. Ainsi, D. Clerc analyse le RSA comme une version
française du « workfare » américain, imposant
des activités « au bénéfice de la
communauté » en échange de l'aide sociale, et
engendrant « une sous-classe de travailleurs sans droits
».
L'objectif final de la refonte du dispositif RMI est la
réduction des coûts qu'il engendre, ce par tous les moyens qui
permettront une sortie en masse des individus qui y sont inscrit.
Aussi, il est indispensable que les acteurs sociaux restent
vigilants quant à la qualité des services et des prestations
qu'ils proposent aux allocataires du RMI, et qu'ils travaillent ensemble pour
améliorer leurs pratiques malgré les pressions institutionnelles
qui existent.
Sans cette vigilance, nous resterons plus dans l'idée
« d'inclusion », évoquée par Jean Pierre
Boutinet (1998) que dans celle d'insertion, veillant à « ce que
l'individu soit bon an, mal an inclus à l'intérieur d'un ensemble
social au niveau de l'un ou l'autre de ses réseaux ».
INDEX
AAH
|
Allocation Adulte Handicapé
|
CREDOC
|
Centre de Recherches pour l'Etude et l'Observation des
Conditions de Vie
|
ACI
|
Association de Chantier d'Insertion
|
DDTE
|
Direction département du travail et de l'emploi
|
AFPA
|
Association de la formation professionnelle pour adulte
|
DEL(T)D
|
Demandeur d'emploi de (très)longue durée
|
AH
|
Adulte handicapé
|
DGAS
|
Direction générale de l'action sociale
|
AI
|
Association d'insertion
|
EI
|
Entreprise d'insertion
|
ANPE
|
Agence nationale pour l'emploi
|
EMT
|
Evaluation en milieu de travail
|
APA
|
Allocation personne âgée
|
EPCI
|
Etablissement Public de Coopération Intercommunale
|
APE
|
Allocation Parentale d'Education
|
ETTI
|
Entreprise de travail temporaire d'insertion
|
APEC
|
Agence pour l'emploi des cadres
|
FSE
|
Fonds de soutien européen
|
API
|
Allocation parent isolé
|
GIP
|
Groupement d'Intérêt Public
|
APP
|
Ateliers de Pédagogie Personnalisée
|
GRETA
|
Groupement d'Etablissements pour la Formation Continue
|
AS
|
Assistante sociale
|
HLM
|
Habitat à loyer modéré
|
ASE
|
Aide sociale à l'enfance
|
IAE
|
Insertion par l'activité économique
|
ASI
|
Accompagnement social individuel
|
IAE
|
Insertion par l'Activité Economique
|
ASS
|
Allocation Spécifique de Solidarité
|
INSEE
|
Institut national de la Statistique et des Etudes
Economiques
|
ASSEDIC
|
Association pour l'emploi dans l'industrie et le commerce
|
IOD
|
Interaction de l'offre et de la demande
|
CA
|
|
MDL
|
Maison de l'emploi
|
Contrat d'avenir
|
ML
|
Mission Locale
|
CAE
|
Contrat d'accès à l'emploi
|
MSA
|
Mutualité sociale agricole
|
CAF
|
Caisse d'allocations familiales
|
OMS
|
Organisation Mondiale de la santé
|
CCAS
|
Centre communal d'action sociale
|
ONU
|
Organisation des nations unies
|
CDD
|
Contrat à durée déterminée
|
PAIO
|
Permanence d'Accueil, D'information et d'Orientation
|
CDI
|
Contrat à durée indéterminée
|
PDI
|
Programme départemental d'insertion
|
CDI (2)
|
Contrat départemental d'insertion
|
PLI
|
Programme local d'insertion
|
CESF
|
Conseillère en économie sociale
et familiale
|
PLIE
|
Pole de lutte contre l'insertion par l'économie
|
CIE
|
Contrat initiative emploi
|
PRF
|
Programme régional formation
|
CIP
|
Conseiller en insertion professionnelle
|
RMA
|
Revenu minimum d'activité
|
CIRMA
|
Contrat d'insertion revenu minimum d'activité
|
RMI
|
Revenu minimum d'insertion
|
CLI/CALI
|
Commission (d'animation) locale d'insertion
|
RSA
|
Revenu de Solidarité Active
|
CMU
|
Couverture mutuelle universelle
|
SMIC
|
Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance
|
CPER
|
Contrat de Plan Etat-Région
|
UTPAS
|
Unité territoriale de promotion de l'action
sociale
|
Bibliographie
Adjerad, S, Ballet, J, L'insertion dans tous ses
états,L'Harmattan, Paris 2004.
ANPE, Mise en oeuvre du contrat d'avenir pour les allocataires du
RMI, ANPE de Dunkerque, Dunkerque, Septembre 2005.
ANSA, Expérimenter dans les départements pour
favoriser le retour à l'emploi, note de présentation, Agence
Nouvelle des Solidarités actives, Paris, Mars 2007.
Archer, P.O, Thierry, D, Emploi, les réponses locales,
Editions d'Organisation, Paris, 2002.
Barbier, J .C, Théret, B, Le nouveau système
français de protection sociale, La Découverte, Paris, 2004.
Barbier, J.C, Des modèles d'insertion en Europe?, Colloque
de l'AEP, "les défis de l'intégration sur le marché du
travail", Montréal, 25-26 Octobre 2001
Benarrosh, Y, Les trappes d'inactivité : chômage
volontaire ou de résistance?, Travail et emploi n°95, juillet 2003,
Paris, 2003
Benarrosh, Y Tri des chômeurs : le nécessaires
consensus des acteurs de l'emploi, Travail et Emploi, n°81, pp 9-26,
Paris, Janvier 2000.
Bernard, N, La pauvreté aliénée dans son
rapport à l'espace, entre assignation et nomadisme, Quartier Libre,
Bruxelles, 2006.
Berthet, T, Des emplois près de chez vous? La
territorialisation des politiques d'emploi en question, Presses Universitaires
de Bordeaux, Bordeaux, 2005.
Bouchoux J, Houzel Y, Outin JL, RMI et transmission des
inégalités territoriales, Colloque "l'accès inégal
à l'emploi et à la protection sociale", 16-17 sept 2004, Paris,
2004
Boutinet, J.P, L'immaturité de la vie d'adulte, PUF,
Paris, 1998
Brun, F, Ernst-Stähli M, Pelisse, J, Trajectoire d'insertion
ou gestion sociale d'un chômage de masse? , Centre d'Etudes de l'Emploi,
Paris, Février 2006
Burgi, N, Du RMI au RMA, de l' (in)employabilité des
chômeurs, Revue de l'IRES n°50 Paris, 2006.
Cabinet Boumendil & Consultants, La réforme du
dispositif de formation professionnelle continue, AFPA Nord Pas de Calais,
Puteaux, 26 avril 2005
Castra, D, L'insertion professionnelle des publics
précaires, PUF, Paris, 2003
CERC, Aider au retour à l'emploi, Rapport n° 6,
Paris, 2005
Chauffaut, D, David, E, Le retour à l'autonomie des
bénéficiaires du RMI : Un chemin parsemé d'obstacles,
CREDOC, Consommation et Modes de vie, n° 182, Paris, Mars 2005
Clerc, D, Les effets des mesures publiques d'aides à
l'emploi, La lettre de l'insertion par l'économique n° 137, p 5,
Paris, juin 2007
Clerc, D, Le RSA expérimenté, La lettre de
l'insertion par l'économique n° 138, p 1, Paris, Juillet-Août
2007
Clerc, D, Le retour à l'emploi à tous prix ?, La
lettre de l'insertion par l'économique n° 138, p 5, Paris,
Juillet-Août 2007
Clerc, D, Sortir du RMI et accéder à l'emploi, La
lettre de l'insertion par l'économique n° 137, pp 6-7 Paris, Juin
2007
Cohen, D, Trois leçons sur la société
post-industrielle, Le Seuil, Paris, 2006
Conseil Général du Nord, Projet
départemental d'Insertion 2005-2010, bilan de la première
année de mise en oeuvre, Conseil général du Nord, Lille,
2006
CREDOC, Consommation et mode de vie, le retour à
l'autonomie des bénéficiaires du RMI : un chemin semé
d'obstacles, CREDOC, n°182, mars 2005 Paris, 2005
DARES, L'orientation des chômeurs vers la formation de 2002
à 2004, Dares, juillet 2006, n°292 Paris, 2006
DARES, La sécurisation des trajectoires professionnelles,
Dares, Octobre 2005, n°107 paris, 2005
DARES, Les politiques de l'emploi et du marché du travail,
La Découverte, Paris, 2003
DARES, Difficultés d'emploi, santé et Insertion
Sociale, Document d'études DARES n°106, Paris, Octobre 2005
DARES, L'orientation des chômeurs vers la formation de
2002 à 2004 : plus de propositions au départ pour les moins
qualifiés, moins de formations à l'arrivée,
Ministère de l'Emploi, de la Cohésion Sociale et du Logement ,
Paris, Juillet 2006
Délégation interministérielle de la Ville,
Politique de la Ville et intercommunalité, DIV, Paris, Mars 2007
Delvallée C, Pujol J, Sanchez R, Les emplois aidés
dans les collectivités territoriales, DARES, Paris, 2003
Demazière, D, Sociologie des chômeurs, La
Découverte, Paris, 2006
Demazière, D, Dubar, C, Analyser les entretiens
biographiques : l'exemple des récits d'insertion, Nathan, Paris, 1997
Demoustier, D , Economie Sociale et développement Local,
Les cahiers de l'économie sociale, entreprendre autrement, n°3,
"L'Harmattan Paris, 2004
DGEFP, Les dispositions relatives aux contrats aidés et
les décrets d'application, Cellule Nationale d'Appui du 26/04/06, Paris,
2006
Donzelot, J, Face à l'exclusion, le modèle
français Le Seuil, Paris 1991
DREES, Le nombre d'allocataires du RMI au 31 mars 2007,
l'e-ssentiel n°62, Paris, Juin 2007
DREES, Les contrats d'insertion du RMI : Pratiques des
institutions et perceptions des bénéficiaires, Etudes et
résultats n° 193, Paris, Septembre 2002
DREES, Les modes d'organisation adoptés par les conseils
généraux pour la gestion du RMI suite à la
décentralisation, Etudes et Résultats n° 432, Paris, Octobre
2005
DREES, L'organisation du RMI et de son volet insertion dans neuf
départements depuis la décentralisation, Etudes et
Résultats n° 535, Paris, Novembre 2006
DREES, Le nombre d'allocataires du RMI au 30 juin 2006, Etudes et
Résultats n° 520, Paris, Septembre 2006
Dubet, F ; Vérétout, A, Une "réduction " de
la rationalité de l'acteur. Pourquoi sortir du RMI ?, Revue
française de sociologie, vol 42.3, Juil-Sept 2001, Paris, 2001
Duvoux, N, La contractualisation du droit social ou la
citoyenneté à l'épreuve des transformations de
l'état social, Colloque International "Etat et Régulation sociale
: Comment penser la cohérence de l'intervention publique ?", Paris, 11,
12, 13 Septembre 2006
Ebersold, S, La naissance de l'inemployable ou l'insertion au
risque de l'exclusion, Presse Universitaires de Rennes, Rennes, 2001
Education permanente, Les inemployables, Education permanente,
n°156 Paris, 2003
Eme, B, Le territoire reste un espace d'application des
politiques, La Lettre de l'insertion par l'activité économique
n°115, Paris, 2005
Erbès-Séguin, S, La sociologie du travail, La
découverte, Paris, 2004
Freyssinet, J, Plein emploi, droit au travail, emploi convenable,
Revue de l'IRES n° 34, Paris, 2000
Gomel, B, La conduite des dispositifs "emploi" du secteur non
marchand, in La lettre 56, Centre d'Etudes de l'emploi, Paris, Février
1999
Gouvernement, Loi de décentralisation du 2 mars 2002, La
documentation française, disponible sur
www.gouv.fr
Guillemot, D, Pétour, P, Zajdela, H, Trappe à
chômage ou trappe à pauvreté : Quel est le sort des
allocataires du RMI ?, INSEE, Paris, Mars 2002
Gurgand, M, Commentaire de l'article de François Dubet
et Antoine Vérétout "une réduction" de la
rationalité de l'acteur. Pourquoi sortir du RMI, Centre d'Etudes de
l'Emploi, Noisy le Grand, 2001
IGAS, Rapport de synthèse: évaluation de la loi
2003-1200 du 18 décembre 2003 décentralisant le RMI et
créant le RMA, IGAS, Paris, Novembre 2006
Karscz, S, L'exclusion, définir pour en finir,Eds Dunod,
Paris, 2004
La Documentation Française, Travail, formation, Emploi,
n°2.833, La Documentation Française, Paris, 2003
Lamarque, G, L'exclusion, PUF, Paris, 1996
L'Horty, Y, Les nouvelles politiques de l'emploi, La
Découverte, Paris, 2006
L'Horty, Y, Que nous apprennent les bénéficiaires
du RMI sur le gain du retour à l'emploi, Université Evry-Val
d'Essonne, Evry, mai 2005
Loinger, N, Construire la dynamique des territoires, L'Harmattan,
Paris, 1997
Maric, M, Pauvreté et exclusion sociale : une approche des
théories des capacités, Université de Paris, Paris,
2002
Mercier, M, Rapport d'information fait au nom de
l'Observatoire de la décentralisation, sur le suivi du transfert du RMI
aux départements, Sénat, rapport d'information n°206, Paris,
1er février 2007
Mercier, M, Raincourt (de), H, Plus de droits et plus de devoirs
pour les bénéficiaires des minimas sociaux, Rapport
présenté au Premier Ministre, Paris, Décembre 2005
Ministère de l'Intérieur et de l'Aménagement
du Territoire Les finances des départements 2005, Direction
Générale des Collectivités Locales, Paris, Mars 2007
Monot, J, Castelbajac (de), P, L'aménagement du
territoire, PUF, Paris, 2006 Noblet, P, Quel travail pour les exclus ?, Dunod,
Paris, 2005
Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion, Le
rapport de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion
sociale 2005-2006, La Documentation Française, Paris, 2006
OCDE, Renforcer les incitations financières au travail :
le rôle des prestations subordonnées à l'exercice d'un
emploi, Perspectives de l'emploi de l'OCDE, Paris, 2005
Paugam, S, Entre l'emploi et l'assistance. Réflexion
sur "l'insertion professionnelle" des allocataires du RMI, Journée
d'Etudes " processus d'exclusion et dynamiques d'emploi" Lille, 18 Novembre
1998
Perez, C, Evaluer les programmes d'emploi et de formation, Centre
d'Etude de l'Emploi Paris, 2001
Rioux, L, Recherche d'emploi et insertion professionnelle des
allocataires du RMI, Economie et statistiques n° 346-347, Paris, 2001
Rioux, L, Le RMI treize ans après : entre redistribution
et incitations, Economie et statistiques n0 346-347, Paris, 2001
Salognon, M, Mode de jugement des entreprises et insertion des
chômeurs de longue durée, observation de la méthode IOD,
Communication au colloque Matisse " l'accès inégal à
l'emploi et à la protection sociale", Paris,16 et 17 septembre 2004
Schwartz, B, Une frilosité du secteur de l'insertion quant
aux actions d'innovation sociale, La lettre de l'insertion par
l'économique n° 137, p 4, Paris, juin 2007
Séris J. P, Qu'est-ce que la division du travail ? , Eds.
J.Vrin, Paris, 1994
UNIOPSS, Accompagnement Social et Insertion : pratiques
associatives, Syros, Paris, 1995
Vérétout A, Peplaw, D, Villeneuve, M, Trappes
d'inactivité et stratégies des acteurs. Rapport pour le
Commissariat Général du Plan, CNAF, Dossier Etudes n°16,
Paris, janvier 2001
Xiberras, M, Les théories de l'exclusion : pour une
construction de l'imaginaire de la déviance, Les Méridiens
Klincksieck, Paris, 1993
Zajdela, H, Faut-il avoir peur des trappes à chômage
? in Travailler est-il bien naturel?, pp94- 106, Paris.
Université de Lille III
Charles De Gaulle
Pont de Bois UFR des Sciences de l'Education
Master Sciences Humaines et
Sociales Spécialité Sciences de l'Education Option Conseil
en Développement des Compétences et Valorisation des
Acquis. Année Universitaire 2006-2007
DOCUMENTS ANNEXES
Etude dirigée par Mme Anne
Barrère
Etude réalisée par Mme Dominique
Bouriez Etudiante 20207395
Entretien avec Charles, référent RMI. - 128 -
Entretien avec Alex, Référent
généraliste de parcours - 145 -
Entretien avec Fabienne, titulaire RMI, ex contrat d'Avenir. -
157 -
Entretien avec Gaël,PLIE - 172 -
Entretien avec Charles, référent
RMI.
Mai 2007.
Temps d'entretien : 2h15.
Question : Quelles sont les particularités de la
mise en place d'un parcours d'insertion pour le public RMI ?
Avant de parler de particularités rien ne peut être
mis en place aussi longtemps qu'on a pas une connaissance de la personne qui
est en face de soi. Tout part de là.
On ne peut pas se permettre une prestation emploi sans savoir
pour qui on le fait. Le parcours d'insertion se fait bien entendu par
étapes successives. La première étape qui est
nécessaire et qui définie aussi bien le métier de
référent, c'est l'accueil, euh... tout part de l'accueil et de la
relation de confiance que vous pouvez établir avec
l'intéressé, la personne qui vous avez en face.
Cela suppose quoi pour moi ? Cela suppose une écoute
attentive et ue écoute qui face à la personne que moi je
reçois, doit être une écoute qui est source
d'enrichissement. Je ne suis pas là pour écouter dire à la
personne ce qu'elle peut faire, je pense que je m'enrichis à
écouter cette personne. Et c'est de cette façon que nous allons
arriver à mettre une étape importante dans le parcours
d'insertion. Donc qui commence par cette écoute pour ne pas rater
l'essentiel, une écoute pour faire le diagnostic au fil du temps, on
essaye de mettre tout ce qui est possible, de viser plutôt tout ce qui
est possible financièrement à mettre en oeuvre pour essayer,
voilà(...) de construire quelque chose de positif.
Question : l'écoute, ça apporte quoi
à la personne ?
Par rapport à la personne. Elle est en face de
quelqu'un, euh, à qui elle peut se confier. Si elle sent « je peux
me confier à cette personne, e peux avoir confiance et que je sens que
cette personne peut répondre à une attente », parce que
quand une personne arrive devant moi, je suis en général 90% sur
qu'elle a déjà essayé autre chose. Elle a
déjà essayé autre chose...
Et elle connaît d'ailleurs certains dispositifs, que
parfois ils connaissent même mieux que les référents. Et il
vient, elle se présente comme parfois quelqu'un qui ignore
complètement tout. Quand on est dans cette précarité, on a
cherché auparavant et donc parfois elles atterrissent ici. Alors elle
vont écouter. Dans sa tête elle fait la différence. Quand
elle sent au travers cette écoute de la considération, quand on
sent qu'on a une personne, alors vraiment elle peut se confier.
A ce moment elle se livre en toute confiance. Ca, je pense que
c'est une notion très importante, très très importante.
Donc d'abord connaître la personne et voir ce qui est
possible de faire. Parce que les gens en général se dispersent
beaucoup face à la précarité, il est prêt à
prendre tout ce qui se présente. Et souvent ça ne tient pas,
ça ne tient pas... Parce que les gens ont un projet sous jacent qu'ils
n'osent jamais mettre en avant. Ca commence par des petites touches pour voir
comment on va, si c'est possible, au fil du temps, il sort l'essentiel quoi.
Alors le temps, avoir le temps avec la personne, c'est donner la
possibilité qu'émerge le véritable, la véritable
problématique. Alors voilà...
Et ensuite viendra différentes étapes, dont vous
avez déjà entendu parler, la première étape le
contrat d'insertion, n'est ce pas ?
Et puis comment on met tout ça en place : mobilisation des
partenaires évidemment, cela va de soi pour arriver à
réussir euh, ce qu'on se propose de faire, voilà.
Question : Lorsqu'on rentre dans le dispositif RMI, on
a trois mois pour signer le contrat d'insertion. Est-ce que ce n'est pas un peu
court pour apprendre à connaître la personne ?
Euh, je pense que ça peut être ... non pour moi
ce n'est pas si court et que dans ma pratique, moi, je ne m'impose pas cette
limite même si je sais que euh...il faut dans les trois mois, on doit
convoquer la personne. Moi, je convoque une personne quand je me sens
disponible par rapport à elle. Sinon, entre le moment où je fais
le contrat d'insertion parfois j'appelle une personne au bout de 2 mois,
parfois quatre mois. Quand moi je suis disponible pour cette personne, je
l'appelle. Je ne l'appelle pas pour pouvoir répondre à des
chiffres ou à des données statistiques, non. Je ne m'impose
jamais cette contrainte là. Je reçois la personne quand je suis
disponible pour elle parce que j'ai compris que cet accueil que je fais avec
les gens, ce n'est pas simplement un accueil administratif, mais c'est en fait
l'accueil de la vie des gens. Et je tiens beaucoup à cette dimension
là. Donc, à partir du moment où moi, personnellement, j'ai
choisis ce métier, parce que je suis émerveillé par
l'être humain, les personnes ont en général.... et je vais
à la rencontre de cette personne quand je suis disponible pour elle, et
quand je sais qu'on peut commencer quelque chose de, d'important,
voilà...
Question : donc la contrainte administrative, c'est une
contrainte qui pèse sur le versement du RMI ?
Pas du tout, pas du tout, pas du tout. Il ne faut pas se
mettre de pression. Pas du tout. Si la personne soit entre temps avoir le RMI,
ils le versent même si ça passe 6 mois après, elle continue
à recevoir le RMI. Ca c'est une droit qui est minimum (le
téléphone sonne, 1 minute).
La personne continue de toucher son RMI sans problème.
Ce qui importe pour moi, c'est d'expliquer quel est l'avantage de faire un
contrat d'insertion. Parce que si j'aborde une personne en disant « vous
avez fait le dossier RMI vite fait, vous devez absolument faire votre contrat
d'insertion » , je rentre dans cet accueil administratif. Je rentre dans
des formalités. Et ça, je n'ai pas envie de le faire. Je veux
prendre le contrat d'insertion que je considère comme un outil
très important pour moi parce que je suis toujours... ce contrat
d'insertion, quand j'explique à la personne que on... monte, on
élabore un projet ensemble, je l'envoie au conseil
général. le Président du conseil général le
, le valide, on me le retourne, c'est comme si on m'a donné la signature
du Président du conseil général pour agir au nom de cette
personne, cette signature là, qui vient, en disant le contrat est
validé, moi c'est, ça me donne... j'aime pas le mot hein, entre
parenthèse, hein, un pouvoir extraordinaire. Que j'appelle le HLM, que
j'appelle je ne sais pas quelle entreprise, que j'appelle la préfecture,
que j'appelle.... il intervient ! Ils vont même pas me demander pourquoi
vous le faites, j'ai le mandat du Président du Conseil
Général pour agir au nom de la personne.
C'est pas un papier que je prends à la
légère. C'est un papier, c'est un véritable avantage pour
les personnes. Ca offre un véritable... Est-ce qu'il y a quelqu'un qui
est là pour faire des choses ensemble, avec eux et qui est là
aussi pour le défendre ? Quand on dit que une personne qui a entre
parenthèse, certaines faiblesses liées à ceci ou cela, si
y'a quand même
quelqu'un qui est là pour venir défendre cette
personne. Donc je ne prends pas ça à la légère. Et
je prends mon temps avec le contrat d'insertion, je prends mon temps avec
ça. Voilà.
Question : il faut que ça ait un
sens...
Il faut que ça ait un sens absolument. Donc je ne veux
pas me mettre dans cet accueil administratif, je ne tiens pas. Et d'ailleurs je
me plains beaucoup de certaines choses, notamment peut être qu'on va en
parler, des bilans et autres rapports qu'on a a rentrer, voilà...
Evidemment sur la qualité de travail depuis un moment ( en plus dans le
monde), ca porte sur la qualité du travail qu'on va faire avec eux.
Question : le contrat d'insertion ouvre des droits
?
Hum des droits... quelqu'un qui a le contrat d'insertion il a
des droits et, comme on dit, des obligations. Mais ses droits il les
connaît pas tous, par le biais du référent, ses droits en
quelques sorte, c'est de connaître le dispositif qui offre des avantages
à la personne. Par le biais du référent la personne va les
connaître mieux que si elle reste chez soi...
Et ça voilà, l'objet d'avoir un tel suivi parce
que supposons que quelqu'un vienne me dire aujourd'hui euh, qu'il demande un
financement de formation tout ça... s'il a été suivi, s'il
avait un bilan de suivi par exemple, il a plus de chances d'avoir des
financements. Pour le conseil général, au travers le contrat
d'insertion, le conseil général est au courant de ce que la
personne fait comme démarches le jour où la personne a besoin de
la collectivité parce qu'il y a cet engagement qui a été
signé, le conseil général répond via les
financements, et les autres aides possibles.
Alors si la personne était pas connue, si elle avait
pas un référent qui va lui permettre d'obtenir certaines aides ou
autre avantages liées à la formation la santé, et tout le
reste.... Y'a pas de... par rapport aux soins de santé moi j'ai eu un
exemple d'un monsieur qui vient d'Algérie, qui a été
ramené en urgence parce qu'il a fait un coma, il a la nationalité
française, il a vécu là bas depuis 10 ans et quand il est
arrivé ici, en urgence, on devait le soigner, il avait pas de
sécu, il avait plus ça, alors ils réagissent vite, ils sot
pas allés à la sécu, ils sont venus , moi j'ai sorti vite
fait les imprimés, j'ai envoyé à la fois les
éléments à la sécu, j'ai
téléphoné, j'ai fait un dossier CAF, j'ai vite mis un
document à la sécu comme quoi j'ai instruit un dossier RMI.
Voilà il faut mettre en route parce que Mr est à l'hôpital
et on a prit contact avec l'hôpital pour dire voilà, d'ici
quelques jours, on aura, soyez rassurés y'aura tout ça.... ca a
été vite fait parce que la famille savait qu'il y avait un
référent qui suivait la famille et le frère qui est
arrivé, ca a été fait. Vous voyez les avantages qu'il ya .
Quelqu'un qui n'est pas suivi ça sera encore un parcours de combattant
pour pouvoir obtenir ce que nous, on a réussi à obtenir en une
semaine, même moins, voilà...
Question : Quelles sont les difficultés
rencontrées concernant l'insertion professionnelle des personnes au RMI
?
Les difficultés rencontrées, il y en a euh... du
coté des institutions, qui doivent prendre certaines
responsabilité et puis il ya certaines choses qui incombent à la
personne elle-même et aussi au référent. Euh, bon pour les
personnes, y'en a qui sont bien préparées à la prise
d'emploi, d'autres qui sont très très très
éloignées, et lorsqu'il y a des propositions d'emploi, parfois
elles restent pas longtemps dans ce boulot ou bien ils choisissent mal.
Ou bien on préconise mal, peut être pas mal mais
juste pour répondre é des urgences économiques quand on
sait que le projet de la personne c'est autre chose et qu'il y a des besoins
économiques qui priment, on se dit qu'on va peut être l'envoyer en
contrat aidé pendant un moment, qu'il travaille pour répondre
à ses besoins économiques et ça va nous permettre de
gagner du temps pour aller vers le véritable projet de la personne. Pour
certaines personnes ça marche. Pour d'autres ça ne marche pas. On
a des retours qui fait qu'il a arrêté, ou bien il a fait ceci,
tout ça...
Alors pour certains qui ont aussi accumulés des
échecs qui ont des problèmes personnels et qui, euh, mettent
souvent aussi leurs échecs sur le dos des autres donc, euh, moi le
clash... ça ne va pas...
Donc ils viennent me reprocher euh, leurs propres
échecs, ça, ce n'est pas facile... certains ont un rapport avec
les emplois qui est difficile, d'autres, quand ils arrivent dans une entreprise
(...) leur façon de fonctionner, ils veulent l'imposer à
l'entreprise. Que ce soit concernant les retards, il est pas là... il
est normal qu'il puisse se justifier après mais pas avant. Y'a tout
ça qui fait qu'on a parfois des échecs, des résultats, ou
bien quand quelqu'un dans l'entreprise et qu'à temps on a pas
préparé sa sortie, soit par le biais d'une formation ou soit par
le biais d'un projet fiable qui conduit vers quelque chose de ... Tout
ça, ca fait que pour la personne, on a parfois des échecs et nous
les référents, prioritairement, c'est notre manque de
réactivité. Les offres sont là elles arrivent, euh,
PLIE/ATES, tout ça, au niveau du conseil général
également, les centres de ressources, tout ça, les offres sont
là. Y'en a tellement beaucoup et parfois on arrive pas à
rencontrer les personnes parce que le planning ne le permet pas, l'agenda ne le
permet pas. Donc ça fait, c'est un manque de réactivité
parfois fait qu'on passe à coté de certaines choses pour les
personnes.
Et du coté des institutions, c'est beau... le
système qui donne... qui commence à nous aider à... donner
ces emplois aidés, ils sont présentés par les institutions
ou bien les gens interprètent cela comme si le PLIE, les offres du PLIE,
comme si c'était devenu une exclusive. Ca ne me plait pas beaucoup.
Comme si en dehors des offres du PLIE, il n'y a plus rien d'autre, et
maintenant la conséquence c'est que pour les publics qu'on
reçoit, quand il va à gauche, à droite « vous avez un
emploi, qu'est ce que vous... » « ah ouais, j'en ai pas, mon
référent il fait jamais rien, il me propose aucun boulot, euh...
» donc pour le public, c'est le référent qui doit donner le
boulot. Et je n'ai vu aucun effort du coté des partenaires euh...
professionnels, du coté du conseil général, du coté
de l'état, du coté du PLIE pour faire comprendre aux gens que ce
n'est pas au référent de donner, de vous donner un emploi. Nous,
on intervient bien entendu en ce qui concerne les emplois aidés, d'une
façon bien déterminée avec notre rôle de
médiation, notre rôle de persuasion pour que la candidature passe,
mais aujourd'hui dans le public c'est nous qui devons mener l'emploi ; c'est
tellement aberrant qu'il y a certaines personnes qui vont à l'ANPE
« vous êtes bien issu du RMI ? Vous avez un référent ?
mais c'est le référent qui doit vous donner... » Ca c'est
quelque chose que je n'arrive pas à comprendre. Et on s'oriente de plus
en plus la dessus et on est perçu comme tel. Moi je vais dire non ! Je
vais dire non de la part des institutions qu'ils réfléchissent
mieux. Ces emplois aidés sont utiles, mais qu'ils pensent à autre
chose. Moi je suis admiratif des, des... par exemple récemment
Emmaüs a créé une ACI, Interm'aide en a fait, ça,
j'apprécie beaucoup parce que cet argent, pour moi, est bien
utilisé. Il est bien utilisé, on est entrain de créer...
On doit donner quand même ces emplois aidés, mais c'est l'argent
qui fait que on va quand même créer beaucoup plus d'emplois que
maintenant.
Parce que les gens, ils savent que on reçoit sur une
année X nombre d'offres qui ne peuvent pas couvrir ou bien de
répondre aux attentes de tout le monde.
Mais pour le public, le voisin il a du boulot, pas tel
truchement, vous l'avez pas et puis on a fait le dispositif PLIE qui est
devenu comme ça un petit (...) si vous n'êtes pas dans le PLIE,
c'est foutu. Pour pouvoir créer cette histoire, il faut
avoir la capacité d'intégrer tout le monde o le plus grand
nombre.
On crée, on ferme certaines portes pour accéder
à ça, ça, ça... Il faut entrer dans le PLIE et tout
le monde peut pas y accéder. Alors que tout le monde est logé
à la même enseigne pratiquement.
Voilà, ça c'est une chose, c'est une biaizarerie
que je ne comprends pas.
Question : Est-ce qu'on pousse les personnes vers ces
dispositifs plutôt que vers le secteur marchand ?
Ben voilà, exactement. là je reconnais quand
même que le PLIE notamment, Dany là, il a mis ses, ses vertus de
faire des efforts, à solliciter des gens pour dire d'envoyer (...) pour
dire on a des places disponibles tout ça. Mais les gens rechignent
à y aller, ils ne veulent pas parce que ils en ont fait d'autres, ils
ont fait d'autres démarches ça n'a pas aboutit. On fait de la
médiation entre parenthèse, parce que j'appelle ça
plutôt des activités de recherche d'emploi. Maintenant, y'a la
véritable médiation...
Avant, ce qu'il se faisait, c'était du à peut
prêt parce que moi la médiation à l'emploi, j'entends par
là, derrière, méthode IOD. Si y'avait cette méthode
IOD, ça, ça allait être quelque chose d'efficace. Aussi
longtemps que cette pratique ne transparait pas dans leurs pratiques, dans
leurs façons de faire, ils n'auront pas de succès
là-dessus hein ! Ils n'auront pas de succès.
Mais on doit se battre pour convaincre les gens à y
aller et puis, les politiques ont fait que, au lieu de se tourner vers la
recherche d'un véritable emploi, et ils sont entrain de demander ces
emplois aidés quoi !
Quand on lui dit « ben venez me voir, ok », mais
à l'ANPE vous avez été ? « Oui oui, mais à
l'ANPE y'a rien à l'ANPE ! » c'est pas vrai, parce que l'ANPE
propose des offres quand même ! Y'en a quand même ! Aussi, les
gens, parce que dans leur tête, c'est le référent qui doit
aller chercher. Et qui a fait ça ? Qui, à la base, fait ça
?
Voilà les bonnes questions qu'ils devraient se poser.
Question : Le PLIE ferme les portes de l'accès
à l'emploi en un sens ?
Oui parce qu'il n'a pas la capacité de reprendre,
d'intégrer tout le monde et de répondre à toutes les
attentes voilà... c'est le revers de la
médaille...voilà...
Question : pour revenir au projet d'insertion, quelles
sont les étapes les plus difficiles à traverser ?
C'est au moment où, comme je disais tantôt, la
personne semble très éloignée de l'emploi, cumule trop de
difficultés qui font que... J'ai en tête certaines personnes par
exemple la semaine dernière, j'ai reçu une dame qui a
partagé avec moi énormément de choses... après,
tout de suite après qui me demande un emploi... J'ai dit, je crois pas
que ce soit ça qui est prioritaire pour l'instant, donc voilà...
on a eu un entretien, on va se parler franchement, et elle a
réalisé que c'était vrai, qu'en fait c'était pas
ça... qu'elle était pas elle en capacité de tenir un
poste. Donc... tout ce qu'elle a dans la tête. Ca c'est une étape
difficile à franchir. C'est-à-dire que le référent
maintenant est dans l'obligation de tout faire avec la personne pour
atténuer les problèmes qui, qui (il tape sur son bureau)
accablent cette personne.
Qu'elle puisse avoir un peu un esprit aéré,
libéré pour pouvoir passer à autre chose. Ca, c'est le
travail qui est difficile. Et moi, quand je l'entame, je ne me fixe pas de
temps, que ça
prenne une année ou deux, on va prendre ce temps à
deux.. Et le jour où la personne va commencer un projet professionnel,
aller vers un boulot, on a du sérieux.
Parce que c'est souvent des dames qui sont seules, qui
cumulent une multitude de problèmes ou bien des hommes qui sont
tellement éloignés de l'emploi parce qu'ils font tout le temps
les entrées et sorties de prison, j'en ai une dizaine ici... Chaque fois
qu'ils sont dehors, ils retournent, et ils viennent et puis, face à,
à eurs faiblesses qui pousse à rependre des, des addictions et
autres choses font que... par moment quand ils viennent on voit que... tu
regardes l'intéressé et tu dis OK, je vais tenter, et dès
qu'on convoque la personne, dès qu'on lui téléphone «
pouf » il est dans les vapes, donc, euh, une fois j'ai insisté
à un centre de formation pour qu'on en prenne un, et le centre de
formation a dit « écoute, exceptionnellement on l'appelle »,
bon ils lui téléphone, le gars... il répondait, il savait
même pas ce qu'il disait. Et le soir, il me dit « y'a quelqu'un qui
m'a téléphoné, m'a parlé de... » il
était complètement... ( il met ses mains sur la tête)... ou
bien je reçois des personnes qui arrivent, il fait un temps comme
ça à 18 h (il fait gris), je sors avec dans le hall et il se
frotte les yeux en disant que le soleil il pique les yeux, alors que y'a pas de
soleil dehors... Donc ça, on a ce profil de personne, l'attache n'est
pas facile.
Question Comment est ce qu'on peut répondre
à l'institution qui met une obligation de résultat
derrière ?
Oui, mais bon, cette pression là, c'est ça,
euh... entre parenthèse ma chance est, ou bien ma force, j'y
résiste toujours. JE ne fais jamais attention, malgré les
courriers. Je les lis, je les mets de coté, je me dis ceux qui
écrivent ne savent pas ce que moi, je fait ici. Ils sont au courant de
mon travail en gros, mais quand on va dans différents
déclinaisons, ils ne sont pas au courant. Moi, je prends le temps, si
vraiment on doit m'interroger sur une situation précise, à ce
moment, je développe, ils vont tout de suite comprendre ce qui se passe
et je ne me gène pas d'avoir des contrats d'insertion en retard,
ça ne me gène pas du tout. Donc euh, je prends le temps, j'ai dit
que... (le téléphone sonne, 15 minutes de break).
Quand on reçoit ce type de personne en
difficulté, comme j'évoquais tout à l'heure, là, on
marche un peu sur des oeufs, il faut y aller tout doucement. On regarde le
tempérament, le rythme de la personne, ce qu'il est capable de
gérer en tel temps... et c'est comme ça qu'on avance tout
doucement et puis qu'on y arrive.
Y'a un moment euh... dès qu'on a un peu...
enlevé les problèmes, éliminés les problèmes
périphériques, ça se passe mieux, vu qu'on a un peu
déblayé la surface, ils savant penser. Parce que, bon, il ne faut
pas oublier que l'objectif c'est l'autonomie, c'est en leur demandant des
petites choses, c'est petit à petit. Ils arrivent et on voit s'afficher
a satisfaction, lorsqu'ils arrivent à faire une petite chose qui peut
paraître petite, mais pour la personne, c'est un gros effort. Alors, un
pas à la fois et ça revient. Une personne qui par exemple,
à chaque fois est au bord des larmes, c'est vraiment pas évident,
et c'est difficile à construire, et puis on, on (...) y'a des personnes
comme ça, quand ils sont en confiance, quand on fait un travail, c'est
plus un travail qui parfois, parfois, parfois aboutit. Parce que ceux qui sont
tout à fait près, euh, parfois, ils se surestiment, ce n'est pas
toujours évident, c'est pas toujours facile. Mais avec ceux qui sont un
peu humble, modeste, et qui croit à l'accompagnement, on arrive à
faire des choses. Y'a des belles choses.
Question : Face aux personnes qui préconisent, non
pas les étapes successives mais en les cumulant, que répondez
vous ?
Il y a des situations où, un boulot permet de
régler certaines choses immédiatement. C'est pourquoi je
disais tout à l'heure en débit d'entretien pour certains un
boulot peu répondre à un
problème économique et ce boulot peut ne pas
être celui qui correspond au projet de la personne, euh, donc euh, pour
construire un véritable projet et que... et...parce que les gens ont
l'habitude de vraiment se disperser, et en se dispersant, moi, je trouve qu'ils
ont des difficultés de trouver un emploi. Si quelqu'un a ciblé
une piste ou tout au plus deux, ca va mieux. Mais quand il, tu lui demandes
« vous cherchez quel boulot ? » et qu'il répond « tout
tout tout », là, ça ne va pas. Donc parfois on répond
comme ça avec le travail pour résoudre ces problèmes
économiques mais après, on prend le temps de
réfléchir pour mettre la personne, par exemple en formation pour
aboutir à un emploi qui correspond à ce qu'elle veut pour qu'elle
soit dans sa vie, réactive et pour qu'elle puisse faire carrière.
Parce que chaque fois, répondre à un besoin urgent, ça ne
suffit pas. Donc il faut parler aussi en termes de perspectives avec les gens,
parce qu'ils sont toujours à penser au lendemain, mais il faut aller
voir plus loin.
Si vous faites des mi temps, ou bien de l'intérim, qu'est
ce qu'il y a ?
Moi j'ai l'impression qu'ils tournent en rond. Peut être
se dire « tiens, voilà, j'ai de la force, j'ai des
compétences, j'ai un potentiel et ben j'ai du pain sur la planche, il me
reste à faire des tartines », savoir faire ses tartines puis
avancer. Donc euh, ça aussi c'est nécessaire. Quand on te dit
« voilà tu vas peut être refuser une formation qui ne dure
peut être que 6 à 8 mois, alors que pendant 6 à 8 mois tu
risque de ne pas avoir de boulot, donc c'est pas le temps que tu perds, tu
entres en formation, le temps passe très vite et tu sors avec une
qualification, ça t'assures quelque chose », au lieu de dire «
non, non, pas besoin de formation, je vais à l'emploi tout de suite
». Ben très bien, tu cherches l'emploi et dans une année
t'es encore à la recherche d'un emploi. Donc on a perdu beaucoup de
temps. D'autant plus que ces formations là, les gens doivent prendre
conscience qu'il y a quelqu'un qui paye pour eux : c'est gratuit ! Certains,
vous les envoyez en formation, ils disent « c'est
rémunéré ? ». Ben alors déjà qu'on te
paye, déjà, là formation !... pour c'est gratuit ! en plus
donc... en fait pour se former il veut qu'on le paye pour qu'il y aille ! ca,
ca ne va pas, et il faut lui expliquer. Quand la personne a compris, ca va
mieux. Et en termes de parcours d'accompagnement, dès le départ,
l'explication est tellement nécessaire pour que la personne comprenne
quel est le rôle du référent et quelles sont ses limites
dès le départ. Pour éviter les problèmes. Il a sa
part à accomplir la dedans. C'est très important. Et que la
personne peut créer avec ça, on a pas de difficultés, on a
pas de difficultés.
Question : donc c'est l'application des règles...
L'application des règles dès le départ !
Question : en parlant des règles implicites et
explicites, est ce que les gens connaissent ces règles, est qu'on leur
explique ?
Euh, ils les... non seulement ils le savent, j'ai l'impression
que ils se laissent prendre à ça... j'ai l'impression que eux
même, dans leur être, ils se disent « eh, pff, je veux pas
euh... je vaux pas grand-chose... » D'où le rôle des
référents à ce moment dans un travail de dynamisation de
la personne et de mobilisation toute azimut de la personne parce que c'est
très très très important de dire à la personne
« moi je crois... vous avez un potentiel, vous savez faire des choses
» mais euh « peut être que vous vivez euh... en fonction du
regard des autres ou vous vous laissez guider » alors que c'est à
vous d'avancer un peu quoi !. Faut pas se dire... faut pas laisser les gens
tout le temps penser à votre place ! Si vous avez des capacités,
et ben on vous sert votre plateau et vous faites vos tartines ! Voilà !
Ca c'est très important ! Les gens eux même sont dans cet
état d'esprit, et ça, c'es dommage, ça c'est dommage !
Question : l'institution ne les forma pas à ce
type de comportement ?
Peut être l'institution le fait sans s'en rendre compte.
L'institution le fait s'en s'en rendre compte, l'institution fait beaucoup de
choses, y'a pas que ça. Le problème de l'âge par exemple,
ben voilà ! c'est l'institution, les institutions qui sont responsables
de ça ! Il n'y a qu'en politique ou on ne regarde pas ça ! Ils
peuvent rester à 70 ans et essayer de devenir Président de la
République, ça, ils regardent pas ! mais pour le reste, c'est
l'institution qui fait ça !
Question : la discrimination ?
Et ben voilà. On est victime de ça ! Ils gardent
euh... j'ai eu a toucher récemment un CV d'aide soignante euh... pendant
plus de deux ans elle n'a pas trouvé, elle est d'origine
étrangère. j'ai dit qu'est ce qui se passe ? J'ai envoyé
ça à l'hôpital de Roncq, à une personne que je
connais, j'ai demandé « regarde un peu le CV, qu'est ce qui ne va
pas la dessus ? » Tout de suite elle m'a répondu « ah ! c'est
l'âge ! » sans avoir regardé, euh... et... c'est l'âge
parce que la dame euh, elle avait mis son âge ! Elle dit c'est
l'âge. Elle dit « pour moi, quand je regarde ça en tant que
recruteur, elle me dit, c'est un travail très physique, euh,
voilà..., elle a X années, donc elle ne pourra pas faire le
boulot d'aide soignante ! Or, moi qui connais cette dame, parce que
l'employeur, elle ne l'a pas vue... cette dame peut faire un champ de je ne
sais pas combien de mètres carrés à la Houe, tellement
qu'elle est forte ! Voilà !
Voyez des choses ou il faut, peut être que la personne
peut arriver à se défendre lors de l'entretien, mais faut-il
encore qu'elle ait accès à cet entretien pour pouvoir se
défendre. Voyez déjà elle est d'office exclue parce
qu'elle aura peut être des problèmes physiques, et surtout un
rapport de force alors que c'est une force de la nature cette personne.
Voilà. Voilà comme l'institution participe à
discriminer.
Question : mais ça c'est un problème de
recrutement général sur le marché su travail...
?
C'est général parce que tous les recruteurs ne
savent pas le faire, ils ne savent pas recruter aussi. Il arrivent pas à
le faire et il faut les aider à ce moment. C'est pourquoi tout à
l'heure j'ai parlé de la méthode IOD. Il faut même que
l'agence ANPE s'approprie cet instrument de travail là. Il faut ! Tous
les médiateurs à l'emploi, il faut qu'ils pensent à
ça, et ils vont aider les employeurs. Les employeurs vont finir par
comprendre ça que quand ils ont perdu eux même un boulot. Et
voilà...
Question : pour revenir sur la phase de recherche
d'emploi, en tout cas de retour à l'emploi, il y a plusieurs outils qui
sont proposés. Quels sont les plus efficaces et les moins efficaces
?
Bon euh, parmi les plus efficaces, me vient
particulièrement à l'esprit quelque chose qui n'est pas beaucoup
utilisé : tout ce qui est lié à la mobilité. Les
gens ne veulent pas se déplacer. Je sais pas si c'est peut être
lié à la peur, aux manques de moyens d'aller se réintaller
dans d'autres régions, les personnes qui cherchent l'emploi ici, s'ils
habitent à Tourcoiing, c'est Tourcoing, à la rigueur c'est
Roubaix... Mais comment peut on rester des années et des années a
rechercher un travail que dans le même secteur géographique ?
Y `a des politiques qui se sont penchées sur le
problème, pour faciliter les taches, mais peut être qu'il faut
aller un peu plus loin.
mais ça ,moi je pense que c'est quelque chose de
très essentiel. Vraiment essentiel d'arriver à un moment à
dire aux personnes, voilà, on habite une région, une ville qui a
été sinistrée au niveau de l'emploi, nous avons des
difficultés, je ne sais pas si ça va s'arranger aujourd'hui ou
demain, mais que tout autour ou a coté, y'a d'autres endroits où
y'a du travail. Vous êtes en France, vous vous installez ailleurs. Alors
qu'est ce que vous faites en tant que demandeur d'emploi ou bien nous en tant
que référent parce qu'on nous demande de remonter les
difficultés du terrain pour dire aux autorités, voilà
là où on devrait miser, encourager les gens, quelles politiques
vous mettez en place pour que, si aujourd'hui une personne se déplace,
soit accueillie dans d'autres régions pour chercher un travail ? ca,
ça me parait quelque chose d'essentiel. Les, les quoi.... les mesures
d'aides des emplois aidés, c'est aussi important, parce que au moins ils
ont ça, parce que au moins ils travaillent. parce que la personne
devient valorisée, parce que la personne peut tenir son ménage.
Sans un emploi, beaucoup d'hommes qui vivent dans la famille ou il n'y a qu'une
seule prestation sociale, y'a trop de tensions, y'a trop de problèmes de
tensions de couple. Le problème de tension survient parce que
l'allocation RMI, qui est attribuée, et ça je l'ai
déjà mis sur papier, euh, est attribuée à un
allocataire principal dans le
couple. ca peut être madame ou
monsieur. La personne qui a cet argent à titre principal entre
parenthèse, elle a le pouvoir économique dans la famille...Et
ça, l'autre devient dépendant. Euh, si c'est le dominateur ne
veut pas lui donner ceci ou cela, l'autre passe à coté de ce
minimum de vie dont il a
droit. ca pose problème dans les
familles. Une fois qu'il y a au moins un travail aidé, pour celui
là, il se dit enfin valorisé même aux yeux de ses propres
enfants. Parce que quand on voit dans le couple, dans la famille, y'a beaucoup
de famille où les enfants ils ont besoin de sous ou quoi, on s'adresse
à la maman et on obéit à la maman. L'autre, pff, on va
qu'il n'apporte rien, c'est un problème. C'est un problème quand
les couples se séparent. y'a un moment donné y'a la souffrance
des enfants, qui manque de telle autorité tout ça se structure
mal et après, des problèmes de délinquance parfois sur ce
quartier, surviennent. Je travaille, je sais de quoi je parle, quand des
enfants des mono parent, ben c'est souvent un seul parent qui
élève, à un moment donné il est
débordé et c'est tout ça... donc et ça, je pense
que ça, c'est du positif quand on donne quand même ce boulot
là.Ce n'est pas tout mais c'est déjà et quand on donne, il
faut pouvoir maintenant dépasser et aller au-delà. Ca, je
reconnais quand même que le PLIE incite beaucoup par l'entrée en
médiation à l'emploi et en nous demandant, aux
référents de réagir vite, euh, par rapport à
ça.
Quand ils nous demandent tout ça, ils sont sur cette
logique professionnelle qui dit « mais comment le référent
ne répond pas à ceci à cela et ils oublient que ce
référent à aussi le coté social. Et le coté
social c'est quand même grave, quotidien, on est sollicité tout le
temps. Alors vous vous battez pour résoudre ça, donc, quand le
PLIE m'écrit qu'il veut que je réagisse rapidement, moi je n'ai
pas assez de temps. Même si c'est important, ca va peut être
prendre une semaine avant que je réagisse parce que j'ai plein d'autres
choses à faire. Quand on a un dossier FSL ou deux à faire dans la
journée, ben ça prend énormément de temps, mais
ça, nos partenaires du PLIE ne le comprennent pas, ils disent « ben
là, qu'est ce qu'il se passe, ils réagissent pas vite » et
on est sollicité de partout !
Faut avouer que le référent RMI c'est un boulot
où on travaille sur tous les volets sociaux, sans exception, emploi,
formation, accession à l'apl, logement tout ça, vous avez... Si
moi je ne fais pas ça, qui va le faire ? Si je ne me mobilise pas tout
de suite quand elle me propose des rendez vous tout de suite, je trouve
pas...
Ca c'est le poste le plus important parce que le logement
à un lien avec l'emploi, donc on le voit très bien... et le
dispositif qui est mis en place pour ces demandeurs d'emploi, pour le
bénéficiaires du RMI c'est quand même assez bien.
Et puis une chose qui aux yeux des politiques semblent
positives, mais moi je suis un peu mitigé là-dessus, c'est cet
accompagnement mensuel. Ils n'ont pas, l'ANPE n'a pas la
capacité de tenir cela ! Alors pour y arriver qu'est ce
qu'ils font, ben vous le savez mieux que moi ce qui se passe, et ça se
trouve que c'est dommage ! Donc au début de notre entretien, je vous ai
dit que moi je faisais l'accueil de la vie des gens. j'aime pas être dans
des accueils administratifs. Ils sont poussés par ça. Et
indirectement, nous, les dégâts collatéraux on les subi et
moi je résiste contre ça, bon...
Question : on parlait des emplois aidés avec
une obligation de formation ? Comment est ce que ça peut prendre sens
pour les personnes et comment est ce que vous intervenez à ce moment
là ?
On intervient pas toujours comme on l'aurait souhaité
mais ça peut prendre du sens quand la personne comprend l'enjeu de la
formation. Parce qu'il se pose toujours la question de savoir à quoi
cela sert, il voit pas très bien à quoi ça sert.
Donc il faut insister, expliquer, réexpliquer. Parce
que nous ce qu'on oublie c'est que la majorité notamment quand je prend
l'exemple de ces dames, elles donnent par exemple déjà 24 ou 26
heures ou 20h de travail. Mais (...)du temps pour son foyer, pour son
ménage. Alors souvent celles qui sont autorisées à
travailler le font. Cela dit, le fait qu'elle va au travail, qu'elle rapporte
déjà l'argent, c'est une bonne chose. C'est du temps qui
était consacré à la maison, à l'époux, que
l'époux consent en quelque sorte. Il lui reste un tout petit peu. Alors
dans le tout petit peu qui reste qi elle rapplique en disant « oui
maintenant y'a une formation », là, même si elle le dit pas,
mais à la maison ça chauffe hein !
Alors parfois ils font semblant de comprendre l'importance, ou
parfois ils vont chercher la facilité ; une formation, quelque chose qui
se passe vite fait, tout ça... voilà. Sans un perspective
derrière, alors ce que nous on souhaite, c'est que cette formation,
finalement, le but dans la mesure c'était pas que ça puisse
aboutir à ce que derrière, il y ait un travail durable. Quand une
personne est formée, formée et puis prétendre à un
travail, un travail durable, alors....
mais tout ça, c'est toujours bien fait, c'est toujours
une bonne logique de le faire, mais la seule question que les politiques ne se
posent pas, c'est euh, comment je vais dire... vers quels emplois. Là on
travaille pas assez vers quels emplois ; là on travaille pas assez ! On
se contente de rechercher des emplois aidés à gauche, à
droite, mais quelle est la véritable action qui est menée avec
les employeurs ? Dans tout ce que nous faisons, des rencontres qu'organisent le
département, l'ANPE, tout ça... Les contacts avec les employeurs,
c'est rien du tout hein ! C'est pas en termes de pourcentage. Pourquoi est ce
qu'on ne les mobilise pas ? Pourquoi est ce que certains n'iront pas voir
travailler avec nous ? Pour se rapprocher d'avantage et pour qu'on sache
où diriger ces gens là ? Que d'exiger à quelqu'un d'aller
faire une recherche active, une personne qui sait même pas comment
aborder un employeur, comment approcher tous les employeurs sont pas militants,
tous les employeurs sont pas des partenaires sociaux, c'est pas évident
! voilà !
Déjà, quand on nous donne des accueils,
certaines permanences sociales, quand une personne entre, on la regarde un peu
comme si, le travailleur social a aperçu je ne sais pas quoi, ben
voilà... Déjà en retrait, euh, alors imagine un peu si
c'est un employeur qui regarde quelqu'un qui débarque comme ça en
disant je cherche un travail. Comment il va être accueillit ? Ca, on fait
pas assez avec eux...
Question : donc il y a une méconnaissance du monde
de l'entreprise ?
Voilà. Et elle c'est pas très mobilisé ce
monde de l'entreprise, par rapport à nos actions. On fait des choses
à part, pour éviter les gens d'aller dans ce monde du travail
mais on associe pas le monde du travail, pas assez. Y'a pas assez de
passerelles.
Question : est ce que ça peut participer à
l'enfermement des personnes dans le système ? Oui ! Tout
à fait ! Tout à fait ! Tout à fait !
Question : on parlait du manque de passerelles ; est ce
qu'il y a d'autres outils qui ne fonctionnent pas et qui continuent
malgré tout d'être utilisés ?
Même si je ne sais pas les citer, je sais que ça
existe, et qu'il y en a beaucoup certainement, mais je sais que ça
existe.
Question : et c'est lié à quoi
?
Parfois mal adapté, parfois mauvaise utilisation et on
revient encore à ces histoires des passerelles, pas assez de travail en
commun, pas assez de travail en transversal avec eux. Y'a aussi des services
qui agissent au niveau de l'insertion que nous ne connaissons pas.
On envoie un courrier par ex dans tel service, ce service le
fait transiter ailleurs sans qu'on le sache. Alor, tant qu'on n'est pas assez
vigilants pour voir, pour intervenir pour la personne, ca va pas.
Par exemple, une personne euh... on a eu des situations comme
ça, moi j'ai eu une personne qui a eu une journée d'ASSEDIC,
à cause de ces un jour jusqu'au premier de chaque mois, elle a
refusé de payer en disant vous avez pas le droit, vous toucherez le RMI
que le mois d'après. Là, je dis alors là, ca va pas. Ca se
fait comme ça, si tu as 1,2,3 jours qui dépassent, tu touches
pas. Moi, je dis, à ce moment, si moi je comprends le dispositif RMI, il
est temps que je réagisse. J'ai écris à la CLI, en disant
voilà, la situation de telle personne, voilà la situation
familiale. Il peut pas être privé de ça. En ré
expliquant en demandant la neutralisation oarce que j'avais compris que, en
termes du RMI, la CAF n'est que l'organisme payeur et que les décisions
se prennent au conseil général, encore faut-il que tous nos
collègues du conseil général le sachent aussi. Bon, moi
j'ai demandé, j'ai dit, maintenant, vous faites votre travail, je
souhaite que puissiez donner instruction à la CAF pour qu'on neutralise
et qu'on mette en paiement. Ben là, j'étais quand même
surpris hein ! J'avais l'impression que c'était encore moi qui insistait
pour dire « tu devrais faire » à la responsable du conseil
général, « tu dois faire ça », « oui mais
il faut demander à la CAF », ah j'ai dit « c'est pas ça
que je demande !c'est pas d'aller encore demander à la CAF. C'est que
vous donnez l'instruction ! » Parce que là, on recommençait
à fonctionner avec l'ancien reflexe, où c'était la
préfecture qui, voilà, qui était aux commandes. Je me suis
rendu compte que petit à petit que ça rentrait tout doucement
dans la tête de certains responsables et là, voilà par
exemple le rôle du référent qui est arrivé à
bloquer la décision de la CAF. Parce qu'au niveau de la CAF, ils avaient
du mal aussi à comprendre ça... donc.. voilà... petit
à petit les choses se mettent en place....
Question : il y a besoin d'une clarification des
rôles et des champs d'action de chaque acteur ?
Absolument ! C'est pas clair encore aujourd'hui. Le changement
a été fait en 2004... ben là, ça commence seulement
à aller, maintenant ça commence à aller. Parce que, encore
récemment, quelqu'un m'a dit « on connaît cette personne au
cas ou ça passe pas, la CAF ceci, parce que la CAF a encore une
délégation... » Bon ben j'ai pas voulu faire de
commentaires... pour moi, compte tenu de ce que je sais, je
demande pour moi, c'est clair, c'est de l'instruction à la CAF via la
CLI, pour pas encore solliciter la CAF. Bon pour le RMI c'est à eux de
nous suivre, la CAF elle exécute et puis c'est tout. Les rôles ont
changé au niveau de chacun, ça bloque dans la pratique. Y'a
toujours des anciens reflexes, avec des conséquences sur les publics
dramatiques, terribles !
Question : que pensez-vous de l'obligation de
contractualiser, qui est finalement très administratif ?
je ne saisi pas toujours à quoi cette obligation
répond... si c'est uniquement pour dire voilà sur la
région le nombre de contrats d'insertion qu'on a, franchement, ça
va beaucoup me désoler. Mais si c'est pour dire que voilà, le
nombre de personnes qu'on a atteint pour les accompagner dans les
démarches d'insertion en vue d'obtenir cette réussite. Je serai
vraiment content parce qu'on en parle souvent dans les statistiques, on vous
présente, voilà on a tel taux de contrat de contractualisation,
tout ça, voilà... Mais bon euh... chaque fois qu'on me donne
cette information, en parallèle, on ne dit pas que cette augmentation du
taux de contrat d'insertion à aboutir à mettre autant de personne
à l'emploi, ça on ne le dit pas. Euh... à certains moments
peut être que ça se dit mais moi, j'aimerai bien voir ces rapports
apparaître avec plus de clarté.
Question : avoir plus de qualitatif ?
Voilà ce qui compte...
Question : quelles sont les difficultés
du métier de référent ?
Les difficultés c'est ... alors là tu vas peut
être dire que tu es tombée sur un référent qui est
à part, parce que je sais pas si j'ai des difficultés. Euh, au
départ je fais ce travail pour élever justement ces
difficultés, donc euh... moi je sais que j'ai entendu des
collègues qui sont victimes de stress, tout ça. Chacun à
sa façon d'éviter cela, peut être ça va m'arriver un
jour, mais je suis pas victime de ça parce que je vous avoue que quand
je quitte ma maison le matin, je viens la perspective d'aller à la
rencontre de l'autre mais, dans une joie terrible. Je suis joyeux de rencontrer
quelqu'un, je suis joyeux de me dire entre parenthèse « mon dieu,
qui tu vas mettre sur ma route aujourd'hui pour que je puisse faire quelque
chose pour... » voilà. Je suis dans cette logique là et...
je, j'ai du mal à voir autre chose quoi...
Ces difficultés de la personne, ce travail, ça
fait l'objet d'un engagement et la seule souffrance que je vais exprimer, c'est
depuis quelques années, je vois le coté administratif et le
contrôle social dans lequel on essaye de m'inscrire, on glisse du travail
social à un contrôle du travail social, ça, c'est ma
souffrance. C'est pas par rapport à la personne. Ca, c'est ma
souffrance. Voilà, c'est tout. Je vois qu'ils sont entrain de casser
quelque chose qu'ils ont mis en mal, qu'on pouvait travailler avec passion,
euh... et même par vocation, mais ils sont entrain de casser quoi, ils
sont entrain de casser. On fait des bilans, des statistiques que, j'aurai voulu
envoyer des éléments d'ordre humain, qu'eux, là bas,
peuvent mettre, les fonctionnaires, dans le bilan statistiques. Mais alors si
on doit déjà faire ce travail à la base, ben y'en a qui se
croisent les bras quelque part, et en même temps détruire du
travail. Ca c'est ma souffrance.
Question : on demande au travail social de devenir
rationnel ? Voilà ! Tout à fait !
Question : je voulais revenir sur les formations
proposées aux personnes. Est-ce qu'elles sont adaptées aux
besoins et aux attentes des personnes ?
Globalement moi je dirai oui. Euh, je vais pas beaucoup donner
d'éléments là-dessus parce que je reçois les
informations avec plein de formations, différentes formations. Mais je
ne suis pas suffisamment outillé ou bien je n'ai pas cette euh...
qualification de juger, de dire si c'est bon ou c'est pas bon, je vais pas au
contact avec... On envoie les gens « y'a une formation à tel
endroit, allez voir » ; mais nous ne va pas rencontrer ces gens pour
savoir qu'est ce qu'ils mettent en place. C'est arrivé, par exemple
là, je vais aller à l'info bat (information sur les
métiers du bâtiment). C'est arrivé mais je n'ai pas une
connaissance approfondie ce qui est sur, mais l'offre de formation qui est
là, elle est riche et très abondante. Utilisée peut
être à 10% de sa capacité, on l'utilise pas assez parce que
on connaît pas tout.
Ca va, ca vient, on entre... à ce propos, je dirais,
globalement, j'ai l'impression que si... mais sans savoir ce qu'il y a
derrière, qu'est ce que les organismes de formation mettent. Mais
l'offre, je pense qu'elle est assez abondante et riche. Mais qu'est ce qu'il y
a derrière, ça je ne sais pas.
Question : et pour les financements ?
Je n'ai jamais eu de problèmes pour les gens qui sont
dans le PLIE. Il faut être dans le PLIE. Ca marche ! Mais pour le reste,
euh, les gens qui viennent, je dis « je vous conseille de vous mettre dans
le PLIE par l'ANPE ou par mon canal, sachant que je ne vous assure pas de vous
rentrer dans le PLIE » Parce que c'est plus évident de faire partie
du PLIE avec les restrictions des finances encore une fois...
Question : donc ce qui est proposé au sein du
PLIE, l'accès est restreint ?
Très très très restreint ! Mis quand vous
voyez qu'ils partent euh... de 2000 à 1300, ils doivent en sortir
encore, question de financements. A ce moment, on se pose la question de savoir
pourquoi ils ont commencé ? C'est pour ça. Voilà.
Voilà.
Question : les principaux partenaires concernant
l'insertion professionnelles pour vous, c'est qui.
Le PLIE plus que l'ANPE...c'est clair.
Question Il y a un souci particulier avec l'ANPE
?
Ce n'est pas parce qu'il y a un souci particulier, je vois pas
très bien ce qu'ils vont m'apporter. Si eux, au lieu de recevoir les
gens, ils les renvoient vers nous, on peut se poser la question de savoir si
moi je suis... autrement je vais aller travailler à l'ANPE,
carrément, alors je vois pas très bien ce qu'ils vont m'apporter.
Ca aussi, les agents, ils font de l'excellent boulot hein. L'ANPE de Tourcoing,
ils sont très bien mais est ce qu'ils ont toujours beaucoup d'outils
à leur disposition ? Et pourquoi ce qu'ils mettent en place ne fait pas
de succès auprès des gens, je serai curieux de le savoir.
Question : il y a des référents RMI
à l'ANPE, non ?
Oui il y en a plusieurs !
Question : et ils ont plus d'outils disponibles que vous
grâce à l'ANPE ?
Si, si ! On peut toujours orienter hein, vers l'ANPE. Mais
nous, on reçoit la personne, on regarde si on peut répondre sans
passer par l'ANPE. Du moment euh... quand c'est nécessaire, par exemple
le bilan de compétences, je fais un petit mot pour l'ANPE, je sais que
les bilans de compétences, ce sont l'ANPE qui va prendre en charge,
à ce moment j'envoie... Si j'ai pas ce type de besoin, je ne fais pas
appel à l'ANPE.
Question : en quoi le partenariat influe t-il sur
l'évolution du parcours ?
Euh, si on a besoin d'aide, ils répondent de
façon positive. je pense que le PLIE est devenu une pieuvre, elle prend
beaucoup, il a prit beaucoup. Du coup, en passant par le PLIE, on a beaucoup de
réponse, plutôt que l'ANPE. Mais j'ai cette impression là
et j'aurai tant voulu que un autre partenaire comme l'ASSEDIC travaille de la
même façon avec nous, même ceux là, ils sont
complètement fermés euh, je me suis demandé pourquoi, et
le jour où on va réunir ces organismes là, moi je vais
boire une coupe de champagne. Les mettre ensemble avec l'ANPE, l'UNEDIC tout
ça, ça serait une bonne chose, une très bonne chose...
Question : y aurait-il concurrence entre certains
partenaires ? ca a des conséquences ?
Entre le PLIE et l'ANPE, je ne crois pas qu'il y ait de
concurrence, je crois pas. Mais l'ANPE elle tient peut être à
montrer qu'elle existe encore, ben voilà.... Et alors ils montrent un
peu leur muscles pour certaines validations d'emplois aidés, l'agreement
plutôt, ils montrent comme quoi ils existent voilà. Ils leur faut
au moins ça. Supposons, si on avait pas à prendre la parole de
l'ANPE, euh, qu'est ce qu'il va rester ? Voilà...
Question : quelles sont vos attentes vis-à-vis du
partenariat et les faiblesses du réseau ?
Bon on a pas parlé de tout le réseau, parce
qu'il y'a pas que l'ANPE, y'a le conseil général qui intervient,
y'a la région qui intervient, tout ça c'est un gros financement,
heureusement qu'ils sont là ! parce que les formations gratuites, c'est
ça qu'on les a, et puis y'a ces formations qui sont
rémunérées, y'a des formations qui sont beaucoup que les
femmes plébiscitent beaucoup, auxiliaire de vie, aide soignante, des
trucs comme ça. Ca c'est quand même des choses qui marchent, et
là le partenariat se passe bien chaque fois qu'on contacte. Y'en a
certains qui ne communiquent pas assez. y'a certains organismes, une fois
qu'ils ont une personne, on a pas beaucoup de nouvelles, il faut tout chercher.
Ben y'en a d'autres ca se passe bien, des entreprises par l'insertion
économique par exemple, le partenariat marche, tout ça, ca se
passe quand même assez bien. Y'en a d'autres, CIBC, euh, CDF... et tout
ceux qui interviennent dans le champ du social et du professionnel ont un
contact avec moi. Enfin, s'ils ne se manifestent pas, moi je manifeste par
rapport à l'intérêt de la personne, je prend contact. Y'a
aucun souci, ce qui fait que, on connaît les partenaires dans tous les
domaines, dépassant même les domaines qui me sont
désignés, les organismes désignés. Moi je cherche,
par exemple à la préfecture, j'ai une trentaine de
différents numéros des gens de la préfecture, je me suis
débrouillé tout seul pour les avoir. Parce que je sais que
ça peut... et encore, c'est la galère, c'est la galère
!
Moi je le sais, si je ne fais pas ça, ils vont pas
venir à moi. En disant voilà, je me présente, voilà
ce que je fais, j'ai besoin de ça et... on me répond. On me
répond. A la préfecture, on me répond, donc euh...
voilà...
Question : donc le référent anime le
réseau ?
Il doit se donner les moyens, et doit se donner les moyens.
Alors si vous êtes là dans une position d'attendre quon fasse pour
vous, et ben nous, on dit aux bénéficiaires qu'il y a plein de
possibilités qu'ils doivent apprendre, ah mais, si nous on ne sait pas
apprendre, y'a un problème non ?
Voilà et ça, c'est quelque chose que j'ai
compris depuis très très longtemps et que je dépasse. Moi,
je me déplace parfois de mon bureau pour aller à l'hôpital
pour rencontrer un médecin par rapport à un
bénéficiaire qui cumule, développe une
problématique de santé donnée, et le médecin
comprend tout à fait cette démarche. Il voit que je me situe dans
un code, entre parenthèse, partagé, pour le bien de la personne,
et il compose, il me dit tout à fait des choses que je pourrais savoir.
Or, si le médecin il a pas compris la démarche, il va pas le
faire. Ben là, ils comprennent parfois, je reçois aussi des coups
de téléphone des médecins dans l'intérêt de
la personne. Et ça, on a pas à le perdre dans un texte qui est
envoyé au conseil général, non. Le conseil
général dit « voilà ta mission, à toi
maintenant de savoir que... » j'ai un rôle de faire reculer
l'exclusion, par ou je dois passer pour y arriver, ben voilà...
Question : la communication est importante
Très importante !
Question : Cela a rapport avec la circulation de
l'information. Comment vous traitez cette information qui est très dense
?
C'est là où j'ai dit que le manque de temps
intervient. AH ! Vivement le paiement des heures supplémentaires ! Et
encore que nous, on va pas les avoir pare que ça, c'est vraiment un
véritable problème !
Si aujourd'hui je dépasse mes horaires de travail, c'est
justement pour essayer de trouver les moyens de répondre à cette
attente.
Je n'ai pas de réponse par rapport à
ça. et je me dis, quelle est la
façon de faire ? je sais que j'ai une dense récolte
d'informations qui est là ; qu'est ce que j'en fais ? Je ne puise pas...
Parfois je répond, et la solution ue j'ai trouvé actuellement,
c'est de dépasser les heures. Je les dépasse mais je ne suis
jamais allé dire à mon directeur, voilà, j'ai
travaillé de telle heure à telle heure, il faut les payer ou bien
je récupère en congé, non ! Parce que lui il me dit, tu
t'arranges dans le cadre de ton travail pour le faire, et dans le cadre de mon
travail, moi qui sais couper et faire des limites dans mon boulot pour
éviter que les choses ne m'atteignent dans ma vie privée, je
préfère rester 1/2 heure ou un heure de plus et achever et comme
ça je pars tranquille.
Question : revenons sur l'insertion professionnelle
des personnes. La précarisation de l'emploi est un
phénomène récurrent, qui touche l'ensemble des personnes
actives. En quoi cette vision à telle influencé l'accompagnement
à l'insertion professionnelle ? Pensez vous que cette vision a
été prise en compte dans l'élaboration des outils
?
Non il n'y a pas eu de prise en compte. Et moi,
personnellement, j'essaye de considérer cette question en invitant
justement les personnes à se limiter sur les contrats aidés, en
disant « scrutez le marché de l'emploi, y'a autre chose ». En
leur disant quels sont les moyens, comment il faut rechercher un travail (le
téléphone sonne, arrêt 10mn).
Justement, en leur disant de dépasser les emplois
aidés, qui ne sont pas une exclusive, euh, pour moi, et ensuite aller
bien scruter le marché de l'emploi, aller à la recherche, et
mettre en avant d'autres méthodes de recherche et un appui de la part du
référent.
Qui va au-delà de ce qu'on nous demande de faire, comme
je le disais tantôt, les appels téléphoniques aux
employeurs, je les fais, retravailler aussi les courriers, refaire le CV,
intervenir directement dans l'entreprise, parfois même accompagner au
niveau de l'entretien, et puis les inviter à partir loin d'ici pour les
personnes qui ne sont pas en famille, ya pas besoin qu'il reste ici, y' a pas
besoin ! je leur dis « faites autre chose, au-delà de ce qu'il se
passe aujourd'hui à T, donnez la chance à la famille que vous
allez fonder, parce que vous êtes dans une région où y'a
des difficultés, allez quand même au petit bonheur la chance
développez autre chose « . ca, c'est des choses que j'essaye de
mettre en avant et comme ça, la personne elle sait à quoi s'en
tenir, elle a eu différents conseils, elle a rencontré d'autres
personnes, elle a un choix, de sorte qu'elle vienne pas après me dire
« je n'ai pas été avisée, on ne m'a pas
informé, on ne m'a pas di ceci... » elle a toute l'information et
elle reste libre de ses choix et de l'avenir qu'elle voir pour elle.
Question : Il y a une attente des emplois durables ?
Est-ce que ce n'est pas un peu utopique par rapport au marché du travail
aujourd'hui, qui se fait plus sur des CDD que sur des CDI ? Est-ce qu'il y a un
travail sur les trajectoires professionnelles à ce niveau là
?
C'est une question intéressante à laquelle je
n'ai pas réfléchis moi-même, par contre je dis que ce n'est
pas tout à fait utopique de penser qu'on peut atteindre l'emploi durable
parce qu'il y a des gens qui l'atteignent, qui y arrivent, mais il faut se
donner les moyens d'avoir des emplois durables, ça, il faut maintenant
une politique qui conduit à ça. Euh, le Mr qui est passé
actuellement en France qui nous promet ça, on va voir commet il va
faire. Peut être que lui, il aura la réponse à cette
question, mais bon , ben on verra comment il va y arriver... C'est pas
évident.
je crois que c'est des bonnes questions qu'on doit placer en
avant. Euh, c'est des questions intéressantes, l faut les faire remonter
aux autorités pour qu'ils y réfléchissent et même
pour nous et ne pas toujours mettre en dernier bout des questions, c'est une
question importante, qui faudrait qu'elle fasse en permanence l'objet de nos
débats. Ca, ça serait intéressant...
Question-relance : C'est en relation avec la connaissance
de l'entreprise, la gestion de la trajectoire professionnelle qui se fait en
collaboration...
Avec le monde de l'entreprise ; on est en retard par rapport
à ça, on est en retard parce qu'on ne connaît pas, on ne
les a pas suffisamment associées, on prend parfois, parfois des
décisions parfois à leur place, or, c'est eux qui font la
chose.
Je vais même aller plus loin, je vais oser, par rapport
à cette histoire du CPE, j'ai beaucoup débattu, on a pas
trouvé de réponse. Moi je l'ai pas trouvé
jusqu'aujourd'hui. Moi, je m'étais dit que cette histoire là,
s'il pouvait être amélioré, c'est bien pour la
première fois depuis des années qu'une mesure soit, où un
employeur va sortir l'argent de sa poche, de sa poche ! J'avais crainte qu'on
ne supprime ça sans le modérer, et qu'après, il n'y ait
plus rien... et quand on l'a supprimé, après, il n'y a rien
eu...
la dessus, je pense qu'il y avait quelque chose à
saisir, j'avais lu le document en détail, et j'ai dit, on peut
améliorer certains points, j'espère qu'ils vont accepter pour
qu'enfin l'employeur sorte quelque chose de sa poche, l'argent, parce que le
reste, c'est toujours l'état...
Il y avait une collaboration qui avait commencé, et
moi, en tant qu'acteur social de terrain, je vais plutôt encourager
ça en disant, je vais pas me situer dans des combats
idéologiques, je vais plutôt encourager ça en disant, je
vois les difficultés de certaines choses ; une première
expérience peut apporter ceci. Si on l'améliore, quand on a
balancé cette histoire, moi j'ai dit à mes collègues
« vous verrez, il n'y aura rien d'autre après » et à ce
jour, y'a rien, y'a rien !
Non moi, c'est une question importante qui mérite...
Voilà, moi j'aimerais qu'on nous réunisse, que ce soit le PLIE ou
quoi, autour des questions comme
ça. ca serait intéressant...
Comment on fait pour connaître si on ne se pose pas la question ? Il faut
d'abord entamer la question pour avoir des pistes de travail. A ce moment, ils
vont se rapprocher, ils vont se rapprocher. Le PLIE commence à se
rapprocher des entreprises via les clauses d'insertion, les entreprises
d'insertion qui sont d'ailleurs devenues d'une surenchère terrible pour
un emploi aidé, c'est fait pour tel type de public, avec telles
procédures... voilà, ça indique clairement que pour eux,
ils prennent ça pour de vrais boulot quoi ! C'est clair ! Alors que les
clauses d'insertion devraient faciliter l'accès à ceux qui en ont
besoin, voilà.
Je me demande pourquoi il n'y a pas une ACI dans les prisons ou
à coté... Je me suis posé la question... Mais c'est
l'argent ! Mais eux, ils ne se posent pas la question justement...
Entretien avec Alex, Référent
généraliste de parcours.
Mai 2007,
Temps d'entretien : 2h00
Alex débute l'entretien sans que je lui pose de
question, je le laisse s'exprimer...
Alex : Je vais commencer par présenter la structure. Le
service instructeur RMI il est en place depuis un moment, en l'occurrence c'est
P qui en avait la charge jusqu'en... je sais plus quand elle est partie, enfin
bref...Moi j'ai pris le relai à ce niveau là. J'avais
déjà travaillé, enfin, j'ai travaillé 6 ans dans un
CHRS de l'armée du salut, où j'étais amené à
instruire aussi des demandes de RMI et contractualiser avec les
bénéficiaires les contrats d'insertion, alors c'est vrai que
ça a évolué euh, nettement depuis quelques années,
notamment avec la décentralisation au niveau des conseils
généraux.
Euh, en ce qui concerne l'association **** on avait jusqu'en
2005, on était financé pour un demi équivalent temps plein
donc, on accompagnait 40 allocataires, depuis le premier janvier 2006 on a un
financement d'un poste équivalent temps plein ce qui... un
élargissement à 80 bénéficiaires et un
élargissement aussi au niveau du territoire, c'est-à-dire
qu'auparavant on ne touchait que le secteur ouest de Tourcoing et Mouvaux ;
Aujourd'hui on est, je suis amené aussi à accompagner des gens
aussi du secteur est, Roubaix, Croix Wasquehal, Hem. Euh... paradoxalement je
dirai que j'instruis très peu de demandes, si j'en fais deux ou trois
par an c'est beau, Là il s'agit plus de relais, hein, des centres
sociaux, des associations partenaires, CCAS aussi, donc des relais beaucoup sur
avis de la CALI (CLI).
C'est-à-dire que la CALI n'hésite pas à
mettre euh... quand le référent évoque ou la personne
évoque dans son contrat d'insertion des problématiques
santé, au bout d'un certain moment euh, le conseil
général, c'est-à-dire la CALI n'hésite pas à
faire un petit avis en disant « n'hésitez pas à prendre
contact avec DH, de l'Association A pour effectuer un relai » donc en
accord avec la personne. Donc euh, c'est vrai que les personnes que
j'accompagne c'est plus en termes de, au niveau de, c'est dans ce contexte
là.
Ce qui est particulier aussi, on parle aujourd'hui de
référent généraliste de parcours, nous on a quand
même cette petite spécificité qui est donc, j'accompagne
des allocataires du RMI mais qui ont une problématique santé.
De formation, je vais parler un peu de moi, de formation je
suis conseiller en formation professionnelle, j'ai fait parti de la
deuxième session AFPA IRTS de 99/ 2000, à l'époque
j'étais à l'armée du salut, j'ai eu mon, mon titre de
conseiller, puis après j'ai fait le choix de démissionner, et de
venir ici... voilà.
Alors je ne fais pas que ça au sein de l'association A,
je pilote, enfin j'anime un dispositif qui s'appelle aussi l'unité
territoriale d'évaluation, qui concerne plus les personnes qui ont une
problématique santé mais d'ordre psychique, mentale, donc c'est
tout un processus d'évaluation des compétences et des
capacités, euh... voilà une autre action financée par le
conseil général mais qui s'adresse là pour le coup
directement aux référents.
C'est-à-dire que de part notre
spécificité, depuis quelques années on a
développé un réseau et des connaissances de tout ce qui
est, qui tourne autour de la maladie mentale, donc des troubles psychiques et
régulièrement, durant les grandes réunions du conseil
général, on a souvent entendu des référents dire
que, comment dire, y'avait un souci par rapport aux
allocataires du RMI qui étaient à la limite un
peu border line, enfin qui présentaient des troubles du comportement,
sans pour autant être malades mentaux. En gros c'était qu'est ce
qu'on fait de ce public là, l'emploi c'est pas la priorité, euh,
ils sont pas autonomes dans les démarches, parfois agressifs dans le
bureau, donc nous on s'est proposé de créer un outil commun qui
pourrait permettre aux référents d'évaluer effectivement
s'il est nécessaire d'orienter vers un CMP, euh, et d'accompagner au
mieux les personnes dans leurs démarches, donc là c'est euh
2006/2007 et euh on est en plein de dedans C'est aussi pour faire le
rapprochement avec l'unité territoriale d'évaluation, des choses
assez commune.
Pour ce qui est de l'ordre de l'association A, alors je
reviens sur A parce que c'est vrai que le dispositif RMI il a une place euh
enfin, c'est un peu particulier au sein d'A parce que ce qui est commun
à tous les autres dispositifs c'est quand même l'insertion
professionnelle. Donc rapidement malgré la problématique
santé, malgré le fait que les personnes n'ont parfois pas
travaillé depuis des années, euh, on essaie dans la mesure du
possible d'évaluer, de mettre en place assez fréquemment des
parcours d'insertion professionnelle, et en l'occurrence on s'appuie sur la
convention avec le PLIE qui malheureusement, , par le fond européen,
donc baisse de budget au niveau de l'Europe qui ont des répercussions
sur les PLIE et donc sur les opérateurs du PLIE dont on fait partie,
donc aujourd'hui on nous a demandé de sortir la moitié des
personnes de nos fichiers et aujourd'hui on peut malgré tout
représenter des dossiers, mais euh, bon, on sent que pou l'instant c'est
encore un peu le flou, c'est le phénomène politique et
économique, mais on sent que c'est euh... on est sur euh, on est dans un
moment assez particulier...
Le gel des contrats d'avenir au niveau des
départements, ça pose un sérieux problème à
mon niveau, je dirais pas que systématiquement je... le contrat
aidé c'est pas une fin en soi, heureusement, (...) évoluer de
mettre en place une étape d'emploi en contrat aidé. Quand on
parle de problématique santé RMI, bon c'est vrai qu'à
l'époque quand il s'agissait encore des CES, fin moi je me suis
aperçu que c'était quand même un bon tremplin vers un
emploi durable, avec tout ce que ça comportait, y'avait le FLES qui
pouvait nous financer des formations complémentaires, avec le passage
aux CAE et CA, ça a rapidement capoté hein euh... d'où
effectivement des difficultés. Je sais pertinemment que mon bilan en fin
d'année sera pas le même que pour l'année
précédente en termes d'accès à l'emploi. Bon je me
mets pas d'objectifs particuliers, je suis là pour accompagner les
personnes, mais j'ai de moins en moins de réponses à apporter au
public qui est face à moi de façon quotidienne et ça c'est
assez gênant, c'est assez gênant...Alors notre issue de secours
à ce niveau là, c'est que les gens que j'accompagne sont pour la
plupart des gens au RMI et ont pour aussi la plupart un statut de travailleur
handicapé, ce qui fait que..il faut rentrer dans les cases, mais elles
sont éligibles aux CA et CAE. A défaut de pouvoir
bénéficier d'un CA étant donné le gel par le
président du conseil général, on peut faire en sorte
qu'elles soient éligibles aux CAE.
Question : Vous m'avez parlé de cette
problématique psychologique. Vous avez essayé d'en trouver les
causes ?
Alex : En traiter les causes j'en ai pas les
compétences et pour ça il faut s'appuyer sur un réseau
plus spécialisé, et là on met un pied dans le
médical. Je dirai que je refais le lien avec l'UTE, mais euh, mon
réseau avec l'UTE il est essentiellement composé de... il
s'élargit pour le coup au médical, notamment avec les CMP, on
travaille beaucoup avec les CMP du versant nord est, ce qui fait que j'ai un
bon petit réseau à ce niveau là, et que je suis un peu
plus crédible pour présenter un CMP ou quand j'évalue une
problématique ou une personne en
souffrance, j'ai euh, peut être plus facilement les mots
pour... au fil des entretiens pour inciter la personne à se prendre en
charge à ce niveau là.
Dire si il ya un lien de cause à effet, est ce que
c'est la problématique sociale qui provoque...euh, y'a pas de
règles générale, mais quand on est dans le dispositif RMI
depuis 8 ans voire plus, ça peut provoquer, engendrer des
problématiques psychiques, sans pour autant que ce soit définit
vraiment comme une maladie mentale, mais un état dépressif, une
estime de soi vraiment dévalorisée, un sentiment de ne plus avoir
de compétences, et puis quand on a un problème de santé,
la plupart des gens que j'accompagne euh, sont en incapacité d'exercer
le métier qu'elles exerçaient auparavant, euh... donc c'est
déjà pas évident de faire le deuil par rapport à
cette problématique santé, donc il faut pourvoir rebondir et
euh...bon.. avec l'expérience entre guillemets, que j'ai hein, je dirai
euh moi y'a des gens que j'accompagne on en est au 15ième
voire au 16ième contrat d'insertion et euh l'objectif,
l'insertion professionnelle on en parle peu dans les contrat d'insertion, je
sais pertinemment que c'est euh... faut pas se leurrer, et c'est un peu
paradoxal parce que quand on voit les nouveaux contrats d'insertion, où
nos bilans intermédiaires ou nos bilans finaux, on n'est enfin je me
sens pas évalué, mais c'est que qu'on nous demande hein, nombre
de CDI, nombre de CDD, contrat aidés... bon je dirai... les gens qui
accèdent à l'emploi, le constat que je fais c'est que ce sont des
personnes qui euh sont dans le dispositif par accident, fin de droit ARE, pas
de bénéfice de l'ASS ou un rejet, personnes arrivent dans le
dispositif RMI. Enfin quand euh, ce phénomène de perte d'emploi
est assez récent on s'aperçoit qu'il faut rebondir, enfin je
pense que si la personne rebondit rapidement, euh on arrive à certaines
choses et on est pas forcément obligé de passer par tous ces
tremplins de contrats aidé... plus on s'éloigne est plus on, on
tombe dans une sorte de spirale de l'exclusion, après c'est d'autant
plus difficile de remonter la pente.
Question : Au niveau de l'élaboration d'un
parcours professionnel, quelles sont les particularités du public
RMI.
Alex : Au niveau.... on a évoqué tout à
l'heure que plus on était longtemps dans le parcours RMI, plus on
était inemployable, comment est ce qu'on permet à ces personnes
de se rapprocher de cette employabilité, comment est ce qu'on passe au
dessus des freins et quels sont ces freins ?
Les freins... y'a pas de règles
générales... parfois il faut pouvoir lever les freins afin de
pouvoir penser l'insertion professionnelle, parfois c'est en accédant
à un parcours d'insertion professionnelle que les freins vont se
lever...
Mai donner une règle générale par rapport
à la mise en place d'un parcours professionnel, enfin y'a pas
de...Comment dire...
j'hésite pas non plus à m'appuyer sur les
actions d'insertion, euh le restaurant convivial par exemple, enfin je
m'aperçois aussi qu'au fil du temps, au fil des années, des
contrats d'insertion, la personne s'isole, elle a moins de réseau et on
sait très bien qu'aujourd'hui avoir un réseau que ce soit en
termes de euh.. ; d'insertion ou autre, c'est important de s'appuyer sur ce
réseau et d'échanger avec ces réseau ; le constat que je
fais, c'est que plus la personne va sortir de chez elle entamer des...
ça peut paraître bête mais le restaurant convivial,
ressource 30, CCAS, les actions à caractère physiques et
sportives, enfin tout ce qui fait et mis en place pour favoriser la
création de liens peut permettre justement de , ben à un moment
donné de se dire que je suis en capacité de , d'aller tous les
jours au restaurant convivial, je suis en capacité de , d'entrer en
relation avec d'autres personnes, pourquoi aujourd'hui ou
demain je saurais pas être en capacité
d'intégrer l'entreprise R, ou bien avant un opérateur comme C
à Tourcoing.
je crois qu'il faut , enfin j'ai le sentiment d'avoir un
rôle, on est multicarte, mais parfois mes entretiens, je sers pas un
coach, mais il faut rebooster les personnes, il faut leur dire c'est pas parce
que ça fait 10 ans que tu n'as pas travaillé ou que tu n'as pas
fait de formation que tu n'as pas de compétences ou de capacité,
c'est pas parce que tu as un problématique santé que tu peux plus
porter de charges de 30 kg que toutes les portes de l'emploi sont
fermées. Alors ça va demander un gros travail en amont, pour
définir un projet, un parcours mais je parle souvent d'un escalier qu'il
faut parfois monter une marche à la fois pour arriver en haut. Quand on
veut aller trop vite parfois on se casse la figure, parfois ça marche
mais c'est occasionnel.
Question : En quoi votre réseau vous aide
?
Alex : Un réseau pluridisciplinaire, dans la
santé, formation, emploi, je m'appuie aussi beaucoup, on a à
l'interne un chargé de relations entreprise, quand on se pose la
question d'une phase de médiation de recherche active d'emploi,
j'hésite pas à m'appuyer sur le réseau de mon
collègue, euh, qui pour le coup à des portes d'entrées
dans différentes entreprises du versant nord est, lui c'est son domaine.
Quand je sens que la personne est passée par toutes les étapes
nécessaires pour penser où accéder à un emploi
durable, je n'hésite pas à la présenter à mon
collègue et puis l'allocataire intègre les ateliers une à
deux fois par semaine, et puis je fais le lien de temps en temps.
Question : Le fait d'être chez Anita c'est parce
qu'il y a une problématique santé reconnue ou pas, vous parliez
de ces passerelles avec le monde de l'entreprise. La question qui me vient
à l'esprit, est ce que cette configuration facilité les choses
pour la mise en place du parcours d'insertion ?
Alex : On a peut être plus d'outils qu'un centre social
ou qu'un CCAS, par exemple, ben la question de l'emploi elle va être
résolue par un partenaire extérieur. Nous c'est vrai qu'à
l'interne on a des outils : ça va de la définition de projet
professionnel, avec les étapes intermédiaires jusqu'à la
médiation de recherche active d'emploi ; on est outillé à
ce niveau là, en termes d'outils propres et de compétences ;
On s'appuie aussi sur une forme de discrimination positive,
par rapport au fait que, alors même si c'est encore difficile, au niveau
euh... enfin... l'image d'Epinal quand on parle encore de COTOREP ou de
travailleur handicapé, enfin faut pas se leurrer.
Nous on s'appuie aussi, enfin les gens sont la fois dans le
dispositif RMI et qui ont ce statut de travailleur handicapé, je faisais
le lien tout à l'heure avec le CAE, mais ça va au-delà.
Aujourd'hui avec ces lois et mesures en faveur de l'insertion professionnelle
des travailleurs handicapés, bon, on joue aussi sur la discrimination
positive... euh.
y'a malgré tout, j'y suis encore allé ce matin
sur le site de l'ANPE, dans le département du nord, il y a 1à ou
15 offres d'emplois spécifiques travailleur handicapé, bon quand
c'est le cas, ben on a beaucoup de personnes sur le versant nord est qui ont ce
statut de travailleur handicapé, euh, mais bon y'a à toujours
moins que des demandeurs d'emploi lambda ou euh, enfin où l'employeur va
avoir 150 cv sur le coin de son bureau, quand on filtre un peu et quand il faut
spécifiquement être travailleur handicapé, bon on part du
principe qu'il y a peut être une sélection moins forte,
quoique...il y a toujours une forme de sélection , mais il y a une
sélection moins forte, moins élevée que pour un public
classique.
Question : Vous travaillez beaucoup avec le PLIE, dans
quelles circonstances ?
Alex : ben disons que c'est de plus en plus difficile de
travailler avec le PLIE... il fut un moment, moi ça fait 5 ans que je
suis ici, curieusement je suis l'un des plus anciens, mais enfin bref... euh..
On a eu plus de facilité pour travailler avec le PLIE. alors je dis pas
que les portes du PLIE se ferment, mais euh, je vois bien sur les... j'ai du
mal à en faire le deuil, mais, les CES, le FLES ça
commençait à bien tourner, nous on arrivait à
négocier directement avec la DDFTE une enveloppe de 10 CES pour des gens
qui venaient de la structure Anita, alors pas spécifiquement
allocataires du RMI, on avait quand même là notre propre
réseau, on avait négocié... alors du coup à
l'époque 7 ou 8 personnes qui avaient pu rentrer à Canal, on
avait bien joué le jeu, on avait mis en place des parcours de formation
complémentaires et euh...sur ces 7/8 personnes, je pense qu'il y en a la
moitié environ aujourd'hui qui sont sur du droit commun, sur des contrat
classiques... on sait que ça a fonctionné...
Question : Quels sont les outils que vous jugez le plus
efficaces en termes de retour à l'emploi ?
Alex : Je vois le truc arriver : CERTAINEMENT PAS LA METHODE IOD,
alors... je vois, c'est un des outils qui est beaucoup utilisé par le
PLIE de Tourcoing, qui, voilà.
Y'en a certainement à prendre mais je pense qu'il y en
a beaucoup à laisser notamment pour le public que j'accompagne avec la
problématique santé... je n'ai pas suivi la formation IOD, mais
euh, confrontation offres demande, enfin, le but pour nous ce n'est pas pour
nous d'envoyer les personnes dans le mur quoi. De pas prendre en compte cette
problématique, ce serait dangereux et on ne ferait que, je pense, euh,
reculer, alors plutôt que de monter une marche de l'escalier, je pense
qu'on en dégringolerait deux, parfois on est un peu trop vigilants,
on... on parle nous à l'interne de vigilance handicap, donc
l'idée c'est de , réduire le handicap, l'idée c'est pas
non plus de trop le valoriser, de trop le mettre en avant.
Enfin c'est des personnes qui le font malheureusement et
ça peut leur porter préjudice ; y'a parfois des personnes qui
sont dans le déni la aussi hein, qui malgré leur problème
de santé seront prêts à tout faire, à porter des
sacs de 50 kg pour monter des étages 200 fois par jour alors que c'est
contre indiqué...
Question : Vous pensez quoi des contrats
aidés...
Alex : Ben pareil, il y a quelques années, y'avait pas
deux jours sans que le PLIE nous faxe des offres d'insertion CES, ça
tournait, la ville de Tourcoing « entrée et sortie des
écoles » enfin, y'avait à la fois la quantité et la
qualité. Aujourd'hui c'est...enfin on a reçu deux hier. Mais
bon...
On sent aussi une certaine discrimination, enfin on n'a pas de
contact direct, mais bon ça concerne la santé, effectivement
l'âge. Parfois on peut se poser la question et parfois c'est flagrant...
on a encore eu le cas cette semaine, euh deux CV identiques euh, l'un Farid,
l'un Brian, bon ben c'est Brian qui est pris... euh, ça arrive peut
être moins au niveau des contrats aidé, mais la santé fait
peur, comme le fait, les personnes n'ont pas trop le choix, c'est un des
critères d'éligibilité, donc, la personne est
amenée qu'elle a ce statut de travailleur handicapé, on sait
très bien, et moi c'est le retour que j'ai, l'employeur il essaie de
gratter un peu, et de savoir qu'elle est la problématique santé
alors qu'il a pas à le savoir, mais bon ,c'est légitime, je pense
que si j'étais patron, avant de recruter j'essaierai de savoir si la
personne est pas épileptique ou si elle a un triple pontage... Les gens
se protègent de plus en plus.
Le fait qu'il y ait de moins en moins d'offres d'insertion ben
on est sur une concurrence plus élevée, pour une entrée et
sortie des écoles, on avait un turn over important, on avait peut
être 10 cv au niveau de JP, là on a tous les
référents qui attendent les offres, je suis persuadé qu'on
à reçu 2 offres, bon ben, il va y avoir 80...
Question : Comment gérez-vous les attentes du
conseil général en termes de retour à l'emploi des
allocataires ?
Alex : Moi je ne me mets aucune pression par rapport à
ça, je réponds en temps et en heure à mes bilans. Je ne me
mets aucune pression par rapport à mes objectifs, si parmi les 70
personnes que j'accompagne aujourd'hui, si une seule accède à un
emploi durable, et ben c'est déjà bien. Enfin ce n'est pas le
cas, mais euh... je n'ai jamais eu de contrat d'insertion qui m'ait
été retourné pour telle ou telle raison, alors, est ce que
la particularité c'est que l'image qu'Anita à vis-à-vis du
conseil général. Peut être que le conseil
général, les gens qui mettent leur tampon dans les CALI se disent
le dispositif RMI s'il est accompagné par Anita c'est qu'il a une
problématique santé, donc on va peut être pas mettre la
barre très haute ; Ca quelque part, ca me met moins la pression.
Mais bon effectivement l'une des premières question sur
les contrats d'insertion ,y'a beaucoup de questions qui sont de l'ordre du
professionnel, euh... bon ben y'a des cases que je ne remplis pas, je ne mets
pas de pression pour me dire il faut que le contrat soit bien remplit, euh,
paradoxalement aussi, j'ai jamais fait , j'ai pour l'habitude de faire
moi-même les contrat d'insertion enfin, avec la personne, mais je les
rédige, pour ne pas mettre la personne en difficulté ; alors vous
allez dire peut être que le cas contraire pourrait , des gens
souhaiteraient peut entre le faire, enfin si on me disait je veux le faire, je
laisserais la personne faire, mais en général, je fais le contrat
, en disant à la personne lors de la signature, n'hésite pas
à rajouter ce que tu veux sur le contrat, si tu valides, tu le
signes.
Je fais des contrats de quatre à six mois en
général, j'essaie de voir les personnes assez
régulièrement, y'a peut être des gens que je vois peut
être trop régulièrement...
euh, je sens aussi que parfois un relai c'est
nécessaire parfois, au bout d'un certain moment, on est peut être
plus forcément très objectif. Le fait qu'il y ait un relai ce
n'est pas toujours agréable de toujours tout remettre à plat , de
raconter sa vie en long en large et en travers à un autre
référent, parfois de faire un peu plus de distance que de
descendre au bas de l'immeuble pour aller au centre social et faire son contrat
d'insertion. Parfois ça permet de ne pas avoir certaines informations et
de rebondir ou de trouver des solutions plus appropriées, pour avoir un
certain élan, pour rebondir plus facilement.
Question : Ce relai se fait entre vous ?
Alex : Je préfère que ce soit fait entre
référents, toujours avec l'aval du conseil général,
plutôt que ce soit le conseil général qui me mette dans un
contrat ... et je le sens bien... j'ai encore eu un appel ce matin de la maison
de l'emploi d'une référente euh en disant « ouais je viens
de recevoir un contrat d'insertion du conseil général, sur lequel
on me met qu'il faut que je vous passe un relai » bon là en
l'occurrence y'a une forme de pression, on sent que ben voilà, on se
garde ses petits allocataires, on a son petit fichier, on voit les gens
régulièrement, euh... il faut avant tout penser au parcours des
personnes et l'idée c'est... le RMI c'est pas une fin en soi,
l'idée c'est d'en sortir et pour en sortir, euh, ben pour nous, parfois,
enfin je l'espère pas aux gens que j'accompagne, mais ça arrive
fréquemment qu'on fasse des demandes
d'allocations adulte handicapé, donc euh, c'est une des
issues de sortie du dispositif, même si avoir l'AHH c'est pas non plus
une fin en soi mais bon , et l'autre pas de solution, c'est le parcours
professionnel et dépasser un certain plafond pour sortir du dispositif
RMI.
Question : Le fait d'accompagner ces personnes depuis un
certain temps enferme t-il les personnes dans un système. Comment
pousser vers la sortie ?
Alex : Parfois envoyer les personnes dans le mur mais
presque... les personnes qui malgré les difficultés pensent que
accéder à un poste , mais des gens qui ont un
problématique de déficience par exemple, qui pensent avoir les
compétences pour être comptable dès demain, euh, ou
travailler dans le bâtiment malgré telle ou telle
problématique de santé, bon ben parfois c'est nécessaire
d'envoyer les personnes dans le mur pour qu'elles fassent le deuil de ce projet
et de pouvoir rebondir sur autre chose.
Ca c'est un exemple parmi tant d'autre, ce n'est pas
forcément lié au professionnel, hein...euh ou ca peut être
la formation aussi : demain je veux être métreur dans le
bâtiment, mais je sais à peine lire et écrire, ben, ou il
faut orienter vers quelqu'un qui va être en capacité de dire, un
professionnel du domaine, de dire ben voilà, il est peut être plus
crédible que moi à ce niveau là.
C'est vrai que je n'hésite pas à orienter.
Parfois même au niveau de la médiation à l'emploi, on a nos
outils à l'interne mais parfois je pense que ce n'est pas pertinent ou
que il est peut être préférable que la personne entre en
médiation à l'emploi avec Proform ou avec d'autres
opérateurs, pour faire de l'air dans le parcours d'insertion.
Question : Quelles sont vos difficultés
principales en tant que référent ?
Alex : Peut être ce sentiment de... c'est là
où la place de l'institution, enfin je suis salarié de la
structure mais parfois je me demande si je ne suis pas salarié du
conseil général
Et ça c'est flagrant quand je parlais de la formation
des référents, on se voit une demie journée par mois,
systématiquement on parle des bilans maintenant on parle des bilans
trimestriels, et ça c'est très, c'est récurrents quoi.
J'ai l'impression que certains référents se laissent vraiment
influencer par les responsables du conseil général à
différents niveaux, donc, ça c'est assez récurrent
quoi.
Question relance : C'est une demande constante du
chiffre..
Alex : Ben du chiffre, systématiquement, vous le savez,
on nous demande maintenant le nombre d'entretiens qu'on a eu avec la personne,
on demande juste le numéro d'allocataire, le nombre de fois qu'on a
rencontré la personne dans le trimestre, pourquoi enfin le... un
sentiment d'être contrôlé et j'ai du mal à en
évaluer la portée voire même les objectifs, voir en quoi
savoir combien de fois j'ai reçu Mme Y ou Mr X durant le trimestre
ça va apporter des choses concrètes en termes d'actions en faveur
des allocataires du RMI, j'en ai aucune idée. Si ce n'est effectivement
d'être fliqué, de savoir si les 37 ou 38000 € qu'on donne par
an à la structure sont bien utilisés...ben ça, ca ne tiens
qu'à moi, mais je pense que c'est récurrent...
Question : Au niveau des formations pour les allocataires
du RMI, qu'est que vous pouvez m'en dire ?
Alex : C'est difficile pour moi de ne parler que des
allocataires du RMI enfin, je reviens sur la spécificité,
enfin on se sert plus de l'effet, euh, comment dire du critère
travailleur handicapé pour faire en sorte que la personne puisse
bénéficier d'une formation. Soit dans ce qu'on
appelle les ERP, les établissements de
rééducation professionnelles, ya a deux gros sur la
métropole, c'est Maginaux et le centre lillois, les formations
région aussi, ou y'a logiquement un nombre de place
réservées pour les travailleurs handicapés, donc on essaye
plus de cocher la case travailleur handicapé que de cocher allocataire
du RMI...
Question-relance : Et s'il n'y avait que la case
allocataire du RMI ?
Alex : Je pense que ça poserais effectivement
problème, un gros problème avec l'image qu'on a aujourd'hui... je
pense que , sans généraliser, les gens ont une image des gens qui
sont , qui ont un statut de travailleur handicapés, on a en tête ,
quand on est pas dans le truc, une personne qui est en chaise roulante, ou une
personne qui est complètement à coté de la plaque, on
parle d'allocataire du RMI à une personne qui bosse 35 heures semaine et
qui euh, qui habite à Bondues, elle peut avoir une image, assez
dégradante de ce que peut être un allocataire du RMI, alors que
y'a des gens qui ont leur place dans le dispositif, enfin leur place, on a pas
sa place dans le dispositif, je...
mais euh, enfin je suis pas étonné que ces
personnes au fil du temps, au fil des années soient dans le dispositif
RMI, mais y'en a un tiers, enfin je suis pas le seul à le faire, je
parle souvent des trois tiers , un tiers qui est par accident et puis en 6 mois
maximum les gens rebondissent, un tiers qui va peut être mettre plus de
temps, en un an deux ans, qui est le tiers du milieu ou il va falloir justement
une étape en contrat aidé ou un parcours de remise à
niveau de formation et puis vraiment un tiers qui est vraiment plombé
tombé vers le bas de part les difficultés sociales « plus
plus », et puis on sait très bien que la priorité, ou la
mise en place d'in parcours c'est pas , c'est pas pour maintenant quoi, ou il
est trop tard quoi, la personne qui à 57 ou 58 ans , pour moi à
partir du moment ou elle va deus fois par semaine au restaurant convivial,
qu'elle renouvelle sa CMU, je me préoccupe de savoir aussi si elle a un
peu de réseau, bon ben les démarches santé, pour moi c'est
bon ; Enfin, si la personne est bien là dedans, on va pas chercher plus
loin, on va pas se mettre des objectifs qu'ils ne pourront pas atteindre...
Question : Justement ces formations proposés au
deux tiers, est ce qu'elles sont adaptées à leurs besoins,
à leurs attentes et comment on les oriente sur ces formations
?
Alex : Ben c'est aussi le réseau, y'a un tas de
formations qui sont reconduites d'années en années, des gens qui
en sortent et qui en sont satisfaits et ben donc on n'hésite pas
à retravailler avec les même partenaires sur les même
actions, sur les mêmes dispositifs, après quand ça innove
un peu, quand c'est innovant, quand on connaît pas le partenaire, moi
j'hésite pas non plus à me déplacer avec la personne, ou
euh, à participer à une réunion d'infos pour avoir plus
d'informations hein. Euh connaissant les personnes, je sais très bien ce
qui va parfois les mettre en difficultés, voilà. Je
préfère faire le travail seul ou avec l'allocataire en amont
plutôt à nouveau de lui dire voilà ca je pense que c'est
bien approprié pour toi et l'envoyer dans le mur, en revenant deux jours
après en disant ben non je ne suis pas satisfait quoi.
Question : L'animation du réseau c'est important ?
Alex : Oui, oui...
Question : Quelles sont vos attentes par rapport à
ce réseau et quelles en sont les faiblesses ?
Alex : La faiblesse ça peut être aussi un point
fort, c'est peut être le turn over dans certaines structures qui
développe, personnellement je développe un réseau avec
certaines structures X ou Y, euh, et puis le réseau peut parfois se
casser la figure quand les personnes démissionnent, ou une action qui
n'est pas reconduite. Enfin le réseau ça demande à
être entretenu, c'est je te donne mais tu me donnes, ca fait partie du
rôle de référent. Il faut ne pas rester dans sans bureau et
subir entre guillemets, les entretiens individuels à longueur de
journée, parce qu'il est aussi important d'aller à
l'extérieur pointer le bout de son nez et de voir à
l'extérieur ce qui bouge, ce qui se passe quoi ? Mais, bon, je dirais
que sur le versant nord est il y a un monde associatif assez riche quoi.
Question : Donc l'interaction est importante ?
Alex : Oui, tout à fait...
Question : Comment voyez vous la circulation des
informations concernant les dispositifs ?
Alex : Là vous faites bien parce que j'y aurai pas
pensé, pareil hein, je, depuis un moment y'avait les infos rapide,
y'avait ce qu'on appelle les carrefours RMI et P. a bien connu une fois par
mois entre référents on se réunissait , ben une fois
c'était mon rôle de présenter ma structure, la mois suivant
c'était tout ce qui tournait autour du logement et c'est important,
c'est ce que je disais tout à l'heure hein, pointer son nez à
l'extérieur pour savoir ce qu'il se passe, il faut pas se cloisonner
dans sa bulle, et on est pas, on sait pas tout faire, je pense qu'on est bien
généraliste et ça, ça manque
énormément... alors depuis peu le conseil général
à remis ça en place hein, lieu ressources, y'a un bulletin
mensuel, et ça je pense que c'était nécessaire, mais y'a
aussi, enfin les référents ont été en demande par
rapport à ça... et puis la formation des référents,
en là j'ai pris un peu de recul par rapport à ça parce que
c'est essentiellement aussi porté sur l'emploi, donc nous on se situe
plus de l'autre coté ?
C'est-à-dire que le conseil général nous
sollicite pour qu'on puisse accueillir par demie journée des
référents pour qu'on puisse leur dire ce qu'on fait en termes
d'emploi. Je pense ne pas avoir le besoin d'aller dans ces formations pour
connaître le monde ... ce qu'est un PLIE ou quels sont les besoins du
bassin en termes d'emploi aujourd'hui. Je pense que c'était pas un mal
que de remettre en place ce type de communication, enfin bon euh...Echanges de
pratiques mais aussi des fiches pratiques, enfin c'est bête mais de
savoir ce que fait euh, on avait aussi... je l'ai mais je pense qu'on a pas eu
ça depuis des années mais un, un récapitulatif de toutes
les actions financées par le conseil général, le logement,
santé, culture, emploi, un catalogue dont on peut se servir suivant les
situations, ça permet de développer le réseau, de la
maintenir, ça c'est...c'était nécessaire.
Question : Donc vous avez assez d'information sur les
dispositifs de l'insertion professionnelle ?
Alex : Non ben, la preuve est là sur mon bureau, en ce
qui concerne le PLIE on a les informations, enfin on a , on a pas de
difficulté à positionner les personnes même s'il y a
de moins en moins d'offres d'insertion, mais les informations circulent
bien, à l'interne aussi
enfin je , on est pas chacun sur nos dossiers, on est
amené parfois... c'est ce que je disais aussi tout à l'heure
j'accompagne Mr X qui est validé PLIE donc qui est vu aussi par un
référent PLIE, euh ou il participe aux atelier de Y, donc on
partage aussi des avis sur la personne et son parcours et parfois on sort aussi
en tant que référent de cet isolement, et euh, dont je parlais
tout à l'heure, là on est pas dans les relais mais dans le
partage d'informations à l'interne, et ça c'est, c'est parfois
intéressant quoi...
Question : Le fait de faire partie d'une structure
associative permet d'échapper à cet isolement ?
Alex : Ouais ouais, je vous coupe mais on est plus
association, pour le coup l'information là à pas peut être
bien circulé, mais depuis le 1er janvier 2006, on.. ;ben
c'est pas, ça change rien à nos pratiques mais quelque part... on
est passé en SCOP Coopérative de production, mais je veux dire
nos valeurs sont les mêmes, notre public est le même nos
conventions...sont restées ce qu'elles étaient c'est juste un
changement de statut, mais, je vais quand même dire un mais, ce qui fait
qu'aujourd'hui on a plus de conseil d'administration, bon je suis
moi-même sociétaire de la SCOP, parmi d'autres, le fait d'avoir
à l'époque un conseil d'administration ça pouvait me
permettre aussi, bon qui était composé quand même de gens
travaillant autour du handicap et de la santé, ça permettait
aussi d'avoir des informations sur d'éventuels appels à projet,
sur euh, différentes politiques locales ou non. Ca peut manquer aussi,
on est plus isolé qu'à l'époque... ça ca ne tient
qu'à moi aussi. Je sais qu'à l'époque on avait beaucoup
d'information de la part des membres du CA, euh qui nous permettait d'aller
chercher des financements sur des, certaines politiques européennes ou
autres, euh, on a peut être plus toutes les informations aujourd'hui
qu'on avait à l'époque.
Question : La précarisation du marché de
l'emploi du travail touche toutes les populations et non plus que les
allocataires du RMI. EN quoi cette vision à influencer l'insertion
professionnelle, et pensez vous que cette vision à été
prise en compte dans l'élaboration des outils ?
Alex : Vous pourriez préciser... ?
Question : Aujourd'hui on est dans une situation ou on
pointe des difficultés d'accès à l'emploi, mais cela est
vrai pour tout le monde et pas uniquement pour les personnes àau RMI par
exemple. Or on se retrouve devant des politiques qui pointent des publics
considérés comme handicapés face à l'emploi. Qu'est
que ça change pour les personnes au RMI Est-ce que ça renforce
leurs difficultés ?
Alex : Ben ça c'est parfois le discours des personnes
ça ! voyez c'est déjà difficile pour mon beau frère
qui a un bac + 2 de trouver un boulot, euh, ben moi je sais à peine lire
et écrire, je suis dans le dispositif RMI depuis 5 ans, ben
voilà, jamais je trouverai du travail. C'est le discours type de ceux
que je peux rencontrer, entendre... euh...
Question : Est-ce que les outils fonctionnent bien en
termes d'insertion professionnelle ?
Alex : ca fonctionne parfois, quand je parle de tremplin...
Parfois c'est juste utilisé comme un fusible ou on dit, bon ben tiens tu
peux passer deux ans à canal pour nettoyer les berges à C. T'as
de la chance t'es dans le dispositif RMI, t'as du boulot 20 h par semaine au
SMIC, ben soit content, parce que tu vois le nombre de demandeurs d'emploi en
France il est très élevé
quoi. ca, je pense aussi que c'est des
mesurettes, ben moi j'ai connu la fin des TUC ou les
CES et aujourd'hui les CA et les CAE, ben demain ou dans
quelques semaines Borloo il va nous pondre autre chose, ou le principe sera le
même, ce sera de bosser 20 heures par semaine mais euh, au SMIC avec un
petit parcours de formation dans un temps limité, on changera le nom et
les formes de financements. Mais y'a des gens qui enchainent les contrats
aidés, d'autre pour qui ça sert de tremplin... euh...
Question : Le fait d'enchainer les contrats
aidés et d'être enfermé par le système n'est - il
pas le reflet d'une pensée qui considère l'insertion
professionnelle non plus comme une étape dans la trajectoire
professionnelle plutôt que comme un état définitif
?
Alex : Compliqué ça...
Question relance : Quand on parle insertion
professionnelle, en tant que référent, est qu'on la voit sur du
long terme ou faisant partie d'une trajectoire professionnelle globale
?
Alex : ca reste, dans la plupart des cas, ça reste fragile
quoi.
Moi je m'attache peut être à rencontrer les
personnes peut être plus régulièrement les personnes qui
accèdent à un emploi que quand elles n'y sont pas , euh je
m'explique, mais je suis certainement pas le seul à faire ça,
mais euh...c'est difficile d'accéder à un emploi, qu'il soit en
contrat aidé ou non, surtout quand on a pas travaillé depuis 10
ans ou qu'on a une problématique santé, d'où le fait que
ben, je vois peut être la personne plus régulièrement, et
c'est aussi ou on joue plus un rôle de coach, on essaye de rebooster un
peu les personnes qui sont complètement flippée à
l'idée de se lever le lendemain à 8 heures pour aller bosser chez
carrefour ou chez Auchan quoi. Le fait de les rassurer, éventuellement
de jouer le jeu avec l'employeur de sensibiliser l'employeur, mais là on
a cette porte d'entrée du handicap qui nous permet de dire, voilà
la personne à effectivement des problèmes de santé mais
elle a des compétences, je vais vous aider à accompagner cette
personne, à former le tuteur, à solliciter l'AGEFIP pour
aménager le poste, enfin c'est vrai que part rapport à ça
on est peut être plus outillé, enfin j'en suis conscient hein...
paradoxalement on accompagne des gens qui ont peut être plus de
difficultés notamment sur le plan de la santé, mais je suis plus
outillé que B, qui est en plein milieu du quartier X, avec des gens qui
n'ont pas forcément une problématique santé mais qui ont
euh, une autre problématique et une autre image vis-à-vis du , de
Auchan, carrefour ou d'autres employeurs...
Question : Il est important de faire des passerelles avec
les professionnels ?
Alex : Ouais... Ben, à la fois pour les personnes,
à la fois pour l'employeur, c'est bien de savoir qu'il y a une structure
derrière qui peu lever certains freins ou aller chercher des
financements parce qu'il y a certaines compétences qui ne sont pas
acquises et que, solliciter l'AGEFIP pour que la personne puisse
acquérir ces compétences, c'est parfois bien pour l'employeur de
savoir qu'il y a une structure comme la notre derrière. Bon parfois
ça dérange aussi, faut pas se leurrer... mettre un pied dans
l'entreprise pour faire une étude de poste ou aménager un poste
euh, ca peut parfois poser problème... là on s'efface, mais on
prend la température, on sait quand il faut y aller, quand il ne faut
pas y aller hein et ou on sait qui doit y aller ou pas, là chacun
à aussi son propre réseau...
Mais bon c'est vrai que rapidement, je vais pas revenir sur la
méthode IOD, mais...rapidement, c'est ce que je dis aux personnes que
je reçois...enfin, on est , malgré, je prends en compte toutes
les problématiques, mais on essaye de tout mettre à plat de poser
ses
valises et de se poser la question d'un parcours
professionnel, je pense que malgré, il y a quand même aujourd'hui
des opérateurs, je cite souvent C, parce que j'ai très bien
travaillé avec eux, moins aujourd'hui parce qu'il y a peut être
moins de besoins aussi, mais des mecs comme E.V, mais canal joue le jeu de
l'insertion à fond, ils n'ont pas de discrimination, ouais, le mec il a
fait 15 ans de prison euh qui s'appelle Mohamed, qui est travailleur
handicapé et dans le dispositif RMI depuis 15 ans on s'en tape, la
personne veut travailler, on va faire en sorte qu'elle puisse travailler,
même si elle est absente, même si elle va pas vite, on va essayer
de travailler...
Le fond européen demande des bilans, on demande des
objectifs de placement même vis-à-vis des entreprises d'insertion,
parce que c'est aussi vis-à-vis de l'image pour le client, quand on
bosse dans une entreprise d'insertion et qu'on doit retaper l'appartement pour
l'entreprise X, ben on va faire attention aux personnes qu'on recrute, sans
forcément le dire. je pense que C est au dessus de ça et joue le
jeu, pour le coup de l'insertion, enfin si y'avait.. Je cite C, mais y'en a
certainement d'autres ; mais ouais pas de... et puis un partenariat vraiment
efficace avec eux...
Et puis c'est là ou aussi vis-à-vis du PLIE pour
rentrer dans le PLIE faut déjà avoir son projet professionnel,
parfois je me tape du professionnel toute la journée, je sais que
même si, alors je me préoccupe de savoir si y'a pas
d'inadéquation avec la problématique de santé, hein, euh,
mais si il est nécessaire de faire , de nettoyer les berges du canal
pendant un an pour euh remonter un peu la pente, je sais que ce sera difficile
pour la personne et je sais que c'est son projet, je sais que derrière
y'aura des choses qui se mettront en place et qu'a termes elle pourra
concrétiser son projet initial. Voilà voilà...
Entretien avec Fabienne, titulaire RMI, ex contrat
d'Avenir.
Avril 2007,
Temps d'entretien : 1h45
Depuis combien de temps est-tu au RMI et comment est-tu
entrée dans le dispositif ?
Ben je suis au RMI depuis... mon dernier contrat de travail
c'était ben là, au mois de décembre, c'est mon contrat
aidé. Mais j'étais encore au RMI avant le contrat aidé. Le
dernier truc que j'ai fait c'était au centre social de XXX ,
c'était en 2003, mais c'était un CES aussi. Après, comment
je suis rentrée dans le RMI... (Silence et regard interrogateur)...
Comment as-tu fais ta demande de RMI ?
Ben j'ai été voir l'assistante sociale. Et c'est
elle qui m'a fait la demande quoi... Est-ce qu'elle t'a demandé
quelque chose de particulier pour avoir le RMI ? Ouais, signer le contrat
de... d'insertion là...
Et c'est quoi le contrat d'insertion ?
Ben c'est un contrat que tu signes, euh, pour dire, euh...
enfin... ben... dire ce que tu vas faire, ton projet professionnel, euh...
Le projet professionnel ?
J'ai fait ma demande, j'ai dit à peut prêt ce que
je voulais quoi, et puis, après je la voyais pas souvent quoi, je la
voyais une fois de temps en temps, c'est tout quoi, pour re-signer mon contrat,
parce qu'il faut le re-signer tous les trimestres ou tous les 6 mois quoi...Et
y'a pas de suivi spécial par rapport, euh, au contrat d'insertion
quoi...On te suit pas du tout même...
Ah bon ?
Ben ouais...
Et quel était l'engagement sur le contrat d'insertion
?
Ben de retrouver un travail quoi... Tu signais ton contrat, tu
mettais ton projet professionnel, et puis, voilà quoi...
Donc toi ton projet professionnel...
C'était ben de retrouver du boulot, quoi, faire le
ménage, euh, parce que comme j'ai pas de diplôme...
Il n'y a pas eu d'autres propositions ?
Si elle m'avait inscrite dans des trucs genre CAP Ets (ETI), mais
je veux dire, eux...j'ai été chez eux, laisse tomber...c'est pas
eux qui m'ont trouvé un boulot hein...
Ca s'est passé comment avec eux ?
Ben j'ai été les voir, j'ai eu un rendez vous,
ils ont remplit une fiche de liaison et j'ai donné mon CV, après,
ils m'ont rappelé deux, trois fois, ils m'ont proposé des
boulots, puis ils me proposaient des boulots qui n'allaient pas avec mon truc,
quoi tu vois...puis voilà quoi, puis j'ai été
appelé à trois entretiens pis, ça à pas
marché quoi...c'est tout...
Et tu avais des contacts avec ton assistante sociale pour en
parler ?
Ouais moi je la recontactais quand j'y allais quand avais
besoin, sinon elle me recontactait pas. Mais sinon j'allais la voir quand
j'avais un pépin où quoi de papiers pis là, j'y disais
que...
Est-ce qu'elle savait que tu avais un rendez vous avec
l'entreprise ? Non je sais pas...
Est-ce que tu as eu connaissance de tous tes droits et
obligations lorsque tu as signé ton contrat d'insertion ?
Non, non rien... non je te dis j'ai signé, même
dernièrement quand j'ai été la voir, j'ai signé mon
contrat, c'est tout, point barre quoi...
Et ce contrat là, il est obligatoire ?
(Réfléchis 10 secondes)... ben non je pense
pas... ben non je pense pas (s'exclame t-elle) parce que je signe un papier je
suis même pas convoquée, on me dit rien, c'est tout quoi, c'est
pour dire de signer quelque chose voilà quoi !
Après tu reçois un papier du conseil
général en disant que ta prise en charge, t'es encore dans le
dispositif RMI pour 6 mois quoi. Mais sinon, regardes, depuis que j'ai
signé là mon dernier, j'ai pas de nouvelles, elle m'appelle pas,
rien quoi.
Tu n'es pas suivie ?
Non ! Si je vais pas moi la voir, c'est pas elle qui va venir
vers moi quoi. Donc je pense que signer un contrat comme ça, c'est
débile, quoi, vu que t'as pas de suivi après euh...
Donc, il faudrait une référente qui te relance
?
Ouais qui me relance, qui me, par ce que c'est elle qui me
guide, qui m'aide dans mes trucs quoi, parce que nous, on, parce que moi je
sais pas tout, je connais pas tout quoi. Elle est assistante sociale, elle est
là quand même pour assister les gens quoi !Mais moi, à part
quand je vais signer mon truc et que j'ai besoin d'un truc, moi je la vois pas
quoi. Elle m'appelle jamais euh...
Tu n'as pas de conditions sur la fréquence des
rencontres ?
Non, non, non...du tout, du tout...
D'accord...
Tu disais qu'en fait tu ne voyais pas en quoi le contrat
d'insertion servait, et qu'il n'était pas obligatoire...
Ben en fait ça sert à rien, je signe un papier,
enfin... c'est le truc d'insertion, après j'ai pas de suivi... dans 6
mois je vais aller en re-signer un autre, j'aurai gagné quoi ? Rien du
tout ! Moi je trouve que ça sert à rien. C'est n'importe quoi.
Et qu'est ce qu'il faudrait ?
Ben euh... je sais pas, qu'on m'aide un peu plus pour mes
démarches de boulot... déjà on te fait signer un truc, y'a
même pas de, on te dit de chercher du boulot, y'a personne qui t'aide,
c'est vrai pour faire un CV si t'as pas d'ordinateur et tout... d'accord ils te
disent l'ANPE, mais bon l'ANPE euh...
Tu es inscrite à l'ANPE ?
Ouais.
Pis même y'a pas assez de suivi quoi ! je veux dire, moi
je la vois jamais quoi ! Même par rapport à XXX entreprise, elle
m'envoie dans un truc quoi, je veux dire, je suis sure qu'elle a même pas
de ... elle sais même pas quand j'y ai été euh...(silence)
Ben qu'ils soient quand même plus présents quoi, parce que... y'a
pas grand-chose, à part te faire signer un contrat et puis voilà
quoi ?
Donc tu penses être informée correctement par
rapport aux autres institutions ?
Ben non ! Parce que déjà, eux même ils ne
savent pas ! Parce que quand j'ai signé mon contrat d'avenir, elle
savait même pas ce que c'était... donc ils sont pas au courant de
grand-chose, quoi, mais franchement euh... je sais pas si c'est
spécialement elle quoi, mais...si ils sont tous comme ça,
purée...
Le contrat d'avenir tu l'as trouvé comment ?
Ben j'ai écris une lettre et voilà. En fait
j'avais rencontré une amie dans le métro, et elle m'avait dit
qu'il y avait un truc qui cherchait des gens et tout, et j'avais
déposé ma lettre de motivation et un CV dans la boite aux
lettres, et après ils m'ont appelé pour un entretien et
après l'entretien j'ai été prise.
Et le contrat d'avenir, tu disais que ton assistante sociale
ne savait pas ce que c'était, et toi ?
Ben je savais pas non plus. En fait moi j'étais
contente d'avoir retrouvé quelque chose donc j'ai signé le
contrat, sans savoir exactement ce que c'était quoi, personne... que ce
soit ma patronne aussi quoi. Moi j'ai signé, le contrat c'était
qu'une feuille, y'avait rien, alors que ...
et mon assistante sociale quand je lui ai dit mon contrat
d'avenir, elle était pas capable de me dire exactement ce que
c'était quoi.
Donc tu as découvert ce que c'était le contrat
d'avenir au bout de combien de temps ? Ben... euh, ben un mois ou deux
mois après...et encore...
Et ...
Ben j'étais un peu dégoutée quoi parce
que bon...j'ai pas bien compris le truc au départ quoi. J'avais pas bien
compris parce que soit disant qu'au niveau de mon RMI je pouvais cumul... je
perdrais rien , je pouvais cumuler alors que non, je me suis fais carotte quoi,
donc j'ai du rembourser de l'argent à cause de ça...et puis en
fait en fait j'étais sensée faire 26 heures, parce que
c'était 26 heures hebdomadaire, j'en ai jamais fait 26, j'en ai fait
largement plus... et j'étais pas payée comme je devais être
payée, parce que le contrat d'avenir c'était euh, 900 € brut
à 26h, et j'ai jamais été payé ce prix là...
et puis donc voilà quoi. C'était de l'arnaque, franchement,
c'était de l'arnaque totale...
T'en a tiré quoi de cette expérience ?
Ben moi ça m'a apporté un petit peu quoi, de me
remettre dans le bain, parce que ça faisait deux ans que j'avais pas
travail quoi, ça m'a permis de me remettre dans le bain tout ça.
Mais d'un coté, j'étais pas euh... je sais pas, je travaillais
mais je gagnais pas vraiment euh... je faisais des... normalement je devais
faire 26h, je faisais des 30h, des 35h et tout, mais j'étais
payés que 600 € et...(silence)
Au niveau financier...
J'y ai perdu parce que en fait, je pensais que je pouvais
cumuler mon RMI, dans les trucs c'était écrit, alors que j'ai
jamais pu cumuler mon RMI, j'ai du rembourser du RMI. Je devais payer mes
transports tous les mois, j'avais même pas d'aide ou quoi, enfin je veux
dire, moi ça ... je gagnais pas plus quoi. Je gagnais pas plus et en
fait je bossais comme une dingue et puis pour avoir quoi... les 100 € que
j'avais de plus je devais les donner pour la cantine de ma fille, et mes
transports, donc euh... non au niveau financier ça m'a rien
apporté. Ca m'a pas amélioré euh...(silence) Parce que je
restais tout le temps dans le même truc, le RMI c'est 500 et des
brouettes, plus la pension ça faisait 600, là j'étais au
même truc et je travaillais. J'avais quoi, 150... y'avait 50 de transport
et le reste à coté. Donc en fait, tu fais le calcul, je
travaillais pour le montant du RMI quoi... Non ça m'a rien
apporté au niveau financier quoi ; Bon après c'est vrai que
ça m'a remis dans le bain, ça m'a permis franchement, de rebosser
quoi...
Est-ce que c'est important ça ?
Ben ouais quand même ! Parce que ça faisait deux
ans que j'avais pas travaillé, et pis bon, c'était une nouvelle
expérience, et pis bon, comme c'était des mères de
famille, j'ai quand même que, appris quand même quelques trucs, je
veux dire euh...non non, ça m'a apporté quand même euh...
bon c'est vrai qu'au niveau financier, ça encore c'est pas grave, mais
bon ça m'a permis de rebosser et pis ça m'a permis de
resté dans le bain
quoi. et encore maintenant, ben je
continue, je fais pas beaucoup d'heures, mais je veux rester quand même
dans le... même si je fais que 7 h ou 8 h par semaine, mais je veux
rester quand même ...
Parce que si je commence comme ça, que je recommence
à pas bosser et que je reste pas dans le bain du travail, ch'ai que je
vais repartir, euh... laisses tomber
quoi. et m'encroûter encore pendant
trois ans...et...
Et ça a été difficile de chercher du
travail ?
Ouais quand même ! Avant mon contrat d'avenir
sérieux j'étais... pff... Tu l'expliques comment ?
Ben ché pas un manque de motivation peut être...
ou de... d'accompagnement aussi hein... pis bon, tu vas à l'ANPE ils te
proposent des trucs débiles quoi...Non mais c'est vrai, l'ANPE
franchement... quand tu vois la meuf elle me sort des trucs euh...Bac plus
machin et tout euh...ou d'être sur un truc, dans une ville à
perpète les trucs...t'as pas de voiture déjà, quoi... je
veux dire...ça aussi ça te pénalise aussi quoi, au niveau
du boulot, quand t'as pas de bagnole euh... moi je le vois, j'avais pas de
voiture, je devais aller à Ronchin, fâches Thumesnil, je devais me
lever à 6 heures du matin pour faire 2 heures de route pour arriver
à 8h à mon boulot quoi. Et le soir je rentrais chez moi
y'était 7 h quoi. T'as pas de voiture quoi, tu merdes quoi,
t'es...voilà quoi...Ah pis même j'étais pas motivée,
c'est vrai que je tournais un petit peu en rond...je savais pas vraiment ce que
j'avais envie de faire, c'était un petit peu heu...
Ben je m'étais encroutée quand même quoi !
Encroutée ?
Ouais voilà, j'étais euh.. Enfermée dans le
système voilà ! Après j'ai basculé, j'ai
retouché les ASSEDIC et après j'ai rebasculé sur du RMI,
je suis restée je me suis dis bon...
Quand tu dis « je me suis enfermée dans le
système », c'était volontaire ? (silence)...
Ben c'est un peu des deux... c'est un petit peu volontaire
parce que j'avais pas trop envie de travailler quoi et puis d'un autre
coté je me disais ouais, j'ai pas de voiture, j'ai pas de diplôme
euh... je me suis dit ça va être la galère pour
trouver...voilà quoi...
Tu n'as pas eu de proposition pour faire de formation
?
Ben ça m'intéressais justement ! Au contrat
d'avenir on m'avait dit que j'avais droit à une formation, moi j'aurai
voulu une formation... et ma conne de patronne, elle m'a dit non, t'as pas de
formation... alors que soi-disant c'était obligatoire... et ben elle m'a
dit non, donc j'ai pas eu de formation.
Parce que moi j'étais intéressée par une
formation d'aide à domicile pour aider les personnes âgées,
parce que justement dans le travail que j'ai fait dans mon contrat d'avenir,
j'ai remarqué que j'étais intéressée de m'occuper
des personnes âgées.
Je m'occupais d'une vieille de 90 piges, et... non mais
sérieux (elle rit en voyant mon expression de réaction face
à « vieille de 90 piges »)... bah c'est rien tu fais un
montage, tu coupes ! Non pis je m'occupais de personnes âgées,
je m'occupais de mère de famille et j'ai
mais bien être avec ces personnes âgées,
m'occuper d'elles eux... et justement je voulais faire une formation de aide...
soignante, aide à domicile des personnes âgées et
même personne handicapées... donc quand j'ai demandé pour
faire ça, elle m'a dit non j'en ai pas besoin...
Elle en a pas besoin ?
Ouais non, moi, j'en ai pas besoin de cette formation !
Comment elle sait que tu n'avais pas besoin de formation
?
ben je sais pas elle a deviné...
Tu as fait un bilan de compétences ou ?
Non non...jamais. J'ai même jamais eu d'entretien avec
elle, ma patronne et tout, jamais. Et au niveau de l'ANPE ?
Non... Donc je pense qu'il y a un manque de... on te parle de
rien quoi. On te fait signer un contrat, on te dit ben : voilà tu signes
ça, point barre quoi...
Si y'a moins de têtes de Rmistes, y'a moins de
chômeurs quoi, je crois que c'est...(silence)... mais en même temps
toi après, tu sais pas ce que c'est, t'es dedans, après une fois
que t'as signé t'es un peu...moi j'aurais bien voulu faire ma formation
quoi, je suis dégoutée, je voulais profiter justement...
Mais bon je suis tombée dans une association quoi, en plus
c'était une femme, voilà quoi...
Ton contrat a duré combien de temps ? 6
mois...
Il a pas été renouvelé ?
Ben je devais être renouvelé, si enfin ma
patronne voulait me reprendre, mais me reprendre à 20h, elle voulait me
refaire un nouveau contrat, c'était un contrat d'accompagnement...avec
l'ANPE... donc soit disant que m'ANPE aurait refusé parce que je
rentrais pas dans les critères... il fallait que je soit inscrite plus
de 18 mois, mais bon euh... moi je savais pas que pendant mon contrat d'avenir
il fallait que je continue à être inscrite à l'ANPE, on me
l'a pas dit non plus...
Quand tu as finis ton contrat, est ce que vous avez fait le
bilan de ce qu'il s'était passé ? Non.
Elle t'a orientée vers quelqu'un ?
Non, rien !
Alors comment tu as repris contact avec ta
référente ?
Ben, j'ai déposé mon dossier ASSEDIC et puis j'ai
été la revoir. Donc voilà, j'ai expliqué ma
situation quoi...
Quelle a été sa réaction lorsque tu lui
as dit que ton contrat était terminé ?
Ben elle m'a dit : vous allez refaire votre dossier RMI, on va
refaire... voilà quoi. Elle m'a fait remplir une fiche de liaison pour
CAP Ets...c'est tout. Et après moi je suis inscrite à l'ANPE,
j'ai pris RDV, j'ai regardé quelques offres, j'ai expliqué ma
situation, ce que je cherchais... donc voilà quoi.
Donc tu as un rendez vous mensuel ?
Non je n'ai pas d'autres rendez vous (Ndlr : inscrite depuis
4 mois, elle n'a pas eu de rendez vous).
Tu as fait une demande de formation ?
Non ben justement je lui ai expliqué que je voulais
être dans l'aide à domicile et que je voulais faire une formation.
Elle m'a dit « ben l'aide à domicile c'est quoi exactement ?
». Ben aide à domicile, c'est aller s'occuper des personnes
âgées et tout. Elle dit « ouais mais y'a pas beaucoup de
formations ». Je fais bon ben... Ben j'ai été vite
expédiée aussi à mon RDV de l'ANPE... ils se prennent pas
la tête. Ils cherchent quelques offres, ils sortent quelques offres et
puis voilà quoi...
Toi, à part l'assistante sociale et l'ANPE...
Ben non je connais rien quoi... ben si l'association ALORS je
travaille pour eux, mais c'est moi qui l'ait trouvé aussi quoi, par
l'intermédiaire d'une amie qui y était déjà
inscrite, elle m'a dit d'aller m'inscrire aussi, et puis...
En fait je me démerde par mes propres moyens, le bouche
à oreilles, voilà. Je veux dire, c'est pas les assistantes
sociales qui m'ont dit « va voir là bas » ou
« fais ça là bas »...
Et au niveau de tout ce qui est démarche
administrative...
Je me démerde tout seul... quand j'ai des paperasses
à faire quoi...
On était sur les offres ANPE et la formation...
Est-ce que tu as déjà entendu parlé du PLIE ? Non.
Est-ce que tu sais si y'en a un sur Villeneuve d'Ascq ?
Non
Est-ce que tu sais à quoi ça sert ?
Non
Et tu connais quoi des institutions ouvertes pour toi ? Par
exemple, tu veux faire une formation, tu vas te renseigner ou ?
A l'ANPE A l'ANPE ?
Ouais pour me renseigner moi j'irai là bas, ou à
la mission locale...Ouais la mission locale c'est pas possible... quand tu vois
la référente... attends tu l'as déjà vu ma
référente, quand tu la vois arriver t'as peur, j'ai
attrapé une barre ! Arrêtes ! (elle rit).
Est-ce que tu te sens...
Moi je me sens pas aidé ou assisté ni quoique ce
soit parce que je me démerde toute seule, jusqu'à maintenant tout
mes boulots je les ai trouvé toute seule, euh...là mes heures de
ménage, c'est moi que je les aie trouvé toute seule, maintenant
euh...
En fait le RMI représente quoi pour toi...
Pour l'instant le RMI j'en ai besoin quoi... non mais le RMI
c'est pour donner un coup de pouce, pour se réinsérer quoi !
C'est ça je pense pour les gens !
Pas pour les gens mais pour toi... Pour moi ?
Oui...
Ben franchement, d'être au RMI j'aime pas quoi,
franchement je préférerai avoir un bon salaire un travail fixe et
tout quoi ! C'est normal. Parce que moi j'ai pas grand-chose au RMI, je suis
toute seule avec ma fille, j'ai que 430 euros, quand je suis pas
taxée
Et tu penses que si tu avais plus, ça te motiverais
?
ben (silence)... non je pense... plus ou moins quand t'as
envie de bosser, tu as envie de bosser, que t'es chômeur ou au RMI de
toutes façons euh ...non ça me... non parce que bon
euh...(silence) d'avoir plus de thunes ça me motiverait pas quoi...c'est
déjà pas mal que j'ai ça pour moi vivre, je vais pas trop
me plaindre quoi. Je suis plus au RMI là, je suis aux ASSEDIC (elle
rigole car elle est toujours dans le dispositif RMI, ou elle peut cumuler
ASSEDIC et RMI).
Donc là tu es aux Assedic jusque quand ? Ben
là dans 3 mois j'ai plus rien quoi...
Et donc après tu rebasculeras que sur le RMI ?
Ouais normalement, si j'ai pas trouvé de travail quoi.
Tu as plus d'ASSEDIC ou de RMI ?
Plus d'ASSEDIC.
D'accord. Donc pour toi c'est plus intéressant
d'être aux ASSEDIC ? Ben ouais quand même !
Tu as trouvé toi-même des heures de travail
?
Oui je fais des fois 7 heures, des fois 8 heures... pour le
moment je reste dans cette branche là et pis j'aimerai bien faire une
formation pour faire ce que j'ai envie de faire quoi...Etre qualifiée et
pis reconnue. Et pis, toujours faire le ménage, le ménage moi
ça me prend la tête quoi...
Tu en a parlé à ton A.S ?
Non... non c'est vrai que j'aurai du... mais elle va me dire
« ouais mais formation, y'a autant de place pour autant de personnes,
il faut s'inscrire avant » ... voilà quoi, je sais que elle,
elle va pas me...pousser... je vais essayer de la trouver moi-même ma
formation...
Sachant que tu as besoin de l'appui de ta
référente... Ouais je vais aller la revoir...
Est-ce qu'elle est disponible ?
Oui tu peux demander un rendez vous à sa permanence...
sinon je sais pas... mais je peux lui téléphoner pour un
renseignement...
Elle t'aide plus au niveau social ou professionnel ?
Beaucoup social... ben professionnel, franchement, elle y
connais rien à part son CAP Ets... et pis eux ils comprennent rien non
plus, franchement je leur donne un CV, on dirait qu'ils savent pas lire... non
mais sérieux je leur donne un CV, ils voient que j'ai fait femme de
ménage, secrétariat et tout, et ils veulent que je travaille dans
un truc pharmaceutique, ils se foutent de ma gueule !
C'est-à-dire ?
Be ché pas, elle m'a téléphoné la
dernière fois, je lui ai dit moi ça m'intéresse pas... je
leur ai donné des tranches d'horaires ils comprennent pas non plus !,
Parce que moi je peux pas aller bosser non plus à 5h du matin, je vais y
aller comment ? A cheval ??Non mais c'est vrai ! C'est ça aussi ! La
boulangerie aussi...
C'est là où elle t'avait dit d'acheter un
scooter ?
Voilà ! Et je l'achète avec quoi, des ronds de
carotte ?? J'ai déjà pas de quoi bouffer jusque la fin du mois et
elle veut que j'achète un scooter ! Il faut réfléchir un
petit peu dans sa tête !
Tu as rencontré des recruteurs, ça s'est
passé comment ?
Ben ça va, ça s'est bien passé, mais comme
j'avais pas d'expérience dans ce domaine là... c'est vrai aussi,
ils me trouvent du boulot mais dans des branches que j'ai jamais fait !
Oui mais ça les recruteurs le savent d'avance en
s'adressant à une ETI...
Ben ouais mais... ben non ... à la base non, en fait
elle prend rendez vous avec le mec, moi j'y vais et puis il a mon CV, pis il me
dit « à ben t'as jamais fait de restauration ? » je
fais « ben non, en même temps pour faire un sandwich il faut pas
20 ans de restauration ! »... Le mec à la base il doit
déjà savoir qu'on à pas beaucoup d'expérience...
alors ça sert à quoi, pour dire « ben non »,
c'est une perte de temps...
Et est ce que la personne de CAP Ets était avec toi
?
Ouais
A chaque fois ?
Ouais ouais !
Elle intervenait durant l'entretien ?
Non elle me laissait faire.
Elle faisait le point avant et après l'entretien
?
Oui.
Est-ce qu'elle essayait de trouver pourquoi ça n'avait
pas fonctionné ?
Non... elle me demandait pourquoi je n'avais pas
été prise... pis elle me rappelait quand elle avait une nouvelle
offre.
Donc c'est le seul contact avec l'intermédiaire de ton
AS ? Oui
Elle ne t'as jamais proposé de faire partie du PLIE ?
Non je sais même pas ce que c'est ce truc là...
C'est une institution qui met en place des outils d'insertion
qui vont de la formation aux ateliers techniques en entreprise...
Ah... c'est bien ça !
Je suis même pas au courant ! je savais même pas
que ça existait ce truc là ! Ben non sinon j'aurais
été si elle m'en avait parlé euh...j'aurais
déjà dit et tout...on est encore bien renseigné, c'est
sur...
Si tu fais une demande de formation, tu penses que tu aurais
des financements ? Ben peut être ouais, pas sur....
Si tu dois mettre de ta poche ??
Ben ouais je mettrai, je la ferai la formation. Parce que j'ai
besoin de faire une formation pour ce que j'ai envie de faire. J'ai besoin
de... de ça quoi !
Pour avancer plus et puis pour pouvoir, dans mes recherches de
travail c'est mieux d'avoir une formation comme ça... c'est mieux... ben
oui si je dois mettre de ma poche je le fais quoi...
C'est pour moi, j'en ai besoin quoi, ça me
dérangerait pas.
Et au niveau du temps de formation, y a-t-il une limite pour
toi ?? Ben faut pas que ça dure non plus 30 ans quoi...
Qu'est qui te bloquerait le plus pour faire une formation
?
Ben rien... ben ça dépend des heures, et du
lieu... je peux pas aller n'importe où sans bagnole et puis peut
être financier aussi, si je dois donner 150€ par mois, c'est pas
possible. Les conditions d'accès à la formation... si je dois
faire une formation de 6/7 mois je la fais, moi je m'en tape.
Tu penses qu'une formation peut t'aider sur le marché
de l'emploi ?
Je pense oui. Parce que j'ai aucun diplôme et tout, je
pense que ça peut m'aider justement... ca sera un plus encore...
Parce que tu me disais que tu étais surtout
passée dans des associations...
ben voilà quoi, je pourrais peut être cibler dans
d'autres trucs que..Des associations de merde quoi.
Qu'est ce que tu leur reproches aux associations ?
C'est des arnaqueurs, et puis voilà ! La, le contrat
d'avenir, je reproche que j'avais droit à une formation et puis que,
on m'a pas bien informé et puis on arnaqué. Je devais faire 26h
et on a
profité de moi pendant 6 mois j'étais mal
payé, j'étais pas payé ce que je devais être
payé, j'avais un contrat et qu'ils respectent pas eux le contrat. Toi tu
le respectes et eux ils le respectent pas, alors eux, les associations c'est
vraiment profiter des gens, surtout des gens qui sont au RMI, des... des cas
sociaux... parce que eux ils se disent bon c'est un cas soc', pendant 6 mois on
va pas la payer de toutes façons elle y connaît rien, et tout
quoi...
Le fait que vous ne soyez pas au courant de certaines
informations, ils en profitent ?
Ouais. Ils profitent des gens et moi je l'ai bien vu quand j'ai
fait mes 6 mois de contrat d'avenir, franchement je l'ai bien vu. Ils m'ont
vraiment pris pour une grosse andouille. Malheureusement je pouvais pas
arrêter mon contrat parce qu'un moment donné je voulais
arrêter...
Qui est ce qui t'as que tu ne pouvais pas arrêter ton
contrat ? Ben elle (la patronne)
Et tu as essayé de savoir si c'était vrai ou
pas ?
Ben non pas vraiment, parce que c'est elle qui m'a dit que je
m'étais engagé et qu'il fallait que j'aille jusqu'au bout.
Est-ce que tu as signalé les problèmes que tu
rencontrais ?
ben oui, une fois j'ai signalé, j'ai été
au... comment ça s'appelle... la DDTE... j'ai été signaler
et montrer mon contrat et tout, et j'ai été reçu et elle,
elle m'a dit « bien vous voulez que je fasse un signalement
», j'ai dit non , je vais attendre un petit peu, mais elle a vu qu'il
y avait plein de trucs, la convention elle était pas bonne, que le truc,
que aide ménagère euh, que c'était pas le terme, que non
voilà, employé de maison c'était pas ça, mes heures
c'était pas ça, que... parce que quand j'ai commencé je
faisais plein d'heures supplémentaires que je devais obligatoirement
être payée, elle était obligée de me payer toutes
les heures au-delà de 26 heures, c'était des heures
supplémentaires et elle, elle me les a jamais payé, elle me les a
tout le temps mis en récup', là, elle m'a arnaqué, sur
ça aussi. Alors que quand j'étais au truc, la dame elle m'a bien
dit que toutes mes heures supplémentaires devaient être
payées. Elle me les a mis en récup', elle a été
maligne...voilà quoi, enfin plein de trucs comme ça...
Tu as signalé ça à la DDTE, mais est ce
que tu as signalé ça à l'ANPE et ta
référente ? Non.
Pourquoi ?
Ben je me dis ça sert à rien, ils sont avec eux.
L'ANPE y vont voir le contrat d'avenir et tout et ils vont dire « non
c'est comme ça » euh...j'avais pas envie de me casser la
tête quoi, j'avais pas envie de m'entendre dire des trucs comme
ça, alors je me suis dit bon ben alors je vais continuer...
Il y avait eu un contact avec la CAF...
Ouais ouais. Au niveau de la CAF elle m'avait dit qu'il y
avait eu un problème parce qu'ils avaient touché l'argent et
tout, qu'ils avaient déclaré une période que je
travaillais alors que c'était pas vrai, et c'est moi qui doit
rembourser... la mon contrat je l'ai commencé le 26 juin, et eux ils ont
déclaré début juin. Donc c'est moi qui a du rembourser.
Et tu n'as pas fait de réclamation auprès de
ton employeur ?
Non. Parce qu'elle m'énervait je sais que
c'était une connasse. J'avais envie de finir mon contrat et de me barrer
quoi ; Franchement c'est dommage parce que sur le terrain, et tout, ça
va, j'étais avec des gens sympas et tout quoi, j'étais dans des
familles c'était dur quoi je veux dire, c'était des mères
de famille, elles avaient vraiment besoin d'un coup de main et tout quoi. Mais
sinon, dans mon travail j'ai découvert que faire ma formation d'aide
à domicile pour les personnes âgées, ça m'a vraiment
permis de découvrir que ça me plaisait. J'ai vu que vraiment
ça, j'avais envie de le faire.
Donc ce contrat t'as permis de découvrir un
métier ? Ouais.
Tu n'avais jamais fait ça avant ?
Euh, non. J'avais fait du ménage comme ça. Mais
comme ça, comme ça se passait comme ça, non. J'ai
découvert que ben, j'aimerai bien m'occuper des personnes
âgées, qui sont handicapées qui ont besoin, et pis que...
(silence)
SI tu avais plus de suivi et de conseils concernant la
formation, tu t'en sortirais mieux ?
Ouais parce que là t'es pas bien informé, on te
dit rien, comme là, mon assistante sociale elle m'a jamais parlé
du PLIE, c'est son métier quand même, elle sait ce que c'est. Ils
peuvent t'aider pour retrouver un boulot, pour faire une formation et
tout...Elle me l'a même pas dit...
Est-ce que tu vas au CCAS ?
Non jamais. Ben non le CCAS il s'occupe que des gens sans
enfants. Alors on me renvoie vers l'assistante sociale.
Tu trouves ça bien de n'avoir qu'une seule personne
référente...
Ben faut pas en avoir trop non plus quoi, je trouve ça
bien, si elle t'aide vraiment, comme là c'est pas le cas ! Ouais si elle
est vraiment compétente, qu'elle sait t'orienter ouais !
Et les centres sociaux ?
Non, non...Ils peuvent rien m'apporter, ils profitent des gens
aussi quoi... parce que moi j'ai travaillé dans un centre social aussi
et... je sais comment ça se passe... Ils profitent, donc moi ça
m'intéresse pas. J'ai un centre social en face de chez moi, mais je n'y
vais pas, pourtant on m'envoie des trucs, mais ça m'intéresse pas
quoi. C'est pas la peine !
Concernant l'intérim, tu as déjà
essayé ?
Non franchement non. Parce que quand tu veux faire de
l'intérim ils te proposent des postes où il faut une bagnole, je
veux dire tu dois aller bosser à 5 heures du matin à Bouquet
d'Or, moi... les missions comme ça, a m'intéresse pas, je peux
pas accepter les missions comme ça pour l'instant.
Le fait de ne pas avoir de voiture c'est du à quoi
?
J'ai pas de ronds. C'est financier. Si j'avais les moyens je
passerai le permis, mais... Ca débloquerait la situation ?
Ben je pense ouais, parce que je serai plus mobile ! Si j'ai ma
bagnole, si je dois faire 30 bornes tous les jours, je le ferai !
Et si on te demande de déménager pour un boulot
? Ben je me barre, j'y vais !
Qu'est ce qui t'empêchera de partir ?
Rien, je n'ai pas d'attache ! Sauf si on me dit de me
déplacer pour aller faire le ménage chez des particuliers, je
refuse !
Tu as attends quoi actuellement ?
Moi si demain on me permet de faire ma formation d'aide
à domicile pour les personnes âgées, et pis plus tard
continuer pour me spécialiser encore plus, mais d'abord démarrer
par une formation de base, pour voir ce que je peux faire après et aussi
je que je peux faire... parce qu'aussi il faut payer ta formation, ça
revient cher, moi j'ai pas d'argent... et si après je monte et que suis
qualifiée et que je deviens aide soignante, et qu'on me dit y'a un poste
sur Marseille ben j'y vais. Un contrat CDI.
Le but pour toi c'est le CDI ?
Oui. En attendant je fais des heures, et pis ça me fait
des sous et en attendant ça m'empêches de faire euh... de rester
sans rien quoi.
Ca t'arrive d'avoir des contacts avec des personnes qui ont
de bons filons pour le boulot ? Non, pour l'instant...
Le fait de rester dans le réseau associatif...
(Elle me coupe) Pour le moment oui, mais en attendant je
peux m'adresser qu'à des associations comme ça
Pourquoi ?
Parce qu'on me donne rien d'autre. Je peux choisir mes heures,
c'est adapté à ma situation, à mes demandes.
Tu dis que c'est eux qui s'adaptent à ta demande, mais
lors d'une embauche dans le privé cela risque d'être le
contraire...
Ce sera peut être difficile... mais ça va
quoi...il faudra que...mais si c'est un privé ce sera peut être
plus stable pour moi, peut être qu'il me proposera un vrai contrat
d'embauche après des CDD. Donc je n'hésiterai pas à
m'adapter. L'associatif c'est pour me permettre de pas rester à rien
foutre. Parce que j'ai pas envie de m'arrêter en si bon chemin et j'ai
peur que si je m'arrête je peux pas reprendre justement. Voilà.
(silence)
Je préfère rester active avec les associations,
je me bouge trois fois par semaine, je garde un rythme de travail... parce
qu'après ça va vite, quand t'arrêtes de travailler tu fous
plus rien, tu sais t'es vite euh...(silence)
Le fait d'être au RMI ça t'as mis des
bâtons dans les roues pour le contact avec certaines personnes ?
Jusque là, maintenant non... enfin moi
déjà je vais jamais demander d'aide, j'ai pas beaucoup de contact
avec les travailleurs sociaux. J'en ai pas besoin. Pourtant je pourrai en
profiter si je voulais, avoir ça, ou ça...mais euh... non
voilà quoi. J'essaye de me débrouiller seule, parce que je serai
pas toute ma vie assistée non plus quoi...il faut que je me
démerde un petit peu, enfin je dis assister mais bon... on est pas au
courant du quart des choses...
Non, non, mais quand je peux me débrouiller toute seule je
le fais quoi, j'ai pas besoin non plus de... voilà quoi.
Le RMI c'est utile pour toi ?
Non le RMI c'est utile, mais faut pas le donner pendant des
années et des années, parce que les gens après ils
deviennent fainéants et pis ils se disent que de toute façon il y
a des sous qui tombent chaque mois...
Mais tu disais que tu ne gagnes pas tant que ça au
RMI...
Non ! Mais bon... le fait de pas avoir de référente
compétente ça t'enfermes aussi dans le système, à
mon avis c'est peut être fait exprès je sais pas...
moi je sais que je sais ce que je veux, je veux faire ma
formation, j'ai envie de trouver un boulot stable et puis esquiver le RMI, et
puis les ASSEDIC, et puis avoir un salaire, parce que le RMI c'est pas non plus
stable quoi. Le RMI tu fais rien avec, euh... tu peux rien faire,
sérieux le RMI tu peux rien faire, je vais pas en vacances, je fais rien
euh...
Moi je suis pressée vraiment... moi je vais tout faire
pour faire ma formation et puis trouver un truc stable quoi et
voilà...et puis pour moi quoi ! Ma retraite euh ! je vais plus rin avoir
mi... « vous avez travaillé combien de temps dans votre vie ?
Oh 1 an ou 2 ? ben vous avez rien, hein ! » (elle rit). Voilà
quoi, il faut penser aussi pour toi plus tard et tout, c'est important !
Voilà !
Tu as quelque chose à ajouter ?C'est mon dernier
mot...celui du maillon faible.
Entretien Gaël , PLIE
Mars 2007
Durée d'entretien : 2h30
Q : quels sont tes principaux partenaires et avec qui
travailles tu le plus souvent concernant les dispositifs insertion
?
La réponse spontanée qui me vient puisque c'est
forcément le quotidien c'est l'ensemble du réseau des
référents, prescripteurs du PLIE euh... et l'ANPE et la mission
locale... voilà enfin ; pourquoi je cite ça c'est parce que
euh... c'est-à-dire que au delà des personnes qui y travaillent
c'est aussi le fait de repérer qu'il y a aussi un rapport institutionnel
quoi...dans ce partenariat. (Interruption d'un collègue 21 secondes).
Oui donc euh, d'ailleurs c'est vrai que sans doute le partenariat qui sans
doute un petit peu différent dans l'histoire c'est au niveau de l'ANPE ;
c'est beaucoup plus un, en tout cas un rapport à directions, plus qu'un
rapprot aux équipes directement. Ya plus de contact avec les deux
directrices adjointes.
Avec l'ANPE, ce serait plus institutionnel ou politiques ?
Euh, oui et non parce que bon, déjà ce qu'y,
c'est par exemple aux comités d'accès ça fait au moins un
point de contact, euh, chaque semaine (XXXXX) des positionnements qui sont fait
dans le cadre du PLIE, bon, voilà, de fait Alors c'est qu'après
on est plus dans des circonstances comme c'est actuellement en termes de fin de
protocoles etc., bon ben naturellement, euh, y'a un contact aussi encore un peu
plus important, en ce moment que d'habitude. Euh, sinon, c'est vrai
qu'après au niveau du CCAS, c'est sans doute aussi un rapport un peu
plus privilégié avec les responsables de service, P et C, surtout
P d'ailleurs, ce qui est un petit peu logique par rapport à leur mode de
fonctionnement et le fait qu'a priori le public qui est suivi au services des
actions sociales, a finalement plus vocation à se positionner dans le
PLIE que le public qui est suivi par R 3O ou la on aura plus une orientation
euh... ( interruption d'une collègue 27 secondes) ; Donc oui, euh, donc
ça c'est ce qui me vient spontanément par rapport au quotidien,
alors c'est qu'après les, le... partenariat qui est un peu plus
fluctuant dans le temps ça va être aussi le conseil
général, participation aux comités de lecture, et puis
aussi donc bon des, des points de croisement je dirai sur, euh, ben... par
exemple le comité de pilotage sur la mise en place des contrats
d'avenir, ce genre de choses quoi. C'est beaucoup plus ponctuel, beaucoup plus
dilué mais, euh...
Et après naturellement il y a aussi euh le, le contact
avec l'ensemble des...alors c'est vrai qu'on oscille toujours entre le
partenaire et l'opérateur ou le prestataire ou euh... bon...le fait est
qu'on est bien sur un rapport de conventionnement avec tout un tas de
structures, dont on dit que elles sont aussi partenaires, même si
naturellement on est sur euh...plus sur une précaution sémantique
qu'autre chose quoi. Et donc la naturellement c'est euh, ben le rapport avec
euh, ben les structures avec lesquels je suis désigné comme
étant l'interlocuteur identifié et donc ça va être
inter'propre, ça va être la ville, euh...tout ce qui est
recrutement etc....euh, les papillons blancs aussi... euh... et puis
après par, euh, je dirai la aussi, au coup par coup avec euh, ben
l'ensemble des autres, euh, des autres structures employeurs avec lesquelles on
est en convention quoi, ben c'est plus tiens machin, allez voir là pour
répondre à la question, est ce que toi tu ne peux pas essayer de
me donner une réponse ? Et pis c'est vrai qu'en étant un petit
peu sur un rôle qui est un petit peu transversal par rapport à
l'ensemble des publics bénéficiaires du PLIE, c'est vrai
qu'à un moment donné, bon, ...forcément amené
à, à être
interpellé sur, voilà, un petit peu l'ensemble des,
des actions ou non actions qui peuvent être menées par les
bénéficiaires. Je ne sais pas si je réponds à ta
question... ?
Q : oui c'est très complet ! D'ailleurs on
parlait la dernière fois entre deux portes de la circulation de
l'information entre les personnes, entre les institutions, les partenaires,
etc.... Toi, tu en penses quoi de cette circulation de l'information, et
quelles seraient les choses à améliorer ?
Alors là c'est vraiment le coeur de mes
préoccupations continuelles, parce que... je crois que vraiment la
manière dont le PLIE a été envisagé ici sur
Tourcoing, bon, je vais peut être faire un petit tour en
arrière...
Y'a quand même un choix stratégique important qui
a été fait, qui a été celui de considérer
que les référents prescripteurs du PLIE, à partir du
moment où les publics qu'ils avaient positionné pour
intégrer une action et donc intégrer cette action, ils
démarrent leur parcours dans le cadre du PLIE, deviennent par la
même occasion, nos interlocuteurs, c'est-à-dire, les
référents de parcours. Ce n'est pas le cas dans le fonctionnement
des autres PLIE ou c'est parfois géré complètement
à l'interne etc....
Ce qui signifie que, euh, questionnement naturellement quand
on dit la première valeur ajoutée d'un PLIE, c'est
l'accompagnement renforcé. De manière assez légitime, je
crois les référents généralistes de parcours,
référents RMI dans un premier temps ils peuvent se dire
« attendez, vous êtes entrain de me dire que parce que j'ai
positionné quelqu'un dans le dispositif, c'est moins qui vais mettre en
place la plus value vis-à-vis de la personne, quoi »... c'est
un petit peu curieux. Néanmoins, je crois que ... le choix qui a
été fait euh, trouve pleinement sa légitimité,
puisqu'on est bien dans l'idée de ne pas multiplier les
différents interlocuteurs etc., mais que par contre, ça signifie
bien qu'à notre niveau, on a une responsabilité d'autant plus
importante, de s'assurer que l'ensemble des propositions, prescriptions
possibles vis-à-vis de ces publics soient connues des
référents. De la même manière qu'on a aussi
nécessité de récupérer le plus souvent possible,
enfin à chaque fois que nécessaire, euh les différentes
évolutions qui sont constatées auprès du public, afin que
les référents puissent nous dire, et finalement pour se
libérer d'ailleurs l'esprit de ça, « ben tiens ce serait
pas mal si on pouvait relayer telle proposition à telle personne ».
Donc c'est vraiment une information qui doit aller dans les deux sens.
C'est vrai que par rapport à ça et dans un but un petit peu de
simplification on a mis en place tout un tas d'outils, naturellement,
c'est-à-dire beaucoup de fiches, de positionnement, de truc etc. Ce qui
fait que régulièrement j'entends, euh, et puis même c'est
devenu une boutade... A chaque fois qu'on met en place une nouvelle fiche, j'ai
euh... « on commençait à s'inquiéter ça
fait au moins deux mois qu'on nous en avait pas proposé une, mais euh
que se passe t-il, ils ne travaillent plus ? » Donc euh, c'est vrai
qu'on doit être à peu prêt à une vingtaine de fiches
aujourd'hui, qui doivent pouvoir s'adapter en fonction de circonstances etc. Le
fait est qu'à force ça finit par être très
très lourd... enfin, ça apparaît lourd, « ah ouais
mais donc, il faut se souvenir ou est ce que c'est la fiche, est ce que c'est
la douzième, la treizième euh...la sixième etc., bon
« ... Euh... donc y'a cet aspect là. Après, ce qu'il se
passe aussi c'est que donc euh, on fait aussi u relai d'information qui est
vraiment ciblé sur le domaine de l'insertion professionnelle, face
à des référents, pour lesquels ce champ là ne
représente qu'une partie de leur activité. Et que par ailleurs,
ils récupère constamment de l'info sur, notamment en termes de
logement qu'est ce qui se passe, en termes de santé qu'est ce qui se
passe...euh, donc le tout c'est de savoir finalement comment on se positionne
au milieu de tout ça, est ce que, on est pas un petit peu l'info qui
arrive et qui concerne tellement peu de personnes qu'elle est très
rapidement oubliée, qu'elle est même pas lue ou euh ...bon
voilà, c'est un petit peu les, les craintes qu'on peut avoir à
notre niveau.euh... donc c'est pour ça que au-delà de cet aspect
un petit peu,
envois de mail, envois de fax etc.... je crois que c'est
important aussi de , d'avoir un contact physique, qui soit régulier,
donc ça c'est les comités de suivi, la ça permet de
s'assurer de savoir est ce que tout le monde a bien reçu l'info., est ce
que tout le monde l'a bien compris de la même manière, euh est ce
que tout le monde a bien saisi dans quelle mesure ça peut venir faire
sens par rapport à d'autres actions qui ont déjà
été menées, ou euh, je crois que pour moi c'est le
rôle essentiel qui est tenu dans ce cadre là. C'est aussi une
manière de, ben je dirai, d'entretenir le contact et pis aussi de faire
en sorte que lorsque tel ou tel référent se retrouve
confronté à une question, euh, ben il décrochera son
téléphone, ou bien, il enverra un fax d'autant plus facilement
pour demander du complément d'info. Alors c'est vrai que la
difficulté qui vient se greffer parallèlement à ça
c'est que naturellement sur les référents qui sont euh,
très présents dans les comités de suivi, ça ne me
pose pas trop de questions, même si le fait est qu'il y a quand
même nécessité de faire de la répétition
très très souvent, hein. Mais c'est les autres quoi... comment,
comment fait-on pour euh, pour euh, pour les toucher ?
Sachant que, le constat que j'ai pu dresser ces
dernières années c'est qu'il est bien évident que ceux
qu'on réussit à toucher le plus facilement, c'est ceux qui sont
eux-mêmes les plus isolés dans leur vécu quotidien...
Q : d'accord...
C'est les référents généralistes de
parcours qui sont seuls dans les centres sociaux... y'a qu'eux qui font se
boulot là..
Q : comme B.
Comme B par exemple, bon qui naturellement va être
très demandeur, de parce que bon lui... il n'est pas en équipe...
La ou par contre ça va poser plus de difficultés, ca va
être lorsque justement on est confronté à des grandes
équipes qui ont déjà leur mode de fonctionnement bien
particulier et leur réunion hebdomadaires etc., euh, là et je
pense naturellement au CCAS et aux deux UTPAS, avec, euh, je dirai bon, au
niveau du CCAS , il est clair, des avancées constantes au fil du temps,
c'est même plutôt carrément positif ce qui se passe,
même si il reste quand même des choses à accomplir, et pis
une difficulté récurrente au niveau des UTPAS quoi, là
c'est un petit peu la forteresse inviolable pour l'instant. Mai euh, et ou
là pour le cout, on sait très bien qu'ils sont destinataires
d'une information à un moment donné, comment cette information
elle est traitée, comment elle est dispatchée, on peut avoir
beaucoup de fonctionnement quand on voit le peu de, de retour effectif qu'on
peut avoir, avec simplement une identification qui a été claire
euh ... qui voit un petit peu sur le globalement, c'est euh... tout ce qui est
sollicitations de financements de formation ça se passe bien, parce que
là on a bien repéré que, tiens là... c'est
l'organisme à la porte duquel il faut taper pour avoir des sous... donc
bon, tout le monde est à peu prêt paré pour constituer le
dossier nécessaire à une demande comme celle là. Mais par
contre c'est vrai qu'au niveau des UT, il continue à avoir des
positionnements dans le PLIE alors qu'ils sont en plus peu nombreux, mais dans
lequel, c'est... « cette personne veut travailler, j'ai testé la
plateforme IOD, ça n'a pas marché, euh, bon, est ce que vous
pouvez faire quelque chose quoi ».Est ce que la conclusion qui a
été tirée par le référent c'est ben, comme
l'IOD n'a pas marché, c'est forcément un positionnement contrat
aidé, c'est un positionnement contrat aidé, est qu'on est
plutôt sur première étape de parcours type CAE ou CA, ou
est ce que c'est plutôt CDDI... rien de tout ça n'est
travaillé au jour d'aujourd'hui
Q : donc d'après ce que tu me dis, le soucis
c'est qu'on se retrouve face à des référent avec des
formations différentes et des cultures différentes ; par exemple
l'UT, c'est plutôt des AS, qui vont être sur un positionnement
famile, aide à l'enfance et qui ne seront pas spécialisée
dans le retour à l'emploi et l'insertion professionnelle, ou l'insertion
dans sa globalité, alors que d'autres référents seraient
effectivement...
alors c'est vrai qu'au niveau des UTPAS il y a une
revendication forte à leur niveau, j'ai envie de dire une culture
extrêmement tenace les concernant, qui consiste à dire «
nous on est là pour s'occuper des familles, euh, et l'insertion
professionnelle, on ne connaît pas donc il ne faut pas nous demander
quoique ce soit là-dessus. ». Alors euh, petit commentaire
comme ça, en parallèle mais... et en même temps ça
vient en contradiction avec ce que le conseil général peut dire
par ailleurs, c'est-à-dire que, par rapport à la
nécessité de, d'augmenter encore le taux de contractualisation
par les bénéficiaires RMI, comme tout le monde est un peu
débordé, le, ce que la DT relaye à tout le monde, c'est,
si quelqu'un n'a pas de contrat d'insertion, vous l'envoyez dans les UT et ils
lui signeront sont contrat d'insertion. Cette même personne qui va
arriver à qui on va dire « comment ça vous êtes
célibataire, euh, bon euh, vous vivez seul etc... mais vous n'êtes
pas du tout notre public, euh, c'est ailleurs qu'il faut s'adresser ».
Donc on est déjà sur ce décalage là. Et en
même temps l'expérimentation, enfin, expérimentation qui
s'installe dans le temps d'ailleurs hein, la plateforme IOD que le conseil
général à mis en place euh, de son propre point de vue,
c'est quand même un truc qui est là pour répondre
très spécifiquement sur le domaine de l'insertion
professionnelle. Y'a que les UT qui peuvent positionner dessus...sachant aussi
que donc, comme on sait qu'ils ont une forte pression de prescription
« attendez y'a autant de place etc., il faut envoyer du monde »
euh, je crois que ça explique aussi certains loupés...
enfin, pff, ça c'est vraiment des suppositions, car je vois ça de
très très loin, mais je crois que ça explique aussi
certains loupés, puisque euh... comme d'un coté on dit que
« ben l'insertion professionnelle, j'y connais rien », ce
qu'on peut aussi traduire par « donc je ne me sens pas non plus en
capacité pour établir un diagnostic », qui va permettre
d'établir où se situe la personne en termes de, même si le
terme n'est pas joli et nécessiterait discussion là aussi, mais
euh ... en terme d'éloignement à l'emploi. Donc finalement, le
tout, je suppose que la personne, à certain moment elle dise «
j'ai envie de travailler », ce qui correspond bien, d'ailleurs,
à la, à l'idée d'IOD, donc paf, envoyé sur la
plateforme... euh...bon... Donc c'est vrai qu'il y a cette difficulté
là, et ensuite ce qui peut se produire dans certains cas de figure c'est
« ben tiens, ça n'a pas marché sut la plateforme IOD,
qu'est ce qui reste à disposition un petit peu dur le territoire, et que
je puisse avoir l'idée d'avoir une possibilité de prescription..
ben c'est le PLIE .Parce que là où il y a un
éloignement, enfin, une distance certaine, c'est aussi entre les UTPAS
et les ANPE. La pour le coup, y'a pas beaucoup de contact non plus. Enfin
euh... peut être un peu plus de contacts avec la mission locale, mais
euh, on est sur... bon...sur d'autres champs aussi... parce que là on
vient croiser l'ensemble des problématiques que, que gèrent les
missions locales euh... version IOD quoi. Euh je ne sais plus la question que
tu posais au départ... ?
Q : La question c'était sur la circulation de
l'information, et j'étais revenu sur les référents , sur
le fait que les référents aient des cultures différents,
et que les as ne sont pas référentes à la base, on leur a
imposé plus ou moins cette casquette là, et c'est vrai que leur
réponse est qu'elles ne sont pas spécialisées dans ce
domaine...
c'est pour ça que l'information elle doit se jouer
à deux niveau, je te coupe, pardon. parce que j'avais l'idée
tout à l'heure qui m'avait choppé mais...je vois deux niveaux
c'est-à-dire que, c'est aussi bien l'information brute en termes de
voilà, y'a une possibilité de positionner tel
type de personne sur telle type d'action, et je crois qu'il y
a toujours la nécessité aussi à coté d'être
aussi dans une présentation pédagogique qu'on doit avoir aussi le
soucis de l'appropriation de cette information, comment elle est reçue,
intégrée et traitée par le référent
concerné. C'est aussi pour ça qu'à chaque fois qu'il y a
eu des changements au niveau des postes de référents, comme
ça se produit finalement assez régulièrement, j'essaie
toujours d'avoir un premier entretien individuel avec euh, avec ces personnes
qui débarquent sur le territoire pour euh, essayer de faire un petit
tour d'horizon rapide, en une heure et demie, ben tiens le PLIE de Tourcoing
c'st quoi, quelles sont les actions qu'on met en place, et pis aussi de, de
rentrer tout de suite cette personne là, voilà dans le
réseau. Qu'au moins elle ait simplement retenu dans l'histoire que
voilà, si a un moment donné, elle doit poser une question en
termes d'insertion professionnelle, le PLIE est un interlocuteur vers lequel je
peux me tourner pour avoir des informations complémentaires.
Q : Au niveau des référents qui
relancent souvent, qui font de la demande d'information, est ce qu'il y a une
corrélation entre le nombre de positionnements et le nombre de contacts
avec le PLIE et est ce que vraiment tu as des difficultés à
communiquer avec ceux qui ne contactent pas beaucoup le PLIE. Qu'est ce que
ça empêche, le fait de ne pas pouvoir communiquer avec ces
référents là ?
la difficulté, cela signifie que pour les publics qui
sont concernés, suivant que je vais être euh, je vais signer un
contrat d'insertion, avec tel référent à tel endroit ou
avec tél référent à tel autre, donc en fait je
n'aurai pas accès au même niveau de service...Moi ce qui... pour
moi la question essentielle elle est là quoi... On pourrait se dire que,
enfin on sait que c'est souvent le cas dans des tas de système hein...
j'arrive à l'ANPE y'a plein de guichets, euh, finalement
j'aurai peut être une réponse si je suis
reçu par monsieur machin plutôt que par un
autre...oàl'inverse sur telle ou telle thématique.
Euh, ouais enfin je crois que c'est surtout ça le souci...
de ne pas toucher finalement tout une partie de public. Alors
est ce que ça signifie aussi que comme le choix de l'UTPAS a
été de toute manière de s'orienter vers les familles et
pis, on va donc retrouver plus souvent des familles prises dans pleins de
problématiques qui font que souvent de toute manière c'est pas
vraiment des personnes qui correspondraient non plus au moment du PLIE, parce
qu'elles sont entrain de résoudre autre chose, est ce que c'est aussi le
fait qu'on va retrouver là peut être plus facilement, femmes
isolées avec enfant, et pis bon, pour lesquelles c'est pas
évident non plus... heu..Pff... oui peut être mais pas seulement.
Après, ce qu'il y a aussi c'est que, je crois que l'une des craintes
constantes qu'on peut avoir c'est qu'elle est la stigmatisation aussi qui vient
se mettre sur moi à partir du moment où je suis suivi euh,
à tel où tel endroit, et en quoi je reste pas à un moment
donné piégé dans telle ou telle étape de parcours,
parce que , voilà on est capable de m'apporter une réponse
làdessus mais, mais forcément capable de mettre en place des
passerelles pour passer à l'étape supérieure quoi...
Q : le souci serait donc le passage de relai, la
construction de passerelles pour le relai.
Tout à fait. C'est vrai que ça me fait penser
aux comités de lecture organisé par le conseil
général. Les comités de lecture c'est l'ensemble des
contrats pour lesquels il y a signature de contrats d'insertion en
renouvellement de signature de contrat d'insertion, et dans lequel on est un
petit peu en dehors des clous habituels, et pour lesquels il y a un
comité qui est réunit pour dire tiens, est ce que ça
parait être dans les clous ou pas dans les clous ? C'est aussi une
instance que saisissent les référents lorsqu'ils sont
confrontés à une situation qui leur pose un petit peu soucis. Je
me dis que l'intérêt d'y être c'est aussi de faire entendre,
à un moment donné, auprès de l'ensemble des
référents qui sont présents autour de la table, puisqu'ils
sont
invités à venir défendre directement
leurs questionnements, leur prise de position, c'est aussi de pouvoir que ben
tiens peut être que là le PLIE pourrait être en mesure de
pouvoir répondre à ça, et puis toujours de partir du cas
individuel pour essayer de faire en sorte qu'on soit sur la pédagogie de
l'exemple... euh... en même temps ce qui me pose question, c'est que je
me dis, au fil du temps, je me dis ben ouais, ben finalement les
référents que je retrouve en comité de lecture sont
généralement les référents que je retrouve en
comité de suivi. Et donc je crois que là pour le coup on est
vraiment sur une problématique qui vaut, à mon avis, pour
l'ensemble des...enfin bon... pour notre financeur essentiel qui est le
département, il faut quand même le dire... il y a des choses qui
s'enclenchent là sur un périmètre donné, comment
est ce qu'on fait pour essayer d'aller au-delà et puis pour essayer
d'harmoniser l'ensemble des pratiques dans l'intérêt des publics ?
Ce qui n'est pas évident...
Je crois que l'une des explications concernant les
comités de suivi voient des participants réguliers c'est que
auparavant il y avait la cellule d'appui RMI qui était existante pendant
tout un temps et qui justement relayait de l'info, les infos rapides comme ils
les appelaient, donc euh, régulièrement t'avais des enveloppes
avec euh, la pelletée de photocopies pour t'avertir de l'action de
formation qui démarre, tel recrutement qui était en cours etc....
et qui réalisait aussi des rencontres thématiques. Mais alors
vraiment sur l'ensemble des champs auxquels peut être confronté el
référents RMI dans sa pratique. Comme ça, ça a
cessé d'exister, je crois que les comités de suivi sont venus un
petit peu se substituer, mais même si le fait est aussi, que de ce fait
là, on est essentiellement sur des thématiques qui touchent
à l'insertion professionnelle et que... voilà quoi... ne posez
pas des questions sur ce qui se passe au niveau de la santé, je serai
bien incapable d'y répondre.
Q : C'était plus global au niveau de la cellule
RMI, c'est ça ?
La cellule d'appui RMI on était sur l'ensemble des
champs. Euh, après ce qu'on a aussi décidé à un
moment donné c'est que comme, y'a les référents RMI, je
veux dire voilà, qui constituent une partie essentielle du
réseau, il y a donc les publics pour lesquels il n'y a pas de
référents qui est pré existant à
l'intégration dans le PLIE, donc là y'a eu une équipe
spécifique qu'on a mis en place et qui sont les référents
de parcours PLIE ; bon c'est vrai qu'au début c'était vraiment
deux mondes qui étaient distincts, y'avait le comité de suivi
référent de parcours PLIE et le comité de suivi avec les
référents RMI.. A un moment donné on s'est dit que ce
serait intéressant de pouvoir faire se rencontrer ces deux types de
référents parce que là où les
référents de parcours PLIE, je dirais, par rapport à leur
embauche initiale, on est plutôt allé cherché des
compétences en lien avec l'insertion professionnelle, et par contre, ils
sont sans doute un peu plus en difficulté lorsqu'on arrive sur le champ
du social, qu'on entend habituellement, et euh, à l'inverse, pour les
référents RMI qui sont en principe plutôt à l'aise
sur le champ du sociale mais beaucoup plus en questionnement sur l'insertion
professionnelle. Donc le fait de les faire se croiser aussi un moment
donné dans le comté de suivi c'est une manière aussi de
favoriser l'échange d'information qu'il peut y avoir entre les uns et
les autres. C'est une manière de répondre à des questions
en disant c'est favoriser l'échanges de pratiques, à un moment
donnée quoi. Donc tout ce qui peut relai d'information, sensibilisation,
échange de pratiques... voilà... faudrait essayer de mettre
ça en place constamment quoi... de la même manière aussi
qu'on essaie de faire en sorte qu'ils soient le plus possible en
proximité des publics lorsque ceux-ci sont salariés en contrat
aidé, mais aussi lorsqu'il y a des comités de suivi qui sont
organisés, alors, pas simplement pour se poser la question de «
ben tiens Mr machin truc termine son contrat d'avenir dans trois mois, qu'est
ce qui va se passer après pour lui ? » mais aussi de
manière plus globale, petit à petit le référent ait
aussi une connaissance de « tiens chez Canal, je sais qu'on fait
ça, on met ça en place, etc. etc., c'est tel type de poste, c'est
telle type d'action, par contre chez inter'propre,
c'est plutôt telle type d'action, de poste, etc.
» et puis donc naturellement de pouvoir affiner leur prescription
euh, en étant pas simplement dans l'idée que « ben tiens
je sais qu'il y a un recrutement en ce moment à tel endroit , il faut
que je fasse une proposition » alors voilà ce sera un petit
peu le hasard qui fera que ce sera celle là. Ou euh... voilà,
mais bien d'arriver à une proposition qui sera en fonction du projet
qu'on a plus ou moins déterminé c'est pertinent que cette
personne soit plutôt positionnée sur ce type de poste là.
Et là où naturellement on a une responsabilité nous, c'est
de naturellement quand on entend ça de tenir compte de cette information
pour relayer les propositions qui relayent cette information.
Q : justement pour revenir sur ce que tu disais tout
à heure concernant les as, avec les problèmes des personnes qui
ne sont pas en capacité de travailler, est ce qu'il y a des personnes
qui ont signé un contrat PLIE et qui ne sont pas en capacité de
travailler ? Quelle est ton positionnement dans ce genre de situation ? Exemple
concret : un monsieur qui souffre d'alcoolisme, qui est vraiment très
très touché, avant de le positionner sur une action insertion
professionnelle, y'a vraiment un gros travail à faire avant, et le
positionner sur une action insertion professionnelle concrète ne me
parait pas forcément pertinent.
effectivement, c'est vrai. Je crois qu'il y a des
différences de questionnements qu'il peut y avoir lorsqu'il y a un
positionnement d'intégration dans le PLIE et lorsqu'il y a un
questionnement en cours de parcours. Euh... il est clair que si une situation
comme celle là est repérée au moment de la demande
d'intégration, euh, l'idée qui revient tout de suite en
tête c'est « non mais là c'est quelqu'un qui relève de
l'appui social individualisé, c'est quelqu'un qui relève de
l'ASI, et donc là on est bien plus dans l'idée que le PLIE vient
dans le cadre d'une suite de parcours de ce qui a été
résolu déjà dans le cadre de l'ASI plutôt que de
fonctionner à l'inverse. Euh, après ce qui se passe c'est qu'une
fois que les personnes sont en parcours, le fait est que, ben je sais pas, il y
a eu des positionnements la dernièrement au niveau de la mairie,
spontanément comme ça quand tu regardes le parcours des personnes
, alors bon tu mets plusieurs trucs cote à cote alors bon tu te dis,
cette personne elle a déjà cet âge là, euh, je
reviens sur ses dix dernières années, sur des expériences
professionnelles qui ont été des contrats aidés avec des
périodes de creux,
etc. et j'ai a nouveau une demande de
positionnement, alors en plus, dans l'idée que c'est pas un
positionnement un contrat aidé qui serait vraiment sur l'espace
d'étape ultime comme ça pourrait être sur un positionnement
CDDI, mais on revient vraiment sur des positionnements contrat d'avenir par
exemple, et qui vont s'expliquer pleinement dans l'argumentaire du
référent qui dit « oui mais bon, on a pensé que
cette personne s'était remobilisée à un moment
donné, mais non, en fait euh, il y a toujours ça qui est
prégnant et puis... » Bon on s'aperçoit que l'insertion
secteur marchand c'est vraiment toujours pas la peine d'y penser là
maintenant tout de suite, en tout cas, a priori on pourrait le penser, mais que
la mise en situation de travail va permettre parfois dans certains cas de
figure, néanmoins, ben de pouvoir continuer de travailler justement sur
les problématiques périphériques. Pour reprendre ton
exemple en termes d'alcool, c'est aussi de se dire que si on sait que
déjà dans la structure bon ben ca va permettre de fixer un cadre
en disant ben tiens y'a des horaires de travail etc., et puis qu'en plus on
sait que c'est une structure qui est en capacité d'accueillir ce type de
public, bon, voilà...faudra continuer de travailler là-dessus.
Euh l'insertion marchande c'est encore le truc qui est mis
très très loin quoi. Après ce qui peut se produire c'est
qu'il y a vraiment des cas de figures dans lesquelles on dit ben non là
y'a vraiment eu une dégringolade pas possible, effectivement cette
personne est partie dans une dynamique qui était positive et là
elle est repartie vers la polyaddition etc., il peut arriver aussi des moments
ou on se dit qu'il n'est pas raisonnable de penser que dans les quelques mois
qui
viennent on va pouvoir faire une proposition à cette
personne là, et va pouvoir se traduire par une sortie neutre du PLIE. En
même temps, si on regarde ce parcours, on peut se dire que oui ça
a l'air comme ça négatif, parce qu'on peut se dire que la
personne à pu enclencher des choses et que ça ne se traduit pas
concrètement derrière, ça doit pas nous empêcher de
pouvoir réintégrer la personne à partir du moment ou elle
s'est remis dans une dynamique qui est un peu plus positive, donc euh, on va
pouvoir retravailler avec elle quoi .
Q : le fait que le parcours soit toujours plus ou
moins segmenté par une entrée dans le PLIE, puis dans l'ANPE...
est ce ça n'essouffle pas la dynamique... le fait d'entrer sur un
contrat aidé et ne rien avoir derrière par exemple. Finalement,
le parcours est toujours entrecoupé de période plus ou moins
longue. Est-ce qu'il est possible de « rêver » d'un parcours
continu ? Est-ce que le système n'engendre pas un essoufflement de part
le fait qu'il y ait des étapes comme ça tout le temps
?
La difficulté essentielle est pour moi celle du
maillage. C'est vrai que ces dernières années si on a vraiment
beaucoup mis l'accent sur le fait que les référents devaient
rester en proximité des publics, y compris lorsque les personnes sont
dans une étape qu'elle quelle soit d'ailleurs, euh, alors pour des trucs
tout bête comme de s'assurer que la personne a bien démarré
l'étape en question, que , en plus de ça, si elle rencontre un
difficulté particulière durant cette étape là ,
elle n'hésitera pas à se retourner vers son
référent, puisque il lui a pas dit « bon allez toi, bye
bye, on se revoit dans un an , ou deux ans quoi » , euh, et aussi
dans l'idée de pouvoir repérer le moment où la personne ou
la personne à résolu tout un tas de choses et de dire, bon ben
ça y est banco , et on peut y aller, et puis jouer la carte du secteur
marchand.
Au jour d'aujourd'hui, je crois que même si ça on
le met sur le papier comme une déclaration d'intention forte, le fait
est que ça se passe relativement peu souvent. Parce qu'il est
relativement difficile, à un moment donné de casser des
étapes qu'elles quelles soient avant d'arriver à terme, par
contre, là ou on essaie d'être le plus vigilants possible c'est
d'essayer de faire en sorte que le maillage qui va se faire entre cette fin
d'étape et l'action qui va suivre soit le plus court possible.
Ce que Dany a pu observer dans le cadre du plan emploi par
exemple c'est que , et c'est notamment le cas pour les publics en emplois
aidés de la mairie, c'est que au plus la proposition
d'intégration dans la médiation à l'emploi intervenait
tardivement après la fin de contrat, alors premier élément
: moins il y a avait d'intégration, c'est-à-dire que le rendez
vous était pris et la personne n'y allait pas , deuxième rdv
était pris et la personne n'y allait pas quoi... enfin on finissait pas
perdre tout contact, et que en plus, même si la personne finissait par
intégrer la médiation emploi, beaucoup plus d'abandons pendant la
presta, mais en plus en termes de résultats, euh, c'était pas
top. Alors que pour le même type de public, ou le maillage se faisait
rapidement beaucoup moins d'absence au rendez vous, beaucoup moins d'abandon au
niveau de la presta, beaucoup plus de résultats en termes de retour
à l'emploi.
Q : Donc à partir du moment où une personne
est inscrite dans une dynamique d'insertion, il faut pouvoir cumuler plusieurs
actions pour pouvoir être efficace ?
Oui tout à fait. Alors c'est vrai qu'en même
temps en disant ça j'ai à l'esprit : pendant tout un temps
j'animais un collectif d'usagers chez Canal et euh, je me disais, finalement
c'était un rendez vous mensuel, donc je voyais les même
salariés comme ça , et vraiment là très
concrètement on pouvait observer la montée de confiance etc. ,
dans une premier temps c'est « ben voilà j'ai enfin signé un
truc, bon c'est pas top comme contrat, bon voilà, c'est vrai qu'en plus
Canal joue très bien son rôle dans l'absence de
sélectivité à l'entrée et en même temps tout
le monde le sait donc ça fait le truc « si je suis là
c'est que vraiment on ne voulait
pas de moi ailleurs », bon, c'est un peu
raccourcit, mais euh... bon... et c'est vrai que régulièrement on
voyais des personnes qui, se redressait, même dans le sens le plus propre
du terme . Et quand on voyait qu'on arrivait sur la fin , la c'était un
petit peu la redescente « oui, là dans deux mois c'est
terminé, là dans un mois c'est terminé, ouais ben c'est
bon quoi, j'ai compris, j'ai plus qu'à me réinscrire à
l'ASSEDIC et à l'ANPE et à faire des trucs et pis paf et pis
après je vais devoir attendre parce que j'ai demandé s'ils
pouvaient me renouveler ici, et ils disent que je bosse bien mais ils ne
veulent pas me renouveler quand même » enfin, bon
voilà... et on retombait dans ce truc là Alors c'est vrai que,
donc même parfois lorsqu'on réussissait néanmoins à
entretenir le truc et si on faisait le lien assez rapide avec le plan emploi,
je crois que là, il y avait vraiment nécessité de pouvoir
relier aussi un maximum de propositions très rapidement y compris dans
cette prestation là, parce que sinon ça devient tout de suite la
déconfit quoi. C'est euh « on m'avait dit que la logique
c'était que je sortais de ce contrat là, pis y'a pas de raison
que je ne signe pas un contrat sur le secteur marchand, je ne vois rien venir,
donc, on m'a raconté ça mais je sais très bien que ... pis
Pouf quoi ». Et c'est vrai qu'il y a eu des situations dans
lesquelles je me suis rendu compte qu'il y avait des personnes qui à la
limite retombait parfois, dans un, des, un état d'esprit parfois bien
plus bas, après que leur contrat soit terminé qu'avant qu'ils le
commencent quoi.Ca fait partie aussi du risque du truc quoi.
Q : Cette dynamique de parcours justement : est ce que
les partenaires ont des difficultés à la mettre en place,
à pouvoir proposer plusieurs outils en même temps aux personnes
?
Il a plusieurs aspects : pour moi l'action qui reste essentiel
dans ça c'est le référent. Parce que de toutes
façons c'est toujours vers lui qu'on va se retourner à un moment
donné pour dire ben tiens est ce que vous devez proposer ça
à la personne, etc.Parce que vous avez suivi ça de prêt,
donc ...
Ce qui en même temps n'est pas toujours évident,
parce que on sait très bien aussi qu'on part d'une situation
passée, ou euh, enfin, en plus c'était parfois dit très
spontanément, très naïvement par les référents
eux-mêmes ou on l'entendait aussi beaucoup au niveau des publics,
c'était le truc euh « tiens je vous ai positionné sur un
CES, ah ben c'est bon vous démarrez la semaine prochaine, on se revoit
dans un an, quand ce sera passé quoi. Bon, donc on s'est quand
même battu contre ça. Même si c'est deux comités de
suivi par an, au moins on a , y'a le fait de rappeler le nom de la personne au
bon souvenir du référent concerné. Après ce qu'il y
a c'est que y'a aussi des difficultés qui sont liées à la
structure employeur tout simplement parce que, alors bon, en plus là on
pourrait évoquer toujours la difficulté des circuits
administratifs par exemple sur les CAE/CA si quelqu'un voilà quitte la
structure aujourd'hui et ben, il faudra 4 semaines pour pouvoir la remplacer si
tenter que je trouve un candidat tout de suite quoi. Bon. Ce qui fait qu'on n'a
pas forcément très envie de pousser à ce que ces
interruptions non prévues soient trop nombreuses. Euh... Après ce
qui se passe aussi c'est que dans l'idée de pouvoir proposer plusieurs
outils en même temps, notamment sur la médiation emploi parce que
c'est vrai que c'est un truc qu'on avait essayé de mettre en place en
disant qu'au plus tard finalement sur les trois derniers mois de contrat, il
faudrait que ça puisse venir se greffer, alors, euh... plusieurs
difficultés par rapport à ça : la personne ne s'est pas
toujours mise dans une perspective de à coté de mon boulot,
certes à temps partiel, je me met dans une dynamique et je
m'embête encore à aller faire des CV et à prendre des RDV,
ce qui n'est pas forcément très simple, souplesse au niveau de la
gestion du contrat par rapport à l'employeur qui n'set pas toujours
évidente pour pouvoir mettre en place, euh, le fait aussi que dans le
cadre du plan emploi jusqu'à présent on était sur
l'idée que le même prestataire est co financé par l'ANPE et
par le PLIE et qu'au niveau de l'ANPE, il faut bien
répondre à un cahier des charges, qui est quand
même assez précis, disant voilà, il faut que la personne
soit vue tant de fois sur la période, on attend qu'il y ait des ateliers
organisés, des tas de choses comme ça. Donc autant dire qu'il y a
une espèce de fonctionnement qui va s'appliquer à une
majorité de demandeurs d'emploi pleinement disponibles et à la
recherche d'un emploi et de venir greffer des personnes qui soient un peu moins
disponibles à la recherche d'un emploi puisque elle est en contra de
travail fut-il aidé quoi. Donc pas forcément toujours très
simple non plus à mettre en place. Et là pour le coup, on se
retrouve avec des contraintes qui sont liées directement à deux
types d'organisation : l'organisation de l'employeur et l'organisation du
précepteur qui répond à un cahier des charges bien
spécifique, et l'état d'esprit de la personne qui ne s'est pas
encore mis dans cette perspective là. Alors, à coté de
ça, puisque là ca vaut surtout pour tout ce qui est CAE/CA, si on
prend le cas des personnes en CDDI, là la difficulté vient aussi
que mine de rien on est dans une organisation de travail qui est plus
prêt de ce qui existe sur le secteur marchand, on est sur du temps plein,
avec des déplacements etc. donc là pour se libérer du
temps c'est encore moins simple. Avec néanmoins des
expérimentations qui ont été mises en place,
c'est-à-dire par exemple un prestataire qui était venu
directement dans l'entreprise, donc qui dégageait du temps ; ce qui n'a
pas encore trouvé une articulation pleinement satisfaisante quoi...pour
l'essentiel des raisons que j'ai pu donner quoi. Après aussi parce que
ce qui se passe c'est que justement, c'est là pour le coup sur les CDDI
c'est difficile d'avoir des périodes supérieurs à 6 mois
donc en même temps on a eu pleinement le temps de se rendre compte de la
pénibilité du travail etc. donc bien souvent ça fait
naitre des envies de différentes choses, voire même
carrément d'avoir envie de se requalifier, parce que vraiment «
je ne vais pas faire ça toute ma vie » et puis voilà.
Voire aussi les personnes qui au bout de deux ans, se disent « oh
là là ! Là j'ai bien donné, je vais souffler un
petit peu et puis » sachant qu'en plus de ça, on peut
constater que les personnes qui commencent à souffler, soufflent
tellement longtemps qu'elles épuisent leurs droits aux ASSEDIC que
là c'est où elles paniquent à mort et et elles basculent
dans le RMI, et puis, c'est un peu tristounet parce qu'on à l'impression
de ne pas être sorti du cercle vicieux.
Q : Tous ces dispositifs mis en place etc.... moi ce
que j'entends c'est que l'objectif officiel c'est le retour à l'emploi
dans le secteur marchand, officieusement, c'est une sorte d'outils pour faire
réagir les personnes et peut être retrouvé une autre
façon de voir les choses et de redynamiser la motivation...
oui ce sont les deux termes qui me revenaient à
l'esprit. C'est clair qu'à un moment donné on va se retrouver sur
de la redynamisation, sur de la remobilisation. A la limite je dirai que le
fait qu'une personne se remette en perspective à un moment donné
et puis se dise euh « ben non, ben finalement j'ai envie de me qualifier
etc. » si elle le fait, au bout du compte, ben c'est très bien.
C'est-à-dire que on était bien dans une dynamique euh c'est peut
être pas forcément suivre l'itinéraire préalablement
prévu au départ mais bon, si elle arrive à ce elle quoi
elle veut arriver au bout du compte...l'élément essentiel qui
aura été gagné dans l'histoire c'est quand même de
faire en sorte que la personne soit redevenue pleinement actrice de son
parcours et puis à un moment donné qu'elle puisse dire «
ouais ce que j'ai envie de faire c'est ça quoi ». Tant qu'on est
dans les clous de l'insertion professionnelle.
Là ou c'est un peu plus embêtant c'est lorsqu'on
n'arrive pas à cet effet là.
Parce que c'est vrai que l'objectif final du retour à
l'emploi durable, il ne faut pas que... euh... en plus au niveau de choix qui
ont été fait du PLIE de Tourcoing, c'est que vraiment c'est un
truc central. Ce que j'entendais aussi derrière ta question,
c'était que on sent très bien qu'il y a eu une époque
où on était sur de la temporisation, la paix sociale, de
l'occupationnel quoi... Bon... le fait est qu'il y a encore des publics
aujourd'hui pour lesquels ça peut
ressembler à de l'occupationnel, mais bon, il
n'empêche que on reste dans une ambition qui est autre.
Q : le fait qu'il y ait une multiplicité
d'acteur ne participe t-il pas au dynamisme du parcours. Mais est ce que ce
n'est pas aussi une façon de traquer la personne ? A-t-elle vraiment le
choix une fois inscrite dans un parcours comme celui là ?
Oui, c'est une question essentielle. Est-ce qu'à un
moment donné on ne finit pas par décider à la place de ces
personnes que la clef du bonheur c'est ça quoi ? C'est une
hypothèse de départ qui est extrêmement forte.
Ca me fait penser à un constat que Dany avait pu
dresser par rapport au public jeune positionné sur le plan emploi. On
est dans une histoire de voilà, ...je vais être un peu
caricatural. On est dans l'idée que voilà, ce dont rêve
tout le monde, c'est de pouvoir signer un CDI, et donc c'est l'emploi durable
à tout prix etc.
Alors y'a deux choses par rapport à ça qui
viennent c'est je me souviens d'une intervention qui avait eu lieu pour la
politique de la ville, , avec les réseau associatifs et d'autres
acteurs, et puis y'a un conseiller mission locale qui était intervenu
puisqu'on parlait beaucoup des jeunes, ou on s'est vu répondre «
oui mais vous savez il ne faut pas croire, les jeunes c'est des beaufs comme
les autres, ils ont envie de signer un contrat machin, de pouvoir se faire un
crédit, de pouvoir s'acheter une bagnole, une maison euh... voilà
comme tout le monde ». Ouais ok, mais en même temps t'attends que
ça, pas tout de suite, parce que justement ce qui a pu être
observé à multiples reprises c'est que à force de dire que
le modèle c'est celui là, notamment sur le contrat de travail
durable, on s'aperçoit que finalement euh, y'a effectivement tout un tas
de public jeunes qui aime bien un petit peu papillonner de contrat en contrat ,
pendant un temps qui reste un petit peu indéterminé d'ailleurs,
mais seulement parce que « ben oui c'est un boulot qui n'est pas terrible
mais je vais pas le faire pendant très longtemps, je suis pas entrain de
m'engager sur une durée euh... et puis comme ça je vois ce qu'il
se passe un peu à droite à gauche et puis ouais si y'en a un qui
me fait une remarque , je me dit ouais je claque la porte et puis je
retrouverai bien autre chose ailleurs. » avec euh peut être une
forme d'insouciance aussi qui vient se greffer la dessus et euh, donc je dirai
au delà de cet exemple rattaché spécifiquement au public
jeune, on pourrait se poser la question aussi des calculs effectués par
les bénéficiaires RMI eux-mêmes, avec parfois aussi une
part de calcul financier aussi qui intervient, avec euh, finalement, la reprise
d'emploi payé au SMIC, finalement on s'aperçoit qu'il y a
ça et ça qui dégage financièrement , on finit par
payer un loyer plein pot, ceci cela, et puis tiens je paye ma redevance
télé, enfin on pourrait sortir une liste , mais qui peut
être tout à fait légitime et entendu à un certain
moment ; c'est vrai qu'après on peut vouloir greffer la dessus la valeur
travail par rapport à l'assistanat, est ce qu'à un moment
donné il faut en vouloir aux personnes de paraître peut soucieuses
d'une forme de considération qu'on pourrait avoir alors qu'ils ont
simplement un calcul financier derrière en disant attendez , la famille
elle est constitué d'autant de personnes et puis il faut bien qu'on se
débrouille avec ce truc là quoi. Donc euh, c'est vrai qu'à
un moment donné c'est bien de poser cette question là.
Ca me rappelle un truc, pour illustrer mon propos : il y a
quelques années quand j'étais à l'ANPE où
j'accompagnais plus spécifiquement les bénéficiaires du
RMI, donc des personnes que je voyais régulièrement, pour les
positionner sur de l'emploi et les mettre en contact avec des employeurs etc.,
et euh, y'avait un gars que je suivais dans ce cadre là, qui avaient un
parcours qui était jalonné par des CES à l'époque
etc.... En plus c'était assez cocasse parce que c'était un peu
virulent au départ, style « vous le petit gars de l'ANPE,
arrêtez de me raconter des salades, je sais très bien ce qui se
passe etc. » puis donc c'était au final moi qui
lui disait « je suis convaincu que vous pouvez bosser
dans une entreprise, j'ai l'impression que j'y crois plus que vous mais j'y
crois, et je vais essayer de vous y faire croire vous aussi. ». Et au
final, ce type me disais « non mais S, c'est gentil, t'es sympa euh, ouais
c'est bien ce que tu me dis là, voilà, tu penses plein de choses
de positives me concernant. Mais je sais très bien comment ça se
passe. Ce qui se passe, à force, tu vas bien finir par me trouver un
employeur qui va me filer un CDI, qu»est ce que je vais faire moi ? Je
vais commencer mon contrat de travail, je vais commencer à y croire, je
vais commencer à faire des crédits, et m'acheter une nouvelle
télé, une bagnole, etc., Et après quand la boite elle va
fermer, ou qu'on me licenciera, et ben je ne serai pas dans la merde moi avec
mes crédits. Au moins tant que je reste dans RMI, avec de temps en temps
un petit contrat aidé qui vient faire un petit plus
etc. au moins y'a pas de surprises, je sais
ou je suis, moi je ne veux pas de surprise dans ma vie, je veux que ca reste
comme ça quoi. » C'est difficile hein de lutter contre
ça.
Q : donc il y aurait une difficulté à se
projeter dans le futur lointain ?
Ah oui tout à fait
Q : mais le système n'induit-il pas cela ?
Aujourd'hui, les dispositifs de retour à l'emploidoivent
être fait dans un temps très limité. La personne n'est-elle
finalement pas programmée pour ne penser qu'à demain et non au
surlendemain ?
oui, là euh, ça touche un peu l'ensemble de la
société ce que tu dis là, mais c'est clair qu'on est un
peu, même complètement là dedans.
C'est-à-dire que on est sur des réponses
collectives qui à un moment donné viennent s'adresser à un
individu qui comme nous, sont complètement pétris
d'individualisme et puis donc voit son calcul à lui dans la valeur
travail. La valeur travail c'est quoi ? C'est la valeur collective que je
devrais partager, pourquoi ? Si ça me fait perdre de l'argent, pourquoi.
Du coup je ne m'inscris pas la dedans et puis, on est complètement la
dedans.
Ce qu'il y a aussi, comme on est dans un truc qui est
complètement incertain, de toutes façon ca ne sert à rien
de que je vois très très loin. De toute façon l'entreprise
que m'embaucherai est susceptible de fermer à un moment ou à un
autre. Comment se battre contre ça ? C'est un peu un syndrome
dépressif, qui vient toucher l'ensemble de ces publics, voire même
l'ensemble de (xxx) Hypothèse comme ça hein. En même temps
ce qu'il y a de cocasse aussi c'est de se rendre compte que finalement quand tu
observes un petit peu les mouvements de mains d'oeuvre, on sait aussi
très bien qu'il y a de plus en plus de mondes qui viennent coexister en
parallèle et qui ont toutes les peine du monde à se croiser.
C'est-à-dire que on sait très bien que le meilleur moyen de
pouvoir signer un contrat de travail sur du CDI c'est d'en quitter un. Quand tu
quittes un CDI, tu signes un CDI. Par contre faire la bascule du CDD que tu
multiplies, jusqu'au moment où tu vas signer un CDI, alors là
c'est la croix et la bannière. Donc on voit bien que le CDD c'est
finalement te dire que ton horizon est déterminé par la date de
ta fin de contrat. Sachant que la législation de toute manière
dit que ça ne sera jamais plus de 18 mois, sauf contrat aidé
spécifique à 24, mais bon voilà, on reste dans ce truc
là. Alors c'est vrai que ce qui vient se greffer aussi et qui vient
être très perturbateur dans l'histoire je crois, c'est que, dans
cette idée de flexibilité, de contrat qui se multiplient,
d'intérim qui se multiplie à la semaine etc. euh, dans les
argumentaires de positionnement sur les contrats aidés candidature PLIE,
tu vois que une personne qui fait plein de démarches et de
l'intérim régulièrement, et qui cherche qu'une chose c'est
la stabilité, et le contrat aidé devient synonyme de
stabilité.
C'est-à-dire que maintenant on dit tiens, là tu
signes un contrat de 12 mois, au moins pendant 12 mois tu n'as pas à
te poser la question de savoir ce qui va se passer demain quoi. Même
si
c'est un contrat partiel, pas très bien payé,
mais ça permet de pouvoir se poser un peu l'esprit, c'est quand
même assez curieux hein ? Et on se retrouve parfois en réelle
difficulté en comité d'accès à se dire ben non mais
écoutez cette personne là ça fait euh, sur les 12 derniers
mois elle a travaillé 10 mois en intérim, et puis là vous
nous demandez de la positionner sur un contrat aidé ? Euh, il arrive
parfois que renvoyant ça aux référents on m'interpelle
derrière en disant « oui mais bon stabilité » on se
retrouve aussi dans des, comme quoi ça vient questionner tout un tas
d'autres trucs, mais euh, ben, il y a eu des jeunes dans ce cas de figure
là et pour lesquels c'était finalement intéressant pour
eux de signer un CAE, pour pouvoir débloquer plus rapidement leur
problématique logement. Quand t'as un jeune qui bosse sans arrêt
en intérim, il sait très bien que ses feuilles d'intérim
ne lui permettront pas de pourvoir accéder à un logement, et
qu'il est souvent en plus sur des systèmes de foyers, des trucs comme
ça. Et la le simple fait de pouvoir à un moment donné dire
voilà crac, CAE 6 mois, le référent logement va pouvoir
travailler avec ça. On est aussi dans cette aberration. Donc euh...
Q : le fait de passer par des contrats aidés
facilite -t'il le basculement vers le secteur marchand ? Est-ce qu'il n'y a pas
une stigmatisation de la part du secteur marchand ?
L'avantage du contrat aidé c'est, si on a bien
ciblé le public auquel ça voulait s'adresser, c'est de dire ben
voilà on avait un public en difficulté, même en cumul de
difficultés on pourrait même dire, et qui est venu résoudre
là tout un tas de choses et qui se remet en perspective.
le fait est que, la meilleure preuve de stigmatisation de ce
public qui est positionné sur ce type de contrat c'est qu'il n'est pas
rare que tu vois des CV sur lesquels les personnes précisent ce truc
là, telle année à telle année j'étais en
CES, dans tel lycée etc. Est-ce qu'on marque qu'on est en CDD ou en CDI
? Bon donc, si on a intégré à ce point là le fait
qu'on est en CES ça veut dire que ce n'est pas un contrat tout à
fait comme les autres et que si on a été accepté sur ce
contrat là, bon voilà, c'est qu'à un moment donné
y'a une estampille qui a été posée sur le front et que
bon... est ce que quand je marque que j'étais en CES je suis entrain de
me poser la question de quelles ont été les compétences
que j'ai pu mettre en oeuvre dans ce contrat de travail et qui seraient
transposables ailleurs ?
Ca ne se pose pas forcément très souvent. Alors
cette difficulté de la passerelle tient aussi bien au regard
porté par l'employeur, sachant qu'il y a deux cas de figues : t'as
l'employeur SCI qui euh, voilà, de part son objet, n'accueille que des
publics qui sont dans ce cadre là. Mais ce n'est pas pour autant qu'ils
ne stigmatisent pas non plus ...deuxième cas de figure c'est le secteur
diffus, comme la mairie, qui vont accueillir dans leurs services des personnes
qui sont en contrats aidés à coté des équipes qui
sont bon... et ou, pour l'avoir entendu à plusieurs reprise c'est «
ah bon qui c'est qui va faire ça ? » « Ben y'a le CES
là qui euh... » Bon tu vois, même pas de nom hein... comme on
dirait le stagiaire dans notre circonstance ! Ah haha !
Q : exactement !
ouais donc voilà on est dans ce truc là. C'est
vrai que dans ce contexte là, la personne ellemême finie par avoir
un regard qui soit aussi dégradée sur elle-même, et disant
« mais somme toute si je suis là c'est parce que, en gros, ce que
j'ai vaguement compris c'est que, ben de toutes façon y'a l'état
qui paye pour que je vienne. Ben de toute façon ça ne leur
coûte rien que je sois là. Que je fasse mon boulot ou pas de
toutes façons ils ne verront même pas la différence. On est
sur ces difficultés là. Après je crois que le
questionnement continuel est
aussi le regard porté par le référent
lui-même. Y'a un constat qu'on avait fait il y a un moment : on
s'était rendu compte que certaines personnes étaient suivies par
des référents RMI, ces personnes passent à l'ANPE et bon
le référent RMI avait préconisé plutôt un
contrat aidé avec une formation... cette personne est reçue par
un conseiller ANPE, qui n'avait jamais vu cette personne là auparavant,
paf qui l'engage sur la médiation emploi. Je sais que c'était une
époque où j'avais beaucoup de retours des
référents, « à l'ANPE ils font n'importe quoi, «
moi je sais très bien que c'est quelqu'un qui ne peut pas bosser sur le
secteur marchand... etc etc... ».
Finalement on pourrait se dire que le fait de suivre quelqu'un
au long cours , ne vient pas
aussi conditionner le regard que je porte sur cette personne ?
En disant que celle-ci est passée par tellement de trucs et de machins
qu'à un moment donné, est ce que je réussis à me
mettre dans une disposition d'esprit qui me permette d'imaginer autre chose que
dans un parcours d'insertion professionnelle ? Premier truc.
Deuxième élément, c'est finalement, est
ce que l'hypothèse du secteur marchand, qui n'a sans doute jamais
été évoqué avec cette personne, qui de toute
manière n'a pas pu s'y retrouver non plus, qui n'a sans doute jamais
pensé à solliciter en ce sens ?
Le fait d'avoir un regard neuf, qui a moment donné
entend dans le questionnement « moi j'ai envie de bosser », «
est ce que vous êtes dispo ? » « oui je suis dispo de suite, le
premier truc qui passe je le prend », et qu'on le positionne sur de la
médiation emploi, si ça fonctionne c'est bien parce qu'il y a eu
un regard positif sur la personne qui accepte. Même si je sais qu'il est
plus difficile de refuser à l'ANPE même si on ne sait pas trop ce
qu'on risque, plutôt que de dire non à son référent
RMI qui n'a pas l'air bien méchant.
Il y a ces histoires de regards croisés à un
moment donné et , et qui sont porteurs de stigmatisation et des
représentations multiples qui sont en oeuvre et qui sont aussi
intégrées par la personne, la première concernée
vis à vie d'elle-même. C'est ça aussi qui est difficile,
surtout le paradoxe est de mettre tout à la fois une personne en
situation de travail dans un contexte un peu privilégié, et puis
finalement de s'attendre à ce que le fait qu'elle soit dans ce contexte
privilégié en situation de travail, lui permette néanmoins
d'avoir un regard modifié sur elle-même, entrain de se dire «
ce n'est pas ici que je veux être, je voudrais être ailleurs
». Ce n'est pas évident.
Q : la multiplicité des acteurs permet se
croisement de regard, cette même multiplicité que l'on
dénonce parfois en disant que cela brouille l'horizon des personnes
?
Dans la terminologie même du référent
généraliste de parcours, et c'est assez cocasse car on emprunte
finalement de plus en plus au vocabulaire médical quoi, on parle de
diagnostique, de prescription... On est bien sur l'idée du
généraliste, qui est le garant du parcours de la personne, qui va
envoyer sur des spécialistes d'une manière ponctuelle.
Le fait qu'il y ait une multiplicité des acteurs, je
crois que c'est simplement, ce qui est d'important d'identifier la
derrière, c'est de simplement pouvoir identifier quels sont ceux qui
doivent intervenir et à quel moment ? Néanmoins, celui qui est
là pour être présent tout le long du parcours, et de qui on
attend forcément d'avoir connaissance de l'ensemble de ces acteurs
autres qui sont autour de lui et qui ont leur étiquette de
spécificité.
Q : donc là on est bien sur le rôle du
référent à orienter au bon moment et vers la bonne
personne ?
Oui c'est son rôle et sa difficulté
première. Il se retrouve aussi dans la difficulté de celui qui
fait faire et qui à l'impression parfois de ne jamais faire (XXX) Tout
son talent c'est la qualité de l'orientation, et en même temps
finalement celui qui à orienté c'est celui qu'on oublie le plus
vite dans l'histoire. ex : Mon référent m'a orienté sur la
médiation à l'emploi où y'a un chargé d'entreprise
qui m'a permis de démarrer mon contrat de travail. A qui je dis merci
dans l'histoire ? On va tout de suite penser au chargé d'entreprise en
disant que c'est super qu'il a vraiment compris ce qu'il recherchait etc. , en
même temps le référent il a joué un rôle
capital la derrière, et après la difficulté essentielle du
poste, mais ça ca vaut dès qu'on se retrouve dans un accueil
public en difficulté de quelque ordre que ce soit, ceux qu'on continue
de voir constamment c'est ceux qui n'ont pas trouvé de solutions et ceux
qui ont trouvé des solutions, ben, on ne les voit plus ; et en
général on ne les voit même pas passer pour nous dire que
ça y est c'est super ils sont tirés d'affaires quoi. Enfin bon,
je sors un peu du sujet mais...
Q : Le contrat d'insertion dont on parlait, en quoi il
est important, à part le fait qu'il soit obligatoire administrativement
?
En étant très pragmatique et du point de vue du
département, euh, c'est une manière de dire qu'il ne s'agit pas
de faire un chèque en blanc à quelqu'un, en plus un chèque
qui va être renouvelé, euh... sans s'assurer que des choses
concrètes sont mises en place pour que la personne puisse sortir de ce
dispositif au plus vite, euh...
Et donc de s'assurer qu'il y a bien un lien existant avec euh, un
référent mandaté pour voilà... oui, s'assurer de
l'effectivité de la mise en place d'actions et pis que c'est vrai, il
sait
.
Thème principal : le
partenariat.
Sous-thème
|
Ce qui est dit
|
Interprétation
|
Frein/échec positionnement
|
Quand il n'y a pas de note d'opportunité dans le dossier,
ça veut dire que la personne n'est pas connue
|
Les échecs de positionnement sont aussi du au manque de
suivi des personnes
C'est le référent qui va définitivement
construire le projet en cherchant un devis, impulser la formation et bien
défendre le dossier.
|
Frein
|
Le volet insertion des référents n'est qu'une
partie infime de leur activité, ce qui implique des actions
ponctuelles
|
Difficultés de mobilisation
|
Frein/
|
Difficultés pour toucher les référents en
dehors des comités (et limitation du nombre de référents
touchés)
|
Id
|
Frein
|
Les employeurs ne laissent pas toujours de souplesse au
dispositif des E.A
|
Id
|
Frein
|
On arrive pas à harmoniser l'ensemble des pratiques sur le
territoire
|
Problème de différenciation de statut entre les
acteurs : il y a des décisionnaires et des exécutants.
Un travail réel de collaboration serait plus
constructif
Ne pas oublier les entreprises privées
|
Frein
|
Les employeurs gardent les personnes en CA même si
ça ne leur convient pas
|
Rigidité de la procédure d'embauche qui
empêche le turn over
|
Frein
|
Il y a une multiplicité des acteurs avec une obligation de
connaissance du réseau pour bien travailler
|
Besoin de « mise en veille » du réseau
|
Frein
|
Manque de communication entre l'ANPE et le PLIE concernant les
positionnements
|
Ralentissement des procédures
|
Frein
|
Le référent peut rechercher seul la formation
|
Risque de mauvaise orientation
|
Frein
|
Il y a peu d'orientation vers le CIBC car procédure
d'inscription rigide
|
Freine l'accès au dispositif
|
Frein
|
C'est plus difficile d'accéder au portefeuille
région quand on est au
RMI. il a un quota par rapport au statut
|
Le conseil régional fait de la discrimination
|
Frein
|
Difficultés de communication sur le suivi des personnes en
formation surtout en fin de formation
|
Engorgement des bases de données et blocage de
l'entrée d'autre public sur les prestations
|
Frein
|
Disparition du FLES
|
Les compétences du FLES ont été
partiellement reconstruites entre
|
|
|
plusieurs instances mais cette dilution ne permet plus un suivi
de la part des opérateurs, avec un manque de mise à la formation
des emplois aidés et un accentuation du flou en ce qui concerne les
financements et les formations accessibles.
|
Frein
|
Les CA ne bénéficient pas assez de formation
|
Manque d'évaluation et de positionnement
|
Frein
|
Les grosses collectivités sont les plus difficiles
à bouger
|
Difficulté pour travailler avec un groupe
déjà établit
|
Frein
|
Faiblesse de communication
|
Avec les référents, par un manque de
partenariat.
Si le référent à une bonne information, il
oriente bien
|
Frein
|
Les offres sont là, il y en a de partout : du PLIE, au
niveau du conseil général, les centres de ressources. Il y en a
tellement, parfois on arrive pas à rencontrer les personnes parce que le
planning ne le permet pas
|
Le volume des offres et leur multiplicité empêche
un traitement optimal de l'information par les référents. Cela
entraîne certain « manquements », et réduit par
conséquent les propositions faites aux personnes
|
Frein
|
Le PLIE ferme les portes de l'accès à l'emploi car
il n'a pas la capacité de reprendre et d'intégrer tout le monde
et de répondre à toutes les attentes
|
Réduction des choix pour la mise en oeuvre du contrat
d'insertion
|
Frein
|
c'est de plus en plus difficile de travailler avec le PLIE. (...)
On a eu plus de facilité pour travailler avec le PLIE. alors je dis pas
que les portes du PLIE se ferment,
|
Difficulté pour travailler avec le PLIE
|
Frein
|
des contrats aidés on n'a pas de contact
direct
|
Avec un suivi aléatoire des personnes en contrat
aidé
|
Frein
|
le turn over dans certaines structures qui développe,
personnellement je développe un réseau avec
certaines structures X ou Y, euh, et puis le réseau peut parfois se
casser la figure
|
Le partenariat est très fragile à cause du turn
over. Mouvements incessants : pertes de repères, perte de temps pour les
professionnels et pour le parcours
|
Frein/maillage
|
Le repli des acteurs affaiblit fortement le partenariat
|
Les problèmes de budgets sont à l'origine de ces
replis
|
Frein/maillage
|
Le contact avec les organismes est parfois difficile en termes de
retours
|
Lorsqu'ils ont leur public, ils ne font pas toujours des retours
d'où la nécessité de toujours sollicité les
partenaires
|
information
|
Les ASSEDICS
|
Informent sur les secteurs en tension et permettent d'orienter la
politique de formation sur ces secteurs
|
Information
|
les informations circulent bien
|
Le traitement de l'information est plus en cause que la
circulation
|
Information (frein)
|
Les fiches sont trop nombreuses
|
Volume d'informations trop important
Multiplicité des informations sur une multiplicité
de thèmes, avec une difficulté de traitement des informations
|
Information (frein)
|
Il y a un souci de relai entre les étapes
|
Le parcours est sectionné. Indispensable accumulation des
actions mais est ce possible ?
|
Information (frein)
|
Le nombre de fiches est trop important
|
Il faut garder l'utile
|
Maillage
|
Il y a un rapport avant tout institutionnel avec nos
partenaires
|
NC
|
Maillage
|
Il y a un rapport de direction à direction via les
comités d'accès
|
Collaboration nulle. C'est du décisionnaire
|
Maillage
|
Si on a besoin d'aide, les partenaires répondent de
façon positive
|
Réactivité des partenaires, bon maillage
|
Maillage
|
Le partenariat est construit par le référent
|
La principale compétence du référent est la
mise en place d'un partenariat permettant le maillage du territoire, et une
bonne réactivité, ce, dans tous les domaines.
|
Maillage
|
on a développé un réseau et des
connaissances
|
Le réseau développe la polyvalence
|
Maillage
|
Je m'appuie sur les actions d'insertion
|
|
Maillage
|
Un réseau pluridisciplinaire
|
Plus le réseau est large, plus je suis crédible
|
Maillage
|
je n'hésite pas à la présenter à
mon collègue et puis l'allocataire intègre les ateliers une
à deux fois par semaine, et puis je fais le lien de temps en temps.
|
Il faut travailler aussi à l'interne
|
Maillage
|
à l'interne on a des outils
|
NC
|
Maillage Frein
|
Avant, pour les CES, on avait quand même là notre
propre réseau
|
Avoir son propre réseau c'est avoir une certaine
autonomie.
|
Maillage
|
le réseau, y'a un tas de formations qui sont
reconduites d'années en années, des gens qui en sortent et qui en
sont satisfaits et ben donc on n'hésite pas à retravailler avec
les même partenaires sur les même actions, sur les mêmes
dispositifs
|
Le maillage c'est aussi une relation de confiance
|
Maillage
|
ou une action qui n'est pas reconduite. Enfin le réseau
ça demande à être entretenu, c'est je te donne mais tu me
donnes
|
Le réseau doit être animé
|
Maillage
|
Echanges de pratiques mais aussi des fiches pratiques, enfin
c'est bête mais de savoir ce que fait euh, on avait aussi... je l'ai mais
je pense qu'on a pas eu ça depuis des années mais un, un
récapitulatif de toutes les actions financées par le conseil
général, le logement, santé, culture, emploi, un catalogue
dont on peut se servir suivant les situations, ça permet de
développer le réseau, de la maintenir, ça
c'est...c'était nécessaire.
|
Idem
|
Maillage
|
le fait d'avoir à l'époque un conseil
d'administration ça pouvait me permettre aussi, bon qui était
composé quand même de gens travaillant autour du handicap et de la
santé, ça permettait aussi d'avoir des informations sur
d'éventuels
|
Le maillage se fait à tous les niveaux
|
|
appels à projet, sur euh, différentes politiques
locales ou non
|
|
Maillage/ contrôle
|
Là il s'agit plus de relais, hein, des centres sociaux,
des associations partenaires, CCAS aussi, donc des relais beaucoup sur avis de
la CALI (CLI).
|
La CALI participe à la construction du partenariat en
effectuant des relais entre les référents, selon les statuts
(classement)
|
Maillage/frein
|
L'ANPE tient à montrer qu'elle existe encore au travers
les agréments par exemple
|
(perte du pouvoir de l'ANPE)
|
Maillage/rôle
|
il faut s'appuyer sur un réseau (...)je suis un peu
plus crédible pour présenter un CMP ou quand j'évalue une
problématique
|
Plus le réseau est large, plus je suis crédible
|
Maillage/rôle
|
j'accompagne Mr X qui est validé PLIE donc qui est vu
aussi par un référent PLIE, euh ou il participe aux ateliers de
Y, donc on partage aussi des avis sur la personne et son parcours et parfois on
sort aussi en tant que référent de cet isolement, et euh, dont je
parlais tout à l'heure, là on n'est pas dans les relais mais dans
le partage d'informations à l'interne, et ça c'est, c'est parfois
intéressant quoi...
|
Le partage d'information est intéressant
|
Maillage/rôle/frein
|
Le PLIE est devenu une pieuvre, il a pris beaucoup
|
Réduit le partenariat, à une relation de
monopole
|
Manoeuvre
|
un relai c'est nécessaire parfois,(...) Parfois
ça permet de ne pas avoir certaines informations et de rebondir ou de
trouver des solutions plus appropriées, pour avoir un certain
élan, pour rebondir plus facilement.
|
Le relai permet une redynamisation du parcours
|
manoeuvre
|
on a nos outils à l'interne mais parfois je pense que
ce n'est pas pertinent ou que il est peut être préférable
que la personne entre en médiation à l'emploi avec Proform ou
avec d'autres opérateurs, pour faire de l'air dans le parcours
d'insertion
|
idem
|
Rôle
|
s'appuie sur la convention avec le PLIE
|
La relation est formelle
|
Rôle
|
On est vu que comme des contrôleurs (PLIE)
|
Cf problème de positionnement dans les instances +
pratiques de bilans, de comptes rendus...
|
rôle
|
Il y a un manque d'animation des référents
|
Manque d'échange de pratiques, de travail sur le
qualitatif. Besoin d'établir une relation collaborative et non
exécutive.
Le PLIE se positionne en tant que manager, et non collaborateur
(encore plus pour les référents PLIE).
|
Rôle
|
Le partenariat avec le Conseil Général est
aléatoire et dilué
|
Positionnement de gestionnaire et non de collaboration. Le PLIE
est ici en position d'exécutant
|
Rôle
|
Il y des relations de conventionnement avec nos
opérateurs
|
Exigence de résultats et cadrage des dispositifs.
Positionnement de contrôle et d'exécutant pour les
opérateurs. Prestataires de services, ils s'adaptent à la demande
du PLIE
|
Rôle
|
La notion de partenariat est une précaution
sémantique
|
Le rapport de pouvoir est établi par le pouvoir
économique : celui qui finance définit les règles
d'action
|
Rôle
|
Le référent est un interlocuteur
|
Il n'est pas un collaborateur
|
Rôle
|
Le partenariat est surtout une relation financière
|
Les financeurs sont nos partenaires dans le financement des
actions selon les statuts des publics
|
Rôle
|
Le département valide la formation et les financements
|
Décideur/ pouvoir économique
|
Rôle
|
Le conseil régional
|
Finance les centres de formation (AFPA, Plan Jeune, PRF)
|
Rôle
|
Le CIBC
|
Permet de valider le projet de formation et de motiver les
financements possibles.
|
Rôle
|
Le PLIE accompagne de projet de formation en validant les
demandes et en faisant les demandes de financements
|
Relai
|
Rôle
|
Le conseil général et le département sont de
gros financeurs
|
Ils posent les règles générales
Ils permettent le financement de formations Le contact est assez
facile par rapport à ça
|
Questionnaire destinés aux référents
et conseillers insertion
QUI ETES VOUS ?
1) Quelle est votre fonction ?
n Référent généraliste de parcours n
Référent d'étape
n Conseiller insertion
n Assistante sociale
n Autre appellation
2) Quel est votre niveau d'étude
?
3) Quelles sont les qualités
nécessaires pour être référent ?
4) Dans quelle structure travaillez-vous
?
n Centre Social
n ANPE
n Mission Locale
n UTAS n CCAS n Autre :
5) Vous déplacez vous dans plusieurs lieux
d'accueil ? n Ouin Non
6) Quelles sont vos missions principales
?
L'INSERTION PROFESSIONNELLE DES ALLOCATAIRES DU RMI
7) Qui vous oriente les aiocataires du RMI
?
8) Combien d'aiocataires du RMI suivez-vous
?
9) Considérez-vous ceux en contrats
aidés comme faisant parti de votre portefeuile de suivi ?
? Oui? Non
10) Quels sont vos objectifs vis-à-vis du
public RMI ?
11) Quels sont les critères qui vous
permettent de mettre en place un projet d'insertion professionnel
?
12) Quels sont vos principaux partenaires ?
(Fonction/Structure)
13) LE PARCOURS D'INSERTION PROFESSIONNELLE
|
La signature d'un contrat d'insertion est-elle : ?
Obligatoire
? Conseillée
? Suggérée
14) Quelles sont les conséquences de la non-signature
d'un contrat d'insertion ?
15) En moyenne, combien d'allocataires du RMI ont
signé un contrat aidé cette année
(2006)?
16) Même question pour ceux qui ont
signé un contrat dans le secteur marchand (temps complet ou
partiel).
17) Comment évaluez-vous le positionnement de
la personne par rapport à l'emploi ?
q Par le nombre d'années non travaillées
q Par ses difficultés sociales
q Autrement (expliquez) :
18) Comment incluez-vous la participation de
l'intéressé à son projet ?
19) A votre avis, qu'est ce qui freine le plus
l'insertion professionnelle des allocataires du RMI ?
q Le manque de formation
q La multiplication des interlocuteurs
q Le manque de moyens financiers
q La complexité des démarches
q Le manque de confiance en soi
q Le temps de réponse des institutions
q L'habitude
q Autre :
q Le sentiment de fatalité face à la situation
20) Quels sont les partenaires que vous impliquez
régulièrement lors de la mise en place de ce parcours
?
q APP
q AFPA
q CIBC
q CREFO
q CUEEP
q AREP
q AUTRE CENTRE DE FORMATION :
q PLIE
q ANPE
q AUTRE :
21) Quelle est la fréquence des rencontres
avec votre public ?
22) En êtes vous satisfait ? n
Ouin Non
23) Quelle est la durée moyenne des
rencontres avec votre public ?
24) En êtes vous satisfait ? n
Ouin Non
LES PROCEDURES DE POSITIONNEMENT, D'ORIENTATION :
|
|
Lors d'un positionnement sur une action d'aide au retour
à l'emploi (action type positionnement sur CA, CAE, formation etc....)
:
25) Comment évaluez-vous la pertinence de ce
positionnement ?
26) Quelles sont vos difficultés pour
positionner une personne sur une action d'insertion ?
27) Comment effectuez-vous le suivi des personnes en
cours « d'action insertion » ?
28) Comment s'effectue le relais d'information entre
les professionnels impliqués dans le projet de la personne
?
29) Pensez-vous que ce relais soit efficace ?
n Ouin Non
30) Pourquoi ?
31) Comment l'améliorer ?
LA FORMATION
Sachant que la principale inégalité sur le
marché du travail résulte de la formation, quelle est
l'importance de la formation au sein des parcours que vous accompagnez
?
32) La formation est-elle envisagée par les personnes
dès le début du parcours ? n Oui
n Non
33) Comment choisissent-elles leur formation
34) Utilisez-vous le bilan de compétences ? n
Oui
n Non
35) Quel est votre (ou vos) interlocuteur(s)
privilégié(s) pour l'orientation professionnelle des personnes en
besoin de formation ?
36) Connaissez-vous les financements possibles pour
les projets de formation ?
n Je les connais très bien
n Je les connais assez bien
n Je les connais
n Je les connais un peu
n Je ne les connais pas beaucoup n Je ne les connais pas
37) Comment évaluez-vous cette étape de
parcours ?
38) Pensez-vous que toutes les formations soient accessibles
au public RMI ? ? oui? non
39) Quelles sont les dispositifs de formation sur lesquels
vous n'orientez pas ou plus le public RMI, malgré un besoin, et pourquoi
?
40) Quels sont les principaux freins (que vous avez
constaté) à la mise en place d'une formation pour le public RMI
?
LES CONTRATS AIDES
41) Comment avez-vous l'information concernant l'ouverture
de postes en CA/CAE ?
42) Considérez-vous avoir en votre possession assez
d'élément sur les postes proposés pour ces emplois
aidés (spécificités, compétences requises, missions
etc...)
? oui? non
43) Combien de personne avez-vous positionné sur un
emploi aidé en 2006 (que cela ait abouti ou non) ?
44) Combien d'entre eux se sont vu refusé
l'accès à ce type de contrat ?
45) Avez-vous plus de difficultés à
positionner le public RMI sur ce type de contrat ? ? oui? non
46) Pourquoi ?
47) Qu'est ce qui motive un positionnement sur un emploi
aidé ?
48) Suivez-vous l'évolution de la procédure
d'embauche une fois le positionnement effectué ? ? oui? non
49) Comment ?
50) Avez-vous confirmation par l'employeur de l'embauche
d'une personne positionnée sur un poste CA/CAE ?
? Toujours ? souvent ? Parfois ? Jamais
51) Souhaiteriez-vous que cela soit systématique
?
? oui? non
52) Continuez-vous le suivi des personnes en emploi
aidés, durant la période de contrat ?
? oui? non
53) Pour quelles problématiques ?
54) Etes-vous sollicités par les employeurs des
contrats aidés ? ? oui? non
55) Si non, Souhaiteriez vous être sollicités
par les employeurs des CA/CAE ? ? Oui? Non
56) Dans quelles circonstances êtes vous
sollicités, ou aimeriez vous être sollicité ?
57) Selon votre expérience, les contrats aidés
permettent-ils un retour à l'emploi sur le secteur marchand ?
? Oui? non
La fin d'un contrat aidé signe bien souvent le retour
aux minimas sociaux.
58) Quelles sont vos difficultés face à ce
constat d'échec ?
59) Comment remobilisez-vous la personne sur son parcours
d'insertion ?
60) Quelles sont les difficultés que vous rencontrez
avec les opérateurs, prestataires de services ou institutions, qui
freinent le parcours d'insertion ?
61) L'objectif final des politiques publics et de votre
mission étant le retour à l'emploi, combien de personnes, en
pourcentage et par rapport à votre public RMI, estimez-vous trop
éloignées du marché de l'emploi pour espérer une
insertion professionnelle dans le secteur marchand ?
_____%
62) Quels sont leurs handicaps ?
63) Comment s'effectue votre accompagnement dans ces cas
précis ? Quel est son objectif principal ?
64) Pensez vous que les dispositifs mis en place par les
pouvoirs publics, pour la lutte contre les exclusions, soient efficaces
?
? oui
? non
65) Pourquoi ?
66) Quels sont les principaux critères d'exclusion
des dispositifs d'insertion (ex : les mères de famille sont
privilégiées face aux célibataires lors d'un
positionnement sur CA/CAE) ?
Ce questionnaire est à présent terminéJe
vous remercie de votre participation à cette étude.
~
Des entretiens viendront compléter ce
questionnaire. Si vous souhaitez y participer, je vous remercie de bien
vouloir remplir les champs ci-dessous :
Nom/prénom :
Structure :
Mail :
Téléphone :
Jours et horaires disponibles
Quelques textes et graphiques essentiels Les
dépenses de RMI en 2005 (en euros par habitant)
Sources : DREES 2005.
Sources : DREES, 2006
Sources : La Lettre de l'Insertion par l'Activité
Economique n° 137, Juin 2007, p 4, Paris.
Sources : La lettre de l'Insertion par l'Activité
Economique, n° 138, Juillet-Août 2007, p 5, Paris.
|