INTRODUCTION GENERALE
1. PROBLEMATIQUE
Le lac Kivu, d'origine volcanique (CAPART, 1960 ; POUCLET,
1978 et BEADLE, 1981), compte environ 26 espèces de poissons (SNOEKS
et al., 1997). Une importante quantité de gaz méthane et
de gaz carbonique occupe la zone profonde du lac (TIETZE et al.,
1980). Cependant ce lac n'a pas attiré l'attention des
scientifiques comparativement aux autres grands lacs du rift Est africain.
Dans le but d'occuper la niche planctonique pélagique
(empty niche hypothesis, SIMBERLOFF, 1995), COLLART a introduit en
1959 un poisson pélagique et planctonophage du lac Tanganyika :
Limnothrissa miodon (COLLART, 1960).
Même si cette introduction est considérée
comme une réussite du point de vue des pêcheries et donc sur le
plan socio-économique, elle a entraîné des changements
écologiques qui ont affecté spécialement la
communauté zooplanctonique (ISUMBISHO et al., 2006). En 1953,
le zooplancton était dominé par de grands cladocères et
des copépodes avec très peu de Rotifères. En 1981, vingt
ans après l'introduction de la sardine, ce sont les Rotifères qui
occupent le lac en plus grande quantité.
Après analyse des échantillons de 1984, DUMONT
(1986) a rapporté d'importantes perturbations écologiques et
parle d'un «désastre écologique » car la plus grande
espèce de zooplancton, Daphnia curvirostris (EYLEMANN, 1887), a
disparu. En 1992, la dominance numérique des rotifères a
été confirmée (FOURNIRET, 1992) mais dès 1995 ce
sont les copépodes qui sont désormais numériquement
abondants (KANINGINI et al., 2003)
Selon ISUMBISHO et al. 2006, la domination
numérique du zooplancton par les copépodes est une
caractéristique importante du zooplancton non seulement du lac
Tanganyika (NARITA et al., 1986 ; MULIMBWA et BWEBWA, 1987 ; MULIMBWA,
1987, 1988, 1991) où le L. miodon est endémique, mais
aussi des autres lacs où il a été introduit. Le lac Kariba
est un exemple type des lacs où les copépodes dominent
numériquement la communauté zooplanctonique (BEGG,
1976 ; GREEN, 1985, 1990, GLIWICZ, 1986 et MARSHAL, 1991).
En effet, la prédation du L. miodon, qui est
un prédateur visuel sur les communautés zooplanctoniques, joue un
rôle essentiel dans le développement de l'abondance des petits
crustacés. Les copépodes, qui sont capables de résister
à la filtration des poissons planctonophages (SZLAUER, 1965 et DRENNER
et al., 1978) en accélérant leur vitesse de 10 à
35 cm.s-1 (STRICKLER, 1997), sont donc favorisés par rapport
aux cladocères.
Dans le passé, excepté les travaux de VERBEKE
(1957) et ceux de KISS (1959) qui couvrent un cycle annuel, les études
sur le zooplancton du lac Kivu ont souvent été ponctuelles.
Toutefois, ISUMBISHO effectue depuis 2000 des travaux qui s'étendent sur
plusieurs années, dans le bassin d'Ishungu, ainsi que spatialement
à l'occasion de 4 croisières d'échantillonnage sur la
totalité du lac Kivu. C'est dans cette perspective que nous avons
mené, d'avril à novembre 2005, le travail intitulé «
Contribution à l'étude du zooplancton du lac Kivu : Cas du bassin
Est au large de Kibuye ». Cette étude a été
menée dans le but d'évaluer l'abondance relative et la biomasse
des grands taxons du zooplancton, leur distribution et leurs migrations
verticales dans cet écosystème, ainsi que les relations existant
entre les facteurs environnementaux et la dynamique du zooplancton.
2. HYPOTHESES DU TRAVAIL
· L'abondance du zooplancton du lac Kivu au large de Kibuye
aurait une variation en fonction des saisons et de la profondeur.
· Le zooplancton pélagique du lac Kivu au large
de Kibuye se trouverait en grande partie dans les 20 premiers mètres de
la colonne d'eau (KANINGINI et al., 2003 ; ISUMBISHO, 2006).
· Le zooplancton pélagique du lac Kivu au large de
Kibuye serait numériquement dominé par les copépodes.
3. OBJECTIFS DU TRAVAIL
A. Objectif général
Détermination de la composition qualitative et
quantitative et de la distribution dans la colonne d'eau du zooplancton
pélagique du lac Kivu.
B. Objectifs spécifiques
· Déterminer la qualité (composition
spécifique) et la quantité (abondance relative et absolue ;
biomasse) du zooplancton dans le bassin de Kibuye.
· Mettre en évidence la distribution
saisonnière et verticale du zooplancton dans la colonne d'eau.
· Mettre en évidence les migrations verticales du
zooplancton au cours du nycthémère pendant la pleine lune et
l'obscurité totale.
4. SUBDIVISION DU TRAVAIL
Hormis l'introduction et la conclusion, ce travail est
subdivisé en 4 chapitres. Le premier chapitre est un exposé sur
les caractéristiques du lac Kivu, alors que le deuxième chapitre
parle des généralités sur les communautés
zooplanctoniques. Le troisième chapitre décrit le matériel
et les méthodes utilisées pour la collecte des
échantillons, leur analyse et les traitements de données. Le
quatrième chapitre présente les résultats obtenus et leur
interprétation.
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