La psychologie, un genre médiatique devenu rentable( Télécharger le fichier original )par Ariane Gaffuri Celsa-Université de Paris IV-Sorbonne - Master 2 Pro en Information et Communication spécialisé en Journalisme 2008 |
ANNEXE 1Les chiffres de « Ca se discute »Créée et produite en septembre 1994 par Jean-Luc Delarue, « Ca se discute » est une émission hebdomadaire de témoignages, diffusée sur France 2 en deuxième partie de soirée.124(*) Pendant de nombreuses années, l'émission rassemble un large public. Elle est même imbattable dans la concurrence avec TF1. Aucun programme ne parvient à assurer une audience stable à la chaîne privée ce soir-là. Par exemple, en octobre 2002, les résumés des matchs de football, la série « Columbo », ou « Ca peut vous arriver », dépassent à peine les 2 millions de téléspectateurs, alors que « Ca se discute » caracole en tête avec 3 millions de « fidèles » pour plus de 40 % de part de marché.
Audience de « Ca se discute » en octobre 2002125(*) A partir de 1998, l'émission subit quelques variations et devient bimensuelle. Elle vaut au producteur-animateur deux 7 d'Or en 2000 et en 2003 pour la meilleure émission de société. Puis elle est un temps mensuelle sous l'intitulé « Ça se discute, jour après jour », en prime time. Huit ans après la création de cette version, l'émission réunit à chaque fois environ 5 millions de téléspectateurs. Jean-Luc Delarue et sa société Réservoir Prod, marquent avec ce concept une succession de coups médiatiques. Pour célébrer ses 10 ans, le 30 juin 2004, le magazine ouvre ses coulisses aux téléspectateurs sur France 2 à 0h50. L'émission est appelée « Derrière l'oreillette ». Elle est suivie par 750 000 téléspectateurs.126(*) En 10 ans, 5 000 personnes, anonymes pour la plupart, sont venues témoigner dans 424 émissions. En décembre 2005, « Ca se discute » propose une soirée spéciale sur la téléréalité qui attire près de 42 % de téléspectateurs, une audience record. Mercredi 3 mai 2006 à 22h35 sur France 2, la 500e est retransmise en direct, avec 7 500 invités, 1 000 reportages, 300 heures d'images pour cette seule émission. Elle bat son record de la saison avec près de 3,5 millions de téléspectateurs.127(*) La crise des producteurs-animateurs Nous sommes en 1994. Coup sur coup, l'animateur Arthur est débauché d'Europe 1 et Jean-Luc Delarue de Canal +. Tous deux négocient un contrat avantageux avec Jean-Pierre Elkabbach, alors « patron » du pôle public - ce qui leur aurait permis, ainsi qu'à d'autres producteurs, de fonder leur maison de production.128(*) Ce jour là, explique la journaliste Hélène Risser dans son livre « l'Audimat à mort », Jean-Luc Delarue signe « entre quatre yeux » un contrat de 404,5 millions de francs (environ 61,50 millions d'euros) pour trois saisons de 1994 à 1997, avec une avance de 29 % du montant prévisionnel des commandes pour la saison 1994-1995. Chaque émission est rémunérée 1,7 million de francs (près de 244 000 euros). Cet arrangement, selon la journaliste, permet à l'animateur de financer gratuitement sa société de production Réservoir Prod et de réaliser jusqu'à 80 % de marge. En contrepartie, France Télévisions réussit à redresser son audience en baisse, passant de 24,7 à 25 % de parts de marché. En 1995, le député UDF Alain Griotteray examine les contrats de France 2 et révèle l'affaire. D'autres animateurs producteurs d'émissions de divertissement sont sur la sellette. Outrés par « l'ampleur des dérives »,129(*) les salariés de France Télévisions rédigent une motion de défense contre Jean-Pierre Elkabbach, l'acculant à la démission. Mis en défaut dans la presse, Jean-Luc Delarue justifiera ses tarifs ainsi : « L'émission a décollé en audience, nous battons régulièrement Anne Sinclair. Et "Ça se discute" fait aussi des excellents scores. Nous rapportons plus de recettes publicitaires que nous ne coûtons à la chaîne. On ne peut rien me reprocher. »130(*)
Le scandale a du succès. Pour exemple, le mercredi 24 octobre 2007, l'émission, enregistrée et diffusée en différé, a pour thème les « Célébrités traquées : victimes consentantes ? » A la suite d'un échange verbal musclé avec le paparazzi Jean-Claude Elfassi, Daniel Ducruet, ancien époux de la princesse de Grimaldi, en vient aux mains.132(*) Cet éclat est aussitôt repris par les médias et mis en circulation sur Internet. Le jour de la diffusion, l'émission réunit environ 2 800 000 téléspectateurs pour 32 % de part d'audience, dont 29 %, sont des femmes au foyer de moins de cinquante ans.133(*) * 124 www.france2.fr, 2007. * 125 Roulet, Jérôme, « TF1 vs Ca se discute », Toutelatele.com, 18 décembre 2002. * 126 De Mallevoüe, Delphine, « Ca se discute », Le Figaro, 30 juin 2004. * 127 France 2, Dossier de presse, « Ca se discute, Derrière l'oreillette », 2006. * 128 Risser, Hélène, « L'Audimat à mort », Seuil, 2004, op. cit., p. 91. * 129 Ibid, p. 93. * 130 Soula, Claude, « Elkabbach et le millionnaire » Le Nouvel Observateur, n° 1644, Semaine du 9 mai 1996. * 131 Risser, Hélène, « L'Audimat à mort », Seuil, 2004, op. cit., p. 110. * 132 www.dailymotion.com, 24 octobre 2007. * 133 Chiffres publiés par la société Réservoir Prod, www.reservoirprod.fr, janvier 2008. |
|