L'émergence d'une culture des droits de l'homme au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Cyrille APALA MOIFFO Université de Nantes - Diplôme d'Université de 3è cycle en Droits Fondamentaux 2005 |
Paragraphe 2 : Les pressions diverses sur les gouvernantsA côté des revendications qui caractérisent le climat socio-politique tendu, les gouvernants ont eu à faire face à des pressions internes sur les plans économique (A) et politique (B). Dans un environnement économique déjà précaire du fait de la crise économique, les leaders politiques de l'opposition ont mis au point des moyens de pression visant à faire plier les gouvernants à leurs exigences22(*). C'est ainsi qu'on abouti à l'opération dite « villes mortes » caractérisée par l'incitation à l'arrêt des activités économiques dans les villes du pays. Une stratégie de désobéissance civile est également mise sur pied, marquée par l'appel des opérateurs économiques à l'incivisme fiscal. Ces pressions ont contribué à mettre en difficulté les pouvoirs publics dont l'autorité était bafouée et qui de ce fait, avaient de plus en plus du mal à honorer leurs engagements au plan interne et vis-à-vis des institutions financières internationales23(*). Aux effets des pressions économiques, il faut également ajouter les pressions politiques qui ont contribué à l'instauration d'un environnement démocratique et respectueux des libertés. Elles étaient surtout exercées par les militants du parti unique24(*)secoué par un courant dit « progressiste », favorable à l'avènement de la concurrence politique et soucieux de l'instauration des réformes au sein du parti. Il s'agit là d'une action qui a révolutionné le fonctionnement interne du RDPC et qui a abouti en son sein à la compétition électorale aussi bien pour la désignation des responsables à tous les niveaux, que pour la détermination des candidats aux élections municipales et législatives de mars 1992, rompant ainsi avec la pratique de leur cooptation par les instances dirigeantes. Ce courant réformateur impulsé au sein du parti au pouvoir25(*) a influencé l'attitude des gouvernants qui ont de ce fait engagé des réformes favorables à l'instauration d'un environnement politique plus libéral et par conséquent, enclin à la tolérance, au dialogue et au respect des citoyens. La nécessité du respect des droits de l'homme au Cameroun se situe dans un contexte général d'éveil des consciences, par rapport au respect qui est dû à la personne humaine, quelles que soient ses origines, sa condition sociale. Cette situation justifie sans doute la conjonction de facteurs et d'évènements qui, dès la fin des années 1980, ont contraint de nombreux dirigeants des pays du Sud, à se mettre à l'école de la construction progressive de l'Etat de droit et de l'acquisition de la culture des droits de l'homme. Aussi importe t-il en ce qui concerne le Cameroun, de décrire et d'analyser les manifestations de cette émergence des droits de l'homme. * 22 Ils réclament l'instauration du multipartisme, l'organisation d'une conférence nationale (comme au Congo, au Tchad ou au Bénin...) et l'organisation d'élections transparentes, libres. * 23 Respect des échéances pour le paiement du service de la dette, difficultés à payer les salaires des agents publics, à assurer les subventions aux organismes para-publics et aux établissements scolaires privés. * 24 Il s'agit du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) crée en mars1985, après l'accession à la Magistrature suprême de M. Paul BIYA (6 novembre 1982), pour remplacer l'Union Nationale Camerounaise (UNC). * 25 Sur la question des innovations opérés au sein du RDPC, voir l'ouvrage commis par le Cabinet Civil de la Présidence de la République du Cameroun, intitulé : Cameroun 1982-1992 des faits et des chiffres : le bilan de la décennie BIYA, Yaoundé, Imprimerie Saint Paul, 1992, pp. 53-54. |
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