Sarah Dauvergne Analyse- Diagnostic du
INA-PG, DAA Développement Agricole Bajo Andarax,
Almería
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DIAGNOSTIC
AGRAIRE DU BAJO
ANDARAX,
ALMERIA
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RAPPORT DE STAGE
Mars - Aout 2007
Maitre de stage : Francisco Camacho,
université d'Almeria
Tuteur de stage : Sophie Devienne, Chaire
d'Agriculture Comparée, INA-PG
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION 6
I. CONDITIONS NATURELLES ET CONTEXTE HISTORIQUE
7
A. LES CONDITIONS NATURELLES 8
1. SITUATION GEOGRAPHIQUE 8
2. RELIEF ET CLIMAT 9
3. LES SOLS 10
4. LA VEGETATION 10
B. RAPPEL HISTORIQUE 11
1. L'HISTOIRE AGRICOLE ESPAGNOLE ET ANDALOUSE A PARTIR DU 1
8EME SIECLE 11
2. L'HISTOIRE AGRICOLE DE LA PROVINCE D'ALMERIA A PARTIR DE
L'EPOQUE ARABE 15
C. LECTURE DE PAYSAGE ET ENQUETES HISTORIQUES
22
1. PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE 22
2. LES MARQUES DE L'HISTOIRE DANS LE PAYSAGE 24
3. LA SUCCESSION DES SYSTEMES AGRAIRES : UNE HISTOIRE DE
COLONISATION 27
II. LE SYSTEME AGRAIRE ACTUEL 45
A. LES ASPECTS TECHNIQUES 46
1. PRESENTATION DES CULTURES 46
2. LE MATERIEL 49
3. ITINERAIRE TECHNIQUE 51
4. CALENDRIER DE TRAVAIL ET DE PRODUCTION (VOIR ANNEXE 5) 53
5. L'EAU 55
6. CONCLUSION 56
B. TYPOLOGIE DES SYSTEMES DE PRODUCTION 57
1. LES METAYERS 57
2. L'AGRICULTURE FAMILIALE 58
3. LA PETITE AGRICULTURE PATRONALE 60
4. LA GRANDE AGRICULTURE PATRONALE 61
5. L'AGRICULTURE CAPITALISTE 63
6. SITUATION DES DIFFERENTS SYSTEMES DE PRODUCTION DANS L'ESPACE
64
7. ANALYSE DES RESULTATS ECONOMIQUES 65
C. REVENU DISPONIBLE 66
1. TRESORERIE SUR UNE CAMPAGNE 66
2. REVENU DISPONIBLE EN FONCTION DES EMPRUNTS 67
D. ANALYSE DE SENSIBILITE 68
1. LES VARIATIONS DE RENDEMENTS 68
2. LA VARIABILITE DES PRIX 70
3. LES SALAIRES 72
III. CARACTERISTIQUES ET PROBLEMATIQUES DE
L'AGRICULTURE ALMERIENSE
75
A. UNE AGRICULTURE INTENSIVE TRES PERFORMANTE
76
B. LE BAJO ANDARAX DANS LA PROVINCE D'ALMERIA :
COMPARAISON AVEC EL EJIDO ET
NIJAR 77
C. UNE AGRICULTURE (PERI-) URBAINE 78
D. UNE NON - DURABILITE ENVIRONNEMENTALE 79
E. L'UTILISATION DE LA MAIN-D'OEUVRE IMMIGREE
80
F. DES ACTEURS MULTIPLES 81
1. LES COOPERATIVES 81
2. LES ENTREPRISES DU SECTEUR INDUSTRIELLE ET TERTIAIRE 82
3. LES ACHETEURS 82
4. LES SEMILLEROS 82
5. LES BANQUES 83
6. LES COMMUNAUTES D'IRRIGANTS 83
7. LES POUVOIRS PUBLICS 83
G. UN MARCHE FLUCTUANT ET SOUMIS A UNE CONCURRENCE TRES
RUDE : LE PROBLEME DES PRIX84
CONCLUSION 86
ANNEXES 87
ANNEXE 1 : STRUCTURE DU FONCIER ET DE LA PROPRIETE DANS
LA PROVINCE D'ALMERIA 88
ANNEXE 2 : CALENDRIER DE PRODUCTION ET DE TRAVAIL
89
ANNEXE 3 : LES NORMES DE QUALITE DE LA CASI
94
ANNEXE 4 : FILS ET PERCHES 97
BIBLIOGRAPHIE 98
SIGLES ET TRADUCTION 99
INDEX DES FIGURES
Figure 1 : Situation de la Province d 'Almeria 8
Figure 2: Situation de la Cafiada 8
Figure 3 : précipitations mensuelles et nombre de
jours de pluie à Almería, année 2005. Données
recueillies à l'aéroport d'Almeria 9
Figure 4 :
Températures moyennes, minimales et maximales à Almería en
2005. Données recueillies à l'aéroport
d'Almeria 9
Figure 5 : limite entre la zone de serres et la steppe.
10
Figure 6 : Photo aérienne des zones d'agriculture sous
serres de la province d'Almeria 22
Figure 7 : Photo aérienne de la zone
étudiée 22
Figure 8 : Les différentes zones dans le Bajo Andarax
23
Figure 9 : entre la mer et la sierra, les serres
s'étendent à perte de vue 24
Figure 10 : Parcelles à l'air libre entourées
de haies 25
Figure 11 : Rangée de cafia 25
Figure 12 : un cortijo 26
Figure 13 : Occupation de l'espace dans les années
1950 27
Figure 14 : devenir des principales classes sociales dans les
années 1960 29
Figure 15 : schéma d'une parcelle cultivée
à l'air libre dans les années 1960 31
Figure 16 : rôle des haies dans la protection contre le
vent 31
Figure 17 : rôle des setillos dans la protection contre
le vent 31
Figure 18 : la cafia est plantée au bord des canaux de
sable ou de terre pour les renforcer 31
Figure 19 : période de production de la tomate dans
les systèmes de culture à l'air libre 32
Figure 20 : évolution des différentes
catégories sociales entre 1960 et 1975 34
Figure 21 : L'occupation de l'espace en 1975 35
Figure 22 : résumé de l'histoire récente
(depuis 1970) 36
Figure 23 : serre de type parral vue de l'intérieur
37
Figure 24 : période de production sous les
premières serres 37
Figure 25 : Période de production avec les nouvelles
variétés 41
Figure 26 : Occupation de l'espace en 2000 43
Figure 27 : Serres à toit incliné et
asymétriques 49
Figure 28 : calibreuse en fonction du poids 50
Figure 29 : période de production et exigence en
travail de chaque variété 54
Figure 30 : période de production (double
flèches) et moyenne des prix mensuels 2002-2006 par
variétés 54
Figure 31 : quantité d'eau qui sort de las 4 vegas par
jour en fonction de la période années 1998 - 2006 source : las 4
Vegas 56
Figure 32 : situation des différents systèmes
de production dans l'espace 64
Figure 33 : calendrier de trésorerie sur une campagne
66
Figure 34 : flux de trésorerie au cours d'une campagne
67
Figure 35 : effet d'une variation de rendement sur le revenu
sur l'agriculture familiale et la petite agriculture
patronale 68
Figure 36 : effet d'une variation de rendement sur le revenu
sur la grande agriculture familiale 69
Figure 37 : variations de prix annuels de tomates en
Andalousie (2002-2007) 70
Figure 38 : effet d'une variation de prix sur le revenu pour
l'agriculture familiale et la petite agriculture
patronale 70
Figure 39 : effet d'une variation de prix sur le revenu pour
la grande agriculture patronale 71
Figure 40 : effet d'une variation de salaires sur le revenu
pour la petite agriculture patronale 73
Figure 41 : effet d'une variation de salaires sur le revenu
pour la grande agriculture patronale 73
Figure 42 : production vendues à la CASI en tonnes
76
Figure 43 : les serres se trouvent au milieu des chantiers de
constructions 78
Figure 46 : la concurrence est rude entre les
différents fournisseurs de semences 82
Figure 47 : Prix hebdomadaire de la tomate année 2001
à 2006 (source Junta de Andalusia) 84
INTRODUCTION
La province d'Almeria a longtemps été la plus
pauvre d'Espagne, isolée du reste de la péninsule par la sierra
Nevada. Aujourd'hui on la connaît sous le surnom de « jardin de
l'Europe » puisqu'elle produit des produits horticoles qui inondent les
marchés européens. Contrairement au reste de l'Andalousie qui a
vu son agriculture dépérir, Almería s'est sorti de la
misère grâce à l'agriculture, qui reste aujourd'hui encore
l'activité fondamentale pour l'économie de la région. Nous
allons étudier en détail quelles ont été les
évolutions de l'agriculture almeriense et comment elle a
transformé le désert en « jardin », et nous nous
pencherons ensuite sur la situation actuelle et sur les problèmes qu'un
développement rapide et incontrôlé a fait naitre.
La zone d'étude choisie ne représente qu'une
petite partie de la surface sous serre de la province d'Almeria. Ce sont
environ 5000 ha de serres qui présentent une forte
homogénéité. Située sur le delta du fleuve Andarax,
c'est une zone d'agriculture traditionnelle qui s'est transformée et
étendue à la fin du 20ème siècle. Elle
présente des similitudes et des différences avec les deux plus
grandes zones d'agriculture intensive sous serre de la province d'Almeria que
sont El Ejido et Nijar, qui lui ont permis de se spécialiser dans la
culture de tomates et de rester une zone productrice malgré la
concurrence de ses deux homologues géants.
I. CONDITIONS
NATURELLES ET
CONTEXTE HISTORIQUE
A. Les conditions naturelles
1. Situation géographique
Almería est une province espagnole, situé dans
le sud-est d'Espagne, intégrée à la Communauté
Autonome d'Andalousie. C'est la province la plus orientale d'Andalousie.
La capitale de la Province est la ville d'Almeria,
situé dans le centre de la baie de même nom.
Figure 1 : Situation de la Province
d'Almerfa
La zone étudiée est appelée le Bajo
Andarax, du nom du fleuve qui la traverse. Elle est adossée à la
ville d'Almeria.
Figure 2: Situation de la Caùada
2. Relief et climat
Almería est une des provinces les plus montagneuses
d'Espagne. Elle est traversée d'ouest en est par divers massifs
montagneux d'origine alpine, intégrés dans la Cordillère
Pénibética. Cette singulière disposition orographique est
en grande partie responsable de l'isolement historique, tant de la province
avec le reste de l'Espagne, qu'entre les différentes communes. Ses 219
km de côte incluent divers incidents géographiques, dont le golf
d'Almeria.
Le climat d'Almeria est subdésertique,
méditerranéen, chaud et sec. Il y a en moyenne 50 jours de pluie
par an, concentrés entre octobre et mai. La moyenne annuelle est entre
200 et 400 mm de précipitations par an. Les précipitations sont
très irrégulières. Les cours d'eau sont secs la plupart du
temps, surtout dans la zone côtière. En été, les
pluies, rares mais violentes, peuvent provoquer des inondations sur les plaines
alluviales mais les cours d'eau sont aujourd'hui endigués. L'eau de
pluie ou provenant de la sierra Nevada permet l'alimentation des nappes
phréatiques situées sous les cours d'eau.
25,0
20,0
35,0
30,0
15,0
10,0
4
9
8
7
6
5
3
2
0
1
5,0
0,0
40
70 mm
60
50
30
20
0
10
nombre
de jours
de pluie
précipita tion
(mm)
nombre de jour de neige
Figure 3 : précipitations
mensuelles et nombre de jours de pluie à
Almería, année 2005. Données recueillies à
l'aéroport d'Almerfa.
Figure 4 : Températures moyennes, minimales
et
maximales à Almería en 2005. Données
recueillies à l'aéroport d'Almerfa.
Deux obstacles empêchent l'arrivée des
précipitations : les montagnes de l'arrière pays, et la mer
Méditerranée qui agit comme un obstacle très important aux
pluies. Les précipitations viennent en fait de la masse d'air polaire et
non de la mer. La température
descend rarement en dessous de 12°C. Le climat est assez
semblable à celui des zones de steppe d'Afrique du Nord.
Un vent fort et incessant est caractéristique de la
zone côtière. Il y a plusieurs sortes de vent : les deux plus
importants sont le poniente, en hiver, qui vient de l'ouest et le
levante, qui vient de l'est et fait augmenter la température de
plusieurs degrés en été.
3. Les sols
Les sols sont érodés et immatures à
cause du manque de pluie : il n'y a pas d'horizons B. Ils sont
fréquemment à nu : les 4/5 des terres ne sont pas
cultivées car le climat est trop sec. Le sol est riche en sable,
à part autour du fleuve qui a apporté des limons venant des
hautes terres.
La grande majorité des sols sont des xérosols, a
part aux abords du fleuve. Ce sont des sols marqués par la
proximité de la mer, riche en sel et en sable, et par
l'aridité.
4. La végétation
La végétation naturelle ne recouvre pas
entièrement le sol. Le paysage est celui d'une steppe de graminée
avec deux espèces spontanées favorisées par l'homme :
l'esparto et l'albaldin. Il n'y a pas d'arbres : les derniers
ont été coupés lorsque l'activité minière
était très importante, au 1 9ème et au
début du 20ème siècle.
|
Les plantes sont petites et épineuses pour mieux
résister à la sécheresse et 30 % des plantes sont des
plantes annuelles. La végétation ressemble à celle
d'Afrique du Nord.
Figure 5 : limite entre la zone de serres et la
steppe.
|
B. Rappel historique
1. L'histoire agricole espagnole et andalouse à
partir du 18ème siècle
a. Le 18éme siècle
Au début du 18éme siècle, l'Andalousie
est une région très riche, grâce à son agriculture
et au commerce portuaire. Séville et Cadiz sont les villes les plus
riches d'Espagne. Mais les écarts de richesse sont considérables,
la reconquête de l'Andalousie par les Chrétiens, et divers
processus de rachat, héritage et mariage a permis l'accaparement des
terres par les nobles et la famille du roi. L'agriculture est de type
latifundiste et est soumise au marché et aux investissements
étrangers et, seulement 1/9éme des terres sont
cultivées. De ce fait, la région ne suit pas la Révolution
Industrielle qui démarre en Catalogne et se retrouve en quelques
dizaines d'années parmi les régions les plus pauvres d'Espagne.
Les principales productions sont les céréales, la vigne,
l'olivier et l'élevage transhumant, exclusivité d'une «
caste » de pasteurs très puissante : la Mesta. Une
première Réforme Agraire est tentée par Charles III en
1768.
b. Le 19éme siècle et
la Desamortizacién
En 1794, Jovellanos écrit un rapport d'inspiration
smithienne qui prône l'accès à la propriété
privée par le plus grand nombre. Sur cette base, la Couronne espagnole
lance une politique de colonisation en Andalousie, en permettant à des
colons de s'installer sur des lots de 32 ha, en plus de terres de pâture
et de terres exploitables en arboriculture. Les colons viennent d'Allemagne et
de Hollande. La Réforme Agraire de la ilustraci6n est
engagée sur cinq principes : la libéralisation du commerce, la
répartition des terres municipales, la consolidation du cultivateur,
l'interdiction de sous-louer les terres et la limitation des
privilèges.
Par la suite, l'inquisition est abolie en 1820 et la
Mesta, qui était contre l'encloturement des terres, en 1836. La
Desamortizaci6n, qui consiste en la vente des terres de l'Eglise et
des terres municipales va permettre aux grands propriétaires nobles et
bourgeois de les racheter et de se forger de grands domaines. Il s'agit
véritablement d'une révolution bourgeoise dont les
bénéficiaires sont les spéculateurs, les bourgeois
(commerçants, fonctionnaires,...), les classes rurales moyennes en voie
d'« embourgeoisement », les nobles, quelques étrangers et
quelques représentants du clergé. La propriété se
concentre, et c'est à cette période que se constituent les
latifundios qui existent encore aujourd'hui, surtout en Andalousie
occidentale.
Le défrichement des terres de parcours porte
préjudice aux paysans les plus pauvres, les terres marginales sont mises
en culture sans succès et souvent abandonnées. Beaucoup de
contrats de location sont rompus ou la rente est augmentée. On assiste
alors à la naissance d'un prolétariat paysan qui perdurera
jusqu'au 20ème siècle, et à des mouvements et à des
revendications paysannes. La Desamortizaci6n absorbe les capitaux et
on fait alors appel aux investissements étrangers pour l'industrie,
toutefois l'industrie est insuffisante pour absorber la main d'oeuvre
paysanne.
c. Le début du 20éme
siècle
La structure sociale est pyramidale, dominées par les
latifundistes et propriétaires absentéistes. La première
guerre mondiale, à laquelle l'Espagne ne prend pas part, provoque une
hausse des prix et des exportations, notamment d'huile d'olive et relance la
production, mais elle provoque aussi une forte inflation, insoutenable pour les
salariés agricoles andalous. Des mouvements anarchistes et syndicalistes
de grande ampleur apparaissent.
A partir de 1920, Primo Rivera, soutenu par le Roi, installe
une dictature stabilisatrice. Il engage une politique keynésienne et
l'inflation diminue. Il abandonne le pouvoir en 1930, dans une situation de
crise économique et de trouble.
Des élections sont organisées, gagnées
par une coalition de gauche menées par Manuel Azaña, qui lance
une Réforme Agraire en 1932. Cette Réforme Agraire donne beaucoup
de pouvoirs aux syndicats paysans, qui encore aujourd'hui sont très
influents. Les latifundistes sont imposés très fortement et les
surfaces sont limitées en fonction du type de culture. En
réalité seulement quatre types de terres sont expropriables : les
terres héritées du système féodal, les terres mal
cultivées (trop extensives), les terres irrigables non irriguées
et les terres systématiquement louées. Sont exclues les terres
des grands propriétaires qui cultivent avec un système de faire
valoir direct, les forêts et terres de pâture qui n'ont jamais
été labourées, et les terres louées en
métayage. Les paysans occupent spontanément les terres, ce qui va
permettre une redistribution importante.
Mais la Réforme Agraire a été mal
ciblée, elle porte davantage préjudice aux moyennes exploitations
qu'aux latifundistes qui font des pressions sur le gouvernement et
résistent grâce aux mouvements nationalistes. La coalition se
divise, les anarchistes et socialistes radicaux jugeant les réformes
trop lentes, les modérés les jugeant trop rapides.
En 1933, la droite gagne les élections et tentent de
revenir sur la Réforme Agraire et d'en annuler les effets, ce qui
provoque d'énormes tensions et une répression
sévère. En 1936, la coalition du Front Populaire remporte
à nouveau les élections, mais les socialistes refusent de
participer au gouvernement. Les désordres de multiplient : combats de
rue entre militants d'extrême gauche et phalangistes, prise de possession
des terres par les paysans,...
La Phalange favorise le coup de force du
général Francisco Franco, le 17 juillet 1936 à Melilla. Le
18 juillet, les garnisons d'Espagne se soulèvent mais elles se heurtent
à la résistance des grandes organisations ouvrières. Le
pays se divise en deux, entre nationalistes (militaires, grands
propriétaires) et républicains (ouvriers industriels ou
agricoles). Il s'ensuit une longue guerre civile qui dure jusqu'en 1939. Franco
se proclame chef de l'Etat le 1er octobre 1936. La guerre civile prend fin le
1er avril 1939, laissant derrière elle près de 400.000 morts et
un pays ruiné.
d. Le franquisme (i) 1939-1950 :
el primer franquismo
La résistance des républicains dure jusqu'en
1950. Franco mène une politique d'isolement et d'interventionnisme qui
provoque de graves problèmes économiques. En 1937 est
créé le Service National du Blé, en 1938, le Service
National de Réforme Economique et Sociale de la Terre, chargée de
la contre-réforme agraire et en 1939 l'Institut National de
Colonisation. Le régime de Franco est largement soutenu par les grands
propriétaires. C'est une période de grande pauvreté et de
pénuries. L'alimentation est rationnée, les prix du blé
sont soutenus chez le producteur et maintenus bas à la consommation, les
autres productions
ont des prix maintenus artificiellement bas, ce qui provoque le
développement d'un marché noir. Les latifundistes profitent
largement des prix très élevés du marché noir.
Malgré des lois qui contraignent à
l'augmentation de la production, à cause des prix très bas, des
terres sont abandonnées ou les récoltes sont vendues au
marché noir, la production baisse. La main d'oeuvre est très
abondante et très bon marché : 52,3% de la population agricole
andalouse est salariée. De plus, avec les prix agricoles bas et
l'absence de syndicats ou mouvements de revendications, les salaires baissent.
La main d'oeuvre est tellement bon marché que certains latifundistes
vont expulser les métayers pour installer une agriculture à
salariés. Dans les années 40 quelques mauvaises récoltes
provoquent des famines.
(ii) 1951-1959 : période de transition et
d'ouverture
A partir de 1950, la politique interventionniste est
atténuée et la croissance économique repart, les autres
pays européens sont également en pleine croissance après
la guerre. Le rationnement est aboli en 1952. En 1959 est mis en place un Plan
de Stabilisation Economique, qui libéralise le marché
intérieur et extérieur. La peseta est dévaluée ce
qui provoque l'afflux d'investissements étrangers. Les importations
diminuent, et avec l'augmentation des revenus du tourisme et l'augmentation des
capitaux étrangers, la balance des paiements s'équilibre.
La conséquence de la nouvelle politique est
l'augmentation des surfaces cultivées, de la productivité et de
la production.
(iii) 1960-1975 : années de
développement
Avec l'ouverture des marchés et le développement
économique, les systèmes agraires se transforment brutalement. Le
système traditionnel des années 1950 tombe en crise, la main
d'oeuvre est trop abondante, les produits peu diversifiés (Franco avait
largement soutenu la production de céréales), les minifundistes
vivent d'une agriculture de subsistance et les latifundistes,
protégés par les prix soutenus du blé, n'ont pas investi.
L'équilibre de l'offre et de la demande du blé se rompt avec
l'apparition de nouvelles habitudes alimentaires, la demande de viande, fruits,
légumes augmente. Une forte émigration des journaliers,
salariés et des petits producteurs dans les années 1960 provoque
l'augmentation des salaires agricoles, et cette augmentation provoque
l'intérêt des grands propriétaires pour investir et
moderniser l'agriculture.
Beaucoup de petites exploitations agricoles disparaissent.
L'agriculture se modernise, avec l'utilisation de semences
améliorées, d'engrais chimiques et les réseaux de
commercialisation se développent. C'est également le début
du crédit bancaire. L'agriculture jour un rôle décisif dans
le développement industriel en se convertissant en demandeuse de
produits industriel.
L'envoi de capitaux par les nombreux migrants des pays
européens vers l'Espagne et le tourisme sont aussi des facteurs
importants dans la résolution de la crise.
e. L'après- Franco
(i) 19 76-1985 : la transition
En 1979, la loi des « exploitations manifestement
améliorables » touche les propriétés qui ne sont pas
exploitées depuis deux ans, qui ne disposent pas de moyens suffisants ou
dont
la surface est supérieure à 50 ha irrigués
ou 500 ha non irrigués. En 1984 est voté une nouvelle loi de
Réforme Agraire.
(ii) 1986-2007 . l'intégration à l'Union
Européenne
Il reste encore beaucoup de latifundios en Andalousie, surtout
en Andalousie occidentale. 3% des exploitations s'étendent sur plus de
la moitié de la superficie, et 57% des exploitations se partagent 7% de
la superficie. En ce qui concerne les terres irriguées, les chiffres
reflètent toujours une forte inégalité, mais moins
marquée : 40% de la superficie est concentrée sur 3% des
exploitations et 62% des exploitations occupent 14% de la surface. Le prix de
la terre est élevé, et dans l'ensemble, les exploitations de
petite taille ne s'agrandissent pas. Dans ce contexte l'agriculture intensive
du littoral constitue une exception.
2. L'histoire agricole de la province d'Almeria à
partir de l'époque
arabe
« Pour la première fois depuis que je parcours
le pays me vient à l'esprit que les almerienses n'ont jamais
été protagonistes dans leur histoire, mais bien des figurants,
résignés et muets. Occupée successivement par les
Phéniciens, Carthaginois, Romains, Visigoths, Almería connut une
brève période de splendeur dans les lumières de la
domination musulmane. « Quand Almería était Almería,
dit un proverbe que les anciens répètent avec mélancolie,
Grenade était son grenier». Depuis sa conquête par les Rois
Catholiques, la région a souffert d'une pathétique et incessante
décadence. La monarchie espagnole lui a envoyé gouverneurs et
maires mais Almería ne s'est pas vraiment intégré à
l'Espagne. Les almerienses irriguèrent de leur sang les possessions
d'Europe, d'Afrique, d'Océanie et d'Amérique mais leur sacrifice
n'apporta aucune compensation à leur petit pays. La
déforestation, l'émigration ont transformé en ce
désert actuel les paysages antiques. Colonisée par le pouvoir
centralisé des Bourbons, comme elle le fut par l'industrie
étrangère et catalane, Almería fut ignorée par les
rois, ministres, réformateurs, écrivains. Une légende
d'incompréhension et d'oubli devait la maintenir loin de tous les
mouvements rénovateurs qui se produisirent en Espagne. Au
dix-huitième siècle, elle était la cendrillon de nos
provinces et quand les écrivains de Quatre-vingt Dix-huit
marchèrent sur les chemins et la terre de la péninsule, ils se
détournèrent d'elle, et ne jugèrent pas digne de leurs
talents de défendre sa cause. Depuis toujours, offrant ses fils au pays,
petits almerienses aux visages terreux, les cheveux noirs et le regard
brillant, vêtus, sans aucun doute, des mêmes vêtements
usés que leur descendants actuels... Ils ne furent jamais de grands
conquérants comme les Castillans ou les Extremaduriens, navigants
intrépides comme les Galiciens ou les Basques, ni commerçants de
fortune comme les Sévillans ou les Catalans. Son apport fut presque
toujours anonyme. Ils furent les rameurs silencieux des galons, la troupe
souffrante des armées, la main d'oeuvre obscure vivant dans
l'abnégation. Et si Almería figure peu dans les manuels
d'Histoire, là où, de par le monde, un jour ou l'autre, les
espagnols posèrent le pied, les fosses communes contiennent un bon
pourcentage d 'almerienses. »
Juan Goytisolo, 1960, Campos de Nijar.
a. Les systèmes agraires mis en place par les Arabes
(avant 1492)
Almería fut peuplée et occupée par les
Phéniciens, entretint des relations amicales avec les Grecs, puis fut
colonisée par les Carthaginois et les Romains, les Vandales, les
Wisigoths et les Byzantins. Cependant c'est la civilisation
islamique, avec huit siècles de présence dans la province, qui
exerça l'influence la plus importante. Au début du 8ème
siècle, les Arabes -principalement des Yéménites- et les
Berbères arrivent sur le territoire d'Almeria et commencent à
développer une agriculture qui modifia substantiellement le paysage.
Pechina est alors la capitale de la province. En 955, la ville d'Almeria qui
jusqu'alors, avait été un quartier portuaire de Pechina est
officiellement créée sous le nom de Al Mariyyat Bayyana, avec la
création d'une forteresse destinée à résister aux
attaques venant de la mer : l'Alcazaba. La nouvelle cité deviendra le
principal port du califat de Cordoue et elle développera un important
commerce avec la Méditerranée Orientale et l'Afrique du Nord.
Les terres agricoles sont organisées en auréoles
concentriques autour des villages. Les zones les plus importantes sont les
vegas, c'est-à-dire les zones irriguées, situées
sur les
plaines ou cônes alluviaux, de petite surface et
très intensives en travail, et les zones aménagées en
terrasse plus proche de la sierra.
Les jardins irrigués constituent la
première auréole, proche des habitations. On y cultive le
mûrier, l'olivier, l'amandier, l'oranger, la vigne, le lin et des
produits horticoles... La cafia, graminées de 3 à 4
mètres de haut est utilisée pour protéger les parcelles du
vent, et garde cette fonction jusqu'à l'arrivée des serres dans
la zone.
Les terres labourables irriguées :
on y cultive des céréales, blé et orge, du lin,
associés avec des produits horticoles et des arbres (mûriers,
palmiers, orangers, citronniers, poirier, pommiers). Le travail du sol est
effectué à l'aide d'un araire tiré par des boeufs ou des
ânes.
Les terrasses sont utilisées pour la
culture de céréales en association avec de l'arboriculture,
oliviers et figuiers. Les terrasses sont construites de manière à
retenir l'eau.
Les terres cultivées non
irriguées produisent très peu : on y cultive dans les
zones de bas-fond de l'orge et quelques arbres, par exemple l'amandier. Les
récoltes sont aléatoires à cause de la rareté des
pluies (on peut récolter une année sur deux ou trois), les
friches sont très longues et on utilise le feu pour augmenter la
fertilité du sol et se débarrasser des mauvaises herbes. On
cultive aussi la barrilla sur les friches ou sur les
céréales mortes, cette plante, qui apprécie les milieux
salins, produit une sorte de soude utilisée dans la fabrication de
savon.
Le reste des terres constitue la plus
grande surface : ce sont des espaces incultes, utilisés comme
pâturage, et pour la collecte de l'esparto, plante
spontanée, qui sert à la fabrication de cordes, et qui a permis
durant des siècles la survie des habitants les plus pauvres.
L'élevage de brebis et de chèvres
est transhumant, entre la plaine côtière et la sierra.
La province d'Almeria est déficitaire en
céréales et doit en importer. Les paysans se livrent
généralement également à des activités de
petit artisanat, à partir de la soie, du lin, de la laine.
L'unité administrative est le « taha ». La terre est
propriété éminente du taha et un droit d'utilisation est
accordé à celui qui la travaille. L'eau est liée à
la terre, elle est un droit pour l'agriculteur. Les parcelles sont très
dispersées.
b. La reconquête par les Chrétiens
Lorsqu'Almeria est reconquise par les rois chrétiens
en 1500 environ, les musulmans se voient dans l'obligation de se convertir. On
assiste alors à une forte émigration provoquée par la
guerre, des Arabes vers l'Afrique du Nord, malgré l'interdiction
formulée par les Chrétiens. La population d'Almeria chute
brusquement. La côte se dépeuple, d'autant que
l'instabilité politique provoque de très régulières
attaques de pirates berbères qui dureront jusqu'au
19ème siècle : la population se réfugie dans
les montagnes. La population rurale est surtout composée de musulmans
convertis, qu'on appelle moriscos, alors que la population urbaine est
chrétienne (cristianos viejos). On assiste donc surtout
à une dépopulation des zones rurales, les terres cultivées
sont abandonnées et des villages entiers disparaissent.
Les conquérants vont s'employer à repeupler la
zone à partir de 1540. Ils reproduisent le système en
auréoles des arabes. La terre devient la propriété
éminente du roi d'Espagne à
qui les agriculteurs doivent verser 1/10ème
des récoltes de céréales, et le tiers du produit des
oliviers et des mûriers (1/5ème les dix
premières années), à quoi vient s'ajouter plus tard la
dîme. Avec l'appropriation des terres par les chrétiens, on
assiste à l'émergence d'une forme de métayage.
Les Chrétiens s'installent sur les terres
abandonnées des arabes, et même dans leur maison. Ils appellent
les parcelles suerte (sort), car elles sont dispersées. Sont
créés les ejidos, terrains proches des villages et
destinés à l'usage commun et des pâturages communaux. La
culture de la vigne devient importante (les musulmans ne produisaient pas de
vin).
c. Le 17ème et le 18ème siècle
Le 17ème siècle commence avec une
dépopulation galopante, dues aux sécheresses et aux attaques des
pirates. La repopulation chrétienne est insuffisante et la province est
très isolée. C'est aussi le début de l'exploitation
minière, qui contribue de manière très importante à
la déforestation.
Les terres sont toujours partagées entre les terres
irriguées (vega) et les terres non irriguées
(campo).
Sur la vega, on pratique
l'arboriculture, l'horticulture et on fait deux récoltes de
céréales par an, blé, orge et mais. Les huertas, proche
des habitations, sont cultivées très intensivement.
Sur le campo, on cultive quelques
céréales, blé, orge et seigle. Les cultures sont
séparées par de longues friches. Les brebis et chèvres
pâturent en hiver.
La majorité des terres sont
constituées du matorral, des terres de pâture
dont la végétation laisse voir le sol. On continue de
récolter la barrilla, spontanée ou cultivée, et
l'esparto.
Elevage transhumant des brebis et
chèvres.
La population est dispersée. La repopulation par les
Chrétiens s'est faite de façon inégalitaire, en fonction
du capital et du nombre d'animaux de labour. Il y a trois groupes sociaux : Les
labradores (les laboureurs), anciens militaires, appelés ainsi
car ils possèdent un attelage de boeuf de labour, les
pegujaderos qui possèdent seulement un animal de labour, vache
ou mule, et qui doivent donc en trouver un autre pour effectuer le travail du
sol, les jornaleros, qui ont un accès limité à la
terre et doivent vendre leur force de travail.
d. Le 19ème siècle
On arrive au 1 9ème siècle avec des
systèmes de production qui ressemblent beaucoup à ceux qu'ont
laissé les arabes. L'espace est toujours divisé entre les
huertas, les terres irriguées, les terrasses et les terres non
irriguées. La chute du commerce de la soie et la soude industrielle
prive la région d'activités rémunératrices, mais on
assiste à une explosion de l'activité minière.
La Desamortizaci6n provoque la création de
latifundios, de manière très relative toutefois car la
région étant très aride, et les seules terres
d'intérêts étant les terres irriguées, les terres de
l'Eglise et les terres communales mises en vente sont de très petites
surfaces.
Les changements techniques de l'époque, rotation
biennale avec culture de légumineuse à la place de la
jachère, ne se généralisent pas, sans doute du fait de la
structure
en latifundios/minifundios. La révolution des transports
avec l'utilisation de la vapeur va permettre l'exportation du raisin.
La côte, qui avait été
désertée à cause des attaques de pirates, se repeuple.
Dans les terres hautes restent les journaliers, qui se tournent vers
l'activité minière ou émigrent, et les petits
propriétaires.
e.
Début du 20ème
siècle : une des provinces les plus pauvres d'Espagne
Deux activités permettent la naissance d'une
bourgeoisie à Almería : l'exportation du raisin et
l'activité minière, mais la grande partie de la population,
travailleurs agricoles ou mineurs vivent dans une très grande
pauvreté, ce qui provoque une forte émigration en Algérie
et en Amérique.
La province d'Almeria est l'une des plus pauvres d'Espagne,
elle est considérée comme étant très « en
retard » par rapport au reste de l'Espagne. L'absence d'industrie n'est
pas compensée par l'activité agricole.
La Guerre Civile, notamment le bombardement de la ville par
les Allemands, laisse de profondes blessures. L'après-guerre est
particulièrement dur, et à partir des années cinquante la
province vit une authentique saignée démographique. Des milliers
de personnes émigrent en Catalogne, en France et en Allemagne.
f. Les politiques de colonisation des gouvernements
Franco
En 1956, avec le changement qui se produit dans la politique
espagnole, l'ouverture sur le commerce international et la fin de
l'interventionnisme du primer franquismo, s'initie à travers
l'Instituto Nacional de Colonizaciôn (INC) une politique de colonisation
des Campos de Dalias (El Ejido) et Campos de Nijar. L'action de l'INC consiste
principalement dans l'installation d'infrastructure d'irrigation, transformant
des milliers d'hectare en terres propices à la culture des fruits et
légumes et l'installation facilitée de colons par des dons de
bétail et une politique de logement. Les latifundistes qui ne mettent
pas en culture les terres sont expropriés. C'est un revirement complet
de la politique agricole de Franco.
Différentes lois et décrets permettent ce
changement, alliés au travail très important de l'INC. Les
objectifs principaux de cette politique sont l'augmentation de la
productivité et l'intensification en travail des systèmes de
production, afin de créer une base sociale paysanne et de diminuer
l'exode rural.
L'intervention de l'Etat s'est focalisée sur le Campos
de Dalias et de Nijar, situés à une trentaine de
kilomètres, et n'a pas agit directement sur la zone
étudiée, à part pour le financement de prêt
privé aux propriétaires et aux producteurs mais on peut penser
qu'elle a influencée grandement l'histoire de la zone.
La Loi de Base du 26 décembre 1939 pour la
colonisation de grandes zones. L'introduction de cette loi est une
déclaration de principe :
« La doctrine politique du Nouveau Etat signale par
des jalons précis l'orientation de la Réforme Agraire.
Le premier pas, ainsi que le signale de nombreux textes de
José Antonio et du Caudillo, est la colonisation de grandes zones du
territoire national, spécialement celles qui soumises par l'eau,
attendent depuis des années l'irrigation qui permettra de
féconder les
terres. Non seulement les intérêts, parfois
légitimes et respectable, du capitalisme rural, mais aussi d'autres
bâtards, en se protégeant dans l 'Etat libéral et
parlementaire, ont retardé durant des décennies la transformation
la plus révolutionnaire qui se peut faire sur ce sol, l'irrigation,
empêchant la réalisation d'immenses bénéfices
économiques et sociales pour la Nation entière.
La clameur des combattants, du peuple, et du sang
versé pour les idéaux de la nouvelle révolution, exigent
que nous dépassions les obstacles qui s'opposent à nous, et la
collaboration des différents intérêts pour permettre
à un rythme accéléré la colonisation des grandes
zones irrigables de marais et la réalisation d'autres travaux de hauts
intérêt national sur les terres sèches, afin d'augmenter le
productivité du sol espagnol et la création de milliers de lots
familiaux où la paysannerie libre emploiera cette liberté
à soutenir, et à défendre celle de la Patrie, contribuant
par son travail à sa grandeur. »
Cette première loi ne remet pas en cause la
propriété privée. En effet, le régime franquiste
s'est largement appuyé sur les latifundistes pendant la guerre civile.
Mais il y a tout de même l'idée de favoriser les métayers
et les journaliers en augmentant la productivité grâce à
l'irrigation, et ainsi augmenter la nécessité de main-d'oeuvre
sur ces terres, afin de diminuer le chômage agricole. Certains pensent
que l'irrigation dissoudra spontanément la grande
propriété. Si il ne s'agit pas encore d'exproprier les grands
propriétaires, il y a une reconnaissance du fait que le manque
d'investissement des latifundistes, qui préfèrent ne pas prendre
de risque et qui profitent des salaires agricoles extrêmement faibles
pour ne pas moderniser l'agriculture, est préjudiciable à
l'intérêt général.
Cette loi part du principe que l'initiative privée
permettra les changements et les investissements nécessaires.
Loi du 20 novembre 1940 de Colonisation
d'intérêt local. Cette loi, qui vient dans la suite de la
précédente, aide les propriétaires à
améliorer la productivité des terres, par l'installation de
système d'irrigation.
Mais ces différentes lois n'ont pas l'effet
escompté, ou du moins pas assez rapidement, l'idée que
l'initiative privée sera à la base de la transformation qui
s'annonce, et qu'elle se fera en respectant la propriété
privée des latifundistes s'effrite. C'est à ce moment que l'INC,
vecteur de l'intervention étatique, va réellement prendre de
l'importance.
Décret du 23 juin 1942 : l'INC peut
acquérir des terres agricoles avec un objectif de parcellisation.
Décret du 5 juillet 1944 : l'INC peut acheter et
parcelliser les terres. On réalise une « colonisation directe pour
servir d'exemple ». La Loi du 27 avril 1946, sur l'expropriation
inévitable de terres agricoles, est une révision de la
Loi de Base.
Loi du 21 avril 1949 : intervention de l'Etat,
colonisation des zones irrigables et distribution de la propriété
dans les zones irrigables, appui à l'action de l'INC. On
abandonne la Loi de Base de 1939, et on cesse de protéger la
propriété privée au nom de « fin sociale
supérieure ». Comme l'initiative privée n'est pas un moteur
assez puissant pour permettre les investissements, cette loi augmente
l'importance de l'INC.
L'INC va donc mettre en place des projets :
* Le Plan Général de Colonisation permet à
l'INC de transformer les terres sèches en terres irriguées si le
propriétaire ne le fait pas lui-même et d'y installer des
colons.
* Le Plan de Travaux allie le ministère de
l'Agriculture et le ministère des Travaux Publics pour la construction
des infrastructures nécessaires : installation électriques,
puits, habitations et bâtiments agricoles, habitations pour les
commerçants et les artisans.
* Le Projet de Parcellisation permet l'expropriation des
grands propriétaires à moins qu'ils installent eux-mêmes le
plus grand nombre de colons sur leurs terres.
Les terres sont classées en trois groupes :
* La réserve : Terres laissées aux
propriétaires à condition qu'ils les cultivent eux- mêmes
ou qu'ils y installent des métayers. La surface dépend du nombre
de membres de la famille.
* Les terres en excès : Les terres améliorables
expropriées pour faire des lots familiaux.
* L'exception : les terres qui, déjà
irriguées atteignent les objectifs de productivité de l'INC ou
les terres qui ne peuvent pas être irriguées.
Si 5 ans après l'installation de structures d'irrigation,
les objectifs de productivité ne sont pas atteints, les terres sont
expropriées.
En ce qui concerne les colons, on leur donne du bétail,
du matériel, et une habitation qu'ils doivent rembourser au bout d'un
certain temps.
Le nombre de colons installés par l'INC est assez
faible en comparaison du mouvement migratoire qui a lieu au début des
années 1960. Les grands propriétaires, poussés par la
menace de l'expropriation, font finalement les investissements
nécessaires et de nombreux métayers se sont installés sur
ces terres. Beaucoup de propriétaires ont finalement vendus leur terre
aux métayers, à un prix bien supérieur au coût
d'installation des structures d'irrigation et très supérieur aux
indemnisations de l'INC.
g. La fin du 20ème
siècle : un renouveau basé sur l'agriculture intensive
Les latifundios d'Andalousie orientale ne sont pas comparables
avec ceux d'Andalousie occidentale. Les terres, dès lors qu'elles ne
sont pas irriguées, ont peu de valeurs. Les minifundios se sont
concentrés sur les terres irriguées alors que les latifundios
s'étendent sur des hectares de terres désertiques. Les grands
propriétaires ont adopté un mode de vie urbain et, peu à
peu, se désintéressent des activités agricoles. La culture
du raisin, fortement concurrencée, disparaît. Des migrations
continuent des zones de montagnes vers la côte, et vers d'autres
régions d'Espagne et d'autres pays d'Europe.
La fin du siècle voit le renouveau d'une
prospérité basée sur l'agriculture intensive sous serre et
sur le tourisme. Le succès agricole a permis le développement de
l'industrie et du secteur tertiaire. Le développement de la province
d'Almeria, région enclavée et généralement
oubliée, est perçu comme miraculeux. Voilà comment le
décrivent Fernández Lavandera et Pizarro Checa en 1981 : «
...la seconde moitié du siècle nous a habitué aux
miracles (...). Mais voilà le cas d'Almerta qui, contre les nouvelles
lois économiques et sociales, s'est développée de
manière spectaculaire, précisément grâce à
l'agriculture ; fait si singulier qu'on ne peut le qualifier seulement de
miracle .
· c'est le miracle du miracle. » Beaucoup
pressentent qu'un tel développement économique s'accompagne d'une
grande fragilité.
Des études historiques écartent cette vision
miraculeuse et essayent d'expliquer ce changement dans l'économie
d'Almeria. Les facteurs historiques mis en jeu, autres que techniques,
économiques et politiques, peuvent être la présence d'une
paysannerie
méditerranéenne avec une ancienne culture de
l'irrigation et le précédent d'autres cycles de production
agricole orientée vers le marché extérieur.
Au cours des dernières années, Almería
s'est convertie en Terre promise pour des milliers d'immigrants d'Afrique du
Nord et d'Europe de l'Est venus à la recherche d'une vie meilleure.
C. Lecture de paysage et enquêtes historiques
1. Présentation de la zone d'étude
a. Choix de la zone
Figure 6 : Photo aérienne des zones d'agriculture
sous serres de la province d'Almerfa
Campos de Nijar
Bajo Andarax
El Ejido
Figure 7 : Photo aérienne de la zone
étudiée
La zone étudiée comprend la zone de serre
à laquelle on ajoute les anciennes terres irriguées aujourd'hui
urbanisée et les zones d'extension des serres (vers le nord et l'est).
Elle présente une forte homogénéité de paysage,
environ 5000 hectares de serres bornées à l'ouest par la ville,
au sud par la mer, au nord par la sierra et à l'est par la steppe
caractéristique des paysages d'Almeria. Comme on le verra, elle
présente aussi une homogénéité historique et
technique, notamment en ce qui concerne le choix de la culture et la gestion de
l'eau. Il existe
d'autres zones d'agriculture très intensive de même
type : el Ejido et Nijar sont les plus grandes et ont une histoire assez
différente.
La zone d'étude peut se diviser en 5 parties : les deux
vegas, c'est-à-dire les terres irriguées depuis plus
d'un siècle : celle d' « ici » (la vega de
acâ), proche de la ville et aujourd'hui urbanisée et celle de
« là-bas » (la vega de allâ) plus
éloignée de la ville, une zone de plaine (llanos de la
Cafiada et de Alquian, les deux villages principaux), et la zone de
piémont occupée depuis une dizaine d'année. La source de
Viator, au nord de la zone, est exploitée depuis le
19ème siècle.
Almería
Vega de
acâ
Vega de
alla
La Cañada
source urbanisation Cours
d'eau
Viator
Llanos de
la Caflada
Llanos
d'Alquian
Zon
es nouvellement
colonisée
El Alquian
Plaines alluvionnaires
1 km
Figure 8 : Les différentes zones dans le Bajo
Andarax
b. Topographie
La zone d'étude se présente comme une large
plaine alluviale côtière, légèrement en pente vers
la mer, et ondulée d'est en ouest. Le cours d'eau le plus important est
le rio Andarax, et il y a trois petits cours d'eau qui vont prennent leur
source en altitude et se jettent dans la mer. Tous les cours d'eau sont secs la
plupart du temps, et se remplissent brusquement lors des pluies.
La zone s'étend entre 0 et 150 m d'altitude. Le fleuve
Andarax permet l'existence d'une plaine alluviale et chacun des petits fleuves
se termine par un cône alluvial à proximité de la mer. Les
cours d'eau sont bordés par des bourrelets de berge. Le sol est
calcaire, l'eau s'infiltre dans le sol avant d'arriver à la mer, ce qui
explique l'assèchement presque permanant des fleuves et l'abondance de
l'eau dans les nappes phréatiques. Les plaines alluviales sont
recouvertes de dépôts alluviaux très fertiles.
2. Les marques de l'histoire dans le paysage
(z) Les serres
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Figure 9 : entre la mer et la sierra, les serres
s'étendent à perte de vue
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La première chose que l'on voit, c'est la multitude des
serres, qui, apparemment recouvrent tout. Une première observation
permet de comprendre que la culture principale est la culture de tomates. On
trouve parfois du melon, poivron ou pois mais c'est très marginal. Le
sol, que ce soit des serres ou des rares terres cultivées à l'air
libre est systématiquement recouvert de sable. Les serres sont
séparées les unes aux autres par des murets perpendiculaire au
sens de la pente.
On peut observer un gradient dans la modernité des
znvernaderos : de manière très général,
plus on va vers le nord-est, plus les serres sont grandes, hautes,
arrangées géométriquement, et paraissent modernes. Il y a
en fait une différence notoire entre les zones de vega, les
zones proches du fleuve, dont le sol est recouvert de dépôts
alluvionnaires, traditionnellement irriguées et cultivées
intensivement et le reste des terres, qui historiquement sont des terres en sec
et qui il y a quelques années s'incorporait dans le paysage de
steppe.
(ii) Les terres cultivées à l'air libre
Il y a très peu de terres cultivées non
recouvertes de serres. Ce sont des résidus de l'époque
antérieure aux serres. Les parcelles sont très petites,
recouvertes de sable, protégées par des haies de cafia
vives ou sèches. On y cultive toutes sortes de choses, rarement de
tomates qui sont désormais attaquées par les maladies: pommes de
terre, pois, salades... Parmi ces jardins il y a parfois une parcelle couverte
d'une bâche de plastique, mais non fermée, pour la culture de
poivrons, concombres, melons... On peut penser que c'est sous cette forme que
sont apparues les premières serres.
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Figure 10 : Parcelles à l'air libre
entourées de haies
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(iii) La végétation
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(iv)
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Quelques plantes ont une
importance historique, la cafia notamment, est une
sorte de bambou qui sert à fabriquer les haies et à
protéger les cultures du vent. On trouve aussi des cactus, qui, dans les
zones non irriguées était une plante fourragère.
Figure 11 : Rangée de caia
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(iv) Les habitations
Il y a un grand nombre d'habitations, surtout dans la zone de
vega, au sud-ouest. Les petites maisons appelées
cortijos sont fréquemment accompagnée d'un bassin, pour
stocker l'eau, et d'un entrepôt où l'on trie les tomates. Il y a
des petits villages où l'habitat est concentré mais chaque
exploitation possède son cortijo. Le grand nombre d'habitations
permet de déduire que les exploitations sont très petites.
Les habitations se font plus rares dans les zones où
les serres sont les plus modernes et les plus récentes,
c'est-à-dire au nord de la zone.
Figure 12 : un cortijo
(v) De fréquentes terres abandonnées
On observe, surtout dans la zone de vega, des
parcelles en friche, apparemment abandonnée, des serres non
cultivés et des traces, sur les terres abandonnées, d'anciennes
serres, signe que les terres ont été aménagées puis
laissées sans culture.
(vi) Les zones de steppe
Les terres non irriguées sont utilisées comme
terres de parcours pour les brebis et les chèvres bien que
l'élevage ait quasiment disparu et soit le fait de personnes
âgées. Elles sont des zones d'expansion pour l'installation de
nouvelles serres.
On peut voir des restes de terrasses abandonnées
où on pratiquait sans doute une arboriculture en sec, avec des arbres
pouvant résister à la sécheresse. Il reste
également des rangées de cactus, plantées le long des
terrasses ou au pied des pentes pour récupérer l'eau et qui
étaient utilisés comme plantes fourragères. Une plante qui
fut extrêmement importante pour l'économie de la région,
l'esparto, pousse spontanément. Elle servait notamment à
faire des cordes. Il y a très peu d'arbres, on peut en trouver parfois
dans les bas-fonds mais ils sont à l'abandon.
(vii) Conclusion : différentes zones avec une
histoire différente
Le principal enseignement de la lecture de paysage est
l'existence d'une différenciation importante entre différentes
zones de la Cafiada. Malgré une apparente
homogénéité (culture de la tomate sous serres), chaque
zone a connu une histoire différente. On peut observer dans le paysage
un gradient historique des zones de vega, avec des serres petites,
anciennes et basses, beaucoup de traces de culture à l'air libre
(rangée de cafia, reste de haies), beaucoup d'habitations
dispersées et les zones nouvellement colonisée avec des serres
modernes, arrangées géométriquement et peu
d'habitations.
|
Figure 13 : Occupation de l'espace dans les années
1950
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3. La succession des systèmes agraires : une
histoire de colonisation
a. Les années 1940-1950 : une région
très pauvre
(i) Généralités
Dans les années 1950, la province d'Almeria est
très pauvre. Les agriculteurs regroupés sur les terres limoneuses
des deux vegas pratiquent une agriculture de subsistance et un peu
d'élevage et d'horticulture. Les terres irriguées sont
situés sur les cônes alluvionnaires, à proximité des
cours d'eau, aux endroits où les nappes phréatiques sont le plus
proche de la surface. Les terres non irriguées servent de parcours pour
le petit bétail (chèvres et moutons), les terres de parcours
représentent approximativement la même surface que les terres
irriguées. Les cours d'eau (à sec la plupart du temps) et les
bas-fonds non irrigués sont utilisés comme terres de parcours et
cultivés de manière très aléatoire par les
éleveurs. Les terres situées plus au nord dans la sierra sont
utilisée pour la culture du raisin, puis d'oranger, surtout le long du
rio Andarax. Les plantes spontanées qui poussent dans la steppe,
l'esparto notamment, et le bois, sont récupérées
par les plus pauvres pour être vendus. La province souffre d'une
saignée démographique provoquée par
l'émigration.
La vega de acâ, comme son nom l'indique, est
plus proche de la ville d'Almeria, alors beaucoup plus petite et beaucoup plus
éloignée, ce qui leur donne une facilitée pour vendre
leurs produits.
Il y a environ 500 exploitations agricoles, situées sur
les terres irriguées. La propriété est très mal
partagée, le système de métayage est très largement
répandu : Le propriétaire doit fournir la terre et l'eau, et le
métayer le travail, les consommations intermédiaires et la
production sont partagée à 50%. Il existe un autre système
de métayage où le propriétaire fournit la totalité
des consommations intermédiaires et récupèrent 60% de la
production. Le fermage est très rare car les agriculteurs n'ont pas les
moyens d'avancer les frais de début de campagne.
(ii) Les différenciations sociales
Voici les différentes classes d'acteurs impliquées
dans l'agriculture dans les années 1950, reconstituées
grâce à des enquêtes auprès des agriculteurs
âgés :
Les journaliers : ils vivent de la
cueillette de la végétation spontanée de la sierra,
esparto et bois et vendent leur force de travail aux exploitations
patronales et capitalistes qui le nécessitent. Ils existent aussi
beaucoup de travailleurs salariés dans les plantations de raisins,
jusque dans les années 30, puis d'oranger.
Les éleveurs : ils ne
possèdent ni la terre ni, bien souvent, le troupeau. Ils pratiquent un
élevage de chèvre et de brebis transhumant entre les zones en sec
de la plaine côtière et la sierra. Ils doivent payer aux grands
propriétaires le droit de faire pâturer le troupeau sur les
espaces de steppe. Ils pratiquent un peu de culture de céréales,
surtout de l'orge, sur les terres non irriguées dans les bas-fonds aux
abords des cours d'eau, mais ne peuvent récolter que les années
où il pleut abondamment.
Les métayers sur 1 ha avec un petit
élevage : Ils cultivent sur les terres irriguées des
céréales, blé et orge, de la luzerne, des pommes de terre
et des arbres fruitiers. Ils pratiquent également un petit
élevage : 2 ou 3 porcs et chèvres ou brebis qu'ils nourrissent
grâce à la luzerne et qu'ils font pâturer sur des terres de
parcours et dans les cours d'eau à sec. Ils vendent leur force de
travail dans les exploitations plus grandes. Ils possèdent des animaux
de traits, mules ou ânes. La production est avant tout destinée
à l'autoconsommation.
Les métayers sur 3-4 ha avec élevage
de vache : Ils cultivent sur les terres irriguées des
céréales, blé, orge, maïs, de la luzerne, des pommes
de terre, et pratiquent l'horticulture (tomates, concombres, haricot) et
l'arboriculture dans les jardins. Ils possèdent également des
vaches pour la production de lait et le travail attelé et du petit
bétail. Ils vendent le lait et les produits de l'horticulture, le reste
étant destiné prioritairement à l'autoconsommation.
Les petits propriétaires sur 1-2 ha.
Ils produisent des céréales, blé, orge et maïs, de la
luzerne, des pommes de terre, de la betterave, et de l'horticulture. Ils
possèdent également quelques vaches laitières et des
boeufs de travail. Ils vendent le lait et les produits de l'horticulture.
Les propriétaires moyens sur 5-6 ha.
Ils produisent des céréales, blé, orge et maïs, de la
luzerne, des pommes de terre, de la betterave et possèdent des vaches
laitières. Ils pratiquent également beaucoup d'horticulture. La
main d'oeuvre est en partie salariée et la production est
destinée prioritairement à la vente.
Les grands propriétaires qui peuvent
posséder 30 à 40 ha de terres irriguées et/ou 200 à
300 ha de terres non irriguées. Les terres irriguées sont
cultivées en métayage ou par des salariés, on y pratique
l'élevage et de l'horticulture destinés à la vente. Les
terres non irriguées sont des terres de pâture : ils vendent le
droit de pâture aux éleveurs.
(iii) Les techniques de culture
En ce qui concerne l'agriculture de subsistance, l'agriculture
est associée à l'élevage. La luzerne est en rotation avec
les céréales. Les animaux sont nourris par la luzerne, les
résidus de culture, et la pulpe de betterave, pour ceux qui la
cultivent. Le travail du sol attelé avec des ânes ou des boeufs
est très largement utilisé, avec un instrument aratoire. Les
cultures
sont protégées du vent par des petites haies faites
de cafia séchée, qui sont fréquemment
arrachées par le vent et reconstruite.
(iv) L'eau
C'est la présence d'un des cours d'eau les plus
importants de la région, le rio Andarax, qui explique l'existence d'une
activité agricole dans cette région particulièrement
sèche. L'eau provient de puits privés activés par de
petites pompes électriques situés à proximité du
fleuve, et de la source de Viator où l'eau est abondante en hiver et au
printemps mais sèche en été. C'est donc toujours de l'eau
souterraine qui est utilisée, l'eau de pluie peut être
récupérée mais ne représente qu'une faible
quantité d'eau, le fleuve est à sec sauf lorsqu'il pleut. Les
eaux venant de la montagne sont drainées par l'Andarax jusqu'au nappes
phréatiques.
Les canalisations sont à l'air libre et permettent de
relier les exploitations à la source de Viator. On irrigue par
submersion : on laisse l'eau s'écouler sur le terrain
légèrement en pente.
(v) La vente des produits
Les produits sont autoconsommés ou commercialisés
sur le marché de la ville d'Almeria. Le lait est vendu au porte à
porte jusqu'à l'ouverture de la central laitière.
(vi) Le devenir des principales classes sociales
On retrouve aujourd'hui très facilement les
agriculteurs et les fils d'agriculteurs des métayers sur 3 ha, des
petits et moyens propriétaires. Ils ont suivis et se sont adaptés
à toutes les transformations qui vont suivre. En ce qui concerne les
journaliers, les éleveurs, et les petits métayers, ils ont
émigrés ou se sont reconvertis dans une autre activité,
par exemple les enfants ne travaillent pas dans l'agriculture, mais on peut
aussi les retrouver parmi les nombreux colons qui s'installent dans la
région à la période suivante.
|
Les journalier
|
- Emigration
- travail journalier
- colonisation
|
|
Les éleveurs
|
- émigration
- colonisation
|
|
Les medianeros sur 1 ha avec un petit
élevage
|
- émigration
- transformation du système de production
|
|
Les medianeros sur 3-4 ha avec élevage
de vache
|
- transformation du système de production
|
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Les petits propriétaires sur 1-2 ha.
|
- transformation du système de production
|
|
Les propriétaires moyens sur 5-6 ha.
|
- transformation du système de production
|
|
Les grands propriétaires
|
- installation de métayers
|
|
Figure 14 : devenir des principales classes sociales
dans les années 1960
(vii) Conclusion
L'après guerre civile est une période
particulièrement dure pour la province d'Almeria. L'agriculture est
tournée principalement vers l'autoconsommation avec un système
latifundiste mais avec des tailles de propriété inférieur
au reste de l'Andalousie, notamment parce que seules les terres
irriguées, de petite surface, sont cultivables. Cette agriculture permet
à peine de nourrir la population qui se voit dans l'obligation
d'émigrer.
b. Le début des années 1960 : changement
radical et première vague de colonisation
(i) Colonisation et changement de système
Cette période voit de grands changements intervenir en
Espagne : fin du rationnement alimentaire et de la politique ultra
interventionniste de Franco, libéralisation des marchés et
changements des habitudes alimentaires... Le gouvernement va, tout en
protégeant officiellement les latifundistes qui soutiennent le
régime, mener une politique de colonisation dans quelques zones
d'Andalousie encourageant l'agriculture minifundiste à devenir
productive. Almería attire l'attention par la situation
désastreuse où elle se trouve, Franco s'y rend plusieurs fois. De
nouvelles politiques sont mises en place pour favoriser l'installation de
colons : l'octroi de crédit pour la construction d'infrastructures
d'irrigation (puits et canaux) et la menace d'expropriation pour les
propriétaires s'ils ne font pas les installations nécessaires et
s'ils n'installent pas de métayers sur les terres irrigables (voir
partie I.B.2.f).
Ces changements attirent de nombreux colons qui viennent de
l'arrière pays de la province d'Almeria ou des zones montagneuses de
provinces voisines, notamment Grenade. Les colons s'installent
surtout sur les anciennes terres de parcours alors que les autochtones restent
sur les anciennes terres irriguées. La colonisation des terres à
l'est et au nord des anciennes terres irriguées n'a pas cessé
jusqu'à aujourd'hui.
(ii) Les nouvelles techniques
Les migrants viennent avec une nouvelle technique : la culture
dans le sable. Cette technique était utilisée dans
l'arrière-pays. Le sable, qui est très drainant, permet de
conserver l'eau dans la terre et évite la formation d'une croute de sel.
Il crée aussi un milieu chaud au niveau des racines qui favorise une
production précoce. De plus, peu d'adventices peuvent pousser dans le
sable. Les autochtones vont imiter les migrants et transformer peu à peu
leur système de production en augmentant la place de l'horticulture et
diminuant la céréaliculture et l'élevage. La région
d'Almeria possède un avantage en termes de climat, qui permet une
production de printemps précoce et une production d'automne tardive, qui
va être mis à profit par les migrants.
Le travail est essentiellement manuel, le désherbage se
fait à la main, le travail attelé consiste désormais
à ouvrir le sable pour pouvoir épandre le fumier tous les 4 ou 5
ans.
Les semences sont récupérées sur les
fruits des plants les plus beaux, on les fait germer, puis on les plante dans
une pépinière de terre et lorsqu'elles ont atteint une dizaine de
centimètres, on les plante dans le sable.
Les parcelles sont protégées par des haies de
cafia et la cafia et d'autres plantes spontanées
servent aussi à fabriquer des setillos, des petites haies qui
ne dépassent pas 50 cm de hauteur, qu'on utilise sur chaque rang pour
protéger les cultures du vent pendant les campagnes de printemps. Les
haies sont orientées nord - sud pour protéger des vents
principaux qui viennent de l'est et de l'ouest (levante et
poniente), ce qui présente aussi l'avantage d'être bien
orienté par rapport à la lumière qui vient du sud. Les
setillos sont eux orientés est - ouest, ils ne sont utilisés
qu'au printemps lorsque le vent du nord peut provoquer des gelées. Ils
sont légèrement inclinés de façon à laisser
le soleil entrer vers le sud et à protéger du vent qui vient du
nord. La cafia sert aussi de tuteur pour les tomates. L'installation
et la rénovation (tous les 3 mois) des haies est un travail
important.
Setos de carias et autres
plantes
spontanées
Vent du nord
sable
Sud
Figure 17 : rôle des setillos dans la protection
contre le vent
|
Figure 18 : la caia est plantée au bord
des canaux de sable ou de terre pour les renforcer
31
|
Sarah Dauvergne Analyse Diagnostic du Bajo Andarax,
Almería
setos
Sud
Canal d'irrigation
Parcelle
h = 3 -4 m
1 m
Rangs plantés
L = 8 -10 m
2xh
Levante (été)
Poniente (hiver)
setos
Murets de sable reconstruit à chaque saison,
ouverts ou fermés selon les besois en eau
Canal secondaire d'irrigation
Figure 15 : schéma d'une parcelle cultivée
à l'air libre dans les années 1960
Figure 16 : rôle des haies dans la protection
contre le vent
Mouvement de l'air
Vent
INA-PG, DAA Développement Agricole mars-aout 2007
Les investissements nécessaires pour
l'aménagement des parcelles sont le creusement de puits et/ou de canaux
ouverts permettant l'utilisation de l'eau de la source de Viator, le nettoyage
et l'aplanissement des terrains, il faut parfois amener la terre d'autres sites
pour former un sol d'environ 50 cm, puis installer une couche de fumier de 5 cm
et une couche de sable d'une quinzaine de centimètres, l'installation de
haies autour de chaque parcelle et sur chaque rang de culture pour les
protéger du vent. Des murets séparent les parcelles qui ne sont
pas tout à fait à la même hauteur mais plutôt en
escalier.
L'aménagement de la parcelle est assez peu couteux mais
nécessite beaucoup de travail, notamment l'entretien des haies. Les
investissements concernant les infrastructures d'irrigation sont faits par les
propriétaires et par les migrants disposant d'un petit capital
après la vente de leur terre et/ou de leur troupeau dans leur
région d'origine.
L'action de l'INC se concentre sur les terres non
irriguées sur lesquelles sont effectuées des installations,
c'est-à-dire sur les terres occupées par les colons. Les
autochtones investissent plus lentement car leur système de production
est tourné vers l'autoconsommation et ne permet pas de gros
investissements, à part les propriétaires moyens autochtones qui
peuvent investir rapidement. Les grands propriétaires, poussés
par la menace d'expropriation toute proche, se concentrent sur
l'aménagement de nouvelles terres et investissent peu sur les terres
données en métayage de la vega. L'avance prise par les
colons ou les autochtones ayant les moyens d'investir rapidement dans
l'aménagement de parcelles pour l'horticulture intensive est
décisive et elle explique en partie les actuelles
différenciations sociales.
Les variétés de tomates sont des
variétés locales sélectionnées par les producteurs,
à cycle court, il y a deux campagnes de 2 ou 3 mois par an, l'une d'aout
à décembre et l'autre de janvier à juin, ou une campagne
de tomates suivie d'une autre culture. Les rotations peuvent être
Tomates/Tomates, Tomates/Poivrons, Concombres/Tomates, Concombres ou
Tomates/Pastèques, Pastèques/Pois ou Courgette/Tomates de
printemps ou Pastèques... L'hiver est trop froid pour permettre la
culture de tomate sur une seule campagne qui dure d'aout à juin (comme
c'est le cas actuellement).
Juil.
Nov. Dec.
Janv. Fev.
Mars Avril
Mai Juin
Oct.
Aout Sept.
Production
Production
Figure 19 : période de production de la tomate
dans les systèmes de culture à l'air libre
Le rendement de tomates est d'environ 3 kg/m2 avec une
densité de plantation plus importante qu'aujourd'hui. Pour faire une
comparaison, en prix courant, en 1960, 1 kg de tomates valait 25 pesetas et un
travailleur était payé 50 pesetas par jour de travail,
aujourd'hui 1 kg de tomates vaut approximativement 90 pesetas (0,50 €) et
un travailleur gagne 7000 (42 €) pesetas par jour. Le produit brut d'1 m2
de tomates était donc d'environ 75 pesetas. Si on considère que
l'indice des prix à la consommation est de 2000% entre les années
1960 et aujourd'hui (source : INE), cela représente 1.500 pesetas, ou 9
€ de 2006. Aujourd'hui le
produit brut est du même ordre, avec un rendement beaucoup
plus important (entre 3 et 6 fois supérieur) et les charges
étaient beaucoup plus faibles qu'aujourd'hui.
(iii) L 'eau
L'irrigation se fait par submersion toutes les deux semaines,
sur des parcelles légèrement inclinées. L'Etat est
intervenu pour briser le monopole de sociétés privées sur
l'eau et répartir l'accès à l'eau. Les
propriétaires des terres vont également installer des puits. La
conséquence est que dans presque toutes les exploitations de la
vega, il y a un puits. Il existe également des puits
communautaires.
(iv) La commercialisation
Au début, ce sont des sociétés de
commercialisation qui se chargent de la vente des produits. Les premiers
commerçants à s'intéresser au nouveau secteur sont
valenciens et murciens. Peu à peu les coopératives montés
par les agriculteurs, incitant les producteurs à calibrer les produits
et utilisant un système de vente aux enchères à la baisse
ont pris de l'importance et ont concurrencé les sociétés
de commercialisation, qui ont disparu. La première coopérative
agricole, la Coopérative Agricole de San Isidro (CASI), existe depuis
1944, elle se développe à partir de 1965. La production est alors
destinée au marché espagnol. Des réglementations limitent
l'exportation vers les pays de la CEE jusqu'en 1990.
(v) Les nouvelles différenciations sociales
Les années 1960 sont des années de transition
entre les anciens et les nouveaux systèmes. L'élevage continue
d'exister jusque dans les années 1980 (année de la fermeture de
la centrale laitière) mais cesse d'être prédominant avec
l'arrivée de colons qui s'installent pour pratiquer l'horticulture. Les
produits sont encore très divers : tomate, concombre, poivron,
pastèque, melon, pomme de terre, petit pois et fève. Il y a
souvent un petit élevage, mais les colons peuvent s'installer
directement sans élevage. On peut différencier les agriculteurs
selon la taille des exploitations, le mode de faire-valoir et l'utilisation ou
non de main d'oeuvre salariée. La main d'oeuvre familiale reste
largement majoritaire.
Les journaliers travaillent dans les
exploitations patronales ou capitalistes. Ils peuvent être originaires de
la région ou être arrivés de région voisine sans
capital.
Les métayers autochtones sur 1 ou 2
hectares continuent à pratiquer un petit élevage
associé à la culture de céréales, de luzerne et de
pomme de terre. Ils donnent de plus en plus d'importance à
l'horticulture.
Les métayers autochtones sur 3 ou 4
hectares continuent de pratiquer l'élevage et donnent de plus
en plus d'importance à l'horticulture.
Les métayers colons sur 1 ou 2 hectares
pratiquent l'horticulture et un petit élevage (2 ou 3 porcs ou
chèvres). La main d'oeuvre est familiale. Ils ne s'installent pas sur
des surfaces supérieures à 2 hectares car au-delà de cette
surface, il est nécessaire de faire appel à de la main d'oeuvre
extérieure. La priorité est d'acheter les terres, pas d'agrandir
les surfaces louées en métayage. Les travailleurs doivent
parvenir à une relation de confiance avec le propriétaire pour
accéder au métayage.
Les petits propriétaires autochtones sur 1 ou 2
hectares continuent à pratiquer l'élevage et accentue
l'horticulture. La main d'oeuvre est familiale.
Les petits propriétaires colons sur 1 ou 2
hectares ne font que des produits horticoles. Ils sont en
général arrivés avec un petit capital qui leur a permis
d'accéder rapidement à la propriété. Ils ont
parfois besoin d'un apport très ponctuel en main d'oeuvre
salariée mais l'essentiel de la main d'oeuvre est familiale.
Les propriétaires moyens sur 4 à 10
hectares pratiquent l'horticulture. Ils transforment très vite
leur système de production car ils ont les moyens d'aménager les
parcelles (installation d'une couche de sable, de haies...) et ils cultivaient
déjà des produits horticoles pour la vente. La main d'oeuvre est
familiale et salariée. Ils peuvent louer une partie des terres à
des métayers.
Les grands propriétaires installent des
colons en métayage et pratiquent une agriculture capitaliste. Ils ne
font que des produits horticoles.
Beaucoup de familles passent par des phases transitoires, avec
parfois très peu de terres (3000 - 5000 m2) pendant une ou deux
années ou associent pendant quelques temps des terres en métayage
et des terres en propriété cultivées plus intensivement.
Les exploitations capitalistes vont se morceler progressivement en très
petits lots, être cultivées en métayage et être
rachetées petit à petit par les agriculteurs familiaux.
Les prêts, surtout des prêts de campagne, qui sont
en fait des prêts à la consommation permettant de passer les
mauvaises années, sont assurées par les commerçants avec
des taux d'intérêts très importants.
(vi) Evolution dans la répartition de la
propriété
De manière générale, la nouvelle
manière de cultiver est très rentable, et les métayers
peuvent accumuler du capital pour racheter les terres. Le nombre d'exploitation
agricole double entre 1960 et 1975. La surface moyenne des exploitations a
tendance a diminué avec le passage de l'agriculture d'autoconsommation
à l'horticulture beaucoup plus intensive en travail et qui peut
permettre à une famille de vivre même avec des très petites
surfaces (à partie de 3000 m2).
(vii) Le devenir des principales classes
sociales
|
Les paysans sans terre
|
- accès au métayage
- changement d'activité
|
|
1 à 2 hectares à media,
autochtones
|
- spécialisation dans l'horticulture - achat 1 à 2
ha
|
|
1 à 2 hectares à media, colons
|
- achat 1 à 2 ha
|
|
3 à 4 hectares à media,
autochtones
|
- spécialisation dans l'horticulture - achat 1 à 2
ha
|
|
1 à 2 hectares en propriété,
autochtones
|
- spécialisation dans l'horticulture
|
|
1 à 3 hectares en propriété,
colons
|
- agrandissement et spécialisation dans la culture de
tomates
|
|
5 à 10 hectares en
propriété
|
- spécialisation dans la culture de tomates
|
|
Les grands propriétaires
|
- installation de métayers
- vente
|
Figure 20 : évolution des différentes
catégories sociales entre 1960 et 1975
(viii) Une nouvelle occupation de l'espace
Les nouveaux arrivants vont s'installer surtout dans la
vega de allâ, car la vega de acâ (à
l'ouest du fleuve) est limitée par la ville d'Almeria qui s'approche.
Figure 21 : L'occupation de l'espace en 1975
(ix) Conclusion
Les années 1960 sont l'époque de la
spécialisation vers l'horticulture à l'air libre. Les politiques
de colonisation ont permis d'améliorer très significativement le
niveau de vie des habitants de la province d'Almeria. Les deux
éléments les plus importants sont la nouvelle répartition
des terres, avec l'augmentation de la surface de terres irrigués et son
parcellement en lot de colonisation et les changements techniques, notamment un
accès renforcé à l'eau et la culture sur sable.
Il y a une sorte de hiérarchie traditionnelle entre le
travailleur salarié, le métayer, l'agriculteur
propriétaire familiale, patronal et capitaliste. L'âge d'or qui
débute dans les années 1960 et se poursuit jusque dans les
années 1990 est marquée par une ascension sociale, les
salariés deviennent des métayers et les métayers qui
pratiquent l'horticulture de manière intensive ont les moyens de devenir
propriétaires, de même les colons qui accèdent à la
propriété vont s'agrandir et devenir des petits patronaux alors
que les agriculteurs autochtones, qui ne bénéficie pas
forcément des nouvelles infrastructures et qui doivent investir
eux-mêmes vont aller plus lentement. Limités dans l'agrandissement
car ils sont « bloqués » dans la vega et ne
souhaitent pas forcément, ni vendre leur terrain ni disperser leur
parcelles, ils forment encore aujourd'hui des exploitations familiales,
à part pour les plus grands (ceux qui possédaient
déjà 5-6 ha) qui vont racheter des terres et s'agrandir. Les
rares exploitations capitalistes que l'on trouve aujourd'hui sont de nouvelles
exploitations, créées récemment par des personnes
attirées par le succès de la culture de tomates et par
l'accès facile à la nouvelle main-d'oeuvre immigrées.
c. De 1975 à auiourd'hui : La culture sous
serre
2000
Plan d'enterrement des canalisations
Recyclage des eaux urbaines
Premiers systèmes d'irrigation
équipés d'ordinateur
Obligation de fermer les serres et fin de la culture
sans serre (virus)
Premières serres à toit
incliné
Premières vagues d'immigration venant
du Maroc
Début du développement de l'activité
des
semenciers
Début d'urbanisation sur les
terres
agricoles
Début des
exportations
Premières variétés
"améliorées" à cycle long
Premières variétés
hybrides
1990
1980
Début du développement de l'activité
bancaire (taux d'intérêts autour de 20 %)
Premiers systèmes d'irrigation au goutte à
goutte Premières canalisations enterrées
Premières serres ouvertes et planes
1970
Figure 22 : résumé de l'histoire
récente (depuis 1970)
(i) 1975 : Premières serres : allongement de la
période de production
Le mouvement de colonisation ne faiblit pas, les migrants
venant des zones montagneuses innovent avec la culture sous serre à
partir de 1975. Les serres sont en fait des bâches de plastique
recouvrant les cultures et ouvertes sur les côtés. On les appelle
« parral » car elles sont inspirées de ce qui se fait
dans la sierra dans les régions productrices de raisin où on
installe des bâches sur les pieds de vigne pour protéger les
cultures du vent et avancer ou retarder la période de production.
Les premières serres font environ 3 mètres de
hauteur et sont constitué de bois (puis de fer) et de plastique (qu'il
faut changer tous les ans). Des trous sont percés sur le toit pour
laisser passer l'eau. Il n'y a donc pas de contrôle ni sur l'eau, ni sur
le vent. L'apport en eau douce peut être avantageux mais est très
aléatoire : si l'humidité augmente à l'intérieur de
la serre et que la ventilation est insuffisante, la production pourrit. La
serre ne peut pas protéger les cultures des maladies mais elle
protège les cultures du vent, jouant le rôle anciennement
dévolu aux haies et permet d'augmenter la durée de la
période de production en augmentant artificiellement la
température au niveau des cultures.
|
Figure 23 : serre de type parral vue de
l'intérieur
|
Cette transformation s'accompagne de la colonisation de
nouvelles terres, avec un effet auto-entrainant : la technique de la culture
sous serre est largement inspirée des pratiques amenées par les
migrants et la migration est encouragée par le succès de ces
nouvelles pratiques.
Les variétés de tomates sont des
variétés à cycle court, il y a encore deux campagnes par
an. La période de production se rapproche de la période
hivernale, moment où les prix montent car les pays d'Europe du nord
arrêtent de produire. Cela permet aux producteurs d'accumuler du capital
et d'investir et aux métayers de racheter les terres.
L'irrigation se fait encore par submersion. L'eau provient des
puits et de la source de Viator par l'intermédiaire de canaux ouverts.
Les aménagements sont des aménagements privés, dans le cas
du métayage, c'est le propriétaire de la terre qui a à
charge de fournir l'eau.
Dans le même temps, les agriculteurs spécialisent
les productions, d'abord vers deux cultures, la tomate et le poivron et
finalement vers la tomate. Les premiers à se spécialiser sont les
exploitations patronales, les exploitations familiales cherchant à
optimiser l'utilisation de la main d'oeuvre en produisant d'autres cultures qui
nécessitent moins de travail. Cette spécialisation vers la tomate
s'explique par deux éléments : le fait que c'est une des cultures
à plus haute valeur ajoutée, qui nécessite beaucoup de
travail et ce travail est apporté par le réservoir de main
d'oeuvre issue des migrations, et la salinisation progressive de l'eau, due
à une surexploitation des aquifères.
On a donc à cette période les nouveaux colons et
les agriculteurs qui en ont les moyens, tout d'abord les moyens et grands
propriétaires, qui vont commencer à cultiver sous serres alors
que beaucoup d'autres continuent à cultiver à l'air libre. Dans
le cas du métayage, c'est le propriétaire qui installe les
serres.
Juil.
Nov. Déc..
Janv. Fév..
Mars Avril
Mai Juin
Oct.
Aout Sept.
sous serres sous serres
à l'air libre à l'air libre
Figure 24 : période de production sous les
premières serres
(ii) 1980 . le système d'irrigation au goutte
à goutte
Dans les années 1980, la culture sous serre se
généralise, les propriétaires des terres louées en
métayage investissent pour la plupart dans les serres même s'il
reste des parcelles cultivées à l'air libre par certains
métayers ou petits propriétaires jusqu'en 1995, ensuite il n'est
plus possible de cultiver à l'air libre à cause des
épidémies. En 1980, la fermeture de la centrale laitière
marque l'arrêt total de la production de lait, qui avait
déjà presque disparu.
La nouvelle innovation technique, qui permet d'augmenter
l'efficacité de la culture sous serres et explique sa
généralisation, est le système d'irrigation au goutte
à goutte qui remplace l'irrigation par submersion. L'irrigation au
goutte à goutte permet un meilleur contrôle de l'eau, évite
le stress hydrique, permet d'économiser les produits chimiques et
nécessite moins de travail. Les premières canalisations
enterrées sont installées grâce à des initiatives
privées car elles permettent d'économiser l'eau. On ferme les
serres pour pouvoir contrôler davantage l'humidité et on installe
des ouvertures latérales pour laisser entrer le vent. Les nappes
phréatiques commencent à baisser et à se saliniser.
L'irrigation au goutte à goutte, qui évite le
stress hydrique en permettant un apport continu en eau permet l'utilisation de
nouvelles variétés plus sensibles. Le rendement sous une serre
fermée avec un système d'irrigation au goutte à goutte et
les nouvelles variétés hybrides est d'environ 6 kg/m2, soit le
double du rendement obtenu avec la culture à l'air libre.
Les nouvelles variétés hybrides à
croissance indéterminée qui permettent de rallonger la
durée des campagnes mais ne permettent pas encore de faire un seul cycle
de culture par an. L'avantage de ces variétés est de rapprocher
la période de production de la période hivernale où les
prix montent et de compenser les fluctuations de prix intraannuelles
grâce à une longue campagne. Les prix élevés
permettent aux producteurs d'accumuler du capital et de racheter les terres.
Avec un prix de vente de 50 pesetas, le produit brut d'un m2
de tomates est de 300 pesetas. L'indice des prix à la consommation entre
1980 et aujourd'hui est de 350% (source : INE), 300 pesetas de 1980
équivalent en terne de pouvoir d'achat à environ 1000 pesetas de
2006, ou 6 € de 2006. A l'époque, construire un
invernaderos coûte environ 250 pesetas par m2, le produit brut
d'une année permet donc de rembourser la serre, les consommations
intermédiaires et la main d'oeuvre ont un prix inférieur à
celui d'aujourd'hui.
Les faible couts de production, notamment en main d'oeuvre (et
ceci malgré l'importance des syndicats d'ouvriers agricoles en
Andalousie) permettent d'être plus compétitifs que les pays
d'Europe du Nord (par exemple que les producteurs français). A partir de
l'entrée de l'Espagne dans l'Union Européenne, le
développement économique offre d'autres possibilités
d'emploi aux journaliers andalous dont le nombre est en baisse, ils sont
remplacés par des travailleurs clandestins venant du Maroc dont
l''immigration massive dans les années 1990 aura une grande influence
sur la région.
En même temps, le développement de
l'activité bancaire facilite l'installation des jeunes sans passer par
l'étape préalable du métayage. Les taux
d'intérêts sont de 20 % environ. La commercialisation est
désormais le domaine exclusif des coopératives agricoles et se
fait systématiquement par un système d'enchère à la
baisse. La production est de plus en plus destinée au marché
européen même si une grande partie est encore vendue sur le
marché espagnol.
La plupart des coopératives agricoles incitent les
producteurs à conditionner eux- mêmes leur production. Le
conditionnement consiste à trier les tomates en fonction de leur taille,
ou de la taille du rameau, de leur couleur, de leur forme..., à les
laver et à les présenter dans de petites caisses fournies par la
coopérative. La manipulation des tomates occupe une grande partie du
temps de travail (la moitié du travail en période de production).
Des machines peuvent être utilisées pour faciliter le tri des
tomates et leur conditionnement, ce sont des calibreuses qui trient les tomates
en fonction de leur poids et les laveuses. C'est la seule forme de
mécanisation du travail, qui reste essentiellement manuel. Ces
calibreuses ne sont utilisées que dans les grandes exploitations. Le
conditionnement et la présentation des produits vont prendre de plus en
plus d'importance.
C'est également dans les années 1980 que la
ville d'Almeria commence à empiéter sur les terres agricoles,
cela provoque une baisse des investissements dans les zones les plus proches de
la ville et une migration des jeunes agriculteurs vers de nouvelles terres
colonisées.
En parallèle, l'importance des grands
propriétaires diminue désormais très vite, notamment du
fait de l'urbanisation, qui crée un nouveau secteur économique
très important, la construction. Cette activité et le tourisme
représentent des débouchés rentables pour les capitaux et
ont un effet de concurrence sur le capital avec l'activité agricole dont
se désintéresse la petite bourgeoisie propriétaire des
terres, ce qui facilite le rachat des terres pas les métayers.
(iii) 1990 : un nouveau paquet technique et
l'arrivée des travailleurs marocains
Dans les années 1990, on expérimente de
nouvelles serres à toit incliné qui ne laissent pas rentrer l'eau
et qui vont se répandre chez les agriculteurs aisés. Ces serres
sont plus hautes et possèdent des fenêtres dont on peut
contrôler l'ouverture. Cela permet un meilleur contrôle de
l'humidité à l'intérieur de la serre et diminue les pertes
par pourriture. L'eau de pluie peut être récupéré et
remontée vers le bassin grâce à de petites pompes. Ces
serres représentent un coût deux fois plus important que les
serres planes, Ce sont les premiers colons propriétaires et les
propriétaires autochtones moyens qui ont les moyens de renouveler leurs
serres. Les producteurs préfèrent utiliser une nouvelle sorte de
plastique qui se change une fois tous les trois ans.
L'irrigation au goutte à goutte se
généralise. Des aménagements privés permettent
d'augmenter le nombre de canalisations enterrées.
De nouvelles variétés, à croissance
indéterminée, permettent la culture sans interruption d'octobre
à mai, que ce soit sous les anciennes serres planes ou sous les
nouvelles serres. Ces variétés sont utilisées de
façon optimale grâce à la culture sous serre : la
période de production se situe en l'hiver, moment où les prix
montent car les pays d'Europe du Nord (France et Hollande) arrêtent de
produire. Tous les producteurs peuvent profiter de ces bons prix, ce qui va
permettre au plus grand nombre de racheter les terres, ou s'ils sont
déjà propriétaires, de s'agrandir et d'investir dans de
nouveaux équipements. La rentabilité de ce nouveau système
attire les banques, qui vont jouer un rôle de plus en plus important
(crédit pour l'installation, l'achat d'équipement ou
l'agrandissement, prêt de campagne). Les taux d'intérêts
baissent, sous l'influence de l'Union Européenne et de la Junta de
Andalusia, de 20 % à 5 %.
Comme avec les nouvelles variétés, les plants de
tomates peuvent atteindre jusqu'à 9 mètres de long lors d'une
campagne, il faut un matériel qui servent de tuteur. Il existe deux
techniques : la première consiste à installer un réseau de
fil à deux ou trois mètres de hauteur. Pendant la première
partie de la campagne, tant que la plante n'a pas atteint cette hauteur, on
l'enroule dans le fil lui même rattaché au réseau afin
qu'elle ait toujours la tête vers le haut. Lorsque la plante atteint la
hauteur des fils, on la fixe à l'aide d'un clip et on fait passer la
tête de la plante de l'autre coté du fil et la plante pousse alors
vers le bas. Si la campagne dure longtemps et que le plant a poussé
vite, la tête peut alors descendre jusqu'à presque toucher le sol,
on recommence alors la même opération à l'aide de fil de
façon à ce que la tête se retrouve de nouveau vers le
haut.
Une autre façon de faire nécessite
l'installation de perches, qui sont moins fréquentes, surtout dans les
serres planes. Les perches sont accrochées au réseau de fils et
peuvent glisser le long du fil. La campagne commence de la même
façon, la tête de la tomate est maintenue vers le haut grâce
à un fil. A partir du moment où elle arrive à la hauteur
des fils, on fait régulièrement glisser la perche de façon
à ce que la plante ne touche jamais le sol (car dans ce cas la plante
pourrit). La tête reste toujours vers le haut. Ce système permet
d'obtenir un meilleur rendement et une production de meilleure qualité
mais oblige à un soin constant : la tomate produit sans cesse des talles
qu'il faut couper pour que l'énergie de la plante se concentre sur la
production des fruits. Avec les perches, la tige se trouve dans une position
horizontale très proche du sol, il est obligatoire de couper les talles
produites régulièrement par la tige car s'ils touchent le sol la
plante pourrit, alors que sans perches, la tige est verticale et les talles ne
peuvent pas toucher le sol.
L'activité de semencier se développe très
largement, en plus de la transformation des graines en plantule, il peut
également greffer les plants sur des pieds plus solides
résistants aux maladies du sol. La pollinisation qui était avant
effectuée à la main par l'application d'une hormone sur chaque
fleur est désormais assurée par des bourdons, cette technique
ouvre la voie à la lutte intégrée.
En 1995 une épidémie détruit les
cultures, c'est la fin de la culture à l'air libre et des serres
ouvertes, les serres ont désormais la fonction de protéger les
cultures des maladies malgré l'absence de rotation. Les fenêtres
sont équipées de voile très fin qui ne laisse pas passer
les insectes. La monoculture de tomate est généralisée, il
est devenu impossible de cultiver autre chose à cause de la forte teneur
en sel dans l'eau des puits.
Le rendement sous serre plane avec les nouvelles
variétés va de 10 à 12 kg/m2 en fonction des
variétés, le rendement sous serres à toit incliné
qui permet un meilleur contrôle de l'humidité va de 11 à 13
kg/m2. Avec les perches, les rendements vont de 12 à 14 kg/m2. Le
rendement double par rapport à la période des premières
serres et la conquête de la période hivernale permet de profiter
de prix très élevés.
Aout
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Sept. Oct.
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Nov.
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Dec. Janv.
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Fev. Mars
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Avril Mai
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Juin Juil.
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Production
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Figure 25 : Période de production avec les
nouvelles variétés
C'est autour de 1985 qu'ont lieu les premières vagues
d'immigration importantes venant du Maroc. La main d'oeuvre andalouse a
très largement diminué puisque beaucoup de journaliers ont
réussi à avoir accès à la propriété
des terres ou ont quitté l'activité agricole, profitant des
opportunités existant dans la province d'Almeria, par exemple la
construction, dans d'autres régions d'Espagne ou dans d'autres pays
européens. Elle est remplacée par les travailleurs clandestins
arrivant massivement du Maroc, qui représente une main d'oeuvre
très flexibles, plus abondante et plus précaire que les
journaliers andalous du fait des discriminations, du manque d'organisations
syndicales et de la faible intégration des immigrés qui viennent
d'arriver sur le territoire espagnol.
L'arrivée des cette main-d'oeuvre transforme le
système : jusque là la main d'oeuvre est essentiellement
familiale, mais après les vagues d'immigration venant du Maroc, on va
assister à deux phénomènes : un agrandissement relatif des
terres, qui permet de doubler la surface cultivée grâce à
l'appel à un petit nombre de salariés par les agriculteurs
familiaux qui en ont les moyens (généralement d'anciens colons),
et un très fort agrandissement avec l'utilisation d'un très grand
nombre de salariés pour ceux qui ont les moyens d'acheter de grandes
surfaces, c'est-à-dire ceux qui utilisaient déjà de la
main d'oeuvre salariée, les propriétaires moyens des
années 1950, les colons qui ont accédé à la
propriété très rapidement et qui se sont agrandis. Les
petits agriculteurs autochtones n'ont pas les moyens de s'agrandir et restent
familiaux.
L'urbanisation recouvre toutes les terres agricoles à
l'ouest du fleuve. Les jeunes agriculteurs vendent les terres urbanisables et
rachètent des surfaces plus importantes, soit dans la zone d'expansion
des serres, soit à Nijar où il y a encore des terres en abondance
et où ils cultivent la tomate.
(iv) 2000 : l'informatique
Dans les années 2000 on expérimente
l'agriculture assistée par ordinateur, la nouveauté la plus
importante est un programmateur lié au système d'irrigation qui
permet de mesurer les caractéristiques de l'eau afin de calculer la
quantité nécessaire d'intrants. Ce système permet
d'optimiser l'utilisation de l'eau et d'augmenter encore les rendements (de 11
à 13 kg/m2 sous serres planes, de 12 à 14 kg/m2 sous serres
à toit incliné, de 13 à 15 kg/m2 lorsqu'il y a des
perches), il peut être installé dans des serres planes ou à
toit incliné et il se répand chez les producteurs qui en ont les
moyens.
D'autres nouveaux équipements sont
expérimentés mais ne se généralise pas aussi
rapidement. Les serres en arc sont beaucoup plus hautes et permettent un
meilleur contrôle sur la ventilation. Elles sont en général
accompagnées d'un arsenal technologique comme la ventilation automatique
ou d'un système de chauffage (dans les zones plus froides, comme
à Nijar). La ventilation automatique ouvre et ferme des fenêtres
en fonction de mesure de la température et de l'humidité. Elle
permet en théorie d'être moins présent mais la plupart des
agriculteurs font assez peu confiance dans ce système.
D'autres équipements sont testés : les substrats
de cultures qui permettent une production totalement hors-sol, les calibreuses
à systèmes optiques permettant le tri des tomates en fonction de
leur couleur... Ils restent extrêmement minoritaires, la stratégie
de production à Almería étant de se servir des avantages
comparatifs dus au climat pour produire à faible cout et supporter la
concurrence des systèmes hollandais et français beaucoup plus
techniques.
Une communauté d'irrigants met en place une
dépureuse qui recycle les eaux urbaines et permet d'avoir un
accès à de l'eau non salée, presque toute la zone est
desservie par les eaux recyclées et le territoire irrigué
s'agrandit. Cela constitue une réponse aux besoins croissants en eau,
avec l'augmentation des surfaces cultivées, et aux problèmes de
salinisation et de baisse du niveau d'eau dans les nappes phréatiques.
D'un autre côté, les communautés d'irrigants de la source
de Viator et de la dépureuse installent de nouvelles pompes pour pouvoir
monter l'eau en amont de la source. A partir de 1996, l'Union Européenne
finance 40 % de la construction de nouvelles canalisations enterrées et
en 2007, 85 % des canalisations sont enterrées (100 % pour le
réseau qui concerne la dépureuse).
Le recours à la main d'oeuvre immigrée est
devenu très fréquent, on assiste alors à une nouvelle
forme de différenciation sociale entre les espagnols qui ont
accès aux crédits et à la propriété et les
immigrés, qui viennent du Maroc, d'Afrique subsaharienne et d'Europe de
l'Est. La concurrence avec les pays méditerranéens comme le Maroc
et la Turquie, qui bénéficient de la même
précocité de production, est très forte, d'autant que ces
pays ont des couts de production plus faible, surtout la main d'oeuvre, qui a
un cout 5 à 10 fois inférieur à celui en Espagne.
Les variétés évoluent très vite,
de nouvelles variétés apparaissent tous les 5 ans environ. Les
producteurs se trouvent alors dans une situation de dépendance
vis-à-vis des producteurs de semences et les variétés sont
très fragiles, leur utilisation s'accompagne de l'emploi de produits
phytosanitaires en grande quantité, ce qui augmente les couts de
production.
Le processus d'urbanisation commence à gagner les
terres de la vega de allâ, c'est-à- dire les anciennes
terres irriguées à l'est du fleuve. Les nouveaux migrants, ainsi
que les agriculteurs les plus aisés des zones urbanisées ou ceux
qui veulent agrandir leur exploitation, s'installent sur les terres non
exploitées du piémont. En 2007, il y a environ 2500
Figure 26 : Occupation de l'espace en 2000
exploitations agricoles, le nombre d'exploitations a plus que
doublé par rapport à 1975 et a quintuplé par rapport
à 1960, il est en constante augmentation, les exploitations qui
disparaissent sont généralement situées sur les terres
urbanisables, quelques exploitations peuvent disparaître également
si l'endettement est très important et que les prix. Les exploitations
qui ont atteint une taille déjà importante peuvent emprunter sans
risque (car ils ont la possibilité de rembourser les crédits sur
un terme très court) et s'agrandissent encore plus.
Il y a un gradient dans le paysage entre les anciennes terres
irriguées, et les zones colonisées qui ont
bénéficié d'une avance dès les années 1960
et qui servent de zones d'extension à ceux qui ont les moyens
d'investir. Les colons s'installent en général avec des
équipements plus modernes grâce au crédit. L'appui
étatique à l'installation des colons s'atténue à la
mort de Franco, en 1976, avec le remplacement de l'INC par l'Institut de
Réforme et de Développement Agraire (IRYDA) et en 1984 avec la
création de l'Institut Andalous de Réforme Agraire. Les
producteurs ayant une surface importante investissent beaucoup, s'agrandissent
et renouvèlent très vite leur équipement alors que les
petits agriculteurs déjà en place transforment petit à
petit leur système, et investissent dans de nouveaux équipements
mais plus lentement pour éviter un endettement excessif.
d. Conclusion
L'histoire d'Almeria est l'histoire du développement
exceptionnelle de la province la plus pauvre d'Espagne, grâce aux
transformations qui ont eu lieu dans l'agriculture. Alors que le reste de la
province d'Almeria, de l'Andalousie et de l'Espagne se vident à cause de
l'émigration, les zones aujourd'hui connues comme El Ejido, Nijar, el
Bajo Andarax voient leur population augmenter et la mise en culture de terres
abandonnées depuis des siècles.
Ce n'est pas à la fin des années 1970, avec
l'arrivée de la culture sous serres, que qu'a commencé la
transformation si spectaculaire de l'agriculture d'Almeria. C'est en fait dans
les années 1960 que l'on passe d'une agriculture « traditionnelle
» à une agriculture intensive, notamment avec la technique de la
culture dans le sable. Les facteurs qui ont déclenché cette
transformation sont le développement des infrastructures d'irrigation
par le gouvernement, la libéralisation des marchés, qui a permis
à l'horticulture de prendre de l'importance, et une politique de
colonisation favorisant l'agriculture familiale.
Dans le Bajo Andarax, l'histoire de colonisation a
donné naissance à 4 zones, de la plus ancienne à la plus
jeune : la vega de acâ qui a presque complètement disparu
aujourd'hui sous l'urbanisation, la vega de allâ où se
trouve les terres les plus facilement irrigables et les plus fertiles, et
los llanos de la Cafiada et de Alquian qui correspondent aux terres de
parcours colonisées, ce sont ces quatre zones qui donnent le nom de
« quatros vegas », auxquelles on peut rajouter les terres
colonisées ces dernières années à la limite de la
sierra, parfois dans l'illégalité.
Le succès de cette agriculture s'est accompagné
d'une ascension sociale très importante. Il y a eu un élan
très important d'achat des terres par les agriculteurs,
spécialement dans les années 1980-1990, qui représente un
âge d'or. La culture de la tomate est alors très rentable,
soutenue par un bon prix grâce aux nouveaux marchés d'Europe du
nord et à la production hivernale et les coûts de production sont
faibles (plus faible que dans les pays concurrents comme la France ou la
Hollande). Cela va permettre une généralisation de la
propriété.
L'organisation des agriculteurs en coopératives qui
fournissent les intrants et commercialisent les produits, et qui permettent un
suivi technique poussé, est également un élément
important et a permis la mise en place d'un réseau de commercialisation
particulièrement efficace.
A la fin des années 1990, les conditions changent avec
l'apparition de maladies, la nouvelle concurrence des pays
méditerranéens qui passent des accords de libre-échange
avec l'UE et l'augmentation des coûts de production. Cela coïncide
avec la période d'arrivée des travailleurs immigrés. Les
conditions ont alors quelque peu changé par rapport aux années
1960, les terres ne sont plus aussi abondantes, le gouvernement refuse la mise
en culture de nouvelles terres, et donc l'installation de nouvelles structures
d'irrigation, et les possibilités de travail ne peuvent pas absorber
l'énorme masse de travailleurs, ce qui tire les salaires à la
baisse et fragilise la situation des immigrés. On est donc sorti de
cette dynamique qui permettait aux travailleurs d'avoir accès à
la terre, et l'utilisation systématique de salariés fragilise
l'agriculture familiale.
II. LE SYSTEME
AGRAIRE ACTUEL
A. Les aspects techniques
1. Présentation des cultures
a. La tomate
(i) Présentation de la tomate
Nom scientifique : Solanum lycopersicum L.
(ou Lycopersicon esculentum).
La tomate est une plante annuelle de la famille des
Solanacées (qui inclut 2300 espèces produisant des
alcaloïdes toxiques), originaire d'Amérique du Sud. Le terme
désigne aussi le fruit, qui est l'un des légumes les plus
importants dans l'alimentation humaine et qui se consomme frais ou
transformé. C'est le légume le plus consommé dans le monde
après la pomme de terre. Il est cultivé sous presque toutes les
latitudes, sur une superficie d'environ 3 millions d'hectares, ce qui
représente près du tiers des surfaces mondiales consacrées
aux légumes.
C'est un aliment peu énergétique, qui contient
à peine 20 calories pour 100 grammes, son composant majoritaire est
l'eau, suivie par les hydrates de carbone. Elle contient plus de sucres simples
que les autres légumes et est donc considérée comme un
fruit. Elle est très riche en fibres, en éléments
minéraux comme le potassium et le phosphore, en vitamines et en
carotènes qui ont une action antioxydante.
(ii) Physiologie de la tomate
La tomate est une plante herbacée annuelle à
port rampant, aux tiges ramifiées. Le système racinaire est
pivotant, très puissant et ramifié sur les trente premiers
centimètres. On trouve deux sortes de poils sur la tige et les feuilles
: des poils simples et des poils glanduleux qui contiennent une huile
essentielle, qui donne l'odeur de la tomate et la coloration verte. Les
feuilles sont persistantes, les vieilles feuilles perdent leur pouvoir
photosynthétique et deviennent même nuisibles pour la plante,
responsables du retard de croissance des fruits. La graine est petite (250
à 350 graines par gramme) et poilue, sa germination est
épigée. La fleur est hermaphrodite. Elle est composée de 5
sépales et 5 pétales de couleur jaune vif, de 5 étamines
et de 2 carpelles. Les fruits charnus sont des baies à 2 ou 3 loges,
à graines très nombreuses, de taille, de forme et de couleur
très variées. La tomate nécessite un sol profond et bien
drainé, légèrement acide (avec un pH de 6,2 à 6,8),
et beaucoup de lumière.
b. Les avantages comparatifs de la zone pour la
culture de tomates
Les autres cultures sont très minoritaires dans la zone
et sont souvent des essais sur une année, qui ne sont pas reconduits, ou
la conséquence d'un arrachage précoce de la plantation de tomates
pour cause de maladies. Citons melon, pastèques, concombre, courgett
e...
En revanche on les retrouve dans la zone de Nijar où
les agriculteurs du Bajo Andarax ont parfois des parcelles, mais là
encore la plupart y font des tomates. Cela s'explique par le fait que la tomate
est une culture qui nécessite beaucoup de travail, beaucoup plus que
les
autres produits horticoles, les agriculteurs se concentrent
donc sur des petites parcelles de tomates, d'autant plus que le système
très organisé de coopératives les y encourage.
On trouve également des résidus des anciens
systèmes, cultivés à l'air libre: culture de pommes de
terre, de luzerne, des petits jardins avec une horticulture très
variée, parfois une vache ou quelques brebis. Ce sont les personnes
à la retraite qui cultivent pour l'autoconsommation.
La comparaison du Bajo Andarax avec El Ejido ou Nijar permet
de comprendre pourquoi on y trouve une telle concentration de plantation de
tomates, qu'on ne retrouve pas dans les autres zones. Première
explication, le climat y est plus ensoleillé et plus doux en hiver
qu'à Nijar qui est plus éloigné de la mer. Il y a des
cultures de tomates à Nijar, mais la campagne est plus courte car
l'hiver est plus rude, les risques de gel sont plus grands, certains
agriculteurs de Nijar vont jusqu'à installer un système de
chauffage dans les invernaderos alors qu'il n'y en a pas dans la
Cafiada.
La différence principale entre le Bajo Andarax et El
Ejido est la qualité de l'eau. L'eau d'El Ejido vient de la sierra et
est très douce, elle ne présente pas de problème de
salinité. Mais la tomate apprécie une eau
légèrement salée, qui permet de produire des tomates
très dures, plus facile à conserver pour l'exportation. Il est
possible de produire des tomates à El Ejido mais la qualité sera
moindre. Dans le Bajo Andarax, l'eau provient en grande partie des
aquifères légèrement salés (et qui se salinise de
plus en plus).
c. Les variétés
Toutes les variétés utilisées aujourd'hui
sont des hybrides à croissance indéterminée. On peut les
classer en fonction de la couleur et du type de tomates cultivées :
Les tomates rouges récoltées une à une
:
* La Daniela est de loin la
variété la plus répandue. C'est une variété
de tomates rouges, « longue vie », ce qui signifie qu'elle peut
être conservée longtemps après la récolte. Elle peut
être également récoltée en rameau si le
marché y est favorable. Ces avantages : elle produit beaucoup et des
tomates de bon calibre.
* L'Atletico est une tomate rouge « longue
vie » assez semblable à la Daniela.
* La Domini est une tomate rouge « longue
vie » qui résiste assez bien à la sécheresse.
* La Brenda est une tomate rouge qui permet de
résister aux nématodes présents dans le sol. Elle se e
cultive en campagne courte ou longue.
* La Taray est une tomate rouge à cycle
court et qui permet de faire deux campagnes de tomates par an. Elle ne supporte
pas d'avoir la tête qui pousse vers le bas.
Les tomates rouges en rameau :
* La Pitenza est la tomate typique qui se
récolte en rameau. Les tomates sont assez petites, les rameaux
comportent une dizaines de tomates dont deux ou trois sont trop petites et sont
coupées. Si l'eau est très salée, les tomates vont
être très petites. Comme il faut attendre que toutes ou presque
les tomates d'un rameau soit mures avant de récolter, le début de
la récolte est retardé d'environ 15 jours par rapport aux tomates
« longue vie ».
* L'Ikram est une variété en
rameau, le rameau est plus petit que pour la Pitenza,
environ 6 fruits par
rameau, ce qui permet d'uniformiser plus facilement les rameaux, c'est
donc une variété qui nécessite moins de
travail que la Pitenza et qui est plus précoce. Elle peut supporter la
chaleur à condition de bien ventiler, car elle pourrit facilement. Les
racines sont fragiles ce qui oblige à greffer la plante sur un pied.
La tomate asurcado
* La Raf est une tomate très
répandue. C'est une tomate de qualité dont le prix est
très supérieur aux tomates rouges. La campagne est très
courte, elle se plante en octobre et la récolte commence vers janvier.
La tomate verte nécessite d'être très présent car
elle doit être récoltée le jour précis où
elle arrive à maturité. Elle supporte l'eau très
salée.
* La Marmandino est une tomate verte, assez
semblable à la tomate Raf. C'est une variété qui supporte
assez mal l'eau salée.
L'Amadeo et le Rambo sont des
tomates vertes, ainsi que le Virgilio. Les tomates vertes sont
plantées tardivement et ont une campagne assez courte.
La tomate Pera (tomates poire) est une tomate
allongée. Elle nécessite moins de travail au calibrage mais il
faut parfois la récolter au ciseau.
La variété est choisie par l'agriculteur en
fonction de la main d'oeuvre, de la qualité de l'eau, de la
lumière et de la ventilation dans la serres, de la distance entre la
serres et l'entrepôt ou la maison, du drainage, de la présence de
maladie...
Parfois, on effectue une rotation de variétés
afin d'éviter les maladies racinaires, il peut y avoir des successions
de 2 ou 3 années d'un type (par exemple longue vie) suivies par 2 ou 3
années d'un autre type (par exemple Pera). Mais il arrive aussi que la
même variété soit cultivée pendant de nombreuses
années sur le même sol, si l'agriculteur acquiert un certain
savoir-faire et une certaine confiance dans une variété.
d. Les classes de tomates
Le système de vente par enchère plus ou moins
monopolisé par quelques coopératives impose aux agriculteurs de
calibrer les tomates. Pour les tomates longue vie, il existe 4 classes en
fonction de la taille, en ordre la double G, la G, la M, et la double M, une
classe « secondaire » pour les tomates présentant un
défaut et une classe tertiaire pour les tomates très petites qui
sont fréquemment jetées. Pour les tomates en rameau, il existe
deux classes selon la taille.
2. Le matériel
L'équipement utilisé aujourd'hui a
été décrit dans la description de la succession des
systèmes agraires. Nous allons donner dans cette partie quelques
éléments complémentaires.
a. Les serres
Invernaderos qui signifie serre est le mot
consacré pour désigner les structures de plastiques que l'on
trouve à Almería, mais ce ne sont pas des serres au sens strict
du terme car ce sont des structures très simples, constitué d'un
support en bois ou en fer et de plastique dont la durée d'utilisation ne
dépasse pas 3 ans. Les différents types d'invernaderos
reflètent les progrès techniques qui ont été fait
depuis le début de la culture sous serre, permettant à chaque
fois un meilleur contrôle des aléas climatiques.
Les serres à toit incliné sont
fréquemment orientées Nord/Sud, ce qui permet d'utiliser plus
efficacement les vents principaux qui viennent de l'ouest et de l'est, il
existe aussi des serres asymétriques, orientés Est/Ouest, dont le
coté exposé au sud est plus important afin de capter plus de
lumière. Certaines variétés ont besoin de plus de
lumière que d'autres mais dans l'ensemble, la préoccupation est
plutôt d'éviter que la température n'augmente trop à
l'intérieur des serres.
Coté exposé au soleil plus
grand
|
|
|
|
Nord
Est Ouest
Sud
Vent
Figure 27 : Serres à toit incliné et
asymétriques
La première fonction des serres a été
d'avancer et de retarder la période de production, de mettre la plante
dans des conditions où il n'y a pas d'hiver. Les agriculteurs
régulent le microclimat qui règne à l'intérieur de
la serres en jouant sur la quantité de lumière qui rentre (par
exemple en blanchissant le toit à certaines périodes pour que la
température ne monte pas trop), sur la quantité de vent
grâce au système de ventilation et sur la quantité d'eau
grâce au système d'irrigation, avec une part d'aléatoire
plus importante dans le cas des serres planes qui laissent rentrer l'eau de
pluie. C'est un outil qui permet de contrôler un grand nombre de
paramètres climatiques, lumières, températures,
humidité, vent... Il permet également d'éviter
l'érosion liée au vent et de protéger les plantes des
maladies.
b. L'irrigation au goutte à goutte
L'irrigation au goutte à goutte est devenue
obligatoire dans toutes les zones d'agriculture intensive d'Almeria. Si le
goutte à goutte permet d'économiser environ 30% d'eau, ce n'est
pas ça qui l'a rendu indispensable : les agriculteurs y voient surtout
un avantage en terme de temps de travail. L'irrigation par submersion oblige
à être présent sur la parcelle pendant l'irrigation et
près du bassin, cela mobilise donc deux personnes, l'irrigation au
goutte à goutte ne nécessite pas d'être présent en
permanence, surtout le système automatique. Il permet également
d'économiser du temps de travail sur l'application des produits
phytosanitaires.
Etant donné le temps qu'il faut pour irriguer à
la main, les agriculteurs ne le faisaient qu'une fois toutes les semaines ou
deux semaines, ce qui pouvait provoquer un stress hydrique chez la plante qui y
est assez sensible. Le goutte à goutte a donc permis d'augmenter les
rendements car il permet un apport d'eau quotidien, avec comme
conséquences l'adoption de nouvelles variétés plus
fragiles mais à plus haut rendement dans les conditions adaptées
de production. Il permet également d'économiser les produits
chimiques qu'on met directement dans l'eau.
Aujourd'hui il existe plusieurs type de système de
goutte à goutte, l'un est manuel, l'autre contrôlé par un
programmateur. Le programmateur effectue des mesures sur l'eau (pH,
salinité, concentration de fertilisants) et adapte les produits à
appliquer en fonction des résultats. Mais le système manuel, qui
prend plus de temps, peut permettre d'utiliser au mieux de la main d'oeuvre
dans le cadre d'une agriculture familiale. La différence de rendement en
fonction de l'un ou l'autre des systèmes est assez importante.
c. Calibreuses et laveuses
Les calibreuses ne sont utilisées que dans les plus
grandes exploitations. Il existe deux types de calibreuses, en fonction de la
taille et en fonction du poids. La plus fréquente est la machine qui
calibre en fonction de la taille. Les machines fonctionnent avec au moins 4
personnes, elles permettent de calibrer une grande quantité de tomates
en relativement peu de temps.
|
Figure 28 : calibreuse en fonction du poids
|
Les laveuses sont utilisées pour la culture de tomates en
rameau. Les tomates sont en fait déposées sur un tapis roulant
qui les amène dans une sorte de brosse.
3. Itinéraire technique
La plantation a lieu fin aout- début
septembre, sauf pour les variétés de tomates vertes dont la
campagne est plus courte et qui sont plantées en octobre. Parfois, les
agriculteurs essayent de décaler la plantation d'une semaine dans chaque
serre afin d'étaler un peu la période de production, mais
même ainsi, il arrive un moment où toutes les serres sont en
pleine production au même moment. On plante à la main des
plantules d'une dizaine de centimètres en faisant des trous dans le
sable à l'aide d'une tige pointue en métal. Parfois, on ouvre le
sable avant de planter de façon à recouvrir les premières
feuilles de sable, ce qui favorise la création de racines. Chaque serre
est plantée en un seul jour afin que la plantation soit uniforme. Chaque
rang est séparé par 1m50, parfois de 90 cm alterné avec
1m70 pour faciliter le travail avec les perches. Chaque plant est
séparé de 50 cm, ce qui correspond à la distance entre
chaque sortie du système d'irrigation au goutte à goutte, ou de
1m, lorsque les pieds sont greffés et qu'il y a deux talles par pied.
Les greffes : pour éviter les
maladies des racines et les problèmes liés aux nématodes,
on peut utiliser des plants greffés. Le pied est alors
plus solide, on laisse deux talles producteurs à la place de un. Chaque
pied nécessite alors plus d'eau et la densité de plantation est
divisée par deux. Les plants greffés produisent des tomates de
moindre qualité au niveau de la couleur et la récolte commence un
peu plus tard. Les greffes sont faites chez le semencier, beaucoup
d'agriculteurs ne le font pas car cela coute cher à un moment où
la trésorerie est assez basse, au début de la campagne.
La période de production : Le
début de la production s'étend d'octobre à janvier selon
la variété et le choix de l'agriculteur. Au début de la
campagne, il y a une forte production de tomates de gros calibre. Le pic de
production se trouve en février, mars et avril. A partir de mai, la
production diminue, les tomates sont plus petites et se vendent un prix plus
faibles. Fin juin, il ne reste presque plus de plantations, sauf celle qui ont
été plantée en février en deuxième
campagne.
La coupe des talles : Le début de la
campagne est surtout marquée par l'entretien des jeunes plants : il faut
couper les talles qui sont nombreux car en automne la température est
encore élevée et installer et réajuster les fils au fur et
à mesure de la croissance. En hiver, la croissance est moindre, et le
temps passé à couper les talles se réduit. La coupe des
talles, au début de campagne, peut prendre à deux personnes une
journée par hectare tous les 5 jours. L'ajustement des fils peut prendre
à deux personnes une journée par hectare tous les 10 jours.
Les bourdons sont systématiquement
utilisés dans toutes les exploitations. Une caisse de bourdons est
placée tous les 1000 m2 et peut être utilisée de
1 à 2 mois en fonction de la température. Avant que l'utilisation
de bourdons se généralise, il fallait poloniser les fleurs de
tomates en appliquant une hormone sur chaque fleur. L'utilisation des bourdons
trace la voie dans l'utilisation des insectes pour la lutte
intégrée.
Avec perches : Dans le cas de production avec
perches, il faut tout au long de la campagne déplacer
les perches afin que la plante ne traine jamais sur le sol.
Sans perches : Lorsqu'il s'agit d'une
production sans perches, il faut, lorsque la plante atteint le réseau de
fil en fauteur, faire passer la tête soit directement par-dessus deux
rangées de fils, soit dans un clip destiné
à cet effet qui permet de ne pas abimer a plante et de ne pas couper le
passage de la sève.
La récolte et le calibrage : durant
la période de production, les deux travaux les plus importants sont la
récolte dans la serre, et le calibrage dans l'entrepôt. Le
calibrage prend un peu plus de temps que la récolte, il peut se faire
à la main, ou à l'aide d'une planche percée de trous
laissant passer les tomates selon leur calibre, ou à l'aide d'une
calibreuse motorisée. Il est manuel avec les variétés en
rameau. Il est possible de déléguer le calibrage à la
coopérative agricole mais c'est rare, le coût est alors
retiré du prix de vente.
En général, les agriculteurs récolte le
matin et trie l'après-midi lorsqu'il fait très chaud. Lorsqu'il y
a des salariés, soit le salarié suit l'agriculteur, c'est le cas
surtout lorsque ce sont des salariés qui restent plusieurs
années, soit le salarié ne fait que le travail de récolte,
même l'après-midi, le calibrage nécessitant plus
d'expérience et étant moins pénible. Lorsqu'il s'agit de
grandes exploitations, il peut y avoir une division du travail avec certaines
personnes ne faisant que la récolte et d'autres ne faisant que le
calibrage (avec dans ce cas, une préférence pour le travail des
femmes au calibrage et le travail des hommes dans la serre). En période
de forte production, les agriculteurs travaillent entre 12 et 14 heures par
jour.
Les produits phytosanitaires : on applique
sur les cultures des fertilisants, des fongicides et insecticides. Le
désherbage se fait à la main lors de l'entretien des cultures.
Parmi les fertilisants, on trouve du nitrate, du potassium et du phosphore et
un certain nombre d'éléments minéraux : Fer, Calcium,
Zinc, Borre, Magnésium,... ils sont mélangés avec l'eau de
l'irrigation. En général, on applique du phosphore pendant la
phase de croissance, de l'azote pour que les tomates soient plus gosses et de
la potasse pour produire plus de fruits. De l'acide humique liquide peut
également remplacer momentanément le fumier. Les fongicides et
insecticides (Sulfate...) sont soit appliqués dans l'eau lorsque c'est
pour combattre une maladie qui vient du sol, soit directement sur la plante
pour repousser les insectes vecteur de maladies comme la mouche blanche qui
apporte le virus de la cuchara. Des produits très puissants sont
mélangés à l'eau pour désinfecter le sol entre deux
campagnes. Ce sont les nombreux techniciens des coopératives agricoles
qui écrivent la « recette » des produits à appliquer en
fonction de la situation.
La coupe des têtes : on coupe la
tête des pantes vers le mois de mars, la plante arrête alors de
grandir et cela permet de produire des fruits plus gros pour les derniers
mois.
L'irrigation : on irrigue en fonction de la
saison, tous les jours au début et à la fin de la campagne, une
fois tous les deux ou trois jours en hiver. La durée de l'irrigation
varie aussi en fonction de la saison et des tuyaux, elle peut durer d'une
demi-heure à une heure.
Le vent a une très grande importance,
la ventilation permet de contrôler la température et
l'humidité à l'intérieur de la serre.
Le blanchissage consiste à peindre
le toit des serres avec de la chaux. Le but est d'éviter que la
température soit trop élevée. Comme le plastique dure
trois ans, on le fait surtout sur le plastique neuf qui n'a jamais
été blanchi. Ce travail est fréquemment
délégué à une entreprise. Il est effectué au
début de la campagne car les jeunes plants supportent mal la chaleur et
c'est une période où il fait encore chaud et au printemps,
lorsque la température commence à monter. La différence de
température lorsque le plastique a été blanchi est
d'environ 10°C
Le nettoyage : à la fin de la
campagne, on laisse sécher puis on arrache les plants, le sable est
nettoyé des résidus à l'aide d'un râteau, en
général à la main. On peut alors griffer le sol, pour le
nettoyer.
La désinfection : Il est
impératif de désinfecter entre deux campagnes afin de tuer les
maladies qui persistent dans le sol et d'éviter les mauvaises herbes. Il
existe des produits destinés à cet effet, le telone par exemple.
Une technique de désinfection consiste à appliquer un plastique
fin sur le sol et d'irriguer le sol afin de l'humidifier, la température
peut alors atteindre 80°C. Cette désinfection par chaleur se fait
au moment où le plastique est renouvelé, en effet le nouveau
plastique n'a pas été blanchi et va permettre un meilleur passage
des rayons du soleil. C'est également à ce moment là qu'on
choisit de renouveler le fumier, la désinfection permettant de tuer les
graines des adventices.
L'application du fumier : Dans la plupart
des exploitations, on applique du fumier tous les 3 à 5 ans. Pour
appliquer le fumier on ouvre le sable sur le rang de façon à
atteindre la couche inférieure qui est en fait un mélange de
terre, de sable et de fumier. Le fumier est donc à environ 20 cm en
dessous de la surface.
Le plastique doit être changé
tous les 3 ans, ce qui est généralement fait par une
entreprise.
Il y a parfois deux campagnes de tomates ou une campagne de
tomate suivie d'une autre culture (pastèque, melon...). Il y a parfois
des variétés qui supportent mal l'hiver, ou des maladies qui
obligent les agriculteurs à arracher la plantation. Dans ce cas, la
plante reste toujours de taille modeste, un fil rattaché à l
'alembre lui sert de tuteur. Deux campagnes représentent plus de
travail.
Il y a très peu de cultures hydroponiques utilisant
des substrats différents du sable. L'investissement et l'entretien que
cela requièrent sont trop important par rapport aux avantages, qui sont
surtout un meilleur contrôle phytosanitaire et une meilleure utilisation
de l'eau. Les maladies sont combattues par d'autres moyens et l'eau, qui
pourtant est une ressource rare de la région est très peu
couteuse.
Quelques exploitations, surtout celles affiliées
à la CASUR, pratiquent l'agriculture biologique. Les techniques de
productions ne changent pas fondamentalement, la grande différence se
trouve dans l'utilisation des produits chimiques. Pour lutter contre les
insectes, vecteurs de maladies, on utilise d'autres insectes
prédateurs.
4. Calendrier de travail et de production (voir annexe
5)
Les principales différences au niveau technique viennent
:
* De la variété : les variétés rouge
ont une campagne beaucoup plus longue que les vertes, les tomates en rameau
sont récoltées plus tardivement.
* Du type de calibrage à effectuer : en rameau, la
récolte va plus vite mais le calibrage nécessite plus de travail
et d'expérience. Le rendement est plus faible lorsque l'on produit des
tomates en rameau : le rameau entier est récolté et s'il y a des
tomates trop petites et trop vertes, on les enlève, ce qui fait une
perte. Sur le rameau, il est difficile d'obtenir une uniformité de
toutes les tomates.
TOMATES ROUGES
Sans perches
Avec perches
15h/jr/ha 25h/jr/ha
20h/jr/ha 30h/jr/ha
TOMATES EN RAMEAU
Sans perches
15h/jr/ha 20h/jr/ha
Avec perches
20h/jr/ha 30h/jr/ha
aout sept. oct.
nov. déc. janv. fév.
mars avril mai juin juil. aout
Plantation Période de production
TOMATES
PERA15h/jr/ha
20h/jr/ha
Suivi quotidien
15h/jr/ha 20h/jr/ha
TOMATES VERTES
sept. oct. nov. déc. janv. fév. mars avril
mai juin juil. aout
0,90
0,80
0,70
0,60
0,50
0,40
0,30
0,20
2,30
2,00
1 ,70
1 ,40
1,10
0,80
0,50
0,20
1,00 0,90 0,80 0,70 0,60 0,50 0,40 0,30
0,20
1 ,00
0,90
0,80
0,70
0,60
0,50
0,40
0,30
0,20
Figure 29 : période de production et exigence en
travail de chaque variété
Figure 30 : période de production
(double
flèches) et moyenne des prix
mensuels
2002-2006 par variétés
Sarah Dauvergne Analyse Diagnostic du Bajo Andarax,
Almería
INA-PG, DAA Développement Agricole mars-aout 2007
* De la présence ou non de perches : l'entretien de
perches prend du temps et permet de produire plus.
* De la durée de la campagne : il y a parfois deux
campagnes à l'année, soit par le choix de variété
à cycle court, soit parce qu'il a fallu arracher la plantation, à
cause d'une maladie ou d'un incident climatique.
5. L'eau
(i) Les différentes sources d'eau
La tomate est une plante qui supporte mal le stress hydrique,
surtout les nouvelles variétés et qui peut supporter et
même apprécie l'eau salée qui permet de produire des fruits
plus durs, adaptés à l'exportation car pouvant être
transporté et résistant longtemps. L'eau peut provenir :
* De puits privés en général
situés le long du rio Andarax et proches de la mer car l'eau y est assez
peu profonde. Ces puits puisent dans les aquifères déjà
salinisés, il est rare que ça soit la seule source d'eau, elle
est souvent mélangé ou alternée avec de l'eau moins
salée. Dans ce cas, le coût de l'eau se limite au cout de
l'électricité utilisée pour le fonctionnement des
pompes.
* De petites communautés d'irrigants
généralement situées le long du rio Andarax ou près
de la source de Viator. Ces communautés peuvent compter une dizaine
d'agriculteurs, les puits sont alors assez profond pour fournir une eau moins
salée que dans les puits privés. Son prix correspond alors au
prix de son acheminement, il se situe entre 0,1 et 0,2 €/m3 d'eau (il faut
en moyenne un peu plus d'un m3 d'eau par m2 de terre et par an).
* De la source de Viator. La source de Viator est
utilisée depuis le 19ème siècle pour irriguer
la vega de allâ, l'eau était d'abord remontée par
des animaux puis par des pompes électriques. Aujourd'hui, plus d'un
millier d'agriculteurs utilisent cette source d'eau peu salée.
* De la depureuse des eaux urbaines (communauté
d'irrigants de las Quatros Vegas) située également
à Viator. Elle est fondée dans les années 1990
après une tentative ratée dans les années 1980,
l'idée de recycler l'eau urbaine est venu après que des
agriculteurs se soient illégalement approvisionnés sur les canaux
qui amenaient les eaux usées de la ville à la mer. L'eau est
récupérée, purifiée grâce à de l'ozone
et à une quantité infime de chlore (de l'ordre de la partie par
millions) avant d'être stockée et distribuée. Cette eau est
riche en matière organique, même après purification. La
dépureuse irrigue toute la zone et a commencé à
s'étendre jusqu'au nouvelles zones colonisées de Rétamar.
Le coût le plus important, avec les nouvelles installations, les
réparations, le fonctionnement interne de la communauté et le
cout du traitement, est celui de l'électricité nécessaire
à élever l'eau mais ce système permet d'éviter
l'épuisement des aquifères. Le prix de l'eau comprend alors une
partie fixe qui dépend de la surface irriguée et une partie
proportionnelle à l'eau utilisée et qui dépend de la
distance à la mer. Il existe aujourd'hui trois étages, l'eau
coutant plus cher à un agriculteur très éloigné de
la mer car il faudra élever trois fois l'eau pour lui fournir. Chaque
agriculteur possède une dotation, un volume d'eau à utiliser dans
l'année, s'il le dépasse, le prix est alors augmenté de 15
puis 30 puis 45 %. Le prix actuel tourne autour de 0,3 €/m3.
Aujourd'hui, 85 % du réseau hydraulique est
enterré, 100 % en ce qui concerne les eaux de la dépureuse. Cela
a été permis grâce à l'initiative privée des
communautés d'irrigants et grâce à une aide de l'UE
à partir de 1996.
Dans tous les cas, le cout de l'eau ne représente
qu'une petite partie des consommations intermédiaires, son prix ne
reflète pas la rareté de cette ressource, d'autant plus que la
salinisation des nappes phréatiques a été en partie
surmontée par le choix d'une culture qui la tolère et même
se développe mieux en présence d'eau légèrement
salée.
Sarah Dauvergne Analyse Diagnostic du Bajo Andarax,
Almería
INA-PG, DAA Développement Agricole mars-aout 2007
(ii) Les besoins en eau
Les agriculteurs n'ont qu'une idée assez vague de la
quantité d'eau qu'ils utilisent. On peut considérer que 10.000
m3 par hectare et par an est un ordre de grandeur juste. Le besoin
en eau d'irrigation dépend du climat, de la fréquence des pluies,
du type de serre (qui laisse entrer l'eau de pluie ou non), de
l'humidité, de la température et du vent. Il est donc être
très variable.
30.000
25.000
20.000
15.000
10.000
5.000
0
m3/jour
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 moyenne 1998 -
2006
janvier - février mars - avril mai - juin juillet - aout
septembre - octobre novembre - décembre
2003
2002
2005
2001
2006
2004
2000
1999
1998
6. Conclusion
Figure 31 : quantité d'eau qui sort de las 4
vegas par jour en fonction de la période années 1998 -
2006 source : las 4 Vegas
La dépureuse arrive en vitesse de croisière
à peu près en 2000 mais il est probable que sur le long terme, la
quantité d'eau épurée va augmenter. Le graphique permet
surtout de voir que les besoins en eau sont important au printemps, lorsque la
température remonte et que la production augmente
fortement, ainsi qu'en septembre et octobre, au moment des
plantations, il fait encore chaud et les jeunes plantes sont
particulièrement fragiles. En été, l'eau n'est pas
utilisée à la production mais à la désinfection des
terres.
En fonction de leur disponibilité en main-d'oeuvre
(agriculture familiale, patronal ou capitaliste), et de leur moyen, les
agriculteurs vont chercher une stratégie qui leur permet de maximiser la
production sur de très petites surfaces, en appliquant une très
grande quantité de travail.
On observe deux stratégies différentes : la
recherche d'un gain de temps (calibreuses...) qui permet d'augmenter les
surfaces, et la recherche d'intensification (perches...), qui permet
d'augmenter la production sur la même surface.
B. Typologie des systèmes de production
1. Les métayers
Traditionnellement, dans le cadre du métayage, le
propriétaire fournit la terre et l'eau et le métayer le travail.
Aujourd'hui, les consommations intermédiaires sont partagées
à 50%, ainsi que la production, l'eau est considérée comme
une consommation intermédiaire mais le propriétaire fait tous les
investissements (construction de serres, installation de l'irrigation au goutte
à goutt e...), le métayer doit payer les salaires si il y en
a.
a. Métayage sans main d'oeuvre salariée
Le métayage sur une petite surface ne permet pas
d'employer de salariés. En général, le propriétaire
n'est pas agriculteur et les métayers sont installés depuis une
époque antérieure aux vagues d'immigration venant du Maroc.
Le matériel est très simple : serres planes, de
petites tailles, en partie en bois, système d'irrigation au goutte
à goutte manuel, un tracteur d'occasion. Le matériel appartient
au propriétaire et les consommations intermédiaires et la
production sont partagées à 50 %. La main d'oeuvre est uniquement
familiale. Les variétés sont des tomates rouges qui se
récoltent une à une, le rendement est assez faible : 1 1kg/m2.
* Nombre d'actifs : 2 à 3
* Gamme de surface totale : 6000 - 12000 m2 * Surface maximum
par actif : 6000 m2
* VA/actifs : 7300 - 15700 €
* RA/actifs familiaux : 4500 - 9000 €
* TRI du propriétaire : 8 %
* Capital/m2 : 6,9 €
b. Métayage avec utilisation de main d'oeuvre
salariée et calibrage
Le matériel est un peu plus moderne : serres à
toit ondulé, système d'irrigation par ordinateur, plants
greffés, et un tracteur d'occasion. Beaucoup de ces métayers sont
d'anciens salariés immigrés. Les propriétaires sont des
agriculteurs qui choisissent de donner l'excès de terre en
métayage plutôt que de l'exploiter par du travail salarié
pour pouvoir s'assurer une production de qualité. L'avantage pour le
propriétaire est de se décharger d'une partie de son travail, par
exemple lorsque les membres de sa famille ne travaillent pas sur
l'exploitation, mais il continue d'exercer un contrôle étroit sur
les métayers. Beaucoup de métayers sont d'anciens travailleurs
salariés immigrés du Maroc ou de Roumanie.
La main d'oeuvre est en partie familiale et en partie
salariée. La variété est une tomate rouge à
récolter une à une et facile à calibrer, le rendement est
de 13 kg/m2.
* Nombre d'actifs familiaux : 1 à 3 * Nombre d'actifs
salariés : 1 à 4
* Gamme de surface totale : 15000 - 25000 m2 * Surface maximum
par actif : 5000 m2
* VA/actifs : 10500 - 14000 €
* RA/actifs familiaux : 6500 - 15000 € * TRI du
propriétaire : 8 %
* % Coût de la main d'oeuvre : 15 %
* Capital/m2 : 9,8 €
c. Métayage avec utilisation de main d'oeuvre
salariée sans calibrage
C'est une situation similaire à a
précédente avec le même équipement. Si le
métayer n'effectue pas le calibrage, la variété est une
variété en rameau, plus facile à récolter et de
meilleur qualité (avec un prix légèrement
supérieur) que la tomate basique. Le rendement est de 13 kg/m2.
* Nombre d'actifs familiaux : 1 à 2
* Nombre d'actifs salariés : 2 à 4
* Gamme de surface totale : 20000 - 30000 m2 * Surface maximum
par actif : 6000 m2
* VA/actifs : 11500 - 13000 €
* RA/actifs familiaux : 9000 - 13500 € * TRI du
propriétaire : 8 %
* % Coût de la main d'oeuvre : 17 %
* Capital/m2 : 11,9 €
2. L'agriculture familiale
La main d'oeuvre est familiale mais il arrive parfois qu'ils
fassent appel à de la main d'oeuvre salariée, quelques jours par
an, pendant les pics de production. La présence d'une agriculture
familiale est corrélée avec l'existence d'une agriculture
antérieure aux mouvements de colonisation, puisque les agriculteurs
autochtones ont moins profité de la politique de crédit mise en
place à ce moment et n'ont pas agrandi leur surface. On peut distinguer
plusieurs types en fonction du matériel.
a. Les doubles actifs
Les doubles actifs ont une surface insuffisante pour assurer
un revenu important. Ils consacrent peu de temps, en comparaison avec les
autres systèmes, à l'activité agricole. S'ils parviennent
à acquérir de nouvelles terres, ils peuvent abandonner leur
emploi extérieur pour se consacrer entièrement à
l'exploitation. Les retraités dont l'exploitation n'est pas reprise par
les enfants car la surface est trop petite rentrent également dans ce
système, le temps passé sur l'exploitation est relativement
faible et il n'y a aucun appel à de la main d'oeuvre salariée.
Le matériel est très simple : serres planes et
petites, système d'irrigation manuel, un petit moyen de transport. Les
variétés sont des tomates en rameau, faciles à
récolter, avec un rendement très faible, de l'ordre de 8
kg/m2.
* Nombre d'actifs familiaux : 2 à 3
* Gamme de surface totale : 4000 - 8000 m2 * Surface maximum par
actif : 3000 m2
* VA/actifs : 3000 - 7500 €
* RA/actifs familiaux : 3000 - 8000 € * Capital/m2 : 6,1
€
b. L'agriculture familiale avec des serres planes et
un système d'irrigation au goutte à goutte manuel
Le matériel est basique : une partie de serres planes,
une partie avec un toit ondulé, un système d'irrigation manuel,
un camion pour le transport des tomates. Il y a deux types de
variétés cultivées sur ces exploitations, la tomate
Daniela ou une tomate similaire, et une autre variété dont le
prix moyen est plus élevé et avec un cycle de culture un peu
différent. En général, ce sont les tomates Raf, dont le
cycle est très court et dont le prix est deux fois plus
élevé que pour les autres variétés. Cette
combinaison permet de gérer les risques liés aux fluctuations de
prix, avec deux variétés très différentes, tout en
étalant les pointes de travail puisque la plantation et l'arrivée
en production de ces deux variétés ne se font pas au même
moment. Cela permet d'éviter d'employer de la main d'oeuvre
salariée pour la pointe de travail que représente la plantation,
à un moment où la trésorerie est au plus bas puisqu'une
grande partie des charges sont payées mais que la production ne commence
que plusieurs mois après. Mais il arrive un moment où les deux
variétés sont en plein production, cette période
représente un « pic » de travail, qui dure en fait plusieurs
mois (février - mars - avril). Les travailleurs familiaux allongent
alors leur journée de travail, font appel à de l'aide familiale
(parents retraités, enfants scolarisés) et emploient
occasionnellement des journaliers.
Les autres variétés (en rameau ou pera)
peuvent être utilisées en remplacement de la Raf. Leur campagne
est plus longue que celle de la Raf et les prix sont à peine plus
élevés que ceux de la tomate rouge basique mais elles permettent
également d'étaler en partie les pointes de travail, de
réduire les risques liés aux fluctuations interannuelles de prix
et nécessite moins d'entretien que la tomate Raf, ce qui peut être
utile si les serres sont dispersées et qu'il est difficile d'aller tous
les jours entretenir la même serre.
Le rendement des tomates Daniela est de 12 kg/m2, le rendement
des tomates Raf de 4 kg/m2, le rendement des tomates pera de 11 kg/m2.
* Nombre d'actifs familiaux : 2 à 3
* Gamme de surface totale : 7500 - 15000 m2 * Surface maximum par
actif : 6000 m2
* VA/actifs : 7000 - 14500 €
* RA/actifs familiaux : 7000 - 15000 € * Capital/m2 : 8,3
€
c. L'agriculture familiale avec serres à toit
ondulé et système d'irrigation automatique
Le matériel est constitué de serres avec un toit
ondulé, d'un système d'irrigation automatique, de pieds
greffés, d'un tracteur. On retrouve la même logique dans le choix
des variétés que dans le cas précédent : une
variété de tomates rouge et une variété verte, en
rameau ou pera qui bénéficie d'un meilleur prix. Le
rendement des tomates rouges est de 13 kg/m2, celui des tomates Raf de 5 kg/m2,
celui des tomates pera ou en rameau de 12 kg/m2.
* Nombre d'actifs familiaux : 2 à 3
* Gamme de surface totale : 10000 - 15000 m2 * Surface maximum
par actif : 6000 m2
* VA/actifs : 10000 -- 15000 €
* RA/actifs familiaux : 10500 - 15500 € * Capital/m2 : 10,0
€
3. La petite agriculture patronale
La main d'oeuvre salariée ne dépasse pas la main
d'oeuvre familiale. Il peut y avoir une spécialisation dans le travail
avec le travail sous serre pour les salariés et le travail de calibrage
pour la famille. Il y a en général un ou deux salariés
temporaires ou permanents et le besoin en main d'oeuvre est ensuite
ajusté en faisant appel à des journaliers. Avec 2 travailleurs
familiaux et 2 salariés, la proportion du cout de la main d'oeuvre par
rapport aux autres charges (hors emprunt) tourne autour de 20 %.
a. La petite agriculture patronale avec des serres
planes et un système d'irrigation au goutte à goutte manuel
Le matériel est composé en partie de serres
planes, en partie avec un toit incliné, un système d'irrigation
manuel, un tracteur. Encore une fois, les agriculteurs jonglent avec deux types
de variétés différentes. Le rendement des tomates rouges
est de 12 kg/m2, celui des tomates Raf de 4 kg/m2, celui des tomates
pera ou en rameau de 11 kg/m2.
* Nombre d'actifs familiaux : 2 à 3
* Nombre d'actifs salariés : 1 à 3
* Gamme de surface totale : 15000 - 20000 m2 * Surface maximum
par actif : 5000 m2
* VA/actifs : 10000 -- 13000 €
* RA/actifs familiaux : 13000 - 22000 € * Capital/m2 : 7,6
€
b. La petite agriculture patronale avec des serres
à toit ondulé et un système d'irrigation automatique
Dans ce cas, il arrive que les terres soient dispersées
sur deux endroits différents suite à un rachat : serres avec un
toit ondulé, un ou deux systèmes d'irrigation automatiques ou un
automatique et un manuel, pieds greffés, un tracteur. Il y a plusieurs
cas dans l'utilisation des
variétés : il y a toujours la
variété de tomates rouges longue vie récolté une
à une et le plus souvent mais pas systématiquement, une
deuxième variété, soit de tomates vertes, soit de tomates
pera, soit de tomates en rameau. Le rendement de la Daniela est de 13
kg/m2, celui de la tomate raf de 5 kg/m2, celui de la tomate pera ou en rameau
de 12 kg/m2. La surface par actif tourne autour de 5000 m2.
* Nombre d'actifs familiaux : 2 à 3
* Nombre d'actifs salariés : 1 à 3
* Gamme de surface totale : 15000 - 20000 m2 * Surface maximum
par actif : 5000 m2
* VA/actifs : 11000 - 14500 €
* RA/actifs familiaux : 17000 - 25000 € * Capital/m2 : 10,0
€
c. La petite agriculture patronale avec des serres en
arc. un système d'irrigation et de ventilation automatique
Le matériel est très moderne : serres en arc,
système d'irrigation automatique, ventilation automatique, pieds
greffés, utilisation de perches, un tracteur, une calibreuse. La
variété est la Daniela qui permet d'utiliser au mieux la
calibreuse. Le rendement est de 16 kg/m2.
* Nombre d'actifs familiaux : 2 à 3
* Nombre d'actifs salariés : 1 à 3
* Gamme de surface totale : 15000 - 25000 m2 * Surface maximum
par actif : 5500 m2
* VA/actifs : 14000 - 23000 €
* RA/actifs familiaux : 16500 - 30000 € * Capital/m2 : 16,7
€
4. La grande agriculture patronale
La main d'oeuvre salariée dépasse la main
d'oeuvre familiale. Le plus souvent toute la famille continue à
participer à l'activité agricole mais ce n'est pas toujours le
cas. Il y a en général quelques salariés permanents qui
assurent en fait une fonction de « chef d'équipe » et un grand
nombre de temporaires et de journaliers.
Pour augmenter la surface de l'exploitation, le rachat de
terres s'est fait sur des endroits éloignés, parfois à
Nijar. Il y a donc souvent 2, 3 voire 4 fermes différentes appartenant
à la même famille. Le matériel est assez moderne : serres
à toit ondulé mais il reste parfois des serres planes, 2, 3 ou 4
systèmes d'irrigation automatiques, pieds greffés, 2 à 4
tracteurs, 1 ou 2 camions, 2 calibreuses ou laveuses.
a. La grande agriculture patronale avec calibrage
Dans le cas où le calibrage est effectué sur
l'exploitation, une partie des terres est cultivée avec des perches et
le rendement est de 13 kg/m2 et une partie des terres est cultivée sans
perches et le rendement est de 12 kg/m2. L'utilisation des perches permet
d'améliorer la qualité de la production mais nécessite
beaucoup plus de travail. Le cout de la main d'oeuvre par rapport aux charges
(hors emprunt) est de 25 %.
La variété est la tomate en rameau, dont le
conditionnement est facilité par l'utilisation de laveuses et
très facile à récolter même pour une main d'oeuvre
peu formée. Il n'y a qu'une seule variété cultivée
sur toute l'exploitation.
* Nombre d'actifs familiaux : 2 à 3
* Nombre d'actifs salariés : 5 à 20
* Gamme de surface totale : 25000 - 100000 m2
* Surface maximum par actif : 4500 m2
* VA/actifs : 12500 -- 15000 €
* RA/actifs familiaux : 20000 - 90000 €
* TRI : 13 %
* Capital/m2 : 9,9 €
b. La grande agriculture patronale sans calibrage
Ce système existe car la coopérative agricole
CASUR, la troisième en ordre d'importance mais très minoritaire
par rapport à la première (la CASI qui compte 1800 membres sur
2500 exploitations), a des exigences particulières. La vente ne se fait
pas par un système d'enchères (bien que les prix suivent de
très près ceux fixés aux enchères de la CASI) et le
prix aux agriculteurs est un prix hebdomadaire moyen. Toute la production doit
être une production de qualité (taille, forme, couleur) alors que
dans les autres coopératives la production de moindre qualité est
vendue à un prix très faible. La manipulation (calibrage et
conditionnement), pendant laquelle est écartée la production de
moindre qualité, est effectuée directement à la
coopérative, ce qui oblige les agriculteurs à se concentrer sur
l'activité de production afin d'en tirer une valeur ajoutée
maximale puisqu'ils perdent la valeur ajoutée lors de la
manipulation.
Dans ce cas, toutes les serres sont équipées de
perches. Les terres en excès, sur lesquelles la famille ne peut exercer
un contrôle suivi, sont données en location à des
métayers, qui porteront plus d'attention à la qualité des
produits qu'un salarié. Ce sont souvent des exploitations où la
famille n'est pas impliquée dans le travail agricole, ce système
permet à un chef d'exploitation seul mais possédant beaucoup de
terres de gérer son exploitation plus facilement. Ceci dit,
l'affiliation aux coopératives dépend énormément de
la situation géographique des exploitations.
Le cout de la main d'oeuvre par rapport aux charges (hors
emprunt) est de 16%.
La variété est la tomate en rameau, facile à
récolter et considérée comme une tomate de qualité
par rapport à la tomate « de base » longue vie. Le rendement
est de 14 kg/m2.
* Nombre d'actifs familiaux : 1 à 2
* Nombre d'actifs salariés : 2 à 4
* Gamme de surface exploitée en faire valoir direct (FVD)
: 15000 - 25000 m2 * Gamme de surface donnée en location en
métayage : 20000 - 30000 m2
* Surface maximum par actif : 6000 m2
* VA/actifs : 10500 -- 12500 €
* RA/actifs familiaux : 20500 - 41000 €
* TRI : 9%
* Capital/m2 : 9,9 €
* Revenu du métayage : 22000 - 34500 €
5. L'agriculture capitaliste
Il existe de petites exploitations capitalistes,
définies ainsi parce que le propriétaire emploie un gérant
et des salariés et ne travaille pas sur l'exploitation. Ce type
d'exploitation est très minoritaire et reste de petite taille. Le
propriétaire est généralement issu du milieu agricole mais
choisit ce mode d'exploitation parce qu'il possède un capital important
et d'autres opportunités de travail.
Tous les essais de grande exploitation capitaliste à
partir d'investissement de sociétés ont échoué car
la culture de tomates nécessite beaucoup d'attention et de travail, qui
ne peut être fournis que par des salariés. Même dans les
grandes exploitations patronales, l'action de la famille reste primordiale.
Le niveau d'équipement est assez importants : serres
à toit incliné, système d'irrigation automatique, pieds
greffés, perches, un petit moyen de transport. La variété
est la tomate en rameau, le rendement est de 12 kg/m2. Le cout de la main
d'oeuvre par rapport aux charges (hors emprunt) est de 22 %.
* Nombre d'actifs salariés : 3 à 5
* Gamme de surface totale : 15000 - 20000 m2 * Surface maximum
par actif : 4000 m2
* VA/actifs : 9000 - 9500 €
* Revenu pour le propriétaire : 12000 -- 18500 € *
TRI : 7 %
* Capital/m2 : 10,0 €
6. Situation des différents systèmes de
production dans l'espace
Figure 32 : situation des différents
systèmes de production dans l'espace
7. Analyse des résultats économiques
On voit que les écarts de revenu sont assez importants,
les facteurs principaux de différenciation sont le mode de faire-valoir,
la surface, l'équipement et l'emploi de main d'oeuvre salariée :
une grande part de la valeur ajoutée produite par les salariés se
retrouve dans le revenu des agriculteurs, une grande surface est en fait un
moyen d'accaparer cette valeur ajoutée.
Assez peu de systèmes ne permettent pas d'avoir un
revenu supérieur au revenu minimum en Andalousie, ce qui explique que la
plupart des exploitations sont reprises par les jeunes. Les systèmes
familiaux où il n'y a pas récupération de la valeur
ajoutée produite par les salariés permettent d'obtenir un revenu
qui se trouve juste au-dessus de la limite de renouvellement à long
terme. Ces producteurs peuvent trouver un intérêt à
continuer leur activité jusqu'à ce que l'urbanisation arrive
jusqu'à eux et à vendre les terres à un prix très
élevé.
Si les prix continuent à baisser, les exploitations
familiales risquent de disparaître. En même temps, les
exploitations patronales accentuent la pression sur le travail salarié
afin de rester compétitifs. Cette situation a renversé la
dynamique d'ascension sociale (accès au métayage puis à la
propriété) des migrants mais la différence de revenu du
travail salarié entre Almería et le Maroc, l'Afrique
subsaharienne et l'Europe de l'Est, et les opportunités que peuvent
avoir ensuite les migrants, à Almería ou plus souvent en Europe
alimentent les mouvements de migration et la situation à Almería
permet aux arrivants de trouver un emploi rapidement, même lorsqu'ils
sont clandestins.
Sarah Dauvergne Analyse Diagnostic du Bajo Andarax,
Almería
INA-PG, DAA Développement Agricole mars-aout 2007
C. Revenu disponible
1. Trésorerie sur une campagne
Le début de la campagne est marqué par de forts
coûts à un moment où il n'y a pas encore de production.
Pour certaines catégories, il peut être important de
réduire les couts à ce moment, ce qui peut expliquer la
réticence à utiliser systématiquement les greffes, qui
augmentent le cout du semencier ou l'utilisation de plusieurs
variétés dont la plantation et la mise en culture n'ont pas lieu
au même moment. C'est également le moment des investissements
à longue durée puisque la construction et l'amélioration
des serres se fait au moment où il n'y a pas de production.
Pendant la période de production, les coûts sont
largement compensés par la vente des produits.
JUIN
AOUT
OCT
NOV
JANVIER
MARS
AVRIL
MAI
DEC
JUILLET
SEPT
FEVRIER
Déchets
Plastique Fumier
semences
1/3 produits
phytosanitaires
semenciers
1/3 produits
phytosanitaires
1/3 produits
phytosanitaires
Bourdons
Eau
Transport
Vente
Figure 33 : calendrier de trésorerie sur une
campagne
-10000
-15000
-20000
-25000
-30000
-35000
-40000
-45000
40000
35000
30000
25000
20000
15000
10000
-5000
5000
0
agriculture familiale
agriculture patronale
grande agriculture patronale
Figure 34 : flux de trésorerie au cours d'une
campagne
2. Revenu disponible en fonction des emprunts
L'état d'endettement dépend du taux
d'intérêt (il est passé de 20 % il y a 20 ans à 5 %
aujourd'hui), de la nécessité d'acheter ou non des terres et de
la capacité à rembourser les crédits très
rapidement (en un ou deux ans) lorsque les revenus sont très
élevés et que les prix sont bons. En plus de crédits
important pour l'investissement, il existe un système de crédit
de campagne (de consommation) qui touche surtout les agriculteurs moyens. Les
petits n'y ont pas accès ou préfèrent ne pas prendre de
risque et les grands n'en ont pas besoin.
Le revenu disponible peut diminuer de moitié à
cause du remboursement des crédits, l'endettement représente un
risque important et si les prix chutent, il peut provoquer des faillites.
D. Analyse de sensibilité
Une des caractéristiques de l'agriculture d'Almeria est
la variabilité à laquelle sont soumis les agriculteurs. Nous
allons étudier les effets des variations de trois facteurs importants :
les rendements, les prix et les salaires.
1. Les variations de rendements
Les rendements peuvent varier en fonction du climat et des
maladies. L'absence de vent peut provoquer le pourrissement des fruits et
l'absence de rotation et la concentration des terres cultivées
permettent aux parasites de s'étendre très rapidement.
Les variations de rendement les plus importantes sont de
l'ordre de 25%, nous allons effectuer une analyse de sensibilité sur le
revenu en fonction du rendement en prenant le cas moyen d'une variation de 10%
et le cas extrême d'une variation de 30%.
RA/actifsF
|
patronale rdt +30%
|
|
patronale rdt+10%
|
familiale rdt +30 %
familiale +10 %
rdt
|
patronale
rdt-10%
patronale
|
familiale
familiale rdt-10%
|
|
familiale rdt -30%
|
patronale rdt -30%
|
|
m2/actifsF
|
50000
40000
30000
20000
10000
0
-10000
Figure 35 : effet d'une variation de rendement sur le
revenu sur l'agriculture familiale et la petite agriculture
patronale
180000
RA/actifsF
gde patronale rdt+30%
gde patronale rdt+10%
gde patronale
gde patronale rdt-10%
gde patronale rdt-30%
m2/actifsF
160000
140000
120000
100000
80000
60000
40000
20000
0
-20000
Figure 36 : effet d'une variation de rendement sur le
revenu sur la grande agriculture familiale
Pour l'agriculture familiale, une variation de 10% du
rendement se traduit par une variation de revenu de l'ordre de 20 %, une
variation de 30% par une variation de l'ordre de 70%. Le même calcul pour
l'agriculture patronale (respectivement la grande agriculture patronale) donne
une variation du revenu de 25 % (respectivement 30%) lorsque le rendement varie
de 10% et une variation du revenu de 80% (respectivement 90%) lorsque le
rendement varie de 30%.
Le revenu varie de façon plus importante que le
rendement car les amortissements et la plupart des consommations
intermédiaires ne dépendent pas de la production, la plus grande
partie des charges sont payées au moment de l'entrée en
production.
Même si les salaires dépendent en partie du
volume produit, la variation du revenu en réponse à une baisse du
rendement est plus importante dans le cas patronal dans le cas familial
à cause de la charge supplémentaire que représentent les
salaires et parce que les consommations intermédiaires par m2 croissent
avec la surface.
2. La variabilité des prix
Il y a deux sortes de variations de prix : les variations
intraannuelles et les variations interannuelles. En ce qui concerne les
variations intraannuelles, la longue durée de la campagne permet de
limiter les risques : lors d'une campagne, il y a des moments où la
culture de tomates est très rentable et des moments où
l'agriculteur produit en perdant de l'argent. Mais en cas de baisse des prix se
pose la question de l'utilité d'employer des salariés : parfois
la vente des produits ne permet pas de couvrir le coût de la main
d'oeuvre, les autres charges sont payées en début de campagne et
les salaires sont le seul facteur sur lequel peut influer l'agriculteur lorsque
les prix chutent. Les variations interannuelles peuvent être
compensées en économisant les bonnes années de quoi passer
les mauvaises et par des prêts de campagne, ce qui rend les agriculteurs
extrêmement dépendants des banques.
|
daniela
|
rameau
|
raf
|
pera
|
2002/2003
|
0,55
|
0,63
|
1,42
|
0,54
|
2003/2004
|
0,42
|
0,51
|
1,31
|
0,6
|
2004/2005
|
0,72
|
0,83
|
1,42
|
0,78
|
2005/2006
|
0,49
|
0,52
|
1,52
|
0,56
|
2006/2007
|
0,73
|
0,77
|
1,26
|
0,58
|
Figure 37 : variations de prix annuels de tomates en
Andalousie (2002-2007)
Nous allons étudier ici les variations interannuelles en
analysant les variations de revenu en fonction du prix moyen de vente.
RA/actifsF
|
daniela : 0 raf : 1,6
|
|
petite agriculture p
|
daniela : 0,8 €/kg raf : 1,6 €/kg
|
daniela : 0,6 € raf : 1,4 €/k
|
agriculture familiale daniela : 0,6 €/kg raf : 1,4
€/kg
|
daniela : raf :
|
daniela : 0,4 €/kg raf : 1,2 €/kg
|
1,
|
|
S/a
|
50000
40000
30000
20000
10000
0
-10000
8 €/kg €/kg
tronale g
g
0,4 €/kg 2 €/kg
ctifsF
Figure 38 : effet d'une variation de prix sur le revenu
pour l'agriculture familiale et la petite agriculture patronale
180000
160000
140000
120000
100000
-20000
40000
20000
80000
60000
0
RA/actifsF
grande agriculture
patronale
prix rameau :
0,7
€/kg
prix rameau :
0,9 €/kg
prix rameau :
0,5 €/kg
S/actifsF
Figure 39 : effet d'une variation de prix sur le revenu
pour la grande agriculture patronale
Les variations de prix peuvent provoquer des variations de
revenu par rapport au revenu moyen allant de 55% dans le cas de l'agriculture
familiale à 105% dans la grande agriculture patronale, le revenu peut
donc quadrupler entre les périodes de prix très faibles et les
périodes de prix très élevés. Nous comptabilisons
seulement l'effet direct du prix sur le produit brut. L'incitation à
augmenter ou à baisser la production et à employer plus ou moins
de main d'oeuvre en fonction du prix n'est pas prise en compte, elle est
néanmoins non négligeable, des prix faibles incitent à
prendre moins soin des cultures, voire à ne pas récolter ou
calibrer et incitent également à diminuer la durée de la
campagne.
Les variations, aussi bien dans les rendements que dans les
prix, font de la culture de tomates à Almería une entreprise
risquée. Même si le revenu moyen est élevé, la
monoculture représente un risque élevé, on comprend donc
pourquoi les petits agriculteurs préfèrent utiliser deux
variétés différentes. En cas de prix faibles, le revenu
agricole peut descendre en- dessous du seuil de reproduction, et dans une
certaine mesure, du seuil de survie, ce qui explique l'appel fréquent
à des prêts de campagne, qui représente la seule solution,
avec la vente des terres, pour passer les mauvaises années.
3. Les salaires
Nous avons vu que le travail salarié est très
important et que les hauts revenus agricoles sont en fait une ponction sur la
valeur ajoutée produite par les salariés. C'est ce rapport de
force entre le propriétaire de la terre et le travailleur qui
apparaît aujourd'hui assurer la prospérité de l'agriculture
d'Almeria, bien que qu'historiquement, ce sont au contraire la diminution des
rapports sociaux injustes et l'agriculture familiale qui a permis le
développement de la région.
L'absence d'organisation syndicale et le renouvellement
très rapide de la main d'oeuvre (la plupart des immigrés quittent
la province d'Almeria dès qu'ils sont régularisés et ils
sont remplacés par de nouveaux arrivants) sont des freins à des
revendications sociales qui permettraient de mettre à jour les tensions
sociales et d'établir un équilibre acceptable entre la
rémunération du travail salarié et du travail familial.
Il existe plusieurs types de travailleurs salariés :
les journaliers, les travailleurs temporaires (plusieurs mois sur la même
exploitation) et les salariés permanents (plusieurs années sur la
même exploitation) qui ont en général de meilleures
conditions de travail (partage du temps de travail entre la récolte sous
serre et le calibrage) et de meilleure conditions de vie (contrat de travail
avec une rémunération fixée, sécurité
sociale, logement, retour annuel dans leur pays d'origine). En échange
ils doivent, à l'instar de la main d'oeuvre familiale, allonger leurs
journées pendant les pointes de travail, sans recevoir de
rémunération supérieure, voire sans recevoir de
rémunération. Mais la plupart des salariés (journaliers et
temporaires) sont des clandestins obligés d'accepter une
rémunération très faible : les salaires reçus par
les salariés clandestins tournent autour de 30 € par jour alors le
salaire agricole minimum légal est de 40 € par jour (5 € par
heure), auxquels s'ajoutent les charges sociales de 6 €, ce qui
élève le cout du travail à 46 € par jour.
L'emploi de salariés permanents peut amener les
agriculteurs à faire des choix différents, par exemple à
continuer à produire quand les prix baissent à la fin de la
campagne, même si ça ne lui rapporte rien et lui permet juste de
payer les salariés. Mais c'est une façon de «
fidéliser » des travailleurs qu'il a formé et à qui
il a permis d'obtenir un contrat de travail. Dans le choix des travailleurs
permanents, les agriculteurs vont aussi effectuer une forme de discrimination
puisqu'ils préfèrent des salariés avec qui il y a peu de
risque qu'ils partent dès qu'ils auront obtenu un contrat de travail,
typiquement les familles ou les femmes avec des enfants. Il arrive que certains
salariés qui travaillent pendant une dizaine d'année avec le
même propriétaire obtiennent des terres en métayage, cela
concerne un nombre infime de personnes en regard du flux de migration qui passe
par Almería mais représente un nombre non négligeable de
métayers et a tendance à s'accentuer. Dans certains cas, l'espoir
d'obtenir des terres en métayage peut également participer
à une forme de « fidélisation » et faire taire les
revendications.
Nous allons étudier comment les salaires influencent le
revenu agricole. Les salaires utilisés jusque là sont moyens (35
€/heure). Nous allons voir ce qui se passe si une pression très
forte fait descendre les salaires jusqu'à 25 € par heure, ce qui
arrive parfois, et si au contraire, les salaires augmentent jusqu'à 45
€ par heure (ce qui correspond au cout légal du travail).
-10000
-15000
30000
25000
20000
15000
10000
-5000
5000
0
RA/actifsF
agriculture familiale
salaires faibles
salaires élevés
petite agriculture
patronale
salaire moyens
m2/actifsF
Figure 40 : effet d'une variation de salaires sur le
revenu pour la petite agriculture patronale
120000
100000
-20000
40000
80000
60000
20000
0
RA/actifsF
salaires faibles
salaires élevés
grande agriculture
patronale
salaire moyens
m2/actifsF
Figure 41 : effet d'une variation de salaires sur le
revenu pour la grande agriculture patronale
Dans le cas de l'agriculture familiale, la variation de revenu
tient seulement à l'emploi de journaliers quelques jours par an, elle
est de l'ordre de 1%, en ce qui concerne la petite agriculture patronale, la
variation de revenu liée à une variation de salaire est de
l'ordre de 12 % et dans la grande agriculture patronale, de l'ordre de 18 %.
Ces calculs, comme précédemment, ne tiennent pas compte des
incitations, dans le cas d'une augmentation des salaires, les agriculteurs
peuvent réagir en décidant de diminuer la production et
d'employer moins de main d'oeuvre salariée pour limiter leur baisse de
revenu, si cette baisse est structurelle, cela peut les amener à changer
le système de production.
Les variations de revenu dues aux salaires sont assez faibles
si on les compare avec l'impact d'une baisse du produit brut (rendement*prix).
La viabilité des exploitations agricoles ne dépend pas
directement des salaires mais la flexibilité des salariés permet
de gérer la prise de risque due aux variations de prix et à
l'endettement. Face aux risques liés à la variabilité des
prix et aux emprunts, les salaires sont le seul facteur sur lequel les
agriculteurs peuvent réellement influer. Une grande part de
l'incertitude de la culture de tomates à Almería se reporte donc
sur les salariés. La flexibilité de la main d'oeuvre est
nécessaire aux agriculteurs car elle permet de gérer le risque :
ils peuvent employer ou au contraire renvoyer les salariés en suivant au
plus près les fluctuations de prix imposées par le
marché.
III. CARACTERISTIQUES
ET PROBLEMATIQUES
DE L'AGRICULTURE
ALMERIENSE
A. Une agriculture intensive très performante
|
Avec l'ouverture du marché espagnol et l'augmentation
des exportations, les surfaces cultivées et la production n'ont fait que
croitre. Les agriculteurs ne sont qu'un maillon de la chaine qui permet de
produire plusieurs millions de tonnes de produits horticoles par an dans la
province d'Almeria. Dans la zone étudiée, les chiffres de la
CASI, la plus importante coopérative agricole, permettent de rendre
compte de l'ampleur du phénomène : 1800 ha de serres
affiliés à la plus grande coopérative du coin produisant
plus de 200.000 tonnes de tomates par an, la tomate représentant 98 %
des cultures vendues sur la zone. Depuis 10 ans, la production a plus que
doublé et les surfaces cultivées augmentent.
250.000
200.000
150.000
100.000
50.000
0
Figure 42 : production vendues à la CAS! en
tonnes
Almería a été pendant longtemps la
province la plus pauvre d'Espagne, et grâce à l'activité
agricole, elle a depuis 30 ans le plus haut indice de développement
économique d'Espagne, le revenu par personne est un des plus
élevé d'Andalousie et le taux de chômage est le plus faible
de la région. Mais ce développement à peine encadré
ne va pas sans poser un certain nombre de problèmes environnementaux et
sociaux.
B. Le Bajo Andarax dans la province d'Almeria
:
comparaison avec El Ejido et Nijar
La zone étudiée représente une petite
surface en comparaison avec les deux pôles de production les plus
importants de la région : El Ejido et Nijar, qui comportent environ
30000 ha de serres. C'est le fait de posséder une
spécificité, des avantages comparatifs et la
spécialisation dans la culture de tomates qui lui permet d'exister
encore malgré la concurrence des ces voisines.
El Ejido, situé à une quarantaine de
kilomètres à l'ouest d'Almeria, a été le point
central de la politique de colonisation de l'Instituto Nacional de
Colonizaciôn (INC) dans les années 1960. Avant l'installation de
colons, c'était une région très sèche, de terres
communales, différente des zones de vega. Les zones de montagne
proche d'El Ejido étaient plantées de vignes mais la zone
côtière aujourd'hui la plus peuplée était
très peu cultivée. El Ejido produit surtout poivrons et
concombres. La culture de la tomate y est assez peu rentable car l'eau provient
directement des montagnes et est très douce.
Nijar est situés à une trentaine de
kilomètres à l'est d'Almeria, c'est la zone d'agriculture
intensive la plus éloignée de la mer et celle où il fait
le plus froid et où les risques de gelées sont les plus
importants mais c'est aussi une zone en extension où des terres de
moindre qualité sont encore disponibles. Les productions sont assez
diverses : melon, pastèque, poivron, concombre, tomate, courgett e...
La tomate est la culture qui nécessite le plus de
travail, ce qui explique la spécialisation des producteurs de tomates :
il n'est pas possible d'intercaler d'autres cultures entre deux campagnes et
dans le Bajo Andarax, les conditions sont optimales pour la culture de tomates
ce qui rend tout autre culture moins rentable. Cela explique aussi l'existence
d'exploitations de très petite surface dans cette zone.
C. Une agriculture (péri-) urbaine
|
Figure 43 : les serres se trouvent au milieu des
chantiers de constructions
|
Le Bajo Andarax se fait grignoter peu à peu par
l'extension de la ville d'Almeria. Tout en dépendant de
l'activité agricole, la ville possède ses activités
propres et est en pleine explosion démographique. La construction et la
transformation des terres agricoles en terres urbaines se font très
rapidement.
L'urbanisation provoque une augmentation du prix des terres
(aujourd'hui les terres atteignent un prix de 35 €/m2, le prix a
triplé durant les 20 dernières années), d'autant plus que
les zones de vega urbanisables sont les plus fertiles et que le Bajo
Andarax est considérée comme la meilleure zone pour la production
de tomates. Il arrive que les terres agricoles urbanisables soient
abandonnées, mais en général l'activité agricole se
poursuit jusqu'au dernier moment car ce sont les meilleurs terres qui sont
urbanisées.
On peut voir un gradient entre les zones déjà
urbanisées où les seuls agriculteurs qui restent sont ceux d'un
âge avancé, les zones de vega urbanisables dans peu de
temps où l'activité agricole bat encore son plein, et où
on peut voir beaucoup d'exploitations familiales et les zones non urbanisables
avant un laps de temps assez long et où les jeunes s'installent.
Une des conséquences de l'urbanisation est le
déplacement des agriculteurs vers Nijar. S'ils changent de zones, les
agriculteurs venant du Bajo Andarax continuent de produire des tomates, avec
des petites différences techniques qui leur permettent d'éviter
le gel. Cela montre qu'il y a une stratégie dans la culture de tomates
(beaucoup de travail sur de petites surfaces) qu'on ne retrouve pas dans les
autres cultures et que la spécialisation dans la tomate n'est pas
seulement une question d'avantages comparatifs naturels.
Il y a très peu d'intervention étatique et à
long terme c'est la différence de rentabilité entre la culture de
tomates et la construction de logement qui décidera de l'avenir de la
zone.
D. Une non - durabilité environnementale
Les problèmes de pollution
* L'utilisation de produits phytosanitaires en grande
quantité met en danger la santé des travailleurs en contact avec
ces produits.
* Les produits phytosanitaires persistent dans le sol et l'eau
et ont des effets sur la flore naturelle de ces éléments.
* Les engrais salinisent l'eau et provoquent une pollution par
les nitrates.
Les problèmes de renouvellement de ressources
rares
* L'utilisation de grandes quantités d'eau souterraine a
provoqué la baisse du niveau d'eau et la salinisation des nappes
phréatiques.
* Beaucoup de ressources indispensables deviennent rares et donc
chère : les terrains, le sol, le sable, le fumier, l'eau et les produits
phytosanitaires.
* L'utilisation de l'énergie fossile pour produire les
engrais rend l'activité agricole dépendante d'une ressource
limitée.
Les problèmes de type phytosanitaire
: l'absence de rotation et la concentration des parcelles rendent les cultures
très sensibles aux maladies, avec comme solution
privilégiée, l'utilisation de produits toxiques pour la
santé humaine et pour l'environnement.
L'aplanissement des terrains pour
l'installation des serres peut provoquer des inondations.
Beaucoup de nouvelles techniques sont favorables à
l'environnement : la plus importante est l'utilisation du sable, qui
évite la salinisation des sols et économise l'eau, c'est une
pratique durable qui permet de diminuer les couts énergétiques de
la production, la fertilisation par le système d'irrigation au goutte
à goutte permet d'économiser les produits phytosanitaires, la
lutte intégrée et l'utilisation d'insectes, de plantes dans le
lutte contre les maladies prend de l'importance, les greffes également
permettent de lutter contre les maladies du sol sans recourir à des
produits chimiques. La lutte intégrée ne peut être efficace
qu'avec un matériel moderne, qui permet de contrôler parfaitement
la ventilation et l'entrée et la sortie des insectes (ce qui n'est pas
possible avec les serres planes dont le plafond est troué pour laisser
entrer l'eau) et si les agriculteurs l'appliquent de manière uniforme,
les produits phytosanitaires utilisés par le voisin détruisent
les insectes utilisés dans la lutte biologique.
Le problème de l'eau a été
anticipé dans une certaine mesure par l'utilisation des eaux
résiduelles de la ville d'Almeria et par l'installation d'usine
desalinisante très couteuse en énergie électrique. Le
faible cout de l'eau, qui ne reflète pas sa rareté, n'incite pas
les agriculteurs à l'économiser.
Si la commercialisation le permettait, il pourrait être
possible d'effectuer des rotations entre différents produits horticoles
ou des associations permettant de lutter contre les maladies. Pour cela, il
faudrait qu'un tel changement ne diminue pas le revenu des agriculteurs.
E. L'utilisation de la main-d'oeuvre
immigrée
Outre les problèmes environnementaux, le
problème le plus important de l'agriculture d'Almeria est l'utilisation
d'une main d'oeuvre bon marché et flexible, immigrées et
exploitée dans une situation qui n'est pas « durable ».
Au fur et à mesure du développement de la
région, les espagnols qui n'avaient pas eu accès à la
propriété de la terre ont quitté l'activité
agricole pour des emplois mieux rémunérés. Lorsque le
manque de main d'oeuvre s'est fait sentir, la possibilité de faire appel
à la main d'oeuvre marocaine voisine a permis d'éviter de
transformer et mécaniser le système vers une agriculture peu
nécessiteuse en main d'oeuvre. Cette main d'oeuvre très abondante
a permis aussi la concentration des terres dans de très grandes
exploitations.
Nous avons déjà vu que, la production
étant aléatoire sur la durée et sur la quantité,
les agriculteurs ont besoin d'une main d'oeuvre flexible. Le manque de
contrôle sur les prix agricole les incite à diminuer le plus
possible le cout de la main d'oeuvre. Dans le même temps, ils ne peuvent
pas prendre le risque que la main d'oeuvre vienne à manquer, elle doit
donc rester abondante et aucune politique n'est mise en place, ni pour limiter
le flux de migration, ni pour permettre l'intégration des
immigrés.
La situation des immigrés est difficile en raison des
salaires bas, mais aussi en raison du chômage et de l'incertitude de
l'emploi, et de la discrimination dans la recherche de tout autre emploi. C'est
une sorte de cercle vicieux car plus il y a d'immigrés qui viennent
à Almería et plus leur situation s'empire (baisse des salaires,
travail à la journée, discrimination...).
Il est nécessaire qu'il y ait une intervention de
l'Etat pour permettre l'intégration des immigrés et faire cesser
le phénomène de renouvellement permanent qui existe actuellement.
L'idée implicite qui prévaut aujourd'hui est que l'agriculture
d'Almeria ne pourrait pas fonctionner sans le travail des immigrés et
qu'il faut donc laisser la situation en état car un changement pourrait
signifier la ruine des agriculteurs et par conséquent de
l'économie d'Almeria. L'utilisation des immigrés pour la
formation de grandes exploitations patronales n'est pas favorable à
l'agriculture d'Almeria car elle met en danger les plus petites structures
patronales ou familiales. Une protection des agriculteurs, notamment en
diminuant le risque sur les prix, et la reconnaissance de la situation sociale
des immigrés permettraient d'améliorer la situation des
salariés.
F. Des acteurs multiples
De nombreux acteurs participent à la filière des
produits horticoles, toute la province d'Almeria vit en relation directe ou
indirecte avec l'agriculture. Les agriculteurs ne sont que le maillon d'une
chaine allant des fournisseurs d'intrants aux consommateurs et ils sont soumis
dans une certaine mesure aux oligopoles qui existent des deux
côtés.
1. Les coopératives
Les coopératives représentent les agriculteurs.
Ce sont de véritables sociétés très influentes.
Tout en se réclamant d'une agriculture familiale historique (les
premières existent depuis 1945) et de préoccupation
environnementale, elles ne remettent pas en cause, ni l'exploitation des
salariés, ni la soumission des agriculteurs au marché, ou plus
exactement aux exigences des exportateurs censées refléter celles
des consommateurs.
Les coopératives sont d'abord le lieu de vente des
produits, le plus souvent par enchères à la baisse. Elles ont peu
à peu élargie leur activité : aujourd'hui elles vendent
des intrants, du matériel, pratiquent un suivi technique très
poussé, et font du crédit aux agriculteurs. Chaque exploitation
est visitée par un technicien environ toutes les deux semaines, c'est
lui qui décide dans la plupart des cas de la « recette » de
produits à appliquer sur les plantes.
Il n'en existe que trois de taille importante et quelques
autres très petites. La plus grande, la Cooperativa Agricola de San
Isidro (CASI), fait ces enchères tôt le matin et les autres
coopératives voient leur prix s'aligner sur ceux de la CASI.
Citons également la CASUR qui a des pratiques assez
originales et intéressantes : le prix de vente reversé aux
producteurs est un prix moyen hebdomadaire, les tomates sont manipulées
à la coopérative et seuls les produits de très bonne
qualité sont vendus, cela incite les agriculteurs à se concentrer
sur la production et sur la qualité des tomates, à donner les
terres en métayage, c'est aussi une coopérative active dans
l'expérimentation de la lutte biologique.
2. Les entreprises du secteur industrielle et
tertiaire
La création de variétés nouvelles et de
produits phytosanitaires se réalise essentiellement dans des entreprises
privées qui ont une influence importante sur les nouvelles
techniques.
Il existe également un grand nombre de petites
entreprises : elles pratiquent la vente d'intrants et de matériel, la
construction de serres, l'installation de plastique... Elles participent au
développement d'Almeria en créant des emplois et de la valeur
ajoutée. L'influence de l'agriculture sur le développement
d'Almeria passe par l'existence de ces entreprises.
Figure 44 : la concurrence est rude entre les
différents fournisseurs de semences
3. Les acheteurs
Les acheteurs sont le plus souvent des exportateurs qui envoient
ensuite les produits vers la France, l'Angleterre, l'Allemagne, les pays
d'Europe du Nord...
Il y a un petit nombre d'acheteurs et ils se connaissent
tous. Il y a un effet de concurrence entre eux puisqu'ils revendent
eux-mêmes les produits, ils cherchent donc non seulement à avoir
les prix les plus bas mais aussi à faire en sorte que les autres
achètent à un prix plus haut. Il y a aussi un effet d'entente de
petits groupes d'acheteurs, qui peuvent se mettre d'accord pour obtenir de
meilleur prix.
4. Les semilleros
Les semilleros peuvent être considérés
comme pratiquant une activité agricole : ils sont chargés de
produire les plantules d'une dizaine de centimètres à partir des
graines et d'effectuer les greffes. Il y a 2 entreprises de semenciers sur la
zone mais les agriculteurs peuvent aller assez loin pour trouver un bon
semencier. Certains fonctionnent comme des entreprises, avec un grand nombre de
salariés, d'autres sont familiaux.
5. Les banques
L'activité bancaire a beaucoup d'importance dans
l'agriculture d'Almeria. El Ejido est l'endroit d'Espagne où se trouve
la plus grande concentration de banques (et de casino). Les agriculteurs sont
dépendants des banques et l'endettement est très important. La
grande rentabilité de l'agriculture pousse à investir et à
prendre des risques.
6. Les communautés d'irrigants
S'il reste encore quelques puits privés d'eau
très salée, la majeure partie de l'eau est gérée
par des communautés d'irrigants. Ils existent un grand nombre de petites
communautés surtout sur les puits aux abords du fleuve Andarax, et de
très grande comme la communauté de « la buena union
» qui gère la source de Viator ou « las quatros vegas
» qui recycle les eaux urbaines.
7. Les pouvoirs publics
La délégation provinciale de l'agriculture est
chargée de suivre les agriculteurs. En vérité il y a
très peu d'intervention de la part des pouvoirs publics, le pouvoir
politique des agriculteurs et des coopératives est tel qu'il n'y a pas
vraiment de contradicteurs, à part chez certains syndicats d'ouvriers
agricoles. Le suivi technique est complètement assuré par les
coopératives.
G. Un marché fluctuant et soumis à une
concurrence très
rude : le problème des prix
Comme on a pu le voir, les agriculteurs sont dépendants
du prix de vente, qui dépend lui-même du marché. Les
variations intraannuelles sont gérées grâce à la
longue durée de la campagne qui permet de produire quasiment toute
l'année, et finalement sur la période hivernale où les
prix sont les plus élevés. En revanche, rien ne permet de
compenser les variations interannuelles.
0,8
0,6
0,4
0,2
0,0
1,8
1,6
1,4
1,2
2,
1,
Figure 45 : Prix hebdomadaire de la tomate année
2001 à 2006 (source Junta de Andalusia)
L'extension des surfaces cultivées avec l'utilisation
de main d'oeuvre salariée sur les terres en excès provoque un
état de surproduction qui fait baisser les prix relatifs et fragilise
l'agriculture familiale.
La concurrence avec les pays de l'Europe du nord, comme la
Hollande ou la France ne se fait sentir qu'en fin de campagne, en
été, au moment où les prix chutent car ces pays rentrent
en production, mais toute la stratégie de l'agriculture d'Almeria est
basée sur une production décalée par rapport aux pays
européens. En revanche, l'importation de tomates venant des pays
méditerranéens auxquels on a récemment ouvert le
marché européen, notamment le Maroc, la Turquie et Israël,
provoque de brusques chutes de prix. Aujourd'hui les producteurs espagnols sont
dans la même situation vis-à-vis du Maroc que les producteurs
français l'était avec les espagnols au moment de l'entrée
de l'Espagne dans l'Union Européenne : le Maroc produit des tomates
à un cout de production plus faible et comme les prix ont tendance
à s'aligner sur les couts de production les plus faibles, ils descendent
parfois en-dessous des couts de production en Espagne, ce qui tire les salaires
à la baisse.
D'un autre côté, la surdemande pour les produits
phytosanitaires, le fumier, le sable, et les terres fait monter les prix de ces
ressources. On est sorti de la situation initiale qui était une
agriculture familiale avec des couts de production très faibles
(structure très simples en bois et plastique, optimisation des
ressources naturelles comme le soleil, le vent, le sable, l'eau...). Les couts
de production ne cessent d'augmenter alors que les prix baissent. Cette baisse
de rentabilité a des répercussions directes sur la situation des
salariés et sur l'environnement.
CONCLUSION
L'économie d'Almeria est entièrement
basée sur l'agriculture, une baisse de l'activité agricole
pourrait signifier une forte récession dans le développement de
toute la province qui est aujourd'hui en explosion et une
désertification accrue de l'écosystème. Les deux
problèmes les plus importants de l'agriculture d'Almeria sont des
pratiques non durables d'un point de vue environnemental et l'exploitation
injuste des salariés.
Un vrai changement pourrait venir des politiques agricoles si
la priorité était mise sur la protection de l'environnement et la
justice sociale. Sans politiques adaptées, les producteurs restent
soumis aux lois du marché, qui tout en les poussant à être
toujours plus compétitifs, ne permettent pas de prendre en compte ni la
destruction de l'environnement, ni l'intérêt de tous les
travailleurs même lorsqu'ils ne possèdent pas de capital. Des
mesures pourraient être prises pour stabiliser les prix, repenser
l'organisation du territoire, limiter les surfaces cultivées en fonction
de la culture, mettre en valeur des produits de qualité avec des normes
environnementales et sociales, gérer le développement urbain, et
mettre en place une politique d'immigration permettant l'intégration des
immigrés.
Le rejet de la part des consommateurs des produits venant
d'Almeria, le plus souvent par peur des produits chimiques, mais aussi
grâce à une prise de conscience de la situation sociale, incite
également à un changement de pratiques qui pourrait
s'avérer décisif.
ANNEXES
structure du foncier dans la province
d'Alméria
en nombre en surface
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
2%
0%
67%
21%
10%
6%
12%
22%
60%
moins de 5 ha 5 à 20 ha
20 à 100 ha plus de 100 ha
structure de la propriété dans la province
d'almeria
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
13%
8%
2%
77%
autres métayage fermage propriété
ANNEXE 1 : STRUCTURE DU FONCIER ET DE LA PROPRIETE DANS
LA
PROVINCE D'ALMERIA
ANNEXE 2 : CALENDRIER DE PRODUCTION ET DE TRAVAIL
INTERVENTION
Classe M, MM
PRODUCTION 10 à15 kg/m2
Classe G et GG
aout sept. oct.
nov. déc.
janv. fév.
mars avril
mai juin
juil. aout
25h/jour
1000 kg/jour/ha
Ajustage des fils
Coupe des talles
Récolte (45%) et Calibrage (55%)
TEMPS DE TRAVAIL SUR UN HECTARE
4h/jour 4h/jour 4h/jour
15h/jour
Sol à nu Croissance
Production Sol à nu
CYCLE DE CULTURE
TOMATES ROUGES SANS PERCHES
PRODUCTION 13 à17 kg/m2
Classe M, MM
Sol à nu
Croissance
CYCLE DE CULTURE
Production Sol à nu
Coupe des talles
Récolte et Calibrage
aout sept. oct.
nov. déc.
janv. fév.
mars avril
mai juin
juil. aout
Ajustage des fils
INTERVENTION
TEMPS DE TRAVAIL SUR UN HECTARE
Entretien des perches
30h/jour
4h/jour 4h/jour
4h/jour
20h/jour
Classe G et GG
TOMATES ROUGES AVEC PERCHES
Ajustage des fils
Classe M, MM
PRODUCTION 10 à15 kg/m2
Classe G et GG
aout sept. oct.
nov. déc.
janv. fév.
mars avril
mai juin
juil. aout
1000 kg/jour/ha
INTERVENTION
TEMPS DE TRAVAIL SUR UN HECTARE
25h/jour
15h/jour
4h/jour 4h/jour 4h/jour
Coupe des talles
Récolte (45%) et Calibrage (55%)
Sol à nu Croissance
Production Sol à nu
CYCLE DE CULTURE
TOMATES ROUGES EN RAMEAU
CYCLE DE CULTURE
Sol à nu Croissance
Production Sol à nu
Ajustage des fils
Récolte et Calibrage
Classe M, MM
PRODUCTION 3 à 5 kg/m2
Classe G et GG
TOMATES VERTES
aout sept. oct.
nov. déc.
janv. fév.
mars avril
mai juin
juil. aout
Coupe des talles
INTERVENTION
TEMPS DE TRAVAIL SUR UN HECTARE
Coupe des talles
Ajustage des fils
Coupe des talles
Ajustage des fils
TOMATES ROUGES 2 CAMPAGNES
aout sept. oct.
janv. fév.
mai juin
juil. aout
nov. déc.
mars avril
INTERVENTION
TEMPS DE TRAVAIL SUR UN HECTARE
Récolte (45%) et Calibrage (55%)
Récolte (45%) et Calibrage (55%)
PRODUCTION 10 à15 kg/m2
Production Croissance Production Sol à nu
Croissance
CYCLE DE CULTURE
ANNEXE 3 : LES NORMES DE QUALITE DE LA CASI
TOMATES SUELTO
NORMALIZACIÔN DE TAMAÑOS
|
|
|
|
|
|
|
GG Mâs de 82 mm.
|
G De 67 a 81 mm.
|
M De 57 a 66 mm.
|
MM De 47 a 56 mm.
|
NORMAS DE ENVASADO
|
Colocaciôn del producto
Tipo de envase
CATEGORIA I
· Los tomates M y MM bien seleccionados se
consideraràn de categoría I.
· Los tomates clasificados en esta categoría deben
ser firmes, de buena calidad y homogéneos en madurez y coloraciân
así como su tamaio por envase.
· La parte visible del contenido del envase debe ser
representativa del conjunto.
· La categoría I debe estar exenta de:
- Tomate blando
- Tomate deforme
- Tomate rayado o con grietas
· Tolerancia de calidad y calibre de hasta un 10% de
tomates clasificados en la categoría II
CATEGORIA II
· Los tomates clasificados en esta categoría deben
ser bastante firmes y no presentar grietas sin cicatrizar.
· Pueden presentar los defectos siguientes, siempre que
mantengan las características de calidad y presentaciân de la
categoría:
- Defectos de forma, desarrollo y coloraciân.
- Ligeras magulladuras.
- Grietas cicatrizadas de 3 cm. de longitud màxima.
· Tolerancia de hasta un 10% de calidad y tamaño de
tomates que no corresponda a la categorfa.
|
TOMATES EN RAMO
NORMALIZACIÔN DE TAMAÑOS
|
|
|
·
·
·
·
|
Racimo I De 57 mm. en adelante
NORMAS DE
|
Racimo II "B" Mâximo 56 mm.
ENVASADO
|
|
|
|
|
Tomate: variedades
Tomates hEbridos presentados en ramo, lo que permite una mayor
conservaciân fresco. Esta forma especial de presentarlo confiere a los
frutos unas cualidades organolépticas especiales especiales en las que
destaca su sabor y aroma natural.
Tomate hEbrido de larga conservaciân ideal para ser
exportado a mercados lejanos. Caracterizado por su gran firmeza y consistencia,
color rojo intenso homogéneo y buen sabor.
Tomate hEbrido relativamente achatado que se recolecta
pintân caracterizado por su piel firme de pulpa jugosa con sabor
destacado por su acidez ideal.
Tomate hEbrido alargado tipo pera (ovoide). Frutos de color rojo
intenso, firmes y consistentes. Pared gruesa y pulpa jugosa.
Tomate tradicional representado por la variedad Raf. Muy
apreciado por su extraordinario sabor y dulzor iinico. Alcanza altas
cotizaciones en mercados selectos y exigentes en los sabores tradicionales que
recuerdan a los orEgenes de la agricultura almeriense.
Tomate en racimo
Tomate larga vida
Tomate verde
Tomate pera
Tomate Asurcado
cerrar
ANNEXE 4 : FILS ET PERCHES
|
Système de culture sans perches
Culture avec perches
Avec les perches, les tiges s'étendent le long du
sol
|
|
BIBLIOGRAPHIE
· José Luís Martin Galinedo. 1988.
Almería. Paisajes Agrarios. Espacio y Sociedad. De la agricultura
morisca a los enarenados e invernaderos actuales.
· Juliân Santiago Bujalarce. 1999. Historia de la
agricultura andaluza. Siclos 18 a 21. "Una ansiada reforma agraria siempre
frustrada". "Claves de futuro".
· Juan Goytisolo, 1960. Campos de Nijar.
· Manuel Galvez Ibâfiez. 2003. La Vega de
Almería. Una forma de vida que se acaba.
· Bernard Roux. Agriculture, marché du travail et
immigration. Une étude dans le secteur des fruits et légumes
méditerranéens.
· Bernard Roux. Permanences structurelles et
diversifications dans l'agriculture en Andalousie.
· Jean-Pierre Berlan, 1987. La agricultura y el mercado
del trabajo. ,Una California para Europa? Agricultura y Sociedad,
n°42, p.233-245.
· Carlos de los llanos. L'Andalousie en Europe. L'essor
du secteur fruitier et maraicher en Andalousie.
· Sociedad y Politica almeriense durante el régimen
de Franco. Actas de las jornadas celebradas en la Universidad Nacional de
Educaciôn a distancia (UNED) durante los dias 8 al 12 de abril 2002:
* Santos Julia, Politica y sociedad durante el régimen
de Franco. * Manuel Gutiérrez Navas, Franco en
Almería.
* Andrés Sânchez Picôn et Irene
Fernández Ruiz, Una mirada a la Almería de la autarquia y a la
coyuntura econômica del primer franquismo.
* Carlos Castellana Prieto (fonctionnaire de l'INC), El
Instituto Nacional de Colonizaciôn en Almería.
· José Rivera Menéndez, 2001, La politica
de colonizaciôn en el Campo de Dalias.
· Anâlisis de la campafia hortofruticola de
Almería, 2001 à 2006, Fondation Cajamar.
· Geografía de Espafia, 1991.
· Site Internet de l'Aéroport d'Almeria :
http://www.tutiempo.net/clima/Almeria.es
SIGLES ET TRADUCTION
· Albaldin : plante très ressemblante à
l'esparto
· Almeriense : habitants d'Almeria, désigne ce qui
caractérise Almería
· Barrilla : plante qui pousse spontanément dans la
steppe d'Almeria et dont on tire une espèce de soude
· Campo : champs, se disait des terres cultivées non
irriguées
· Cafia : bambous utilisés dans la construction des
haies
· Cortijos : maison rurale
· Desamortizaciôn : se dit du mouvement de mise en
vente des terres communales et des terres de l'église au 19ème
siècle.
· Esparto : plante qui pousse spontanément dans la
steppe d'Almeria et qui sert à fabriquer de la corde
· Invernaderos : serres
· Llanos : plaines
· Matorral : terres de pâture dont la
végétation laisse voir le sol
· Moriscos : se dit des musulmans convertis qui vivent en
Andalousie après la reconquête par les chrétiens
· Parral : type d'invernaderos, petit et plat
· Primer franquismo : période qui a suivi la guerre
civile (1939- 1950)
· Rambla : cours d'eau asséché la plupart du
temps
· Setos : haies
· Vega : zone de terres irriguées, delta
· CASI: Cooperativa Agricola de San Isidro
· INC: Instituto Nacional de Colonizaciôn
· INE: Instituto Nacional de Estadistica