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Comment les opérateurs Ouest Africains de télécommunications pourraient ils modifier leur statut de filiales des multinationales européennes ?

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par Cheikh Mbengue
Université Blaise Pascal, IUP CI - Master 1 Développement et Promotion des biens et services, mention commerce international 2006
  

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Université Blaise Pascal

IUP de Commerce International de Clermont-Ferrand

MEMOIRE DE MASTER 1

ANNEE UNIVERSITAIRE 2006/2007 ETUDIANT: Cheikh Mbengue

DIRECTEUR DE MEMOIRE: Mme Brassier

COMMENT LES OPERATEURS OUEST AFRICAINS DE TELECOMMUNICATIONS POURRAIENT-ILS MODIFIER LEUR STATUT DE FILIALES DES MULTINATIONALES EUROPEENNES POUR REDUIRE LEUR DEPENDANCE ET MIEUX PROFITER DE LA REFORME DES TELECOMMUNICATIONS?

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation de ce travail. Je remercie mon directeur de mémoire Mme Brassier, tout d'abord, pour avoir accepté d'être le directeur mais également son soutien pour la rédaction du mémoire. Je remercie également mon père pour ses encouragements et son soutien.

SOMMAIRE

Partie 1 : La réforme des Télécommunications en Afrique de l'Ouest

I. L'impact de la réforme des Télécommunications en Afrique de l'Ouest

1. Dérèglement, privatisation et libéralisation

2. Etat des lieux des privatisations en Afrique de l'Ouest

3. L'exemple du Sénégal, une privatisation réussie?

II. Néocolonialisme ou ouverture mal maîtrisée à l'international?

1. La partie africaine, un partenaire à part entière ou un simple suiveur dans la négociation

2. Dépendance économique ou perte d'identité

Partie 2 : Quelles stratégies les entreprises ouest africaines pourraient-elles adopter pour tirer profit du secteur des Télécommunications?

I. Solutions alternatives ou parallèles aux privatisations

1. Remise en cause des financements actuels

2. Des regroupements régionaux pour une intégration régionale réussie

3. La synergie entre les réseaux africains

4. Harmonisation réglementaire

II. Investir sur le capital humain

1. Privilégier la main d'Ïuvre locale

2. Promouvoir le retour des migrants africains

Conclusion

Bibliographie

Glossaire

Annexes

Table des matières

INTRODUCTION

«Dans le monde entier seulement cinq personnes sur mille sont en ligne et profitent pleinement des technologies de l'information et de la communication (TIC) ». Telles sont les propos du représentant régional de l'UNESCO en Afrique. Sans aucun doute, cette infime partie est bien

polarisée dans les pays su Nord laissant l'Afrique loin dernière eux, séparés par un énorme fossé plus connu sous le nom de « fracture numérique ». Les pays du Nord semblent être convaincus que seules de nouvelles formes de gouvernance peuvent sortir d'Afrique de ce gouffre. Pour ce faire ils ont imposé aux gouvernements africains des politiques d'ajustements structurels et des models de bonne gouvernance propres aux pays du Nord. S'agit-il du nouveau plan Marshall pour l'Afrique qui prend une nouvelle tournure ? Autrement dit l'avenir de l'Afrique passera t-il par les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication? Quelle place l'Afrique occupe t-elle dans cette société de l'information? Il faut noter que c'est une société qui repose essentiellement sur l'usage de l'informatique, les télécommunications et l'audiovisuel. Cette société de l'information a des caractéristiques particulières du fait des inégalités qui y règne. Quelques régions du monde bénéficient inégalement des potentialités qu'offre la société de l'information au détriment des autres. Ces inégalités creusent le « fossé numérique » qui sépare les pays Nord de ceux du Sud. Il est communément appelé fracture numérique. Elle est définie comme étant «un phénomène de déséquilibre, une cloison, un gap énorme entre d'une part, ceux qui exploitent pleinement à leur profit les potentialités des TIC dans un contexte de globalisation, et d'autres part ceux qui ne sont pas à même de bénéficier des TIC, faute d'accès aux matériel informatique, ou pis encore, à cause d'un manque d'éducation, à l'usage de

l'informatique ». Notre travail se focalise sur les télécommunications. L'Afrique accuse un important retard dans les télécommunications en comparaison avec les autres régions du monde. Rappelons en passant

l'évolution du secteur des télécommunications dans le monde et en Afrique en particulier. Ces dernières années, le secteur des télécommunications a connu un essor remarquable. Mais cette évolution est beaucoup plus visible dans la téléphonie mobile qui est en plein boom. Dans le monde, 2,7 milliards de personnes avaient un portable en 2006, soit 4 personnes sur 10. Par exemple en Italie il y a plus d'abonnés que d'habitants. Mais cette croissance ne vient que de commencer d'autant plus que le leader mondial fabricant de téléphones annonce que ce chiffre atteindra le cap des 3 milliards en 2007. La croissance de la téléphonie mobile est nettement plus rapide et supérieure à celle de la téléphonie fixe. Il aura fallu 125 ans pour franchir le milliard de personnes ayant accès à une ligne fixe, alors qu'il a fallu seulement 21 ans pour atteindre le milliard de personnes ayant accès au téléphone portable. Les télécommunications africaines sont en plein boom depuis les années 2000. Il enregistre l'un des meilleurs taux de progression. Il était de + 67% en 2005 et a connu une progression de +48% entre septembre 2005 et septembre 2006. Même si l'Afrique occupe une place faible au niveau mondial, la rapidité de la croissance de son taux de pénétration le placera parmi les meilleurs à l'avenir. Certains analystes prévoient le tassement du taux de la progression. En effet, plusieurs raisons permettent d'affirmer que cette progression ne vient que de commencer. Le taux de pénétration (la télédensité) est encore faible, la marge de progression est donc importante. En Afrique, le taux moyen de pénétration est inférieur à 20%, ce qui permet d'enregistrer entre 2005 et 2006, des progressions record dans certains pays africains. Le Tchad a enregistré un taux de progression de 100 %, l'Ethiopie +142 %, la Guinée +257%, la Libye + 405%, ou encore la Somalie +150%. Selon le leader sud africain MTN, la progression suivit son cours dans les années à venir d'autant plus qu'elle prévoit un taux de pénétration de l'ordre de 28% dans l'ensemble du continent, soit un réservoir de 80 millions d'abonnées à l'horizon 2010.

Les raisons de ce décollage s'expliquent du fait que la corrélation entre le niveau de vie des pays africains et la progression exponentielle du téléphone portable est infime en Afrique. Une autre raison est que moins un pays est équipé en téléphones fixes, plus les téléphones portables se

multiplient. Avec le téléphone portable, les africains apaisent leur soif de communication dont ils sont victimes depuis de nombreuses années. Ils sont même prêts à dépenser cher pour apaiser cette soif de communication qui a été mesurée. Selon le cabinet américain Gartner, les ménages africains sont prêts à dépenser cinq fois plus que leurs homologues des pays développés pour des besoins en communication. Autres conditions au développement des portables sont la libéralisation des télécommunications et la présence des concurrents sur le marché prévus par la réforme des télécommunications. Cette réforme est issue des décisions des organismes financiers internationaux comme la FMI, la Banque Mondiale. Les réformes sont donc engagées partout dans le monde ouvrant le capital public au privé. C'est alors que les multinationales, particulièrement européennes se ruent vers l'Afrique pour tenter de compenser les parts de marchés perdues dans leurs territoires à cause de l'ouverture du secteur à la concurrence. Les conséquences de ces réformes se traduisent par la privatisation de beaucoup d'opérateurs publics africains. Les partenaires stratégiques sont choisis parmi les multinationales européennes de télécommunications qui vont devenir repreneurs de certains opérateurs africains. Certaines deviennent majoritaires et contrôlent les opérateurs concernés. C'est alors que quelques opérateurs africains sont devenus des filiales des multinationales européennes comme la société nationale des télécommunications (Sonatel), l'opérateur historique du Sénégal. Ce

statut de filiales de multinationales réussit-il à tous les opérateurs africains privatisés ? Les opérateurs africains sont-ils condamnés à n'être que des filiales des multinationales européennes pour survivre et profiter du secteur des télécommunications? Ce nouveau statut est t-il meilleur que celui d'avant? Est-il porteur de dépendance technique et économique ou de perte d'identité ? Les opérateurs africains de télécommunications sont- ils capables de jouer leur rôle dans la nouvelle société de l'information, livrés à eux seuls ? Telles sont des questions qu'il serait intéressant de trouver des réponses pour mieux cerner la relation entre les multinationales européennes de télécommunications et leurs filiales africaines. Les réponses à ces questions permettront également de

comprendre les stratégies adoptées par les multinationales pour explorer ou même exploiter le marché africain des télécommunications et celles adoptées par les entreprises africaines pour tirer profit de la réforme des télécommunications. Une fois ces questions sont répondues il sera possible de prédire la voix que les entreprises africaines de télécommunications doivent emprunter pour tirer profit des potentialités du secteur des télécommunications.

Notre travail va être composé de deux parties. La première nous permettra de dégager un panorama de la réforme des télécommunications en Afrique Subsaharienne. Cette partie évoluera l'impact de la réforme des télécommunications sur la région subsaharienne en essayant de dresser un bilan de la privatisation des télécommunications en Afrique de l'ouest. Elle nous permettra également de comparer l'effet du contrôle de certains opérateurs africains par les multinationales européennes pour voir si ces vagues de privatisations sont comparables à un retour du néocolonialisme ou une ouverture mal maîtrisée à l'international.

La deuxième partie va être consacrée à une analyse critique des stratégies des opérateurs ouest africains de télécommunications pour ensuite procéder à une évaluation des stratégies correctrices que les opérateurs africains pourraient adopter pour avoir plus d'autonomie afin de faire profiter le contient de l'essor des télécommunications. Elle permettra également d'élaborer des pistes à explorer pour arriver à cette fin telles que l'intégration régionale et l'investissement sur le capital humain.

PREMIERE PARTIE : LA REFORME DES TELECOMMUNICATIONS EN AFRIQUE DE L'OUEST

La déclaration en 1997 lors d'une réunion qui avait réunit à Ouagadougou les premiers ministres de plusieurs pays francophones stipulait que la restructuration était « incontournable pour prendre part à la globalisation de l'économie ». Le ton était donné et qu'il était alors tant que l'Afrique subsaharienne s'engage dans un processus de restructuration des télécommunications après avoir pris un retard important par rapport aux autres régions du monde. Les réformes ont eu pour but de redéfinir les modalités de fonctionnement du secteur par la déréglementation, la libéralisation et la privatisation. Cela dit que le secteur va être ouvert à la concurrence en remplaçant les fonds publics par des fonds privés.

Le retard de l'Afrique dans le secteur des télécommunications a été longtemps décrié. En 1996, le contient noir ne représentait que 2% de l'ensemble du parc mondial des lignes téléphoniques avec une télédensité inférieure à l'unité dans 74% des 46 pays de l'Afrique Subsaharienne. Le constat qui découle de cette révélation est que le chemin qui reste à parcourir pour doter l'Afrique d'un système de télécommunications lui permettant d'accéder à la société de l'information est long. L'inefficacité technique des réseaux est alarmante, les tarifs élevés à cause de la nature monopolistique du réseau par les opérateurs publics. Dés lors la révision des prix internationaux à la baisse et la correction de la structure interne des tarifs deviennent des nécessités pour la compatibilité avec un environnement de libéralisation mondiale et de concurrence. Les entreprises publiques sont exposées à une concurrence multidimensionnelle grâce aux nouvelles innovations technologiques et organisationnelles. Grâce à l'évolution de la Recherche et Développement, la convergence de la technologie des télécommunications et de l'information est prometteuse et permet la

baisse du prix de la transmission de la parole. L'évolution de la Recherche de Développement a également permis le développement du cellulaire, ce qui permet une réduction du volume des coûts fixes et les coûts irrécupérables. Le développement de la téléphonie mobile a entraîné une entrée rapide d'opérateurs mobile dans le marché africain, ce qui a engendré forcément une croissance rapide de la concurrence. Dans ce nouvel environnement, les télécommunications africaines ont la possibilité de réaliser des progrès rapides. Toutefois le tassement de ces progrès nécessite des moyens de financement extérieurs. Cette nouvelle donne crée l'exigence d'une ouverture à des opérateurs privés souvent plus disposés à investir.

Dés lors la réforme des télécommunications est entamée de façon plus ou moins lente selon les politiques économiques des pays. Dés le début des années 1990, certains gouvernements des pays africains commencent à prendre conscience des réalités et certains se laissent davantage convaincre par l'idée des solutions jugées durables que constitue la privatisation du service et l'intensification de la concurrence. C'est alors qu'ils commencent à appliquer les nouvelles formes de bonne gouvernance prescrites par les organismes financiers internationales. C'est le début des vagues de privatisation en Afrique. Lors de la première moitié des années 1990, la privatisation s'est réalisée en majorité sous forme de contrat de gestion ou d'assistance technique dans le respect des institutions nationales déjà en vigueur pour d'autres grands services publics. La privatisation n'avait donc pas commencé en réalité d'autant plus que les télécommunications restaient encore un service public sous les contrats de gestion ou d'assistance technique. Ce fut qu'en 1996 que le mouvement de privatisation a réellement commencé sous une forme impliquant une cession du capital. Les premières entreprises africaines à ouvrir le capital public au privé sont la Guinée en 1996, suivie du Ghana la même année, de la Côte d'Ivoire, de l'Afrique du Sud et du Sénégal un an plus tard. Au début de cette première vague de privatisation, les candidats à la reprise n'étaient pas nombreux. Le nombre limité des opérateurs internationaux candidats à la reprise s'explique par plusieurs raisons. D'abord, les candidats devaient remplir certaines conditions ou

critères. Ils devaient avoir les moyens financiers et les capacités techniques pour faire face aux risques liés à la situation économique et politique de l'Afrique. Sur le plan économique, l'Afrique accuse un retard important et par conséquent reste non attractive pour les investisseurs étrangers. La part de l'Afrique dans les investissements directs étrangers (IDE) reste très faible se plafonnant au environ de 3%. Sur le plan politique, certaines régions du continent sont instables à cause des guerres. Ce sont les raisons pour lesquelles le nombre des candidats est réduit. Il se limitait à l'époque au environ de quatre tels que France Télécom, Télécom Portugal, Télécom Malaysia et Vivendi.

Cette période de privatisation des opérateurs historiques coïncide avec la «vente aux enchères » de licences pour le développement de la téléphonie mobile permettant aux détenteurs d'entrer dans le marché du mobile et se lancer dans la concurrence. Cette ouverture du marché de la téléphonie mobile à la concurrence va entraîner plus tard l'arrivée rapide d'opérateurs étrangers sur le marché africain des télécommunications, le développement de la téléphonie mobile étant plus rapide de celui du fixe. Des ventes de licences ont même ont été réalisées alors que le processus de privatisation du fixe n'était pas encore scellé. C'est le cas du Mali. En outre, les opérateurs africains les plus prometteurs entament leur déploiement dans la région en achetant le capital de certains opérateurs moins compétitifs à l'image du leader africain MTN. Ce développement rapide de la téléphonie mobile s'explique également par la faiblesse des réseaux fixes africains qui, pour la plupart des cas ne couvrent pas les territoires nationaux. Les lignes téléphoniques sont concentrées dans les grandes villes à l'occurrence les capitales laissant les zones rurales désertiques et peu ou pas connectées. Par exemple Dakar abrite prés de 50% des lignes fixes du pays alors qu'il présente moins de 10% du territoire national. Dés lors l'accès au téléphone portable constitue un moyen de substitution du téléphone fixe.

I. L'impact de la réforme des Télécommunications en Afrique de l'Ouest

La réforme des télécommunications a permis la libéralisation et l'ouverture du marché des télécommunications à la concurrence. Cette

nouvelle donne sur le marché, auparavant exclusivement réservé aux opérateurs historiques, va changer les choses. Les opérateurs de tous les pays y compris ceux des pays développés vont devoir affronter cette nouvelle concurrence rapide et atroce. Les multinationales européennes, pour mieux affronter cette nouvelle concurrence vont chercher en Afrique de nouveaux parts de marché leur permettant de compenser les pertes subites sur leurs marchés nationaux. Cette façon de prendre des mesures pour affronter la concurrence internationale et préserver ses parts de marché constitue un moyen efficace de répondre aux aléas du marché mais également de faire face à l'environnement extérieur. Mais faudrait-il avoir les moyens. Les opérateurs des pays développés à l'image des multinationales européennes, peuvent se le permettre dans la mesure ou elles ont les capacités technique et financière. Qui va donc subir les conséquences néfastes de la réforme des télécommunications ? Bien évidemment les opérateurs africains sont les moins bien placés pour affronter la concurrence et tirer profit de la réforme des télécommunications. La déréglementation mondiale des télécommunications a un impact fort sur les opérateurs africains. Il constitue un choc redoutable d'autant plus qu'elle les oblige à affronter une concurrence dans le secteur des télécommunications plus vive que jamais. Une concurrence qui défie même les opérateurs des pays développés. Ils vont devoir changer de stratégies d'approche du marché ou apporter des mesures correctrices à leurs stratégies pour survivre. Le marché devient de plus en plus contestable et le monopole d'état disparaît lentement. L'état désengage de ses fonctions de garant de la gestion publique dans le sens ou la privatisation du secteur public limite ses pouvoirs de contrôle sur le fonctionnement des services publics dans le domaine des télécommunications. En revanche, il a un autre rôle à jouer qui s'avère difficile. Il doit protéger les intérêts des consommateurs tout en garantissant un environnement propice à la concurrence. Il faut entendre par protection des intérêts des consommateurs l'élargissement de l'accès au service universel. Autrement dit tout citoyen doit accéder au téléphone à des conditions de prix et de distance raisonnables. L'harmonisation du paysage des télécommunications revient à l'état dés

lors que la concurrence s'installe dans la téléphonie mobile. Les modalités d'attribution des licences d'exploitation doit respecter des normes de concurrence pure et parfaite et ne doivent donc pas être établies selon des choix publics purement délibérés. La vente des licences d'exploitation doit en effet refléter le niveau de la concurrence pure et parfaite où tous les agents du marché sont traités de façon égale sans favoritisme ni clientélisme. De façon plus générale, le rôle de l'état doit être de promouvoir une réglementation efficace qui reflète l'objectif de la maximisation de l'utilité sociale. Dans cette perspective, les agences de réglementation mises en place par l'état doivent être gérées de façon efficace et efficiente. La gestion de ces agences n'est pas donc une tâche facile étant donné que le degré d'autonomie peut conditionner les résultats attendus. Elles doivent avoir suffisamment d'autonomie pour définir les modalités d'attribution des licences par appel d'offre. Cela dit qu'elles ne doivent pas subir beaucoup d'influence de l'extérieur leur obligeant à attribuer les licences sous des conditions qui violent les lois du marché en favorisant certains agents au détriments des autres. Les modalités d'attribution des licences sont très importantes d'autant plus qu'elles conditionnent la crédibilité du processus et l'intensité de la concurrence. Le manque d'expérience pour certains pays africains dans ce domaine fait que les qualités de transparence et d'impartialité font défaut à quelques uns d'entre un. Une autre tâche qui s'avère lourde pour les états africains vu la difficulté de l'exécution reste l'établissement des règles d'interconnexion susceptibles de faciliter la concurrence et de développer les effets de club. Si la montée de la concurrence conditionne la formation des tarifs, l'état doit tout de même procéder à un réajustement des prix afin de protéger l'intérêt des consommateurs.

Toutes ses tâches dont les états doivent faire face constituent une partie des retombées de réforme des télécommunications. Les réformes ne sont donc pas sans conséquences sur les télécommunications en Afrique. Les objectifs visés ont-ils été atteints ? Le secteur se porte-t-il mieux qu'avant? Les opérateurs ouest africains sont-ils devenus plus rentables? Quel est l'impact réel de ce phénomène sur le fonctionnement des entreprises ouest africaines de télécommunications. La réponse ou alors

une tentative de réponse à ces questions permet d'évaluer l'impact de la réforme des télécommunications sur les entreprises ouest africaines de télécommunications. Des questions qu'il serait nécessaire de trouver des réponses pour mieux percevoir l'impact des réformes sur le secteur. Rappelons que les déterminants de la réforme peuvent être résumés en quatre facteurs. Une meilleure efficacité des réseaux africains qui épousent un retard notable par rapport aux autres réseaux du monde. Donc, la réforme permettrait une meilleure connectivité, des prestations de service de meilleure qualité. En un mot un réseau africain qui serait capable d'affronter la concurrence internationale. Cet objectif a été mis en avant par l'Union Internationale des Télécommunications (UIT). Dans le rapport de la Commission Maitland en 1984, l'UIT prenait la mesure technique des défaillances africaines en observant des délais de raccordements de plus de trois ans et des perturbations sur le réseau.

Les organismes financiers internationaux ont obtenu ce qu'ils voulaient. Leur forte pression sur les gouvernements africains pour une restructuration des télécommunications a fini par porter ses fruits. Cette démarche qui a longtemps rencontré des obstacles politiques car les gouvernements africains ne s'étaient toujours pas convaincus de la nécessité de s'engager dans un effort de restructuration des télécommunications. L'Afrique y adhère aujourd'hui avec quelques réticences ce qui explique les lenteurs d'exécution et les difficultés d'application. La réticence des gouvernements africains s'explique par le fait que le secteur des télécommunications est généralement rentable malgré le retard qu'il accuse par rapport aux autres régions du monde. Il est d'ailleurs l'un des secteurs les plus rentables du continent. Les gouvernements africains ne voulaient pas transformer l'environnement économique et institutionnel du secteur. La peur du changement faisait qu'ils ne voulaient pas affronter cette nouvelle réalité du marché. Pourtant le discours politique laissait présager qu'ils ont convaincu de la nécessité de tels changements mais ont peur des conséquences qui pourraient en découler et qu'ils ne pourraient pas maîtriser. Ces discours politiques avaient pour objectifs de préparer les populations qui n'étaient pas encore prêtes pour s'engager dans de telles réformes. Les populations locales

voyaient dans la privatisation un retour du néocolonialisme et donc une dépendance économique. Elles avaient peur notamment de perdre leur statut de fonctionnaire qui leur donnait plus de sécurité. Dans beaucoup de pays africains des salariés ont farouchement contesté les privatisations soutenues par les syndicats nationaux. Dans certains pays comme le Sénégal les salariés ont réussi à imposer des conditions pour que la privatisation soit acceptée. Cela résulte à un accord leur permettant de détenir 10% du capital de la nouvelle société. Les pays africains convaincus de la nécessité des réformes et désireux de tenter le coût s'engagent dans la préparation des réformes en mettant l'accent sur la mobilisation des populations. C'est dans cette perspective que les ministres des télécommunications de plusieurs pays francophones se sont réunit à Ouagadougou en octobre 1997 pour parler de la nécessité de restructurer le secteur des télécommunications dans la région. Ils avaient déclaré que la restructuration était « incontournable pour prendre part à la globalisation de l'économie et que le processus de libéralisation et de privatisation était à réaliser même si les sensibilités nationales étaient à prendre en compte ».

1. Privatisation, déréglementation et libéralisation

Il est important ici de rappeler les origines des privatisations qui ont découlé de l'accord de l'OMC sur la libéralisation des

télécommunications signé en 1987. Cet accord a entériné l'ouverture des marchés européens. Les opérateurs historiques sont contraints de partager leurs marchés locaux sur lesquels ils étaient en situation de monopole. Par conséquent les multinationales des pays développés se préparent à la concurrence due à l'ouverture des marchés. Au début des années 1990 ils s'adonnent à des réformes nationales et adoptent des stratégies de conquête de nouveaux marchés en dehors des marchés nationaux pour compenser les pertes subies sur leurs territoires.

Du côté des pays africains le Fond Monétaire International (FMI) fait pression pour l'ouverture du marché des télécommunications, condition pour obtenir les prêts d'ajustement structurel pour les pays africains. La privatisation des opérateurs publics n'a jamais été un choix national sauf

quelques exceptions. Le Sénégal est souvent cité comme exemple. Les Offices et Postes des Télécommunications (OPT) cédés par les anciennes colonies après les indépendances constituent un moyen de financement public non négligeable même si la qualité des services n'était pas à la hauteur. Ils étaient des sources de financement mais ils étaient dans une situation difficile à cause des faiblesses du réseau mais également des problèmes financiers liés aux endettements. Beaucoup de pays africains se trouvent alors contraints de coopérer pour l'ouverture des marchés. Les opérateurs africains se trouvent dans une situation difficile caractérisée par la pression pour le remboursement des dettes, et les réseaux faiblement développés. En outre, l'indépendance des pays africains témoigne de la séparation entre les exploitations des réseaux nationaux et internationaux. Office des Postes et Télécommunications (opérateur historiques des anciennes colonies françaises) et France Câble radio, filiale de France Télécom prennent en mains cette séparation en contrôlant les communications internationales, la surveillance des politiques et des revenus.

Le début de la deuxième moitié des années 1990 marque le début des premières privatisations. En 1996, le processus des premières

privatisations est entamé. Il s'est fait en trois étapes. Lors de la première étape les opérateurs historiques des anciennes colonies prennent une part du capital des opérateurs nationaux africains sans appel d'offre à l'image de Portugal Telecom (allié à l'international de Telefonica l'opérateur espagnol) au Cap Vert, Sao Tomé et Guinée Bissau et France Telecom en Centrafrique et Madagascar. Les opérateurs les plus prometteurs ont été partiellement privatisés avec appel d'offre comme le Ghana, l'Afrique du Sud, la Côte d'ivoire et le Sénégal. Le processus de privatisation a rencontré des réticences dans des pays comme le Sénégal et la Côte d'Ivoire où les salariés s'y opposaient avec détermination. Ils ont finalement réussi à obtenir 10% du capital de la nouvelle société. Il faut noter que le choix de France Télécom au Sénégal s'est fait après un échec de ne pas pouvoir trouver un accord avec l'opérateur américano-suédois Télia qui proposait une offre aussi intéressante que celle proposée par France Télécom sauf sur la cession du capital sur une durée de 7 ans pour

Télia et 20 ans pour France Télécom. En Côte d'Ivoire le choix de France Télécom a été vivement contesté par la presse. A l'époque les agences de régulation n'étaient pas encore mises en place ce qui rendait la tâche plus difficile.

La deuxième phase de privatisation n'a pas été facile. Deux cas de figure se présentent. Soit il n'existe qu'un seul candidat comme au Niger, soit plusieurs candidats se présentent l'un après l'autre et que finalement aucun d'entres eux n'arrivent à payer le prix facturé. C'est le cas au Cameroun où plusieurs preneurs ont décliné l'offre à défaut de ne pas pouvoir payer. Dans le cas des opérateurs comme le Ghana c'est le divorce entre le repreneur et les opérateurs récemment privatisés. Pour le Kenya c'est l'impossibilité de privatiser. Ces deux opérateurs préfèrent ou alors mieux sont contraints de signer des contrats de gestion qui viennent prendre la place à la vente de parts de capital. Certains opérateurs comme le Mali ou le Burkina Fasso ont du mal à trouver un repreneur.

La troisième phase est caractérisée par l'ouverture du téléphone fixe à la concurrence. Cette ouverture du téléphone fixe à la concurrence s'est faite selon un schéma préétabli exporté des pays développés. Mais il faut savoir que la privatisation et la levée du monopole dans le secteur des télécommunications ont été possibles qu'après le développement d'un fort service public et une modernisation des réseaux et l'usage du téléphone dans les pays développés. Lors de cette troisième phase le téléphone fixe est officiellement ouvert à la concurrence. Notons cependant le paradoxe de cette ouverture. Au moment de l'ouverture à la concurrence le service public minimum n'est pas garanti dans la majeure partie des pays africains. Beaucoup de villages restent sans être raccordés. Dans le cas du Mali une licence a été attribuée à IKATEL pour concurrencer la SOTELMA, opérateur historique, alors que la privatisation de cette dernière n'était pas encore définitive puisqu'elle traînait depuis prés de quatre ans. Cette lenteur dans les démarches s'explique par la résistance interne à défaut d'un repreneur fiable. Dans beaucoup de pays de la région, malgré l'ouverture officielle de la téléphonie fixe à la concurrence, l'opérateur historique détient encore le monopole, la

concurrence étant plutôt basée sur la téléphonie mobile. La loi tarde à produire ses effets à défaut d'application adéquate.

La privatisation trouve être un désengagement de l'état, une solution imposé de l'extérieur pour sortir du sous-développement. Pourquoi les décideurs locaux veulent t-ils se débarrasser des entreprises les plus rentables et prometteuses? Les privatisations sont perçues comme étant préjudiciables aux pauvres dans la mesure où ces derniers ne bénéficient plus des subventions pour les services publiques de base. Qu'en est-il de la place du citoyen dans la privatisation ? Qui a décidé de la

privatisation? Qui en bénéficie davantage ? Telles sont des questions qu'il faudrait prendre soin de répondre pour éclairer les décisions futures concernant les privatisations.

Comment la privatisation a été planifiée et mise en oeuvre?

Les promoteurs de la privatisation sont convaincus qu'elle permet de transformer des sociétés d'état au bord de la faillite en sociétés privées, modernes, compétitives aussi bien au niveau local qu'international. La nécessité des privatisations si elles permettent une meilleure gestion de l'entreprise africaine, est sans équivoque. Cependant son influence financière et organisationnelle peut être considérée marginale en Afrique du fait de la taille des entreprises privatisées, de leur état lors de la privatisation, des modalités et du contexte de leur cession.

1. Quelle analyse critique de la privatisation des télécommunications en Afrique?

Les privatisations en Afrique s'effectuent le plus souvent dans un contexte de flou juridique et réglementaire, en l'absence de cahiers des charges méthodiques, sans véritable examen de la situation respective des entreprises à privatiser, sans trop de soin apporté à l'information des personnels, avec une opacité certaine sur les modes de rétrocession au privé et une grande indécision sur les objectifs poursuivis. L'exemple du Mali est notable. Une licence pour la privatisation du téléphone fixe a été vendue sans même que le processus de privatisation soit terminé. Après

les indépendances, l'Afrique ne comptait quasiment que sur le secteur public pour stimuler le développement économique en raison de la faiblesse du secteur privé. Mais sous la pression des organismes internationaux tels que la FMI et la Banque Mondiale pour la libéralisation de l'économie, beaucoup de dirigeants africains ont fini par adhérer à la privatisation, malgré eux. Ils n'ont pas le choix. Dans une situation pareille les objectifs poursuivis sont d'une plus grande indécision. Ils ont donc accepté de privatiser espérant bénéficier de nouvelles technologies et de nouvelles sources d'investissements leur permettant de moderniser et d'étendre leurs réseaux. Il faut noter cependant que jusqu'à présent une bonne partie de la population n'a pas été encore connecté au réseau. Donc la défaillance du secteur public est reflétée ici par son remplaçant. Le service minimum n'est toujours pas garanti. Ce qui fait penser que le réseau est étendu que pour la téléphonie mobile.

Si l'ont constate que se sont toujours les mêmes repreneurs, à l'image des multinationales européennes qui gèrent aujourd'hui les anciennes entreprises d'état, l'on ne peut pas s'empêcher de penser au retour du néocolonialisme. En l'espace de 25 ans, la majorité des entreprises publiques africaines a été cédée à des opérateurs privés à majorité étrangère. Les opérations de privatisations, conduites sous l'égide des institutions financières internationales en l'occurrence la FMI et la Banque Mondiale, ont-elles connu le succès escomptait si l'on sait que l'argent généré par les télécommunications n'a pas été investi dans le développement des télécommunications. Une part est rapatriée au pays d'origine du preneur et une autre partie a servi à payer les dettes des états, sous les conseils de la FMI et de la Banque Mondiale. Reste à voir si se sont réellement des conseils ou la persistance des pressions qui ont permis de déclencher le processus de privatisations.

Justifications de la privatisation

Il convient de rappeler ici les deux principales justifications de la privatisation sur le plan économique. Il y a deux sortes de justifications économiques de la privatisation. L'une est d'ordre micro-économique,

l'autre macro-économique. Sur le plan macro-économique, la privatisation contribue à rétablir les grands équilibres, particulièrement au niveau du budget de l'état. Au niveau micro-économique, la privatisation est supposée apporter sur le plan technique une grande efficacité par rapport à la gestion publique. L'entreprise privée du type managériale met en place plusieurs garde-fous et de mécanisme de contrôle et de meilleure circulation d'information à moindre coût. L'entreprise publique quant à elle, crée un environnement défavorable à l'efficacité économique sur au moins quatre aspects : par sa situation de monopole qui lui fait acquérir des comportements de retraités en vacances, face à la concurrence ; par son faible degré de contraintes par rapport à la faillite et à l'insuffisance de trésorerie ; par son anémie envers la notion de risque et l'absence de répartition claire de responsabilité en son sein ainsi que par ses coûts de production exorbitants. Dans le cas de l'Afrique Subsaharienne quelques réserves peuvent être émises à l'encontre de ces deux types de justifications.

Ces deux types de justifications trouvent être controversées pour le cas de l'Afrique Subsaharienne pour plusieurs raisons. Puisque dans les états de l'Afrique Subsaharienne, certaines questions macroéconomiques ne sont pas à l'ordre du jour, il est difficile et même quasiment impossible de trouver réponses à ses questions presque inexistantes. Qu'advient-il des secteurs vitaux pour la population, non attractifs pour les investisseurs privés ? La causalité entre l'entreprise publique et les déséquilibres macro-économiques est-elle systématique ? Il semblerait que non dans la mesure où la spécificité du système et les structures politico-économique en Afrique en général ont été trop vite négligées, notamment l'économie de rente et le comportement des dirigeants d'entreprises publiques. D'autre part, les fondements micro-économiques de la privatisation relatifs à la comparaison entre entreprise privée et entreprise publique, sont-ils adaptés à des pays où le tissu industriel est quelque fois quasi inexistant ou souvent embryonnaire ? Par ailleurs, le raisonnement centré exclusivement sur l'efficacité économique ne dénie t-il pas une redistribution des revenus nécessaires à un équilibre social. Cet équilibre social n'est-il pas nécessaire pour le succès de la privatisation ? Or le

retardement du raccordement téléphonique pour les zones rurales constitue un déséquilibre entre ces zones rurales et les zones urbaines. A cette dernière question, les faits permettent de répondre positivement à court terme, mais la privatisation demeure à long terme un facteur d'équilibre et de régulation optimale. Cependant, au-delà de la nécessité de la privatisation en Afrique, les stratégies adoptées jusqu'ici, sont-elles les plus efficaces et judicieuses ? N'était-il pas prématuré de déclencher le processus de privatisation dans certains pays?

2. Etat des lieux des privatisations en Afrique de l'Ouest

On parle souvent de la fracture numérique, mais ce n'est que la conséquence immédiate de la « fracture téléphonique ». Si l'Afrique comptait en 2002 une population de 5,5 millions d'internautes pour une population de 770 millions de personnes, soit un internaute sur 200 individus contre une moyenne mondiale de 1 pour 15, elle abritait seulement à la même période 2% des lignes téléphoniques mondiales. La télédensité (nombre de lignes téléphoniques pour 100 habitants) atteignait à peine 1,2 %. Ces statistiques ne prêtent pas à l'optimise et invite un bilan sans concession de la politique suivie en matière de télécommunications sur le continent africain. Les réformes ont été mises en place depuis plusieurs années, il est alors maintenant possible d'en établir un bilan et faire l'état des lieux. Le Secrétaire général de l'UIT avait déclaré : «il nous faut lancer une offensive tout azimuts pour faire en sorte que tous les villages de cette planète soient connectés avant le sommet mondial de la société de l'information ». Le sommet était prévu en 2003 et 2005 donc si les hommes politiques chargés de régulation et les opérateurs prenaient cette déclaration au sérieux, ces objectifs seraient atteints depuis déjà quelques années ce qui réduirait la fracture numérique de quelques crans. Pourtant la réduction de la fracture est toujours à l'ordre du jour sachant qu'elle se creuse. Cette déclaration du Secrétaire Général de l'UIT n'était rien d'autres qu'une partie des engagements des organismes internationaux pour la restructuration du secteur des télécommunications afin que les moins servis le soient finalement. Par conséquent les privatisations devraient permettre à atteindre ces objectifs. Ces dernières années ont témoigné d'un développement des

télécommunications en Afrique grâce à priori à la réforme des télécommunications. Néanmoins les progrès sont beaucoup moins sensibles dans les zones rurales. Les statistiques disponibles ne rendent pas compte cependant ni des territoires couverts ni de des réalités quotidiennes des populations. Il existe des zones rurales dans lesquelles l'accès à un téléphone fixe est rare et le réseau et tellement de mauvaise qualité que l'usage d'un téléphone portable est presque impossible. Si dans les zones urbaines le développement du téléphone fixe et téléphone portable est assez soutenu, les zones rurales au contraire souffrent beaucoup d'un manque de connexion abyssale. Dans les zones les plus reculées, il se trouve parfois que les habitants parcourent des kilomètres pour avoir accès à un téléphone fixe grâce aux télécentres très développés dans les villes mais encore presque inexistants dans les villages. Les villages africains dépourvus d'un accès au téléphone fixe se chiffre à plus de 80%. Encore faut-il souligner que dans certains cas même si l'accès existe les dérangements multiples font que la disponibilité reste aléatoire. A cela s'ajoute le prix élevé dune communication téléphonique qui n'est pas raisonnablement calculé sous la base du pouvoir d'achat et du niveau de vie. Pourtant ces habitants des zones rurales éprouvent des besoins de communication tout aussi importants que ceux des zones urbaines. Cela creuse davantage le fossé qui existe déjà entre les zones rurales et les zones urbaines en afrique. L'exode rural en est la conséquence immédiate. Les jeunes désertent les zones rurales et viennent s'installer en ville laissant la campagne avec les personnes âgées. Cette situation a des conséquences fâcheuses dans l'économie africaine en général et l'Afrique de l'Ouest en particulier. Dans cette zone l'agriculture est encore à l'état artisanale et est tenue par les jeunes. Si les jeunes quittent la campagne pour aller en ville alors qu'ils n'ont aucune qualification professionnelle, cela ne servira ni à eux ni la population toute entière. Les exportations de produits agricoles diminuent comme l'arachide pour le Sénégal, l'importation augmente et la balance commerciale devient de plus en plus déficitaire. Du fait que la majeure partie des biens consommés est importée, les produits sont plus chers, la vie devient de plus en plus chère car le pouvoir d'achat diminue. Ces populations sont donc confrontées à

un problème de raccordement mais également à un problème de coût de la communication. Un autre problème est que lorsque la zone est couverte par le réseau mobile, les populations sont souvent contraintes de payer jusqu'à 10 fois parfois plus le tarif d'une communication du fixe. Dans les villes, à défaut d'avoir un fixe chez soi, certains sont contraints d'acheter des minutes à un petit revendeur (gérant de télécentre). Là aussi les prix sont largement supérieurs à ceux pratiqués dans les pays développés. Sur ce point, si la réforme des télécommunications a permis le développement encore nuancé, dans les zones rurales elle laisse les habitants « numériquement marginalisés ». Cette «marginalisation numérique » des habitants ruraux constitue une défaillance dans la gestion des services publics. S'agit-il d'un problème de régulation de la part de l'état?

Le bilan des privatisations reste alors mitigé. Certains pays se sont séparés de la multinationale repreneur seulement après quelques années comme c'est le cas au Cameroun. Les raisons d'un divorce aussi rapide s'explique par un manque de financement ou alors un manque de désire de s'engager à relever le défi. Cependant dans certains pays comme le Sénégal la privatisation a été jugée comme un cas de réussite. Mais faudrait-il y voir de plus prés et avec vigilance avant de se prononcer. Ce schéma préétabli exporté ou imposé de l'extérieur produit les mêmes effets partout que se soit en Europe ou en Afrique. L'abonnement et la taxation locale sont augmentés pour diminuer la longue distance et l'internationale, ce qui touche les zones les plus défavorisées de la population et donc les zones rurales. Seulement les effets sont beaucoup plus apparents en Afrique où les zones rurales souffrent énormément de cette marginalisation. Dans cette perspective l'on se pose la question de savoir à qui la privatisation profite ? Et bien les opérateurs les plus prometteurs semblent en bénéficier au détriment des opérateurs les plus pauvres. Pourtant l'objectif principal de la libéralisation des télécommunications était de favoriser le développement des télécommunications au profit de tous. Donc, contrairement aux idées reçues, la privatisation ne sert pas à développer les opérateurs les plus pauvres qui ont besoin de financement mais plutôt à prendre parts dans les opérateurs les plus rémunérateurs ce qui permet aux multinationales de rapatrier les bénéfices ainsi récoltés à leurs pays

respectifs. Si l'on constate que la privatisation a marché qu'avec les opérateurs africains qui étaient prometteurs au moment de la privatisation et que les opérateurs les plus pauvres et qui étaient au bord de la faillite peinent à décoller jusqu'à présent après avoir été privatisés, l'on serait tenter de dire que les opérateurs seraient au même niveau de développement qu'ils ont atteints aujourd'hui même s'ils n'étaient pas privatisés. A ce rythme les opérateurs africains vont devoir se contenter d'un développement apparent des télécommunications. Apparent car si le développement ne profite peu ou pas aux populations locales, on ne pourra pas parler de développement au vrai sens du terme. Un développement réel des télécommunications en Afrique se traduirait par la couverture de tout le territoire avec un service minimum garanti mais aussi un réinvestissement des bénéfices dans d'autres secteurs du pays. Non seulement le développement des télécommunications profiterait à la population entière mais il permettrait également de développer d'autres secteurs.

Les résultats sont décevants à coût terme à quelques exceptions. Si quelques pays jouissent peu ou pleinement de la libéralisation des télécommunications, d'autres sont encore au stade de la recherche d'un repreneur soit parce qu'ils se sont séparés du repreneur à défaut de bons résultats ou d'un manque de respect des cahiers des charges, soit ils n'ont jamais eu de repreneur à défaut d'être attractifs. Mais le processus de privatisation n'a pas encore achevé. Il a été entamé depuis plus d'une dizaine d'années et beaucoup de pays africains y s'étaient engagés. Plus d'un quart des privatisations dans les pays en voie de développement ont été réalisées, correspondant en moyenne à 17% du PIB de la région. Cependant la valeur des privatisations en millions de dollars est négligeable, moins de 1% de la valeur des entreprises privatisées dans les pays en voie de développement. Ce pourcentage qui relativise la portée des privatisations dans la région, peut s'expliquer d'une part par la faible participation des ces entreprises à la fabrication de produits à haute valeur ajoutée du fait notamment de la spécialisation régionale dans la production de matières premières. D'autre par la privatisation a été une sorte de liquidation judiciaire pour des entreprises au bord de la faillite.

Enfin, les modes de cession, souvent partielles de ces entreprises ont été la plupart du temps réalisés dans une perspective de déréglementation que de privatisation. La nuance est de taille. La déréglementation suppose un renforcement des mécanismes de la concurrence dans un cadre où l'état reste très présent, alors que la privatisation suppose un transfert de l'Etat au privé à concurrence d'au moins 50% de ses participations.

Au regard de ces conséquences, l'ont peut rester perplexe à propos du double objectif assigné à la privatisation dans la région. D'une part, l'assainissement des finances publiques par la réaffectation des recettes de la privatisation et le ralentissement de la croissance de la dette publique ainsi que son amortissement; d'autre part atteindre une sorte

«d'optimalité parétienne » (égalitaire dans la répartition des ressources par les entreprises privatisées. Cette dernière hypothèse semble effectivement velléitaire au regard de deux procédés timidement utilisés : le développement de l'actionnariat particulier (malgré l'insuffisance notoire de l'épargne locale formelle) et la possibilité accordée aux salariés de participer au capital de l'entreprise. Les inégalités auraient pu être atténuées, si ces privatisations auront eu lieu dans un contexte où les appareils judiciaires ont fonctionné de manière optimale.

Cependant, ce bilan tout de même décevant peut être amélioré. Une amélioration des justifications de la privatisation permettrait plus d'efficacité. Sans doute la privatisation a eu une double contribution. D'une part, elle améliore la performance des entreprises concernées et la situation macro-économique de ces Etats, ne serait-ce que par l'endiguement de dettes publiques qui auraient pu être aggravées par le maintien de certaines entreprises « sous perfusion ». D'autre part elles participent à un accroissement de l'efficacité économique en mettant en place un marché qui sanctionne les mauvais choix d'investissement. Toutefois, pour atteindre leur plénitude en terme d'efficacité, les stratégies de privatisations adoptées jusqu'à maintenant dans la région subsaharienne pour le secteur des télécommunications doivent être réformées de manière interne à savoir les modalités de régulation mais aussi externe à savoir l'environnement dans lequel la privatisation a lieu. Les preneurs sont essentiellement européens. Dans cette situation, l'on

pourrait craindre des situations d'oligopole et de clientélisme. C'est la raison pour laquelle il faut faire appel à des investisseurs variés pour à la fois parer à d'éventuelles situations d'oligopole et de clientélisme mais aussi à un éventuel retour du néocolonialisme sous une forme de «recolonisation déguisée ». En effet, ceci va permettre d'une part une allocation optimale de ressources ; d'autre part dans l'état actuel des marges de manoeuvres limitées des Etats africains sur les marchés financiers, ces entreprises peuvent permettre des transferts d'expérience (technique), de savoir-faire (qualification), de connaissances, mais aussi de devises (nécessaire à une relance économique dans la région). Ces facteurs de développement endogènes (sans doute parfois générateurs d'externalités) ont jusqu'ici été négligés dans les stratégies de désengagement de l'état en Afrique, en particulier en Afrique Subsaharienne. L'argument selon lequel il est nécessaire de maintenir les entreprises dites « stratégiques » peut laisser perplexe. D'une part quand on connaît la réalité et la signification actuelles du mot « indépendance» dans la Sous région ; d'autre part, rien n'interdit à l'Etat en question de garder l'Ïil sur ces entreprises en limitant sa participation à une minorité de blocage ou de contrôle.

En outre, si les modalités de privatisations peuvent être améliorées dans un contexte économique où notamment le commerce extérieur ne repose plus exclusivement sur l'avantage comparatif, il serait suicidaire pour les Etats ouest africains de se contenter de livrer l'appareil de production au privé espérant que tout ira bien par la suite sans un effort remarquable de leur côté pour faire avancer les choses. Selon certains économistes, se serait simplifier la réalité économique que de lier systématiquement l'efficacité économique et la concurrence à la structure du capital, comme pendant la période post-coloniale de l'hymne à la nationalisation. La concurrence et l'efficacité économique dépendent en fait de la liberté de prix et de structure du marché.

Le processus des privatisations est aujourd'hui bloqué dans de nombreux pays. Au Cameroun et le Kenya le processus est bloqué de l'intérieur. Dans le cas du Cameroun la presse s'est soulevée contre le processus de privatisation sans appel d'offre parce qu'elle compare cette opération à

une «braderie de l'économie nationale ». A la République Démocratique du Congo (RDC), on note une stabilité dans le secteur qui rend difficile le processus. Dans cette situation où les repreneurs se font rares les opérateurs ont tendance à prendre des procédures de gré à gré. Les agences de régulation semblent ne pas être efficaces ce qui fait que les bases de données sont moins abondantes et moins fiables. Ce manque de base de données augmente par conséquent le risque de brader des opérateurs. Le cas du Mali reste exceptionnel dans la mesure où la concurrence a commencé avant même que la privatisation soit effective. Le Niger enregistre un échec total. Cependant certaines privatisations sont considérées de réussites, c'est le cas du Sénégal.

3. L'exemple du Sénégal, une privatisation réussie?

La privatisation au Sénégal est qualifiée de réussite. Les objectifs sont-ils été atteints ? Le développement des Télécommunications est-il bien réel dans le pays ? Qu'en est-il de la couverture du territoire ? Le service minimum est-il assuré ? Telles sont des questions qu'il serait intéressant de trouver des réponses pour mesurer le succès de la privatisation des télécommunications au Sénégal. Commençons par rappeler les raisons et les objectifs donnés par l'état du Sénégal concernant la privatisation des télécommunications au Sénégal. Avant de se lancer dans la privatisation, l'état sénégalais avait fixé les objectifs et éclairé les raisons pour lesquelles il a préféré confier l'exploitation des télécommunications à une organisation privée. Il faut noter qu'au milieu des années 1990, le Sénégal n'avait toujours pas franchi le seuil d'un téléphone pour 1OOO habitants. Conscient du manque de communication dont souffre la population, l'état s'engage alors dans la privatisation faisant appel aux capitaux étrangers. L'objectif premier que l'état sénégalais s'est fixé est d'augmenter le ratio d'un téléphone pour 100 habitant qui était d'un téléphone pour 1000 habitants en 1995. Le but est de mobiliser l'épargne publique et privée vers des secteurs productifs. Autrement dit réinvestir les bénéfices issus de la privatisation dans le pays et dans des secteurs prometteurs. Une raison qui a poussé l'état sénégalais à privatiser les télécommunications est le souci de faire face à l'essor des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Nul n'ignore le retard de l'Afrique

par rapport aux autres régions du monde dans le domaine des NTIC. Un retard souvent qualifié de fracture numérique. Pour réduire cette fracture numérique de son côté et accélérer l'évolution technologique de son réseau de télécommunications, le gouvernement sénégalais espère pouvoir le faire en comptant sur le savoir faire d'un partenaire stratégique. Ce partenaire stratégique doit donc être capable d'assurer un chiffre

d'affaires plus important que celui dont l'opérateur historique ne serait capable de réaliser. Il doit être aussi capable d'ouvrir les marchés en créant de nouveaux parts de marché. Ces objectifs semblent bien réalistes et réalisables et doivent rimer avec le souhait des salariés. Pourtant ils sont été réticents à la privatisation. Ils acceptent d'accompagner le processus de privatisation pour plusieurs raisons. Le caractère rapide de la déréglementation rythmé par la mondialisation jugé libérale leur faisaient peur d'autant plus que le secteur des télécommunications est spécifiquement ouvert au monde. Ils ont donc peur que la privatisation amène avec elle des maux qu'ils ne sauraient apporter un remède. Ils ont effectivement peur d'être écrasés par les plus forts. Ils reprochent à l'état de se désengager et les livrer à eux même à la proie des plus forts.

Les salariés de la SONATEL ont été réticents à la privatisation, mais la banque Mondiale elle était défavorable à l'idée de privatisation de l'entreprise phare du Sénégal. Contrairement à ce qui se pratiquait en Afrique en général, la SONATEL allait être privatisée alors qu'elle ne manifestait pas de difficultés majeures.

La privatisation a été qualifiée de succès au Sénégal. Les résultats ont été satisfaisants. Le secteur des télécommunications contribue pour 7% au PIB du pays en 2004, soit 290 milliards de FCA, contre une contribution de 4% en 2000. Cela constitue une croissance de +3% en quatre, ce qui est non négligeable. Le secteur enregistre une croissance annuelle des revenus de 18% entre 1998 et 2003 et 22% en 2004. Les opérateurs ont investi 50 milliards de FCA en 2004, soit 5.4% des investissements du Sénégal. Le secteur est également créateur d'emplois dans la mesure où il a permis la création de 33 000 emplois dont 30 000 sont générés par les télécentres. Prudence, car les emplois générés par les télécentres sont des emplois qui ne nécessitent aucune formation. Il faut comprendre donc par

là que la majeure partie des emplois générés par le secteur des télécommunications ne sont pas des emplois qualifiants et par conséquent de permettent à la main d'Ïuvre qualifiée d'avoir un emploi. La télédensité pour les téléphones fixes est également passée de 1,79 en 1999 à 2,42 en 2005. Ces résultats montrent que de plus en plus de personnes ont accès au téléphone fixe. Le téléphone portable a connu un développement beaucoup plus rapide que celui du téléphone fixe. En 2005 1400 villages ont été connecctés au fixe alors qu'ils sont de 6500 ayant accès au téléphone mobile, soit une télédensité de 13,43 lignes mobiles pour 100 habitants. Notons que la plupart de ces 6500 villages ayant accès au téléphone mobile, n'ont pas d'accès public aux services de télécommunications. En outre, 64% des lignes fixes, des télécentres et des équipements mobiles sont localisés sur Dakar.

II. Néocolonialisme ou ouverture mal maîtrisée à l'international?

Après la signature de l'accord de l'OMC sur la libéralisation des télécommunications en 1987, la commission européenne élabore le livre vert marquant l'entrée des télécommunications dans la déréglementation, la même année. Au Etats-Unis le thème des autoroutes de l'information fait son apparition avec l'adoption du High Performance Act en novembre 1991. La promotion des télécommunications est à l'ordre du jour aux Etats-Unis, en Europe c'est la conquête de nouveaux marchés qui fait grand jour. Où vont-ils aller chercher ces nouveaux marchés ? Les multinationales européennes reprennent le chemin de l'Afrique. France Télécom met en place alors un dispositif pour l'Afrique. Quelques années après l'entrée en vigueur de la déréglementation des télécommunications, les télécommunications françaises sont engagées dans une période de réforme interne pour préparer la déréglementation. Les directives européennes relatives à la mise en oeuvre de la déréglementation doivent être respectées et l'ouverture du marché des télécommunications devient

imminente. L'heure est alors à la préparation de l'ouverture des marchés qui sera accompagnée d'une concurrence plus que jamais vive. France Télécom déjà présente en Afrique par l'intermédiaire de sa filiale France Câble Radio, décide de renforcer sa présence dans cette zone mais également dans d'autre région du monde notamment eu Europe. Cette nouvelle expansion de la multinationale française de télécommunications a pour but de compenser les pertes susceptibles de parts de marché. France télécoms se transforme alors en entreprise commerciale qui ne se limite plus à garantir les services publics. La protection des ses parts de marchés et la quête de nouveaux parts de marchés font désormais partie des ses objectifs premiers. France Télécom, issue d'une administration publique chargée de la coopération avec les pays « amis » en l'occurrence les pays d'Afrique rompt petit à petit avec la coopération avec ses anciennes colonies pour « faire du business ». Elle va utiliser une stratégie offensive qui consiste à prendre des parts de marchés dans les capitaux des opérateurs historiques. Mais rappelons que le choix des opérateurs porte sur les opérateurs les plus rentables. C'est le début de la concurrence. Le dispositif français pour l'Afrique est bien réfléchi. France Télécom commence par renforcer sa présence en augmentant le poids de sa filiale France Câble Radio. En effet France Télécom s'organise avec la SOFRECOM (Société Française d'Etudes et de Réalisation

d'Equipements de Télécommunications) pour en faire une filiale. Elle a désormais deux filiales sur le terrain qui vont préparer l'entrée de la société mère sur le terrain. Ce choix stratégique qui consiste à racheter la société qui faisait concurrence à sa filiale constitue un instrument puissant de la politique d'expansion de France Télécom à l'international. France Câble Radio élabore une stratégie en Afrique pour développer ses parts de marché. Une stratégie qui n'a pas eu beaucoup de succès du fait de son caractère déloyal. Rappelons que les activités de France Câble Radio étaient plutôt orientées vers les communications internationales. Toujours sous la pression des organismes financiers internationaux à l'image de la Banque Mondial certains gouvernements des états africains avaient entrepris le regroupement au certain d'une même société des activités de télécommunications sur le réseau national avec celles sur le réseau

international. France Câble Radio en profitait pour mettre en oeuvre sa stratégie de conquête de parts de marché. Partout où elle détenait une part du capital des opérateurs africains, ses dirigeants jouèrent sur le pourrissement des opérateurs locaux et le poids de la dette envers France Télécom pour tenter d'augmenter leur part du capital en échange de l'annulation de la dette. C'était une façon de mettre la pression aux dirigeants des opérateurs africains pour une cession du capital par la voix la plus bénéfique pour eux. Plusieurs scénarios de ce genre ont été enregistrés. Cette stratégie de France Câble Radio a soulevé la colère de beaucoup de dirigeants africains. L'heure est alors à l'adoption d'une autre stratégies de cession du capital des opérateurs africains par voix normale : la privatisation. Cette fois-ci c'est France Télécom qui s'encharge pas ses filiales. Les premières privatisations marquent en effet la régularisation de la présence des compagnies des anciennes colonies sur le territoire africain. Ce retour des anciennes colonies peut être interprété de différentes façons. S'agit-il d'un retour du néo-colonialisme ou de la faiblesse des opérateurs africains à affronter la concurrence étrangère.?

L'Europe est de retour en Afrique encore plus forte que jamais car elle a un point fort sur lequel elle n'hésite pas d'appuyer pour avoir de l'Afrique ce qu'elle veut. Ce point fort c'est la question des dettes. L'Afrique succombe sous le poids de ces dettes et doit faire face à la pression internationale. La dette de l'Afrique envers la France était tellement élevée que toutes les communications internationales avec l'Afrique transitaient en France avant d'atteindre leur destination. Même les appels entre pays africains poursuivaient le même parcours. Alors quelle dépendance!

Quelles sont les conséquences de cette privatisation inachevée dans certains pays et bloquée dans d'autres ? La première conséquence de la privatisation est le renforcement de la présence des multinationales européennes dans le territoire africain. L'opérateur français France Télécom, Vivendi, Telefonica, Deutsch Telekom. Prenons l'exemple de France Télécom qui est présente dans beaucoup de pays africains comme le Botswana, le Cameroun, la Côte d'Ivoire et le Madagascar. Dans ces

pays le label Orange prend de la place et remplace les marques locales. Une autre conséquence est la naissance de multinationales « africaines» ou pseudo africaines comme ORASCOM, CELTEL, MTN, VODACOM et TELKOM. Mais la question qui se pose est de savoir si ces multinationales sont réellement africaines d'autant plus qu'elles sont sous le contrôle des multinationales européennes. Ces dernières contrôlent le marché, s'emparent des parts de marché les plus importantes et exportent les bénéfices à leurs pays respectifs. Par conséquent le développement des télécommunications africains est tenu par les multinationales puis que ce sont eux qui contrôlent tous. Imaginons que les multinationales retirent leurs capitaux. Etant donné qu'elles sont pour la plupart du temps majoritaires dans la cession du capital, les opérateurs africains risqueraient de manquer de capitaux. Dans cette perspective la dépendance financière est évidente. Pis encore cette dépendance s'accompagne avec une dépendance technique. Les réseaux africains étant encore faibles, les réseaux européens servent de relais d'autant plus ils sont des hubs satellitaires vers le réseau international. A quand la naissance de satellites africains pour un réseau africain qui n'aurait pas besoin de coup de pouce. Pourtant les bénéfices issus des télécommunications pourraient servir à développer le réseau africain pour la mise en place de réseaux d'interconnexion panafricains fiables. Mais si une partie est exportée une autre versée dans les caisses de l'état, le développement des télécommunications dépendrait toujours de l'extérieur. Cette dépendance technique entraîne la dépendance économique et le cercle vicieux continue.

Ça ne s'arrête pas là car les dépendances s'accumulent. Qu'en est-il de la coopération publique. Le secteur n'est plus géré directement par les autorités publiques par conséquent les pays ne coopèrent plus dans ce domaine. Toutes les négociations se font entre dirigeants des opérateurs. En outre chaque pays travaille au service de ses opérateurs pour faire d'eux les champions. En France l'Agence Française de Développement (AFD) remplace le «bureau de Télécoms » au Ministère des Affaires Etrangères. Des actions ont été mises en place pour soutenir les agences de régulation ou favoriser le développement des nouvelles technologies

comme le plan ADEN. Le développement inéquitable des télécommunications est là, sans appel. L'UIT (Union Internationale des Télécommunications) a-t-elle failli à son rôle fondamental, le développement équilibré des télécommunications pour garantir le droit de communication à tous les citoyens du monde. A cela s'ajoute le poids important des multinationales qui jouent un rôle important dans l'économie mondiale. Leur poids économique est d'autant plus important qu'il leur confère une influence politique non négligeable. Ce poids politique important des multinationales fait que les états et les organismes internationaux se tournent vers eux, influencés par leur pouvoir politique. Un exemple patent est le cas de « Académies» CISCO qui détient la quasi-totalité du marché des routeurs. Pourtant elle est promue et cofinancée par l'UIT.

A côté de ces conséquences non souhaitables, il y a des conséquences positives. La première est la progression de la télé-densité qui est passée de (à chercher). Cette progression de la télé-densité trouve son explication dans le développement rapide de la téléphonie mobile. La demande du marché évolue également du fait du besoin énorme de communication. Longtemps victime de la « fracture téléphonique» les gens profitent de la téléphonie mobile plus facile d'accès que le téléphone fixe. Ce boom de la téléphonie mobile ralentie le développement du fixe. Les réseaux d'infrastructures pour le fixe se dégradent dans certaines zones. La téléphonie mobile est privilégiée car elle est jugée prédatrice d'investissement et de ressources. Le fixe est ouvert à la concurrence alors qu'il reste des réseaux à construire pour raccorder les zones

reculées. Notons que les concurrents s'intéressent aux niches et aux secteurs les plus rentables sans contraintes de service public ni de pression des autorités publiques. Qui va alors garantir le service minimum universel si l'état se trouve dans une position dans la quelle il est quasiment dépourvu de ses pouvoirs d'autorité publique et n'est plus en mesure de garantir certains services publics à une partie de la population. Imaginez-vous un pays où la téléphonie mobile est presque le garant des communications téléphoniques ? On serait tentait de dire que le «tout- mobile » n'est pas la bonne solution d'autant plus que les réseaux fixes et

mobiles doivent être complémentaires. Les réseaux fixes sont même indispensables dans la mesure où ils offrent une grande évolutivité à l'image de l'ADSL, mais ils sont également nécessaires à l'acheminent des appels mobiles. Par exemples dans les zones où les réseaux fixes sont faibles où inexistantes, les habitants ont du mal à recevoir des appels à leurs téléphones portables à cause de l'état médiocre du réseau. Au moment où le Mobile « 3G» se déploie dans certaines zones d'autres souffrent d'un manque de développement équilibré et rationnel. Quel paradoxe!

Le recours au téléphone portable pour satisfaire les besoins de communication pèse lourd sur le budget des ménages. Les

communications restent très chères d'autant plus que les mobiles pallient les insuffisances du fixe. Ces ponctions sont encore plus accentuées par le système des cartes prépayées. En s'offrant cette communication payée chère, certains habitants se privent d'autres nécessités. La baisse de certains prix est due plus à l'évolution de la technologie qu'à une prise en compte du pouvoir d'achat des populations locales. Les zones rurales sont celles qui souffrent plus de l'absence des lignes fixes. Elles sont délaissées. Au Sénégal où la privatisation a plus de succès, seulement 50% des villages sont reliés aux réseaux fixes et mobiles confondus. Qu'en est-il du rôle de l'état en ce qui concerne l'aménagement du territoire ? Il est complètement dessaisi de sa politique d'aménagement du territoire. Il est dessaisi de son pouvoir de corriger les inégalités sociales et géographiques. Quand les inégalités sociales se creusent et que l'état est presque incapable de faire quelque chose, force est de constater que si l'indépendance politique est acquise celle économique laisse à désirer.

L'exemple de la Gateway international Unique de la République Centrafricaine. Cet exemple illustre bien le caractère néocolonialiste des privatisations des télécommunications en Afrique. Laquelle Gateway International Unique donne aux opérateurs nationaux fixes et mobiles, ainsi qu'aux opérateurs internationaux « un point d'accès unique mutualisé pour l'ensemble des communications échangées avec l'étranger ». Cette initiative a été opérée grâce à un constat économique qui se résume d'une part à la situation géographique de certains pays

enclavés et d'autre part aux effets pervers résultant de la « libéralisation brutale et non maîtrisée » de l'accès aux télécommunications internationales. Dans ces pays enclavés, aux budgets maigres, les opérateurs nationaux consacrent une bonne partie de leurs ressources de financements à l'achat d'équipements très chers mais aussi à la location d'accès satellitaires internationaux qui appartiennent bien entendu aux pays riches. Par conséquent la libéralisation de l'accès aux télécommunications internationales a causé une situation paradoxale d'appauvrissement du secteur des télécommunications dans certains pays comme le Centre Afrique. Cet appauvrissement est causé en général par des pertes d'économie d'échelles qui s'expliquent par le recours individuel des opérateurs à des solutions satellitaires qui n'ont pas été compensé par les gains d'efficacité. Le ministre des Postes et Télécommunications Chargé des Nouvelles Technologies de la Centrafrique explique que « les économistes européens qui ont prôné la réforme des télécommunications au niveau international n'ont pas pris en compte le fait que le développement des réseaux des télécommunications des pays en voie de développement repose sur les revenus

d'interconnexion téléphonique entrante payés par les opérateurs internationaux, et notamment par les opérateurs des pays développés ». En effet l'introduction d'une concurrence totale sur l'interconnexion internationale a par conséquent fragilisé les opérateurs des pays en voie de développement à résister à l'écrasement des prix payés par les grands opérateurs internationaux. Cet effondrement des prix a été encouragé par les opérateurs des pays développés. Leur stratégie a été d'encourager cet effondrement en favorisant ainsi la maison mère au détriment des filiales, les opérateurs africains privatisés. «Le paradoxe économique », selon les termes du ministre Centrafricain des Postes et Télécommunications est que la concurrence sur l'accès à l'international a permis une baisse drastique des prix des appels internationaux au bénéfice des consommateurs des pays riches, mais en appauvrissant les opérateurs des pays en voie de développement.

Dans de nombreux pays la privatisation s'est déroulée sous la forme d'une privatisation partielle avec partenaire stratégique. L'expérience montre que beaucoup d'opérateurs africains privatisés sous cette forme ont rencontré certains problèmes. Le problème principal commun à tous les opérateurs est le non respect des cahiers des charges. Par conséquent les services publics ne sont pas assurés. Dans cette situation le désengagement de l'état est notable dans la mesure où il a confié le fonctionnement des services publics à des organisations qui se ne se soucient que de la maximisation du profit au détriment des populations locales. Qu'en est-il du pouvoir de négociation de l'état ? L'état a donc était dépouillé de son pouvoir de décision pour le bon fonctionnement des services. Il se trouve alors dans une situation où il est incapable de d'assurer lui-même ou de faire assurer le fonctionnement des services minimum. Le contrat de gestion échappe à son contrôle du fait de l'absence de transparence dans la gestion. Dans cette situation d'insécurité, dans la mesure où l'état ne décide plus ou presque du fonctionnement d'une partie des services publics, la sécurité nationale est mise en cause. Dans la plupart des pays de l'Afrique Subsaharienne, les services de bases sont peu ou pas assurés ; moins d'un téléphone pour cent habitants n'est pas rare dans certains pays. L'objectif principal de la privatisation devrait être de garantir le service minimum public. Les pays de cette région restent donc confrontés à un énorme problème d'investissement pour garantir le service minimum. Or les partenaires stratégiques préfèrent mettre l'accent sur les services les plus rentables et donc pas sur les services de base. Ainsi dans la sous région on peut noter quelques cas de figure. Pour le cas de la Guinée et du Ghana, le partenaire stratégique avait exigé et obtenu 50% du capital des opérateurs historiques dans ces pays. Les conséquences sont aujourd'hui alarmantes. Tandis que TELENOR a été appelé pour secourir le Ghana, la Guinée elle est toujours confrontée à des problèmes de réseau. En Côte d'Ivoire la couverture du territoire pose un problème à France Télécom, partenaire stratégique. Pourtant la couverture du territoire national était bien dans les cahiers des charges. L'on peut se poser la question de savoir comment une multinationale comme France Télécom peut trébucher à couvrir un

territoire aussi réduit que celle de la Côte d'Ivoire ? Et bien la réponse est simple et trouve être un problème d'investissement donc je parlais plus haut. Le simple fait de couvrir le territoire n'est pas assez rentable pour France Télécom ce qui explique sa préférence d'investir sur d'autres services jugés plus rentables : Services aux entreprises privées et particuliers. Le cas du Sénégal reste exceptionnel et un peu particulier. La privatisation de la SONATEL est qualifiée de succès. Mais il serait

prudent d'aller chercher les raisons de cette réussite. Elle n'est pas en réalité due au partenaire stratégique mais à un ensemble de dispositions qui avaient été prises par le Gouvernement sénégalais et les responsables

de la SONATEL. Qu'est-ce qu'ils ont fait en réalité ? Depuis 1994 le gouvernement et les responsables ont mis en place des exonérations sur les importations des équipements de télécommunications. En outre, le paiement des factures dues à la société est régulier et les bénéfices ont été réinvestis. Il s'agit donc là d'un effort et d'une volonté à faire avancer les choses et cela appuiera nécessairement sur l'élaboration d'un plan de développement des télécommunications. Il faut néanmoins noter que France Télécom a quand même appuyé sur les plans nationaux.

Au Niger, encore une défaillance sur le respect des cahiers des charges est parvenue. DATAPORT, partenaire stratégique peine à développer

l'infrastructure nationale conformément aux cahiers des charges. Les cahiers des charges ont été respectés à seulement 6%. Le mécontentement de la population s'ensuit mais des solutions correctrices tardent à venir. Certains vont même jusqu'à dénoncer la transaction et réclament le retrait des licences qui ont été accordées à DATAPORT.

Au vu de toutes ces expériences, on ne peut pas s'empêcher de remettre en cause le choix du partenaire stratégique mais également le pouvoir de négociation des gouvernements des pays africains.

Remise en cause du choix du partenaire stratégique

La méthode pour le choix du partenaire stratégique qui s'agit de faire recours à la voix d'appel d'offres devrait être abandonnée et remplacer par une méthode qui consiste à confronter les opérateurs historiques avec d'autres opérateurs ciblés. Cette méthode de recrutement de gré à gré d'un

partenaire stratégique permettrait une meilleure transparence dans la négociation et donc une négociation gagnant-gagnant où les contrats seront exécutés de bon gré, les cahiers de charges respectés.

2. Dépendance économique ou perte d'identité

Le label orange s'est imposé dans la sous-région subsaharienne, cette uniformisation des marques du groupe est-il comparable à une perte d'identité des marques locales ? Par l'intermédiaire de sa filiale Sonatel, France Télécom s'impose dans la région ouest africaine. Le label Orange qui a remplacé toutes les marques commerciales de la Sonatel depuis novembre 2006 s'impose désormais comme une marque régionale. Elle est présente dans neuf pays de la région à savoir la Guinée Bissau, le Mali, la Guinée, le Botswana, la Côte d'Ivoire, la Guinée équatoriale, le Madagascar, le Cameroun et bien évidemment le Sénégal. Ce déploiement de la Sonatel en Afrique peut être considéré par certains comme caractéristique de la naissance d'un nouvel opérateur régional. Mais soyez prudent car si on y voit de plus prés et avec plus de recul, l'on constate que ce phénomène n'est rien d'autre que le reflet du

renforcement de la présence étrangère dans les télécommunications ouest africaines. En effet, France Télécoms détient 42, 33% du capital de la Sonatel. Ceci est le résultat direct de la privatisation des opérateurs publics ce qui a entraîné l'ouvert à la concurrence du marché de la téléphonie mobile en Afrique. Cette ouverture à la concurrence internationale a livré le secteur aux multinationales, surtout européennes au moment tous les pays et surtout riches essayent de protéger leurs secteurs d'activités les plus rentables et fragiles à la concurrence internationale. Cette situation témoigne d'une double dénationalisation. D'une part des entreprises privées à l'image des multinationales européennes remplacent les opérateurs publics africains qui étaient censés être les garants du service minimum pour tous les citoyens. Ce qui laisse voir clairement le désengagement de l'état qui laisse ses citoyens être servis par des entreprises étrangères qui privilégient la maximisation du profit au détriment du développement réel des télécommunications dans la région. D'autre part, les entreprises africaines perdent lamentablement leur identité au moment où elles devraient privilégier la protection de leur

identité pour survivre. Cette perte d'identité aura bien des conséquences qui peuvent être fâcheuses aussi bien pour les entreprises, les hommes qui les dirigent et bien entendu sur le management de l'entreprise africaine. En outre, la plus lourde conséquence est d'ordre économique dans la mesure où cette perte d'identité va favoriser la dépendance économique de l'Afrique qui est déjà marquée en ce moment. L'exemple le plus patent est la substitution des marques commerciales de la Sonatel par le label Orange. Ces marques locales qui avaient été conçues selon des critères culturels et pour une population spécifique se trouvent être remplacées par des marques étrangères. Mais les principaux responsables sont les dirigeants africains. A l'heure où tous les dirigeants des autres régions du monde mettent à l'ordre du jour la protection des économies nationales ou régionales, ils se permettent eux d'opter pour la facilité en confiant la gestion publique à des sociétés étrangères. Ils appliquent naïvement les recettes libérales que leur ont inculqué les institutions de Bretton Woods en acceptant, sans contrepartie, de soumettre leurs économies aux règles du libéralisme. Pourtant les puissances qui en sont les portes drapeau, à l'image des européens et des américains, se gardent bien d'appliquer sur leurs propres marchés. Dans une situation pareille, on ne peut pas s'empêcher de s'interroger sur l'avenir de l'Afrique en tant que puissance économique indépendante.

PARTIE 2: QUELLES STRATEGIES LES ENTREPRISES OUEST AFRICAINES POURRAIENT-ELLES ADOPTER POUR TIRER PROFIT DU SECTEUR DES TELECOMMUNICATIONS?

Face à cette situation où le développement des télécommunications et la dépendance économique s'entremêlent et qu'il est difficile de faire la part des choses, il revient aux dirigeants des opérateurs africains et aux gouvernements africains de repenser la privatisation afin d'adopter des stratégies qui leur permettent de tirer profit du développement du secteur des télécommunications. L'adoption de ces stratégies passe par la mise en place de solutions alternatives ou parallèles à la privatisation des télécommunications.

I. Solutions alternatives ou parallèles aux privatisations : repenser les privatisations

Faut-il toujours privatiser de la même façon en adoptant les mêmes stratégies ? Les stratégies de privatisations peuvent belle et bien être changées ou adaptées à la situation économique et aux besoins actuels et primordiaux de l'Afrique. Il est dons temps pour définir une nouvelle stratégie de privatisation qui consisterait à remettre en cause le processus actuel et penser à le remplacer. Pourquoi se cantonner à une seule stratégie si elle ne permet pas de fournir les résultats escomptés ? Se seraient refuser le changement pour s'ouvrir à de nouvelles perspectives, ce qui est contraires aux réalités du monde actuel. Reprendre l'intégralité du processus revient donc à définir une nouvelle stratégie, cherche d'autres modes de financement mais aussi redéfinir la durée de mise en oeuvre. Plus de deux ans comme c'est le cas de CAMTEL au Cameroun. Renforcer le rôle de négociation de l'état et son pouvoir de décision. Une première étape de la mise en place de nouvelles stratégies serait une remise en cause des modes de financement actuels

1. Remise en cause des modes de financement actuels

L'Afrique doit repenser les modes de financement des infrastructures de télécommunications pour un réseau africain fiable et indépendant. Pour cela il va falloir mettre en cause les modes de financement actuels. Les organismes financiers internationaux comme la FMI et la Banque Mondiale, pour financer les projets de financement des

télécommunications africaines leur imposent des conditionnalités qui ne font que alourdir la dette des pays africains et augmenter leur dépendance financière envers les pays du Nord. Il est alors temps de mettre fin à ces modes de financement et s'interroger sur l'utilité de fonds existants comme World Tel de l'UIT, les fonds de solidarité comme le fonds Nelson Mandela et le fonds de solidarité numérique. Les dirigeants doivent négocier avec les banques locales comme la banque africaine de développement (BAD), ou la banque arabe pour le développement économique de l'Afrique (BADEA) pour la mise en place une coopération permettant de générer des moyens de financements. Repenser les financements actuels consiste également à éviter les opérations qui font perdre à l'Afrique des sommes d'argent colossales. Le système du «call-back» fait perdre aux opérateurs africains énormément d'argent. La somme est estimée à plus de cinq cent (500) millions de dollars par années. Imaginez que cette somme serait réinvestie dans les télécommunications africaines pour le développement des réseaux africains. Au bout de quelques années, cela pourrait avoir un impact positif et remarquable sur toute l'économie africaine. L'Afrique doit également procéder à des négociations avec les pays du Nord pour prendre des mesures consistant à rétablir la répartition des taxes dans les communications internationales à 50/50 comme avant la réforme de 1998. Notons que cette réforme a été décidé unilatéralement par les Etats-Unis pour rompre avec l'ancien système de réparation des taxes correspondant au coût des appels téléphoniques internationales. Cet accord international, en vigueur depuis plus d'un siècle proposait la répartition équitable de la taxe entre l'émetteur et le récepteur. La raison évoquée par les Etats-Unis pour réviser la taxe de répartition était « le déséquilibre croissant entre le trafic sortant et le trafic entrant aux Etats-Unis qui aurait engendré pour les opérateurs américains un déficit de plus de six milliards de dollars par

an ». Pourtant, une bonne partie de ce déficit était provoquée par les pratiques des opérateurs eux-mêmes qui proposaient aux abonnés du monde entier des solutions illégales dans la plupart des pays, le call back ainsi que le routage (passage de la communication par un pays tiers aux tarifs plus compétitifs. (Quéauh Ph 1999). Si la répartition équitable de la taxe de répartition fait perdre aux opérateurs américains plus de six milliards de dollars par année, elle rapporterait à l'Afrique de deux à cinq milliards de dollars par année selon les experts économiques. Donc les pays sous-développés compensent la perte des pays développés. C'est vraiment la jungle ! Mais cela ne doit pas pousser les gouvernements africains à baisser les bras. Ils doivent aller de l'avant, essayer de négocier, de faire pression sur les autres au lieu de subir la pression tout le temps. C'est vrai que les pays développés ont plus de pouvoir de négociation que les pays africains, mais cela ne constitue pas une raison pour avoir peur de négocier en défendant ses intérêts. Ils ne doivent pas non plus accepter des conditions à leur défaveur même si cela leur fait perdre certains avantages sur le court terme. Tout ou presque se joue sur le long terme dans ce monde de plus en plus globalisé. L'Afrique doit tout faire pour mettre fin à la dépendance technique dans les télécommunications afin de pouvoir gérer elle-même le trafic intraafricain actuellement assuré à l'extérieur du continent et qui coûte aux opérateurs africains plus de quatre cents (400 millions de dollars) par an selon l'UIT.

Il existe bien alors des moyens pour développer les télécommunications africaines en évitant la dépendance. Le chemin sera long mais ne faudrait- il pas se donner la peine de le parcourir car il en vaut la peine.

2. Des regroupements régionaux pour une intégration régionale réussie

Etant donné la taille des entreprises africaines, l'intégration régionale devient nécessaire pour donner plus de force aux opérateurs africains. Des regroupements régionaux permettraient aux opérateurs africains d'avoir plus de force pour affronter la concurrence internationale.

Le déploiement des multinationales européennes de télécommunications sur le territoire africain donne naissance à l'expansion de certains

opérateurs africains sur le continent à l'image de SONATEL du Sénégal qui étend sa présence en Afrique de l'Ouest. Elle a acquis des licences d'exploitation au Mali (en 2002), au Guinée Bissau et en Guinée, plus récemment en 2007. Mais cette expansion n'est rien d'autre que celle de France Télécom en Afrique de l'ouest d'autant plus qu'elle détient plus de 40% du capital de la SONTEL et prend en main le contrôle de l'entreprise en décidant de la direction vers laquelle la SONATEL doit s'orientée. Après la naissance de Orange au Sénégal, Orange Bissau et Orange Guinée ont vu le jour. En Guinée Bissau, SONATEL a obtenu trois licences mobile pour une durée de dix ans renouvelable. En Guinée, elle détient une licence mobile pour une durée de quinze ans renouvelable. Contrairement à ce que certains pourraient penser, l'expansion des opérateurs africains sur le continent, sous le contrôle des sociétés mères profite plus aux multinationales qu'aux entreprises africaines dans la mesure où se sont eux qui décident de l'orientation de l'entreprise en définissant les politiques stratégiques du groupe, à leur profit. Des regroupements régionaux permettraient de renverser la tendance et faire profiter les opérateurs africains au développement des

télécommunications en premiers. Certes, certains opérateurs profitent du développement des télécommunications mais ce n'est pas le cas pour la majeure partie des opérateurs africains. A quand l'intégration régionale par la fusion entre opérateurs africains ? Les gouvernements africains devraient pencher sur la question et prendre les choses en main pour favoriser l'indépendance économique et technique de tout le continent. Si les opérateurs africains les plus prometteurs prenaient le contrôle des opérateurs qui peinent à décoller, cela favoriserait le développement plus rapide des télécommunications sur l'ensemble du continent. Tout le monde en profiterait car tous les bénéfices pourront être réinvestis dans le continent. Le développement des réseaux africains pourrait en découlait, ce qui réduirait la dépendance technique de l'extérieur. Cela pourrait également dégager une rentabilité financière conséquente pour assurer les conditions de financements des investissements d'autant plus que le marché est structurellement petit et qu'il doit être partagé entre plusieurs opérateurs. Les opérateurs des pays les pauvres comme le Mali, la Guinée

Bissau, la Guinée, et autres n'ont pas la taille critique pour se développer et confronter la concurrence internationale. Les regroupements régionaux permettraient la naissance de multinationales africaines suffisamment grandes et financièrement solides pour affronter la concurrence internationale et réduire la dépendance vis-à-vis des fournisseurs. Notons qu'en Afrique le marché des télécommunications restent encore mal structuré. L'intégration régionale permettrait la structuration du marché pour fédérer les sous-régions. L'intégration régionale passe également par la constitution de véritables réseaux sous-régionaux par l'intermédiaire d'un réseau d'interconnexion panafricain. A ce niveau le « Panaftel2 » a été mis en place. Il a eu un certain succès mais il a été mal entretenu, ce qui a réduit son efficacité. Les réseaux africains ont donc besoin de synergie pour être plus efficacité.

3. La synergie entre les réseaux africains

Rappelons que l'Afrique souffre d'un manque d'infrastructures incomparable. Des infrastructures de réseaux de télécommunications fiables sont absentes. A l'échelle nationale plus de 70 % des pays souffrent de l'absence d'un réseau de télécommunications fiable. A l'échelle sous-régionale il existe un semi abandon des réseaux. A L'échelle régionale et continentale le Panaftel (Réseau panafricain de télécommunications), basé sur la technologie est abandonné sur une grande partie. En outre, les segments de réseaux existants sont pour une grande partie obsolètes, multitechnologiques. Leur capacité à connecter la région est très réduite.

Sur le plan juridique, les pays africains doivent également faire un effort pour une réglementation harmonieuse.

3. Harmoniser de la réglementation

Le marché africain des télécommunications nécessite une harmonisation réglementaire pour favoriser l'émergence d'un environnement réglementaire des télécommunications en Afrique. Un environnement

réglementaire harmonieux permettrait aux télécommunications africaines de se développer en phase avec les progrès rapides des nouvelles technologies de l'information et de la communication et favorisant l'interconnexion et la globalisation des marché africains de télécommunications. L'harmonisation réglementaire devient alors une priorité pour le développement des télécommunications africaines. Notons qu'en Afrique il reste beaucoup à faire pour l'unification du droit afin de mettre en place un environnement stable et un cadre réglementaire propice, seuls gages pour attirer les investissements étrangers. Des initiatives ont été prises ç ce niveau comme la réforme OHADA, mais les choses avancent lentement.

Mettre en place et entretenir un réseau nécessite une main d'Ïuvre qualifiée, ce qui manque à l'Afrique surtout dans les domaines techniques comme celui des télécommunications. L'Afrique doit donc investir sur le capital humain afin de pouvoir s'approvisionner elle-même en main d'Ïuvre qualifiée capable d'assurer la gestion du réseau africain.

II. Investir sur le capital humain

Une main d'Ïuvre qualifiée constitue un facteur de développement important. Pour maîtriser le développement des télécommunications, l'Afrique a besoin de main d'Ïuvre qualifiée afin de réduire les dépendances que ce soit économique ou technique. Cet investissement sur le capital humain passe d'abord par une sensibilisation de la population de l'importance de l'éducation. L'état doit donc investir abondamment sur l'éducation et favoriser le développement des nouvelles technologies.

1. Privilégier la main d'Ïuvre locale

L'Afrique est en carence de main d'Ïuvre qualifiée pour prendre en main son développement et libérer le continent de ses dépendances de l'extérieur. Tant que le continent noir comptera sur la main d'Ïuvre étrangère qualifiée pour développer les secteurs nécessitant des formations spécifiques, son dépendance de l'extérieur perdurera et le développement des ses secteurs profitera plus à ceux qui ont oeuvré pour ça. La faiblesse des réseaux africains est certes due en partie à une insuffisance d'investissement, mais également à un manque alarmant de

main d'Ïuvre africaine qualifiée capable de prendre entièrement la gestion des réseaux. Ce manque de main d'Ïuvre est le résultat de la faiblesse du système d'éducation mais aussi et surtout de « l'exode du capital humain » vers les pays développés. Ce phénomène communément appelé « fuite des cerveaux» fait partie des facteurs de sous développement de l'Afrique. La fuite des cerveaux est définie comme étant le mouvement du personnel qualifié d'un pays vers un autre. En effet, il se trouve que le sens du mouvement est en général des pays du Sud vers les pays du Nord. Les pays du Sud en souffrent énormément et font souvent appel aux pays du Nord pour leur soutenir presque dans tous les domaines que ce soit économique, technique ou « intellectuel ». Le paradoxe de ce phénomène est que les pays du Sud ont plus besoin de main d'Ïuvre que ceux du Nord. Quelles sont alors les raisons pour lesquelles les intellectuels des pays sous-développés veulent déserter leurs pays pour aller servir d'autres pays ? Les organismes internationaux tels que le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale, l'Organisation Internationale des Migrations, la Commission Economique de l'Afrique et les agences des Nations Unis travaillent pour connaître les causes profondes de l'exode du capital humain de l'Afrique. Le résultat de leurs travaux révèle des chiffres qui en disent beaucoup sur la situation inquiétante et qui mérite réflexion. Un expert de l'Organisation Internationale des Migrations déclare que plus de 23 000 universitaires et 50 000 cadres supérieurs et intermédiaires quittent l'Afrique chaque année à destination des pays du Nord. En plus de 40 000 doctorants africains vivent en dehors de l'Afrique. Des enquêtes ont révélé des chiffres effarants et inquiétants. D'après ces enquêtes les médecins sierra léonais qui travaillent à Chicago, aux Etats-Unis sont plus nombreux que ceux restés au pays. Alors imaginez-vous les répercussions sur la santé des populations de ce pays. Le Bénin où les soins médicaux restent encore un luxe accessible seulement à la population aisée, fournit au système médical français plus de professionnels que le pays en possède dans ses services de santé. Ce problème de la fuite des cerveaux est clair d'autant plus qu'il appauvrit l'Afrique. L'expert de l'organisation Internationale des Migrations a indiqué que l'Afrique « subventionne » les pays

développés à hauteur de 500 millions de dollars par an, en termes d'investissements dans les ressources humaines qui finissent dans ces parties les plus développées de la planète. Ce problème mérite une recherche de solution rapide. Le renversement de la tendance de la fuite des cerveaux à celui de « gain de cerveaux » pour parler comme le scientifique américano-nigérian Philip Emeagwali constitue le défi qui interpelle l'Afrique et ses partenaires. Les causes de ce départ sont de toute évidence un manque de sécurité de trouver un travail après de longues études ou bien le travail correspondant à ses attentes. Pourtant il existe une main d'Ïuvre étrangère qui trouve en Afrique ce que les Africains vont chercher dans les pays développés. Selon les estimations de la Banque Mondiale, pour une année donnée quelque 70 000 travailleurs Africains qualifiés émigrent aux Etats-Unis et en Europe à la recherche d'emplois et de salaires décents. Ces travailleurs qualifiés qui désertent l'Afrique sont remplacés par quelques 100 000 travailleurs étrangers venant des pays développés. Ils sont payés à des salaires supérieurs à la moyenne européenne. Notons que le salaire moyen européen permet de vivre décemment en Afrique vu le niveau moins élevé que celui d'Europe. Il est alors évident qu'il manque en Afrique des politiques de promotion de l'emploi. Des mesures d'incitations visant à attirer les Africains vers ces opportunités d'emploi offerts aux candidats occidentaux. Pourtant au moment du recrutement il y a des candidats africains restés au bercail et qui ont la même compétence. L'absence d'un facteur d'attraction qui empêcherait les africains d'aller chercher du travail est apparente. Le défit des gouvernements africains est alors de favoriser la création et la promotion de l'emploi. Comme l'a suggéré M. Emeagwali lors de la conférence panafricaine sur la fuite des cerveaux organisée le 24 octobre 2003 à Illinois, aux Etats-Unis « une combinaison de mesures, dont la création d'emplois high-tech, l'exploitation des ressources humaines de la diaspora africaine, le prélèvement de taxes sur l'immigration à payer par les pays hôtes et la création d'une large classe intellectuelle moyenne pour réduire les conditions qui mènent aux guerres civiles et à la corruption, pourraient empêcher le développement syndrome de la fuite des cerveaux ». Toujours dans le discours prononcé

par M. Emeagwali, il préconise qu'une démarche fondamentale pour l'Afrique pourrait être de profiter, à travers la création d'environ un million d'emplois high-tech sur le continent, du marché de 3,3 millions d'emplois dont le département américain du Travail prévoit la perte au profit des pays en voie de développement, à l'horizon 2015. Parmi les emplois high-tech figurent les centres d'appels, le service client et les services d'assistance et tous les moyens possibles et loyales d'attirer les travailleurs africains vivants à l'étranger. Cela commence par la promotion de l'emploi auprès des étudiants africains faisant leurs études à l'étranger. Si les pays riches font la promotion de l'emploi pour attirer les travailleurs qualifiés, les pays africains devraient s'engager dans la bataille de promotion de l'emploi. Même les pays développés font tous pour attirer les travailleurs qualifiés à l'image du Canada, du Royaume, de la Nouvelle Zealand et la France ave la politique de l'immigration choisie.

Les pays africains devraient commencer, pour la promotion de l'emploi, par trouver les principales causes de ces départs. Certaines causes sont plus évidentes que d'autres mais il est important de les prendre toutes au sérieux. Pourquoi les africains ne veulent pas rester chez eux et oeuvrer pour le développement de leur continent ? Parce que l'Afrique est moins développée que les autres régions du monde. Telle est la réponse qu'on serait tenter de donner à première abord. C'est évident. Mais il faut creuser pour trouver les causes profondes pour mieux apporter les solutions adaptées. Le facteur économique est la cause principale mais il existe bien d'autres causes comme l'interaction complexe des forces économiques, politiques, sociales, culturelles, linguistiques et religieuses. Les gens partent de chez eux pour aller chercher ailleurs ce qui les manque chez eux ou pour fuir un mauvais confort chez eux. Des conditions intérieures défavorables telles que la capacité éducative insuffisante, les bas niveaux de salaires, les limitations de la technologie, une mauvaise adéquation de la formation et de l'emploi et l'incertitude du lendemain, le malaise politique, les conflits armées, l'absence de politiques de main d'Ïuvre réalistes et l'instabilité économique poussent les gens hors de leurs pays d'origine. Dans certains pays africains les gens

sont confrontés à une instabilité politique à cause des guerres. Cesser le feu devient nécessaire pour empêcher les gens de partir. Ils sont donc attirés par les pays où ils espèrent vivre paisiblement et trouver du travail. Dans une perspective, la motivation fondamentale pour la migration est l'espoir d'un gain net. Les écarts de salaires constituent un facteur d'attraction vers d'autres pays et donc des pays du Sud vers les pays du Nord. Il faut quand même noter que les écarts de salaires n'attirent pas tous les travailleurs. Ils préféreraient avoir la sécurité d'avoir un travail. Face à ce phénomène de la fuite des cerveaux, les gouvernements africains ont les responsabilités de prendre des mesures qui vont ralentir à court terme et freiner à long terme les mouvements migratoires vers les pays du Nord. Ils doivent adopter des politiques et des options stratégiques pour gérer les flux migratoires vers les pays développés. Cette diaspora africaine pourrait contribuer au développement de l'Afrique.

2. Promotion du retour des migrants africains

La priorité doit être donnée à la promotion du retour des migrants à leur pays d'origine en prenant des initiatives pour ressourcer les expatriés par l'accroissement des communications, le transfert des connaissances et des fonds, ainsi que les investissements. L'Afrique doit procéder à l'exploitation de sa Diaspora. Les communications pourraient se faire en organisant des débats, des conférences, des colloques et des forums, sur la fuite des cerveaux dans les pays d'accueil des migrants. Ces conférences pourraient être animées par les cadres africains qui travaillent en Afrique pour montrer la possibilité de trouver un travail décent en Afrique. Il faut surtout éviter de venir leur parler de politique en essayant de montrer l'exemple de ceux qui ont « réussi » par la politique et occupé des postes purement politiques ne correspondant pas à leur compétence ni à leur mérite. Les états africains peuvent également mettre en place des politiques réparatrices qui consistent à négocier avec les pays d'accueil un remboursement pour compenser les perte en capital humain, ou tout simplement imposer les émigrer directement. Ils peuvent également imposer un quota sur leurs effectifs aux entreprises des pays développés

implantés Afrique. C'est-à-dire qu'un certain pourcentage de leur personnel sera composé de travailleurs africains.

Pour avoir à leur disposition la main d'oeuvre nécessaire pour prendre en main le développement, les pays africains doivent investir dans le capital humain en favorisant l'éducation et les formations valorisantes à valeur ajoutée. Ils doivent inciter les travailleurs africains qualifiés de retourner au bercail. Pour cela des politiques de retour doivent être mises en place afin de faciliter le retour. Les politiques de retour sont des opérations qui visent le long terme. Mais il faut qu'il y ait d'abord un minimum d'offres d'emplois disponibles et accessibles aux candidats. Dans cette perspective les secteurs créateurs d'emplois doivent être favorisés.

CONCLUSION

La libéralisation du secteur des télécommunications a permis l'ouverture du secteur des télécommunications à la concurrence. Cela a donc permis aux multinationales européennes d'étendre leur présence en Afrique à la recherche du profit. La conséquence immédiate est la naissance de filiales africaines pour les multinationales européennes. Ces filiales servent de relais aux multinationales pour l'exécution de leurs stratégies en Afrique. La présence des multinationales sur le continent africain a favorisé le développement des télécommunications africaines en quelque sorte. On assiste à un boom de la téléphonie mobile, les territoires sont loin d'être entièrement raccordés au fixe ce qui rend difficile utilisation du mobile dans les zones non couvertes notamment les zones rurales. Le développement se traduit par l'évolution de la télé-densité engendrée essentiellement par l'évolution de la téléphonie mobile. Cependant les fixes sont en danger car les gens préfèrent avoir un mobile du fait de l'accès plus facile.

A côté des conséquences positives, ils existe des conséquences négatives comme la « dépendance technologique » de l'Afrique envers les pays du Nord. La dépendance, elle est également économique dans la mesure où le développement des télécommunications est entre les mains des

multinationales, l'existence des opérateurs africains n'étant que apparente puisqu'ils sont ou vont devenir des filiales des multinationales. L'heure est alors au renversement de la tendance en essayant de profiter du statut de filiale puis qu'il offre des avantages moyennement exploités par les filiales. Mais le renversement de la tendance est entièrement de la responsabilité des gouvernements africains qui doivent investir sur le capital humain afin de mettre fin à la fuite des cerveaux. Ainsi, les dépendances de l'Afrique envers les pays développés vont diminuer et l'Afrique pourra profiter de l'essor du secteur des télécommunications. Puisque que le développement des télécommunications africaines dépend pour une grande partie des multinationales européennes, on serait tenter

de se poser la question de savoir est-ce que le développement des télécommunications africaines profite t-il à l'Afrique?

BIBLIOGRAPHIE

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Jeune Afrique, ETAT DE L'AFRIQUE 2007-Avril 2007

Annexe 1: Les télécommunications dans l'économie nationale du Sénégal

ANNEXES

Source: site web du gouvernement du Sénégal

Annexe 2 : télédensité pour le téléphone dans le monde-fracture numérique

Annexe 3: La montée du téléphone mobile en Afrique entre 1994 et 2004

Annexe 4 : taux de pénétration du téléphone fixe en Afrique entre 1995 et 2004

Annexe 5 : télé-densité pour le téléphone portable dans le monde-fracture numérique

Annexe 6 : nombre d'internautes dans le monde-fracture numérique

Provisional. Updated 01.04.2004.

Source: Telecommunication Development Bureau (BDT), International Telecommunication Union (ITU).

Annexe 7: Prévisions du développement des télécommunications en Afrique

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Updated : 2007-08-29

Annexe 8: Indicateurs des TIC en Afrique, 2006

Population

Main telephone lines

Mobile subscribers

Internet users

 
 

000s

000s

p. 100

000s

p. 100

000s

p. 100

Algeria

33'354

2'841.3

8.52

20'998.0

62.95

2'460.0

7.38

Egypt

75'437

10'807.7

14.33

18'001.1

23.86

6'000.0

7.95

Libya

5'968

483.0

8.09

3'927.6

65.81

232.0

3.96

Morocco

30'735

1'266.1

4.12

16'004.7

52.07

6'100.0

19.85

Tunisia

10'210

1'268.5

12.42

7'339.1

71.88

1'294.9

12.68

North Africa

155'704

16'666.60

10.70

66'270.50

42.56

16'086.9

10.34

South Africa

47'594

4'729.0

9.97

33'960.0

71.6

5'100.0

10.75

South Africa

47'594

4'729.00

9.97

33'960.00

71.6

5'100.00

10.75

Angola

15'802

98.2

0.62

2'264.2

14.33

85.0

0.55

Benin

8'703

76.3

1.02

750.0

10.0

700.0

8.04

Botswana

1'760

137.0

7.78

979.8

55.67

60.0

3.40

Burkina Faso

13'634

94.8

0.70

1'016.6

7.46

80.0

0.59

Burundi

7'834

31.1

0.41

153.0

2.03

60.0

0.77

Cameroon

16'601

100.3

0.61

2'252.5

13.80

370.0

2.23

Cape Verde

519

71.6

13.80

108.9

20.99

29.0

6.09

Central African Rep.

4'093

10.0

0.25

100.0

2.48

13.0

0.32

Chad

10'032

13.0

0.13

466.1

4.65

60.0

0.60

Comoros

819

16.9

2.12

16.1

2.01

21.0

2.56

Congo

4'117

15.9

0.40

490.0

12.25

70.0

1.70

Côte d'Ivoire

18'454

260.9

1.41

4'065.4

22.03

300.0

1.63

D.R. Congo

59'320

10.6

0.02

2'746.0

4.77

180.0

0.30

Djibouti

807

10.8

1.56

44.1

6.37

11.0

1.36

Equatorial Guinea

515

10.0

1.99

96.9

19.26

8.0

1.55

Eritrea

4'560

37.5

0.82

62.0

1.36

100.0

2.19

Ethiopia

79'289

725.1

0.91

866.70

1.09

164.0

0.21

Gabon

1'406

36.5

2.60

764.7

54.39

81.0

5.76

Gambia

1'556

52.9

3.40

404.3

25.99

58.0

3.82

Ghana

22'556

356.4

1.58

5'207.2

23.09

609.8

2.70

Guinea

9'603

26.3

0.33

189.0

2.36

50.0

0.52

Guinea-Bissau

1'634

10.2

0.76

95.0

7.10

37.0

2.26

Kenya

35'106

293.4

0.84

6'484.8

18.47

2'770.3

7.89

Lesotho

1'791

48.0

2.67

249.8

13.92

51.5

2.87

Liberia

3'356

...

...

160.0

4.87

-

...

Madagascar

19'105

129.8

0.68

1'045.9

5.47

110.0

0.58

Malawi

13'166

102.7

0.80

429.3

3.33

59.7

0.45

Mali

13'918

75.0

0.66

869.6

7.66

70.0

0.50

Mauritania

3'158

34.9

1.11

1'060.1

33.57

100.0

3.17

Mauritius

1'256

357.3

28.45

722.4

61.50

182.0

14.49

Mayotte

170

...

...

48.1

28.80

-

...

Mozambique

20'158

67.0

0.33

2'339.3

11.60

178.0

0.90

Namibia

2'052

138.9

6.84

495.0

24.37

80.6

3.97

Niger

14'426

24.0

0.17

323.9

2.32

40.0

0.28

Nigeria

134'375

1'688.0

1.26

32'322.2

24.05

8'000.0

5.95

Réunion

797

...

...

579.2

75.51

220.0

27.99

Rwanda

9'230

22.0

0.24

290.0

3.21

65.0

0.70

S. Tomé & Principe

160

7.4

4.73

12.0

7.67

23.0

14.69

Senegal

11'936

282.6

2.37

2'982.6

24.50

650.0

5.45

Seychelles

81

20.7

25.40

70.3

86.50

29.0

35.67

Sierra Leone

5'678

...

...

113.2

2.21

10.0

0.19

Somalia

8'496

100.0

1.22

500.0

6.08

94.0

1.11

Sudan

36'993

636.9

1.72

4'683.1

12.66

3'500.0

9.46

Swaziland

1'029

44.0

4.28

250.0

24.30

41.6

4.03

Tanzania

39'025

147.9

0.38

6'240.8

15.99

384.3

1.00

Togo

6'306

82.1

1.30

708.0

11.23

320.0

5.07

Uganda

29'856

108.1

0.36

2008.8

6.73

750.0

2.51

Zambia

11'861

94.7

0.81

949.6

8.14

334.8

2.87

Zimbabwe

13'085

331.7

2.53

832.5

6.36

1'220.0

9.32

Sub-Saharan

720'180

7'038.9

1.01

89'845.9

12.75

22'137.9

3.10

AFRICA

923'480

28'434.5

3.15

190'076.2

20.94

43'324.9

4.72

Year end 2006 provisional estimates. Updated: 11.07.2007

Source: Telecommunication Development Bureau (BDT), International Telecommunication Union (ITU).

Annexe 9 : Concurrence et régulation dans les télécommunications

source : UIT

TABLES DES MATIERES Pages

Sommaire 5

Introduction 6

Partie 1: La réforme des Télécommunications en Afrique de l'Ouest 11

III. L'impact de la réforme des Télécommunications en Afrique de l'Ouest 14

1. Déréglementation, privatisation et libéralisation 18

2. Etat des lieux des privatisations en Afrique de l'Ouest 24

3. L'exemple du Sénégal, une privatisation réussie ? 31

IV. Néocolonialisme ou ouverture mal maîtrisée à l'international ? 33

1. La partie africaine, un partenaire à part entière ou un simple suiveur dans la négociation ? 40

2. Dépendance économique ou perte d'identité 43

Partie 2 : Quelles stratégies les entreprises ouest africaines pourraient-elles adopter pour tirer profit du secteur des Télécommunications ? 45

III. Solutions alternatives ou parallèles aux privatisations 45

1. Remise en cause des financements actuels 46

2. Des regroupements régionaux pour une intégration régionale réussie48

3. La synergie entre les réseaux africains 49

4. Harmonisation réglementaire 50

IV. Investir sur le capital humain 51

1. Privilégier la main d'Ïuvre locale 51

2. Promouvoir le retour des migrants africains 55

Conclusion 57 Bibliographie 59 Annexes 60

Table des matières 71






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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore