Université Blaise Pascal
IUP de Commerce International de
Clermont-Ferrand
MEMOIRE DE MASTER 1
ANNEE UNIVERSITAIRE 2006/2007 ETUDIANT: Cheikh
Mbengue
DIRECTEUR DE MEMOIRE: Mme Brassier
COMMENT LES OPERATEURS OUEST AFRICAINS DE
TELECOMMUNICATIONS POURRAIENT-ILS MODIFIER LEUR STATUT DE FILIALES DES
MULTINATIONALES EUROPEENNES POUR REDUIRE LEUR DEPENDANCE ET MIEUX PROFITER DE
LA REFORME DES TELECOMMUNICATIONS?
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont
contribué à la réalisation de ce travail. Je remercie mon
directeur de mémoire Mme Brassier, tout d'abord, pour avoir
accepté d'être le directeur mais également son soutien pour
la rédaction du mémoire. Je remercie également mon
père pour ses encouragements et son soutien.
SOMMAIRE
Partie 1 : La réforme des Télécommunications
en Afrique de l'Ouest
I. L'impact de la réforme des
Télécommunications en Afrique de l'Ouest
1. Dérèglement, privatisation et
libéralisation
2. Etat des lieux des privatisations en Afrique de l'Ouest
3. L'exemple du Sénégal, une privatisation
réussie?
II. Néocolonialisme ou ouverture mal
maîtrisée à l'international?
1. La partie africaine, un partenaire à part
entière ou un simple suiveur dans la négociation
2. Dépendance économique ou perte
d'identité
Partie 2 : Quelles stratégies les entreprises ouest
africaines pourraient-elles adopter pour tirer profit du secteur des
Télécommunications?
I. Solutions alternatives ou parallèles aux
privatisations
1. Remise en cause des financements actuels
2. Des regroupements régionaux pour une
intégration régionale réussie
3. La synergie entre les réseaux africains
4. Harmonisation réglementaire
II. Investir sur le capital humain
1. Privilégier la main d'Ïuvre locale
2. Promouvoir le retour des migrants africains
Conclusion
Bibliographie
Glossaire
Annexes
Table des matières
INTRODUCTION
«Dans le monde entier seulement cinq personnes sur mille
sont en ligne et profitent pleinement des technologies de l'information et de
la communication (TIC) ». Telles sont les propos du représentant
régional de l'UNESCO en Afrique. Sans aucun doute, cette infime partie
est bien
polarisée dans les pays su Nord laissant l'Afrique loin
dernière eux, séparés par un énorme fossé
plus connu sous le nom de « fracture numérique ». Les pays du
Nord semblent être convaincus que seules de nouvelles formes de
gouvernance peuvent sortir d'Afrique de ce gouffre. Pour ce faire ils ont
imposé aux gouvernements africains des politiques d'ajustements
structurels et des models de bonne gouvernance propres aux pays du Nord.
S'agit-il du nouveau plan Marshall pour l'Afrique qui prend une nouvelle
tournure ? Autrement dit l'avenir de l'Afrique passera t-il par les Nouvelles
Technologies de l'Information et de la Communication? Quelle place l'Afrique
occupe t-elle dans cette société de l'information? Il faut noter
que c'est une société qui repose essentiellement sur l'usage de
l'informatique, les télécommunications et l'audiovisuel. Cette
société de l'information a des caractéristiques
particulières du fait des inégalités qui y règne.
Quelques régions du monde bénéficient inégalement
des potentialités qu'offre la société de l'information au
détriment des autres. Ces inégalités creusent le «
fossé numérique » qui sépare les pays Nord de ceux du
Sud. Il est communément appelé fracture numérique. Elle
est définie comme étant «un phénomène de
déséquilibre, une cloison, un gap énorme entre d'une part,
ceux qui exploitent pleinement à leur profit les potentialités
des TIC dans un contexte de globalisation, et d'autres part ceux qui ne sont
pas à même de bénéficier des TIC, faute
d'accès aux matériel informatique, ou pis encore, à cause
d'un manque d'éducation, à l'usage de
l'informatique ». Notre travail se focalise sur les
télécommunications. L'Afrique accuse un important retard dans les
télécommunications en comparaison avec les autres régions
du monde. Rappelons en passant
l'évolution du secteur des
télécommunications dans le monde et en Afrique en particulier.
Ces dernières années, le secteur des
télécommunications a connu un essor remarquable. Mais cette
évolution est beaucoup plus visible dans la téléphonie
mobile qui est en plein boom. Dans le monde, 2,7 milliards de personnes avaient
un portable en 2006, soit 4 personnes sur 10. Par exemple en Italie il y a plus
d'abonnés que d'habitants. Mais cette croissance ne vient que de
commencer d'autant plus que le leader mondial fabricant de
téléphones annonce que ce chiffre atteindra le cap des 3
milliards en 2007. La croissance de la téléphonie mobile est
nettement plus rapide et supérieure à celle de la
téléphonie fixe. Il aura fallu 125 ans pour franchir le milliard
de personnes ayant accès à une ligne fixe, alors qu'il a fallu
seulement 21 ans pour atteindre le milliard de personnes ayant accès au
téléphone portable. Les télécommunications
africaines sont en plein boom depuis les années 2000. Il enregistre l'un
des meilleurs taux de progression. Il était de + 67% en 2005 et a connu
une progression de +48% entre septembre 2005 et septembre 2006. Même si
l'Afrique occupe une place faible au niveau mondial, la rapidité de la
croissance de son taux de pénétration le placera parmi les
meilleurs à l'avenir. Certains analystes prévoient le tassement
du taux de la progression. En effet, plusieurs raisons permettent d'affirmer
que cette progression ne vient que de commencer. Le taux de
pénétration (la télédensité) est encore
faible, la marge de progression est donc importante. En Afrique, le taux moyen
de pénétration est inférieur à 20%, ce qui permet
d'enregistrer entre 2005 et 2006, des progressions record dans certains pays
africains. Le Tchad a enregistré un taux de progression de 100 %,
l'Ethiopie +142 %, la Guinée +257%, la Libye + 405%, ou encore la
Somalie +150%. Selon le leader sud africain MTN, la progression suivit son
cours dans les années à venir d'autant plus qu'elle
prévoit un taux de pénétration de l'ordre de 28% dans
l'ensemble du continent, soit un réservoir de 80 millions
d'abonnées à l'horizon 2010.
Les raisons de ce décollage s'expliquent du fait que la
corrélation entre le niveau de vie des pays africains et la progression
exponentielle du téléphone portable est infime en Afrique. Une
autre raison est que moins un pays est équipé en
téléphones fixes, plus les téléphones portables
se
multiplient. Avec le téléphone portable, les
africains apaisent leur soif de communication dont ils sont victimes depuis de
nombreuses années. Ils sont même prêts à
dépenser cher pour apaiser cette soif de communication qui a
été mesurée. Selon le cabinet américain Gartner,
les ménages africains sont prêts à dépenser cinq
fois plus que leurs homologues des pays développés pour des
besoins en communication. Autres conditions au développement des
portables sont la libéralisation des télécommunications et
la présence des concurrents sur le marché prévus par la
réforme des télécommunications. Cette réforme est
issue des décisions des organismes financiers internationaux comme la
FMI, la Banque Mondiale. Les réformes sont donc engagées partout
dans le monde ouvrant le capital public au privé. C'est alors que les
multinationales, particulièrement européennes se ruent vers
l'Afrique pour tenter de compenser les parts de marchés perdues dans
leurs territoires à cause de l'ouverture du secteur à la
concurrence. Les conséquences de ces réformes se traduisent par
la privatisation de beaucoup d'opérateurs publics africains. Les
partenaires stratégiques sont choisis parmi les multinationales
européennes de télécommunications qui vont devenir
repreneurs de certains opérateurs africains. Certaines deviennent
majoritaires et contrôlent les opérateurs concernés. C'est
alors que quelques opérateurs africains sont devenus des filiales des
multinationales européennes comme la société nationale des
télécommunications (Sonatel), l'opérateur historique du
Sénégal. Ce
statut de filiales de multinationales réussit-il à
tous les opérateurs africains privatisés ? Les opérateurs
africains sont-ils condamnés à n'être que des filiales des
multinationales européennes pour survivre et profiter du secteur des
télécommunications? Ce nouveau statut est t-il meilleur que celui
d'avant? Est-il porteur de dépendance technique et économique ou
de perte d'identité ? Les opérateurs africains de
télécommunications sont- ils capables de jouer leur rôle
dans la nouvelle société de l'information, livrés à
eux seuls ? Telles sont des questions qu'il serait intéressant de
trouver des réponses pour mieux cerner la relation entre les
multinationales européennes de télécommunications et leurs
filiales africaines. Les réponses à ces questions permettront
également de
comprendre les stratégies adoptées par les
multinationales pour explorer ou même exploiter le marché africain
des télécommunications et celles adoptées par les
entreprises africaines pour tirer profit de la réforme des
télécommunications. Une fois ces questions sont répondues
il sera possible de prédire la voix que les entreprises africaines de
télécommunications doivent emprunter pour tirer profit des
potentialités du secteur des télécommunications.
Notre travail va être composé de deux parties. La
première nous permettra de dégager un panorama de la
réforme des télécommunications en Afrique Subsaharienne.
Cette partie évoluera l'impact de la réforme des
télécommunications sur la région subsaharienne en essayant
de dresser un bilan de la privatisation des télécommunications en
Afrique de l'ouest. Elle nous permettra également de comparer l'effet du
contrôle de certains opérateurs africains par les multinationales
européennes pour voir si ces vagues de privatisations sont comparables
à un retour du néocolonialisme ou une ouverture mal
maîtrisée à l'international.
La deuxième partie va être consacrée à
une analyse critique des stratégies des opérateurs ouest
africains de télécommunications pour ensuite procéder
à une évaluation des stratégies correctrices que les
opérateurs africains pourraient adopter pour avoir plus d'autonomie afin
de faire profiter le contient de l'essor des télécommunications.
Elle permettra également d'élaborer des pistes à explorer
pour arriver à cette fin telles que l'intégration
régionale et l'investissement sur le capital humain.
PREMIERE PARTIE : LA REFORME DES TELECOMMUNICATIONS EN
AFRIQUE DE L'OUEST
La déclaration en 1997 lors d'une réunion qui avait
réunit à Ouagadougou les premiers ministres de plusieurs pays
francophones stipulait que la restructuration était «
incontournable pour prendre part à la globalisation de l'économie
». Le ton était donné et qu'il était alors tant que
l'Afrique subsaharienne s'engage dans un processus de restructuration des
télécommunications après avoir pris un retard important
par rapport aux autres régions du monde. Les réformes ont eu pour
but de redéfinir les modalités de fonctionnement du secteur par
la déréglementation, la libéralisation et la
privatisation. Cela dit que le secteur va être ouvert à la
concurrence en remplaçant les fonds publics par des fonds
privés.
Le retard de l'Afrique dans le secteur des
télécommunications a été longtemps
décrié. En 1996, le contient noir ne représentait que 2%
de l'ensemble du parc mondial des lignes téléphoniques avec une
télédensité inférieure à l'unité dans
74% des 46 pays de l'Afrique Subsaharienne. Le constat qui découle de
cette révélation est que le chemin qui reste à parcourir
pour doter l'Afrique d'un système de télécommunications
lui permettant d'accéder à la société de
l'information est long. L'inefficacité technique des réseaux est
alarmante, les tarifs élevés à cause de la nature
monopolistique du réseau par les opérateurs publics. Dés
lors la révision des prix internationaux à la baisse et la
correction de la structure interne des tarifs deviennent des
nécessités pour la compatibilité avec un environnement de
libéralisation mondiale et de concurrence. Les entreprises publiques
sont exposées à une concurrence multidimensionnelle grâce
aux nouvelles innovations technologiques et organisationnelles. Grâce
à l'évolution de la Recherche et Développement, la
convergence de la technologie des télécommunications et de
l'information est prometteuse et permet la
baisse du prix de la transmission de la parole.
L'évolution de la Recherche de Développement a également
permis le développement du cellulaire, ce qui permet une
réduction du volume des coûts fixes et les coûts
irrécupérables. Le développement de la
téléphonie mobile a entraîné une entrée
rapide d'opérateurs mobile dans le marché africain, ce qui a
engendré forcément une croissance rapide de la concurrence. Dans
ce nouvel environnement, les télécommunications africaines ont la
possibilité de réaliser des progrès rapides. Toutefois le
tassement de ces progrès nécessite des moyens de financement
extérieurs. Cette nouvelle donne crée l'exigence d'une ouverture
à des opérateurs privés souvent plus disposés
à investir.
Dés lors la réforme des
télécommunications est entamée de façon plus ou
moins lente selon les politiques économiques des pays. Dés le
début des années 1990, certains gouvernements des pays africains
commencent à prendre conscience des réalités et certains
se laissent davantage convaincre par l'idée des solutions jugées
durables que constitue la privatisation du service et l'intensification de la
concurrence. C'est alors qu'ils commencent à appliquer les nouvelles
formes de bonne gouvernance prescrites par les organismes financiers
internationales. C'est le début des vagues de privatisation en Afrique.
Lors de la première moitié des années 1990, la
privatisation s'est réalisée en majorité sous forme de
contrat de gestion ou d'assistance technique dans le respect des institutions
nationales déjà en vigueur pour d'autres grands services publics.
La privatisation n'avait donc pas commencé en réalité
d'autant plus que les télécommunications restaient encore un
service public sous les contrats de gestion ou d'assistance technique. Ce fut
qu'en 1996 que le mouvement de privatisation a réellement
commencé sous une forme impliquant une cession du capital. Les
premières entreprises africaines à ouvrir le capital public au
privé sont la Guinée en 1996, suivie du Ghana la même
année, de la Côte d'Ivoire, de l'Afrique du Sud et du
Sénégal un an plus tard. Au début de cette première
vague de privatisation, les candidats à la reprise n'étaient pas
nombreux. Le nombre limité des opérateurs internationaux
candidats à la reprise s'explique par plusieurs raisons. D'abord, les
candidats devaient remplir certaines conditions ou
critères. Ils devaient avoir les moyens financiers et les
capacités techniques pour faire face aux risques liés à la
situation économique et politique de l'Afrique. Sur le plan
économique, l'Afrique accuse un retard important et par
conséquent reste non attractive pour les investisseurs étrangers.
La part de l'Afrique dans les investissements directs étrangers (IDE)
reste très faible se plafonnant au environ de 3%. Sur le plan politique,
certaines régions du continent sont instables à cause des
guerres. Ce sont les raisons pour lesquelles le nombre des candidats est
réduit. Il se limitait à l'époque au environ de quatre
tels que France Télécom, Télécom Portugal,
Télécom Malaysia et Vivendi.
Cette période de privatisation des opérateurs
historiques coïncide avec la «vente aux enchères » de
licences pour le développement de la téléphonie mobile
permettant aux détenteurs d'entrer dans le marché du mobile et se
lancer dans la concurrence. Cette ouverture du marché de la
téléphonie mobile à la concurrence va entraîner plus
tard l'arrivée rapide d'opérateurs étrangers sur le
marché africain des télécommunications, le
développement de la téléphonie mobile étant plus
rapide de celui du fixe. Des ventes de licences ont même ont
été réalisées alors que le processus de
privatisation du fixe n'était pas encore scellé. C'est le cas du
Mali. En outre, les opérateurs africains les plus prometteurs entament
leur déploiement dans la région en achetant le capital de
certains opérateurs moins compétitifs à l'image du leader
africain MTN. Ce développement rapide de la téléphonie
mobile s'explique également par la faiblesse des réseaux fixes
africains qui, pour la plupart des cas ne couvrent pas les territoires
nationaux. Les lignes téléphoniques sont concentrées dans
les grandes villes à l'occurrence les capitales laissant les zones
rurales désertiques et peu ou pas connectées. Par exemple Dakar
abrite prés de 50% des lignes fixes du pays alors qu'il présente
moins de 10% du territoire national. Dés lors l'accès au
téléphone portable constitue un moyen de substitution du
téléphone fixe.
I. L'impact de la réforme des
Télécommunications en Afrique de l'Ouest
La réforme des télécommunications a permis
la libéralisation et l'ouverture du marché des
télécommunications à la concurrence. Cette
nouvelle donne sur le marché, auparavant exclusivement
réservé aux opérateurs historiques, va changer les choses.
Les opérateurs de tous les pays y compris ceux des pays
développés vont devoir affronter cette nouvelle concurrence
rapide et atroce. Les multinationales européennes, pour mieux affronter
cette nouvelle concurrence vont chercher en Afrique de nouveaux parts de
marché leur permettant de compenser les pertes subites sur leurs
marchés nationaux. Cette façon de prendre des mesures pour
affronter la concurrence internationale et préserver ses parts de
marché constitue un moyen efficace de répondre aux aléas
du marché mais également de faire face à l'environnement
extérieur. Mais faudrait-il avoir les moyens. Les opérateurs des
pays développés à l'image des multinationales
européennes, peuvent se le permettre dans la mesure ou elles ont les
capacités technique et financière. Qui va donc subir les
conséquences néfastes de la réforme des
télécommunications ? Bien évidemment les opérateurs
africains sont les moins bien placés pour affronter la concurrence et
tirer profit de la réforme des télécommunications. La
déréglementation mondiale des télécommunications a
un impact fort sur les opérateurs africains. Il constitue un choc
redoutable d'autant plus qu'elle les oblige à affronter une concurrence
dans le secteur des télécommunications plus vive que jamais. Une
concurrence qui défie même les opérateurs des pays
développés. Ils vont devoir changer de stratégies
d'approche du marché ou apporter des mesures correctrices à leurs
stratégies pour survivre. Le marché devient de plus en plus
contestable et le monopole d'état disparaît lentement.
L'état désengage de ses fonctions de garant de la gestion
publique dans le sens ou la privatisation du secteur public limite ses pouvoirs
de contrôle sur le fonctionnement des services publics dans le domaine
des télécommunications. En revanche, il a un autre rôle
à jouer qui s'avère difficile. Il doit protéger les
intérêts des consommateurs tout en garantissant un environnement
propice à la concurrence. Il faut entendre par protection des
intérêts des consommateurs l'élargissement de
l'accès au service universel. Autrement dit tout citoyen doit
accéder au téléphone à des conditions de prix et de
distance raisonnables. L'harmonisation du paysage des
télécommunications revient à l'état dés
lors que la concurrence s'installe dans la
téléphonie mobile. Les modalités d'attribution des
licences d'exploitation doit respecter des normes de concurrence pure et
parfaite et ne doivent donc pas être établies selon des choix
publics purement délibérés. La vente des licences
d'exploitation doit en effet refléter le niveau de la concurrence pure
et parfaite où tous les agents du marché sont traités de
façon égale sans favoritisme ni clientélisme. De
façon plus générale, le rôle de l'état doit
être de promouvoir une réglementation efficace qui reflète
l'objectif de la maximisation de l'utilité sociale. Dans cette
perspective, les agences de réglementation mises en place par
l'état doivent être gérées de façon efficace
et efficiente. La gestion de ces agences n'est pas donc une tâche facile
étant donné que le degré d'autonomie peut conditionner les
résultats attendus. Elles doivent avoir suffisamment d'autonomie pour
définir les modalités d'attribution des licences par appel
d'offre. Cela dit qu'elles ne doivent pas subir beaucoup d'influence de
l'extérieur leur obligeant à attribuer les licences sous des
conditions qui violent les lois du marché en favorisant certains agents
au détriments des autres. Les modalités d'attribution des
licences sont très importantes d'autant plus qu'elles conditionnent la
crédibilité du processus et l'intensité de la concurrence.
Le manque d'expérience pour certains pays africains dans ce domaine fait
que les qualités de transparence et d'impartialité font
défaut à quelques uns d'entre un. Une autre tâche qui
s'avère lourde pour les états africains vu la difficulté
de l'exécution reste l'établissement des règles
d'interconnexion susceptibles de faciliter la concurrence et de
développer les effets de club. Si la montée de la concurrence
conditionne la formation des tarifs, l'état doit tout de même
procéder à un réajustement des prix afin de
protéger l'intérêt des consommateurs.
Toutes ses tâches dont les états doivent faire face
constituent une partie des retombées de réforme des
télécommunications. Les réformes ne sont donc pas sans
conséquences sur les télécommunications en Afrique. Les
objectifs visés ont-ils été atteints ? Le secteur se
porte-t-il mieux qu'avant? Les opérateurs ouest africains sont-ils
devenus plus rentables? Quel est l'impact réel de ce
phénomène sur le fonctionnement des entreprises ouest africaines
de télécommunications. La réponse ou alors
une tentative de réponse à ces questions permet
d'évaluer l'impact de la réforme des
télécommunications sur les entreprises ouest africaines de
télécommunications. Des questions qu'il serait nécessaire
de trouver des réponses pour mieux percevoir l'impact des
réformes sur le secteur. Rappelons que les déterminants de la
réforme peuvent être résumés en quatre facteurs. Une
meilleure efficacité des réseaux africains qui épousent un
retard notable par rapport aux autres réseaux du monde. Donc, la
réforme permettrait une meilleure connectivité, des prestations
de service de meilleure qualité. En un mot un réseau africain qui
serait capable d'affronter la concurrence internationale. Cet objectif a
été mis en avant par l'Union Internationale des
Télécommunications (UIT). Dans le rapport de la Commission
Maitland en 1984, l'UIT prenait la mesure technique des défaillances
africaines en observant des délais de raccordements de plus de trois ans
et des perturbations sur le réseau.
Les organismes financiers internationaux ont obtenu ce qu'ils
voulaient. Leur forte pression sur les gouvernements africains pour une
restructuration des télécommunications a fini par porter ses
fruits. Cette démarche qui a longtemps rencontré des obstacles
politiques car les gouvernements africains ne s'étaient toujours pas
convaincus de la nécessité de s'engager dans un effort de
restructuration des télécommunications. L'Afrique y adhère
aujourd'hui avec quelques réticences ce qui explique les lenteurs
d'exécution et les difficultés d'application. La réticence
des gouvernements africains s'explique par le fait que le secteur des
télécommunications est généralement rentable
malgré le retard qu'il accuse par rapport aux autres régions du
monde. Il est d'ailleurs l'un des secteurs les plus rentables du continent. Les
gouvernements africains ne voulaient pas transformer l'environnement
économique et institutionnel du secteur. La peur du changement faisait
qu'ils ne voulaient pas affronter cette nouvelle réalité du
marché. Pourtant le discours politique laissait présager qu'ils
ont convaincu de la nécessité de tels changements mais ont peur
des conséquences qui pourraient en découler et qu'ils ne
pourraient pas maîtriser. Ces discours politiques avaient pour objectifs
de préparer les populations qui n'étaient pas encore prêtes
pour s'engager dans de telles réformes. Les populations locales
voyaient dans la privatisation un retour du
néocolonialisme et donc une dépendance économique. Elles
avaient peur notamment de perdre leur statut de fonctionnaire qui leur donnait
plus de sécurité. Dans beaucoup de pays africains des
salariés ont farouchement contesté les privatisations soutenues
par les syndicats nationaux. Dans certains pays comme le Sénégal
les salariés ont réussi à imposer des conditions pour que
la privatisation soit acceptée. Cela résulte à un accord
leur permettant de détenir 10% du capital de la nouvelle
société. Les pays africains convaincus de la
nécessité des réformes et désireux de tenter le
coût s'engagent dans la préparation des réformes en mettant
l'accent sur la mobilisation des populations. C'est dans cette perspective que
les ministres des télécommunications de plusieurs pays
francophones se sont réunit à Ouagadougou en octobre 1997 pour
parler de la nécessité de restructurer le secteur des
télécommunications dans la région. Ils avaient
déclaré que la restructuration était « incontournable
pour prendre part à la globalisation de l'économie et que le
processus de libéralisation et de privatisation était à
réaliser même si les sensibilités nationales étaient
à prendre en compte ».
1. Privatisation, déréglementation et
libéralisation
Il est important ici de rappeler les origines des privatisations
qui ont découlé de l'accord de l'OMC sur la libéralisation
des
télécommunications signé en 1987. Cet accord
a entériné l'ouverture des marchés européens. Les
opérateurs historiques sont contraints de partager leurs marchés
locaux sur lesquels ils étaient en situation de monopole. Par
conséquent les multinationales des pays développés se
préparent à la concurrence due à l'ouverture des
marchés. Au début des années 1990 ils s'adonnent à
des réformes nationales et adoptent des stratégies de
conquête de nouveaux marchés en dehors des marchés
nationaux pour compenser les pertes subies sur leurs territoires.
Du côté des pays africains le Fond Monétaire
International (FMI) fait pression pour l'ouverture du marché des
télécommunications, condition pour obtenir les prêts
d'ajustement structurel pour les pays africains. La privatisation des
opérateurs publics n'a jamais été un choix national
sauf
quelques exceptions. Le Sénégal est souvent
cité comme exemple. Les Offices et Postes des
Télécommunications (OPT) cédés par les anciennes
colonies après les indépendances constituent un moyen de
financement public non négligeable même si la qualité des
services n'était pas à la hauteur. Ils étaient des sources
de financement mais ils étaient dans une situation difficile à
cause des faiblesses du réseau mais également des
problèmes financiers liés aux endettements. Beaucoup de pays
africains se trouvent alors contraints de coopérer pour l'ouverture des
marchés. Les opérateurs africains se trouvent dans une situation
difficile caractérisée par la pression pour le remboursement des
dettes, et les réseaux faiblement développés. En outre,
l'indépendance des pays africains témoigne de la
séparation entre les exploitations des réseaux nationaux et
internationaux. Office des Postes et Télécommunications
(opérateur historiques des anciennes colonies françaises) et
France Câble radio, filiale de France Télécom prennent en
mains cette séparation en contrôlant les communications
internationales, la surveillance des politiques et des revenus.
Le début de la deuxième moitié des
années 1990 marque le début des premières privatisations.
En 1996, le processus des premières
privatisations est entamé. Il s'est fait en trois
étapes. Lors de la première étape les opérateurs
historiques des anciennes colonies prennent une part du capital des
opérateurs nationaux africains sans appel d'offre à l'image de
Portugal Telecom (allié à l'international de Telefonica
l'opérateur espagnol) au Cap Vert, Sao Tomé et Guinée
Bissau et France Telecom en Centrafrique et Madagascar. Les opérateurs
les plus prometteurs ont été partiellement privatisés avec
appel d'offre comme le Ghana, l'Afrique du Sud, la Côte d'ivoire et le
Sénégal. Le processus de privatisation a rencontré des
réticences dans des pays comme le Sénégal et la Côte
d'Ivoire où les salariés s'y opposaient avec
détermination. Ils ont finalement réussi à obtenir 10% du
capital de la nouvelle société. Il faut noter que le choix de
France Télécom au Sénégal s'est fait après
un échec de ne pas pouvoir trouver un accord avec l'opérateur
américano-suédois Télia qui proposait une offre aussi
intéressante que celle proposée par France Télécom
sauf sur la cession du capital sur une durée de 7 ans pour
Télia et 20 ans pour France Télécom. En
Côte d'Ivoire le choix de France Télécom a
été vivement contesté par la presse. A l'époque les
agences de régulation n'étaient pas encore mises en place ce qui
rendait la tâche plus difficile.
La deuxième phase de privatisation n'a pas
été facile. Deux cas de figure se présentent. Soit il
n'existe qu'un seul candidat comme au Niger, soit plusieurs candidats se
présentent l'un après l'autre et que finalement aucun d'entres
eux n'arrivent à payer le prix facturé. C'est le cas au Cameroun
où plusieurs preneurs ont décliné l'offre à
défaut de ne pas pouvoir payer. Dans le cas des opérateurs comme
le Ghana c'est le divorce entre le repreneur et les opérateurs
récemment privatisés. Pour le Kenya c'est l'impossibilité
de privatiser. Ces deux opérateurs préfèrent ou alors
mieux sont contraints de signer des contrats de gestion qui viennent prendre la
place à la vente de parts de capital. Certains opérateurs comme
le Mali ou le Burkina Fasso ont du mal à trouver un repreneur.
La troisième phase est caractérisée par
l'ouverture du téléphone fixe à la concurrence. Cette
ouverture du téléphone fixe à la concurrence s'est faite
selon un schéma préétabli exporté des pays
développés. Mais il faut savoir que la privatisation et la
levée du monopole dans le secteur des télécommunications
ont été possibles qu'après le développement d'un
fort service public et une modernisation des réseaux et l'usage du
téléphone dans les pays développés. Lors de cette
troisième phase le téléphone fixe est officiellement
ouvert à la concurrence. Notons cependant le paradoxe de cette
ouverture. Au moment de l'ouverture à la concurrence le service public
minimum n'est pas garanti dans la majeure partie des pays africains. Beaucoup
de villages restent sans être raccordés. Dans le cas du Mali une
licence a été attribuée à IKATEL pour concurrencer
la SOTELMA, opérateur historique, alors que la privatisation de cette
dernière n'était pas encore définitive puisqu'elle
traînait depuis prés de quatre ans. Cette lenteur dans les
démarches s'explique par la résistance interne à
défaut d'un repreneur fiable. Dans beaucoup de pays de la région,
malgré l'ouverture officielle de la téléphonie fixe
à la concurrence, l'opérateur historique détient encore le
monopole, la
concurrence étant plutôt basée sur la
téléphonie mobile. La loi tarde à produire ses effets
à défaut d'application adéquate.
La privatisation trouve être un désengagement de
l'état, une solution imposé de l'extérieur pour sortir du
sous-développement. Pourquoi les décideurs locaux veulent t-ils
se débarrasser des entreprises les plus rentables et prometteuses? Les
privatisations sont perçues comme étant préjudiciables aux
pauvres dans la mesure où ces derniers ne bénéficient plus
des subventions pour les services publiques de base. Qu'en est-il de la place
du citoyen dans la privatisation ? Qui a décidé de la
privatisation? Qui en bénéficie davantage ? Telles
sont des questions qu'il faudrait prendre soin de répondre pour
éclairer les décisions futures concernant les privatisations.
Comment la privatisation a été
planifiée et mise en oeuvre?
Les promoteurs de la privatisation sont convaincus qu'elle permet
de transformer des sociétés d'état au bord de la faillite
en sociétés privées, modernes, compétitives aussi
bien au niveau local qu'international. La nécessité des
privatisations si elles permettent une meilleure gestion de l'entreprise
africaine, est sans équivoque. Cependant son influence financière
et organisationnelle peut être considérée marginale en
Afrique du fait de la taille des entreprises privatisées, de leur
état lors de la privatisation, des modalités et du contexte de
leur cession.
1. Quelle analyse critique de la privatisation des
télécommunications en Afrique?
Les privatisations en Afrique s'effectuent le plus souvent dans
un contexte de flou juridique et réglementaire, en l'absence de cahiers
des charges méthodiques, sans véritable examen de la situation
respective des entreprises à privatiser, sans trop de soin
apporté à l'information des personnels, avec une opacité
certaine sur les modes de rétrocession au privé et une grande
indécision sur les objectifs poursuivis. L'exemple du Mali est notable.
Une licence pour la privatisation du téléphone fixe a
été vendue sans même que le processus de privatisation soit
terminé. Après
les indépendances, l'Afrique ne comptait quasiment que sur
le secteur public pour stimuler le développement économique en
raison de la faiblesse du secteur privé. Mais sous la pression des
organismes internationaux tels que la FMI et la Banque Mondiale pour la
libéralisation de l'économie, beaucoup de dirigeants africains
ont fini par adhérer à la privatisation, malgré eux. Ils
n'ont pas le choix. Dans une situation pareille les objectifs poursuivis sont
d'une plus grande indécision. Ils ont donc accepté de privatiser
espérant bénéficier de nouvelles technologies et de
nouvelles sources d'investissements leur permettant de moderniser et
d'étendre leurs réseaux. Il faut noter cependant que
jusqu'à présent une bonne partie de la population n'a pas
été encore connecté au réseau. Donc la
défaillance du secteur public est reflétée ici par son
remplaçant. Le service minimum n'est toujours pas garanti. Ce qui fait
penser que le réseau est étendu que pour la
téléphonie mobile.
Si l'ont constate que se sont toujours les mêmes
repreneurs, à l'image des multinationales européennes qui
gèrent aujourd'hui les anciennes entreprises d'état, l'on ne peut
pas s'empêcher de penser au retour du néocolonialisme. En l'espace
de 25 ans, la majorité des entreprises publiques africaines a
été cédée à des opérateurs
privés à majorité étrangère. Les
opérations de privatisations, conduites sous l'égide des
institutions financières internationales en l'occurrence la FMI et la
Banque Mondiale, ont-elles connu le succès escomptait si l'on sait que
l'argent généré par les télécommunications
n'a pas été investi dans le développement des
télécommunications. Une part est rapatriée au pays
d'origine du preneur et une autre partie a servi à payer les dettes des
états, sous les conseils de la FMI et de la Banque Mondiale. Reste
à voir si se sont réellement des conseils ou la persistance des
pressions qui ont permis de déclencher le processus de
privatisations.
Justifications de la privatisation
Il convient de rappeler ici les deux principales justifications
de la privatisation sur le plan économique. Il y a deux sortes de
justifications économiques de la privatisation. L'une est d'ordre
micro-économique,
l'autre macro-économique. Sur le plan
macro-économique, la privatisation contribue à rétablir
les grands équilibres, particulièrement au niveau du budget de
l'état. Au niveau micro-économique, la privatisation est
supposée apporter sur le plan technique une grande efficacité par
rapport à la gestion publique. L'entreprise privée du type
managériale met en place plusieurs garde-fous et de mécanisme de
contrôle et de meilleure circulation d'information à moindre
coût. L'entreprise publique quant à elle, crée un
environnement défavorable à l'efficacité économique
sur au moins quatre aspects : par sa situation de monopole qui lui fait
acquérir des comportements de retraités en vacances, face
à la concurrence ; par son faible degré de contraintes par
rapport à la faillite et à l'insuffisance de trésorerie ;
par son anémie envers la notion de risque et l'absence de
répartition claire de responsabilité en son sein ainsi que par
ses coûts de production exorbitants. Dans le cas de l'Afrique
Subsaharienne quelques réserves peuvent être émises
à l'encontre de ces deux types de justifications.
Ces deux types de justifications trouvent être
controversées pour le cas de l'Afrique Subsaharienne pour plusieurs
raisons. Puisque dans les états de l'Afrique Subsaharienne, certaines
questions macroéconomiques ne sont pas à l'ordre du jour, il est
difficile et même quasiment impossible de trouver réponses
à ses questions presque inexistantes. Qu'advient-il des secteurs vitaux
pour la population, non attractifs pour les investisseurs privés ? La
causalité entre l'entreprise publique et les déséquilibres
macro-économiques est-elle systématique ? Il semblerait que non
dans la mesure où la spécificité du système et les
structures politico-économique en Afrique en général ont
été trop vite négligées, notamment
l'économie de rente et le comportement des dirigeants d'entreprises
publiques. D'autre part, les fondements micro-économiques de la
privatisation relatifs à la comparaison entre entreprise privée
et entreprise publique, sont-ils adaptés à des pays où le
tissu industriel est quelque fois quasi inexistant ou souvent embryonnaire ?
Par ailleurs, le raisonnement centré exclusivement sur
l'efficacité économique ne dénie t-il pas une
redistribution des revenus nécessaires à un équilibre
social. Cet équilibre social n'est-il pas nécessaire pour le
succès de la privatisation ? Or le
retardement du raccordement téléphonique pour les
zones rurales constitue un déséquilibre entre ces zones rurales
et les zones urbaines. A cette dernière question, les faits permettent
de répondre positivement à court terme, mais la privatisation
demeure à long terme un facteur d'équilibre et de
régulation optimale. Cependant, au-delà de la
nécessité de la privatisation en Afrique, les stratégies
adoptées jusqu'ici, sont-elles les plus efficaces et judicieuses ?
N'était-il pas prématuré de déclencher le processus
de privatisation dans certains pays?
2. Etat des lieux des privatisations en Afrique de
l'Ouest
On parle souvent de la fracture numérique, mais ce n'est
que la conséquence immédiate de la « fracture
téléphonique ». Si l'Afrique comptait en 2002 une population
de 5,5 millions d'internautes pour une population de 770 millions de personnes,
soit un internaute sur 200 individus contre une moyenne mondiale de 1 pour 15,
elle abritait seulement à la même période 2% des lignes
téléphoniques mondiales. La télédensité
(nombre de lignes téléphoniques pour 100 habitants) atteignait
à peine 1,2 %. Ces statistiques ne prêtent pas à l'optimise
et invite un bilan sans concession de la politique suivie en matière de
télécommunications sur le continent africain. Les réformes
ont été mises en place depuis plusieurs années, il est
alors maintenant possible d'en établir un bilan et faire l'état
des lieux. Le Secrétaire général de l'UIT avait
déclaré : «il nous faut lancer une offensive tout azimuts
pour faire en sorte que tous les villages de cette planète soient
connectés avant le sommet mondial de la société de
l'information ». Le sommet était prévu en 2003 et 2005 donc
si les hommes politiques chargés de régulation et les
opérateurs prenaient cette déclaration au sérieux, ces
objectifs seraient atteints depuis déjà quelques années ce
qui réduirait la fracture numérique de quelques crans. Pourtant
la réduction de la fracture est toujours à l'ordre du jour
sachant qu'elle se creuse. Cette déclaration du Secrétaire
Général de l'UIT n'était rien d'autres qu'une partie des
engagements des organismes internationaux pour la restructuration du secteur
des télécommunications afin que les moins servis le soient
finalement. Par conséquent les privatisations devraient permettre
à atteindre ces objectifs. Ces dernières années ont
témoigné d'un développement des
télécommunications en Afrique grâce à
priori à la réforme des télécommunications.
Néanmoins les progrès sont beaucoup moins sensibles dans les
zones rurales. Les statistiques disponibles ne rendent pas compte cependant ni
des territoires couverts ni de des réalités quotidiennes des
populations. Il existe des zones rurales dans lesquelles l'accès
à un téléphone fixe est rare et le réseau et
tellement de mauvaise qualité que l'usage d'un téléphone
portable est presque impossible. Si dans les zones urbaines le
développement du téléphone fixe et téléphone
portable est assez soutenu, les zones rurales au contraire souffrent beaucoup
d'un manque de connexion abyssale. Dans les zones les plus reculées, il
se trouve parfois que les habitants parcourent des kilomètres pour avoir
accès à un téléphone fixe grâce aux
télécentres très développés dans les villes
mais encore presque inexistants dans les villages. Les villages africains
dépourvus d'un accès au téléphone fixe se chiffre
à plus de 80%. Encore faut-il souligner que dans certains cas même
si l'accès existe les dérangements multiples font que la
disponibilité reste aléatoire. A cela s'ajoute le prix
élevé dune communication téléphonique qui n'est pas
raisonnablement calculé sous la base du pouvoir d'achat et du niveau de
vie. Pourtant ces habitants des zones rurales éprouvent des besoins de
communication tout aussi importants que ceux des zones urbaines. Cela creuse
davantage le fossé qui existe déjà entre les zones rurales
et les zones urbaines en afrique. L'exode rural en est la conséquence
immédiate. Les jeunes désertent les zones rurales et viennent
s'installer en ville laissant la campagne avec les personnes
âgées. Cette situation a des conséquences fâcheuses
dans l'économie africaine en général et l'Afrique de
l'Ouest en particulier. Dans cette zone l'agriculture est encore à
l'état artisanale et est tenue par les jeunes. Si les jeunes quittent la
campagne pour aller en ville alors qu'ils n'ont aucune qualification
professionnelle, cela ne servira ni à eux ni la population toute
entière. Les exportations de produits agricoles diminuent comme
l'arachide pour le Sénégal, l'importation augmente et la balance
commerciale devient de plus en plus déficitaire. Du fait que la majeure
partie des biens consommés est importée, les produits sont plus
chers, la vie devient de plus en plus chère car le pouvoir d'achat
diminue. Ces populations sont donc confrontées à
un problème de raccordement mais également à
un problème de coût de la communication. Un autre problème
est que lorsque la zone est couverte par le réseau mobile, les
populations sont souvent contraintes de payer jusqu'à 10 fois parfois
plus le tarif d'une communication du fixe. Dans les villes, à
défaut d'avoir un fixe chez soi, certains sont contraints d'acheter des
minutes à un petit revendeur (gérant de
télécentre). Là aussi les prix sont largement
supérieurs à ceux pratiqués dans les pays
développés. Sur ce point, si la réforme des
télécommunications a permis le développement encore
nuancé, dans les zones rurales elle laisse les habitants «
numériquement marginalisés ». Cette «marginalisation
numérique » des habitants ruraux constitue une défaillance
dans la gestion des services publics. S'agit-il d'un problème de
régulation de la part de l'état?
Le bilan des privatisations reste alors mitigé. Certains
pays se sont séparés de la multinationale repreneur seulement
après quelques années comme c'est le cas au Cameroun. Les raisons
d'un divorce aussi rapide s'explique par un manque de financement ou alors un
manque de désire de s'engager à relever le défi. Cependant
dans certains pays comme le Sénégal la privatisation a
été jugée comme un cas de réussite. Mais
faudrait-il y voir de plus prés et avec vigilance avant de se prononcer.
Ce schéma préétabli exporté ou imposé de
l'extérieur produit les mêmes effets partout que se soit en Europe
ou en Afrique. L'abonnement et la taxation locale sont augmentés pour
diminuer la longue distance et l'internationale, ce qui touche les zones les
plus défavorisées de la population et donc les zones rurales.
Seulement les effets sont beaucoup plus apparents en Afrique où les
zones rurales souffrent énormément de cette marginalisation. Dans
cette perspective l'on se pose la question de savoir à qui la
privatisation profite ? Et bien les opérateurs les plus prometteurs
semblent en bénéficier au détriment des opérateurs
les plus pauvres. Pourtant l'objectif principal de la libéralisation des
télécommunications était de favoriser le
développement des télécommunications au profit de tous.
Donc, contrairement aux idées reçues, la privatisation ne sert
pas à développer les opérateurs les plus pauvres qui ont
besoin de financement mais plutôt à prendre parts dans les
opérateurs les plus rémunérateurs ce qui permet aux
multinationales de rapatrier les bénéfices ainsi
récoltés à leurs pays
respectifs. Si l'on constate que la privatisation a marché
qu'avec les opérateurs africains qui étaient prometteurs au
moment de la privatisation et que les opérateurs les plus pauvres et qui
étaient au bord de la faillite peinent à décoller
jusqu'à présent après avoir été
privatisés, l'on serait tenter de dire que les opérateurs
seraient au même niveau de développement qu'ils ont atteints
aujourd'hui même s'ils n'étaient pas privatisés. A ce
rythme les opérateurs africains vont devoir se contenter d'un
développement apparent des télécommunications. Apparent
car si le développement ne profite peu ou pas aux populations locales,
on ne pourra pas parler de développement au vrai sens du terme. Un
développement réel des télécommunications en
Afrique se traduirait par la couverture de tout le territoire avec un service
minimum garanti mais aussi un réinvestissement des
bénéfices dans d'autres secteurs du pays. Non seulement le
développement des télécommunications profiterait à
la population entière mais il permettrait également de
développer d'autres secteurs.
Les résultats sont décevants à coût
terme à quelques exceptions. Si quelques pays jouissent peu ou
pleinement de la libéralisation des télécommunications,
d'autres sont encore au stade de la recherche d'un repreneur soit parce qu'ils
se sont séparés du repreneur à défaut de bons
résultats ou d'un manque de respect des cahiers des charges, soit ils
n'ont jamais eu de repreneur à défaut d'être attractifs.
Mais le processus de privatisation n'a pas encore achevé. Il a
été entamé depuis plus d'une dizaine d'années et
beaucoup de pays africains y s'étaient engagés. Plus d'un quart
des privatisations dans les pays en voie de développement ont
été réalisées, correspondant en moyenne à
17% du PIB de la région. Cependant la valeur des privatisations en
millions de dollars est négligeable, moins de 1% de la valeur des
entreprises privatisées dans les pays en voie de développement.
Ce pourcentage qui relativise la portée des privatisations dans la
région, peut s'expliquer d'une part par la faible participation des ces
entreprises à la fabrication de produits à haute valeur
ajoutée du fait notamment de la spécialisation régionale
dans la production de matières premières. D'autre par la
privatisation a été une sorte de liquidation judiciaire pour des
entreprises au bord de la faillite.
Enfin, les modes de cession, souvent partielles de ces
entreprises ont été la plupart du temps réalisés
dans une perspective de déréglementation que de privatisation. La
nuance est de taille. La déréglementation suppose un renforcement
des mécanismes de la concurrence dans un cadre où l'état
reste très présent, alors que la privatisation suppose un
transfert de l'Etat au privé à concurrence d'au moins 50% de ses
participations.
Au regard de ces conséquences, l'ont peut rester perplexe
à propos du double objectif assigné à la privatisation
dans la région. D'une part, l'assainissement des finances publiques par
la réaffectation des recettes de la privatisation et le ralentissement
de la croissance de la dette publique ainsi que son amortissement; d'autre part
atteindre une sorte
«d'optimalité parétienne »
(égalitaire dans la répartition des ressources par les
entreprises privatisées. Cette dernière hypothèse semble
effectivement velléitaire au regard de deux procédés
timidement utilisés : le développement de l'actionnariat
particulier (malgré l'insuffisance notoire de l'épargne locale
formelle) et la possibilité accordée aux salariés de
participer au capital de l'entreprise. Les inégalités auraient pu
être atténuées, si ces privatisations auront eu lieu dans
un contexte où les appareils judiciaires ont fonctionné de
manière optimale.
Cependant, ce bilan tout de même décevant peut
être amélioré. Une amélioration des justifications
de la privatisation permettrait plus d'efficacité. Sans doute la
privatisation a eu une double contribution. D'une part, elle améliore la
performance des entreprises concernées et la situation
macro-économique de ces Etats, ne serait-ce que par l'endiguement de
dettes publiques qui auraient pu être aggravées par le maintien de
certaines entreprises « sous perfusion ». D'autre part elles
participent à un accroissement de l'efficacité économique
en mettant en place un marché qui sanctionne les mauvais choix
d'investissement. Toutefois, pour atteindre leur plénitude en terme
d'efficacité, les stratégies de privatisations adoptées
jusqu'à maintenant dans la région subsaharienne pour le secteur
des télécommunications doivent être réformées
de manière interne à savoir les modalités de
régulation mais aussi externe à savoir l'environnement dans
lequel la privatisation a lieu. Les preneurs sont essentiellement
européens. Dans cette situation, l'on
pourrait craindre des situations d'oligopole et de
clientélisme. C'est la raison pour laquelle il faut faire appel à
des investisseurs variés pour à la fois parer à
d'éventuelles situations d'oligopole et de clientélisme mais
aussi à un éventuel retour du néocolonialisme sous une
forme de «recolonisation déguisée ». En effet, ceci va
permettre d'une part une allocation optimale de ressources ; d'autre part dans
l'état actuel des marges de manoeuvres limitées des Etats
africains sur les marchés financiers, ces entreprises peuvent permettre
des transferts d'expérience (technique), de savoir-faire
(qualification), de connaissances, mais aussi de devises (nécessaire
à une relance économique dans la région). Ces facteurs de
développement endogènes (sans doute parfois
générateurs d'externalités) ont jusqu'ici
été négligés dans les stratégies de
désengagement de l'état en Afrique, en particulier en Afrique
Subsaharienne. L'argument selon lequel il est nécessaire de maintenir
les entreprises dites « stratégiques » peut laisser perplexe.
D'une part quand on connaît la réalité et la signification
actuelles du mot « indépendance» dans la Sous région ;
d'autre part, rien n'interdit à l'Etat en question de garder l'Ïil
sur ces entreprises en limitant sa participation à une minorité
de blocage ou de contrôle.
En outre, si les modalités de privatisations peuvent
être améliorées dans un contexte économique
où notamment le commerce extérieur ne repose plus exclusivement
sur l'avantage comparatif, il serait suicidaire pour les Etats ouest africains
de se contenter de livrer l'appareil de production au privé
espérant que tout ira bien par la suite sans un effort remarquable de
leur côté pour faire avancer les choses. Selon certains
économistes, se serait simplifier la réalité
économique que de lier systématiquement l'efficacité
économique et la concurrence à la structure du capital, comme
pendant la période post-coloniale de l'hymne à la
nationalisation. La concurrence et l'efficacité économique
dépendent en fait de la liberté de prix et de structure du
marché.
Le processus des privatisations est aujourd'hui bloqué
dans de nombreux pays. Au Cameroun et le Kenya le processus est bloqué
de l'intérieur. Dans le cas du Cameroun la presse s'est soulevée
contre le processus de privatisation sans appel d'offre parce qu'elle compare
cette opération à
une «braderie de l'économie nationale ». A la
République Démocratique du Congo (RDC), on note une
stabilité dans le secteur qui rend difficile le processus. Dans cette
situation où les repreneurs se font rares les opérateurs ont
tendance à prendre des procédures de gré à
gré. Les agences de régulation semblent ne pas être
efficaces ce qui fait que les bases de données sont moins abondantes et
moins fiables. Ce manque de base de données augmente par
conséquent le risque de brader des opérateurs. Le cas du Mali
reste exceptionnel dans la mesure où la concurrence a commencé
avant même que la privatisation soit effective. Le Niger enregistre un
échec total. Cependant certaines privatisations sont
considérées de réussites, c'est le cas du
Sénégal.
3. L'exemple du Sénégal, une privatisation
réussie?
La privatisation au Sénégal est qualifiée de
réussite. Les objectifs sont-ils été atteints ? Le
développement des Télécommunications est-il bien
réel dans le pays ? Qu'en est-il de la couverture du territoire ? Le
service minimum est-il assuré ? Telles sont des questions qu'il serait
intéressant de trouver des réponses pour mesurer le succès
de la privatisation des télécommunications au
Sénégal. Commençons par rappeler les raisons et les
objectifs donnés par l'état du Sénégal concernant
la privatisation des télécommunications au Sénégal.
Avant de se lancer dans la privatisation, l'état
sénégalais avait fixé les objectifs et
éclairé les raisons pour lesquelles il a
préféré confier l'exploitation des
télécommunications à une organisation privée. Il
faut noter qu'au milieu des années 1990, le Sénégal
n'avait toujours pas franchi le seuil d'un téléphone pour 1OOO
habitants. Conscient du manque de communication dont souffre la population,
l'état s'engage alors dans la privatisation faisant appel aux capitaux
étrangers. L'objectif premier que l'état sénégalais
s'est fixé est d'augmenter le ratio d'un téléphone pour
100 habitant qui était d'un téléphone pour 1000 habitants
en 1995. Le but est de mobiliser l'épargne publique et privée
vers des secteurs productifs. Autrement dit réinvestir les
bénéfices issus de la privatisation dans le pays et dans des
secteurs prometteurs. Une raison qui a poussé l'état
sénégalais à privatiser les
télécommunications est le souci de faire face à l'essor
des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Nul
n'ignore le retard de l'Afrique
par rapport aux autres régions du monde dans le domaine
des NTIC. Un retard souvent qualifié de fracture numérique. Pour
réduire cette fracture numérique de son côté et
accélérer l'évolution technologique de son réseau
de télécommunications, le gouvernement sénégalais
espère pouvoir le faire en comptant sur le savoir faire d'un partenaire
stratégique. Ce partenaire stratégique doit donc être
capable d'assurer un chiffre
d'affaires plus important que celui dont l'opérateur
historique ne serait capable de réaliser. Il doit être aussi
capable d'ouvrir les marchés en créant de nouveaux parts de
marché. Ces objectifs semblent bien réalistes et
réalisables et doivent rimer avec le souhait des salariés.
Pourtant ils sont été réticents à la privatisation.
Ils acceptent d'accompagner le processus de privatisation pour plusieurs
raisons. Le caractère rapide de la déréglementation
rythmé par la mondialisation jugé libérale leur faisaient
peur d'autant plus que le secteur des télécommunications est
spécifiquement ouvert au monde. Ils ont donc peur que la privatisation
amène avec elle des maux qu'ils ne sauraient apporter un remède.
Ils ont effectivement peur d'être écrasés par les plus
forts. Ils reprochent à l'état de se désengager et les
livrer à eux même à la proie des plus forts.
Les salariés de la SONATEL ont été
réticents à la privatisation, mais la banque Mondiale elle
était défavorable à l'idée de privatisation de
l'entreprise phare du Sénégal. Contrairement à ce qui se
pratiquait en Afrique en général, la SONATEL allait être
privatisée alors qu'elle ne manifestait pas de difficultés
majeures.
La privatisation a été qualifiée de
succès au Sénégal. Les résultats ont
été satisfaisants. Le secteur des
télécommunications contribue pour 7% au PIB du pays en 2004, soit
290 milliards de FCA, contre une contribution de 4% en 2000. Cela constitue une
croissance de +3% en quatre, ce qui est non négligeable. Le secteur
enregistre une croissance annuelle des revenus de 18% entre 1998 et 2003 et 22%
en 2004. Les opérateurs ont investi 50 milliards de FCA en 2004, soit
5.4% des investissements du Sénégal. Le secteur est
également créateur d'emplois dans la mesure où il a permis
la création de 33 000 emplois dont 30 000 sont
générés par les télécentres. Prudence, car
les emplois générés par les télécentres sont
des emplois qui ne nécessitent aucune formation. Il faut comprendre donc
par
là que la majeure partie des emplois
générés par le secteur des
télécommunications ne sont pas des emplois qualifiants et par
conséquent de permettent à la main d'Ïuvre qualifiée
d'avoir un emploi. La télédensité pour les
téléphones fixes est également passée de 1,79 en
1999 à 2,42 en 2005. Ces résultats montrent que de plus en plus
de personnes ont accès au téléphone fixe. Le
téléphone portable a connu un développement beaucoup plus
rapide que celui du téléphone fixe. En 2005 1400 villages ont
été connecctés au fixe alors qu'ils sont de 6500 ayant
accès au téléphone mobile, soit une
télédensité de 13,43 lignes mobiles pour 100 habitants.
Notons que la plupart de ces 6500 villages ayant accès au
téléphone mobile, n'ont pas d'accès public aux services de
télécommunications. En outre, 64% des lignes fixes, des
télécentres et des équipements mobiles sont
localisés sur Dakar.
II. Néocolonialisme ou ouverture mal
maîtrisée à l'international?
Après la signature de l'accord de l'OMC sur la
libéralisation des télécommunications en 1987, la
commission européenne élabore le livre vert marquant
l'entrée des télécommunications dans la
déréglementation, la même année. Au Etats-Unis le
thème des autoroutes de l'information fait son apparition avec
l'adoption du High Performance Act en novembre 1991. La promotion des
télécommunications est à l'ordre du jour aux Etats-Unis,
en Europe c'est la conquête de nouveaux marchés qui fait grand
jour. Où vont-ils aller chercher ces nouveaux marchés ? Les
multinationales européennes reprennent le chemin de l'Afrique. France
Télécom met en place alors un dispositif pour l'Afrique. Quelques
années après l'entrée en vigueur de la
déréglementation des télécommunications, les
télécommunications françaises sont engagées dans
une période de réforme interne pour préparer la
déréglementation. Les directives européennes relatives
à la mise en oeuvre de la déréglementation doivent
être respectées et l'ouverture du marché des
télécommunications devient
imminente. L'heure est alors à la préparation de
l'ouverture des marchés qui sera accompagnée d'une concurrence
plus que jamais vive. France Télécom déjà
présente en Afrique par l'intermédiaire de sa filiale France
Câble Radio, décide de renforcer sa présence dans cette
zone mais également dans d'autre région du monde notamment eu
Europe. Cette nouvelle expansion de la multinationale française de
télécommunications a pour but de compenser les pertes
susceptibles de parts de marché. France télécoms se
transforme alors en entreprise commerciale qui ne se limite plus à
garantir les services publics. La protection des ses parts de marchés et
la quête de nouveaux parts de marchés font désormais partie
des ses objectifs premiers. France Télécom, issue d'une
administration publique chargée de la coopération avec les pays
« amis » en l'occurrence les pays d'Afrique rompt petit à
petit avec la coopération avec ses anciennes colonies pour « faire
du business ». Elle va utiliser une stratégie offensive qui
consiste à prendre des parts de marchés dans les capitaux des
opérateurs historiques. Mais rappelons que le choix des
opérateurs porte sur les opérateurs les plus rentables. C'est le
début de la concurrence. Le dispositif français pour l'Afrique
est bien réfléchi. France Télécom commence par
renforcer sa présence en augmentant le poids de sa filiale France
Câble Radio. En effet France Télécom s'organise avec la
SOFRECOM (Société Française d'Etudes et de
Réalisation
d'Equipements de Télécommunications) pour en faire
une filiale. Elle a désormais deux filiales sur le terrain qui vont
préparer l'entrée de la société mère sur le
terrain. Ce choix stratégique qui consiste à racheter la
société qui faisait concurrence à sa filiale constitue un
instrument puissant de la politique d'expansion de France Télécom
à l'international. France Câble Radio élabore une
stratégie en Afrique pour développer ses parts de marché.
Une stratégie qui n'a pas eu beaucoup de succès du fait de son
caractère déloyal. Rappelons que les activités de France
Câble Radio étaient plutôt orientées vers les
communications internationales. Toujours sous la pression des organismes
financiers internationaux à l'image de la Banque Mondial certains
gouvernements des états africains avaient entrepris le regroupement au
certain d'une même société des activités de
télécommunications sur le réseau national avec celles sur
le réseau
international. France Câble Radio en profitait pour mettre
en oeuvre sa stratégie de conquête de parts de marché.
Partout où elle détenait une part du capital des
opérateurs africains, ses dirigeants jouèrent sur le
pourrissement des opérateurs locaux et le poids de la dette envers
France Télécom pour tenter d'augmenter leur part du capital en
échange de l'annulation de la dette. C'était une façon de
mettre la pression aux dirigeants des opérateurs africains pour une
cession du capital par la voix la plus bénéfique pour eux.
Plusieurs scénarios de ce genre ont été
enregistrés. Cette stratégie de France Câble Radio a
soulevé la colère de beaucoup de dirigeants africains. L'heure
est alors à l'adoption d'une autre stratégies de cession du
capital des opérateurs africains par voix normale : la privatisation.
Cette fois-ci c'est France Télécom qui s'encharge pas ses
filiales. Les premières privatisations marquent en effet la
régularisation de la présence des compagnies des anciennes
colonies sur le territoire africain. Ce retour des anciennes colonies peut
être interprété de différentes façons.
S'agit-il d'un retour du néo-colonialisme ou de la faiblesse des
opérateurs africains à affronter la concurrence
étrangère.?
L'Europe est de retour en Afrique encore plus forte que jamais
car elle a un point fort sur lequel elle n'hésite pas d'appuyer pour
avoir de l'Afrique ce qu'elle veut. Ce point fort c'est la question des dettes.
L'Afrique succombe sous le poids de ces dettes et doit faire face à la
pression internationale. La dette de l'Afrique envers la France était
tellement élevée que toutes les communications internationales
avec l'Afrique transitaient en France avant d'atteindre leur destination.
Même les appels entre pays africains poursuivaient le même
parcours. Alors quelle dépendance!
Quelles sont les conséquences de cette privatisation
inachevée dans certains pays et bloquée dans d'autres ? La
première conséquence de la privatisation est le renforcement de
la présence des multinationales européennes dans le territoire
africain. L'opérateur français France Télécom,
Vivendi, Telefonica, Deutsch Telekom. Prenons l'exemple de France
Télécom qui est présente dans beaucoup de pays africains
comme le Botswana, le Cameroun, la Côte d'Ivoire et le Madagascar. Dans
ces
pays le label Orange prend de la place et remplace les marques
locales. Une autre conséquence est la naissance de multinationales
« africaines» ou pseudo africaines comme ORASCOM, CELTEL, MTN,
VODACOM et TELKOM. Mais la question qui se pose est de savoir si ces
multinationales sont réellement africaines d'autant plus qu'elles sont
sous le contrôle des multinationales européennes. Ces
dernières contrôlent le marché, s'emparent des parts de
marché les plus importantes et exportent les bénéfices
à leurs pays respectifs. Par conséquent le développement
des télécommunications africains est tenu par les multinationales
puis que ce sont eux qui contrôlent tous. Imaginons que les
multinationales retirent leurs capitaux. Etant donné qu'elles sont pour
la plupart du temps majoritaires dans la cession du capital, les
opérateurs africains risqueraient de manquer de capitaux. Dans cette
perspective la dépendance financière est évidente. Pis
encore cette dépendance s'accompagne avec une dépendance
technique. Les réseaux africains étant encore faibles, les
réseaux européens servent de relais d'autant plus ils sont des
hubs satellitaires vers le réseau international. A quand la naissance de
satellites africains pour un réseau africain qui n'aurait pas besoin de
coup de pouce. Pourtant les bénéfices issus des
télécommunications pourraient servir à développer
le réseau africain pour la mise en place de réseaux
d'interconnexion panafricains fiables. Mais si une partie est exportée
une autre versée dans les caisses de l'état, le
développement des télécommunications dépendrait
toujours de l'extérieur. Cette dépendance technique
entraîne la dépendance économique et le cercle vicieux
continue.
Ça ne s'arrête pas là car les
dépendances s'accumulent. Qu'en est-il de la coopération
publique. Le secteur n'est plus géré directement par les
autorités publiques par conséquent les pays ne coopèrent
plus dans ce domaine. Toutes les négociations se font entre dirigeants
des opérateurs. En outre chaque pays travaille au service de ses
opérateurs pour faire d'eux les champions. En France l'Agence
Française de Développement (AFD) remplace le «bureau de
Télécoms » au Ministère des Affaires
Etrangères. Des actions ont été mises en place pour
soutenir les agences de régulation ou favoriser le développement
des nouvelles technologies
comme le plan ADEN. Le développement inéquitable
des télécommunications est là, sans appel. L'UIT (Union
Internationale des Télécommunications) a-t-elle failli à
son rôle fondamental, le développement équilibré des
télécommunications pour garantir le droit de communication
à tous les citoyens du monde. A cela s'ajoute le poids important des
multinationales qui jouent un rôle important dans l'économie
mondiale. Leur poids économique est d'autant plus important qu'il leur
confère une influence politique non négligeable. Ce poids
politique important des multinationales fait que les états et les
organismes internationaux se tournent vers eux, influencés par leur
pouvoir politique. Un exemple patent est le cas de «
Académies» CISCO qui détient la quasi-totalité du
marché des routeurs. Pourtant elle est promue et cofinancée par
l'UIT.
A côté de ces conséquences non souhaitables,
il y a des conséquences positives. La première est la progression
de la télé-densité qui est passée de (à
chercher). Cette progression de la télé-densité trouve son
explication dans le développement rapide de la téléphonie
mobile. La demande du marché évolue également du fait du
besoin énorme de communication. Longtemps victime de la « fracture
téléphonique» les gens profitent de la
téléphonie mobile plus facile d'accès que le
téléphone fixe. Ce boom de la téléphonie mobile
ralentie le développement du fixe. Les réseaux d'infrastructures
pour le fixe se dégradent dans certaines zones. La
téléphonie mobile est privilégiée car elle est
jugée prédatrice d'investissement et de ressources. Le fixe est
ouvert à la concurrence alors qu'il reste des réseaux à
construire pour raccorder les zones
reculées. Notons que les concurrents s'intéressent
aux niches et aux secteurs les plus rentables sans contraintes de service
public ni de pression des autorités publiques. Qui va alors garantir le
service minimum universel si l'état se trouve dans une position dans la
quelle il est quasiment dépourvu de ses pouvoirs d'autorité
publique et n'est plus en mesure de garantir certains services publics à
une partie de la population. Imaginez-vous un pays où la
téléphonie mobile est presque le garant des communications
téléphoniques ? On serait tentait de dire que le «tout-
mobile » n'est pas la bonne solution d'autant plus que les réseaux
fixes et
mobiles doivent être complémentaires. Les
réseaux fixes sont même indispensables dans la mesure où
ils offrent une grande évolutivité à l'image de l'ADSL,
mais ils sont également nécessaires à l'acheminent des
appels mobiles. Par exemples dans les zones où les réseaux fixes
sont faibles où inexistantes, les habitants ont du mal à recevoir
des appels à leurs téléphones portables à cause de
l'état médiocre du réseau. Au moment où le Mobile
« 3G» se déploie dans certaines zones d'autres souffrent d'un
manque de développement équilibré et rationnel. Quel
paradoxe!
Le recours au téléphone portable pour satisfaire
les besoins de communication pèse lourd sur le budget des
ménages. Les
communications restent très chères d'autant plus
que les mobiles pallient les insuffisances du fixe. Ces ponctions sont encore
plus accentuées par le système des cartes
prépayées. En s'offrant cette communication payée
chère, certains habitants se privent d'autres nécessités.
La baisse de certains prix est due plus à l'évolution de la
technologie qu'à une prise en compte du pouvoir d'achat des populations
locales. Les zones rurales sont celles qui souffrent plus de l'absence des
lignes fixes. Elles sont délaissées. Au Sénégal
où la privatisation a plus de succès, seulement 50% des villages
sont reliés aux réseaux fixes et mobiles confondus. Qu'en est-il
du rôle de l'état en ce qui concerne l'aménagement du
territoire ? Il est complètement dessaisi de sa politique
d'aménagement du territoire. Il est dessaisi de son pouvoir de corriger
les inégalités sociales et géographiques. Quand les
inégalités sociales se creusent et que l'état est presque
incapable de faire quelque chose, force est de constater que si
l'indépendance politique est acquise celle économique laisse
à désirer.
L'exemple de la Gateway international Unique de la
République Centrafricaine. Cet exemple illustre bien le caractère
néocolonialiste des privatisations des télécommunications
en Afrique. Laquelle Gateway International Unique donne aux opérateurs
nationaux fixes et mobiles, ainsi qu'aux opérateurs internationaux
« un point d'accès unique mutualisé pour l'ensemble des
communications échangées avec l'étranger ». Cette
initiative a été opérée grâce à un
constat économique qui se résume d'une part à la situation
géographique de certains pays
enclavés et d'autre part aux effets pervers
résultant de la « libéralisation brutale et non
maîtrisée » de l'accès aux
télécommunications internationales. Dans ces pays
enclavés, aux budgets maigres, les opérateurs nationaux
consacrent une bonne partie de leurs ressources de financements à
l'achat d'équipements très chers mais aussi à la location
d'accès satellitaires internationaux qui appartiennent bien entendu aux
pays riches. Par conséquent la libéralisation de l'accès
aux télécommunications internationales a causé une
situation paradoxale d'appauvrissement du secteur des
télécommunications dans certains pays comme le Centre Afrique.
Cet appauvrissement est causé en général par des pertes
d'économie d'échelles qui s'expliquent par le recours individuel
des opérateurs à des solutions satellitaires qui n'ont pas
été compensé par les gains d'efficacité. Le
ministre des Postes et Télécommunications Chargé des
Nouvelles Technologies de la Centrafrique explique que « les
économistes européens qui ont prôné la
réforme des télécommunications au niveau international
n'ont pas pris en compte le fait que le développement des réseaux
des télécommunications des pays en voie de développement
repose sur les revenus
d'interconnexion téléphonique entrante payés
par les opérateurs internationaux, et notamment par les
opérateurs des pays développés ». En effet
l'introduction d'une concurrence totale sur l'interconnexion internationale a
par conséquent fragilisé les opérateurs des pays en voie
de développement à résister à l'écrasement
des prix payés par les grands opérateurs internationaux. Cet
effondrement des prix a été encouragé par les
opérateurs des pays développés. Leur stratégie a
été d'encourager cet effondrement en favorisant ainsi la maison
mère au détriment des filiales, les opérateurs africains
privatisés. «Le paradoxe économique », selon les termes
du ministre Centrafricain des Postes et Télécommunications est
que la concurrence sur l'accès à l'international a permis une
baisse drastique des prix des appels internationaux au bénéfice
des consommateurs des pays riches, mais en appauvrissant les opérateurs
des pays en voie de développement.
Dans de nombreux pays la privatisation s'est
déroulée sous la forme d'une privatisation partielle avec
partenaire stratégique. L'expérience montre que beaucoup
d'opérateurs africains privatisés sous cette forme ont
rencontré certains problèmes. Le problème principal commun
à tous les opérateurs est le non respect des cahiers des charges.
Par conséquent les services publics ne sont pas assurés. Dans
cette situation le désengagement de l'état est notable dans la
mesure où il a confié le fonctionnement des services publics
à des organisations qui se ne se soucient que de la maximisation du
profit au détriment des populations locales. Qu'en est-il du pouvoir de
négociation de l'état ? L'état a donc était
dépouillé de son pouvoir de décision pour le bon
fonctionnement des services. Il se trouve alors dans une situation où il
est incapable de d'assurer lui-même ou de faire assurer le fonctionnement
des services minimum. Le contrat de gestion échappe à son
contrôle du fait de l'absence de transparence dans la gestion. Dans cette
situation d'insécurité, dans la mesure où l'état ne
décide plus ou presque du fonctionnement d'une partie des services
publics, la sécurité nationale est mise en cause. Dans la plupart
des pays de l'Afrique Subsaharienne, les services de bases sont peu ou pas
assurés ; moins d'un téléphone pour cent habitants n'est
pas rare dans certains pays. L'objectif principal de la privatisation devrait
être de garantir le service minimum public. Les pays de cette
région restent donc confrontés à un énorme
problème d'investissement pour garantir le service minimum. Or les
partenaires stratégiques préfèrent mettre l'accent sur les
services les plus rentables et donc pas sur les services de base. Ainsi dans la
sous région on peut noter quelques cas de figure. Pour le cas de la
Guinée et du Ghana, le partenaire stratégique avait exigé
et obtenu 50% du capital des opérateurs historiques dans ces pays. Les
conséquences sont aujourd'hui alarmantes. Tandis que TELENOR a
été appelé pour secourir le Ghana, la Guinée elle
est toujours confrontée à des problèmes de réseau.
En Côte d'Ivoire la couverture du territoire pose un problème
à France Télécom, partenaire stratégique. Pourtant
la couverture du territoire national était bien dans les cahiers des
charges. L'on peut se poser la question de savoir comment une multinationale
comme France Télécom peut trébucher à couvrir un
territoire aussi réduit que celle de la Côte
d'Ivoire ? Et bien la réponse est simple et trouve être un
problème d'investissement donc je parlais plus haut. Le simple fait de
couvrir le territoire n'est pas assez rentable pour France
Télécom ce qui explique sa préférence d'investir
sur d'autres services jugés plus rentables : Services aux entreprises
privées et particuliers. Le cas du Sénégal reste
exceptionnel et un peu particulier. La privatisation de la SONATEL est
qualifiée de succès. Mais il serait
prudent d'aller chercher les raisons de cette réussite.
Elle n'est pas en réalité due au partenaire stratégique
mais à un ensemble de dispositions qui avaient été prises
par le Gouvernement sénégalais et les responsables
de la SONATEL. Qu'est-ce qu'ils ont fait en réalité
? Depuis 1994 le gouvernement et les responsables ont mis en place des
exonérations sur les importations des équipements de
télécommunications. En outre, le paiement des factures dues
à la société est régulier et les
bénéfices ont été réinvestis. Il s'agit donc
là d'un effort et d'une volonté à faire avancer les choses
et cela appuiera nécessairement sur l'élaboration d'un plan de
développement des télécommunications. Il faut
néanmoins noter que France Télécom a quand même
appuyé sur les plans nationaux.
Au Niger, encore une défaillance sur le respect des
cahiers des charges est parvenue. DATAPORT, partenaire stratégique peine
à développer
l'infrastructure nationale conformément aux cahiers des
charges. Les cahiers des charges ont été respectés
à seulement 6%. Le mécontentement de la population s'ensuit mais
des solutions correctrices tardent à venir. Certains vont même
jusqu'à dénoncer la transaction et réclament le retrait
des licences qui ont été accordées à DATAPORT.
Au vu de toutes ces expériences, on ne peut pas
s'empêcher de remettre en cause le choix du partenaire stratégique
mais également le pouvoir de négociation des gouvernements des
pays africains.
Remise en cause du choix du partenaire
stratégique
La méthode pour le choix du partenaire stratégique
qui s'agit de faire recours à la voix d'appel d'offres devrait
être abandonnée et remplacer par une méthode qui consiste
à confronter les opérateurs historiques avec d'autres
opérateurs ciblés. Cette méthode de recrutement de
gré à gré d'un
partenaire stratégique permettrait une meilleure
transparence dans la négociation et donc une négociation
gagnant-gagnant où les contrats seront exécutés de bon
gré, les cahiers de charges respectés.
2. Dépendance économique ou perte
d'identité
Le label orange s'est imposé dans la sous-région
subsaharienne, cette uniformisation des marques du groupe est-il comparable
à une perte d'identité des marques locales ? Par
l'intermédiaire de sa filiale Sonatel, France Télécom
s'impose dans la région ouest africaine. Le label Orange qui a
remplacé toutes les marques commerciales de la Sonatel depuis novembre
2006 s'impose désormais comme une marque régionale. Elle est
présente dans neuf pays de la région à savoir la
Guinée Bissau, le Mali, la Guinée, le Botswana, la Côte
d'Ivoire, la Guinée équatoriale, le Madagascar, le Cameroun et
bien évidemment le Sénégal. Ce déploiement de la
Sonatel en Afrique peut être considéré par certains comme
caractéristique de la naissance d'un nouvel opérateur
régional. Mais soyez prudent car si on y voit de plus prés et
avec plus de recul, l'on constate que ce phénomène n'est rien
d'autre que le reflet du
renforcement de la présence étrangère dans
les télécommunications ouest africaines. En effet, France
Télécoms détient 42, 33% du capital de la Sonatel. Ceci
est le résultat direct de la privatisation des opérateurs publics
ce qui a entraîné l'ouvert à la concurrence du
marché de la téléphonie mobile en Afrique. Cette ouverture
à la concurrence internationale a livré le secteur aux
multinationales, surtout européennes au moment tous les pays et surtout
riches essayent de protéger leurs secteurs d'activités les plus
rentables et fragiles à la concurrence internationale. Cette situation
témoigne d'une double dénationalisation. D'une part des
entreprises privées à l'image des multinationales
européennes remplacent les opérateurs publics africains qui
étaient censés être les garants du service minimum pour
tous les citoyens. Ce qui laisse voir clairement le désengagement de
l'état qui laisse ses citoyens être servis par des entreprises
étrangères qui privilégient la maximisation du profit au
détriment du développement réel des
télécommunications dans la région. D'autre part, les
entreprises africaines perdent lamentablement leur identité au moment
où elles devraient privilégier la protection de leur
identité pour survivre. Cette perte d'identité aura
bien des conséquences qui peuvent être fâcheuses aussi bien
pour les entreprises, les hommes qui les dirigent et bien entendu sur le
management de l'entreprise africaine. En outre, la plus lourde
conséquence est d'ordre économique dans la mesure où cette
perte d'identité va favoriser la dépendance économique de
l'Afrique qui est déjà marquée en ce moment. L'exemple le
plus patent est la substitution des marques commerciales de la Sonatel par le
label Orange. Ces marques locales qui avaient été conçues
selon des critères culturels et pour une population spécifique se
trouvent être remplacées par des marques étrangères.
Mais les principaux responsables sont les dirigeants africains. A l'heure
où tous les dirigeants des autres régions du monde mettent
à l'ordre du jour la protection des économies nationales ou
régionales, ils se permettent eux d'opter pour la facilité en
confiant la gestion publique à des sociétés
étrangères. Ils appliquent naïvement les recettes
libérales que leur ont inculqué les institutions de Bretton Woods
en acceptant, sans contrepartie, de soumettre leurs économies aux
règles du libéralisme. Pourtant les puissances qui en sont les
portes drapeau, à l'image des européens et des américains,
se gardent bien d'appliquer sur leurs propres marchés. Dans une
situation pareille, on ne peut pas s'empêcher de s'interroger sur
l'avenir de l'Afrique en tant que puissance économique
indépendante.
PARTIE 2: QUELLES STRATEGIES LES ENTREPRISES OUEST
AFRICAINES POURRAIENT-ELLES ADOPTER POUR TIRER PROFIT DU SECTEUR DES
TELECOMMUNICATIONS?
Face à cette situation où le développement
des télécommunications et la dépendance économique
s'entremêlent et qu'il est difficile de faire la part des choses, il
revient aux dirigeants des opérateurs africains et aux gouvernements
africains de repenser la privatisation afin d'adopter des stratégies qui
leur permettent de tirer profit du développement du secteur des
télécommunications. L'adoption de ces stratégies passe par
la mise en place de solutions alternatives ou parallèles à la
privatisation des télécommunications.
I. Solutions alternatives ou parallèles aux
privatisations : repenser les privatisations
Faut-il toujours privatiser de la même façon en
adoptant les mêmes stratégies ? Les stratégies de
privatisations peuvent belle et bien être changées ou
adaptées à la situation économique et aux besoins actuels
et primordiaux de l'Afrique. Il est dons temps pour définir une nouvelle
stratégie de privatisation qui consisterait à remettre en cause
le processus actuel et penser à le remplacer. Pourquoi se cantonner
à une seule stratégie si elle ne permet pas de fournir les
résultats escomptés ? Se seraient refuser le changement pour
s'ouvrir à de nouvelles perspectives, ce qui est contraires aux
réalités du monde actuel. Reprendre l'intégralité
du processus revient donc à définir une nouvelle
stratégie, cherche d'autres modes de financement mais aussi
redéfinir la durée de mise en oeuvre. Plus de deux ans comme
c'est le cas de CAMTEL au Cameroun. Renforcer le rôle de
négociation de l'état et son pouvoir de décision. Une
première étape de la mise en place de nouvelles stratégies
serait une remise en cause des modes de financement actuels
1. Remise en cause des modes de financement actuels
L'Afrique doit repenser les modes de financement des
infrastructures de télécommunications pour un réseau
africain fiable et indépendant. Pour cela il va falloir mettre en cause
les modes de financement actuels. Les organismes financiers internationaux
comme la FMI et la Banque Mondiale, pour financer les projets de financement
des
télécommunications africaines leur imposent des
conditionnalités qui ne font que alourdir la dette des pays africains et
augmenter leur dépendance financière envers les pays du Nord. Il
est alors temps de mettre fin à ces modes de financement et s'interroger
sur l'utilité de fonds existants comme World Tel de l'UIT, les fonds de
solidarité comme le fonds Nelson Mandela et le fonds de
solidarité numérique. Les dirigeants doivent négocier avec
les banques locales comme la banque africaine de développement (BAD), ou
la banque arabe pour le développement économique de l'Afrique
(BADEA) pour la mise en place une coopération permettant de
générer des moyens de financements. Repenser les financements
actuels consiste également à éviter les opérations
qui font perdre à l'Afrique des sommes d'argent colossales. Le
système du «call-back» fait perdre aux opérateurs
africains énormément d'argent. La somme est estimée
à plus de cinq cent (500) millions de dollars par années.
Imaginez que cette somme serait réinvestie dans les
télécommunications africaines pour le développement des
réseaux africains. Au bout de quelques années, cela pourrait
avoir un impact positif et remarquable sur toute l'économie africaine.
L'Afrique doit également procéder à des
négociations avec les pays du Nord pour prendre des mesures consistant
à rétablir la répartition des taxes dans les
communications internationales à 50/50 comme avant la réforme de
1998. Notons que cette réforme a été décidé
unilatéralement par les Etats-Unis pour rompre avec l'ancien
système de réparation des taxes correspondant au coût des
appels téléphoniques internationales. Cet accord international,
en vigueur depuis plus d'un siècle proposait la répartition
équitable de la taxe entre l'émetteur et le récepteur. La
raison évoquée par les Etats-Unis pour réviser la taxe de
répartition était « le déséquilibre croissant
entre le trafic sortant et le trafic entrant aux Etats-Unis qui aurait
engendré pour les opérateurs américains un déficit
de plus de six milliards de dollars par
an ». Pourtant, une bonne partie de ce déficit
était provoquée par les pratiques des opérateurs
eux-mêmes qui proposaient aux abonnés du monde entier des
solutions illégales dans la plupart des pays, le call back ainsi que le
routage (passage de la communication par un pays tiers aux tarifs plus
compétitifs. (Quéauh Ph 1999). Si la répartition
équitable de la taxe de répartition fait perdre aux
opérateurs américains plus de six milliards de dollars par
année, elle rapporterait à l'Afrique de deux à cinq
milliards de dollars par année selon les experts économiques.
Donc les pays sous-développés compensent la perte des pays
développés. C'est vraiment la jungle ! Mais cela ne doit pas
pousser les gouvernements africains à baisser les bras. Ils doivent
aller de l'avant, essayer de négocier, de faire pression sur les autres
au lieu de subir la pression tout le temps. C'est vrai que les pays
développés ont plus de pouvoir de négociation que les pays
africains, mais cela ne constitue pas une raison pour avoir peur de
négocier en défendant ses intérêts. Ils ne doivent
pas non plus accepter des conditions à leur défaveur même
si cela leur fait perdre certains avantages sur le court terme. Tout ou presque
se joue sur le long terme dans ce monde de plus en plus globalisé.
L'Afrique doit tout faire pour mettre fin à la dépendance
technique dans les télécommunications afin de pouvoir
gérer elle-même le trafic intraafricain actuellement assuré
à l'extérieur du continent et qui coûte aux
opérateurs africains plus de quatre cents (400 millions de dollars) par
an selon l'UIT.
Il existe bien alors des moyens pour développer les
télécommunications africaines en évitant la
dépendance. Le chemin sera long mais ne faudrait- il pas se donner la
peine de le parcourir car il en vaut la peine.
2. Des regroupements régionaux pour une
intégration régionale réussie
Etant donné la taille des entreprises africaines,
l'intégration régionale devient nécessaire pour donner
plus de force aux opérateurs africains. Des regroupements
régionaux permettraient aux opérateurs africains d'avoir plus de
force pour affronter la concurrence internationale.
Le déploiement des multinationales européennes de
télécommunications sur le territoire africain donne naissance
à l'expansion de certains
opérateurs africains sur le continent à l'image de
SONATEL du Sénégal qui étend sa présence en Afrique
de l'Ouest. Elle a acquis des licences d'exploitation au Mali (en 2002), au
Guinée Bissau et en Guinée, plus récemment en 2007. Mais
cette expansion n'est rien d'autre que celle de France Télécom en
Afrique de l'ouest d'autant plus qu'elle détient plus de 40% du capital
de la SONTEL et prend en main le contrôle de l'entreprise en
décidant de la direction vers laquelle la SONATEL doit
s'orientée. Après la naissance de Orange au
Sénégal, Orange Bissau et Orange Guinée ont vu le jour. En
Guinée Bissau, SONATEL a obtenu trois licences mobile pour une
durée de dix ans renouvelable. En Guinée, elle détient une
licence mobile pour une durée de quinze ans renouvelable. Contrairement
à ce que certains pourraient penser, l'expansion des opérateurs
africains sur le continent, sous le contrôle des sociétés
mères profite plus aux multinationales qu'aux entreprises africaines
dans la mesure où se sont eux qui décident de l'orientation de
l'entreprise en définissant les politiques stratégiques du
groupe, à leur profit. Des regroupements régionaux permettraient
de renverser la tendance et faire profiter les opérateurs africains au
développement des
télécommunications en premiers. Certes, certains
opérateurs profitent du développement des
télécommunications mais ce n'est pas le cas pour la majeure
partie des opérateurs africains. A quand l'intégration
régionale par la fusion entre opérateurs africains ? Les
gouvernements africains devraient pencher sur la question et prendre les choses
en main pour favoriser l'indépendance économique et technique de
tout le continent. Si les opérateurs africains les plus prometteurs
prenaient le contrôle des opérateurs qui peinent à
décoller, cela favoriserait le développement plus rapide des
télécommunications sur l'ensemble du continent. Tout le monde en
profiterait car tous les bénéfices pourront être
réinvestis dans le continent. Le développement des réseaux
africains pourrait en découlait, ce qui réduirait la
dépendance technique de l'extérieur. Cela pourrait
également dégager une rentabilité financière
conséquente pour assurer les conditions de financements des
investissements d'autant plus que le marché est structurellement petit
et qu'il doit être partagé entre plusieurs opérateurs. Les
opérateurs des pays les pauvres comme le Mali, la Guinée
Bissau, la Guinée, et autres n'ont pas la taille critique
pour se développer et confronter la concurrence internationale. Les
regroupements régionaux permettraient la naissance de multinationales
africaines suffisamment grandes et financièrement solides pour affronter
la concurrence internationale et réduire la dépendance
vis-à-vis des fournisseurs. Notons qu'en Afrique le marché des
télécommunications restent encore mal structuré.
L'intégration régionale permettrait la structuration du
marché pour fédérer les sous-régions.
L'intégration régionale passe également par la
constitution de véritables réseaux sous-régionaux par
l'intermédiaire d'un réseau d'interconnexion panafricain. A ce
niveau le « Panaftel2 » a été mis en place. Il a eu un
certain succès mais il a été mal entretenu, ce qui a
réduit son efficacité. Les réseaux africains ont donc
besoin de synergie pour être plus efficacité.
3. La synergie entre les réseaux africains
Rappelons que l'Afrique souffre d'un manque d'infrastructures
incomparable. Des infrastructures de réseaux de
télécommunications fiables sont absentes. A l'échelle
nationale plus de 70 % des pays souffrent de l'absence d'un réseau de
télécommunications fiable. A l'échelle
sous-régionale il existe un semi abandon des réseaux. A
L'échelle régionale et continentale le Panaftel (Réseau
panafricain de télécommunications), basé sur la
technologie est abandonné sur une grande partie. En outre, les segments
de réseaux existants sont pour une grande partie obsolètes,
multitechnologiques. Leur capacité à connecter la région
est très réduite.
Sur le plan juridique, les pays africains doivent
également faire un effort pour une réglementation harmonieuse.
3. Harmoniser de la réglementation
Le marché africain des télécommunications
nécessite une harmonisation réglementaire pour favoriser
l'émergence d'un environnement réglementaire des
télécommunications en Afrique. Un environnement
réglementaire harmonieux permettrait aux
télécommunications africaines de se développer en phase
avec les progrès rapides des nouvelles technologies de l'information et
de la communication et favorisant l'interconnexion et la globalisation des
marché africains de télécommunications. L'harmonisation
réglementaire devient alors une priorité pour le
développement des télécommunications africaines. Notons
qu'en Afrique il reste beaucoup à faire pour l'unification du droit afin
de mettre en place un environnement stable et un cadre réglementaire
propice, seuls gages pour attirer les investissements étrangers. Des
initiatives ont été prises ç ce niveau comme la
réforme OHADA, mais les choses avancent lentement.
Mettre en place et entretenir un réseau nécessite
une main d'Ïuvre qualifiée, ce qui manque à l'Afrique
surtout dans les domaines techniques comme celui des
télécommunications. L'Afrique doit donc investir sur le capital
humain afin de pouvoir s'approvisionner elle-même en main d'Ïuvre
qualifiée capable d'assurer la gestion du réseau africain.
II. Investir sur le capital humain
Une main d'Ïuvre qualifiée constitue un facteur de
développement important. Pour maîtriser le développement
des télécommunications, l'Afrique a besoin de main d'Ïuvre
qualifiée afin de réduire les dépendances que ce soit
économique ou technique. Cet investissement sur le capital humain passe
d'abord par une sensibilisation de la population de l'importance de
l'éducation. L'état doit donc investir abondamment sur
l'éducation et favoriser le développement des nouvelles
technologies.
1. Privilégier la main d'Ïuvre locale
L'Afrique est en carence de main d'Ïuvre qualifiée
pour prendre en main son développement et libérer le continent de
ses dépendances de l'extérieur. Tant que le continent noir
comptera sur la main d'Ïuvre étrangère qualifiée pour
développer les secteurs nécessitant des formations
spécifiques, son dépendance de l'extérieur perdurera et le
développement des ses secteurs profitera plus à ceux qui ont
oeuvré pour ça. La faiblesse des réseaux africains est
certes due en partie à une insuffisance d'investissement, mais
également à un manque alarmant de
main d'Ïuvre africaine qualifiée capable de prendre
entièrement la gestion des réseaux. Ce manque de main
d'Ïuvre est le résultat de la faiblesse du système
d'éducation mais aussi et surtout de « l'exode du capital humain
» vers les pays développés. Ce phénomène
communément appelé « fuite des cerveaux» fait partie
des facteurs de sous développement de l'Afrique. La fuite des cerveaux
est définie comme étant le mouvement du personnel qualifié
d'un pays vers un autre. En effet, il se trouve que le sens du mouvement est en
général des pays du Sud vers les pays du Nord. Les pays du Sud en
souffrent énormément et font souvent appel aux pays du Nord pour
leur soutenir presque dans tous les domaines que ce soit économique,
technique ou « intellectuel ». Le paradoxe de ce
phénomène est que les pays du Sud ont plus besoin de main
d'Ïuvre que ceux du Nord. Quelles sont alors les raisons pour lesquelles
les intellectuels des pays sous-développés veulent
déserter leurs pays pour aller servir d'autres pays ? Les organismes
internationaux tels que le Fonds Monétaire International, la Banque
Mondiale, l'Organisation Internationale des Migrations, la Commission
Economique de l'Afrique et les agences des Nations Unis travaillent pour
connaître les causes profondes de l'exode du capital humain de l'Afrique.
Le résultat de leurs travaux révèle des chiffres qui en
disent beaucoup sur la situation inquiétante et qui mérite
réflexion. Un expert de l'Organisation Internationale des Migrations
déclare que plus de 23 000 universitaires et 50 000 cadres
supérieurs et intermédiaires quittent l'Afrique chaque
année à destination des pays du Nord. En plus de 40 000
doctorants africains vivent en dehors de l'Afrique. Des enquêtes ont
révélé des chiffres effarants et inquiétants.
D'après ces enquêtes les médecins sierra léonais qui
travaillent à Chicago, aux Etats-Unis sont plus nombreux que ceux
restés au pays. Alors imaginez-vous les répercussions sur la
santé des populations de ce pays. Le Bénin où les soins
médicaux restent encore un luxe accessible seulement à la
population aisée, fournit au système médical
français plus de professionnels que le pays en possède dans ses
services de santé. Ce problème de la fuite des cerveaux est clair
d'autant plus qu'il appauvrit l'Afrique. L'expert de l'organisation
Internationale des Migrations a indiqué que l'Afrique «
subventionne » les pays
développés à hauteur de 500 millions de
dollars par an, en termes d'investissements dans les ressources humaines qui
finissent dans ces parties les plus développées de la
planète. Ce problème mérite une recherche de solution
rapide. Le renversement de la tendance de la fuite des cerveaux à celui
de « gain de cerveaux » pour parler comme le scientifique
américano-nigérian Philip Emeagwali constitue le défi qui
interpelle l'Afrique et ses partenaires. Les causes de ce départ sont de
toute évidence un manque de sécurité de trouver un travail
après de longues études ou bien le travail correspondant à
ses attentes. Pourtant il existe une main d'Ïuvre étrangère
qui trouve en Afrique ce que les Africains vont chercher dans les pays
développés. Selon les estimations de la Banque Mondiale, pour une
année donnée quelque 70 000 travailleurs Africains
qualifiés émigrent aux Etats-Unis et en Europe à la
recherche d'emplois et de salaires décents. Ces travailleurs
qualifiés qui désertent l'Afrique sont remplacés par
quelques 100 000 travailleurs étrangers venant des pays
développés. Ils sont payés à des salaires
supérieurs à la moyenne européenne. Notons que le salaire
moyen européen permet de vivre décemment en Afrique vu le niveau
moins élevé que celui d'Europe. Il est alors évident qu'il
manque en Afrique des politiques de promotion de l'emploi. Des mesures
d'incitations visant à attirer les Africains vers ces
opportunités d'emploi offerts aux candidats occidentaux. Pourtant au
moment du recrutement il y a des candidats africains restés au bercail
et qui ont la même compétence. L'absence d'un facteur d'attraction
qui empêcherait les africains d'aller chercher du travail est apparente.
Le défit des gouvernements africains est alors de favoriser la
création et la promotion de l'emploi. Comme l'a suggéré M.
Emeagwali lors de la conférence panafricaine sur la fuite des cerveaux
organisée le 24 octobre 2003 à Illinois, aux Etats-Unis «
une combinaison de mesures, dont la création d'emplois high-tech,
l'exploitation des ressources humaines de la diaspora africaine, le
prélèvement de taxes sur l'immigration à payer par les
pays hôtes et la création d'une large classe intellectuelle
moyenne pour réduire les conditions qui mènent aux guerres
civiles et à la corruption, pourraient empêcher le
développement syndrome de la fuite des cerveaux ». Toujours dans le
discours prononcé
par M. Emeagwali, il préconise qu'une démarche
fondamentale pour l'Afrique pourrait être de profiter, à travers
la création d'environ un million d'emplois high-tech sur le continent,
du marché de 3,3 millions d'emplois dont le département
américain du Travail prévoit la perte au profit des pays en voie
de développement, à l'horizon 2015. Parmi les emplois high-tech
figurent les centres d'appels, le service client et les services d'assistance
et tous les moyens possibles et loyales d'attirer les travailleurs africains
vivants à l'étranger. Cela commence par la promotion de l'emploi
auprès des étudiants africains faisant leurs études
à l'étranger. Si les pays riches font la promotion de l'emploi
pour attirer les travailleurs qualifiés, les pays africains devraient
s'engager dans la bataille de promotion de l'emploi. Même les pays
développés font tous pour attirer les travailleurs
qualifiés à l'image du Canada, du Royaume, de la Nouvelle Zealand
et la France ave la politique de l'immigration choisie.
Les pays africains devraient commencer, pour la promotion de
l'emploi, par trouver les principales causes de ces départs. Certaines
causes sont plus évidentes que d'autres mais il est important de les
prendre toutes au sérieux. Pourquoi les africains ne veulent pas rester
chez eux et oeuvrer pour le développement de leur continent ? Parce que
l'Afrique est moins développée que les autres régions du
monde. Telle est la réponse qu'on serait tenter de donner à
première abord. C'est évident. Mais il faut creuser pour trouver
les causes profondes pour mieux apporter les solutions adaptées. Le
facteur économique est la cause principale mais il existe bien d'autres
causes comme l'interaction complexe des forces économiques, politiques,
sociales, culturelles, linguistiques et religieuses. Les gens partent de chez
eux pour aller chercher ailleurs ce qui les manque chez eux ou pour fuir un
mauvais confort chez eux. Des conditions intérieures défavorables
telles que la capacité éducative insuffisante, les bas niveaux de
salaires, les limitations de la technologie, une mauvaise adéquation de
la formation et de l'emploi et l'incertitude du lendemain, le malaise
politique, les conflits armées, l'absence de politiques de main
d'Ïuvre réalistes et l'instabilité économique
poussent les gens hors de leurs pays d'origine. Dans certains pays africains
les gens
sont confrontés à une instabilité politique
à cause des guerres. Cesser le feu devient nécessaire pour
empêcher les gens de partir. Ils sont donc attirés par les pays
où ils espèrent vivre paisiblement et trouver du travail. Dans
une perspective, la motivation fondamentale pour la migration est l'espoir d'un
gain net. Les écarts de salaires constituent un facteur d'attraction
vers d'autres pays et donc des pays du Sud vers les pays du Nord. Il faut quand
même noter que les écarts de salaires n'attirent pas tous les
travailleurs. Ils préféreraient avoir la sécurité
d'avoir un travail. Face à ce phénomène de la fuite des
cerveaux, les gouvernements africains ont les responsabilités de prendre
des mesures qui vont ralentir à court terme et freiner à long
terme les mouvements migratoires vers les pays du Nord. Ils doivent adopter des
politiques et des options stratégiques pour gérer les flux
migratoires vers les pays développés. Cette diaspora africaine
pourrait contribuer au développement de l'Afrique.
2. Promotion du retour des migrants africains
La priorité doit être donnée à la
promotion du retour des migrants à leur pays d'origine en prenant des
initiatives pour ressourcer les expatriés par l'accroissement des
communications, le transfert des connaissances et des fonds, ainsi que les
investissements. L'Afrique doit procéder à l'exploitation de sa
Diaspora. Les communications pourraient se faire en organisant des
débats, des conférences, des colloques et des forums, sur la
fuite des cerveaux dans les pays d'accueil des migrants. Ces conférences
pourraient être animées par les cadres africains qui travaillent
en Afrique pour montrer la possibilité de trouver un travail
décent en Afrique. Il faut surtout éviter de venir leur parler de
politique en essayant de montrer l'exemple de ceux qui ont « réussi
» par la politique et occupé des postes purement politiques ne
correspondant pas à leur compétence ni à leur
mérite. Les états africains peuvent également mettre en
place des politiques réparatrices qui consistent à
négocier avec les pays d'accueil un remboursement pour compenser les
perte en capital humain, ou tout simplement imposer les émigrer
directement. Ils peuvent également imposer un quota sur leurs effectifs
aux entreprises des pays développés
implantés Afrique. C'est-à-dire qu'un certain
pourcentage de leur personnel sera composé de travailleurs africains.
Pour avoir à leur disposition la main d'oeuvre
nécessaire pour prendre en main le développement, les pays
africains doivent investir dans le capital humain en favorisant
l'éducation et les formations valorisantes à valeur
ajoutée. Ils doivent inciter les travailleurs africains qualifiés
de retourner au bercail. Pour cela des politiques de retour doivent être
mises en place afin de faciliter le retour. Les politiques de retour sont des
opérations qui visent le long terme. Mais il faut qu'il y ait d'abord un
minimum d'offres d'emplois disponibles et accessibles aux candidats. Dans cette
perspective les secteurs créateurs d'emplois doivent être
favorisés.
CONCLUSION
La libéralisation du secteur des
télécommunications a permis l'ouverture du secteur des
télécommunications à la concurrence. Cela a donc permis
aux multinationales européennes d'étendre leur présence en
Afrique à la recherche du profit. La conséquence immédiate
est la naissance de filiales africaines pour les multinationales
européennes. Ces filiales servent de relais aux multinationales pour
l'exécution de leurs stratégies en Afrique. La présence
des multinationales sur le continent africain a favorisé le
développement des télécommunications africaines en quelque
sorte. On assiste à un boom de la téléphonie mobile, les
territoires sont loin d'être entièrement raccordés au fixe
ce qui rend difficile utilisation du mobile dans les zones non couvertes
notamment les zones rurales. Le développement se traduit par
l'évolution de la télé-densité engendrée
essentiellement par l'évolution de la téléphonie mobile.
Cependant les fixes sont en danger car les gens préfèrent avoir
un mobile du fait de l'accès plus facile.
A côté des conséquences positives, ils
existe des conséquences négatives comme la «
dépendance technologique » de l'Afrique envers les pays du Nord. La
dépendance, elle est également économique dans la mesure
où le développement des télécommunications est
entre les mains des
multinationales, l'existence des opérateurs africains
n'étant que apparente puisqu'ils sont ou vont devenir des filiales des
multinationales. L'heure est alors au renversement de la tendance en essayant
de profiter du statut de filiale puis qu'il offre des avantages moyennement
exploités par les filiales. Mais le renversement de la tendance est
entièrement de la responsabilité des gouvernements africains qui
doivent investir sur le capital humain afin de mettre fin à la fuite des
cerveaux. Ainsi, les dépendances de l'Afrique envers les pays
développés vont diminuer et l'Afrique pourra profiter de l'essor
du secteur des télécommunications. Puisque que le
développement des télécommunications africaines
dépend pour une grande partie des multinationales européennes, on
serait tenter
de se poser la question de savoir est-ce que le
développement des télécommunications africaines profite
t-il à l'Afrique?
BIBLIOGRAPHIE
Télécommunication, entre bien public et
marchandises : Collectif, coordonné par Djilali Benamrane, Bruno
Jaffré et François-Xavier Verschave, Editions Charles
Léopold Mayer, Paris, novembre.
Technologies de l'information et de la communication pour le
développement en Afrique : volume 1
potentialités et défis pour le développement
communautaire
CODESRIA/CRDI 2003
ISBN 1-55250-000-4
160 p.
REFERENCE:
http://www.csdptt.org/
http://www.itu.int/ITU-D/afr/docs/
rapport%20etude%20Roaming%20en%20afrique%20de%20lOuest.pdf
Colloque de l'UIT sur les guides des TIC en Afrique pour la
réalisation des projets du Nepad
http://www.itu.int/ITU-D/afr/events/arusha-ITU-NEPAD/Documents/doc7(eolotu-french).pdf
Bureau régional de L'UIT pour L'Afrique événements
http://www.itu.int/ITU-D/afr/events/arusha-ITU-NEPAD/Documents/doc7(eolotu-french).pdf
http://www.itu.int/ITU-D/afr/events/arusha-ITU-NEPAD/Documents/doc7(eolotu-french).pdf
http://www.itu.int/ITU-D/study_groups/SGP_1
998-2002/SG2/Documents/200 1/251 F.doc
http://www.uneca.org/ADF99/index.htm
19/03/07
http://afrique.droits.apc.org/index.shtml?apc=21877se_1
19/03/07
Observatoire des politiques de TIC en Afrique
http://en.wikipedia.org/wiki/Category:Telecommunications_companies_of_Africa
19/03/07 Category: Telecommunications companies of Africa
http://www.idrc.ca/fr/ev-33000-201-1-DO_TOPIC.html
19/03/07
Transfert et maitrise sociale de TIC en afrique
smsi.francophonie.org/IMG/rtf/analyse_experience.rtf
Jeune Afrique, ETAT DE L'AFRIQUE 2007-Avril 2007
Annexe 1: Les télécommunications dans
l'économie nationale du Sénégal
ANNEXES
Source: site web du gouvernement du Sénégal
Annexe 2 : télédensité pour le
téléphone dans le monde-fracture numérique
Annexe 3: La montée du téléphone
mobile en Afrique entre 1994 et 2004
Annexe 4 : taux de pénétration du
téléphone fixe en Afrique entre 1995 et 2004
Annexe 5 : télé-densité pour le
téléphone portable dans le monde-fracture numérique
Annexe 6 : nombre d'internautes dans le monde-fracture
numérique
Provisional. Updated 01.04.2004.
Source: Telecommunication Development Bureau (BDT), International
Telecommunication Union (ITU).
Annexe 7: Prévisions du développement des
télécommunications en Afrique
Top - Feedback - Contact Us - Copyright (c) ITU
2007 All Rights Reserved Contact for this page : ICT Support
Updated : 2007-08-29
Annexe 8: Indicateurs des TIC en Afrique, 2006
|
Population
|
Main telephone lines
|
Mobile subscribers
|
Internet users
|
|
|
000s
|
000s
|
p. 100
|
000s
|
p. 100
|
000s
|
p. 100
|
Algeria
|
33'354
|
2'841.3
|
8.52
|
20'998.0
|
62.95
|
2'460.0
|
7.38
|
Egypt
|
75'437
|
10'807.7
|
14.33
|
18'001.1
|
23.86
|
6'000.0
|
7.95
|
Libya
|
5'968
|
483.0
|
8.09
|
3'927.6
|
65.81
|
232.0
|
3.96
|
Morocco
|
30'735
|
1'266.1
|
4.12
|
16'004.7
|
52.07
|
6'100.0
|
19.85
|
Tunisia
|
10'210
|
1'268.5
|
12.42
|
7'339.1
|
71.88
|
1'294.9
|
12.68
|
North Africa
|
155'704
|
16'666.60
|
10.70
|
66'270.50
|
42.56
|
16'086.9
|
10.34
|
South Africa
|
47'594
|
4'729.0
|
9.97
|
33'960.0
|
71.6
|
5'100.0
|
10.75
|
South Africa
|
47'594
|
4'729.00
|
9.97
|
33'960.00
|
71.6
|
5'100.00
|
10.75
|
Angola
|
15'802
|
98.2
|
0.62
|
2'264.2
|
14.33
|
85.0
|
0.55
|
Benin
|
8'703
|
76.3
|
1.02
|
750.0
|
10.0
|
700.0
|
8.04
|
Botswana
|
1'760
|
137.0
|
7.78
|
979.8
|
55.67
|
60.0
|
3.40
|
Burkina Faso
|
13'634
|
94.8
|
0.70
|
1'016.6
|
7.46
|
80.0
|
0.59
|
Burundi
|
7'834
|
31.1
|
0.41
|
153.0
|
2.03
|
60.0
|
0.77
|
Cameroon
|
16'601
|
100.3
|
0.61
|
2'252.5
|
13.80
|
370.0
|
2.23
|
Cape Verde
|
519
|
71.6
|
13.80
|
108.9
|
20.99
|
29.0
|
6.09
|
Central African Rep.
|
4'093
|
10.0
|
0.25
|
100.0
|
2.48
|
13.0
|
0.32
|
Chad
|
10'032
|
13.0
|
0.13
|
466.1
|
4.65
|
60.0
|
0.60
|
Comoros
|
819
|
16.9
|
2.12
|
16.1
|
2.01
|
21.0
|
2.56
|
Congo
|
4'117
|
15.9
|
0.40
|
490.0
|
12.25
|
70.0
|
1.70
|
Côte d'Ivoire
|
18'454
|
260.9
|
1.41
|
4'065.4
|
22.03
|
300.0
|
1.63
|
D.R. Congo
|
59'320
|
10.6
|
0.02
|
2'746.0
|
4.77
|
180.0
|
0.30
|
Djibouti
|
807
|
10.8
|
1.56
|
44.1
|
6.37
|
11.0
|
1.36
|
Equatorial Guinea
|
515
|
10.0
|
1.99
|
96.9
|
19.26
|
8.0
|
1.55
|
Eritrea
|
4'560
|
37.5
|
0.82
|
62.0
|
1.36
|
100.0
|
2.19
|
Ethiopia
|
79'289
|
725.1
|
0.91
|
866.70
|
1.09
|
164.0
|
0.21
|
Gabon
|
1'406
|
36.5
|
2.60
|
764.7
|
54.39
|
81.0
|
5.76
|
Gambia
|
1'556
|
52.9
|
3.40
|
404.3
|
25.99
|
58.0
|
3.82
|
Ghana
|
22'556
|
356.4
|
1.58
|
5'207.2
|
23.09
|
609.8
|
2.70
|
Guinea
|
9'603
|
26.3
|
0.33
|
189.0
|
2.36
|
50.0
|
0.52
|
Guinea-Bissau
|
1'634
|
10.2
|
0.76
|
95.0
|
7.10
|
37.0
|
2.26
|
Kenya
|
35'106
|
293.4
|
0.84
|
6'484.8
|
18.47
|
2'770.3
|
7.89
|
Lesotho
|
1'791
|
48.0
|
2.67
|
249.8
|
13.92
|
51.5
|
2.87
|
Liberia
|
3'356
|
...
|
...
|
160.0
|
4.87
|
-
|
...
|
Madagascar
|
19'105
|
129.8
|
0.68
|
1'045.9
|
5.47
|
110.0
|
0.58
|
Malawi
|
13'166
|
102.7
|
0.80
|
429.3
|
3.33
|
59.7
|
0.45
|
Mali
|
13'918
|
75.0
|
0.66
|
869.6
|
7.66
|
70.0
|
0.50
|
Mauritania
|
3'158
|
34.9
|
1.11
|
1'060.1
|
33.57
|
100.0
|
3.17
|
Mauritius
|
1'256
|
357.3
|
28.45
|
722.4
|
61.50
|
182.0
|
14.49
|
Mayotte
|
170
|
...
|
...
|
48.1
|
28.80
|
-
|
...
|
Mozambique
|
20'158
|
67.0
|
0.33
|
2'339.3
|
11.60
|
178.0
|
0.90
|
Namibia
|
2'052
|
138.9
|
6.84
|
495.0
|
24.37
|
80.6
|
3.97
|
Niger
|
14'426
|
24.0
|
0.17
|
323.9
|
2.32
|
40.0
|
0.28
|
Nigeria
|
134'375
|
1'688.0
|
1.26
|
32'322.2
|
24.05
|
8'000.0
|
5.95
|
Réunion
|
797
|
...
|
...
|
579.2
|
75.51
|
220.0
|
27.99
|
Rwanda
|
9'230
|
22.0
|
0.24
|
290.0
|
3.21
|
65.0
|
0.70
|
S. Tomé & Principe
|
160
|
7.4
|
4.73
|
12.0
|
7.67
|
23.0
|
14.69
|
Senegal
|
11'936
|
282.6
|
2.37
|
2'982.6
|
24.50
|
650.0
|
5.45
|
Seychelles
|
81
|
20.7
|
25.40
|
70.3
|
86.50
|
29.0
|
35.67
|
Sierra Leone
|
5'678
|
...
|
...
|
113.2
|
2.21
|
10.0
|
0.19
|
Somalia
|
8'496
|
100.0
|
1.22
|
500.0
|
6.08
|
94.0
|
1.11
|
Sudan
|
36'993
|
636.9
|
1.72
|
4'683.1
|
12.66
|
3'500.0
|
9.46
|
Swaziland
|
1'029
|
44.0
|
4.28
|
250.0
|
24.30
|
41.6
|
4.03
|
Tanzania
|
39'025
|
147.9
|
0.38
|
6'240.8
|
15.99
|
384.3
|
1.00
|
Togo
|
6'306
|
82.1
|
1.30
|
708.0
|
11.23
|
320.0
|
5.07
|
Uganda
|
29'856
|
108.1
|
0.36
|
2008.8
|
6.73
|
750.0
|
2.51
|
Zambia
|
11'861
|
94.7
|
0.81
|
949.6
|
8.14
|
334.8
|
2.87
|
Zimbabwe
|
13'085
|
331.7
|
2.53
|
832.5
|
6.36
|
1'220.0
|
9.32
|
Sub-Saharan
|
720'180
|
7'038.9
|
1.01
|
89'845.9
|
12.75
|
22'137.9
|
3.10
|
AFRICA
|
923'480
|
28'434.5
|
3.15
|
190'076.2
|
20.94
|
43'324.9
|
4.72
|
Year end 2006 provisional estimates. Updated: 11.07.2007
Source: Telecommunication Development Bureau (BDT), International
Telecommunication Union (ITU).
Annexe 9 : Concurrence et régulation dans les
télécommunications
TABLES DES MATIERES Pages
Sommaire 5
Introduction 6
Partie 1: La réforme des Télécommunications
en Afrique de l'Ouest 11
III. L'impact de la réforme des
Télécommunications en Afrique de l'Ouest 14
1. Déréglementation, privatisation et
libéralisation 18
2. Etat des lieux des privatisations en Afrique de l'Ouest 24
3. L'exemple du Sénégal, une privatisation
réussie ? 31
IV. Néocolonialisme ou ouverture mal
maîtrisée à l'international ? 33
1. La partie africaine, un partenaire à part
entière ou un simple suiveur dans la négociation ? 40
2. Dépendance économique ou perte
d'identité 43
Partie 2 : Quelles stratégies les entreprises ouest
africaines pourraient-elles adopter pour tirer profit du secteur des
Télécommunications ? 45
III. Solutions alternatives ou parallèles aux
privatisations 45
1. Remise en cause des financements actuels 46
2. Des regroupements régionaux pour une
intégration régionale réussie48
3. La synergie entre les réseaux africains 49
4. Harmonisation réglementaire 50
IV. Investir sur le capital humain 51
1. Privilégier la main d'Ïuvre locale 51
2. Promouvoir le retour des migrants africains 55
Conclusion 57 Bibliographie 59 Annexes 60
Table des matières 71
|