SECTION 2.- L'IMPORTANCE DU FINANCEMENT DANS L'ECONOMIE
HAITIENNE
Dans toute économie le financement est un moteur par
excellence du développement des activités économiques. Il
devient aussi une nécessité pour les intermédiaires
financiers haïtiens de mobiliser de l'épargne afin de subvenir aux
besoins de crédit des différents agents économiques. Les
principaux secteurs économiques du pays, à savoir le commerce,
l'industrie, les services et l'agriculture connaissent des déficits de
financement énormes qui s'explicitent par la faiblesse d'investissement
et de production qu'ils enregistrent. Leurs activités sont donc
restées marginales et irrégulières, laissant un bon nombre
d'agents économiques indifférents par rapport à de
potentielles activités économiques tandis que d'autres sont
obligés de recourir à l'usure pour des taux
d'intérêts très élevés. Ce manquement conduit
les tenants de ces activités non financées à une situation
de vulnérabilité extrême qui traîne entre le
déficit et un rendement de subsistance.
Le financement se révèle donc un outil
incontournable dans la perspective d'augmentation de l'investissement
domestique et dans la quête d'une relance économique. Ce besoin de
capitaux doit être satisfait notamment pour combler le vide produit par
la faiblesse des investissements étrangers dans le pays. D'où
toute l'importance du financement de l'économie haïtienne. Ainsi,
le système financier haïtien, dominé d'ailleurs par le
système bancaire dans ses fonctions financières doit allouer
suffisamment de ressources, faciliter les transactions et surtout mobiliser de
l'épargne dans la perspective du développement maximal du
crédit. Certes, parler de crédit à l'économie
sous/entend le crédit au secteur public et le crédit au secteur
privé.
Cependant, dans le cadre de notre travail, l'accent est mis
sur le crédit au secteur privé, estimant que cette part pourrait
avoir d'avantage d'incidence positive sur la croissance économique.
Voyons maintenant, l'évolution du Produit Intérieur Brut
haïtien pour la période sous-étude.
SECTION 3.- EVOLUTION DU PRODUIT INTERIEUR BRUT
La croissance du PIB qui reflète l'évolution des
activités économiques en Haïti a connu une période
d'instabilité de 1986 à 2005. Après une phase de
croissance assez significative de 4,62 % en moyenne entre 1968 et 1980, le PIB
a entamé une période de récession qui a traversé la
fin des années 80 avant de se transformer en une véritable
dépression au beau milieu de la crise de 1992-1994. Rappelons qu'au
cours de cette dernière période, le PIB a enregistré ses
taux de croissance les plus faibles soit -13,19 % en 1992 et -8,28 % en 1994. A
partir de cette date, l'économie haïtienne a repris timidement sa
marche pour afficher une faible croissance de 2.1 % en moyenne annuelle entre
1996 à 2000, suivie de trois années de récession.
Toutefois, une faible reprise s'était amorcée en 2005 pour un
taux de croissance de 1,8 %. Le graphe ci-dessous décrit
l'évolution du PIB.
6.00
4.00
2.00
0.00
-2.00
-4.00
-6.00
-8.00
-10.00
-12.00
-14.00
-16.00
Tx de croiss PIB (%)
graphe 2 Evolution du PIB
Plusieurs facteurs peuvent être à la base de ce
déficit de croissance économique. D'abord, il faut
reconnaître, que, durant ces périodes, il y a eu toujours une
persistance de la crise politique, qui par ses effets négatifs sur la
bonne marche des affaires ne peut que faire augmenter les incertitudes des
opérateurs économiques. Egalement, cette situation est la
conséquence du faible niveau d'investissement enregistré au cours
de cette période. D'une part les investissements domestiques ont
été relativement faibles et irréguliers avec une
croissance moyenne de 4,5 %, mais notamment avec des périodes de forte
hausse comme l'année 1970 et 1995 avec des taux de croissance respectifs
de 50,49 % et 88,92 % et des périodes de dépression comme
l'année 1992 avec une contraction de /40,10 %. Néanmoins, ces
derniers quoique faibles pourraient assurer une certaine stabilité de
croissance si le PIB était suffisamment élastique à la
variation de l'investissement. Par exemple, l'accroissement de l'investissement
global pour la période 1995 à 2005 de 16.78 % en moyenne annuelle
ne s'est accompagné que d'une croissance du PIB réel à
peine supérieure à 1 % soit 1.1 %.
Parallèlement, nous observons en effet que les
investissements directs étrangers n'ont pas cessé de diminuer.
Par exemple, selon un rapport de la Banque Mondiale (2002), entre 1980 et 2000,
la croissance des IDE en Haïti était de /19,04 %. Mis à part
tout cela, nous devons évaluer l'implication de certains autres facteurs
tel le système financier dans la détermination de la croissance
économique. Voyons maintenant, la problématique du crédit
au secteur privé face aux défis de croissance
économique.
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