UNIVERSITE QUISQUEYA
Faculté des Sciences Economiques et Administratives
« Le système financier haïtien : la
problématique du crédit au secteur privé face aux
défis de croissance économique »
(1986-2005)
Mémoire présenté par l'étudiant
Etzer S. EMILE
Pour l'obtention du grade de licence en Sciences Economiques
Août 2008 Remerciements
Nous tenons tout d'abord à remercier Dieu de nous avoir
guidé tout le long de cette formation, ensuite nos parents qui se sont
efforcés pour nous permettre d'arriver à cette phase. Nous nous
en voudrions de ne pas rendre un hommage bien mérité à
tout le corps professoral pour le dévouement inconditionnel et
désintéressé dont il a toujours fait preuve dans le cadre
de notre formation et ce, à quelque niveau que ce soit,
spécialement à notre directeur de recherche, le professeur Michel
Thebeau et notre lecteur, professeur Maxon JULIEN. Nous tenons aussi à
témoigner notre sincère gratitude à tous nos camarades.
Enfin, que tous ceux qui de loin ou de près, directement ou
indirectement, ne nous ont pas marchandé leur concours, qui ont
sacrifié un peu de leur temps ou qui nous ont apporté leur
soutien moral d'une manière ou d'une autre pour la conception, la
réalisation et la finition de ce travail de recherche, trouvent ici
l'expression de notre profonde reconnaissance.
Résumé
Ce travail de recherche vise à comprendre le
système financier haïtien à partir de la
problématique du crédit au secteur privé face aux
défis de croissance économique. Elle permettra d'évaluer
l'ampleur du crédit au secteur privé et sa contribution à
la relance des activités économiques. À partir d'une
régression multiple menée sur des données de la
période 1986/2005, nous avons compris que le crédit au secteur
privé n'entretient pas une relation de cause à effet avec la
croissance du PIB en Haïti. Un manque à gagner qu'on a
expliqué par des facteurs politiques, par des facteurs
macroéconomiques externes et des causes intrinsèques qui sont
liées à aux mécanismes de transmission du crédit et
de sa mise en valeur. Ainsi, le développement des marchés
financiers est vu comme le supplément par excellence pour combler ce
déficit de croissance.
Mots clés: Système financier, crédit au
secteur privé, croissance économique, marché financier.
Abstract
This paper aims to understand the financial system from the
problem of credit to the private sector face the challenges of economic growth.
It will assess the extent of credit to the private sector and its contribution
to the revival of economic activities. From a multiple regression conducted on
data for the period 1986/2005, has realized that the credit to the private
sector does not have a positive correlation to GDP growth in Haiti. A shortfall
that explained by political factors, macroeconomic factors and external causes
that are intrinsic related to the transmission mechanisms of credit and its
enhancement. Thus, the development of financial markets is seen as the
supplement of choice to fill the deficit growth.
Keywords: financial system, credit to the private sector,
economic growth, financial market
Table des matières Parties pages
REMERCIEMENTS
........................................................ i
RESUME.......................................................................
ii TABLE DE MATIERES.................................................... iii
SIGLES ET ABREVIATIONS............................................. v
GRAPHIQUES ET TABLEAUX.......................................... vi
ANNEXE........................................................................
vii
INTRODUCTION
GENERALE............................................ 1
CHAPITRE I- REVUE DE LITTERATURE................. .4
Section1.- Cadre
conceptuel..........................................4
Section 2.- Revue de littérature ..............
..............................6
a)Revue de littérature
théorique......................6 b)Revue de littérature empirique
....................14
Section 1.- Présentation du système financier
haïtien : Structure et
évolution.......................................................................18
A) La banque centrale.....................................18
B) Les banques commerciales........................... 19
C) Les institutions financières non
bancaires.........20
Section 2.- Importance du financement dans l'économie
haïtienne..................................................................22
Section 3.- Evolution du Produit intérieur
brut...................23
Section 4.- La problématique du crédit et la
croissance
économique................................................................24
A) Analyse de la distribution du
crédit....................24
B) Crédit privé et croissance
économique................26
C) La problématique du
crédit..............................27
CHAPITRE III- CADRE D'ANALYSE ECONOMETRIQUE
DE LA RELATION ENTRE LE CREDIT AU SECTEUR PRIVE ET LA
CROISSANCE
ECONOMIQUE...................................................................30
Conclusionet perspectives ......................... 39
Sigles et abréviations
ANIMH BCA BCM BEL BICH BIT
BNC BPH BRH BUH CNC DIGCP FHD FMI
FONDEV IDE
IHSI IFNB IMF M2
MCO OCDE ONA PIB
PME PNUD
Association Nationale des Institutions de Microfinance
d'Haïti
:
: Bureau de Crédit Agricole
: Banque Créatrice de Monnaie
: Banque d'épargne et de Logement
Banque Industrielle et Commerciale d'Haïti
:
Bureau International du Travail
:
: Banque Nationale de Crédit
: Banque Populaire Haïtienne
: Banque de la République d'Haïti
Banque de l'Union Haïtienne
:
: Conseil National des Coopératives
Direction de l'Inspection Générale des Caisses
Populaires
:
: Fondation Haïtienne de Développement
Fonds Monétaire International
:
: Fonds Haitiano-allemand pour le Développement rural
: Investissement Direct Etranger
: Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique
Institutions Financières Non Bancaires
:
Institution de Microfinance
:
Masse monétaire incluant M1 et la quasi/monnaie
:
Moindre Carrée Ordinaire
:
: Organisation de Coopération pour le
Développement Economique Office Nationale d'Assurance
:
Produit Intérieur Brut
:
: Petites et Moyennes Entreprises
: Programme des Nations Unies pour le Développement
SOFIHDES : Société Financière Haïtienne
pour le Développement Economique
et Social
Tableau et Graphitiues
Tableau 1 : Un rapide panorama des principales études
théoriques 13
Tableau 2 : Un rapide panorama des principales études
empirique ..16
Graphique 1 : Evolution de l'actif du système bancaire
haïtien ...20
Graphique 2 : Evolution du PIB ...23
Graphique 3 : Evolution du taux d'intérêt moyen sur
les prêts 25
Graphique 4 : Evolution du crédit au secteur privé
et le crédit au secteur public 26
Graphique 5 : Evolution du taux de croissance du PIB et du taux
de croissance du crédit au secteur Privé .27
Graphique 6 : Evolution du spread bancaire ...29
Annexe 1 : Résultas des tests de Jarque-Bera et de Ramsey
I
Annexe 2 : Résultats des tests de Dickey-Fuller II
Annexe 3 : Résultats de l'estimation VI
Annexe 4 : Résultats du test de White VII
Annexe 5 : Résultats du test de Farrah-Glauber VIII
Annexe 6 : Graphe 7 montrant l'évolution du ratio
Crédit secteur privé / PIB IX
Annexe 7 : Série du PIB et des agrégats
monétaires utilisés dans le travail. X
INTRODUCTIOn
PROBLEMATIQUE
Dans toute économie moderne, le système
financier occupe une place importante. Par exemple, au Canada en 2006, le
secteur des services financiers génère directement plus de 5 % du
produit intérieur brut et emploie plus de 550 000 personnes et l'on
estime qu'un nombre équivalent d'emplois est créé de
façon indirecte.1 Aussi, en 2001, la capitalisation du
marché financier chilien représentait 74,6 % de son PIB contre un
pourcentage de près de 100 % aux Etats-Unis
d'Amérique2. A partir de ces exemples, nous pouvons nous
faire une idée de l'importance du secteur financier dans les
activités économiques d'un pays.
Il faudrait donc évaluer la pertinence de ce secteur
dans le contexte haïtien et voir ses apports dans l'économie
nationale, laquelle est en déficit de croissance économique.
Rappelons que de 1986 à 2005, la croissance moyenne annuelle du PIB
haïtien était de - 0,57 %.
Cette insuffisance de croissance à laquelle nous
faisons face, doit être perçue d'abord dans le contexte
économique et financier haïtien sans pour autant minimiser les
effets politico-historiques. Devrions-nous à ce moment, évaluer
l'impact de tous les facteurs susceptibles d'influencer la croissance
économique tels les finances publiques, les investissements
étrangers, le secteur touristique ou le système financier
dominé notamment par le système bancaire. Ce système
financier est pris pour cible dans notre étude, et de manière
particulière, les apports du crédit au secteur privé vont
constituer la toile de fond de nos analyses pour voir si ce dernier pris
à part, comme étant un canal du
1 «Changement, Défis et possibilités»,
Groupe de travail sur l'avenir du secteur des services financiers canadien,
p.44-45
2 Banco Central de Chile, Sistema financiero y crecimiento
economico en Chile, p. 10
système financier, a-t-il une contribution
substantielle à travers le temps dans la constitution du PIB
haïtien? Et alternativement, en quel sens, le développement des
marchés financiers pourrait complémenter de manière
adéquate les faibles impacts des intermédiaires financiers
existants sur la croissance économique d'Haïti ? Ces questions
ainsi donnent lieu à des réponses provisoires formulées
dans notre hypothèse qui suit.
HYPOTHESE
Nous avons été conduit à formuler
l'hypothèse principale suivante : L'évolution du crédit au
secteur privé n'influence pas la croissance du PIB en Haïti.
OBJECTIF
Cette étude vise à comprendre le système
financier à partir de la problématique du crédit au
secteur privé face aux défis de croissance économique.
Elle permettra d'évaluer l'ampleur du crédit au secteur
privé, son évolution et sa corrélation avec les
activités économiques en Haïti. Aussi, ce papier vise-t-il
à faire un plaidoyer pour le développement des marchés
financiers toujours dans la perspective de la croissance économique.
METHODOLOGIE
Pour y parvenir, nous aurons recours à des ouvrages et
des articles dans le but construire notre cadre théorique. Aussi,
aurons-nous à utiliser certains rapports et études en provenance
de la BRH, de l'IHSI, du FMI et de la Banque Mondiale.
Ce travail de recherche est réparti en trois chapitres.
Dans le premier chapitre, nous présentons un cadre conceptuel et une
revue de littérature qui comprend une phase théorique et une
phase empirique mettant l'emphase sur les différents
éléments et aspects du système financier dans leurs
relations avec la croissance économique. Dans le deuxième
chapitre, nous dressons un cadre économique et financier haïtien
qui, d'une part traite de la structure et de l'évolution du
système financier haïtien, d'autre part de l'importance du
financement dans l'économie haïtienne et enfin de
l'évolution de la distribution du crédit en Haïti et ses
rapports avec la croissance économique. Dans le
troisième chapitre, est présenté un cadre
d'analyse économétrique élaboré à partir
d'une régression linéaire multiple à trois variables
exogènes réalisé à partir du logiciel E-views 4.1
abordant essentiellement les incidences du crédit au secteur
privé sur la croissance du PIB pour la période allant de 1986
à 2005.
CHAPITRE I-
SYSTEME FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE : CADRE CONCEPTUEL ET
UNE REVUE DE LITTERATURE
CHAPITRE I- SYSTEME FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE :
UN CADRE CONCEPTUEL ET UNE REVUE DE LITTERATURE
Dans ce premier chapitre, il sera question de faire le point
sur certains concepts clés et sur les principaux travaux
théoriques et empiriques qui s'intéressent aux rapports entre le
système financier et la croissance économique.
SECTION 1.- CADRE CONCEPTUEL
Avant d'entrer d'emblée dans le sujet, nous allons
essayer de préciser certaines notions importantes qui nous seront utiles
dans la compréhension de notre travail tels le système financier,
le crédit, le secteur privé et la croissance
économique.
A) Le système financier
Le système financier permet de mettre en relation les
agents économiques excédentaires en ressources avec ceux qui sont
déficitaires3. Toutes sociétés et institutions
qui constituent le cadre permettant d'effectuer les opérations
financières et de canaliser l'épargne vers l'investissement sont
considérées comme éléments du système
financier4. Ainsi, ces composantes peuvent être
classées en trois grandes catégories, qui sont les institutions
financières (les banques, les caisses populaires, les institutions de
microfinance, les compagnies d'assurance, les maisons de transferts, les
bureaux de change, les fonds de pension, les fonds de fiducies...), les
marchés financiers et les systèmes de paiement, de compensation
et de règlement.
3 Banque du Canada, « Revue du système financier
», pp.16-20
4 Banque du Canada, op. cit. pp. 20/22
B) Crédit
Au niveau de l'économie, le crédit est le plus
souvent considéré comme un canal de transmission
complémentaire de la politique monétaire. A ce sujet, on
distingue deux approches principales. La première (le canal
étroit du crédit) met l'accent sur le rôle particulier des
banques par rapport aux autres intermédiaires financières et la
deuxième (le canal large du crédit) repose sur le fait que tous
les moyens de financement externes sont des substituts imparfaits au
financement interne.
Entre autres, il existe différentes formes de
crédit, particulièrement le crédit à la
consommation et le crédit à la production. Ce deuxième
type de crédit est accordé aux entreprises pour faciliter leur
développement en finançant notamment leurs investissements
productifs.
C) Secteur privé
Le terme de secteur privé, en économie,
désigne le secteur de l'économie où l'Etat n'intervient
pas ou peu. On trouve ainsi dans ce secteur des agents économiques
privés et des institutions à capitaux privés telles les
banques privées, l'économie sociale (dont les mutuelles, les
coopératives et les associations) et les organisations non
gouvernementales.
D) Croissance économique5
Le terme «croissance économique»
désigne l'augmentation du volume de la production de biens et de
services d'une année sur l'autre. En pratique, l'indicateur
utilisé pour la mesurer est le Produit Intérieur Brut (PIB) ainsi
que son taux de croissance.
5
www.universalis.fr, «La
croissance économique »
SECTION 2.- UNE REVUE DE LITTERATURE
A) Une revue de littérature théorique
Les premières contributions
La relation entre le développement financier et la
croissance économique a reçu beaucoup d'attention à
travers l'histoire moderne de l'économie. Ces racines se retrouvent dans
les travaux de Bagehot (1873) et de Schumpeter (1912)6. En effet, un
des premiers économistes qui ont lié les finances à la
croissance est Walter Bagehot. Son livre: A Description of the Money Market,
offre une discussion prématurée sur le développement
financier, en soulignant son importance pour la croissance économique.
Bagehot affirme que la caractéristique distinctive du marché
financier anglais était la facilité relative dans la mobilisation
des épargnes vers le financement de différents projets
d'investissement à long/ terme. Cet accès facile de
l'entrepreneur au financement externe était d'une importance cruciale
dans l'implémentation de nouvelles technologies dans le Royaume/ Uni.
Cependant, la plus importante contribution sur le
développement financier et économique vient de Schumpeter (1912)
dont le livre a été publié sous le titre « The Theory
Of Economic Development ». Schumpeter a utilisé la relation entre
le banquier et l'industrialiste pour illustrer l'importance du système
financier dans le choix et l'adoption de nouvelles technologies. Il a
affirmé que les services financiers sont primordiaux dans la promotion
de la croissance économique. Selon lui, la production nécessite
du crédit pour se matérialiser et quelqu'un peut devenir
entrepreneur seulement s'il a précédemment été un
débiteur. Le crédit est ce que l'entrepreneur veut le plus. Il
est le débiteur typique dans la société capitaliste. Le
banquier est donc l'agent clé dans ce processus.
6 Cité par Ramona Jimborean, « La croissance
économique et le développement financier ; le cas de pays
d'Europe centrale et orientale », p.3
Plus tard, Gurley et Shaw (1955)7 ont aussi
souligné l'importance de l'intermédiation financière dans
le processus de développement économique à travers la
mobilisation d'épargne bancaire et l'octroi du crédit
privé. D'autres auteurs, comme Patrick (1966) ont repris les
idées de Gurley et Shaw pour montrer que la présence d'un
système financier plus efficace permet d'augmenter les épargnes
mobilisées et conduit à une meilleure allocation des ressources
vers les projets d'investissements. Au début des années 70, le
concept de libéralisation financière est apparu avec les travaux
de McKinnon (1973) et Shaw (1973)8 dont l'analyse visait à
montrer que dans le cadre d'une économie dans laquelle il y a une
répression financière9, la fixation des taux
d'intérêt au-dessous de leur valeur d'équilibre
réduit l'épargne, fixe l'investissement au- dessous de son niveau
optimal et détériore la qualité de ce dernier. Dans ce
contexte, la libéralisation financière (hausse des taux
d'intérêt réel) va augmenter l'épargne et donc
permettre la croissance de l'investissement. Les modèles de McKinnon et
Shaw ont été enrichis par plusieurs auteurs. Les plus importantes
contributions sont celles de Kapur (1976) qui a intégré l'analyse
dans un cadre dynamique, celle de Galbis (1977) qui a construit un
modèle à deux secteurs et celle de Mathieson (1979) qui a
présenté une extension en économie ouverte.
Développement financier et croissance endogène
Le développement de la théorie de la croissance
endogène au cours des années 80 a relancé
l'intérêt des études dans le domaine financier et a permis
de montrer que le facteur financier peut avoir des effets non seulement sur le
niveau de stock de capital ou sur le niveau de la productivité, mais
aussi sur leur taux de croissance. Ainsi, les travaux de Greenwood et
Jovanovich (1990), Bencivenga et Smith (1991), De Gregorio (1992), Roubini et
Sala-i-Martin (1992), King et Levine (1993) et Saint-Paul (1992)10
se sont
7 Cf. SODOKIN, Koffi, Épargne, systèmes de
financement et développement économique en Afrique : une
alternative post- keynésienne, pp. 20-3 0
8 Cité par Ramona Jimborean, op. cit. pp. 4-7
9 La répression financière peut être
définie comme étant les différentes interventions du
gouvernement sur le secteur financier (entre autres une réserve
obligatoire élevée ou une fixation du taux
d'intérêt)
10 Cf. R LEVINE Financial Development and Economic Growth,
pp.40-45
basés sur des modèles de croissance
endogène pour analyser l'interaction du facteur financier avec la
croissance économique. S'inspirant du modèle de Romer, Pagano
(1993)11 pour sa part présente un modèle simple de
croissance endogène permettant de synthétiser l'ensemble des
effets importants que l'on puisse observer entre la croissance
économique et le développement financier. Pour analyser l'impact
potentiel du développement financier sur la croissance
économique, il considère une économie dans laquelle les
firmes produisent un bien unique pouvant être consommé ou investi
et utilisent une technologie à rendements d'échelle constants. La
relation montre que le développement financier peut affecter la
croissance économique en empruntant trois canaux: augmenter d'abord la
proportion des épargnes investies, améliorer ensuite la
productivité marginale du capital et augmenter enfin le taux
d'épargne.
Structure du secteur financier et croissance économique
Le lien entre la structure financière et la croissance
économique fait l'objet d'un débat qui date depuis des
années. Cette polémique est principalement basée sur la
comparaison entre l'expérience de développement des pays qui ont
développé en priorité les marchés des titres
(Angleterre, Etats-Unis) et de ceux qui se sont appuyés en
priorité sur le système bancaire (Allemagne, Japon). De
manière générale, quatre courants12
s'affrontent dans la quête de la croissance économique à
partir d'une approche structurelle particulière.
Pour les tenants du premier point de vue, les systèmes
qui reposent sur les intermédiaires financiers (bank-based) sont plus
favorables à la croissance économique. Selon eux, les
institutions financières peuvent exploiter l'économie
d'échelle dans le traitement des informations et améliorer le
hasard moral par l'intermédiaire d'un contrôle efficace. Elles
peuvent soutenir une relation à long terme avec les entreprises en vue
de minimiser l'asymétrie d'information et par conséquent stimuler
la croissance qui va influencer le revenu des gens et leur niveau de vie. C'est
la position de Douglas Diamond (1984), qui est soutenue par de nombreux autres
auteurs.
11 Pagano, Marco,"The flotation ofcompanies on the stock market:
A coordination failure model," pp. 15-17
12www.banducanada.ca, Revue du
système financier, «Système financier », pp. 1-6
Le deuxième courant soutient que les systèmes
financiers qui reposent sur les marchés financiers (market-based)
stimulent davantage la croissance économique. Les marchés
financiers offrent ainsi aux entreprises la manière la plus efficace
pour profiter de la liquidité disponible et facilitent le lien entre la
compensation managériale et la performance de l'entreprise13.
D'autre part, les marchés financiers sont en mesure de favoriser la
gestion du risque, réduire l'inefficience associée aux banques et
stimuler les activités économique s14.
La troisième approche met l'emphase sur les services
financiers. Cette idée a été spécialement
présentée par Merton (1993)15 et Levine
(1997)16. Ces auteurs en minimisant la distinction entre bank-based
et market- based insistent sur l'approche des services financiers
(~inancial-services view). Une conception, qui priorise un environnement
favorable, où les institutions financières et les marchés
financiers sont en mesure de fournir des services financiers solides et
fiables. Cette conception a été reprise par La Porta, et al.
(1996)17.
Le dernier courant de pensée insiste sur le cadre
légal. Il soutient que les aspects juridiques et réglementaires
jouent un rôle de premier plan dans la mise en place de services
financiers dans la perspective de croissance économique. Les droits
légaux et les mécanismes d'application favorisent l'allocation
efficiente du marché et facilitent les opérations
financières18. En ce sens, cette dernière conception
se situe au prolongement de la troisième. Une étude
récente de l'OCDE (2006)19 a abondé dans le même
sens, en mettant l'accent sur la qualité de la régulation du
système financier comme facteur de progrès économique. La
conclusion maîtresse est que : « les règlementations qui
maintiennent des obstacles excessifs à la concurrence dans le secteur
bancaire, ou qui
13 Jensen et Murphy:cité par de Levine Ross:
«Bank-based or market based financial systems: which is
better?»,p.25
14 Boot et Thakor:cité par de Levine Ross:
«Bank-based or market based financial systems: which is better?»,
p.30
15 Merton : Operations and Regulation in Financial
Intermediation, A Functional Perspective, pp.23-41
16 Ross Levine, bank-based or market based: which is better?
pp.31-37
17 La Porta et al.: Law and finance, pp.20,21
18 Ross Levine, op.cit p.39
19 OCDE «Régulation des systèmes financiers et
croissance économique» in Réforme économique,
pp.13-15
n'offre qu'une protection insuffisante aux investisseurs sur
les marchés des titres, contrarient le développement des
systèmes financiers, ce qui se traduit par une croissance
économique plus faible ».
Marché financier informel et croissance
économique
Dans la plupart des pays en développement, le
système financier est caractérisé par la coexistence de
deux secteurs financiers, l'un formel, l'autre informel ; situation
désignée par le terme « dualisme financier ». En
général, le secteur formel est un système organisé,
institutionnel, axé sur les zones urbaines tandis que le secteur
informel, inorganisé et non/institutionnalisé, se retrouve en
grande partie en milieu rural. Ce dualisme financier peut affecter la
croissance économique à travers ses effets sur la
répartition du crédit. En effet, selon Germidis, Kessler et
Meghir (1991) dans « Systèmes financiers et développement:
Quel rôle pour les secteurs financiers formel et informel? », le
dualisme financier introduit des distorsions régionales et sectorielles
entre la collecte de l'épargne et son affectation. Il entraîne
donc un développement inégal des diverses activités, selon
l'accès qu'elles ont aux différentes sources de crédit.
Entre autres, le secteur informel est considéré
par les tenants de la libéralisation financière (Ecole
McKinnon-Shaw) comme un signe de répression financière et donc
nuisible à la croissance économique. Par conséquent, suite
à une libéralisation financière, le secteur financier
informel devrait faire face à la concurrence accrue d'un secteur
financier organisé et la croissance de ce dernier conduirait à la
disparition du premier (Shaw, 1973).
Néanmoins, selon l'école
néostructuraliste (Taylor, 1983 ; Van Wijnbergen, 1983)20, le
secteur informel est un facteur de croissance économique au lieu
d'être un handicap. En effet, selon cette école, le secteur
financier informel est plus efficace que les banques dans l'allocation des
ressources puisque ces dernières doivent détenir des
20 Van Wijnbergen S. « Credit Policy, Inflation and Growth
in a Financially Repressed Economy », p. 45/65
réserves obligatoires21. Dans ce cas, les
politiques financières visant à développer le
système financier formel peuvent réduire la croissance car le
fonds disponible pour le secteur productif diminue, étant donné
qu'une partie de l'accroissement des dépôts va venir alimenter les
réserves obligatoires. Ce point de vue des néostructuralistes est
discutable puisque le secteur financier ne se limite pas au secteur
bancaire.
Libéralisation financière et croissance
économique
Du point de vue théorique, le concept de
libéralisation financière est apparu dans les études de
McKinnon (1973) et Shaw (1973)22. Selon cette théorie, la
libéralisation financière est un moyen simple et efficace pour
accélérer la croissance économique dans les pays en
développement. Des organismes internationaux (FMI, Banque Mondiale
notamment) aussi bien que plusieurs pays en développement ont
été séduits par cette théorie si bien que,
dès le milieu des années 70, un certain nombre de pays ont mis en
place le processus de libéralisation financière. Toutefois, le
bilan de ce processus à travers le monde diffère d'un pays
à l'autre. L'Argentine, le Chili et l'Uruguay sont les plus cités
parmi les pays ayant échoué ; par contre, Hong Kong,
Indonésie, Corée, Malaisie, Singapour, Sri/Lanka et Taiwan sont
reconnus comme des pays ayant réussi malgré qu'ils aient connu
par la suite des crises financières d'intensités variables.
Microfinance et croissance économique
La Banque Mondiale a estimé qu'environ un milliard de
personnes à travers le monde vivent dans la pauvreté mais
plusieurs millions d'entre eux seraient capables de développer des
entreprises s'ils pouvaient accéder à des services
financiers23. En effet, Selon Christen et al. (1994) dans
«Maximizing the Outreach of Microenterprise Finance », les programmes
de microcrédit ont permis aux pauvres de se créer des emplois en
développant des petits projets et de s'entraider mutuellement pour
sortir de leur état de pauvreté. En outre, les autres services
accompagnant ces programmes ont des effets
21 Les réserves obligatoires constituées par les
banques (souvent très élevées dans les pays en
développement) sont un obstacle à l'intermédiation
financière car ils réduisent d'autant l'offre totale de
crédit pour les investisseurs.
22 Cité par PL Rousseau, P Wachtel « Credit &
Banking, », pp.7-11
23 Une étude récente effectuée par Robinson
(1996) montre que dans les pays en développement, 20 % seulement des
ménages ont accès à des services financiers (excluant la
majorité des pauvres).
importants sur la vie socio-économiques des populations
desservies: mobilisation de l'épargne, formation dispensée aux
pauvres, etc.
Plus loin, Nteziyaremye et al. (1996) ont avancé:
«L'expérience a montré que les
microentrepreneurs n'ont pas besoin de subventions, mais d'un accès
rapide et moins contraignant à des services adaptés à
leurs
besoins et au contexte local. (...) Le microcrédit
constitue donc un instrument puissant de lutte contre la pauvreté
puisqu'il permet aux pauvres d'augmenter leurs revenus et d'améliorer
leurs conditions de vie, d'accroître leur
productivité et leur efficacité, de
développer des micro-entreprises, (...) de réduire les risques
auxquels ils sont exposés.»24
Donc, les succès obtenus en matière d'offre de
services financiers aux pauvres25 ont donné une lueur
d'espoir aux organismes de développement, gouvernements, bailleurs de
fonds et aux bénéficiaires. Cependant, le microcrédit doit
trouver un compromis entre la viabilité de l'institution et
l'accessibilité à un plus grand nombre de pauvres. Bref, l'impact
de la microfinance sur la croissance passe donc par la lutte contre la
pauvreté afin que les personnes défavorisées puissent
survivre et entreprendre des petites activités économiques.
24
www.imf.org «Lutter contre la
pauvreté dans les pays en développement », pp. 8-10
25 Comme exemple, on peut citer: La Grameen Bank au Bangladesh
qui a développé un modèle très populaire reproduit
dans plusieurs pays du monde. Ou encore, la BancoSol de Bolivie ayant un
système d'épargne dans les banques étrangères.
Tableau 1 : Un rapide panorama des principales études
théoriques
Auteurs (Année)
|
Variables
|
Conclusion
|
Bagehot (1873)
|
Financement bancaire,
investissement et
nouvelles technologies
|
Le financement est crucial pour l'investissement à long
terme et les nouvelles technologies.
|
Schumpeter (1912)
|
Crédit privé et
développement économique
|
La production nécessite le crédit pour se
matérialiser.
|
Patrick (1966)
|
Epargne, Investissement
|
Dans un système financier efficace, l'épargne
mobilisée conduit à une meilleure allocation apte à
l'investissement
|
Taylor et Van
Wiljnbergen (1983)
|
Secteur informel et
croissance économique
|
Le secteur informel est plus efficace que les banques dans
l'allocation de ressources puisque ces dernières doivent détenir
des réserves obligatoires.
|
Diamond Douglas
(1984)
|
Banques et croissance
économique
|
Les systèmes qui reposent sur les intermédiaires
financiers comme les banques sont plus efficaces.
|
Jensen et Murphy (1990)
|
Marchés financiers et
croissance économique
|
Les marchés financiers offrent aux entreprises la
manière la plus efficace de profiter de la liquidité
disponible.
|
Pagano (1993)
|
Proportion de l'épargne investie, productivité
marginale du capital et le taux d'épargne
|
Le développement financier affecte positivement le PIB
en empruntant le canal de ces trois variables (citées à
gauche)
|
Ross Levin (1997)
|
Cadre juridique et
croissance économique
|
Les cadres légaux et les mécanismes
d'application favorisent l'allocation efficiente du marché
et facilitent les opérations financières.
|
Merton et Levine (1997)
|
Environnement financier et croissance économique
|
Un environnement financier favorable permet aux institutions
financières de fournir des services financiers solides et fiables.
|
B) Revue de littérature empirique
Développement du système bancaire et croissance
Du point de vue empirique, Goldsmith (1969)26 est
l'un des premiers économistes à montrer l'interrelation entre le
développement financier et la croissance économique en utilisant
des données de 35 pays (développés et en
développement) pour la période de 1860/1963. En mesurant le
développement financier par le ratio Actif financier total / PIB, il a
montré que ce ratio est positivement corrélé avec la
croissance économique. Cependant, l'étude n'a pas tenu compte des
autres facteurs pouvant affecter la croissance économique. Plus tard,
l'étude de King et Levine (1993) sous le titre « Finance and
Growth: Schumpeter Might Be Right » portant sur un échantillon de
80 pays (développés et en développement) pour la
période 1960/1989 a montré d'une part que l'analyse
bivariée révèle une forte corrélation positive
entre le développement financier et la croissance27. D'autre
part, dans l'analyse multivariée, les résultats demeurent
significatifs même après avoir inclus les différentes
variables qui influencent la croissance économique. Entre autres, de
nombreux autres chercheurs comme Gertler et Rose (1994)28, Roubini
et Sala-i-Martin (1992)29 ont fait des études en coupe
transversale et ont montré que le développement financier a un
effet positif sur le taux de croissance du PIB après avoir
contrôlé l'influence des différents facteurs pouvant
affecter la croissance comme l'éducation, l'inflation ou la
stabilité politique. Cependant cette corrélation entre le
développement financier et la croissance économique dépend
des pays considérés. En effet, dans cette même optique,
l'étude de Fernandez et Galetovic (1994) intitulée «
Schumpeter Might Be Right, but why? » basée sur les données
de King et Levine (1993), a montré que la corrélation n'est pas
significative quand on considère uniquement les pays de l'OCDE. En
outre, De Gregorio et Guidotti (1992)30 ont montré qu'en
divisant l'échantillon en trois groupes selon le revenu per capita au
début de la période
26 Cité par Ramona Jimborean, op. cit. p. 4
27 King et Levine (1993) ont utilisé les quatre
indicateurs suivant: M2/PIB, (M2-M1)/PIB, crédit au secteur privé
/ crédit domestique total et crédit au secteur privé /
PIB
28 Cité par A Varoudakis, JC Berthélemy, «
Intermédiation financière et croissance endogène »,
pp.19-21
29 Idem
30 Gregorio, J.D et PE Guidotti,»Financial development and
economic growth», p.6
d'échantillonnage, les corrélations augmentent
et deviennent significatives quand le revenu initial diminue. Ces
résultats suggèrent que l'intermédiation financière
puisse avoir un effet plus important dans les pays en développement.
Développement du marché boursier et croissance
La littérature financière suggère que les
marchés des titres jouent un rôle important même dans les
économies dans lesquelles il existe un secteur bancaire bien
développé, puisque le financement par les titres et l'emprunt ne
sont pas des substituts parfaits. Le développement sans
précédent des marchés financiers dans les pays
émergents depuis une dizaine d'années témoigne de
l'importance de ces derniers dans l'allocation des ressources.
Demirgüç-Kunt et Levine (1996)31 ont construit plusieurs
indicateurs permettant de capter le développement du marché
boursier dont les plus fréquemment utilisés sont les ratios
suivants : capitalisation boursière/ PIB, valeur des titres
échangés/PIB et valeur des titres domestiques
échangés/capitalisation boursière. Le premier ratio mesure
la taille du marché boursier, le second mesure l'ampleur des
échanges par rapport à la taille de l'économie et le
troisième fournit une mesure de l'ampleur des échanges des titres
domestiques sur le marché boursier domestique par rapport du
marché boursier. Ils ont eu des conclusions positives par rapport aux
effets de ces variables sur la croissance économique.
Plus loin, Atje et Jovanovic (1992)32 ont
été les premiers à présenter une étude
montrant le rôle du développement du marché des titres sur
la croissance. Ils ont mis en évidence l'existence d'une
corrélation positive et significative entre le ratio valeur des titres
échangés / PIB et la croissance pour 40 pays entre 1980/1988.
Egalement, à l'aide de différents indicateurs du marché
boursier portant sur 18 pays appartenant essentiellement à l'OCDE,
Laroche, Lemoine, Millien, Prats et Zhang (1995) dans «Croissance et
marchés financiers: une approche empirique » ont montré que
le développement du marché des titres contribue significativement
à la croissance économique après le contrôle de la
variance des cours boursiers et de différentes
31 A Demirgüç-Kunt, R Levine, « Stock Market
Development and Financial Intermediaries: Stylized Facts », pp. 19/26
32 Cf. M Pagano, Financial markets and growth An overview »,
pp. 38/40
variables pouvant affecter la croissance économique
(degré d'ouverture, éducation, dépenses publiques et
inflation) pour la période 1976-1992. En effet, Levine et Zervos
(1996)33 ont trouvé des résultats similaires en
utilisant des données de 49 pays (avec des niveaux de
développement variés) sur la période 1976-1993.
Finalement, la récente étude de Arestis et
Demetriades (1997) portant sur l'Allemagne et les Etats-Unis pour la
période 1979-1991 sous le titre « Financial Development and
Economic Growth: Assessing the Evidence » a montré que la
capitalisation boursière affecte positivement le PIB réel, tandis
que la volatilité du marché boursier a un effet négatif
sur l'output.
Tableau 2 : Un rapide panorama des principales études
empiriques
Auteurs (Année)
|
Variables
|
Conclusion
|
Goldsmith (1969)
|
Ratio actif financier /
PIB et PIB
|
Le ration actif financier / PIB est
positivement corrélé avec la croissance du PIB.
|
Atje et Jovanovic
(1992)
|
Valeur des titres
échangés / PIB et Croissance
économique
|
Il existe une relation positive et significative entre le
développement du marché des titres et la croissance du PIB.
|
King et Levine (1993)
|
M2 / PIB et crédit
secteur privé / PIB
|
Les variables M2 et Crédit secteur privé
influencent significativement la croissance économique
|
Demirgüç-Kunt et
Levine (1996)
|
Capitalisation boursière / PIB et Valeur des titres
échangés / PIB
|
Le développement du marché boursier
favorise efficacement la croissance du PIB
|
Arestis et Demetriades (1997)
|
Capitalisation boursière
et PIB
|
La capitalisation boursière affecte
positivement le PIB réel.
|
33 R Levine, S Zervos, « Stock Market Development and
Long-Run Growth », p. 28
En substance, pour ainsi terminer cette revue de
littérature, nous allons parler des lacunes constatées dans les
études antérieures. D'abord, malgré la richesse de la
plupart des modèles théoriques basés sur la croissance
endogène, ils n'ont pas été simulés à l'aide
de données réelles pour voir l'effet d'un choc du
développement financier sur la croissance économique et sur les
différentes variables macro-économiques. Finalement du point de
vue empirique, la plupart des études ont utilisé soit une
approche en coupe transversale, soit une analyse en coupe longitudinale.
Plusieurs critiques ont été formulées à l'encontre
de ces approches. En effet, la première approche suppose implicitement
l'homogénéité des pays, laquelle conduit à
interpréter les coefficients comme des effets moyens (Arestis et
Demetriades, 1997). En outre, cette approche ne permet pas de mettre en oeuvre
des tests de causalité (Levine et Zervos, 1996). Tandis que la seconde
approche souffre de problème de faible puissance liée à
l'horizon temporelle des données plutôt qu'au nombre
d'observations. Bien qu'elles ne soient pas exhaustives, les lacunes
précitées méritent d'être mentionnées.
CHAPITRE II-
SITUATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE D'HAITI
CHAPITRE II- SITUATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE
D'HAITI
SECTION 1.-
PRESENTATION DU SYSTEME FINANCIER HAÏTIEN :
STRUCTURE ET EVOLUTION
A) La Banque Centrale
La Banque de la République d'Haïti, est
l'entité régulatrice du système financier haïtien.
Elle est responsable de la politique monétaire du pays, de la gestion du
système de paiement et de la supervision du système
bancaire34, conformément aux articles 29 à 32 de sa
loi organique (août 1979) et à l'article 43 du décret du 14
novembre 1980. Au fil des ans, elle tend à moderniser ses
stratégies pour une meilleure supervision et régulation du
système financier dans une perspective de stabilité, notamment
à partir des instruments de politique monétaire et les normes
prudentielles35.
La BRH utilise donc plusieurs instruments dans la mise en
oeuvre de la politique monétaire dont l'objectif final est la
stabilité des prix. Entre 1979 et 1996, des taux de réserves
obligatoires, variés entre 32 % à 75 % imposés aux banques
pour éviter les excédents de liquidité ont parmi tant
d'autres raisons qui ont provoqué des écarts importants entre les
taux d'intérêt débiteur et créditeur. Le taux a
été révisé à la baisse autour de 31 % pour
les banques créatrices de monnaie (BCM), toutefois, les banques tendent
à déposer plus que le pourcentage exigé dans les
réserves de la BRH. Après avoir abandonné les plafonds et
les planchers de taux d'intérêt en 1989, les Bons BRH
créés en
34
www.brh.net, «La BRH, historique,
mission et organisation »
35 Lhermite Francois, « Performance et situation des banques
dans l'économie haïtienne », p.64
novembre 1996 et les interventions sur le marché des
changes, sont devenus les instruments privilégiés de la Banque
Centrale.
Toutefois, beaucoup de penseurs s'interrogent sur l'impact
réel de la conduite de la politique monétaire par la BRH sur la
croissance économique nationale ou particulièrement sur les
crédits au secteur privé. Parallèlement, nous
reconnaissons que, toute politique monétaire, pour être efficace
doit être adéquatement acceptée et suivie par les autres
éléments du système bancaire notamment les banques
commerciales. Sinon, la banque centrale, se retrouverait seule dans un rude
combat. Aussi, certains éléments macroéconomiques tel que
la dominance fiscale tendent à affaiblir l'influence des politiques
monétaires dans la conduite de la politique économique en
général. Nous devrions évaluer les politiques de
crédit des banques ainsi que leur rémunération de
l'épargne par rapport aux variations des taux directeurs de la BRH.Mais,
de tout cela il faut retenir que la croissance économique traîne
encore, dans le sens qu'elle a du mal à se maintenir sur une
période relativement longue comme c'est le cas dans de nombreux pays de
la zone comme la République Dominicaine ou le Chili qui enregistrent des
taux de croissances autour de 8 % depuis quelques
années36.
B) Les banques commerciales
La catégorie des banques commerciales fonctionnant en
Haïti regroupe sept (7) institutions de dépôts et une banque
d'épargne et de logement (BEL). Parmi les 7 institutions de
dépôts, il y deux (2) banques commerciales d'Etat (BNC et BPH),
cinq (5) banques commerciales privées haïtiennes (Sogebank,
Unibank, Capital Bank, BUH et BICH) et 2 succursales de banques
étrangères (Citibank N.A et Scotiabank). L'unique banque
d'épargne et de logement est la Sogebel37.
Le système bancaire haïtien a donc connu d'importants
changements. Ainsi, on a enregistré une vulgarisation poussée et
une plus grande accessibilité de certains services
36
www.eclac.cl «La inversión
extranjera en América Latina y el Caribe 2007 »
37 BEL appartenant au Groupe Sogebank
bancaires au cours des quinze dernières
années38. Les BCM sont passées d'une situation assez
critique pour arriver à une maturité relative aujourd'hui. Selon
les données de la BRH, l'actif total du système bancaire
était évalué à 3,67 milliards de gourdes en
septembre 1986. Il est donc passé à 65,81 milliards en septembre
2005.
Graphe 1 actif du systeme bancaire (en million de
gourdes)
70000.00
60000.00
50000.00
40000.00
30000.00
actif du systeme bancaire (en million de gourdes)
20000.00
10000.00
0.00
Source : BRH
Nous sommes certes autorisés à dire que le
système bancaire a connu une période de développement
assez remarquable. Toutefois, certains éléments du système
ont encore du mal à prendre ce rythme. C'est ce qui explique le cas de
certaines contre performances.
C) Les institutions financières non/bancaires
Les institutions financières non bancaires (IFNB) qui
fonctionnent dans le pays sont surtout des institutions de microfinance, les
coopératives d'épargne et de crédit, les compagnies
d'assurance, les fonds de pension, les maisons de transfert et les bureaux de
change. A cette liste, s'ajoutent certaines institutions financières de
développement opérant en Haïti telles que la
Société Financière Haïtienne de Développement
Economique et Sociale (SOFIHDES), Le Fonds Haitiano-allemand pour le
Développement rural (FONDEV) et la Fondation Haïtienne de
Développement (FHD) et certains organismes financiers publics tels
l'Office Nationale d'Assurance (ONA) et le
38 Le nombre de compte de dépota progressé de 17 %
en 2005 pour atteindre 1 360 749.
Bureau de Crédit Agricole (BCA)39.
Toutefois, il faut reconnaître que ce sous/secteur n'est pas suffisamment
transparent, dans le sens que ses activités ne sont pas
intégralement supervisées et contrôlées. On
reconnaît que le CNC (Conseil national des coopératives) et la
DIGCP (Direction de l'Inspection Générale des Caisses Populaires)
de la BRH réalisent de nombreux progrès en ce sens, mais il reste
encore beaucoup à faire surtout en ce qui concerne les autres IFNB tels
les fonds de pension et les compagnies d'assurance.
Les institutions de microfinance et les coopératives
d'épargne et crédit se partagent l'ample secteur de la population
active non-bancarisée et qui souvent travaille dans l'informel. Leurs
activités se concentrent dans ce cas dans la zone métropolitaine
(où vit environ 1/4 de la population) et dans le commerce (90% environs
des activités financées par le secteur dans son
ensemble)40. En 2002, la crise du système coopératif a
démontré une situation de manque de réglementation et de
supervision.
Des institutions de microfinance non/coopératives se
sont développées en Haïti à partir des
premières années '90 et tendent à se dynamiser de plus en
plus. Leur poids dans les transactions financières n'est pas du tout
négligeable. En 2005, les 25 IMF formant l'Association Nationale des
Institutions de Microfinance d'Haïti (ANIMH)41,
représentent un portefeuille de crédit de 1,241 milliard de
gourdes (environ 31 millions de dollars américains) soit presque 3 % du
crédit intérieur. Mais le gros problème réside
surtout dans leur précarité, expliquée par leur manque
d'autonomie financière42 et leur mauvaise gestion.
En ce qui concerne les compagnies d'assurance, les maisons de
transfert, les bureaux de change, les fonds de pension et les institutions
financières de développement, nous ne disposons pas suffisamment
de données pouvant nous permettre d'évaluer leur part de
marché et leur niveau d'influence sur la croissance économique du
pays.
39 Durant Régine et al., «Le système financier
haïtien», pp. 12/14
40
www.animhaiti.com, «Rapport
annuel d'activités 2005 »
41 Idem
42 La plupart d'entre elles sont financées par des ONGs
Donc en réalité parler du système
financier haïtien revient presque à parler du système
bancaire, vu la dominance de ce dernier dans le secteur et de la faiblesse
d'information concernant les autres institutions financières non
bancaires du pays.
SECTION 2.- L'IMPORTANCE DU FINANCEMENT DANS L'ECONOMIE
HAITIENNE
Dans toute économie le financement est un moteur par
excellence du développement des activités économiques. Il
devient aussi une nécessité pour les intermédiaires
financiers haïtiens de mobiliser de l'épargne afin de subvenir aux
besoins de crédit des différents agents économiques. Les
principaux secteurs économiques du pays, à savoir le commerce,
l'industrie, les services et l'agriculture connaissent des déficits de
financement énormes qui s'explicitent par la faiblesse d'investissement
et de production qu'ils enregistrent. Leurs activités sont donc
restées marginales et irrégulières, laissant un bon nombre
d'agents économiques indifférents par rapport à de
potentielles activités économiques tandis que d'autres sont
obligés de recourir à l'usure pour des taux
d'intérêts très élevés. Ce manquement conduit
les tenants de ces activités non financées à une situation
de vulnérabilité extrême qui traîne entre le
déficit et un rendement de subsistance.
Le financement se révèle donc un outil
incontournable dans la perspective d'augmentation de l'investissement
domestique et dans la quête d'une relance économique. Ce besoin de
capitaux doit être satisfait notamment pour combler le vide produit par
la faiblesse des investissements étrangers dans le pays. D'où
toute l'importance du financement de l'économie haïtienne. Ainsi,
le système financier haïtien, dominé d'ailleurs par le
système bancaire dans ses fonctions financières doit allouer
suffisamment de ressources, faciliter les transactions et surtout mobiliser de
l'épargne dans la perspective du développement maximal du
crédit. Certes, parler de crédit à l'économie
sous/entend le crédit au secteur public et le crédit au secteur
privé.
Cependant, dans le cadre de notre travail, l'accent est mis
sur le crédit au secteur privé, estimant que cette part pourrait
avoir d'avantage d'incidence positive sur la croissance économique.
Voyons maintenant, l'évolution du Produit Intérieur Brut
haïtien pour la période sous-étude.
SECTION 3.- EVOLUTION DU PRODUIT INTERIEUR BRUT
La croissance du PIB qui reflète l'évolution des
activités économiques en Haïti a connu une période
d'instabilité de 1986 à 2005. Après une phase de
croissance assez significative de 4,62 % en moyenne entre 1968 et 1980, le PIB
a entamé une période de récession qui a traversé la
fin des années 80 avant de se transformer en une véritable
dépression au beau milieu de la crise de 1992-1994. Rappelons qu'au
cours de cette dernière période, le PIB a enregistré ses
taux de croissance les plus faibles soit -13,19 % en 1992 et -8,28 % en 1994. A
partir de cette date, l'économie haïtienne a repris timidement sa
marche pour afficher une faible croissance de 2.1 % en moyenne annuelle entre
1996 à 2000, suivie de trois années de récession.
Toutefois, une faible reprise s'était amorcée en 2005 pour un
taux de croissance de 1,8 %. Le graphe ci-dessous décrit
l'évolution du PIB.
6.00
4.00
2.00
0.00
-2.00
-4.00
-6.00
-8.00
-10.00
-12.00
-14.00
-16.00
Tx de croiss PIB (%)
graphe 2 Evolution du PIB
Plusieurs facteurs peuvent être à la base de ce
déficit de croissance économique. D'abord, il faut
reconnaître, que, durant ces périodes, il y a eu toujours une
persistance de la crise politique, qui par ses effets négatifs sur la
bonne marche des affaires ne peut que faire augmenter les incertitudes des
opérateurs économiques. Egalement, cette situation est la
conséquence du faible niveau d'investissement enregistré au cours
de cette période. D'une part les investissements domestiques ont
été relativement faibles et irréguliers avec une
croissance moyenne de 4,5 %, mais notamment avec des périodes de forte
hausse comme l'année 1970 et 1995 avec des taux de croissance respectifs
de 50,49 % et 88,92 % et des périodes de dépression comme
l'année 1992 avec une contraction de /40,10 %. Néanmoins, ces
derniers quoique faibles pourraient assurer une certaine stabilité de
croissance si le PIB était suffisamment élastique à la
variation de l'investissement. Par exemple, l'accroissement de l'investissement
global pour la période 1995 à 2005 de 16.78 % en moyenne annuelle
ne s'est accompagné que d'une croissance du PIB réel à
peine supérieure à 1 % soit 1.1 %.
Parallèlement, nous observons en effet que les
investissements directs étrangers n'ont pas cessé de diminuer.
Par exemple, selon un rapport de la Banque Mondiale (2002), entre 1980 et 2000,
la croissance des IDE en Haïti était de /19,04 %. Mis à part
tout cela, nous devons évaluer l'implication de certains autres facteurs
tel le système financier dans la détermination de la croissance
économique. Voyons maintenant, la problématique du crédit
au secteur privé face aux défis de croissance
économique.
SECTION 4.- LA PROBLEMATIQUE DU CREDIT AU SECTEUR PRIVE
ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE EN HAÏTI
A) Analyse de la distribution du crédit en
Haïti
L'évolution du crédit bancaire au secteur
privé haïtien en général peut être
analysée en deux périodes. La première allant de 1958
à 1986 et la seconde, de 1986 à 2005, caractérisée
par un développement assez considérable du système
bancaire.
Nous savons que l'une des principales missions du
système bancaire est le financement de l'économie par l'octroi du
crédit. Or, en Haïti, le crédit bancaire n'a pas toujours
connu une croissance linéaire. En effet, au cours de la période
allant de 1958 à 1986, le crédit accordé au secteur
privé a connu une évolution considérable pour ensuite
évoluer à la baisse au cours de la période allant de 1986
à 2005. Cependant, il est paradoxal de remarquer que cette tendance
à la baisse coïncide avec l'épanouissement du système
bancaire. Voyons donc plus amplement les rapports entre l'évolution du
crédit au secteur privé et celui du PIB au cours de la
deuxième période.
Malgré le développement du système
bancaire à partir des années 70 avec l'augmentation du nombre des
banques commerciales en Haïti, on a constaté une évolution
à la baisse du crédit au secteur privé. A première
vue, nous pouvons expliquer une telle évolution par la tendance
baissière du taux d'intermédiation financière qui traduit
la faible part des agents ayant une capacité de financement à
financer ceux qui en ont un besoin. L'augmentation graduelle des taux
d'intérêt sur les prêts dans le graphe ci- dessous peut
aussi expliquer une certaine faiblesse du crédit pendant cette
période.
graphe 3 Tx d'interet moyen sur les prets
25.00%
20.00%
15.00%
10.00%
5.00%
0.00%
Tx d'interet moyen sur les prets
Source : BRH
Pour sa part, l'évolution à la hausse du taux
d'intérêt sur les prêts semble découler
principalement du financement accru du déficit budgétaire, qui a
eu pour conséquence d'évincer le crédit au secteur
privé. En effet, le financement du déficit budgétaire
des
administrations publiques a toujours constitué une
contrainte à la distribution du crédit au secteur privé en
Haïti. Puisque théoriquement la demande de crédit
étant une fonction décroissante du taux d'intérêt,
un besoin de financement de l'Etat réduira la fraction des fonds
prêtables destinés préalablement au financement du secteur
privé. Il en résulte une augmentation du taux
d'intérêt réel, défavorable à
l'investissement donc à la croissance économique. A partir du
graphe ci/dessous, nous avons compris que l'évolution du crédit
au secteur public et celle du secteur privé ont suivi des cours
relativement opposés, en d'autres termes, une augmentation du
crédit au secteur public s'était presque toujours
accompagnée d'une baisse du crédit au secteur privé.
graphe 4 Evolution du tx de croiss. du credit au secteur
prive et du tx de croiss. du credit au secteur public
50.00
50.00
40.00
40.00
30.00
30.00
20.00
20.00
10.00
10.00
~
(10.00)
(20.00)
0.00
-10.00
croissance du credit au secteur priv.
tx de croiss du credit au secteur
Source : BRH
B) Crédit privé et croissance en
Haïti
La majorité des théories économiques sont
unanimes à reconnaître les incidences positives du crédit
au secteur privé sur les activités économiques, comme
l'ont si bien montré les tenants de l'école du « canal du
crédit »43 qui ont soutenu l'idée qu'une
augmentation du crédit au secteur privé entraîne une
augmentation des revenus stimulant ainsi la croissance économique ; donc
on va essayer de voir comment l'évolution du crédit au secteur
privé a influencé la croissance pendant cette période
sous/étude.
43 Bernanke, B. ,«On the predictive power of interest rates
and interest rates spread». pp. 12/15.
En observant le graphe ci-dessous, nous comprenons qu'il n'y
pas lieu de lien de cause à effet entre le crédit bancaire au
secteur privé et la croissance économique dans le cas de
l'économie haïtienne pendant la période
sous-étude.
graphe 5 Evolution du tx de croiss du PIB et du tx de croiss
du credit au secteur prive
60.00
50.00
40.00
30.00
20.00
10.00
croissance du credit au secteur priv.
Tx de croiss PIB (%)
0.00
10.00
-20.00
Source : BRH
En somme, cette étude sur l'évolution du
crédit au secteur privé et de son rôle vis- à-vis de
la croissance économique nous a permis de voir que la distribution du
crédit au secteur privé bancaire de 1986 à 2005 n'a pas
été régulière pour diverses raisons tant
économiques que politiques. Aussi, cela peut dépendre de la
politique monétaire adoptée et appliquée dans des
situations particulières.
C) La problématique du crédit
« En Amérique Latine, le crédit bancaire
reste rare, coûteux et extrêmement volatile ». Telle est la
conclusion peu encourageante d'une étude approfondie des systèmes
bancaires de la région publiée par la BID en 200444.
Haïti est tout aussi concerné par cette problématique. Le
problème du crédit devrait être ainsi abordé sur
quatre angles différents : l'insuffisance, le coût,
l'exclusivité et la qualité.
Selon les données de la BRH, le crédit au secteur
privé est passé de 1,29 milliard à 25,7 milliards de
gourdes de septembre 1986 à septembre 2005 et le ratio M2 / PIB de
0,6 % en 1986 à 3,34 % en 2005. Ceci démontre
que les disponibilités à l'octroi du crédit sont en
progression. Tandis que, le ratio Crédit secteur privé / PIB n'a
pas pu atteindre la barre des 5 % pas avant 2004 avec une moyenne de 1,99 % de
1986 à 200545. Ce rationnement du crédit en
Haïti, donc, n'est pas forcément imputable à la faiblesse de
disponibilités bancaires.
Le deuxième aspect de la question est relatif au
coût du crédit. Un produit rare est généralement
coûteux. Mais, il y a une autre considération à faire. En
Haïti, on remarque mis à part le problème d'insuffisance de
fonds prêtables, les institutions de crédit ont tendance à
imposer des conditions draconiennes face à la demande des agents qui ont
besoin du crédit46, un ensemble de mesures qui
protègent les banques certes, mais entravent l'activité de
crédit. Nous reconnaissons certes, le niveau élevé de
risque qui entoure les investissements économiques par rapport à
la fragilité du pays; mais, reste à savoir si les mesures
préventives en terme d'octroi du crédit au secteur privé
correspondent toujours à la réalité du marché. En
effet, nous savons que le spread bancaire est resté
généralement élevé. Selon les sources de la BRH, il
a atteint 15 % en septembre 1995, pour un taux d'intérêt moyen de
3,5 % sur les dépôts d'épargne et un taux
d'intérêt moyen sur les prêts de 18,5 %. En septembre 2005,
le spread bancaire était de 21,87 % pour des taux
d'intérêts sur les dépôts d'épargnes et de
prêts de 1,13 % et 23 % respectivement. Voyons le graphe qui suit.
45 En 2000 le ratio Credit privé privé / PIB au
Chilie était de 72 % selon les données de Banco Cenral de
Chile
46 Fritz Deshommes, «Vie chère et politique
économique en Haïti», pp. 194,195
tx d'inrnrêt
35
30
25
15
10
5
0
Sep-
95
Sep-
96
Sep- 97
Sep- 98
Sep- 99
graphe 6
Evolution du Spread bancaire
Sep- 00
Sep- 01
Sep- 02
Sep- 03
Sep-
04
Sep-
05
tx d'int dépôt d'épargne tx d'int
prêt
Source : BRH
Cet écart de taux qui est généralement
inélastique par rapport aux variations des taux directeurs de la BRH
nuit considérablement à la demande de crédit. D'une part,
les potentiels épargnants pourraient être réticents
à faire des dépôts, et d'autre part, ceux qui ont besoin du
crédit seraient de plus en plus désintéressés
à formuler une demande.
Le troisième aspect du problème est
l'exclusivité. Cela sous/entend que le crédit est parfois
discriminatoire dans le sens qu'il n'est pas ouvert à tout le monde ou
en d'autres termes, une minorité de personnes est
privilégiée au dépend d'une certaine majorité sur
la base de l'apparenté. Environ 133 clients sur 400,000
détiennent les 2/3 du volume de crédits supérieurs
à 75,000.00 gourdes au niveau des banques commerciales haïtiennes
(PNUD-BIT, 1997). Aussi, selon les chiffres de la BRH, environ 10 % des
emprunteurs du système bancaire haïtien ont
bénéficié approximativement de 80 % du portefeuille de
crédit total au 30 septembre 2005 (contre 68 % en 2004)47.
C'est une expression de la concentration de l'offre des services financiers
notamment les prêts bancaires.
Le dernier aspect dans le problème du crédit est sa
qualité. Il ne suffit donc pas d'accorder des prêts à des
clients, mais les prêts doivent être de qualité. La
qualité du
47 BRH, Rapport Annuel 2005
crédit renvoie notamment à sa
productivité. Pour l'année 2005, les prêts improductifs
représentaient 12,38 % des prêts bruts et le ratio des prêts
improductifs sur l'avoir des actionnaires était de 42,19 %. Des chiffres
inquiétants, qui démontrent la mauvaise qualité de l'actif
et la faiblesse de l'assise financière du système bancaire.
Tous ces obstacles empêchent non seulement au
crédit au secteur privé d'évoluer normalement, mais aussi
d'avoir des incidences positives sur la création de richesse et de
l'emploi.
Dans le prochain chapitre, nous allons présenter notre
modèle économétrique mettant en relation le
crédit au secteur privé et la croissance du PIB
CHAPITRE III-
ANALYSE ECONOMETRIQUE DE LA RELATION ENTRE LE CREDIT AU
SECTEUR PRIVE ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE.
CHAPITRE III- ANALYSE ECONOMETRIQUE DE LA RELATION
ENTRE LE CREDIT AU SECTEUR PRIVE ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE.
Pour modéliser les relations entre le crédit au
secteur privé et la croissance économique, nous utilisons une
régression linéaire multiple. Entre autres, l'objectif
général de toute régression multiple est d'en apprendre
davantage sur la relation entre les indépendants ou plusieurs variables
prédictives et une charge variable ou un critère. En effet, nous
nous servons du logiciel E-views (version 4.1 professional) pour estimer le
modèle.
Le modèle est constitué d'une variable
endogène LPIB qui représente le logarithme du Produit
Intérieur Brut et de trois variables exogènes, LCREPRIV, le
logarithme du crédit au secteur privé, LM2 désignant le
logarithme de la masse monétaire M2 et LCREPUB indiquant le logarithme
du crédit au secteur public. Nous avons préféré de
prendre le logarithme des variables pour avoir une meilleure tendance et pour
rendre les séries plus stationnaires car les séries en niveau ne
nous ont pas donnés des résultats statistiquement significatifs
en faisant le test de Fischer. Nous avons utilisé des données
annuelles partant de 1986 à 2005 à partir du MCO
pour estimer notre modèle et pour la plupart des cas, on a pris comme
valeur moyenne annuelle, les valeurs de septembre de chaque année
(résultat de fin de période).
Spécification mathématique du modèle
L'équation générale du modèle prend
la forme suivante : LPIB = C(1) + C(2)*LM2 + C(3)*LCREPRIV + C(4)*LCREPUB +
Et
Cette forme d'équation ne s'identifie pas typiquement
à un modèle déjà construit, néanmoins, elle
réfère particulièrement au modèle théorique
de Shumpeter (1912) qui a fait du crédit privé le mobile de
détermination de la production industrielle et de l'innovation
technologique. Toutefois, le crédit privé n'était pas pris
en compte dans son modèle de base.
Spécification économétrique du modèle
:
LPIB = C(1) + C(2)*LM2 + C(3)*LCREPRIV + C(4)*LCREPUB + Ut
Test de stationnarité des variables
La notion de stationnarité est importante dans la
modélisation de séries temporelles. Dans le cas où les
variables ne sont pas stationnaires mais intégrés de même
ordre, un concept très proche, celui de cointégration, permet de
déterminer le type de modèle à utiliser. La
stationnarité joue également un rôle important dans la
prédiction de séries temporelles.
Dans notre cas, nous utilisons l'artifice de
Dickey-fuller48 simple (1981)
48 Le test de Dickey Fuller simple (1979) est un test de racine
unitaire (ou de non stationnarité)
Nous partons des hypothèses suivantes : H0 : |ñ| =
1 (â=0, non stationnaire)
H1 : |ñ| <1 (stationnaire)
Après avoir effectué le test de racine unitaire
de Dickey-fuller simple, nous avons vu que les quatre variables constituant
notre modèle à savoir LPIB, LCREPRIV, LCREPUB et LM2 ne sont pas
stationnaires en niveau donc on accepte H0. Toutefois, elles sont toutes
stationnaires en différence première. A la différence des
autres, la variable LCREPRIV garde la tendance et la constante, alors que les
trois autres sont stationnaires en différence uniquement avec constante.
Nous présentons en annexe 2 les séquences de résultats des
tests de Dickey-Fuller.
Test de normalité
La normalité de l'erreur est l'une des
hypothèses statistiques fondamentales qui doit être testée
notamment avec des séries temporelles. Nous utilisons alors, le test de
Jarque-Bera (1980) pour réaliser ce test. Sous les hypothèses
suivantes :
H0 : Ut ~ N (0, ó2u), L'erreur est normale
H1 : Ut /~ N (0, ó2u), L'erreur est non
normale
Selon les résultats de e-views (voir annexe 1), la
probabilité associée à JarqueBera est de 93,09 % donc
supérieure à 5 %, alors nous acceptons H0. Nous concluons ainsi
que l'erreur est normale.
Test de spécification :
Nous utilisons le test de Ramsey (RESET TEST, 1976).
L'équation de régression Ramsey Spécifications Erreur Test
(RESET) (Ramsey, 1969) est une spécification d'essai pour le
modèle de régression linéaire. L'intuition derrière
ce test est que, si la non-
combinaison linéaire des variables explicatives a tout
pouvoir pour expliquer la variable exogène, le modèle est mal
spécifié.
Nous formulons les hypothèses suivantes : H0 : Ut ~ IN
(0, ó2u I), bonne spécification H1 : Ut ~ IN (g,
ó2u I), 1?0, mauvaise spécification
A partir des résultats de e-views (voir annexe 1), la
probabilité associée à Fstatistic est de 34,90 %, donc
elle dépasse 5 %. Alors H0 est acceptée, pas d'erreur de
spécification.
Résultats et interprétation des résultats de
l'estimation
Après l'avoir estimé par le MCO, on a eu la forme
particulière suivante: LPIB = 4.639 + 2.144*LM2 - 0.823*LCREPRIV -
0.958*LCREPUB
(6.223) (6.125) (-3.309) (-6.048)
(...) t student
Pour tester la significativité de chacune des
variables, le test de Student a donné des résultats
satisfaisants. Donc toutes les quatre variables considérées dans
le modèle sont statistiquement significatives (voir annexe 3).
Globalement, nous avons eu un une probabilité associée à
Fischer atteignant 47,61 %, ce qui est largement significatif toujours sous le
seuil d'erreur de 5 %. Egalement, nous avons enregistré un R2
suffisamment élevé de 89,92 % et une somme carré de
l'erreur (Sum square resid) très faible (0,2832), qui sont tous des
signaux positifs de la significativité et de l'acceptabilité du
modèle.
Parallèlement, les résultats de l'estimation ont
donné une valeur de Durbinwatson49 soit DW=1,97 (voir annexe
3). Sous un seuil de 5 % et avec 3 variables explicatives, dl et du prennent
respectivement les valeurs de 1 et de 1,68. Donc la valeur de DW (1,97) est
située dans l'intervalle entre du (1,68) et 4-du (2,32), une zone dans
laquelle H0 est vérifiée, c'est-à-dire que les
résidus sont non autocorrélés sous les hypothèses
suivantes:
H0: ñ =0 (Les résidus sont
non-autocorrélés)
H1: ñ ? 0 (ñ <0 ou ñ >0, les
résidus sont autocorrélés)
Aussi nous avons utilisé le test de White (1980), qui
est un cas particulier du test de Breusch-Godfrey-Pagan pour tester
l'hétéroscedasticité du modèle; en d'autres termes,
pour voir si la variance de l'erreur est constante ou non. Nous avons les
hypothèses suivantes:
H0: a2 = a3 = ... = ap (L'erreur est homoscedastique)
H1: (ai ? 0), i= 2, 3, ..., p. (L'erreur est
hétéroscedastique)
Les résultats de E-views ont donné une
probabilité associée à White qui est de 5,7 % (voir annexe
3), qui dépasse le seuil de 5 %, donc H0 est acceptée, l'erreur
est homoscedastique.
Enfin, nous avons effectué le test de
multicolinéarité entre les variables exogènes du
modèle. Car nous savons que l'existence de
multicolinéarité gonfle les écarts des estimations de
paramètres. La multicolinéarité peut également
aboutir à des signes
49 Cette statistique venant du nom de James Geoffrey Durbin et
Watson est utilisée pour détecter la présence
d'autocorrelation des
inattendus et par conséquent, à des conclusions
erronées sur les relations entre variables indépendantes et
dépendante. Pour réaliser le test de
multicolinéarité, nous avons utilisé le test de
Farrah-Glauber. Sous les hypothèses suivantes:
H0: |R|=1 (les variables sont orthogonales)
H1: |R|<1 (les variables s sont fortement
corrélées)
La probabilité associée à Farrah-Glauber,
calculée à partir du déterminant D a donné -6,59 %
(voir annexe 4), une valeur négative, qui est inférieure à
la valeur lue dans la table de chi-deux pour n=20 et pour un seuil d'erreur de
5 % soit une probabilité de 7,8 15 %. Alors nous acceptons Ho, donc il
n'y a pas de multicolinéarité, en d'autres termes, les variables
explicatives sont orthogonales.
Techniquement, en analysant les signes des coefficients des
différentes variables exogènes, nous devons comprendre que les
deux variables LCREPRIV et LCREPUB entretiennent des relations négatives
avec la variable endogène (LPIB). En terme économique,
d'après ce modèle, toute augmentation de 1% du crédit au
secteur privé et toute augmentation de 1 % du crédit au secteur
public doit faire baisser le PIB respectivement de 0,823 % et de 0,958 %.
Parallèlement, la masse monétaire M2 influence positivement le
PIB, ainsi, selon cette équation, une hausse de 1 % de M2 fera
progresser le PIB de 2,144 %.
Théoriquement, beaucoup de thèses soutiennent
une relation négative entre le crédit au secteur public et la
croissance économique dont celle de Varoukadis (1 996)50 dans
le sens que les crédits au secteur public tendent à
évincer le crédit au secteur privé et donc réduire
l'investissement domestique; ce qui s'accorde parfaitement avec les
résultats de notre estimation. Toutefois, dans la majorité des
cas, les auteurs défendent une relation positive entre le crédit
au secteur privé et la croissance du PIB (c'est le cas
50 Aristomène Varoudakis, Regimes non démocratiques
et croissance: théorie et estimation, pp. 831-840
de Schumpeter). Car, pensent/ils, le crédit au secteur
privé peut mobiliser suffisamment de capitaux à l'investissement
et à la création de richesse pouvant stimuler l'activité
économique. En ce qui concerne la relation entre la masse
monétaire M2 et la croissance du PIB, elle répond aux
avancées théoriques qui soutiennent l'idée qu'une plus
grande disponibilité monétaire soit en terme de monnaie en
circulation ou dans les comptes d'épargne constitue un terrain propice
à l'investissement, et par la suite pour la bonne marche des
activités économiques.
Dans le cas haïtien, plusieurs choses peuvent expliquer
cette inadéquation entre le crédit au secteur privé et la
croissance du PIB. D'abord, on considère le point de vue politique.
L'étude part de 1986, et nous savons que 1986 dans l'histoire politique,
sociale et économique nationale a été un point
déclencheur de toute une série de mouvements
d'instabilité. De la chute de Jean/Claude Duvalier en passant par le
coup d'Etat de 1991 pour aboutir au renversement de Jean/Bertrand Aristide en
février 2004, les tensions politiques de toutes sortes ont assombri le
climat d'investissement au détriment de la croissance économique
et de l'emploi.
Mis à part les crises politiques
répétées, la période de grande ouverture
économique qui a marqué l'après Duvalier à travers
le Plan Américain a donné un coup dur à l'économie.
Dans ce contexte, les entreprises nationales qui bénéficiaient du
crédit ne pouvaient pas efficacement et de manière optimale
produire, car talonnées par la forte concurrence des produits
étrangers. Et parallèlement, les compagnies
étrangères s'adonnaient presque entièrement à la
commercialisation au lieu de venir d'investir en Haïti dans des oeuvres
à haute intensité d'emploi et de création de richesse.
Donc, il serait difficile de croire que dans une situation aussi
particulière, le faible niveau de crédit accordé au
secteur privé particulièrement par les banques aurait pu avoir
des impacts positifs sur la croissance du PIB. Deux autres problèmes
peuvent être soulevés pour expliquer cette relation
négative. On a mentionné plus haut, qu'il existe plusieurs types
de crédit notamment le crédit à la consommation, et le
crédit à la production (ou à l'investissement). La
première catégorie, à part qu'elle stimule la demande
globale par
une augmentation de la consommation, n'a pas un impact
significatif sur les activités économiques, tandis qu'elle
représente une part assez considérable dans le portefeuille de
crédit des banques haïtiennes51.
La deuxième catégorie qui est consacrée
à la production peut diviser en production agricole, commerciale,
industrielle ou de service. C'est un type de crédit qui
généralement, est très favorable à la croissance
notamment pour le secteur industriel et des services. Puisque, nous savons que
dans le contexte économique actuel, les productions industrielles et de
services offrent une plus grande valeur ajoutée et des avantages
comparatifs face à la détérioration des termes de
l'échange des produits agricoles et de la forte inflation que subissent
les produits commerciaux. Néanmoins, dans cette même
catégorie de crédit à la production, les prêts sont
en majorité destinés à des activités
commerciales52, qui sont d'ailleurs réputées faibles
en valeur ajoutée et en création d'emploi.
Un autre problème qui a été
soulevé plus haut c'est la trop forte concentration du crédit.
Donc, par le fait que le crédit n'est pas suffisamment ouvert et
distribué dans les différents secteurs et régions du
pays53, il va inciter de moins en moins de concurrence; alors une
augmentation relative de son volume n'arrivera pas à inciter une
croissance économique soutenue, menacée par tant d'autres
facteurs économiques et politiques. A part de la concentration du
crédit, il faut considérer aussi les termes des prêts
bancaires. Comment s'attendre à des retombées positives du
crédit si les banques commerciales haïtiennes offrent pour la
majeure partie du temps des prêts à court terme. Ces derniers
n'auront pas suffisamment de temps pour donner le rendement souhaité
(pour les banques
51 Fritz Deshommes, «Politique économique en
Haïti. Rétrospectives et perspectives», p.87
52 Près de deux tiers des prêts du système
bancaire, soit 62.8%, sont accordés dans le cadre des activités
commerciales (source: Document de synthèse de C.N.C / P.N.U.P / B.I.T /
H.A.I 95 / 014: «Analyse des Institutions Bancaires »
53 Plus de 90% des prêts sont concentrés dans la
zone métropolitaine particulièrement à Port/au/Prince
(voir le document de synthèse pré/cité)
commerciales haïtiennes, 8 1% des crédits en moyenne
se font à court terme selon le même document de synthèse
cité plus haut).
Le dernier argument qui pourrait expliquer cette influence
négative du crédit au secteur privé sur la croissance du
PIB est la non prise en compte du crédit des institutions
financières non bancaires dans la régression, étant
donné une non disponibilité des données qui y sont
relatives. Néanmoins, on sait que la tendance ne serait pas trop
différente vu la dominance bancaire face à une famille des IFNB
minoritaires.
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
En effet, le système financier haïtien en
dépit de la performance relative du secteur bancaire n'arrive pas
jusqu'à présent à être un moteur pour la croissance
économique. D'ailleurs, on a enregistré des rapports
négatifs entre la contribution du crédit au secteur privé
et la croissance du PIB. Pour des raisons politiques, macroéconomiques
ou qui sont liées directement au système bancaire, le
crédit au secteur privé a été d'une part
insuffisant vu d'ailleurs le faible ratio du crédit privé / PIB.
D'autre part, vu les problèmes de transmission du crédit
privé et de son allocation, ce dernier n'a pas su être un facteur
réel pour le développement des investissements et de l'emploi en
Haïti. Donc, face à ce déficit de croissance et du constat
de la non influence positive du crédit au secteur privé sur le
PIB, il faudrait penser à des perspectives.
Puisque selon la conception moderne du système
financier, les marchés financiers devraient être le fer de lance
d'un processus de croissance économique, nous voulons proposer le
développement des marchés financiers avec toutes ces composantes
et dans sa fonction intégrale comme complément des institutions
financières et monétaires
existantes dans le pays dans la quête de la croissance
économique en Haïti. Contrairement aux autres institutions
financières, les marchés n'auraient pas comme principe de base la
maximisation des actionnaires, mais ils seraient un lieu d'échange entre
les offreurs et demandeurs de fonds pour leur satisfaction commune. Ceci
devrait interpeller tous les concernés principalement les grandes
entreprises privées haïtiennes.
Nous admettons que le système financier haïtien
est basé essentiellement sur les institutions financières
notamment les établissements bancaires. Or, la plupart des
économies modernes exploitent le service complémentaire des
marchés financiers, car ces derniers tendent à jouer de plus en
plus un rôle prépondérant dans la recherche de la
croissance économique. Dans le contexte haïtien, nous avons de
préférence un marché monétaire, relativement
sous-développé qui se résume aux offres de crédit
bancaire, des placements (dépôt à terme) et des bons
BRH.C'est donc un espace réduit, dans le sens qu'il n'offre pas
suffisamment de produits financiers, mais aussi parce que le seul produit en
titre (les bons BRH) est ouvert exclusivement aux institutions
bancaires54. Cela entend diminuer les possibilités
d'investissement, lesquelles devraient donner un élan
considérable à l'activité économique dans le pays.
Pas de marché boursier, pas de marché obligataire. En gros, il
n'existe pas de marchés financiers approfondis, donc il serait fort
difficile de stimuler l'activité économique dans un tel contexte
de déficit de financement bancaire.
En règle générale, les institutions
financière et les marchés financiers sont deux entités qui
sont appelées à se compléter pour financer
adéquatement les activités économiques. En Haïti,
seul le système bancaire fonctionne. Et ce dernier malgré
certains progrès relatifs, tarde encore à avoir suffisamment
d'impact sur l'économie. Donc une autre approche s'avère
nécessaire pour concilier le système bancaire et les
marchés financiers.
Les marchés financiers donneraient un coup de pouce
à l'innovation financière55 et le développement
des nouveaux produits financiers, combien importants. Nous
54 Un projet d'élargissement des Bons BRH aux autres
institutions financières est actuellement en cours
55 Bito C., Fontaine P. , Les marchés financiers
internationaux , pp.23-30
n'entendons pas plaider pour un marché financier
sous-developpé mais de préférence un marché ouvert,
approfondi et sécurisé, avec des produits financiers
diversifiés. Un marché financier à deux niveaux: primaire
(marché de l'émission des titres qui permettront aux principaux
demandeurs de financement tels l'Etat, les entreprises publiques et
privées d'émettre des titres notamment les actions, les
obligations, les swaps, les produits dérivés et les produits
optionnels) et secondaire (marché boursier)56.
De manière générale, les raisons à
rechercher le développement des marchés financiers dans la
perspective de croissance sont nombreuses57:
· Les marchés financiers attirent plus de fonds
pour les investissements dans les compagnies nationales, en particulier des
fonds plus spéculatifs qu'ils soient domestiques ou étrangers.
· A partir des marchés financiers, on obtient des
financements moins coûteux que ceux fournis par l'intermédiation
bancaire.
· Ils développent une allocation plus efficace des
fonds prêtables.
· Ils déconcentrent la propriété des
entreprises privées, ce qui permet le développement d'entreprises
qui eût été bridé par une
prépondérance des capitaux familiaux.
· Ils permettent l'association des capitaux des pays
développés avec les activités économiques des pays
émergents.
· Pour les marchés obligataires en particulier,
c'est toute une nouvelle classe d'actifs (produits en général
à haut rendement) qui sont mis à la disposition des
investisseurs, qu'ils aient pour origine les pays industrialisés ou
d'autres pays émergents. Les émetteurs, bénéficient
de fonds à de meilleures conditions que les emprunts bancaires, en
particulier sur le marché international. Le gouvernement, quand il
émet ses propres titres peut bénéficier des conditions de
financement plus avantageuses et plus souples.
Toutefois, la mise en place des marchés financiers a des
implications assez considérables. Cela suppose entre autres des
réformes préalables notamment pour la
56
www.fimarkets.com «
Marché financier, informatique et finance de marché »
57 Cartapanis A. Les marchés financiers internationaux,
pp.80-85
sécurisation des marchés
financiers58, ce qui devrait favoriser le développement de la
confiance des investisseurs, qu'ils soient domestiques ou internationaux. Ce
faisant, le pays devrait mettre en place des politiques économiques plus
crédibles et améliorer la gestion de son économie. Pour
cela, il faut:
· Une politique budgétaire et fiscale
contrôlée et rationnelle (réduction du déficit et
fiscalité moderne et raisonnable)
· Un environnement légal et réglementaire
ajusté avec des lois très adaptées sur la
société haïtienne surtout en termes de protection des
créanciers et de recouvrement des collatéraux d'où la
création de tribunaux de commerce.
· Un système de règlement moderne pouvant
faciliter davantage les échanges entre les institutions et les
différents agents économiques et financiers.
· L'introduction du marché haïtien dans le
processus de la globalisation financière qui devrait d'abord passer par
une étape d'intégration régionale. Toutefois, on doit y
procéder graduellement pour éviter une catastrophe comme c'est
fut le cas pour le secteur réel au lendemain de 1986.
· La transparence dans les comptes et la gouvernance
d'entreprise vers une gestion transparente des sociétés. Ainsi,
l'information financière est nécessaire pour améliorer
l'évaluation et la gestion des risques.
· La résolution du problème de la
fragilité des institutions financières non bancaires, en
particulier des caisses d'épargne et de crédit et certaines IMF.
Il s'agirait entre autres de répertorier les institutions en
difficulté, d'effectuer un audit de leurs finances, d'élaborer
des stratégies de restructuration efficaces et transparentes, de
départager clairement les services publics des activités
commerciales et de mettre en place des garde-fous pour éviter de fausser
la concurrence. En ce sens, la Direction de l'Inspection Générale
des Caisses Populaires de la BRH et le Conseil National des Coopératives
(CNC) devraient intensifier leur contrôle pour une meilleure
régularisation de ce sous secteur.
Il est certain, que le pays n'est pas bondé de grandes
sociétés riches en capitaux comme aux Etats-Unis mais, on peut
quand même avoir des marchés financiers avec les
58
www.pcf.fr, «Crise
financière: l'analyse économique de Denis Durant», pp.
1-5
moyennes et petites sociétés qui évoluent
sur le terrain. Au Canada, c'étaient des PME qui ont lancé les
marchés financiers et qui ont donné tout cet essor à
l'économie durant la fin des années 8059. Donc avec un
système financier doté d'institutions financières
efficaces, d'un marché financier ouvert et des cadres de
règlementation adéquats, l'économie serait en mesure
d'être financée plus adéquatement. Ainsi, le secteur
privé, en particulier, pourrait bénéficier d'une plus
grande mobilisation de capitaux pour le financement de ses activités
soit dans le secteur des services (qui est d'ailleurs un
générateur de valeur ajoutée par excellence), de
l'industrie, du commerce, de l'agriculture ou dans le tourisme, qui est un
domaine très riche en potentialité. Ce qui conduirait à la
création massive de richesse et d'emploi, donc à une croissance
économique suffisamment soutenue.
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Annexe 1 : Résultats du test de Jarque-Bera et
du test de Ramsey
Series: Residuals Sample 1986 2005 Observations 20
Mean
|
-4.57E-16
|
Median
|
0.007241
|
Maximum
|
0.228698
|
Minimum
|
-0.280744
|
Std.Dev.
|
0.122103
|
Skewness
|
-0.203909
|
Kurtosis
|
2.925987
|
Jarque-Bera
|
0.143161
|
Probability
|
0.930921
|
4
2
6
5
3
0
-0.3 -0.2 -0.1 0.0 0.1 0.2
1
Ramsey RESET Test:
F-statistic 0.934300 Probability 0.349075
Log likelihood ratio 1.208477 Probability 0.271634
Test Equation:
Dependent Variable: LPIB Method: Least Squares
Date: 07/26/08 Time: 06:37 Sample: 1986 2005
Included observations: 20
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C 5.512931 1.172549 4.701663 0.0003
LM2 16.42049 14.77313 1.111511 0.2838
LCREPRIV -6.296474 5.667971 -1.110887 0.2841
LCREPUB -7.325560 6.589129 -1.111765 0.2837
FITTED^2 -0.370071 0.382862 -0.966592 0.3491
R-squared 0.905180 Mean dependent var 9.219351
Adjusted R-squared 0.879894 S.D. dependent var 0.384728
S.E. of regression 0.133333 Akaike info criterion -0.979623
Sum squared resid 0.266664 Schwarz criterion -0.730690
Log likelihood 14.79623 F-statistic 35.79848
Durbin-Watson stat 1.911141 Prob(F-statistic) 0.000000
Annexe 2 : Résultats des tests de
Dickey-Fuller
Null Hypothesis: D(LPIB) has a unit root
Exogenous: Constant
Lag Length: 0 (Automatic based on SIC, MAXLAG=8)
t-Statistic
Elliott-Rothenberg-Stock DF-GLS test statistic
-4.571394
Test critical values: 1% level -2.699769
5% level -1.961409
10% level -1.606610
*MacKinnon (1996)
Warning: Test critical values calculated for 20 observations and
may not be accurate for a sample size of 18
DF-GLS Test Equation on GLS Detrended Residuals Dependent
Variable: D(GLSRESID)
Method: Least Squares
Date: 07/26/08 Time: 06:43
Sample(adjusted): 1988 2005
Included observations: 18 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
G LSRESI D(-1 ) -1.101951 0.241054 -4.571394 0.0003
R-squared 0.551414 Mean dependent var 0.001428
Adjusted R-squared 0.551414 S.D. dependent var 0.331295
S.E. of regression 0.221890 Akaike info criterion -0.119319
Sum squared resid 0.836997 Schwarz criterion -0.069854
Log likelihood 2.073869 Durbin-Watson stat 2.023519
Null Hypothesis: D(LM2) has a unit root
Exogenous: Constant
Lag Length: 0 (Automatic based on SIC, MAXLAG=8)
t-Statistic
Elliott-Rothenberg-Stock DF-GLS test statistic -3.360151
Test critical values: 1% level -2.699769
5%level -1.961409
10% level -1 .606610
*MacKinnon (1996)
Warning: Test critical values calculated for 20 observations and
may not be accurate for a sample size of 18
DF-GLS Test Equation on GLS Detrended Residuals Dependent
Variable: D(GLSRESI D)
Method: Least Squares
Date: 07/26/08 Time: 06:45
Sample(adjusted): 1988 2005
Included observations: 18 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
GLSRESID(-1)
|
-0.802876
|
0.238940 -3.360151
|
0.0037
|
R-squared
|
0.399048
|
Mean dependent var
|
-0.000716
|
Adjusted R-squared
|
0.399048
|
S.D. dependent var
|
0.084211
|
S.E. of regression
|
0.065281
|
Akaike info criterion
|
-2.566275
|
Sum squared resid
|
0.072448
|
Schwarz criterion
|
-2.516809
|
Log likelihood
|
24.09647
|
Durbin-Watson stat
|
1.901109
|
Null Hypothesis: D(LCREPRIV) has a unit root Exogenous: Constant,
Linear Trend
Lag Length: 0 (Automatic based on SIC, MAXLAG=8)
t-Statistic
Elliott-Rothenberg-Stock DF-GLS test statistic
-6.222079
Test critical values: 1% level -3.770000
5%level -3.190000
10% level -2.890000
*Elliott-Rothenberg-Stock (1996, Table 1)
Warning: Test critical values calculated for 50 observations and
may not be accurate for a sample size of 18
DF-GLS Test Equation on GLS Detrended Residuals Dependent
Variable: D(GLSRESI D)
Method: Least Squares
Date: 07/26/08 Time: 06:49
Sample(adjusted): 1988 2005
Included observations: 18 after adjusting endpoints
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
GLSRESID(-1)
|
-1 .408002
|
0.226291 -6.222079
|
0.0000
|
R-squared
|
0.694832
|
Mean dependent var
|
-0.002091
|
Adjusted R-squared
|
0.694832
|
S.D. dependent var
|
0.189711
|
S.E. of regression
|
0.104800
|
Akaike info criterion
|
-1 .619571
|
Sum squared resid
|
0.186712
|
Schwarz criterion
|
-1.570105
|
Log likelihood
|
15.57614
|
Durbin-Watson stat
|
1.879050
|
Null Hypothesis: D(LCREPUB) has a unit root Exogenous:
Constant
Lag Length: 0 (Automatic based on SIC, MAXLAG=8)
t-Statistic
Elliott-Rothenberg-Stock DF-GLS test statistic
-3.428569
Test critical values: 1% level -2.699769
5%level -1.961409
10% level -1 .606610
*MacKinnon (1996)
Warning: Test critical values calculated for 20 observations and
may not be accurate for a sample size of 18
DF-GLS Test Equation on GLS Detrended Residuals Dependent
Variable: D(GLSRESI D)
Method: Least Squares
Date: 07/26/08 Time: 06:48
Sample(adjusted): 1988 2005
Included observations: 18 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
GLSRESID(-1)
|
-0.824322
|
0.240428 -3.428569
|
0.0032
|
R-squared
|
0.408705
|
Mean dependent var
|
-0.002325
|
Adjusted R-squared
|
0.408705
|
S.D. dependent var
|
0.188947
|
S.E. of regression
|
0.145292
|
Akaike info criterion
|
-0.966188
|
Sum squared resid
|
0.358867
|
Schwarz criterion
|
-0.916723
|
Log likelihood
|
9.695692
|
Durbin-Watson stat
|
1.981950
|
Annexe 3 : Résultats de l'estimation
Dependent Variable: LPIB Method: Least Squares
Date: 07/25/08 Time: 19:09 Sample: 1986 2005
Included observations: 20
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
4.639363
|
0.745518 6.223009
|
0.0000
|
LM2
|
2.144931
|
0.350145 6.125827
|
0.0000
|
LCREPRIV
|
-0.823157
|
0.248729 -3.309450
|
0.0044
|
LCREPUB
|
-0.958409
|
0.158451 -6.048603
|
0.0000
|
R-squared
|
0.899274
|
Mean dependent var
|
9.219351
|
Adjusted R-squared
|
0.880387
|
S.D. dependent var
|
0.384728
|
S.E. of regression
|
0.133059
|
Akaike info criterion
|
-1.019199
|
Sum squared resid
|
0.283273
|
Schwarz criterion
|
-0.820053
|
Log likelihood
|
14.19199
|
F-statistic
|
47.61540
|
Durbin-Watson stat
|
1.977976
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
Annexe 4 : Résultats du test de White
White Heteroskedasticity Test:
F-statistic 2.882429 Probability 0.057267
Obs*R-squared 14.43546 Probability 0.107656
Test Equation:
Dependent Variable: RESID^2 Method: Least Squares
Date: 07/26/08 Time: 13:38 Sample: 1986 2005
Included observations: 20
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C 3.472188 3.624557 0.957962 0.3607
LM2 0.639555 3.442237 0.185796 0.8563
LM2^2 -0.795850 1.044887 -0.761661 0.4638
LM2*LCREPRIV 0.648753 1.206750 0.537604 0.6026
LM2*LCREPUB 0.992659 0.764151 1.299036 0.2231
LCREPRIV -0.355860 2.075911 -0.171423 0.8673
LCREPRIV^2 -0.205180 0.345000 -0.594724 0.5652
LCREPRIV*LCREPU -0.243760 0.485691 -0.501883 0.6266 B
LCREPUB -1.075436 1.362349 -0.789399 0.4482
LCREPUB^2 -0.356014 0.177658 -2.003931 0.0729
R-squared 0.721773 Mean dependent var 0.014164
Adjusted R-squared 0.471368 S.D. dependent var 0.020167
S.E. of regression 0.014663 Akaike info criterion -5.300154
Sum squared resid 0.002150 Schwarz criterion -4.802288
Log likelihood 63.00154 F-statistic 2.882429
Durbin-Watson stat 2.542210 Prob(F-statistic) 0.057267
Annexe 5 : Résultats du test de
Farrah-Glauber
La matrice formée par les coefficients de
corrélation ci/dessous
1
|
0.992416
|
0.959892
|
0.992416
|
1
|
0.946568
|
0.959892
|
0.946568
|
1
|
a donné les résultats suivants :
Déterminant de la matrice
|
0.001151
|
log du déterminant
|
-6.7669
|
chi-deux calculé : -{n-1-1/6(2K+5)ln ²R²}
|
-6,59
|
Annexe 6 : Graphe présentant l'évolution
du ratio Crédit Secteur Privé / PIB
2.50
2.00
1.50
1.00
0.50
0.00
credit sect priv/ PIB
graphe 7 Evolution du ratio Credit sect priv/ PIB
Annexe 7 : Tableau de l'évolution du PIB et des
agrégats monétaires utilisés dans le travail
Année
|
PIB (MG)
|
Taux de croissance du PIB
|
Crédit secteur Privé
(MG)
|
Crédit secteur. public
(MG)
|
M2
|
1986
|
5,306.87
|
-0.50
|
1,293.32
|
2,739.10
|
2,866.47
|
1987
|
5,264.75
|
-0.79
|
1,402.16
|
2,887.73
|
3,190.76
|
1988
|
5,275.32
|
0.20
|
1,784.20
|
3,061.13
|
3,552.77
|
1989
|
5,333.99
|
1.11
|
1,945.15
|
3,354.85
|
4,057.34
|
1990
|
5,328.65
|
-0.10
|
2,173.72
|
2,897.91
|
4,477.59
|
1991
|
5,342.34
|
0.26
|
2,306.45
|
2,855.21
|
4,814.70
|
1992
|
4,637.94
|
-13.19
|
3,122.37
|
3,931.91
|
5,928.80
|
1993
|
4,525.05
|
-2.43
|
3,527.09
|
4,903.01
|
7,832.30
|
1994
|
4,150.48
|
-8.28
|
4,768.70
|
5,812.74
|
9,451.05
|
1995
|
4,334.00
|
4.42
|
5,643.28
|
4,956.45
|
11,384.14
|
1996
|
4,451.00
|
2.70
|
7,852.41
|
5,924.84
|
11,566.77
|
1997
|
4,511.00
|
1.35
|
9,103.72
|
5,247.52
|
12,869.13
|
1998
|
4,652.00
|
3.13
|
9,921.08
|
5,752.82
|
14,332.39
|
1999
|
4,755.00
|
2.21
|
13,613.03
|
7,416.85
|
16,350.89
|
2000
|
4,808.00
|
1.11
|
12,584.38
|
9,276.00
|
19,367.81
|
2001
|
4,759.92
|
-1.00
|
14,446.52
|
12,024.14
|
21,027.95
|
2002
|
4,745.64
|
-0.30
|
19,128.88
|
15,074.59
|
23,462.64
|
2003
|
4,764.62
|
0.40
|
21,001.93
|
18,415.54
|
30,345.39
|
2004
|
4,597.86
|
-3.50
|
25,470.09
|
20,939.64
|
34,508.80
|
2005
|
4,680.62
|
1.80
|
25,799.96
|
21,171.02
|
38,838.64
|
MG: Millions de Gourdes
(Source: BRH / IHSI)
N.B.
La série du PIB est calculée sur la base 75/76 et
le taux de croissance du PIB est calculé par l'auteur.
|