2.6.1. SYSTÈME STATIQUE ET JOINTS
Le risque de fissuration d'origine mécanique (cas (c)
et (d) du tableau 2.1) est beaucoup plus faible - voire même
réduit à zéro dans un système isostatique ou avec
des joints rapprochés, permettant aux déformations
imposées de se produire librement ;cela,quand bien même un
système hyperstatique et avec le moins de joints possibles s'impose dans
de nombreux cas pour des raisons de sécurité (réserves de
capacité et comportement ductile à l'approche de la ruine),
d'économie sur les coûts de construction et/ou d'exploitation
(joints souvent difficiles à réaliser, coûteux et source de
nombreux ennuis).
2.6.2. ARMATURE PASSIVE
La mise en oeuvre d'une armature passive permet de
contrôler la fissuration d'origine mécanique, c'est-à-dire
résultant de déformations imposées (cas (c) du tableau
2.1) ou de l'effet des charges (cas (d)).
Aussi trivial que cela puisse paraître, il est
néanmoins utile de mentionner ou de rappeler que la mise en oeuvre d'une
armature passive - aussi importante soit-elle - ne constitue pas une mesure
permettant d'éviter la fissuration. Elle ne permet que de limiter
l'ouverture des fissures mais n'empêche nullement leur apparition (au
contraire, elle peut même en être l'une des causes lorsque la
quantité d'armature est très élevée!).
L'ouverture des fissures risquant d'apparaître dans une
structure en béton est d'autant plus faible que la quantité
d'armature passive est plus importante et que sa répartition est plus
fine. La quantité et la répartition des barres d'armature
(espacement minimal) seront limités en pratique à des valeurs
adaptées à la composition ainsi qu'aux procédés de
mise en place et de vibration du béton, de manière à
garantir l'obtention d'un béton durable et d'excellente qualité;
en cas de doute, il est vivement recommandé de procéder à
des essais préalables aussi réalistes que possible.
2.6.3. COMPOSITION ET CURE DU BÉTON
La mise en oeuvre d'armatures passive ne s'avère
pratiquement d'aucune utilité pour limiter la fissuration précoce
(cas (a) et (b) du tableau 2.1) ou celle d'origine physico-chimique (cas (e),
(f) et (g)). Outre certaines mesures constructives (tel un enrobage suffisant),
les mesures les plus efficaces dans ces cas-là s'avèrent celles
concernant la composition et la cure du béton. De telles mesures peuvent
également contribuer favorablement à diminuer - voire à
éliminer- la fissuration résultant de déformations
imposées intrinsèques en réduisant l'intensité des
divers retraits (cas (c)). Ces mesures comprennent les éléments
suivants :
- La réalisation d'un béton peu perméable
et résistant aux agressions chimiques éventuelles grâce
à une composition appropriée (choix du type de ciment, dosage en
ciment suffisant, rapport eau/ciment aussi faible que possible par l'emploi
d'adjuvants plastifiant ou réducteur d'eau, composition
granulométrique et consistance adaptées aux moyens de mise en
place, ajout de fines ou fillers en sorte que la quantité de fines dont
le diamètre des grains est inférieur à 0,125 mm, ciment
compris, soit au moins égale à 350 kg/m3, ajout
éventuel de fumée de silice, ajout éventuel de fibres,
etc.).
- La compacité et la qualité du béton
d'enrobage sont finalement fortement tributaires des conditions de cure. Des
mesures de cure insuffisantes ou mises en oeuvre trop tardive peuvent
être à l'origine de fissures précoces et avoir un effet
désastreux sur la qualité du béton d'enrobage et la
durabilité de la structure; et cela, en dépit de tous les efforts
éventuellement entrepris pour améliorer la composition du
béton.
- Le maintien du coffrage ou, à défaut, la mise
en oeuvre de mesures de cure des surfaces bétonnées
exposées au milieu environnant sont indispensables jusqu'à ce que
le béton d'enrobage offre une imperméabilité et une
résistance suffisantes.
Pour être complètement efficaces, les mesures de
cure doivent être appliquées immédiatement après la
vibration et le réglage des surfaces bétonnées et doivent
être maintenues durant plusieurs jours. Les durées de cure
nécessaires sont fonction de nombreux paramètres tels que la
composition du béton (type et dosage en ciment, rapport eau sur ciment,
ajouts) et les conditions climatiques pendant et après le
bétonnage (température et humidité relative de l'air
ambiant) qui conditionnent le développement de l'hydratation du ciment.
Elles sont également fonction de l'agressivité du milieu
environnant auquel sera soumis l'ouvrage une fois mis en service. Dans ce sens,
des recommandations beaucoup plus complètes et détaillées
sont fournies à l'annexe d.12 du Code Modèle
[15].
Notons que si la confection de bétons
améliorés ou de bétons à hautes performances,
grâce à l'utilisation de ciment à plus haute
résistance (à long terme et/ou initiale), à la
réduction du rapport eau/ciment et à divers ajouts (en
particulier de fumée de silice), peut s'avérer favorable et
permettre ainsi une réduction de la durée de cure
nécessaire, il n'en est pas de même en ce qui concerne la
rapidité avec laquelle les mesures de cure doivent être mises en
oeuvre. Les bétons courants avec un rapport eau/ciment supérieur
à 0,5 sont protégés d'une dessiccation rapide grâce
à l'eau de ressuage. Les bétons améliorés ou
à hautes performances dans lesquels on a réduit le rapport
eau/liant à des valeurs inférieures à 0,5 ne
présentent souvent plus de ressuage et deviennent par conséquent
beaucoup plus sensibles à tout retard ou manquement dans l'application
des mesures de cure.
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