N° d'ordre : 03 / 2006-M/G.C
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET
POPULAIRE
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT
SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE DES SCIENCES ET DE LA
TECHNOLOGIE
«HOUARI
BOUMEDIENE»
FACULTÉ DE GÉNIE CIVIL
MÉMOIRE
Présenté pour l'obtention du
diplôme de
MAGISTER
EN GÉNIE CIVIL
Spécialité : Construction
Par : Mr. Touhami TAHENNI
Sujet
Soutenu le : 19Décembre 2006, devant le jury
suivant :
Mr.A.BALI Professeur, ENP
Président
Mr.M.CHEMROUK Professeur, USTHB
Directeur de thèse
Mr.S.KENNAI Professeur, U.Blida
Examinateur
Mr.A.BENYAHIA Professeur, USTHB
Examinateur
Mr.A.BOUKHALED Maître de
conférence, USTHB Examinateur
Mr.A.ZERZOUR Maître de
conférence, USTHB Examinateur
REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail, je remercie le BON DIEU tout
puissant qui m'a donné la force et la volonté d'achever cette
réalisation et nous lui rendons grâce.
J'adresse mes sincères remerciements à mon
enseignant et directeur de thèse Monsieur M.CHEMROUK, Professeur
à l'USTHB, pour ses nombreux conseils, son aide précieuse et sa
compréhension durant l'élaboration de cette
recherche.
Je tiens a remercier Monsieur A.BALI, Professeur à
l'ENP, qui m'a fait le grand honneur d'accepter la présidence du jury,
qu'il trouve ici l'expression de mon profond respect.
Mes vifs remerciements s'adressent également
à Monsieur S.KENNAI, Professeur à L'Université de Blida,
Monsieur A.BENYAHIA, Professeur à l'USTHB, Monsieur
A.BOUKHALED, Maître de conférence à
l'USTHB et Monsieur A.ZERZOUR Maître de conférence à
l'USTHB, qui ont bien voulu faire partie du jury et d'apporter leurs vives
contributions à l'enrichissement de ce travail.
Il m'est très agréable de pouvoir
présenter ici mon plus profond remerciement à Monsieur
B.BOULEKBACHE, Maître assistant chargé de cours à
l'Université de Chlef et Monsieur M.FELLAGUE Ingénieur au CTC de
Chlef, qui ont apporté leur aide à la réalisation de ce
modeste travail.
Ma gratitude va également au chef de
département de Génie Civil à l'Université de Chlef,
Monsieur A.ITIM, qui m'a autorisé à faire la partie
expérimentale de cette recherche au laboratoire des Matériaux de
Construction (MDC).
Je n'oublie pas de remercier tous les enseignants de la
PG de la Faculté de Génie Civil à l'USTHB pour leurs
patience et servitude. Ils ont contribué à nous transmettre leur
savoir pour assurer notre formation.
Enfin, je remercie toutes les personnes, qui de
près ou de loin, m'ont aidé à la réalisation de ce
travail.
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Résumé
Malgré la présence des aciers de renforcement pour
reprendre les contraintes de traction dans les éléments en
béton armé, les fissures ne sont pas éliminées.
Ainsi l'objectif du thème traité dans ce mémoire vise
à étudier le phénomène de la fissuration en
béton et ses effets sur la capacité portante, sur la
servicibilité et la durabilité et enfin sur la
fonctionnalité des structures en béton armé, tout en
examinant le cas particulier du Béton à Haute Performance.
Des essais de flexion à trois points ont été
effectués sur des poutres en Béton Ordinaire, en Béton
Ordinaire renforcé de fibres d'acier, en Béton à Haute
Performance et enfin en Béton à Haute Performance
renforcés en fibres d'aciers.
Les résultats de cette expérimentation montrent que
la quantité de fibres introduite dans le mélange du béton
permet d'arrêter le développement des fissures et par
conséquent de mieux contrôler l'ouverture des fissures et
permettent aussi une amélioration relative de la résistance du
béton vis-à-vis de la traction.
Une poutre en Béton témoin développe peu de
fissures mais avec des ouvertures assez larges, pendant qu'une poutre en
Béton contenant des fibres développera plus de fissures avec des
ouvertures très fines.
Summary
In spite of the presence of the reinforcing steel to take-up
tensile stresses in reinforced concrete members, cracks are not eliminated.
For this reason the objectives of the subject covered in this work is the study
of the cracking phenomenon exhibited by concrete material with particular
reference to high performance concrete. Three-point flexural tests are carried
in the present work on beam specimens made of ordinary concrete, ordinary
concrete with steel fibres, high performance concrete and high performance
concrete with steel fibres. The results of this experimental work show that the
quantity of fibres introduced into the concrete mix makes it possible to stop
the development of the cracks and hence to control their openings as well as to
relatively improve the tensile strength of the concrete material. The Pilot
concrete beam specimens develop few cracks but with wider openings, while a
concrete beam specimens containing steel fibres develop more cracks with very
fine openings.
LISTE DES FIGURES
Figure 1.1 : Essai de traction sur un
tirant en béton
armé........................................8
Figure 1.2 : Essai de flexion quatre
points..........................................................8
Figure 1.3 : Essai de
fendage.........................................................................11
Figure 2.1 : Réseau de fissures de
surface..........................................................25
Figure 2.2 : Réduction de la zone de
compression et redistribution des contraintes
de béton aux
aciers.......................................................................25
Figure 2.3 : Fissuration
caractéristique en faïençage causée par la
réaction alcalis silice
dans un mur de soutènement à
Ottawa (Ontario)....................................27
Figure 2.4 : Causes de fissuration du
béton frais et du béton
durci...............................31
Figure 2.5 : Les quatre principales sortes de
fissures précoces susceptibles d'affecter
un ouvrage en
béton........................................................................34
Figure 3.1 : Distinction entre fissures
traversantes et non
traversantes..............................45
Figure 3.2: Représentation
schématique de la corrosion électrochimique
en présence de
chlorures..................................................................48
Figure 3.3 : Eclatement du béton due
à la corrosion des
armatures..............................51
Figure 3.4 : Corrosion des aciers
après pénétration d'un agent
gressif...........................53
Figure 4.1 : Définitions de l'aire
déterminante Act et du facteur selon la norme SIA
62.............56
Figure 4.2 : Distance maximale entre les
barres de traction
prise du règlement BS
8110..............................................................62
Figure 5.1 : Géométrie des
facteurs de la formule de
Gergely-Lutz................................70
Figure 5.2 : Comparaison entre les valeurs
moyennes calculées selon éq. (5.11)
et mesurées de l'ouverture des
fissures, pour des tirants de béton armé
sollicités par une déformation
imposée de courte
durée...........................74
Figure 5.3 : Influences du pourcentage
d'armature et de la résistance du béton sur l'ouverture
des fissures : (a) selon la
méthode de Jaccoud ; (b) selon la méthode européenne
du Code
Modèle..................................................................................77
Figure 5.4 : Influence de la
répartition des barres d'armature sur l'ouverture des
fissures............. 77
Figure 5.5 : Influence des conditions
d'adhérence béton-armature sur l'ouverture des
fissures........78
Figure 5.6 : Influence de la
résistance du béton et de la contrainte dans l'armature
sur l'ouverture des
fissures.....................................................................79
Figure 6.1 : Exemples d'applications du
BHP.........................................................82
Figure 6.2 : Echelle de classification des
bétons en fonction de la résistance ...................83
Figure 6.3: Fissuration en BHP sans
fibres............................................................85
Figure 6.4 : Fissuration en BHP avec ajout
des fibres d'aciers
(couture d'une
fissure).....................................................................85
Figure 6.5 : Différents types de
fibres..................................................................86
Figure 6.6 : La fibre à
crochets.............................................................................86
Figure 6.7 : Les fibres d'aciers
utilisées dans nos
essais.............................................87
Figure 6.8 :
Fissuromètre.................................................................................89
Figure 6.9 : Ferraillage de la poutre.....
.................................................................90
Figure 6.10 : Section
balancée...........................................................................91
Figure 6.11 : Analyse
granulométrique................................................................93
Figure 6.12 : Malaxeur à
béton..........................................................................97
Figure 6.13 : Mesure de l'affaissement du
béton.....................................................97
Figure 6.14 : Aiguille
vibrante..........................................................................97
Figure 6.15 : Serrage des
éprouvettes
cubiques.......................................................97
Figure 6.16 : Coulage des
poutres.......................................................................97
Figure 6.17 : La cure du béton
durant les 24 heures du
coulage....................................99
Figure 6.18 : Conservation des poutres dans
un bassin d'eau.......................................99
Figure 7.1 : Dispositif de chargement des
poutres (flexion à trois
points)........................102
Figure 7.2 : Courbe Effort - Flèche
des poutres BO et
BOF........................................104
Figure 7.3 : Courbe Effort - Flèche
des poutres BO et
BHP.........................................104
Figure 7.4 : Courbe Effort - Flèche
des poutres BHP et
BHPF....................................105
Figure7.5 (a) : poutres en Béton
Ordinaire
BO).......................................................110
Figure7.5 (b) : poutres en Béton
Ordinaire Fibré
(BOF)............................................110
Figure7.5 (c) : poutres en Béton
à Haute Performance
(BHP).......................................110
Figure7.5 (d) : poutres en Béton
à Haute Performance Fibré
(BHPF).............................111
Figure 7.6 : Courbe Effort - Ouverture des
fissures des poutres en BO et BOF..................111
Figure 7.7 : Courbe Effort -Ouverture des
fissures des poutres en BO et BHP...................112
Figure 7.8 : Courbe Effort -Ouverture des
fissures des poutres en BHP et BHPF...............112
Figure 7.9 : Courbe Flèche -
Ouverture des fissures des poutres en
BO...........................113
Figure 7.10 : Courbe Flèche-
Ouverture des fissures des poutres en
BOF.........................113
Figure 7.11 : Courbe Flèche -
Ouverture des fissures des poutres en BHP........................114
Figure 7.12 : Courbe Flèche -
Ouverture des fissures des poutres en BHPF......................114
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1.1 : Résistance
conventionnelle à la traction du béton à l'âge de 28
jours
en fonction de la classe de
résistance à la compression, valeurs en
N/mm2............14
Tableau 1.2 : Résistances à
la traction en fonction de différentes classes de
béton......19
Tableau 2.1 : Tableau résumant les
différentes causes et périodes d'apparition des fissures
et indiquant l'utilité de
l'armature passive pour en limiter les
conséquences..........33
Tableau 2.2: Les causes générales
de fissuration précoce, mécanismes, physiques
et paramètres impliqués pour
les bétons
courants....................................36
Tableau 3.1: Valeur limites recommandées
pour assurer la durabilité des structures
en béton
armé...............................................................................50
Tableau 4.1 : Valeurs maximales des
contraintes en fonction du diamètre des barres
d'armature à haute adhérence, permettant
d'assurer une limitation satisfaisante
des fissures selon le Code
Modèle CEB-FIP
90..........................................61
Tableau 4.2 : Valeurs maximales des
contraintes en fonction de l'espacement des barres
d'armature à haute adhérence,
permettant d'assurer une limitation satisfaisante
des fissures selon le Code
Modèle CEB-FTP
90..........................................62
Tableau 6.1 : Les différentes
classes de
BHP..........................................................84
Tableau 6.2 : Propriétés
physiques et mécaniques de certaines
fibres..............................88
Tableau 6.3 : Application de divers
renforcements de
fibres.........................................89
Tableau 6.4 : Composition chimique et
minéralogique du ciment
d'après le
fabriquant.......................................................................94
Tableau 6.5 : Composition chimique du
Laitier........................................................94
Tableau 6.6 : Composition massique en
kg/m3 du mélange
béton...................................96
Tableau 6.7 : Résultats des essais
sur bétons frais et
durcis..........................................98
Tableau 7.1 : Contrôle de la
résistance à la compression du
béton.................................101
Tableau 7.2 : Flèches maximales
expérimentales des poutres en fonction des charges.........
103
Tableau 7.3 (a) : Processus d'apparition et
propagation des fissures
des poutres en
BO.....................................................................106
Tableau 7.3 (b) : Processus d'apparition et
propagation des fissures
des poutres en
BOF....................................................................106
Tableau 7.3(c) : Processus d'apparition et
propagation des fissures
des poutres en
BHP.................................................................107
Tableau 7.3 (d) : Processus d'apparition et
propagation des fissures
des poutres en
BHPF...............................................................107
Tableau 7.4 : Position de l'axe neutre pour
tous les spécimens
à la charge de 40
KN..................................................................108
Tableau 7.5 : Charge de fissuration et de
rupture des poutres....................................109
Sommaire
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
PARTIE 1 : SYNTHÈSE
BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE 1 : LA TRACTION DU
BÉTON
1.1.
Introduction.........................................................................................4
1.2. Dépassement de la résistance du béton
à la
traction..........................................4
1.3. Facteurs influençant la résistance à la
traction du
béton.....................................5
1.3.1. Influence des
propriétés des gros
granulats................................................5
1.3.2. Influence du rapport Granulat/Ciment
(G/C)..............................................6
1.3.3. Forme du
granulat..............................................................................7
1.4. Essais de résistance à la
traction..................................................................
7
1.4.1. Essai de traction
directe.......................................................................7
1.4.2. Essai de
flexion.................................................................................8
1.4.3. Essai de fendage (essai
Brésilien)...........................................................10
1.5. Relation entre la résistance
à la compression et la résistance à la
traction..................11
1.5.1. Résistance
conventionnelle..................................................................13
1.5.2. Résistance
effective............................................................................15
1.5.3. Cas du Béton à Haute
Performance
(BHP).................................................16
1.5.3.1. Résistance à la
traction par fendage..............................................16
1.5.3.2. Résistance à la
traction par flexion ..............................................19
1.6. Adhérence entre le béton et
les
armatures................................................................20
CHAPITRE 2 : NATURE ET TYPE DE FISSURATION
DES STRUCTURES EN
BÉTON
2.1.
Introduction...........................................................................................21
2.2. Nature de fissuration en béton
armé...............................................................21
2.3. Différents types de
fissuration.....................................................................23
2.3.1. Fissures induites par les charges
externes...................................................23
2.3.2. Fissures induites par le retrait et
le changement de
température.........................26
2.3.2.1. Fissures de retrait
plastique..............................................................28
2.4. Distinction entre fissuration sous charges
et fissuration sous déformation
imposées........................................................30
2.5. Diverses causes et périodes
d'apparition des
fissures..........................................31
2.5.1. Les quatre causes
générales de fissuration
précoce.......................................33
2.5.1.1. Le
ressuage...............................................................................34
2.5.1.2. Le retrait
plastique.......................................................................35
2.5.1.3. La contraction thermique
après
prise..................................................35
2.5.1.4. Le retrait par auto
dessiccation de béton à haute performance....................
36
2.6. Moyens pour réduire la
fissuration................................................................
37
2.6.1. Système statique et
joints......................................................................37
2.6.2. Armature
passive...............................................................................37
2.6.3. Composition et cure du
béton................................................................
38
2.6.4. Étapes de construction et phases
de
bétonnage............................................39
2.6.5. Fabrication d'un béton
renforcé de
fibres..................................................39
CHAPITRE 3 : EFFETS DE LA FISSURATION
SUR
LA DURABILITE DU
BETON
3.1.
Introduction............................................................................................40
3.2. La clé d'une bonne conception :
Durabilité
......................................................40
3.3. Causes d'une mauvaise
durabilité..................................................................41
3.4. Écoulement des fluides dans le
béton..............................................................43
3.5. Facteurs affectant la
durabilité......................................................................43
3.5.1. Pénétration
d'eau................................................................................44
3.5.2. Étanchéité
à
l'eau...............................................................................44
3.5.3. Pénétration des ions
chlore.....................................................................47
3.6. Corrosion des
armatures.............................................................................48
CHAPITRE 4 : METHODES REGLEMENTAIRES DE
CONTRÔLE
DE LA FISSURATION
4.1. Principes
généraux...................................................................................54
4.2. Contrôle selon la norme Suisse SIA
162.........................................................54
4.2.1. Principe de l'armature
minimale............................................................54
4.2.2. Limitation des contraintes dans
l'armature.................................................56
4.2.2.1. Cas où la fissuration
est peut
nuisible..................................................56
4.2.2.2. Cas où la fissuration
est
préjudiciable.................................................57
4.2.2.3. Cas où la fissuration
est très
préjudiciable...........................................57
4.3. Contrôle selon les normes
européennes...........................................................58
4.3.1. Exigences requises et mesures
préconisées.................................................58
4.3.1.1. Structures en béton
armé................................................................58
4.3.1.2. Structures en béton
précontraint........................................................58
4.3.2. Armature
minimale.............................................................................59
4.3.3. Limitation des contraintes dans
l'armature.................................................60
4.3.3.1. Fissuration sous
déformations
imposées..............................................60
4.3.3.2. Fissuration sous charges
imposées.....................................................61
4.4. Contrôle de la fissuration dans les
calculs
courants.............................................62
4.4.1. Contraintes de traction
imposées par les conditions de fissuration du
béton...........63
4.4.2. Allongement de l'acier selon le
BAEL......................................................64
4.4.3. La fissuration
critique.........................................................................64
CHAPITRE 5 : ESTIMATION DES OUVERTURES DE
FISSURES
5.1.
Introduction............................................................................................66
5.2. Estimation des ouvertures de
fissures..............................................................66
5.2.1. Constatation
expérimentales...................................................................66
5.2.2. Etat limite d'ouverture des
fissures..........................................................67
5.3. Théorie de la
fissuration.............................................................................67
5.3.1. Apparitions successives des
fissures.........................................................67
5.3.2. Formules d'estimation des ouvertures
et de l'espacement de fissures..................68
5.3.2.1. Méthode de
Beeby........................................................................68
5.3.2.2. Méthode de
Gegely-Lutz................................................................70
5.3.2.3. Méthode de
Jaccoud......................................................................71
5.3.2.4. Méthode de
Ferry-Borges.................................................................71
5.3.2.5. Méthode européenne du
code
modèle..................................................73
5.3.2.6. Méthode de
Loo-Chowdhury............................................................75
5.3.2.7. Ouverture maximale des
fissures........................................................75
5.4. Facteurs d'influence
prépondérants................................................................76
5.4.1. Cas de déformations
imposées en phase de formation des
fissures......................76
5.4.2. Cas de charges imposées en
phase de fissuration stabilisée..............................78
PARTIE 2 : ANALYSE EXPÉRIMENTALE
CHAPITRE 6 : PROGRAMME EXPÉRIMENTAL
6.1.
Introduction............................................................................................80
6.2. Classifications des
bétons...........................................................................83
6.2.1. Différentes classes de
BHP....................................................................83
6.3. BHP renforcé de
fibres..............................................................................84
6.3.1. Rôle des
fibres...................................................................................85
6.3.2. Avantages des
fibres.............................................................................87
6.3.3. Diverses
applications.............................................................................88
6.4. Programme
expérimental............................................................................89
6.4.1. Caractérisation des
matériaux
utilisés.........................................................92
6.4.1.1. Sable
(0/4).................................................................................92
6.4.1.2.
Gravier.....................................................................................92
6.4.1.3.
Ciment......................................................................................93
6.4.1.4. Ajout
minéral..............................................................................94
6.4.1.5.
Adjuvant....................................................................................94
6.4.1.6. Eau de
gâchage...........................................................................95
6.4.1.7. Fibres
d'aciers.............................................................................95
6.4.2. Composition des
bétons........................................................................95
6.4.3. Procédure de fabrication des
spécimens.....................................................96
CHAPITRE 7 : CONSTATATIONS ET ANALYSE DES
RESULTATS
7.1. Caractérisation des bétons
utilisés................................................................100
7.2. Résultats
expérimentaux...........................................................................101
7.2.1. Courbes
efforts-flèches.......................................................................102
7.2.2. Processus d'apparition des
fissures.........................................................105
7.3. Observation qualitative de la fissuration
des poutres..........................................115
CONCLUSION GÉNÉRALE ET
PERSPECTIVES............................................117
RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES..........................................................120
INTRODUCTION GÉNÉRALE
INTRODUCTION GÉNÉRALE
INTRODUCTION
Le béton est un matériau poreux et fragile,
doté d'une faible résistance à la traction donc sujet
à la fissuration. Cette tendance à se fissurer réduit
évidement sa durabilité et provoque souvent la
détérioration des infrastructures de béton exposées
à un environnement agressif.
Le béton est aujourd'hui le matériau de
construction par excellence.
Si ce matériau a été adopté si
universellement, c'est grâce aux différents critères, entre
autres :
- Il est formé de matériaux naturels primaires
largement distribués à la surface de la terre
- Sa capacité de résistances dépassent
celles de certaines roches naturelles
- Sa durabilité peut être séculaire, et il
résiste à des environnements corrosifs (comme l'eau de mer), au
feu, ...
- Sa mise en oeuvre est assez simple
- Il est moulable
C 'est pour des raisons économiques et techniques que
le béton est devenu irremplaçable dans le domaine de la
construction.
PROBLÉMATIQUE
Le béton est en général un
matériau qui résiste très bien à la compression
mais sa résistance à la traction est faible. Pour combler ce
manque de résistance à la traction on lui associe l'acier pour
obtenir le matériau composé qui est le béton
armé.
Cependant, avant que le travail de l'acier ne soit mis en
évidence, le matériau béton se fissure ou plutôt
doit se fissurer pour transférer les efforts de traction aux aciers.
Cette fissuration ne doit en tout état de cause pas
dépasser certaines limites en ouvertures, faute de quoi l'ouvrage en
béton armé devient inservicible. Toutefois, la taille de ces
fissures est réglementée et est limitée à environ
0.10 mm pour les ouvrages très exposés aux milieux agressifs, et
à 0.30 mm pour les ouvrages protégés. Dans certains cas,
l'exagération d'une fissuration conduit à la rupture
d'éléments et donc l'effondrement de l'ouvrage en béton
armé.
Le travail proposé cherche à investiguer le
domaine de la fissuration en béton tout en examinant le cas particulier
du Béton à Haut Performance et son comportement vis-à-vis
des efforts de traction.
Ce comportement, et donc sa résistance à la
traction est -elle- améliorée en relation avec sa
résistance à la compression? Ce matériau peut-il
constituer une solution de rechange au Béton Ordinaire,
particulièrement après la catastrophe sismique de
Boumerdès et les dégâts enregistrés par les ouvrages
en Béton Ordinaire, notamment ceux de faible qualité
vis-à-vis des efforts qui tendent à le déchirer (effort de
traction- effort tranchant)
OBJECTIFS DU TRAVAIL
Cette recherche vise ainsi à étudier le
problème de la fissuration du béton depuis sa mise en place dans
les moules ou coffrage, aussi bien sous les phénomènes physiques,
tels que les retraits et les variations de température, que sous les
charges d'exploitation. L'évolution des fissures sera enregistrée
avec le temps pour étudier l'évolution de la section utile sous
l'effet des charges maintenues. Le contrôle des fissures se fera en
mesurant leur ouverture maximale, leur longueur et leur espacement. Ainsi les
paramètres qui ont le plus d'influence sur les fissures seront
etudiés et les modèles mathématiques permettant d'estimer
les ouvertures maximales des fissures au stade de la conception seront
examinés.Ceci permetra de prendre les dispositions nécessaires au
préalable pour parer à toute fissuration éventuellement
éxagérée et nuisible au matériau béton
armé et donc aux constructions. Des recommandations concrètes
seront données concernant la limitation des fissures aussi bien en
ouverture qu'en longueur afin de garantir une meilleure durabilité de
nos constructions et donc aspirer à un développement durable de
notre patrimoine bâtit.
Les objectifs de cette recherche sont d'ordre:
a)- SCIENTIFIQUE:
Du fait que la fissuration du matériau béton est
un phénomène lié aux efforts de traction, que le
matériau en question ne peut pas supporter. On ne sait à nos
jours toujours pas calculer l'ouverture des ces fissures malgré
l'avancée scientifique et technologique dans la science des
matériaux. Des formules empiriques ont été toutefois
proposées ça et là pour estimer ces fissures. On n'a
toujours pas démontré pourquoi la fissuration va en se refermant
de l'extérieur vers l'intérieur, hypothèse basée
sur des constatations expérimentales est admise à nos jours.
b)- TECHNOLOGIQUE
Parce que ce travail abouti à des recommandations
concrètes en vu d'améliorer le comportement du matériau
béton durci et donc améliorer en partie la durabilité des
constructions.
Ces recommandations permettent d'éviter tout risque de
fissuration pouvant aboutir à des effondrements prématurés
tels qu'a vécu l'industrie de la construction lors du séisme du
21 Mai 2003.
c)- PÉDAGOGIQUE
Ce travail permettra l'acquisition des connaissances sur la
technologie et le comportement en service du matériau béton,
matériau de construction principal en Algérie, mais qui reste
insuffisamment connu sur le plan comportement structurel
PLAN DU MÉMOIRE
Le présent travail est composé de deux
parties
- Une partie théorique qui consiste en une
synthèse bibliographique sur le thème de la fissuration et de la
traction en béton.
- Une partie expérimentale sur le Béton à
Haute Performance, où des spécimens poutres seront soumis
à des efforts de flexion, et donc à de la fissuration dans sa
partie tendue.
Enfin, nous finirons notre travail par une conclusion
générale et des recommandations futures.
Première Partie
SYNTHÈSE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE 1
LA TRACTION DU BÉTON
1.1. INTRODUCTION
Le béton, le matériau le plus utilisé
dans la construction, il résiste très bien à la
compression mais sa résistance à la traction est très
faible (10 à 15 fois moins). C'est pourquoi on lui associe l'acier pour
absorber les efforts de traction. Seulement, ces efforts sont transmis à
l'acier noyé à l'intérieur du béton par le biais de
l'adhérence entre les deux matériaux. Dans la pratique, le
béton subit les efforts de traction avant leur transmission à
l'acier et donc se fissure.
La résistance à la compression est la
propriété du béton la plus communément
considérée pour qualifier un béton structurel. Cependant
la résistance en traction est aussi un critère de qualité,
particulièrement pour les bétons d'autoroute, les dalles
flottantes, et d'une manière générale lorsqu'il s'agit
d'efforts de cisaillement et de résistance à la fissuration.
1.2. DÉPASSEMENT DE LA RÉSIS TANCE DU
BÉTON À LA TRACTION
Bien que le béton ne soit pas normalement conçu
pour résister à des efforts de traction directe, la connaissance
de cette dernière permet d'estimer la charge qui entraînera la
fissuration. L'absence de fissuration est extrêmement importante pour
assurer la durabilité d'une structure en béton et, dans de
nombreux cas, pour éviter la corrosion des armatures.
Des problèmes de fissuration apparaissent à la
suite d'un effort de traction dû à des charges appliquées,
mais aussi causé par le retrait gêné et par les gradients
thermiques. Une évaluation de la résistance à la traction
du béton aide à appréhender le comportement du
béton armé subissant des variations dimensionnelles.
Il est également intéressant de connaître
la résistance à la traction du béton dans les structures
de masse, telles que les barrages, les chaussées d'autoroute ou les
pistes d'aéroport, car souvent soumises à des retraits et
à des effets de températures élevés.
La résistance à la compression d'un
matériau fragile est plus grande que sa résistance à la
traction, parce que, en traction, un matériau se rompt par la
propagation rapide d'une simple fissure alors qu'il faut qu'un certain nombre
de fissure de traction se réunissent et se propagent profondément
dans la zone de compression pour induire la rupture par compression.
La résistance à la compression du béton
est généralement considérée comme sa plus
importante propriété bien que, dans de nombreux cas pratiques,
d'autres caractéristiques telles la durabilité et la
perméabilité peuvent en fait être aussi importantes.
Néanmoins, la résistance à la compression projette
généralement une image globale de la qualité d'un
béton puisqu'elle est directement reliée à la structure de
la pâte de ciment hydraté.
De plus, la résistance du béton est presque
invariablement l'élément clé lors de la conception des
structures en béton et lors de l'établissement des
spécifications de conformité.
Dans la pratique, le béton subit les efforts de
traction avant leur transmission à l'acier et donc se fissure. Les
phénomènes physiques qui induisent des efforts de traction ne
sont jamais entièrement prédictibles. Pour parer à ces
insuffisances, une conception adéquate est nécessaire au
préalable. Ensuite, cette conception doit être respectée
dans la phase de l'exécution. La maturation du matériau de
structure pendant au moins les 7 premiers jours après le coulage doit
être scrupuleusement entreprise afin d'éliminer toute fissuration
prématurée, et permettre ainsi au matériau béton de
gagner sa résistance aussi bien en compression qu'en traction.
La fissuration des structures en béton à
l'état durci, sous les sollicitations mécaniques qu'elles ont
à subir durant leur réalisation et leur utilisation, est un
phénomène normal et difficilement évitable sans mise en
oeuvre d'une précontrainte. Elle résulte essentiellement des
faibles valeurs de la résistance et de la déformabilité
des bétons à la traction par comparaison à celles à
la compression.
1.3. FACTEURS INFLUENÇANT LA RÉSISTANCE
À LA TRACTION
DU BÉTON
La résistance à la traction du béton est
gouvernée par les trois paramètres suivants :
- La résistance des gros granulats,
c'est-à-dire la capacité des granulats à résister
aux contraintes
de traction qui lui sont appliquées.
- L'adhérence entre le granulat et la
pâte de ciment durcie.
- La forme des granulats ; les formes
allongées et plate, ne résistent pas à la fissuration.
1.3.1. INFLUENCE DES PROPRIÉTÉS DES GROS
GRANULATS
Comme les trois quarts du volume d'un béton sont
occupés par les granulats, il n'est pas étonnant que la
qualité de ces derniers revête une grande importance. Non
seulement les granulats peuvent limiter la résistance du béton,
mais selon leurs propriétés, ils affectent la durabilité
et les performances structurelles du béton.
La contrainte à partir de laquelle se
développent les fissures dépend en grande partie des
propriétés des gros granulats : elle est plus faible lorsque
les granulats présentent une surface lisse contrairement à ce que
l'on obtient avec des granulats concassés de surface rugueuse, sans
doute parce que l'adhérence est influencée par les
propriétés de surface, et par la forme des granulats
[1].
Les propriétés des granulats influencent aussi
la charge de fissuration et la charge de rupture lorsque le béton est
sollicité en flexion et en compression. Dans le cas des bétons
à haute performance, la forme et la texture du granulat influencent
relativement moins la résistance de rupture à la compression que
la résistance à la traction [2], la
première étant beaucoup plus dépendante de la
résistance à la compression des granulats. Pour des bétons
de laboratoire, l'utilisation de granulats dont la surface est lisse conduit
à des résistances à la compression d'environ 10 %
inférieures à celles obtenues avec des granulats de surface
rugueuse [3]. L'influence du type de gros granulats sur la
résistance du béton est fonction du rapport E/C.
Pour des rapports E/C inférieurs à 0,40, les
résistances obtenues peuvent être majorées de près
de
40 % lorsque des granulats concassés sont
utilisés plutôt que des gravier roulés.
La forme et la surface du gros granulat influencent
également la résistance aux chocs du béton de la
même façon que la résistance à la flexion
[4].
1.3.2. INFLUENCE DU RAPPORT GRANULAT/CIMENT (G/C)
Il n'y a aucun doute que le rapport G/C est un facteur de
deuxième importance quant à la résistance, mais, pour un
rapport E/C constant. Dans certain cas, une partie de l'eau peut être
absorbée par le granulat : plus il y a de granulats, plus la
quantité d'eau absorbée par ces derniers est importante, ce qui
contribue à réduire le rapport E/C réel du béton.
Dans d `autres cas, une plus forte teneur en granulats contribue à
diminuer le retrait et le ressuage, ce qui diminue les désordres dans
les liaisons granulats et pâte de ciment. L'explication la plus probable
provient toutefois du fait que la teneur totale en eau par mètre cube de
béton est plus faible dans un béton faiblement dosé en
ciment que dans un béton fortement dosé.
Les études portant sur l'influence de la teneur en
granulats sur la résistance des bétons, pour une qualité
de pâte de ciment donnée, indiquent que, lorsque le volume des
granulats (exprimé en pourcentage du volume total) augmente de 0
à 20 %, il y a une diminution graduelle de la résistance à
la compression alors que, entre 40 et 80 %, on constate une augmentation.
L'influence du volume des granulats sur la résistance à la
traction est pratiquement identique à celle observée sur la
résistance à la compression [5].
La liaison entre les granulats et la pâte de ciment est
un facteur important pour la résistance des bétons,
spécialement celle à la traction. La liaison est engendrée
en partie par l'imbrication des granulats et de la pâte de ciment
hydraté due à la rugosité de la surface des granulats. Une
surface plus rugueuse, comme les granulats concassés,
génère une meilleure liaison en raison de l'imbrication
mécanique.
1.3.3. FORME DU GRANULAT
Les granulats concassés ont une rugosité
supérieure à celle des granulats roulés, ce qui favorise
l'adhérence entre la pâte de ciment et le granulat et ainsi donne
une meilleure résistance ; le gain en compacité des formes
arrondies étant contrecarré par la mauvaise adhérence des
granulats roulés (sphérique). Cependant les formes très
anguleuses chez les granulats concassés
« poinçonnent » la pâte de ciment en
présence de chargement externe et les granulats roulés sont
préférables de ce point de vue. Une angularité
accentuée demande aussi beaucoup d'eau pour être maniable. Ainsi
pour le BHP le granulat idéal doit être concassé, propre,
de forme cubique, à angularité réduite et contenant le
moins possible de particule plates ou allongées du fait de la faible
résistance au plan de fissuration de ces dernières
[6] et [7].
1.4. ESSAIS DE RÉSISTANCE À LA TRACTION
Trois types d'essai permettent de mesurer la résistance
à la traction d'un béton : l'essai de traction directe,
l'essai de flexion et l'essais de fendage.
1.4.1. ESSAI DE TRACTION DIRECTE
L'essai de traction directe est l'essai le plus
représentatif du phénomène de la traction mais, il est
entre autre, très délicat à réaliser. L'application
directe d'un effort de traction pure, en dehors de toute excentricité,
est très difficile car il nécessite, après sciage des
extrémités, le collage de têtes de traction parfaitement
centrées, l'opération devant avoir lieu sans aucun effort de
flexion parasite. Cette essai, satisfaisant sur le plan théorique, a
deux défauts principaux :
Il est assez dispersé dans ces résultats, ceci
en raison du sciage des extrémités qui crée un
affaiblissement dans ces zones, les ruptures se produisent assez souvent dans
la zone du collage.
En dépit du succès de l'emploi de fixations
spéciales, il est difficile d'éviter des contraintes secondaires
telles que celles induites par les mâchoires ou par des ancrages
noyés. La rupture se fait toujours au niveau des
extrémités de l'éprouvette cylindrique
[8].
Selon [2], ROSSI et al ont procédé
à des essais de traction directe sur des cylindres de béton de
résistance à la compression comprise entre 35 et 128 MPa. Ils ont
confirmé la diminution de la résistance à la traction et
de la variabilité des résultats avec l'augmentation de la
dimension des éprouvettes. ROSSI et al expliquent cette
différence de résistance par
l'hétérogénéité des composants du
béton. Plus spécifiquement, l'effet de dimensions est fonction du
diamètre maximal du granulat ainsi que la différence entre les
granulats et le mortier qui les entoure en tenue de granulométrie. Cette
différence étant faible dans le cas du BHP du fait que les
dimensions maximales des granulats sont faibles pour celui-ci.
La figure1.1 montre un tirant en béton armé
soumis à des efforts de traction.
Figure 1.1 : Essai de traction sur un tirant en
béton armé [50].
1.4.2. ESSAI DE FLEXION
Dans cet essai, un prisme de béton non armé,
d'un élancement 4, reposant sur deux appuis, est soumis à un
effort de flexion ; soit par application :
D'une charge concentrée unique appliquée au
milieu de l'éprouvette (moment maximal au centre). La charge
étant placée au centre du prisme, l'essai est dit « flexion
à trois points ». (figure 7.1)
De deux charges concentrées, symétriques,
égales, appliquées au tiers de la portée (moment maximal
constant entre les deux charges). Les points d'applications de la charge
étant placés aux tiers de la portée, l'essai est dit
« flexion quatre points) (figure 1.2)
Figure 1.2 : Essai de flexion quatre
points [50].
La contrainte théorique maximale de traction atteinte
sur la fibre inférieure du prisme correspond au module de rupture.
Selon [2], la norme britannique BS
1881 : partie 118 :1983 [2] prescrit cet essai sur
des prismes de 150x150x750 mm dont la portée est de 450 mm. Des prismes
de 100x100 mm peuvent être utilisés, à condition que leur
coté soit au moins égal à trois fois la dimension maximale
du plus gros granulat.
Les spécifications de la norme ASTM C 78-94 sont
semblables à celles de la norme BS 1881 : partie 118 : 1983.
Si la rupture se produit dans le tiers central de la poutre, le module de
rupture est calculé suivant la théorie de
l'élasticité et est donc égal à :
(1)
Où :
- P : charge totale maximale appliquée sur le
prisme.
- L : portée
- b : largeur du prisme
- d : hauteur du prisme
En France, la norme NF.P 18-407 de 1981 spécifie les
dispositions à respecter. L'essai étant réalisé par
application de deux charges symétriques aux tiers de la
portée.
Dans l'essai de résistance à la flexion sous
chargement à mi-portée (flexion à trois points), la
rupture se produit lorsque la capacité de résistance à la
traction du béton dans la fibre inférieure, immédiatement
sous le point de chargement, est atteinte. Dans le cas des essais de chargement
aux tiers (flexion quatre points), la contrainte maximale se développe
tout au long de la fibre inférieure dans le tiers central du prisme en
sorte que la fissure critique peut se produire dans n'importe quelle section de
ce tiers central.
L'équation donnée précédemment
(Eq.1.) pour calculer le module de rupture est qualifiée de
« théorique » parce qu'elle est basée sur la
théorie de l'élasticité, dans laquelle la relation
contrainte/déformation est supposée
linéaire, de telle sorte que la contrainte de traction dans le prisme
est supposée proportionnelle à la distance de son axe neutre.
Adam NEVILLE [2] a montré que la
valeur de la résistance à la traction est en fait environ
égale aux 3/4 de la valeur du module de rupture théorique
D'autres travaux [9] ont montré que 0.8
1.4.3. ESSAI DE FENDAGE (ESSAI BRÉSILIEN)
Lors de l'essai de fendage, le cylindre du béton est
placé à l'horizontale entre les plateaux de la presse et la
charge est augmentée jusqu'à la rupture par traction indirecte,
qui apparaît sous forme de fendage le long du diamètre vertical du
cylindre.
Si la charge est appliquée le long d'une
génératrice, un élément sur le diamètre
vertical du cylindre (figure 1.3) est soumis à une contrainte de
compression égale à :
.
Et une contrainte horizontale à la traction
égale à
Où :
: effort de compression appliqué.
: longueur du cylindre.
: diamètre du cylindre.
et : distances de l'élément par rapport aux deux points
d'application de la charge.
Cependant, une contrainte de compression élevée
serait induite immédiatement sous la charge et tenterait de causer
l'écrasement du béton localement.
En pratique pour y remédier, des lamelles fines d'un
matériau de répartition comme du contre-plaqué sont
insérées entre les cylindres et les plateaux de la presse. Sans
les lamelles, la résistance mesurée est habituellement plus
faible de 8 % en moyenne.
La norme ASTM C 490-90 spécifie des lamelles de
contre-plaqué de 3mm d'épaisseur et de 25mm de largeur. La norme
britannique BS 1881 : partie 117 : 1983 spécifie des lamelles
de bois dur de 4mmd'épaisseur et de 15mm de largeur. La norme
française NF.P 18-408 :1981 spécifie des bandes de 1cm de
largeur et de 4mm d'épaisseur en contre-plaqué
d'Okoumé.
Un des avantages de l'essai de fendage vient de ce que le
même type d'éprouvette peut être utilisé à la
fois pour les essais de compression et de traction.
L'essai de fendage est facile à effectuer et donne des
résultats plus homogènes que les autres essais en traction
[10]. La résistance mesurée lors de l'essai de
fendage semble assez voisine (5à12% près) de la résistance
du béton déterminée par traction directe.
Figure 1.3 : Essai de fendage [2].
1.5. RELATION ENTRE LA RÉSISTANCE À LA
COMPRESSION ET LA
RÉSISTANCE À LA TRACTION
La résistance mécanique du béton est
généralement considérée comme sa plus importante
propriété bien que, dans de nombreux cas pratiques, d'autres
caractéristiques telles la durabilité et la
perméabilité peuvent être plus importantes.
Néanmoins, la résistance mécanique projette une image
globale de la qualité d'un béton et elle présente un
paramètre majeur et indispensable pour le dimensionnement et la
conception des ouvrages.
De ce fait, les propriétés mécaniques du
béton ont toujours fait l'objet de multiples études en vue de
comprendre la réponse du béton aux actions mécaniques qui
lui sont appliquées.
La résistance à la compression est la
propriété du béton la plus communément
considérée dans le calcul des structures ; cependant pour
certaines applications, la résistance à la traction est
intéressante comme c'est le cas des bétons d'autoroutes, de
dalles flottantes, des efforts de cisaillement et de résistance à
la fissuration. Ces deux types de résistance mécaniques
(compression-traction) sont intimement liés. Le rapport de ces deux
résistances dépend du niveau de résistance global du
béton. En d'autres termes, la résistance à la traction, augmente avec la résistance à la compression, mais à un taux allant en diminuant avec la maturation du
béton.
La résistance à la traction du béton
pouvant être mesurée par des essais très différents
les uns des autres, tels l'essai de flexion, l'essai de traction directe ou
l'essai de fendage, il en résulte que les valeurs numériques du
rapport de la résistance à la traction à celle à la
compression sont différentes. De la même façon, la valeur
de la résistance à la compression n'est pas unique, mais varie
avec la forme de l'éprouvette mise à l'essai. Pour ces raisons,
il est nécessaire de spécifier la méthode d'essai
utilisée lors de la détermination du rapport de la
résistance à la traction à celle de la résistance
à la compression.
La résistance à la traction du béton est
plus sensible à un mûrissement inadéquat que la
résistance à la compression [2],
vraisemblablement parce que les effets du retrait non uniforme sur les poutres
soumises à la flexion sont très importants du fait de l'existence
d'une micro fissuration. Ainsi le béton mûri à l'air a un
rapport plus faible que le béton mûri à l'eau .
L'entraînement de l'air influence également le rapport puisque la présence des bulles d'aire tend à diminuer la
résistance à la compression du béton plus que sa
résistance à la traction, particulièrement dans les
bétons légers présentant à peu près la
même relation entre et que les bétons ordinaires.
Le rapport diminue quant la résistance du béton en compression
augmente. Ce rapport varie entre et pour le béton ordinaire (MPa). Pour le béton à haute performance
(MPa) ce rapport varie entre et .
Un certain nombre de formules empiriques reliant et ont été proposées, la plupart ayant la forme
suivante:
Où k et n sont des coefficients. Des valeurs de n variant
entre et ont été proposées.
La première valeur est utilisée par l'American
Concrete Institute alors que Gardner et Poon [11] ont
trouvé une valeur plus proche de , des formes cylindriques ayant été utilisés dans
les deux cas pour tester les spécimens. L'expression suivante semble
donner la meilleure relation entre et :
Où est la résistance au fendage et la résistance à la compression, toutes deux en MPa
mesurées sur des cylindres. Cette expression a été
modifié par [12] comme suit
L'expression suivante, similaire à celles
représentées précédemment, est utilisée par
le British Code of Practice BS 8007 : 1987 :
Où fc la résistance à la
compression (MPa) est déterminée sur cube et représente la résistance à la traction directe.
L'écart entre les différentes expressions n'est
pas très important. Ce qui importe toutefois est que l'exposant
utilisé dans le code de construction de l'ACI (ACI Building Code 318-89,
révisé en 1992) [13] est trop faible, ce qui
surestime la résistance au fendage pour les faibles résistances
à la compression et la sous-estime pour les fortes résistances
[2].
1.5.1. RÉSISTANCE CONVENTIONNELLE
La valeur moyenne de la résistance à la traction
du béton à l'âge de 28 jours peut être définie
conventionnellement en fonction de sa résistance moyenne à la
compression sur cylindre grâce à la relation suivante
[14]:
= 0,315 (2)
dans laquelle
+ 8 N/mm2 est la valeur moyenne de la
résistance à la compression sur cylindre
: est la valeur caractéristique de la résistance à
la compression sur éprouvette cylindrique 150x300 mm,
conformément à la normalisation européenne [15],
[16].
Cette relation diffère quelque peu de celle usuellement
admise dans les normes en vigueur, par exemple dans le Code Modèle
CEB/FIP 1990 [15] et dans l'Eurocode 2 [16],
qui résulte d'essais sur des bétons de résistance
faible à moyenne :
(3)
Une récente étude statistique
réalisée sur le plan international a en effet montré que
l'équation (3) avait en général tendance à
surestimer la résistance du béton à la traction pour des
bétons de résistance en compression supérieure à 50
N/mm2 et que la relation (2) semblait mieux adaptée
jusqu'à la classe de résistance C100, en l'état actuel des
connaissances. Cette relation indique une tendance moyenne quelle que soit la
composition du béton, en particulier quels que soient le type et le
dosage en ciment, l'usage ou non d'adjuvants et d'ajouts divers (fumée
de silice par exemple). Il faut toutefois être conscient que les
caractéristiques d'un béton particulier peuvent s'écarter
sensiblement des valeurs moyennes dans certains cas, en fonction surtout de la
nature et de la forme des granulats utilisés. Au tableau 1.1, on indique
les valeurs moyennes ainsi que minimales et maximales de la résistance
conventionnelle du béton à la traction, en fonction des classes
de résistance à la compression conformément au Code
Modèle CEB/FIP 1990 [15] et à sa proposition
d'extension jusqu'aux bétons de classe de résistance C 100
[14]. Sur ce tableau, on indique également la
correspondance avec les classes de résistance selon l'Eurocode 2
[16], définies actuellement jusqu'à la classe C
50/60, et celle approximative avec les types de béton selon la norme
suisse SIA 162 [17].
Tableau 1.1 : Résistance conventionnelle
à la traction du béton à l'âge de 28
jours
en fonction de la classe
de résistance à la compression, valeurs en
N/mm2.
Classes de béton
|
CEB
|
C16
|
C 20
|
C 25
|
C 30
|
C 40
|
C 50
|
C 60
|
C 80
|
C 100
|
EC 2
|
C 16 /20
|
C 20/25
|
C 25/30
|
C 30/37
|
C 40/50
|
C 50/60
|
C 60/70
|
C 80/90
|
C 100/110
|
SIA
|
B 30/20
|
B 35/25
|
B 40/30
|
B 45/35
|
B 55/45
|
B 70/60
|
B 80/70
|
B 105/95
|
B 125/115
|
kfcK
|
16
|
20
|
25
|
30
|
40
|
50
|
60
|
80
|
100
|
fc tk m
|
2,1
|
2,3
|
2,6
|
2,8
|
3,2
|
3,6
|
4,0
|
4,7
|
5,3
|
fct K min
|
1,5
|
1,6
|
1,8
|
1,9
|
2,2
|
2,5
|
2,7
|
3,2
|
3,6
|
fct K,max
|
2,8
|
3,l
|
3,3
|
3,7
|
4,3
|
4,8
|
5,3
|
6,2
|
7,0
|
Concernant la correspondance entre les classes de
résistance à la compression du béton selon les
différentes normes, rappelons que:
Selon SIA 162 (SIA dans le tableau1.1), la résistance
à la compression est mesurée sur des cubes de 200 mm
d'arête; une classe de résistance est désignée par
deux chiffres, par exemple B 35/25, où le premier correspond à la
valeur moyenne (fcwm) et le second à la valeur
minimale.
Selon les normes européennes, la classe de
résistance d'un béton est définie par la valeur
caractéristique de sa résistance à la compression,
associée à un fractile de 5%;
Selon le Code Modèle CEB/FIP (CEB dans le tableau), une
classe de résistance est définie par un seul chiffre, par exemple
C 20, correspondant à la valeur caractéristique de la
résistance mesurée sur cylindres 150 x 300 mm
(fck);
Selon l'Eurocode 2 (EC 2 dans le tableau 1.1), une classe de
résistance est définie par deux chiffres, par exemple C20/25,
correspondant tous deux à la valeur caractéristique,
mesurée sur cylindres 150 x 300 mm, pour le premier chiffre
(fck) ou sur cubes d'arête 150 mm pour le second; la
correspondance entre les classes de béton selon la norme SIA 162 et les
normes européennes telle qu'elle ressort du tableau 1.1 a
été établie sur la base de la relation approximative
suivante, définie dans le DAN (Document d'Application Nationale) relatif à
1'Eurocode 2 [18]
fcK 0,85 fcw m -8 N/mm2
(3)
1.5.2. RÉSISTANCE EFFECTIVE
Le béton se fissure notamment en tout endroit d'un
ouvrage où les contraintes de traction résultant des
sollicitations atteignent ou dépassent sa résistance à la
traction. Notons que la valeur effective ou apparente de la résistance
à la traction du béton dans un ouvrage fct,ef peut
différer sensiblement de la valeur conventionnelle fct m
telle que définie ci-dessus, qui est strictement valable pour de petites
éprouvettes de béton conservées dans des conditions bien
définies plutôt favorables et essayées à l'âge
de 28 jours. Dans un élément de structure réel, les
gradients hydriques, les gradients thermiques et la présence de la cage
d'armatures - cette dernière s'opposant au retrait du béton -
génèrent le développement d'états de contraintes
auto-équilibrées et de contraintes de traction qui peuvent
localement dépasser la résistance du béton à la
traction. Il en résulte une microfissuration ou des amorces de fissures
qui diminuent la rigidité de l'élément
considéré et sa résistance effective ou apparente à
la traction .
En l'état actuel des connaissances, la diminution de la
résistance effective à la traction du béton dans un
ouvrage peut être définie comme suit
fct, ef = k (t).k(h).fct m (4)
Dans cette relation :
k(h) : est un coefficient de minoration
fonction principalement de l'épaisseur h de
l'élément d'ouvrage considéré.Un
élément de structure de forte épaisseur développe
plus de fissures ouvertes.
k(t) : est un
coefficient de correction permettant de tenir compte, le cas
échéant, de l'âge du béton au moment
où des fissures sont supposées se produire
On observe fréquemment l'apparition de fissures dans
des ouvrages en béton durant leur construction, souvent quelques jours
seulement après le bétonnage. Dans la plupart des cas il s'agit
de fissures dues au retrait thermique. L'hydratation du ciment, cause du
durcissement du béton, est une réaction fortement exothermique
qui provoque durant les premières heures une élévation de
la température au sein de l'élément bétonné,
plus ou moins importante et plus ou moins homogène selon le type et le
dosage du ciment utilisé et des ajouts éventuels, selon le type
d'élément et ses dimensions, ainsi que selon la nature du
coffrage. Cette phase d'échauffement sur un béton jeune encore
relativement mou est suivie dès le décoffrage d'une phase de
refroidissement se produisant sur le béton déjà
passablement durci, donc beaucoup plus fragile et susceptible de se fissurer si
aucune précaution n'est prise. Ces phénomènes sont
très complexes et dépendent de nombreux paramètres. Il
convient en outre de distinguer entre fissures traversantes résultant
des variations de températures moyennes entre étapes successives
de bétonnage et fissures superficielles résultant des gradients
de température au sein d'une même étape. Il n'est
guère possible d'estimer le risque d'apparition de fissures dues au
retrait thermique et, cas échéant, d'évaluer
l'efficacité de mesures préconisées pour les
empêcher, sans recourir à des essais ou à des simulations
numériques relativement complexes [19].
1.5.3. CAS DU BÉTON À HAUTE PERFORMANCE
(BHP)
La résistance à la compression des BHP est plus
élevée que celle des bétons usuels. Dans certaines
régions du monde, un béton est considéré comme de
haute performance quand sa résistance dépassent 60 MPa . En
Algérie, il est admis que dès que la résistance
dépasse 40 MPa le béton peut être considéré
comme de haute performance [20].
La résistance à la compression du béton
augmente quand le rapport eau / liant diminue, cette tendance à
l'augmentation reste valable tant que la résistance à
l'écrasement du gros granulat est suffisante. Quand les gros granulats
ne sont plus suffisamment résistant par rapport à la
résistance de la pâte de ciment hydraté, la
résistance à la compression du BHP n'augmente plus de
façon significative.
La seule façon d'augmenter alors cette
résistance et donc d'utiliser un type de gros granulats plus
résistants, de texture rugueuse et de forme plus ou moins
régulière.
Même lorsque le gros granulat est suffisamment fort pour
ne pas être le facteur principal qui limite la résistance à
la compression d'un BHP, il peut être encore très difficile de
dégager une relation générale entre le rapport eau / liant
et la résistance à la compression qui peut être atteinte
puisque d'autres facteurs que le rapport eau/liant influencent la
résistance à la compression. Cependant, en ce basant sur des
résultats de laboratoire et de chantier,on peut établir des
lignes générales pour prédire la résistance
maximale à la compression que pourra atteindre un BHP pour
différents rapport eau/liant .
1.5.3.1. RÉSISTANCE À LA TRACTION PAR FONDAGE
La mesure directe de la résistance à la traction
d'un béton usuel n'est pas facile parce qu'elle exige l'utilisation d'un
montage complexe. Cette résistance est donc généralement
calculée en utilisant des mesure indirecte telles que la mesure de la
résistance en flexion selon la norme NFP 18-407 : 1981
(Bétons-Essais de flexion) par exemple ou la résistance au
fendage selon la norme NFP 18-408 : 1981 (Bétons Essais de
fendage). Les mesures du module de rupture et de la résistance au
fendage ne présentent pas de difficulté spéciale dans le
cas des BHP et l'on peut utiliser les mêmes montages et les mêmes
procédures que dans le cas des bétons usuels.
La résistance à la traction par fendage () du béton croît avec celle à la compression, mais
elle ne s'améliore pas dans les mêmes proportions que celle
à la compression pour des bétons à hautes performance. En
effet la résistance du béton en traction croit sensiblement par
rapport au Béton Ordinaire. Cependant, elle croit moins rapidement que
la résistance en compression. Pour les bétons les plus
résistant, le rapport peut atteindre par comparaison à jusqu'à pour le Béton Ordinaire.
La formule empirique de BAEL/BPEL 91= 0,6 + 0,06 semble surestimer la résistance à la traction
au-delà de 40 MPa [24] [30].
Les BHP peuvent être fabriqués avec des liants
ayant des compositions très différentes si bien que le module de
rupture et la résistance au fendage peuvent largement varier pour une
résistance à la compression donnée.
D'autres relations entre la résistance au fendage et la
résistance en compression sont présentées ci-après
:
Comité Euro-International du béton CEB-FIP
(1978) [21]
= 0,273 (MPa)
Où représente la résistance au fendage et la résistance en compression.
Carrasquillo et al [22] suggèrent la
relation suivante pour des bétons ayant des résistances en
compression comprises entre 21 et 83 MPa
= 0,54 (0,5 (MPa)
Raphael (1984) suggère la relation suivante pour des
bétons ayant une résistance en compression inférieure
à 57 MPa [21]
0,313 ()0,5 (MPa)
Le comité ACI 363 sur le béton à haute
résistance (1984) suggère d'utiliser l'équation suivante
pour des bétons ayant des valeurs decomprise entre 21 et 83 MPa [21] :
0,59 ()0.55
Cette expression a été modifié plus tard
par le règlement Américain ACI (318-99) [26]
pour la présenter sous la forme suivante :
Ahmad et Shah (1985) suggèrent la relation suivante
pour des bétons ayant un inférieur à 84 MPa [21]:
0,462 ()0.55 (MPa).
Cette expression est similaire à celle
développée par le Comité ACI 363 et adopté plus
tard avec quelques modifications par le règlement Américain
ACI318-99.
Burg et Ost (1992) suggèrent l'équation
suivante pour des bétons mûris à l'eau dont le varie entre 85 et 130 MPa [21]
0,61 ()0.5 (MPa)
Le règlement BAEL99 [23] recommande
les deux formules suivantes :
0,6+ 0,06 pour 60 Mpa
= pour 60 < < 80Mpa
Chemrouk et al [24] ont proposé la
formule suivante :
0,8+0,05 pour 40 < <70 Mpa
Zain et al [25] proposent la formule
suivante :
pour 41 < <118 MPa.
Pour des ages, Zain et al ont proposé les relations suivantes entre la
résistance en compression à la résistance en traction par
fendage du béton et du rapport E / C.
Les formules proposées sont [21] :
(E / C)-0,07
Plus tard le comité CEB - FIP-93, a
modifié la relation comme suit :
Shuaib [27] propose la formule
suivante :
Le règlement Norvégien (NS 3473-92) [28]
stipule les valeurs des résistances caractéristiques
à la traction en fonction de différentes classes de béton,
et qui sont présentées au tableau 1.2 :
Tableau 1.2 : Résistances à la
traction en fonction de différentes classes de béton
Classe de béton
|
C25
|
C35
|
C45
|
C55
|
C65
|
C75
|
C85
|
Résistance à la traction
|
2,10
|
2,55
|
2,95
|
3,30
|
3,65
|
4,00
|
4,30
|
1.5.3.2. RÉSISTANCE À LA TRACTION PAR FLEXION
Le module de rupture s'en déduit de la formule
suivante:
Pour Diatta [29]
Pour :
L'intervalle de variation de ce module pour les BHP est de
[30]
L'expression suivante est proposée pour des
différents [31]
Si :
Différentes relations liant la résistance
à la compression et le module de rupture ont été
proposées dans la littérature :
Carrasquillo et al (1981) suggèrent la
corrélation suivante [22] :
Burg et Ost (1992) suggèrent la relation
suivante :
[21]
Khayat et al (1995) suggèrent relation suivante :
[21]
D'après Aitcin [21], la meilleure
façon de connaître le module de rupture ou la résistance au
fendage de n'importe quel BHP c'est encore de mesurer directement ces
valeurs.
1.6. ADHÉRENCE ENTRE LE BÉTON ET LES
ARMATURES
Étant donné que le béton de structure est
utilisé dans la majorité des cas avec des armatures, la
résistance de liaison entre les deux matériaux est d'une
importance considérable du point de vue du comportement structurel, ce
qui inclut également la fissuration causée par le retrait et les
effets thermiques au jeune âge. La liaison provient essentiellement de la
friction et de l'adhérence entre béton et acier et de l'effet
mécanique dans le cas de barres d'acier crénelées.
Dans une structure, l'adhérence dépend, non
seulement des propriétés du béton, mais également
d'autres facteurs. Ces facteurs incluent la géométrie des
armatures et celle de la structure telle l'épaisseur de béton
recouvrant les armatures.
La propriété critique du béton pour une
bonne adhérence est sa résistance à la traction. Pour
cette raison, les formules actuelles pour déterminer la valeur de
l'adhérence sont également exprimées en fonction de la
racine carrée de la résistance à la compression. La
résistance à la traction du béton est en quelque sorte
proportionnelle à la racine carrée de la résistance
à la compression. Les expressions utilisées dans les
différents codes ne représentent donc pas de façon
adéquate la dépendance indirecte de l'adhérence sur la
résistance du béton. L'adhérence béton-acier semble
augmenter avec une augmentation de la résistance à la
compression.
CHAPITRE 2
NATURE ET TYPES
DE FISSURATION
DES STRUCTURES EN BÉTON
2.1. INTRODUCTION
La fissuration des ouvrages en béton et en béton
armé correspond généralement à une
altération des propriétés mécaniques, ou physiques
du matériau. La connaissance exacte de ce type de désordre doit
permettre en outre d'en comprendre la cause et de définir le type de
réparation à envisager. Les fissures peuvent survenir dans le
béton non durci, le béton en phase de durcissement ou le
béton durci. Dans le cas du béton durci, les fissures se forment
lorsque les forces de traction dépassent la résistance à
la traction du béton.
Une fissuration non prise en considération lors de la
conception de la structure et donc non contrôlée peut provoquer
des effondrements et donc provoquer des pertes humaines et des
dégâts matériels.
2.2. NATURE DE FISSURATION EN BÉTON ARMÉ
Le séisme de Boumerdes a révélé
que ce matériau, bien que le plus utilisé dans l'industrie de la
construction en Algérie, reste en grande partie inconnu du point de vue
comportement structural et nécessite une attention particulière
de la part des chercheurs afin de vulgariser sa connaissance aux utilisateurs
et mettre fin à l'archaïsme et à l'empirisme qui lui portent
préjudice. En effet, ce séisme a montré que dans beaucoup
de cas, les effondrements ont été précipités par
des fissures préexistantes non traitées.
La fissuration est nuisible au béton armé,
matériau de construction le plus largement utilisé à
travers le monde en raison de sa souplesse d'utilisation et de son adaptation.
En service, ce matériau se fissure à cause des charges qu'il
supporte ou des phénomènes physiques qu'il subit, tels que le
retrait et les effets de températures.
La présence de fissures sur une structure en
béton armé témoigne généralement d'un
endommagement de cet élément, les causes peuvent être de
différentes natures : mécaniques (application de contraintes non
prévues lors du dimensionnement, choc, etc.), physiques (variations de
température) ou chimiques (réaction des composants du
béton avec des agents extérieurs créant un gonflement du
matériau, par exemple les attaques sulfatiques), ou bien encore le
processus de retrait du béton.
Différentes études ont été
menées afin de préciser les différents paramètres
décrivant les fissures et leur processus de formation (Gérard et
al; 1997). Les fissures primaires sont crées lors d'un chargement
inhabituel du matériau, et les fissures secondaires (moins importantes)
apparaissent dans un second temps et contribuent à la fermeture
partielle de certaine fissures primaires. On peut distinguer les fissures
actives et les fissures passives. Gérard et al appellent fissures
actives celles qui affectent les propriétés mécaniques et
de transfert des efforts du matériau .
Les fissures passives, perturbent essentiellement les
propriétés mécaniques du matériau et ne sont
activées que lorsque la structure est mise en charge. Selon la norme
NFP95-103
(AFNOR, 1993), une fissure est dite active quand son ouverture
évolue en fonction des sollicitations de différentes natures
(thermique, hydrique, mécanique). Une fissure est dite passive quand son
ouverture ne varie plus de façon sensible même quand elle est
soumise aux diverses sollicitations.
Pour le béton armé, les facteurs
« efficacité » et
« économie » sont
étroitement liés à toutes les phases de la
conception. Ceci implique l'utilisation de ce matériau à des
niveaux de contraintes élevées et par conséquent soumet
l'élément de structure à des risques de fissuration
pouvant affecter son esthétique et sa performance. Cette fissuration
étant due au fait que le matériau béton est faible en
traction donc susceptible de se fissurer sous des contraintes
élevées ou des conditions hostiles de l'environnement.
Il est à noter que malgré la présence de
l'acier pour reprendre les contraintes de traction dans les
éléments en béton armé, les fissures ne sont pas
éliminées. Dans ce sens, les fissures crées par les
charges de flexion sont non seulement inévitables mais réellement
nécessaires pour que les armatures puissent être utilisées
efficacement. Par exemple, avant la formation des fissures de flexion, les
contraintes des aciers ne dépassent pas n fois la contrainte dans le
béton adjacent, avec n :coefficient d'équivalant. n = ; pour le béton courant et les aciers utilisées dans
la pratique n avoisine huit
Ainsi, quand le béton est proche de sa
résistance à la traction ou de son module de rupture qui est de
l'ordre de 3,5 Mpa, la contrainte dans les aciers sera 8x3,5 =28 Mpa .
Ce qui est très faible comme contrainte pour que les
armatures soient effectives et donc la conception est économique. Sous
les charges de service normales, les contraintes des aciers sont de l'ordre de
8 à 9 fois cette valeur (pour un acier de haute adhérence)
après fissuration. La plupart des fissures résultent des actions
suivantes agissant sur l'élément en béton:
a- Variation de volume dû au retrait et
à la variation de la température.
b- Des contraintes directes dues aux charges
appliquées, aux réactions ou aux effets de continuité; de
même que celles dues aux effets de la fatigue crées surtout par
les charges réversibles ainsi que les contraintes créées
par les mouvements différentiels dans les structures.
c-Les contraintes de flexion causées
par les moments.
2.3. DIFFÉRENTS TYPES DE FISSURATION
Puisque la fissuration peut compromettre la durabilité
du béton en permettant aux agents agressifs d'y pénétrer,
il est pertinent de passer brièvement en revue les différents
types de fissuration.
On peut classer la fissuration du béton en deux
catégories [32] :
?1ère
catégorie : les fissures causées par les charges
externes appliquées à la structure (action (b) et (c)).
Exemple : fissures dues à la flexion, fissures
inclinées dues à l'effort tranchant.
?2ème
catégorie : les fissures causées par le retrait et
celles causées par les effets thermiques.
2.3.1. FISSURES INDUITES PAR LES CHARGES EXTERNES
La fissuration peut être provoquée par
l'application d'une charge excessive compte tenu de la résistance du
béton, mais, dans ce cas la fissuration est la conséquence soit
d'une erreur de conception, soit d'une réalisation non conforme aux
spécifications du projet. Il est important de se rappeler que, dans les
conditions normales d'utilisation du béton armé, les armatures
ainsi que le béton d'enrobage subissent des efforts de traction. La
fissuration de surface est par conséquent, inévitable, mais, avec
une conception structurale et des détails de construction
adéquats, les fissures demeurent très fines et sont à
peine perceptible. Les fissures causées par les contraintes
présentent une ouverture maximale à la surface du béton et
une ouverture effilée presque nulle prés des armatures, mais la
différence de largeur peut diminuer avec le temps. La largeur des
fissures en surface augmente avec l'épaisseur de l'enrobage de
béton.
Nous noterons que, sur le plant des efforts, il est plus
facile d'ouvrir une fissure existante que d'encrée une nouvelle. Ceci
explique pourquoi, sous l'action d'une charge, chaque nouvelle fissure
apparaît à une charge plus élevée que la fissure
précédente. Le nombre total de fissure apparues est
déterminé par la dimension de l'élément en
béton et l'espacement entre fissure dépend de la dimension
maximale des granulats utilisés. Puisque, pour des conditions physiques
données, la largeur totale des fissures par unité de longueur de
béton demeure constante et que l'on souhaite que les fissures soient
aussi fine que possible,il est souhaitable d'avoir un nombre
élevé de fissures. Pour cette raison, toute entrave à la
fissuration devrait être uniformément répartie sur toute la
longueur de l'élément de béton. La disposition des
armatures permet de contrôler la fissuration de retrait, notamment en
réduisant la largeur des fissures individuelles, mais non pas la largeur
totale de l'ensemble des fissures.
Les charges externes conduisent à des fissures de
flexion, des fissures de traction diagonales ou des fissures
d'adhérence.
Quand la contrainte de traction dans le béton atteint
sa résistance à la traction, des micro- fissures ou fissures
d'interface se forment à l'intérieure de l'élément.
Ce sont des fissures courtes très fines, réparties entre la
pâte de ciment et le long des granulats.
Plusieurs études ont montré qu'il existe,
même avant l'application de toute charge, de très petites
fissures à l'interface pâte de ciment-granulat Ces fissures sont
probablement attribuables aux différences inévitables entre les
propriétés mécaniques existant entre les gros granulats et
la pâte de ciment hydraté, couplées au retrait ou aux
déformations d'origine thermique. La microfissuration a
été observée, non seulement pour les bétons de
résistance normale, mais également des bétons mûris
à l'eau ayant un rapport eau / ciment aussi faible que 0.25, et ce,
avant tout chargement. Les fissures présentes dans le béton avant
le chargement sont en grande partie responsables de la faible résistance
à la traction du béton.
Il n'existe pas, à l'heure actuelle, de
définition universelle au sujet de l'ouverture des microfissures, mais
une limite supérieure de 0,1mm a été
suggérée, ce qui correspond en fait à la dimension
minimale pouvant être détectée à l'oeil nu.
Avec l'augmentation de la charge, ces microfissures demeurent
stable jusqu'à environ 30 % de la charge maximale, après quoi
elles commencent à s'allonger, à s'élargir et à se
multiplier. La contrainte totale sous laquelle ces microfissures se
développent est sensible au rapport
eau/ciment de la pâte. Ceci correspond au stade de la
propagation des fissures.
Avec l'augmentation de la charge, entre 70 et 90 % de la
résistance maximale, les fissures s'ouvrent à travers le mortier
(pâte de ciment et granulat fin) et s'interconnectent de manière
à former un réseau continu de fissurations. Ceci correspond au
stade de la propagation rapide de la fissuration, le niveau de contrainte
à partir duquel la fissuration se propage rapidement est plus
élevé pour les béton à haute résistance que
pour les bétons usuels.Cependant, les bétons à haute
résistance présentent une longueur cumulative de microfissures
plus petite que les bétons de résistance normale du fait que les
Bétons à Haute Performance sont moins déformables que les
Bétons Ordinaires. Les microfissures peuvent s'orienter dans n'importe
quelle direction, être disposées en forme de réseau ou
avoir une orientation précise (fig.2.1).
Il ressort de ce qui précède que la
microfissuration est une particularité du béton. Rapidement, ces
microfissures se développent en macro fissures qui se propagent vers
l'extérieur et peuvent être classifiées de manière
simplifiée en fissures d'effort tranchant et fissures de flexion.
Figure 2.1 : Réseau de fissures de surface
[54].
Après développement complet de la
première fissure dans un élément en béton
armé, la contrainte dans le béton de la zone fissurée est
réduite à zéro et est redistribuée aux aciers.
La formation de la fissure repousse l'axe neutre vers le haut,
réduisant ainsi la zone de compression (figure 2.2).
Figure 2.2 : Réduction de la zone de
compression et redistribution
des contraintes de bétons aux
aciers [32]
2.3.2. FISSURES INDUITES PAR LE RETRAIT ET LE CHANGEMENT
DE TEMPÉRATURE
L'importance du retrait dans les structures est liée
à la fissuration qui peut s'y produire.
La fissuration se produit parce que le retrait est
empêché et que la résistance à la traction du
matériau fissurable est plus petite que l'effort produit par le retrait.
Ces efforts sont dus au fait que l'évaporation de l'eau ne se produit
pas uniformément dans toute la masse du matériau, mais
progressivement, par couches successives, de la surface vers
l'intérieur.
Strictement parlant, le point le plus important est la
tendance à la fissuration parce que l'apparition ou l'absence de
fissuration dépend, non seulement de la contraction potentielle, mais
aussi de l'extensibilité du béton, de sa résistance ainsi
que du degré de restriction opposé à la déformation
qui peut conduire à la fissuration. Une diminution de la section des
armatures ou un gradient de contrainte augmente l'extensibilité du
béton en ce sens qu'ils permettent de supporter une déformation
bien au-delà de la contrainte maximale correspondante. Une forte
extensibilité du béton est généralement souhaitable
puisqu'elle permet au béton de supporter des variations
volumétriques plus importantes.
Un des paramètres les plus importants qui conditionnent
la fissuration est le rapport
eau /ciment du béton, car son augmentation tend
à augmenter le retrait et dans le même temps à diminuer la
résistance du béton. Une augmentation du dosage en ciment
augmente aussi le retrait, et donc la tendance à la fissuration, mais
l'effet sur la résistance est positif. Ceci s'applique au retrait de
séchage. Par contre, la présence d'argile dans les granulats
conduit à la fois à une augmentation du retrait et à une
fissuration plus importante. L'utilisation d'adjuvants peut influencer la
tendance à la fissuration par le jeu combiné des effets sur le
durcissement, le retrait et le fluage. De façon plus spécifique,
les retardateurs de prise peuvent entraîner plus de retrait sou forme de
retrait plastique, et augmentent probablement, l'extensibilité du
béton, ce qui permet de réduire la fissuration. A
L'opposé, si le béton atteint un état rigide trop
rapidement, il ne peut encaisser ce qui aurait été le retrait
plastique et, du fait qu'il a une résistance faible, il se fissure. La
température au moment de sa mise en place détermine les
dimensions du béton au moment où il cesse de se déformer
de façon plastique (c'est-à-dire sans perte de
continuité). Une baisse ultérieure de la température
produira une contraction potentielle. En conséquence, la mise en place
d'un béton par temps chaud entraîne une forte tendance à la
fissuration. De forts gradients de température ou d'humidité
provoquent de fortes contraintes internes et, de ce fait, entraînent une
tendance élevée à la fissuration.
On doit noter, toutefois, que l'importance de la fissuration
et l'ouverture minimale à partir de laquelle une fissure peut être
considérée comme signifiante dépendent des conditions
d'exposition du béton dans le milieu environnant.
L'utilisation d'armatures à section plus faible,
réparties uniformément sur l'élément, permet
d'augmenter l'extensibilité du béton donc son comportement
à la traction et d'avoir une fissuration plus fine.
Un autre type de fissuration, connu sous le nom de
faïençage (figure2.3) qui correspond à
l'apparition de nombreuses fissures très fines qui forment un
réseau hexagonal ou octogonal. Ces fissures sont peut
profondes et assez rapprochées. Mis à part l'aspect
esthétique, ces fissures ont peut d'importance. Ce type de fissuration
peut apparaître sur les dalles ou les murs lorsque la zone superficielle
du béton présente une teneur en eau plus élevée
qu'à l'intérieur, ainsi qu'une couche superficielle riche en
ciment subira de plus grande contraintes qu'une autre couche moins riche en
ciment et sera donc plus sujette à se faïencer.
Figure 2.3 : Fissuration caractéristique en
faïençage causée par la réaction alcalis
silice
dans un mur de soutènement à Ottawa
(Ontario) [33].
En plus, un type de détérioration quelque peut
différent, se présentant comme des cloques, peut survenir lorsque
de l'eau de ressuage ou de grosses bulles d'air sont emprisonnées sous
la surface du béton par une mince couche de laitance lors des
opérations de finition et de surfaçage. Ces cloques ont un
diamètre compris entre 10 et 100 mm et une épaisseur de
2 à 10 mm [2].
Avec le temps, la mince couche de laitance se détache
de la surface, laissant une empreinte peut profonde.
2.3.2.1. FISSURES DE RETRAIT PLASTIQUE
L'importance du retrait dans les structures en béton
armé est essentiellement rattachée à la fissuration. La
contraction ou l'accourcissement d'une pièce provoque des tensions
internes qui tendent à s'opposer au changement de dimension. Cette
opposition au changement de dimension est due à des obstacles internes
tels que les agrégats, les armatures et le retrait non uniforme dans
l'élément de béton (plus important près des
surfaces que vers l'intérieur où il peut être
négatif, c'est à dire gonflement). Les contraintes de traction
qui résultent de ces obstacles et de ces gradients de déformation
peuvent atteindre la résistance du béton à la traction et
donc causent la fissuration du béton.
Les fissures, chemins privilégiés de
pénétration des agents agressifs, non seulement diminuent la
capacité d'une structure à supporter la charge admissible, mais
elles peuvent aussi affecter sa durabilité et nuire à sa bonne
apparence. La conception d'ouvrage durable passe donc nécessairement par
une maîtrise des déformations libres, et de leurs éventuels
effets mécaniques.
La fissuration peut être évitée seulement
si la contrainte induite par la déformation due au retrait libre,
diminuée par le fluage, demeure à tout moment inférieure
à la résistance en traction du béton. Ainsi, l'age a un
double effet d'une part, il conduit à augmenter la résistance du
béton, ce qui a pour effet de réduire le risque de fissuration,
mais, d'autre part, le module d'élasticité augmente aussi de
sorte que la contrainte induite par un retrait donné devient plus
importante. Un béton suffisamment mûri subit moins de retrait.
Les fissures de retrait plastique se produisent à la
surface du béton peu de temps après sa mise en place ou lorsqu'il
est encore plastique. Elles sont plutôt discontinues et ne
s'étendent pas forcément d'un bord à l'autre de la surface
exposée, parallèles les unes aux autres et perpendiculaires
à la direction du vent [34].
Des fissures de ce type conservent leur forme originale une
fois que le béton durci.
O n peut voir apparaître ce phénomène
chaque fois que :
- Le béton est trop chaud.
- La température extérieure est
trop chaude.
- L a surface du béton est
exposée à un vent sec et au soleil chaud.
Si la vitesse d'évaporation de l'eau présente
dans le béton est trop grande avant que l'on ne commence à
mûrir le béton normalement, la surface de béton peut se
dessécher suffisamment pour faire apparaître des fissures de
retrait.
Donc, plus on ajoute d'eau dans le béton lors de la
mise en place, plus le volume d'évaporation de l'eau sera
élevé, ce qui en résulte une augmentation des fissures de
retrait.
Le retrait dû au séchage étant une
propriété inévitable du béton, on se sert de joints
de retrait pour éviter la formation de fissures inesthétiques
[34].
Les joints de retrait n'empêchent pas la formation de
fissures de retrait, mais ils les contrôlent.
Ainsi l'utilisation d'armatures à section plus faible,
réparties uniformément sur l'élément, permet
d'augmenter l'extensibilité du béton donc son comportement
à la traction et d'avoir une fissuration plus fine.
Les fissures causées par le retrait plastique
apparaissent surtout sur les surfaces horizontales et peuvent être
largement éliminées en prenant certaines précautions,
elles peuvent apparaître en n'importe quel temps chaque fois que la
surface du béton se dessèche très rapidement par
évaporation. De telles fissures apparaissent lorsque l'eau de surface
s'évapore plus rapidement que celle qui monte à la surface durant
le processus naturel de ressuage. Ceci a pour effet de créer très
vite un retrait dû au séchage et des contraintes de tension en
surface qui entraînent l'apparition de petites fissures
irrégulière.
La norme Suisse CSA A23.1 requiert l'érection de
paravents autour des cotés des éléments de béton
exposés à une évaporation de surface supérieure
à 1 kg / par heure. Certains types de bétons, comme par exemple ceux
contenant des pouzzolanes, peuvent se fissurer lorsque l'évaporation
dépasse 0,5 kg / par heure. Les bétons contenant des fumées de silice,
sont particulièrement enclins au retrait plastique car leur ressuage
n'est généralement que de
0,25 kg/ par heure. Lorsque le ressuage est très faible, il est
très important de prendre des mesures préventives pour
éviter l'assèchement prématuré de la surface. Lors
de la prise, le ressuage peut s'arrêter complètement et la surface
peut commencer à s'assécher même lorsque que
l'évaporation est bien inférieure à 1kg/ par heure. Dans ce cas, des mesures préventives
supplémentaires sont nécessaires, quel que soit le type de
béton.
Les mesures préventives qui suivent peuvent diminuer
les risques de fissuration plastique. Elles peuvent être
envisagées lors de la planification d'un bétonnage par temps
chaud ou lorsqu'on fait face au problème durant la mise en place du
béton. Elles sont énumérées dans l'ordre avec
lequel elles devraient être appliquées lors de la mise en
place.
- Humidifier les granulats secs et absorbants.
- Diminuer la température du béton en
refroidissant les granulats et l'eau de gâchage.
- Mouiller l'infrastructure.
- Eriger des abris pour diminuer la vitesse du vent au-dessus
de la surface de béton.
- Eriger des pare-soleil pour diminuer la température du
béton.
- Vaporiser de l'eau immédiatement après la mise
en place et avant que la finition ne
commence, en prenant soin d'éviter l'accumulation
d'eau qui peut réduire la qualité de la
pâte de ciment.
- Ajouter des fibres synthétiques dans le béton
pour diminuer le risque de fissuration.
2.4. DISTINCTION ENTRE FISSURATION SOUS CHARGES
ET FISSURATION SOUS DÉFORMATIONS
IMPOSÉES
Il est en effet logique que des fissures apparaissent dans
toute partie de la structure où les contraintes résultant des
charges atteignent ou dépassent la résistance à la
traction du béton. A l'exception d'éléments de
béton armé sollicités en traction pure, la fissuration des
structures en béton armé est en général peu
importante sous l'effet des charges. L'armature requise pour satisfaire aux
exigences de sécurité est normalement suffisante pour limiter
l'ouverture des fissures à des valeurs acceptables, pour autant que les
règles constructives habituelles soient respectées
(diamètre, espacement, enrobage et armature minimale dans les zones peu
ou pas sollicitées) et pour autant que le mécanisme de ruine
adopté pour le dimensionnement ne s'écarte pas trop de
l'état réel des sollicitations en service. Ce qui est notamment
le cas des structures fléchies pour lesquelles la théorie de
plasticité est appliquée de manière raisonnable en
limitant les redistributions de sollicitations de 10 à 20% au
maximum.
Parmi les déformations imposées, il peut
être utile de faire la distinction entre :
- Les déformations intrinsèques
(retrait thermique, retrait hydrique, fluage), dues à un
phénomène interne à l'élément
considéré; dans un tel cas, le risque de fissuration peut
être considérablement réduit - voire éliminé
- grâce à une composition appropriée du béton.
- Les déformations extrinsèques
(variations climatiques, tassements différentiels des appuis ou des
fondations), dues à un phénomène externe à
l'élément considéré; dans ce cas, le recours
à des bétons améliorés (le béton à
hautes performances) ne s'avère guère efficace pour
réduire la fissuration, ces bétons ayant un comportement moins
ductile (module plus élevé, fluage et par conséquent
relaxation plus faibles).
2.5. DIVERSES CAUSES ET PÉRIODE D'APPARITION DES
FISSURES
La fissuration qui est un phénomène hasardeux
peut être causée par des facteurs physiques tels que le retrait ou
les variations de température ou par des facteurs mécaniques
directement liés au chargement. Une fissuration non prise en
considération lors de la conception de la structure et donc non
contrôlée peut provoquer des effondrements et donc provoquer des
pertes humides et des dégâts
La figure 2.4 donne une vue d'ensemble des causes de
fissuration du béton frais et du béton
durci
Figure 2.4 : Causes de fissuration du béton
frais et du béton durci [35].
L'apparition de fissures dans les structures en béton
est un phénomène courant et difficilement évitable, les
causes d'apparition des fissures sont nombreuses et fort diverses comme
indiqué au tableau 2.1. Cependant il est parfois difficile de discerner
la vraie raison à l'origine de certaines fissures. Il est utile de faire
la distinction entre les fissures suivantes :
? Les fissures précoces: apparaissant
sur le béton frais, immédiatement ou quelques heures seulement
après le bétonnage ; cas (a) et (b) du tableau 2.1.
Ces fissures ont des causes générales
liées aux variations dimensionnelles du béton:
- Avant la prise c'est le ressuage
- Pendant la prise c'est le retrait
plastique
- Après la prise c'est la contraction thermique
- Et l'auto-dessication (phénomène important
seulement à faible rapport E/C).
Ces causes correspondent à des conditions
particulières liées aux conditions de fabrication et de mise en
oeuvre qui codéterminent la fissuration. Les principales sont :
- Pour le ressuage, les obstacles au tassement
- Pour le retrait plastique, c'est plutôt le vent et les
températures élevées.
- Et pour la contraction thermique, l'épaisseur des
pièces.
Ces fissures sont d'autant plus préjudiciables à
la durabilité qu'elles sont précoces car, se produisant avant que
l'armature ne joue pleinement son rôle. Elles sont alors souvent
ouvertes.
? Les fissures d'origine
mécanique : apparaissant sur le béton en voie de
durcissement (quelques jours ou semaines après le bétonnage) ou
déjà durci (quelques mois ou années après la
construction) ; ces fissure sont la conséquence de l'apparition de
sollicitations excédant la contrainte de déformation du
béton ou sa résistance à la traction ; cas (c) et (d)
du tableau 2.1.
? Les fissures d'origine physico-chimique :
apparaissant quelques années après la construction,
elles sont la conséquence de phénomènes de gonflement dus
à des réactions chimiques (corrosion des armatures,
réaction alcali-granulats) ou à des effets physiques (gel de
l'eau dans les pores du béton) qui peuvent entraîner une
fissuration et un éclatement superficiel du béton
d'enrobage ; cas (e), (f) et (g) du tableau 2.1.
Tableau 2.1 : Tableau résumant les
différentes causes et périodes d'apparition des
fissures
et indiquant l'utilité de
l'armature passive pour en limiter les conséquences.
Causes
|
Période d'apparition
|
Utilité d'une armature passive
|
a
|
Tassement du béton frais
|
quelques heures
après le bétonnage
|
aucune
|
b
|
Retrait plastique
|
aucune
|
c
|
Déformations imposées
|
Retrait thermique
|
quelques jours après le bétonnage
|
oui
|
Retrait hydrique
|
endogène
|
quelques jours après le bétonnage
|
oui
|
de dessiccation
|
quelques mois ou années
|
oui
|
Tassement des fondations
|
selon nature du sol
|
oui
|
Température, variations climatiques
|
durant l'utilisation
|
oui
|
d
|
Charges (poids propre, permanentes, variables)
|
durant l'utilisation
|
oui
|
e
|
Corrosion de l'armature
|
quelques années
après la construction
|
aucune
|
f
|
Réactions chimiques (alcali-granulats)
|
aucune
|
g
|
Gel
|
-
|
aucune
|
2.5.1. Les quatre causes générales de
fissuration précoce
Le schéma de la figure 2.5 montre quatre sortes de
fissures précoces qui peuvent affecter un ouvrage en béton.
Figure 2.6 : Les quatre principales sortes de
fissures précoces susceptibles d'affecter un ouvrage en
béton [52].
A, B, C : fissures par ressuage ou par tassement du
béton frais.
D, E, F : fissures par retrait plastique.
G, H : fissures par retrait thermique après prise
ou par auto-dessication.
2.5.1.1. LE RESSUAGE
C'est l'exsudation superficielle d'une partie de l'eau de
gâchage à la face supérieure du béton frais. Il se
manifeste par l'apparition d'une pellicule d'eau claire à la surface
libre horizontale du béton frais, en relation avec un tassement
progressif du squelette sou l'effet de la pesanteur. Cette déformation
verticale de tassement peut être importante (quelques pour cent) et
s'accompagner dans les cas extrêmes de la création de fissures
ouvertes (parfois plusieurs millimètres) au droit des obstacles qui
s'oppose au mouvement de tassement du béton (armatures, variations
locales d'épaisseur de la pièce,....).
Le mécanisme du tassement s'apparente à une percolation de l'eau
à travers la suspension faiblement floculée des grains de
ciment. Il s'agit, en fait, d'un tassement d'ensemble de la phase solide au
cours duquel les grains de toutes tailles ne sédimentent pas
individuellement, mais "descendent" à la même vitesse
[36]. Dans le même temps, l'eau interstitielle
s'écoule dans le réseau poreux entre les grains pour venir en
surface.
Le flux d'eau de ressuage est stationnaire avant la prise
et décroît brusquement au moment du début de prise. Ceci
signifie que le tassement est d'autant plus fort que le début est plus
tardif. C'est, par exemple, le cas si la température ambiante est basse
ou si un effet retardateur (action principale ou secondaire d'un adjuvant) se
manifeste.
2.5.1.2. LE RETRAIT PLASTIQUE
Il s'agit d'un retrait d'origine exogène par
dessiccation qui se manifeste avant et pendant la prise. L'hypothèse
générale admise [37] est que le retrait
plastique est engendré par la dépression capillaire qui se
développe lorsque des ménisques se forment dans les capillaires
des bétons frais.
Un point caractéristique de ce retrait particulier de
dessiccation est qu'il se produit pendant un temps limité. La
déformation apparaît dès que la surface exposée est
exempte d'eau de ressuage. En atmosphère calme (vent faible), le
début de la période de retrait plastique coïncide avec le
début de prise qui est aussi la fin du ressuage. En revanche, par vent
fort, le flux d'eau évaporée peut être largement
supérieure au flux stationnaire d'eau de ressuage et, dans ces
conditions, la déformation peut commencer à se manifester
quelques minutes après la mise en place. Le retrait plastique est donc
piloté, dans une large mesure, par la vitesse de dessiccation.
La fin de la période de retrait plastique coïncide
à peut près avec la fin de prise, lorsque la
déformabilité du béton décroît fortement.
L'influence de certains adjuvants agissant directement sur la vitesse de prise
(accélérateurs, retardateurs) ou indirectement (plastifiants,
fluidifiants), ainsi que celle de la température, a pour
conséquence une variation de la valeur du retrait total.
2.5.1.3. LA CONTRACTION THERMIQUE APRÈS PRISE
Cette contraction se manifeste, suivant les
éléments de structure considérés, dans un laps de
temps variant de quelques dizaines d'heures à quelques semaines
après la mise en oeuvre
du béton, la durée augmentant avec la taille de
la pièce. On conçoit que, s'agissant d'un matériau en
phase de durcissement, les contraintes mises en jeu seront beaucoup plus
élevées pour le retrait plastique.
2.5.1.4. LE RETRAIT PAR AUTO DESSICATION DE BÉTON
À HAUTE
PERFORMANCE
Le retrait d'auto dessiccation désigne la contraction,
isotherme, observée sur une éprouvette de béton en cours
d'hydratation et protégée de tout échange d'eau avec le
milieu extérieur. Ce retrait augmente lorsque le rapport E/C diminue ;
il dépasse en déformation linéaire après quelques jours de
conservation. Ce retrait provient d'un phénomène
"d'auto-dessiccation" de la pâte de ciment au cours de son hydratation.
Cette auto-dessiccation peut être mise en évidence
expérimentalement de façon directe et l'on constate qu'elle
augmente fortement lorsque le rapport E/C diminue. Une conséquence
importante est que, si le retrait par auto-dessiccation est négligeable
quand les rapports E/C sont de l'ordre de 0,6 (c'est le cas d'un béton
courant dosé à 350 kg de ciment par mètre cube pour un
affaissement de 8 cm mesuré au cône d'Abrams), ce
phénomène prend de l'importance avec les bétons à
hautes et très hautes performances quand les rapports E/C sont de
l'ordre de 0,3.
Tableau 2.2: Les causes générales de
fissuration précoce, mécanismes, physiques et
Paramètres impliqués pour les
bétons courants
LA PRISE
|
Quelques heures
|
Quelques jours
|
AXE
DES TEMPS
|
Causes
|
Ressuage
|
Retrait Plastique
|
Retrait thermique après
prise
|
Mécanismes
|
Force de van der Waals entre les grains fins
|
. dosage en eau
. nature minéralogique des
éléments fins (sable, ciment)
. ions dans la solution interstitielle du
béton frais
|
|
|
Dessiccation par évaporation
|
|
. dosage en eau
. durée de prise
. rapport surface / épaisseur
. distance à la face
exposée.
|
|
Contraction par refroidissement
|
|
|
Isolation du coffrage
|
2.6. MOYENS POUR RÉDUIRE LA
FISSURATION
Divers moyens permettent de réduire la fissuration -
voire de l'empêcher dans certains cas dont l'efficacité
dépend dans une large mesure de la cause et de la période
d'apparition
des fissures (tab 2.1). Ces moyens consistent principalement
à effectuer des choix judicieux lors du projet et à en
contrôler la bonne exécution lors de la construction de l'ouvrage,
concernant :
- Le système statique, les liaisons et les joints entre
les différentes parties;
- Les armatures passives.
- La composition et la cure du béton.
- Les étapes de construction et les phases de
bétonnage.
- La fabrication d'un béton renforcé de
fibres.
2.6.1. SYSTÈME STATIQUE ET JOINTS
Le risque de fissuration d'origine mécanique (cas (c)
et (d) du tableau 2.1) est beaucoup plus faible - voire même
réduit à zéro dans un système isostatique ou avec
des joints rapprochés, permettant aux déformations
imposées de se produire librement ;cela,quand bien même un
système hyperstatique et avec le moins de joints possibles s'impose dans
de nombreux cas pour des raisons de sécurité (réserves de
capacité et comportement ductile à l'approche de la ruine),
d'économie sur les coûts de construction et/ou d'exploitation
(joints souvent difficiles à réaliser, coûteux et source de
nombreux ennuis).
2.6.2. ARMATURE PASSIVE
La mise en oeuvre d'une armature passive permet de
contrôler la fissuration d'origine mécanique, c'est-à-dire
résultant de déformations imposées (cas (c) du tableau
2.1) ou de l'effet des charges (cas (d)).
Aussi trivial que cela puisse paraître, il est
néanmoins utile de mentionner ou de rappeler que la mise en oeuvre d'une
armature passive - aussi importante soit-elle - ne constitue pas une mesure
permettant d'éviter la fissuration. Elle ne permet que de limiter
l'ouverture des fissures mais n'empêche nullement leur apparition (au
contraire, elle peut même en être l'une des causes lorsque la
quantité d'armature est très élevée!).
L'ouverture des fissures risquant d'apparaître dans une
structure en béton est d'autant plus faible que la quantité
d'armature passive est plus importante et que sa répartition est plus
fine. La quantité et la répartition des barres d'armature
(espacement minimal) seront limités en pratique à des valeurs
adaptées à la composition ainsi qu'aux procédés de
mise en place et de vibration du béton, de manière à
garantir l'obtention d'un béton durable et d'excellente qualité;
en cas de doute, il est vivement recommandé de procéder à
des essais préalables aussi réalistes que possible.
2.6.3. COMPOSITION ET CURE DU BÉTON
La mise en oeuvre d'armatures passive ne s'avère
pratiquement d'aucune utilité pour limiter la fissuration précoce
(cas (a) et (b) du tableau 2.1) ou celle d'origine physico-chimique (cas (e),
(f) et (g)). Outre certaines mesures constructives (tel un enrobage suffisant),
les mesures les plus efficaces dans ces cas-là s'avèrent celles
concernant la composition et la cure du béton. De telles mesures peuvent
également contribuer favorablement à diminuer - voire à
éliminer- la fissuration résultant de déformations
imposées intrinsèques en réduisant l'intensité des
divers retraits (cas (c)). Ces mesures comprennent les éléments
suivants :
- La réalisation d'un béton peu perméable
et résistant aux agressions chimiques éventuelles grâce
à une composition appropriée (choix du type de ciment, dosage en
ciment suffisant, rapport eau/ciment aussi faible que possible par l'emploi
d'adjuvants plastifiant ou réducteur d'eau, composition
granulométrique et consistance adaptées aux moyens de mise en
place, ajout de fines ou fillers en sorte que la quantité de fines dont
le diamètre des grains est inférieur à 0,125 mm, ciment
compris, soit au moins égale à 350 kg/m3, ajout
éventuel de fumée de silice, ajout éventuel de fibres,
etc.).
- La compacité et la qualité du béton
d'enrobage sont finalement fortement tributaires des conditions de cure. Des
mesures de cure insuffisantes ou mises en oeuvre trop tardive peuvent
être à l'origine de fissures précoces et avoir un effet
désastreux sur la qualité du béton d'enrobage et la
durabilité de la structure; et cela, en dépit de tous les efforts
éventuellement entrepris pour améliorer la composition du
béton.
- Le maintien du coffrage ou, à défaut, la mise
en oeuvre de mesures de cure des surfaces bétonnées
exposées au milieu environnant sont indispensables jusqu'à ce que
le béton d'enrobage offre une imperméabilité et une
résistance suffisantes.
Pour être complètement efficaces, les mesures de
cure doivent être appliquées immédiatement après la
vibration et le réglage des surfaces bétonnées et doivent
être maintenues durant plusieurs jours. Les durées de cure
nécessaires sont fonction de nombreux paramètres tels que la
composition du béton (type et dosage en ciment, rapport eau sur ciment,
ajouts) et les conditions climatiques pendant et après le
bétonnage (température et humidité relative de l'air
ambiant) qui conditionnent le développement de l'hydratation du ciment.
Elles sont également fonction de l'agressivité du milieu
environnant auquel sera soumis l'ouvrage une fois mis en service. Dans ce sens,
des recommandations beaucoup plus complètes et détaillées
sont fournies à l'annexe d.12 du Code Modèle
[15].
Notons que si la confection de bétons
améliorés ou de bétons à hautes performances,
grâce à l'utilisation de ciment à plus haute
résistance (à long terme et/ou initiale), à la
réduction du rapport eau/ciment et à divers ajouts (en
particulier de fumée de silice), peut s'avérer favorable et
permettre ainsi une réduction de la durée de cure
nécessaire, il n'en est pas de même en ce qui concerne la
rapidité avec laquelle les mesures de cure doivent être mises en
oeuvre. Les bétons courants avec un rapport eau/ciment supérieur
à 0,5 sont protégés d'une dessiccation rapide grâce
à l'eau de ressuage. Les bétons améliorés ou
à hautes performances dans lesquels on a réduit le rapport
eau/liant à des valeurs inférieures à 0,5 ne
présentent souvent plus de ressuage et deviennent par conséquent
beaucoup plus sensibles à tout retard ou manquement dans l'application
des mesures de cure.
2.6.4. ÉTAPES DE CONSTRUCTION ET PHASES DE
BÉTONNAGE
Une planification judicieuse des étapes de construction
et des phases successives de bétonnage peut également avoir un
effet favorable permettant de réduire sensiblement la fissuration, voire
de l'éviter complètement dans certains cas. Chaque nouvelle
étape bétonnée contre une étape
précédente, qui a déjà effectué une partie
de son retrait, voudrait se raccourcir par rapport à celle-ci, par suite
du retrait thermique puis de la différence de retrait hydrique entre les
deux étapes. Ces raccourcissements entravés, ainsi que les
contraintes de traction dans le béton jeune et le risque d'apparition de
fissures qui en résultent, sont d'autant plus élevés que
le béton présente un fort dégagement de chaleur
d'hydratation, que l'intervalle de temps entre les différentes
étapes est important, ou que les liaisons rigides avec des étapes
déjà durcies sont nombreuses
2.6.5. FABRICATION D'UN BÉTON RENFORCÉ DE
FIBRE
Lorsque les charges appliquées au
béton s'approche de la charge de rupture, les fissures se propagent
parfois rapidement. Les fibres noyées dans le béton permettent
d'arrêter le développement de la fissuration. Les barres
d'armature en acier jouent un rôle analogue, car elles agissent comme des
fibres de grande longueur. Les fibres courtes et discontinues ont cependant
l'avantage de se mélanger et de se disperser dans le béton de
façon uniforme.
CHAPITRE 3
EFFETS DE LA FISSURATION SUR LA DURABILITÉ
DU BÉTON
3.1. INTRODUCTION
La durabilité d'un matériau traduit la
capacité de ce matériau à pouvoir supporter les conditions
auxquelles il est exposé dans le temps et dans l'espace. Dans ce sens,
le matériau béton présente quelques avantages par
comparaison aux autres matériaux usuels tels que l'acier ou le bois.
Cependant, les dégradations de se matériau dans
différents types de structures et sous des environnement variés
montrent clairement que le béton armé n'est pas synonyme de
permanence dans la durée. Les problèmes de
détérioration de ce matériau dans les structures sont
liés à des facteurs tels que la fissuration, la mauvaise
qualité du matériau béton ou encore la mauvaise
qualité d'exécution, même si les deux derniers facteurs
induisent forcément le premier. La fissuration apparaît donc comme
un inconvénient majeur du matériau béton dans le sens
où elle représente des voies de passage à tous les corps
étrangers nuisibles, liquides ou gazeux, vers l'intérieur du
béton. Suit par la suite le processus de détérioration du
béton lui même ou des aciers noyés à
l'intérieur qui corrodent. Le dépôt de corrosion, à
son tour, fait éclater le béton qui enveloppe les aciers et l'on
assiste à un processus continu de dégradation du matériau
béton armé et donc de la structure.
3.2. LA CLÉ D'UNE BONNE CONCEPTION :
DURABILITÉ
L'objectif vis à travers une construction durable est que
chaque structure en béton puisse conserver sa résistance et
continuer de remplir sa fonction tout au long de sa durée de vie utile.
Il en résulte que le béton doit être en mesure de
résister aux mécanismes de détérioration auxquels
il peut être exposé. On dit d'un tel béton qu'il a une
bonne durabilité.
Il est utile d'ajouter que le concept de durabilité ne
signifie pas une durée de vie infinie, pas plus qu'il ne signifie que le
béton doit résister à n'importe quelle agression. De plus,
on constate, ce qui n'était pas toujours le cas auparavant, que, dans
bien des cas, un entretient régulier du béton est
nécessaire.
La durabilité du béton est, dans bien des cas,
d'une très grande importance. Il n'en demeure pas moins que,
jusqu'à récemment, la technologie du béton a eu comme
principal objectif de parvenir à des résistances
mécaniques de plus en plus élevées. On avait posé
comme hypothèse "qu'un béton résistant est un béton
durable", dans de nombreuses conditions d'exposition des structures en
béton, la résistance mécanique et la durabilité
doivent ensemble être prises en considération dès
l'étape de conception.
L'expression durabilité du béton est souvent
utilisée pour caractériser de façon très
générale la résistance d'un béton face à
l'attaque d'un agent agressif, physique ou chimique .
Les agents agressifs qui attaquent le béton peuvent
être classés schématiquement en deux grandes
catégories :
- Les agents externes
- Les agents internes.
Parmi les agents externes, on peut citer les ions chlore, le gaz
carbonique, les sulfates, les cycles de gel dégel, et les abrasifs.
Parmi les agents internes, on retrouve les ions chlore
incorporés dans certains accélérateurs, les alcalis du
ciment avec des granulats contenant des silices et donc potentiellement
réactifs.
3.3. CAUSES D'UNE MAUVAISE DURABILITÉ
Une mauvaise durabilité se manifeste par une
détérioration qui peut résulter de facteurs externes ou de
phénomènes internes au béton. Les différentes
actions peuvent être physiques, chimiques ou mécaniques. Les
dommages d'origine mécanique sont causés par les chocs,
l'abrasion, l'érosion ou la cavitation. Les causes de dégradation
chimique comprennent les réactions alcali-silice et alcali-carbonate.
Les attaques chimiques externes sont principalement causées par la
présence d'ions agressifs tels que les chlorures, les sulfates ou le gaz
carbonique ainsi que par de nombreux liquides et gaz d'origine naturelle ou
industrielle. Les causes physiques de détérioration comprennent
les effets d'une température élevée ou des
différences de dilatation thermique des granulats et de la pâte de
ciment durci.
Il convient de noter avant toute chose que la
détérioration du béton est rarement attribuable à
une seule cause : le béton peut souvent se comporter de façon
satisfaisante en dépit de certaines déficiences, mais lorsqu'un
facteur défavorable s'ajoute, les désordres apparaîtront.
Pour cette raison, il est quelquefois difficile d'attribuer la
détérioration à une cause particulière mais la
qualité du béton au sens le plus large du terme, doit presque
toujours être prise en considération. En effet, à
l'exception des sollicitations mécaniques, tous les effets
néfastes associés à la durabilité font intervenir
l'écoulement de fluides (liquide ou gaz) à travers le
béton. Il est donc nécessaire de bien comprendre ce
phénomène lorsque la durabilité du béton est en
cause.
Une des principales causes de la détérioration de
plusieurs structures provient de l'importance accordée à la
résistance à la compression du béton durant la conception
des structures et au peu d'attention accordée aux facteurs
environnementaux auxquels la structure devra faire face tout en remplissant son
rôle structurel. Lorsqu'une structure en béton peut être
sujette à une attaque chimique, une façon simple permet de
réduire l'intensité de cette agression externe : diminuer la
porosité et la perméabilité du béton que l'on se
propose d'utiliser de façon à réduire ou ralentir, autant
que faire se peut, la pénétration de l'agent agressif à
l'intérieur du béton. Pour offrir la meilleure résistance
à des attaques chimiques externes et même à des attaques
physiques, il est essentiel que le béton soit aussi compact et
imperméable que possible. Pour obtenir un tel résultat, le
béton doit avoir un faible rapport E/C ou, comme c'est de plus en plus
le cas, un faible rapport eau /liant. Dans le futur, les BHP seront
essentiellement utilisés, non pas pour leur résistance à
la compression, mais plutôt pour leur meilleure durabilité,
puisque le matériau est dense et donc moins poreux. La diminution du
rapport E / C est une condition nécessaire pour obtenir un béton
durable, parce qu'un des paramètres les plus importants qui
conditionnent la fissuration est le rapport eau / ciment du béton, car
son augmentation tend à augmenter le retrait et donc la tendance
à la fissuration et par conséquent la pénétration
des agents agressifs qui affectent la durabilité du béton.
D'autres facteurs affectent la durabilité d'un
béton, en particulier les détails de construction. Dans plusieurs
structures, des poutres en béton se sont
détériorées par suite de détails de construction
qui ont entraîné la concentration d'agents agressifs en des points
spécifiques de la structure. Si la même quantité d'agents
agressifs avait été distribuée uniformément sur
toute la structure, elle n'aurait pas alors affecté la durabilité
du béton et de la structure de façon aussi rapide.
Lorsque l'on conçoit une structure en béton, il
faut d'abord définir de la façon la plus précise les
conditions environnementales dans lesquelles le béton assurera sa
fonction structurale. Les spécialistes en matériaux pourront
alors ajuster la formulation du béton et sélectionner les bons
matériaux de telle sorte que le béton choisi puisse
répondre le mieux possible à ces conditions environnementales.
3.4. ÉCOULEMENT DES FLUIDES DANS LE BÉTON
La pénétration des corps liquides ou gazeux
entraîne des réactions chimiques entre ces corps tels que les
sulfates ou les chlorures et certains composés du ciment hydraté;
le produit formé absorbent de l'eau et gonflent en faisant
éclater le béton.
Les trois principaux fluides qui peuvent pénétrer
dans le béton et mettre en cause sa durabilité sont : l'eau pure
ou contenant des ions agressifs, le gaz carbonique et l'oxygène. Ils
peuvent se déplacer au travers du béton de différentes
façons, mais tous les mouvements dépendent
principalement de la structure de la pâte de ciment
hydraté. Comme nous l'avons vu précédemment, la
durabilité du béton dépend largement de la facilité
avec laquelle les fluides, à la fois liquides et gaz, peuvent
pénétrer et se déplacer à l'intérieur du
béton ; c'est ce que l'on appelle communément la
perméabilité du béton. À proprement parler, la
perméabilité concerne l'écoulement d'un fluide dans un
milieu poreux. Cependant, le mouvement des différents fluides dans le
béton ne se fait pas seulement par écoulement à travers le
réseau poreux, mais aussi par des mécanismes de diffusion et
d'absorption, de telle sorte que, en réalité, nous sommes
plutôt concernés par ce que l'on pourrait appeler la
pénétrabilité du béton. Quoi qu'il en soit, nous
utiliserons l'expression couramment acceptée de
perméabilité pour décrire globalement tout mouvement des
fluides dans et au travers du béton, exception faite où, pour des
raisons de clarté, il sera nécessaire d'établir des
distinctions entre les différents mécanismes
d'écoulement.
3.5. FACTEURS AFFECTANT LA DURABILITÉ
Les principaux facteurs pouvant affecter la durabilité
d'un béton sont la fissuration et la perméabilité car ils
permettent aux agents agressifs présents dans l'eau et
l'atmosphère d'attaquer la structure et notamment les armatures. La
fissuration affecte sérieusement la durabilité du béton et
donc de la structure, et dans ce sens, les fissures constituent des points de
faiblesse potentielles qui affectent négativement la durabilité
des constructions. Depuis quelques décennies, la nécessité
s'est faite sentir de formuler des bétons adaptés à leur
utilisation, et l'on peut formuler des bétons durables en utilisant
des granulats adéquats, en réduisant la quantité d'eau, en
utilisant des adjuvants adéquats et en effectuant une mise en place, une
vibration et une cure soignées. Ceci garantira au béton un
retrait faible, une certaine compacité, et une bonne ouvrabilité.
De plus, la durabilité peut être améliorée par une
bonne conception structurale, en utilisant la technologie de la
précontrainte qui diminuerait le risque
de fissuration, source de pénétration des agents
extérieures, en disposant correctement une quantité suffisante
d'armatures passives, en prévoyant un enrobage suffisant afin de
protéger les armatures, et enfin en planifiant judicieusement les
étapes de construction. Ceci permet de limiter l'ouverture
d'éventuelles fissures.
3.5.1. PÉNÉTRATION D'EAU
Il existe un autre problème associé à la
mesure de la perméabilité à savoir que, pour un
béton de bonne qualité, l'eau ne s'écoule pas à
travers le béton. L'eau pénètre à
l'intérieur du béton jusqu'à une certaine profondeur et
une relation a été obtenue par Valenta pour convertir la
profondeur de pénétration en coefficient de
perméabilité, K( en mètre par seconde), équivalent
à celui obtenu par la loi de Darcy :
(1)
Où :
- e : profondeur de pénétration de l'eau dans le
béton en mètre.
- h : charge hydraulique en mètre.
- t : durée d'application de la pression hydraulique en
seconde.
- v : pourcentage du volume de béton occupé par
les pores.
La profondeur de pénétration est obtenue,
après un laps de temps donné, en fendant en deux
l'éprouvette de béton et en observant la surface de rupture (le
béton humide étant plus foncé). On obtient ainsi la valeur
de e dans l'équation de Valenta indiquée ci-dessus.
Il est aussi possible d'utiliser la profondeur de
pénétration de l'eau comme jugement qualitatif du béton:
un béton «imperméable» présentera une profondeur
de moins de 50 mm. Avec moins de 30 mm, le béton pourra être
classé comme «imperméable» sous des conditions
agressives.
3.5.2. ÉTANCHÉITÉ À L'EAU
L'étanchéité d'une structure en béton
non munie d'un revêtement étanche dépend de la
qualité du béton et dans une très large mesure de la
fissuration. Il est relativement aisé d'obtenir un béton de bonne
qualité, suffisamment compact et étanche (en l'absence de toute
fissure), moyennant certaines dispositions adéquates concernant la
composition, la mise en oeuvre et la cure. L'expérience a montré
que l'épaisseur d'éléments plans en
béton armé (dalles, murs, radiers), pour lesquels
une étanchéité élevée à l'eau est
requise, ne devrait pas être inférieure à 0,25 à
0,30 m
Par ailleurs, on sait que la fissuration est difficilement
évitable dans une structure en béton. Parmi les fissures
possibles, il convient de faire la distinction entre fissures traversantes et
fissures non traversantes (fig.3.1).
Figure 3.1 : Distinction entre fissures traversantes
(a) et non traversantes (b).
Les fissures non traversantes résultent par exemple de
l'effet de gradients sur l'épaisseur de la section transversale (retrait
ou variation de température non homogène) ou de sollicitations de
flexion. Leur profondeur et leur ouverture sont en général
limitées. Ces fissures n'affectent en principe pas
l'étanchéité de l'élément de structure
considéré tant qu'il subsiste une zone de béton non
fissurée et souvent comprimée, d'une épaisseur
égale ou supérieure à 50 mm ou au double du
diamètre maximum des granulats
Sous réserve d'un béton de qualité
suffisante, ce qui est en général le cas,
l'étanchéité d'une structure en béton ou de l'un de
ses éléments est principalement affectée par la
présence éventuelle de fissures traversantes.
Le débit d'infiltration q par mètre linéaire
de fissure est donné par la relation
suivante[39] :
(2)
Dans laquelle :
: le coefficient de frottement indépendant de la
nature du fluide et permettant de tenir compte de la rugosité
réelle des faces d'une fissure.
W : l'ouverture de fissure mesurable à la
surface de l'élément.
Äp :la différence de pression
hydrostatique.
: la viscosité dynamique du fluide
h : l'épaisseur de l'élément
considéré
Des recherches récentes [39] montrent
qu'il semblerait plus approprié d'introduire dans les relations de
prédiction du débit d'infiltration du type de
l'équation (2) une valeur du coefficient de frottement croissant de
manière monotone avec l'ouverture des
fissures w ( = 0 pour w =0,05 mm et = 0,2 pour w = 0,3 mm).
Eu égard aux problèmes
d'étanchéité, la qualité d'une structure en
béton est donc grandement tributaire de la valeur limite fixée
pour l'ouverture des fissures risquant d'apparaître et, par
conséquent, des quantités d'armature mise en oeuvre.Dans
l'hypothèse
où le coefficient est admis constant, la relation (2)
indique en effet que les débits d'infiltration ou de fuite au travers
des fissures augmentent proportionnellement au cube de leur ouverture.
Dans le cas d'ouvrages ou d'éléments soumis de
manière permanente à une pression d'eau ou à un
environnement humide, on peut compter sur un autocolmatage des fissures si leur
ouverture est faible, c'est-à-dire n'excède pas environ 0,1
à 0,2 mm [40]. Cet autocolmatage est la
conséquence de plusieurs phénomènes (gonflement du
béton en milieu humide, accumulation d'éléments fins
inertes, dépôts de chaux et autres sels minéraux) qui
progressivement bouchent les fissures et après quelques jours à
quelques semaines rendent la structure pratiquement étanche.
Il y a lieu d'être beaucoup plus prudent vis-à-vis
du risque d'infiltration d'eau à travers une structure placée
dans un environnement généralement sec et soumise
occasionnellement à des venues d'eau. C'est en particulier le cas des
dalles de parking non munies d'une étanchéité ni d'aucun
revêtement. Des essais en laboratoire [39] et des
mesures in situ [41] ont montré que dans de telles
conditions des fissures traversantes de seulement 0,1 mm d'ouverture pouvaient
laisser de l'eau s'infiltrer durant quelques
heures, ce qui peut être suffisant pour causer des
dommages. Dans ces cas là, il y aurait donc lieu soit de limiter plus
sévèrement encore l'ouverture des fissures (0,05 à 0,1 mm,
solution vraisemblablement très coûteuse, à moins de
pouvoir mettre en oeuvre une précontrainte en désolidarisant par
exemple les dalles des murs s'opposant à tout raccourcissement) soit de
recourir à d'autres solutions (modification du système statique,
création de joints, revêtement étanche pontant les fissures
éventuelles).
3.5.3. PÉNÉTRATION DES IONS CHLORE
La fissuration du béton facilite la
pénétration des chlorures et favorise donc la corrosion.
Même si tous les bétons armés présentent en service
quelques fissures, celles-ci peuvent être réduite lors du
dimensionnement de la structure grâce au souci du
détail et au respect des règles de l'art. Les
fissures dont la largeur dépasse 0,2 à 0,4 mm sont nuisibles. Il
est important de mentionner que, même si le béton
précontraint est exempt de fissures, l'acier de précontrainte est
plus vulnérable à la corrosion en raison de sa nature.
Le problème de l'attaque du béton par les chlorures
survient habituellement lorsque des ions chlores pénètrent de
l'extérieur.
La pénétration des ions chlore est probablement le
phénomène le plus dévastateur pour les structures en
béton armé. Lorsque les ions chlore pénètrent dans
la solution interstitielle, ils réagissent dans un premier temps avec le
C3A non hydraté pour former des monochloroaluminates
(3CaO.Al2O3.CaCl2.10H2O), ce qui
représente une modification positive de la microstructure du
béton. Toutefois, si la pénétration des ions chlore se
poursuit, ils exercent surtout une action dévastatrice au sein du
béton lorsqu'ils atteignent les armatures d'acier en les corrodant
très rapidement et en exerçant une pression sur le béton
agaçant a travers le dépôt de rouille, ce qui fait gonfler
le béton jusqu'à le faire éclater.
En général, cette corrosion développe
d'abord un réseau de microfissures autour de la barre d'armature,
réseau qui facilite la pénétration ultérieure
d'ions chlore additionnels et finit par écailler le béton de
recouvrement lorsque la poussée due au gonflement devient excessive
(figure3.2). Cet écaillage du béton de recouvrement expose une
nouvelle surface de béton à l'action des ions chlore et ainsi de
suite.
Les chlorures présents dans le béton peuvent
provenir de granulats contaminés, d'eau de mer, d'eau saumâtre ou
d'adjuvants contenant des chlorures ou apportés par les vents marins
à proximité de la mer. Aucun de ces matériaux ne devrait
être autorisé dans la fonction de béton armé et les
normes limitent généralement de manière très
sévère la teneur en chlorures du béton. Par exemple, la
norme britannique BS 8110 : partie 1, 1985 limite la teneur totale en chlorure
d'un béton armé à 0,40 ? de la masse du ciment. La
même limite est recommandée par la norme européenne ENV
206: 1992. La norme ACI 318-89 (révisée en
1992) ne considère quant à elle que les ions
chlores solubles. Sur cette base, la teneur en ions chlore du béton
armé est limitée à 0,15 % de la masse du ciment
La norme Afnor P18-325 limite la teneur en chlorures à:
- 1 % pour les bétons non armés;
- 0,4 % pour les bétons armés;
-0,2 % pour les bétons précontraints.
Dans le fascicule 65A relatif à l'exécution des
ouvrages en béton armé et en béton précontraint
:
- 1% pour les bétons non armés;
- 0,65 % pour les bétons armés;
- 0,156 %pour les bétons précontraints par
post-traction;
- 0,10 % pour les bétons précontraints par
pré traction.
Figure 3.2: Représentation schématique de
la corrosion électrochimique
en présence de chlorures
3.6. CORROSION DES ARMATURES
La fissuration excessive du béton, qu'elle soit naturelle
ou accidentelle, facilite la pénétration des agents agressifs,
facteurs de corrosion des armatures de béton armé et
précontraint.
De nombreuses recherches effectuées en laboratoire et sur
des ouvrages ont montré que les problèmes de durabilité et
en particulier le risque de corrosion des barres d'armature passive
n'étaient pas influencés de manière
significative par la valeur de l'ouverture des fissures tant que celle-ci
demeure inférieure à une valeur de l'ordre de 0,3 et cela, dans
un environnement sec à l'intérieur des bâtiments. Pour les
éléments d'ouvrage exposés aux intempéries ou
à un environnement agressif la limite d'ouverture de fissure qui
résulterait en un problème de corrosion est de 0,15 mm selon ACI
code (règlement Américain).
Le processus de corrosion dépend principalement de
l'épaisseur et de la qualité du béton d'enrobage mais ne
dépend guère de la fissuration.
Louverture des fissures n'influence que la longueur de la phase
d'initiation, c'est-à-dire la durée à partir de laquelle
le processus de corrosion démarre. Mais étant donné que la
durée de cette phase n'est que de 2 à 6 années, elle ne
joue pratiquement aucun rôle en ce qui concerne la durabilité eu
égard à la durée de vie de l'ordre de 30 à 80 ans
normalement attendue pour l'ouvrage, voire davantage dans certains cas.
Une conséquence pratique très importante de ces
observations est donc qu'une limitation très sévère des
ouvertures de fissures réalisable en particulier au moyen d'une
augmentation des quantités d'armature ne s'avère pas comme un
moyen efficace pour accroître la durabilité des structures en
béton armé; et cela, même en cas d'environnement
particulièrement agressif. En cas d'exigences élevées
concernant la durabilité, ce sont d'autres mesures auxquelles on
devra
recourir, telles que:
? La réalisation d'un enrobage suffisant.
? La confection d'un béton particulièrement dense
et peut perméable et surtout résistant aux éventuelles
attaques chimiques, grâce à un type de ciment approprié,
à un dosage suffisant, à
un rapport eau / liant aussi faible que possible, à une
quantité minimale de fines, au recours éventuel à un
béton avec ajout de fumée de silice ( bétons à
hautes performance),etc..
? Une cure soignée et de durée suffisante.
? Et au besoin, en cas d'agression par des substances chimiques
très agressives, la mise en oeuvre d'une couche étanche à
la surface du béton et/ou l'utilisation de barres d'armature
revêtues d'une couche de résine époxy.
C'est en effet l'épaisseur et la qualité du
béton d'enrobage protégeant la cage d'armatures qui constituent
les facteurs déterminants pour la durabilité. Les exigences
relatives peuvent être graduées en fonction du type d'ouvrage et
de l'agressivité de son milieu environnant comme indiqué au
tableau 3.1
Tableau 3.1: Valeur limites recommandées pour
assurer la durabilité des structures
en béton armé.
Agressif
Sels (+gel)
|
Humide avec
gel
|
Humide sans
gel
|
Sec
|
Environnement
|
4
|
2,5
|
2
|
1,5
|
Enrobage minimum (cm)
|
C 30
|
C 25
|
C 20
|
C16
|
CEB
|
Classe minimale de résistance
|
B 45/35
|
B35/25 à B40/30
|
B
|
B
|
SIA
|
0,50 à 0,40
|
0,55
|
0,6
|
0,65
|
Rapport max E/C
|
300 à 350
|
300
|
300
|
270
|
Dosage minimal en ciment
|
La corrosion commence sur la surface proche de l'extérieur
du fait que le béton contacte perd son alcalinité en premier et
que les sources extérieure de chlorures, d'humidité et
d'oxygène sont proches. Les produits de la corrosion s'entassent et
exercent graduellement une pression sur le béton jusqu'à le faire
éclater comme montré en figure 3.3
Figure 3.3 : Eclatement du béton dû
à la corrosion des armatures.
La corrosion des armatures d'acier a été et sera
toujours une des causes majeures de détérioration des structures
en béton armé. Les armatures d'acier se corrodent chaque fois
que le béton de recouvrement ne les protège pas suffisamment
contre la rouille. Ce manque de protection peut avoir plusieurs causes, une
trop forte valeur du rapport eau / liant, un mauvais mûrissement ou
l'absence totale de mûrissement, un mauvais positionnement des armatures
trop près des coffrages, la progression des ions chlores, une
très forte carbonatation.
Le mécanisme de corrosion de l'acier dans le béton
est bien connu: la perte de passivation de
l'acier lorsque décroît le PH de l'eau
interstitielle du béton conduit celui-ci à s'oxyder et à
rouiller. L'oxydation de l'acier ou sa rouille s'accompagne d'une augmentation
de volume
qui commence par générer des microfissures dont le
nombre va en augmentant. Ces premières microfissures rendent la
pénétration des agents agressifs encore plus facile de sorte que
la corrosion s'accélère jusqu'à provoquer
finalement l'éclatement de l'enrobage de béton. Lorsque l'on
atteint une telle dégradation, non seulement les armatures d'acier sont
exposées directement à la corrosion, mais une nouvelle surface de
béton, qui était initialement située en profondeur, est
exposée directement à l'action des chlorures.
Encore maintenant, plusieurs auteurs pensent que la corrosion des
aciers d'armatures est un phénomène inévitable,
inhérent au béton armé. Pour réduire la corrosion
des armatures d'acier, différentes solutions et agents anticorrosion
sont régulièrement proposés sur le marché et
certaines compagnies font la promotion de la protection intégrale d'une
structure en utilisant une protection cathodique très coûteuse.
En fait, pour résoudre le problème de la corrosion
des armatures d'acier, on peut suivre deux approches [21] :
- On continue d'utiliser un béton très poreux, et
il faut alors absolument spécifier des armatures qui résistent
à la corrosion ou un système de protection cathodique pour
protéger
toute la structure. Pour l'auteur [21], un
béton qui a une résistance à la compression
inférieure à 30 MPa est un béton qui ne protège pas
bien les armatures d'acier, quel que soit
l'environnement dans lequel il est utilisé, si l'on
continue à maintenir les épaisseurs de recouvrement actuelles. En
outre, on sait très bien qu'un tel béton n'offre pas une
protection adéquate face à la carbonatation. En adoptant une
telle solution facile, mais coûteuse à long terme, on oublie les
deux causes majeures de la corrosion des armatures d'acier: une trop forte
valeur du rapport eau/liant et de mauvaises pratiques de mûrissement.
Tout béton qui a un rapport eau/liant supérieur à 50
présente une microstructure très ouverte qui offre de larges
avenues à la pénétration d'agents agressifs quels qu'ils
soient;
-La deuxième approche consiste à spécifier
un béton imperméable et à bien le mûrir. Il n'est
alors plus nécessaire de faire recours à des armatures
résistants à la corrosion et donc l'acier ordinaire suffit. Des
BHP qui ont un rapport eau/liant compris entre 0,30 et 0,35 sont suffisamment
imperméable pour procurer une bonne protection aux armatures d'acier si
l'épaisseur de recouvrement de ces armatures est suffisante et si la
peau du béton a été mûrie de façon
adéquate. L'épaisseur de recouvrement doit être
ajustée selon la sévérité de l'environnement, et
peut atteindre jusqu'à 7,5 cm [21], pour s'assurer une
duré de vie suffisamment longue à l'ouvrage.
Évidement, le choix d'un faible rapport eau/liant ne
constitue qu'une première étape pour résoudre le
problème de la corrosion de l'acier. Il faut aussi que ce béton
imperméable soit
bien mis en place et bien mûri de façon à
protéger efficacement les armatures d'acier contre la corrosion. Quand
la mise en place et le mûrissement sont faits correctement, il n'est pas
nécessaire d'utiliser des armatures à l'épreuve de la
rouille, d'utiliser un adjuvent anticorrosion ni d'envisager une protection
cathodique. Un BHP de faible rapport eau/liant, une mise en place et un
mûrissement adéquats garantissent la protection des armatures
contre la corrosion.
La formulation du béton classique, en particulier son
dosage en ciment et son rapport des teneurs eau-ciment, dépend de
l'environnement auquel ce matériau est exposé
La corrosion des armatures a deux conséquences sur le
comportement de l'ouvrage. Dans un premier temps, les produits de corrosion
occupent un volume plusieurs fois supérieur au volume initial de
l'acier, leur formation fissure le béton (de façon
caractéristique, parallèlement à la direction du lit
d'armatures), entraîne son éclatement ou son feuilletage.
La pénétration des agents agressifs en direction de
l'acier est donc facilitée, ce qui se traduit par une augmentation de
la vitesse de corrosion. Ensuite, la progression de la corrosion à
l'anode réduit la section effective de l'acier, ce qui réduit par
conséquent sa capacité de résistance.
CHAPITRE 4
MÉTHODES RÉGLEMENTAIRES
DE CONTRÔLE
DE LA FISSURATION
4.1. PRINCIPES GÉNÉRAUX
Il n'est généralement pas exigé de
calculer explicitement les ouvertures de fissures afin de s'assurer qu'elles
n'excèdent pas des valeurs limites spécifiées. Un tel
contrôle dont la fiabilité est d'ailleurs problématique,
étant donnée l'importante dispersion des résultats due au
grand nombre de facteurs d'influence, dont certains sont difficilement
maîtrisables n'est exigé qu'exceptionnellement. A cet
égard, rappelons que l'objectif primordial du contrôle de la
fissuration est d'éviter l'apparition de fissures isolées,
d'ouverture importante et non contrôlée, telles des fentes ou
lézardes. La fissuration est généralement non
préjudiciable, par conséquent acceptable, si elle est
répartie, c'est-à-dire s'il apparaît des fissures plus
nombreuses, d'ouvertures contrôlées et n'excédant pas
quelques dixièmes de millimètre.
Pour atteindre cet objectif, les normes contiennent une
série de mesures permettant d'assurer un contrôle indirect ou
implicite de la fissuration des structures en béton. Ces mesures
comprennent généralement :
- Des mesures d'ordre constructif et
technologique destinées à réduire, voire
supprimer, le risque de fissuration quelle qu'en soit la cause. Comme exemples
de telles mesures citons la composition et une cure appropriées du
béton, la réalisation de joints afin de supprimer l'entrave aux
déformations imposées telles le retrait, la mise en oeuvre d'une
précontrainte adéquate, etc.
- La mise en place d'une quantité d'armatures
minimale dans toutes les parties de structures en béton
ârmé ou précontraint susceptibles de se fissurer et dans
lesquelles on cherche à éviter l'apparition de fissures
isolées et largement ouvertes, en général
préjudiciables au bon comportement de l'ouvrage en service et à
sa durabilité à long terme.
- La limitation des contraintes dans l'acier
d'armature, calculées en stade fissuré sous le
cumul des sollicitations déterminantes, ainsi qu'une répartition
appropriée des barres d'armatures (limitation de leur espacement et/ou
de leur diamètre).
4.2. CONTRÔLE SELON LA NORME SUISSE SIA 162
4.2.1. PRINCIPE DE L'ARMATURE MINIMALE
En cas des éléments de structures situés
à l'extérieur, exposés aux intempéries et aux
effets du gel ou en contact avec le sol. Comme exemples, citons les
façades de bâtiments, les murs de soutènement, les parois
de tunnels, les tabliers et piles de ponts, les fondations, la norme SIA 162
requiert la mise en place d'une quantité d'armature minimale dans toute
partie de structure en béton armé ou précontraint dans
laquelle les contraintes de traction (en service, sous le cumul des
sollicitations dues aux charges et aux déformations imposées, ou
durant les différentes phases de construction) peuvent être
proches ou supérieures à la résistance à la
traction du béton. Cette armature minimale doit être
dimensionnée de manière à pouvoir reprendre sans
écouler les sollicitations internes correspondant à la
fissuration du béton et de manière à limiter l'ouverture
des fissures.
Dans le cas des dalles et murs pleins dans celui
d'éléments à section en T ou en caisson, l'aire de la
section d'armature minimale est définie comme suit :
(4.1)
relation dans laquelle
fct est la valeur conventionnelle ou de
calcul de la résistance à la traction du béton,
définie comme suit dans la norme SIA 162 :
* fct = 2 N/mm2 pour un
béton de résistance inférieure à celle
correspondant au type
B 35/25.
* fct = 2,5 N/mm2 pour un
béton de type B 35/25 (= classe C 20) ou de résistance
supérieure.
fy est la valeur conventionnelle ou de
calcul de la limite élastique limitée à 460
N/mm2 au maximum.
Act est l'aire déterminante de la
partie tendue de la section de béton en stade homogène,
définie à la figure 4.1.
est un facteur de majoration tenant compte de l'influence de
l'espacement des barres d'armature s sur la fissuration
s [mm]
|
100
|
150
|
200
|
250
|
300
|
|
1,0
|
1,1
|
1,2
|
1,3
|
1,4
|
est un facteur de réduction tenant compte des effets
de la répartition des contraintes selon le type de sollicitations et de
la présence d'états de contraintes auto-équilibrées
sur la force interne de traction correspondant à la fissuration ; ce
facteur est défini à la figure 4.1.
Fig. 4.1 : Définitions de l'aire
déterminante Act et du facteur selon la norme SIA
162.
4.2.2. LIMITATION DES CONTRAINTES DANS L'ARMATURE
La norme SIA 162 requiert une limitation des contraintes dans
l'acier calculées en stade fissuré, ce qui constitue un excellent
moyen de limiter indirectement l'ouverture des fissures .
Dans les deux cas, la norme exige de s'assurer que les
contraintes effectives dans l'armature ne dépassent pas les valeurs
maximales indiquées ci-dessous, sous une
combinaison rare d'actions (cumul du poids propre, des effets
de la précontrainte, des autres charges permanentes et d'une charge
variable de courte durée).
Pour les aciers passive
ós,max = 0,95 fy - 100
N/mm2 (4.2.a)
Pour les aciers de précontrainte:
óp,max = 0,90 fpy
(4.2.b)
4.2.2.1. CAS OÙ LA FISSURATION EST PEUT
PRÉJUDICIABLE
Pour limiter la fissuration, il convient dans la mesure du
possible :
- De n'utiliser les gros diamètres que dans les
pièces suffisamment épaisses,
- D'éviter les très petits diamètres dans
les pièces exposées aux intempéries,
- De prévoir le plus grand nombre de barres compatibles
avec une mise en place correcte
et avec la règle ci-dessus relative aux petits
diamètres.
4.2.2.2. CAS OÙ LA FISSURATION EST
PRÉJUDICIABLE
La fissuration est considérée comme
préjudiciable lorsque les éléments étudiés
sont exposés aux intempéries ou à des condensation, ou
peuvent être alternativement noyés et émergés en eau
douce.
On observe les règles suivantes
[23] :
? La contrainte de traction des armatures est limitée
à la plus basse des deux valeurs et 110 ( ç )1/2 MPa ( ou N / mm2 ), expressions dans
lesquelles :
* : désigne la limite élastique des aciers
utilisés.
* : la résistance caractéristique à la traction
du béton exprimée en MPa .
* ç : coefficient de fissuration qui
vaut :
- 1,0 pour les ronds lisses y compris les treillis
soudés formés de fils tréfilés lisses.
- 1,6 pour les armatures à haute adhérence, sauf
le cas des fils de diamètre inférieur.
à 6 mm pour lesquels on prend 1,3.
? Le diamètre des armatures les plus proches des parois
est au moins égale à 6 mm ;
? Dans le cas des dalles et des voiles faisant au plus 40 cm
d'épaisseur, l'écartement des armatures d'une même nappe
est au plus égal à la plus petite des deux valeurs 25 cm et 2h (h
désignant l'épaisseur totale de l'élément).
4.2.2..3. CAS OÙ LA FISSURATION EST TRÈS
PRÉJUDICIABLE
La fissuration est considérée comme très
préjudiciable lorsque les éléments étudiés
sont exposés à un milieu agressif ou bien doivent assurer une
étanchéité.
Dans ce cas on observe les règles suivantes
[23] :
? La contrainte de traction des armatures est limitée
à la plus basse des deux valeurs 0,5 fe et 90 (ç
ftj )1/2 MPa
? Le diamètre des armatures est au moins égales
à 8 mm
? Des armatures de peau pour les poutres de grande hauteur,
ont une section au moins égale à 5 cm2 par
mètre de longueur de parement.
? Lorsque la membrure tendue d'une poutre est
constituée de barres de diamètre supérieur à 20 mm,
l'écartement de celles-ci dans le sens horizontal est au plus
égal à 3 fois leur diamètre
? Dans le cas des dalles et des voiles faisant au plus 40 cm
d'épaisseur, l'écartement des armatures d'une même nappe
est au plus égal à la plus petite des deux valeurs 20 cm et 1,5h
(h épaisseur totale de l'élément).
4.3. CONTRÔLE SELON LES NORMES EUROPÉENNES
L'Eurocode 2 [16], le Code Modèle
CEB-FIP 1990 [15] ou son extension récente aux
bétons à hautes performances [14] ne se
différencient, concernant le contrôle de l'état-limite de
fissuration, que sur des points de détail d'ordre
rédactionnel et de certaines règles d'application. Ces
différences ou améliorations résultent principalement du
progrès des
connaissances et de l'évolution des avis des
commissions concernées, inhérents à la chronologie de ces
divers documents et à leur durée d'élaboration.
4.3.1. EXIGENCES REQUISES ET MESURES
PRÉCONISÉES
Selon l'Eurocode 2 ou le Code Modèle CEB-FIP il
convient d'établir, en accord avec le client ou maître de
l'ouvrage, des limites appropriées tenant compte de la nature de la
structure
et de sa destination future. Outre les classes d'exposition
(ou conditions d'environnement), ces normes font intervenir essentiellement la
distinction entre structures en béton armé ou celles en
béton précontraint pour graduer les exigences requises en
matière de limitation de l'ouverture des fissures.
4.3.1.1. STRUCTURES EN BÉTON
ARMÉ
En règle générale et en l'absence
d'exigences particulières concernant par exemple
l'étanchéité, on peut admettre comme satisfaisant de
limiter l'ouverture caractéristique des fissures à la valeur
wk = 0,30 mm sous la combinaison d'actions
quasi-permanentes ou fréquentes pour des éléments en
béton armé. Une telle limite satisfait en principe aux exigences
normales en matière d'aspect et de durabilité pour des
éléments situés en environnement humide, chimiquement et
physiquement agressif ou non.
Cette limite peut être relevée (valeur limite
plus élevée, par exemple wk = 0,4 ou 0,5 mm)
pour des éléments en béton armé situés en
environnement sec et non agressif, si cela est acceptable pour d'autres
raisons, par exemple l'aspect.
4.3.1.2. STRUCTURES EN BÉTON
PRÉCONTRAINT
En raison du risque plus élevé de corrosion des
aciers de précontrainte, des limites plus sévères
s'imposent. En l'absence de données plus précises, il est
recommandé de limiter l'ouverture caractéristique des fissures
à wk = 0,20 mm pour les structures en béton
précontraint situées en environnement sec et non agressif.
4.3.2. ARMATURE MINIMALE
Une quantité minimale d'armature est exigée afin
d'assurer une fissuration contrôlée dans toute partie d'une
structure ou de l'un de ses éléments soumis à des
contraintes de traction dépassant la résistance à la
traction du béton. Ces contraintes peuvent résulter de toutes
combinaisons possibles de charges et de déformations imposées ou
empêchées. A défaut de
méthodes plus rigoureuses, la section d'armature minimale
requise dans les zones tendues peut être estimée au moyen de la
relation simplifiée suivante:
(4.3)
Dans laquelle :
fct,ef est la résistance à
la traction du béton effective au moment où les fissures sont
supposées se produire; à moins que les fissures n'apparaissent
à un âge très jeune.
ós2 est la contrainte maximale
admissible dans l'acier d'armature, immédiatement après
l'apparition des fissures ; cette contrainte, ainsi que l'armature minimale qui
en découle, peut être graduée comme suit :
* ós2 =fyk où
fyk est la valeur caractéristique de la limite
élastique de l'acier, s'il s'agit d'éviter l'apparition de larges
fissures isolées,
* ós2< fyk selon les
valeurs indiquées au tableau 4.2, s'il s'agit de limiter l'ouverture des
fissures à des valeurs spécifiées.
Act, est l'aire de la partie tendue de la
section de béton homogène calculée juste avant
l'apparition des fissures.
c est un facteur de réduction
tenant compte de la forme de la distribution des contraintes, dont la valeur
est généralement comprise entre 0,4 et 1,0 en fonction de la
nature des sollicitations et de la forme de la section.
- Dans le cas de sections rectangulaires.
c = 1,0 pour la traction pure.
c = 0,4 pour la flexion simple.
- Dans le cas de sections en caisson.
c = 0,9 pour les dalles / la membrure tendue.
c = 0,45 pour les âmes.
est un facteur de réduction permettant de
tenir compte de l'effet favorable sur l'effort de fissuration, sa valeur
dépend principalement de l'épaisseur h de
l'élément de structure considéré
= 0,8 pour h 0,3 m;
= 0,5 pour h = 0,8 m;
= 0,98 - 0,6h pour 0,3 < h < 0,8 m.
4.3.3. LIMITATION DES CONTRAINTES DANS L'ARMATURE
En tous les cas il est demandé de limiter, sous les
conditions de service, les contraintes de traction dans les aciers d'armature
aux valeurs maximales suivantes :
- Sous les combinaisons rares de charges:
ós,max = 0.8 fyk
(4.4.a)
- Lorsqu'elles résultent essentiellement de l'entrave
à des déformations imposées :
ós,max = fyk
(4.4.b)
Afin de limiter plus sévèrement la largeur des
fissures, conformément aux exigences requises au paragraphe 4.3.1, il
est en principe suffisant de limiter la contrainte maximale autorisée
dans les aciers, en fonction du diamètre et de l'espacement des barres
selon les indications données dans les tableaux 4.1 et 4.2. Pour ce
faire, il est nécessaire d'effectuer une distinction selon l'origine des
sollicitations provoquant la fissuration.
4.3.3.1. FISSURATION SOUS
DÉFORMATIONS IMPOSÉES
Si la fissuration résulte principalement de l'entrave
aux déformations imposées, seules les indications du tableau 4.1
doivent être respectées. Les valeurs indiquées dans ce
tableau sont valables pour un béton de classe C 30 ou inférieure.
En cas d'utilisation d'un béton de classe supérieure, il est
possible de tenir compte de l'effet bénéfique dû à
l'amélioration des propriétés d'adhérence en
augmentant les valeurs des contraintes maximales dans l'armature, de la
manière indiquée ci-après [14]
(4.5)
Où
* ós2,0 est la valeur
indiquée dans le tableau 4.2 pour`la contrainte maximale dans l'acier,
établie pour un béton de classe C 30 ou inférieure.
* fctm,0 = 2,8 N/mm2
est la valeur moyenne de la résistance à la traction pour un
béton de classe C 30.
* fctm est la valeur moyenne de la
résistance à la traction pour un béton de classe
supérieure à C 30.
Tableau 4.1 : Valeurs maximales des contraintes en
fonction du diamètre des barres
d'armature à haute adhérence, permettant
d'assurer une limitation satisfaisante
des fissures selon le Code Modèle CEB-FIP 90
[15].
Contrainte max. dans l'acier
ós2 [N/mm2]
|
Diamètre max. des barres d'armature 0 [mm] dans le cas
de structures en
|
béton armé (wk 0,3
mm)
|
béton précontraint (wk 0,2
mm)
|
160
200
240
280
320
360
400
450
|
32
25
20
14
10
8
6
5
|
25
16
12
8
6
5
4
-
|
4.3.3.2. FISSURATION SOUS CHARGES
IMPOSÉES
Pour limiter à un niveau acceptable la fissuration des
structures en béton soumises principalement à des charges
imposées, il est suffisant de respecter les dispositions prévues
dans l'un des tableaux 4.1 ou 4.2. Il s'agit donc de s'assurer que soit le
diamètre des barres soit leur espacement ne dépassent pas
certaines valeurs maximales indiquées dans ces tableaux en fonction de
la contrainte ós2 dans les aciers.
Lorsqu'elles sont utilisées pour contrôler la
fissuration sous charges imposées, les valeurs indiquées dans le
tableau 4.2 sont valables pour des structures où l'armature est
disposée de manière usuelle, c'est-à-dire lorsque le
rapport d/h ne diffère pas trop de la valeur
courante 0,9. Dans le cas contraire, des facteurs correctifs
sont définis en fonction du rapport d/h effectif dans
l'Eurocode2 ou dans le Code Modèle.
Tableau 4.2 : Valeurs maximales des contraintes en
fonction de l'espacement des barres
d'armature à haute adhérence, permettant
d'assurer une limitation satisfaisante
des fissures selon le Code Modèle CEB-FTP 90
[15].
Contrainte max. dans l'acier
ós2 [N/mm2]
|
Espacement max. des barres d'armature s [mm] dans le cas de
structures en
|
béton armé (wk 0,3
mm)
|
béton précontraint (wk 0,2
mm)
|
160
200
240
280
320
360
|
300
250
200
150
100
60
|
200
150
100
50
-
-
|
4.4. CONTRÔLE DE LA FISSURATION DANS LES CALCULS
COURANTS
Les règlements britannique et Français
recommandent à ce que l'ouverture maximale de fissures, en surface ne
dépasse pas 0,3 mm. Des fissures excessivement ouvertes affectent
l'apparence d'une structure et peuvent entraîner la corrosion des aciers
surtout dans un environnement agressif.
Cependanth
, il est à noter que le phénomène de la
corrosion en béton armé dépend principalement de
l'enrobage en béton et de sa porosité (porosité du
béton) . Dans la pratique, cette limite d'ouverture de fissures est
respectée en procédant à la limitation de la distance
maximale entre les barres tendues comme le montre la figure suivante, prise du
règlement
BS 8110
Où : taux de redistribution de moment en
?Si et seulement si h > 750 mm, les barres
distribuées sur les faces de coté (le long de la hauteur) sont
nécessaires jusqu'à une profondeur de à partir de la face tendue ; leur espacement ne doit pas dépasser 250mm. La limite maximale d'ouverture des
fissures est cependant réduite à 0,1mm pour les ouvrages devant
retenir un liquide.
4.4.1. CONTRAINTES DE TRACTION IMPOSÉES PAR LES
CONDITIONS DE
FISSURATION DU BÉTON
La théorie de fissuration permet le
calcul de la répartition et de l'ouverture de fissures de flexion et de
traction, supposée normale à la direction de l'armature.
Cette théorie, dans son état actuel, ne concerne
pas les fissures obliques d'effort tranchant, qui peuvent se développer
sur la hauteur d'un élément fléchi.
Des formules ont été établies pour les
éléments soumis à une traction simple (tirant) ou pour les
armatures tendues, d'une pièce fléchie associée à la section
du béton tendu ayant le même centre de gravité que ces armatures.
On définit le pourcentage de fissuration, comme suit :
Suivant la valeur de deux types de fissuration sont susceptibles de se produire :
- Fissuration systématique ; lors de la mise en
traction des armatures, l'effort transmis au béton est supérieur
à son effort de rupture. Les contraintes de traction sont
données par la relation :
-Fissuration accidentelle ; due aux effets du retrait, de
variation de température, etc. Les contraintes de traction admissible
sont indépendantes de et pour valeur :
Où : - est le diamètre nominal, exprimé en mm, de la plus grosse
barre tendue.
- : Coefficient de fissuration
Pour les barres lisses.
Pour les barres à haute adhérence.
- Contrainte de traction du béton en bars ( kgf/cm2)
- est un coefficient qui a pour valeur :
1,5.106 si la fissuration est peu nuisible
1.106 si la fissuration est préjudiciable, parce
que les éléments sont exposés aux intempéries,
condensation, brouillards salins, etc. ou bien sont des ouvrages à la
mer.
- 0,5.106 si la fissuration est très
préjudiciable parce que les éléments sont en contact avec
l'eau ou exposés à un milieu agressif ou bien parce qu'ils
doivent assurer une étanchéité.
Aux valeurs précédentes et on doit ajouter le terme 300 lorsque les ouvrages sont en milieu constamment humide, sauf lorsqu'il
s'agit d'ouvrage à la mer.
4.4.2. ALLONGEMENT DE L'ACIER SELON LE BAEL
Le BAEL admet que lorsque la fissuration systématique
est atteinte, la diminution de l'allongement de l'acier peut être
évaluée par la quantité :
à condition que
: module d'élasticité de l'acier.
: contrainte de l'armature au droit des fissures.
: Contrainte de traction du béton à j jours
: est le rapport de la section d'armatures tendue à une
aire de béton tendu
4.4.3. LA FISSURATION CRITIQUE
La charge de fissuration qui vient d'être ainsi
définie est celle qui, au stade des tractions moyennes, provoque les
premières fissures superficielles visibles du béton tendu. Ces
fissures ne sont pas forcément graves et préjudiciables à
la tenue de l'ouvrage, comme le montre l'examen des pièces tendues en
service qui, pour la plupart, sont fissurées superficiellement.
Lorsque la charge augmente au-delà de
Qf correspondant à la fissuration superficielle,
les fissures s'agrandissent et ce propagent à l'intérieur de la
pièce, vers les armatures. Finalement, elles atteignent celles-ci en un
ou plusieurs points, et même sur tout leur contour. La charge
Qcr à partir de laquelle l'armature commence à se
trouve en contact avec le milieu
extérieur par le canal des fissures donne la valeur de
la résistance de la pièce à la fissuration critique.
Cette fissuration sera critique si la pièce est
exposée aux intempéries. On peut craindre en effet que les eaux
de ruissellements pénètrent par capillarité dans les
fissures. Les atmosphères corrosives (air marin ou sulfureux) sont
également nocives et peuvent désorganiser rapidement
l'ouvrage.
La charge de fissuration critique est donnée par la
formule suivante :
Qcr = (B-A) ób + A x 100 ( -
* B : section du béton tendu
* A : section des armatures tendue
* : contrainte dans le béton
* c : étant l'écartement des armatures.
On voit que cette charge varie en sens inverse de
l'écartement des aciers, ce qui est logique. L'allongement du
béton étant d'autant plus régulier que l'acier est mieux
divisé et réparti au sein de celui-ci. Donc la formule montre
bien l'influence des nombres de barres de petit diamètre et de leur
écartement qui est d'autant petit que le nombre des barres est
élevé.
CHAPITRE 5
ESTIMATION DES OUVERTURES DE FISSURES
5.1. INTRODUCTION
L'importance de la fissuration ainsi que l'ouverture minimale
à partir de laquelle une fissure est considérée comme
importante dépendent de la fonction des éléments
structuraux ainsi que des conditions d'exposition du béton. Selon
[2] Reis et al ont proposé des valeurs de largeur de
fissure pouvant être considérées comme acceptables. Ces
valeurs, qui constituent un bon guide, sont les suivantes :
- Éléments intérieurs : 0,35mm.
- Éléments extérieurs utilisés
dans des conditions normales d'exposition : 0,25mm.
- Éléments extérieurs exposés
à un environnement particulièrement agressif : 0,15mm.
Bien que cela soit variable d'un observateur à l'autre,
la largeur de fissure minimale visible à l'oeil nu est d'environ 0,10
mm. La détermination de l'ouverture ou largeur des fissures peut se
faire avec des appareils grossissants simple.
5.2. ESTIMATION DES OUVERTURES DE FISSURES
La fissuration du béton est un processus hasardeux,
hautement aléatoire et influencé par plusieurs facteurs. A cause
de la complexité du problème, les méthodes actuelles qui
permettent de prédire l'ouverture maximale d'une fissure sont
basées essentiellement sur des constatations expérimentales. Donc
ces méthodes ne peuvent que prédire l'ouverture maximale la plus
probable ; il restera toujours des possibilités de fissures
isolées pouvant avoir des ouvertures bien au-delà de celles
prédites.
5.2.1. CONSTATATION
EXPÉRIMENTALES
Les observations ont montré qu'en
général, les fissures prennent naissance en tant que
micro-fissures puis se développent en fissures avec des ouvertures
mesurables. Une fissure devient visible à l'oeil nu à partir
d'une ouverture de l'ordre de 0,1 mm
L'ouverture d'une fissure de flexion, par exemple, diminue
d'un maximum à la face la plus tendue à zéro au niveau de
l'axe neutre dans le cas des pièces fléchies.
L'enrobage est un paramètre important dans l'ouverture
et l'espacement des fissures. Des essais faits par Broms ont montré
qu'en général, une augmentation de l'enrobage augmente
l'espacement des fissures et augmente aussi leur ouverture
[32].
Une poutre armée avec des aciers rond-lisses
développe peut de fissures mais avec des ouvertures assez larges,
pendant qu'une poutre avec des aciers à haute adhérence
développera plus de fissures avec des ouvertures très fines
presque invisibles sous les charges de service. Ceci est surtout dû aux
saillies (déformations à la surface des barres) qui augmentent la
résistance au glissement acier-béton et donc améliore
l'adhérence acier-béton, éliminant ainsi les
possibilités de fissures larges . Le deuxième paramètre
lié aux aciers et qui a une influence importante sur l'ouverture des
fissures est leur contrainte. Des études faites par Gergly et Lutz [47] ont
confirmé que l'ouverture d'une fissure est proportionnelle à la
contrainte des aciers, ; cette contrainte pouvant être calculée en ce basant
sur une analyse élastique d'une section fissurée. Dans ce sens,
les travaux de Beeby [48] ont montré que l'ouverture
d'une fissure est proportionnelle à la déformation moyenne au
niveau où la fissuration est considérée. Une fissure est
ouverte au maximum à la surface de l'élément et se
retraicit en profondeur jusqu'à un minimum au niveau de l'interface
acier- béton, ceci justifie l'hypothèse de non glissement
acier-béton et nous permet de déduire que l'ouverture d'une
fissure est aussi fonction de la distance à la barre la plus proche.
5.2.2. ETAT LIMITE D'OUVERTURE DES FISSURES
Les formes et dimensions de chaque élément de
structure, ainsi que les dispositions des armatures, sont
généralement conçues de manière à limiter la
probabilité d'apparition des fissures d'une largeur supérieure
à celle qui serait tolérable en raison du rôle et de la
situation de l'ouvrage : aspect des parements,
étanchéité des parois, corrosion.
Les principaux paramètres qui interviennent dans la
limitation de l'ouverture des fissures sont:
- Le pourcentage des armatures tendues
- Les diamètres de celle-ci qu'il faut proportionner
aux dimensions transversales des pièces
- Leur répartition et leur contrainte de traction
- L'espacement entre deux fissures.
- L'éclatement du béton au niveau de la
fissure.
- L'adhérence acier-béton.
- La section d'enrobage de béton à travers
laquelle est transmise la traction de l'acier vers
le béton.
5.3. THÉORIE DE LA FISSURATION
5.3.1. APPARITIONS SUCCESSIVES DES FISSURES
Aussitôt après l'apparition de la première
fissure, les tractions qui se répartissaient avant fissuration entre le
béton et les armatures sont uniquement transmises par les barres
à travers la fissure.
L'allongement de ces barres par rapport au béton met en
jeu les efforts de liaison et la contrainte de traction du béton, nulle
sur les lèvres de la fissure, croit lorsqu'on s'écarte de
celle-ci. La distance à laquelle cette contrainte atteint la
résistance à la traction du béton est la distance minimale
à laquelle une nouvelle fissure peut se former au voisinage de la
première.
Si deux fissures se sont formées à une distance
inférieure au double de la distance minimale (voir méthodes
d'estimation des ouvertures et de l'espacement de fissures), la contrainte du
béton ne pourra pas atteindre, entre ces deux fissures, une valeur
suffisante pour qu'une autre fissure intermédiaire se produise.
Si la résistance à la traction du béton
et la contrainte de rupture d'adhérence étaient parfaitement
définies, l'espacement entre les fissures varierait entre une et deux
fois l'espacement minimal et l'espacement moyen (moyenne des espacements)
serait égal à 1,5 fois ce dernier. L'irrégularité
naturelle de ces divers facteurs augmente la possibilité de variation de
l'espacement.
5.3.2. FORMULE D'ESTIMATION DES OUVERTURES ET DE
L'ESPACEMENT
DE FISSURES
5.3.2.1. MÉTHODE DE BEEBY
Parmi les formules empiriques, on retrouve celle
proposée par Beeby [48] (British Cément
Association) et qui est adoptée actuellement dans les règlements
Britannique et Australien, elle est basée sur l'hypothèse que
l'ouverture des fissures, nulle au niveau de l'armature, n'existe que sur le
parement du béton, et que la largeur des fissures ne dépend que
des déformation du béton entourant l'armature :
(5.1)
Où :
Cmin : enrobage minimum des aciers tendus
h : hauteur totale de la section
x : profondeur de l'axe neutre, calculée en se
basant sur les hypothèses d'une section fissurée
acr = distance à partir du point
considéré à la surface de la barre la plus proche
= déformation moyenne au niveau où la fissuration est
considérée ; cette déformation est calculée en
tenant compte des effets du fluage
(5.2)
Avec :
: déformation au niveau considéré, calculée
à partir des hypothèses d'une section fissurée
et un module d'élasticité à
long-terme (fluage).
: largeur de la section de béton au niveau des armatures
: distance de la face de compression au point considéré
pour la fissuration
: section d'acier.
Une valeur négative de indique que la section est non fissurée.
Il est intéressant de voir ci-dessous les cas
particuliers d'application de cette formule :
?1er cas : directement au dessous d'une
barre
La distance acr devient égale à
l'enrobage Cmin et l'équation devient :
(5.3)
dans ce cas, on voit comment l'ouverture d'une fissure est
directement proportionnelle à l'enrobage des aciers tendus.
?2ème cas : quand acr
est assez grand devant Cmin (Cmin est négligeable
devant acr).
L'équation devient :
(5.4)
Pour un élément donné, est maximum à la face la plus tendue ; à cet
endroit, si (h-x) est assez petit,les fissures ont moins de chance de
dépasser les limites permises (0,3 mm pour le BAEL). (h-x)
représente approximativement la longeur de la fissure.
Cette expression explique pourquoi une fissuration excessive se produit très
rarement dans les dalles sous les charges de services ; l'épaisseur
des dalles n'excédant pas en général 200 mm, d'où
la faible valeur (h-x) conduisant à une ouverture de fissure assez
réduite.
On constate ainsi, que le cas où la fissure est assez
loin d'une barre, son ouverture est proportionnelle à la longueur de
cette fissure, (h-x).
La distance moyenne retenue entre les fissures est : et
5.3.2.2. MÉTHODE DE GERGELY-LUTZ
Cette méthode [47] est adoptée par
le règlement Américain ACI, elle s'énonce comme
suit :
(5.5).
Avec :
= ; rapport de la distance entre l'axe neutre et la fibre tendue,
et l'axe neutre et le centre de gravité de l'acier (figure 5.1). En
général avoisine 1,2.
: contrainte dans l'acier dû à la charge
appliquée.
: épaisseur de l'enrobage de la face de tension au centre
de la barre la plus étroite (mm).
: section de symétrique de béton avec l'acier
divisée par le nombre de barre.
Figure 5.1 : géométrie des facteurs
de la formule de Gergely-Lutz.
Cette expression a été modifiée par le
comité ACI 224, elle a présentée sous la forme
suivante :
(5.6).
Les recommandations du règlement Américain
concernant les ouvertures maximales des fissures sont résumées
par le tableau ci-dessous :
Condition d'exposition
|
Ouverture de fissure tolérable
|
Air sec ou présence de membrane protectrice
|
0,41mm
|
Humidité, air humide, sol
|
0,3mm
|
Eau de mer, proximité d'eau de mer, cycle ;
humide-sec
|
0,15mm
|
Structures retenant un liquide
|
0,1mm
|
5.3.2.3. MÉTHODE DE JACCOUD
Sur la base de nombreux essais sur tirants [42],
il a été possible de déduire la relation suivante
définissant la valeur probable moyenne de l'ouverture des fissures
risquant d'apparaître en phase de formation des fissures :
(5.7)
Il s'agit d'une relation simplifiée, ne prenant pas en
compte de manière rationnelle tous les paramètres, mais
permettant néanmoins d'estimer l'ouverture probable des fissures avec
une précision suffisante compte tenu de l'inévitable et grande
dispersion du phénomène.
Les termes intervenant dans la relation (1) ont la
signification suivante :
* est la longueur d'introduction, Jaccoud [42] a
montré que la longueur de transmission
pouvait être estimée au moyen de la relation :
(5.8)
Avec:
s : espacement des barres en mm
k : coefficient valant respectivement 1 ou 0,5 dans les
cas de la traction pure ou de la traction par flexion simple
* l'allongement relatif du béton supposé libre sur la
longueur 0,7 lr.
* : l'allongement relatif de l'acier d'armature calculé en
état fissuré (en négligeant toute contribution du
béton tendu).
5.3.2. 4. MÉTHODE DE FERRY-BORGES
Une formulation plus réaliste fut proposée sur
une base empirique en premier lieu par Ferry-Borges [43] et
utilisée depuis lors jusqu'à la fin des années 80 par de
nombreux chercheurs et dans de nombreuses normes ou manuel [44], [42]
et [16].
L'espacement moyen des fissures , qui est proportionnel à la longueur de transmission peut être exprimé au moyen d'une relation du
type :
(5.9)
dans laquelle :
*: l'enrobage .
* k1 et k2 sont des coefficients.
* : diamètre de la ou des barres d'armatures
* : pourcentage effectif d'armature tendue.
La relation suivante valable uniquement dans le cas d'armature
disposée en une seule nappe près des parements et quelle que soit
la nature des sollicitations (de traction ou de flexion) :
(5.10).
Dans laquelle :
* =As/Ac : le pourcentage
d'armature tendu rapporté à l'aire de la section transversale
totale de béton Ac
* s : l'espacement des barres d'armature tendue, en
mm.
* óc : la contrainte maximale (sur la
fibre extrême) de traction du béton, calculée
en état non fissuré; óc
= fct,ef s'il s'agit de
déformations imposées;
* : coefficient valant respectivement 1,0 et 0,5 dans
le cas de la traction pure et de la
flexion simple;
* ' : coefficient valant respectivement 1,0 et 0,25 dans
le cas de la traction pure et de la
flexion simple (pour une section rectangulaire pleine).
L'équation (5.10) met clairement en évidence les
principaux paramètres dont dépend l'ouverture
des fissures. Outre le niveau de sollicitations, il s'agit :
* De la quantité d'armature; en
première approximation, l'ouverture des fissures est en effet
inversement proportionnelle au pourcentage d'armature .
* De la répartition de l'armature; l'ouverture
des fissures est d'autant plus faible que l'espacement des barres s est plus
serré.
L'équation (5.10) ne tient compte des
propriétés d'adhérence béton-armature et de la
contribution du béton tendu entre les fissures que de manière
imparfaite au moyen des coefficients admis égaux à 0,7 et 1,5,
indépendamment des propriétés réelles du
béton et des barres d'armatures à haute adhérence. En
particulier sous déformations imposées, cette équation
semble indiquer que l'ouverture des fissures est proportionnelle à la
valeur effective de la résistance du béton à la traction
óc = fct,ef . Des études
et essais récents, en particulier de Farra [45], ont
montré qu'il n'en était rien : lorsque la classe de
résistance du béton augmente, l'accroissement de la
résistance à la traction est pratiquement compensé par une
diminution de la longueur de transmission due à l'amélioration
des propriétés d'adhérence béton-armature .
5.3.2.5. MÉTHODE EUROPÉENNE DU CODE
MODÈLE
Pour mettre en évidence l'effet des
propriétés du béton et des propriétés
d'adhérence béton-armature sur les ouvertures de fissures, il est
indispensable de calculer celles-ci par une méthode analytique
basée sur une relation contrainte d'adhérence-glissement. En
accord avec le Code Modèle [15], ce modèle
d'adhérence peut être utilisé pour prédire le
comportement mécanique d'un tirant de béton armé, en
particulier sa déformation, la distribution des contraintes, la
formation des fissures et l'ouverture probable des fissures.
La relation plus rigoureuse suivante définissant la
valeur moyenne probable de l'ouverture des fissures en phase de formation des fissures :
(5.11)
Dans laquelle :
* = Es/Ec ;
* et sont des coefficients dont les valeurs numériques sont encore
très controversées. Dans le cas de sollicitations statiques de
courte durée il a été notamment proposé :
- Par Farra [45] : = 0,4 ; 0,95 ; = 0,3 ;
- Pour une extension du Code Modèle
[14] : = 0,22 ; = 1,0 ; = 0,21 ;
* et sont respectivement la résistance moyenne à la
compression sur cylindre
et la résistance effective à la traction du
béton.
* est le module d'élasticité de l'acier d'armature.
* et sont respectivement le diamètre et pourcentage effectif des
barres d'armature
tendue.
Les solutions données par l'équation (5.11) sont
comparées à de nombreux résultats mesurés sur 135
tirants par Farra [45], pour trois pourcentages d'armature
(tirants à section transversale de faible dimension : Ac,ef
=Ac et ef = ) et diverses
compositions de béton (avec ou sans ajout de fumée de silice) de
résistances moyennes à la compression sur cylindre échelonnées entre 30 et 90 N/mm2 (fig.5.2). Il ressort de
cette étude que, sous déformations imposées usuelles
(imp 0,3 à 0,5%.), l'ouverture des fissures ne
dépend pratiquement pas de la classe de résistance du
béton, contrairement à ce que semblent indiquer les
équations simplifiées (5.7) et (5.10), ou d'autres formulations
empiriques équivalentes [44], [43] et
[16].
Fig.5.2 : Comparaison entre les valeurs moyennes
calculées selon éq. (5.11)
et mesurées de l'ouverture des fissures, pour
des tirants de béton armé sollicités par une
déformation imposée de courte durée
[45].
Par rapport à la relation de Jaccoud (5.7), la
méthode du Code Modèle (5.11) présente donc l'avantage de
tenir compte de manière explicite des propriétés
déterminantes du béton pour la fissuration, à savoir la
résistance à la traction et l'adhérence. Compte tenu de la
grande dispersion inhérente au phénomène, les solutions
livrées par les deux équations ne diffèrent toutefois pas
trop, du moins pour les bétons de résistance usuelle (fig.5.4).
Ce n'est que pour les bétons à haute résistance que la
méthode de Jaccoud sous-estime de manière non négligeable
l'effet bénéfique résultant de la nette
amélioration des propriétés d'adhérence; le recours
à la méthode plus exacte peut s'avérer avantageux dans ces
cas-là.
Lors du passage de la phase de formation des fissures à
celle de fissuration stabilisée, l'espacement entre les fissures se
réduit progressivement au fur et à mesure de l'apparition de
nouvelles fissures et finit par se stabiliser vers une valeur comprise entre
une et deux fois la longueur de transmission. On admet généralement la valeur moyenne suivante pour
l'espacement des fissures en phase de fissuration stabilisée :
(5.12).
L'ouverture moyenne des fissures en phase de fissuration
stabilisée est égale au produit de l'espacement moyen par
l'allongement relatif moyen de l'armature sm :
(5.13).
5.3.2.6. MÉTHODE DE LOO-CHOWDHURY
Loo et Chowdhury [38] ont proposé la
formule suivante :
(5.14)
Avec :
: l'ouverture de fissure, en (mm)
: la contrainte des aciers.
: module d'élasticité de l'acier.
c : l'enrobage en mm
s : l'espacement des barres d'armature tendue, en mm.
: le diamètre des barres d'armature tendue, en mm..
: le pourcentage des armatures principales.
5.3.2.7. OUVERTURE MAXIMALE DES FISSURES
Dans ce qui précède nous avons donné
diverses formules permettant d'estimer l'ouverture probable moyenne des
fissures. Aussi bien les observations sur ouvrages réels que les mesures
effectuées lors d'essais en laboratoire mettent en évidence la
difficulté à caractériser l'ouverture des fissures par une
valeur objective et univoque, tant leur largeur peut varier le long d'une
même fissure ou d'une fissure à l'autre. Ces variations
étant dues principalement à la nature aléatoire du
phénomène, les fissures étant plus ou moins continues et
plus ou moins ramifiées, ainsi qu'à la variabilité de la
résistance du béton à la traction et de ses
propriétés d'adhérence.
Ainsi, l'ouverture maximale des fissures ou
l'ouverture caractéristique associée à un
fractile de 95% (si l'on s'exprime de manière plus rigoureuse) peut
être déduite comme suit à partir de la valeur moyenne :
(5.15)
Où le coefficient multiplicateur est usuellement admis
égal à 1,5 [15] et [38].
Certaines recherches et certaines publications indiquent que la valeur de
pourrait varier entre 1,3 et 1,7 selon la nature des sollicitations et les
dimensions de l'élément se fissurant [16].
5.4. FACTEURS D'INFLUENCE PRÉPONDÉRANTS
5.4.1. CAS DE DÉFORMATIONS IMPOSÉES EN PHASE
DE FORMATION DES
FISSURES
L'analyse des figures 5.3 à 5.5 permet de tirer les
conclusions suivantes concernant la fissuration résultant de
déformations imposées :
- La fissuration est influencée de manière
prépondérante par la quantité d'armatures
(fig.5.3). En première approximation, l'ouverture des
fissures est en moyenne inversement proportionnelle au pourcentage d'armature
ou au pourcentage effectif ef dans le cas
d'éléments de forte épaisseur.
- L'ouverture des fissures est également
influencée d'une manière importante par la répartition de
l'armature, c'est-à-dire le choix du diamètre ou de l'espacement
des barres
(fig. 5.4).
- Des conditions d'adhérence adaptées à
la position des barres et aux conditions de mise en oeuvre du béton,
éventuellement différentes des valeurs moyennes admises en
général, peuvent jouer un rôle important sur l'ouverture
des fissures, bien qu'en réalité il est très difficile
d'en tenir compte pour le dimensionnement (fig. 5.5).
-L'ouverture des fissures n'est influencée que dans une
faible mesure, pratiquement négligeable, par la classe de
résistance du béton et, par conséquent, par la valeur de
sa résistance à la traction.
Fig.5.3 : Influences du pourcentage d'armature et
de la résistance du béton sur l'ouverture des
fissures : (a) selon la
méthode de Jaccoud ; (b) selon la méthode européenne du
Code
Modèle[45].
Fig.5.4 : Influence de diamètre des barres
d'armatures sur l'ouverture des fissures. [45].
Fig.5.5 : Influence des conditions
d'adhérence béton-armature sur l'ouverture
des fissures
[45].
5.4.2. CAS DES CHARGES IMPOSÉES EN PHASE DE
FISSURATION STABILISÉE
La figure 5.6 montre en particulier comment évolue
l'ouverture moyenne des fissures pour différents bétons, lorsque
la contrainte dans les aciers en état fissuré
ós2 augmente sous charge imposée. On peut
constater à partir de cette fissure que l'évolution de son
ouverture moyenne varie linéairement avec l'augmentation de la
contrainte des aciers. Cependant, cette évolution est plus rapide pour
des bétons de faible résistance.
Le premier segment de faible pente, correspondant à la
phase de formation des fissures, et le second segment de pente plus forte
correspondant à la phase de fissuration stabilisée.
Fig.5.6 : Influence de la résistance du
béton et de la contrainte
dans l'armature sur l'ouverture des
fissures [45].
Deuxième Partie
ANALYSE EXPÉRIMENTALE
CHAPITRE 6
PROGRAMME EXPÉRIMENTAL
6.1. INTRODUCTION
Nous présenterons dans ce chapitre une revue sur les
bétons à hautes performances et la campagne expérimentale
menée dans cette étude. Nous présenterons également
le matériel ainsi que les compositions des bétons
utilisés et les paramètres d'essais.
On appelle bétons à hautes performances les
bétons « BHP » qui ont non seulement des
résistances mécaniques plus élevées que celles des
bétons ordinaires mais aussi une meilleure durabilité à
long terme du fait qu'ils sont plus denses et compactes et donc
imperméables.
Dans les années 1970, la résistance à la
compression du béton utilisé dans des colonnes de quelques
gratte-ciel était supérieure à celle des bétons
ordinaires, il était donc tout à fait légitime d'employer
l'expression « béton à haute
résistance ». Ces nouveaux bétons n'étaient
utilisés qu'à cause de leur résistance à la
compression supérieure à celle des bétons ordinaires de
cette époque. En fait, avec le recul et les progrès
technologiques, on peut même considérer que ces premiers
bétons à haute résistance étaient simplement des
bétons ordinaires améliorés, fabriqués avec la
même technologie, à l'aide des matériaux de qualité
choisis avec beaucoup plus de soin et leur mise en oeuvre bien
contrôlés.
Les années 1980, ont vu la naissance des bétons
à hautes performances produits industriellement avec
des résistances en compression dépassant 60 MPa.
A l'heure actuelle, quatre pays développent
particulièrement l'utilisation des BHP, la Norvège orienté
essentiellement vers les structures Offshore, les Etats-Unis et le Canada
intéressés par la construction des gratte-ciels, et la France
orienté ses efforts vers les ouvrages d'art. A ces trois domaines
principaux, il faut ajouter quelques applications plus particulières,
comme les éléments préfabriqués pour le
bâtiment, les chaussées, les assainissements, les tunnels et
encore les centrales nucléaires.
Citons quelques exemples d'applications à travers le
monde :
· La Grande Arche de la
Défense construite à Paris (1988-1989) avec des
mégapoutres de 9.50 m et d'une portée de 70 m et un BHP de = 66 MPa (figure 6.1 (a)).
Le Scotia Plaza
(gratte-ciel) construit en 1987-1988 à Toronto au
Canada avec un BHP ayant = 88 MPa (figure 6.1 (b)).
Le Two Union Square Building (1988-1989), un
édifice de 58 étages, à Seattle aux Etats Unis, où
la charge est supportée par quatre poteaux circulaires chemisés
de 2.5 m
de diamètres et construite avec BHP ayant =119 MPa (la 1ère fois dans le monde que l'on utilise
un béton ayant cette résistance) (figure 6.1 (c)).
Le Water Tower Place, construit à
Chicago (1975). La résistance du béton s'est élevée
progressivement de 20, 30, 40, 50 à 60 MPa. Un des avantages des BHP
puisque en faisant simplement varier la résistance du béton pour
construire les poteaux de l'édifice, il leur a permit de leur conserver
une section constante, ce qui a permis d'utiliser un seul coffrage pour tous
les poteaux de l'édifice (économie de main-d'oeuvre) (figure 6.1
(d)).
Le One Wacker Place (Chicago),
la résistance du béton est = 80 MPa pour les poteaux, celle des planchers constitués de
dalles de béton de 1.15 m d'épaisseur est = 60 MPa (figure 6.1 (e)).
Le pont sur le Rhin à
Strasbourg, qui a consommé 10.000 m3 de BHP ayant
= 100 MPa. (figure 6.1 (f)), et le pont de Normandie (figure
6.1 (g)).
Les Tours Jumelles en
Malaisie : les Tours les plus élevées au monde avec
452m
de hauteur construites d'un béton de 80 à 104 MPa
entre 1993 et 1996 (figure 6.1 (h)).
(a) Arche de la Defense (b) Scotia
Plaza (c) Two Union Square (d) Water Tower Place
(France)
(Toronto) (USA)
(Chicago)
(e) : Le One Wacker Place (f) : Le pont
sur le Rhin à (g) : le pont de
Normandie
(Chicago)
(Strasbourg)
(France)
(h) : Les Tours Jumelles
(Malaisie)
Figure 6.1 : Exemples d'applications du
BHP
Durant les dernières décennies, les chercheurs
ont élaboré plusieurs travaux scientifiques, dans la perspective
d'améliorer les propriétés constructives des BHP frais et
durci.
Les propriétés d'usage des bétons
à hautes performances sont des sujets d'étude dans
différents points du monde, et un certain nombre de travaux portant sur
les caractéristiques physico-mécaniques de ces bétons ont
été publiés.
Notons que pour obtenir un BHP, il faut :
- Une sélection de granulats résistants et une
granularité permettant d'obtenir une compacité optimal du
béton et une meilleure adhérence avec la pâte de ciment.
- Le choix d'un ciment portland avec moins de C3A,
composée à vide d'eau.
- L'utilisation des ajouts minéraux
tels que la fumée de silice ou laitier de hauts fourneaux.
- L'utilisation d'un rapport E/C au dessous de 0,4
(quantité d'eau réduite au stricte minimum).
- L'utilisation des superplastifiants pour compenser la perte
de maniabilité.
« Le béton à haute
performance a acquis ses lettres de noblesse en étant perçu comme
un nouveau type de béton. Ce béton qui ne peut être produit
n'importe comment ni par n'importe qui, est très surprenant tant ses
performances et ses possibilités d'applications sont vastes. C'est un
matériau de haute technologie. La résistance à la
compression d'un tel béton peut atteindre des valeurs supérieures
à 100 MPa et dans de rares cas 120 MPa à 150 MPa, selon la nature
des granulats et son dosage en ciment, etc. »
Pierre-Claude
Aïtcin, janvier 2001
6.2. CLASSIFICATIONS DES BÉTONS
La classification actuelle des bétons est basée
sur la résistance en compression à 28 jours (figure 6.2). Un
Béton Ordinaire (BO) à une résistance comprise entre 20 et
40 MPa, un Béton à Hautes Performances (BHP) à une
résistance située entre 40 et 80 MPa (BAEL 91), Pour des valeurs
comprises entre 80 et 120 MPa, on parle de Bétons à Très
Hautes Performances (BTHP) et au-delà, de Bétons à Ultra
Hautes Performances (BUHP) tel que les Bétons de Poudres
Réactives (BPR).
40
20
120
80
BO
BHP
Résistance
fc28 (MPa)
BTHP
Figure 6.2 : Echelle de classification des
bétons en fonction de la résistance .
La réglementation française pour le
dimensionnement de structures en béton armé et
précontraint (BAEL99 et BPEL99) est valable pour des bétons dont
la résistance varie entre 20 et 60 MPa. L'utilisation de bétons
de résistance supérieure à 40 MPa est donc appelée
à être développée par les constructeurs dans un
avenir proche.
6.2.1. DIFFÉRENTES CLASSES DE BHP
Les BHP sont divisés en cinq grandes catégories
correspondant chacune à une plage de résistance de 25 MPa
[21]. La classe I représente les BHP qui ont une
résistance à la compression comprise entre 50 et 75 MPa, la
classe II une résistance comprise entre 75
et 100 MPa, la classe III une résistance comprise entre
100 et 125 MPa, la classe IV une résistance comprise entre 125 et 150
MPa et la classe V une résistance supérieure à 150 MPa
(tableau 6.1). Les deux dernières classes correspondent en France aux
bétons à très haute performance (BTHP).
Tableau 6.1 : Les différentes classes de
BHP
Résistance à la compression
|
50
|
75
|
100
|
125
|
150
|
Classe de BHP
|
I
|
II
|
III
|
IV
|
V
|
Ces résistances à la compression sont celles
obtenues sur des cylindres de 100 x 200 mm mûris de façon
normalisée comme pour les béton usuels et mis à l'essai
à 28 jours.
6.3. BHP RENFORCÉS DE FIBRES
La tendance d'une résistance à traction faible
par comparaison à celle de la compression est maintenue pour le BHP.
Cette tendance est même mieux mise en évidence du fait que pendant
que la résistance à la compression croit pour doubler ou tripler
(de 20 à 60MPa), celle à la traction passe de 3 MPa à 4
jusqu'à 5 MPa. Le rapportest d'avantage réduit pour atteindre. Avec l'augmentation de la résistance à la compression le
BHP devient peu ductile, et donc ajouté au manque de ductilité
des bétons en général tel que constaté lors des
différents séisme qui se sont produit à travers le monde.
Cette fragilité entraîne des problèmes de
conception et de dimensionnement pour certains types de structures
particulièrement à l'ELU. Néanmoins, ce comportement
fragile peut être évité par adjonction de fibres
métalliques à la composition initiale du béton. Ces
dernières jouent un rôle de renforcement qui compense la
fragilité du béton par couture d'abord de la microfissuration et
puis couture de la macrofissuration.
Certains projet et essais de chantier comportant l'utilisation
de BHP renforcés de fibres ont été récemment
conduits par des chercheurs de l'université de Sherbrooke : dans un
projet particulier, le recouvrement en béton bitumineux d'un tablier de
pont orthotrope en acier a été remplacé par une couche de
50 mm d'épaisseur de BHP renforcé de fibres. Ce projet a permis
de voir qu'il était possible de concevoir, produire et livrer un BHP de
chantier très résistant et très ductile en utilisant des
fibres d'acier.
On peut incorporer des fibres d'acier dans les BHP chaque fois
que la fragilité du béton représente une limitation
à son utilisation. Par exemple, des fibres d'acier peuvent être
utilisées dans des régions où les risques sismiques sont
élevés, et dans des éléments où la
résistance au cisaillement du béton doit être
augmentée, et dans ce contexte, des chercheurs s'intéressent
actuellement au remplacement des armatures transversales par les fibres
métalliques du fait que le coût de la mise en place d'un grand
nombre de cadres peut devenir excessif et ou tout au moins plus coûteux
que celui des fibres [21].
6.3.1. RÔLE DE FIBRES
Lorsque la charge appliquée au béton s'approche
de la charge de rupture, les fissures se propagent parfois rapidement en
ouverture et en longueur. Les fibres noyées dans le béton
permettent de bloquer le développement de cette fissuration en la
couturant (figures 6.3 et 6.4)
Figure 6.3: Fissuration en BHP sans fibres.
Figure 6.4 : Fissuration en BHP avec ajout des
fibres d'acier (couture d'une
fissure) [51].
Les barres d'armature en acier jouent un rôle analogue,
car elles agissent comme des fibres de grande longueur. Les fibres courtes et
discontinues ont cependant l'avantage de se mélanger et de se disperser
dans le béton de façon uniforme.
Il existe de nombreuses variétés de fibres
métalliques qui se différencient par leur diamètre, leur
section (circulaire, carrée), leur limite élastique, leur
longueur et leur mode d'élaboration. Elles peuvent être
rectilignes, ondulées, tronqués ou présenter des
élargissements aux extrémités figure (6.5).
Les fibres munies de crochets à chaque
extrémité sont celles qui présentent le plus d'avantages
à cause de leur bonne adhérence mécanique. Elles sont
fabriquées en acier étiré à froid, ayant une
résistance à la traction minimale de 1100 MPa. Elles se
présentent sous forme de petites plaquettes de fibres (30 à 40
fibres), accolées avec un produit soluble dan l'eau, ce qui facilite
leur incorporation dans le béton et le malaxage. Au contacte de l'eau de
gâchage, les fibres se libèrent aléatoirement dans la masse
du béton en reprenant leur élancement unitaire. On obtient ainsi
une meilleure homogénéité du matériau.
Ces fibres travaillent par déformation des crochets qui
se redressent lors du glissement de la fibre dans la matrice, figure (6.6).
C'est ce type de fibres qui a été utilisé dans nos essais,
figure (6.7).
Figure 6.5 : Différents types de
fibres
Figure 6.6 : La fibre à crochets
Figure 6.7 : Les fibres d'acier
utilisées dans nos essais.
6.3.2. AVANTAGES DE FIBRES
Les fibres peuvent remplacer le treillis soudé, afin
de maîtriser la fissuration de retrait, parce que les treillis
soudés sont souvent utilisés pour éviter le
phénomène de retrait du béton,
Les fibres retardent la microfissuration et améliorent
le comportement post-fissuration en maintenant les différents blocs de
béton. Elles empêchent le retrait au jeune age et s'opposent au
faençage (le faïençage correspond à l'apparition de
nombreuses fissures très fines qui forment un réseau hexagonal ou
octogonal). Le retrait du béton peut être diminué de 35 %
ou moins si l'on ajoute 1,5 % de fibres par volume.
Les fibres améliorent la ductilité du
béton durci et à un degré moindre la résistance
à la traction.
Les fibres augmentent la résistance au choc du
béton.
Les fibres réduisent le fluage,
c'est-à-dire la déformation du béton avec le temps sous
une contrainte constante. Par exemple, le fluage en traction d'un béton
renforcé de fibres d'acier peur représenter seulement 50 à
60 % de celui d'un béton ordinaire et le fluage en compression, 10
à 20 %.
Parmi les fibres les plus utilisées, nous citons les
fibres d'acier, de verre, d'amiante et de polypropylène (tableau
6.1).
Tableau 6.2 : Propriétés physiques
et mécaniques de certaines fibres.
Fibre
|
Diamètre (ìm)
|
Densité
|
Allongement
de rupture (%)
|
Module d'élasticité (GPa)
|
Résistance en traction (GPa)
|
Acier
|
5-500
|
7,8
|
3-4
|
200
|
1-3
|
Verre
|
9-15
|
2,6
|
2-3,5
|
80
|
2-3
|
Polypropylène
|
7,5
|
0,9
|
20,0
|
5
|
0,5
|
Amiante
|
0,02-20
|
2,5-3,4
|
2,3
|
200
|
3
|
Si le module d'élasticité de la fibre est
élevé par rapport au module d'élasticité du
béton, les fibres reprennent une part des charges, augmentant ainsi la
résistance à la traction du matériau. L'augmentation du
rapport longueur/ diamètre des fibres accroît habituellement la
résistance à la flexion et la ténacité du
béton. Les valeurs de ces rapports sont généralement
comprises entre 40 et 100, des fibres de trop grande longueur ont tendance
à former des oursins dans le mélange, créant ainsi des
problèmes d'ouvrabilité.
En règle générale, les fibres sont
éparpillées au hasard dans le béton; toutefois, si on
traite le béton pour que les fibres soient alignées dans la
direction des contraintes en service, on obtient de meilleure résistance
en traction et en flexion. Ce procédé est assez compliqué,
néanmoins, il commence à se développer en utilisant les
champs magnétiques.
6.3.3. DIVERSES APPLICATIONS
Les nombreuses innovations de la technologie des bétons
renforcés de fibres ont permis d'étendre considérablement
la gamme des applications. Nous nous intéressons dans ce travail
uniquement aux applications pour limiter la fissuration,
particulièrement dans les grandes surface de béton.
Tableau 6.3 : Application de divers renforcements
de fibres.
Type de fibre
|
Applications
|
Verre
|
Panneaux préfabriqués, murs, rideaux, toiture en
voile mince de béton, enduit pour blocs de béton
|
Acier
|
Éléments de toiture en béton cellulaire,
revêtements de chaussée, tablier de pont, produits
réfractaires, tuyaux en béton, pistes d'atterrissage,
réservoirs sous pression, structures résistantes aux explosions,
revêtement de tunnel, coques de bateaux, structures en BHP
|
Polypropylène
|
Pieux de fondation, pieux précontraints, panneaux de
revêtement, matériaux nylon de réparation des routes,
parois hydrofuge
|
Amiante
|
Voiles, tuyaux, panneaux, matériaux d'isolation
thermique et de protection contre le feu, tuyaux d'égout, plaques de
toiture plates et ondulées, revêtements de mur
|
6.4. PROGRAMME EXPÉRIMENTAL
L'étude expérimentale porte principalement sur
la mesure :
- Des ouvertures des fissures dans le béton à
l'aide d'un
« fissuromètre »
(figure 6.8).
- De l'espacement et de longueurs des fissures.
- Des charges de première fissuration et de
rupture.
- De la flèche à mi-travée et de son
évolution au fur et à mesure que les fissures se
développent et entraînant une perte de rigidité de la
poutre.
Figure 6.8 : Fissuromètre
Pour cette campagne d'essais, nous avons
réalisé quatre séries de trois poutres chacune; (12
poutres), et des éprouvettes cubiques de (10x10x10) cm pour
évaluer la résistance à la compression du béton
à l'age de l'essai.
· Trois poutres en Béton Ordinaire
désigné par BO.
· Trois poutres en Béton Ordinaire avec ajout des
Fibres d'aciers désigné par BOF.
· Trois poutres en Béton à Haute
Performance désigné par BHP.
· Trois poutres en Béton à Haute
Performance avec ajout des Fibres d'aciers désigné par
BHPF.
Toutes les poutres sont des models réduits qui ont les
mêmes dimensions 10 x 15 x 110 cm, chargées par une force
concentrée appliquée au milieu (flexion à trois
points).
Le ferraillage de chaque série de poutres est
composé de 2T10 dans la zone tendue et 2T8 dans la zone comprimée
et des cadres en Ø 6 espacées de 10 cm (figure 6.9). Le
pourcentage d'armatures principales ñ = 1.05 %.
Cadre 6
100
5
5
2 T10
2 T8
2T8
? ?
? ?
Cadre 6
2T10
10
15
Figure 6.9 : Ferraillage de la poutre
Les sections doivent être sous- armées pour nous
permettre d'observer le développement et l'évolution des fissures
sous chargement jusqu'à la rupture. Ceci nous permettra aussi d'observer
l'évolution de la flèche. Pour cela, il est utile de
définir une section sous-armée
Section sous armée
Une section en béton armé est dite
sous-armée lorsque la déformation des aciers atteint la limite élastique et éventuellement la dépasse avec l'augmentation du
moment fléchissant pendant que la déformation du béton
reste inférieure à la valeur de l'écrasement.
Les aciers s'allongent () et donc le béton se fissure pour une telle section. Une fois
les aciers atteignant la limite élastique, les efforts internes deviennent constant ( ) mais la capacité de résistance au moment continue a
augmentée par le développement
d'un axe neutre qui déplace vers le haut, d'avantage
avec le développement de la hauteur des fissures.
La rupture aura lieu éventuellement par
écrasement, quand les fissures auront suffisamment
évoluées en longueur pour réduire la zone comprimée
et donc atteint.
La rupture d'une section sous armée est
caractérisée par une déformation importante des aciers et
donc par une fissuration excessive et importante du béton tendu et par
une grande flèche. La ductilité d'une telle poutre,
exprimé par les déformations importantes, sert de signal pour
avertir une rupture imminente. Pour cette raison, il est
préférable de considérer des sections sous
armées.
Les règlements recommandent l'utilisation des sections
sous-armées pour garantir un calcul économique et surtout pour
éviter le cas de rupture soudaine et fragile donc de rupture
dangereuse.
Se référant au schéma suivant, supposant
que simultanément avec
x
x
h
b
Figure 6.10 : Section
balancée.
Figure 6.10 : Section
balancée.
En terme d'équation d'équilibre :
, avec
Pour ,
Pour une section de , on obtient le % limité suivant :
%
doit être inférieur à : 0,054 x 10 x 12,5 =
6,75 cm2 .
En prend : 2T10 = 1,57 cm2 < 6,75
cm2.
6.4.1. CARACTÉRISATION DES MATÉRIAUX
UTILISÉS
6.4.1.1. SABLE (0/4)
Le sable utilisé est un sable de rivière de oued
Chlef, ayant les caractéristiques physiques suivantes :
- Equivalent de sable : ES = 90 %
- Module de finesse : MF = 2.90
- Densité absolue : ñ = 2,7
6.4.1.2. GRAVIER
Le gravier utilisé provient d'une Carrière de la
société Algérienne des Granulats (ALGRAN) sise à
Oued Fodda (Chlef), ayant les caractéristiques suivantes :
- Coefficient d'absorption : Ab = 2 %.
- Coefficient Los Angeles : LA = 23 %.
- Coefficient de forme Cv = 0.27
Les courbes granulométriques des trois constituants
sont représentées dans la figure 6.11.
Figure 6.11 : Analyse
granulométrique
6.4.1.3. CIMENT
Le ciment utilisé est un Ciment Portland Composé
CPJ CEM II/A 42.5 produit de la cimenterie d'Oued Sly (Chlef), ses
caractéristiques chimiques et minéralogiques sont
présentées dans le tableau 6.4.
Tableau 6.4 : Composition chimique et
minéralogique du ciment d'après le fabriquant
Composition chimique (poids)
|
Chaux
(CaO)
|
Silice
(SiO2)
|
Alumine
(Al2O3)
|
Oxyde ferrique (Fe2O3)
|
65 à 70 %
|
18 à 24 %
|
4 à 8 %
|
1 à 6 %
|
4 Phases cristallines principales
|
Notation symbolique
|
Nom
|
Formule chimique
|
% en poids moyen
|
C3S
|
silicate tricalcique ou alite
|
3CaO, SiO2
|
62
|
C2S
|
silicate bicalcique
ou bélite
|
2CaO, SiO2
|
22
|
C3A
|
aluminate tricalcique
|
3CaO, Al2O3
|
8
|
C4AF
|
alumino-ferrite tétracalcique
|
4CaO, Al2O3,
Fe2O3
|
8
|
6.4.1.4. AJOUT MINÉRAL
Nous avons utilisé le « laitier de hauts
fourneaux » d'El Hadjar (Annaba) comme ajout minéral, ayant la
composition chimique suivante :
Tableau 6.5 : Composition chimique du
Laitier
SiO2
|
Al2O3
|
Fe2O3
|
CaO
|
MgO
|
SO3
|
K2O
|
Na2O
|
39,59
|
9,73
|
3,56
|
41,23
|
3,38
|
0,67
|
0,58
|
0,01
|
6.4.1.5. ADJUVANT
L'adjuvant utilisé est un superplastifiant haut
réducteur d'eau commercialisé sous le nom de « MEDAFLOW
30 » produit par la société Granitex d'Oued Smar
(Alger).
La plage de dosage est déterminée suivant
l'essai d'écoulement au cône de Marsch, qui consiste à
mesurer le temps d'écoulement en fonction du dosage et aussi la dose de
saturation, on a trouvé un dosage optimum de 1,5 % du poids de
ciment.
Ses caractéristiques sont :
Forme.....................liquide
Couleur....................jaunâtre
PH..........................6-6,5
Densité.....................1,07 #177; 0,01
Teneur en chlore............<1g/l
Propriétés et effets
Béton frais :
L'obtention d'un E/C très faible.
L'amélioration considérable de la
fluidité.
Une très bonne maniabilité.
Un long maintien de l'ouvrabilité.
D'éviter la ségrégation.
De faciliter la mise en oeuvre du béton.
Béton durci :
D'augmenter les résistances mécaniques à
jeune âge et à long terme.
De diminuer la porosité.
D'augmenter la durabilité.
De diminuer le retrait et le risque de fissuration.
6.4.1.6. EAU DE GACHAGE
Nous avons utilisé l'eau potable du robinet sans passer
par l'analyse chimique.
6.4.1.7. FIBRES D'ACIER
Il s'agit de fibres à crochets de type DRAMIX
fabriquées par BEKAERT (Belgique) .
Forme
|
Longueur (mm)
|
Diamètre (mm)
|
Elancement (l/d)
|
Résistance à la traction (MPa)
|
|
35
|
0.55
|
65
|
1100
|
6.4.2. COMPOSITION DES BÉTONS
Pour la détermination des compositions massiques, nous
avons utilisé la méthode de DREUX-
GORISSE, tableau 6.6.
Tableau 6.6 : Composition massique en
kg/m3 du mélange béton.
Béton
|
Sable (0/4)
|
Gravier 3/8
|
Gravier 8/15
|
Ciment
|
Laitier
15 %
|
Eau
|
E/L
|
Adjuvant
1,5 %
|
Fibres
0,5 %
|
BO
|
865
|
231
|
827
|
350
|
0
|
175
|
0,55
|
0
|
0
|
BOF
|
961
|
231
|
730,5
|
350
|
0
|
175
|
0,55
|
0
|
40
|
BHP
|
826
|
220
|
789,5
|
450
|
67,5
|
191,5
|
0,37
|
6,75
|
0
|
BHPF
|
918
|
220
|
698
|
450
|
67,5
|
191,5
|
0,37
|
6,75
|
40
|
6.4.3. PROCÉDURE DE FABRICATION DES
SPÉCIMENS
Les poutres ont été fabriquées et les
tests effectués au laboratoire des Matériaux De Construction
(MDC) du département de Génie Civil à l'université
de Chlef. Le béton a été gâché dans un
malaxeur à axe vertical de 50 l de capacité (figure 6.12). Un
mode opératoire strict et identique pour tous les spécimens a
été suivi :
- Béton Ordinaire et Béton
Ordinaire avec ajout de Fibres:
Brassage à sec du mélange sable + gravier +
ciment + laitier pendant 1 mn.
Ajout de l'eau et brassage pendant 2 mn.
Introduction des fibres pour les Bétons avec Fibre
pendant 15 secondes et malaxage pendant 1mn.
- Béton à Haute Performance et
Béton à Haute Performance avec ajout de Fibres:
Brassage à sec du mélange sable + gravier +
ciment + laitier pendant 1 mn.
Ajout de l'eau + 1/3 du fluidifiant et brassage pendant 2
mn.
Ajout de 2/3 de fluidifiant et malaxage pendant 2mn.
Introduction des fibres pour les Bétons avec Fibres
pendant 15 secondes et malaxage pendant 1mn.
Le remplissage des éprouvettes s'effectue
progressivement sur table. On obtient ainsi un degré de compactage
satisfaisant et une homogénéité
régulière.
A la fin du malaxage, on mesure l'affaissement du béton
à l'aide du cône d'Abrams
(figure 6.13) ainsi que la masse volumique à
l'état frais.
Pour les poutres le serrage du béton se fait à
l'aide d'une aiguille vibrante de diamètre Ø=25mm (figure 6.14),
et d'une table vibrante pour les éprouvettes cubiques (figure 6.15).
Les poutres ont été coulées dans des
moules métalliques (figure 6.16).
Figure 6.12 : Malaxeur à béton
Figure 6.13 : Mesure de l'affaissement du béton
Figure 6.14 : aiguille vibrante
Figure 6.15 : Serrage des éprouvettes cubiques
Figure 6.16 : coulage des poutres
Les propriétés à l'état frais et
durci des de bétons sont regroupées dans le tableau 6.7.
Tableau 6.7 : Résultats des essais
bétons frais et durcis
Type de bétons
|
Etat frais
|
Etat durci
|
Mf (kg/m3)
|
Affaissement (cm)
|
Md (kg/m3)
|
(MPa)
|
BO
|
2300
|
11
|
2277
|
29,87
|
BOF
|
2320
|
11
|
2287
|
27,67
|
BHP
|
2400
|
13
|
2341
|
65,5
|
BHPF
|
2460
|
12
|
2254
|
53,1
|
Mf : masse volumique à l'état
frais ; Md : masse volumique à l'état
durci
: résistance à la compression au jour de l'essai.
D'après les résultats de l'écrasement des
éprouvettes, nous avons remarqué qu'il y a une chute de
résistance à la compression de 29,87 MPa pour le BO à
27,67 MPa pour le BOF, ainsi pour le BHP et le BHPF, de 65,5 MPa à 53,1
MPa (Tableau 6.7).
Cette baisse de résistance peut s'expliquer par le fait
que la composition massique du mélange de chaque type de béton
est différente. Ainsi pour le BOF on a augmenté la
quantité de sable donc d'élément fin par rapport à
celle du BO de 865 kg/m3 à 961 kg/m3. Alors que la
quantité de gravier (8/15) donc d'élément grossier a
été réduite de 827 kg/m3 pour le BO à
730,5 kg/m3 pour le BOF.
Cette modification dans la quantité de sable
(augmentée) et de gravier (diminue) a pour but de faciliter
l'efficacité des fibres. En effet les gros obstacles ne permettent pas
aux fibres d'êtres homogènes dans le mélange et donc
efficace.
Cette observation s'applique pour le cas des BHP et BHPF.
Après le coulage des poutres et des éprouvettes,
les spécimens sont stockées pendant
24 heures dans le laboratoire à la température
ambiante (figure 6.17), et couvertes par des toiles humides, puis
démoulées et immergées dans un bassin d'eau pendant 28
jours
(figure 6.18).
Avant le début des essais, les faces des poutres
étaient peintes en blanc pour mieux visualiser l'apparition et la
propagation des fissures.
Figure 6.17 : la cure du béton durant les
24 heures du coulage
Figure 6.18 : Conservation des poutres dans un
bassin d'eau
CHAPITRE 7
CONSTATATIONS ET ANALYSE DES RESULTATS
7.1. CARACTÉRISATION DES BÉTONS
UTILISÉS
La caractérisation des bétons a
été réalisée sur des éprouvettes cubiques
(10x10x10) cm testées en compression. L'âge du béton au
moment de l'essai des poutres a varié entre 57 et 62 jours. Les
résistances du béton des poutres d'une même série
mesurées au jours de l'essai n'ont pas varié dans de grandes
proportions comme l'indiquent les faibles coefficients de variations.
En tenant compte de ces variations, on a utilisé la
résistance caractéristique à la compression, exprimée par les deux relations suivantes données par le
règlement BAEL 91 [46] :
1,28.S Pour < 30 MPa.
1,64.S Pour = 30 MPa.
Dans laquelle :
: résistance moyenne.
S : écart type calculé à partir de
l'expression suivante :
S =
Nous avons répertorié dans le tableau 7.1 les
résistances à la compression des éprouvettes retenues pour
le dépouillement expérimental.
Tableau 7.1 : Contrôle de la
résistance à la compression du béton
Spécimens
|
Age (jours)
|
Résistance
à la compression
(MPa)
|
Résistance moyenne
(MPa)
|
Ecart type
|
Résistance caractéristique
(MPa)
|
Coefficient de variation
|
BO 1
BO 2
BO 3
|
57
58
59
|
31 - 29 - 29-29 - 31 - 32- 28-30
|
29,87
|
1,27
|
28,24
|
4 %
|
BOF 1
BOF 2
BOF 3
|
59
62
62
|
28,5 - 26,5 -29 - 27 - 28- 26,5 - 28 -27,5 - 28
|
27,67
|
0,87
|
26,55
|
3 %
|
BHP 1
BHP 2
BHP 3
|
57
57
58
|
63 - 67-64,5 - 60 -72,5 -63- 69 - 65
|
65,5
|
3,66
|
59,5
|
5 %
|
BHPF1
BHPF2
BHPF3
|
58
59
62
|
53 - 53 - 51-51,5 - 51 -57 - 57 - 51,5
|
53,1
|
2,24
|
49,42
|
4 %
|
7.2. RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX
Les charges étaient appliquées par un
vérin hydraulique de 200 kN, transmettant les efforts à la poutre
par l'intermédiaire de rotule (figure 7.1).
La montée en charge s'est faite de manière
discontinue en respectant des paliers de 2 kN,
Pendant les paliers de charge, on a procédé aux
mesures de :
- La charge de première fissuration.
- L'ouverture de fissure dans le béton après
apparition de fissure.
- L'espacement et les longueurs des fissures.
- La flèche à mi-travée.
Figure 7.1 : Dispositif de chargement des poutres
(flexion à trois points).
7.2.1. COURBES EFFORT-FLÈCHES
Le tableau (7.2) présente les déplacements
maximaux en fonction des charges mesurées à
mi-travée pour les quatre types des poutres (BO-BOF-BHP
et BHPF), et montrées dans les graphes (7.2), (7.3) et (7.4).
Tableau 7.2 : Flèches maximales
expérimentales des poutres en fonction des charges.
Flèche (mm)
Effort
(kN)
|
BO
|
BOF
|
BHP
|
BHPF
|
BO1
|
BO2
|
BO3
|
BOF1
|
BOF2
|
BOF3
|
BHP1
|
BHP2
|
BHP3
|
BHPF1
|
BHPF2
|
BHPF3
|
4
|
0,12
|
0,13
|
0,16
|
0,15
|
0,18
|
0,16
|
0,1
|
0,14
|
0,15
|
0,1
|
0,12
|
0,12
|
6
|
0,2
|
0,23
|
0,24
|
0,25
|
0,28
|
0,22
|
0,17
|
0,19
|
0,23
|
0,16
|
0,18
|
0,21
|
8
|
0,3
|
0,34
|
0,35
|
0,37
|
0,43
|
0,35
|
0,24
|
0,25
|
0,32
|
0,23
|
0,25
|
0,3
|
10
|
0,45
|
0,49
|
0,56
|
0,53
|
0,59
|
0,5
|
0,34
|
0,36
|
0,45
|
0,32
|
0,38
|
0,4
|
12
|
0,61
|
0,74
|
0,75
|
0,72
|
0,78
|
0,67
|
0,45
|
0,47
|
0,59
|
0,46
|
0,5
|
0,48
|
14
|
0,79
|
0,93
|
0,98
|
0,9
|
0,98
|
0,89
|
0,64
|
0,6
|
0,82
|
0,61
|
0,65
|
0,58
|
16
|
0,95
|
1,05
|
1,16
|
1
|
1,18
|
1,1
|
0,82
|
0,82
|
0,98
|
0,78
|
0,84
|
0,72
|
18
|
1,14
|
1,4
|
1,35
|
1,29
|
1,4
|
1,26
|
1,05
|
1,05
|
1,18
|
0,95
|
1
|
0,8
|
20
|
1,3
|
1,62
|
1,55
|
1,5
|
1,54
|
1,42
|
1,15
|
1,34
|
1,4
|
1,17
|
1,2
|
1,09
|
22
|
1,6
|
1,82
|
1,74
|
1,68
|
1,8
|
1,58
|
1,3
|
1,4
|
1,51
|
1,32
|
1,4
|
1,2
|
24
|
1,68
|
2,05
|
1,9
|
1,87
|
1,95
|
1,78
|
1,5
|
1,55
|
1,72
|
1,47
|
1,53
|
1,4
|
26
|
1,95
|
2,23
|
2,1
|
2,06
|
2,24
|
2,05
|
1,65
|
1,75
|
1,9
|
1,68
|
1,7
|
1,55
|
28
|
2,09
|
2,42
|
2,32
|
2,25
|
2,5
|
2,22
|
1,8
|
1,9
|
2,2
|
1,8
|
1,85
|
1,7
|
30
|
2,3
|
2,68
|
2,6
|
2,47
|
2,75
|
2,5
|
2
|
2,1
|
2,6
|
2,05
|
2,06
|
2
|
32
|
2,65
|
2,91
|
2,78
|
2,7
|
3,1
|
2,78
|
2,2
|
2,28
|
2,8
|
2,2
|
2,27
|
2,15
|
34
|
2,8
|
3,2
|
3,05
|
3
|
3,32
|
3,1
|
2,48
|
2,45
|
3,1
|
2,38
|
2,47
|
2,4
|
36
|
3,08
|
3,44
|
3,53
|
3,28
|
3,6
|
3,35
|
2,72
|
2,78
|
3,23
|
2,67
|
2,65
|
2,65
|
38
|
3,5
|
3,68
|
3,64
|
3,7
|
3,95
|
3,75
|
2,9
|
3
|
3,35
|
3,05
|
2,88
|
2,9
|
40
|
3,8
|
5,2
|
5,43
|
6,45
|
9,5
|
4,2
|
3,15
|
3,14
|
3,5
|
3,05
|
3,2
|
3
|
I
II
III
Figure 7.2 : Courbe Effort - Flèche des
poutres BO et BOF.
I
II
III
Figure 7.3 : Courbe Effort - Flèche des
poutres BO et BHP.
I
II
III
Figure 7.4 : Courbe Effort -
Flèche des poutres BHP et BHPF.
L'allure des courbes effort-flèche est identique pour
toutes les poutres, elles montrent en général :
a)- Une partie linéaire où les
flèches sont proportionnelles aux efforts, ce qui traduit la phase
élastique, avant apparition de la première fissure (phase I).
b)- Une deuxième phase de
linéarité avec rabattement de la courbe sous l'influence de la
première fissure. Après l'apparition de la première
fissure, la poutre perd largement de sa rigidité (phase II).
c)- Une troisième phase plastique
très apparente (phase III), caractérisée par
l'augmentation des flèches à charge constante. Ce comportement
traduit le comportement ductile des sections
sous-armées telles que celles des spécimens
testées.
On ne note pas de comportement fondamentalement
différent, en ce qui concerne l'ordre de grandeur des flèches,
malgré les différentes caractéristiques des poutres.
Cependant les spécimens en BHP ont présenté moins de
flèche à toutes les étapes de chargement.
7.2.2. PROCESSUS D'APPARITION DES FISSURES
Le processus d'apparition et de progression des fissures est
quantifié dans les tableau (7.3) (a), (b), (c) et (d), et
schématisé dans les figures 7.5 (a), (b), (c) et (d).
Tableau 7.3 (a) : Processus d'apparition et
propagation des fissures des poutres en BO.
Spécimens
|
Caractéristique
de la fissuration
|
Effort appliqué (KN)
|
19
|
20
|
24
|
28
|
32
|
34
|
36
|
38
|
40
|
BO1
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
|
5
6
9
0,1
|
6
4
10,2
0,14
|
0,24
|
7
6,2
10
0,3
|
8
6,3
8,5
0,36
|
9
7,2
9,3
0,36
|
7,5
0,4
|
9
10,3
1,4
0,4
|
BO2
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
|
4
3
10
0,02
|
5
2
11,5
0,04
|
0,12
|
7
3,5
11
0,2
|
8
4,7
8
0,22
|
9
6,5
10
0,24
|
7
0,25
|
9
12,5
0,8
|
BO3
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
|
6
6
9
0,1
|
7
0,12
|
0,2
|
7
8
10
0,28
|
0,3
|
0,3
|
8
8
7
0,38
|
11
1,2
|
Tableau 7.3 (b) : Processus d'apparition et
propagation des fissures des poutres en BOF.
Spécimens
|
Caractéristique
de la fissuration
|
Effort appliqué (KN)
|
19
|
20
|
24
|
28
|
32
|
34
|
36
|
38
|
40
|
BOF1
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
2
1
7
0,04
|
0,1
|
3
4
8
0,14
|
6
5,8
8
0,19
|
7
8
0,22
|
6
0,24
|
0,28
|
8
7
7
0,30
|
8
11,4
1
|
BOF2
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
3
2
8
|
4,5
|
5
10
0,12
|
6
5
10
0,20
|
7
7
10
0,24
|
0,25
|
0,26
|
0,3
|
8
9
8
1,6
|
BOF3
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
4
9
|
|
3,5
0,04
|
6
3,6
10
0,04
|
8
4
7
0,18
|
0,2
|
9
6
7,5
0,2
|
0,24
|
9
10
0,4
|
Tableau 7.3(c) : Processus d'apparition et
propagation des fissures des poutres en BHP.
Spécimens
|
Caractéristique
de la fissuration
|
Effort appliqué (KN)
|
19
|
20
|
24
|
28
|
32
|
34
|
36
|
38
|
40
|
BHP1
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
3
1
9
|
0,02
|
5
9
0,04
|
4
0,08
|
6
6
10
0,2
|
8
0,22
|
7
9
10
0 ,24
|
0,3
|
7
10
0,5
|
BHP2
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
3
4
|
4
5
7
|
5
5
7
0,02
|
0,02
|
0,1
|
6
5
6
0,12
|
6
0,2
|
0,2
|
7
10
5
0,4
|
BHP3
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
3
2
10
0,02
|
4
3
10
0,04
|
5
3
11
0,15
|
7
5
11
0,3
|
0,4
|
|
|
|
8
10
9
0,4
|
Tableau 7.3 (d) : Processus d'apparition et
propagation des fissures des poutres en BHPF.
Spécimens
|
Caractéristique
de la fissuration
|
Effort appliqué (KN)
|
19
|
20
|
24
|
28
|
32
|
34
|
36
|
38
|
40
|
BHPF1
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
1
1
|
0,02
|
2
3
10
0,06
|
4
5
8
0,14
|
6
5
6
0,2
|
0,22
|
|
|
6
5
0,22
|
BHPF2
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
2
2
8
0,04
|
0,04
|
3
4
9
0,1
|
4
5
10
0,14
|
0,2
|
|
0,22
|
5
7
8
|
7
7
8
0,22
|
BHPF3
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
3
4
8
0,04
|
4
4
9
0,04
|
0,07
|
5
5
8
0,1
|
6
5
6
0,12
|
|
0,18
|
8
5
5
0,2
|
8
5
0,2
|
La localisation expérimentale de la position de l'axe
neutre a partir de la fibre la plus comprimée est approximée par
la hauteur de la section diminuée de la longueur de la fissure.
Pour le calcul théorique de la position de l'axe neutre,
on utilise la formule suivante :
=
- : position de l'axe neutre en cm.
- : coefficient de sécurité du matériau
béton, égal à 1,5.
- : section des armatures tendues en cm2.
- : limite élastique des armatures tendues, égal
à 400 N/mm2.
- : coefficient de sécurité du matériau acier,
égal à 1,15.
- : résistance à la compression à 28 jours en
MPa, exprimée par les deux relations suivantes :
Pour = 40MPa.
Pour > 40MPa.
- : largeur de la poutre en cm.
Tableau 7.4 : Position de l'axe neutre pour tous
les spécimens
à la charge de 40 KN.
Spécimens
|
L'axe neutre x (cm).
|
Théorique
|
Expérimental
|
BO
|
3,7
|
3,7
|
BOF
|
3,9
|
4,8
|
BHP
|
1,6
|
5
|
BHPF
|
2
|
9,3
|
D'après les résultats du tableau 7.4, nous avons
remarqué que la position de l'axe neutre dans les poutres contenant des
fibres est plus grande par rapport à celles du béton
témoin, car dans ces dernières le développement des
fissures verticales en longueur réduit la zone de compression en
poussant l'axe neutre vert le haut. Alors que pour le béton de fibres,
les fibres bloquent le développement des fissures.
Les charges de fissuration (Pf) et de rupture
(Pu) des poutres sont regroupées dans le tableau (7.5). Il
est à noter que la charge de fissuration est déterminée
comme étant la charge causant la première fissure.
Tableau 7.5 : Charge de fissuration et de rupture
des poutres.
Nature de la Poutre
|
Pf (KN)
|
Pf moy (KN)
|
Pu (KN)
|
BO -1-
|
15
|
15
|
42,6
|
BO -2-
|
16
|
38
|
BO -3-
|
14
|
41,8
|
BOF -1-
|
16
|
16
|
40
|
BOF -2-
|
16
|
40,4
|
BOF -3-
|
16
|
42,4
|
BHP -1-
|
17
|
17
|
44
|
BHP -2-
|
17
|
45,4
|
BHP -3-
|
17
|
43,2
|
BHPF -1-
|
19
|
18
|
48
|
BHPF -2-
|
18
|
46,4
|
BHPF -3-
|
16
|
46,6
|
Figure7.5 (a) : poutres en Béton Ordinaire
(BO).
Figure7.5 (b) : poutres en Béton Ordinaire
Fibré (BOF).
Figure7.5 (c) : poutres en Béton à
Haute Performance (BHP).
Figure7.5 (d) : poutres en Béton à
Haute Performance Fibré (BHPF).
Dans tous les spécimens testés, la rupture a eu
lieu par traction, commençant par des grandes ouvertures des fissures
verticales, dans la zone tendue, et suivie d'un écrasement de la partie
comprimée du béton, qui avait été réduite
par la progression des fissures. C'est un comportement typique d'une section
sous-armée.
Figure 7.6 : Courbe Effort - Ouverture des
fissures des poutres en BO et BOF.
Figure 7.7 : Courbe Effort -Ouverture des fissures
des poutres en BO et BHP.
Figure 7.8 : Courbe Effort -Ouverture des fissures
des poutres en BHP et BHPF.
Figure 7.9 : Courbe Flèche -
Ouverture des fissures des poutres en BO.
Figure 7.10 : Courbe Flèche- Ouverture des
fissures des poutres en BOF .
Figure 7.11 : Courbe Flèche - Ouverture des
fissures des poutres en BHP.
Figure 7.12 : Courbe Flèche - Ouverture des
fissures des poutres en BHPF.
Les courbes Effort - Ouverture des fissures et Flèche-
Ouverture des fissures présentent deux phases principales :
a)- Une phase linéaire où les
ouvertures de fissure sont proportionnelles aux efforts .
Dans chaque courbe, l'apparition de la première
fissure, présente un palier relativement horizontal, ce qui traduit une
diminution de la rigidité de la poutre.
b)- Une phase non linéaire où
les ouvertures des fissures deviennent plus importantes par comparaison aux
efforts. Ceci traduit une phase d'endommagement du béton avant rupture,
c'est la phase plastique
Il faut noter que les poutres étudiées (BOF,
BHPF) présentent des avantages tels que :
- Un gain de résistance (endommagement ductile)
observé au niveau de la phase avant rupture (partie ascendante de la
courbe).
- Retardement de l'apparition de la première fissure et
empêchement de la formation et de développement d'une seule
fissure très ouvertes. En effet l'incorporation des fibres permet la
formation d'une série de fissures fines non nuisibles à la
poutre.
D'après les résultas, on peut dire que dans tous
les cas, la rupture a eu lieu par traction dans la zone à fort moment de
flexion, commençant par de grandes ouvertures des fissures verticales,
dans la zone tendue, et suivie d'un écrasement de la partie
comprimée du béton, qui avait été réduite
par la progression des fissures.
7.3. OBSERVATION QUALITATIVE DE LA FISSURATION DES POUTRES
Sous l'effet du chargement successif d'une poutre, celle-ci
passe par différents états de fissuration jusqu'à
atteindre sa rupture.
a)- Phase de stabilité : c'est
l'étape de la mise en charge de la poutre, avant l'apparition des
premières fissures au niveau de la fibre la plus tendue du béton.
Durant cette étape la poutre reste stable (non fissurée)
grâce à la compatibilité de déformation
acier-béton due à la bonne adhérence entre ces deux
matériaux et la résistance à la traction du
béton.
b)- Phase de fissuration : sous un
chargement précis, le béton tendu présente des fissures
verticales de faibles ouvertures. Ce sont des fissures de flexion.
c)- Phase de développement des fissures :
les fissures de flexion formées se développent en
largeur et en longueur avec la naissance des autres fissures secondaires.
d)- Phase de rupture : le
développement des fissures verticales en longueur réduit la zone
de compression en poussant l'axe neutre vers le haut.
Le tableau 7.3 présente les longueurs des fissures
juste avant rupture (à 40 KN). On peut voir que cet axe neutre est
au-delà de pour le BOF et au-delà de pour le BHPF. Pour ce dernier
40 KN représente de la charge de rupture, alors que pour le BO elle représente
de la charge de rupture.
En remontant vers le haut, l'axe neutre réduit la zone de
compression jusqu'à ce que la déformation du béton en
compressionatteigne sa valeur ultimeet l'écrasement du béton se produit. Cependant, avant
rupture par écrasement du béton en compression, les fissures ont
été très ouvertes et très longues comme le montre
le tableau 7.3 et les Fig.7.5 (a), (b), (c) et (d) illustrant les
spécimens à la rupture, et donc la rupture est
considérée comme étant une rupture par traction avec
beaucoup de ductilité pour les spécimens contenant des fibres.
CONCLUSION GÉNÉRALE
ET PERSPECTIVES
CONCLUSION GÉNÉRALE ET PERSPECTIVES
Le béton est un matériau qui se fissure sous
l'effet des contraintes de traction. A des niveaux de contraintes
dépassant à peine quelques méga- pascals ( = 2MPa), le matériau se déchire et donc se fissure en
raison de sa faible résistance à la traction qui varie entre 1/10
et 1/15 de sa résistance à la compression.
La fissuration, qui est un phénomène hasardeux,
peut être causée par des facteurs physiques tels que le retrait et
les variations de température ou par des facteurs mécaniques
directement liés au chargement.
La fissuration du matériau béton constitue une
source de pénétration d'agents agressifs sous formes liquide ou
gazeuse, nuisibles au matériau. Ces agents détériorent le
béton et entraînent la corrosion des aciers de renforcement
noyés à l'intérieur. Dans ce sens, la fissuration affecte
sérieusement la durabilité du béton et donc de la
structure faite de ce matériau. Donc les fissures constituent des points
de faiblesse potentielle qui affectent négativement la durabilité
des constructions à long terme et compromettent ainsi les chances d'un
développement durable du cadre bâti.
En terme structurel, la fissuration diminue la rigidité
des éléments en béton comme constaté
expérimentalement dans le présent travail. Dans le cas
extrême, elle peut précipiter des effondrements comme
révélé par le séisme du 21 Mai 2003 où des
fissures préexistantes non traitées et non
contrôlées ont initié des ruptures catastrophiques d'un
certain nombre de constructions. Du point de vue fonctionnalité, les
fissures peuvent entraîner la déperdition des liquides dans le cas
des structures hydrauliques et donc affectent la fonction
étanchéité. L'aspect esthétique, et donc la
servicibilité d'une structure, peut sérieusement être
affecté par une fissuration non contrôlée.
Le béton à haute performance présente une
meilleure aptitude à la fissuration sous les charges de service. Ceci
est dû à la résistance relativement améliorée
de ce matériau, que ce soit en compression ou en traction où
cette dernière dépasse le niveau de 4 MPa par comparaison
à 2 MPa pour le béton ordinaire.
D'une manière générale, le comportement du
matériau béton vis-à-vis de la fissuration, aussi bien le
béton ordinaire que le béton à haute performance, est
amélioré avec l'utilisation des fibres d'acier dans le
mélange. L'addition des fibres réduit la fragilité du
matériau et améliore sa ductilité, qualité
structurelle indispensable dans les régions à haut risque
sismique.
Les essais entrepris dans ce travail sur des poutres en
béton ordinaire et en BHP ont montré que l'ajout de fibres,
même en faible quantité, améliore le comportement du
matériau béton vis-à-vis de la traction et limite
l'ouverture des fissures d'une manière appréciable. Dans ce sens,
la formation des premières fissures est retardée et une fois
formées, ces fissures restent relativement fines parce qu'elles sont
couturées par des fibres d'aciers.
Cependant l'efficacité des fibres dépend de leur
direction et de leur orientation au tour de la fissuration ainsi que de leur
forme et de leur dimension.
Cette même distribution des fibres à
l'intérieur du matériau dépend de la maniabilité
du mélange à l'état frais. La dimension des fibres varie
en sens inverse avec la maniabilité. Dans un mélange sec, les
fibres ne peuvent pas être distribuées uniformément dans le
matériau.
En Algérie, différents travaux de recherches sont
entrepris ça et là pour améliorer la qualité du
béton dans les constructions, particulièrement après la
catastrophe sismique de Boumèrdes et les dégâts
enregistrés au niveau des structures faites de ce matériau.
Cette catastrophe a montré encore une fois que la science des
matériaux, en particulier la technologie du matériau
béton, reste dominée par l'empirisme en Algérie à
un moment où sous d'autres cieux la barrière des 100 MPa a
été franchie à une échelle industrielle. Le
Béton à Haute Performance renforcé par l'ajout de fibres
d'acier peut constituer une solution de rechange au Béton Ordinaire
pour les constructions menacées par des actions sismiques
imprévisibles.
Parmi les thèmes portant sur l'amélioration de la
qualité du béton, il est recommandé de développer
et d'approfondir ce qui suit :
Utilisation des différents ajouts chimiques et
minéraux dans la formulation du béton à haute performance
pour améliorer son comportement aussi bien à court terme
(résistances mécaniques) qu'à long terme
(durabilité).
Variation du rapport E/C et ses effets sur les résultats
ciblés.
Effet du type d'essai sur les résultats,
particulièrement l'utilisation de l'essai de flexion à quatre
points au lieu de trois points utilisé dans nos essais.
Fabrication des poutres en béton ordinaire et
béton à haute performance avec ajout des fibres d'acier en
différents pourcentages (par exemple 0,75 ?, 1?, 1,5%, 2%), pour
étudier l'effet de ce paramètre sur l'ouverture et le
développement des fissures.
Il s'agit d'étudier le % optimum de fibres afin
d'enregistrer une amélioration au comportement structurel du
matériau.
Utilisation d'un autre type de fibres pour les comparer avec
celles utilisées dans notre recherche (fibres d'acier).
Modification de l'enrobage des armatures tendues ainsi que le
pourcentage d'acier pour étudier l'effet de ces deux paramètres
sur l'ouverture et l'espacement des fissures.
RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
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