Microfinance et développement: une mise en évidence théorique et empirique de la relation( Télécharger le fichier original )par Hermann-Didier TEBILI Université Paul Cézanne Aix en Provence Faculté d'économie Appliquée - Master Institutions et Développement 2008 |
Section 2 : De la théorie à la pratique
§1. Les raisons du succès de la microfinance
A / Un système de fonctionnement adapté aux réalités locales
B/ Les méthodes des institutions de microfinance
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : Microbanking bulletin, 2006, vol.13
Force est de constater qu'en Asie, les pays du Maghreb et du Moyen Orient, les femmes sont les cibles prioritaires et qu'en Europe de l'est et en Afrique les résultats sont beaucoup plus nuancer. Ainsi, si on s'intéresse au cas des institutions les plus célèbres, on note 74% de femmes dans le cas de la BancoSol Bolivie, 75% pour Brac-Bangladesh, et 95% pour la Grameen Bank. En Afrique de l'ouest (UEMOA), la clientèle est majoritairement masculine (60% en 1999). En Asie du sud et de l'Est il y a une clientèle féminine plutôt normale voire marginale, 50% pour la Bank Rakyat Indonesia et moins de 10% pour les banques régionales rurales en Inde.
Pour nuancer ces observations, il convient de noter que de nombreux programmes prévoient des actions exclusivement destinées aux les femmes (programmes Accord en Afrique de l'Est).
Il est important de noter que le ratio hommes/femmes peut varier de façon subite dans le portefeuille d'une IMF.
Le cas du programme du CRENDA en Tunisie en fourni une parfaite illustration significative. Alors qu'il s'agissait d'un programme réservé aux femmes lors de sa création, le ciblage s'est modifié deux fois. En effet, l'accès des microcrédits aux hommes a été admis en 1996 et deux ans près, ils obtenaient 48% des crédits. En 2000 à cause de la dégradation des taux de remboursement, les hommes ne représentaient plus que 12% de la clientèle de la CRENDA [Cracknell M.2000].
1.2. Zone urbaine/Zone rurale
Historiquement les programmes de crédits décentralisés sont apparus dans les zones rurales avec le développement des banques agricoles. A l'époque, l'objectif était de pallier l'absence de banque commerciale en zone rurale par la mise en place de structure généralement étatique. Mais « les programmes d'ajustement structurel et les mouvements migratoires internes ont généré des phénomènes de pauvreté endémique en zone urbaine et accéléré l'informalisation d'une partie de l'activité » [Montalieu 2000].
C'est pourquoi les institutions de microfinance les plus anciennes sont implanté plutôt dans les zones rurales (Grameen Bank, BDK-indonésie, Banques villageoises FINCA en Amérique du Sud, FECECAM et Kafo Jiginew en Afrique de L'ouest). Par contre, la clientèle urbaine est plutôt visée par les programmes récents, BancoSol-Bolivie, K-REP Kenya, CFCMCongo ou CRENDA Tunisie.
La clientèle des institutions de microfinance est exclusivement pauvre. On appelle le microcrédit souvent, le crédit pour les pauvres. Le CGAP définit le marché cible des institutions de microfinance à l'aide du ratio solde moyen des crédits/PNB par habitant. Si ce ratio est inférieur à 20%, alors la cible est une clientèle très pauvre, pour un ratio supérieur à 150% la cible est une clientèle aisée.
2. Innovation financière du prêt de groupe
Le succès croissant des IMF est dû aussi à l'introduction de pratiques bancaires innovantes. On peut retenir cinq éléments essentiels [Guérin 2001, Ghatak et Guinnane 1999 ou Aghion et Morduch2005].
Les IMF accordent des prêts aux emprunteurs organisés en groupe. Généralement des femmes, constituées de groupe de 4 à 6 membres. Chaque membre du groupe reçoit, un prêt à condition d'accepter la responsabilité du remboursement des crédits accordés aux autres membres au cas où ils se relèvent incapables de rembourser eux-mêmes. L'idée principale est de rendre les individus co-responsables pour permettre de transférer les coûts d'agence au niveau du groupe. Alors, la technique du prêt de groupe permet de traiter l'un des problèmes courant des modèles principal-agent avec asymétrie d'information à savoir l'anti sélection et même d'aléa moral. En effet, confronté à des porteurs de projets de qualité hétérogène et ne disposant pas
d'information sur leurs caractéristiques, les institutions financières peuvent être amenées à sélectionner les mauvais emprunteurs en discriminant par le coût du crédit.
Du coup, à cause du coût élevé du crédit, les bons emprunteurs seraient conduits à renoncer au crédit ou à chercher une autre source de financement. Le prêt du groupe est un moyen de forcer l'emprunteur à révéler ses vraies caractéristiques. Alors prêter à des groupes permet de révéler complètement l'information qui est socialement optimal26. Ces modèles reposent sur l'hypothèse que les emprunteurs se connaissent parfaitement.
Les bons emprunteurs se sélectionnent mutuellement, ce qui permet de limiter le phénomène d'antisélection. Ainsi, pour l'institution de microcrédit le fait d'appartenir à un groupe de crédit solidaire est un signal de qualité qui remplace le mécanisme de la caution ou de garantie individuelle.
L'autre avantage des prêts de groupe est qu'ils permettent de réduire le coût de l'aléa moral, et de générer des meilleures conditions de prêts aux emprunteurs. Ceci en rendant co-responsable les emprunteurs, les individus choissent conjointement de faire des efforts, dans le but de diminuer la rente de l'aléa moral à verser comme le souligne Stiglitz [1990] ou Varian [1990].
2-1. Dynamique du contrat de crédit de groupe
Source : Extrait de Léandre Bassolé [2003]
26 Comme modélisé par exemple Ghatak (1999)
Le principe de l'auto sélection utilise l'information locale privé auquel le préteur n'as pas accès ou du moins à un coût pour différencier les types d'emprunteurs. En effet, Hoff et Stiglitz [1990] ont montré que les emprunteurs détenaient assez d'information sur les partenaires et sur l'architecture locale du marché du crédit. De fait comme nous l'avons évoqué cela conduit à la formation de groupes homogènes où tous les membres ont une parfaite connaissance sur les caractéristiques de leurs partenaires, ainsi que le risque projet et le niveau de solvabilité. Si on s'intéresse au prêt, on se rend compte que le rendement du projet dépend de l'action de l'emprunteur lorsque celui-ci est octroyé. En somme, cela dépend du comportement et du niveau d'effort de l'emprunteur. De manière générale on s'attend à ce que l'emprunteur choisisse des actions qui égalisent le bénéfice marginal et le coût marginal. Cependant, en situation d'asymétrie informationnelle se résultat ne se réalise pas nécessairement et cela dans un contrat sans garantie car le prêteur et l'emprunteur non pas les même objectif.
De plus, il faut noter que l'emprunteur n'internalise pas entièrement les coûts d'échec du projet et peut entreprendre des actions qui conduisent à l'échec du projet financé. Alors dans la dynamique du contrat de crédit, on relève deux types de hasard comme le souligne Conning [2000], le hasard ex-ante et le hasard moral ex-post27.
Le hasard moral ex-post apparaît quand, à l'échéance, certains acteurs du groupe ne peuvent pas notamment en cas d'échec du projet ou même refusent carrément de rembourser le prêt de manière volontaire. Le prêteur est ici incapable de savoir si l'échec est dû à des raisons légitimes ou au comportement stratégique de l'emprunteur. Ce que la coresponsabilité permet de résoudre ou même de pallier.
2.2. Responsabilité conjointe
De fait, nous pouvons affirmer que ce mécanisme de prêt de groupe permet de résoudre les problèmes d'aléa de moral. La responsabilité conjointe assure donc au créancier que les débiteurs mettront en oeuvre les actions nécessaires pour rembourser et respecter ainsi leurs engagements.
27 Se référer à la figure sur la dynamique du contrat de groupe
2.3. Les incitations dynamiques
Les mécanismes d'incitations dynamiques permettent d'obtenir des taux de remboursement élevés sur des populations dites à risques. La méthode utilisée est celle du prêt progressif ou par pallier. Ainsi, le remboursement sans incident d'un prêt permet le déblocage d'un second prêt plus important et ainsi de suite.....
Cette action répétée permet au créancier de réduire ses coûts de recherche d'informations et de sélectionner les meilleurs risques pour les opérations plus importantes. D'autre part, ces prêts par pallier ou progressifs permettent de nouer des relations de long terme entre institutions et leurs clients. De plus, le fait de proposer un prêt plus élevé en cas de remboursement dissuade les mauvais emprunteurs d'opter pour une défaillance stratégique. C'est donc un moyen pour l'emprunteur pour réduire ses coûts de transaction ex ante et de bénéficier de meilleures conditions de crédit. Cependant, la portée de ce mécanisme incitatif est limitée par la concurrence que peuvent se livrer les IMF et le degré de mobilité spatiale des emprunteurs [Montalieu 2002].
Les IMF sont reconnues pour leur exploitation des incitations dynamiques. Toutefois dans le cas de crédits individuels, les emprunteurs sont à priori assurés de pouvoir bénéficier assez facilement de crédit d'un montant plus élevé s'ils respectent leur échéancier.
2.4. Calendriers de remboursement
Les calendriers de remboursement sont réguliers et commencent presque immédiatement après l'octroi du prêt. Toutefois, les IMF ont des délais de grâce très élevés et aussi une fréquence élevée des remboursements. Le but est d'évincer les emprunteurs indisciplinés lorsqu'un problème survient. De plus, les avantages de cette méthode sont nombreux et indéniables pour l'IMF. D'une part, comme nous l'avons souligné, il permet de détecter très tôt les problèmes éventuels d'un emprunteur et de l'amener à se corriger avant l'échec total. Et d'autre part, cela confère à l'IMF une liquidité plus forte ceci dans la mesure où les IMF peuvent collecter les rentrées d'argent avant qu'elles ne soient dépensées ou mal utilisées. Cependant, ce système peut être pénalisant pour les emprunteurs dont les revenus sont marqués par la saisonnalité (cas des agriculteurs). Toutefois, il faut préciser que les fréquences des remboursements varient en fonction de la taille du prêt. Ainsi, les échéances à une semaine sont réclamées pour les plus petits prêts tandis que pour les prêts les plus importants, le remboursement peut être effectué de façon bimensuelle ou mensuelle.
2 .5. Les garanties auxiliaires
Bien que nous admettons que la technique du prêt à groupe solidaire avec responsabilité conjointent assure des remboursement très honorable, l'octroi de crédit sans garantie demeure une activité risquée. Face à ce risque, les IMF ont développée des systèmes de substitutions. En effet, ces institutions obligent leurs clients à constituer des fonds d'épargne gérés par l'institution. Chaque emprunteur alimente ce fonds par une cotisation proportionnelle au montant emprunté. En cas de défaut de l'emprunteur l'IMF saisir son épargne. Toutefois, en pratique, bon nombre d'institutions telles que la BRI en Indonésie exigent quand même des garanties traditionnelles surtout lorsque le client est en situation de les offrir. Cependant, cette exigence est souple sauf que l'absence de garantie n'est pas cause d'exclusion du marché du crédit puisque des exceptions aux garanties restent à la discrétion de l'institution.
De même, cette exigence d'épargne a pour objectif aussi de construire une relation de confiance entre le prêteur (IMF) et l'emprunteur (les clients) afin d'évaluer leur capacité de remboursement. Donc, comme la plupart des clients ne disposent pas de garanties bancaires courantes, ce sont souvent les biens matériels qui sont utilisés comme garanties de substitution. Cependant, les groupes de «caution solidaire » demeurent la forme de garantie très courante utilisée par les IMF. De plus, les praticiens accordent une grande importance à la formation des groupes. L'écrémage (screening) est l'une des fonctions les plus importantes de la formation de groupe, et plusieurs études empiriques l'ont souligné. Par exemple, Wenner [1995 pp 270-272] a remarqué que les groupes de la Fundacion Integral Compesina (FINCA). Cette méthode a permis de réduire de façon significative les impayés.
Toutefois, ils existent des programmes dans lesquels les groupes ne s'étaient jamais rencontrés auparavant. C'est le cas du programme crédit et éducation mis en place par le Réseau des Caisses Populaires au Burkina Faso [Kevane, 1996 p 26].
3.1. Le problème du défaut stratégique
Le problème du défaut stratégique a été analysé Diagne [1998]; Besley et Coate [1995]. La défaillance stratégique se définit par l'absence de volonté de la part de l'emprunteur de respecter son engagement malgré la réussite de son projet. Besley et Coate [1995] constatent un effet négatif de la responsabilité conjointe sur le niveau de remboursement. Ceci est dû à la défaillance stratégique. En effet, en raison de la défaillance stratégique de certains emprunteurs, les autres membres du groupe refusent de rembourser et ainsi faire jouer le mécanisme de caution solidaire. Donc le défaut stratégique de quelques membres du groupe peut entraîner celui de l'ensemble du groupe.
Ces auteurs ont élaboré un modèle basé sur la théorie des jeux avec deux emprunteurs homogènes au sein d'un groupe ou le choix ne porte pas sur le choix du projet mais sur la volonté de rembourser ou pas l'emprunt. Dans le cadre de ce modèle, le prêteur applique une sanction au(x) membre(s) défaillant(s). Le niveau de la pénalité augmente en fonction de la production mais reste inférieur à cette dernière. L'emprunteur maximise son utilité (lorsqu'il rembourse) par rapport à deux contraintes: l'information sur le choix potentiel de son emprunteur et le niveau de la sanction infligé par le prêteur. Pour un emprunteur dont le projet réussit, si le projet de son partenaire échoue, le premier va choisir de ne pas rembourser son prêt. Par conséquent, tout le groupe (binôme) sera défaillant. Force est de constater que l'élément principal qui occasionne cette défaillance stratégique est le fait de devoir payer pour son partenaire, ce qui est l'essence même de la responsabilité conjointe.
Le modèle de Besley et Coate [1995] démontre qu'en présence de responsabilité conjointe, les emprunteurs peuvent choisir volontairement de ne pas honorer leurs engagements afin d'éviter de venir en aide à leur partenaire.
Diagne [1998] analyse la défaillance stratégique dans une optique totalement différente de celle de Besley et Coate [1995]. Jusqu'à présent toutes les analyses théoriques que nous avons présentées mettent l'accent sur l'avantage informationnel que possèdent les membres du groupe par rapport au prêteur (l'institution de microfinance). Ce qui constitue un avantage au groupe pour la sélection, la surveillance mutuelle et la pression des pairs [Stiglitz 1990; Varian 1990 ; Ghatak 1999]. La réussite du contrat de façon individuelle est cautionnée par la réussite du projet financée [Besley et Coate 1995]. Cependant pour Diagne [1998], la défaillance stratégique est due
d'une autre forme d'asymétrie informationnelle jusqu'à la pas analysé par la théorie économique sur le prêt de groupe. Il s'agit de l'information imparfaite et asymétrique les membres au d'un groupe concernant la volonté de rembourser de leur partenaire. Diagne [1998] que la principale raison défaillance dans le prêt de groupe n'est pas l'incapacité, mais l'absence de volonté de rembourser le crédit. La volonté de rembourser étant une information privée, les membres du groupe ne sont pas sûrs des intentions de remboursement des leurs partenaires. Si un membre accorde peu d'importance aux crédits futurs et qu'il doute de la volonté de rembourser d'au moins un des ses pairs, il est optimal pour lui de ne pas ne pas respecter son contrat. En effet, s'il rembourse sa part et qu'au moins un membre est défaillant sachant que la pression des pairs n'a pas eu d'effets positifs, tout le groupe sera considéré comme défaillant. De ce fait l'utilité de l'emprunteur s'en trouve réduite. Par contre si l'emprunteur décide de ne pas rembourser, il ne bénéficiera pas des crédits futurs, mais dans ce cas son utilité reste intacte. Donc l'emprunteur préfère ce deuxième cas de figure car elle maximise son utilité.
À la différence de Besley et Coate [1995], c'est le fait que les emprunteurs n'accordent pas d'importance aux crédits futurs qui entraîne la défaillance stratégique pour Diagne [1998]. Or, l'accès au crédit futur est une des incitations utilisées dans les prêts de groupe avec caution solidaire pour pousser les emprunteurs à rembourser.
Ces deux papiers montrent que l'incapacité de la responsabilité conjointe à améliorer la performance du prêt du groupe réside même dans les règles qui la fondent.
L'enforcement n'est pas dû à l'asymétrie informationnelle. Mais il s'explique par l'incapacité du prêteur à appliquer les sanctions à l'encontre des emprunteurs «délinquants ». Même si le projet de l'emprunteur réussit et qu'il est en mesure de rembourser son prêt; il pourrait refuser de rembourser le prêt. Ceci peut s'expliquer par des faiblesses du système légal ou par l'extrême pauvreté de l'emprunteur qui n'a pas permis une sanction efficace [Ghatak 1999].
Besley et Coate [1995] soulèvent un problème: comment la responsabilité conjointe pousse les récalcitrants à honorer leurs engagements. Ils montrent que le prêt de groupe à deux effets opposés sur le taux de remboursement. L'avantage des groupes, c'est qu'ils permettent à un
membre dont le projet a eu un rendement élevé de s'acquitter de la dette d'un partenaire qui a fait défaut.
Mais le prêt de groupe à caution solidaire a des inconvénients. Prenons l'exemple, d'un emprunteur dont les rendements de son projet sont moyens. Si l'un des ses partenaires fait défaut, l'emprunteur doit faire face aux obligations de son partenaire. Le fardeau que représente le remboursement du prêt de son partenaire peut entraîner la faillite du premier emprunteur.
Cependant, si les liens sociaux sont assez forts, l'effet net est positif. Car n'honorant pas ses engagements, l'emprunteur encourt les sanctions de ses pairs et de l'institution de micro crédits. Ainsi, le système de prêt de groupe à caution solidaire permet des taux de remboursement supérieurs à ceux obtenus avec les prêts individuels.
L'obstacle majeur de la responsabilité conjointe comme mécanisme de prêt survient lorsque les liens sociaux entre les emprunteurs potentiels sont trop faibles pour assurer un sentiment de solidarité. C'est un problème important dans les prêts à responsabilité conjointe surtout dans les tentatives de réplication du modèle de la Grameen Bank dans les pays plus développés.
Mondal et Tune [1993] ont discuté du problème «replicabilité » du système de la caution solidaire du Bangladesh aux compagnes de l'Arkansas.
Les Good Faith Fund crée en 1988 dans l'Arkansas ont adopté le modèle de la Grameen Bank. La responsabilité conjointe si efficace au Bangladesh n'a pas l'air de fonctionner à l'Arkansas. Ceci s'explique par les différences sociales et culturelles qui existent entre les deux pays d'après Mondal et Tune. Les compagnes de l'Arkansas sont beaucoup moins peuplées que celles du Bangladesh. De plus, la population américaine est plus hétérogène du point de vue racial et religieux. Ce qui constitue un véritable frein pour l'esprit de solidarité et la formation de groupes caution solidaire. Mais la faiblesse des liens sociaux à l'Arkansas s'explique par un autre phénomène selon Wydick [1999]. En effet, l'identité des paysans du Bangladesh dérive de celle de la communauté. Alors que les Américains sont plus individualistes.
Pitt et khander [1995] décrivent dans le cas de la Grameen Bank la ferveur presque religieuse qui est manifestée par les membres du groupe lors de réunions. En effet, une pression sociale très forte est exercée sur les membres pour qu'ils assistent à réunion. Lors de ces réunions les emprunteurs prêtent des sermons solennels à l'égard des autres membres et jurent de respecter les principes de fonctionnement de la banque. En outre les emprunteurs sont amenés à éprouver des sentiments de remords, de culpabilité ou de honte à l'égard des actes qui pourraient nuire aux autres membres du groupe. Aussi ils doivent ressentir de la fierté concernant les actions d'entraide.
Par ailleurs, il ne faut pas sous estimer l'importance des prescriptions religieuses et morales. En Malaisie par exemple, l'institution AIM a ajouté à son programme les principes moraux de l'Islam. A savoir l'obligation spirituelle de rembourser les prêts contractés. Ainsi l'islam est un facteur supplémentaire qui augmente les taux de remboursement des institutions de microfinance. [Hulme, 1990 p294].
Toutefois, la responsabilité conjointe se relève inefficace si les individus concerné ne sont pas prêts à appliquer une pression et sanctionner les membres fautifs. Comme le prouve l'échec du système des caisses coopératives en Irlande durant le 1 9eme siècle.
Cependant, l'abondante littérature sur le prêt de groupe considère la pression des pairs et les autres aspects de la responsabilité conjointe comme bénéfiques et utiles. Ceci à l'exception de Montgomery et al [1996 pp. 154-155] qui ont noté que les membres des groupes pouvaient affliger des sanctions agressives et disproportionnées aux fautifs au bangladesh. Dans certain cas, ces sanctions peuvent prendre la forme de saisis des maigres actifs personnels tel que le bétails ou les biens de ménagers. Selon Ghatak et Guinnane [1999], les professionnels doivent garder à l'esprit le risque implicite de ces sanctions sur les liens sociaux. Compte tenu du fait que ces liens sociaux sont essentiels pour le bon fonctionnement des programmes de microcrédit.
Toutefois, il semble pertinent de ne pas considérer les garantie pour elle-même mais plutôt de les intégrer dans une réflexion plus large sur le crédit décentralisé. En effet, le point le plus important nous semble la relation de proximité qu'entretient l'institution de microfinance vis-à- vis de son client. Ce qui nous semble justifié par le fait que les transactions fondées sur les relations de proximités qui minimisent les risques d'aléa moral et d'anti-sélection. De plus, la proximité conditionne en fin de compte les résultats des institutions de microfinance. Cependant, le point le plus crucial est la minimisation du coût de transaction grâce à cette relation de proximité entre l'IMF et son client, élément clé de sa performance économique. En outre, nous
avons que le succès des IMF tient à leur minimisation des coûts de transaction et de fonctionnement. D'un point de vu théorique, on sait que l'effet des coûts de transactions est utilisé comme facteur explicatif des formes institutionnelles [Williamson, 1975,1985]. D'autre part, il ne faudra pas négliger l'importance de la gouvernance. En effet, la gouvernance est un facteur essentiel du succès ou de l'échec des IMF.
Avant de présenter le niveau et l'importance de l'activité informel, il convient de définir ce que c'est la finance informel qui soutien cette activité. Lelart [2000, 2005] nous donne un excellent aperçu de la finance informel et de son évolution. Avec cet auteur on souligne le fait que les pays développés ont aussi connu à un moment de leur histoire, ces pratiques dites traditionnelles de crédit comme celle observé aujourd'hui dans les PED. De Lima [2004] nous donne une définition de la finance informelle comme suit : « la finance informelle est un processus macro et micro qui conduit en dehors des circuits et des intermédiaires financiers institutionnels à la constitution d'une épargne (stock), monétaire réelle et sa mobilisation (flux de créances et de dettes) sous des formes monétaires ou réelles. Il s'agit donc d'opérations financières légales mais qui ne sontpas officiellement enregistrées et réglementées et qui échappent à l'orbite des institutions officielles, tout en se caractérisant par un phénomène de proximité entre les pourvoyeurs de financement et les emprunteurs».
Donc au regard de cette définition, on peut affirmer que ce que l'on nomme finance informelle préexiste partout. Toutefois, avec des aspects différenciés et que de plus les institutions nationales et internationales aussi bien les chercheurs ont pris conscience de son intérêt et son importance notamment dans les économies en développement.
Lelart [2002] retient trois constations de ce phénomène que sont la diversité des pratiques. Il constate qu'en plus des prêteurs professionnels, des marchands et commerçants vendent souvent du crédit mais aussi la famille et des amis apportent leur soutien financier à un de leurs proches en besoin. De plus, il existe dans la plupart des pays des pratiques financières collectives communément appelés tontines qui peuvent être pratiqués de différentes manières d'une zone à une autre. En effet, Lelart souligne que l'émergence de la microfinance est une manifestation de la vitalité de la finance informelle et de sa prise en considération par les politiques de développement.
La microfinance, initialement conçue comme une forme de solidarité entre les pauvres exclus du système bancaire, s'est développé pour devenir une part importante du financement du développement, et ceci compte tenu des défaillances des modèles de financement du développement dans leur mise en oeuvre. En effet, face à l'imperfection du marché du crédit due à l'existence de l'asymétrie d'information combinée à l'absence de garanties chez une grande partie de la population dans les PED, les banques publiques de développement n'ont pas été en mesure d'enrayer l'exclusion financière. S'appropriant les méthodes ayant fait leurs preuves au sein de la finance informelle, les IMF appuyées par les bailleurs de fonds internationaux ont ouvert des offres de services financiers qui concourent au financement du développement.
Aujourd'hui, la microfinance et de manière plus générale la micro intermédiation apparaît de plus en plus comme un palliatif au sous développement financier dans les PED. On observe une expansion du secteur de la microfinance qui jouant ici le rôle de réponse à l'exclusion financière essentiellement, mais également de solution au dysfonctionnement du système financier officiel. Dans les PED, comme nous l'avons déjà souligné, on note un rôle de plus en plus important de la finance informelle. A cet effet, les institutions communautaires reposant sur les appartenances culturelles telles que les clans, les lignages, les religions, les organisations tontinières ou les associations de crédit, reposent sur l'adhésion. Hugon [1996] explique que ces circuits sont caractérisés par des transactions où prédominent les espèces, avec une faiblesse ou une absence d'enregistrement et des réglementations, l'échange des actifs se faisant le plus souvent hors des cadres juridiques avec un fort rôle pour les relations personnelles et des solidarités communautaires d'appartenance ou d'adhésion.28
À coté de la finance informelle, la microfinance joue un rôle économique et social de plus en plus croissant dans les PED. Ce rôle découle de l'appui extérieur dont bénéficie la microfinance bénéficie vis-à-vis des bailleurs de fonds, bien que s'appuyant cependant sur des dynamiques endogènes.
28 (Voir les travaux de Lelart M. 2005 qui traite de cette question)
1- Situations en Afrique subsaharienne
On a une évolution économique marquée par l'application des PAS entre les années 80 et 90 par un nombre croissant de pays. Ayant pour résultante une dégradation de la situation économique de ces pays (déséquilibre du budget, de la balance des paiements, ralentissements de l'activité etc.). Comme conséquence la plus grave se situe au niveau social avec des licenciements qui consistent à la réduction des effectifs dans les administrations, causant ainsi la baisse des revenus. Le développement du secteur informel doit être considéré comme une réponse endogène des agents qui réagissent pour faire face à cette précarité.
Ainsi, l'extension et l'adaptation des activités informelles pourraient s'expliquer par la faillite du système bancaire29.Cela s'est entre autre matérialisé par la fermeture de certains établissements bancaires en général étatiques, avec la désertion des guichets des banques encore en activités et la régression des opérations dépôts comme crédits. On a eu aussi un phénomène d'éviction des microentreprises et PME du crédit bancaire qui constituent les principaux signaux de cette faillite.
C'est dans cet environnement que la dynamique de la finance informelle et son succès dans la mobilisation de l'épargne informelle a contribué à une amélioration du financement des microentreprises.
2- La microfinance et la promotion de l'activité entrepreneuriale
Du point de vue de l'activité entrepreneuriat, les PED dans leur coopération au niveau étatique avec les pays du nord n'ont pas été des partenaires efficaces.
On a un constat d'échec des états du tiers monde dans le financement de l'entrepreneuriat, d'où la nécessité de substituer l'aide extérieure30 à un effort national de mobilisation de l'épargne. De ce point de vue, la microfinance s'avère être un partenaire efficace et essentiel de mobilisation et de l'allocation des crédits aux investisseurs.
La microfinance constitue un soutien majeur aux petites et moyennes entreprises (PME). Cela nous conduit à analyser la PME dans son approche fonctionnelle pour mieux appréhender ces besoins en financement. Dans la littérature économique, on a une variété de définition de la PME. Cependant, elle s'appuie sur un certain nombre de critères communs qu'on peut qualifier d'objectifs tels que: le nombre de personnes employées, le chiffre d'affaires réalisé, le capital,
29 (cf. Lelart M.2000 sur le cas du Bénin)
30 Voir en annexe une schématisation de l'aide au développement et théories du développement dans l'histoire.
l'organisation du travail, le niveau d'investissement réalisé etc. Pour le volet financement de la microentreprise ou de la PME, nous allons pouvoir avec Lelart M [1995,445] identifier les spécificités du financement des microentreprises.
Mais, au préalable nous tenons à préciser que nous assimilons la microentreprise à l'entreprise informelle et à la petite entreprise.
Donc avec la faillite des entreprises publiques, il faut dire que dans les pays d'Afrique notamment, la plupart des entrepreneurs locaux sont des «petits » et leurs demandes financières, bien que souvent minimes, ne sont pas satisfaites par les banques officielles. Pour leur financement il est essentiellement assuré par la micro finance. Prescot [1997] souligne à ce propos que la microfinance est «la fourniture des services financiers aux démunis ». Selon sa conception, la microfinance recouvre bien l'aspect de financement alternatif qui consiste à proposer une solution alternative face à la rigidité des systèmes bancaires dans la problématique de création d'entreprise comme le fait remarquer Pierrard M.., [1998].
La problématique de la création d'entreprise nécessite des investissements et des prêts. Or dans les PED, le constat est que les promoteurs d'entreprises ne sont pas crédibles auprès des organismes financiers formel notamment bancaire, d'où ils se tournent vers le secteur de la micro finance qui se trouve etre l'intermédiaire entre le secteur formel et informel.
De fait la microfinance devient alors l'instrument par lequel se réalise la réinsertion des exclus. Si nous considérons par exemple la zone UEMOA, on constate qu'elle est caractérisée par l'existence d'une forte proportion de microentreprises notamment artisanales, ainsi que de petites et moyennes entreprises industrielles et de service. On constate aussi que l'ensemble de ses acteurs économiques éprouve d'énormes difficultés pour le financement de leur activité. Pour ce qui concerne le crédit bancaire il leur est pratiquement inaccessible. De fait, ces entrepreneurs comptent sur leurs propres ressources et ceux de leurs proches ainsi que les techniques de la finance traditionnelle. Tel que la tontine ou les associations rotatives d'épargne et de crédit qui constituent des alternatives de financements de ces opérateurs économiques (Cf. Lelart (1 990,1 999 et 2000).
Dans cette zone les problèmes d'asymétries d'information sont encore plus critiques dans la mesure où l'économie informelle prédomine. Ainsi, on constate que les entreprises de ces PED ne sont pas capables pour la plupart de fournir ou même de produire des informations compatibles avec leur standard en matière d'analyse de dossier, mais surtout de contractualisation et de contrôle. Donc l'aspect de la microfinance en tant qu'appui de l'activité entrepreneuriale
nous parait intéressant en référence à la théorie autrichienne31 de la croissance qui situe l'activité entrepreneuriale au coeur du processus de création de richesse. En effet, cette théorie met l'accent sur l'entrepreneur et le capital32 qui ont un rôle primordial dans le processus de croissance et de développement. Alors, nous pouvons préciser que cette dimension économique prend plus de poids dans les PED où les économies sont marquées par l'absence de redistribution ni protection sociale où prédominent le plus souvent les mécanismes de solidarité due aux aspects culturels et traditionnels. Ces mécanismes de solidarité sont basés sur des réseaux tels que la famille notamment élargi, le village ou la communauté. La microfinance vient dynamiser tout ce processus en constituant une alternative crédible en termes de financement alternatif aux ressources du secteur structuré.
De manière générale dans la littérature économique, on a un consensus au sujet des institutions politique et économique et en particulier des institutions financières dans le développement économique d'un pays. Le lien entre le développement du secteur financier et la croissance économique a été prouvé empiriquement et nous comptons nous appuyés sur ses travaux pour examiner les différences effets de l'expansion de la microfinance dans les pays en développement notamment ceux de l'Afrique de l'ouest francophone à partir des travaux de Raffinot et Venet [1998]. Il s'agira pour nous de voir si les institutions de microfinance constituent un levier de développement économique dans ces pays ou si elles peuvent l'être et à quelles conditions. En effet, Raffinot et Venet [1998] ont tenté d'établir, à partir d'une analyse en données de panel, une relation qui expliquerait la croissance à partir des déterminants traditionnels (le capital humain et le revenu initial) de la croissance endogène en y rajoutant les variables d'approfondissement financier. Pour étudier cette corrélation, les variables d'approfondissement financières introduites sont:
- le ratio M2/PIB, pour tenir compte du faible nombre d'institutions financières non bancaires dans les pays d'étudiés,
- le ratio quasi-monnaie /PIB, variable destinée à rendre compte des progrès de l'intermédiation
financière dans la mesure où c'est au travers de la croissance des dépôts à terme et d'épargne que31 Voir la théorie entrepreneuriale de la croissance développée par Kirzner [1986] pour éclairer le processus de croissance économique. Toutefois, voir aussi l'approche smithienne de la création de richesse qui fonde notre démarche mettant l'accent sur la division du travail et la capacité à lever l'étroitesse du marché comme c'est le cas des PED.
32Voir Hayek [1941] la théorie autrichienne du capital.
les intermédiaires financiers sont supposés pouvoir pleinement jouer leur rôle de promoteur de l'accumulation de l'épargne domestique et d'orientation des ressources vers une allocation optimale;
- Crédits au secteur privé /PIB, pour tenir compte des critiques;
- Encours réel de crédit par habitant /PIB.
Globalement, qu'aucune des variables n'était positivement et significativement corrélée avec la croissance. Cependant, ce mauvais résultat est à attribuer à la défaillance des systèmes financiers dans les pays étudiés du fait de la crise bancaire encours dans ces pays sur la période étude considérée. Par conséquent, ce résultat conduit à rejeter toute influence de l'approfondissement financier sur la croissance du PIB des pays de l'UEMOA.33 Toutefois cet effet est a attribué à l'effet de groupe car dans chaque pays les variables d'approfondissement financier sont assez bien corrélés avec croissance. Mais entre pays le résultat est mitigé.
Le coefficient de corrélationR2 entre M2/PIB et le PIB n'est que de 2% tandis que celui du ratio crédit à l'économie/PIB est de bonne qualité estimé à 39% et la variable est largement significative. La faiblesse de cette relation est du à des transferts des déposants entre pays au niveau du système bancaire. Il s'agit essentiellement de l'utilisation par les déposants d'un pays donné du système bancaire de son voisin compte tenu des défaillances du tient. A titre d'exemple, le système bancaire togolais a été utilisé par les déposants des pays voisin que sont: le Bénin, le Niger, le Burkina, et le mali etc.
Pour mieux appréhender les spécificités de chaque pays, les tests de causalité ont été réalisés pour voir si la séquence explicative postulée par King et Levine [1993 op.cit] est valable pour les pays de l'UEMOA. En effet, Spears [1992] montre ainsi, que l'intermédiation financière (mesurée par M2/PIB) est une cause, au sens de Granger [1969]34, de la croissance du PIB par tête au Cameroun, en Côte d'ivoire, au Kenya et au Malawi. Le Burkina Faso lui présente une particularité en ce sens où on a une causalité bidirectionnelle. Pour ce qui concerne l'hypothèse selon laquelle l'approfondissement financier estimé par le rapport quasi-monnaie à M2 qui puisse
33 L'UEMOA est composé :le Bénin, le Burkina Faso, la Cote d'ivoire, Guinée Bissau le Mali, le Niger, le Togo et le Sénégal.
34 L'analyse économétrique de la causalité au sens de Granger est différente de la notion de causalité du langage courant. Les tests de causalité permettent de mettre en évidence plusieurs cas de figure: Une causalité d'une variable vers l'autre, sans que la réciproque ne soit vraie (c'est la causalité unidirectionnelle), une causalité dans les deux sens (bidirectionnelle), ou pas de causalité du tout. «On dira que X cause Y au sens de Granger si le passé de X explique le présent de Y ». Si les deux causalités sont constatées, on considère qu'il existe une causalité en retour (feed back causality) entre les deux variables.
être la cause de la croissance réelle est rejetée. Toutefois, les tests de stationnarité n'ayant pas été effectué, cela nous laisse perplexe sur la qualité des résultats obtenus.
Concernant la zone spécifique des pays francophones de l'UEMOA, Raffinot et Venet (1998, op.cit) ont analysé la stationnarité et la co-intégration des variables deux à deux. Les résultats effectués sur les séries montrent que les séries sont intégrées d'ordre 1, ce qui justifie de l'utilisation de leurs taux de croissance pour avoir des résultats fiables:
Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau suivant:
Tableau1.6: Le sens de causalité entre le secteur réel et financier: cas des pays de l'UEMOA
|
|
|
||
|
|
|
||
|
|
|
||
|
|
|
||
|
|
|
||
|
|
|
||
|
|
|
||
|
|
*** : seuil de confiance de 1%, ** : seuil de confiance de 5%,* : seuil de confiance de 10% Source : Raffinot Marc, Venet Baptiste (1998)
Avec: DQUAS(le taux de croissance du ratio Quasi monnaie/M2); DPIBRT(le taux de croissance du PIB réel par habitant) ; DCRED(le taux de croissance des crédits nominaux à l'économie); DAPFIN (le taux de croissance du rapport M2/PIB); DCRED (le taux de croissance du montant des crédits réels à l'économie par habitant) ; QUASM2C(le ratio quasimonnaie/M2) et CREDIECOC(les crédits à l'économie).
Au regard des résultats des répressions de panel pour les pays francophones de l'UEMOA entre 1970 et 1995, les tests de causalité de Granger font apparaître une liaison causale entre l'approfondissement financier et la croissance réelle qui n'est pas toujours conforme à l'hypothèse selon laquelle le développement des institutions financières entraînerait le développement réel (représenté par la croissance du PIB) dans les pays à faible revenu.
Cette hypothèse se vérifie pour le Bénin, la Côte d'ivoire, le Mali sur la période étudiée. Cependant, une causalité inverse se vérifie dans les cas du Burkina Faso, du Sénégal et du Togo. En ce qui concerne le Niger, une causalité n'a pu être mise en évidence.
Ces instruments traduisent une approche macroéconomique de l'approfondissement financier très utilisé par la littérature économique. Cependant, nous inscrivons ce mémoire dans une approche microéconomique de l'approfondissement financier35. En effet, il s'agit de l'offre de service au plus grand nombre d'agents économiques. Cette vision de l'approfondissement financier se distingue de la vision macro économique en se sens où elle met l'accent sur les individus plutôt sur les agrégats.
L'approche microéconomique de l'approfondissement financier porte sur la proportion d'individus dans la population qui ont accès aux services d'épargne, la facilité de pouvoir épargner,les faciliter pour obtenir un crédit, avec pour préoccupation essentielle de pouvoir accroître ces proportions ou les facilités. En, effet cette façon d'envisager le développement financier nous permet d'éviter le paradoxe «de la croissance sans développement ». Donc pour mieux appréhender l'apport des institutions de microfinance dans le développement financier nous proposons d'aborder leur apport en termes de crédits à l'économie et d'épargne mobilisé par celle-ci dans le cadre des pays de l'UEMOA. Il s'agit d'une analyse comparative par rapport aux banques commerciales dont les résultats s'établissent comme suit:
Tableau 1.7 : Les IMF, les banques et crédits à l'économie
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source des données: pour les crédits bancaires (Banque de France, série statistique de la zone franc), pour les crédits IMF (BCEAO).
35Joseph et al [2001] font une étude critique des approches macro économétriques de l'approfondissement financier appliquées à l'Afrique subsaharienne.
On a la proportion de crédits offerts par les IMF qui est extrêmement faible car inférieur à 1% sur chacune des années de la période considérée. En 2004, il est de 0,096 cependant, cette faible proportion ne reflète pas les disparités entre pays.
Les taux de croissance de crédits IMF calculer sur la période 1 996-2004 (taux moyen=0,229) sont supérieurs à ceux des crédits bancaires (taux moyen=0,027).
Pour les données relatives aux volumes des crédits octroyés par les IMF, ils soulignent les insuffisances du secteur de la microfinance dans le financement de l'économie des différents pays d'étudiés par rapport aux banques commerciales présentent dans ces pays.
Tableau1.8 : Epargne des IMF et épargne bancaire
|
|
|
|
|
|||||||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|||
|
|
|
|
|
|
|
|
Au regard des résultats, on peut affirmer que les IMF représentent une quantité infime lorsqu'on compare les données de crédit et d'épargne avec les banques. Cependant, nous devons noter que toutes les IMF n'effectuent pas des activités de dépôts. C'est souvent le cas des IMF de crédits directs. L'épargne microfinancière est surtout le fait d'institutions mutualistes d'épargne et de crédit. Elle est très faible par rapport à l'épargne bancaire, le rapport (IMF/Banques) est extrêmement inférieur à 1% mais il faut relever que les placements effectués par les IMF sont essentiellement bancaires et prennent soit la formes de marges de dépôts non distribués sous formes de crédits soit la forme d'excédents d'exercice annuel.
Les différents résultats sur les IMF dans la zone UEMOA nous laisse perplexe sur l'incidence de ces institutions sur le développement des institutions financières dans la zone UEMOA. Bien entendu que les IMF ont contribué à la mobilisation de produits financiers de crédits et d'épargne bancaires mais de manière modeste. En revanche, si nous dépassons la
perception du développement économique essentiellement centré sur la variable PIB, nous pouvons apprécier la contribution des IMF en tant que programmes de développement dans les pays francophones de l'UEMOA. En effet, nous convenons avec Kamalan [2006] que l'intérêt de la microfinance est d'être un vecteur d'espérance pour une vie meilleur (vivre mieux) en réduisant la vulnérabilité économique, en accroissant les « capabilités » et l'esprit d'initiative des individus et en fédérant autour d'eux l'impératif du resserrement des liens. Alors pour parler comme lui: nous considérons que la contribution des IMF dans le développement économique se situe à trois niveaux: politique (référence à l'assurance contre la vulnérabilité) et sociale (référence aux capabilités), et que c'est un projet de société.
D'où un examen pratique de la relation méritée d'être mené en tenant compte des autres variables de développement pour saisir le rôle des pratiques de microfinance dans le développement local des PED.
L'objet de cette revue de littérature empirique est de faire le point de tous les travaux consacré précisément à la microfinance en présentant à chaque fois la méthodologie utilisée et les résultats obtenus par les auteurs.
Sur le plan de l'analyse théorique, les pratiques des groupes solidaires et plus précisément le recours aux réseaux sociaux ont donné lieu à des analyses fécondes par l'application des modèles visant à tester les hypothèses à la base des théories de l'agence36 avec des approches relatives à l'aléa moral, à la sélection adverse ou au type de monitoring. Ces travaux partent du fait que le système financier formel réduit les problèmes d'asymétrie d'information en rationnant le crédit et en exigeant des garanties, consécutifs au travail inaugural de Stiglitz et Weiss [1981]. Ces études n'observent ensuite que la pratique des crédits à des emprunteurs appartenant à des groupes solidaires au sein desquels les membres se cautionnent mutuellement. Ces analyses relèvent de contrat qui applique implicitement les enseignements des modèles d'agence.
Au plan pratique, Zeller [1998] montre sur le plan empirique comment la sélection des membres du groupe par leurs pairs, accroît significativement la qualité des remboursements du fait aussi de la surveillance, de l'entraide et de la pression, une fois les prêts obtenus. En effet, il utilise des informations sur 146 groupes de prêt à Madagascar et fournir des arguments en faveur du prêt groupé.
36La théorie de l'agence essaie de comprendre comment un agent économique, le principal, peut s'assurer qu'un autre agent économique, l'agent respecte ses engagements.
Dans le domaine de l'économie appliquée au développement, les analyses se situent beaucoup plus dans des préoccupations relatives à la réduction de la pauvreté dans ses dimensions «statiques » que dynamiques. Ces analyses traitent de la mesure du développement des services financiers de proximité et leur contribution à l'inclusion de la population pauvre en leur permettant l'accès au crédit mais aussi aux autres services financiers vitaux (micro épargne, micro assurance, transferts de fonds au profit des familles des travailleurs migrant). Au delà des services offerts aux populations ciblées, elles concernent ensuite la stabilisation des revenus, les régimes nutritionnels et de façon plus générale la réduction de la précarité.
D'un point de vue méthodologique, les applications empiriques des concepts théoriques ont donné lieu à des avancées méthodologiques. On note par exemple la définition des échantillons appropriés aux groupes de contrôle en l'absence de données longitudinales pour les études d'impact réalisés par Seep et Mosley [2000], et beaucoup plus récemment, celui relatif à l'application expérimentale.
Marie Godquin et Léandre Bassolé [2004] qui abordent quant eux la microfinance sous l'optique de la pérennité et viabilité des institutions opérant dans ce secteur. Ces auteurs analysent sous des approches différentes les performances du remboursement des prêts, en recourant aux enseignements de la théorie des contrats appliqués au marché du crédit.
Toutefois, Marie Godquin a travaillé sur des données relatives aux clients des trois plus grandes institutions de microfinance au Bangladesh et elle nous fourni une analyse sur les déterminants du remboursement, en focalisant son analyse sur le rôle des innovations dans les procédures des prêts de groupe ainsi que l'accompagnement par le canal des services non financiers et les mécanismes incitations dynamiques. Après qu'elle est corrigée les biais dus à l'endogéneité de la taille des groupes, elle arrive à des résultats dont l'intérêt opérationnel s'avère intéressante. Ceci dans la mesure où elle montre que les innovations dans les procédures d'octroi des prêts doivent être poursuivies vue que l'ancienneté des groupes solidaires agit négativement sur la qualité des remboursements. De plus, les cycles progressifs de prêts finissent par ne plus constituer l'incitation à honorer ses engagements; les sommes plus élevés et l'expérience des membres des groupes interfèrent pour moins faire jouer la caution solidaire. Ainsi, elle conclue à la nécessité de concevoir des incitations spécifiques pour les clients anciens auxquels les institutions veulent accorder des prêts les plus élevés, ainsi, elle rejoint les innovations en cours dans ce secteur par les institutions de microcrédit.
Dans une approche différente, mais complémentaire, Léandre Bassolé traite du rôle de la coresponsabilité du groupe sur la performance de groupe en utilisant des données relatives à la clientèle des IMF au Malawi. L'intérêt de son approche réside dans la distinction entre «défaillance interne » et « défaillance externe » au groupe pour déceler l'occurrence de défaillance stratégique. Il nous faut préciser que ce questionnement est très peu développé dans la littérature37et revient à tester l'existence et à évaluer l'asymétrie d'informatisation entre les membres du groupe eux même et non plus seulement vis-à-vis de l'IMF.
Ce modèle d'un point de vue empirique consiste à tester les deux propositions suivantes:
· Hypothèse 1 : en situation de coresponsabilité dans un contrat de crédit de groupe, l'auto sélection, la surveillance mutuelle, la pression des pairs et l'entraide mutuelle permettent d'améliorer le taux de remboursement.
· Hypothèse 2: la perte de l'accès au crédit futur en cas de défaillance d'au moins un membre augmente les taux de défaillance stratégique, ce qui détériore le taux de remboursement du groupe.
Avec deux types de taux de défaillance, un au niveau interne qui correspond à la défaillance entre les membres du groupe et l'autre externe c'est-à-dire vis-à-vis de l'institution. Ce choix nous permet de mieux appréhender la dynamique du mécanisme de remboursement au sein du groupe. En effet, dans ce modèle nous avons deux niveaux de remboursement, à l'échéance du contrat, le groupe emprunteur, choisit la même stratégie, rembourser ou ne pas rembourser le prêt. Cela permet de savoir si le groupe est défaillant ou pas. Ainsi, si les emprunteurs choisissent des stratégies différentes, on se retrouve à un second niveau de remboursement. Ceux qui remboursent au premier niveau font jouer la pression des pairs afin que les autres respectent leur contrat, ou leur viennent-en aide par la clause de l'entraide mutuelle pour que le groupe ne perde pas la possibilité des crédits futurs. A ce niveau du remboursement, le niveau de la pression des pairs et la possible entraide mutuelle sont fonctions de l'importance que les bons emprunteurs accordent au crédit futur .A ce stade du remboursement, le niveau de pression des pairs et la
37 (Cf. Wenner [1995] qui teste si la sélection par les pairs a un impact sur la performance de 25 groupes de crédit du Costa Rica et s'intéresse à l'utilisation d'information locale des membres des groupes de prêts en vue de la sélection de leurs pairs. Son étude montre que les groupes de prêt utilisent de l'information privée pour sélectionner leurs membres et que ce mécanisme de sélection accroît la performance de remboursement des groupes.)
possible entraide mutuelle sont fonction de l'importance que les bons emprunteurs accordent au crédit futur. Les résultats économétriques de Bassolé confirment le rôle positif des constituants de la coresponsabilité que sont la pression, surveillance et l'entraide mutuelle sur les performances de remboursement. Ils valident aussi l'hypothèse selon laquelle la perte d'accès au crédit futur en cas de défaillance d'au moins un membre, augmente les risques d'occurrence de défaillance stratégique. De fait il en déduit qu'il convient de relâcher une des règles de coresponsabilité qui consiste à exclure des prêts futurs, tous les membres d'un groupe dont un remet en cause le fondement du système des prêts aux groupes solidaires et que cela permettra de réduire le rôle que celui est censé avoir. Ainsi, il recommande une application rigoureuse des procédures qui consiste à la vérification de la qualité des groupes avant l'octroi des prêts pour s'assurer que l'auto sélection des membres a été correctement mise en jeu ainsi que les conditions de « stakeholder ». Alors pour les clients plus anciens et les prêts élevés, les solutions résideraient dans les innovations que les IMF peuvent concevoir comme le suggère Marie Godquin. Il s'agit par exemple d'introduire un système de garanties plus facile à mettre en oeuvre pour les clients ayant une expérience avérée avec l'IMF.
Pour les études d'impact des services offerts aux populations pauvres ciblées par les Institutions de microfinance, nous pouvons nous référer aussi bien au travail de Abdelkhalek Toumani [2004 ] qui a plus un caractère méthodologique et ceux relatifs aux études de Flore Gubert et Francois Roubaud [2004] sur des données d'enquêtes auprès d'unités de productions informelles opérant à Antanarivo (Madagascar) sur la période 2001 et 2003.
Toumani, lui présente les techniques statistiques utiles pour tester l'efficacité du financement des microentreprises dans la lutte contre la pauvreté en revenant sur la question de l'échantillonnage avec les diverses strates réalisables. De plus il rappelle les outils qui peuvent être utilisés pour analyser l'impact des avec des détails sur les indicateurs de pauvreté.
Gubert et Roubaud [2004] quant à eux effectuent une analyse sur l'impact des services offerts par les IMF et choisissent pour critère d'appréciation les gains de productivité. Ils prennent le soin de vérifier au préalable si l'IMF en question touche bien la catégorie d'actifs ciblés, dans leur cas il s'agit des unités productives exclues des systèmes formels de financements. Pour contourner les problèmes d'endogéneité relatifs au risque de biais de sélection, ces auteurs appliquent la méthode des groupes appariés38, sur des données de panel de 2001 et 2003 c'est-à-
38 L'une de ces méthodes consiste à identifier des groupes de non participants (ou groupes-temoins) présentant des caractéristiques analogues à celles des participants (le groupe traité) et à le comparer entre eux. Parmi les critères généralement pris en compte pour l'appariement figurent notamment l'age, le sexe, l'activité professionnelle, la branche d'activité, etc. Sont en revanche exclues, faute d'observation satisfaisante, certaines dimensions pertinentes telles que la motivation ou la confiance en soi. Une autre méthode consiste à comparer la situation des bénéficiaires
dire avant et après la crise politique Malgache. Cette base de données leur permet d'effectuer une analyse fine de l'impact et d'apporter, selon le contexte politique environnant des éclairages originaux sur les effets différenciés des services financiers de proximité.
Il nous semble intéressant de présenter une synthèse de leur étude compte tenu du fait qu'il existe très peu d'étude d'impact, tout particulièrement en Afrique subsaharienne qui permettent à la fois d'identifier avec précisions les caractéristiques des populations bénéficiaires et surtout de mesurer les changements que ces programmes induisent ceci afin de mieux appréhender la porté de leur résultats. L'objectif qu'ils assignent à la microfinance dans leur étude est qu'elle arrive à la fois à fournir des services financiers aux populations exclues des circuits de financement mais surtout à contribuer à la promotion des activités génératrices de revenu au sein des populations. Leur exposé débute par une présentation succincte du mode de financement du secteur informel en Antananarivo. Ceci se poursuit par une description des caractéristiques des clients de L'IMF concerné par l'étude. L'intérêt de cette étude tient à la dimension en panel des données qui autorisent le suivi de l'impact entre 2001 et 2003 soit après les incidents politiques de décembre 2001 .Ainsi concernant le mode de financement, ces auteurs nous expliquent qu'en 2001, plus de 88% du stock de capital dont disposent les unités de production informelles a été financé à partir de fonds propres (épargne, héritages, don). Les résultats se présentent comme suit:
Tableau 1.9.Mode de financement du capital du secteur informel en 2001(%)
Epargne, don, héritage |
Prêt familial |
Prêt auprès d'usuriers |
Prêt bancaire |
Autres |
|
Industrie |
85,2 |
0,5 |
0,0 |
0,0 |
14,1 |
Commerce |
93,3 |
0,6 |
0,0 |
0,0 |
6,1 |
Services |
87,5 |
2,2 |
4,9 |
0,0 |
7,2 |
Total |
88,3 |
1,5 |
3,0 |
0,0 |
7,2 |
Source : Enquête 1-2-339 2001, phase 2, dans le cadre du projet Madio (Rakotomanana et al.2000)
du programme avant et après sa mise en oeuvre. A défaut d'information sur la mise en oeuvre du programme, il est également possible, mais moins satisfaisant, de recourir à une comparaison de leur situation entre deux dates postérieures à la méthode dite de double différence, compare quant à elle la situation d'un groupe de bénéficiaires (première différence), avant et après intervention (seconde différence).
39 L'enquête 1-2-3 est un dispositif de trois enquêtes emboîtées touchant des populations statistiquement différentes, individus, unités de production informelles, ménages. La première phase est une enquête sur l'emploi, le chômage et les conditions d'activité des individus vivant dans les ménages. La deuxième phase est une enquête spécifique auprès des chefs des unités de production informelles (UPI) sur leurs conditions d'activité, leurs performances
économiques, leur mode d'insertion dans le tissu productif et leurs perspectives. La troisième phase, enfin, est une enquête sur la consommation des ménages.
Notes: le réinvestissement des revenus tirés de l'activité informelle est inclus dans la catégorie «Epargne, don et héritage ». La catégorie «Autre » comprend les prêts auprès des clients, des fournisseurs ou des associations de producteurs.
Les résultats du tableau nous montre que le secteur financier, qu'il soit formel ou informel ne joue qu'un faible rôle dans le financement du capital des unités de production informelles (UPI). De plus l'étude révèle que la majorité des chefs d'UPI environ 67% la fait de manière informelle en sollicitant l'aide de membres de sa famille. En effet, cela se justifie par une méconnaissance par ceux-ci de l'offre de service existant. L'étude estime ainsi à seulement 30% les UPI qui déclarent connaître une IMF, et parmi elles, moins de la moitié dit avoir connaissance des financements proposés par ce type d'institution. En conséquence, moins de 3% des UPI d'Antanarivo se déclarent s'être adressées à une IMF pour obtenir un financement. Toutefois, sur cet échantillon déjà minime, seulement 35% ont vu leur demande de prêt satisfaite soit moins de 1% de l'ensemble d'UPI existante sur l'agglomération. Tout ceci en dépit d'une forte expansion de la microfinance. En conséquence, sur un échantillon de 1000 UPI représentatives de l'ensemble du secteur informel, la phase 2 de l'enquête 1-2-3 a été réalisée au cours de la même année 2001 auprès d'un échantillon représentatif de 198 entrepreneurs clients ou anciens clients de l'IMF. La représentativité statistique de leurs univers respectifs peut se décrit comme suit: secteur informel d'une part et clients de l'IMF de l'autre. L'intérêt de ces deux enquêtes est quelles accordent une part importante aux agrégats économiques tels que le chiffre d'affaires, la valeur ajoutée, etc....
En théorie, nous avons souligné que la plupart des IMF n'exige aucune garantie de la part de leurs clients. Mais dans la pratique cela ne se vérifie pas toujours dans les faits .Ainsi donc dans le cas malgache, certaines institutions vont jusqu'à exiger des garanties allant de 60à 130% du montant de crédit accordé. Il s'agit en autre de nantissement de matériels, gage de voiture, caution solidaire, caution sur salaire, et enfin les promesses hypothécaires, etc.
On note par ailleurs que les clients de l'IMF appartiennent à 99% au secteur informel au sens défini par la phase 2 de l'enquête 1-2-3. Toutefois, sans que cela soit précisément spécifié dans les objectifs de l'IMF, les microentreprises du secteur formel c'est-à-dire celles qui sont enregistrées et tiennent une comptabilité, représentent 3% des unités de production de moins de cinq employés et constituent en somme 15% des emplois, ne font pas partie de la clientèle de l'IMF. Ceci ne peut être interprété faute d'informations sur les demandes d'adhésions rejetées par l'IMF comme provenant d'un processus d'auto sélection de la part des microentreprises formelles qui ne s'adressent pas à l'institution ou si cela découle d'un ciblage volontaire de la part de l'IMF
parmi les microentreprises. Cette spécificité peut être avantageuse si on se situe dans une optique de lutte contre la pauvreté dans la mesure où le secteur informel est de loin le moins rémunérateur40.
Si nous nous situons dans une perspective de performance économique c'est-à-dire l'analyse des chiffres d'affaires et valeur ajoutées par unité de production nous obtenons le résultat suivant :
Tableau 1.10: niveau d'activité des UPI (Valeur moyenne pour le mois précédent l'enquête-en euros)
Industrie Agriculture/élevage |
UPI clientes de l'IMF |
Ensemble des UPI d'Antananarivo |
|||||
Adhésion antérieure à janvier 2000 |
Adhésion postérieure à janvier 2000 |
||||||
CA |
VA |
CA |
VA |
CA |
VA |
||
1 607 |
551 |
1 631 |
1 054 |
/ |
/ |
||
Agro-alimentaire |
615 |
170 |
3 758 |
1 628 |
223 |
77 |
|
Confection |
2 801 |
1 435 |
1 456 |
861 |
142 |
71 |
|
Autres industries |
2 109 |
1 071 |
838 |
341 |
147 |
87 |
|
BTP |
/ |
/ |
/ |
/ |
201 |
138 |
|
Commerce |
|||||||
Produits primaires |
2 885 |
309 |
3 070 |
634 |
559 |
97 |
|
Produits transformés |
7 108 |
1 621 |
4 066 |
771 |
499 |
117 |
|
Services |
|||||||
Ménages et entreprises |
1 491 |
1 280 |
315 |
133 |
142 |
89 |
|
Restauration |
1 688 |
791 |
1 220 |
522 |
483 |
163 |
|
Transport |
668 |
398 |
713 |
538 |
463 |
233 |
|
Ensemble |
2 145 |
918 |
1 886 |
669 |
316 |
106 |
Sources : Enquête 1-2-3 2001, phase 2 et enquête quantitative auprès de la clientèle de l'IMF
40
En 2001, le revenu mensuel moyen des travailleurs malgaches du secteur informel était près de deux fois inférieur à celui perçu par les actifs du secteur formel, avec respectivement 224000fmg (monnaie local) et de 404000fmg. De plus l'incidence de pauvreté avec la ligne internationale de un dollar par jour en parité du pouvoir d'achat était de 1,5% pour les ménages dont le chef exerçant dans le secteur public et de 11% lorsqu'il appartenait au secteur privé formel et de 25,6%quand il travaillait dans le secteur informel. On a 70% des pauvres de la capitale malgache qui appartenaient à ce type de ménage.
2001, MADIO.
Notes: CA : chiffre d'affaires. VA : valeur ajoutée. En 2001, le taux de change était de 6 100 FMG pour 1 €.
Sur l'ensemble des secteurs confondus, le volume d'activité des UPI clientes de l'IMF est six à neuf fois supérieur en moyenne à celui de l'ensemble des UPI de l'agglomération, selon l'indicateur retenu et la date d'adhésion à l'institution. Une explication possible est que ce dynamisme relatif des UPI clientes de l'IMF soit consécutif à l'octroi de prêts de la part de l'institution.
En termes de ciblage, l'IMF remplit parfaitement sa mission en touchant une clientèle de petites entreprises urbaines du secteur informel. Toutefois, dans cette frange, celle-ci s'adresse à la catégorie «supérieur » de ce secteur. L'analyse des données nous permet de conclure, en moyenne, les entreprises clientes de l'IMF génèrent plus de chiffres d'affaire ou de valeur ajoutée que la moyenne des unités de production du secteur ceci parce qu'elles disposent de plus de facteurs de production c'est-à-dire du capital et du travail mais aussi surtout d'une production supérieure.
Les auteurs ceux sont aussi intéressés au changement induit par le crédit et la perception qu'à la clientèle de l'IMF de ce changement. Sur un échantillon représentatif de la clientèle de l'institution, 87% de clients interrogés déclarent que les prêts contractés ont induit un changement positif sur leur entreprise. Ainsi les résultats ce présentent comme suit:
Tableau 1.11: Impact perçu des prêts octroyés (%)
Niveau de production |
En augmentation/ positif |
En baisse/ négatif |
Inchangé |
Ne sait pas |
76,1 |
3,9 |
18,1 |
1,5 |
|
Qualité des produits |
67,8 |
1,5 |
28,0 |
2,7 |
Diversification de la production |
45,8 |
0,6 |
53,3 |
0,3 |
Niveau des ventes |
67,5 |
5,1 |
26,8 |
0,6 |
Effectifs employés |
13,3 |
1,5 |
84,6 |
0,6 |
Niveau des actifs |
42,2 |
0,3 |
56,6 |
0,9 |
Niveau de trésorerie |
74,1 |
5,1 |
18,7 |
1,5 |
Changement global induit |
87,1 |
3,0 |
9,3 |
0,6 |
Source : Enquête quantitative auprès de la clientèle de l'IMF 2001, MADIO.
Note : Ces statistiques portent sur 198 clients et 332 prêts.
Ce changement est traduit surtout par l'augmentation du niveau de production dans 76% des cas et une amélioration du niveau de production estimé à 68% ou encore une diversification de la production 46%. L'impact perçu des prêts sur la main d'oeuvre est en revanche négligeable. La suite de l'étude, sur la base d'éléments objectifs met en évidence, cela quelque soit l'indicateur de performance retenu, l'impact positif des financements accordés par l'IMF pour les UPI qui en ont bénéficié. Ainsi, il apparaît qu'être client de l'IMF donne lieu à un gain net de chiffre d'affaire de 149% en moyenne. Si l'on se concentre par exemple sur le niveau de production, les UPI clientes obtiennent un supplément de production de l'ordre de 704 euros par mois en moyenne. L'impact sur l'emploi contrairement à la perception des clients bien que négligeable reste également positif puisque les UPI clientes de l'IMF comptent en moyenne un employé de plus que les UPI du groupe témoin, soit une augmentation de 57% qui diffère de l'impact tel que perçu par la clientèle.
Les résultats sont présentés dans le tableau ci-dessous :
Tableau1.12 -Gains nets du projet (%) (sept.2001)
Mode d'appariement
5 UPI ayant le score de propension le plus proche
UPI ayant le score de propension le plus proche
+ 148,7 (***)
+ 144,0 (***)
Outputs
Chiffre d'affaires
+ 134,0 (***)
+ 142,4 (***)
Production
+ 103,7 (***)
+ 125,3 (***)
Valeur ajoutée
+ 112,9 (***)
+ 131,2 (***)
Excédent brut d'exploitation
+ 56,6 (***)
+ 67,2
- 4,6
+ 68,0 (***)
Facteurs de production Nombre actuel d'employés Valeur actuelle du stock de capital
+ 66,9 (***)
+ 61,5 (***)
Productivité VA/L1
+
VA/L2
+ 164,1
182,2 (**)
+ 14,9
+ 21,0
VA/K
Sources : Enquête 1-2-3 2001, phase 2 et enquête quantitative auprès de la clientèle de l'IMF 2001, MADIO.
Notes : Le nombre d'UPI clientes de l'IMF appariées est 168; le nombre d'UPI non clientes de l'IMF et servant de contrôle est 87 (certaines sont utilisées plusieurs fois). VA : Valeur ajoutée; L1 : Nombre de travailleurs; L2 : Nombre d'heures de travail par mois. K : valeur du capital au coût du remplacement; * : significatif au seuil de 1%; ** : significatif au seuil de 5%; *** : significatif au seuil de 1%.
En somme, les mêmes enquêtes ont été effectuées en 2003 sur le même échantillon représentatif pour tenter d'isoler la crise politique de 2002 dans l'analyse d'impact. Les auteurs nous expliquent que bien que les gains se soient fortement érodés, l'impact de l'IMF reste largement positif en 2003. Ainsi pour 82% des clients enquêtés en 2003, les changements induits par les prêts octroyés par l'IMF sont positif, contre moins de 3% qui déclarent le contraire.
L'enquête fournit l'appréciation du client pour chacun des prêts qu'il à obtenu depuis son adhésion à l'IMF qui ce traduisent par le tableau suivant :
Tableau 1.12: Impact perçu des prêts octroyés, sept. 2001 et mars 2003 (solde d'opinion)
Échantillon complet |
||||
Entre |
||||
Avant |
2001 et |
Variations |
||
2001 |
2003 |
|||
Niveau de production |
+ 73,4 |
+ 80,0 |
+ 6,6 |
|
Qualité des produits |
+ 59,6 |
+ 63,8 |
+ 4,2 |
|
Diversification de production |
la |
+ 47,1 |
+ 56,9 |
+ 9,8 |
Niveau des ventes |
+ 65,7 |
+ 62,3 |
- 3,4 |
|
Effectif employé |
+ 22,9 |
+ 29,2 |
+ 6,3 |
|
Niveau des actifs |
+ 37,8 |
+ 43,9 |
+ 6,1 |
+ 71,0 + 63,4 - 6,6
+ 32,3 + 31,0 - 0,7
+ 45,2 + 52,1 + 6,9
Avant
2001
Entre 2001 et
2003
Variations
Panel
+ 76,9 + 81,7 + 4,8
+ 70,4 + 64,8 - 5,6
+ 55,4 + 56,3 + 0,9
Pour conclure sur cette étude, les auteurs mentionnent que les prêts octroyés sont non seulement perçus comme ayant un impact favorable sur l'activité de l'entreprise, mais surtout jouent aussi sur les conditions de vie de la famille des clients. En fonction des soldes d'opinion, ils estiment l'amélioration du niveau de vie à plus 75,5%, pour la santé à 71% et enfin à plus de 66,5% pour la scolarité. Toutefois, ils précisent que l'impact des financements accordés par l'IMF est plus incertain en période de crise. Nous estimons pour notre part que bien que cette étude n'établisse de lien entre ces résultats et les procédures de l'IMF, elle nous semble enrichissante notamment pour les promoteurs de la microfinance.
Conclusion du chapitre 1
Au terme de ce chapitre, nous pouvons souligner que l'intérêt pour la microfinance découle de l'échec des politiques macro financières et d'aide au développement qui ont eu du mal à s'adapter au réalité local et à résoudre les problèmes. Aujourd'hui, les théories du développement ne nos jours ne s'intéressent pas uniquement au rôle de l'état comme c'était le cas auparavant. Au niveau de la théorie économique, on constate un intérêt pour les problèmes liés à l'information à la participation et encore plus aux questions touchant à l'incitation des acteurs.
On a aussi une évolution de la politique des bailleurs de fonds qui prennent maintenant en compte tous ses aspects. De plus, leur contribution a été indispensable à l'émergence des institutions tout en soulignant leurs intérêts pour les grands projets qui ne sont pas forcements rentables pour les économies locales.
La microfinance suscite aujourd'hui un intérêt croissant parce que des auteurs tels que Stiglitz ont mis en avant le rôle important de ces systèmes financiers dans le développement d'un point de vue théorique dans les années quatre vingt avec une remise en cause de l'État providence. En effet, l'échec de l'État dans la politique de développement qui avait suivi l'exportation du modèle de la grande entreprise a amené à la réflexion sur le développement endogène et à l'émergence du paradigme du développement par « le bas » [Stohr, 1978, 1981,1984]. Ce type de modèle de développement endogène basé sur l'utilisation des ressources locales et le contrôle au niveau local du processus d'accumulation permet d'accroître les interdépendances productives. C'est dans cette dynamique que s'inscrire l'action de la microfinance. Toutefois, la problématique de son intégration dans la finance globale mérite un examen particulier de notre part compte tenu du fait que l'objet de la microfinance reste avant tout économique et financier.
Il s'agira dans ce second chapitre démontrer que la microfinance fait partie intégrante de la finance globale dans les PED. En effet, nous avons vu que dans les PED, on constate une prolifération d'IMF qui occupe une part importante du système financier jusqu'alors délaissé par les banques. Aujourd'hui, dans une perspective de développement économique, il nous parait indispensable d'approfondir l'articulation entre le secteur bancaire et les IMF dans les PED. Il s'agira de présenter les raisons d'une l'articulation entre les banques et les institutions de microfinance compte tenu du dualisme financier qui prévaut dans la plupart des PED. Ceci par une approche en terme d'intermédiation financière tout en définissant les stratégies et modalités pour renforcer cette articulation afin de créer un espace d'intermédiation beaucoup plus dynamique indispensable à la croissance financière dans les PED.
Cependant une analyse financière des IMF s'impose pour mieux prendre en compte leur rentabilité. Enfin, nous examinerons le cas de l'UEMOA en la matière.
Lelart [2000] souligne que les IMF ont naturellement leur place dans les systèmes financiers nationaux. Ceci dans la mesure où il existe des liens entre les banques et ces institutions. Bien avant d'avancer des arguments qui militent en faveur de cette approche, nous proposons de faire un bref rappel de l'architecture financière des PED qui constitue de notre point vue un second argument pour la prise en compte des IMF comme faisant partie à part entière des systèmes financier nationaux des PED.
Bref rappel de l'architecture financière des PED
Dans les PED, le secteur financier est caractérisé très fréquemment par un dualisme financier et imparfait avec la coexistence du secteur formel et des secteurs informels. Cette situation est moins vraie dans les pays développés mais il faut aujourd'hui constater que la ligne de démarcation entre les deux secteurs n'est plus aussi nette qu'auparavant ceci a cause des interpénétrations des opérations et des participants. En effet, Venet [1997] nous fait remarquer que « les banques africaines et le secteur informel sont complémentaires» ceci dans la mesure où les banques limitent leur soutien aux moyennes et grandes sociétés, tandis que la finance informelle réponds aux besoins des petits et microentreprises. Cette complémentarité est aussi valable avec le secteur de la microfinance. En outre, on a une démarcation de plus en plus réduite entre microfinance et
le secteur financier formel. De plus, la microfinance permet à une catégorie de personnes qui étaient jusqu'à présent exclus du système financier, d'amasser des actifs et d'augmenter leur revenu.
Nous avons vu que pour contourner les défaillances du marché du crédit bancaire et l'exclusion d'un nombre considérable d'entrepreneurs potentiels, divers systèmes de crédit ont été mis en place dans les PED. Or, nous avons démontré au chapitre précédent que le problème fondamental du développement financier dans la plupart des PED reste la mise à contribution de manière institutionnalisée des pratiques de microfinancement pour remédier à la pénurie de crédit à laquelle se trouvent confrontées les PME. Compte tenu du fait qu'elles n'ont pas accès au crédit bancaire et d'autre part qu'elles ont des besoins en financement excédant les plafonds des agents informels et d'un grand nombre de programmes de microfinancement. Par conséquent, il existe aujourd'hui peu de possibilités d'amélioration de l'allocation du crédit de notre point de vue si ce n'est un resserrement des liens entre le secteur bancaire et celui des IMF.
De ce fait pour résoudre le manque de crédit, il faudrait encourager les banques à établir des rapports plus étroits avec les programmes de microcrédit qui ont la possibilité de mobiliser des dépôts et de distribuer du crédit. A ce titre, l'exemple de la Banque Africaine de Développement s'avère intéressant dans la mesure où elle s'est proposée en 1997 d'encourager les banques africaine à offrir des taux préférentiels aux institutions de microcrédit et même aux agents financiers informels pour inciter ces derniers à être des clients réguliers et des partenaires en matière de mobilisation de l'épargne. En effet, ils sont susceptibles de rassembler les petites épargnes à coût relativement faible et de distribuer davantage de crédit s'ils ont accès au crédit bancaire.
Nous savons que selon la théorie, en matière d'allocation de crédit, le meilleur moyen est de développer une relation d'agence. Par conséquent, cela est aussi vrai dans la relation des prêts entre le secteur bancaire et les IMF. Ainsi donc, la banque alloue des crédits aux IMF en fonction des dépôts mobilisés qui les rétrocèdent aux petits entrepreneurs. Cette politique d'acheminement du crédit bancaire vers les IMF ou encore aux prêteurs informels est acceptable que sur la base de l'efficacité et d'une intégration financière plus renforcée.
Auparavant cette absence de liaisons entre le secteur bancaire
et les IMF pouvait s'expliquer par
la méfiance, ainsi que les
préjugés négatifs des banques vis-à-vis de ce
secteur qui leur semblait
trop risqué. Pourtant nous avons pu voir
que ces institutions sont en mesure d'établir avec leurs
emprunteurs des relations personnelles qui leur assurent des taux de non remboursement extrêmement faibles. Cette réduction des risques comme nous l'avons vu passe par des garanties coopératives et des mécanismes de contrats innovants, ainsi que d'un suivi systématique des projets et de remboursement des prêts. De plus, nous devons préciser que les IMF ont fondé leur stratégie de réduction de risques sur une analyse minutieuse des capacités de l'entreprise en mettant l'accent sur les aspects immatériels de l'endettement tels que la caractéristique de l'entrepreneur, les antécédents de celui-ci en matière de remboursement et pour finir ses aspirations au succès.
Par conséquent pour réduire leur risque dans le domaine du microfinancement, les banques gagneraient à partager les risques avec ces institutions en s'appuyant sur leurs expériences. De ce fait, il est recommandable aux pouvoirs publics d'apporter leur soutien à ce rapprochement. Il s'agira, entre autre, d'utiliser des mesures incitatives telles que la fiscalité, les systèmes de réglementation et de surveillance pour encourager les banques à traiter avec des intermédiaires crédibles du secteur de la microfinance afin que celles-ci perçoivent une réduction des risques encourus. Toutefois, les réglementations devraient éviter des dispositions restrictives et supprimer les dispositions constituantes des obstacles à l'approfondissement financier entre les deux secteurs. L'objectif pour les pouvoirs publics devrait être d'encourager les institutions bancaires à investir dans les programmes de microfinancement pour permettre que des fonds bancaires subsistants puissent être utilisés dans le but d'encourager le potentiel des entrepreneurs dans les PED.
? Relations entre banques et microfinance
On dénombre aujourd'hui cinq grands types de relation entre les banques et la microfinance à savoir:
· la banque soutient l'IMF sous forme de mécénat
· la banque met à disposition son infrastructure à l'institution
· la banque refinance l'institution de microfinance
· La banque prend une participation dans l'institution de microfinance
· la banque met en place un fonds d'investissement en microfinance
? Des institutions de microcrédit aux banques spécialisées
Depuis quelques années, entraînées par l'expérience de la Grameen Bank du Bangladesh, les grandes fondations et ONG du micro crédit de plusieurs pays du sud ont leur propre banque.
Limitées dans leur financement et souvent par des règles administratives nationales, ces organisations, face à une demande en progression de crédit émanant des petits producteurs et commerçants du secteur informel, mais aussi des petites entreprises naissantes ou en développement, ont développé des instruments financiers qui ont évolués, avec l'accord des pouvoirs publics, vers la création d'institutions financières formelles et de banques spécialisées dans le financement du microcrédit.
Aujourd'hui plusieurs d'entre elles gèrent des portefeuilles de microcrédit supérieurs à 10 millions de dollars à l'image de BancoSol en Bolivie, de Pro Empressa au Pérou, de la Grameen Bank au Bangladesh, de la BRI Bank en Indonésie, de K-REP au Kenya, de Rural Credit Facility d'Afrique du Sud, etc. Ainsi, les promoteurs de la microfinance se sont dotés d'instruments financiers et des banques nécessaires pour attirer et gérer l'épargne des populations et souvent des clients auxquels ils accordent du crédit. En plus, pour bénéficier des lignes de crédit accordées par les banques internationales de développement ou les agences bilatérales de coopération. Il s'agit d'un progrès important vers l'intégration dans le système financier global. Cependant, la problématique du financement demeure une question cruciale pour une intégration parfaite.
Il est possible de se référer à la théorie du cycle de vie comme cadre d'analyse décrivant à la fois les besoins théoriques et réels des IMF au cours de leur développement. En effet, la théorie du cycle de vie est un concept simple qui décrit l'évolution d'une industrie pendant sa période de croissance et son évolution à la maturité. A chaque stade de leur vie, les entreprises traversent diverses étapes similaires à la vie humaine. Ainsi, à chaque stade de leur vie, les entreprises restent ou disparaissent en fonction de leur capacité à se procurer des ressources adéquates. L'intérêt de la théorie du cycle de vie appliquée à la microfinance est qu'elle permet de décrire les différents stades de développement des IMF auxquelles correspondent différentes sources de financement. Cette théorie suggère que les IMF en voie de développement doivent passer par des ressources en capital à haut risque à une gamme de ressource à moindre risque (Cf. Figure ci-dessous) :
Figure : Les cycles de vie et les besoins de financement correspondants
Naissance Jeunesse Maturité/age adulte
|
Capital à haut risque
Titres de dettes Subventionnée Capital risque
Créances et capital
|
Source : inspiré de l'article de Marc de Sousa-Shields [2005]
Les besoins en financement dans la phase de jeunesse sont relativement modestes bien que cela dépende du type d'entreprise mais les risques demeurent élevés et difficile à maîtriser c'est la raison pour laquelle la plupart des entreprises ont recours aux amis, la famille et à l'épargne. Pendant la phase de croissance les besoins dépassent ce qui peut être apporté par les liens personnels. A la phase adulte, la croissance tend à plafonner et l'entreprise est plus axée sur la réduction des coûts.
Si l'on applique ce raisonnement à l'IMF alors on a dans sa phase de démarrage un besoin de ressources en capital acceptant des prises de risques élevés. Ces ressources proviennent en premier lieu de sources à but non lucratif comme les dons ou les prêts bonifiés apportés par les bailleurs de fonds ou agences de développement. Au cours de la phase de jeunesse, l'IMF a également besoin de ressources financières pour augmenter sa part de marché et réaliser des économies d'échelle. C'est lors de cette phase, que les IMF entrent souvent dans la phase de réglementation bancaire. Ce qui demande en général, l'arrivée de capitaux du type dette mezzanine.
Enfin, en phase adulte les IMF sont semblables aux autres catégories d'institutions financières. Leur financement doit mettre l'accent sur le volume de fonds collectés mais aussi sur leur coût et sur leur flexibilité. Ces ressources proviennent en général des dépôts, des emprunts à moyen terme, des dividendes, et prêts accordés par les banques commerciales ou les organismes nationaux et internationaux. De fait on peut dire que les IMF ont besoin d'un montant significatif pour financer leur croissance. Par conséquent, examinons les outils de financement des IMF.
Le secteur de la microfinance a déjà amorcé la commercialisation, et l'inclusion dans le secteur financier est aujourd'hui une réalité dans certains PED. De plus, un lien de financement se crée entre les IMF, les banques. Les besoins financement des IMF ont beaucoup évolué. Si les subventions restent toujours nécessaires surtout dans la phase de construction des institutions en référence à la théorie du cycle de vie, la structuration des IMF plus matures et rentables suscitent l'apparition de nouveaux modes de financement tels que: la prise de participation au capital des IMF sous statut de société ; les prêts commerciaux aux IMF et garanties facilitant ces prêts ; outils de gestion du risque de change, etc.
Ainsi, de nouvelles catégories de financiers sont apparues en parallèle, aux cotés ou en relais des bailleurs de fonds qui avaient dominé la phase de développement du secteur: banques commerciales, investisseurs privés, fonds spécialisés en prêts ou investissements aux IMF. Plus récemment, on a même pu parler de l'émergence d'un marché de capitaux du secteur de la microfinance, au fur et à mesure que se créent des fonds spécialisés et des montages financiers plus complexes. En effet, on assiste à l'émission d'obligations et d'opération de titrisation, ainsi qu'à l'entrée en bourse de « succes stories » du secteur.
Nous avons vu que plusieurs sources de financement peuvent être envisagées en micro finance:
Etudions dans le détail en quoi consistent ces différentes techniques:
Avec les instruments de garantie qu'offrent les bailleurs de fonds, l'IMF peut être en capacité de faire levier sur les ressources des bailleurs et obtenir des emprunts commerciaux d'un montant au moins équivalent à celui des fonds des bailleurs. Les IMF ont deux possibilités pour se financer par endettement, soit elles empruntent directement aux banques commerciales, soit elles émettent des titres sur le marché.
Nous verrons plus loin le rôle joué par les fonds de garantie pour faciliter l'accès des IMF aux capitaux sur les marchés.
Cette pratique consiste pour l'institution à remettre aux investisseurs des reconnaissances de dettes en l'échange de leurs fonds. Cette reconnaissance de dette est un titre formel où sont précisés l'échéance et le taux de rendement. Ainsi pour avoir un résultat, l'IMF doit être en mesure de proposer un rendement au moins égal aux autres titres à niveau de risque comparable.
Pour émettre des titres, il n'est pas nécessaire de disposer absolument du statut d'institution financière réglementée. En effet, en 1995, la Fundaction Paraguay de Cooperacion y Desarollo, qui est une ONG a émise des titres à hauteur de 350 millions de gurantis par l'intermédiaire d'une société de bourse nommée Asucion. De plus, il n'est pas recommandé pour les institutions qui souhaitent émettre des titres qu'elles soient autonomes financièrement à 100% bien que cela soit souhaitable. En effet, compte tenu du fait qu'il soit possible de trouver des acheteurs sur les marchés financiers cela risque de poser problème lors du remboursement de la dette si le flux de trésorerie attendu n'est pas au rendez vous.
Une possibilité qui s'offre à l'IMF est la vente de titre de propriété sur les marchés financiers. Cela consiste pour l'institution à ouvrir son capital à la participation ce qui nécessite toutefois au préalable qu'elle soit une entité formelle et qu'elle ait des actionnaires. A contrario des titres de créance, la participation au capital ne produit pas de rendement fixe et n'a pas d'échéance préétablie. L'objectif consiste pour l'actionnaire à investir dans l'avenir de l'institution en permettant à celle-ci de disposer de fonds tout en permettant à l'actionnaire de percevoir une part sur les bénéfices futurs. C'est-à-dire recevoir des dividendes. Toutefois compte tenu du fait que ce secteur ne soit encore suffisamment développé bon nombre d'investisseurs rechignent encore à s'y aventurer et n'ont pas encore conscience du potentiel des IMF. Pour cela il faudra encore attendre un certain temps afin que ceux-ci jouent un rôle important dans le financement des IMF.
Les institutions dans le cadre des fonds éthiques sont répertoriées par les responsables des fonds sur la base de critères sociaux. Ainsi, les actionnaires qui ont investir dans ses fonds perçoivent les bénéfices compte tenu du fait qu'ils soutiennent des institutions à caractère social.
Comme exemple nous pouvons évoquer le cas du groupe Calvert où un à trois pourcent des actifs sont investis dans des instruments à fort impact social.
Les fonds de partage sont essentiellement des FCP dont les membres acceptent verser des dividendes aux organisations participantes. Comme exemple on peut citer le cas de la DEVCAP (Development Capital Fund) dans lequel est réunir un consortium d'IMF qui a réuni des capitaux pour constituer la base d'actif du fonds. Les capitaux supplémentaires sont apportés par des investisseurs publics. Les actifs du fonds sont investis dans un portefeuille éthique. Le retour sur investissement est partagé entre l'investisseur et l'institution.
Ces fonds assurent une prise de participation en fonds propres ou quasi fonds propres (dette de second rang) dans les IMF choisies. On a l'exemple de ProFund pour l'Amérique latine qui a été crée pour faciliter l'investissement des IMF en forte croissance. En Europe, la banque internationale du Luxembourg (BIL) a décidé de créer un fonds spécifique à l'investissement en microfinance, qui offre des prêts à long terme et des investissements en capital.
La titrisation est un procéder qui permet aux IMF d'accéder aux marchés financiers grâce à l'émission d'obligation garanties et qui elles mêmes sont remboursées par le portefeuille de l'IMF. Ce système implique la création d'une société à objet unique qui achète le portefeuille de l'institution et se capitalise en émettant des obligations sur les marchés financiers.
Nous avons pu montrer que la microfinance constitue un marché intéressant notamment pour les investisseurs sur les marchés émergents. De plus la réduction de barrières à l'entrée du secteur financier a favorisé son développement commercial cependant, il existe des obstacles à une plus grande intégration dans le système financier global des PED et ils sont nombreux.
En effet, dans le modèle d'intégration comme nous avons pu le voir, une entité fait sa mutation pour s'intégrer à l'ensemble du système financier. Or cette transformation comporte des risques à divers niveaux pour l'entité. Au niveau institutionnel, une modification de la forme institutionnelle peut s'imposer cas de la transformation institutionnelle des ONG de
micro finance en Banque spécialisé que nous verrons par ailleurs. Toutefois, la problématique la plus importante est celle relative à la gouvernance puisqu'une série d'innovations et de changements dans la conduite du management est indispensable. De plus, il faut noter que ce type de changement peut être coûteux au regard de certains échecs. Il y aussi la réticence des investisseurs vis-à-vis du secteur qui a du mal à être dissipée qui peut être un obstacle à leur parfaite intégration au niveau global, nous retrouvons le même type de problèmes d'agence et d'asymétries informationnel étudiés au chapitre précèdent qui peuvent rendre difficile l'accès aux capitaux pour les IMF et rendre difficile leur intégration.
On note aussi la concurrence des banques commerciales de plus en plus forte sur ce secteur d'activité, bien qu'auparavant, ces banques commerciales ne montraient peut d'intérêt pour ce secteur, elles ont commencé à s'intéresser au secteur de la microfinance ce qui n'est pas sans risque pour les IMF traditionnelles. Cela compte tenu de la rentabilité du secteur et des motivations liées à la diversification de leurs activités. Donc depuis quelques années de grandes banques commerciales ont fait leur apparition sur le marché et proposent des microprêts et des produits destinés aux plus petites entreprises. Nous avons les cas de la Banco Pacifico en Equateur, Caja social en Colombie et Banco del Desurolto au Chili qui ont pénétré le marché avec succès. En effet, elles bénéficient d'un avantage sur les IMF puisqu'elles disposent d'une infrastructure physique, comprenant de larges réseaux de succursales et peuvent atteindre rapidement un nombre important de clients. De plus, elles disposent de leurs propres capitaux ce qui leur assurent une pérennité et ne sont pas dépendant des bailleurs de fonds, avec une structure de gouvernance qui contribue à une meilleure rentabilité et efficacité.
Analysons plus en détail les risques et difficultés posés par la transformation d'une IMF qui décident de se transformer pour accéder aux marchés de capitaux mais aussi pour mieux s'intégrer au système financier formel. Prenons le cas d'une ONG de microfinance qui décide de changer de statut et passer à une institution financière formelle.
Au préalable, il faut rappeler que la plupart des IMF sont constituées sous la forme d'institutions semi-formelles, soit comme ONG, soit comme coopératives d'épargne et de crédit sous une forme ou une autre. Ce qui constitue d'un point de vue structurel, une limite pour leur ressource, dû à l'incapacité pour eux d'étendre leur gamme de produits compte tenu de leur forme institutionnelle. Toutefois, en cas d'habilitation et d'agrément, elles peuvent être habilitées à collecter les dépôts. Cependant, la pérennité financière lui ouvrant l'accès aux marchés de
capitaux n'est toujours pas garantie. De plus en cas de développement croissant, le besoin d'une gouvernance effective se fait pesant et la question liée à la propriété de l'institution se pose.
En effet, la transformation ne conduit pas uniquement à un simple changement de propriétaire ou de gestion, mais aussi implique un élargissement des capacités institutionnelles. Pour les IMF formelles, le problème de la transformation se pose de manière moins aigue dans le cas d'une intégration car elles parviennent à gérer leur croissance, de plus elles peuvent prétendre au statut de banque et bénéficier du public des dépôts et accéder au marché monétaire et offrir à l'instar des banques des montants plus élevés et de maturités plus longues. Alors que pour les institutions semi-formelles la difficulté à gérer leur croissance institutionnelle est beaucoup plus grande. Mais aujourd'hui la tendance est à la transformation d'ONG financières en institutions financières formelles. Ceci tient au fait que pour avoir accès aussi bien à l'épargne et aux ressources commerciales cette transformation s'avère nécessaire voir indispensable. En fait, cette transformation aide les IMF à régler leur problème de financement et à étendre leurs services financiers destinés aux groupes cibles. Toutefois, arriver à un certain niveau de croissance, le besoin de gouvernance effective est d'acuité.
Ce mécanisme consiste à un transfert des activités de l'ONG ou la coopérative dans un nouvel intermédiaire financier, crée à cet effet, et l'entité initial disparaît ou alors continue d'exister parallèlement au nouvel intermédiaire. Mais dans la plupart des cas, les ressources de l'institution initiale c'est-à-dire les actifs, le personnel, méthodologies et systèmes sont transférés dans la nouvelle entité et adaptés de manière à ce qu'elles soient conformes à la réglementation applicable au nouvel intermédiaire. Comme exemple de transformation, l'ONG ProDem dont l'objectif à la base était de dynamiser le secteur informel bolivien à travers la fourniture de services financiers et la formation crée en 1986 dévient en 1992, la BancoSol S.A, qui obtient le statut de banque commerciale soumise à la réglementation nationale. Elle est en outre la première banque commerciale privée occidentale spécialement crée pour fournir des services financiers aux micro-entrepreneurs. La transformation de l'ONG en banque commerciale a permis à l'institution de bénéficier de sources de financement autres que les subventions et dons provenant des bailleurs de fonds et d'atteindre un nombre important de clients. En effet dans le cas de la BancoSol, elle est passée de 76216 client en 1997 contre seulement 25600 en 1992 ce qui parait considérable. Toutefois, cette transformation induit des coûts supplémentaires et des restrictions du fait que l'institution devient soumise à la réglementation et à la supervision.
Les conditions de fonds propres minimums peuvent se révéler coûteuses à moins que l'institution ne soit parvenue à l'autosuffisance financière, car il lui sera difficile dans un premier temps d'attirer les investisseurs et de contracter les emprunts commerciaux juste après sa transformation. A ce titre, les expériences montrent que la transformation résout une partie des problèmes liés au financement mais ne fait pas attention aux problèmes de propriété et de gouvernance qui en découlent ou qui sont sous jacent. De plus, les IMF sont confrontées à des problèmes d'administration liés à leur transformation. En effet, lorsqu'une institution se crée en tant que ONG, on sait que la participation des membres au conseil d'administration ne procède pas à la recherche d'un gain pécuniaire mais plutôt à une volonté d'accroître leur compétence et leur image de marque ou prestige. De fait des conseils sont parfois composés de représentants du secteur privé aminé par une forte volonté de responsabilité sociale à l'égard de la clientèle ciblée ou parce qu'ils se sentent redevable de la société de manière générale.
La transformation en intermédiaire financier implique pour le conseil d'assumer de nouvelles responsabilités juridiques. Nous pouvons nous interroger si les membres du conseil ont les compétences requises pour administrer une institution financière plus sophistiquée ? Sont- ils en adéquation avec les nouveaux objectifs du nouvel établissement qui combine mission sociale et la recherche du profit?
De façon générale, cela pose d'énormes difficultés aux membres du conseil qui comprennent mal la nécessité de concilier les deux objectifs. Ainsi, la composition globale du conseil doit refléter un équilibre entre ces deux objectifs.
Le terme gouvernance est d'un usage récent dans le monde du développement. La gouvernance au-delà des effets de mode ou de nouveauté est devenue un concept incontournable depuis des années 90 pour traiter des problèmes de développement économique et social. A l'échelle d'un pays, une bonne gouvernance conduisant à une gestion efficace des organisations et activités, repose sur un certain nombre de principes de droit, de participation directe (par le biais d'institutions légitimes et démocratiques), de transparence (libre circulation de l'information et possibilités d'y accéder pour le plus grand nombre), d'équité, de responsabilisation, de décentralisation et de légitimité.
Les aspects théoriques de la gouvernance s'appuient essentiellement sur les notions de la théorie néo-institutionnelle. En effet, la séparation entre la gestion de l'entreprise et sa propriété entraîne un problème d'agence et des conflits d'intérêts possibles entre les dirigeants et un actionnariat dispersé ou entre actionnaires exerçant le contrôle. En outre, en l'absence de mécanismes de régulation, la séparation de la propriété et du pouvoir laisse aux dirigeants salariés responsables de la gestion une grande latitude pour poursuivre leurs objectifs spécifiques indépendamment de ceux de l'entreprise. Le but sera alors d'identifier les risques de comportements opportunistes (moral hasard), d'encourager les mécanismes de régularisation c'est-à-dire de marché et le contrôle interne exercé par différentes parties prenantes, ainsi que de réduire les asymétries d'information dont jouissent les managers internes et enfin de compte de favoriser la mise en place de systèmes d'incitations et de rémunérations conduisant ces derniers à poursuivre les objectifs de l'entreprise.
L'étude de la gouvernance en microfinance est encore récente, et s'inscrit dans un cadre de réflexion large de rapports de pouvoir et d'intérêts au sein de projet de développement. Dans les écrits de la microfinance, le terme gouvernance, popularisé à partir de 1996[Clarkson, Deck, 1996] se concentre sur le rôle et le mode de fonctionnement du conseil d'administration des IMF. La gouvernance est définie comme « le processus utilisé par le conseil d'administration pour aider une institution à remplir sa mission et protéger l'actif de cette institution au fil des années» [Rock et al. 1998] .Or le « bon fonctionnement » du conseil d'administration n'est pas lui seul le garant de la mission et des actifs d'une IMF. L'étude sur la gouvernance dans le cadre des IMF nécessite d'être élargir pour prendre en compte l'ensemble des acteurs enjeu (salariés, dirigeants, clients, bailleurs, banques partenaires, Etat etc.) et des formes d'organisations destinées à « gouverner » (systèmes comptables et d'information, mode de prise de décision et modes d'organisation, capacité d'exécution, systèmes de contrôles, etc.).
Il s'agit alors de comprendre comment ces éléments peuvent être combinés dans des contextes socio-économiques différents. Comment les IMF étendent leur portée, augmentent leurs actifs, à travers une gestion claire, transparente et surtout efficace. La gouvernance est alors une préoccupation forte pour les IMF. Par ailleurs, la gouvernance est identifiée comme une cause majeure des crises récentes des IMF et constitue une priorité dans leur réussite. En outre, les critères de performance de la gouvernance jugent alors des capacités à définir les grandes orientations, à tenir le cap (notamment pour la microfinance public concerné, les produits financés et le type d'institution), à s'adapter rapidement aux modifications de l'environnement et surmonter les crises.
Toutefois, les auteurs évoquent cependant les responsabilités insuffisantes des acteurs, la confusion de la propriété ou encore le flou et la complexité des processus de décisions comme des facteurs qui amplifient les crises des IMF. En effet, les études de cas font apparaître, à partir des échecs, des crises et aussi des réussites, un socle commun de la gouvernance, condition sine qua non d'un bon pilotage de l'institution. Ce socle commun s'identifie au niveau des « techniques d'information » et des « principes d'organisation ». Pour ce qui concerne les techniques d'information, on peut relever qu'aucune IMF ne fonctionne convenablement sans une comptabilité efficace, rapide, fiable et un système de suivi-évaluation, de contrôle interne et externe qui valide la qualité des informations. Les principes d'organisation sont assez classiques et ne sont pas spécifiques à la microfinance. Comme nous l'avons déjà souligné il s'agit en autres de la clarté des objectifs ou des missions à moyen terme, de la cohérence entre les objectifs, activités et moyens avec une claire répartition des taches et des responsabilités (organigramme, degré de dégradation, décentralisation, profil de postes, etc.), la politique de ressources humaines (niveau adéquat de recrutement, formation, niveau de salaire, etc.), système d'incitations positives (promotion, prime etc.) et négatives(sanctions, licenciement, etc.), modes de coordinations, modes de contrôles. Tout existe dans la littérature du management mais est peu adapté ou peu enseigné dans la réalité des IMF en Afrique car souvent centré sur les grandes entreprises américaines et européennes.
Pour revenir à notre problématique, les ONG n'ont pas d'actionnaires à proprement parler contrairement aux banques commerciales qui ont décidé de s'intéresser au marché de la microentreprise pour des raisons stratégiques. Ces dernières ont un type d'actionnaires qu'ont peut qualifier de « classiques » essentiellement motivés par la recherche du profit pour qui la microfinance est seulement un marché « connexe ».
Dans les ONG de microfinance, c'est généralement à la direction que revient la charge d'élire les membres du conseil d'administration. Or lorsqu'une IMF entreprend de se formaliser, et commence à accéder à des ressources autres que celles des bailleurs de fonds, les propriétaires c'est-à-dire ceux qui ont un intérêt financier dans l'institution peuvent changer. Donc après la transformation, les propriétaires de l'institution peuvent être : une ONG, des investisseurs privés, des organes publics ou des fonds d'investissement spécialisés. Après transformation, lorsque l'ONG demeure en tant qu'entité distincte, elle détient souvent la majorité des parts de l'institution. Quelque soit le type d'actionnaires après transformation, tous souhaitent un retour positif sur leur investissement. Les actionnaires ont un profil « mixte » à la fois mus par la
recherche de profit mais très souvent largement préoccupés par la mission sociale de l'institution. Ce qui peut conduire à une incohérence dans les priorités qui seront données à l'organisation. Enfin, il existe deux autres types de gouvernance importante qu'il faut mentionner: les structures gouvernementales et les coopératives de crédit. Toutefois on retiendra que la gouvernance ou l'art de gouverner est un phénomène complexe, multiforme qui dépasse donc de loin le seul problème des rapports entre conseil d'administration et managers ou de la transparence de la comptabilité et la qualité des audits. Concernant précisément la microfinance, la gouvernance comporte au moins cinq aspect liées entre eux mais qui ne peuvent être distingués : la qualité et la fiabilité des techniques d'information comme nous l'avons déjà suggérer, la clarté des principes d'organisation, une vision stratégique claire et acceptée de vous, la légitimité et l'adaptation des formes de pouvoir au fonctionnement de l'institution et une insertion positive dans la société globale.
Nous savons que la relation entre les institutions financières peut prendre soit la forme de l'articulation soit de l'intégration [Lelart, 2000]. Cependant, nous avons vu avec le modèle de l'intégration que cela pouvait nécessiter des changements institutionnels qui peuvent être parfois coûteux voir même risqués. Alors l'articulation nous parait être le modèle le plus évident dans la mesure où dans ce modèle, les deux entités (ici IMF et la banque) restent distinctes mais entretiennent des relations clients fournisseurs et cela dans les deux sens. En effet, Lanha [2005 ] nous fait remarquer par exemple, que les IMF utilisent le service de caisse des banques pour encaisser les remboursements de leurs clients. Ainsi, cela permet à la banque de connaître l'IMF comme toute banque suit le compte de son client et éventuellement de lui faire des crédits. De plus la banque peut passer avec l'IMF des accords de partenariat comme celui qui existe entre la plupart des donateurs et les IMF.
Toutefois, il existe plusieurs modèles d'articulation, par exemple, dans le modèle de Colin [1999] relatif aux Etats et au Canada, les entrepreneurs passent par le stade des IMF qui leur apportent l'empowermen~91 nécessaire pour être bancable. Les entrepreneurs qui auront remboursé convenablement au bout d'un certain nombre de cycle peuvent accéder directement au crédit
41 Le concept d'empowerment en langue française est associé à l'automatisation défini comme «le processus par lequel une personne, ou un groupe social, acquiert la maîtrise des moyens qui lui permettent de se conscientiser, de renforcer son potentiel et de se transformer dans une perspective de développement, d'amélioration de ses conditions de vie et de son environnement» selon le grandictionnaire.com.
bancaire. Cependant nous avons choisi de nous intéresser particulièrement à celle pratiquer dans la zone UEMOA.
L'union économique et monétaire Ouest Africain est constituée de sept pays francophones et d'un pays lusophone. Les pays de l'union sont pour la plupart des pays à dominante bancaire. Les faillites bancaires dans les années 80 ainsi que les plans d'ajustement structurel qui ont suivi et leur accompagnement ont favorisé l'émergence des IMF. En effet, les institutions de microfinance se situent entre les banques et la finance informelle et dénote bien de l'intermédiation. Toutefois, les IMF n'ont pas un pouvoir de création monétaire contrairement aux banques de l'Union. Cependant, leur émergence résulte de la forte asymétrie d'information entre les banques et micro-entrepeneurs dans l'Union, mais aussi du faible degré d'alphabétisation de la population et des difficultés de procédures bancaires. Les IMF sont spécialisées dans la sélection de micro-projets et la clientèle non accessible à la technologie standard des banques tandis que les banques opèrent sur un segment de clientèle constitué de grandes entreprises, citadins et fonctionnaires. A priori, le marché du crédit semble être segmenté dans l'union.
Par ailleurs, Haudeville et Cado [2002] montrent que le paysage financier de l'UEMOA bien que composé de trois parties différentes (banques commerciales, IMF, organisations informelles) demeurent complémentaires. Ceci dans la mesure où entre ces trois parties, une nouvelle relation c'est mise en place. Pour illustrer leur propos, ils font remarquer que les excédents des IMF sont déposés temporairement dans les banques classiques ou encore le refinancement d'un banquier ambulant peut être effectué par une caisse locale de crédit mutuel. Tout ceci concourt à croire effectivement que le système financier ouest Africain est de type mixte. En effet, le système financier de l'UEMOA regroupant des institutions de nature différente, et ces entités différentes arrivent à établir entre elles des relations connexes et complémentaires.
En outre, dans la zone UEMOA, il existe de nombreuses relations de partenariat entre les IMF et les banques, ou ceci pour gérer d'une part les excédents de ressources et d'autre part de mettre à disposition des réseaux mutualistes les ressources pour refinancer leurs crédits. A titre d'exemple, on peut évoquer le cas de l'IMF malienne Kafo Jiginew et de la Banque nationale de développement agricole du Mali où précisément l'IMF dispose auprès de la banque d'une ligne de crédit lui permettant de répondre aux besoins de crédit d'équipement qui se trouve être en forte croissance. Par ailleurs, cette relation de partenariat, inclus aussi l'appui dans le domaine du
42Titre inspiré de l'article de Haudeville et Cado (2002) «vers un système financier de type mixte dans l'UEMOA ».
contrôle et de la formation etc. A cet effet, on peut citer les cas de la Caisse Nationale de Crédit Agricole du Burkina Faso et la Caisse Nationale du Crédit Agricole du Sénégal qui ont des relations de ce type avec quelques SFD [cf. Ndiaye F., 1998].
Les expressions désignant ou qualifiant les divers services sous l'appellation microfinance sont multiples, cependant on retiendra le terme de services financiers décentralisés (SFD) compte tenu de la définition donnée par la BCEAO pour désigner l'ensemble du secteur. En effet, suivant la définition de la BCEAO, les systèmes financiers décentralisés sont : « un ensemble regroupant une variété d'expériences d'épargne et ou de crédit, diverses par la taille, le degré de structuration, la philosophie, les objectifs, les moyens techniques, financiers et humains, mis en oeuvre pour les populations à la base, avec ou sans le soutien de partenaires extérieurs en vue d'assurer l'auto promotion économique et sociale de ces populations. »[UEMOA-BCEAO, 1997]. Au regard de cette définition, nous pouvons affirmer que les SFD sont des organisations qui ont non seulement une fonction d'intermédiation financière en offrant des services d'épargne et de crédit,mais aussi on une mission d'intermédiation socio- économique à travers leur prestation.
Dans la zone UEMOA, il existe de nombreuses institutions de financement décentralisées et la BCEAO distinguent principalement trois catégories de structures : les coopératives d'épargne et de crédit, les modèles de crédit solidaires, les projets à volet crédit.
Exemples de coopératives et mutuelles d'épargnes et de crédit dans l'espace UEMOA
Les plus significatives dans l'espace UEMOA, notamment en nombre de membre sont la Fédération des Caisses d'Epargne et de Crédit Agricole Mutuelle (FECECAM) au Bénin, la Fédération Nationale des COOPEC (FENACOOP) de Côte d'ivoire, le Réseau des Caisses Populaires du Burkina (RCPB) au Burkina Faso. Sur l'ensemble des 15 institutions les plus importantes en taille de membres dans l'Union, ces trois institutions regroupent à elles seules plus de 43% de part du marché du secteur avec respectivement 17,5 pour la FECECAM, 13,8% pour la FENACOOP et 11,8% pour le FCPB [Cf. Soulama, 2005, pp60-61]. Dans la zone ce type institution est la forme la plus dominante et à celle seule détient plus de 80% de part de marché.
Exemples d'organisations de crédit solidaire dans l'espace UEMOA
Ce type d'institution à pour principale caractéristique d'avoir comme activité principale l'octroi du crédit. Ainsi, dans la zone UEMOA, les principales institutions de crédit solidaire ou direct sont: Le PADME et le PAPME au Bénin, le PAPME et le FAARF au Burkina Faso, le CANEF au Mali, le PAME/AGETIP au Sénégal et WAGES au Togo.
· Les organisations à volet créditCe sont les organisations pour lesquelles l'activité de crédit est une activité annexe voir accessoire. Toutefois, il faut noter que dans la réalité, cette catégorie ne se différencie pas de manière significative des deux autres. En effet, ces organisations à volet crédit créent des services relativement indépendants des autres activités menés et mettent en place des institutions d'épargne et de crédit au niveau local ce qui correspond tout à fait à ce qu'entreprend la première catégorie d'institution. Cette pratique ce fait soit par l'intermédiaire d'une autre SFD ou une institution adaptée, généralement une Caisse Nationale de Crédit Agricole comme par exemple au Burkina avec la CNCA-B. Ce système qui consiste à une délégation du crédit s'accompagne le plus souvent de la mise en place de fonds de garanties ou d'une ligne de crédit. Par conséquent, pour des raisons de simplification, on peut donc retenir uniquement les deux premières catégories.
1. Indicateurs d'accès et d'intermédiation financière
Tableau 2.1: évolution des principaux indicateurs
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
Source : BCEAO-UEMOA 2007
Sur l'ensemble de la zone, au plan quantitatif, on constate un développement impressionnant du nombre d'institution, avec l'année 2005 qui confirme le développement continu du secteur. En effet, entre 1993 et 2005, le nombre d'institution est passé de 107 à 673 soit un coefficient multiplicateur de 6 et en termes de point 4200fin 2006 contre 1136 en 1993. Un autre facteur du dynamisme des SFD est l'accroissement du nombre de bénéficiaires qui lui connaît un taux de croissance moyen se situant à 24% par an ce qui est très considérable. A titre exemple, entre 1993 à 2007, la clientèle des SFD de la zone UEMOA est passée de 312425 à 7 108 468 soit un coefficient multiplicateur de 22,75. Il y a aussi l'accroissement du nombre de guichets ouverts sur la période 1993-2006 le nombre à augmenté de l'ordre de 12% en moyenne par an passant de 1136 en 1993 à4200 en 2006. Les résultats des estimations sur l'évolution du secteur nous permettent de conclure à la viabilité du secteur des SFD. En effet, ce dynamisme se traduit aussi par croissance des dépôts et crédit accordés. En effet, au titre de l'année 2006, ces institutions ont collecté 327200milliards de CFA et disposent d'encours de crédit de 335 900milliards de CFA. Le ratio de qualité du portefeuille (des créances en souffrance sur l'encours de crédit) ressort à 6,5% en dégradation par rapport à celui de 6,10 relevé en 2005. Ce ratio demeure au delà de la norme communément admise dans le secteur.
Graphique 1 : évolution du nombre de bénéficiaires directs
Source BCEAO-UEMOA 2007
Les services ont été offerts à 7,1millions de bénéficiaires directs (environ 45% des bénéficiaires des services offerts par les SFD sont des femmes). Le nombre de bénéficiaires (y compris les membres des groupements) représente près de 7% de la population totale de la zone et 15% de la population active.
Graphique 2: intermédiation financière des SFD
Source : BCEAO-UEMOA, 2007
Tableau 2.2: Proportions des crédits et des dépôts des SFD par rapports à ceux des banques
|
|
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
||
|
|
|
||
|
|
|
||
|
|
|
||
|
|
|
||
|
|
|
||
|
|
(*)Non-comprise la Guinée-Bissau Source : BCEAO-UEMOA, 2007
Le Bénin est le pays qui connaît le développement le plus important dans le secteur de la microfinance. En effet, il ressort du rapport crédit des SFD sur les crédits bancaires, que le Bénin a le taux le plus élevé, ce qui traduit un accroissement de ce secteur. Le Burkina et le Mali connaissent aussi un développement soutenu de la microfinance au regard des différents ratios du tableau. Ces institutions occupent une place importante dans la collecte de l'épargne comme le montre les parts de marchés des SFD par rapport aux banques. Toutefois, les SFD ont un poids relatifs encore faible par rapport au secteur bancaire car représentant moins de 8% de l'ensemble des transactions portant sur l'épargne et de crédit. En effet, les flux financiers générés par les SFD dans l'espace UEMAO n'ont guère été comparativement à ceux du secteur bancaire, que de l'ordre de 7,1% pour les crédits et de 6,1% pour les dépôts sur la même année 2006. Mais il faut convenir que l'importance des SFD n'est pas seulement quantitative, mais également et surtout qualitative car en termes d'impact et d'accès à des services financiers adaptés pour les populations non bancarisées, les SFD font preuve d'une bonne performance comme en témoigne les chiffres sur le nombre de bénéficiaires qui eux sont en nette progression.
Tableau 2.3 : Montants moyens des prêts des SFD (en CFA)
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
*UEMOA Non comprise la Guinée-Bissau
Source : BCEAO-UEMOA, 2007
On constate que le montant moyen des prêts est en nette progression sur l'ensemble sur
l'ensemble de la zone. En effet, de 2000 à 2004, le niveau moyen des prêts a doublé dans les cas
du Bénin et de la Côte d'ivoire, il se situait respectivement à 228 000CFA et 651000CFA en 2000
contre 513000CFA et 1100000CFA en fin 2004. Sur l'ensemble de la zone il se situe à
390000CFA en 2004 contre 291 000 CFA ce qui nous donne une progression d'environ 13%.Graphique 3: répartition sectorielle des crédits offerts par les SFD
Secteur
primaire19%
Habitat
2%Autres
services
24%Commerce
55%Secteur primaire Habitat
Commerce Autres services
Source : BCEAO-UEMOA, 2007
Les crédits sont principalement orientés vers le commerce avec une proportion de 55% de l'ensemble des encours. Toutefois, les parts de crédit aux autres secteurs ne paraissent pas négligeables notamment dans le secteur primaire et l'activité de service. Cependant, concernant le domaine de l'habitat, il est pratiquement négligeable et se situe à seulement deux pourcents de l'ensemble des encours. Cela peut être aisément compris compte tenu du fait que ce secteur nécessite des prêts à maturité longue. Or les SFD, se situent généralement dans des prêts à court et moyen terme.
Graphique 4: concentration du secteur (part des TOP3 dans le crédit)
100
40
90
80
60
50
30
20
70
10
0
concentration du secteur ( part des TOP3 dans le crédit)
Bénin Burkina Côte
d'ivoire
Mali Niger Sénégal Togo
pays
Source : BCEAO-UEMOA, 2007
Sur l'ensemble de l'union, on relève une forte concentration du secteur de la microfinance, toutefois en nous appuyant sur les analyses de Sabrina Djefal43 et du graphique ci-dessus, on remarque que le Burkina, le Mali et le Togo diffèrent de pays comme la Cote d'ivoire. En effet, dans les trois premiers pays cités, la microfinance offre un grand nombre de caisses ou d'organisations tandis qu'elle ne connaît pas la même diffusion dans les deux derniers pays.
En Côte d'ivoire, l'activité du microcrédit est du ressort d'un nombre limité d'institutions qui jouissent d'un quasi-monopole [J-M. Servet, 2005]44. A titre d'exemple, la FENACOOPEC-CI, fédération nationale des coopératives d'épargne et de crédit réunit 88% de l'ensemble des membres des IMF. Le taux de concentration de 90,2% illustre bien cette tendance. De même, au Bénin, la FECECAM a longtemps bénéficié d'une situation de quasi monopole et bénéficie toujours d'une part de marché considérable estimée à environ 88% des clients des IMF. Au titre de l'année 2006, elle avait un portefeuille de prêt de 13,7 milliards de CFA. (Source: mix market soit 27 626 102 US$ sur la base de un dollar égal 497CFA).
Les taux de concentration du Mali, Sénégal et du Niger respectivement de 55,2%; 54,3% et 31,8% sont faibles comparativement à l'ensemble de la zone avec un taux moyen qui se situe à 66,97%. En effet, la microfinance parait beaucoup plus éclatée au Mali et au Sénégal. Au Mali, les principaux intervenants du secteur sont: Kafo Jiginew45, Nyesigiso, jemeni et Kondo Jigima
43 Sabrina Djebel, thèse de doctorat 2004 sur la microfinance en Afrique de l'Ouest pour les années 1980-2000, université Lumière Lyon-II.
44 Cf. ServetJ.M, «Banquiers aux pieds nus p.232 », Odile, Jacob.
45 Pour une analyse beaucoup plus approfondie sur l'institution Kafo Jiginew, confère l'excellent article de M. Haudeville. B sur la portée et les limites d'une expérience de crédit et d'épargne solidaires paru dans le rapport du centre Walras 2001.
représentent ensemble que plus de 70% du marché de microcrédit national (source: planet rating rapport, 2006 sur le secteur d'institution de microfinance Kafo Jiginew). Les caisses villageoises du pays dogon représentent une catégorie beaucoup plus petite mais nombreuses. Au Sénégal, l'ACEP, Alliance de Crédit mutuel du Sénégal, le CMS, Crédit mutuel du Sénégal et l'UMPamecas, les trois plus grandes IMF du pays détiennent les trois quarts du marché du secteur de la microfinance du pays.
Au Burkina, les principales institutions sont le RCB, Réseau des caisses populaires du Burkina Faso, suivie du fonds d'appui aux activités génératrices de revenus des femmes (FAAF) et la promotion du développement industriel et agricole. Ces trois institutions captent la grande part du secteur de microcrédit du Burkina Faso et traduit ce fort taux de concentration de TOP 3 dans le crédit qui se situe 83,3%. Toutefois, la concentration de la microfinance à l'intérieur d'un pays ou d'une zone par un certain nombre d'institutions n'empêche pas la concurrence entre les différentes institutions pour une même clientèle [cf. S. Djefal 2004.p1 93].
Excédent d'exploitation
La performance des institutions, mesurée par l'excédent d'exploitation a été de 7,3 milliards de milliards de FCFA (4788,5euros) contre 6,1 milliards de FCFA (4001,3) en 2003(20%): Un résultat excédentaire observé dans tous les pays de la zone à l'exception de la Côte d'ivoire. L'accroissement des excédents constatés dans tous les pays, à l'exception du Burkina et de la Côte d'ivoire où une diminution a été enregistrée.
Fonds propres
Les fonds propres de 70milliards de FCFA (45,9millions d'euros) contre 60 milliards de CFA (39,3 millions d'euros) en 2003 (16,7millions d'euros). On a une consolidation des fonds propres dans tous les pays, à l'exception du Burkina et de la Côte d'ivoire où une contradiction a été enregistrée.
Graphique5: Indicateurs de rentabilité
Source BCEAO-UEMOA, 2007
Graphique 6: capitalisation-ratio fonds propres sur actif (%)
Source : BCEAO-UEMOA, 2007
Graphique7: évolution du taux brut de dégradation du portefeuille des SFD
Source BCEAO-UEMOA, 2007
Graphique8: Taux de couverture de risque : Provisions pour prêts
irrécouvrables, ajustée Par> 30 jours
140
120
100
40
80
60
20
0
70
Taux de couverture de risque
51
zone géographique
90,1
121,1
95,2
85,3
Série1
Source : Microfinance information Exchange, Inc, 2006 Benchmarks
Le faible taux de couverture de risque de 51 pourcents contre 70 pourcents pour le reste de l'Afrique illustré par le graphique est représentatif de l'insuffisance prudentielle énoncée par le cadre législatif Parmec. En comparaison aux autres régions du monde, le taux de couverture reste faible ne permettant pas aux IMF de se prémunir pleinement contre leur portefeuille à risque. En effet, contrairement à l'approche conservatrice du CGAP qui établit un provisionnement pour créances douteuses dès le premier mois de retard, le cadre réglementaire régit par la loi Parmec prévoit une dotation aux provisions seulement au bout de trois mois.
C/ dysfonctionnements constatés dans le secteur
1. Du coté des autorités de tutelle
Nous avons une forte augmentation du nombre d'autorisations d'exercice accordées à des institutions non-viables, insuffisances, tant au plan qualitatif et des contrôles effectués.
Des difficultés dans la prise et l'application de sanctions en cas de non respect des prescriptions réglementaires et aussi l'insuffisance dans la collecte et l'exploitation de l'information financière sur le secteur.
Au niveau des SFD, on note pour la plupart du temps un non respect de dispositions législatives et réglementaires en vigueur et la faiblesse du contrôle interne au sein des institutions. De cette insuffisance résulte, en partie, les problèmes de gouvernance d'entreprise et la non- disponibilité, dans certains cas de manuels de procédures administrative, comptable et de crédit. Les défaillances des systèmes d'information de gestion résultant, en partie, de l'absence, dans la plupart des institutions, d'un schéma directeur informatique et des charges pour les logiciels utilisés. On relève par ailleurs, des difficultés liées à l'activité d'intermédiation financière des SFD, notamment la faiblesse des procédures d'analyse des dossiers de crédit. Il y aussi le niveau élevé des charges d'exploitation des SFD qui se traduit par des coûts élevés d'offre de service de microfinance.
Tableau 2.4: conséquences des dysfonctionnements
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
|
||
|
|
|
|
Source BCEAO-UEMOAnon comprise Guinée-Bissau
Au total, la situation de la micro finance laisse apparaître une évolution favorable des principaux indicateurs de suivi. Toutefois les efforts sont à poursuivre pour préserver l'intégrité et la stabilité du secteur et élargir davantage l'accès des populations aux services financiers de qualité et répondant à leurs besoins.
CONCLUSION DU CHAPITRE 2
Nous noterons que les IMF de la zone UEMOA, depuis leur avènement ont permis à un nombre considérable de personne exclu du marché formel du crédit d'avoir accès au crédit. En effet, les résultats statistiques attestent de la croissance sans cesse grandissante du nombre de bénéficiaires malgré quelques ralentissements [Montalieu 2002] .Toutefois, malgré leur difficulté pour atteindre l'autonomie financière qui leur permettrait de pérenniser leur activité, ces institutions touchent un nombre toujours croissant de micro-entrepreneurs leur offrant ainsi l'opportunité de développer leur activité. Néanmoins, jusque là dans la zone UEMOA, aucune IMF ne s'est encore transformée en Banque contrairement aux autres parties du monde. A titre d'exemple nous pouvons évoquer de la BancoSol en Bolivie, créé initialement comme une ONG, elle est devenue une banque [Mosley, 1996]. Par contre dans le cas de l'UEMOA, l'articulation entre le secteur bancaire et les IMF nous semble judicieuse compte tenu des bénéfices qu'il procure aux deux secteurs et contribue à un approfondissement financier de l'union.
Dans ce chapitre il s'agit de dresser un bilan empirique de la microfinance en mettant en évidence son efficacité et les contraintes auxquelles elle doit faire face. On fera un examen des politiques en faveur de la microfinance pour établir un modèle de développement micro financier permettant de concilier soulagement de la pauvreté et octroi de crédits à des conditions de marché, comme outil de développement.
On constate aujourd'hui une nette progression de la microfinance. Il y a notamment un progrès qualitatif et quantitatif. Ce progrès est dû à une application efficace des pratiques et des moyens de fonctionnement des différents organismes.
Le premier indicateur est : le constat de développement dans différents pays.
La microfinance touche surtout les PED dont le niveau de bancarisation est souvent faible et estimé entre 10 à 15% de la population mais aussi des pays émergent à revenus intermédiaires disposant pourtant d'un système bancaire relativement développé (Afrique du sud, Asie, Europe de l'est, Amérique centrale du sud) ainsi que plus marginalement certains pays développés où le niveaux de chômage est devenu préoccupant socialement.
Le deuxième indicateur que nous pouvons identifier est: la croissance soutenue du nombre d'institutions et de leur activité. A cet effet, il est fréquent de constater des taux de croissance de l'ordre de 30% par an sur une période de dix ans. Cette croissance soutenue dénote une indéniable réussite commerciale et un fort développement des initiatives et des acteurs qui les soutiennent. Dans de nombreux pays, surtout après une quinzaine d'années de développement, les taux de pénétration dans la population peuvent être déjà élevés (20 à 30%). Les marges de
progression sont certes encore importantes mais cette situation appelle à une nouvelle étape de développement qui se doit d'être plus tourné vers une diversification.
Le troisième indicateur est la réussite dans les contextes économiques, démographiques et sociaux divers. La microfinance se développe plus facilement dans un contexte économique et démographique favorable. Pour autant, après de nombreux tâtonnements, les stratégies développées par certaines institutions permettent d'envisager de servir des géographies peu denses et des zones économiquement moins favorisées dès lors que leur rentabilité ne repose pas entièrement sur cette activité. Quant au contexte social, la microfinance a également démontré qu'elle pouvait s'accommoder d'un large éventail de situations et qu'il n'existait pas véritablement de contextes prédisposés et d'autres qui ne l'étaient pas. Mieux encore, la microfinance a prouvé qu'elle pouvait constituer un outil stable et robuste même en période de crise profonde par exemple les cas du Congo, de la Centrafrique ou même de Madagascar et aujourd'hui de la Côte d'ivoire sont là pour l'illustrer, alors même que le système financier « classique » vacillait ou s'effondrait.
Le quatrième indicateur est la large gamme de bénéficiaires en termes de conditions économiques et sociales.
Ceci dit, en diversifiant ses produits c'est-à-dire épargne, allongement de la durée des crédits, et en adoptant des stratégies prudentes de développement, les IMF ont prouvé qu'elles pouvaient atteindre un grand nombre d'exclus du système bancaire. Bien entendu en considérant que ces exclus, pauvres ou moins pauvres, familles ou petites entreprises, groupes sociaux minoritaires ou non, utilisent et valorisent diversement les services proposés. Malgré l'espoir suscité par la microfinance, il est évident pour tout le monde que la microfinance ne peut desservir toutes les populations en grande précarité et souvent même quand c'est le cas répondre à toute leur attente. En revanche, la microfinance peut atténuer par l'épargne l'impact des chocs notamment externes.
Enfin, le cinquième et dernier indicateur est la possibilité de bâtir des institutions pérennes et viables et gérées de manière professionnelle.
Il faut souligner que c'est probablement l'indicateur le moins évident au démarrage mais certainement le plus déterminant pour la dynamique d'ensemble du secteur. Cette dimension a mis du temps à être admise par les différentes parties. Elle est désormais l'objectif principal des «bonnes pratiques »mises en avant internationalement. A ce sujet, la micro finance connaît une réussite réelle mais qu'on peut qualifier tout de même de timide dans ce domaine qui reste un enjeu prioritaire du secteur. Ce sont cependant des réussites variées (méthodes, activités, contexte
économique et social...) qui offrent l'espoir de concilier cette indispensable dimension avec le vaste objectif d'impact que s'est fixé la microfinance.
Les résultats empiriques de la microfinance dans les PED peuvent être appréhendés à deux niveaux aussi bien en termes de performances sociales que financières. Ceci mérite une succincte revue de la littérature sur la performance sociale des IMF.
Dans la littérature économique, la microfinance est admise comme une méthode très efficace contre la pauvreté. En effet, elle a permis de sortir de la pauvreté, en moins de 10 ans, un tiers des clients de la Grameen Bank est parvenu à sortir de la pauvreté et un second tiers s'est hissé à un niveau proche du seuil de pauvreté. Par ailleurs, les prêts ont eu pour effet indirect de permettre l'accès à l'éducation par exemple. D'une manière générale, la microfinance participe à l'accroissement de la production et de la consommation de produits locaux. Toutefois, Haley et Morduch [2003] ont aussi pu montrer que dans les PED, la capacité des IMF à atteindre des populations était extrêmement variable, les unes ne ciblant que les ménages à faible revenu ;les autres finançant de manière effective les personnes en situation de réelle pauvreté. Néanmoins, un consensus semble exister à l'échelle internationale pour considérer que les programmes de microfinance ne ciblent pas les plus pauvres des pauvres, mais ceux qui demeurent proches du seuil de pauvreté. Gonzalez-Vega et alii [2000] montrent par exemple dans le cas Bolivien que 5 IMF considérées dans l'étude ne touchent que les pauvres situés juste au dessous et en dessus du seuil de pauvreté.46
Elle ne peut, bien sur changer totalement à elle seule la donne dans les pays les plus démunis, mais elle permet d'améliorer la dignité des personnes, avec une efficacité en termes d'épanouissement personnel, de confiance et d'estime de soi, renforcement de son réseau relationnel, etc.
De plus la pauvreté entraîne une détérioration des conditions de vie. Or on sait qu'il n'y pas de santé sans lutte contre la pauvreté où la microfinance joue un rôle crucial. En effet, les emprunteurs malades peuvent puiser dans leur budget pour financer les soins. De plus, elle permet aux ménages d'investir dans l'éducation de leurs enfants, la microfinance permet la diffusion de pratiques saines et une prévention des principales pathologies. Certaines banques des
46 Basée sur un échantillon de 588 clients de la micro finance provenant de 5 IMF (Bancosol, Caja Los Andes, FIE Sartawi et Prodem), cette étude compare le niveau de pauvreté de ces clients à celui d'un groupe de référence pris au sein de la population de La Paz.
pauvres proposent même, conscientes de l'importance du sujet, des programmes de sensibilisation à l'hygiène.
Si on s'intéresse maintenant à l'efficacité en termes de revenu, la microfinance permet d'augmenter les revenus des emprunteurs lorsqu'ils sont utilisés efficacement. La microfinance permet de créer de la richesse bien que les prêts dans les PED, n'excèdent pas 100 dollars. Ces microcrédits permettent une augmentation de revenu et une amélioration des conditions des pauvres.
En Asie, le programme de microcrédit de Bri a pu sortir 178000 ménages qui étaient en extrême pauvreté avec une augmentation de revenu de 76% par rapport à 12% pour le reste de la zone indonésien. Afrique malgré que le développement du microcrédit reste faible, on constate quand même une amélioration du bien être.
En termes de création et de promotion de l'entrepreneuriat, la microfinance a permis aux pauvres de développer des petits projets de métiers qui ont permis une amélioration des conditions de vie des plus démunis. La microfinance constitue un puissant instrument d'émancipation en permettant aux pauvres et en particulier aux femmes, de devenir des agents économiques de changement. Car il faut rappeler que les femmes ne bénéficient pas du même accès aux ressources que les hommes, alors même que leur potentiel de production est considérable. Par exemple, elles produisent entre 70 et 75% des cultures vivrières de l'Afrique subsaharienne. Alors, en tirant profit du gain potentiel de productive généré par les femmes, et grâce à l'amélioration de leur situation et notamment de celle des femmes agriculteurs, il serait possible d'augmenter fortement la production vivrière de l'Afrique subsaharienne par exemple pour réduire sensiblement l'insécurité alimentaire dans la région et ceci à l'accès au crédit.
En définitive, en termes d'efficacité, la microfinance permet une amélioration, et une stabilisation des revenus pour aboutir ainsi à l'autonomie financière.
La réflexion sur l'évaluation de l'impact des microcrédits sur le processus de développement se situe au niveau des micro-actions [cf. Soulama, 2005, p105]. Il s'agit pour nous de savoir si ces actions à la base ont un impact significatif sur le développement économique? A cette interrogation nous pouvons répondre par l'affirmatif si l'on admet que le développement économique est optimal si l'ensemble des différentes composantes de la société participe pleinement au processus de production et à la prise de décision. Ainsi, l'accroissement de la base
de la population participant à la richesse nationale, le microcrédit contribue énormément au processus de production par une mobilisation de l'énergie créatrice de la population pauvre. Les différentes analysent présentées dans ce mémoire ont permis de montrer que le microcrédit impact le développement à travers ces effets induits et externalités. Il s'agit en autre des effets sur le revenu, la consommation et l'emploi etc. En effet, on constate que les crédits octroyés jouent un rôle sur l'économie locale notamment en permettant un renforcement des artisans locaux (maçons, charpentiers, petits commerces, fabricant de briques, etc.) et une redistribution de revenus non négligeable.
Ces externalités et effets se déclinent en quatre points que sont:
· Les effets sur les circuits commerciaux et les filières
Ces effets sont variables et dépendent du degré d'organisation des circuits commerciaux et de leur capacité à absorber le surplus de production. Doligez [2002] montre que les différents effets induits au niveau «méso-économique » ont pu être mis en évidence au niveau des filières coton au Bénin et cela grâce au développement des services financiers de la FECECAM. De plus que l'acquisition de charrues grâce au complément du crédit intrant de la FECECAM a participé à l'essor de la filière au cours des années 1990. Ces crédits ont permis dans le cas de la filière coton du Bénin de surmonter les obstacles financiers qui empêchaient le recours à la mécanisation et à une main d'oeuvre salariée pour lever les facteurs limitant tels que l'augmentation des surfaces: préparation des terres et sarclages pour l'essentiel.
· Les effets sur le marché du travail, la construction et l'habitat
Une augmentation des embauches salariées par les emprunteurs notamment pour les travaux agricoles comme l'illustre, en Guinée l'ouverture d'un «second guichet » [Condé et al., 2001] par l'embauche salariée de main d'oeuvre pour travaux agricole. Toutefois, on ne semble pas observer une augmentation sur les salaires. Cependant, les enquêtes montrent que près de 30% des revenus induits par le crédit seraient alloués à l'amélioration de l'habitat.
· Les effets sur le marché foncier
On n'enregistre pas directement un effet entre la microfinance et l'acquisition de marché foncier. Cependant, en dehors du milieu agricole, on constate dans le prolongement des effets induits par la microfinance sur l'habitat et la construction, une demande accrue sur l'acquisition de lots constructibles et une augmentation du prix du foncier urbain.
· Les effets induits liés à l'investissement
On constate une amélioration du capital humain et un renforcement des capabilités qu'on associe au développement de la microfinance. Toutefois, cette amélioration dépend des priorités que l'emprunteur accorde à la reproduction de la force de travail familiale il s'agit entre autre de dépenses de consommation et de santé, mais surtout à l'éducation. Morduch [1999] illustre ce propos à travers l'éducation des filles dans le cas des emprunteuses de microcrédits au Bangladesh.
Néanmoins, il est important de faire la part entre les crédits qui permettent un investissement productif et ceux en vue d'améliorer les conditions de vie des personnes [Djefal, 2004, p633]. En effet, les crédits inférieurs à 100 dollars, accordés principalement aux femmes, ne créent que très rarement (moins de 3%) de petites entreprises ou des emplois nouveaux. Ces crédits améliorent la situation sociale des bénéficiaires qui peuvent ainsi trouver les fonds nécessaire pour satisfaire des besoins de première nécessite (santé, nourriture, logement, écolage, etc.). Il y a une amélioration rare sont les bénéficiaires qui dépassent le seuil de pauvreté. Ces microcrédits ont toutefois un rôle essentiel qui est avant tout un plus social et en cela, ils doivent être développés.
Les crédits entre 100 et 1000 dollars sont du même ordre, ils améliorent cependant nettement le pourcentage (7 à 12% selon les pays et les cas) de création d'emplois et de petites entreprises nouvelles. Ce sont les crédits de 5000 dollars et plus qui déclenchent un processus de croissance par l'investissement dans de nouvelles unités de production, l'amélioration de la productivité et l'ouverture sur de nouveaux marchés. Un exemple intéressant de gestion du microcrédit nous est donné par les activités d'IDES/PRO EMPRESSA au Pérou. Cette organisation d'appui a créé son institution financière qui gère plus de 50 000 dossiers de microcrédits en zone urbaine et rurale et est devenue un instrument efficace de développement économique du pays.
Pour illustrer la diversité de prêt par institutions les institutions de microfinance, il suffit de référer à la pyramide de prêt ci-dessous: cas de l'Afrique de l'Ouest
Pyramide du secteur de la microfinance : Cas (en CFA)
Source : Extrait de Djefal [2004]
Les montants vont de quelques milliers de franc CFA à des prêts de deux millions de francs CFA47.
§2 : Les contraintes de la microfinance
La microfinance à une histoire derrière elle, celle d'un succès planétaire. Un succès de terrain avec des institutions qui apportent aujourd'hui des services financiers diversifiés à des dizaines de millions de clients qui n'y avaient pas accès. Mais également un succès de mobilisation, d'une part de la population et d'autre part des opérateurs, des organisations non gouvernementaux, et de la communauté internationale et des États, enfin de plus en plus du
47 Cf. S. Djefal thèse p.355.
secteur privé. Toutefois la microfinance ne peut prétendre avoir atteint la maturité car le secteur reste confronté à d'importantes difficultés consécutives à sa réussite.
C'est surtout au niveau du crédit que la microfinance montre ces limites. En effet, tel qu'il est pratiqué aujourd'hui, le microcrédit comme tout crédit d'ailleurs se doit d'être remboursé. Il nécessite donc au niveau de l'emprunteur une bonne capacité de remboursement or on sait que cette aptitude s'amoindrit quand la personne est extrêmement pauvre, sans revenu préalable pour lui permettre de remboursement un prêt. Donc octroyer un prêt à de tels individus risque d'aggraver leur situation de pauvreté et d'endettement.
De plus, fournir des services financiers à des personnes à revenus modestes revient cher, donc la microfinance a tendance pour pallier au coût de crédit à appliquer des taux d'intérêts élevés à sa clientèle. Dès lors on se rend compte que la microfinance n'est pas un remède magique qui conduit automatiquement les populations pauvres à sortir de l'état de pauvreté. Bien que la définition de la pauvreté reste difficile selon que l'on utilise l'approche basée sur le revenu ou sur le niveau de consommation, est considérée comme pauvre, chaque personne dont le revenu ou sa consommation se situant en dessous d'un certain niveau de vie minimum des mesures d'impact plus avancées sont donc nécessaire. Ceci rend très difficile la distinction entre pauvres et très pauvres. Cependant, le client type de la microfinance est une personne dont les revenus sont faibles,et qui n'a pas accès aux institutions financières formelles qui mène généralement une petite activité génératrice de revenus dans un cadre souvent familial. En conséquence ont peut affirmer que l'autre catégorie des pauvres est exclue.
Le secteur présente aussi des risques structurels dus à la forte expansion de sa clientèle. Dans plusieurs pays, le nombre de clients qui se chiffre à plusieurs centaines de milliers a largement dépassé celui de la clientèle gérée par le secteur bancaire. Ainsi, si on peut penser que l'impact économique de la faillite d'une institution resterait relativement faible, son impact financier et surtout social pourrait s'avérer plus considérable. Deux éléments sont à considérer: Le risque porté individuellement par une institution qui est acceptable, dès lors qu'une gestion professionnelle est exercée et que les procédures internes de maîtrise et de contrôle des risques financiers sont respectées. Il s'agit entre autre de la solvabilité et de la liquidité. Toutefois nous devons souligner que la microfinance évolue le plus souvent dans des contextes peu favorables, avec des difficultés logistiques et des compétences techniques relatives au niveau humain. Avec pour caractéristique d'être soumise de la part de sa clientèle à une forte demande croissante.
Le second risque est celui induit par la multiplication des intervenants qui à notre sens constitue le risque majeur actuel. Cela peut être traduit comme la contrepartie de microfinance comme outil efficace de réduction de la pauvreté qui suscite un intérêt grandissant pour ce secteur avec le développement dans les PED d'un nombre considérable d'institutions et d'expérimentation. A ce titre on peut citer le cas du Sénégal où on dénombre actuellement près de 600 institutions. Un tel phénomène est amplifié par la relative facilitée à démarrer des opérations de microfinance que l'on suppose peu coûteuses en investissement, ce qui dénote d'une mauvaise analyse.
De manière générale le fait est que seules quelques institutions ont les moyens de mettre en place une gestion professionnelle compatible avec les obligations d'une activité financière. Nombreuses sont les institutions qui ne respectent pas la réglementation adaptée au secteur, jusqu'à présent un grand nombre eux ne dispose toujours pas d'outils permettant leur mise en oeuvre.
Nous devons faire remarquer que dans le secteur, l'autonomie financière est rarement poursuivie, l'échelle d'intervention et le coût de l'accompagnement rendent cette autonomie financière difficilement envisageable.
Un autre point à relever est le fait que les États sont peu équipés pour encadrer cette activité. Les États au démarrage de cette activité étaient peu ou pas du tout préparés pour accompagner ce secteur. Au niveau législatif et réglementaire, peu d'entre eux disposent du cadre nécessaire à l'intégration rapide des structures en cours d'implantation.
Il y aussi les difficultés de collecte de l'épargne qui reste aussi peu développé dans ce secteur. Et sans épargne une institution ne joue qu'à moitié son rôle d'intermédiaire financier. Si on part du principe que tous les ménages épargnent, y compris les plus pauvres, cette épargne peut être mobilisée quand les institutions de microfinance jouissent de la confiance de leurs clients. De plus que les modalités de retrait demeurent souples et garantissent une liquidité permanente, et que les coûts de transaction sont faibles.
Ainsi, si une institution est capable d'offrir ces conditions, il peut être avantageux pour elle de mobiliser cette épargne qui constitue pour elle une ressource stable et moins coûteuse que le refinancement apurés des banques commerciales. Cependant, on se rend compte que dans la réalité, la mobilisation de l'épargne n'est pas toujours possible, voire même souhaitable. Les raisons qui s'opposent à la collecte de l'épargne sont les suivantes, un contexte politique et économique instable, dans lequel l'État réglemente les taux. L'inflation très élevée qui ne permet pas une rémunération positive de l'épargne ou tout simplement le manque de confiance. Il y a
aussi l'absence d'un cadre réglementaire spécifique aux IMF s'impose pour pouvoir collecter l'épargne et transformer en établissements bancaires formels.
Il faudra enfin prendre le risque posé par ce métier spécifique, rendu complexe par la nécessité d'assurer une sécurité absolue de gestion pour le compte des épargnants, ainsi que les coûts associés à la collecte. Cette situation a donné lieu à une prise de conscience et conduit les Etats à faire évoluer leur cadre réglementaire ou même à créer de nouveaux cadres spécifiques. Toutefois il faut dire que le contrôle et la surveillance des institutions n'étaient pas souvent assurés convenablement, au regard de la diversité des institutions et leur nombre croissant, les états sont confrontés à un double problème de compétences et de moyens pour assurer ce suivi, mais des solutions sont envisageables et leurs implications s'avèrent indispensables.
Ainsi, la phase de développement de la microfinance révèle de nouveaux besoins plus complexes et diversifiés. Ces besoins sont importants et ont attrait aussi bien à l'insertion de la microfinance dans le secteur financier, au financement de la croissance du secteur qu'à sa diversification ainsi qu'un accroissement de son impact. Cela se traduit sur le plan financier par un besoin de ressources financières accru, plus longues et plus stables et sur le plan technique par des compétences et des outils de plus en plus sophistiqués.
Les interrogations qui s'imposent sont celles du refinancement aussi bien sur le marché bancaire que financier. Or nous savons que ces institutions sont soumises à des contraintes fortes d'accès et que ces contraintes résulteraient d'une part à l'appréciation du risque de l'institution par le marché et d'autre part des aspects juridiques liés à son statut. Bien qu'il existe de nombreux cas de refinancement par les banques, toutefois très peu d'institutions remplissent les critères d'accès aux marchés financiers. Ces derniers, pourtant ont l'avantage de pouvoir apporter des ressources longues et théoriquement à moindre coût.
Le développement des offres de garanties externes peu être une réponse intéressante mais onéreuse. En outre, les marchés financiers ont le souci de préserver leurs investisseurs. Cependant d'autres pistes existent tels la mise en place de notations comparées (rating) des institutions par un organisme indépendant et crédible, la prise de participation par une institution tiers plus à même de répondre aux critères d'accès aux marchés ou encore l'ouverture de l'institution à des investisseurs extérieures susceptibles d'apporter des garanties financières et la réputation attendues par les marchés. La principale difficulté pour les institutions est le coût des transactions, renchéri par celui des intermédiaires et des garanties. Sans une réflexion globale
pour atténuer ce coût, ce type de transactions risque de rester marginal. Cependant, la problématique la plus importante posée aux institutions de microfinance demeure l'accès à des ressources stables. Cette question devient cruciale au fur et à mesure du développement de l'institution c'est-à-dire l'effet taille joue considérable dans le besoin en refinancement de l'IMF. En effet, l'augmentation de la taille de l'institution affecte plus particulièrement sur la structure financière et de coût. Les normes employées dans le secteur bancaire correspondent à un niveau de ressources stables constitué par le ratio fonds propres sur le bilan situé entre 6 et 8%48 du bilan. Ces normes correspondent d'une part au taux planché, souvent réglementaire, permettant de garantir une structure financière adaptée au risque du secteur. S'agissant des normes de risque, il serait plus judicieux de mettre en oeuvre une réglementation adaptée aux réalités du secteur de la microfinance. Le type de clientèle, la géographie d'intervention, l'organisation de la microfinance pourrait sans doute permettre à établir des normes de ressources stables plus élevées que celles du secteur bancaire. De manière empirique, on constate que certaines institutions maintiennent des niveaux de ressources stables de l'ordre de 20 à 30% du total de leur bilan.
Notre étude empirique montre que les systèmes financiers de microfinance parviennent généralement à maîtriser l'interface entre eux et les clients, de manière générale, enregistrant des taux de participation et de remboursement honorable. Toutefois, lorsque leur taille augmente, ils ne peuvent rester hors du cadre réglementaire c'est-à-dire à la frontière de l'informel. Par conséquent, la question de la régulation du secteur ne se pose pas en termes macroéconomique compte tenu de la part minime qu'ils représentent, au niveau des agrégats économiques. Cependant, il n'en reste pas moins nécessaire d'assurer la protection des déposants et de l'offre de services financiers durables aux populations exclues des systèmes financiers classiques. Donc les questions les plus importantes devraient être portées sur la place de ces systèmes de proximité et leur institutionnalisation. Cette notion institutionnalisation est large et porte à la fois à l'adaptation à l'environnement économique, politique et juridique, la maîtrise des coûts de l'institution, la viabilité sociale et l'établissement de relations stables avec les différents partenaires [Doligez, 1996]. De manière générale, la principale difficulté dans les PED réside dans la gestion de l'extension de ces systèmes à une échelle significative pour le développement et dans leur intégration à la finance globale.
48Ce ratio constitue le ratio de solvabilité dans le cadre la réglementation de bale, elle a une dimension universelle : la norme minimale de 8% s'est rapidement imposée comme la référence centrale en matière de mesure et de contrôle du risque de crédit, non seulement pour les autorités de contrôle bancaire nationales et les établissements de crédit, mais aussi pour les investisseurs, les agences de notation et plus globalement l'ensemble des acteurs financiers.
La question de l'intégration au système financier globale se décline à la fois en termes de durabilité et d'adaptation à un environnement institutionnel formalisé [Gloser, 1994]. Cette durabilité outre la maîtrise des coûts repose sur la recherche d'un équilibre financier indispensable. Celui-ci passe par la maîtrise des coûts de fonctionnement et de la ressource financière. Cependant, cette augmentation des ressources nécessite souvent des arbitrages entre le ciblage de la population pauvre et la rentabilité de l'institution à moyen terme.
CONCLUSION DU CHAPITRE 3
Au terme de ce bilan, on doit reconnaître que des efforts impressionnants ont été réalisés dans le secteur de la microfinance. Toutefois, il faut souligner qu'une infinité d'organisations de microfinance existantes sont susceptibles de répondre aux demandes exprimées tout en s'inscrivant dans un schéma de pérennité. En outre, si le nombre de micro-entrepreneurs appuyés par ce dispositif est sans cesse en augmentation, le taux de couverture demeure toujours faible dans la plupart des pays. En effet, l'accessibilité dans les zones peu densément peuplées reste encore nettement insuffisante. Il s'agit entre autre des zones rurales où les populations ont encore difficilement accès à la ressource. Il y aussi la problématique des taux d'intérêt qui demeurent encore élevés et ne permettent pas aux micro-entrepreneurs d'entrée dans une phase d'accumulation. Cependant on ne peut nier les avancées importantes réalisées par le secteur de la microfinance. Que ce soit en matière de gestion opérationnelle ou de développement institutionnel, les IMF du secteur continuent sans cesse de se professionnaliser en améliorant non seulement leur gestion financière mais aussi l'ensemble de leurs pratiques et outils de gestion. Il y a aussi une panoplie d'actions menées en parallèle qui favorise le développement du secteur et contribue à son renforcement. Les agences de notation, les fonds de placements et associations professionnelles contribuent énormément au renforcement du secteur. Les gouvernements jouent également un rôle clé en se montrant de plus en plus disposé à la nécessité de penser et de mettre en place des cadres légaux et institutionnels adaptés. Nous étudierons plus loin la nécessité d'une mise en place d'un environnement favorable au développement de la microfinance et la part de l'État dans l'approfondissement de ce cadre.
Enfin, même si certains échecs existent, qu'il ne faut sous évaluer il apparaît nettement que la microfinance à toute sa place dans les politiques d'appui aux micro-entrepreneurs des PED.
Nous avons montré que les institutions de microfinance dans les PED peuvent contribuer à la réduction de la pauvreté et aux développements des économies de celle-ci. Cependant, elles n'ont pas encore pu rompre complètement le vide institutionnel en matière de financement de la microentreprise et des populations pauvres. A cet effet, on a remarqué que pour viabiliser et pérenniser leur soutien à la microentreprise, l'institutionnalisation du crédit solidaire s'imposait ainsi qu'une politique de promotion au niveau étatique de la micro intermédiation.
L'objectif ultime est d'aboutir à la généralisation du crédit solidaire à grande échelle ce qui passe nécessaire par l'implication de la société civile et surtout des pouvoirs public. Dans un souci de promotion de l'auto emploi en oeuvrant à la mise en place de structures coopératives aussi bien financière ou sociales. Les pouvoirs publics auront pour mission d'assurer la reconnaissance des institutions. Cette reconnaissance s'avère indispensable dans la mesure où elle permettra de mettre en liaison les dites structures avec des partenaires extérieurs (banques, bailleurs de fonds et tout organismes d'appui) indispensables à leur développement et pérennité.
Ces considérations nous conduisent à faire un rappel des fondements de l'intervention de l'État dans l'économie notamment dans la sphère financière (section1). Ce qui nous permettra d'analyser et d'approfondir l'action des pouvoirs publics dans le domaine de la microfinance dans les PED (section2). Enfin, scrutera les perspectives d'évolution aussi de la microfinance d'un point de vue globale dans une stratégie de développement des PED.
De manière générale les fondements analytiques dans cette section font référence aussi bien aux analyses de la nouvelle économie institutionnelle (NEI) et à la théorie des choix publics. De quoi s'agit-il exactement :
Le courant institutionnaliste peut être considéré comme le souligne B. Chavance [2007] : « comme
une famille de théories, qui partagent la thèse que les institutions comptent dans l'étude de l'économie, voire qu'ellesconstituent un objet essentiel de la réflexion »49. Celle de la théorie des choix public relève de l'école du public choice.
Intéressons nous au rôle de l'État dans ces deux courants pour justifier son intervention dans un souci d'approfondissement microfinancier par le canal des institutions de microfinance indispensable aux processus de développement des PED.
Sur le rôle de l'État les économistes sont divisés en deux blocs. D'un coté les libéraux et de l'autre les interventionnistes. Bien que le débat sur le rôle de l'État ne soit pas encore épuisé le constat est que l'État intervient très souvent dans la vie économique et sociale ceci avec pour objectif d'assurer l'efficacité et la stabilité.
En matière de développement économique, la théorie économique, comme nous avons pu le constaté sur les décennies 1950-1970 a été dominée par les partisans de l'interventionnisme ceci en raison de leur appréciation pessimiste sur la capacité du marché à impulser les mutations structurelles de l'économie. Avec une approche dominée par le concept d'État développeur. En ce sens où l'État joue un rôle important voir même principale dans la production des biens et services. L'État a une influence considérable sur l'orientation de l'activité industrielle avec les industries d'État. Au niveau de la formation et de l'éducation des populations l'État joue un rôle prépondérant aussi bien dans les domaines de la santé, de la protection sociale etc. Nous nous situons dans un système de planification indicative ou dirigiste qui constitue des moyens pour les gouvernements occidentaux de pallier aux insuffisances du marché et d'orienter l'économie vers des objectifs précis.
Cependant dans les PED, les théoriciens vont encore plus loin en stipulant que l'État est le seul acteur susceptible d'agir pour l'intérêt général tandis que le secteur privé n'avait que pour unique objectif la maximisation du profit. Par conséquent, elles ne peuvent agir dans l'intérêt général d'où sa marginalisation dans le processus de développement. De fait l'État devient l'unique entrepreneur susceptible de parvenir au développement des PED. Avec pour mission aux entreprises publiques d'être les instruments et canaux de développement.50
49 cf. Bernard Chavance, 2007.
50 Cf. Dirat J-R, 1985 Exemple du Congo
Du coup, l'État se trouve être le principal entrepreneur dans les PED. Il fallu attendre les années 80 pour avoir le retour des arguments et théories prônant un État minimum. Ainsi donc l'État devrait se retirer de la production industrielle et laisse l'entière place au secteur privé et se recentrer sur les activités régaliennes qui lui son dévolu. Il s'agit en autres des activités de réglementation principalement. Cette tendance découle de ce que les économistes ont qualifié de néoclassique, donc l'analyse préconise la liberté d'entreprendre qui est source d'efficacité économique et l'échange par le marché est garant d'une allocation optimale des ressources. Le marché est présenté comme le lieu de la rencontre de l'offre et de la demande. Et que le mécanisme de marché conduit à une situation optimale au sens de Pareto.
Toutefois, en dépit de cette argumentation force est de reconnaître qu'il existe des défaillances de marché qui entraînent une divergence entre les allocations optimale et celles de l'équilibre. Ces écart justifie de remanié l'analyse néoclassique avec la théorie de l'économie du bien être. Car dans la théorie du bien être s'il y a échec du marché, l'intervention étatique est justifié. Avec pour mission pour l'État de rapprocher l'équilibre et l'optimum. L'échec des marchés résulte de l'existence d'invisibilité des biens à la consommation, d'externalité (positive ou négative) ou d'un monopole naturel. En soulignant que «ces défaillances » sont bien sur des exceptions à la norme qui demeure être le marché. Cette conception de l'intervention de l'État se veut restrictive dans la mesure aucune place n'est laissé à l'intérêt général. De plus L'État est un agent non doté d'une spécificité particulière par rapport aux autres agents économiques dont il est le reflet. Les théories et partisans de la NEI s'appuient sur les critères énoncés par l'économie du bien être de l'intervention de l'État en y ajoutant l'absence d'un certain nombre de marché et surtout l'incomplétude informationnelle pour justifier l'intervention étatique pour parer aux défaillances de marchés.
· L'État en tant que organisationStiglitz (1989) nous montrent les caractéristiques de l'État en tant que organisation. A ce propos, il explique que l'État est caractérisé par le pouvoir de contrainte et de participation universelle de tous à cette organisation. Par conséquent en référence à ces caractéristiques elle présente deux avantages certains par rapport aux autres organisations dans la mesure où le gouvernement est une organisation pré établie tandis que le pouvoir de contrainte fait de lui un instrument d'orientation de la politiques et de surveillance des activités de manière plus efficace qu'une organisation privée.
Le fait que le gouvernement soit pré établir fait qu'il peut intervenir en subissant des coûts de transaction inférieurs à ceux d'autres des nouvelles organisations. Il est aussi bien placé pour réduire les coûts de transaction dans les cas où il y a absence de certains marchés et information incomplète. Donc, il est bien placé pour aider les institutions de microfinance car leurs activités sont fortement liées à l'existence de coût de transaction et de manque d'information que constitue le marché du microcrédit.51
Compte tenu de l'échec des entreprises publiques (de collecte, distributions et d'affectations de ressources), les pouvoirs publics misent sur les PME et la microfinance pour assurer aussi bien la croissance que l'emploi dans les PED. Ceci grâce aux proximités sociologiques52 que celle-ci a avec le secteur informel qui occupe une place considérable dans leur économie. Les IMF constituent le maillon indispensable de soutien à la microentreprise. Leurs activités se doivent d'être protégées par un cadre réglementaire adapté à leur spécificité53. En raison du caractère récent de leur émergence, les IMF méritent, un soutien en formation, et des aides au démarrage de l'activité de la part de l'Etat et de ses partenaires extérieurs en l'occurrence les organismes aide au développement.54
D'autre part, du fait des incertitudes qui prévaut sur ce type de marché, pour protéger les transactions, il est indispensable que l'état intervienne pour fixer les règles de bonne conduite. Toutefois cette analyse mérite d'être compléter du fait qu'elle est trop normative et néglige les intérêts particuliers par rapport à l'intérêt général. En effet, la théorie des choix publics nous fournir des éléments complémentaires sur le comportement de l'état et des arguments en faveur de son soutien aux IMF.
Cette théorie vise à expliquer le processus de décision politique [Gentier, 2003p151 -154]. En effet, la théorie du public fait référence aux règles de décision vote, du comportement des votants, la politique des parties politiques, la bureaucratie etc. [Dirat, 2001, p238]. Cependant, nous nous intéresserons aux décisions qui permettent à l'état de contribuer au développement des IMF. Toutefois, nous devons fait référence à l'approche positive de l'action des pouvoirs publics, en soulignant par ailleurs le scepticisme des économistes du public choice à l'égard de cette intervention. En effet, ceux-ci font remarqué que l'État n'est pas seulement un acteur
51 Cf. Prescot, 1997
52 Part proximité sociologique on entend les proximités ethniques, géographiques, culturelles, etc....
53 Les microfinances Ouest Africaines avec la réglementation Parmec.
54 Sur les 50 milliards d'aide aux développements annuels on a moins de un milliard qui sont consacré à la microfinance source Planet finance.
«bienveillant » dont l'unique objectif serait la recherche du bien être collectif optimal. Néanmoins, ils suggèrent quelques moyens pour corriger ces problèmes. Ainsi, la mise en oeuvre de décision gouvernementale doit se faire à la base c'est-à-dire au niveau local. Par conséquent, toute décision visant à accélérer le développement des IMF doit être mise en oeuvre au niveau local.
Concernant la réglementation de la microfinance, elle fait référence à l'approche initiée par Georges Stigler [1971, p3-21]55, et est considéré comme l'application effective de la théorie du public choice aux industries réglementées. Cette analyse repose, contrairement à la vision courante des autorités de réglementation soucieuses de l'intérêt générale sur une analyse plutôt fondé entre l'offreur et le demandeur de réglementation mus par des intérêts personnels. Nous monterons cependant, toutes les actions entreprises en la matière par les autorités publiques pour concourir à une régulation du secteur en nous appuyant sur le cas de l'Afrique de l'ouest (UEMOA).
Nous ne pouvons ignorer le rôle de l'État dans le processus de décentralisation du système financiers entrepris depuis des décennies en Afrique. Donc il ne parait pas surprenant de se pencher sur le rôle de l'état dans le domaine de la microfinance. Dans cette région d'Afrique, la loi Parmec56 régis l'action des IMF et constitue une innovation majeure dont les forces et les faiblesses peuvent servir d'exemple dans le cadre une amélioration des législations dans d'autres régions d'Afrique en matière de réglementation du marché des IMF.
En Afrique de l'ouest les systèmes financiers décentralisés sont régis par la loi régionale Parmec.
55 Stigler G, [1971], «The Theory of Economic Regulation», Bell Journal of Economic and Management Science, n°2 , page 3-21.
56Programme d'appui à la réglementation des mutuelles d'épargne et de crédit.
· A/ les objectifs de la loi Parmec
Premier constat, les banques africaines sont inadaptées au contexte africain. On reproche à celles-ci la non prise en compte des valeurs locales surtout en matière d'épargne et de crédit. La prolifération des informalités est pleinement justifiée par les carences du système financier formel à jouer pleinement son rôle d'intermédiaire financier. Ainsi on assiste à une floraison d'associations d'épargne et de crédit sans statut précis dans quasiment tout les pays de la zone étudié. L'objectif de la loi Parmec est de structurer ces organisations afin de:
· Assurer la protection des déposants et la sécurité des opérations. Ce qui se traduit par des contrôles tant internes qu'externes: la présentation des rapports d'activité, des états comptables et financiers qui garantissent un bon fonctionnement des institutions. Le bon fonctionnement préserve les intérêts de la clientèle et renforce la crédibilité des institutions. Celle ci à un impact positif sur leur capacité à accroître la mobilisation de l'épargne.
· Renforcer l'autonomie financière des institutions en les intégrant au sein des réseaux grâce à la mise en place des institutions dites «faîtières ». A terme, les réseaux qui se dotent de leur propre organe financier ou caisse centrale devraient s'affranchir de leur dépendance vis-à-vis des banques et des établissements financiers
· Etendre le contrôle des autorités (monétaires) aux groupements d'épargne et de crédit qui font partie du secteur informel. Les contrôles contribuent à la sécurité des opérations qui vise à garantir la viabilité des institutions. En effet, les contrôles des institutions à travers l'instauration des règles prudentielles et des normes de bonne gestion permettent de prévenir et d'éviter la mauvaise gestion des fonds collectés et des crédits distribués.
Bien avant cette loi, le secteur de la micro-intermédiation financière dans l'UEMOA à longtemps évolué dans l'informel avant de connaître en 1993 cette législation spécifique dénommé loi Parmec ou encore loi sur les systèmes financement décentralisé. Ainsi, ils existaient une multitude d'institutions. D'une part on distinguait des institutions légales régies soit par la loi sur les coopératives et qui dépendaient du Ministère de l'agriculture et d'autre part des institutions régis
par la loi sur les associations et qui eux dépendaient du Ministère de l'intérieure. Toutefois, beaucoup d'institutions échappaient à toute réglementation puisqu'elles révélaient du secteur informel. Ainsi grâce à la loi Parmec, cette dernière catégorie à accéder à la légalité. On peut donc dire que la loi Parmec vise à développer, dans un cadre réglementaire incitatif, un système financier mutualise, privé et autonome, et concourt à une intégration du marché financier au
niveau de chaque pays grâce à la réintermédiation de l'épargne informelle.
La loi Parmec définit les institutions de base comme « des groupements de personnes dotés de personnalité morale, sans but lucratif et à capital variable, fondés sur les principes d'union, solidarité et d'entraide mutuelle et qui ont principalement pour objet de collecter l'épargne de leurs membres et de leur consentir des crédits » (art 2, cité par Lelart M.1996, p.58).Une formalisation de la loi est donnée par la figure suivante selon la nature des institutions :
Figure : Formalisation selon la nature de l'institution
Source extrait de Honlonkou et al. [2003].
De plus, toutes les institutions reconnues par la loi Parmec sont caractérisées par une relation de proximité. Toutefois, la proximité ne suffit pas à garantir toujours la sécurité des opérations. Par conséquent, cette loi a pour principaux objectifs : la protection des déposants, la sécurité des opérations, la recherche d'autonomie financière des SFD, l'intégration de la finance informelle dans le cadre légal et le développement du secteur.
La loi permet aux institutions de base de se regrouper en union ceci à l'échelon régional, national ou même international. L'objet visé par la loi est de favoriser l'intégration financière régionale. Les institutions dites « faîtières » ont un rôle en matière:
-d'assistance technique, en gestion, comptabilité, finance, formation du personnel et à l'éducation des sociétaires.
-de promotion des institutions de base
Toutefois, une grande souplesse est laissée aux institutions dans l'organisation des réseaux. En effet, une caisse locale peut adhérer sans autorisation préalable à une fédération ou à une confédération. Cependant, cette souplesse n'exclut pas les contrôles et le respect de certaines règles prudentielles.
Pour garantir la protection des déposants et la sécurité des opérations, un certain contrôle de
la gestion institution ont été institués ainsi que le respect de certaines règles prudentielles. ~ Le contrôle de la gestion
Les institutions subissent au total quatre niveaux de contrôle aussi bien au plan interne qu'externe. Il s'agit entre autre:
-le contrôle interne s'exerce statutairement par le conseil de surveillance. Le conseil est en charge de la régularité des opérations et du contrôle de gestion. Pour assurer sa mission, elle entreprend la vérification ou l'inspection des comptes, des livres et opérations des institutions en faisant appel à une expertise externe. Par ailleurs, il faut souligner qu'au niveau de l'institution elle-même, caisse locale ou institution faîtière, il y a un auto- contrôle. De manière générale, il est du ressort du conseil d'administration qui veille à la bonne gestion des institutions.
-le contrôle externe des institutions est organisé de deux manières. Soit il peut être exercé par les institutions faîtières, qui se charge d'évaluer «les politiques et pratiques financières, la fiabilité de la comptabilité, l'efficacité du contrôle interne, les politiques et les pratiques coopératives » [Lelart M., p.64]. Ou encore, les ministres des finances, la Banque Centrale et la commission bancaire sont aussi en charge d'assurer le contrôle des institutions de crédit.
· Les règles prudentielles
Les règles prudentielles sont fixées par la loi. Elles sont de trois types:
- les règles relatives à la politique du crédit des institutions de microfinance. Elles sont définies par l'Assemblée Générale. Cette instance bénéficie d'une autonomie en matière de promotion de nouveau type de crédit, de leur durée, des garanties exigées, des taux d'intérêt ceci dans le respect des plafonds fixés par la loi sur l'usure.
-Les règles de limitation des risques. Elles concernent le total des risqués supportés par l'institution. Ces institutions ne doivent pas dépasser le double des dépôts de l'ensemble de leur adhérent. Cette disposition à pour but de limiter les emprunts que l'institution pourrait contracter. Un autre aspect que traitent ces règles concerne le risque qu'une institution peut courir sur un seul débiteur. Elles interdisent à une institution d'accorder à un seul membre plus de 10% de l'ensemble des dépôts qu'elle a reçus. Enfin, ces règles traitent des risques qu'une institution de base puisse prendre sur ses dirigeants c'est-à-dire les membres des conseils d'administration, de surveillance ou sur les gérants. Pour les crédits aux membres dirigeant de l'institution, ils doivent être autorisés par le conseil d'administration et ne peuvent dépasser 20% de ses dépôts. Toutefois, ces règles traitent de dispositions relatives au bilan et exigent que les ressources stables soient toujours supérieures au montant des emplois à moyen et long terme. La loi recommande aussi que la valeur disponible, réalisable et mobilisable à moyen terme soit en permanence au moins égal à 80% du passif exigible et des engagements à moyen terme. Cela consiste à considérer que les emplois excèdent les ressources a moyen terme. Cette disposition nous semble excessive.
Les probables prolongements des activités des institutions de microfinance sont réglementés. Les IMF ont la possibilité de créer des sociétés de services pour répondre aux besoins de leurs clientèles. Cependant, ces engagements ne doivent pas excéder les 5% des risques de l'institution sauf autorisation ministérielle. Pour l'affectation des résultats, 15% des excédents nets avant les ristournes doivent être affectés à la consolidation des réserves. Les ristournes ou dividendes sont fixées par chaque institution.
Nous révélons deux principales limites à la loi Parmec. Contrairement au but affiché, un nombre important d'institutions financières informelles n'est pas devenu légal. La loi n'a eu que pour intérêt de régulariser des projets d'épargne et crédit soutenus par les bailleurs de fonds étranger et qui avaient des statuts différenciés. La plupart de ces projets n'avaient pas de cadre légal ou étaient sous la tutelle des ministères de l'agriculture ou de l'intérieur. Cette situation ne garantissait pas une exploitation pérenne et le respect de certains nombres de règles de bonne gestion. Les institutions qui prolifèrent et dont la légitimité est incontestable, sont toujours exclues du champ de la loi dans les pays de l'union [cf. Lelart M., 2000].
Les directives en matières de taux d'intérêt débiteurs et créditeurs, ainsi que la limitation de ceux- ci par la loi supprime la liberté de fixation du loyer de l'argent censé traduire les variations de l'offre et la demande, et les coûts réellement supportés par les institutions. Cette limitation des taux débiteurs indexée à la loi sur l'usure est préjudiciable à l'équilibre financier des SFD. En effet, même si certaines institutions parviennent à l'équilibre du compte d'exploitation de manière autonome, l'objectif n'est toujours pas atteint dans la plupart des institutions de l'UEMOA. Cette situation accentue la dépendance des SFD de l'union vis-à-vis des subventions. En effet, la proscription des taux débiteurs supérieurs au taux d'usure fixé à deux fois le taux de l'escompte soit 12,5% en 1998 contre 17% en 1995 a sa part de responsabilité dans cette dépendance. En effet, distribuer des crédits avec des taux débiteurs si faibles pose des problèmes de viabilités financières [cf. Ouedrago A., p79]. Donc, il nous parait légitime de nous interroger si la politique de taux d'intérêt bas ne menace pas la viabilité des SFD régis par la loi Parmec.
L'institutionnalisation est importante pour promouvoir les activités des SFD. Comme nous l'avons déjà souligné, cette nécessité découle du renforcement des relations de partenariat entre ces institutions dans leurs relations d'affaires avec tous les partenaires. En effet, les relations de partenariat à promouvoir vont du renforcement des liens entre ces institutions et les banques dans un but d'améliorer leur efficacité respective et de nécessité de mise en place de fonds de garantie aux microcrédits.
Une modalité d'intervention de l'État peut consister à créer une institution qui servant d'interface entre les banques classiques et les SFD. Cette institution sera en charge de la vérification et du respect des règles prudentielles, ainsi que du respect des procédures. Elle sera aussi en charge de veiller à ce que les groupes de crédits ne soient pas fictifs pour favoriser leurs relations de partenariat avec les banques. Dans le cas de l'union, elle institution s'identifie à la commission de la réglementation sur les SFD. Cette institution aura aussi pour mission assurer la formation des animateurs des SFD, groupes de crédit et des cadres des banques classiques pour améliorer leur professionnalisme notamment dans le domaine de la prise de risque, la sélection des groupes de crédit et le montage de petits projets. Toutefois, les liens institutionnels peuvent se faire directement entre les banques et les institutions décentralisés de microcrédit ou même indirectement [cf. Prescott, 1997 ; Lapenu C, 1999].
· Les relations banques et micro emprunteurs
L'état peut contribuer au lien direct entre les banques et les micro-emprunteurs individuels ou à des groupes types tontiniers. Le rôle de l'État pour amener les banques à aller dans ce sens, pourra par exemple, être l'octroi de subvention aux banques pour la formation et le conseil des micro-entrepreneurs ou encore conditionner les subventions à la détention d'un certain pourcentage de microcrédits dans le portefeuille des institutions bancaires classiques.
· Les liaisons indirectes entre les banques et les
SFD
Les SFD peuvent servir de relais entre les banques et les emprunteurs pour faciliter l'accès au plus grand nombre de personnes au crédit. En effet, les institutions de microfinance peuvent pleinement jouer le rôle de détaillant du crédit bancaire ceci dans une répartition des rôles entre les deux institutions. Dans cette configuration, la banque commerciale assure la fonction de grossiste et le système financier décentralisé celui de détaillant aux emprunteurs ultimes. Ce mécanisme à pour avantage accroître la part de marché des banques mais surtout d'augmenter l'offre de fonds prêtables. Cette articulation entre les banques et les systèmes financiers décentralisés ou groupes d'entraide devient ainsi avantageuse pour les deux institutions en partenariat. En effet, en assurant le financement ou le refinancement des SFD, les banques accèdent indirectement à une nouvelle clientèle, mais aussi pour les SFD d'assurer leurs viabilités et pérennités grâce à cette articulation. (Voir le chapitre 2)
Ce type de relation à pour avantage pour les banques de réduire leurs coûts de transactions, ainsi que les risquent de crédit improductif et surtout d'améliorer leur profitabilité. Les études montre que lorsque les banques recourent au partenariat avec les organismes de proximité type ONG ou groupe d'auto assistance, que les coûts de transactions ont été moins élevés par rapport à la situation où elles ont prêté directement aux populations pauvres notamment en milieu rural [cf. Puhazhendhi, citée par Mc Guire B et Conroy J.D., 1997]. De plus, cette étude montre l'efficacité des banques en matière de recouvrement lorsqu'elles font intervenir les organismes de proximité dans leur liaison avec le monde rural.
Dans le cas de l'UEMOA, comme nous l'avons précédemment rappelé, le portefeuille de prêt des SFD fait ressortir une part importante de prêt à court terme (inférieur ou égal à un an) estimé à 75% contre 25% de prêt à moyen terme (supérieur à un an et inférieur ou égal à trois ans) qui peut être corrigé par des ressources longues en provenance des banques commerciales. Donc il nous semble nécessaire de créer un cadre de concertation entre ces deux institutions afin qu'elles apprennent à mieux se connaître et à agir de manière complémentaire.
La mise en place de fonds de garanties aux microcrédits en appui à l'articulation nous semble nécessaire. Bien que cela puisse paraître paradoxal de recommander ce dispositif compte tenu des échecs passés, toutefois ce mécanisme ne nous semble pas défectueux en lui-même. En effet, ce mécanisme fournir un excellent effet de levier pour réduire le rationnement du crédit aux
microentreprises. De plus, Servet [2005] montre que ce mécanisme peut servir de substitue à l'aide direct au développement57. Pour illustrer son propos, il donne l'exemple du fonds international de garantie (FIG) qui une expérience très originale en ce domaine qui permet de rompre avec la logique de l'apport extérieur de fonds ainsi de valoriser et de dynamiser les ressources locales en s'appuyant sur des partenariats à différents niveaux. De plus, il souligne que la défaillance de ce type de fonds avait conduit à négliger les potentialités que les fonds de garantie offrent pour le financement des petites entreprises et refinancement des organisations locales de microcrédit et d'épargne et de crédit. En effet, ces fonds de garantie peuvent être individuels, dans ce cas, chaque crédit fait l'objet d'une garantie particulière. Néanmoins, le scepticisme à l'égard des fonds de garantie peut être justifié par la mauvaise gestion de celles-ci par le passé. Ces fonds étaient pour la plupart alimenté par des fonds publics, qui dépendaient des budgets des états ou d'appui extérieur, principalement pour les prêts à l'agriculture et n'ont pas fonctionné correctement dû au manque de contrôle et de surveillance des projets financés. Cependant, nous estimons que les fonds doivent être le fruit de la collaboration entre emprunteurs et les institutions financières. Ceci dans la mesure où les fonds cofinancés par les emprunteurs pour réduire le crédit improductif dans le portefeuille des institutions peuvent être un gage de réussite de ce mécanisme. Toutefois, ce dispositif n'est pas une panacée et d'autres mécanismes tels que le crédit bail par exemple peuvent être promus. Ce mécanisme particulier donne la possibilité d'utiliser des biens d'équipements sans les acheter. Il s'agit d'une mise en location, l'organisme de crédit garde la propriété de l'équipement mis à disposition de l'entreprise ou du particulier. Néanmoins, en cas de défaillance de l'utilisateur, le bailleur pourra récupérer son bien. Par ailleurs, un autre avantage de ce dispositif est la possibilité d'avoir accès aux équipements sans nécessairement fournir d'apport préalable en argent. Et enfin, promouvoir la création d'agence de ratings spécialisés dans l'évaluation en microfinance qui pourraient apporter une évaluation professionnelle et objective des IMF. D'autre part, ces dispositions pourront être mises en oeuvre avec l'aide l'état si ces capacités budgétaires le lui permettent pour contribuer à l'essor du microfinancement provenant des IMF.
57 Cf. Servet, J-M. [2005, p253], «Banquiers aux pieds nus », Odile Jacob, Paris, 2005
Enfin, on retiendra comme nous l'avons souligné précédemment que, bien que la société civile fut à l'origine de l'émergence de la de la microfinance, à travers les groupes de militants de filiations diverse, ce qui est valable quel que soient le pays. Il n'en reste pas moins que l'intervention des autorités publiques est irréfutable dans le développement des initiatives, dans leurs formes et dans leur ampleur. En effet, cette intervention publique se joue à différents niveaux (créateur, organismes de microfinance, établissements bancaires, particuliers, épargnants) et prends diverses formes (soutien budgétaire, incitation, réglementation, coordination). Il nous semble difficile de notre point vue d'affirmer que telle modalité d'intervention est supérieure a une autre non seulement leurs objectifs sont différents mais les résultats dépendent étroitement de la manière dont elles sont mises en oeuvre. En revanche, il est possible, pour chacune d'elles de mettre l'accent sur les conditions de leur efficacité. L'institutionnalisation est très importante pour les activités alternatives d'épargne et de crédit. Une typologie des différentes modalités d'intervention de l'État dans le domaine de la microfinance nous est donnée par le graphique suivant :
· Les différentes modalités de
l'intervention de l'État
Source auteur
Les procédures d'accès au crédit doivent être simplifiées, mais les règles de fonctionnements rigoureux. Concernant les remboursements, ils doivent toujours être exigés, jamais abandonnés en en raison de la perte de crédibilité que supporterait l'institution. De plus, l'accès au crédit doit être réservé aux seuls membres actifs. Cette condition est indispensable pour maintenir la confiance entre les membres de l'institution. En effet, les institutions doivent axées leur stratégie sur la clientèle et être performants en matière de gestion des coûts et des risques. L'adoption d'une stratégie orientée vers le client doit se traduit par de nouveaux services et produits financiers pour répondre à l'ensemble des besoins de la clientèle. Ces nouveaux services doivent se forcer de combiner d'un coté des incitations et des occasions pour les clients d'améliorer leur situation. Cette démarche axée sur la clientèle et fondée sur le service, exige de la part des IMF d'être en mesure d'identifier des groupes cibles de clients potentiels. Pour parvenir à cet objectif, une intense action de formation doit animer les organismes pour disposer de cadres compétents et pour encourager la prise de responsabilité des membres élus pour diriger les institutions. La participation des intéressés doit être la plus large possible et porter sur toute l'organisation du système: orientation et suivi des décisions, gestion financière, établissement des protocoles de crédit et d'épargne. Plus que les mécanismes financiers eux même, le fonctionnement institutionnel doit relever dès acteurs locaux qui doivent pouvoir l'adapter au sein d'institutions nouvelles qui répondent à leur mode d'organisation sociale propre. Toutefois, la viabilité doit être privilégiée en raison de la nécessité d'avoir des institutions stables, disposant de projets viable au-delà du court terme. Cette viabilité implique l'obligation pour les institutions de couvrir leurs dépenses plus un excédent au moins égal au coût d'opportunité du capital. Nonobstant les subventions, on pourra considérer cette viabilité atteinte lorsque le revenu de l'actif net, hors subventions, est égal ou supérieur au coût d'opportunité des fonds [cf. Yaron, 1994].
De notre point vue, les conditions pour diminuer la dépendance à l'égard des subventions et atteindre l'autonomie financière sont tout simplement la couverture des coûts y compris les coûts d'inflation à l'aide des taux débiteurs et des commissions, de manière à ce que le capital soit maintenu en termes réels, recouvrant les somme dues par les emprunteurs. Il s'agira entre autre, de proposer des taux attrayants de rémunération des dépôts afin de disposer d'une réserve de fonds prêtables suffisante, ainsi que le contrôle des coûts indispensable à l'efficacité des IMF.
Par ailleurs, l'IMF devra identifier et gérer les risques dans tous les types d'opérations qu'elle effectue (prêt, financement et gestion).Toutefois, comme nous l'avons déjà mentionner précédemment, la viabilité peut être posé comme un problème de gouvernance, par conséquent, elle nécessite des stratégies et des structures organisationnelles de long terme. Cependant, nous devons souligner qu'il s'agit d'un investissement important pour s'inscrire dans le long terme. Néanmoins, ce changement structurel lorsqu'il est mis en place de façon volontaire et grâce à l'innovation, est à la fois une source de profit, tant pour l'institution que pour les clients. Toutes tentatives de forcés les IMF à effectuer des opérations qu'ils n'auraient pas faites en tant normal se traduisent généralement par des échecs.
Un dernier point que nous souhaitons abordés en termes de recommandations aux IMF est la nécessité d'une commercialisation de la microfinance. Toutefois, bien que certaine ONG soient frileuse à une approche commerciale de la microfinance, le fait de pousser à cela répond à l'idée suivante: par commerce on peut comprendre compétitivité, allocation optimale des ressources, réduction des coûts, l'efficacité et les bénéfices. Bien que aucun consensus n'ait encore pu émergé sur cette notion, l'approche commerciale de la microfinance, le plus souvent prônée par les pouvoirs publics ou la coopération internationale peut répondre à des intentions intéressantes à savoir:
-de permettre la croissance du secteur (en desservant le plus de personnes exclues du système financier classique perçu comme un outil de lutte contre la pauvreté).
-corollairement, cela assurera une démocratisation de l'accès au financement.
-l'accent est aussi mis sur le fait une micro finance commerciale entraînera à terme une diminution de la dépendance à la coopération internationale.
-elle est aussi vue comme porteuse d'innovation (développement de nouveaux produits et services)
-et enfin permet que la question de la propriété des institutions soit clairement définie, avec une amélioration des mécanismes de gouvernance et de contrôle.
En somme, voici quelques pistes de réflexions qui méritent d'être approfondir par les IMF pour atteindre leur autonomie financière dans une dynamique de développement institutionnel.
Au total, il parait important de souligner que l'approfondissement financier des économies des PED peut contribuer au développement réel. Cependant, les conditions d'un succès résident dans la mise en oeuvre de politiques financières moins contraignantes et mieux adaptées aux spécificités des pays en développement. Par conséquent, cette misent en oeuvre ne doit pas se faire nonobstant une amélioration des conditions initiales constituées par l'environnement économique existant. Donc, il faudra tenir compte des éléments permettent une amélioration de cette environnement qui lui-même doit être caractérisé par la stabilité des prix et par un faible niveau de déficit public. Un accent doit être mis sur les réglementations prudentielles et une amélioration du cadre institutionnel et juridique définis par l'État ainsi que leur adoption.
La solution réside aussi dans le développement de certains programmes de microfinance, en l'occurrence, ceux qui permettent aux entrepreneurs d'obtenir des prêts. Vu qu'en dehors de l'état, les entrepreneurs sont les principaux acteurs du développement et doivent pouvoir accroître et financer leurs investissements.
Toutefois, la priorité du développement financier des PED doit être de réhabiliter le secteur bancaire de façon à ce que les activités les plus productives puissent être financées efficacement. En effet, nous estimons qu'une possibilité d'approfondissement de la relation entre les banques et les programmes de microfinancement vont contribuer à améliorer le développement financier et de manière indirect le développement tout court. Par conséquent, l'état se doit de créer les conditions favorables au développement aussi bien des micro-entrepreneurs que des «grands » entrepreneurs. Ce qui doit se traduit par l'instauration d'un climat de confiance qui permet de réduit la probabilité d'échec des projets. Donc, le renforcement de l'état et de son économie passe par mise place un cadre institutionnel efficient traduit par l'amélioration des cadres juridiques existant ainsi que des infrastructures économiques. Cependant ne pas tenir compte d'un investissement en capital humain, serait une erreur. Car une modification des comportements s'impose.
Rappelons aussi que les implications politiques dans notre analyse sont évidentes. Dans la mesure où nous savons que l'effet bénéfique du développement financier dû en partie au développement de la microfinance dans les PED est amoindri par l'instabilité financière qui l'accompagne généralement. Les politiques économiques se doivent de prendre en compte les risques d'instabilité financière. Une croissance excessive de masse monétaire induit l'inflation. Par conséquent une politique visant à accroître l'intermédiation financière doit s'accompagner d'une politique de stabilité macroéconomique, d'une régulation et une supervision du système bancaire.
S'il est utile de promouvoir la microfinance, spécialement impliqué dans des prêts aux pauvres, il est aussi crucial de favoriser et de contrôler le développement de l'ensemble de l'intermédiation financière.
En guise de conclusion, comme nous l'avons souligné, la microfinance peut contribuer au développement économique. Cependant, cette contribution pour être optimale nécessite un minimum de cadre favorisant son développement. En effet, l'activité de microcrédit comme tout crédit nécessite un minimum de confiance et de règle indispensable cette confiance entre les différents acteurs.
La microfinance peut être la solution au sous développement des PED. Notamment pour subvenir aux besoins des exclus du système financier. Il convient, cependant d'être prudent, la microfinance doit faire face à de nombreux obstacles pour définitivement briser le cercle vicieux de la pauvreté par un processus de prêts endogène aux pauvres. Ainsi, de permettre aux acteurs locaux d'être les moteurs de leur développement puisqu'il ressort de notre étude que le développement ne ressort pas uniquement des décisions globales mais s'encastre aussi dans les stratégies individuelles et les solidarités familiales et sociales. En effet, les théories du développement ont été pendant longtemps orientée exclusivement vers les effets macro économiques des politiques économiques appuyées par la théorie du développement qui se sont montrées pour la plupart inefficace à résoudre les problèmes concrets de développement. En outre, la microfinance grâce à ces succès empiriques a eu depuis le sommet mondiale du microcrédit la légitimation en tant outil de développement et lui confère une dimension internationalement reconnue.
Par conséquent, toute politique nationale visant à accroître où promouvoir ce secteur dans un souci de renforcement financier doit être une démarche concertée avec l'ensemble des acteurs. En effet, cette stratégie nationale doit également répondre également aux attentes des principaux acteurs que sont les IMF, leur association et leur clientèle, les banques commerciales, les bailleurs de fonds, ONG et autres structures d'appui. Tout ceci dans un cadre où les droits de propriété sont clairement définis et dans un climat de concorde civile.
Par ailleurs, les différents systèmes de
financement du développement que leur vocation soit
locale ou
nationale ne se concurrencent pas, mais se complète. C'est donc vers
l'articulation
des différents dispositifs qu'il faut progresser, plus que la recherche d'une uniformisation qui serait préjudiciable au développement local.
Annexes Annexe1:
Modélisation du comportement de la banque en situation d'asymétrie informationnelle
Graphique 1 : Espérance de profit de la banque en fonction du taux d'intérêt, Stiglitz et Weiss.
Source :inspiré du modèle de Stiglitz et Weiss
Cette relation entre le taux d'intérêt et le profit espéré de la banque s'explique par la différence entre les objectifs de la banque et de l'emprunteur. La banque souhaite que l'emprunteur respecte sa promesse de remboursement, alors que celui-ci cherche à maximiser le rendement de son projet.
Soit B, le montant emprunté, et r le taux d'intérêt. L'emprunteur ne rembourse pas la banque si R, le revenu dégagé par le projet plus C (les collatéraux), sont insuffisants, c'est à dire si C+R < B (1+r).
Le profit de l'emprunteur est:
Ð(R, r*) = Max (R-(1 +r*) B; -C). En cas d'échec, sa perte se limite aux collatéraux. En cas de réussite, son profit n'est pas limité.
Pour un taux d'intérêt donné, le profit de l'entreprise augmente avec le risque.
Il existe donc une valeur critique de è* (plus è est élevé, plus le risque est grand) telle que l'entreprise emprunte à la banque si et seulement si è>è*. La valeur de è* pour laquelle l'entreprise ne dégage pas de profit est telle que : Ð(R, r) = Max (R-(1+r) B ; -C).
Lorsque le taux d'intérêt s'accroît, la valeur critique de è en dessous de laquelle les emprunteurs ne demandent pas de crédit augmente.
Le profit de la banque est Ð(R, r*)=min(R+C ; B
(1+r*)), il est égal à la promesse de
remboursement de
l'emprunteur. La perte est limitée par le montant prêté
(moins les
collatéraux). Contrairement à l'emprunteur, pour la
banque, le rendement espéré d'un crédit est
une fonction décroissante du risque.
Graphique 2: Profit de la banque en fonction du revenu dégagé par le projet, Stiglitz et Weiss
Source : inspiré du modèle de Stiglitz et Weiss
La banque cherche à identifier les emprunteurs qui ne respecteront pas leur promesse de remboursement. Elle met en place un mécanisme de filtrage basé sur le taux d'intérêt: dans un contexte d'asymétrie d'informations, plus une entreprise est disposée à payer un taux d'intérêt élevé, plus sa probabilité de défaut est grande.
Annexe 2: Une schématisation de l'aide au développement et théories du développement dans l'histoire
Approche quantitative Ère du volume
Les grandes tendances de l'aide
1950 1960 1964
?
Théorie du big push(impulsion massive) :seul un apport massif de capital peut engendrer le décollage.Théori ciens :rostow,Ro sensteinRodan,Nurske.
Stratégies d'industrialisation par substitution aux importations. Théoricien : Prebisch
Financeme nt des infrastructu res
Spécialisation dans la production de matières pour l'exportation, Théoriciens : Viner, Haberler
Les théories du développement
Financement
des industries industrialisantes
Critiques des isi, adoption par les futurs NPI de stratégies d'industrialisation fondée sur l'exportation (iae).
? ? ? ?
1970 1980 1990
Former les hommes dévient la priorité : il faut lutter contre la pauvreté, et particulièrement rurale.
Théoriciens: Lewis, Crosswel, Adelman.
Priorité à l'éducation et à la santé
1974 1982 1985 1992
ère des besoins fondamentaux
approche qualitative
Stratégie de croissance économique fondée sur l'agriculture comme moteur de croissance. Théoriciens : Mellor, Adelman, Clark
Crise la baule
Montée de l'aide
Réforme des politiques économiques, libéralisme, ouverture. Confiance dans le marché. Les capitaux privés prennent peu à peu le relais de l'aide publique.
Remise
en question
De l'aide
Source : inspiré de courrier de la planète
Adisson E [2002], «Théories du développement», collection repère n°108; Edition la Découverte et Syros, Paris.
Arestis, P. et Demetriades, P [1993], « Financial liberalisation and Economic Developpement :A critical Exposition» ,in Money and Banking, issues for the Twenty-First Century, Essays in Honour of S.F. Frowen ,ed by P. Arestis, Mac-Millan Press Ltd, Londres.
Armendeiz de Aghion B. [1999], «On the design of a credit agreement with peer monitoring», Journal of development economics, vol 60, 79-104.
Armendeiz de Aghion B, et Morduch J. [2005], The Economics of Microfinance, MIT Press, 346.
Arrow K. [1976], «les limites de l'organisation », Paris presses Universitaires de France.
Aryeetey E. et Udry C. [2000], "Saving in Sub-Saharan Africa", CID Working Papers 38, Center for International Development at Harvard University.
Bassolé L [2003], «Responsabilité conjointe et performance des groupes de crédit », Mémoire
DEA, Université de Clermont Ferrand1.
BCEAO-UEMOA [2007], Etat des lieux et perspectives de la microfinance dans l'UEMOA, les 7 et 8 mai, www. bceao. Int.
Besley T. et Coate S., [1995], « Group Lending, Repayment Incentives and Social Collateral », Journal of Development Economics, vol. 46, n° 1, février, p. 1-18.
Bonneau I, Frankiewiez et M. Shields. [2005] « Le financement des institutions de microfinance: le chemin vers l'investissement privé », Revue Techniques financières et développement, n°78, mars.
Boyé. S., Hajdenberg J. et Poursat. C. [2006], Le Guide de la microfinance, microcrédit et épargne pour le développement, Organisations, 303p.
CERISE, [2002] « La gouvernance en microfinance : Grille d'analyse et études de cas ».Comité d'Echange, de Réflexion et d'Information sur les Systèmes d'Epargne-crédit, Paris, 136 p. Chavance B. [2007], « L'économie institutionnelle », paru aux éditions La découverte, Paris. Chochane-Verdier Audrey: Libéralisation financière et croissance économique: Le cas de l'Afrique subsaharienne. Editions I'Harma~~an.
Cho Yoon Je [1986], «inefficiencies from Financial Liberalization in the Absence of WellFunctioning Equity Markets», Journal ofMoney, Credit Banking, vol 18, n°2, mai, pp.191-9.
Cho Yoon Je [1990], Mac-Kinnon-Shaw versus the Neostructuralists on Financial Intermediation» World Developpement, vol 18, n°3, pp.477-480.
Coase R. [1937], «la nature de la firme », repris in, revue française
d'économie,1 987,vol.II./1 ,pp.1 33-167.
Coming J. [1997], «Prêt de groupe, aléa moral et création d'une garantie sociale », Revue d'économie du développement, n°2, pp.65-101.
De Lima P. [2004], «La microfinance dans les pays en Voie de Développement: Etat des lieux et perspectives », IEP.
Demirguc-Kunt, A. and Detragiache, E. [1999]. «Financial Liberalization and Financial Fragility». In Demetriades, P.O. et S. Andrianova [2003]. «Finance and growth: what we know and what we need to know?» Discussion Paper 03/15 Université de Leicester.
Diagne A. [1998.], «Dynamic Incentives, Peer Pressure, and Equilibrium Outcomes in GroupBased Lending Programs ', American Economic Association.
Diagne A., Simtowe F., Chimombo W. et Mataya C. [2000], «Design and Sustainability issues of rural credit and savings programs for the poor in Malawi: An Action-Oriented Research Project' , Report, International Food Policy Research Institute.
Dirat J-R. [1985], «Financement et développement: l'exemple du Congo », Thèse de 3°cycle. Paris X.
Dirat J.-R. [2001] «La micro finance et la promotion de l'entrepreneuriat: le cas du Congo », Thèse de doctorat en Sciences Economiques, Université d'Orléans.
Djefal S. [2004], « Les ressorts de la microfinance, entre marché et solidarité. Impact et pérennité des systèmes financiers décentralisés: Etude de cas en Afrique de l'Ouest (1980-2000) », Thèse de sciences économiques, Université Lyon 2, 633 p.
Doligez, F., [1996], « Études comparées de l'impact économique des systèmes de crédit rural », Revue Tiers Monde, Tome XXXXVII, n°145, jan-mars, pp.1 87-202.
Doligez, F. [2002], « Microfinance et dynamiques économiques: quels effets après dix ans d'innovations financières ? »CERED-Forum, Université de Paris X Publications dans la revue du tiers Monde, n°172, octobre-décembre 2002
Dornbush, R. et Reynoso, A. [1989], Financial Factors in Economica Developpement, American Economic Review, vol 79, n°2, mai, pp.204-9.
Edgcomb E., L. Barton, [1998]. : «Social intermediation and microfinance programs: a literature review.» Microenterprise best practices, USAID.
Forestier P. [2005], «Les nouveaux enjeux de la microfinance», Techniques Financières et Développement, n°78.
Fournier, Y. et Ouedraogo, A., [1996], « Les Coopératives d'Épargne et de Crédit en Afrique: Historique et évolution récente ; pp.67, Revue Tiers Monde, Tome XXXVII, n°145, jan-mars.
Fry, M.J. [1988], Money, Interest, and Banking in Economic Development», The John Hopkins University Press, Baltimore.
Gentier A [2003], Economie Bancaire, Essai sur les effets de la réglementation sur le financement du crédit, éd. Publibook, Paris.
Gentil, D .et Hugon, P. [1996], «Le financement décentralisé: pratiques et théories », Revue Tiers Monde, n°145, janv.-mars.
Gentil, D. et Fournier, Y. [1993], « Les paysans peuvent-ils devenir banquiers ? », Paris, Syros, 271p.
Gentil, D. et Servet, J.M. [2002], « Micro finance: petites sommes grands effets », Revue Tiers Monde, n°172, oct.-déc.
Germidis, D., Kessler D, Meghir R, [1991], « Systèmes financiers et développement:quel rôle pour les secteurs financiers formel et informel? », Paris, OCDE.
Ghatak M. [1999], « Group Lending, Local Information and Peer Selection », Journal of Development Economics, vol. 60, n° 1, octobre, p. 27-50.
Ghatak M. et Guinnane T. [1999], « The Economics ofLending with Joint Liability: Theory and Practice », Journal of Development Economics, vol. 60, n° 1, octobre, p. 195-228.
Godquin M. [2004], « Microfinance et performance de remboursement au Bangladesh:
Comment améliorer l'allocation des prêts des IMF ? », Colloque AUF, in: Decaluwé, B., Mourji, F., Plane, P. [2006], Le Développement Face à la Pauvreté. Réseau analyse économique et développement, (éd), Economica, p.140.
Goldsmith W. [1968], «Financial Institutions». Random House, New York.
Gonzalez-Vega C., Meyer R., Navajas S., Rodriguez-Meza, Schreiner M. [2000], «Microcredit and the Poorest of the Poor: Theory and Evidence from Bolivia», World Development, Vol. 28, n°2.
Gubert F et Roubaud F. [2004] « le financement des très entreprises urbaines: étude d'impact d'un projet de microfinance à Antananarivo (Madagascar) », Colloque AUF, in: Decaluwé, B., Mourji, F., Plane, P, Le Développement Face à la Pauvreté. Réseau analyse économique et développement, (éd), Economica, p.140.
Guérin I. [2000a], «Le prêt collectif à responsabilité conjointe peut-il être considéré comme une innovation financière ? », Savings and Development, Volume 24, Issue 2, 2000, Pages 219-245. Titre en anglais « Is group lending a financial innovation? »
Guérin I. [2000b] « Mécanismes d'incitation et comportements coopératifs : le prêt collectif à responsabilité conjointe », Communication aux Journées AFSE 2001.
Guérin I. [2000c], « Micro finance dans les pays du Sud : entre rentabilité et solidarité », Revue d'Économie Financière, n°56, pp. 58-83.
Guérin I. [2002], «Les sommets mondiaux du microcrédit: où en est-on cinq ans après ?», Revue Tiers-Monde, t. XLIII, n°172, octobre-décembre, pp.867-877.
Guérin I. et Servet J.M. [2004], «Exclusions et Liens Financiers«, Rapport du Centre Walras 2003, Paris, Economica.
Guillaumont S. Jeanneney et K., R. Kpodar [2004], « Développement Financier, Instabilité Financière et Croissance Economique ».Document de travail de la série Etudes et Documents E2004-13, CERDI.
Gurley, J.G. et Shaw, E.S [1960], Money in a Theory of Finance, Brookings Institution, Washington, D.C.
Granger C.W.Z, [1969], «Investigation Causal Relations by Economic Models and Cross Special Methods» Econometrica, p423-438.
Haley B., et Morduch J. [2003], «Microfinance et réduction de la pauvreté: quel est le résultat ? » in Guérin I., Servet J-M. (eds), Exclusion et liens financiers : microfinance : leçons du sud, Rapport du centre Walras, ed. Economica.
Haudeville B. [2001], « Kajo Jiginew:Portée et limites d'une expérience de crédit et d'épargne solidaires », in J. M. Servet et D. Vallat (éds), Exclusion et liens Financiers, Paris, Economica, pp.199- 213.
Haudeville B. et Dado C. [2002], « Vers un système financier de type mixte dans l'UEMOA », Mondes en développement, 2002-Tome 30.
Hayek F. A., [1941], «The Pure Theory of Capital», Londres: Routledge and Keagan Paul
Hoff K. et Stiglitz J. [1998], « Money lender and bankers: price-increasing subsidies in a monopolistically competitive market », Journal of Development Economics, vol. 55, n° 2, avril, p. 485-518.
Honlonkou A. et Acclassato D. [2003], «Impacts de la loi PARMEC sur la Gouvernance et la Performance Financière des institutions de microfinance au Bénin», rapport de recherche du Programme ELIFID, Effet de la Libéralisation du Secteur Financier sur les Défavorisés, BIT. Hugon P. [1996], «Incertitude, Précarité et financement local: le cas des économies africaines», Revue Tiers-Monde, t. XXXVII, n°145, janvier-mars, pp.13-40.
Hugon P. [1996] « Innovations dans les sphères financières informelles et semi-formelles en
Afrique subsaharienne » Mondes en développements -1996 Tome 24 - 94 - 17.
Hugon P. [2007], « Défaillances du financement du développement et micro intermédiation en Afrique Centrale », Revue du Tiers monde, n°192, oct-déc.
Hulme, D. [1990], «Can the Grameen bank be replicated? Recent experiments in Malaysia, Malawi and Sri Lanka. Development Policy Review 8, p287-300.
Hulme D. et Mosley P.[ 1998], «Microenterprise Finance : Is There a Conflict Between Growth and Poverty Alleviation ?», World Development, 26 (5), , pp. 783-790.
Lapenu, C., Wampfler, B., Duchamp, M.C., [1997], « Le micro financement dans les pays en développement: évolution, théorie et pratique ».- Montpellier: CIRAD,-220 P.
Lanha M. [2005], «Dynamiques de l'architecture financière: vers l'approfondissement financier
dans l'UEMOA » Thèse de doctorat en Sciences Economiques, Université d'Orléans. Ledgerwood J. [1999], «Microfinance Handbook: An Institutional Perspective», The World Bank, Washington D.C.
Lelart M. [1996], « la nouvelle loi sur les mutuelles d'épargne et de crédit dans les pays de l'Afrique de l'Ouest: la loi Parmec de l'UEMOA. », Monde en développement, pp 24-94. Lelart M. [2002], "L'évolution de la finance informelle et ses conséquences sur l'évolution des systèmes financiers", Mondes en développement no 119, 9-20.
Lelart M. [2005], « De la Finance Informelle à la Microfinance », Savoirs Francophones, 111p. Lelart M. [2007], "les mutations dans la microfinance : l'expérience du Bénin", Doc de recherches 15, LEO, Université d'Orléans.
Jacquet P. et Pollin. J.P [2007], «systèmes financiers et croissance », Document de recherche, Université d'Orléans.
Kaminsky, G. L. and Reinhart, C.M. [1999], The Twin Crises: the Causes of Banking and Balance-of-Payments Problems». American Economic Review, 89 (3), 473-500.
Kapur, B [1976], Alternative Stabilization Policies for less-Developped Economies, Journal of Political Economy, vol 84, n°4, aout, pp.777-795.
Kapur, B[1992],Formal and Informal Financial Markets, and the Neo-Structuralist Critique of Financial Liberalization Strategy in Less-Developped Countries, Journal of Development Economics, vol 38,septembre,pp.63-77.
King, R.V et Levine, R. [1992], «Financial Intermediation and Economic Development, in Capital Markets and Financial Intermediation», ed. by C. Mayer et X. Vives, CEPR, Cambridge University Press, Londres.
King, R.V et Levine, R [1993], «Financial, Entrepreneurship, and Growth: Theory and
evidence», Journal of Monetary Economics, Vol32, pp 513-542.
Mc-Kinnon, R.I. [1973], «Money and Capital in Economic Development», Washington DC, Brookings Institution.
Mc-Kinnon, R.I. [1988], Financial Liberalisation in Retrospect: Interest Rate Policies in LDC's, in The State ofDevelopment Economics: Progress and Perspectives, ed. By G. Ranis.
Kirzner, I.M. [1973], Competition and Entrepreneurship, Chicago: University of Chicago Press. Mondal W. I et Tune R.A., [1993] «Replicating the Grameen Bank in North America: the good faith fund experience » West view Press, san Francisco.
Montalieu T. [2001], L'économie du développement, à l'édition Bréal.
Montalieu T. [2002], "Les institutions de micro-crédit : entre promesses et doutes. Quelles pratiques bancaires pour quels effets ?", Mondes en développement no 119, 21-32.
Morduch J. [1999], «The microfinance promise», Journal of Economic Litterature, Vol. 37. Mosley P. [1996]: «Metamorphosis from NGO to commercial bank: The case of BancoSol in Bolivia». In Hulme D. & Mosley P., Finance against poverty, Volume II (pp. 1-31). London: Routledge.
Mourji F. [2002], «Le financement semi formel du secteur informel au Maroc : le micro-crédit, une alternative à l'impasse », Les Cahiers du Gratice, n° 22, p. 259-295.
Ndiaye F. [1999], «Banques et institutions de microfinance: les complémentarités et leur articulation », Marchés Tropicaux et Méditerranéens, juillet, N° Hors série: Banques et Finances en Afrique, pp.10-16.
Nowak M. [2005], « On ne prête (pas) qu'aux riches <~ ed. JC Lattès.
Nurkse R. [1953], «Problems of Capital Formation in Underdeveloped Countries», New Oxford University Press.
Perroux F. [1969], L'Économie du XX siècle, PUF.
Pierrard M. [1998], « Le financement alternative:quel rôle dans le processus de réinsertion par la création d'entreprise? Cas du territoire Drome Ardèche », Techniques Financières et Développement, n°51, p60.
Prescott E.S. [1997], «Group lending and Financial intermediation: An example», Federal Reserve Bank of Richmond Economic Quarterly, vol83/4fall, pp.23-48.
ROCK R. et OTERO. O. M. [1997], «From margin to Mainstream: The Regulation and Supervision of Microfinance», Accion international, Somerville.
Roubini N. et Sala-i-Martin X. [1992], « Financial Repression and Economic Growth », Journal of Development Economics, vol.39, p5-30.
SEEP Network. [2000], «Assessing the Impact of Microenterprise Services - Learning from clients: Assessement tools for microfinance Practitionners », Washington.
Seltz, V. [1994], «Le rôle du système financier dans le développement », Communication présentée lors des XI ème Journées Internationales d'Economie Monétaire et Bancaire, Nice.
Sen A. [1999], «L'économie est une science morale », La Découverte, Paris.
Servet J.-M. [1996], « Risque, incertitude et financement de proximité en Afrique. Une approche socio-économique », Revue Tiers-Monde, 37(145) ,41-58.
ServetJ.-M. [2005], «Banquiers aux pieds nus » la micro finance, OdileJacob, Paris, 2005.
Soulama. S [2005] «micro finance, pauvreté et développement », AUF et éditions des archives contemporaines, Paris.
Stern N.H. [1992] «le rôle de l'Etat dans le développement économique », Conférence Walras- Pareto, Lausanne.
Stiglitz J. et Weiss A. [1981], « Credit Rationing in Markets with Imperfection Information », American Economic Review, vol. 71,Juin, p. 393-410.
Stigler, G., [1971], «The Theory of Economic Regulation », Bell Journal of Economic and Management Science, n°2, pages 3-21.
Stiglitz J. [1990], «Peer Monitoring and Credit Markets », The World Bank Economic Review, vol. 4, n° 3, Septembre, p. 351-366.
Stohr W.B. [1978], «Center-Down-and-Outward Development versus Periphery-up-and-Inward Development: a Comparision of two Paradigms», University of Economics, Wien.
Stohr W.B. [1981], «Development from below: the bottom-up and periphery-inward development paradigm», in Development from Above and Below? The Dialectics of Regional Planning in Developing Countries, Stohr W. B., Taylor D.R.F. (Eds), Wiley, Chichester. Touhami A. [2004], « tests d'efficacité du financement des micro et petites entreprises dans la lutte contre la pauvreté:une approche statistique», Colloque AUF, in: Decaluwé, B., Mourji, F., Plane, P. [2006], Le Développement Face à la Pauvreté. Réseau analyse économique et développement, (éd), Economica, p.140.
Tobin J. [1947], «Liquidity preference and monetary policy »,Review of economics and statistics,volume 29,p.124 à 131.
Van Tassel E. [1999], « Group Lending Under Asymmetric Information », Journal of Development Economics, vol. 60, n° 1, Octobre, p. 3-25.
Varian H., [1990], « Monitoring Agents with Other Agents », Journal of Institutional and Theoretical Economics, vol. 146, n°1, Mars, p. 153-174.
Venet B. [1994], «Libéralisation Financière et Développement Economique », Revue d'économie financière, n°29, pp.87-111.
Venet B. [2000], « Libéralisation Financière et Développement Economique: Une revue Critique de la littérature » CREFED-CERPREM, Université Paris IX Dauphine.
Yaron, J. [1994], « What Makes Rural Financial Institutions Successful?» The World Bank Research Observer, Vol.9, N°.1(janvier)
Wenner M. [1995], « Group Credit: a means to improve information transfer and loan repayment performance », Journal of Development Studies, vol. 32, n° 2, p. 263-281.
Williamson O.E [1975], Markets and hierarchies: analysis and antitrust implications, The Free Press New York.
Williamson O.E [1987], «transaction costs, inflation and the variety of intermediation services», Journal of Money credit and Banking, Vol.19n°4/1987.
Zeller M. [1998], « Determinant of Repayment Performance in Credit Groups: The Role of Program Design, Intragroup Risk Pooling, and Social Cohesion », Economic Development and Cultural Change, n° 46 (3), p. 599-621.
Table des matières
Listes des sigles et acronymes employés 4
INTRODUCTION GENERALE 7
Chapitre 1 : REVUE DE LITTERATURE SUR LA MICROFINANCE ET LE
DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE 12
Définition et concept 12
Le Microcrédit et la Microfinance 12
Le développement économique 13
Section 1 : Les arguments théoriques et pratiques favorables à l'impact de la micro intermédiation sur le développement économique. 15
§1-un tour horizon théorique 15
A/Aux origines des théories du développement 15
B/Les approches « récentes » du développement économique 16
1- L'approche néolibérale : libéralisation financière et non intervention de l'état
16
2-L'approche d'inspiration néoclassique 17
§2. Fondements analytique du rationnement du crédit : La microfinance une
réponse aux rationnements du crédit 18
A/Libération financière versus répression financière et l'exclusion du marché ducrédit 19
B/Le courant de pensée néo structuralistes et l'importance des marchés financiersinformels 22
C/Le modèle de Stiglitz et Weiss et le rationnement du crédit 26
§3. Approfondissement financier dans les PED et l'apport des institutions de
microfinance : fondements théoriques 30
A/La libéralisation financière et les PED 32
B/La libéralisation financière et secteur informel 33
C/Structure financière et développement 33
D/Microfinance et développement financier 34
Section 2 : De la théorie à la pratique 37
§1. Les raisons du succès de la microfinance 38
A / Un système de fonctionnement adapté aux réalités locales 38
B/ Les méthodes des institutions de microfinance 39
1-Le ciblage de la clientèle 39
1 -2. Les populations ciblées « aujourd'hui » par les institutions de microfinance 39
1.2. Zone urbaine/Zone rurale 41
2. Innovation financière du prêt de groupe 41
2-1. Dynamique du contrat de crédit de groupe 42
2.2. Responsabilité conjointe 43
2.3. Les incitations dynamiques 44
2.4. Calendriers de remboursement 44
2 .5. Les garanties auxiliaires 45
3. Limites de la responsabilité conjointe 46
3.1. Le problème du défaut stratégique 46
3.2. Enforcement ou mise en oeuvre des règles 47
3.3. Problème du lien social 48
§2le poids du financement informel 50
A/évolution du financement du développement 51
B/La microfinance : un palliatif au sous développement financier. 51
1- Situations en Afrique subsaharienne 52
2- La microfinance et la promotion de l'activité entrepreneuriale 52
Section 3 : analyses critiques microfinance et développement économique 54
Section 4 : Revue de littérature des études empiriques sur la microfinance et le
développement 59
Conclusion du chapitre 1 70
Chapitre 2: L'INTEGRATION DE LA MICROFINANCE DANS LES SYSTEMES
FINANCIERS 71
Section1 Les IMF partie intégrante de la finance globale des PED 71
§1. Les raisons qui justifient cette intégration dans le système financier globale 72
§2. Un besoin de financement croissant des IMF 74
A/ Outils de financement des IMF 76
B/ Financement par endettement : 76
C/ L'accès aux marchés de capitaux par l'émission de titres 77
D/ Participation au capital 77
E/ Fonds éthiques et fonds de partage 77
F/ Fonds d'investissement 78
G/ Titrisation 78
Section 2.Difficultés et risques posé par cette intégration 78
§ Préliminaire : création d'un intermédiaire formel 78
§1Transformation institutionnelle des ONG de microfinance 79
§2 Coûts de transformation et risques de gouvernance 81
§3 Gouvernance et propriété 81
A/notion de gouvernance 81
B/Problèmes de gouvernances liées à la transformation de l'ONG 83
Section 3 l'articulation banque et institution de microfinance: l'exemple de l'UEMOA
84
§1 .Banques et IMF : vers un système mixte dans l'UEMOA 85
§2. L'étude des systèmes financiers décentralisés de la zone UEMOA 86
A/ Les formes institutionnelles des SFD dans la zone UEMOA 86
B/Quelques données sur le développement des SFD dans les pays de l'UEMOA
87
1. Indicateurs d'accès et d'intermédiation financière 87
2. Indicateurs de performance financière 93
C/ dysfonctionnements constatés dans le secteur 96
1. Du coté des autorités de tutelle 96
2. Au niveau des SFD 96
CONCLUSION DU CHAPITRE 2 97
Chapitre 3: EVALUATION EMPIRIQUE DES IMF DANS UNE STRATEGIE DE
DEVELOPPEMENT 98
Section 1 la performance des IMF : une efficacité sujette à question 98
§1 l'efficacité de la microfinance 98
A/ Indicateurs d'efficacité de la microfinance 98
B/ Quelques résultats empiriques sur la performance des IMF 100
C/ L'impact du microcrédit sur le développement 101
§2 : Les contraintes de la microfinance 104
Section 2 : Propositions destinées à améliorer l'efficacité de la microfinance 107
CONCLUSION DU CHAPITRE 3 109
Chapitre 4: PERSPECTIVES: L'ÉTAT ET LES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE 110
Section 1. Les bases analytiques de l'intervention de l'État 110
§1 La nouvelle économie institutionnelle et le rôle le l'État dans le processus de
développement 111
§2.La théorie du « public choice » et le rôle de l'État 113
Section 2 analyse de l'action des pouvoir public en faveur des systèmes financiers décentralisés : cas de l'Afrique de l'ouest. 114
§1. La légalisation des SFD en Afrique de l'ouest : la loi Parmec 114
A/ les objectifs de la loi Parmec 115
B/ L'organisation en réseau 117
C/ Modalités de fonctionnement des institutions 117
§2 : Les limites de la loi Parmec 119
Section 3 : les relations à promouvoir entre l'Etat, les Banques et les institutions de microfinance 120
§1: Institutionnalisation des liens de Partenariat des SFD 120
§2 : la promotion de d'autres instruments de développement : les fonds de garanties
121
§3: Synthèse et recommandations de politique économique 125
A/ Quelques recommandations aux IMF 125
B/ Recommandations de politique économique 127
Conclusion générale 128
Annexes 129
Bibliographie 132