L'analyse du cadre humain et socioéconomique des terroirs
de Dialakoto et de Laboya va aborder l'historique du peuplement, la
démographie et les activités socioéconomiques.
II.1 LE CADRE HUMAIN
Les terroirs de Dialakoto et de Laboya se localisent dans une
<<poche >> exiguë, ceinturée par deux réserves
forestières. Le village de Dialakoto, se trouve sur la route la
Nationale n°7, en allant vers Kédougou, tandis que celui de Laboya
est à l'intérieur des terres, dans la zone tampon du PNNK.
II.1.1 L'historique du peuplement
A l'instar des vagues migratoires qui ont peuplées la
région de la haute et de la moyenne Gambie, l'installation humaine dans
la zone remonte au 1 0ème siècle, avec
l'arrivée des Bassari, des Bédik et des Cognagui qui sont les
premiers occupants. Elle s 'est poursuivie jusqu'au 13 ème et
1 5ème siècle, avec la venue des Peuls et du groupe
mandé, constitué de plusieurs ethnies, dont les Tandanké,
les Mandingue, les Diakhanké, les Malinké... [cf. PLD de
Dialakoto, 1998].
Toutefois, le processus d'occupation et la composition
ethnique révèlent que l'installation des deux terroirs au niveau
de la <<poche de Dialakoto>> découle de facteurs qui peuvent
être d'origines diverses.
En effet, le terroir de Dialakoto est plus
ancien que celui de Laboya. L'installation du village résulte de
facteurs historiques, car il a été fondé, il y'a plus de
trois siècles par des vagues de migrants Mandingues en provenance de la
Casamance. Mais actuellement, le terroir accueille une diversité
ethnique, composée respectivement de Mandingue, de Peul, de
Diakhanké, de Bassari, de Cognagui et de Wolof. Cette composition
ethnique est à l'image du peuplement de la communauté rurale, qui
est habitée par les Mandingues qui composent 50 % de la population,
suivis des Peul 33 %, des Diakhanké 10 %, des Bassari 3 %, des Wolof 2 %
et d'autres minorités qui ne représentent que 2% de la population
[cf. PLD de Dialakoto, 1998].
L'installation du terroir de Laboya est
beaucoup récente, dans un tout autre contexte. Le village est un ancien
hameau de culture qui a été défriché en 1977, par
des cultivateurs de Dialakoto, précisément les habitants de
Soucouto, un quartier excentré de celui-ci. Son peuplement, qui s'est
fait initialement par les habitants de ce quartier, s'est
accéléré grâce à l'existence d'un
périmètre de
bananes irriguées installé par l'OFADEC en
1980. Depuis lors, les périmètres de bananeraies qui se sont
multipliés, ont favorisé la venue d'une importante main-d'oeuvre
très diversifiée, composée de populations autochtones
(Peul, Diakhanké, Tandanké et Cognagui), mais aussi
d'étrangers (Wolof, Maure, Sérère et Diola).
II.1.2 La démographie
Le terroir de Dialakoto présente l'aspect d'un gros
village à caractère semi - urbain et abritait 2983 habitants,
d'après le recensement administratif de 2002. Le terroir de Laboya est
quant à lui de plus petite taille et compte une population
estimée à 266 habitants. Mais, ce recensement ne prenait pas en
compte la main d'oeuvre immigrée travaillant dans les plantations de
bananes et qui est installée en périphérie du village,
dans des habitats précaires.
Si l'on considère les résultats du Recensement
Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 1988, nous
constatons que la population de Dialakoto est passée de 1732 habitants
en 1988 à 2983 habitants en 2002, soit une augmentation de 1251
habitants en quatorze années. Celle de Laboya, en passant de 133
à 266 habitants entre ces deux années a, quant à elle,
réellement doublé ses effectifs.
En outre, la structure par âge et par sexe de la
population montre une légère prédominance des effectifs
féminins et jeunes. En effet, les femmes représentent environ
51,5 % de la population et les jeunes de moins de 15 ans représentaient
environ 44 % de la population [cf. PLD de Dialakoto, 1998].
Avec une population totale estimée à 4654
habitants en 2002 et une densité de 33,1 habitants au km2 ,
les terroirs de Dialakoto et de Laboya représentent respectivement 64,4
et 5,7% de la population totale de la «poche ».
II.2 LES ACTIVITES SOCIOECONOMIQUES
Les activités socioéconomiques
pratiquées dans les terroirs de Dialakoto et de Laboya sont d'abord les
activités de production (agriculture et l'élevage), qui sont
suivis d'autres activités (prélèvement, artisanat,
services et commerce).
II.2.1 Les activités de production
L'agriculture et l'élevage sont les principales
activités de production pratiquées au niveau des
terroirs de Dialakoto et de Laboya.
? L'agriculture
Elle est la principale activité socioéconomique
des ménages des terroirs de Dialakoto et de Laboya. Toutefois, deux
types de culture sont pratiquées par les populations : une agriculture
traditionnelle pluviale et une agriculture irriguée.
L'agriculture pluviale et traditionnelle est
généralement vivrière, avec des espèces comme le
maïs, le sorgho, le mil, le niébé, la courge et quelque fois
le riz dans les bas-fonds inondables. Elle se caractérise par un
système de culture itinérante sur brûlis et l'utilisation
de techniques rudimentaires. Des spéculations commerciales, telles que
le coton et l'arachide, sont également cultivées, sous
l'initiative et l'encadrement de la SONACOS et la SODEFITEX, qui fournissent
aux paysans les intrants agricoles (semences, engrais et produits
phytosanitaires). En outre, avec l'appui du PROGEDE, quelques groupements
féminins s'activent dans le maraîchage pour améliorer leurs
revenus.
Cette agriculture vivrière qui occupe plus de la
moitié des terres cultivées, reste handicapée par un
certain nombre de contraintes, dont l'extension de la cuirasse, l'insuffisance
des terres cultivables, le faible équipement des paysans en
matériels agricoles, le manque d'intrants, la déprédation
des animaux sauvages (singes et phacochères), ...
L'agriculture irriguée concerne la
culture de la banane dans des périmètres privés
disposés le long du fleuve Gambie, au sud du village de Laboya. Les
premiers périmètres expérimentaux, au niveau de la
<<poche >>, ont été installés par l'OFADEC,
d'abord à Wassadou-dépôt en 1975 et ensuite à Laboya
en 1980.
Actuellement, le village de Laboya abrite deux
périmètres privés, dont les bananeraies SALL et Armstrong,
qui font respectivement 220 et 45 hectares. Ils mobilisent tous les actifs du
village et une main d'oeuvre cosmopolite, composée de ressortissants
d'autres régions du Sénégal, mais aussi
d'étrangers. En plus de ces deux périmètres, la
<<poche de Dialakoto >> dispose de quatre autres bananeraies
à Wassadou-dépôt, dont deux sont exploités par des
GIE et deux autres par des privés.
L'irrigation se fait par arrosage à la goutte à
goutte, à partir d'une motopompe à diesel installée sur le
fleuve Gambie. Cependant, l'agriculture irriguée reste également
confronté à certaines contraintes, dont l'absence
d'aménagement des berges et du lit du fleuve, la faiblesse des
structures
d'encadrements des producteurs de bananes, telles que la FEGAP
et l'APROVAG.
? L'élevage
C'est une activité qui est toujours associée
à l'agriculture. Le cheptel, qui composé de bovins, d'ovins, de
caprins et d'asins, souffre d'un certain nombre d'handicaps, dont
l'exiguïté et la pauvreté des pâturages, le
tarissement précoce des mares et les maladies du bétail.
C'est ainsi que les meilleurs pâturages, qui se
trouvent dans la Forêt Classée de Diambour et dans la zone tampon
du Parc, sont constamment fréquentés par le bétail. Cette
situation occasionne de nombreux heurts entre l'autorité du Parc et les
éleveurs, transhumants ou sédentaires.
Les activités agropastorales fournissent d'abord
l'alimentation de base des populations et constituent également une
source de revenus pour les ménages ruraux. Cependant, elles restent
handicapées par des divers facteurs dont la faiblesse des
précipitations, la pauvreté des sols...
II.2.2 Les autres activités
Les autres activités pratiquées dans les
terroirs de Dialakoto et de Laboya sont les activités de
prélèvement, l'artisanat, les services et le commerce.
? Les activités de
prélèvement
Elles sont constituées par la cueillette des produits
forestiers et la pêche.
La cueillette est une activité
complémentaire aux activités de production agropastorales et
fournit des revenus non négligeables aus ménages ruraux. Elle
concerne les fruits sauvages telles que celles qui sont étudiés
ici (Saba senegalensis, Parkia biglobosa, Parinari macrophylla, Detarium
microcarpum, Vitex madiensis et le miel), les feuilles et les racines de
certaines espèces utilisées dans l'alimentation ou la
pharmacopée. La Maison Familiale Rurale (MFR) de Dialakoto,
spécialisée dans la production du miel est la seule structure
d'encadrement qui a été identifiée dans ce domaine.
Celle-ci se charge de la collecte des produits récoltés ou
cueillis, de leur conditionnement et de leur commercialisation à travers
un circuit qui couvre le territoire national.
La pêche est une activité qui
ne mobilise qu'un très faible effectif, malgré les
potentialités offertes par le fleuve Gambie. En outre, les techniques de
pêche, qui consiste à l'utilisation de la nasse et de
la ligne, sont encore très rudimentaires, tandis que les
maigres prises sont commercialisées au niveau des marchés locaux
(villageois).
? L'artisanat et les services
L' artisanat est très
développé au niveau des terroirs de Dialakoto et de Laboya. C'est
ainsi qu'on distingue divers métiers, dont la cordonnerie, la
maçonnerie, la couture et la réparation mécanique. De
plus, la transformation des sous-produits du rônier (Borassus
aethiopum), fournit des revenus importants aux acteurs.
Les services fournis aux populations sont très
diversifiés et intéressent particulièrement le transport,
le tourisme et la téléphonie. En ce qui concerne le transport,
nous pouvons constater que les villages de Dialakoto et de Laboya sont
accessibles en toute saison. En effet, trois véhicules assurent la
liaison quotidienne entre Tambacounda et Dialakoto, tandis que Laboya est
relié à la Nationale 7 par une bonne piste en latérite
à partir de Damantan. Les activités touristiques au niveau des
villages de Dialakoto et de Laboya sont presque inexistantes, malgré les
potentialités liées à la périphérie du Parc.
En effet, seul le village de Laboya a entrepris, à travers le GIE
<<Wula- kanta >>, de réaliser un projet d'élevage de
faune. L'existence de six cabines privées à Dialakoto atteste de
l'extension de la téléphonie rurale qui reste un facteur
déterminant de développement.
? Le commerce
Les activités commerciales sont très
développées au niveau des villages de Dialakoto et de Laboya qui
sont polarisés par le marché hebdomadaire de Wassadou -
dépôt. C'est un grand << louma>> qui rayonne dans
toute la Communauté Rurale et attire les commerçants d'autres
localités, dont Missirah et Tambacounda, respectivement chef-lieu
d'Arrondissement et de Région. En effet, il constitue le premier niveau
de regroupement des produits de cueillette collectés dans la zone et les
produits agricoles et surtout le bétail y sont également
échangés.
En outre, il existe à Dialakoto un marché
villageois très dynamique, ainsi qu'une dizaine de boutiques qui
fournissent aux populations des denrées de premières
nécessités.