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Espaces, ressources et potentiels : Efficience de deux modes de prélèvement en périphérie Nord du Parc National du Niokolo Koba (SENEGAL)

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par Thierno Boubacar DIALLO
Université Cheikh Anta Diop Dakar - DEA de Géographie, Option Aménagement et Biogéographie 2004
  

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CHAPITRE II: LE CADRE HUMAIN ET ECONOMIQUE

L'analyse du cadre humain et socioéconomique des terroirs de Dialakoto et de Laboya va aborder l'historique du peuplement, la démographie et les activités socioéconomiques.

II.1 LE CADRE HUMAIN

Les terroirs de Dialakoto et de Laboya se localisent dans une <<poche >> exiguë, ceinturée par deux réserves forestières. Le village de Dialakoto, se trouve sur la route la Nationale n°7, en allant vers Kédougou, tandis que celui de Laboya est à l'intérieur des terres, dans la zone tampon du PNNK.

II.1.1 L'historique du peuplement

A l'instar des vagues migratoires qui ont peuplées la région de la haute et de la moyenne Gambie, l'installation humaine dans la zone remonte au 1 0ème siècle, avec l'arrivée des Bassari, des Bédik et des Cognagui qui sont les premiers occupants. Elle s 'est poursuivie jusqu'au 13 ème et 1 5ème siècle, avec la venue des Peuls et du groupe mandé, constitué de plusieurs ethnies, dont les Tandanké, les Mandingue, les Diakhanké, les Malinké... [cf. PLD de Dialakoto, 1998].

Toutefois, le processus d'occupation et la composition ethnique révèlent que l'installation des deux terroirs au niveau de la <<poche de Dialakoto>> découle de facteurs qui peuvent être d'origines diverses.

En effet, le terroir de Dialakoto est plus ancien que celui de Laboya. L'installation du village résulte de facteurs historiques, car il a été fondé, il y'a plus de trois siècles par des vagues de migrants Mandingues en provenance de la Casamance. Mais actuellement, le terroir accueille une diversité ethnique, composée respectivement de Mandingue, de Peul, de Diakhanké, de Bassari, de Cognagui et de Wolof. Cette composition ethnique est à l'image du peuplement de la communauté rurale, qui est habitée par les Mandingues qui composent 50 % de la population, suivis des Peul 33 %, des Diakhanké 10 %, des Bassari 3 %, des Wolof 2 % et d'autres minorités qui ne représentent que 2% de la population [cf. PLD de Dialakoto, 1998].

L'installation du terroir de Laboya est beaucoup récente, dans un tout autre contexte. Le village est un ancien hameau de culture qui a été défriché en 1977, par des cultivateurs de Dialakoto, précisément les habitants de Soucouto, un quartier excentré de celui-ci. Son peuplement, qui s'est fait initialement par les habitants de ce quartier, s'est accéléré grâce à l'existence d'un périmètre de

bananes irriguées installé par l'OFADEC en 1980. Depuis lors, les périmètres de bananeraies qui se sont multipliés, ont favorisé la venue d'une importante main-d'oeuvre très diversifiée, composée de populations autochtones (Peul, Diakhanké, Tandanké et Cognagui), mais aussi d'étrangers (Wolof, Maure, Sérère et Diola).

II.1.2 La démographie

Le terroir de Dialakoto présente l'aspect d'un gros village à caractère semi - urbain et abritait 2983 habitants, d'après le recensement administratif de 2002. Le terroir de Laboya est quant à lui de plus petite taille et compte une population estimée à 266 habitants. Mais, ce recensement ne prenait pas en compte la main d'oeuvre immigrée travaillant dans les plantations de bananes et qui est installée en périphérie du village, dans des habitats précaires.

Si l'on considère les résultats du Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 1988, nous constatons que la population de Dialakoto est passée de 1732 habitants en 1988 à 2983 habitants en 2002, soit une augmentation de 1251 habitants en quatorze années. Celle de Laboya, en passant de 133 à 266 habitants entre ces deux années a, quant à elle, réellement doublé ses effectifs.

En outre, la structure par âge et par sexe de la population montre une légère prédominance des effectifs féminins et jeunes. En effet, les femmes représentent environ 51,5 % de la population et les jeunes de moins de 15 ans représentaient environ 44 % de la population [cf. PLD de Dialakoto, 1998].

Avec une population totale estimée à 4654 habitants en 2002 et une densité de 33,1 habitants au km2 , les terroirs de Dialakoto et de Laboya représentent respectivement 64,4 et 5,7% de la population totale de la «poche ».

II.2 LES ACTIVITES SOCIOECONOMIQUES

Les activités socioéconomiques pratiquées dans les terroirs de Dialakoto et de Laboya sont d'abord les activités de production (agriculture et l'élevage), qui sont suivis d'autres activités (prélèvement, artisanat, services et commerce).

II.2.1 Les activités de production

L'agriculture et l'élevage sont les principales activités de production pratiquées au niveau des

terroirs de Dialakoto et de Laboya.

? L'agriculture

Elle est la principale activité socioéconomique des ménages des terroirs de Dialakoto et de Laboya. Toutefois, deux types de culture sont pratiquées par les populations : une agriculture traditionnelle pluviale et une agriculture irriguée.

L'agriculture pluviale et traditionnelle est généralement vivrière, avec des espèces comme le maïs, le sorgho, le mil, le niébé, la courge et quelque fois le riz dans les bas-fonds inondables. Elle se caractérise par un système de culture itinérante sur brûlis et l'utilisation de techniques rudimentaires. Des spéculations commerciales, telles que le coton et l'arachide, sont également cultivées, sous l'initiative et l'encadrement de la SONACOS et la SODEFITEX, qui fournissent aux paysans les intrants agricoles (semences, engrais et produits phytosanitaires). En outre, avec l'appui du PROGEDE, quelques groupements féminins s'activent dans le maraîchage pour améliorer leurs revenus.

Cette agriculture vivrière qui occupe plus de la moitié des terres cultivées, reste handicapée par un certain nombre de contraintes, dont l'extension de la cuirasse, l'insuffisance des terres cultivables, le faible équipement des paysans en matériels agricoles, le manque d'intrants, la déprédation des animaux sauvages (singes et phacochères), ...

L'agriculture irriguée concerne la culture de la banane dans des périmètres privés disposés le long du fleuve Gambie, au sud du village de Laboya. Les premiers périmètres expérimentaux, au niveau de la <<poche >>, ont été installés par l'OFADEC, d'abord à Wassadou-dépôt en 1975 et ensuite à Laboya en 1980.

Actuellement, le village de Laboya abrite deux périmètres privés, dont les bananeraies SALL et Armstrong, qui font respectivement 220 et 45 hectares. Ils mobilisent tous les actifs du village et une main d'oeuvre cosmopolite, composée de ressortissants d'autres régions du Sénégal, mais aussi d'étrangers. En plus de ces deux périmètres, la <<poche de Dialakoto >> dispose de quatre autres bananeraies à Wassadou-dépôt, dont deux sont exploités par des GIE et deux autres par des privés.

L'irrigation se fait par arrosage à la goutte à goutte, à partir d'une motopompe à diesel installée sur le fleuve Gambie. Cependant, l'agriculture irriguée reste également confronté à certaines contraintes, dont l'absence d'aménagement des berges et du lit du fleuve, la faiblesse des structures

d'encadrements des producteurs de bananes, telles que la FEGAP et l'APROVAG.

? L'élevage

C'est une activité qui est toujours associée à l'agriculture. Le cheptel, qui composé de bovins, d'ovins, de caprins et d'asins, souffre d'un certain nombre d'handicaps, dont l'exiguïté et la pauvreté des pâturages, le tarissement précoce des mares et les maladies du bétail.

C'est ainsi que les meilleurs pâturages, qui se trouvent dans la Forêt Classée de Diambour et dans la zone tampon du Parc, sont constamment fréquentés par le bétail. Cette situation occasionne de nombreux heurts entre l'autorité du Parc et les éleveurs, transhumants ou sédentaires.

Les activités agropastorales fournissent d'abord l'alimentation de base des populations et constituent également une source de revenus pour les ménages ruraux. Cependant, elles restent handicapées par des divers facteurs dont la faiblesse des précipitations, la pauvreté des sols...

II.2.2 Les autres activités

Les autres activités pratiquées dans les terroirs de Dialakoto et de Laboya sont les activités de prélèvement, l'artisanat, les services et le commerce.

? Les activités de prélèvement

Elles sont constituées par la cueillette des produits forestiers et la pêche.

La cueillette est une activité complémentaire aux activités de production agropastorales et fournit des revenus non négligeables aus ménages ruraux. Elle concerne les fruits sauvages telles que celles qui sont étudiés ici (Saba senegalensis, Parkia biglobosa, Parinari macrophylla, Detarium microcarpum, Vitex madiensis et le miel), les feuilles et les racines de certaines espèces utilisées dans l'alimentation ou la pharmacopée. La Maison Familiale Rurale (MFR) de Dialakoto, spécialisée dans la production du miel est la seule structure d'encadrement qui a été identifiée dans ce domaine. Celle-ci se charge de la collecte des produits récoltés ou cueillis, de leur conditionnement et de leur commercialisation à travers un circuit qui couvre le territoire national.

La pêche est une activité qui ne mobilise qu'un très faible effectif, malgré les potentialités offertes par le fleuve Gambie. En outre, les techniques de pêche, qui consiste à l'utilisation de la nasse et de

la ligne, sont encore très rudimentaires, tandis que les maigres prises sont commercialisées au niveau des marchés locaux (villageois).

? L'artisanat et les services

L' artisanat est très développé au niveau des terroirs de Dialakoto et de Laboya. C'est ainsi qu'on distingue divers métiers, dont la cordonnerie, la maçonnerie, la couture et la réparation mécanique. De plus, la transformation des sous-produits du rônier (Borassus aethiopum), fournit des revenus importants aux acteurs.

Les services fournis aux populations sont très diversifiés et intéressent particulièrement le transport, le tourisme et la téléphonie. En ce qui concerne le transport, nous pouvons constater que les villages de Dialakoto et de Laboya sont accessibles en toute saison. En effet, trois véhicules assurent la liaison quotidienne entre Tambacounda et Dialakoto, tandis que Laboya est relié à la Nationale 7 par une bonne piste en latérite à partir de Damantan. Les activités touristiques au niveau des villages de Dialakoto et de Laboya sont presque inexistantes, malgré les potentialités liées à la périphérie du Parc. En effet, seul le village de Laboya a entrepris, à travers le GIE <<Wula- kanta >>, de réaliser un projet d'élevage de faune. L'existence de six cabines privées à Dialakoto atteste de l'extension de la téléphonie rurale qui reste un facteur déterminant de développement.

? Le commerce

Les activités commerciales sont très développées au niveau des villages de Dialakoto et de Laboya qui sont polarisés par le marché hebdomadaire de Wassadou - dépôt. C'est un grand << louma>> qui rayonne dans toute la Communauté Rurale et attire les commerçants d'autres localités, dont Missirah et Tambacounda, respectivement chef-lieu d'Arrondissement et de Région. En effet, il constitue le premier niveau de regroupement des produits de cueillette collectés dans la zone et les produits agricoles et surtout le bétail y sont également échangés.

En outre, il existe à Dialakoto un marché villageois très dynamique, ainsi qu'une dizaine de boutiques qui fournissent aux populations des denrées de premières nécessités.

CONCLUSION PARTIELLE

Les terroirs de Dialakoto et de Laboya, situés dans la «poche de Dialakoto » et ceinturés par les réserves forestières du Niokolo Koba au sud et du Diambour au nord, appartiennent au domaine soudanien. Le climat de la zone, également du domaine soudanien, permet une pluviométrie moyenne de 700 mm/an, qui entretient une végétation de savane boisée, arborée, et arbustive, sur les plateaux plus ou moins cuirassés. Le fleuve Gambie avec ses berges fertiles conserve également, quant à elle, des galeries forestières. Toutefois, cette végétation est actuellement fortement dégradée autour des terroirs villageois, à cause de facteurs anthropiques (défrichements, surpâturage, feux de brousse...), mais aussi naturels (baisse de la pluviométrie...).

La population, dont l'origine remonte à plusieurs siècles, est essentiellement agropastorale. Elle est actuellement très diversifiée, grâce à l'arrivée massive d'immigrés attirés par le développement des bananeraies à Laboya. Toutefois, la pratique de l'agriculture est confrontée par des facteurs physiques et climatiques, dont l'impossibilité de toute extension spatiale, l'importance des surfaces incultes (cuirasse) et la faiblesse de la pluviométrie.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo