1. Contexte, problématique, objectifs et enjeux de
l'étude
1 .1. Contexte
En France, les surfaces pastorales concernent de vastes zones
géographiques. Elles sont représentées par près de
3 millions d'ha de landes et de friches, une part non négligeable des 15
millions d'hectares de bois et forêts et des 12 millions d'hectares de
prairies permanentes difficilement ou non fauchables, ou à forte
contrainte (RGA, 2000). Les zones de montagne sont caractérisées
par un élevage de petits ruminants important favorisé par la
présence d'une ressource pastorale riche et diversifiée. Dans ce
contexte, la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA) se place
parmi les zones d'élevage montagnard par excellence, où le
cheptel exploité atteint 606 000 brebis (9% du cheptel français
et 4% du cheptel viande). En PACA, l'élevage joue un rôle majeur
dans l'économie et la gestion des territoires, au travers du
pastoralisme, notamment dans les zones préalpines et alpines. Les
Préalpes du sud se caractérisent par des contraintes climatiques
et topographiques. Le climat présente à la fois une composante
méditerranéenne (été sec,
irrégularité des pluies) et une composante montagnarde (froid
hivernal prononcé). Le relief accidenté et la montagne (deux
tiers de l'espace) qui représentent un handicap pour l'agriculture
expliquent l'existence de vastes espaces naturels très
diversifiés (DRAF PACA, 2005). Dans cette zone, l'élevage ovin
s'appuie sur différentes races rustiques (la Préalpes du sud, la
Mérinos précoce ou la Mérinos d'Arles, la
Mourérous, la Brigasque) qui ont rassemblé des qualités
d'adaptation à leur environnement : adaptation au climat, aux ressources
alimentaires disponibles, au contexte sanitaire et aux modes de conduite et
d'exploitation. Dans le contexte actuel où la durabilité sera
tributaire d'une indépendance aux primes et donc d'une diminution des
coûts de production, la création des références pour
une efficacité technico-économique se révèle
indispensable.
1.2. Problématique
L'élevage ovin allaitant est aujourd'hui
confronté, entre autres, à la nécessité de
s'adapter aux filières en fournissant des agneaux à des
périodes ciblées, de prendre mieux en compte l'organisation du
travail, de répondre favorablement aux contrats d'entretien de l'espace,
de s'adapter au nouveau contexte de la PAC... A ces exigences, s'ajoutent le
planification à moyen ou long terme voire une anticipation de
l'apparition de ces contraintes et le pilotage du système
d'élevage pastoral difficile à cause du climat très
changeant avec de plus en plus de sécheresse. Devant répondre
à des objectifs de gestion durable de la végétation et des
performances animales optimales par la conduite
du pâturage, l'utilisation des ressources pastorales se
traduit par des variations d'état corporel des animaux exploités,
en fonction de leur état physiologique, de la ressource et de son mode
d'exploitation. Connaissant la capacité de récupération en
situations favorables et de mobilisation en situations défavorables des
réserves adipeuses par ces animaux. Toutefois, il est nécessaire
de bien connaître l'amplitude de ces phénomènes pour les
intégrer dans des calendriers alimentaires et la conduite d'un
système d'élevage pastoral. Quel que soit le système de
production, la satisfaction des besoins alimentaires tout au long de
l'année n'est pas garantie. C'est dans une moindre mesure, le cas dans
les systèmes très intensifs et, particulièrement dans les
systèmes extensifs. En effet, d'après Pottier et al.,
(2006), INRA (1978), la couverture des besoins en toute période est
limitée par des raisons physiologiques (capacité d'ingestion
limitée) ou économiques (coûts des achats alimentaires).
Néanmoins, des techniques ont été
développées pour réduire l'effet du stress alimentaire sur
les performances de reproduction. Parmi elles, la méthode de la notation
de l'état corporel (Russel et al., 1969) qui offre une
possibilité d'utilisation aussi bien en expérimentation qu'en
ferme est considérée sinon comme la plus pertinente mais, du
moins, parmi les plus fiables pour la détermination des réserves
corporelles. Toutefois, l'utilisation efficace de la note d'état
corporel n'est possible qu'après la détermination des
références d'une race et dans un système donné
(Dedieu 1984). Pour l'établissement des référentiels
d'état, plusieurs grandes questions sont donc posées autour de la
place de ces réserves corporelles : leur évolution au cours d'une
campagne, leur relation avec les performances de reproduction des animaux, les
états critiques au cours du cycle de production et de la vie de
l'animal...
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