Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
REMERCIEMENTS
Qu'il me soit permis ici de remercier très
sincèrement :
· Madame Anne Lavigne, d'abord pour
avoir accepté diriger ce travail et surtout pour sa patience, sa
disponibilité, sa rigueur et ses conseils prolifiques dans la direction
de ce mémoire;
· Messieurs Gilbert Colletaz et
Christophe Hurlin, les responsables du master
Econométrie et Statistique Appliquée (ESA);
· Tous les professeurs d'économie de
l'université d'Orléans et particulièrement ceux du master
Econométrie et Statistique Appliquée (ESA);
· Et enfin tous mes camarades de promotion.
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
RESUME
Assainir et rendre plus transparente la gestion de tous les
secteurs financiers fait partie des objectifs des organisations
financières internationales, afin de les rendre plus compétitif.
Ainsi, parle-t-on, beaucoup aujourd'hui de convergence des
réglementations prudentielles des différents secteurs. A l'instar
des autres pays, notamment les Etats-Unis, le Royaume-Uni, et le Japon, l'Union
Européenne a commencé par réformer le secteur Bancaire
-d'abord Bâle I puis les directives CRD (ou Bâle II). Il
était donc temps de transposer cette démarche au secteur de
l'assurance. Ainsi donc se penche-t-elle désormais aussi sur la question
du contrôle de la solvabilité des assureurs, projet connu sous le
nom de Solvency II. Les débats menés autour du secteur bancaire
doivent naturellement venir nourrir ceux qui auront lieu dans le cadre de ce
projet de solvabilité. Solvency II n'en serait que l'aboutissement.
Plusieurs autres facteurs ont encouragé cette réforme notamment,
l'apparition de nouveaux risques (terrorisme, pandémie);
l'évolution des techniques financières (science actuarielle) et
intégration croissante finance / assurance ; le retrait progressif des
institutions publiques de certains domaines (retraite, santé) ; et
d'autres facteurs encore mineurs aujourd'hui tels que sont la croissance de la
concurrence et la non incitation des entreprises à mieux connaître
et gérer leurs risques.
Nous nous sommes proposé dans ce mémoire de
vérifier la pertinence des approches calculatoires pour les exigences de
capital, énumérées au Pilier 1 des principes de base de
cette proposition de Directive selon les différents secteurs
d'activité de l'assurance.
Nous avons dans un premier temps montré que le
système Solvency II visait à améliorer Solvency I ; le
cadre de solvabilité actuel. Nous avons au passage noté que ces
deux projets visent une meilleure couverture des véritables risques
d'une compagnie d'assurance. Et que, la différence majeure entre
Solvency I et Solvency II réside dans le fait que la marge de
solvabilité sera dépendante du niveau de risque de la
société. Et surtout que Solvency II prend mieux en compte
l'exposition aux risques ; ces derniers donnant sens à l'activité
même de l'assurance. Solvency II reposant sur des piliers, nous avons
ensuite discuté des approches calculatoires qui permettent la
détermination des niveaux d'exigences de capitaux évoqués
au Pilier 1. Ceci nous a amené à discuter des avantages et
insuffisances de chaque approche selon le secteur d'activité.
Au-delà de quelques spécificités propres à chaque
approche, le bonus de diversification a constitué la différence
fondamentale entre ces deux approches. A l'aide de l'évolution des
ratios de couverture de marges, nous avons montré que la formule
standard suggérée lors de la troisième étude
quantitative d'impact est bien adaptée à l'assurance non-vie. Et
qu'à l'opposé, l'utilisation d'un modèle interne est plus
pertinente en assurance vie. Les données des entreprises fictives
Ariskov vie et Ariskov non-vie nous ont permis de valider ces
hypothèses. Cependant, par mesure de simplification d'ordre technique,
nous n'avons pas pris en compte tous les risques notamment les risques de
crédit ni les risques opérationnels qui ne sont pas nuls. Par
ailleurs, pour les risques de marché, nous n'avons
considéré que les risques actions et les risques de taux sans
prendre en compte les possibilités de rachats avant
échéance qui constituent pour l'assurance vie un facteur
important dans sa solvabilité. Dans un cadre moins restreint, une
étude plus globale prenant en compte toutes les risques que nous avons
présentés dans ce mémoire permettrait de montrer la
robustesse de notre hypothèse.
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Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
CHAPITRE INTRODUCTIF
A l'échelle européenne, si les premières
exigences de marges de solvabilité remontent aux directives de 1973 pour
l'assurance non-vie, et de 1979 pour l'assurance vie, dès 1997, le
rapport Müller préconisait des modifications de ces directives.
Ainsi, le projet de Directive Solvency I visait à renforcer la
protection des assurés par un relèvement de la marge de
solvabilité -c'est-à-dire la réserve de capital
supplémentaire que les institutions d'assurance doivent détenir
pour pouvoir faire face à des événements inattendus-
obligatoire des entreprises d'assurance vie et non-vie soumises à la
surveillance de l'autorité. Le relèvement du seuil de garantie
minimum risquait cependant de peser davantage sur les petites
sociétés.
La problématique d'une révision plus radicale
des règles de solvabilité n'est qu'une conséquence de
cette remarque. En effet, l'intensification de la concurrence et les
transformations du secteur accentuent les tensions qui s'exercent sur les
entreprises d'assurance et justifient que l'on renforce le contrôle
prudentiel, afin d'offrir une protection toujours satisfaisante aux
assurés.
Les mesures prudentielles doivent constituer à la fois
un contrôle mais aussi une assistance vis-à-vis des assureurs. En
effet, Solvency I laisse une large marge de manoeuvre aux organismes de
supervisions nationaux qui peuvent compléter les exigences à leur
discrétion, puisque ces dernières sont minimales. Elle
tolère les ajouts de normes supplémentaires, les
possibilités de dérogations. De plus les exigences de
solvabilité sont calculées sur la base de leurs valeurs
comptables alors qu'on connaît les multiples limites de ces
méthodes comptables, bien qu'il existe une harmonisation des normes
comptables (IFRS).
Solvency II, comme la Directive CRD pour les banques
(transposition de Bâle II en droit européen), repose sur trois
"piliers". Le premier pilier s'intéresse aux exigences
quantitatives (les provisions techniques et les fonds propres (Minimum de
Capital Requis -MCR et Capital Souhaité ou Cible-SCR)) qui deviendront
des seuils réglementaires. Le deuxième pilier a pour
objectif de fixer des normes qualitatives de suivi des risques en interne aux
sociétés et de définir comment l'autorité de
contrôle doit exercer ses pouvoirs de surveillance dans ce contexte.
Enfin, le troisième pilier synthétise l'ensemble des
informations détaillées que les autorités de
contrôle jugent nécessaires pour exercer leur pouvoir de
surveillance.
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
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Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Ces deux projets visent une meilleure couverture des
véritables risques d'une compagnie d'assurance. La différence
majeure entre Solvency I et Solvency II réside dans le fait que la marge
de solvabilité sera dépendante du niveau de risque de la
société.
A l'instar des autres pays ayant déjà
opté pour des dispositions similaires (Royaume-Uni, Suisse,
Australie...), la façon dont le risque va être pris en compte
devra dépendre des spécifications et calibrage retenus. Bien que
les modalités de calcul exactes du MCR et du SCR ne soient pas encore
adoptées, il apparaît clairement que le SCR devrait devenir
l'outil principal des autorités de contrôle. En effet, le SCR est
le seul à être basé sur l'exposition aux risques, en
incorporant tous les risques liés à l'activité de la
compagnie, c'est-à-dire principalement : le risque de souscription, le
risque de crédit, le risque opérationnel, le risque de
liquidité et le risque de marché. Une compagnie qui ne serait pas
en mesure de démontrer que son niveau de fonds propres est suffisant
pour couvrir ces risques devra soumettre à son autorité de
contrôle pour approbation un plan précisant comment et quand elle
pourra concrètement respecter ces critères. Si l'on s'en tient
à la législation du Royaume-Uni (Individual Capital
Assessment) aussi bien qu'à celle de d'autres pays1,
elle spécifie que le capital doit être suffisant pour pouvoir
couvrir ces risques avec une probabilité de 99,5% sur une année
ou un niveau inférieur sur un horizon plus lointain selon le type
d'affaires souscrites par la société.
L'ensemble des dispositions2 restant à
définir, Guibert et Dénis (2006), se sont interrogés sur
la structure des éléments qui devront composer cette nouvelle
directive et son impact sur la forme de gestion interne des
sociétés d'assurances. Ils se sont intéressés aussi
bien à la dimension quantitative qu'aux autres enjeux sur le
contrôle prudentiel (valeur comptable par opposition à valeur de
marché). Plusieurs études d'impacts (Quantitative Impact
Studies-QIS) ont été lancées parallèlement à
des lettres de consultations (Consultation Paper-CP) afin de spécifier
et de calibrer les différents modèles de gestion aussi bien
internes qu'externes. Ces études d'impact émanant des instances
européennes sont des questionnaires adressés aux entreprises
d'assurance. Trois d'entre elles sont déjà
réalisées et les entreprises d'assurances se livrent actuellement
à la quatrième étude.
1 Swiss Solvency Test en Suisse ou
Traffic Light System en Suède, ...etc.
2 Date définitive de spécification et
de calibrage des formules : Octobre 2009
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Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Au vu de ces différentes études, une des
questions fondamentales est de savoir quelle est la formule de
détermination des exigences quantitatives à retenir. Deux
approches sont encore discutées : (1) la formule standard, basée
sur le principe du Risk-Based Capital, qui consiste à traduire chacun
des « risques » de l'assureur par une exigence de capital et dont la
somme amène à une exigence unique d'un capital minimum ; et (2)
les modèles internes qui sont pour un gestionnaire d'assurance un outil
de simulation qui vise à anticiper la réalisation
d'événements futurs et leurs impacts, en particulier sur la
solvabilité de sa compagnie (modèle de risque de ruine ou test de
résistance). La formule standard est-elle adaptée ou doit-on
recourir à l'utilisation d'un modèle interne dans le calcul des
différentes exigences ?
Deux niveaux d'exigences sont alors définis pour le
passif : (1) les exigences du provisionnement calculées avec une marge
de prudence dans les provisions et autres engagements, (2) ainsi que celles du
capital qui imposent deux seuils de capitaux (MCR et le SCR définis plus
haut). D'autre part, Serant (2006) a étudié la possibilité
de prendre en compte une marge de prudence dans le calcul des provisions. En
effet, revenant sur les spécifications techniques des études
quantitatives d'impact, il s'est demandé le sens que pourrait avoir une
marge de prudence3 alors que le capital minimal requis est
lui-même censé couvrir les risques d'insuffisance de
provisionnement dans des scénarios extrêmes. Il rappelle qu'une
marge de prudence n'est requise que pour les risques non «
couvrables » (non-hedgeable risks), c'est-à-dire ceux
faisant l'objet d'une valorisation sur un marché organisé et qui,
par définition, devra permettre d'atteindre un niveau de provisionnement
correspondant à un quantile (75e percentile) de la
distribution de la valeur actuelle des prestations futures
générées4. En fait, la question centrale
était d'identifier l'approche de valorisation associable à un
instrument non coté. Puisque le passif d'assurance est très
rarement composé de risques faisant tous l'objet d'une valorisation sur
un marché organisé, il confirme l'alternative à la
méthode par quantile avancée par les assureurs ; celle de la
méthode du coût du capital qui évite la plupart des
problématiques identifiées sur la méthode par quantile et
qui propose une cohérence avec la notion de juste valeur d'un contrat au
sens des normes de références (International Financial Reporting
Standard-IFRS). Le problème de l'évaluation du capital
posé par cette approche5 et la solution pratique mise en
place dans le cadre du Swiss Solvency test lui semble tout à
fait pertinente : calcul du capital retenu pour le coût du capital en
supposant un provisionnement limité au niveau
3 C'est la réserve que les institutions d'assurance
doivent détenir pour pouvoir faire face à aux risques de
provisionnement ou encore la rémunération du risque que prend
l'acquéreur éventuel du portefeuille (droits et obligations
contractuels)
4 Selon les intentions du CEIOPS à travers les
spécifications de ses QIS.
5 Capital nécessaire pour évaluer les
passifs dont l'évaluation sera utilisée pour l'évaluation
du capital (tel un cercle vicieux)
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Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
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du best-estimate6. Mais il propose
l'utilisation des données de marché basées sur un
portefeuille pleinement diversifié pour son évaluation et non pas
des données spécifiques à l'entreprise ; cela permettant
de pallier l'éventualité de la cession d'un portefeuille
d'assurance, toutes choses égales par ailleurs.
Il montre ensuite que l'utilisation de modèle interne
dans la détermination des exigences quantitatives devra être une
norme minimale que le régulateur devra imposer. En effet, il part (1) du
fait que dans certains pays, il existe un système de
rémunération discrétionnaire assise sur les produits
financiers de l'année, ce qui nécessite une valorisation
market consistent pour la couverture de risques financiers et (2) que
l'estimation du kc-facteur - facteur d'absorption des pertes futures
par les participations bénéficiaires futures en assurance vie -,
fonction de divers paramètres (environnement commercial, niveau des taux
minimums garantis...) implique l'utilisation d'un modèle interne. Il
montre que la complexité de l'exercice de Solvency II impose de recourir
aux modèles internes dans la détermination des exigences
quantitatives.
Utilisant l'étude quantitative réalisée
par B&W Deloitte en Assurance vie sur
l' « entreprise France » (entreprise fictive
représentant l'ensemble du secteur vie en France), il montre par exemple
une baisse considérable du ratio de couverture (qui passe de 133
à 108) du simple fait de l'utilisation d'un modèle interne. Il
explique cela par le fait d'une meilleure prise en compte de risques largement
ignorés par les réglementations précédentes.
Il faut cependant noter qu'au cours de la période
pendant laquelle Serrant (2006) faisait son étude, on était
encore à la deuxième étude quantitative d'impact (QIS 2),
et que dans la QIS 3 beaucoup d'améliorations ont été
apportées, notamment les paramètres d'atténuation des
risques qui ne sont plus calculés suivant les mêmes
méthodes pour le SCR et le MCR dans QIS 3. En effet, les MCR
négatifs obtenus pour plusieurs assureurs vie-mixtes dans QIS 2 ont
été à la base de cette modification. Donc dans QIS 3,
l'approche modulaire pour le calcul du KC-factor dans le SCR selon la
procédure « bottom up » est maintenue, mais elle n'est plus
reprise pour le calcul du RPS (Reduction for Profit Sharing7) dans
le MCR. Le RPS est unique pour tous les risques et vient réduire le MCR
final de la somme de toutes les participations bénéficiaires
futures. Le nouveau MCR semble tenir compte de la complexité de
l'exercice que soulignait Serrant (2006).
6 Méthode optimale de détermination des
provisions techniques dans le passif d'un bilan : c'est la valeur actuelle
probable des flux de trésoreries futurs déterminée
à partir de la courbe pertinente des taux sans risque.
7 Mécanisme de réduction des risques
à travers la prise en compte de la participation aux
bénéfices futurs.
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Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Le but de Solvency II sera d'amener les acteurs du secteur de
l'assurance à immobiliser un capital minimum permettant de couvrir dans
99,5 % des cas une survie de leur société, mais la
détermination de ce niveau de capital ne devrait pas dépendre de
l'approche calculatoire. Et même dans un objectif visant à
harmoniser des approches de détermination, bien qu'une
modélisation interne soit préférable à une formule
standard, ne devrait-on pas tenir compte du secteur d'activité, à
savoir vie ou non vie ? En d'autres termes, compte tenu des
spécificités de chacun de ces secteurs, l'utilisation d'un
modèle interne n'est-elle pas plus pertinente en assurance vie qu'en
assurance non vie ?
Nous supposons que l'utilisation d'une approche donnée
pour la détermination des exigences de solvabilité devrait
être fonction du type ou du secteur d'activité. Nous nous
intéresserons dans le cadre de cette étude, à l'assurance
directe, en nous basant sur la note de synthèse de l'acte
préparatoire II de la 412ème session
plénière du Comité Economique et Social
Européen8, qui précise que le secteur de la
réassurance est bien réglementé et qu'il se porte bien,
s'agissant de la réassurance simple (vie et non-vie) ou des captives de
réassurance9. Nous utiliserons comme critère de
comparaison l'évolution relative des règles de solvabilité
: provisions suffisantes et couverture objective et non aléatoire des
engagements. Le ratio de couverture de marge brute prend en compte ces
éléments.
Nous commençons le premier chapitre, par une
présentation des deux référentiels de solvabilités
en montrant les avantages et insuffisances de chacun d'entre eux et nous
finirons par une synthèse comparative. Le deuxième chapitre
traite des approches calculatoires des exigences de marges, notamment le SCR :
comme au premier chapitre, nous en ferons une analyse comparative. Quant au
troisième chapitre, il montre la pertinence du choix de l'approche
calculatoire selon le secteur d'activité ; c'est le moment pour nous de
montrer que l'utilisation d'un modèle est plus pertinente en assurance
vie qu'en assurance non-vie. A l'aide du dernier chapitre, nous validons cette
hypothèse. Par ailleurs, ce dernier chapitre donne l'occasion à
une discussion avec d'autres résultats.
8 412ème session
plénière des 27 et 28 octobre 2004
9 Une captive de réassurance est une
entreprise de réassurance détenue par une entreprise ou un groupe
d'entreprises qui n'exercent pas leurs activités en tant qu'assureurs
directs ou réassureurs. La mission d'une captive se limite à la
fourniture de produits de réassurance couvrant les risques de
l'entreprise ou du groupe d'entreprises dont elle fait partie.
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Réalisé par : Aristide K.
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Solvabilité II : Impact de l'utilisation
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CHAPITRE I : SOLVENCY II : UNE AMELIORATION DE
SOLVENCY I A TRAVERS UNE MEILLEURE PRISE EN COMPTE DE L'EXPOSITION AUX
RISQUES
SECTION I : Solvency II : Objectif ou critère de
qualité
Le cadre actuel de mesure de la solvabilité des
compagnies d'assurance, nommé « Solvency I », comporte
plusieurs faiblesses dont les principales sont, d'une part l'inadaptation de la
pesée des différents risques portés par les organismes
assureurs dans le calcul de la marge de solvabilité, et d'autre part
l'absence de convergence financière au niveau international. Cette
situation ne saurait rester sans intervention de la Commission
européenne qui désire donc, à l'horizon 2010, la corriger
à travers la mise en place d'un cadre nouveau de mesure de
solvabilité des entreprises d'assurance européennes, et commun
à l'ensemble des pays membres de l'Union.
PARAGRAPHE 1 : Solvency I, un peu d'histoire
Avant même de savoir en quoi le nouveau cadre Solvency
II (en projet) sera meilleur que celui utilisé actuellement, il est
légitime de se demander pourquoi il faut instaurer un nouveau cadre et
notamment, examiner les éventuelles limites de Solvency I.
Les règles de solvabilité sont devenues
vétustes. Le marché financier a évolué. Toutes les
conditions étaient réunies pour réviser les anciennes
Directives. Les règles de mesure de la solvabilité actuellement
appliquées par les organismes assureurs de l'Union européenne
sont en partie harmonisées. Elles sont le fruit de la mise à
jour, le 05 mars 2002, des anciennes directives des années 70 et sont
réunies sous le nom de Solvency I. Elles fixent (1) des exigences de
composition des actifs et de couverture des engagements par des actifs
adéquats (2) la présentation annuelle d'un rapport de
réassurance et d'un rapport de solvabilité spécifique, (3)
la réalisation chaque trimestre de simulations normalisées
permettant de juger de l'adéquation actif- pas sif-ALM ; et enfin, (4)
la détermination d'un niveau minimum de fonds propres, appelée
Exigence de Marge de Solvabilité (EMS).
Concernant ce dernier point, il faut déjà
remarquer que l'EMS est mesurée en fonction du volume d'affaires
souscrites - c'est-à-dire les provisions techniques, les primes ou les
sinistres- sans prendre en compte les risques réellement encourus et
selon le domaine d'activité (assurance vie, assurance non-vie,...).
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Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
.En assurance vie
Les garanties considérées ici sont :
décès et garanties accessoires, rentes de conjoint, rentes
d'éducation, frais d'obsèques, épargne, retraite. L'EMS
est la somme de deux montants qui portent, l'un sur les provisions
mathématiques et l'autre sur les capitaux sous risques en fonction de la
durée de l'engagement :
- 4% des provisions mathématiques ;
- Entre 0,1% et 0,3% des capitaux sous risques en fonction de
la durée de l'engagement
La part de réassurance est parfois déduite des
provisions mathématiques. Certains éléments à
considérer dans le calcul de l'EMS ne sont admis qu'avec l'approbation
de l'autorité de surveillance, notamment les réserves latentes,
les bénéfices futurs. On peut déjà remarquer,
quelle que soit la capacité de l'assureur à servir le taux de
garantie offert, qu'un même produit d'assurance-vie est soumis à
la même exigence.
. En assurance non-vie
Ici, les produits concernent : IARD, incapacité,
invalidité, frais de santé, décès accidentel,
dépendance ; et l'EMS est le maximum de deux montants qui portent sur
les primes encaissées pour le premier et sur les charges de sinistres
pour le second :
- par rapport aux primes de l'année en cours, 18% sur
la première tranche de 50 millions d'euros de primes encaissées
et de 16% au-delà.
- Par rapport aux sinistres, à 26% sur la
première tranche de 35 millions d'euros et de 23% au-delà.
Ces deux montants sont indexés sur l'inflation; la
part de réassurance pourra en être déduite mais ne doit pas
dépasser 50% de ce résultat. Pour certaines branches de
l'assurance non-vie présentant un profil de risque plus volatil
(responsabilité civile aérienne, maritime et
générale), une EMS plus élevée est fixée
afin de mieux l'adapter à ces profils de risques. Dans le même
temps, chaque organisme fournit, chaque année à la commission de
contrôle, un dossier comprenant des documents comptables de
synthèse10 et les états d'analyses
réglementaires.
10 Eléments comptables de synthèse :
Bilan, Hors-bilan, Compte de résultat technique et non technique,
Annexes.
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Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
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en assurance.
Bien que Solvency I ait fait ses preuves, notamment si l'on
s'en tient à Vincensini (2006), ayant permis de traverser les
tempêtes de Lothar et Martin en 1999 et d'absorber le krach boursier de
2001, il a certaines faiblesses qui ont entraîné des critiques
à son encontre. En effet, on le qualifie de « trop simpliste »
et surtout, on lui reproche :
- son manque de transparence : la prudence logée dans les
provisions techniques n'est pas explicite ;
- son manque d'homogénéité d'une
entreprise à une autre, d'un pays à un autre, les
autorités nationales pouvant la rectifier à leur guise en
ajoutant des normes supplémentaires ;
- son manque de cohérence : les exigences de capitaux
propres sont maximales pour les entreprises les mieux provisionnées.
En outre, comme le précisait, Flor (2008), dans sa
présentation de Solvency II, plusieurs autres raisons concourent aux
réflexions sur Solvency II, notamment :
y' Apparition de nouveaux risques (terrorisme, pandémie)
et retrait progressif des institutions publiques de certains domaines
(retraite, santé) ;
y' Evolution des techniques financières (science
actuarielle) et intégration croissante finance / assurance ;
y' Mondialisation et intégration trans-sectorielle forte
;
y' Concurrence accrue ;
y' Non incitation des entreprises à mieux connaître
et gérer leurs risques.
Il était donc indispensable d'améliorer ce
cadre de solvabilité, d'où la mise en oeuvre des travaux sur ce
qu'on appelle Solvency II. Ce cadre devra être d'un côté en
adéquation avec les normes de comptabilisation internationales IAS-IFRS
et qui concerne les éléments du bilan, et devra, d'un autre
côté, mieux encadrer l'ensemble des difficultés des
organismes assureurs européens concernant la spécificité
de certains risques auxquels ils sont confrontés. Et comme pour tout
système de solvabilité, ce nouveau cadre devra également
tenir compte d'une part, de l'adéquation du calcul de la marge à
l'activité propre aux compagnies d'assurance, et d'autre part, de la
juste mesure du niveau de marge.
PARAGRAPHE 2 : Solvency II ; Objectif et
particularité
Le cadre de la consultation de la Commission Européenne
soulignait ceci :
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
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Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
« Volonté de développer un nouveau
système de solvabilité pour toutes les entreprises d'assurance
(vie et non-vie) et de réassurance que tous les Etats membres seront en
mesure d'appliquer de façon harmonisée, robuste et
pérenne, sans engendrer de perturbation des marchés
»
Le projet Solvency II intervient donc surtout pour consolider
l'ensemble des directives existantes et pour réformer en profondeur les
règles de solvabilité auxquelles sont soumises actuellement les
entreprises d'assurance.
Avant d'aborder les objectifs de Solvency II, il convient de
rappeler très brièvement quelques critères11,
comme le citait le Comitee of European Insurance and Occupational Pensions
Supervisors-CEIOPS (1999)12, ces critères permettant de
qualifier de "qualité" ou d'"objective", une directive de
solvabilité :
y' protéger les assurés en ménageant aux
autorités de surveillance un intervalle de temps suffisant pour leur
permettre de repérer et de porter remède à tout
problème ou défaillance d'une entreprise d'assurance ;
y' assurer la comparabilité et la transparence, de
manière à assurer des conditions de concurrence équitables
;
y' fixer une exigence de marge de solvabilité qui soit
mieux adaptée aux risques réellement encourus ;
y' éviter une complexité inutile ;
y' prendre en compte les évolutions du marché ;
y' fixer des principes tout en veillant à ne pas
être excessivement prescriptif ;
y' chaque fois que possible, fonder le système sur des
approches comptables communes
de manière à éviter la multiplication des
systèmes d'information financière ;
y' éviter que les coûts en fonds propres ne soient
inutilement élevés, au risque de menacer
la compétitivité globale de l'assurance
européenne.
Afin de tenir compte de ces critères, le projet
Solvency II s'est fixé comme objectif de créer un système
plus harmonisé, avec une meilleure prise en compte des risques encourus
par les organismes d'assurance, et plus cohérent avec le système
prudentiel bancaire. Nous reviendrons dans la section suivante sur les
différents risques auxquels sont soumis les compagnies d'assurances et
comment Solvency II les apprécie comparativement à Solvency I.
11 L'OCDE ainsi que l'IAIS ont établi des
critères généraux : il est légitime qu'un nouveau
système de solvabilité européen satisfasse au moins
à ces critères et il ne semble pas utile de refaire le travail
qui a déjà été fait dans d'autres instances
internationales.
12 « Révision de la position financière
globale d'une entreprise d'assurance - exercice solvabilité 2 »
;
- 12 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Dans ce cadre, il s'inscrit dans une démarche
identique au même exercice réalisé dans le secteur bancaire
pour les directives CRD dont la mise en place s'inscrit dans une architecture
dite « Lamfalussy » (schéma n° 1.1.1) en
plusieurs étapes. A cet effet, une proposition de directive comportant
les éléments essentiels du nouveau système a
été adoptée et publiée en Juillet 2007 par le
conseil de l'Union européenne et le Parlement européen.
Schéma n° 1.1.1 : PROCESSUS
LAMFALUSSY
Niveau 2: Mesures techniques
d'exécution
Niveau 1: Directive-cadre, prévoyant
compétences
d'exécution
Niveau 3: Mise en oeuvre harmonisée par
une
coopération renforcée
Niveau 4: Renforcement des procédures de
suivi
Source : Flor (2008)
L'architecture retenue depuis avril 2003 est
constituée de trois piliers (et donc comparable à celle
définie pour le secteur bancaire par le Comité de Bâle II)
: exigences quantitatives, activités de surveillance, information et
publicité.
> Pilier I : les règles
quantitatives
Le pilier I vise à définir les règles
quantitatives dans trois domaines :
les provisions techniques avec un objectif d'harmonisation de
leur valorisation ;
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
y' l'exigence de capital ; deux niveaux de capital sont
déterminés : (1) le minimum de capital requis ou MCR en-dessous
duquel un organisme d'assurance ne devrait pas tomber. Son mode de calcul
devrait être plus simple que celui du SCR et robuste d'un point de vue
juridique. Le non respect du MCR entraîne le retrait d'agrément
s'il n'est pas couvert rapidement ; et (2) le capital de solvabilité
requis capital requis ou SCR qui est le niveau de capital qui doit permettre
à l'entreprise d'absorber un certain montant de pertes, correspondant,
en principe, à une probabilité de ruine à un an
inférieure à 0,5 %. Son calcul vise à prendre en compte
les risques quantifiables pris par l'entreprise ;
y' la définition et les règles
d'éligibilité des éléments de capital.
Le SCR pourra être calculé de deux
manières : par l'intermédiaire d'une formule dite « standard
» harmonisée au niveau européen ou par
l'intermédiaire d'un modèle interne propre à chaque
entreprise mais dont les conditions d'utilisation devront être
précisées à l'autorité de contrôle.
> Pilier II : Le processus de contrôle
prudentiel
L'objectif poursuivi, dans le cadre du Pilier II est de
définir et d'harmoniser les activités de surveillance aussi bien
au niveau des entreprises d'assurance elles-mêmes qu'à
l'échelon des superviseurs. Au sein des organismes d'assurance, ce sont
les mécanismes de contrôle interne et d'organisation qui sont
visés ainsi que les principes applicables en matière de gestion
des risques.
> Pilier III : Information et discipline de
marché
Le pilier III étudie les éléments
d'information qui doivent être publiés par les entreprises
d'assurance :
y' information publique dans le cadre de la discipline de
marché,
y' information à l'usage des superviseurs (dossier
annuel),
y' règles d'information des assurés.
Il faut noter à cette étape que le pilier III
de Solvency II couvre un champ plus large que le pilier III de Bâle II.
En effet, outre les exigences de publication par les entreprises en vue
d'améliorer la transparence de l'information et de promouvoir une
meilleure discipline de marché, il comporte des exigences de
Reporting aux superviseurs, notamment le dossier annuel. Si la
construction du pilier III est subordonnée à l'avancement des
deux premiers piliers, deux grands principes en ont, déjà,
été posés par le CEIOPS :
- 14 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
V' un principe de cohérence maximum avec les exigences
comptables de publication d'information ;
V' un principe d'harmonisation des états
réglementaires de Reporting aux superviseurs, avec comme objectif un
dossier annuel européen.
Schéma n°1.1.2 : Structure de
Solvency II
Contrôle des
groupes et convergence
entre les différents secteurs
financiers
1. Prise en compte de l'environnement groupe de l'entreprise
=> contrôle sur base consolidée par un superviseur groupe
(effets de diversification, risques de contagion)
2. Introduction d'un régime spécifique «
group support »
Pilier 1 : exigences quantitatives
1. Calcul des provisions techniques harmonisé
2. Application de l'approche de « l'homme prudent »
à la place des limitations d'actif actuelles
3. Deux exigences de capital à la place de la marge de
solvabilité, le Solvency Capital Requirement (SCR) et le Minimum Capital
Requirement (MCR)
Pilier 2 : exigences qualitatives et
supervision
1. Renforcement de la gouvernance (« fit & proper
»)
2. Renforcement du contrôle interne et de la gestion des
risques au sein de l'entreprise & auto- évaluation des besoins de
capital (ORSA)
3. Processus de contrôle prudentiel renforcé
(dialogue permanent) et harmonisé entre les pays
Pilier 3 : reporting prudentiel et information
du
public
1. Définition d'états d'analyse
financière communs à l'ensemble des
contrôleurs européens
2. Mise à la disposition du
grand public de
davantage d'informations
afin de renforcer la discipline de marché
(= le public préfère les
assureurs solides)
Source : Flor (2008).
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
SECTION II : Appréciation des risques :
différence avec Solvency I.
PARAGRAPHE 1 : Différents types de risques pris en
compte
Afin de déterminer les différents niveaux de
capitaux requis pour répondre aux exigences quantitatives de Solvency
II, différents risques sont pris en compte. Ils sont
déterminés par une étude de l'International Actuarial
Association-IAA(2004).
> Risque de marché
Ce sont les risques d'allocation Actif-Passif ou risques
systémiques ; il s'agit du risque liés aux instruments financiers
et dont les cours sont susceptibles de varier. On peut citer, le risque de taux
d'intérêt, le risque actions, le risque immobilier, le risque de
spread13, de change et le risque de concentration14.
> Risque de défaut des contreparties ou
risque de crédit
Ce risque couvre le risque de défaut des
réassureurs et des contreparties sur produits dérivés ;
c'est encore le risque qu'un emprunteur n'honore pas ses engagements dans les
conditions initialement prévues. Son calcul s'appuie sur les ratings des
contreparties.
> Risques de souscription ou risques
d'assurance
Il s'agit des risques liés à une tarification
insuffisamment prudente lors de la souscription ou du rachat de contrats.
En vie, on a le risque de table (inadéquation de la
table de mortalité au portefeuille), de surmortalité ou du risque
que la mortalité d'expérience du portefeuille soit
différente de celle tarifée ou attendue par l'assureur. Il s'agit
aussi des risques de rachats, de variation de frais, de catastrophes
(pandémie par exemple)...
13 Variation des spreads de crédit
au-delà de la courbe des taux sans risque.
14 Supplément de volatilité dans les
portefeuilles d'actifs (actions et obligations) concentrés, et risque
accru de défaut
- 16 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
En non-vie, ces risques sont constitués par la
volatilité du résultat ou de la sinistralité sur les
engagements aussi bien passés que futurs. En d'autres termes, c'est
l'ensemble des risques de prime, de provisions et de catastrophe.
La corrélation entre les différents types de
risques constitue un facteur déterminant la valeur de ces risques. En
vie par exemple, une augmentation du taux de mortalité induit une
variation totalement opposée sur les garanties décès et
vie.
> Risques opérationnels
Comme le définissait Thoraval (2001), le risque
opérationnel est le risque d'une perte provenant de processus
inadéquats ou défaillants, de personnes, de systèmes ou
d'un événement externe. Il recouvre donc les erreurs humaines,
les fraudes et malveillances, les défaillances des systèmes
d'information, les problèmes liés à la gestion du
personnel, les litiges commerciaux... La modélisation de ce risque est
très délicate ; leur probabilité d'occurrence bien que
faible peut avoir des conséquences financières lourdes pour
l'entreprise d'assurance considérée.
Les risques non quantifiables rentrent dans le cadre du pilier II
qui intègre la possibilité de demander un capital
supplémentaire pour certains risques.
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Risque de
|
Risques
|
Risques de
|
|
Risques
|
marché
|
opérationnels
|
souscription
|
|
de crédit
|
Risques santé
En vie
En non-vie
Risque de rachat
Risque sur les frais
Risque invalidité
Risque de mortalité
Risque de longévité
Risque catastrophe
Risque sur les frais
Risque sur les sinistres/ la
mortalité/ les annulations
Risque
d'épidémies/ accumulation
Risque de révision
Risque de taux
Risque actions
Risque de spread
Risque de change
Risque immobilier
Risque de prime et de provisions
Risque catastrophe
Types de risques
Schéma n° 1.2.1 : SYNTHESE DES
DIFFERENTS RISQUES CONSIDERES
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
PARAGRAPHE 2 : Qu'y a-t-il dans Solvency II qui n'a pas
été pris en compte dans Solvency I ?
Les mesures prudentielles doivent constituer à la fois
un contrôle mais aussi une assistance vis-à-vis des assureurs. En
effet, Solvency I laisse une large marge de manoeuvre aux organismes
de supervisions nationaux qui peuvent compléter les exigences à
leur discrétion puisque ces dernières sont minimales. Elle
tolère les ajouts de normes supplémentaires, les
possibilités de dérogations. De plus, les exigences de
solvabilité sont calculées sur la base de leurs valeurs
comptables alors qu'on connaît les multiples limites de ces
méthodes comptables, bien qu'il existe une harmonisation des normes
comptables (IFRS). Ces deux projets visent à une meilleure couverture
des véritables risques d'une compagnie d'assurance.
La différence majeure entre Solvency I et Solvency II
réside dans le fait que la marge de solvabilité sera
dépendante du niveau de risque de la société. En effet,
Solvency I n'opère pas de distinction entre les risques quelle que soit
leur volatilité à l'intérieur d'une même branche -
seul le montant souscrit impacte le calcul ; de plus il ne pénalise pas
les entreprises qui sous- provisionnent ou qui sous-tarifient les risques, mais
pénalise celles qui les sur-provisionnent. En revanche, Solvency II
définit clairement tous les risques que pourrait encourir le secteur et
tous ces risques sont pris en compte, non seulement de manière globale
mais aussi de façon isolée en fonction de leurs
spécificités ainsi qu'en tenant compte des différentes
interactions entre eux. Les normes réglementaires ne seront plus
arbitraires puisque les possibilités d'ajouts de normes (nationales) et
de dérogations sont prises en compte dans ce projet ; tous les risques
étant pris en compte, qu'ils soient quantitatifs ou qualitatifs.
Si l'on s'en tient aux travaux de Skjødt (2006), on
peut synthétiser cette comparaison dans le tableau n°1.2.1. Ainsi,
la façon dont le risque va être pris en compte dépendra des
spécifications et calibrage retenus. Pour ce qui concerne les exigences
en capital, que nous avions définies précédemment, il est
question de déterminer deux niveaux, le MCR et le SCR. Comme nous
l'avons précisé plus haut, bien que les modalités de
calcul exactes du MCR et du SCR ne soient pas encore adoptées, il
apparaît clairement que le SCR devrait devenir l'outil principal des
autorités de contrôle. Certaines législations15
spécifient que le capital doit être suffisant pour pouvoir couvrir
ces risques avec une probabilité de 99,5% sur une année ou un
niveau inférieur sur un horizon plus lointain selon le type d'affaires
souscrites par la société.
15 Individual Capital Assessment au Royaume-Uni ;
Swiss Solvency Test en Suisse ou Traffic Light System en Suède
- 19 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Tableau n°1.2.1 :
Solvency I
Forte protection des particuliers à travers une
réglementation détaillée.
|
Solvency II
Forte protection des assurés mais à travers la
mise en place d'incitations au contrôle des risques, la
responsabilité des dirigeants, la transparence et la prise en compte des
informations du marché.
Niveau élevé d'exigences de capital explicites
et implicites. Les exigences implicites engendrent une grande prudence dans
l'évaluation des passifs. En plus de la marge de sécurité
sur les passifs, l'exigence de capital de solvabilité est fixée
à un niveau élevé entraînant un niveau
élevé du capital tampon, ce qui conduit à des coûts
du capital supérieur aux prix du marché.
|
Exigences de capital réellement basées sur le
risque, impliquant que le risque et les exigences sont étroitement
liés ; ce qui conduit à une allocation efficience du capital
efficiente pour les entreprises d'assurances et des fonds de pension.
L'évaluation des passifs est basée sur les informations du
marché et sur les autres16 éléments probants
cohérents avec le marché. Le coût du capital pour les
entreprises d'assurances est représentatif de l'offre et de la demande
et reflète l'exposition réelle au risque d'une entreprise
particulière17.
Protège les entreprises existantes mais au
détriment de la concurrence et des dynamiques de marché.
Stabilise la structure du marché.
L'organisme de supervision dispose d'un ensemble de pouvoirs
et d'outils d'intervention laissés à sa discrétion.
|
Stimule la concurrence, la compétitivité, les
dynamiques et l'évolution du marché.
Le pilier III implique un équilibre entre les exigences
quantitatives et qualitatives, obligeant ainsi l'organisme de supervision
à mettre en oeuvre, un processus transparent. L'organisme de supervision
dispose en effet de tous les outils d'intervention mais doit en justifier
l'utilisation.
La réalisation d'un système de
solvabilité
Le but du système de solvabilité n'est pas
16 Table de mortalité du marché pour
l'évaluation des provisions mathématiques et non table
d'expérience de l'entreprise.
17 Pour la marge de risque et qui représente le
prix au-delà du best estimate que le preneur (réassureur pour un
portefeuille est prêt à accepter)
- 20 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
réellement basé sur le risque ne constitue pas
un objectif premier. Les insolvabilités doivent être
évitées presque à tout prix.
d'éviter l'insolvabilité à tout prix mais
de garantir le fait que les problèmes soient découverts
suffisamment tôt pour qu'une intervention adaptée à la
situation puisse être mis en oeuvre.
Source : Skjød (2006).
Le schéma n°1.2.2 montre la procédure de
détermination des exigences quantitatives. On a mis en gras deux notions
qui seront au centre de tout ce travail et qui font l'objet d'une discussion
dans le chapitre 2 du travail.
Schéma n° 1.2.2 : DETERMINATION DES
EXIGENCES QUANTITATIVES
Niveau 3 : exigences supplémentaires
|
|
|
3) SCR majoré
Capital add-on à la discrétion des autorités
de contrôle (risques, gouvernance)
|
|
SCR
majoré
|
|
Niveau 2 : capital requis standard
|
|
|
|
|
|
Intervention prudentielle graduée
SCR
Solvabilité Complète Requise
Niveau 1: plancher absolu
Retrait d'agrément si non respecté
Niveau 0 : ruine
MCR
Capital Minimum Requis
Provisions
Techniques
2) SCR = véritable exigence à respecter ; c'est le
capital nécessaire pour ne pas être en ruine à horizon de
un an avec une probabilité de 99,5% et calcul é selon
modèle standard ou modèle
interne.
1) MCR
Capital minimum requis
Provisions techniques
Calcul basé sur une approche économique = Best
Estimate + Marge de prudence ( «coût du capital»)
|
Une seule marge de sécurité est
préconisée dans Solvency I, à l'opposé,
trois niveaux de sécurité sont considérés dans
Solvency II, dont le MCR, le SCR et la marge de risque (incluse dans
les provisions techniques). Alors on pourrait bien se demander quelle forme
aurait le bilan des entreprises d'assurances dans ce nouveau
référentiel; le schéma illustre bien la chose (comme l'a
fait le CEIOPS). Il faut noter qu'on passe d'un bilan comptable, qui tient
compte des valeurs statutaires de ces constituants (actifs et passifs) à
un bilan économique, qui lui considère la
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
|
- 21 -
|
Surplus
Capital requis S2 (SCR)
Impôt Différé
Dettes ou Provisions techniques (Approche
économique)
Actif Net
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
valeur de marché.
Schéma n° 1.2.3 : PRESENTATION
COMPAREE DES BILANS DES ENTREPRISES D'ASSURANCE DANS LES DEUX
REFERENTIELS
Bilan comptable Solvency
I
|
Bilan économique
Solvency II
|
Passif
|
Actif
|
Passif
|
Actifs
(Valeur comptable)
Surplus
Exigence S1 (MSR)
Dettes ou Provisions techniques
(Valeur comptable)
|
Actifs
(Valeur de marché)
(Avec pris en compte de Plus-values
latentes)
|
Source : Towers Perrin Tillinghast (2006)
Ainsi donc, on voit clairement qu'il existe une
différence entre les deux cadres de solvabilité. Rappelons-le une
fois encore, l'assurance consiste à échanger des risques contre
des primes: il s'agit donc de mesurer l'intensité de ces risques. Un
système de contrôle efficace devrait être celui qui prend le
mieux en compte l'exposition aux risques ; le projet Solvency
II détaille clairement les différents types
de risques tandis que Solvency I n'en fait pas de
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
|
- 22 -
|
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
distinction. Il faut à la fois identifier les risques,
mais aussi les quantifier afin d'immobiliser des fonds propres
conséquents pour les couvrir. Puisque les modalités de calcul
exactes de ces exigences, notamment le SCR sont encore sujettes au
débat, il est tant de discuter maintenant de deux méthodes
candidates à la détermination de ce niveau d'exigence : il s'agit
de la formule standard qui est actuellement testée et des modèles
internes.
CHAPITRE II : MODELE INTERNE VERSUS
FORMULE STANDARD
Le projet Solvency II a pour but une harmonisation
européenne, et à plus long terme, une internationalisation des
mesures de solvabilité. Des systèmes de solvabilité
basée sur une approche d'analyse du risque existent déjà
dans plusieurs pays (Canada, Finlande, Etats- Unis,...). Dans le même
temps, d'autres pays (Suisse, Australie, Royaume-Uni, Singapour,...) ont
introduit, il y a quelques temps, des systèmes similaires. Le
système européen actuellement en vigueur, Solvency I,
est dit « Fixed Ratio » ou à ratio fixe en fonction des
primes, des prestations et des provisions techniques. Il existe deux autres
types de modèles, les modèles à scénario ou «
stress tests18 » (tels que le système SST Suisse et les
états prospectifs français T3 et C6bis) et les modèles
à facteur (type RBC Américain). Une combinaison de ces deux
méthodes est adoptée dans certains systèmes comme les
normes Individual Capital Adequacy SolvencyICAS au Royaume Uni. Nous
nous proposons dans ce chapitre, de discuter de deux ces méthodes : la
formule standard actuellement testée, et les modèles internes.
SECTION I : La formule standard actuellement
testée et les modèles internes.
Nous avions défini, au chapitre précédent
(au schéma n°2.2.1), la méthode de détermination des
exigences quantitatives et la discussion sur le choix de méthodes
(formule standard et modèle interne) concerne surtout le calcul du SCR.
Avant de les comparer, il convient de présenter très
brièvement ces approches d'analyse du risque.
PARAGRAPHE 1 : La formule standard actuellement
testée
18 Ou encore test d'exigibilité, il permet de
quantifier l'impact sur les fonds propres d'un environnement très
détérioré, tant du côté des engagements que
des actifs investis, en absence de primes futures.
- 23 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
La formule standard actuellement testée s'inspire
beaucoup du système de type RiskBased Capital (RBC) américain. Le
principe du RBC est de traduire chacun des risques de l'assureur par
une exigence de capital, dont la somme aboutit à une exigence unique
d'un capital minimum. Nous présenterons ici les modalités de
calcul relatives à la troisième étude quantitative
d'impact (QIS3); les entreprises d'assurance se livrent actuellement à
la quatrième étude. Ainsi donc, dans la formule standard, le SCR
est la somme du besoin en capital relatif au risque opérationnel
(SCRop) et du Basic
SCR-(BSCR). Ce dernier est calculé
comme l'agrégation des besoins en capital pour chacun des autres
risques, avec une matrice de corrélation, appelée ajustement de
corrélation, et particulièrement dans le cadre d'une
activité vie, d'un mécanisme d'absorption (KC)- destiné
à refléter la réduction du risque engendrée par les
participations aux bénéfices futurs. La formule de
synthèse est la suivante :
SCR = BSCR + SCRop
Le diagramme suivant montre les libellés de chaque besoin
en capital en fonction du type de risque.
SCR
SCRop
BSCR
SCRmar
lié au risque de marché
SCRdef lié au risque de défaut
de contrepartie
SCRsv lié au risque
de souscription vie
SCRsnv lié au risque
de souscription non vie
SCRss lié au risque
de santé
En considérant les notations de ce diagramme et en
notant M cette matrice et X, Y respectivement deux vecteurs ayant pour
composante chacun des SCR et KC calculés pour chaque type de risque, on
a :
BSCR= X . M . X - min Y
. M 1 . Y , FDB avec
' ( )
'
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
X = SCRsv
SCRsnv
SCRmar
SCR def
KCmar
Y =[KC
,
, sv
KCss
|
|
SCRss
|
|
|
|
|
|
|
|
1
|
0.25
|
0.25
|
0.25
|
0.25
|
1
|
0.25
|
0.25
|
0.25
|
1
|
0.25
|
0.25
|
0.5
|
M1 = 0.25
|
1
|
0.25
|
et M = 0.25
|
0.25
|
1
|
0.25
|
0
|
0.25
|
0.25
|
1
|
0.25
|
0.25
|
0.25
|
1
|
0
|
|
|
|
0.25
|
0.5
|
0
|
0
|
1
|
Les valeurs numériques présentées dans
tout ce paragraphe sont celles suggérées dans la QIS3. Notons
également que le « Future discretionary benefits »
(FDB) est la valeur de la participation aux bénéfices incluse
dans le montant Best Estimate des provisions techniques ; il fait parti aussi
des mécanismes d'absorption de risques, le KC étant un ajustement
des SCR dû à la participation aux bénéfices futurs.
Concrètement, comment évalue-t-on les différents
éléments des vecteurs X et Y ? En d'autres termes, comment
déterminer le SCR et le KC pour chaque risque ?
Les risques financiers (marché, défaut de
contrepartie) vie et non vie et le risque de souscription vie sont
traités principalement par une approche scénario. On
mesure l'impact de scénario de détérioration des
conditions de marché sur les valeurs caractéristiques de
l'activité. Le besoin en capital (SCR) est donc ainsi
évalué sur la valeur nette de l'actif (VNA) ou
du portefeuille. On a :
VNA = Valeur de marché des actifs -
Valeur économique des provisions techniques (BE seul).
Schéma n° 2.1.1
ilan économique
Actifs en valeur de marché
K.
Best Estimate
VIG_I(Valeur
économique des nassifs1
- 25 -
Réa
Actif Net
Impôts Différés
En revenant donc sur le bilan économique, le schéma
n° 2.1.1 suivant qui illustre le fait :
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Eléments calculés directement
Elément déduit
Cela qui permet de déterminer le SCR de chaque risque ou
sous-risque concerné qui est donc :
SCRi = VNAcentral - VNAchoc.
Les valeurs du vecteur Y ne concernent que l'assurance vie
uniquement. Pour déterminer ces valeurs, un besoin en capital,
noté PBfigée, est d'abord
évalué en supposant que les taux de participation aux
bénéfices futurs ne sont pas ajustés en réaction au
choc (scénario), ensuite on reprend un autre besoin en capital
noté PB ajustée, mais cette fois
en tenant compte de l'ajustement des taux de participation aux
bénéfices futurs. On déduit alors le KCi
relatif au risque i par la différence :
KCi =PB figée - PB
ajustée
Les mêmes calculs sont réalisés au niveau
de chaque type de risque pour ses sous risques sous-jacents. Par exemple pour
le risque de marché, regroupant comme sous-risques : taux (Marint),
action (Mareq), immobilier (Marprop), spread
(Marsp), concentration (Marconc) et change
(Marfx). On a :
SCRmar = Xmar'
.M.Xmar - min ( Ymar
.M1mar.Ymm.,FDBmar) avec
Xmar
|
Marint Mareq Marprop
Mar
sp
Mar
conc
Mar fx
|
, Ymar
|
KCint KC eq
KC
prop
KCsp
KCfx
|
,
|
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
1 0 0.5 0.25 0.25
0 1 0.75 0.25 0.25
1
M mar =
0.5 0.75 1 0.25 0.25
0.25 0.25 0.25 1 0.25
0.25 0.25 0.25 0.25 1
1 0 0.5 0.25 0 0.25
0 1 0.75 0.25 0 0.25
0.5 0.75 1 0.25 0 0.25
et Mmar = 0.25 0.25 0.25 1 0 0.25 .
0 0 0 010
0.25 0.25 0.25 0.25 0 1
Rappelons que les valeurs numériques
présentées ci-dessus sont celles suggérées dans la
QIS3. On détermine ainsi, chaque SCRi pour chaque type de risque.
En ce qui concerne les autres types de risques qui ne sont pas
traités par une approche scénario, notamment le risque de
souscription non-vie, le besoin en capital SCRsnv est
déterminé de la manière suivante :
SCRsnv = snv pr + snv
cat
2 2
Avec snvpr le besoin en capital lié
au sous-risque de souscription non-vie relatif aux primes et provisions, et
snvcat le besoin en capital lié au sous-risque de
souscription non-vie relatif aux catastrophes.
Le snvpr, pour chaque branche de
l'activité, est calculé comme le produit d'une mesure V de volume
d'activité et d'une mesure ñ(ó) de la volatilité du
ratio combiné:
snv pr
=ñ(ó).V
Avec pour V la somme des primes et des provisions pour
sinistres nettes de réassurance et ñ(ó) la combinaison
d'un facteur de marché et d'un facteur (de
crédibilité19) spécifique à la
société. La fonction ñ est calibrée par le CEIOPS
afin d'obtenir une VaR de 99,5% en se basant sur une hypothèse de
log-normalité du risque.
Le snvcat quant à lui
calculé en utilisant deux types de scénarii de catastrophes
(régionaux20 définis par les régulateurs
nationaux et transrégionaux21 définis par le CEIOPS)
et l'exigence en capital est définie par uniquement les coûts de
scénarios qui excèdent 25% du coût engendré par le
scénario le plus défavorable. On a donc ainsi :
2
snv =
cat i
CAT
i
avec CATi le coût de la catastrophe i.
19 Un facteur spécifique au risque de
tarification uniquement et qui est fonction du nombre de branches
pratiquées.
20 Pour la France : Inondation importante due à
une crue de la Seine (coût 5 Md€) ; deux tempêtes (Lothar et
Martin de 1999 d'un coût de 14Md€) ; tremblement de terre sur la
côte Sud-Est d'un coût de 15Md€.
21 Attaque terroriste ou accident d'avion causant des
pertes humaines et affectant sérieusement les bâtiments et la zone
alentour ; tempête survenant tous les 200 ans.
- 27 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
PARAGRAPHE 2 : Les modèles internes
Une autre alternative à la formule standard
testée dans la détermination du SCR est l'utilisation par les
entreprises de méthodes de gestion qui leur sont spécifiques : il
s'agit des modèles internes. Un modèle interne est un instrument
de simulation dont le but est d'anticiper la réalisation
d'événements futurs et leurs impacts, en particulier sur la
solvabilité de l'entreprise ou du groupe considéré. Selon
Carpenter (2007), ce sont des « solutions de rechange au modèle
standard pour déterminer des conditions d'adéquation des fonds
propres de la solvabilité II. » Selon lui, « les
risques incorporés à un modèle interne sont susceptibles
d'être les mêmes ou très semblables à ceux inclus
dans le modèle standard.»
Deux familles de modèles internes peuvent être
ainsi définies, si les modèles sont construits avec une approche
fragmentée (silo), ou une approche intégrée ou
complète. Le traitement des interactions entre les différents
risques et donc du surplus ou bonus de diversification constitue la
différence principale entre ces deux méthodes approches.
L'approche par silo, très semblable à celle
adoptée par Solvency II, consiste à construire un modèle
pour chacun des risques pris séparément. C'est une approche
fragmentée de la modélisation.
Quant à l'approche intégrée, elle prend
en compte l'ensemble des risques et leurs interactions afin de construire des
scénarii qui intègrent au mieux le fonctionnement réel de
la compagnie. Par ailleurs, ces scénarios traitent d'une manière
cohérente chaque facteur de risque : émissions et acquisitions
des primes, création de provisions, paiement des sinistres,
investissement et désinvestissement des actifs. C'est une
modélisation dynamique, évoluant au même rythme que la
société ou le groupe considéré.
Revenons à la définition de Carpenter (2007), il
précise que quasiment les mêmes risques sont
considérés, aussi bien dans les modèles internes que la
formule standard suggérée dans Solvency II ; Ce qui permet une
bonne comparaison des résultats issus des deux méthodes de
détermination du SCR. En prêtant les termes de EMB22,
on peut dire qu' « Ainsi, un modèle interne
intégré pourra anticiper parmi la multitude de scénarios
futurs probables des situations par lesquelles, par exemple, une catastrophe
pourrait entraîner une augmentation de la charge de sinistres, le
défaut potentiel d'un réassureur, une baisse de la bourse et des
valeurs des actifs,
22 EMB un groupe de consultants en actuariat ;
- 28 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
et pourquoi pas, une perte opérationnelle si
l'édifice de la compagnie est affecté, tout en capturant finement
l'impact croisé de ces différents éléments sur le
profil de risque global de la compagnie ». En d'autres termes, une
vision non fragmentée de la réalité qui permet une
meilleure projection dans le futur afin d'anticiper une multitude de
scénarii futurs possibles à travers des méthodes
probabilistes et ainsi motiver des décisions stratégiques au sein
de l'entreprise.
Nous adoptons la logique de Carpenter (2007) pour
présenter très brièvement ce qu'il appelle les «
caractéristiques principales » d'estimation des différents
risques dans un modèle interne.
Les modèles internes peuvent varier
énormément dans leur structure et complexité. Le
risque de marché
À l'aide d'un générateur
économique de scénario, les rapports fondamentaux entre les
différentes classes d'actifs sont estimés explicitement. Des
scénarii cohérents de dividendes et de rentabilités
d'actions, d'appréciation de valeurs de l'immobilier, de taux de change,
et de courbe de taux peuvent être simulés, et dans le même
temps, leurs effets sur les rentabilités d'actifs investis et les
valeurs de marchés déterminés. Il est alors possible
d'évaluer les autres aspects des affaires souscrites qui sont fonctions
de scénarii économiques, et ainsi d'estimer explicitement leur
structure de dépendance. Dans un modèle interne
intégré, ces taux d'intérêt et de change pourront
directement influencer le Best Estimate des provisions techniques nettes de
réassurance. Un tel schéma de cause à effet permet ainsi
de déterminer le risque de marché sur la valeur nette des
actifs.
Le risque de crédit ou de défaut de
contrepartie
Le risque de crédit peut être
modélisé en utilisant des ratings de taux de défaillance
ainsi qu'une distribution pour les pourcentages de perte, une fois que la
survenance d'une défaillance est simulée. Il est crucial
d'ajuster les probabilités « pures » de défaillance
pour refléter la réticence des réassureurs de payer
certaines réclamations en cas de litiges. En outre, la
corrélation entre le risque de défaillance de certains
réassureurs et les grandes pertes dues aux catastrophes naturelles est
déjà prise en compte dans le module des risques de
souscriptions.
Le risque de crédit est en général plus
grand pour le groupe de réassureurs couvrant le surplus de provisions
techniques existantes, comparés au panel utilisé pendant
l'année de souscription
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
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- 29 -
|
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
courante. En d'autres termes, un programme de
réassurance sur un an augmente le risque de crédit. Dans un
modèle pluriannuel, les défaillances potentielles des
réassureurs peuvent être explicitement prises en compte.
Le risque de souscription
Le modèle de risque de souscription commencera
généralement par des modèles des pertes brutes, incluant
d'une part les pertes liées à la non survenue sinistres issues
des combinaisons des modèles statistiques propres de la compagnie
basées sur son expérience et les estimations de son exposition au
risque et d'autre part le rendement des modèles commerciaux de
catastrophe. Il peut également inclure un modèle explicite du
cycle de souscription - dont les variations de niveau de la meilleure
qualité sans les tendances de perte -.
Le risque opérationnel
Il est d'usage de nos jours, que beaucoup de
modélisateurs se servent d'un pourcentage (s'étendant souvent de
5 à 15%) des besoins en capital requis pour les autres risques pour se
prémunir du risque opérationnel. Comme alternative, les risques
opérationnels peuvent être estimés en tenant compte de leur
fréquence ou sévérité, basé sur les pertes
opérationnelles historiques appropriées. L'utilisation du
processus de gestion des risques de l'entreprise (ERM) pourrait être un
moyen efficace pour réduire aussi bien les risques de l'assurance que
ceux opérationnels et pour couvrir les pertes dans un modèle
interne.
Une fois les caractéristiques essentielles
exposées, l'étape suivante consiste à agréger les
risques afin de calcul le capital économique et d'en déduire le
besoin de capital (SCR).
L'agrégation des besoins de capital
L'ensemble des impacts des résultats
défavorables est sensiblement influencé par
l'interdépendance parmi des risques. Il n'est pas inutile de rappeler
que l'intérêt principal en évaluant le besoin de capital
pour une faillite tous les 200 ans réside dans les corrélations
entre les risques. L'agrégation des risques est réalisée
ici, non pas à l'aide d'une matrice de corrélation
linéaire ne représentant que la corrélation moyenne de
risque à travers la distribution comme dans la formule standard, mais
à travers des risques pris dans leur ensemble qui mesurent des
corrélations entre les risques à travers leur distribution jointe
ou totale. Cette forme de distribution, qu'on appelle encore fonction copule
(voir infra pour une présentation de ses
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
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- 30 -
|
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
propriétés), est bien différente de celle
traditionnelle de Pearson qui est linéaire. Une des
propriétés ou caractéristiques de cette fonction est
qu'elle permet de faire facilement le lien entre les distributions jointes et
marginales de plusieurs variables aléatoires. Nous présentons
l'intérêt de cette fonction pour la modélisation de la
structure de dépendance en assurance dans la prochaine section.
La corrélation étant décrite par une
copule, l'évaluation du besoin de capital peut aisément
être recalibrée à d'autres niveaux de risque, rendant le
modèle de normalisation de risque utilisable en interne. Cela
reflète le niveau réel de besoin en capital pour couvrir ses
risques en faisant varier le calendrier, les outils de mesure et les seuils de
sécurité. Ainsi donc, à long terme, le modèle
interne devrait capturer explicitement des interdépendances par la
modélisation directe des relations de causalité significatives
parmi des catégories de risque. En employant les modèles internes
partiels avec la modélisation indépendante des classes simples de
risque, toutes les structures appropriées de causalité ne peuvent
pas être correctement reflétées. Compte tenu du fait que
les variables financières sont aléatoires, les projections de
bilan sont donc stochastiques. La projection de la solvabilité ou de
l'insolvabilité de la société pourrait en être
déduite pour différents moments.
Schéma n°2.1.2 : Synthèse de la
procédure de calcul à travers un
modèle interne.
Structure du Capital
Réassurance, Dettes, Actions
Répartition du Capital
Pricing des risques de rentabilité
ajustés
Capital Requis Niveau de Capital
économique toléré
Agrégation des risques
Métarisques
Modélisation des risques Volatilité
d'actifs Modèles de catastrophes
Volatilité des réserves Fréquence ou
sévérité
Source: Carpenter (2006).
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
SECTION II : Faut-il préférer un
modèle interne à la formule standard ?
A propos de la formule standard, Serrant (2006) soulignait :
« La mise en place et la calibration d'une formule standard
répondant à cette définition23, et valable sur
l'ensemble de l'Union européenne, relèvent d'une mission
quasiment impossible. En effet, comment imaginer pouvoir concilier à la
fois un ensemble de situations aussi diverses en termes de
réglementation, d'exposition aux risques, de pratiques commerciales, et
la nécessité d'obtenir une formule standard praticable pour
l'ensemble des acteurs.»
PARAGRAPHE 1 : Comparaison des deux approches
Le projet Solvency II va introduire un changement absolu dans
la détermination des marges de solvabilité. En effet, la
nécessité de déterminer une "valeur de marché" des
engagements, alors qu'il n'existe pas de marché des passifs pour pouvoir
en obtenir une valeur directe, va requérir des changements importants
dans la démarche de provisionnement. On passera en effet d'un cadre
déterministe, de calcul du montant des engagements à un cadre
méthodologique très encadré et ayant une dimension
stochastique. Une fois les deux méthodes
23 Permettant d'immobiliser un capital minimal
garantissant dans 99,5% des cas une survie des sociétés dans un
an
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Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
de détermination du SCR présentées, il
convient à présent de discuter des avantages et
inconvénients de chacun de ces approches. Rappelons que l'approche
calculatoire qui sera choisie ne doit pas influencer les principes de
définition concernant la mise en place de ce projet ; le but devra
rester l'immobilisation d'un capital minimum n'autorisant une faillite de
l'entreprise que les 200 ans. Comme nous le précisions dans la section
précédente, le traitement des interactions entre les
différents risques et donc du bonus de diversification constitue la
différence principale entre ces deux méthodes approches.
Au-delà de cette différence principale, il existe
d'autres différences que l'on peut résumer comme suit :
- le degré avec lequel les données
spécifiques à la compagnie sont employées pour
paramétrer le modèle ;
- l'utilisation de la simulation au lieu des facteurs pour
mesurer le risque ; - l'effort requis pour estimer le besoin de capital.
Une modélisation interne est bien en adéquation
avec, d'une part, la gestion des données appropriée, actuarielle
et expertise de modélisation stochastique et, d'autre part, une
plate-forme puissante de simulation24. Cette plate-forme de
simulation devrait avoir les possibilités de :
- modélisation quantitative de toutes les
catégories matérielles de risque, y compris leurs
corrélations ;
- reconnaissance et modélisation des structures de
réduction de risque ; - calcul du besoin de capitaux en résultant
;
- fourniture de rapports transparents, y compris le détail
suffisant pour comparer des besoins de capitaux pour chaque risque primaire et
secondaire à ceux du modèle standard.
L'idée même d'une harmonisation est bien
séduisante, mais bien que plusieurs améliorations soient
apportées à la formule standard au fur et à mesure que des
recommandations sont faites aux autorités à travers les
études quantitatives d'impacts, elle reste quand même
inadéquate ; du moins pour certaines branches d'activités
où la gestion interne et les spécificités de l'entreprise
sont importantes dans la détermination des besoins de capital. C'est
d'ailleurs une des raisons qui
24 Une plate forme qui favorise les projections.
- 33 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
ont motivé la commission européenne à
travers le CEIOPS à encourager les entreprises à utiliser des
modèles internes tout en fournissant une documentation - concernant le
périmètre et la structure du modèle, la
compatibilité des données avec celle de la formule standard, le
test d'utilisation, les propriétés statistiques25, la
qualité des inputs, le calibrage et la mesure du risque,... - à
l'appui. Même dans le QIS3, la diversification considérée
dans la formule standard à travers les matrices de corrélations
était fixée, et pour rejoindre Fédor (2006), elle
pénalise les investissements volatils. Si l'on se rappelle que la
stratégie de placement principalement menée par les assureurs en
Europe est basée sur leurs engagements en passifs, on peut
s'inquiéter d'un retournement des assureurs vers des instruments de
taux, et la vente de ceux volatils, notamment les actions et l'immobilier. Nous
avons largement discuté des multiples avantages qu'offrent les
modèles internes dans la section précédente, notamment la
prise en compte de corrélation variable qui autorise une gestion
efficace de certaines catégories de risques. On peut pour finir,
évoquer le risque de provisionnement qui intervient dans la
détermination des exigences de solvabilité quelle que soit
l'approche utilisée; si d'une part, dans la formule standard le risque
de souscription, composante du SCR, fait intervenir la volatilité du
stock de provisions et que dans le QIS3, cette volatilité était
fixée par branche sans lien avec la volatilité propre à la
société et en prenant en compte une corrélation entre
branches et entre risques, elle aussi fixée. Au contraire, dans un
modèle interne, la volatilité du provisionnement est une
composante essentielle de la volatilité de l'actif net, mais là,
et dans ce modèle, la volatilité du provisionnement et la
corrélation entre branches et risques est celle intrinsèque
à la société. Une distinction très importante en
assurance vie pour les risques longs.
Ainsi donc, chaque approche a ses avantages et ses insuffisances
selon l'activité ou la branche d'activité exercée.
PARAGRAPHE 2 : Synthèse de la comparaison
Un petit tableau (Tableau n°2.2.1) pour résumer
les avantages comparatifs et insuffisances de chaque approche et une petite
discussion sur l'utilisation des copules dans la modélisation des
risques constituent ce paragraphe.
Tableau n°2.2.1 : Comparaison formule standard vs.
Modèle interne.
|
Formule Standard
|
Modèle Interne
|
25 Atténuation, diversification, politiques
futures.
- 34 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Avantages
|
Favorable pour les risques courts comme en assurance non-vie ;
Elle inclut un bénéfice de spécialisation
par le ratio combiné et de sa volatilité,
notamment pour les risques de souscriptions non-vie.
|
Prise en compte réel de
l'ensemble des risques et leurs interactions et dans le
temps afin de construire des
scénarios qui intègrent au mieux le
fonctionnement réel de la compagnie et traitent d'une manière
cohérente chaque facteur de risque.
|
|
- Le calibrage général est trop élevé
et
|
Difficile à réaliser mais une
|
|
aboutirait parfois à une multiplication des
|
fois mis en place peut se
|
|
exigences (par 2 ou 3), y compris sur les branches où
le niveau actuel d'exigence est
|
révéler très efficace.
|
|
déjà supérieur au capital économique
;
|
Très variable et dépend de la taille et des
spécificités de
|
|
-Elle dépend de trop de données de marché
|
chaque entreprise donc
|
|
sans prise en compte suffisante des
|
difficulté d'harmonisation à
|
|
spécificités de chaque entreprise;
|
une échelle européenne.
|
|
-Elle est trop rétrospective et pas
réellement prospective; comme si les
|
|
Insuffisances
|
conditions de marché ou par exemple les facteurs
fixés ne sont pas variables dans le temps ;
|
|
|
-Elle ne modélise pas les corrélations entre
certains risques, notamment les risques d'actifs volatils ;
|
|
Pour finir ce paragraphe, rappelons très brièvement
l'intérêt des copules dans la modélisation des risques.
Qu'il s'agisse de la banque ou de l'assurance, la
modélisation des risques est constituée de deux étapes
:
- modélisation pour chaque facteur ;
- corrélation des différents modèles pour
obtenir une modélisation jointe des différents facteurs.
Souvent on réalise ses deux étapes
simultanément en considérant un modèle multidimensionnel,
qui est généralement gaussien. L'intérêt des copules
est en effet de permettre une spécification multidimensionnelle en
respectant les deux étapes. En quoi cela constitue-t-il un
intérêt ?
D'abord, l'extension de modèles unidimensionnels
existants est beaucoup plus facile ; ensuite le choix de la copule, qui est la
structure de dépendance, peut se faire indépendamment du choix
des modèles unidimensionnels (les marges) ; enfin, la
représentation copule permet de réduire la
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
complexité de calibration du modèle
multidimensionnel, puisque les paramètres de la copule et les
paramètres des marges peuvent être estimés
séparément. Il existe encore pleins d'autres
avantages26. Donc, chaque risque peut être
modélisé suivant une loi différente ou non, ensuite pour
l'agrégation, au lieu d'utiliser une matrice constante comme dans QIS 3,
on peut choisir une copule ou structure de dépendance donnée.
Les deux graphiques ci-dessus illustrent bien la chose. Le
premier graphique est réalisé avec une corrélation
linéaire et constante et le second avec une copule (ici une copule de
Franck).
Graphique n°2.2.1 : Distribution de
corrélation entre deux variables
Source: Carpenter (2007).
26 - dans une approche directe de modélisation du
modèle multidimensionnel, une mauvaise spécification des marges
introduit un biais dans l'estimation des paramètres de la copule et
inversement ;
- il est clair qu'une représentation copule permet de
mieux comprendre quelles sont les hypothèses sous-jacentes du
modèle, surtout dans une optique de gestion des risques...
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
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|
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
CHAPITRE III : MODELE INTERNE PLUS PERTINENT
EN ASSURANCE VIE QU'EN ASSURANCE NON-VIE
Afin de discuter de la pertinence de l'utilisation d'un
modèle interne selon l'activité (vie ou non vie), il convient de
rappeler très brièvement les spécificités de chaque
type d'assurance. Nous commençons donc ce chapitre par une brève
présentation des familles d'assurance et des différences entre
elles. Nous finirons ensuite par discuter de l'avantage comparatif qu'il y a
d'utiliser les modèles internes que la formule standard pour
déterminer les besoins de capitaux.
SECTION I : Différence ou
spécificité des différentes branches d'assurances
PARAGRAPHE 1 : les familles d'assurances (bref
aperçu)
Avant de commencer par présenter les familles
d'assurance, il faudrait noter que la réglementation n'est pas la
même que l'on soit au niveau national qu'européen. Sur le
marché français, il en existe plusieurs réparti selon leur
statut juridique. On distingue : les entreprises d'assurances au sein et entre
lesquelles il existe des formes de mutualité (Sociétés
AnonymesS.A., Sociétés d'Assurances Mutuelles-S.A.M. et
Sociétés des Mutuelles d'Assurances-S.M.A.) et qui
relèvent du Code des assurances ; les mutuelles (groupements)
régies elles, par le Code de la mutualité ; et enfin les
institutions de prévoyance, soumises au Code de la
sécurité sociale ou bien au Code rural.
Tandis qu'au niveau européen, ce qui nous
intéresse plus ici dans le cadre du projet Solvency II, les directives
communautaires établissent une distinction entre deux types d'assurances
auxquels on pourrait ajouter un troisième qui est souvent inclut dans
les deux autres :
· les assurances "vie" (vie, décès,
épargne, retraite) ;
· les assurances "non vie" c'est-à-dire les
assurances santé (maladie, accident, invalidité) et les
assurances de dommages aux biens et de responsabilité.
· Enfin, on peut ajouter la "réassurance " ou
"l'assurance des assureurs" aussi bien en vie qu'en non vie.
Il faut noter que les assurances de dommages aux biens et de
responsabilité sont principalement, réparties en plusieurs types
de contrats au nombre desquels on peut citer :
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
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|
|
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
· Incendie, Accidents, Risques Divers, Transport (IARDT)
pour les particuliers (exemple : multirisques habitation) ou bien pour les
professionnels (entreprises, artisans et professions libérales,
exploitations agricoles, commerces, collectivités locales, etc.) ;
· Automobile (dommages au véhicule,
responsabilité civile et assurance personnelle du conducteur) ;
· Transport (ferroviaire, maritime ou fluvial,
aérien, marchandises transportées) ;
· Construction (responsabilité civile
décennale des professionnels, assurance dommages ouvrage des
propriétaires) ;
· Responsabilité civile professionnelle pour les
risques inhérents à différentes activités de
production ou de services et, notamment, pour couvrir les
responsabilités liées à l'atteinte à
l'environnement (pollution) ou aux pratiques médicales ;
· Crédit pour les risques d'impayés ;
protection juridique ; assistance.
De plus, l'activité de réassurance permet, aux
entreprises d'assurances d'assurer, auprès de sociétés de
réassurance, tout ou partie des risques pour lesquels elles se sont
engagées auprès de leurs clients assurés (ou
sociétaires) et le contrat correspondant est conclu pour une
période d'un an. Le réassureur apporte une sécurité
financière à l'assureur. Ce dernier y trouve une certaine
garantie pour augmenter ses capacités de souscription. C'est un moyen
pour respecter ses engagements d'indemnisation vis-à-vis de
l'assuré lorsque survient un sinistre puisqu'il a lui- même la
possibilité de se faire rembourser par le réassureur une partie
ou l'intégralité des sommes versées.
Tableau n°3.1.1 : Synthèse des types d'assurances
ASSURANCES "NON VIE"
|
ASSURANCES "VIE"
|
REASSURANCES
|
Assurances de Biens
(appartenant à l'assuré)
|
Assurances de Responsabilité
(de l'assuré envers les tiers)
|
Assurances Santé
(Accidents, maladie, invalidité, incapacité, frais médicaux)
|
Assurances vie
(Vie, décès, épargne, retraite...
|
Réassurance vie et non-vie
|
ASSURANCES IARDT
|
ASSURANCES DE PERSONNES
|
PARAGRAPHE 2 : Spécificité des risques ou
facteurs de risques en assurance non vie.
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Il s'agit de présenter très rapidement les
spécificités des risques de chaque secteur d'assurance. En
assurance vie, le risque principal reste lié à la fortune
individuelle27 de l'assuré qui est plutôt un risque
long, tandis qu'en non-vie où la principale activité est
rattachée à la souscription des clients (B2C), la principale
inquiétude réside dans la capacité de l'assureur à
régler les sinistres en cas de survenance. Enfin, pour ce qui est du
secteur de la réassurance, le risque de défaut de contrepartie
constitue l'essentiel de ses risques. Nous en réalisons une petite
synthèse dans le tableau n°4.1.2 suivant.
Tableau n°3.1.2 : Synthèse des principaux risques
auxquels sont exposés les assureurs par secteur d'activité.
|
ASSURANCES "VIE"
|
ASSURANCE "
NON VIE"
|
REASSURANCE
|
Prestation ou
risques couvert par l'assureur
|
Epargne
Rentes vieillesse
|
Risques Business-to-
Consumer ou B2C
|
Risques Business-to-
Business ou B2B; Protection du capital
|
Principal Risque
|
Fortune individuelle
dès la retraite, ou en cas de décès ou de
vie.
|
Capacité de règlement des sinistres
|
Risque de contrepartie
|
27 Fortune individuelle constituée par ses
épargne-retraites, son assurance vie ou décès.
- 39 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
SECTION II: En quoi l'utilisation d'un modèle
interne est-elle plus pertinente en assurance vie qu'en assurance non-vie
?
PARAGRAPHE 1 : Comment doit se comporter la
réglementation selon chaque type d'assurance ?
Par définition ou principe même de Solvency II
qui se veut un meilleur cadre de gestion des risques et de protection des
assurés, le but ne devrait pas être de fixer une formule
basée sur le risque qui s'appliquerait à toutes les
sociétés d'assurances quels que soient leur taille et leur type
d'activité en cas de spécialisation. En ce sens, la notion de
risque pour le preneur d'assurance est fonction du secteur d'activité
(vie, non-vie ou réassurance). Dans le secteur vie, le preneur
d'assurance cherche à se protéger de ses risques financiers en
cas de vieillesse. Au moment de la retraite, sa fortune individuelle (pour lui
et ses héritiers) est ainsi protégée. L'importance que
revêt cet aspect demande à ce que la garantie de l'engagement
d'assurance correspondant soit sans reproche car ces engagements sont à
développement très long et impliquent d'importantes ressources
financières. Le plus grand capital pour un retraité est
constitué par sa prestation de prévoyance ou son
épargne-retraite. Afin de protéger ce patrimoine pour le preneur
d'assurance, les exigences de solvabilité correspondante se doivent de
tenir compte aussi bien du risque mais aussi et surtout de l'adéquation
actif/passif.
Pour le secteur de l'assurance non-vie, le but est tout autre
: les prestations sont forfaitaires et donc la réglementation devra en
être moins restrictive. On sait qu'il n'existe quasiment aucune
corrélation directe entre actif et passif. La moto accidentée,
les marchandises défectueuses ou périmées pour retard
d'expédition, ou même l'appartement qui prend feu, sont quelques
exemples classiques dans ce secteur d'assurance où le principal risque
pour le preneur d'assurance réside dans la capacité de l'assureur
à l'indemniser. L'importance du risque est moindre pour lui
comparée à la couverture vie et les engagements sont très
court.
Enfin pour la réassurance, la protection explicite des
particuliers n'est pas nécessaire. Une garantie de transparence suffit
pour une meilleure connaissance de la stabilité financière de la
contrepartie. On voit clairement que le risque de contrepartie constitue la
principale catégorie de risque et la réglementation devrait
être plus accommodante.
PARAGRAPHE 2 : Les modèles internes ne sont-ils pas
plus appropriés en vie qu'en non vie ?
Une fois discuté le comportement que devrait adopter la
directive de Solvency II, il convient à
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
|
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|
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
présent d'aborder la question de la pertinence de
l'utilisation d'un modèle dans la détermination des besoins en
capital en assurance vie comparativement en assurance non-vie.
Commençons d'abord par noter que les principes mis en place par le Swiss
Solvency Test (SST) sont très proches des réflexions de Solvency
II rappelant les principaux risques auxquels sont exposés les assureurs
à savoir : les risques ALM, le risque de crédit ou de
défaut de contrepartie, le risque de responsabilité induits par
les contrats d'assurances. Ainsi donc, on peut se baser à titre
illustratif, sur l'allocation (tableau n°4.2.1) des risques classiques
d'une entreprise d'assurance selon la méthodologie SST. Selon cette
allocation, le risque ALM est le plus important pour un assureur vie et il faut
le modéliser avec une plus grande précision. Au contraire, le
risque d'assurance (souscription) est très élevé pour un
assureur non-vie type, même si le risque ALM n'est pas moins
négligeable. Et justement, une des faiblesses de la formule standard
réside dans la problématique des branches longues, notamment
l'inadéquation ALM ; c'est-à-dire que les exigences en capital
sur les actifs ne tiennent pas compte de leur adéquation au passif,
alors même qu'elles couvrent les risques longs. En ce sens, en assurance
non vie, on sait qu'il n'y a quasiment aucune corrélation entre actif et
passif, donc le problème ne se pose pas vraiment. Au contraire, en
assurance vie la formule standard pour ce type de risque semble ne pas
être recommandée. Dans le même temps, il existe des
modèles internes prêts à l'emploi pour les risques ALM ce
qui résout la question concernant la principale source de risque chez
les assureurs vie.
Tableau n°3.2.1 : Allocation des risques
selon le système SST
Risques
|
Assureurs vie (%)
|
Assureurs non-vie (%)
|
Risque d'assurance
|
35
|
75
|
Risque ALM
|
80
|
60
|
Risque de crédit
|
10
|
15
|
Diversification
|
-25
|
-50
|
Source : Koller (2006)
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
CHAPITRE IV : IMPACT DE L'UTILISATION D'UN MODELE
INTERNE SUR LA VALORISATION DU BILAN EN ASSURANCE NON-VIE ?
Dans ce chapitre, nous nous proposons de valider notre
hypothèse de travail à l'aide de quelques données que nous
allons simuler en nous basant également sur les données issues
des derniers résultats comptables des entreprises d'assurance en France.
Afin de rendre nos comparaisons claires et sans ambiguïté, nous
considérons deux entreprises fictives, Ariskov-vie et Ariskov-non-vie,
spécialisées chacune respectivement dans les secteurs vie et
non-vie. Nous commençons donc ce chapitre par notre démarche
méthodologique, ensuite, nous présentons très
brièvement les méthodes utilisées pour réaliser nos
calculs et faire nos comparaisons, et, nous finissons par une synthèse
des résultats et une confrontation de ces derniers avec ceux
trouvés par d'autres auteurs notamment Serrant (2006) et les
éventuelles extensions du sujet.
SECTION I : Approche méthodologique et
données utilisées
Nous présentons donc ici la démarche que nous
adoptons pour réaliser nos calculs et comparaisons.
PARAGRAPHE 1 : Démarche méthodologique
adoptée
Il est question dans ce chapitre de valorisation de bilan,
commençons par présenter les éléments d'un
bilan28 en assurance.
Le bilan d'une société décrit la situation
de l'entreprise à la date d'inventaire ou de clôture des comptes.
Il est constitué pour un assureur de trois principaux
éléments à savoir :
- au passif, les dettes et engagements, constitués
essentiellement des provisions techniques ; - à l'actif, les biens et
créances, essentiellement des placements financiers ;
- la différence de ces deux éléments
constitue les capitaux ou fonds propres ou encore situation nette comptable
(SCN) qu'on retrouve également au passif.
Nous réalisons nos comparaisons à l'aide des
ratios de couvertures. Le ratio de couverture se calcule comme le rapport entre
la marge constituée au bilan et l'exigence de marge. Bien qu'il existe
plusieurs ratios de couvertures -couverture des engagements, couverture
bilancielle de la
28 Ce que nous avons largement présenté
dans les chapitres précédents ; voir par exemple schéma
n°1.2.3
- 42 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
marge et couverture de la marge brute de solvabilité-
nous utilisons la dernière, couverture de la marge de solvabilité
qui inclut les autres. Il se calcule comme le rapport entre la marge de
solvabilité constituée au bilan (MSC) que nous
détaillerons plus loin et l'exigence de marge de solvabilité (EMS
selon Solvency I et SCR selon Solvency II). Ce calcul est fait, dans ce
mémoire, selon le secteur d'activité (vie ou non-vie), la
méthode utilisée (formule standard ou modèle interne) et
la réglementation adoptée (Solvency I ou Solvency II).
En France, la marge de solvabilité constituée
(MSC) est la somme de la situation nette comptable, de la plus value latente
des placements (PVL-excédent de la valeur de réalisation sur la
valeur comptable) et enfin des possibilités de rappel de cotisations
(pour certaines sociétés mutuelles à cotisations
variables) soit donc :
MSC = SNC + PVL + Rappels de cotisations des
mutuelles.
Une fois la marge de solvabilité constituée
calculée, il faudra déterminer maintenant les exigences
réglementaires ou exigences de marges de solvabilité que nous
avions appelés EMS dans le référentiel Solvency I et que
nous appelons SCR dans le référentiel Solvency II. Rappelons
toutefois que :
Dans le référentiel Solvency I,
- En non-vie,
EMS = max {0,18*prime (<50 M) + 0,16*prime (>50M)}
; {0,26*prime (<35 M) + 0,23*prime (>35M)} )
(
- En vie,
EMS = (0,04*PM) + (0,02*Capitaux sous risques) )
(
Nous avons choisit un pourcentage de 2% des capitaux sous risques
comme une moyenne du pourcentage réglementaire (entre 1 et 3%).
Le SCR en vie ou en non vie est quant à lui calculé
comme nous en avons discuté au chapitre29 2. Nous explicitons
plus loin certaines conditions de calculs.
29 Modèle interne versus formule standard
- 43 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
A partir des exigences de marges constitué (MSC) et
réglementaires (EMS ou SCR selon le référentiel
considéré, la méthode de calcul utilisée et le
secteur d'assurance) nous allons déterminer les ratios de couvertures
correspondants Ri à travers la formule :
Ri = MSC/EMS(ou SCR).
Ce qui est évoqué dans le tableau n° 4.1.1;
dans ce tableau, Bv représente le ratio de couverture de
marge en assurance vie selon le référentiel Solvency II et
calculé à l'aide de la formule standard. Il faut remarquer que
dans le référentiel Solvency I, on n'adoptait pas encore la
formule standard ; le ratio de couverture est unique (Av ou
Anv) et ne dépendait donc pas d'un choix de méthode de
calcul donnée.
Ensuite à partir de ses ratios calculés dans ce
tableau, on calcule l'écart relatif entre la valeur du ratio dans le
référentiel Solvency I et sa valeur dans le
référentiel Solvency II et cela pour chacune des deux
méthodes. Le tableau n°4.1.2 expose ce mode de calcul. Par exemple,
r1,nv représente cet écart (l'évolution) pour le secteur
non-vie et calculé en utilisant la formule standard.
Tableau n°4.1.1 : Calcul des ratios de
couvertures selon la méthode, le secteur d'assurance et
le référentiel réglementaire.
Méthodes
|
Assurance vie
|
Assurance non-vie
|
Formule
|
|
Ratio calculé
|
|
Ratio calculé
|
standard
|
|
sur la base de
|
|
sur la base de
|
|
Ratio calculé
|
Solvency II
|
Ratio calculé
|
Solvency II
|
|
sur la base de
|
(Bv)
|
sur la base de
|
(Bnv)
|
Modèle interne
|
Solvency I
|
Ratio calculé
|
Solvency I
|
Ratio calculé
|
|
(Av)
|
sur la base de
|
(Anv)
|
sur la base de
|
|
|
Solvency II
|
|
Solvency II
|
|
|
(Cv)
|
|
(Cnv)
|
Tableau n°4.1.2 : Evolution des ratios de
couvertures selon la méthode, le secteur d'assurance et le
référentiel réglementaire.
Méthodes
|
|
Assurance vie
|
|
Assurance non-vie
|
Formule standard
|
r
|
-
B A
v v
|
r =
1, nv
|
-
B A
nv nv
|
1, v =
A
v
|
A
nv
|
Modèle interne
|
r
|
-C
C A
v v
|
r =
2, nv
|
- A nv nv
|
2, v =
A v
|
A nv
|
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Les hypothèses sur les résultats attendus sont
présentées dans le tableau n°4.1.3 ; par exemple, on
s'attend à ce que l'évolution relative30 du ratio de
couverture de marge en assurance vie en utilisant un modèle interne soit
inférieure qu'en utilisant la formule standard tandis que le
résultat est inversé ou insensible en assurance non-vie. En
d'autres termes que l'utilisation d'un modèle interne est plus
pertinente en vie qu'en non-vie.
Tableau n°4.1.3 : Hypothèses de travail.
Secteur
|
Hypothèses
|
Assurance vie
|
r 1, v > r 2, v
|
Assurance non-vie
|
r 1, nv<r 2, nv
|
Afin de déterminer les exigences de marges
(réglementaires et constituée), il nous faut modéliser les
provisions techniques d'une part et la valeur des actifs ou des placements en
fonction des différents risques. Les précédentes
études d'impacts (QIS) ont montré que le risque
opérationnel représentait entre 2 et 4 % et le risque de
crédit n'était pas aussi important ; nous traiterons donc
seulement les risques de marché (spécialement les risques ALM
pour la vie) et les risques de souscriptions (très importants en
non-vie).
Nous modélisons donc le risque de marché pour
les actifs ; pour les provisions techniques31, nous
modélisons le risque de souscription en vie et en non vie.
Concernant le risque de marché, il s'agit des risques
d'allocation Actif-Passif ou risques systémiques ; il s'agit du risque
liés aux instruments financiers et dont les cours sont susceptibles de
varier. Nous supposons qu'il n'existe pas de supplément de
volatilité dans les portefeuilles d'actifs concentrés (actions et
obligations) ; nous ne modélisons donc pas le risque de concentration.
Nous ne modélisons pas aussi les risques de spread dans
l'hypothèse qu'il n'existe pas de variation des spreads de crédit
au-delà de la courbe des taux sans risque. Bien que l'on ait connu des
crises subprimes dans le secteur de l'immobilier aux Etats-Unis et la hausse
continue du prix du pétrole - deux facteurs qui ont eu beaucoup
d'impacts sur les cours des devises internationales (notamment le dollar et
l'euro)- nous restons dans un cadre restreint de modélisation de risque
de taux d'intérêt et de risque d'actions.
30 Comparaison d'évolution relative simple sans
faire de test statistiques d'égalité de rapport.
31 Constitué de quatre
- 45 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Pour les risques de souscription, il s'agit des risques
liés à une tarification insuffisamment prudente lors de la
souscription ou d'une modification des conditions de souscriptions ou rachats
de contrats. En vie, on a le risque de table (inadéquation de la table
de mortalité au portefeuille), et le risque intrinsèque
(lié au nombre de contrat souscrit) : on modélise donc les
Provisions mathématiques-PM, estimées individu par individu.
Elles représentent la valeur actuelle probable des prestations que
l'assureur doit verser au cours des exercices futurs, au titre des
évènements survenus lors des exercices antérieurs. En
non-vie, ces risques sont constitués par la volatilité du
résultat ou de la sinistralité sur les engagements aussi bien
passés que futurs. Nous ne modélisons ici que les Provisions pour
Sinistres A Payer - PSAP, estimées à partir des modèles de
cadences ou de développements. Comme leurs noms l'indiquent, les PSAP
constituent la valeur estimative des dossiers non encore payés à
la clôture de l'exercice, mais dont les sinistres sont survenus avant la
date d'inventaire, qu'ils soient connus ou non à cette date.
Rappelons donc une fois encore que la modélisation des
risques permet d'avoir la distribution des éléments du bilan
(notamment celle des provisions techniques et des placements). Il existe deux
familles de méthodes pour déterminer les provisions techniques-
PT sans marge de risque: les méthodes déterministes et les
méthodes stochastiques.
La modélisation déterministe des provisions
techniques permet d'estimer en moyenne l'évolution des engagements. Les
paramètres de calcul souvent prudents restent constants ou varient de
façon prédéterminée (exemple de la table de
mortalité). La modélisation dans cette famille de méthodes
pour les PSAP se réalise à l'aide des modèles de cadences
; parmi ces derniers, celui de référence est la méthode de
Chain Ladder. Quant aux Provisions Mathématiques, l'approche contrat par
contrat est préconisée ; qu'il s'agisse des rentes de conjoint ou
d'éducation, des rentes liées à l'arrêt de travail
ou autres rentes.
Les modèles stochastiques de passifs permettent
d'obtenir une fonction de distribution des provisions. Ils sont donc utiles et
se développent de plus en plus depuis quelques années. Ils en
existent trois sous-familles : les modèles paramétriques
basées sur une loi appartenant à une famille connue de loi dont
il faut déterminer les paramètres, les modèles
semi-paramétriques qui ne font pas d'hypothèses a priori
sur la distribution des provisions mais estiment cette distribution et, enfin
les modèles non paramétriques qui simulent des intervalles de
confiance pour les provisions sans aucune hypothèses sur la distribution
de ces provisions mais qui
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
s'appuient sur certaines données de bases (les triangles
de règlements par exemple). Ils nécessitent tous la
définition d'une mesure de risque.
L'objet même de ce chapitre étant de mesurer
l'impact sur le bilan, donc sur les ratios de couvertures, nous ne rentrerons
pas trop dans les détails sur certaines méthodes
utilisées. Nous présentons quelques méthodes ou
détails usuels sur les méthodes utilisées dans la partie
annexes des méthodes. Nous rappelons juste l'idée ou l'intuition
de ces méthodes et leur intérêt pour nos calculs et
éventuellement un petit exemple.
Les modèles stochastiques de passifs sont donc utiles
et se développent de plus en plus depuis quelques années. Ces
modèles utilisent des techniques de simulations. Comme le
précisait Elie et Lapeyre (2001), ces techniques permettent, en
général, d'étudier et d'expérimenter un
système donné dont on connaît les interactions complexes,
de mesurer les effets de certains changements dans les interactions sur le
comportement du système, d'expérimenter de nouvelles situations.
Nous utilisons dans ce mémoire les simulations de Monte Carlo. Les
paramètres à faire varier dépendent du risque à
intégrer et l'élément du bilan à
modéliser.
1) Techniques de simulations
L'approche stochastique de détermination des
éléments du bilan, qu'il s'agisse des provisions ou des
placements, basée sur les méthodes de Monte Carlo a pour but
d'étudier un grand nombre de scénarii ou allures possibles, afin
de déduire une loi de distribution du montant de provisions ou de
placements. Ces méthodes approchent le résultat théorique
recherché en effectuant des tirages selon la loi du
phénomène observé. L'existence d'un
générateur de nombres aléatoires leur sert de base.
Un générateur de nombre aléatoire est un
algorithme fournissant une suite de nombres compris entre 0 et 1. Il existe des
générateurs pseudo aléatoires implémentés
par défaut dans certains langages, notamment C++, Pascal,... qui
produisent des valeurs déterministes et parfaitement prévisibles,
mais qui sont statistiquement satisfaisantes.
Avec les progrès informatiques actuels, les
méthodes de simulations Monte Carlo les plus utilisées sont la
technique de l'inversion de la fonction de répartition qui n'est
réalisable que si l'on connaît une forme explicite et relativement
simple de la fonction de répartition. Une définition sert de base
à cette technique :
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Définition :
Considérons une variable aléatoire réelle X de fonction de
répartition F. On appelle alors inverse généralisée
de F, la fonction notée F-1 définie pour tout
réel y compris entre 0 et 1 par :
F ( y ) = inf x ? R | F ( x )
= y
-1 { }
L'idée de base de cette technique consiste à
simuler des réalisations d'autres variables aléatoires (qu'on ne
connaît pas) à partir de réalisations de variables qui
suivent une loi définie (connue). Le lemme suivant est utilisé
à cet effet :
Lemme : Si U est une variable
aléatoire de loi uniforme U sur [0,1], alors F-1(U) a
même loi que X. Et si de plus, F est continue surR , alors F(X) suit une
loi uniforme U [0,1].
Il arrive parfois que l'on ne dispose pas de formule explicite
pour l'inverse de la fonction de répartition, F-1, c'est le
cas particulier de la loi normale ou lognormale que nous avons largement
utilisé dans ce mémoire ; dans ce cas, on utilise les algorithmes
d'approximation de cette fonction ou des algorithmes spécifiques
à la loi que l'on souhaite travailler. Cependant il existe d'autres
algorithmes de simulation de la loi normale comme par exemple la méthode
de Box Muller ou la méthode du rejet polaire ; des méthodes que
nous n'avons pas utilisées donc que nous ne présentons pas dans
ce mémoire.
2) Mesure du risque
Le montant de la provision avec marge de risque est
calibré à travers l'utilisation des mesures de risque, pour un
ensemble de provisions simulées stochastiquement. La différence
entre la provision avec marge de risque et celle calculée en « Best
Estimate » constitue la marge.
Denuit et Delwarde (2006) définissait une mesure de
risque comme une fonction ñ qui à un risque X associe un nombre
positif noté ñ[X], éventuellement infini ; cette
fonctionnelle est telle que, pour ñ[0] = 0, ñ[X] désigne
le montant minimum qui, additionné à la perte X en début
de période rend la couverture de X "acceptable". C'est donc le capital
dont doit disposer la compagnie pour faire face à une perte
financière de montant X. Parce qu'il est question d'agréger
plusieurs risques ici en tenant compte de leurs dépendances
éventuelles, deux principales propriétés des mesures de
risques nous intéressent ici : le chargement de sécurité
et la propriété de sous-additivité.
Le chargement de sécurité stipule que :
ñ[X] = Å[X] pour tout risque X.
Quant à la propriété de
sous-additivité, elle implique :
ñ[X+ Y]=
ñ[X]+ñ[Y] quels que soient
les risques X et Y.
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
La propriété de sous-additivité est sujette
à débat pour le moment : pour Dhaene et al. (2003), le signe de
l'effet de diversification ñ [X] + ñ
[Y] - ñ [X + Y] devrait
dépendre de la structure de
dépendance existant entre les risques X et Y
considérés.
Il existe un ensemble de mesure de risque, notamment la
Value-at-Risk (Var), la Tail-VaR ou VaR moyenne, la Conditionnal Tail
Expectation (CTE) ou VaR conditionnelle, la mesure de risque de Wang et
beaucoup d'autres.
Dans le cadre des consultations pour l'élaboration des
normes Solvency II, deux mesures de risques sont privilégiées :
la VaR préconisée par le CEIOPS notamment pour l'estimation du
niveau de provisions technique avec marge de risque et la Tail-VaR
préférée par les parties prenantes pour l'estimation du
besoin en capital.
· La Value-at-Risk ou valeur à
risque
Il existe plusieurs définitions de la Valeur à
Risque. Selon Esch, Kieffer et Lopez (1997) ainsi que Jorion (2000), la VaR
d'un portefeuille ou d'un actif, pour une durée T et un niveau de
probabilité á, se définit comme le montant de perte
attendu de façon que ce montant, pendant la période [0,T], ne
devrait pas être plus important que la VaR et ceci avec une
probabilité de (1 - á). Le graphique n° 4.1.1 montre un
exemple de calcul de VaR aux seuils respectifs 75% et 99,5%.
Graphique n°4.1.1 : Exemple de VaR pour
une série de provisions suivant une loi normale.
Deux éléments principaux ressortent de cette
définition et il est important de les choisir judicieusement : l'horizon
et le niveau de confiance.
L'horizon qui se doit d'être adapté aux
données et d'être suffisamment court afin d'être
estimable.
Le niveau de confiance doit quant à lui refléter le
degré d'aversion des gestionnaires face au risque de réalisation
d'événements extrêmes sans être trop
élevé. C'est une mesure probabiliste.
- 49 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Ainsi pour une série X donnée,
Pr[X<
VaR(X,á)]=á
On voit bien que la VaR dépend des
propriétés de la série X. Elle fournit une
information sur la charge de sinistres au-delà de laquelle il y a perte
avec la probabilité á et se calcule aisément une fois la
répartition de X connue. Par ailleurs, elle ne vérifie
pas certaines propriétés des mesures de risques notamment les
deux que nous avions cités précédemment. En effet, d'une
part, elle ne fournit pas d'information sur la queue de la distribution de la
série et donc ne possède pas de chargement de
sécurité - on observe des cas de violation de
l'inégalité VaR(X,á) =
Å[X] pour
á = 0.5 du fait de l'asymétrie
liée aux queux de distribution qu'on observe généralement
en assurance-; d'autre part, elle n'est pas sous additive, ce qui signifie
qu'en réalisant la somme des VaR - ce qui sera le cas pour nos
agrégations- de plusieurs branches, on n'a pas une garantie de prudence.
Pour palier à cette insuffisance, nous utilisons d'autres mesures de
risque de la même famille que les VaR mais qui vérifient ces
propriétés : la Tail-VaR et la CTE comme cités ci-
dessus.
~ La Tail Value-at-Risk
La Tail Value at Risk au seuil á d'une distribution X,
noté TVaR (X, á) est définit par :
1
1
î
TVaR X VaR X d
( ; ) ( ; )
á î
=
1 - áá
Ou de façon équivalente pour les lois continues
:
T Va R
|
1
( ; ) ( , ) ( , )
X á V aR X á X V aR X
= + á Å ( )
- +
á
1 -
|
Cette mesure est en quelque sorte la moyenne des VaR de
seuil supérieur á. Le graphique n° 4.1.2 montre un exemple
de calcul de VaR et TVaR aux seuils respectifs 75% et 99,5%.
On peut également approcher la TVaR par la
CTE c'est-à-dire la valeur moyenne des pertes au- delà
de la VaR, définie par :
C T E ( X ; á ) [ X /
X V aR ( X , ) ]
= Å > á
Si la fonction de répartition de X est continue, les deux
notions convergent.
Graphique n°4.1.2 : Exemple de VaR et
TVaR pour une série de provisions suivant une loi normale.
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Comme on le précisait un peu plus haut, la
TVaR vérifie la propriété de
sous-additivité, ce qui explique l'intérêt qui lui est
porté dans les modèles de consolidation impliquant
l'agrégation des risques. Dans le même temps, elle permet de
prendre en compte le comportement de la queue de distribution ; bien que
nécessitant un nombre un peu plus important de simulations.
La VaR et la TVaR constituent les deux outils
de mesures de risque que nous avons utilisé dans ce mémoire en ce
qui concerne les méthodes stochastiques.
3) Synthèse sur les méthodes
utilisées
Les méthodes présentées ci-dessous
concernent les deux secteurs d'activités en fonction de leurs
branches.
Les branches considérées en vie sont: Contrats
liés aux garantis décès et contrats liés aux rentes
(conjoint, éducation). Pour le CEIOPS, il s'agit des branches contrats
avec profits et sans profits, des contrats en unités de compte.
Les branches considérées en non-vie sont:
Responsabilité Civile-RC Matérielle et Dommages Automobile, RC
Corporelle Automobile, Incendie et Dommages aux biens, RC
générale.
Il est évident que dans le cadre de la
détermination des exigences de marges, il faut modéliser d'une
part le passif et d'autre part l'actif et éventuellement de
l'adéquation actif-passif. Nous présentons très
brièvement les modèles utilisés dans ce cadre. Pour
l'actif, et particulièrement le risque de marché, nous ne
distinguons pas les familles de modèles mais pour le passif, cette
présentation est réalisée selon la famille de
méthodes.
+ Le besoin en capital relatif au risque de marché
(actif)
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Pour l'actif, nous présentons très
brièvement le modèle de risque action et de risque obligation.
Notre démarche pour ces types de risque s'inspire complètement du
développement de Le Moine et Kaltwasser (2006). En effet, leur
étude propose une approche des risques de marché (action et
obligation). En marché complet, ils trouvent des résultats qui
permettent de déterminer les besoins en capital pour couvrir ces
risques. Dans un premier temps, ces auteurs montrent que le besoin en capital
est fonction du rendement de l'actif sans risque et de la volatilité du
portefeuille pour le risque action. Dans un second temps, ce besoin en capital
est estimé à partir d'une approche par quantile. Cette
dernière nous intéresse particulièrement pour rester dans
la logique de Solvency II.
Ils se basent sur un modèle Black &
Scholes32, pour le risque action et avec l'introduction du
modèle de taux de Heath, Jarrow & Morton (1987) mais toujours dans
une logique Black & Scholes pour le risque obligataire.
· La marge de solvabilité liée au
risque action.
Considérons un contexte avec un contrat d'assurance vie
en euro, à prime unique P, d'une durée de n ans, et de
taux technique rg et où il n'y a pas de rachat
possible avant le terme. Ainsi, l'engagement de l'assureur est de verser P.
(1+rg)n dans n ans. Il va donc devoir mettre en
provision mathématique la somme PM0= P. (1+
rg)n/(1+ ra)n, où
ra est le taux d'actualisation, c'est à dire le
rendement moyen des actifs sur cette période. Par prudence, ce taux doit
être inférieur au taux technique, la réglementation le
limite d'ailleurs au minimum entre 60% du Taux Moyen des Emprunts d'Etat-TME et
3,5%. Enfin, les actifs ne sont pas vendus avant les n années, les plus
values ne sont donc pas réalisées avant la sortie du contrat
« et il n'y a pas de participation aux bénéfices venant
augmenter les provisions mathématiques avant la sortie. Si on
prévoit une revalorisation à la sortie, celle-ci n'intervient
qu'en cas de rendement élevé des actifs au terme, et cela
n'affecte en rien l'exigence initiale en marge de solvabilité. »
L'assureur va donc placer cette provision mathématique
dans un actif S, qu'on suppose33 suivre un modèle
Black & Scholes :
dS t
St
ì ó
( , ) ( , )
t T dt t T dW
+ t
S PM
0 0
=
32 L'intuition fondamentale de Black et Scholes fut de
mettre en rapport le prix implicite de l'option et les variations de prix de
l'actif sous-jacent. Pour eux, le prix de l'option d'achat est indiqué
implicitement si le sous-jacent est échangé sur les
marchés
33C'est le standard, bien que certaines
améliorations soient apportées en prenant en compte d'autres
paramètres comme les dividendes (BlackScholes-Merton), ou les
options de taux de devises étrangères (modèle de
Garman-Kohlhagen) ou même dans la théorie moderne des taux
d'intérêt de Vasicek.
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
où p est le rendement de l'actif,
ó sa volatilité, est Wt est un mouvement
brownien standard.
Or, placé dans cet actif risqué (et en pratique,
l'actif de l'assureur comporte toujours un risque), une provision
mathématique-PM calculée de manière prudente ne permet pas
toujours à l'assureur de tenir ses engagements. Les assureurs
procèdent généralement par réplication de
portefeuille en identifiant une marge qui servira à couvrir la part
insuffisante de soldes de placement par rapport aux engagements pris.
Le Moine et Kaltwasser (2006) montrent que la marge de
solvabilité-MS peut être déterminée suivant la
formule:
MS = PM * (a -b.r + c.ó)
avec PM la provision mathématique, r le taux sans
risque et la volatilité de l'actif ó sous l'hypothèse de
rendements normaux ; et a et b des constantes réelles qui
dépendent du taux technique et du taux d'actualisation des engagements.
On constate que dans cette expression, la solvabilité n'est pas
seulement fonction des engagements, mais aussi de la qualité des actifs,
ainsi que du degré de prudence dans l'actualisation des engagements.
Ces auteurs montrent que pour rg=
rg =3,2 % ; r=5% et ó=10%, on a :
Marge= Provision mathématique* (0,002836-0,339253
.r+0,654483. ó)
Dans leur approche par quantile, ce qui nous intéresse
le plus, ils montrent que pour le même contrat (vie en euro, à
prime unique P, d'une durée de n ans, de taux technique
rg et sans possibilité de rachat avant le terme),
cette marge peut s'exprimer sous la forme :
MS s PM r e N d s t N d
( ) .(1 ) . . ( 2 ) . ( 1 )
= + - - -
n n t
- - ñ
( )
t a
s s
t t
=
+ ó u t
( ) . , [1, ].
u PM e t n
= ? ?
t
ó 2 ì - t
2
ó 2
s
ln ( ).
t + -
n t ñ +
.(1 ) 2
avec d1
n
PM r
+ a
ó
n t
-
d d n t
2 1
= - -
ó
où (0, 1) et N désignant la densité d'une
loi normale centrée réduite; N(-d ) et N(-d ) les
ut ~ N 1 2
valeurs de cette densité évaluée aux termes
d et d . PM= P.( 1 + r ) /( 1 + r ) la provision
n n
1 2 g a
mathématique à la maturité et
ñ le taux d'intéret sans risque.
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
L'intérêt de cette approche réside dans le
fait qu'à travers cette expression, on peut déterminé le
quantile (1-á)% de la marge de solvabilité ; puisqu'on
connaît la loi suivi par ut. En effet, la marge MS (st) est fonction du
prix st de l'actif à la date t et puisque ce dernier est fonction de ut
alors on peut déduire la loi suivi par MS à la date t par
transformation de la densité d'une fonction composée. Le quantile
est ainsi obtenu par des simulations Monte Carlo.
on a ( ) . , [1, ];
s t s t u t PM e t n
= = ? ?
ì - t
ó 2
2 +óut
dg s
( ) dg s
( )
donc ( ) or ( ) ( ( )). , on a donc la densité de la loi
de l'actif: ( ( )). .
u g s f u f g s ds
= = f g s
ds ds
Le véritable problème dans tous ces
modèles réside dans le choix de la volatilité des actifs.
Ho et Lee (1986) d'une part propose une volatilité, ce que nous avons
d'ailleurs retenue, de la forme :
ó(t,T)=ñ.(T -
t), d'une part et Hull et White propose (): ( )
( , ) 1 T t
t T ñ e ë
= - , ñ
- -
( )
ó ë
étant le rendement de l'actif.
· La marge de solvabilité liée au
risque obligataire.
Dans le cas précédent, on n'a
considéré qu'un portefeuille action qui est simple à
étudier. Mais ce cas ne correspond qu'à une partie de la
réalité, car 75 à 80% de l'actif d'une compagnie
d'assurance, surtout l'assurance vie est en effet, généralement
constitué d'obligations. De plus, pour rester dans la même logique
que Fédor (2006), la nouvelle proposition de directive s'oriente vers
une pérennisation de cette répartition dans les portefeuilles
d'actifs. En effet, considérons pour simplifier qu'il existe sur le
marché des obligations d'échéance n ans, fournissant un
taux fixe rb = rg. Pour simplifier les calculs,
nous supposons que cette obligation ne verse aucun flux avant le terme et verse
à l'échéance le nominal capitalisé au taux
rb.
En investissant les provisions mathématiques dans cet
actif, l'assureur ne prend donc aucun risque financier en l'absence de rachat.
En ce sens, son investissement lui assure de pouvoir fournir le montant garanti
dans les n ans. Le problème se pose lorsqu'il y a une sortie de contrat
: l'assureur doit alors vendre une partie de son actif. S'il y a eu entre temps
une hausse des taux d'intérêt, la valeur de l'obligation aura
baissé, et l'assureur ne pourra tenir son engagement avec la seule vente
de son investissement. Cela suppose que l'assureur trouve sur le marché
les obligations correspondant aux échéances de paiements
(T= n ans), ce qui n'est pas toujours le cas. Si
l'échéance est supérieure aux n années, même
en l'absence de rachats, on se retrouve face dans le même cas de figure,
où une hausse des taux fragilise l'assureur. Dans le cas où la
maturité de l'obligation est inférieure à n ans, une
baisse des taux pose un problème de refinancement, l'assureur ne pouvant
trouver sur le marché des produits permettant d'obtenir un rendement
- 54 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
égalant celui qu'il recevait avec l'obligation
arrivée à terme. La détermination de l'exigence de marge
nécessite l'introduction d'un modèle de taux
d'intérêt : pour rester dans l'esprit Black & Scholes, Le
Moine et Kaltwasser (2006) considère un modèle de taux de Heath
Jarrow Morton. Dans ce modèle, le zéro coupon
d'échéance T est un actif qui verse 1€ à la
date T, son prix à la date t est noté B(t,
T), et sa dynamique donnée par :
dB t T
B ( ( , )( , ) ( , )
t T
, ) = +
ì ó
t T dt t T dW t
B T T
( , ) 1 en l'absence d'opportunité d'arbitrage
=
p(t, T) est l'espérance du taux de rendement
mais à la différence du cas des actions, c'est l'espérance
instantané de B(t,T), et ó(t,T) sa
volatilité. Wt est un mouvement brownien standard. L'absence
d'opportunité d'arbitrage suppose qu'il n'existe aucune stratégie
financière permettant, pour un coût initial nul, d'acquérir
une richesse certaine dans une date future. Dans ce cas, ces auteurs montrent
qu'en l'absence de rachats, qu'il n'y a pas de risque financier à
condition que le taux d'actualisation soit inférieur au taux
d'intérêt des obligations à l'échéance ; ce
qui est assuré par les réglementations. L'introduction de rachats
de contrats avant échéance nécessite la vente d'une partie
des obligations pour couvrir les engagements. Ce que nous n'avons pas
traité ici.
+ Le besoin en capital relatif au risque de
passif
Pour le passif, nous présentons les modèles
selon leur famille. Comme préciser plus haut, nous distinguons deux
familles de méthodes: Les méthodes déterministes et celles
stochastiques.
· Les méthodes
déterministes
L'approche déterministe n'est pas complètement
mise de côté dans le projet de directive Solvency II. En effet,
l'évaluation des provisions en assurance non-vie dépend de la loi
de survenance des sinistres. Et plusieurs modèles permettent cette
évaluation (Chain Ladder, Bornhuetter Ferguson,...). Parmi ces
modèles, il y en a un qui est central : il s'agit de la méthode
Chain Ladder. Le CEIOPS suggère son utilisation dans la
détermination de la meilleure estimation (Best Estimate) des provisions
pour sinistres. Nous faisons usage de cette méthode dans plusieurs
parties de ce mémoire. En assurance vie, nous présentons les
méthodes de détermination des provisions mathématiques.
> La méthode Chain Ladder
La méthode de Chain Ladder est un modèle de
développement par cadences, basé sur le
- 55 -
triangle de liquidation ou des montants cumulés. Ce
triangle est la partie supérieure d'une matrice dont les lignes
représentent les années de survenance (ou origine) des sinistres
et les Réalisé par : Aristide K. VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
colonnes désignent les années de
règlement (ou développements). Ainsi un élément
Xi,j désigne la charge de sinistres survenus à
l'année i+j et payée jusqu'à l'année j. L'intuition
de cette méthode, c'est d'estimer les valeurs futures des prestations
sur la base des prestations passées en fonction du comportement de ces
derniers. Ce comportement est identifié à travers les facteurs de
développement de sinistres. Ces facteurs sont obtenus à partir
des techniques statistiques (moyenne arithmétique,
pondérée ou géométrique). Nous adoptons ici la
moyenne arithmétique. Ainsi donc, pour n année de
développement, le facteur de développement Cj associé
à l'année j est estimé par la formule :
n j n j
- -
X X C
i j i j i j
, 1 , ,
*
1 1
j n j n j
= =
i i
- -
X X
i j i j
, ,
i i
= =
1 1
à
C
, j [1;n-1]
? ?
Les estimateurs ainsi obtenus sont sans biais et non
corrélés.
|
Développement (j)
|
Origine (i)
|
1
|
2
|
...
|
n-1
|
n
|
1
|
X1,1
|
X1,2
|
...
|
X1,n-1
|
X1,n
|
2
|
X2,1
|
X2,2
|
...
|
X2,n-1
|
|
...
|
...
|
...
|
...
|
|
|
n-1
|
Xn-1,1
|
Xn-1,2
|
|
|
|
n
|
Xn,1
|
|
|
|
|
|
Coefficient de développement
|
C1
|
C2
|
...
|
Cn-1
|
|
L'utilisation de cette méthode suppose que, d'une part,
les règlements de sinistres sont stables et, d'autre part, que les
facteurs de développement sont indépendants de l'année
d'origine des sinistres, des hypothèses que nous avons faites aussi. A
partir de ces facteurs de développements estimés, on peut estimer
les valeurs de la partie inférieure de la matrice de
développement, c'està-dire les prestations futures et qu'on
appelle les « ultimes » pour celles de la dernière colonne
:
X à i j = C à j
+ * C à j + * C à n + -
i * X i n + - i pour i 2, , n et j= n
2 i , ,2.
...
, 1 2 1 , 1
? = ... + -
A partir de ces valeurs estimées, notamment les valeurs
de la dernière colonne. Pour chaque ligne i (année de
survenance), la différence Ri, entre la valeur estimée pour cette
colonne et la dernière valeur connue constitue la réserve ou la
provision pour à payer le sinistre survenu à l'année i. La
provision totale pour sinistre à payer R pour les n années de
développement est obtenue par l'expression :
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
n n
R R
==
i i i
= =
1 1
( , , 1 )
X X - +
à
i n i n i
-
Bien que simple à appliquer, très
utilisée et comme toute méthode, elle a ses limites. Dans un
premier temps, cette méthode est sur paramétrée d'autant
puisqu'il s'agit de réaliser pour un triangle de dimension n,
l'estimation des (n-1) paramètres en disposant de n(n-1)/2 valeurs
connues. Un test de validation du triangle d'entrée est
recommandé. Dans un deuxième temps, les incréments
correspondant aux périodes de développement élevées
comportent peu d'observations. Par exemple le dernier facteur de
développement est déterminé à partir de seulement
deux valeurs et est appliqué à toute la colonne. Pour encadrer ce
phénomène, il est conseillé d'adopter des techniques
d'extrapolation par adéquation à des courbes de
référence. Dans un troisième temps, les « effets
diagonale » dans le triangle dus à des modifications de cadences de
règlements, bien présentes dans certaines branches à
déroulement long , ne sont pas prévus par la méthode-la
progression des paiements cumulés est supposée identique pour
toutes les années de souscriptions. Enfin dans un quatrième, par
principe même de Solvency II qui veut mieux prendre en compte le risque,
cette méthode ne permet pas de mettre en avant la volatilité de
la sinistralité. Heureusement, elle présente l'avantage pratique
et capital d'être facilement corrigeable du fait de son
interprétation aisée.
> Les provisions mathématiques
La Provision Mathématique-PM- est la moyenne
actualisée des flux futurs. Nous considérons le secteur vie avec
des garanties décès et les rentes liées à
l'arrêt de travail. Les risques considérés ici sont
liés à la déformation de table (hausse ou baisse du taux
de mortalité) et l'arrêt de travail dû à une
incapacité ou à une invalidité.
Les garanties décès et le risque de
table
Elles permettent au bénéficiaire (conjoint
survivant ou aux enfants) du contrat de toucher une rente au
décès de l'individu assuré. Le risque pour l'assureur est
donc par exemple d'observer une déformation de la table de
mortalité. Les tables de mortalités décrivent l'extinction
progressive d'une population au cours du temps. Il en existe de deux sortes :
les tables homologuées par l'autorité compétente-produites
par l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE)- et
celles dites « d'expérience » produites, elles, par chaque
assureur et certifiées par un actuaire indépendant de cette
entreprise et agréé. Afin de réaliser des calculs de PM
plus pertinent et adapté aux spécificités du portefeuille
de l'entreprise et du fait de la liberté de choix de tables qui est
donnée aux assureurs, il est préférable d'utiliser les
tables d'expérience. Mais nous réalisons certains graphiques sur
la base de données de l'INSEE. Les formules situées en annexes de
méthodes liées à ce type de risque sont les standards
en
- 57 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
assurance vie. Qu'il s'agisse d'une rente viagère,
d'une rente temporaire ou d'une rente éducation34, la formule
de la PM est globalement la même et à la seule différence
des bornes supérieures de sommation. Pour une rente à prime
unique d'un montant de 1€ annuel, à échoir sans
revalorisation et versées en une fois, la PM est la somme
actualisée du rapport nombre d'individus d'âge x+k sur nombre
d'individus d'âge x.
Les garanties arrêt de travail et les risques
incapacité ou invalidité.
Elles permettent de couvrir les personnes en arrêt de
travail pour le temps qu'elles sont susceptibles de passer dans cet
état. Cet état peut être temporaire ou définitif
pour les individus d'une tranche d'âge donnée. Le risque pour
l'assureur est donc par exemple d'observer une déformation de la table
des cas d'invalidité ou d'incapacité. Les formules situées
en annexes de méthodes liées à ces types de risques sont
les standards en assurance vie. Qu'il s'agisse d'une incapacité ou d'une
invalidité (en attente ou en cours), le principe de calcul de la PM
reste globalement identique au cas évoqué pour les rentes.
Somme toute, l'approche déterministe fournit une unique
estimation à partir d'hypothèses fixes (table de
mortalité, taux d'actualisation), elle décrit un unique
scénario ou réalisation et ne laisse pas place à
l'incertitude. Le risque n'est donc pas appréhendé de
manière optimale par cette famille de méthode. Et selon l'esprit
du projet de directive Solvency II, on devrait s'orienter de plus en plus vers
les approches stochastiques pour déterminer les composantes du bilan,
notamment les provisions. Cependant, les valeurs obtenues par les approches
déterministes constituent une référence quantitative pour
la projection aléatoire des montants de provisions.
· Les méthodes stochastiques
Comme précisé plus haut, nous présentons
dans un premier temps deux méthodes relatives aux PSAP-où nous
modélisons le risque de volatilité-: une méthode de type
paramétrique et une autre de type non paramétrique. Ces deux se
basent sur la méthode Chain Ladder. Dans un second temps, nous
évoquons le risque d'erreur de spécification de table et
d'aggravation du risque (risque intrinsèque) en ce qui concerne les
PM.
> Détermination des PSAP
Méthodes paramétriques
Ce sont des méthodes qui se basent sur une loi appartenant
à une famille connue de lois, dont il suffira d'estimer les
paramètres. Deux lois sont utilisées dans le cadre de notre
étude : la
34 Ici une petite correction liée au nombre
d'individus d'âge k dans la loi de poursuite d'études au niveau de
chaque âge k : le rapport sx+k /sk.
- 58 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
loi normale et la loi log-normale35. Nous retenons
donc comme moyenne de ces lois, la provision calculée par la
méthode déterministe (Chain Ladder). Ensuite, à partir des
données disponibles de chacune des branches considérées,
nous estimons l'écart type. A cet effet, nous adoptons la méthode
de Mack (1993). Cette méthode permet d'estimer la volatilité de
l'estimateur des provisions techniques sur base de la méthode Chain
Ladder. Trois hypothèses soutiennent cette méthode. La
première suppose une indépendance d'exercice ;
c'est-à-dire que les années de survenance sont
indépendantes entres elles. La deuxième hypothèse indique
que, conditionnellement aux montants cumulés des prestations
passées et quelle que soit l'année de survenance du sinistre, le
facteur de développement est en moyenne le même. Enfin, la
troisième porte sur la variabilité au sein du triangle de
liquidation ; elle suppose que la volatilité au cours d'une
période de développement est la même quelle que soit
l'année de survenance du sinistre.
Il conclut que sous ces hypothèses, l'erreur standard de
la provision à constituer (R) peut s'écrire sous la forme :
2 ók
à 2
2
à
fk
n k
-
Cnk
1
j
n n n - 1
mse R mse R C C
à ( à ) à ( à ) à . à
.
= ( )
i in ij
+
i=2 j i k n i
= + = + -
1 1
avec
mse R X
2
i in
=
à ( à ) à . à à
C X
2
+ n k
-
k n i k ik
= + -
1
n-12
ó à1 1
k
Xjk
j 1
et X X
i n i
à à
, 1 , 1 , 1
= ; les sont les valeurs estimées de la partie
inférieure du triangle
- + - + - +
i n i i n i
X
de liquidation.
Une fois les deux paramètres (la moyenne et
l'écart type) estimés et connaissant la loi de distribution de la
provision technique, on peut calculer aisément les VaR et TVaR pour les
niveaux de risque souhaités. Peu aisée à
interpréter, la robustesse de cette méthode est mise en cause
dans certains cas : les triangles « imparfaits » dus aux
données manquantes ou aux sinistres exceptionnels ou même aux
erreurs comptables. Les méthodes non paramétriques facilitent
cette tâche de robustesse et d'interprétation.
Méthode non paramétrique
On a précisé plus haut certaines limites de la
méthode Chain Ladder ; on a évoqué par exemple son
sur-paramétrage et sa sensibilité à une forte variation.
On a dû faire une hypothèse sur la loi de distribution des
provisions techniques : ce qui n'exclut pas des erreurs de
35 Petits rappels sur ces lois en annexes.
- 59 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
spécification de loi. Il convient d'adopter des
méthodes permettant de contourner ces contraintes : le Bootstrap ou
encore la méthode de « rééchantillonnage » offre
cette opportunité. L'intuition de cette méthode, c'est d'obtenir
à partir d'un échantillon initial de taille T donné, de
nouvelles informations statistiques en stimulant plusieurs (N) nouveaux
échantillons de même taille. Autrement dit, on apprend à
partir d'une expérience par répétition. Et comme on dit
souvent qu'avec le temps les choses finissent par devenir normales ; on obtient
ainsi, des estimateurs plus robustes et moins contraints. Cependant, cette
méthode repose sur deux hypothèses qui constituent un peu ses
limites : l'indépendance et une distribution identique
des lois de chacun des éléments composant l'échantillon de
base. Deux hypothèses qui ne sont pas respectées, dans le cadre
des triangles de développement auxquels nous voulons appliquer cette
méthode ; car, les règlements incrémentés ne sont
pas indépendants et leurs distributions ne sont pas identiques -des
paiements de recours ou des développements longs de certaines branches
par exemple, rendent les distributions non identiques. Afin de contourner ce
problème, on utilise le « Residuals Bootstrap » basé,
non pas sur les observations directes du triangle mais les écarts
normés (centrés et réduits) de ces observations à
l'aide des résidus de Pearson. Ainsi donc, pour un triangle de
règlement de taille n, on a pour la cellule (i,j):
R y - ì à
= =
ij ij ij
Rp
i j
, V V
( à ) ( à )
ì ì
ij ij
y représente la value observée et celle
prévue par le modèle et ( à ) à la variance dans
ì à V ì ì
=
ij ij ij ij
un modèle de Poisson.
Certaines notations sont nécessaires pour appliquer cette
méthode aux triangles de règlements sur la base de Chain Ladder.
Ainsi, pour la cellule (i, k):
à
- , , , ,
C i k , D i k , D i k et m
à i k désignent les valeurs des triangles
respectivement brutes non cumulées, brutes cumulées,
prédites cumulées et prédites non cumulées ;
- i , k
r représente la valeur dans le triangle des
résidus de Pearson ;
p
( ) *
p
- ,
r représente la valeur dans le nouveau triangle
des résidus, après ré échantillonnage
i k
avec remise du triangle des résidus de Pearson ;
- ,
C * *
et D i k désignent les valeurs des nouveaux
triangles respectivement non cumulées, et
,
i k
cumulées.
Dans un premier temps, on détermine les facteurs de
développement à l'aide de la méthode Chain Ladder
appliquée au triangle de développement des montants
cumulés (Di,k). Dans un deuxième temps, on crée
un nouveau triangle à partir des dernières valeurs observables
(valeurs
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
|
- 60 -
|
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
de la diagonale) du triangle de départ et des facteurs
de développement ; les valeurs de la diagonale sont divisées
par les coefficients de Chain Ladder : on obtient un triangle nommé
Triangle Prédit contenant les valeurs ( mà
i , k ) .
( )
p
Dans un troisième temps, on détermine les valeurs
du triangle des résidus de Pearson ,
rà
i k
( ) *
p
partir de celles du triangle des montants non cumulés ,
ret celles du Triangle Prédit :
i k
ri
C m
- à
ik i k
,
=
à
( ) p
, k
m i k
,
Dans un quatrième et dernier temps, on réalise
maintenant le Bootstrap. Ce dernier consiste à générer de
nouveaux triangles de montants cumulés par ré
échantillonnage aléatoire des résidus calculés ;
les valeurs de ces montants sont obtenues par la formule :
C ik = m i k + r i k × m i
k
* ( )*
à , , p à ,
On finit donc par sommer ces montants et à l'aide la
méthode de Chain Ladder, on obtient ainsi les nouveaux montants
cumulés. On refait l'expérience de cette quatrième phase
plusieurs fois (N) : on obtient ainsi N valeurs différentes des
provisions et on peut ainsi en déduire la loi de distribution.
Toute cette procédure est résumée dans le
schéma n°4.1.1.
A titre complémentaire et en restant dans l'optique de
la nouvelle proposition de directive, nous actualisons ces provisions. En
effet, cette actualisation permet de ramener les valeurs futures
évaluées par la méthode du Bootstrap à la date
courante. Elle est réalisée à partir des taux financiers :
courbe des taux selon la zone ; nous adoptons celui suggéré par
le CEIOPS. Rappelons toute fois cette formule :
C*
ik
C * = pour i+j>n avec tx le taux financier.
simulé actualisé ( )
1 ( /100) i j n
+ -
+ tx i j n
+ -
Schéma n°4.1.1 : Synthèse de la
procédure du Bootstrap sur base des triangles
de liquidation.
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Source : Dugas (2003).
> Détermination des Provisions
Mathématiques-PM
Il s'agit ici de présenter très brièvement
les méthodes d'identification de la volatilité de la provision
mathématique déterministe plus haut.
Le risque de table
Le risque de table correspond à une déformation
(hausse ou baisse des valeurs) des tables. Cette déformation
dépend du type de contrat modélisé. Pour les rentes, le
risque pour l'assureur est lié à une survie plus longue de
l'assuré. Quant aux contrats en cas de décès, ce risque
est lié à une augmentation des décès. En utilisant
les tables réglementaires TV 88-90 et TD 88-90 associé
respectivement aux contrats vie et décès, on peut observer le
phénomène d'aggravation sur le graphique n° 4.1.1.
Graphique n° 4.1.1 : Risque de table lié
à une aggravation
Il faut noter que la déformation des tables est
croissante depuis quelques années en fonction de l'âge et n'est
pas homogène. Une observation du graphique n° 4.1.2 qui
représente l'évolution des taux de mortalité en
fonction de l'âge (sur données de l'INSEE) montre bien ce fait et
révèle
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
dans le même temps, la difficulté de
modélisation. Cependant, Brass (1971) suggère un modèle
qui permet d'appréhender cette déformation. Son modèle est
de la forme :
log ( ) 1 2 log ( )
it q = è + è it q x
ref
x
logit(q) ln ; ] ; [
q Z Z
x
= = ? - 8 +8
avec 1
- q x
x x x
q [0;1], les quotients annuels de décès
observés à l'age x.
x ?
A partir de ce modèle, on peut réaliser une
déformation de la table. En effet, ce modèle
établit une relation linéaire entre le Logit des quotients de
mortalité étudiés qx et ceux d'une
population
q x
de référence qref . Intégrer un
risque de table consiste à simuler une variable ln
Z x =
1 - q
|
x
|
selon une loi N(logit(q x
);ó) où ó est un coefficient
d'abattement36 global des quotients annuels
qx des tables de mortalité et calibré
à 0,88. Ainsi le qx* simulé est
centré autour de sa valeur déterministe issue du logit
appliqué à la table d'entrée. Une fois la première
simulation réalisée, par inversion de la fonction Logit, on
obtient :
x
e Z
q e
x Z
= + x
1
|
, ce qui permet de produire une nouvelle table de qx
sur]0 ; 1 [et ainsi d'avoir un
|
modèle de déformation de table. On peut obtenir
donc une distribution des PM. En ce sens, pour une simulation i donnée,
la PMi est donnée par l'utilisation de la
ième table simulée (table des qÇ).
Graphique n° 4.12 : Risque de table lié à une
aggravation
Source : INSEE (2002)
Le risque intrinsèque
36 Il correspond à une faible marge de risque
que l'on estime à 60% de la table d'origine en VaR et appliqué
sur le marché (la plupart du temps par des réassureurs).
- 63 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
En simulant le décès ou la survie de chaque
individu pour l'ensemble des années de projection, on modélise ce
type de risque. Ainsi, pour chaque année de projection, on dispose des
qx simulés notés qx' ; la
probabilité que la rente soit versée est égale à 1-
qx' (survie ou maintient de l'assuré en vie). On effectue
donc un tirage de Bernoulli de paramètre (1- qx') pour
déterminer si la rente est versée (1 si oui et 0 sinon). Les flux
sont ensuite actualisés avec un taux règlement constant pour
toutes les années dont nous avons fait référence plus
haut. Par exemple pour un portefeuille de p individus, d'âge xj à
la souscription, souscrivant à une garantie pour rente de conjoint
temporaire d'un montant de M et un taux d'actualisation constant égal
à r, la provision mathématique associée est donnée
par l'expression :
PM
|
i =
|
p
|
X x
- j
|
M
|
|
avec X à l'age limite.
|
|
j =
|
1 0
k j =
|
(1 )
+ r
|
k j
|
On répète ainsi N fois cette simulation pour
obtenir N valeurs de PM et ainsi calculée la VaR associée.
Il est ensuite possible de modéliser conjointement ces
deux risques en tenant compte de leurs structures de dépendance. Nous
nous contentons d'une copule de Gumbel dont nous rappelons les
propriétés à l'annexe des méthodes.
PARAGRAPHE 2 : Modélisation des
éléments du bilan et calcul des marges
de solvabilités
Le désir du CEIOPS est d'effectuer une projection par
risque pour prendre en compte les spécificités de chacun d'entre
eux. Il s'agit donc pour chaque organisme assureur de mobiliser un capital
agrégé pour faire face à des scénarios pessimistes.
Ces scénarii correspondent pour chacun des éléments du
compte de résultat, à la réalisation de la TVaR
pour un niveau de confiance de 99,5% de la fonction de distribution. Le
compte de résultat technique est un compte vu de l'exercice comptable
avec ventilation par risque. Qu'il s'agisse de la formule standard
proposée dans le QIS 3 ou de l'utilisation d'un modèle interne,
deux étapes sont respectées pour déterminer le SCR : dans
un premier temps, les exigences de marges pour chaque type de risque puis dans
un second temps une consolidation des informations sur la base des sommes de
ces
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
exigences de marges par risque avec une prise en compte de la
structure de dépendance (corrélation intra-branches).
En comparant les charges aux produits, on détermine le
résultat de l'exercice écoulé à partir du compte de
résultat technique. Il permet en une année donnée de
passer du bilan de l'exercice antérieur à celui de l'exercice
présent. Le tableau n°4.1.3 présente le compte de
résultat technique en assurance non-vie, nous présentons en
annexe n°3, celui en assurance vie.
On se place donc dans le cas d'un renouvellement de
portefeuille. Cela nécessite de le faire vieillir d'un an pour estimer
la production nouvelle. Soit donc à une année N donnée, la
projection de tous les postes du compte de résultat pour l'année
N+1, implique de disposer au minimum :
- de l'évolution des primes ;
- de l'évolution du ratio sinistres à primes (S/P)
; - du taux de nouvelles souscriptions ;
- d'une projection des pertes potentielles liées aux
actifs ; - d'une projection de l'actif à un an ;
- d'une projection des frais généraux et
commissions ; - d'une projection du programme de réassurance ;
Tableau n°4.1.3 : Compte de
résultat technique non-vie
|
Opérations brutes
|
Cessions et
rétrocessions
|
Cotisation acquises
|
|
|
Cotisations
|
|
|
Charge des provisions pour cotisation non acquises
|
|
|
Produits des placements alloués du compte
NT
|
|
|
Autres produits techniques
|
|
|
Charge des sinistres
|
|
|
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
|
- 65 -
|
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Prestations
Frais payés
Charge des provisions pour sinistres
Charge des autres provisions techniques
Participation aux résultats
Frais d'acquisition et d'administration
Frais d'acquisition
Frais d'administration
Commissions reçues des réassureurs
Autres charges techniques
Charge de la provision pour
égalisation
Résultat technique des
opérations
Les algorithmes de projections sont présentés
brièvement ci-dessus. Quelles sont alors les données à
insérer dans nos portefeuilles ?
~ Données à intégrer dans nos
portefeuilles. Les cotisations acquises
Elles sont définies comme la différence entre
les cotisations reçues en N+1, les Provisions pour Primes Non acquises
et la libération de Provisions pour Primes Non acquises à N+1. Le
but est d'estimer l'évolution du chiffre d'affaire N+1 afin de
déterminer les cotisations à recevoir en N+1 dont le montant sera
: [Primes*(1+augmentation de primes N+1)]. L'évolution de ce chiffre
d'affaire et l'estimation du Ratio S/P doivent tenir compte des cas
éventuels de résiliations de contrats, de revalorisations
tarifaires et des affaires nouvelles.
Les prestations
Les prestations servies en N sont connues et extraites des
données de portefeuille qui doivent être d'une part le triangle de
liquidation pour les risques de cadence et d'autre part le fichier de
données individuelles pour les risques vie. L'historique des ratios S/P
est obtenu en rapprochant l'historique des montants de prestations et celui de
primes. Nous présentons plus loin la modélisation des prestations
N+1 qui sont, elles, inconnues.
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Les placements
Les placements qui constituent la grande partie de l'actif
d'un bilan et notamment en assurance vie ont un poids important et constitue la
grande partie de l'activité. On retrouve d'une part les produits
constitués de ceux non-alloués (revenus de placements, autres
produits des placements et profits de réalisation), ceux alloués
et ceux transférés ; et d'autre part les charges de ces
placements. Nous avons modélisé le risque associé sur la
base des travaux de Kaltwasser et Le Moine (2006) comme précisé
plus haut.
Les frais
Il s'agit ici des frais de gestions, d'acquisitions et
d'administrations. Seuls les frais de gestions sont à intégrer
dans les charges de sinistres.
La réassurance
Nous avions évoqué le sujet dans les chapitres
précédents lorsque nous présentions les familles
d'assurance ; nous ne le détaillons plus ici. Toutefois, nous rappelons
très rapidement les deux formes de réassurance ; il s'agit de la
réassurance proportionnelle qui s'applique aux risques couverts par
l'entreprise cédante et la réassurance non proportionnelle qui
concerne, elle, les sinistres réalisés.
~ Modélisation des prestations et
provisions
Il s'agit essentiellement des provisions N, provisions N+1 et
des prestations N+1, les prestations N étant une donnée
comptable. Les ruines constatées ces dernières années ont
été presque exclusivement dues à une mauvaise estimation
du stock, qui constitue donc le principal risque de défaut. Partant de
ce fait, nous distinguons la modélisation de stock et l'évolution
du chiffre d'affaires.
De même pour les prestations, une distinction est à
opérer entre d'une part les prestations à servir sur le stock et
d'autre part les prestations à servir sur la production nouvelle.
Projection du stock
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Il s'agit du risque de cadence, modélisé par le
Bootstrap sur une base de Chain Ladder ; et un risque d'écoulement des
provisions mathématiques, modélisé lui par un
modèle vie tête par tête.
Projection de l'évolution de la
sinistralité
La projection de l'évolution de la sinistralité
N+1 va permettre de déterminer les prestations N+1 et les provisions
N+1. Cette sinistralité est modélisée par une loi
paramétrique calibrée par défaut sur les données
historiques : le S/P moyen constaté et la volatilité du S/P sur
les différentes années comptables disponibles. Il sera
réajusté en fonction des estimations faites pour N+1 si celles-ci
sont possibles.
De la même manière que cela est
présenté, dans un contexte paramétrique, on fait usage de
la loi normale, notamment pour le risque santé ou éventuellement
les branches IARD courtes, qui sont des risques stables et la loi log-normale
notamment pour les risques longs, principalement les branches corporelles et
vie. Ce qui permet de modéliser une queue de distribution plus
lourde.
Pour les modèles de cadence la répartition entre
prestations N+1 et provisions N+1 est effectuée à partir de la
cadence de règlement en 1ère année
constatée sur le triangle d'entré. La
N
charge de sinistre totale S (avec somme nulle si pas de
décès) est définie par : S=
|
S X
= i
|
i= 1
avec N le nombre de sinistre survenus et Xi, les
montants de ceux-ci.
Pour le cas spécifique des garanties
décès (capital décès-rentes), les organismes
gérant le risque à partir d'informations sur les capitaux sous
risques et sur le nombre d'occurrences de sinistres, l'évaluation des
PSAP en N peut être effectuée par un modèle Poisson
Composé. Ce modèle prend en compte une loi de comptage (pour le
nombre des sinistres) et une loi continue (pour les coûts respectifs)
afin de décrire le coût total que le risque génère
pour l'assureur. Restant dans un contexte paramétrique, la loi du nombre
de sinistre est une loi de poisson, P(ë), et la loi du coût, une
log-normale LGN (jt,ó). Pour les garanties décès, les
paramètres à intégrer au modèle sont les
prestations décès et rente servie en N d'une part et les
triangles de nombre de sinistres survenus en décès et rente.
On dispose d'un triangle de liquidation en nombre N1 de
garanties décès et d'un triangle de liquidation en nombre N2 de
garanties rentes, tous deux supposés suivre une loi de Poisson de
paramètres respectifs ë1 et ë2. La propriété de
stabilité de la loi de Poisson, implique que
- 68 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
N=N1+N2 suit une loi de Poisson de paramètre ë =
ë1+ ë2 si et seulement si N1 et N2 sont indépendants.
Le paramètre de la loi de poisson, P(ë) sera donc la somme des
résultats issus du modèle de Chain Ladder appliqué aux
deux triangles. Par ailleurs, le triangle de nombre permet de connaître
le nombre de sinistres payé en N, d'où l'on peut déduire
le coût moyen d'un sinistre, en recoupant ce montant avec le montant des
prestations payées en N. Les paramètres de la loi log-normale
sont ainsi estimés à partir de ces éléments et des
données concernant le S/P et les primes.
Les comptes de résultats établis pour chacun des
risques sont ensuite consolidés en intégrant les structures de
dépendances interbranches. On utilisera la matrice de corrélation
dans le cadre de la formule standard et la copule de Gumbel37 pour
le modèle interne. Dans l'hypothèse que nos compagnies
considérées ne reçoivent pas de nouvelles souscriptions,
que les frais généraux et commissions sont négligeables
et, que le programme de réassurance ne change pas d'une année
à une autre et que le risque de défaillance des
réassureurs est négligeable. Nous ne traitons donc pas ces postes
là.
SECTION II : Données utilisées et
quelques résultats.
PARAGRAPHE 1 : Les données utilisées
37 Plus de précision dans la partie annexe des
méthodes sur les copules.
- 69 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Nous considérons deux compagnies fictives Ariskov vie
et Ariskov non-vie. Les données relatives à ces entreprises sont
issues de plusieurs sources : données simulées sur la base des
résultats comptables obtenus sur le site de l'Autorité de
Contrôle des Assurances et d'autres sources confidentielles.
Nous commençons ce paragraphe par une
présentation de deux tableaux de résultats à fournir aux
CEIOPS dans le cadre de la troisième étude quantitative
d'impact-QIS3. Cette dernière s'est déroulée entre le
dernier. Par mesure de simplification, les simulations ont été
faites sans tenir compte du mécanisme d'absorption
1ère partie du questionnaire QIS3 : données
comptables au 31/12/N
Tableau n° 4.2.1 : Exemple de questionnaire pour les
contrats en unité de comptes.
ARISKOV-VIE - [solo]
CEIOPS QIS3 - 20070625 LOB_L1
Technical provisions according to current basis
|
Total gross of reinsurance
|
Total net of reinsurance
|
|
Provision for unearned premium
|
01
|
|
|
|
Life assurance provision
|
02
|
|
|
|
Claims provisions
|
03
|
|
|
|
Provision for bonuses and rebates
|
04
|
|
|
|
Other provisions
|
05
|
|
|
|
Unit linked
|
06
|
|
|
|
Total value current bases
|
08
|
0 0
|
|
Deferred acquisition costs (-)
|
09
|
|
Best estimate value of the segment of liabilities
I.1.32
I.1.73
I. 1 .1 1
I. 1 .1 1
Total
of which Death
of which Survivorship
of which Disability
of which Savings
Optional data
of which value of hedgeable risks
of which value of non hedgeable risks
10
11
12
13
14
15
16
Gross
Net
Il faut donc fournir d'abord pour chaque branche
d'activité, le compte de résultat et la meilleure estimation des
provisions techniques (Claims provisions, Life assurance provision) ;
2ème partie du questionnaire QIS3 : les estimations selon
les différents référentiels Tableau n° 4.2.2
: Exemple de questionnaire pour les contrats en unité de
comptes.
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
ARISKOV-VIE -
CEIOPS QIS3 - 20070625 BS Balance sheets
Summary balance sheet - current bases
|
Assets
|
|
Liabilities
|
Reinsurance
|
01
|
|
|
Basic own funds
|
Investments (detailed below)
|
02
|
|
|
Insurance liabilities
|
Unit linked investments
|
03
|
|
|
Unit linked liabilities
|
Other assets
|
04
|
|
|
Other liabilities
|
Total
|
05
|
0
|
0
|
Total
|
Summary balance sheet - Solvency I valuation principles
|
Assets
|
|
Liabilities
|
Reinsurance
|
11
|
|
|
Basic own funds
|
Investments (detailed below)
|
12
|
|
|
Insurance liabilities
|
Unit linked investments
|
13
|
|
|
Unit linked liabilities
|
Other assets
|
14
|
|
|
Other liabilities
|
Total
|
15
|
0
|
0
|
Total
|
Summary balance sheet - QIS3 valuation principles
|
Assets
|
|
Liabilities
|
Reinsurance
|
21
|
|
|
Basic own funds
|
|
22
|
|
|
Risk margin
|
Investments (detailed below)
|
23
|
|
|
Insurance liabilities
|
Unit linked investments
|
24
|
|
|
Unit linked liabilities
|
Other assets
|
25
|
|
|
Other liabilities
|
Total
|
26
|
0
|
0
|
Total
|
Investments
|
Current bases
|
Solv. I bases
|
QIS3 bases
|
Total
|
40
|
0
|
0
|
0
|
Lands and buildings
|
41
|
|
|
|
Investments in affiliated and participating interests
|
42
|
|
|
|
Bonds
|
43
|
|
|
|
Equities
|
44
|
|
|
|
Other
|
45
|
|
|
|
Il faut ensuite fournir, les éléments de la
balance en brute et en nette de réassurances selon les différents
référentiels : Actuel de l'entreprise, Solvency I et Solvency II
(à l'étape QIS3). Les informations sur les différents
placements (actions, obligations, immobilier et autres) selon ces
différents référentiels constituent la dernière
partie des données à fournir..
Ci-dessus un triangle de développement des paiements
cumulés pour sinistres survenus au cours des 9 dernières
années dans la compagnie Ariskov non-vie.
Tableau n° 4.2.3 : Tableau de cadence de
développement des charges pour sinistres payés
Origine Développement
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
|
- 71 -
|
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
1
2
3
4
5
6
7
8
9
|
1
885805 1239586 947633 900700 1349258 1079945 1304278 988284
1067190
|
2
1119989 1218504 988827 1240543 1307535 1258252 1278119
999893
|
3
1008069 1068023 1030810 1206514 1209003 1164358 1278465
|
4
978466 1104742 1012819 1171389 1106794 1109846
|
5
983364 1104431 993583 1131415 1017322
|
6
1001186 1091731 996562 1161108
|
7
983431 1000143 924483
|
8
980958 990057
|
9
988382
|
Pour Ariskov vie dont l'activité est essentiellement
constituée d'assurance pour la vie (les garanties rentes et arrêt
de travail) ; nous avons constituée un portefeuille de 1000 actifs
constitué de 20% d'actions et 80% d'obligations. En fait, l'assureur
Ariskov vie, reçoit des souscriptions pour des contrats vie en euro
à prime unique de 350 € d'une durée de 9 ans au taux
technique de 4% sans possibilité de rachat avant terme.
Une fois les Best Estimate calculés, nous utilisons les
proxies38 pour déterminer les marges de risque afin d'obtenir
les provisions techniques. (Nous utilisons les 5% compte tenue de la valeur du
chiffre d'affaire de nos compagnies. Dans le référentiel Solvency
I la valeur des actifs est constituée par celle comptable ; dans
Solvency II, il nous faut capitaliser cette valeur.
PARAGRAPHE 2 : Synthèse de quelques
résultats
Nous présentons ci-dessus une synthèse des
résultats obtenus à l'aide des logiciels (MATLAB, SAS, PM'EXPERT
TM et autres39 ).
En assurance vie :
Le schéma n°4.2.1 montre les résultats
obtenus pour les différents postes du bilan de Ariskov vie. A partir de
ces résultats, nous avons calculés les ratios dont nous avons
consignés ces résultats dans le tableau n° 4.2.3. Ensuite,
nous avons calculés les écarts relatifs en fonction des
différentes méthodes. Les résultats sont consignés
dans le tableau n°4.2.4
En assurance non-vie :
Le schéma n°4.2.2 expose les résultats obtenus
pour les différents postes du bilan de Ariskov non-vie. Comme pour
Ariskov vie, nous avons calculés les ratios et les variations de ces
38 Dans QIS3, il est suggéré
l'utilisation de part (en %) du Best Estimate pour déterminer la marge
de risques en cas de données manquantes ou insuffisante.
39 OSIRIS, Delphi ;
- 72 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
ratios en fonction des différentes méthodes. Les
résultats sont consignés dans les tableaux n° 4.2.3 et
n°4.2.4.
Sur les deux schémas (n° 4.2.3 et n°4.2.4),
on observe une augmentation globale des valeurs de tous les postes du bilan
quand l'on passe du référentiel Solvency I au
référentiel Solvency II. Par exemple à l'actif des bilans,
on remarque qu'il y a une augmentation de la valeur de l'actif quel que soit le
secteur d'activité. Cette croissance peut s'expliquer par l'approche
retenue : passé d'une valeur comptable à une valeur de
marché (Market consistent) fait augmenter naturellement les
valeurs: pour le secteur vie, on passe d'une valeur comptable de 427.000
à une valeur40 de marché de 454.000 ; et dans le
secteur non vie, on passe d'une valeur de 1.118.000 à une valeur de
1190.000. De même, la valeur des provisions techniques subit
également une augmentation pour le secteur vie tandis que dans le
secteur non vie on observe une baisse de cette valeur; ce qu'on peut expliquer
aussi par le cadre de calcul. Non seulement la meilleure estimation (Best
Estimate) est actualisée, mais également une valorisation
économique (en fair value) peut expliquer cette variation. La
marge de risque (Risk Margin) liée aux provisions techniques peut
constituer également une explication, en ce sens les risques de
souscription sont mieux identifiés et donc le provisionnement pour
sinistres en a subit un coup et devient plus objective; notamment pour le
secteur vie. Il faut aussi remarquer que les valeurs des marges de
solvabilités requises ne sont pas restées en marge de cette
augmentation : si en assurance vie elles ont augmentées d'environ de
moitié (54.000 à 75.000 environ), elles ont doublées voire
presque triplées (114.000 à plus de 282.000), en assurance
non-vie (54.000 à 75.000 environ). Par ailleurs, le tableau n°
4.2.3 met en évidence des situations globalement solvables pour les
compagnies Ariskov vie et Ariskov non-vie: tous les ratios de couvertures de
marges ont une valeur supérieure à l'unité. Mais plus
critique encore, on observe une diminution globale de ces ratios quel que soit
le secteur d'activité et l'approche calculatoire mise en oeuvre, en
passant de Solvency I à Solvency II. Cette diminution peut s'expliquer
par la prise en compte de risque largement ignorés par Solvency I.:
résultats normaux. En effet, les marges de solvabilités requises,
qui constituent le dénominateur de ces ratios, ont toutes
augmenté tandis que les marges de solvabilités constituées
n'ont pas extraordinairement augmenté. Ainsi donc, la hausse des valeurs
des marges de solvabilités requises devrait provenir d'une meilleure
prise compte des différents risques et aussi de la baisse globale des
surplus41.
40 Taux d'actualisation de 3,2% et un taux
d'intérêt de placement global d'environ 4% sur les 8 ans
41 Eléments auxiliaires, il s'agit du capital
souscrit et non appelé, les rappels de cotisations, les lettres de
crédit et tout autre engagement reçu par un assureur ou
réassureur. La fixation de leur montant requiert l'approbation
préalable de l'autorité de contrôle.
- 73 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Tableau n° 4.2.3: Ratios de marges de
couverture selon la méthode et le secteur d'activité
Méthodes
|
Assurance vie
|
Assurance non-vie
|
Formule standard
|
Av= 142%
|
Bv= 123,54 %
|
Anv= 208,9 %
|
Bnv= 123,3 1%
|
Modèle interne
|
|
Cv= 115,02%
|
|
Cnv= 131,67%
|
Tableau n° 4.2.4: Variation des ratios de
couvertures selon la méthode et le secteur d'activité
Méthodes
|
|
Assurance vie
|
|
Assurance non-vie
|
Formule standard
|
r
1, v =
|
-
BA
v v =
|
-13,77%
|
r =
1, nv
|
-
B A
nv nv =
|
- 40,97%
|
A
v
|
A
nv
|
Modèle interne
|
r
2, v =
|
-
C A
v v =
|
-19,34%
|
r =
2, nv
|
-
C A
nv nv =
|
-36,97%
|
A
v
|
A
nv
|
Cependant, afin de voir le secteur pour lequel cette
diminution est plus observée selon l'approche calculatoire
utilisée, il nous faut donc tenir compte des évolutions relatives
; les différents résultats issus de la comparaison des
évolutions relatives sont résumés dans le tableau
n°4.2.4.
Ce tableau (n° 4.2.4) met en évidence les
évolutions des ratios de couvertures en passant du
référentiel Solvency I à Solvency II. On constate que
r 1, v > r 2,v et r
1, nv < r 2, nv . Autrement dit,
en assurance vie, la baisse de la valeur du ratio de
couverture est plus importante en utilisant un modèle interne qu'en
appliquant la formule standard suggérée dans le QIS 3. A
l'opposé, en assurance non-vie, l'utilisation de cette formule standard
donne une diminution plus importante que le modèle interne. Il a
été donc question pour nous, avant de tirer des conclusions
hâtives, de vérifier la différence significative entre les
écarts relatifs des ratios selon le secteur d'activité. Nous
avons répété les expériences
précédentes en supposant que Ariskov vie et Ariskov non-vie sont
de grandes compagnies disposant chacune de trente filiales. Comparer donc ces
ratios revient donc pour nous, à réaliser les tests
unilatéraux :
Ho,v : r 1, v > r2,v ;
Ho,nv : r1, v <r2, v
H1,v : r 1, v = r 2, v ;
H1,nv : r 1, v = r 2, v
Schéma n°4.2.1 :
Synthèse des résultats en assurance vie (en milliers
d'euros).
Solvency II
Solvency I
Formule standard
Modèle interne
- 74 -
Actif Passif Actif Passif
Réalisé pa tide IKI
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Actif Passif
Valeur comptable de l'actif
427
Surplus 23
EMS
54
Provisions techniques
350
|
Valeur de marché de l'actif
454
|
Surplus
33
|
SCR (FS)
70,4
|
Provisions techniques
373
|
Valeur de marché de l'actif
454
|
Surplus
17,6
|
SCR (MI)
75,6
|
Provisions techniques
360,6
|
Schéma n°4.2.2 :
Synthèse des résultats en assurance non-vie (en milliers
d'euros).
Solvency II
Solvency I
|
Modèle interne
|
Formule standard
|
Actif
|
Passif
|
Actif Passif
|
Actif Passif
Valeur comptable de l'actif
1118
Surplus
124 ,1
EMS
113,9
Provisions techniques
880
|
Valeur de marché
1189,7
|
Surplus 95,7
SCR (FS)
302
|
Provisions techniques
792
|
Valeur de marché
1189,7
|
Surplus 66
SCR (MI)
282,8
|
Provisions techniques
840,9
|
Les statistiques de tests s'écrivent pour les secteurs vie
et non-vie respectivement:
r r
1,
pv
v
2, v -
rr r r
1, (1 1, ) 2, (1 2, )
v v v v
- + -
; 1, 2,
n
n
r r
nv nv
-
p nv =
r r r r
1, (1 1, ) 2, (1 2, )
nv nv nv nv
- + -
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Pour n=30 (filiales), ces statistiques peuvent être
approchées par une loi normale centrée réduite.
On obtient donc pv = 0,4901 et
pnv = -0,2104. Au seuil de risque de 5%, on voit que les
différences entre les variations des ratios de couvertures sont
statistiquement significatives.
SECTION III : Discussions et extensions possibles
PARAGRAPHE 1 : Discussions
- 76 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Les résultats ci-dessus trouvés font appel à
une petite discussion avec d'autres résultats, notamment celui de
Serrant et d'autres résultats à l'échelle
européens.
Serrant (2006) montre que l'utilisation d'un modèle
interne permet de passer d'un ratio de 133 % à un ratio de 108% soit une
baisse absolue de 18,79 par rapport à sa valeur selon Solvency I, tandis
que nous trouvons une baisse de 19,34 % ; toujours est-il qu'il montre que
l'utilisation des modèles internes devrait être un minimum
réglementaire pour chaque entreprise d'assurance qui devra alors
disposer d'un outil favorisant la gestion objective et optimale de
l'adéquation dans le temps et selon divers scénarii
économiques de ses engagements avec sa stratégie
financière42; et que, les efforts du régulateur
devrait plus s'orienter vers la recherche de méthodes communes et
homogènes permettant de contrôler ces modèles internes dans
tous les pays de l'union européenne.
Dans leur analyse et synthèse des principaux
enseignements de la troisième étude quantitative d'impact- QIS 3,
Dreyfuss et Bernay (2007) font remarquer également sur le marché
français une baisse des valeurs de ces ratios. On passe en effet, d'une
valeur de 360 % dans Solvency I en assurance vie à une valeur de 147%
(en ne tenant pas compte des mécanismes d'absorption du risque due aux
participations aux bénéfices futurs) ; en assurance vie cette
baisse est plus alarmante : on passe d'une valeur de 650 % dans Solvency I
à une valeur de 150%. Ils ajoutent que cette baisse est globale sur tout
le marché européen.
Dans les chapitres précédents, nous avons fait
remarquer que, le référentiel Solvency II prend mieux en compte
le risque et permet de diminuer considérablement les ratios de
couverture. De plus nous avons noté que la différence majeure
entre la formule standard et les modèles internes réside dans le
bonus de diversification des risques ; le SST, un système de
solvabilité auquel nous avons fait référence très
souvent le long de ce mémoire et, qui est plus orienté vers les
modèles internes, montrait une valeur de (-50%) en assurance vie contre
de (- 25%) en assurance non vie pour la part du risque de diversification dans
l'ensemble des risques auxquels sont exposées les compagnies
d'assurance. Selon les résultats de QIS 3, cette part de diversification
se situe entre 40% et 60%, mais ne dépasse pas les 20% en assurance
non-vie. Cet écart de la part de diversification des risques est
fonction de la structure de dépendance entre les différents
risques considérés, et d'agrégation en agrégation,
on gagne en marge ; Il faut cependant noter que, pour prêter les termes
de Marie-Jeanne (2006), dans un monde dominé par
42 Allocation stratégique, politique de
participation aux bénéfices, ...
- 77 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
l'incertitude ( risque de volatilité et incertitude
systémique43), la diversification ne devrait pas être
hasardeuse car elle risquerait d'entrainer à des situations
d'insolvabilité-comme le montre d'ailleurs l'histoire assez instructive
de l'assurance aux Etats-Unis44.
Au vu de ces différents résultats, il est
important d'adapter chaque approche calculatoire selon chaque secteur
d'activité dans la détermination des exigences de capitaux, ou au
moins le SCR. Le CEIOPS devrait orienter voire privilégier chaque type
d'approche en fonction secteur d'activité de l'entreprise. Il est de
l'avantage de toutes les parties prenantes.
D'abord, le CEIOPS doit favoriser ou encourager l'utilisation
des modèles internes pour le secteur vie (et non les proposer comme
alternative comme cela est demandé dans le QIS 3 et le QIS 4) ; car
devrons-nous le rappeler, la gestion des risques d'assurance vie
nécessite une plus grande attention parce que les engagements sont de
longues durées (plus de 20 ans parfois) et il faudra tenir compte de
l'adéquation Actif-Passif. Pour le secteur non-vie, les calibrages ou
les données de la matrice de corrélation estimée à
partir des données de marché, la formule standard actuellement
suggérée semble plus adapter que les modèles et
faciliterait les contrôles dans ce secteur. Pour les secteurs mixtes
(comme en France), les branches d'activités à
développements longs (comme les branches Construction ou Santé)
devront être séparées des autres branches courts et traiter
comme proposer précédemment. Enfin, le CEIOPS devra plus
concentrer ces efforts vers la recherche de méthodes communes et
homogènes permettant de contrôler ces modèles internes dans
tous les pays de l'union européenne pour le secteur vie.
Pour les assureurs, en assurance non-vie, ils devront chercher
à mieux comprendre la formule suggérée par le CEIOPS en
étudiant toutes les variantes possibles, notamment en réalisant
par exemple pour le calcul de la marge de risque les méthodes
proposées (coût du capital ou utilisation des proxies) afin d'en
faire une comparaison et de formuler au régulateur son avis. Pour ceux
du secteur vie, le but devra être la recherche d'amélioration des
outils de gestion interne ; aussi bien les modèles de risque ALM que
ceux des risques de provisionnement ou de programmes de réassurances.
Toutes ces améliorations devront mieux tenir compte des risques
présentés par Solvency II de concert avec les
mécanismes.
43 Qui est un aspect de connaissance, donc liée
au jugement d'expert et qui se traite par la consolidation et la
spécialisation.
44 Exemple d'assureurs : Ina, Continental, Reliance,
Royal Globe, Commercial Union,...
- 78 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
PARAGRAPHE 2: Limites et extensions possibles
Dans Solvency II, la marge de solvabilité actuelle sera
remplacée par deux exigences de capital, le MCR et le SCR. Le SCR dont
nous venons de discuter l'approche calculatoire à retenir en fonction de
chaque secteur d'activité, est fondé sur une évaluation
fine des risques de l'assureur, et se veut significatif sans être
très élevé pour les petits assureurs ayant des risques
limités, ni pénalisant pour ceux qui sont
spécialisés et donc ne bénéficient pas
réellement des bonus de diversification. Une chose est sûre
aujourd'hui, c'est qu'il faut inculquer la culture du risque à tous les
niveaux de l'entreprise. Nous avons montré que l'utilisation d'un
modèle interne est plus pertinente en assurance vie qu'en assurance
non-vie. Cependant, cet exercice a été réalisé dans
un cadre très restreint qui nécessite une extension afin de
vérifier la robustesse de notre hypothèse. En effet, nous n'avons
pas pris en compte tous les risques auxquels sont exposés nos assureurs.
Et cela n'est pas le véritable problème c'est surtout certaines
catégories de risques que nous n'avons pas considéré qui
pourrait changer le sens de nos résultats. En effet, les risques de
souscriptions non vie liés aux catastrophes naturelles (les
phénomènes sismiques comme le tremblement de terre en France juin
dernier ou même les inondations, les ouragans, les typhons, ...) n'ont
pas été pris en compte ; alors que la fréquence de ces
événements, ces deux dernières décennies, s'est
accrue. La prise en compte de cette augmentation de fréquence devrait
augmenter les provisions et en même temps faire évoluer la marge
de solvabilité, mais tout dépendra de la proportion dans laquelle
les deux évolueront. Nous avons également traité
uniquement, pour le risque de marché, les sous risques liés aux
actions et obligations sans des possibilités de sorties de contrats (par
rachats de contrats ou par décès) en assurance vie par exemple et
dans un contexte de marché complet. Alors que toutes restrictions sont
très théoriques et ne traduisent pas forcément la
réalité. Pour prêter les termes de Le Moine et Kaltwasser
(2006), une étude en marché incomplet avec des
possibilités de rachats pourrait se révéler plus parlante.
En effet, déjà en marché complet, on connaît la
grande dépendance qu'il y a entre valeur du passif et actifs
présents dans le portefeuille. Ces actifs interviennent dans les outils
de couverture-comme la marge de solvabilité par exemple-, mais aussi
dans le calcul de la probabilité risque neutre. Cette dernière
étant supposée constante en marché complet,
c'est-à-dire que la seule information sur la valeur des actifs à
une date quelconque suffit pour mesurer sa valeur pour tout le reste du temps
(pour l'état du monde). Alors que dans le secteur de l'assurance, il
n'est pas possible de décrire tous les états du monde en fonction
des seuls actifs : l'aléa sur la vie et le comportement des
assurés (sortie de contrats par rachats ou décès) n'est
pas
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
nécessairement lié45 à la
dynamique des marchés financiers. L'hypothèse de marché
complet se trouve donc compromise. Avant de trancher sur la pertinence d'un
approche calculatoire donnée, il nous faut tenir compte de ce fait.
Nous avons également considéré qu'il
n'existait pas de supplément de volatilité dans les portefeuilles
d'actifs concentrés (actions et obligations) ni de variation de spread
de crédits au- delà de la courbe des taux sans risques ; ce qui
suppose l'absence de risque de concentration et de risque de spreads alors que
l'été 2007 a été marqué par la crise des
subprimes dans le secteur de l'immobilier aux Etats-Unis et la hausse continue
du prix du pétrole - deux facteurs qui ont eu beaucoup d'impacts sur les
cours des devises internationales (notamment le dollar et l'euro)- La prise en
compte de ces éléments, surtout pour le secteur vie devrait
apporter plus d'éléments quant à la pertinence d'une
approche calculatoire.
Nous n'avons pas pris en compte les risques
opérationnels, qui bien que négligeables, ne sont pas nuls. Et
dans les grands groupes-multinationales par exemple, ils peuvent se
révéler très importants. Voila autant de
possibilités et d'éléments qu'on pourrait explorer afin de
rendre cet exercice plus pertinent et robuste.
45 La mortalité n'est pas
corrélée avec les évolutions des marchés
financiers
- 80 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
CONCLUSION
Paul Valéry disait : « Ce qui est simpliste
est toujours faux, ce qui est complexe est inutilisable ». C'est la
réalité de deux référentiels de solvabilités
règlementaires -Solvency I et Solvency II ; l'un, Solvency II en projet,
juger trop complexe par les uns, dont Rochet (2006) qui recommande de mettre
l'accent sur la simplicité des règles et l'indépendance
des contrôles ; et l'autre, Solvency I actuellement utilisé, qui
est considéré comme trop simpliste par les autres dont Picard et
Pinquet (2006), qui mettent l'accent sur les mesures de risques
utilisés.
Nous venons de vérifier la pertinence des approches
calculatoires pour les exigences de capital selon différents secteurs
d'activité de l'assurance. Nous avons dans un premier montré le
système Solvency II visait à améliorer Solvency I. Nous
avons au passage noté que ces deux projets visent une meilleure
couverture des véritables risques d'une compagnie d'assurance. Et que,
la différence majeure entre Solvency I et Solvency II réside dans
le fait que la marge de solvabilité sera dépendante du niveau de
risque de la société. Et surtout que Solvency II prend mieux en
compte l'exposition aux risques ; ces derniers donnant sens à
l'activité même de l'assurance. Solvency II reposant sur des
piliers, nous avons ensuite discuté des approches calculatoires qui
permettent la détermination des niveaux d'exigences
évoqués au Pilier 1. Ce qui nous a amené à discuter
des avantages et insuffisances de chaque approche selon le secteur
d'activité. Au-delà de quelques spécificités
propres à chaque approche, le bonus de diversification a
constitué la différence fondamentale entre ces deux approches. A
l'aide de l'évolution des ratios de couverture de marges, nous avons
montré que la formule standard suggérée lors de la
troisième étude quantitative d'impact est bien adaptée
à l'assurance non-vie. Et qu'à l'opposé, l'utilisation
d'un modèle interne est plus pertinente en assurance vie qu'en assurance
non-vie. Les données des entreprises fictives Ariskov vie et Ariskov
non-vie nous ont permis de valider ces hypothèses. Cependant, par mesure
de simplification d'ordre technique, nous n'avons pas pris en compte tous les
risques notamment les risques de crédit ni les risques
opérationnels qui ne sont pas nuls. Par ailleurs, pour les risques de
marché, nous n'avons considéré que les risques actions et
les risques de taux sans prendre en compte les possibilités de rachats
avant échéance qui constituent pour l'assurance vie un facteur
important dans sa solvabilité. Une étude plus globale prenant en
compte tous les risques que nous avons présentés dans ce
mémoire permettrait de vérifier la robustesse de notre
hypothèse.
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
BIBLIOGRAPHIE
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Boulanger, F. (2006), » Avanssur », Groupe AXA 163-167;
> Brass, T. (1971),» Another look at the logit
transformation of the survivorship function»; > Carpenter, G.
(2007),» Internal Models-A Winning Solution for Solvency
II»;
> Denuit, M. et Delwarde, A. (2005), »Principes
fondamentaux de la théorie du risque»,
Mathématiques de l'assurance non-vie tome 1: chapitre 5
;
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intervalle de confiance de réserves IBNR», ULP Strasbourg ;
> Dreyfuss, M. et Bernay, A. (2007), » Principaux
enseignements de la 3ème étude quantitative d'impact »
Département Etude et Suivi du Marché-ACAM ;
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Méthodes de Monte-Carlo», note de cours, ENSAI ;
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doit pas pénaliser l'investissement en actions », Risques
n°66 ;
> Flor, G. (2006), » Solvabilité II : De la
3ème à la 4ème étude quantitative d'impact
», ACAM ;
> Guibert, N. et Denis H. (2006), »
Solvabilité II : Quels enjeux pour le contrôle prudentiel
?», Risques n°66 ;
> Koller, M. (2006), » Solvabilité II : Quo
vadis ? », Risques n°66 ;
> Hurlin, C. (2007-2008), «Econométrie pour la
Finance : Modèles ARCH/GARCH et Applications à la VaR
»; note de cours, université d'Orléans ;
> Le Moine, P. et Kaltwasser, P. (2006), »
Modèles de Risques et Solvabilité en assurance Vie
», Commission de Contrôle des Assurances, des Mutuelles et des
Institutions de Prévoyance ;
> Mack, T. (1993),» Measuring the variability of
Chain Ladder reserve estimates» Forum Spring 1994, vol. 1,
pp.101-182.
> Mueller, H. et Creedon, J. (April 2008),» Insurance
Seminar on Economic Capital- International Developments»;
> Picard, P. et Pinquet, J. (2006), » Régulations
des banques et des assurances : vraies et fausses analogies.», Risques
n°66 ;
> Rochet, J. (2006), » Quelles normes de
solvabilité pour les sociétés d'assurances ?»,
Risques n°66;
> Roncalli, T. (2001), «Théorie des Valeurs
Extrêmes ou Modélisation des Evénements
- 82 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Rares pour la Gestion des Risques »; note de cours,
Université Paris IX Dauphine; > Serrant, E. (2006), »
Solvabilité II : Questions et enjeux», Risques
n°66;
> Skjødt, P. (2006) : » Définir les
règles de solvabilité du futur », Risques n°66 ;
> Vincensini, C. (2006), » Solvabilité II : Dernières
Orientations », Risques n°66.
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS i
RESUME ii
CHAPITRE INTRODUCTIF 1
CHAPITRE I : SOLVENCY II : UNE AMELIORATION DE SOLVENCY I A
TRAVERS UNE MEILLEURE
PRISE EN COMPTE DE L'EXPOSITION AUX RISQUES 6
SECTION I : SOLVENCY II : OBJECTIF OU CRITERE DE QUALITE 6
PARAGRAPHE I : SOLVENCY I : UN PEU D'HISTOIRE 6
PARAGRAPHE II : SOLVENCY II : OBJECTIF OU CRITERE DE QUALITE 8
SECTION II : APPRECIATION DES RISQUES : DIFFERENCE AVEC SOLVENCY
I 13
PARAGRAPHE I : DIFFERENTS TYPES DE RISQUES 13
PARAGRAPHE II : QU'Y A-T-IL DANS SOLVENCY II ET QUI N'A PAS ETE
PRIS EN COMPTE DANS
SOLVENCY I ? 15
CHAPITRE II : MODELE INTERNE VERSUS FORMULE STANDARD 20
SECTION I : LA FORMULE STANDARD ACTUELLEMENT TESTEE ET LES
MODELES INTERNES 20
PARAGRAPHE I : LA FORMULE STANDARD ACTUELLEMENT TESTEE 20
PARAGRAPHE II : LES MODELES INTERNES 24
SECTION II : FAUT-IL PREFERER UN MODELE INTERNE A LA FORMULE
STANDARD ? 29
PARAGRAPHE I : COMPARAISON DES DEUX APPROCHES 29
PARAGRAPHE II : SYNTHESE DE LA COMPARAISON 31
CHAPITRE III : MODELE INTERNE PLUS PERTINENT EN ASSURANCE VIE
QU'EN ASSURANCE NON-
VIE 33
SECTION I : DIFFERENCE OU SPECIFICITE DES DIFFERENTES BRANCHES
D'ASSURANCES 33
PARAGRAPHE I : LES FAMILLES D'ASSURANCES (BREF APERÇU)
33
PARAGRAPHE II : SPECIFICITE DES RISQUES OU FACTEURS DE RISQUES EN
ASSURANCE NON VIE 35
SECTION II : EN QUOI L'UTILISATION D'UN MODELE INTERNE EST-ELLE
PLUS PERTINENTE EN
ASSURANCE VIE QU'EN ASSURANCE NON-VIE ? 36 PARAGRAPHE I :
COMMENT DOIT SE COMPORTER LA REGLEMENTATION SELON CHAQUE
TYPE D'ASSURANCE ? 36 PARAGRAPHE II : LES MODELES INTERNES NE
SONT-ILS PAS PLUS APPROPRIES EN VIE QU'EN
NON VIE ? 36
CHAPITRE IV : IMPACT DE L'UTILISATION D'UN MODELE INTERNE SUR LA
VALORISATION DU
BILAN EN ASSURANCE NON-VIE 38
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
SECTION I : APPROCHE METHODOLOGIQUE ET DONNEES UTILISEES 38
PARAGRAPHE I : DEMARCHE METHODOLOGIQUE ADOPTEE 38
1 ) TECHNIQUES DE SIMULATIONS 43
2 ) MESURE DU RISQUE 44
3 ) SYNTHESE SUR LES METHODES UTILISEES 47
PARAGRAPHE II : MODELISATION DES ELEMENTS DU BILAN ET CALCUL
DES MARGES DE
SOLVABILITES 60
SECTION II : DONNEES UTILISEES ET QUELQUES RESULTATS 65
PARAGRAPHE I : LES DONNEES UTILISEES 65
PARAGRAPHE II : SYNTHESE DE QUELQUES RESULTATS 67
SECTION III : DISCUSSIONS ET EXTENSIONS POSSIBLES 72
PARAGRAPHE I : DISCUSSIONS 72
PARAGRAPHE II : LIMITES ET EXTENSIONS POSSIBLES 74
CONCLUSION 76
BIBLIOGRAPHIE 77
TABLE DES MATIERES 78
ANNEXES 80
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
LES ANNEXES
ANNEXE N°1 : Petit développement et rappels
sur certaines méthodes utilisées dans ce mémoire.
Bref aperçu sur les copules
Une copule est une fonction de répartition
multivariée C définie sur l'hypercube
[0;1]n =[0;1]x[0;1]x... x[0;1] et dont les
marginales sont uniformes sur [0;1]. En d'autres termes, c'est une fonction
liant les lois marginales afin de former une loi multivariée.
Le théorème de Sklar [1959] stipule que :
Pour une fonction F de répartition n-dimensionnelle avec
des marges F1,... ,Fn ; alors il existe une n-copule C telle que
pour tout vecteur X de Rn, on a :
F(X1,...,X n
)=C(F1(X1),....,F1(X1)).
Il en existe plusieurs types : Gaussienne, Weibull,
Fréchet, Archimédienne,.... Nous ne présentons pas dans ce
mémoire les copules gaussiennes et de Student, dites copules
elliptiques. Elles sont en effet moins bien adaptées en assurance car
elles s'appliquent à des distributions symétriques. Pour en
savoir d'avantage, une présentation en a été faite dans
Roncalli [2001]. Nous nous intéressons aux copules
archimédiennes. Les copules archimédiennes ont le grand avantage
de décrire des structures de dépendance très diverses dont
notamment les dépendances dites asymétriques, où les
coefficients de queue inférieure et de queue supérieure
diffèrent.
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Pour ( une fonction convexe continue, strictement
décroissante de [0;1] sur R+ telle que ((1) = 0 et ((0) = CX, une copule
archimédienne stricte est définie par la relation :
C(u,v) ? ? ( u )
? ( v ) .
= +
- 1 ( )
( est appelé générateur strict de C. Il
existe également plusieurs familles de copules archimédiennes :
Gumbel, Franck et Clayton ; celle qui nous intéresse est la copule de
Gumbel. Elle est définie par :
C(u,v) exp ( ln u ) ( ln
v ) á .
( )
1/
- + -
á á
= -avec ( u ) ( ln u ) á ; 1
? = - á =
a mesure le degré de dépendance entre les
variable, et notamment ici les différents risques. L'avantage de la
copule de Gumbel est que, bien qu'elle n'appréhende que des
dépendances positives, elle possède la caractéristique de
pouvoir représenter des risques dont la structure de dépendance
est plus accentuée sur la queue supérieure. Elle est à ce
titre particulièrement adaptée en assurance et en finance pour
étudier l'impact de la survenance d'événements de forte
intensité sur la dépendance entre branches d'assurance ou actifs
financiers.
Rappels sur quelques lois usuelles :
+ La loi normale :
Soit X une variable aléatoire donnée
définie sur |R. On dit que X suit une loi normale, notée N (p,
ó2), de moyenne p et de variance ó2, si et
seulement si sa
fonction de densité est de la forme :
1
fx e ( ) = ó 2 ð
1 x - ì
2 ó
+ La loi lognormale :
Soit Y une variable aléatoire donnée
définie sur |R. On dit que Y suit une loi log- normale, notée
LN (m, s2), de moyenne m et de variance s2, si lnY suit
une loi
normale N (p, ó2) avec les relations :
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
ó 2 s 2
s 2 = ln 1 et m ln( ) ln désigne la fonction
logarithme népérien.
+ = -
ì
ì 2 2
+ La loi logit:
Soit Z une variable aléatoire donnée compris entre
0 et 1; Z suit une loi Logit si et seulement si sa fonction de densité a
une expression de la forme :
Remarque :
Les lois normales et log-normales sont très
utilisées dans les modélisations des risques. En effet, le Swiss
Solvency Test suggère d'utiliser la loi normale et celle log-normale
pour la modélisation des provisions techniques non-vie notamment pour la
branche santé, il recommande l'utilisation de la loi normale à
cause de sa queue de distribution courte et la loi log normale pour les autres
branches non-vie. Par ailleurs la modélisation des actifs financiers se
base sur l'hypothèse de rendements normaux. La loi Logit est très
utilisée en modélisation vie, surtout le risque de
mortalité. En effet la loi Logit permet de passer d'un quotient de
mortalité contraint, c'est-à-dire compris entre 0 et 1, à
une distribution non contrainte et étendu sur |R.
2) Le calcul de la provision mathématique
déterministe : les rentes de conjoint, d'éduction et celles
liées à l'arrêt de travail.
Les rentes de conjoint et d'éducation comme nous
l'avons précisé dans le corps du mémoire, sont
liées aux garanties décès. Elles permettent au
bénéficiaire du contrat de toucher une rente au
décès de l'individu assuré. Il s'agit donc de verser une
rente au conjoint survivant ou aux héritiers. Quant aux rentes
liées à l'arrêt de travail, délivré
exclusivement sur prescription médicale, elles correspondent à
une prestation aux assurées pendant la période d'arrêt de
travail.
+ Les rentes de conjoint et
d'éducation.
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Les formules ci-dessous concernent les PM de rentes à
prime unique, à échoir, d'un montant de 1€ annuel, sans
revalorisation et versées en une fois.
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Remarque :
Il faut noter que les organismes assureurs peuvent
réglementairement utiliser différents types de tables de
mortalité, comme préciser dans le mémoire,
décrivent l'extinction progressive d'une population au cours du temps.
Afin de tenir compte des spécificités de chaque entreprise
relatif à son portefeuille assuré et de rendre les calculs de
provision mathématique plus pertinents, il est préférable
d'utiliser les tables d'expérience plutôt que celles
réglementaires.
+ L'arrêt de travail
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
ANNEXE N°2: Compte de résultat
technique vie
- 91 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Tableau n°1: Compte de résultat
technique vie
|
Opérations brutes
|
Cessions et
rétrocessions
|
Cotisation acquises
|
|
|
Produits des placements
|
|
|
Revenus des placements
|
|
|
Autres produits des placements
|
|
|
Ajustements ACAV (plus values)
|
|
|
Autres produits techniques
|
|
|
Charge des sinistres
|
|
|
Prestations et frais payés
|
|
|
Charge des provisions pour sinistres
|
|
|
Charge des provisions d'assurance vie et autres
provisions techniques
|
|
|
Provisions d'assurance vie
|
|
|
Provisions pour opérations en unités de compte
|
|
|
Provision pour égalisation
|
|
|
Autres provisions techniques
|
|
|
Participation aux résultats
|
|
|
Frais d'acquisition et d'administration
|
|
|
Frais d'acquisition
|
|
|
Frais d'administration
|
|
|
Commissions reçues des réassureurs
|
|
|
Charge des placements
|
|
|
Frais de gestion interne et externe des placements et
intérêts
|
|
|
Autres charges des placements
|
|
|
Pertes provenant de la réalisation des placements
|
|
|
Ajustements ACAV (moins values)
|
|
|
Autres charges techniques
|
|
|
Produits des placements transférés au
compte non-technique
|
|
|
Résultat technique des opérations
Vie
|
|
|
|