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Application des methodes d'évaluation de rendements agricoles à l'aide des images NDVI

( Télécharger le fichier original )
par Mourima Mai Moussa
Centre régional Agrhymet de Niamey-NIGER - Rapport de consultation 2005
  

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III TACHES SPECIFIQUES DU CONSULTANT ET RESULTATS ATTENDUS

3.1. Méthodes S.Groten et F.Maselli d'estimation des rendements

agricoles

3.1.1. Introduction

Tucker (1979) fut l'un des premiers à examiner les relations entre le NDVI développé dés le début des années 1970 et les paramètres biophysiques de couverts végétaux tels que la biomasse sèche, verte (photosynthétique), brune ( sénescente),etc. De nombreuses études par la suite ont été basées sur les capacités des indices de végétation à prédire la production agricole et le rendement.

L'utilisation des données NOAA- AVHRR NDVI pour la prévision des récoltes, a une importance particulière dans les régions semi-arides où les fluctuations inter annuelles de rendement dues aux caprices météorologiques sont fortes.

Ainsi, l'ITC et Le CESIA à travers S.GROTEN et F.MASELLI ont mis en place des méthodes opérationnelles pour le traitement des données NDVI visant le contrôle de l'environnement et plus spécifiquement à l'évaluation et la prévision des rendements des récoltes dans les régions du Sahel. Les deux méthodologies se basent sur le même principe. Il s'agit de s'appuyer sur des études expérimentales pour chercher une relation utilisant les données satellitaires et la pluviométrie ou le rendement afin de travailler de façon opérationnelle pour la prévision des rendements agricole à l'échelle des entités administratives pour lesquelles les données de rendement des années antérieures existent. Nous utiliserons d'une part pour la méthode de S. Groten la valeur de l'indice de végétation maximum estimée pendant la troisième décade d'Août et le cumul pluviométrique à la première décade d'Août, et d'autre part pour la méthode de F.Maselli le NDVI maximum relevé en fin septembre et le cumul pluviométrique à la fin de la première décade de septembre.

3.1.2. Présentation et caractérisation de la zone d'étude
· Le Sénégal

Situé entre 12° et 16° 30 de latitude nord et 11°3 et 17° 30 de longitude ouest, le
Sénégal couvre une superficie de 196 722 km2. Il est limité au Nord par la Mauritanie,

à l'Est par le Mali, au Sud par la Guinée Bissau et la Guinée Conakry et à l'Ouest par l'Océan Atlantique.

Le climat est soudano sahélien de type semi-aride tropical avec une amplitude de température relativement peu importante, et des températures moyennes comprises entre 20° C de novembre à avril et 35°C de mai à octobre. Le régime climatique du Sénégal est caractérisé par l'existence de deux saisons : une saison chaude et pluvieuse (hivernage) marquée par la circulation de mousson de juin à octobre, et une saison sèche durant laquelle soufflent les alizés continentaux.

La pluviométrie a baissé de façon significative depuis les six dernières années. Elle varie fortement d'une région à une autre, passant de plus de 1000 mm/an dans le Sud à moins de 300 mm dans le Nord.

La Végétation évolue du Nord au Sud en suivant le gradient pluviométrique. Selon les zones, on distingue :

- les steppes arbustives et les steppes arborées du domaine sahélien ;

- les savanes arbustives et savanes arborées appartenant au domaine sahélosoudanien;

- les forêts claires caractéristiques du domaine guinéen ;

- les forêts du domaine guinéen.

Le Sénégal est subdivisé en trente cinq départements administratifs comprenant une variété de paysages (figure n°1)


· Le Burkina faso

Le Burkina Faso est un pays sahélien enclavé d'Afrique de l'Ouest, sa superficie est de 274 000 km2. Il est encadré, au Nord et à l'Ouest par le Mali ; à l'Est par le Niger ; au Sud, ses frontières longent le Bénin, le Togo, le Ghana et la Côte d'Ivoire. Le climat du pays est chaud et sec, les pluies sont rares et mal réparties (350 mm au nord contre 1000 mm au sud-ouest). La flore Burkinabé est riche de plus d'un million d'espèces réparties en deux sous ensemble principaux : la fore sèche saharienne et sahélienne (la steppe) et la flore soudanienne (la savane). Il faut aussi noter une flore guinéenne le long des cours d'eau (FONTES et GINKO, 1995).

Le pays est subdivisé en une trentaine de provinces avec une variété de paysages (figure 2)

Figure n°1 : La zone d'étude du Sénégal divisée en trente cinq départements

Figure n°2 : La zone d'étude du Burkina Faso divisée en trente provinces

9

3.1.3. Méthodologie
3.1.3.1. Les outils utilisés

Les logiciels qui ont été utilisés sont :

· Le logiciel WINDISP3.5 pour l'extraction des valeurs d'indice de végétation NDVI pour les différentes zones d'études.

· Le logiciel SURFER qui a servi à l'interpolation et la spatialisation des données ;

· Le logiciel IDRISI3.2 et ARCVIEW3.2 pour l'établissement et la finalisation des différentes cartes ;

· Le logiciel EXCEL qui a servi aux traitements des données, les divers calculs et la confection des tableaux et graphiques.

3.1.3.2. Données utilisées et sources d'acquisition

Les données de base qui ont été utilisées étaient constituées de :

· Les données GAC (Global Area coverage) d'indice de végétation par la différence normalisée (NDVI) couvrant l'Afrique occidentale provenant de la base des données du Centre Régional pour les années de 1990 à 2002 avec une résolution d'environ 4 km au nadir ;

· Les données LAC (Local Area coverage) couvrant également l'Afrique Occidentale provenant de la base des données du CRA avec une résolution de 1.1 km au nadir pour la période de 1990 à 2002.

· Les données de pluviométrie décadaire de la période 1990 à 2002 pour le Sénégal et le Burkina faso provenant de la base des données du logiciel SPM (Suivi des Pluies par Metéosat) du CRA.

· Les données de rendements proviennent de la base des données TDBASE (Système de Gestion de la Base de données Thématique) du Centre Régional AGRHYMET ;

· Les cartes vectorielles des différentes zones d'études proviennent du Centre Régional AGRHYMET.

3.1.3.4. Rappel sur l'indice de végétation à différence normalisée (NDVI)

Depuis 1973, l'indice de végétation à différence normalisée (NDVI) est utilisé pour étudier la végétation. Son existence est due à la télédétection, ensemble de techniques employées pour acquérir des informations à distance qui fournit les mesures de réflectance ou rayonnement électromagnétique émis ou réfléchi par les corps terrestre dans différentes longueurs d'onde (de 0.4 um à 14 um) effectuées par les satellites à défilement. Plus de 90% de l'information spectrale sur un couvert végétal est contenue dans les bandes rouge du visible ® et proche infra rouge (PIR), d'où leur utilisation pour le calcul des indices de végétation (Baret et Guyot, 1991, repris par Guyot, 1996).

Le NDVI est le rapport de la différence des réflectances des canaux PIR et R sur leur somme :

NDVI= PIR - R / PIR + R

Sa valeur varie de -1 à 1 et n'a pas d'unité. Selon Tucker et al (1981) cités par Hiermaux et al (1986), la valeur de 0.05 est le seuil indiquant une présence minimale de végétation correspondant à 100 kg de matière sèche par hectare avec une couverture de 1 %. Son utilisation est avantageuse, son calcul est simple et sa normalisation réduit les effets d'arrière plan tout en discriminant le spectre de la végétation (Justice, 1986, repris par Djaby, 2000). En effet, selon Hiernaux (1988) cité par Djaby (2000), l'intensité du rayonnement de la matière verte augmente beaucoup dans le rouge(R) à cause de la chlorophylle qui l'absorbe, tandis qu'elle augmente légèrement dans le proche infra rouge (PIR), à cause de la diffusion des radiations par les parois hydratées des cellules foliaires. Il est donc un bon indicateur de la vigueur de la végétation.

Inconvénients de l'interprétation

Le NDVI est sensible :

> A la couleur du sol sous-jacent qui l'affecte ;

> Aux couverts végétaux denses qui saturent l'indice et le rendent insensible aux variations de la quantité de phytomasse verte ;

> Au très bas niveau de la couverture végétale verte qui le rend aussi insensible : 1% est le recouvrement minimal visible par le radiomètre AVHRR de NOAA ;

> Aux conditions atmosphériques telles les nuages, la poussière, la brume, la vapeur d'eau et d'autres aérosols qui diminuent la valeur du NDVI ;

> Aux problèmes liés au capteur qui font que les pixels éloignés du nadir ont une résolution plus basse que celles qui en sont proches, et ceux liés à l'âge du satellite (dérive).

Pour toutes ces raisons, des corrections doivent être appliquées aux données avant leur utilisation.

3.1.3.4. Elimination de l'effet de sol

D'une analyse préliminaire, les images NDVI apparaissent fortement conditionnées par les variations dues aux différents types de sols. Selon Huete et Tuker (1991) les différents types de sols peuvent causer des variations de NDVI de 0.2 dans les zones semi-arides où la couverture végétale est faible.

Le modèle permet la réduction du pourcentage d'influence du sol sur l'NDVI pour chaque pixel. De cette façon, et tenant compte également du traitement particulier auquel ont été soumises les images, les valeurs digitales de chaque pixel doivent être considérées en pratique comme l'expression du seul apport de la végétation.

Le fonctionnement du modèle est schématisé en Figure 3.

Figure N°3 : Schéma du modèle de correction pour l'effet des sols.

NDVIsx = valeur de NDVI d'un pixel pour un type déterminé de sol rapporté à une couverture végétale nulle ;

NDVIc = valeur de NDVI au point où la couverture végétale est nulle ;

NDVIsd = valeur de NDVI avec une couverture végétale nulle et sols clairs.

En pratique un pixel sans végétation peut retomber dans l'intervalle Sd-Sb. Alors que lorsque la végétation recouvre complètement le terrain dans l'un et l'autre cas on atteint le point C du graphique, c'est-à-dire le point au-delà duquel les sols n'ont aucun effet dans le calcul du NDVI. Entre ces deux extrêmes un pixel peut retomber dans le triangle Sd Sb C.

Pour corriger les images il faut enlever à la valeur digitale de chaque pixel le segment Dx qui représente la valeur à imputer à l'effet des sols.

La valeur de NDVI corrigée par l'effet sol est donc :

NDVI = NDVIx - Dx

Où :

NDVI = NDVI corrigé

NDVIx = NDVI des données brutes

Dx = effet des sols

Dx = (1-P)*D représente l'effet sol

Cette méthodologie de correction de l'effet des sols a été appliquée uniquement sur les images NDVI GAC parce que selon son auteur Fabio Maselli pour qu'elle puisse être appliquée aux autres images, il faut un travail préalable de réadaptation.

3.1.3.5. Etalonnage géographique des valeurs NDVI et rendements

Des études récentes ont démontré que la méthode d'étalonnage géographique des valeurs NVDI et des rendements des cultures est très efficace pour dissocier les informations non intéressantes liées à la différence spatiales des ressources (types de végétation, topographie, sol, etc., Kogan 1990, Maselli et al. 1993, Hayes and Decker 1996) qui peuvent influencer l'interprétation des différents résultats.

Pour appliquer cette procédure, nous avons calculé les valeurs moyennes des NDVI pour chaque circonscription (départements pour le Sénégal et provinces pour le Burkina faso) sur les douze années d'études et les résultats ont été utilisés pour estimer les valeurs géographiques standardisées S_NDVI (Maselli et al. 1993) à travers la formule suivante :

S_NDVI= (NDVI - M_NDVI) / SD_NDVI


S_NDVI = NDVI standardisé pour chaque année par circonscription administrative
NDVI=valeur de NDVI maxi pour chaque année par circonscription administrative
M_NDVI = moyen des douze années de NDVI par circonscription (figure 4,5)
SD_NDVI = écart type des NDVI maxi pour les douze années d'études par
circonscription (table 1)

Une formule semblable d'étalonnage a été appliquée pour chaque circonscription pour calculer le rendement standardisé S_YIELD selon :

S_YIELD = (YIELD - M_YIELD) / SD_YIELD


S_YIELD=rendement final standardise par circonscription administrative et par année
YIELD = rendement final par circonscription et par année
M_YIELD=moyen des douze années de rendement par circonscription administrative
SD_YIELD=écart type des rendements pour les douze années par circonscription

Les précipitations ont aussi été soumises au même processus d'étalonnage pour avoir des précipitations standardisées S_PRECI PITATION :

S_PRECIPITATION = (PRECIP - M_PRECIP)/SD_PRECIP

Les valeurs (NDVI et précipitation) utilisées dans ce processus d'étalonnage sont relatives :

· aux valeurs relevées à la fin du mois d'août pour les NDVI maxima et au cumul des précipitations jusqu'à la fin de la première décade d'août (méthode de Susanne GROTEN)

· aux valeurs relevées à la fin du mois de Juillet pour les NDVI maxima et au cumul des précipitations jusqu'à la première décade de Juillet (Méthode de Fabio MASELLI)

Cette procédure a été appliquée aux valeurs NDVI de toutes les circonscriptions (provinces et départements) des différentes zones d'études. Ainsi ces valeurs étalonnées (S_NDVI) ont été comparées aux données collectées (précipitations et rendements) qui ont été également soumises à un processus semblable d'étalonnage à travers les valeurs moyennes multi annuelles et les écart types des NDVI (table N°1).

Figure N°4 : Valeur moyenne des NDVI maxi mesurée en fin Août de 90 à 02 au Burkina

Figure N°5 : Valeur moyenne des NDVI maxi mesurée en fin Août de 90 à 02 au Sénégal

17

Table 1 : Valeur moyennes (M_NDVI) et écart type (SD_NDVI) des valeurs NDVI LAC
mesurées à la fin Août de 1990 à 2002 pour le Sénégal et le Burkina Faso

Burkina Faso

Sénégal

Provinces

SD_NDVI

M_NDVI

Départements

SD_NDVI

M_NDVI

BAM

0.046721004

0.39811057

BAKEL

0.064767391

0.57109649

BAZEGA

0.093790876

0.49616595

BAMBEY

0.037931789

0.37776378

BOUGOURI BA

0.124512044

0.54020115

BIGNONA

7.45058E-09

0.42575

BOULGOU

0.131684304

0.54421206

DAGANA

0.125386114

0.30753667

BOU LKI EMDE

0.005773503

0.42008367

DAKAR

 

0.186305

COMOE

0.128960469

0.52063168

DIOURBEL

0.041049381

0.37066505

GANZOURGOU

0.07369869

0.46682892

FATICK

0.070354253

0.29359992

GNAGNA

0.138129627

0.49228252

FOUNDIOUGN E

0.100759879

0.46069732

GOURMA

0.111858291

0.57169717

GOSSAS

0.063245553

0.40842

HOU ET

0.074996393

0.51303835

KAFFRI N E

0.040535657

0.47495637

KADIOGO

0.116681444

0.4280865

KAOLACK

0.048914948

0.44408304

KENEDOUGOU

0.119696057

0.55904323

KEBEMER

0.101527814

0.33161129

KOSSI

0.002006581

0.46801825

KEDOUGOU

0.087424554

0.55147684

KOURITENGA

0.109663808

0.46164944

KOLDA

0.057231933

0.5807584

MOUHOUN

0.086525293

0.5193552

LINGUERE

0.084899936

0.36273943

NAHOURI

0.078733038

0.49730327

LOUGA

0.05710042

0.2810059

OUBRITENGA

0.09777014

0.45379381

MATAM

0.060607379

0.38499417

OUDALAN

0.023918784

0.35928576

MBACKE

0.054494924

0.38395074

PONI

0.051844721

0.49644772

MBOUR

 

0.394914

SANGUIE

0.003041683

0.43361506

NIORO DU RIP

0.096763046

0.53016644

SANMATENGA

0.016466292

0.39988095

OUSSOUYE

0.153486024

0.41476964

SOUM

6.35388E-09

0.379585

PIKINE

 

0.227806

SOUROU

0.057514453

0.45945384

PODOR

0.067550871

0.30196597

TAPOA

0.072094219

0.52109881

RUFISQUE

0.065800006

0.33870726

YATENGA

0.108430047

0.41957106

SEDHIOU

0.031622777

0.546631

ZOUNDWEOGO

0.132791227

0.55431875

TAMBACOUN DA

0.060383437

0.56995517

 
 
 

THIES

0.042163702

0.365079

 
 
 

TIVAOUANE

0.044789512

0.31438508

 
 
 

VELINGARA

0.071101126

0.61133418

 
 
 

ZIGUINCHOR

0.129992728

0.47002626

 

3.1.3.6. Caractérisation de la zone agricole sur la zone d'étude

Pour caractériser notre zone agricole sur le Sénégal et le Burkina Faso, à l'absence d'une carte d'occupation des sols, nous nous sommes servis des cartes indiquant la longueur moyenne de la saison de l'année 1971 à l'année 2000 d'une part et d'autre part leur variabilité saisonnière et interannuelle des NDVI (Tucker et al 1991). Ainsi sont considérées comme zone agricole, les régions dont la longueur moyenne de la saison pluviales va au moins à quatre vingt dix jours (figure N° 6 et figure N°7) et puis ses zones ne soient pas complètement boisées.

Figure N°6 : Longueur moyenne de la saison pluviale de 1971 à 2000 pour le Sénégal

Figure N°7 : Longueur moyenne de la saison pluviale au Burkina Faso de 1971 à 2000

Ainsi les départements de Podor, Dagana et Louga (sénégal) avec une longueur moyenne saisonnière inférieure à quatre vingt dix jours et les zones de Kedougou et Velingara pour le Sénégal et Comoe, Poni et Bougouriba pour le Burkina Faso, régions boisées ont été exclues de la présente étude.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams