La problématique de la gestion intégrée des ressources en eau en République Démocratique du Congo: Analyse et stratégies( Télécharger le fichier original )par Serge Olivier TSHIBAMBA Université de Kinshasa - Licence 2005 |
« ... Pouvoir accéder à des sources sures et suffisantes est indispensable à la survie, au bien-être et au développement socioéconomique de l'humanité tout entier. Nous continuons pourtant à nous comporter comme si l'eau douce était inépuisable, alors que ce n'est pas le cas. » KOFFI ANNAN, Secrétaire Général des Nations Unies (1996-2006) Dédicace A Dieu Tout Puissant, qui est au-dessus de tout ce qui fut créé ; A mon regretté Grand Père MBUYI-Alexandre TSHAMALA (Mulongeshi) Je dédie ce travail Avant propos Conformément aux dispositions en vigueur régissant l'enseignement supérieur et universitaire au en République Démocratique du Congo, la fin d'études universitaire est sanctionnée par un travail de fin d'études. A l'issue de nos études, nous nous sentons obligé d'exprimer notre gratitude à tous ceux qui nous ont soutenu moralement et matériellement. Nous rendons particulièrement un hommage sincère à tous les professeurs dont le Dévouement et les qualifications intellectuelles étendues nous ont forgé et armé pour la vie. Nous tenons à exprimer notre profonde reconnaissance à Monsieur le Professeur Yvon BONGOY MPEKESA qui, en dépit de ses multiples occupations, a bien voulu assurer la direction de ce travail. Ses conseils et ses suggestions nous ont été bénéfiques dans la mesure où ils nous ont permis de parfaire cette étude. Qu'il daigne trouver ici l'expression de notre profond remerciement. De même notre reconnaissance s'adresse à Madame l'Assistante Marie NYANGE NDAMBO pour son dévouement dans nos différentes recherches. Ses remarques nous ont été profitables pour l'achèvement de ce travail. Enfin, nous sommes heureux de témoigner notre reconnaissance à tous ceux qui, généreusement, nous ont offert leur soutient tant moral, spirituel que financier. Nous pensons particulièrement à Mr Jean-Jacques TSHAMALA, à Me Valery KABAMBA, à Me Tshibain MBUYI et à Mr. BOSCO SIMBI. Que tous nos amis avec qui nous avons cheminé ensemble trouvent ici la marque de sympathie de notre part pour l'amour, l'assistance, la compréhension et la collaboration dont ils ont fait preuve tout au long de ce cursus et nous citons : Isaac MUBIAYI, Dénis MUSHIYA, Déborah MAZAMA, Jascky TSHILUMBA et Honoré KATAMBA. Que nos amis, collègues et connaissances qui, en diverse occasions, ont exprimé leur sympathie à notre égard, trouvent ici la marque de toute notre reconnaissance. Enfin, au-delà de toute chose, que la grâce et la louange soient rendues au Seigneurs Jésus-Christ, l'unique Dieu adorable, pour ce qu'il a fait pour nous. Serge olivier TSHIBAMBA.
INTRODUCTION GENERALE I. PROBLEMATIQUED epuis l'origine de la civilisation, les populations du monde entier vivent en contact étroit avec les zones humides, utilisent leurs ressources naturelles et gèrent l'eau de diverses manières. Cette relation étroite et ancienne a fait naître des structures et des liens culturels forts qui ont évolué selon les dynamiques sociales de chaque siècle. L'eau et les milieux humides façonnent depuis longtemps la vie des êtres humains. Certes, un homme peut vivre environ deux semaines sans manger, mais il ne survivra pas plus d'une semaine sans boire. L'eau est aussi indispensable à la survie quotidienne des hommes que l'air. Mais si l'air est encore gratuit, l'eau, elle, se paie de plus en plus cher1(*). Voilà pourquoi des spécialistes soutiennent que les réductions des réserves d'eaux douces engendreront un nombre croissant de conflits dans les années à venir, car « depuis environ 1000 ans, tous les jeudis midi, un tribunal unique en son genre siège à Valence, en Espagne. Il est chargé de régler les litiges relatifs à l'eau »2(*). Depuis, le problème de l'eau au Proche-Orient n'a cessé d'empirer. Au moins deux éminents dirigeants de cette partie du monde ont affirmé que s'ils déclaraient la guerre à un Etat voisin, ce serait à cause de ce problème. C'est ainsi qu'aujourd'hui, comme jamais auparavant, le volume et la qualité de l'eau douce que recèle notre planète sont menacés. L'eau recouvre environ 71% de la superficie de la planète, représentant un volume de 1400 millions de km3 (hydrosphère). Même si, dans certaines régions favorisées du monde, l'eau semble abondante, il ne faut pas se tromper; environ 97,5 % de l'eau de la planète se trouvent dans les océans, et cette eau-là est donc trop salée pour être bue et utilisée dans l'agriculture ou dans l'industrie. Ainsi, près de 2,5 % seulement de l'eau du globe est constituée de l'eau douce. Cependant, la majeure partie est difficilement accessible3(*). Trop longtemps considéré comme un simple fluide ou un produit chimique, l'eau doit être aujourd'hui envisagée comme une ressource qu'il faut préserver tant en quantité qu'en qualité et en diversité. Mais peu de pays gèrent convenablement cette ressource. Il convient de signaler que dans le monde, le flux des eaux continentales, c'est-à-dire des eaux superficielles et souterraines de l'ensemble des terres émergées, est évalué à 40 000 milliards de m3/an, mais se trouve très inégalement réparti et très irrégulier dans le temps. Les zones arides et semi-arides ne contribuent à ce flux qu'à hauteur de 2%. Moins de 10 pays dans le monde sont parmi ce petit groupe de pays riches en « or bleu » se partageant ainsi près de 60% de ces ressources en km3/an, il s'agit : du Brésil 5 670, de la Russie 3 904, de la Chine 2 880, du Canada 2 850, de l'Indonésie 2 530, des Etats-Unis 2 478, de l'Inde 1 550, de la Colombie 1 112 et de la République Démocratique du Congo (RDC) 1 020.4(*) Si, dans l'ensemble, des visions des orientations stratégiques pour une meilleure gestion et valorisation des ressources en eau sont définies au niveau mondial, voire régional et sous régional, les réponses attendues de la RDC sont encore loin d'être satisfaisantes et pertinentes. Ce constat est plus édifiant en RDC où les progrès accomplis dans ce domaine tant par les organismes sous-régionaux que par les pays voisins ayant en partage commun le fleuve ou le lac, sont encore loin des ambitions et des attentes légitimes de la population. Aussi, la RDC semble s'ériger en goulot d'étranglement de la dynamique actuellement observée en faveur d'une bonne gouvernance des ressources en eau. Près de 90 % de la superficie du pays sont drainés par le fleuve Congo (4 700 Km) qui constitue, avec ses nombreux affluents, un réseau de près de 14 .166 Km de voies navigables. Un chapelet de lacs (du sud au nord : Tanganika, Kivu, Edouard et Albert) forment la frontière Est du pays. Cependant, une seule entreprise publique de distribution de l'eau, la REGIDESO, a reçu mission de produire et de distribuer de l'eau potable dans les zones urbaines. Malgré cela, la RD Congo reste sans politique de la gestion des ressources en eau ; les réserves halieutiques restent sous exploitées et la qualité de l'eau de boisson fournie par sa régie de distribution laisse encore à désirer. Environ, 36 % de la population en RDC utilisent de l'eau de boisson de qualité. La situation est très préoccupante en milieu rural où 16 % seulement de la population utilisent une eau à boire salubre. L`Equateur, le Bandundu, le Kasaï Occidental et le Maniema sont les provinces les plus défavorisées dans ce domaine, avec respectivement 24%, 28 %, 32 % et 33 % seulement de la population qui boivent de l'eau de qualité. La proportion des ménages qui s'approvisionnent en l'eau à moins de 100 mètres est très faible. Dans l'ensemble du pays, 30 % seulement de la population ont l'eau sur place ou à moins de 100 mètres. Les autres provinces doivent parcourir des centaines de mètres, voire de kilomètres pour obtenir de l'eau à boire saine. La différence est importante entre milieu urbain (61%) et milieu rural (16%). 5(*) Toutefois, qu'il s'agisse du temps ou de la distance pour chercher de l'eau potable, 22%, soit près d'un cinquième seulement de la population, a un accès facile à l'eau de boisson de qualité. La différence entre milieu urbain et rural est encore plus criante que pour l'accès à la source d'eau en général. Pour ainsi dire, 95 % de la population rurale du pays n'ont pas un accès facile à l'eau de boisson de qualité. Dans toutes les provinces, 70 à 98 % de la population doivent marcher pendant plus de 15 minutes ou au-delà de 100 mètres pour disposer de l'eau à boire hygiénique. Le fardeau qui pèse sur la femme en milieu rural, qui a la charge de la quête de l'eau, est particulièrement lourd. Aussi, dans la déclaration du millénaire, les Nations Unies ont-elles demandé à tous les Etats membres de « mettre fin à l'exploitation irrationnelle des ressources en eau, en formulant des stratégies de gestion de l'eau aux niveaux régional et local, permettant notamment d'assurer aussi bien un accès équitable qu'un approvisionnement adéquat »6(*). De ce fait, la gestion rationnelle des ressources en eau est devenue une des principales préoccupations de la plupart des gouvernements du monde et de certains organismes privés en vue d'assurer une bonne qualité de vie sur notre planète et un bon développement économique de nos sociétés. Néanmoins, pour espérer s'engager dans la voie du développement durable, la prise en compte du secteur hydrologique s'avère très indispensable en RDC du fait de la place prépondérante qu'occupe ce secteur dans la vie économique non seulement du pays, mais aussi du continent noir dans son ensemble, car à elle seule, la RD Congo occupe près de 35 % des ressources d'eau douce de l'Afrique7(*). Cependant, parmi les freins essentiels à la gestion globale et durable des ressources en eau en RDC, figure l'insuffisance des capacités institutionnelles qui se traduisent par : Ø Un déficit de planification ; Ø Une défaillance des services collectifs de l'eau ; Ø Une forte pression démographique en milieu urbain. De ce qui précède, nous dirons que l'objectif avoué pour cette étude est d'amener la RDC à élargir les processus de décision en termes de gestion et d'allocation de l'eau, afin de les rendre plus transparents et acceptables, en incluant l'ensemble des acteurs concernés (public et privés) et en particulier les usagers. Cet élargissement ne peut se faire sans de nouvelles institutions, fondées sur des principes de démocratie locale ou, pour employer un terme devenu foure-tout, de nouvelles formes de gouvernance. De ce constat, nous nous sommes posé plusieurs questions eu égard aux différentes facettes de la crise de la gestion des ressources en eau en République Démocratique du Congo. Ce faisant, les questions de base auxquelles cette étude entend répondre se posent en ces termes : Ø Quelle est la situation actuelle de la République Démocratique du Congo en matière de la gestion des ressources en eau ? Ø Quelles stratégies et/ou politiques envisager pour une gestion rationnelle des ressources en eau en République Démocratique du Congo et ce, dans une perceptive d'intégration régionale et du développement durable ? * 1 Maneglier (Hervé) : L'histoire de l'eau, du mythe à la pollution, Paris, éd François Massou, 1991, p113 * 2 Paul (Donald), « Les conflits prendront-ils un jour fin ? », in Réveillez-vous, 8 janvier 1995, p. 9 * 3 Johnston, Questions les plus fréquentes à propos de l'eau, Paris, éd Hatier, 2003, p92 * 4Valiron, Gestion des eaux, Principes-Moyens-Structures, Paris, éd Complète, 1984, p43 * 5 USAID-UNICEF-RDC : Enquête nationale sur la situation des enfants et des femmes MICS/2 2001, Rapport d'analyse, UNICEF, Kinshasa, 2002, p30 * 6 PNUD : Rapport Mondial sur le développement humain 2005 (résumé), Pnud, New -York, p 13 * 7 GWP, Atelier de formation sur les outils de la gestion intégrée des ressources en eau, Kinshasa, 21-22 décembre 2005, p2 |
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