L'école géopolitique allemande( Télécharger le fichier original )par abderrahim kourima université hassan II casablanca, faculté de Droit - DESA Relations Internationales 2007 |
Première partie : l'invention de la géopolitique.A) le cadre paradigmatique du XIXème siècle.La géopolitique est l'enfant d'une époque, celle couvrant la seconde moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle. Dans cette seconde moitié du XIXe siècle, le développement des moyens de communication (chemin de fer, bateau à vapeur) réduit les distances, rend accessible la terre entière. Les puissances, mettant à leur service ces techniques, se livrent une course féroce à l'appropriation des espaces. Le scientisme triomphe ; l'homme, ou au moins l'Occidental, est convaincu qu'il est en mesure de tout expliquer, de dégager les lois régissant non seulement la nature mais aussi l'homme lui-même. L'économie, la démographie, la psychologie, la sociologie s'établissent comme sciences. La géopolitique trouve ses sources philosophiques et scientifiques, dans le positivisme (a) et le darwinisme social (b), composantes clé de l'esprit du temps, les sociétés humaines seraient engagées, selon ce dernier courant dans un processus permanent de sélection semblable à celui qui existe entre les espèces animales ; ne survivraient que les plus forts. a) le positivisme du XIXème siècle :Littré écrit dans son Dictionnaire de la langue française (1863-1870) : « Philosophie positive : se dit d'un système philosophique émané de l'ensemble des sciences positives ; Auguste Comte en est le fondateur ; ce philosophe emploie particulièrement cette expression par opposition à philosophie théologique et à philosophie métaphysique. » Pour Comte, la méthode commune aux sciences positives détermine la doctrine positiviste, compte tenu de cette science nouvelle venue qu'est la sociologie. Celle-ci renverse les perspectives de la classification des sciences jusque-là tenues sous l'empire des mathématiques. Parties de la mesure concrète, les mathématiques demeurent la science-modèle du passage du concret à l'abstrait, ce passage étant nécessaire à toute science dans ses données spécifiques. Ce qu'apporte la sociologie, c'est le point de vue social, qui désormais, pour Comte, est incontournable, tout le réel appréhendé par l'esprit humain étant nécessairement social. Notre entendement, en effet, dépend simultanément de l'histoire naturelle et de l'histoire sociale. Ainsi, la philosophie positive obéit à l'ascendant social et, en dernier ressort, il n'y a plus qu'une seule science, humaine ou sociale, « dont notre existence constitue à la fois le principe et le but, et dans laquelle vient naturellement se fondre l'étude rationnelle du monde extérieur, au double titre d'élément nécessaire et de préambule fondamental, également indispensable quant à la méthode et quant à la doctrine » (Discours sur l'esprit positif).2(*)
* 2 Cf. l'article Positivisme de Angèle KREMER-MARIETTI in Encyclopædia Universalis 2004. |
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