Mémoire de maîtrise en sciences de
gestion

Microfinance, développement financier et
coopération internationale au
Sénégal :
Dans quelle mesure le développement financier du
Sénégal à travers la microfinance est-il incontournable
dans le succès de ses stratégies de développement
économique et pour les PME en particulier? Et quel rôle les
agences de coopération internationale y jouent-elles?

Auteur
Mlle GAYE Ndeye-Arame
Chargée d'étude chez AFG
Faculté des sciences économiques et de
gestion
MSG 2 Option International
Université d'AIX-MARSEILLE 2
gndeyearame@yahoo.fr
Remerciements et dédicaces
A mes grands parents
A ma famille
A mes amis
· au Sénégal (Djigo, Binette, Nasse,
Yacine, Thié...),
· en France (Annie, Claudie, Henry, marie, Ibrahima,
Abdou, Salam, Oumy...)
· A Québec (Julie, Daniel, Adam,..)
A mes professeurs
· Au Sénégal (de l'Immaculée
conception, de Dior, du collège LSS, du Lycée LTC),
· En France (Université de la
méditerranée)
· à Québec (UQAR, Lévis)
A toute l'équipe Access Finance gestion,
Sénégal
Je remercie mes parents, qui sont loin mais qui ne cessent de
me soutenir durant toutes ces années.
Je remercie monsieur Babacar Cissé, monsieur Ahmet
Ndiaye et monsieur René Strugala pour leurs conseils et leur
encadrement.
A monsieur Mohammad Yunus (Grameen Bank) qui m'a permis de
découvrir la microfinance.
A mon pays, le Sénégal qui
m'accompagne toujours à travers mes conquêtes.
Sommaire
Introduction
5
Chapitre1
6
L'Afrique Subsaharienne face au
développement financier : pour une meilleure compréhension de la
nécessaire implication de la microfinance
I. Les caractéristiques des banques
classiques dans la zone UEMOA
6
1) L'inadaptation de l'offre de produits et de services
bancaires aux besoins des entreprises
6
2) La faible efficacité de la gestion
bancaire
7
3) L'éloignement physique et psychologique des
institutions financières modernes 7
II. L'impact du secteur informel dans le
système financier classique et dans l'économie
8
1) Le financement informel une innovation
financière pour l'entrepreneur 9
2) Les Caractéristiques socioculturelles de la
finance informelle 12
3) Les Caractéristiques économico
financières : signification du
critère « disponibilité/non
immédiateté » pour l'agent informel
12
III. Le développement financier et la
microfinance : état des lieux dans l'UEMOA
14
1) La différence entre les modèles
conceptuels dédiés au développement financier et de celui
de la microfinance
14
2) L'intérêt de la microfinance au vu des
événements financiers dans l'UEMOA 15
Chapitre 2
17
Le rôle de la coopération
internationale dans le financement des PME par les IMF
I. Quel type d'organisation financière pour le
financement durable des PME Sénégalaises? 17
1. Caractéristiques des PME
sénégalaises : la typologie de leurs besoins face à
la problématique du financement bancaire
17
a. Les besoins financiers des PME
18
b. Les besoins non financiers des PME
18
c. Le paysage bancaire sénégalais :
nature du financement, des garanties et des taux offerts aux PME
19
d. Les critères de financement et les contraintes
des banques et des PME 20
2. Vers une formalisation de la finance
parallèle grâce à des organismes financiers adaptés,
les IMF: le cas d'ACEP, du CMS et de l'UM-PAMECAS
22
a. L'adaptation de l'offre de produits et de services aux
PME 22
b. La performance et l'adéquation de la gestion des
IMF : stratégies organisationnelles et financières
31
c. La proximité physique et psychologique à
travers les agents de crédit 41
II. La microfinance: un outil incontournable de
développement pour les agences de coopération internationale et
un impératif stratégique pour la croissance économique au
Sénégal 47
1. le rôle de la coopération
internationale dans la microfinance
47
a. L'appui financier des bailleurs, une
nécessité pour le financement
des PME et des IMF
47
b. L'appui technique, un préalable au
développement financier, à l'éradication des pratiques
informelles et à une meilleure intervention
50
2. Les stratégies de développement
des PME mises en oeuvre par l'état et ses partenaires
internationaux pour faciliter l'accès aux services financiers
décentralisés 52
a. Les stratégies générales des
institutions publiques
52
b. Les stratégies spécifiques
initiées par les programmes de développement
54
3. les contraintes inhérentes à la
microfinance au Sénégal
56
a. La réglementation, un poids incontestable pour
le renforcement du financement des PME et des IMF
56
b. Les autres faiblesses des IMF
sénégalaises et de leurs clients
58
Chapitre 3
62
Comment améliorer davantage le secteur
financier sénégalais à travers la microfinance pour mieux
établir les bases saines du développement
économique?
I. L'Etat et les agences de coopération
internationale, stabilisateurs des environnements économique et
financier
62
1) Pour une lutte contre la «
rivalité » financière de l'état vis-à-vis
des institutions financières décentralisées et des PME
62
2) Pour une considération plus poussée du
secteur informel
62
3) Pour une incitation fiscale des PME et un
allègement de la réglementation du système financier
décentralisé (SFD)
63
4) Pour une autonomie des structures d'appui
63
5) Pour une orientation des bailleurs de fonds vers les
secteurs porteurs 63
II. Les Banques classiques et les IMF, accompagnateurs
financiers incontournables des PME
64
1) Pour un partenariat entre banques et IMF
64
2) Pour une collaboration entre IMF
65
3) Pour une diversification de l'offre aux PME et un
dépassement du clivage Banque-IMF 65
4) Pour une mise en place d'une centrale des risques
65
5) Pour une réforme supplémentaire de
l'environnement financier Sénégalais
et sous-régional
66
Conclusion
67
Bibliographie
68/69/70
Introduction
Mac Kinnon et Shaw (1973) - avec le développement de la
thèse de la répression financière - estiment que :
« des réformes appropriées du système financier
peuvent promouvoir la croissance économique ». Dans les pays
industrialisés, les banques possèdent une fonction essentielle
dans le financement des activités productives et donc dans la croissance
économique, en redistribuant les fonds collectés sous forme
d'investissement.
Cependant, dans les pays de l'Afrique Subsaharienne comme le
Sénégal, le système financier connaît quelques
écueils empêchant ainsi aux banques de remplir pleinement leur
rôle d'intermédiaires financières.
Elles assurent certes la croissance économique dans les
pays du Nord, mais ne contribuent que faiblement à la réduction
de la pauvreté dans ceux du Sud.
La défaillance du système financier classique
provient du fait que les institutions financières ont été
importées du Nord et qu elles n'ont pas su s'adapter aux
réalités sociale, économique et culturelles. Et celles-ci
sont notables dans les secteur réel et monétaire informels.
Cela a aboutit à la crise bancaire des années
1970 au Sénégal.
L'informel est tout ce qui échappe à
l'économie moderne et qui ne peut être enregistré dans le
Produit Intérieur Brut (PIB). Il constitue un biais à la
croissance et oppose les systèmes financiers classique (banques) et
parallèle (tontines, usuriers...).
On pourrait dire que sa formalisation permettrait une
évolution économique au Sénégal. Mais son
éradication enlèverait à l'économie
Sénégalaise de tout son dynamisme puisque le secteur informel
regorge de pratiques très innovantes pour l'entrepreneur.
Comment intégrer le secteur financier parallèle
en le formalisant ?
Pour répondre à ces questions, le secteur de la
microfinance doit être interpellé obligatoirement.
L'Organisation des Nations Unies (ONU) définit la
microfinance : « comme la provision de services
financiers à petite échelle, tels que l'épargne, le
crédit et les autres services financiers de base, à des personnes
pauvres et à faible revenu ».
Au Sénégal, les Institutions de microfinance
sont chargées d'offrir ces services. Leur secteur est en expansion
depuis 1999. En 2005, on comptait 833 IMF reconnues par le Ministère de
l'Economie et des Finances et ces dernières étaient
constituées de 439 Mutuelles d'épargne et de crédit (MEC),
de 6 Unions, d'une fédération, d'une confédération,
de 387 groupements d'épargne et de crédit (GEC) et de 7
signataires de la convention cadre. Celles -ci ont enregistré 92
milliards de FCFA de crédit et 82 milliards d'encours de crédit,
et ont collecté 62,17 milliards d'épargne pour 2005. Elles
comptaient aussi 4000 employés et 686 219 000 membres/clients
avec un portefeuille à risque à 90 jours de 2,46%1(*). Les IMF sont régies par
la Loi PARMEC2(*) et sont
sous la supervision de la cellule AT/CPEC3(*).
La performance des IMF ne pourrait être notée
sans l'appui des agences de coopération et des bailleurs de fonds.
L'état Sénégalais ne joue qu'un rôle de
régulateur du secteur de la microfinance qui essaie de répondre
aux besoins des particuliers et des PME appuyées par des structures
d'encadrement publiques.
L'objet de notre étude consiste à voir d'une
part comment les IMF s'impliquent dans le financement des PME qui ne
parviennent pas à bénéficier de crédit bancaire du
fait de leur caractère risqué. D'autre part, lumière sera
apportée sur le rôle de la coopération internationale et de
l'Etat dans la promotion de la microfinance et de l'entrepreneuriat. Pour ce
faire, une analyse de l'état du développement financier dans
l'UEMOA s'avère incontournable.
Chapitre 1
L'Afrique Subsaharienne face au développement
financier : pour une meilleure compréhension de la nécessaire
implication de la microfinance
Il s'agit d'étudier le comportement des pays de l'UEMOA
dans leur quête de se développer financièrement et
économiquement. Et pour ce faire, il sera utile d'étudier ce qui
lie le développement financier et la croissance économique, de
voir quel est le comportement des banques classiques dans les pays de l'ouest
africain et l'impact de l'informel dans le secteur financier classique.
I. Les caractéristiques des banques classiques
dans la zone UEMOA
Les systèmes bancaires d'origine coloniale et
occidentale ne constituent pas un bon exemple pour renforcer le
développement financier de l'Afrique subsaharienne puisque les banques
rencontrent des difficultés à trois niveaux :
l'inadaptation de leur offre de produits et de services aux
besoins des entreprises ; la faible efficacité de la gestion
bancaire et l'éloignement physique et psychologique
1) l'inadaptation de l'offre de produits et de
services bancaires aux besoins des entreprises
Pour que la gestion de l'actif et du passif d'une banque soit
efficace, le banquier doit être habile ; c'est-à-dire qu'il
doit rechercher des ressources suffisantes et stables d'une part. D'autre part,
il doit pouvoir octroyer des crédits en tenant compte du risque client,
des contraintes de liquidité et de taux d'intérêt. Son
savoir-faire doit se reposer sur sa capacité à maîtriser
les échéances pour augmenter les bénéfices de la
banque.
Cependant, en Afrique, la collecte de l'épargne n'a pas
reposé sur une stratégie adaptée. Les produits
proposés sont des comptes à vue ou des comptes à terme, et
ces derniers n'ont pas attiré l'attention du public. La clientèle
est confrontée à des difficultés de retrait. En effet,
dans ces pays africains comme le Sénégal, les banques rencontrent
des problèmes de liquidité. Cela a pour conséquence la
méfiance du public vis-à-vis de ces dernières qui sont
confrontées à des phénomènes de
« run » , c'est-à-dire que les clients peuvent venir
à tout moment retirer la totalité de leur dépôt
à cause d'un manque de confiance. Pourtant les banques classiques
disposent d'outils modernes, néanmoins ils s'avèrent inefficaces
dans le système financier Africain et pour un certain nombre de clients
comme les micro entrepreneurs et les particuliers ne disposant pas assez de
garanties.
Par ailleurs, la rentabilité des produits reste
limitée. Les taux créditeurs connaissent une rigidité au
moment où les taux directeurs sont administrés. Ce qui favorise
la délocalisation des gros revenus qui sont en quête de
rémunération élevée. Les institutions
financières internationales (IFI) bénéficient de cet effet
d'éviction produit par les banques sur leurs clients des pays
pauvres.
Le climat de confiance qui régit les banques et leurs
clients n'est pas lui non plus bien mis en oeuvre, à cause des
caractéristiques de confidentialité et de sécurité
des placements qui sont souvent négligées. Dans ce cas, la
collecte massive et durable de l'épargne s'en trouve
lésée. Ce qui implique un mauvais climat de confiance et par la
suite une entrave au climat des affaires en Afrique Subsaharienne.
Outre l'inadaptation des produits et services offerts par les
banques, celles-ci sont confrontées à la mauvaise gestion des
risques au niveau local.
2) la faible efficacité de la gestion
bancaire
Certaines banques se basent sur des critères
économiques et non rationnels. Or le crédit doit se baser sur une
analyse rigoureuse du risque et le « crédit doit se
mériter » selon Chekili et Saidane. Ces derniers ont
noté la complaisance et le laxisme des banques africaines. Ce qui a pour
conséquence la défaillance des débiteurs, favorisant un
risque financier systémique et la remise en cause de la capacité
du système bancaire moderne à financer l'économie Ainsi,
l'augmentation des créances douteuses et la faiblesse des fonds propres
provoquées par la faiblesse des provisions ne fait que creuser leur
inefficacité. En effet, la problématique des provisions a fait
l'objet d'un séminaire des professionnels de banques en Afrique de
l'ouest (FAPBEF-UEMOA), du 02 au 03 août 2007 sur le thème :
Provisions constituées par les banques en application des
règles prudentielles de la BCEAO. Certes, certaines banques ont
un comportement généreux à l'égard de leurs
clients, mais cela contraste avec le comportement des banques de
développement. Ces dernières ne s'intéressent qu'aux
projets susceptibles d'être rentables et aux entrepreneurs qui disposent
de garanties suffisantes.
Les déséconomies d'échelle constituent
l'autre difficulté rencontrée par les banques. Elles investissent
dans des réseaux, dans des effectifs et dans des équipements qui
ne leur permettent pas de réaliser la part de marché
escomptée et d'atteindre un volume d'activité important. Cela
provient du fait qu'elles utilisent des moyens inadéquats aux
réalités sociales. Les prospections sont mal définies pour
atteindre les cibles (particuliers ou entreprises).
Parallèlement, les banques bénéficient
d'une rente de situation avec des taux d'intérêt
élevés et d'un monopole au niveau du financement de
l'activité économique. Selon Chekili et Saidane, ce
« pouvoir de marché » a été remis en
cause par le risque systémique lié au niveau d'endettement des
pays Africains et en particuliers ceux de l'Afrique Occidentale. Elles
constituent des actrices au service des états pour leur permettre de
réduire leur déficit public. Ce qui est dommageable dans la
mesure où elles n'interviennent qu'à court terme, mettant en mal
ainsi leurs plans d'actions à moyen et long terme. D'une part les
entreprises en sont contraintes puisqu'elles rivalisent avec l'Etat, qui est
plus viable que celles-ci au niveau local, dans une certaine mesure.
Le non respect du rôle principal des banques, qu'est le
financement de l'activité économique et non publique conduit
à des insuffisances qui affectent l'efficacité de sa gestion et
favorisent des défaillances au niveau de son système d'octroi de
crédit et de collecte de l'épargne. Cela a pour
conséquence la défaillance des débiteurs d'une part et
d'autre part d'une sous-liquidité permanente.
3) L'éloignement physique et
psychologique
On se demande jusqu'à présent si les banques ont
mis en oeuvre des politiques financières spécifiques pour la
population rurale. Jusqu'à présent on n'a pas noté un
intérêt accru porté sur celle-ci pour la majorité
des Banques classiques Subsahariennes. Cela est-il du à la
précarité que connaît cette population
éloignée ou est ce que ce sont les banques qui ont
décidé de les exclure de leurs politiques volontairement. Selon
une évaluation de la Banque mondiale, seulement 4% de la population en
Afrique Occidentale 4(*)possèdent un compte bancaire, 1% seulement des
Africains ont obtenu un prêt ou une autre forme de crédit
provenant d'une institution financière formelle. Le manque de confiance
vis-à-vis des personnes qui ne disposent pas assez de revenus a
favorisé l'éloignement physique des banques classiques, qui
préfèrent les centres villes aux périphéries et aux
villages reculés.
Outre l'éloignement physique, l'éloignement
psychologique est noté. En effet, la majorité des crédits
octroyés dépendent de la taille de l'entreprise et de ses
capacités à constituer des garanties conséquentes. Ce qui
n'est le cas que pour les grandes entreprises. Les PME qui ne peuvent pas
satisfaire à cette condition se verront dans l'obligation de
s'intéresser aux services financiers décentralisés que les
mutuelles d'épargne et de crédit octroient ou elles peuvent se
rabattre sur le secteur informel en bénéficiant des prêts
des tontines. En plus les dépôts de l'entreprise cliente au niveau
des banques classiques ne lui permettent en aucun cas de
bénéficier de crédit, si elle ne respecte pas les
conditions décrites dernièrement (garanties et taille de
l'entreprise).
Après avoir noté que les banques sont
contraintes par l'inadaptation de leur offre ; l'inefficacité de
leur gestion financière et leur éloignement physique et
psychologique, on peut se poser la question de savoir ce qui rend
réellement inefficace les banques classiques en Afrique Subsaharienne?
Nous verrons que même si les banques font des efforts
pour adapter leurs politiques aux réalités socio-culturelles,
elles seront toujours confrontées au secteur informel. Et leurs
résultats ne seront que minimes face à la montée en
puissance de ce dernier.
II. L'impact du secteur informel dans le
système financier classique et dans l'économie
Le circuit financier de l'Afrique Subsaharienne est original
à cause des pratiques financières et économiques qui
sévissent dans le continent noir. Et il ne faudrait pas interpeller
celles-ci sans penser aux réalités socio-culturelles des ses
sociétés locales. Le schéma montre comment l'informel est
imbriqué dans le circuit formel. Est-ce qu'il le gêne ou est-ce
qu'il le complète ? On peut considérer que le secteur
informel est un handicap et un complément pour la majorité des
économies Africaines puisque :
Ø ses retombées ne sont pas enregistrées
dans le produit intérieur brut (PIB)
Ø ses retombées font vivre plus de la
moitié des populations locales
Considérons le schéma suivant
(inspiré des constats de Bloy et Dupuy)5(*)
Apporteurs de fonds
Liquidité des placements exigée
Demandeurs de fonds
Liquidité faible de leurs
activités productives
Intermédiaires
Financiers formels
Liqui-dité manquante
Intermédiaires financiers
informels
Hors cadre juridique
Liquidité manquante
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1) Le financement informel une innovation
financière pour l'entrepreneur
Dans les relations entre apporteurs de fonds exigeant la
liquidité de leurs placements et les demandeurs de fonds qui ont du mal
à émettre des actifs très liquides, il y'a les
intermédiaires financiers formels et informels (cf. graphique
précédent). Les premiers ont un statut juridique reconnu par la
Banque Centrale des Etats de l'Afrique de L'Ouest (BCEAO) et les seconds ne
disposent d'aucun cadre juridique et sont confrontés au risque
lié au manque de formalisation. Les procédures que ces derniers
utilisent sont tacites et la transmission des informations contractuelles se
fait de façon orale et se base sur la morale et la confiance mutuelle.
Le secteur informel a des potentialités productives, mais il
échappe au circuit de financement classique.
Il est certes risqué, mais il a su s'adapter en mettant
en oeuvre des modalités de financement parfaitement adaptées aux
réalités économiques et sociales. Ce secteur a pu fournir
les liquidités manquantes que le système bancaire classique n'a
pas pu financer. Les actifs peuvent provenir d'une société
tontinière ou d'un apport de la famille ou du village.
Le financement informel peut être
considéré comme un détournement créatif permettant
de satisfaire les besoins d'un grand nombre d'agents économiques qui ont
été exclus du système bancaire classique à des
coûts moins élevés. En effet, les banques appliquent des
taux élevés pour le secteur productif informel parce que celui-ci
est très risqué. Le traitement spécifique du risque permet
d'abaisser les coûts pour le marché financier informel. Le manque
de compétitivité du marché du crédit bancaire
découle de l'évaluation de la prise de risque selon Dupuy et
Dubois. Cette dernière se base sur des données comptables
(rentabilité économique, structure de financement),
économiques (secteur d'activité porteur ou non) et juridique
(prise de garantie). L'environnement précaire du secteur productif
informel conduit les banques à établir des taux
élevés face au risque potentiel qu'il pourrait engendrer. La
prise de garanties réelles est presque impossible à cause de la
faiblesse des immobilisations du demandeur de fonds et l'absence de la tenue
d'une comptabilité rend impossible une analyse financière.
Cependant dans le cas du financement informel, les coûts
sont nuls ou faible à cause du lien personnel établi entre le
demandeur et le prêteur de fonds. L'entrepreneur subit une forte pression
morale et sociale, ce qui réduit ainsi la prise de risque.
Au niveau des fonds prélevés dans les groupes
socialement formés et reconnus, l'entrepreneur est lié aux
réalisations des objectifs de ces derniers, donc il est solidaire
vis-à-vis des autres membres. Ce qui réduit aussi le risque
d'insolvabilité. Et il ne fera appel au secteur bancaire qu'en cas
d'acquisition d'une immobilisation qui a un coût élevé,
tout en privilégiant le financement informel, jugé plus
compétitif.
En nous conférant au tableau sur le secteur
informel en chiffres dans la zone UEMOA (avec plus de 40 des
effectifs dans le commerce informel), on se rend compte de l'obligation de sa
transformation en système formel pour que ses retombées soient
prises en compte dans le PIB
En plus Dupuis et Dubois ont noté que
« l'informalité du mode de production ne semble pas devoir
dicter une informalité des sources de financement. Néanmoins,
l'observation des faits permet de constater une certaine superposition des deux
sphères de l'informel, réelle et
financière ».
Ce qui nous pousse à nous intéresser au secteur
financier informel notamment de son impact sur le secteur productif, en
distinguant ses caractéristiques socioculturelles, économiques et
financières.

Source : UEMOA (2001-2002),
UPI=unité de production informelle
2) les caractéristiques socioculturelles de
la finance informelle
Elles se fondent à travers la solidarité
communautaire et les tontines.
Ø La solidarité
communautaire
Les groupes associatifs sont définis selon Dupuy et
Dubois par la reconnaissance d'une conscience collective. Ceci est noté
par les ethnologues. Adhérer à un groupe ne relève pas
d'une volonté individuelle. Les individus sont contraints dés
fois par la société même. Les objectifs du groupe peuvent
être différents de ceux qui décident d'y adhérer,
mais la solidarité est utilisée comme outil pour
fédérer les personnes et leurs apports pécuniaires. La
mise en commun des parts sociales permet d'atteindre les objectifs communs
tout en satisfaisant ceux qui sont individuels. Donc les individus sont
supposés respecter la conscience collective sous toutes ses formes.
Celle-ci justifie la levée d'une épargne pour répondre aux
besoins de chaque adhérant. L'entrepreneur fait appel à des fonds
solidaires émanant de la famille, du village ou d'un bailleur informel.
Son appartenance à un groupe lui confère la possibilité
d'y avoir accès sans contraintes, tout en respectant ses obligations
vis-à-vis de son prêteur, avec un engagement moral sans
précédent.
Ø les tontines
Elles représentent un bon exemple au niveau des
structures sociétaires. A ce niveau, la conscience individuelle
l'emporte sur celle collective. Michel Lelart6(*), dans le cadre du réseau francophone
entrepreneuriat, oppose tontine mutuelle, tontine commerciale et tontine
financière :
-dans une tontine mutuelle, chaque participant reçoit
autant qu'il verse ;
-dans une tontine commerciale, l'organisateur est
rémunéré que ce soit sous forme de rétention du
premier versement fait à chaque renouvellement du cycle de la tontine ou
comme pourcentage du lot remis périodiquement à chaque membre
bénéficiaire de la tontine ;
-dans une tontine financière, le lot est vendu aux
enchères.
Quelque soit la forme tontinière, les individus sont
unis par un objectif commun et ils mettent en commun leur épargne pour
que chacun puisse l'atteindre Cependant la mise en association de fonds ne
signifie pas un prêt rotatif. Les individus ne sont pas motivés
par une volonté de prêter un capital dans le but de percevoir un
revenu. Les motivations d'un entrepreneur qui participe à une tontine ne
tournent pas principalement autour d'une sollicitation d'un prêt mais
autour d'un apport temporaire de trésorerie. Chacun des membres effectue
un apport compensatoire de liquidité en contrepartie d'un financement
à solliciter à court ou moyen terme.
A part l'aspect socio-culturel de la finance informelle, les
caractéristiques économico- financières s'imposent.
3) Les caractéristiques économico
financières : la signification du
critère « disponibilité/non
immédiateté » pour l'agent informel
Les prêteurs ne raisonnent pas en terme de
risque/rentabilité à cause de l'importance accordée
à la disponibilité immédiate des fonds. Dans le contexte
de précarité, l'entrepreneur cherche à satisfaire ses
besoins financiers quotidiens, à savoir l'accroissement de ses
disponibilités ou de ses besoins domestiques. Les raisonnements en terme
de stock sont quasi inexistants et le capital ne doit être vu que sous
son angle liquide. Ces bouleversements ont conduit Dupuis et Dubois à
nier la signification des concepts de capital et de résultat au niveau
de l'analyse financière. Ce qui remet en cause les critères de
mesure de la performance de l'entreprise même. Et celle informelle n'est
jugée que si elle dégage quotidiennement des flux de
trésorerie lui permettant de couvrir l'avance initiale et de couvrir les
prélèvements de l'entrepreneur. C'est pourquoi ces auteurs ont
souligné l'importance du délai de récupération dans
l'analyse de la performance de l'entreprise informelle.
Ainsi il est intéressant de voir quels sont les
critères les plus pertinents pour analyser l'entreprise informelle dans
son ensemble.
A ce niveau, on a noté que les chroniques de flux
à échéances très rapprochées étaient
privilégiées par l'entrepreneur Africain. Et il va
procéder selon Dupuis et Dubois à une optimisation des flux de
liquidité en élargissant les marges, en réduisant
l'augmentation du BFRE et l'immobilisation en capital fixe.
Ø L'élargissement des
marges grâce à la réduction des charges et des prix
d'achat
L'accroissement des flux de liquidité passe par
l'augmentation de l'excédent brut d'exploitation (EBE), et par une
minimisation des charges d'exploitation. Or, la majorité des
activités informelles d'un entrepreneur ne sont pas soumises à
l'impôt, parce qu'elles ne relèvent pas du cadre juridique. Et
donc, elles sont exemptées de prélèvements fiscaux. En
plus, les charges financières sont nulles voir quasi inexistantes si
l'entrepreneur a eu recours à un apport tontinier ou associatif.
L'informalité permet d'alléger la valeur ajoutée des
charges de personnel parce que les activités sont effectuées en
général par l'entrepreneur lui-même ou il est aidé
par les membres de sa famille ou par ses amis, qui peuvent être
rémunérés que faiblement ou sur une période
ultérieure. Aussi ; les pris d'achat sont minimisés
grâce au recours au secteur informel pour les matières
premières. Secteur ou la négociation constitue une règle
d'or, ce qui permet une flexibilité au niveau de la fixation du prix. Ce
qui est favorable à l'acheteur.
Ø la minimisation de la variation du besoin en
fonds de roulement (BFRE)
Le secteur informel exige peu de capital (fixe ou circulant),
dans la majorité de ses activités. Cependant, Dupuis et Dubois
ont noté que le capital circulant était contenu, en faisant les
observations suivantes :
· Le crédit interentreprise est ignoré,
donc il n'y a pas de besoin de financement lié aux créances
clients
· Le poids des stocks est allégé, ou
totalement supprimé. Au niveau commercial, l'entrepreneur achète
des marchandises chez un grossiste qu'il aura réglé que si
celles-ci sont totalement écoulées (système des
dépôts). Au niveau industriel, l'artisan n'achètera sa
matière première que s'il a des commandes (système du
juste à temps)
· Les cycles d'exploitation sont très courts, ce
qui limite les stocks
· La majorité des activités relèvent
du secteur tertiaire, ce qui ne nécessite aucun capital circulant
Toutes ces remarques font que la variation du BFR sera
très proche de zéro et donc permettra de transformer la marge,
c'est-à-dire l'EBE, en liquidité.
Ø la réduction de l'immobilisation en
capital fixe
Pour Dupuis et Dubois, celle-ci est obtenue :
· En s'insérant dans des activités
n'exigeant pas la mise en oeuvre de réelles immobilisations (tailleur,
maçon, coiffeur etc....)
· Lorsque l'activité est plus capitalistique en
acquérant un matériel d'occasion (exemple du transport)
· En éliminant la notion d'investissement
incorporel
· Par obtention du capital en contrepartie d'un
apprentissage non rémunéré, ou d'un travail
effectué au profit d'un membre de la famille.
Cette relation que les entrepreneurs informels entretiennent
avec le capital, a conduit à deux principales remarques au niveau de la
gestion de leurs activités :
1- Les entrepreneurs ne considèrent pas la notion
d'amortissement, qui est une charge non décaissable. Ce qui est logique
dans une gestion où c'est la liquidité qui prime. Les charges
d'entretien des machines sont aussi minimisées. L'absence
d'amortissement permet la transformation du capital fixe en liquidité
potentielle et permet de limiter les risques liés à
l'immobilisation.
2- Pour limiter les risques, l'entrepreneur
préfère mettre ses surplus de liquidité dans de nouvelles
activités de façon à diversifier les risques qu'il est
susceptible de rencontrer.
Cela porte le nom de « papillonnage
entrepreneurial », qui consiste à répondre à
l'instabilité d'un secteur d'activité.
L'entrepreneur informel est rationnel, puisqu'il anticipe
certaines réactions du marché tout en restant réactif
à tout changement. On a vu que la gestion du capital fixe lui permettait
d'accumuler des flux de trésorerie. En plus il est conscient de l'enjeu
de la limitation du risque sur ses activités.
Ce qui nous pousse à nous poser la question de savoir
à qui l'entrepreneur confie t-il ses liquidités et comment s'y
prend-t-il en cas de besoin de liquidité, à qui
s'adresse-t-il ?
Pour répondre à ces questions on a noté
l'implication de la solidarité communautaire et des
sociétés d'épargne informelles. La base de
l'économie informelle réside dans la finance informelle.
Dupuis et Dubois se sont posé quant à eux la
question suivante :
« ne peut on pas inverser la
problématique et se demander si l'informalité des modes de
collecte de l'épargne ne dicte pas, dans une certaine mesure, une
informalité du monde économique ? »
Le retard financier n'est-il pas facteur de sous
développement alors?
Cela légitime-t-il les consensus au niveau des
débats autour du développement financier en Afrique
occidentale ?
III. Le développement financier et la
microfinance : états des lieux dans l'UEMOA
Ils se basent sur des recherches inadéquates (comme
celles de King et Levine sur le développement financier et la
croissance) à la zone ouest africaine puisque celles-ci
n'intègrent pas en général les aspects informels de cette
économie et ses pratiques financières. Ce qui peut limiter
l'impact du renforcement financier dans la croissance économique des
pays considérés. Néanmoins le renforcement financier
passant par la microfinance a des impacts et peut faciliter l'insertion des
entrepreneurs informels dans l'économie informelle en leur permettant
d'avoir accès aux sources de financement disponibles. Ce qui est
possible grâce à la lutte contre l'asymétrie de
l'information induite par le système financier.
1) La différence entre les modèles
conceptuels du développement financier et de celui de la
microfinance
Selon Kamalan7(*), dans l'espace de l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)8(*), plusieurs approches ont été
appliquées pour mesurer le développement financier des ces
derniers. Selon leur degré d'ouverture ( somme des importations et des
exportations rapportées au PIB) et du fait en priorité des
régimes politiques et de l'instabilité sociopolitique, certains
états(Bénin, Togo, Niger, Mali, Burkina Faso, Guinée
Bissau) ont connu des modèles de financement distincts de la Cote
d'Ivoire et du Sénégal. Différents modèles ont
été expérimentés dans l'union d'après
Kamalan :
· Le modèle dit de finance publique versus finance
privée
· Le modèle dit de finance externe versus finance
interne
· Le modèle axé sur la réduction de
la dette touchant les programmes de rééchelonnement de dettes
annexés sur les ajustements structurels
· L'initiative pays pauvres très endettés
(PPTE) lancé par le G7 en 1996 et renforcé en 1999
· Les projets d'annulation des dettes
· Les projets de financement du plan du nouveau
partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) et du
document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP)
· la réémergence de l'aide publique au
développement et la taxe Tobin
Kamalan a noté une différence entre ces
modèles de financement du développement et le modèle de
la microfinance. Et celle-ci se ressent au niveau des analyses conceptuelles de
développement. Les premiers adoptent une approche « par
le haut » tandis que le dernier se base sur une
approche « par le bas », approches qui ne doivent pas
être jugées en référence à la position de
l'Etat. Celui-ci est acteur dans les deux. L'approche par le bas, selon Kamalan
caractérise l'implication de l'individu qui est qui est qualifié
de pauvre dans des programmes visant à lutter contre « sa
propre pauvreté ». Cependant le développement financier
et la lute contre la pauvreté relève d'un même cadre que
l'on se positionne au niveau des Institutions financières
internationales (IFI) ou au niveau des organismes de l'ONU pour les pays de
l'UEMOA.
L'ensemble des recherches académiques devrait se baser
sur cette relation bicéphale pour bien asseoir leurs études sur
le développement économique des PED.
Il est important de voir quel est l'intérêt de
recadrer l'importance du développement financier tout en
considérant certains faits qui ont impacté celui-ci dans l'espace
UEMOA.
2) L'intérêt de la microfinance au vu
des événements financiers dans l'UEMOA
Son analyse peut interpeller trois événements
selon la banque centrale des états de l'Afrique de l'ouest
(BCEAO)9(*): le coût
des crises bancaires, le risque lié au crédit et l'importance
notée de la microfinance dans la zone.
· les coûts des crises
bancaires
Les crises bancaires sont coûteuses en
général (40% du PIB au Chili et en Argentine au début des
années 1980)10(*) ; notamment avec des coûts
budgétaires entraînés par la restructuration du secteur
financier et des effets néfastes liés à la confiance des
ménages (épargnants et investisseurs).
Dans l'UEMOA, le financement interne des économies a
été assuré essentiellement par le secteur bancaire. La
crise bancaire qui est survenue dans l'UEMOA dans les années 1980 a eu
ainsi des conséquences non négligeables sur la sphère
réelle. En effet, la restructuration du secteur bancaire et la
dévaluation du FCFA ont eu des impacts positifs sur le système
financier et sur l'économie de l'Afrique Occidentale. Néanmoins,
l'aversion au risque léguée par la crise ne privilégie pas
les PME. L'offre de crédit qui leur est octroyée est très
faible, voire inexistante pour certaines activités plus risquées
que d'autres. Ce qui n'est pas profitable à la croissance
économique des états. La communication autour des effets directs
et indirects des crises bancaires pourrait estomper l'impact négatif de
ces dernières sur le financement des activités
économiques.
· le risque de crédit
Il constitue une source potentielle d'instabilité
financière dans les pays de la zone UEMOA ; notamment dans du fait
de l'importance du crédit dans les actifs des banques, principales
actrices du système financier. Ceci est lié d'une part à
l'imperfection du marché du crédit, caractérisée
par une forte asymétrie de l'information et d'autres part aux risques
liés aux instabilités sociopolitiques et institutionnelle. Du
reste, les aléas économiques liés aux conjonctures ne sont
pas négligeables.
Pour maîtriser le risque du crédit ; il est
important selon la BCEAO d'adopter des instruments appropriés
d'appréciation (ex-ante) et de suivi (ex-post) du risque. La
communication autour du risque pourrait permettre de définir des
instruments adéquats d'analyse permettent d'effectuer un diagnostic et
de proposer des instruments de prévention et de gestion de ce risque.
Comment le secteur de la microfinance est-il perçu.
Est-il plus adéquat pour rétablir la confiance des acteurs
économiques et redynamiser de ce fait les économies
Africaines.
· l'importance du secteur de la
microfinance
Le développement du secteur de la microfinance dans
l'union monétaire ouest africaine (UMOA) est un phénomène
récent, notamment dans la restructuration bancaire de la fin des
années 1980. Selon la BCEAO, entre 1993 et 2001, le nombre de
bénéficiaires des systèmes financiers
décentralisés est passé de 310000 à 4,5 millions.
Aussi, les ressources mobilisées ont été
multipliées par dix sur la même période, passant ainsi de
12,7 à 140 milliards de FCFA. Cependant le développement de ce
secteur, intervient dans un environnement de plus risqué, liés
aux imperfections du marché, notamment la défaillance liée
aux informations disponibles. L'objectif de la communication de la banque
centrale consiste à procéder à un diagnostic interne
(adéquation entre les méthodes de recouvrement et l'importance
des créances accordées), et externe (par rapport à son
environnement). Elle pourra ainsi évaluer le risque du crédit,
compte tenu de la forte croissance du secteur.
Ce qui légitime de plus l'intérêt de notre
étude portant sur l'impact du développement financier à
travers la microfinance pour la croissance économique. Et celle-ci porte
sur un des pays de l'UEMOA plus précisément le
Sénégal.
Quel type d'outils financiers ou de structures
financières s'est développé en Afrique Subsaharienne pour
favoriser son développement économique, tout en se basant sur ses
réalités socioculturelles et économico
financières ? La formalisation du secteur financier
parallèle favorise-t-elle l'implication du secteur réel
informel ?
Chapitre 2
Le rôle de la coopération dans le
financement des PME par les IMF
Il s'agit de voir en premier lieu quels sont les besoins des
PME et comment les IMF y répondent. En second, on soulignera le
rôle des agents de coopération et de l'Etat
Sénégalais dans la promotion de la microfinance à travers
les programmes de développement économique.
I. Quel type d'organisation financière pour le
renforcement financier des PME
Sénégalaises ?
Il est important de voir quelles sont les
caractéristiques des PME sénégalaises, d'étudier
l'offre bancaire et son inadéquation à la clientèle
locale. Enfin on essaiera de voir l'importance des institutions de microfinance
dans la satisfaction des besoins financiers.
1. Caractéristiques des PME
Sénégalaises : la typologie de leurs besoins face à
la problématique du financement bancaire
Selon la Charte des PME11(*), les petites (Très petites entreprises et
Micro petites entreprises) et moyennes entreprises peuvent être
classées au niveau national selon les critères suivants (cf.
Tableau)
Caractéristiques des PME
Sénégalaises
Type
|
effectif
|
Chiffres d'affaires
|
Normes de gestion
|
Investissement
|
PE=
TPE et MPE
|
1<e<20
|
CA<50 millions de Fcfa12(*) avec des opérations de livraison ou
mixtes;
CA<25millions de Fcfa avec des opérations de
services
|
Tenue d'une comptabilité allégée ou de
trésorerie certifiée par une structure de gestion agrée
|
|
ME
|
e<250
|
15milliards<CA<50 milliards
|
Tenue d'une comptabilité et certification par un membre
inscrit à l'ONECCA13(*)
|
<1 milliard de FCFA
|
Les PME représentent 80 à 90% de l'ensemble des
entreprises Sénégalaises et concentrent 30% des emplois, 25% du
chiffre d'affaires et 20% de la valeur ajoutée nationale, selon la
charte des PME. Au niveau des micro-petites entreprises (MPE), on a noté
que leur structure se base sur l'économie informelle, regroupant 60% de
la population active.
Les PME Sénégalaise sont
caractérisées par plusieurs spécificités en nous
basant sur le PRIME14(*) :
Ø Manque de diversification vers les créneaux
porteurs et mimétisme, ce qui a pour conséquence une saturation
rapide des créneaux exploités
Ø Difficulté à trouver des
débouchés internes d'une part, face à la concurrence des
produits importés et externes d'autres part, face à l'exigence du
respect de certaines normes internationales
Ø Faiblesse de la qualité des produits et
problèmes de finition rencontrés par certains clients notamment
étrangers
Ø Faiblesse et inadéquation des
équipements de production dans l'artisanat, la transformation,
l'agriculture etc.
Ø Faible niveau de formalisation, absence de
comptabilité fiable et de documents financiers
Ø Difficulté à présenter des
garanties acceptables par la banque
Face à ces caractéristiques, les PME
Sénégalaises ont un certain nombre de besoins financiers et non
financiers.
a. Les besoins financiers des PME
sénégalaises
Ils sont divers et tournent autour du besoin :
Ø De financer l'implantation, c'est-à-dire
l'investissement et le fonds de roulement
Ø De financer le développement de
l'activité avec l'acquisition de nouvelles machines par exemple
Ø De financer le fonds de roulement ordinaire
Ø De financer des marchés spécifiques,
l'entreprise doit trouver les ressources permettant de produire et d'effectuer
des livraisons avant d'obtenir le règlement
Ø De financer les autres services financiers tels que
la caution sur marché, la caution d'avance de démarrage
Pour satisfaire ces besoins, l'entrepreneur doit en
plus :
Ø Trouver des garanties et des partenaires financiers
capables de fournir des ressources longues à des taux avantageux
Ø Identifier toutes les sources de financement
disponibles et mobilisables
Ø Réduire les délais de financement et de
refinancement
Selon les auteurs de la Réflexion sur la
Mésofinance, le niveau de ces besoins financiers est très
variables et ils peuvent être regroupés en trois types : les
crédits d'investissement, les crédits à court terme
(crédit de trésorerie), et les engagements par signature
(cautions).
A part les besoins financiers, des besoins non financiers se
déclinent.
b. Les besoins non financiers des PME
Sénégalaises
Ils sont importants et sont non négligeables pour une
bonne gestion de ces PME. Ils tournent autour :
Ø Du renforcement des capacités des ressources
humaines plus précisément en terme de formation
Ø De la promotion des produits et des services à
travers les salons commerciaux, les foires internationales, les
représentations commerciales, les participations aux appels d'offres
Ø De l'amélioration de la qualité et de
la protection des produits (certification, brevet, normalisation, manuels de
procédures ...)
Ø Du recours aux services de conseils (encadrement et
assistance)
Ø Des relations de partenariat (inscription dans des
chambres des métiers, adhésion à une organisation
professionnelle)
Pour faire face à leurs besoins, les PME
Sénégalaises peuvent avoir recours aux banques. Il est
intéressant de voir comment celles-ci répondent à leurs
besoins ?
c. Le paysage bancaire
Sénégalais : nature de l'offre de financement, des garanties
et des taux
Le secteur bancaire est plus tourné vers les grandes
entreprises que vers les PME. Ce qui crée une disparité au niveau
de l'accès de crédit. Cependant, de plus en plus de banques
s'intéressent à promouvoir la croissance de ces dernières.
Elles effectuent du « dowscaling » pour les toucher et
élargir leur portefeuille de clients. Le Sénégal compte
aujourd'hui dix sept banques classiques, avec 167 agences et bureaux, soit 22%
du total de l'UEMOA en 2005. Il dispose du réseau le plus
structuré après le Mali selon le Ministère de
l'économie et des finances du Sénégal. Ainsi il est
intéressant de voir quelles sont les actions développées
à l'endroit des PME.
Ø Nature de l'offre de financement
A part la Banque islamique du Sénégal (BIS), les
autres banques n'ont pas mis en place des crédits destinés
spécifiquement aux PME. Les principales offres de financement tournent
autour de :
-crédit à court terme (moins de 2 ans)
-crédit à moyen terme (2 à 4 ans)
-crédit à long terme (5 à 7 ans)
Les crédits à court terme sont
prédominants, avec 50% du financement des banques. Cependant, le
financement de l'investissement fait défaut.
Au niveau des produits bancaires offerts aux PME, on a
recensé :
- des crédits par signature
- le financement de l'exploitation
- le financement de l'investissement
- le financement des opérations de commerce
international
- le financement des marchés
- le financement des stocks
- les découverts
- les crédits de campagne
- le financement des projets de construction et de
génie civil
- le financement du fonds de roulement avec la mobilisation
des créances, les escompte de traite, les avances sur facture.
Ø Les garanties bancaires
A ce niveau, les banques exigent :
-des cautions personnelles
-des nantissements et domiciliation de marchés
-des nantissements du matériel de production
-des nantissements du fonds de commerce
-des hypothèques
Dans certains cas, le bien financé peut être pris
comme garantie. La Banque sénégalo tunisienne (BST)
privilégie les relations durables plutôt que les garanties pour
garder sa clientèle et contrer la concurrence.
Ø Les taux de base bancaire
Il varie en fonction des banques. Il est de :
- 8% ( BIS, CBAO, ECOBANK, CNCAS, CITIBANK, BSIC)
- 8,5% (BICIS)
- 9%(SGBS)
Et il peut évoluer en fonction du type de crédit
(cf. Tableau suivant) :
Taux d'intérêt bancaire par type de
crédit (Taux de base bancaire en
%)
|
Crédit à court terme
|
Crédit à moyen terme
|
Crédit à long terme
|
BICIS
|
8,5 à 12
|
8,5 à 13
|
8,5 à 13
|
BOA
|
9 à 12
|
9 à 13
|
ND
|
BST
|
8 à 14
|
8,5 à 12
|
ND
|
CBAO
|
10 à 14
|
10 à 13
|
ND
|
ECOBANK
|
10 à 14
|
10 à 13
|
ND
|
SGBS
|
9
|
9 à 14
|
ND
|
CNCAS
|
13,5 ou 7,5 si bonification
|
13,5 ou 7,5 si bonification
|
13,5 ou 7,5 si bonification
|
BHS
|
9,5
|
ND
|
ND
|
CITIBANK
|
7,75 à 9
|
10
|
ND
|
CREDIT LYONNAIS
|
9 + marge
|
9+ marge
|
ND
|
BSIC
|
12
|
8
|
ND
|
Source : www.izf.net
Pour financer les PME, les banques Sénégalaises
ont défini un certain nombre de critères et font face à un
certain nombre de contraintes.
d. Les critères de financement et les
contraintes des banques et des PME
Leurs critères sont classiques et ne prennent pas en
compte les réalités socio-culurelles comme on l'a
démontré dans la première partie pour les pays de l'UEMOA.
Ils comprennent :
· La rentabilité du projet
· la cohérence et la fiabilité des
informations fournies
· la connaissance des marchés visés
· la situation financière de la PME
· l'antériorité de la relation
· l'ancienneté dans l'activité et
jouissance d'une bonne moralité et réputation
· la disponibilité des documents administratifs
(registre de commerce, NINEA...) et l'ouverture préalable de compte
· la compétence, le savoir-faire et la
notoriété.
Cependant, ces critères ne sont pas respectés
par les PME informelles, ou par celles qui sont formelles mais qui ne disposent
pas de structures financières fortes (garanties, taille critique,
coût du crédit élevé...). C'est pourquoi, les
intermédiaires financières classiques font face à un
certain nombre de contraintes, à savoir :
· l'absence de ressources longues
· l'absence de concertation des actions en matière
de financement des PME
· l'absence de transparence
· le manque de structuration et d'organisation des PME
(impact trop fort du secteur informel)
· le manque d'informations financières fiables
· l'insuffisance des garanties.
Face à ces dernières, les banques se trouvent
dans l'incapacité voire dans l'impossibilité de mettre des
structures de financement dédiées aux PME. Elles
privilégient les grandes entreprises et les petites sont exclues de leur
système.
Les banques sont-elles capables d'adapter leurs politiques
financières face aux contraintes inhérentes aux PME face aux
difficultés qu'elles rencontrent ?
Au Sénégal, elles souffrent de plusieurs maux.
Ce qui handicape leur croissance. On peut noter :
· Le manque de transparence dans la gestion à
cause de l'insuffisance des systèmes d'information et de gestion
· les problèmes de gouvernance
· l'opacité des procédures de gestion
financière et sociale
· la faiblesse du niveau des fonds propres, et donc du
degré de capitalisation
· l'incapacité de fournir les garanties
exigées par certaines structures bancaires
· un environnement juridique contraignant
· l'inadaptation du financement octroyé dans
certains cas
· l'insuffisance des infrastructures
· la faiblesse des services aux entreprises
· l'inefficacité des structures d'appui
· le manque de maîtrise des sources
d'approvisionnement en matières premières
· la difficulté d'accéder à de
nouveaux marchés
· l'ignorance ou la non considération des normes
de qualité, d'hygiène et de sécurité des produits
et des services offerts.
Face à l'inefficacité des banques et les
contraintes des PME Sénégalaises, il est urgent de
s'intéresser aux structures adéquates pour le financement et
l'appui de ces dernières. Quelles sont-elles et qu'apportent-elles de
différent ?
Pour répondre à cette question, on s'est
intéressé aux institutions de microfinance qui se sont
développées au Sénégal depuis les années 80,
période de la crise bancaire. Leurs politiques, leurs stratégies
et les moyens dont elles disposent sont elles performants pour répondre
aux besoins des PME? Leur montée en puissance est-elle
légitimée ?
2. Vers une formalisation de la finance
parallèle grâce à des organismes financiers adaptés,
les IMF : le cas d'ACEP, du CMS et de l'UM-PAMECAS
Au Sénégal, les principaux réseaux d'IMF
sont l'alliance de crédit et d'épargne pour la production
(ACEP), le crédit mutuel du Sénégal (CMS) et l'union des
mutuelles du partenariat pour la mobilisation de l'épargne et du
crédit au Sénégal (UM-PAMECAS). Il existe plus de 800
caisses au Sénégal (833 en 2005), mais notre attention s'est
focalisée sur les principales qui se sont formées en
réseaux, puisqu'elles sont les mieux adaptées à financer
les PME Sénégalaises. Cette capacité provient du fait
qu'elles ont de l'expérience dans le financement de ces dernières
et des ressources (ressources humaines, ressources financières,
système d'information de gestion, partenaires) adéquates.
Pour montrer que le renforcement financier du
Sénégal dépend du développement des IMF, on va
tenter de montrer à travers nos trois échantillons et grâce
aux organismes de notation (planet rating, microrate, mix..). L'adaptation de
leur offre de produits et de services, la performance de la gestion de leurs
caisses et leur proximité psychologique et physique témoignent
de leur légitimité en matière de financement de la PME.
a. L'adaptation de l'offre de produits et de
services aux PME
Comment les IMF choisies adaptent-elles leur offre de produits
et de services tout en tenant compte des réalités
socio-économique?
Pour l'ACEP
Elle est créée depuis 1985 pour octroyer de
petits prêts dans le bassin arachidier Sénégalais. Elle
constituait l'organe de crédit d'un projet de développement
d'entreprises communautaires financé par l'agence des Etats-Unis pour le
développement international (USAID). En 1990, l'organe de crédit
devient une entité indépendante. Son principal objectif est
d'accorder des prêts pour des investissements et des prêts de fonds
à des PME du secteur informel ne pouvant avoir accès au
crédit institutionnalisé. En 1993, le projet USAID prend fin et
l'ACEP est en mesure de puiser dans ses propres ressources pour les prêts
et les changements institutionnels lui ont permis d'appliquer des taux
d'intérêt pouvant atteindre 16%. Aujourd'hui elle est soumise
à la supervision du Ministère des finances au travers la cellule
Assistance technique aux caisses populaires d'épargne et de
crédit (AT-CPEC)
1. Bon positionnement de marché et gamme de
produits connue
Selon Planet rating15(*), ACEP bénéficie d'un bon positionnement
de marché de par son ancienneté et de sa réputation dans
un environnement concurrentiel qui demande une surveillance accrue. Ses deux
concurrents directs, l'UM-Pamecas et le CMS se sont traditionnellement
adressés à des clients ayant des besoins inférieurs. Ils
ont récemment développé des produits pour les TPE.
En terme de crédit distribué aux PME, ACEP a
atteint selon le PRIME :
-en 2005 : 5 milliard de FCFA (environ 7 millions
d'euros) pour 174 PME, soit en moyenne 28,7 millions de FCFA (40230 euros) par
PME ;
-en 2006 ; 3,965 milliards de FCFA pour 164 PME, soit en
moyenne 6 millions de FCFA (37000) par PME.
En ce qui concerne sa gamme de produits, elle est connue par
ses membres. Cependant ces derniers voudraient que le plafond de prêts
soit augmenté, une diminution des taux d'intérêt et la mise
en place de produis adapté aux différents cycles de production.
ACEP y a répondu en autorisant une augmentation progressive des montants
et en baissant légèrement les taux
d'intérêt16(*). L'institution mène une réflexion sur
les nouveaux produits à proposer à ses membres. Cela a
débouché en 2004 sur le lancement du produit de transferts
internationaux d'argent, avec en partenariat, Money Gram et la caisse nationale
du crédit agricole du Sénégal (CNCAS) d'une part et
d'autre part la banque islamique du Sénégal (BIS). . Elle devra
développer de nouveaux produits au fur et à mesure que la
concurrence s'intensifie. C'est ainsi que de nouveaux produits tels que les
prêts PME, les Plans épargne projet, d'épargne à
terme, les comptes courants ont été mis en oeuvre en 2006.
L'encours de ses prêts en 2003 était de 18,1millions d'euros pour
17200 emprunteurs, 10810 épargnants et 21759 membres.
L'encours brut de crédit a enregistré une
légère hausse en 2006, 8% passant de 19,796 milliards de FCFA en
2005 à 21,571 milliards de FCFA en 200617(*).
L'institution dispose d'une couverture nationale au travers de
huit agences régionales et propose un produit de crédit
individuel aux TPE et à certaines PME. Elle propose aussi un produit de
groupe qui reste marginal (8% e l'encours). Elle a octroyé en 2006,
13001 prêts pour un montant global de 26 milliards de FCFA. Et la
répartition du volume de crédit s'est effectuée comme
suit :
Commerce 81% ; Service 8% ; Agriculture 6% et
Manufacture 5%.
Au niveau de ses activités d'épargne, on a
noté qu'ACEP les marginalise. Elle est née en tant qu'institution
de crédit et n'a proposé des services d'épargne que
postérieurement, avec la transformation en mutuelle. Ainsi, l'encours
d'épargne volontaire en 2003 ne représentait que 4,8% du passif,
alors que l'épargne obligatoire représente 73,5% de
l'épargne totale. Les deux produits d'épargne volontaire
(épargne spéciale et épargne projet) ne font pas l'objet
d'une promotion particulière et ne présentent pas de
caractéristiques les rendant plus attractifs que l'épargne
obligatoire (même taux d'intérêt). Compte tenu de ses
besoins financiers, ACEP est entrain de voir comment dynamiser l'épargne
à travers les stratégies qu'elle veut mettre en oeuvre.
Evolution de l'épargne d'ACEP en 2001, 2002
et 2003

Source : planet rating, juin
2004
2. Méthode de crédit prudente et
qualité du portefeuille
La méthode de crédit est prudente et
standardisée permettant d'assurer la qualité du portefeuille. La
sélection des emprunteurs se fait au cas par cas. L'analyse de la
situation financière du membre est poussée (formulaire de
plusieurs pages analysant les revenus/dépenses et les actifs du membre
et de sa famille) et doublée d'une enquête de moralité. La
capacité de remboursement est analysée par rapport à
l'activité et non par rapport aux flux de trésorerie qui
pourraient être engendrés par le prêt. Tous les prêts
font l'objet de visites et de suivi par l'agent de crédit (AC) et d'une
contre visite par d'autres agents et l'assistant juridique. . Tous les
prêts doivent passer par une chaîne de visas interne (assistant
juridique, assistant comptable, assistant auditeur interne).
Au niveau de la gestion du portefeuille, Acep ne dispose pas
de règles globales, mais se base sur la conjoncture pour décider
de l'orientation du portefeuille. Ainsi, en 2001, la direction a pris la
décision de réduire la concentration sur l'agriculture, notamment
l'arachide, en raison de la crise que le secteur a connue. En plus, consciente
d'une situation d'excès d'offre dans le commerce en 2004, la direction a
envisagé une diversification vers le secteur productif. Elle est tenue
de respecter par ailleurs, un des ratios prudentiels de risques de la BCEAO sur
un seul membre18(*).
L'encours de prêts, alimenté par la croissance du
prêt moyen, connaît une croissance soutenue sur la période,
de 10% en 2002 et de 28,7% en 2003. Les crédits aux personnes morales
(crédit individuel) étant beaucoup plus conséquents (92%)
que les crédits aux groupements (8%). Le produit principal en terme
d'encours est de loin le crédit individuel (graphe 3), même s'il
concerne seulement 54,9% des emprunteurs. Il existe un écart entre
l'encours moyen par emprunteur pour les groupes (161 euros), contre 2249 euros
pour les crédits individuels. L'institution est bel et bien
orientée vers les TPE, avec un produit de groupe qui subsiste dans les
zones rurales.
Le portefeuille à risque (PAR) montre une tendance
à la baisse sur la période considérée (en 2003 cf.
graphe 4) et par région. Il reflète une bonne qualité du
portefeuille. On note un infléchissement du PAR91-365 par rapport au
PAR1-90, preuve de l'efficacité des procédures de recouvrement
informel dans les trois mois précédant le basculement en
contentieux. Malgré la politique de passage en pertes, il subsiste un
PAR>365 lié à l'analyse cas par cas des crédits. Le
taux des pertes sur prêt affiche une remarquable réduction (cf.
graphe 4) selon les régions. Ce qui témoigne de nouveau la bonne
qualité du portefeuille.

Source : planet rating, juin
2004

Source : planet rating, juin
2004
3. Recouvrement efficace et allègement du
processus d'octroi
Acep opère à un recouvrement rigoureux. Le
système de primes aux agents de crédit est lié entre autre
au PAR, au taux de contentieux et au taux de pénalité. Le membre
est passible de fortes pénalités (2% de l'impayé et 3000
FCFA forfaitaires) ; dès le premier jour d'impayé. Les
Agents de Crédit lancent les activités de recouvrement. Le
service juridique donne son appui pour tous les crédits passés en
contentieux (après 90 jours), aucun rééchelonnement ou
refinancement n'est autorisé.
Quant au processus d'octroi, qui demande entre 15 jours et un
mois, il a été allégé. En effet, le cycle
crédit se déroule par étapes fixes : les
comités d'instruction de crédit ont lieu entre le 10 et le 15 de
chaque mois, quelle que soit la date de dépôt de dossier.
Après, viennent la prise de garanties et la chaîne de visas. Un
mécanisme plus rapide a été mis en place pour les clients
anciens, pour qui un comité d'intervention ad hoc peut être
convoqué. La chaîne de visas se déroule désormais de
manière informatisée. ACEP a su développer un traitement
de dossiers similaire à celui des concurrents. Elle devra être
vigilante, car il s'agit d'un levier que d'autres acteurs pourraient utiliser
pour attirer les clients selon Planet Rating.
Cependant, il est intéressant de voir ce que fait le
crédit mutuel du Sénégal au niveau de son offre de produit
et de services.
Pour le CMS
Il a démarré ses activités en 1988 sous
forme de projet, piloté par le centre international du crédit
mutuel (CICM). En 2000, elle se transforme en fédération
mutualiste, régulée par la loi PARMEC et les autorités
nationales.
1. Positionnement et gamme de
produits
Le CMS est le leader du marché avec 74 agences en 2005
couvrant tout le territoire national. Il mène des études de
marché appropriées de manière à assurer le
développement de nouveaux produits. Sa gamme est large et elle est
conçue de manière à satisfaire les besoins de ses
clients.
Les produits de crédit du CMS sont de deux types
professionnel et particulier (cf. tableau suivant). Ils peuvent être
destinés à des groupes ou à des individus. Les groupes
(entre 2 et 25 membres qui sont solidaires) sont auto- formés et
représentés par un Président, un secrétaire et un
Trésorier. Les taux d'intérêt sont constants et se situent
entre 1,5% et 2% par mois. Et la durée des prêts varie entre 3 et
36 mois.
Vu que la demande de crédits est de plus en plus
croissante, le CMS a augmenté la taille moyenne de crédit
octroyé.
Selon les réflexions du programme de renforcement
institutionnel de la microfinance et de son environnement (PRIME) sur une
production totale de crédit de 38 milliards de FCFA , le CMS a
alloué 6 milliards de FCFA(soit 9 millions d'euros) à des PME. Il
a pris des mesures d'accompagnement liées au recrutement et à la
mise en place d'instances pour prendre en charge leur gestion. Il finance aussi
tous les secteurs d'activités avec une prédominance du
financement en fonds de roulement. Par exemple, en 2005, il a octroyé
8,585 milliards de FCFA (13millions d'euros) à 669 dossiers. Soit en
fonds de roulement 5,661326526 milliards de FCFA (66% du portefeuille
crédit PRO), avec un montant moyen de crédit égal à
12,8 millions de FCFA (19400 euros)

Source: Microrate (The rating agency for
microfinance), CMS 2005
Typologie des produits offerts

Source: Microrate (The rating agency for
microfinance), CMS 2005
En matière d'épargne, il dispose de 4 produits
différents. Bien que moins rapide que le portefeuille de crédits,
l'épargne a augmenté en 2005(cf. diagramme). Elle a atteint plus
de
60 000 dollars. En plus, les clients ouvrent un compte
d'épargne dès qu'ils rejoignent le CMS, sur lequel, le
dépôt minimum est de 4 dollars.

Source: Microrate (The rating agency for
microfinance), CMS 2005
Il a récemment démarré un test pilote
pour le transfert d'argent et prévoit de le développer dans
l'ensemble du réseau pour la fin de 2005. Les autres produits offert
sont : la domiciliation de salaires, les transferts internationaux et les
transferts internes.
2. Conditions d'octroi des crédits et
qualité du portefeuille
Comme on vient de l'expliquer, le CMS octroie des
crédits à des groupes ou des individus, qui sont des membres de
la caisse. Afin qu'un membre ou qu'un groupe soit éligible pour un
prêt, il doit être membre depuis au moins trois mois. Les
particuliers (fonctionnaires et clients) ayant domicilié leur salaire au
CMS peuvent directement introduire une demande de prêt (en Juin, ils
étaient 16028). L'épargne caution obligatoire varie entre 10 et
20% du montant souhaité, en fonction du type de crédit et de la
taille. Certains crédits requièrent que le client ait une
garantie personnelle. D'autres garanties matérielles (véhicules,
équipements, titres de propriétés) sont aussi
acceptées. Afin de recevoir un crédit, le client doit introduire
une requête écrite stipulant le montant souhaité ainsi que
son objet. Un agent de crédit évalue ensuite l'entreprise du
client et calcule sa capacité de remboursement (basée sur les
flux financiers des 3 derniers mois). Il émet ensuite une recommandation
soumise au gérant de l'agence. Le dossier de prêt est ensuite
transféré au comité de crédit (composé de 5
membres élus), qui prend la décision finale pour les
crédits dont les montants sont inférieurs à sa côte
(Ex. 920 dollars). Le processus est relativement rapide
comparé aux concurrents du CMS. Les côtes sont définies par
la Commission nationale des côtes de crédits (CNCAC). Elle
définie les montants maximum qu'une agence peut approuver. Les
côtes sont revues deux fois par an, en fonction de la performance, la
croissance et la qualité du portefeuille. Lorsqu'une agence n'est pas
performante, la CNCAC peut décider de restreindre les activités
de cette dernière au recouvrement.
Le portefeuille de crédits du CMS est dominé par
les crédits à moyen terme (59%), avec 36% de crédit
à la consommation.
Quant au portefeuille à risque (PAR) au-delà de
30 jours, il a augmenté au cours des deux dernières années
et était de 5,8% en 2005. Et il a augmenté pour tous les produits
(cf. tableau). Cette augmentation est due à la hausse du PAR du
crédit fonds de roulement court terme, du crédit
équipement moyen terme et du crédit professionnel, qui
représentent 42,4% du portefeuille et avec un PAR de 12% en Juin.
PAR selon type de produit

Source: Microrate (The rating agency for
microfinance), CMS 2005
Il est important de noter qu'en Afrique de l'ouest, la mesure
standard de la qualité du portefeuille est celle du PAR à 90
jours. Ce dernier étant de 1,88 en juin 2005, ce qui est satisfaisant
pour le CMS. Celui-ci a un fonds de garantie aussi, auquel il contribue 1% de
tous les crédits déboursés (ce fonds était de
814000 dollars en 2005 et de 673000 dollars en 2004).
Ce fonds est utilisé par les comités de
crédits afin de recouvrir les impayés importants, pour pallier
à des problèmes de vol ou de fraude et dans des cas
exceptionnels. En plus du fonds de garantie, la CMS dispose d'un fonds de
mutualisation décès, auquel les clients de moins de 60 ans
contribuent à hauteur de 0,5% pour les crédit court terme et de
1% pour les crédits long terme. Ce fonds est utilisé pour les
sociétaires décédés et ne présentant pas
d'arriérés de paiement au moment de leur décès. (Ce
fonds était de 890000 dollars en 2005 et de 838000 dollars en 2004).
Le CMS provisionne ses réserves pour créances
douteuses conformément à la loi PARMEC19(*). Et selon Microrate, les
niveaux de provisionnement qui sont stipulés sont inadéquats pour
un portefeuille de Micro crédit.
Ceci étant, une partie importante du portefeuille du
CMS est couverte par des garanties.
Pour l'UM-PAMECAS
L'union des mutuelles du partenariat pour la mobilisation de
l'épargne et le crédit au Sénégal a
été créée en septembre 1998 après une phase
de projet. Elle est soutenue par l'agence canadienne pour le
développement et la coopération internationale (ACDI) au niveau
financier et au niveau technique par l'agence développement
international Desjardins (DID).
1. Positionnement et gamme de produits et
services
Les concurrents principaux du PAMECAS sont le CMS, l'UMECU,
les programmes émanant des ONG et dans une certaine mesure l'ACEP. Ces
derniers facturent leurs clients à des taux plus faibles que ceux du
Pamecas. La concurrence des banques est pour l'instant inexistante. Cependant,
elle peut se ressentir au niveau de la collecte de l'épargne.
Les produits de crédit sont assez flexibles quant
à l'activité financée, le montant de crédit et les
garanties demandées selon planet rating. Cependant les clients ne sont
pas fidélisés en matière de taux
d'intérêt.
L'activité de crédit s'organise autour d'un
produit central, le « crédit régulier », qui
se décline en plusieurs formes selon le type de population. Par exemple,
le crédit « AFSSEF » pour les femmes permet
d'obtenir un crédit à des conditions avantageuses :
épargne nantie plus faible voir nulle, groupe solidaire, pas de
période d'attente entre l'adhésion et le premier prêt.

Source : Planet rating Pamecas, juin
2003
D'autres produits sont développés à des
conditions avantageuses et en partenariat avec des ONG qui offrent un fonds de
garanties pour soutenir une catégorie ciblée de la population. Un
centre financier aux entrepreneurs (CFE) a été
développé pour les PME.
La gamme de produits d'épargne est très
limitée et bénéficie d'une promotion faible, alors qu'elle
est en progression régulière de 20% par an.
D'autres produits sont développés avec le
partenariat de ses réseaux, tels que le transfert de fonds à
l'international, la domiciliation de salaires, la collecte de l'épargne
dans les marchés.
Il est intéressant de voir maintenant comment Pamecas
gère les crédits octroyés et comment se comporte son
portefeuille à risque.
2. Gestion du crédit
En 2006, 3,520 milliards de FCFA (5,36 millions d'euros) ont
été financés, pour 526 projets. Soit en moyenne 6,7
millions de FCFA (1020 euros) par projet, dont 7% sont des personnes morales
selon le PRIME.
Il a été noté par le groupe de
réflexion sur la mésofinance du PRIME que le Pamecas en
2006 a octroyé un volume important de crédit lors du lancement de
son centre financier aux entrepreneurs, même s'il l'a baissé entre
2004 et 2005 de 23% et que les personnes morales représentent 40% des
crédits en retard.
La sélection de clients permet une limitation des
risques de non remboursement. Le processus est géré par l'agent
de crédit, qui est sous la supervision de l'analyste en crédit de
l'Union et l'approbation du comité de crédit de la caisse. La
sélection dépend :
-de la capacité de l'emprunteur à rembourser,
évaluée à partir de son revenu après imputation des
charges de l'entreprise et du foyer, avant et après octroi du
crédit. Plusieurs preuves sont demandées pour valider
l'activité de l'entreprise ;
-de son apport personnel, au travers d'une épargne de
garantie et de multiples garanties ;
-d'une enquête de moralité et de validation de la
qualité des activités par le comité de crédit.
Le suivi est peu formalisé, mais adéquat, car
les impayés sont identifiés par l'AC, grâce à une
vérification trimestrielle par l'union des remboursements attendus. La
gestion des impayés est confiée dans un premier temps à
l'AC puis transmis au département crédit et contentieux
après 90 jours de retard et à un organisme externe de
recouvrement. Les comités de crédit de caisses et les
gérants jouent un rôle important, mais ne pas assez
impliqués.
Le système de pénalités incite aussi le
client à rembourser. Les mesures plus coercitives ne sont mises en place
qu'après 45 jours de retard. Cette attente est due au fait que
l'institution est une mutuelle et que ses clients en sont les membres
privilégiés. Ce choix est légitimé par les mesures
prises après les 45 jours de retard, qui sont moins strictes.
Au niveau du portefeuille, il n'existe aucune règle de
gestion globale. La clientèle variée du Pamecas limite les
risques.
Au niveau des garanties, l'objectif fixé par les
procédures est de garantir plus de 100% du montant octroyé, dont
10% à 25% par de l'épargne nantie et 5% à 10% par de
l'épargne obligatoire à constituer pendant les remboursements.
Les autres garanties peuvent être un garant, de biens, des loyers, des
contrats. Les montants requis d'épargne sont respectés et parfois
même augmentés. En revanche, les exigences en terme de garanties
physiques sont peu efficaces en cas de bon remboursement, mis à part les
bijoux. Les poursuites judiciaires peuvent abouti en faveur de Pamecas, mais il
est difficile de tirer un bon pris des biens pris en garantie selon planet
rating. La prise de garantie constitue un moyen de dissuasion dans la plupart
des cas.
En plus, Pamecas dispose de nombreux fonds de garantie,
internes et externes, on peut citer ceux qui sont mis à disposition par
des bailleurs de fonds pour soutenir la clientèle et ceux qui sont
constitués à partir des frais payés par les clients. Ils
sont utilisés en cas de besoin.
b. La performance de la gestion des caisses :
stratégies organisationnelles et financières pour le renforcement
financier des PME
Il s'agit de voir comment nos trois IMF (ACEP, CMS et PAMECAS)
se sont formalisées pour renforcer financièrement le
système, resté jusqu'ici dominé par des pratiques
informelles, neutralisant ainsi l'impact de ces dernières dans
l'économie sénégalaise.
Pour l'ACEP
Dès 1996, à l'occasion d'une assemblée
générale, les objectifs de l'ACEP se ont redéfinis comme
suit :
-Offrir des services de crédit et d'épargne
à des entreprises Sénégalaises afin de favoriser leur
croissance ainsi que le développement économique du
Sénégal
-mettre en place un réseau de services financiers
-gérer ses activités selon le principe de la
coopération.
Ses stratégies ont été adaptées
aux évolutions socio économiques, politique et juridique du
Sénégal. Elles tournent principalement autour de sa gestion
administrative et au niveau de son financement.
1. les stratégies organisationnelles :
procédures internes, système d'information, gestion du personnel
et des compétences
La plupart des procédures sont documentées dans
un manuel de procédures internes clair, qui favorise une standardisation
des pratiques aussi bien au siège que dans les agences
régionales. L'institution se caractérise par une forte culture du
contrôle interne qui se traduit en des procédures adéquates
entre autres :
-la vérification multiple de l'ensemble des
procédures (crédit, épargne, achats, arrêtés
de caisse, rapprochements bancaires). Chaque dossier de crédit, une fois
approuvé, doit passer par une « chaîne de
visas » où interviennent tous les services concernés
(comptabilité, service juridique, audit interne...),
-la limitation des pouvoirs, notamment dans l'autorisation des
crédits de montants élevés (les montants supérieurs
à 15 millions de FCFA doivent être autorisés par le
directeur général) et les achats (obligation de consulter trois
fournisseurs pour les achats supérieurs à 150000 FCFA).
Acep a mis en place des mesures appropriées pour
limiter les risques liés à la manipulation d'espèces mais
elles pourraient être améliorées. Les déboursements
sont toujours faits par chèques. Les remboursements sont
concentrés sur une courte période (du 1er au 5 de
chaque mois), durant laquelle les fonds sont collectés quotidiennement
par des fourgonnettes de la banque.
Au niveau du SIG, ACEP en a mis en place un nouveau
dénommé « ACE » et comportant des
« cadenas » qui garantissent l'intégrité de
l'information et rendent presque impossible l'altération des
données clients. La sécurité de l'information est aussi
garantie : sauvegarde quotidienne sur des serveurs dans les agences
régionales et copie mensuelle sur CD-ROM (risque de perte maximale d'un
mois) ; mots de passe personnels et modifiés périodiquement,
et donnant accès aux différents modules selon le profil de
l'utilisateur avec une mise en place d'un anti-virus et d'un accès
limité à internet. L'information papier est stockée dans
un lieu sécurisé et surveillé par des assistants
juridiques de chaque agence régionale. Le SIG est connu de tous et
facile d'accès. Il peut fournir des données sur le nombre
d'emprunteurs et de membres par agence régionale, l'encours de
crédit et d'épargne et la répartition des
déboursements par secteur d'activité. Il permet aussi de
réaliser des requêtes rétrospectives.
Au niveau de sa gestion des ressources humaines (cf. tableau
suivant), la prise de décision est centrée sur les techniciens
avec une validation a posteriori des élus qui font preuve d'une
implication aléatoire en raison de l'insuffisance de leur formation. Les
décisions sont discutées par l'équipe de direction.
Celle-ci est compétente, très expérimentée et
consacrée à l'institution. La gestion des ressources humaines,
partagée de manière adéquate entre plusieurs services,
stimule l'efficacité et un fort sentiment d'entreprise.
Organigramme de l'ACEP

Source : planet rating, juin
2004
Qu'en est-il au niveau de ses opérations
financières ?
2. les politiques de financement : sources de
financement, gestion de la liquidité et
rentabilité
L'ACEP se finance à hauteur de 73,7% de son passif avec
des fonds propres (cf. tableau) issus des subventions et des réserves
accumulées. Ce qui reflète à la fois l'origine de
l'institution et sa rentabilité. L'épargne vient en
deuxième position et représente 18,1% du passif en 2003,
l'épargne de garantie représentent à elle seule 13,3%.
L'endettement externe vient en troisième position, avec un emprunt
commercial auprès de la caisse nationale du crédit agricole du
Sénégal (CNCAS) et d'autres emprunts concessionnels dans le cadre
des différents programmes réalisés par ACEP.
L'institution maîtrise les principaux risques
liés à la gestion actif/passif. Le risque de maturité
(rappelons que Acep est âgée de plus de 20 ans), est couvert par
un financement essentiellement à long terme pour les crédits
à 12 mois environ. Ainsi l'encours de crédit est couvert à
100% par des fonds propres et par de l'épargne garantie. Et le risque de
taux est maîtrisé par l'importance du financement sur les fonds
propres et le fait que l'épargne et les emprunts sont à taux
fixe.

Source : planet rating, juin
2004
Face à ses contraintes de financement, Acep a
commencé à démarcher plusieurs investisseurs, commerciaux
et solidaires et entretient de bonnes relations avec les bailleurs de fonds. La
qualité de l'institution lui permet de mobiliser des fonds au niveau des
banques Sénégalaises pour subvenir à ses besoins ponctuels
et récurrents comme le financement de la campagne agricole. Cependant,
elle devrait plus encourager l'épargne volontaire pour combler ses
besoins financiers.
La bonne organisation de la gestion de la liquidité
permet d'éviter des crises de liquidité et de placer le surplus
qui en émane. Cependant, les taux proposés par les banques ne
sont pas très incitatifs. La liquidité est rigoureusement suivie
et sa gestion repose sur la maîtrise des calendriers de
déboursement et de remboursement. Ainsi les déboursements sont
effectués après les périodes de remboursements qui sont
concentrés sur cinq jours (du 1er au 5 de chaque mois). A la
fin de chaque mois, le chef du service comptable et financier, sur la base des
disponibilités dans les comptes, des prévisions de financement
et de remboursements attendus, planifie les besoins de chaque agence
régionale. Selon Planet rating, ce type de gestion de la
liquidité parait pertinent et compense le fait que l'institution ne
réalise pas de prévisions annuelles de cash flow.
Avant et après ajustement, Planet rating a
trouvé qu'Acep est une institution structurellement rentable. Elle
affiche des performances supérieures à son groupe de
références du Micro banking bulletin (MBB)20(*) : sa rentabilité
ajustée à son actif (AROA), son autonomie opérationnelle
et financière sont toutes supérieures à la moyenne du
groupe. Et ils se situent respectivement à 3,7%, 148% et 133% et son
résultat net hors subventions représentait 53,8% de ses revenus
financiers en 2003 (cf. tableau suivant).
Quant à sa rentabilité ajustée aux fonds
propres (AROE), elle est légèrement inférieure à
celle de la moyenne qui est 14,1%. Cela provient du fait du haut niveau de
capitalisation de ACEP comparée aux grands IMF Africaines.

Source : planet rating, juin
2004
La rentabilité de ACEP est solide et connaît peu
de risques selon Planet Rating. Les seuls éléments qui pourraient
affecter sa performance sur le court/moyen terme sont :
- l'augmentation du coût de la dette du fait de la
recherche de financements externes, ou l'augmentation des charges liées
à la gestion de l'épargne si l'institution décide de
dynamiser la collecte de l'épargne ;
- la possible dégradation du portefeuille en raison de
l'endettement croisé et de la concentration des risques découlant
de l'augmentation du prêt moyen.
Cependant, l'institution dispose de marges de manoeuvre pour
faire face à ces menaces.
Pour le CMS
C'est une structure mutualiste à trois niveaux dont le
siège est à Dakar, avec 6 bureaux régionaux et un solide
réseau de 74 agences locales et 13 permanentes.
1. Stratégies organisationnelles :
contrôle interne, gestion du personnel et SIG
En tant que fédération mutualiste, le CMS compte
six bureaux régionaux, totalisant 74 institutions mutualistes. Chaque
institution ou agence est gouvernée par 4 organes statutaires,
composés de membres élus : l'assemblée
générale, le conseil d'administration, le comité de
crédit et le conseil de surveillance.
Au niveau, il y'a 6 bureaux, chacun géré par un
directeur général. Chaque agence étant membre de la
fédération, et est représentée par son
président.
L'organisation du contrôle interne implique tous les
acteurs et se présente sous 4 niveaux selon le Rapport Annuel 2005, qui
sont les suivants :
-le contrôle opérationnel
-le contrôle hiérarchique ou de supervision
-le contrôle fonctionnel
-l'évaluation du contrôle interne par
l'inspection générale
L'inspection générale compte 17 agents et toute
l'équipe est basée à la direction générale.
Elle est équipée et dispose de manuels d'organisation et de
contrôle, d'applications informatiques permettant de développer
des requêtes pour le contrôle à distance et la
préparation de missions d'inspection. Elle dispose aussi d'une charte
d'éthique et de déontologie. Le CMS a une bonne politique de
formation pour tous les membres du personnel ainsi que pour les membres
élus.
Plusieurs réalisations ont été faites
pour accentuer le développement de la fédération ;
entre autre :
-le renforcement de l'organisation du contrôle à
distance en spécialisant des inspecteurs,
-le contrôle à distance pour l'ensemble des
caisses locales : dépôts, crédit, encaisse,
comptabilité
-missions de révision dans les caisses locales
(intervention trimestrielle)
-assistance aux missions d'audit externe.
Celles-ci ont pu couvrir les risques majeurs de l'organisation
grâce au système de contrôle interne et aux interventions de
l'inspection générale.
La fonction de contrôle est quadruple :
opérationnelle, fonctionnelle, hiérarchique et basée sur
l'évaluation.
Au niveau de sa gestion des systèmes d'information, le
CMS utilise SIBANQUE, qui a été développé avec son
partenaire Français, le centre international du crédit mutuel
(CICM). Il s'agit d'un système intégré
(comptabilité et suivi du crédit). En 2003, toutes les agences
ont été équipées de la nouvelle version SIBANQUE
2.
Le nouveau système est sécurisé,
pratique, flexible et permet de faire des rapports concis. Ils sont
consolidés et préparés mensuellement au niveau du
siège, et les rapports trimestriels sont envoyés à la
banque centrale et à la cellule de supervision Assistance Technique aux
caisses populaires d'épargne et de crédit (AT/CPEC).
Cependant, il est important de voir comment le CMS se
finance-t-il ?
2. Politiques de financement : sources de
financement, gestion de la liquidité et rentabilité
Le CMS bénéficie de l'épargne de ses
membres pour se financer (à hauteur de 78%), de ses fonds propres (pour
15%) et de d'emprunts commerciaux (pour 7%). Les dettes et subventions sont
inexistantes dans son portefeuille financier.
Sources de financement

Source: Microrate (The rating agency for
microfinance), CMS 2005
La mise en place de la banque des institutions mutualistes de
l'Afrique de l'ouest (BIMAO) avec ses partenaires (CICM et Jémini) lui
permet une autonomie financière supplémentaire.
En 2005, la situation financière du groupe a
été caractérisée par une hausse de 27 % du total du
bilan, permettant ainsi l'intensification des activités. Le pourcentage
des fonds propres sur les ressources a été de 20% en 2005 contre
15% en 2004. Les résultats cumulés mis en réserves depuis
la création de l'institution sont de 5,944 milliards de Fcfa, et
représentent près de 63% des fonds propres. Le niveau de l'apport
des partenaires commerciaux représentait 4% des fonds propres en
2005.
Selon le rapport annuel de 2005, il est ressorti de l'analyse
des états financiers que se sont les sociétaires qui sont les
principaux pourvoyeurs de fonds du CMS (cf. Tableau ci-dessus),
conformément aux principes de fonctionnement d'une institution
mutualiste. La participation de ceux-ci aux fonds propres et leurs
dépôts représentent 77% des ressources du groupe, soit 37
milliards de Fcfa.
Au niveau de la gestion de la liquidité, Microrate a
noté une relative stabilité de l'épargne, bien que les
sources de financement avec maturité de 30 jours (ou moins)
excèdent les investissements de même nature de près de 30
millions de dollars.
Néanmoins, selon l'agence de notation, si le
système venait à subir un choc, par exemple un ébranlement
de la stabilité politique ou une mauvaise récolte agricole, le
CMS pourrait être exposé à des risques nouveaux sans
être équipé pour y faire face.
Cependant, étant donné le caractère
mutualiste du CMS, il y'a peu de chance que la clientèle mette en
péril leur propre institution, qui aurait les capacités requises
pour lutter contre une crise (le CMS respecte les règles prudentielles
de la loi Parmec, donc en cas de crise les dépôts dont il dispose
au niveau des banques commerciales locales pourraient mitiger le risque).
Le CMS n'est pas exposé au risque de change, et il
présente des états financiers sains. Avec le lancement de la
BIMAO, il pourrait bénéficier de nouvelles sources de
financement.
Au niveau de la rentabilité, il a enregistré de
bons résultats. Il est rentable depuis 2001, et a enregistré son
plus haut profit net de 2,2 millions de dollars (~23% des fonds propres en
2004)
Pour l'UM-PAMECAS
Le Pamecas est une institution autonome et qui gère son
organisation de façon efficace. Elle est appuyée
financièrement par ses membres et les bailleurs de fonds. Sa vision est
de démocratiser l'offre de services financiers au Sénégal,
afin d'améliorer durablement la qualité de vie des
populations.
1. Les stratégies organisationnelles :
procédures internes, SIG et gestion des ressources humaines
Le réseau est sous le contrôle et la surveillance
de 3 organes :
-le conseil d'administration chargé du fonctionnement
et de la bonne gestion ;
-le comité de crédit chargé de la
distribution du crédit ;
-le conseil de surveillance responsable du contrôle de
toutes les opérations et de la gestion de l'institution.
Les procédures sont appliquées de façon
standardisées grâce aux formations internes et au suivi
hiérarchique. La qualité et la standardisation des formulaires
permettent une meilleure application des procédures d'octroi de
crédit.
Les contrôles sont réguliers et s'exercent
à deux niveaux : hiérarchie des caisses et suivi
régulier réalisé par les agents de l'institution.
La sécurité de la liquidité est garantie
par une série de procédures dont l'application est
fréquemment contrôlée.
Le département inspection vérification
réalise l'audit régulier des caisses. Il comprend six inspecteurs
qui effectuent deux visites inopinées par an et par caisse. En plus de
la vérification des informations, ces visites ont pour objectif de
contrôler les risques liés à la concentration de
l'épargne, du crédit, aux clients fictifs, au favoritisme
vis-à-vis des élus, à la gestion de la liquidité et
des impayés.

Source : Planet rating Pamecas, juin
2003
Les inspecteurs ont la plupart occupé d'autres
fonctions chez Pamecas et connaissent bien donc le fonctionnement des
mutuelles. Leurs missions au niveau des caisses garantissent une information
annuelle fiable. Les rapports d'audit finaux sont très
standardisés et essentiellement quantitatifs selon Planet rating. Il
manque une évaluation quantitative du travail de l'équipe de la
caisse. La restitution faite aux équipes est aussi succincte et n'est
pas l'occasion d'un échange avec le gérant sur les points forts
et les points faibles de la caisse.
L'équipe de direction est très compétente
et polyvalente. Ils disposent tous d'une bonne formation universitaire qu'ils
ont complétée par des formations professionnelles. Ils ont
rejoint Pamecas à sa création et ont évolué, par
des promotions internes. La présence permanente de l'assistance
technique(AT) de DID, une agence canadienne de développement pendant 9
ans (fin en 2003) a permis à Pamecas d'acquérir des
méthodes efficaces en gestion de projet, suivi des performances et
planification.
L'organigramme change au fur et à mesure pour s'adapter
aux besoins de la structure ou pour améliorer le fonctionnement du
réseau.
L'entente et la communication sont bonnes au sein de
l'équipe de direction. Les équipes sont en place depuis plusieurs
années et ont eu un parcours similaires, ce qui facilite la
cohésion mutuelle.
Pamecas a eu depuis sa création une politique claire de
gestion des ressources humaines :
-recrutement de jeunes diplômés pour limiter les
coûts
-promotions internes et parcours polyvalents à
l'intérieur de Pamecas (des caissiers deviennent gérants ou AC,
des gérants deviennent conseillers en gestion ou inspecteurs,...)
-formation continue
-appel à candidatures très largement
diffusé en interne et en externe, et recrutement sur concours,
utilisation des stages pour tester les compétences de candidats
-prime de fin d'année sous forme d'intéressement
au résultat.
Cela permet une fidélisation du personnel. Le
responsable es ressources humaines qui y est présent depuis 2001 a eu
comme objectif premier de professionnaliser la gestion administrative du
personnel.
Au niveau de la gestion du système d'information, en
2003, il n'était pas opérationnel. L'informatisation du
réseau s'est étendue jusqu'en 2005. Il permet de mettre en place
une consolidation des données des caisses et de l'union, ainsi qu'une
production des rapports d'activités et états financiers.
Pamecas s'est doté d'une équipe solide, incluant
des informaticiens récemment embauchés en 2003 et des membres des
autres départements connaissant déjà les procédures
et les produits. Une assistance technique de DID a été
indispensable entre 2002 et 2003. Son soutien a été indispensable
pour assurer le contact avec SYSDE, le développeur du logiciel SAF 2000,
société Costaricaine ne s'exprimant pas en français et
détenant le code source. Une entreprise Sénégalaise, Touch
Technologie représentant de SYSDE au Sénégal, assure la
maintenance du logiciel.
Cependant jusqu'en 2003, le système manuel a
été utilisé pour connaître le niveau des encours et
la liste des clients en impayés. Ce qui a handicapé les
échanges entre les caisses et l'union.
Qu'en est-il au niveau de la gestion financière de
Pamecas ?
2. les politiques de financement :
sources de financement, gestion de la liquidité et
rentabilité
L'épargne représentait en 2003, 70% du passif,
les fonds propres sont constitués à 32% de fonds non permanents
(parts sociales des membres et fonds de garanties) ; de 26% de subventions
accumulées et 42% de report à nouveau.

Source : Planet rating Pamecas, juin
2003
Pamecas, dans les premières années du lancement
du centre financier aux entrepreneurs (CFE), a pu se refinancer grâce
à une partie de ses fonds propres pour ce produit.
Il n'a jamais eu besoin de financement externe autre que
l'épargne et n'en a pas envisagé avant 2005.
Disponibilité de
l'épargne

Source : Planet rating Pamecas, juin
2003
L'institution a cependant reçu un certain nombre de
prêts concessionnels destinés à financer des populations
particulièrement défavorisées ou qui connaissent des
difficultés. Elle reçoit aussi des subventions.


Source : Planet rating Pamecas, juin
2003
Au niveau de la rentabilité, Pamecas satisfait toutes
les conditions requises pour ce faire selon Planet rating. Il est rentable
depuis 2000. Avant subvention, le réseau dégage un
excédent égal à plus de 4% des actifs moyens sur
l'année. Il reste positif après l'ajustement opéré
par Planet rating, soit 2,5%, une performance inférieure au groupe des
IMF autosuffisantes (5,5%), mais supérieure au groupe Africa Large
(0,2%) et très supérieure aux IMF jeunes (entre 4 et 7 ans :
avec, -7%).
Chacune des caisses est rentable avant et après
paiement des frais de l'union en 2002. Elles dégagent toutes une
rentabilité des actifs supérieure à 4%. La performance
n'est pas mise en péril par des caisses à risque.

Source : Planet rating Pamecas, juin
2003
Grâce à un effet de levier des fonds propres
très élevé (l'épargne représente 70% du
passif total) et une rentabilité certaine, Pamecas dégage une
rentabilité des fonds propres élevé, de plus de 20%. En
2002, la diminution s'est expliquée non pas par une diminution de la
rentabilité mais par une augmentation des fonds propres, puisque
l'institution a reçu à cette année de nouvelles
subventions (effet de levier de 400% à 300%).
Le rendement du portefeuille a augmenté malgré
la diminution de la qualité du portefeuille. Ce qui s'explique par la
part de la croissance des crédits de montants importants dans le
portefeuille.
On a vu que les trois IMF (ACEP, CMS et PAMECAS) qu'on a
choisies ont pu adapter leurs produits et leurs services à leurs
populations ciblées et sont performantes au niveau organisationnel et
financier.
Mais qu'en est-il au niveau de leur localisation et de leur
mission principale, celle d'aller vers les populations exclues du
système financier ?
c. La proximité physique et psychologique
à travers les agents de crédits
Les IMF disposent de caisses qui sont proches de la population
locale et les agents de crédit, chargés de l'exécution de
leurs politiques sont conscients des attentes et des capacités de leurs
clients. Ce qui permet une écoute attentive et une meilleure
anticipation des besoins ; et donc l'établissement d'une confiance
mutuelle entre établissements financiers et ménages. Celle-ci
étant ignoré voire inaperçue par les banques classiques.
On va voir ce qu'il en est pour nos trois IMF Sénégalaises
choisies, qui ont su adapter leur politique de rémunération pour
fidéliser leurs agents de crédits pour une meilleure
proximité psychologique avec leurs clients.
Pour l'ACEP
Elle dispose d'agences régionales (8 au total en 2003)
réparties au niveau national comme indiqué sur la carte
ci-dessous.
Les agents de crédits sont en contact direct avec les
clients et leur environnement. Ils sont affectés dans les agences
régionales et connaissent les attentes de ces derniers. Ils
présentent toutes les compétences nécessaires pour leurs
fonctions et bénéficient d'un système motivant de
rémunération. Ils suivent une formation terrain par leurs pairs
qui garantit leurs compétences. Ils effectuent une formation
théorique et fournie par le chef du service des opérations. Ils
sont motivés par un système de prime annuelle qui garantit le
volume et la qualité du portefeuille. Leur poste est essentiellement
terrain ; tout le traitement administratif du crédit est
réalisé dans les agences régionales (saisie de
l'information sur ACE, prise de garanties, saisie des remboursements. Ce qui
explique la faiblesse de leur effectif entre 2001 et 2003(cf. tableau
suivant).

Source : planet rating, juin
2004
Evolution du personnel entre 2001 et
2003

Source : planet rating, juin
2004
Pour le CMS
En 2004, le CMS disposait de 79 caisses et de 13 permanences.
En 2005, il a crée 8 nouvelles caisses. Cette extension de réseau
consacre la couverture quasi-totale du Sénégal.21(*)
En ce qui concerne le positionnement stratégique, le
CMS a commencé son implantation en zone rurale où les populations
du fait de la faiblesse de leur revenu, sont délaissées par les
banques. Il s'est par la suite développé en zone urbaine avec la
même mission pour mettre à la disposition des populations des
outils financiers adaptés aux besoins des catégories. D'où
son slogan : « le service financier de proximité
». Pour diversifier sa clientèle et la
fidéliser, le CMS ne cesse d'améliorer ses produits et ses
services ; et de faire croître sa gamme en tenant compte des besoins
de sa clientèle.
Le réseau du CMS

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Source : CMS (Technofoire CAPAF,
Informatisation du CMS)
Les agents de crédits du CMS sont productifs et sont
motivés par un système de prime et cela a occasionné
l'excellence de leur productivité et l'atteinte de l'objectif de
compétence technique. Ils reçoivent des primes en fonction de
leurs performances (cf. tableau suivant), leurs compétences techniques
et de leur comportement. Ils gèrent en moyenne 361 clients.

Source: Microrate (The rating agency for
microfinance), CMS 2005
Le nombre d'employés a augmenté
parallèlement avec la croissance du portefeuille de crédits, 38%
des employés sont agents de crédits, ce qui est
proportionnellement assez faible mais s'explique par l'importance que le CMS
accorde à la mobilisation de l'épargne au niveau local.
En plus pour satisfaire sa clientèle, il a mis en
place, avec le partenariat du crédit mutuel de France et dans le cadre
d'une confédération avec Jémini du Mali, la Banque des
institutions mutualistes de l'Afrique de l'ouest (BIMAO). Le but étant
de mettre sur pied une banque qui permettra de canaliser des fonds, de
réduire sa dépendance vis-à-vis des banques commerciales.
On note cependant la nécessité des fonds extérieurs,
puisque le CMS limite l'utilisation des dépôts à hauteur de
70% pour le financement du portefeuille de crédits.
Pour l'UM-PAMECAS
Jusqu'en 2003, il n'y a pas eu encore de système de
prime pour les agents de crédit qui sont pourtant les plus proches de la
clientèle.
Et le Pamecas a beaucoup d'effort à faire pour se
rapprocher de population Sénégalaise dans son ensemble. Elle a
choisi de se localiser dans les zones urbaines (cf.carte).
Le réseau comporte 46 agences dont 34 sont dans la
capitale. En 2006, 6 autres agences ont été ouvertes dans les
autres régions.
Le Réseau Pamecas

Source : Pamecas
D'autres part, Pamecas a développé une mutuelle
de santé nommé MS-PAMECAS. Elle permet aux populations
démunies d'avoir accès aux services de santé,
réservées jusqu'ici à la population moyenne et riche,
moyennant 250 FCFA (0,38 euros) par mois. Ce qui rapproche l'institution de sa
clientèle et lui permet de remplir sa mission.

Source : Plan de développement
de la Mutuelle de santé du Pamecas (octobre 2005)

Source : Plan de développement
de la Mutuelle de santé du Pamecas (octobre 2005)
On peut noter que les trois IMF leader du marché de la
microfinance au Sénégal, ont su adapter leurs produits et leurs
services, développer des stratégies pour rendre leur institution
performante et renforcer leur proximité vis-à-vis de la
population exclue financièrement. Cependant, un certain nombre de
contraintes pourraient les empêcher de remplir leurs objectifs, de
réaliser des innovations et de se rapprocher davantage de leurs
clients.
Elles sont d'ordre financières et organisationnelles.
Quel est le rôle de l'état et des agences de
coopération internationale dans la lutte contre l'exclusion
financière?
Quelles sont les stratégies mises en oeuvre pour le
développement financier du Sénégal et pour la
création d'un environnement favorable à
l'entrepreneuriat ?
II. La microfinance: un outil incontournable de
développement pour les agences de coopération internationale et
un impératif stratégique pour la croissance économique au
Sénégal
Plusieurs programmes de développement s'articulent
autour de la réduction de la pauvreté en améliorant
l'accès à l'éducation, la santé et l'alimentation.
Pour notre part, nous allons nous intéresser à ceux qui se
soucient de la production pour diminuer la dépendance de la population
vis-à-vis de l'aide extérieur et de l'état. C'est ainsi
que les agences de coopération internationale, partenaires au
développement du Sénégal, ont pris conscience de
l'importance de la microfinance pour faciliter l'accès aux services
financiers et aux services vitaux dans leur globalité. Auparavant ;
la majorité de ces programmes ne prenaient pas en compte la finance
solidaire dans leurs actions sociales. Maintenant la donne a changé.
L'objectif de notre étude est d'encourager ainsi les acteurs au
développement pour une plus grande considération de la finance
décentralisée de façon plus réaliste.
1. le rôle de la coopération
internationale dans la microfinance
Les bailleurs de fonds ont jusqu'ici joué un rôle
prédominant dans le développement du secteur de la microfinance.
La grande majorité des IMF est financée par ces derniers.
Dans le secteur de la microfinance il ne s'agit pas
d'assister, mais de promouvoir la production et la consommation en aidant les
IMF qui sont bien structurées à bénéficier de
financement ou d'appui technique pour venir en aide aux populations
démunies mais aussi aux entrepreneurs.
a. L'appui financier des bailleurs, une
nécessité pour l'investissement des PME et le financement des
IMF
Les acteurs les plus dynamiques dans le secteur de la
microfinance au Sénégal sont les agences de
coopération Canadienne (DID à travers l'ACDI)), Française
(AFD) et Allemande (KFW et GTZ).
· Le rôle de DID
(Développement International Desjardins)
Au Sénégal, c'est l'ACDI qui est chargée
de gérer la coopération Canadienne. Cependant, au niveau de la
microfinance, elle exécute ses projets avec l'appui de DID. En plus DID
est appuyé par elle dans le développement de l'expertise au
niveau de la gestion des caisses populaires dans les PED. En effet celui-ci
s'appuie sur l'organisation de ses caisses au Canada. Il dispose de plusieurs
fonds (FONIDI, Fonds de partenariat Nord-Sud)22(*) qui ont des objectifs divers et variés en
faveur de la microfinance pour le financement
-Le Fonds d'investissement pour le
développement pour le développement international
Le FONIDI constitue une source pour le financement
d'institutions ou de fonds spécialisés du secteur financier de
l'économie sociale de pays en développement ou de transition.
Ses principaux objectifs sont les suivants :
Ø Etablir des liens commerciaux avec les institutions
coopératives ou mutualistes des PED ou pays à revenu
intermédiaire
Ø Fournir un levier financier à ces institutions
et à des fonds d'investissement dédiés à ces
marchés en vue d'obtenir un financement d'autres sources
Ø Améliorer l'accès aux services
financiers et la qualité de vie des populations locales
Ø Contribuer à l'amélioration de la
gouvernance des institutions financées
Les types de financement que le fonds propose tournent
autour :
Ø d'investissement dans le capital sous formes
d'actions ordinaires ou privilégiées ou de parts de
sociétés en commandite ou de coopératives
Ø d'un financement sous forme de prêts...
Pour en bénéficier, les conditions suivantes
sont à remplir :
Ø avoir un historique d'exploitation ou une
notoriété dans le secteur
Ø avoir franchi l'étape du démarrage des
activités
Ø ne pas être coté en bourse
Ø ne pas faire l'objet d'un projet à
durée déterminée.
Si ces dernières sont remplies, une injection de
capital peut avoir lieu et elle varie entre 500000 CAD et 1500000 CAD. Et une
participation minoritaire dans le capital se situant entre 10% et 40% aura lieu
et l'horizon d'investissement se situe entre 5 et 7 ans.
En plus du FONIDI, il existe un fonds de partenariat Nord-Sud
en matière de financement.
-Le Fonds partenariat Nord-Sud
En 2003, DID fait appel aux caisses Desjardins afin qu'elles
contribuent financièrement au vaste projet d'informatisation des caisses
appuyées par DID en Afrique et en Haïti. Il fallait trouver le
financement nécessaire à l'achat d'équipement informatique
requis pour ce genre de modernisation. Cette invitation a donné lieu
à une collecte au niveau de 27O caisses Desjardins qui a permis
d'amasser 1,6 millions de CAD et de constituer le Fonds.
L'appui financier a permis aux caisses partenaires de se
moderniser et :
Ø de se développer à leur plein
potentiel
Ø de rendre plus fiables les opérations de
caisses
Ø d'améliorer l'efficacité dans le
travail en simplifiant largement la gestion des opérations
Ø d'offrir de nouveaux produits
Ø de toucher plus de clients
Ø d'améliorer les services offerts aux
clients
En 2007, 671000 CAD ont été attribués
à neuf réseaux (dont le Pamecas au Sénégal)
grâce au Fonds Partenariat Nord-Sud.
· Le rôle de l'AFD
(Agence Française de Développement)
A un certain stade de développement d'une IMF23(*), et une fois son
équilibre d'exploitation atteint ses besoins, comme ceux de toute
institution financière, portent sur le renforcement de sa
solvabilité, de sa liquidité et de son actionnariat. Le groupe
AFD a trouvé nécessaire de pouvoir développer des
instruments financiers adaptés pour le renforcement du secteur. Ces
derniers tournent autour de la solvabilité, la liquidité et du
renforcement de l'actionnariat.
-La solvabilité
Il s'agit de renforcer la structure financière des IMF
par la mise au point de schémas sécurisés de dotations en
fonds propres et de fonds de garanties pour répondre à des
risques hors de portée des institutions (assurances agricoles, garanties
contre les risques de catastrophes...)
Ces besoins bien que distincts des besoins initiaux en
subventions nécessaires à l'arrivée de l'équilibre
de l'exploitation, peuvent nécessiter la mise en place de ressources
supplémentaires. Ce type de ressources peut répondre aussi
à un besoin de financement public en faveur d'IMF performantes dans le
cadre d'une politique macro-économique claire des Etats (bonifications
d'intérêts pour l'agriculture, dotation e fonds de
calamités...).
-La liquidité
Il s'agit d'assurer aux IMF un accès durable à
des ressources financières en monnaie locale et sur des durées
adaptées à celles de leurs produits. L'AFD peut favoriser le
développement d'instruments d'épargne plus stables que de type
« plan d'épargne », et faciliter notamment en
apportant sa garantie :
o Le recours à des instruments financiers plus longs
tels que des emprunts à moyen terme auprès des banques, voire
même des émissions obligataires auprès du public
o L'obtention auprès des banques de facilités de
financement à vue pour pallier l'absence d'accès au marché
monétaire
-Le renforcement de l'actionnariat
Cela concerne, en particulier, des interventions sous forme de
capital risque notamment par un partenariat avec des fonds d'investissement
régionaux ou avec des opérateurs spécialisés. Ainsi
l'AFD a mis en place PROPARCO dont la mission est de financer le secteur
privé dans les PED et pays en transition, avec des prêts, des
capitaux-investissement avec des garanties.
Le conseil d'administration de PROPARCO du 15 décembre
1999 consacré au Plan d'Orientation Stratégique 2000-2002, a
affirmé le principe d'une intervention plus déterminé dans
le secteur de la microfinance.
Au Sénégal, l'AFD garantit des emprunts
bancaires qui ont été consentis à la Banque des
Institutions Mutualistes d'Afrique de l'Ouest (BIMAO) pour des banques
commerciales de la région, pour un montant maximum de 12 millions
d'euros sur 5 ans. La BIMAO peut ainsi accorder davantage de crédits
à moyen terme aux IMF membres de la Confédération des
Caisses Mutualistes d'Afrique de l'Ouest (CCMAO), an particulier le CMS. Un
prêt de 1,5 millions d'euros a été aussi accordé
à la BIMAO afin d'augmenter ses quasi fonds propres.
La Société d'Ingénierie Informatique des
Mutuelles d'Epargne et de Crédit bénéficie d'un prêt
de 500000 euros pour faire évoluer le logiciel de gestion qui
équipe huit réseaux mutualistes dont le CMS.
· Le rôle de la KFW
(coopération allemande)
Elle finance des projets ou programmes d'infrastructure
économique et sociale, mais aussi le secteur financier. Son pole
d'intervention «promotion de l'emploi des jeunes en milieu
urbain» est doté d'un budget de 12 millions d'euros24(*). Il a été
initié avec une composante financière, la KFW (avec 8 millions
d'euros) et une autre technique, la GTZ (avec 4 millions d'euros). La
composante financière se consacre principalement aux micros petites
entreprises (MPME) qui connaissent des difficultés d'accès au
crédit, en finançant les institutions intermédiaires
actives dans ce domaine.
Son objectif vise à combler les besoins des MPME en
financement pour favoriser la création d'emplois des jeunes en milieu
urbain.
La KFW apporte aux IMF qui offrent des crédits aux PME
un appui sous forme de lignes de crédit à long terme. Cela
devrait permettre de renforcer leurs efforts visant à mieux servir la
demande des MPME, notamment en crédits d'investissement. Cependant, les
conditions d'octroi de crédits sont fixées par les IMF. A travers
les portefeuilles de crédits de CMS, du PAMECAS et de l'ACEP, la KFW est
en partenariat avec ces dites IMF.
En dehors de l'appui financier, les agences de
coopération Canadienne, Française et Allemande apportent leur
soutien au niveau de la gestion des IMF et des PME.
b. L'appui technique, un préalable au
renforcement financier, à l'éradication des pratiques informelles
et à une meilleure intervention
L'appui technique tourne autour des pratiques
organisationnelles mais aussi au niveau de la formation des entrepreneurs et
dirigeants d'institutions.
· Le rôle de DID
Au niveau technique, DID, fort de l'expérience des
caisses Desjardins, peut appuyer ses partenaires dans la mise en place
d'institutions de base destinées à donner accès aux
personnes exclues des services financiers adéquats. C'est ainsi qu'il a
appuyé PAMECAS à mettre en place ses caisses au
Sénégal et à élargir son réseau. Rappelons
que celui-ci fait partie des institutions leaders du secteur.
Pour assurer la pérennité et la viabilité
de ses institutions partenaires, DID se préoccupe de la consolidation de
leur structure et de leur système. Il s'est ainsi fixé comme
objectif de les regrouper en réseaux, ce qui facilite la concertation et
l'accès aux ressources, et contribue à professionnaliser les
services offerts. DID appui aussi la création d'unités d'affaires
comme le centre d'innovation financière (CIF), qui regroupe six
réseaux de coopératives financières d'Afrique
occidentale.
Et parce que la permanence des services passe par la
formalisation des systèmes, DID veut doter les caisses partenaires
d'outils informatiques comme il le fait avec son fonds partenariat Nord-Sud. En
effet l'informatisation des opérations permet la rapidité et la
fiabilité des transactions quotidiennes. Cela sécurise et
optimise les opérations de travail. DID, pour accompagner ses
partenaires sur la voie de l'informatisation, leur propose le logiciel
transactionnel SAF2000 et le système d'information de gestion DIDSIG.
Enfin, en vue de structurer l'industrie de la microfinance
dans le pays où il intervient, DID peut aussi appuyer la mise en place
d'un cadre juridique adapté aux réalités de la
collectivité et aux spécificités de chaque pays. Une bonne
législation permet aux IMF d'assurer la sécurité et la
confiance de leurs sociétaires. DID appuie aussi ses partenaires dans la
conception et la mise en application des politiques internes notamment les
conditions d'agrément et les principales règles de
fonctionnement. C'est ainsi qu'il a appuyé la mise en place de la
cellule AT/CPEC au Sénégal.
· Le rôle de l'AFD
Elle effectue plusieurs opérations visant à
promouvoir le secteur de la microfinance pour faciliter son accès aux
ressources financières en lui dotant de bonnes pratiques, fiables et
reconnues par les bailleurs de fonds. Elles sont variées et
objectives.
-L'AFD appuie la consolidation d'IMF existantes
Ce type d'intervention est adaptée dans les pays
où la microfinance est déjà développée, et
pour répondre à des besoins spécifiques de l'IMF ou d'un
groupe identifié.
La stratégie peut être triple :
1) appuyer et sécuriser l'extension d'IMF ayant fait
leur preuve vers d'autres clientèles ou régions ;
2) appuyer la diversification des produits ou des types
d'activité financés par les IMF. Cela concerne notamment le
développement d'une épargne longue, du crédit moyen terme
ou du crédit à l'agriculture ;
3) appuyer la mise en place de mécanismes financiers
favorisant l'articulation et la coopération entre institution ou avec le
système bancaire mais aussi l'amélioration de la structure
financière et de la sécurité de leur exploitation
(accès à des ressources en monnaie locale, développement
en fonds de garantie, dotations en fond propres, participation au
capital...°
-L'AFD appuie la création d'IMF
Les situations où il existe un cadre institutionnel
minimum et une volonté politique d'appuyer développement de ce
secteur doivent être privilégiées pour la création
d'institutions.
Au plan technique, la création d'IMF
gérées au niveau régional est privilégiée
pour des raisons de capacité de gestion, même si certains services
peuvent être regroupés ultérieurement au niveau national.
Au cours des premières années des instruments de gestion simples
mais professionnels doivent être mis en place. Ceux-ci doivent être
évalués au courant du projet et à sa clôture.
Au plan juridique et institutionnel, même si
l'institution en cours de création ne peut rentrer immédiatement
dans les dispositions juridiques et réglementaires nationales ou lorsque
celles-ci sont incomplètes, le projet doit démarrer avec la
reconnaissance des autorités de contrôle de l'activité
financière.
Enfin si la professionnalisation de l'institution est un
processus long (formation et responsabilisation des cadres et administrateurs
locaux...), il convient selon l'AFD à favoriser le positionnement rapide
de l'opérateur en appui à l'institution et non en poste de
direction. L'appui doit s'effectuer dans une logique d'entreprise au sein de
l'institution. L'extension et la diversification des activités ne sont
envisagées qu'une fois l'autonomie de l'institution atteinte. Par cette
stratégie, l'AFD recherche une autonomie de l'institution.
· Le rôle de la GTZ
(Coopération Allemande)
Elle constitue le volet technique de la coopération
technique de la coopération Sénégalo Allemande. En
étroite collaboration avec le volet financier, elle intervient dans le
cadre de la mise en oeuvre de la Lettre de politique sectorielle de la
microfinance (LPS), en s'impliquant dans la promotion du secteur à
travers les actions suivantes :
· appui à la création d'IMF commerciales
sous forme de société anonyme (S.A), en vue de
l'amélioration et de la diversification de l'offre de produits
financiers et de services ;
· appui à la mise en place de mécanismes
visant à favoriser le financement des IMF par les banques, l'objectif
poursuivi par la LPS étant entre autres l'articulation des IMF
commerciales avec les banques et leur intégration progressive aux
marchés financiers.
Pour améliorer les performances du secteur et
intégrer les bonnes pratiques de management, les agents de la
coopération allemande proposent des formations aux entrepreneurs et aux
gestionnaires d'IMF aussi.
Grâce à la médiatisation que connaît
le secteur, le financement de la microfinance fait de plus en plus l'objet de
convoitise au niveau des bailleurs. Ce qui pousse certains auteurs à se
poser la question de savoir si « les institutions financières
internationales sont en train d'évincer de la microfinance les
investisseurs privés ? »25(*)
La capitalisation croissante du secteur constitue un sujet
d'étude sur lequel il serait intéressant de se concentrer. Pour
l'instant, voyons quelles sont les stratégies que l'Etat
Sénégalais et de ses partenaires au développement
économique ont mis en place pour la réduction de la
pauvreté et qui sont en faveur de l'entrepreneuriat. Et quelle
rôle y joue la microfinance ou quel rôle pourrait-elle y jouer si
elle n'est pas incluse dans un programme donné?
2. Les stratégies de développement
mises en oeuvre par l'état et ses partenaires internationaux pour
faciliter l'accès aux services financiers
décentralisés
Elles sont générales et spécifiques.
a. Les stratégies générales
des institutions publiques
Le rôle des PME dans la croissance et la
réduction de la pauvreté est reconnu au Sénégal, en
raison de leur apport dans l'économie nationale. L'état retrace
un certain nombre de stratégies avec ses partenaires dans divers
documents ayant pour objectif le développement économique
à travers l'encadrement des PME, pour leur faciliter ainsi
l'accès au financement. C'est le cas du document stratégique de
réduction de la pauvreté (DSRP), des objectifs du
millénaire pour le développement (OMD), de la stratégie de
développement du secteur privé (SDSP), du programme
intégré de l'ONUDI et de la stratégie de croissance
accélérée (SCA).
Au niveau sous régional, le nouveau partenariat pour le
développement de l'Afrique (NEPAD) accorde une importance
particulière à la promotion des PME dans le domaine prioritaire
de l'accès au marché. De même l'UEMOA et la CEDEAO s'en
imprègnent pour en faire un élément moteur de
développement économique ; notamment à travers la
directive sur le financement et le développement des PME et les accords
de partenariat (APE)26(*).
· Les axes stratégiques concernant la
promotion des PME
Elles tournent autour de :
-l'amélioration de l'environnement légal et
réglementaire pour créer un cadre propice à la promotion
et au développement des PME ;
-l'information et à la communication pour rendre
accessible les données sur les PME (principal soucis des banques, IMF et
bailleurs de fonds),
-l'accès au marché par la
compétitivité des entreprises et la formation des
entrepreneurs ;
-la mise en place de produits financiers adaptés aux
besoins des PME pour faciliter la création, le développement et
la restructuration de leurs activités,
-la promotion et le développement des activités
de soutien aux PME ;
-le renforcement du cadre institutionnel pour le pilotage, le
suivi et l'évaluation des projets et programmes ainsi que
l'encadrement,
-du programme de consolidation du fonds national de promotion
de l'entrepreneuriat féminin pour faciliter l'accès des femmes au
financement,
-du programme de consolidation du fonds d'impulsion de la
microfinance pour le renforcement des mutuelles d'épargne et de
crédit,
-la création d'une banque des PME,
-du programme de renforcement du marché des services
aux entreprises,
-du montage d'un projet intégré pilote pour la
transformation des fruits et légumes
-la mise en place d'un fonds d'appui à la «cellule
entreprise en difficulté»,
-du programme de promotion et de développement des
micros petites entreprises (MPE) rurales,
-du programme de facilitation de l'accès au
marché pour les femmes.
En dehors des programmes et des stratégies, des
structures ont été créées pour faciliter leur mise
en oeuvre.
· Les structures d'appui aux PME
Le Sénégal s'est enrichi de la création
d'un ministère des PME, de l'entrepreneuriat féminin et de la
microfinance. Le gouvernement est conscient que l'accès au financement
des entreprises est facilité par l'intégration e la microfinance.
Ce département ministériel a pour mission de:
· favoriser la création de PME et PMI notamment
dans le secteur des services, de l'industrie, de l'agriculture, de
l'élevage, de la pêche et des NTIC ;
· conduire les politiques de mise à niveau des PME
et PMI ainsi que de leur environnement en vue d'assurer leur intégration
dans l'économie sous régionale et internationale,
· élaborer et mettre en oeuvre des
stratégies pour le développement de programmes de promotion de la
qualité à travers la diffusion de la culture de la
qualité, du respect des normes et de l'intégration de la
certification ;
· développer les actions permettant d'aider les
femmes entrepreneurs, ainsi que celles souhaitant créer leur
entreprise ;
· favoriser la formation des femmes chefs d'entreprises,
notamment en matière de finances, de crédits, de
comptabilité, de commerce national et international.
· En rapport avec le ministère de
l'économie et des finances, des actions sont concertées. Et ce
dernier est chargé de :
· veiller à l'exécution et à la
gestion des lignes de crédits destinés aux femmes entrepreneurs,
ainsi qu'à la formation des populations cibles ;
· veiller à la promotion et au
développement de la microfinance, à l'exclusion des mutuelles qui
sont du ressort du ministère chargé de la famille,
· favoriser la participation de institutions bancaires et
du système financier décentralisé (SFD) à une
politique de développement de la microfinance.
Le ministère des PME, de l'entrepreneuriat
féminin et de la microfinance comprend trois directions :
ü La direction des PME
ü La direction de l'entrepreneuriat féminin
ü La direction de la microfinance
Il assure la tutelle de l'agence de développement et
d'encadrement des PME (ADEPME).
Dans le cadre de ses activités, il collabore avec
l'agence de promotion de l'artisanat (APDA), des partenaires au
développement, des mutuelles d'épargne et de crédit, de
l'agence sénégalaise de normalisation...etc.
Plusieurs stratégies s'inscrivent dans l'horizon
2005-2010. Il s'agit :
ü d'améliorer la visibilité des PME
ü d'améliorer leur viabilité et leur
compétitivité
ü d'assurer l'attractivité de leur
environnement.
Il existe même une loi d'orientation des PME, qui
s'articule elle aussi autour de leur promotion et de leur développement,
notamment à travers:
ü la définition de la PME
ü les dispositions relatives au financement
ü les fonds d'aménagement régionaux
ü l'accès aux marchés publics
ü le rôle des collectivités locales
ü l'allègement et les dispositions d'ordre
fiscal
ü le rôle des organisations patronales
ü le plan de formation des effectifs PME
ü les obligations des bénéficiaires de
mesures d'aides
ü les obligations légales et fiscales.
En plus des stratégies que l'état a mis en
oeuvre pour asseoir la viabilité et la pérennité des PME
afin de leur faciliter l'accès au financement et au partenariat, il
existe d'autres stratégies mises en place à travers les
programmes de développement.
b. Les stratégies spécifiques
initiées par des programmes de développement
Les principales sont : la stratégie du
développement économique local (DEL) et celle de l'approche
« Nucleus »27(*).
· La stratégie de développement
local
Elle a pour objectif de stimuler l'économie locale et
régionale pour renforcer la compétitivité et la
capacité d'emploi des entreprises sur place. Pour cela, les
activités du DEL créent des opportunités d'échange
d'expérience entre les communautés des entrepreneurs et leurs
associations professionnelles d'une part et l'administration et les structures
d'appui d'autre part. Les contraintes du développement locales sont
identifiées et les discussions entre ces différents acteurs vont
permettre de trouver des solutions en commun accord.
L'initiative de la ville de Pikine, une banlieue Dakaroise en
est un exemple.
En effet, il s'agissait de voir quels sont les
problèmes qui entravent le climat des affaires de cette ville.
L'initiateur est la coopération allemande avec son programme de
promotion de l'emploi des jeunes en milieu urbain (PEJU). Des réunions
avec l'administration locale et des entrepreneurs ont eu lieu et ont permis de
dégager les contraintes qui tournaient autour de deux
principales :
-L'environnement réglementaire local :
il est marqué par
des procédures administratives lourdes et lentes
une méconnaissance des dispositions sur la
fiscalité
le coût qu'elle génère est
élevé
une insuffisance des informations sur les marchés
communaux
un difficile accès au foncier et une
insécurité foncière pour les entrepreneurs
une déficience de la mobilité urbaine
-La fourniture de services aux entreprises :
quant à celle-ci, elle tourne autour :
d'un absence d'informations économiques sur les
entreprises existantes et les créneaux porteurs
d'une inadéquation de la formation des jeunes par
rapport à l'emploi
d'un absence d'opportunités liées aux
marchés publics communaux pour les micros PME locales
d'un manque de structures d'appui (en matière de
financement, d'information et d'encadrement)
d'un absence de guichet unique pour la formalisation des
micro entreprises
d'un absence de politique marketing
d'un déficit d'infrastructures économiques et
d'accès à la technologie pour les entreprises locales.
Les participants ont par la suite mis en exergue les actions
qu'il urgeait d'entreprendre. Trois principaux domaines en sont
ressortis :
o L'appui à la formation et à la qualification
des jeunes
o Faciliter l'accès aux marchés en promouvant la
communication
o Des incitations financières en se basant sur la
fiscalité locale
Pour notre part, il serait intéressant d'impliquer les
mutuelles de crédit et d'épargne pour rendre plus accessible le
financement aux PME de la localité de Pikine. Cependant ces actions
(formation, communication et promotion) sont préalables à toute
demande de financement.
En dehors de la stratégie visant le
développement local, il existe une autre stratégie
spécifique, qu'est celle de l'approche
« Nucleus ».
· La stratégie de l'approche
« Nucleus »
Ce concept est basé sur le besoin de création
d'une synergie entre différents membres d'un groupe afin de stimuler le
développement des entreprises dont ils proviennent. Le Nucleus est avant
tout un groupement de professionnels d'un même secteur ou ayant les
mêmes intérêts ou problèmes28(*).
Au Sénégal, le Nucleus est un cercle
d'entrepreneurs à l'intérieur d'une chambre des métiers,
chambre de commerce ou d'une association professionnelle, modéré
et assisté par un conseiller ou facilitateur, employé de la
chambre.
Son objectif est de mobiliser les PME membres (des
différentes chambres énoncées ci-dessus ou des
organisations professionnelles visées) et de stimuler leur demande en
développement organisationnel. Au sein des Nuclei, les membres cherchent
à identifier les problèmes du secteur et à trouver des
solutions. Le but de cette démarche étant l'incitation des PME
à être autonome et à être réactives et
préventives à la fois. On sait que dans les PME
Sénégalaises, la notion d'anticipation est presque inexistante.
Cette approche bouleverse la donne et va permettre a es dernières
d'anticiper leurs besoins financiers en passant par ceux organisationnels.
Les instruments par cette approche sont les suivants :
Socialisation des membres
Création de réseaux pour les épouses des
entrepreneurs
Introduction de méthodes participatives de formation,
de travail en groupe et d'échange de bonnes pratiques
Offre de services de conseils au sein des ateliers
Promotion de la formation continue et pratique des
entrepreneurs et de leur staff.
Les agences de coopération et l'Etat à travers
ses structures d'appui aux PME et ses ministères permettent de mettre en
place un tissu économique formel t favorable à l'économie
Sénégalaise. L'encadrement et la formalisation de la PME sont mis
en avant, mais les politiques qui leur sont assignées sont
récentes. Et la majorité n'a visé que très tard
aussi l'implication nécessaire des IMF dans le financement et la
formation de leurs clientes PME. Auparavant, les agences de coopération
internationale y étaient plus actives. Encore faudrait que celles-ci
accordent un prêt à une structure formelle organisée et
fiable. En attendant de voir quels sont les fruits que les politiques de
promotion et d'encadrement de la PME vont donner, on a voulu démontrer
que la microfinance est pour l'instant le secteur le plus approprié en
matière de développement de l'entrepreneuriat. Il ne faut pas
oublier que ce secteur est appuyé par un certain nombre de bailleurs et
d'acteurs au développement économique. L'état a mes en
oeuvre une lettre de politique sectorielle pour la microfinance. Celle-ci
pourra jouer un rôle important dans la promotion des PME.
Cependant, le secteur connaît des contraintes qui
pourraient remettre en cause son efficacité et son adéquation
vis-à-vis de la structure PME au Sénégal.
3. les contraintes inhérentes à la
microfinance au Sénégal
Elles tournent autour de la réglementation, du
refinancement et des moyens utilisés pour le fonctionnement du secteur
de la microfinance.
a. La réglementation, un poids
incontestable pour le renforcement financier
Elle concerne les PME et les IMF.
-Au niveau PME
Selon Laurent Lhériau (novembre 2005), le passage d'une
micro entreprise individuelle à une PME, et implique sa formalisation et
donc plusieurs évolutions dans l'organisation de l'entreprise :
Ø -à un stade, il n'est plus possible de se
fondre dans le maquis fiscal du secteur informel, hors la TVA et impôt
sur les bénéfices. L'entreprise devient trop visible et franchit
les seuils d'assujettissement et doit donc entrer dans la fiscalité du
secteur moderne ;
Ø -l'augmentation des besoins de financement conduit le
bailleur ou l'IMF à demander des documents comptables aux normes et
à créer les conditions d'une séparation claire entre le
patrimoine de l'entreprise et de celui de la famille du
« patron », avec des conséquences en termes de
création d'une personne morale ;
Ø -le développement de l'activité
implique un développement des ressources, et là aussi
passé un certain stade et un niveau de compétences des
salariés, il devient nécessaire de s'insérer dans la
législation sociale (code du travail, sécurité
sociale) ;
Ø -les évolutions ci-dessus impliquent une
augmentation des compétences et en premier lieu celles de l'entrepreneur
principal. L'accès aux services manquants concernant la gestion de la
réglementation peut s'avérer nécessaire dans certains
cas.
Outre les conséquences organisationnelles que la
réglementation implique à travers la formalisation des PME,
celle-ci a un impact considérable sur les IMF.
-Au niveau IMF
La réglementation s'inscrit dans le cadre de la loi
PARMEC, pour l'ensemble des pays de l'UEMOA. Les IMF jugent ses conditions
contraignantes. Certains auteurs mettent en lumière le coût qu'une
réglementation et qu'une supervision impliquent tant au niveau des
autorités de tutelle (la cellule AT/CPEC au Sénégal) qu'au
niveau des IMF elles-mêmes. Au-delà des coûts financiers, la
réglementation peut devenir un frein à l'innovation en
introduisant une série de règles limitatives, notamment au niveau
de la restriction du développement de certains modèles
alternatifs au modèle coopératif. Elle peut même devenir un
frein à la pérennité des IMF : une fois le processus
de réglementation enclenché, le plafonnement des taux
d'intérêt au nom de la défense des petits emprunteurs
devient souvent nécessaire à la politique des autorités de
tutelle, bien que cet aspect ne soit pas prévu initialement pour un
certain nombre d'IMF.
Les conditions liées à l'agrément
(notamment l'ouverture de nouvelles caisses) empêchent le
développement du secteur. En effet, le nombre de caisses détenues
témoignent de la solidité financière des IMF (cf. partie 2
de notre étude pour les caisses détenues par les leaders) et la
restriction liée à la croissance des IMF remet en cause
même leur viabilité.
Cependant, la réglementation devrait tenir compte des
contraintes financières qu'elle implique. Elle pourrait être
allégée pour permettre au secteur de la microfinance
d'évoluer sans entrave.
Dans certains, elle est importante pour les pays de l'UEMOA
comme le Sénégal, parce que ces derniers sont
caractérisés par l'informalité de leurs secteurs
d'activités économiques. En effet, la réglementation a
permis la professionnalisation de plusieurs secteurs notamment celui de la
microfinance. Ce qui favorise l'enregistrement de leurs retombées au
niveau du PIB, et permettra leur prise en compte dans la croissance
économique.
En dehors de l'aspect juridique, les aspects organisationnels
présentent des insuffisances qui constituent des handicaps pour la
microfinance.
b. Les autres faiblesses des IMF
Sénégalaises et de leurs clients
Il faut noter qu'au Sénégal, on dénombre
833 IMF en 2005, alors que ces dernières n'étaient que de 18 en
1993 selon le ministère des PME, de l'entrepreneuriat féminin et
de la microfinance.
· L'insuffisance des infrastructures dans la
gestion des IMF naissantes
Plusieurs IMF ne peuvent se développer à cause
de leur manque de moyens. Seules les plus viables bénéficient de
financement, parce qu'elles présentent le moins de risques. Les leaders
(CMS, UM-PAMECAS, ACEP...) sont les plus visées. En matière
organisationnelle, elles disposent de moyens de gestion adéquate. Comme
on l'a démontré dans notre deuxième partie avec l'aide des
organismes de notation, elles sont rentables, elles disposent de personnel et
de système d'information adéquats dans le management des caisses.
Ce qui facilite leur contact avec les populations locales. Néanmoins, il
existe des IMF informelles qui ne disposent pas encore de structures
organisationnelles viables. Celles-ci ne sont pas dans le système formel
de la microfinance, ainsi plusieurs informations relatives à l'appui
technique et financier de la part des bailleurs de fonds leur échappent.
L'asymétrie de l'information, ne leur est point favorable. C'est
pourquoi la cellule d'assistance technique aux caisses populaires (AT/CPEC) a
été créée pour permettre aux IMF informelles de
s'intégrer dans le système reconnu et accessible aux bailleurs.
Mais cela ne suffit pas, l'acquisition d'un statut juridique reste l'objectif
de cette structure étatique mise en place avec Développement
International Desjardins (DID), une agence Canadienne de développement
des caisses populaires, basée à Québec. Le manque
d'infrastructures techniques, de ressources humaines bien formées et de
financement handicape plusieurs IMF devenues formelles. Elles sont dans l'ombre
car leur manque d'expansion au niveau national les empêche d'être
reconnues à l'instar des leaders qui ont su s'implanter grâce aux
moyens adéquats dont elles disposent.
Cependant ; les taux d'intérêt
élevés que les IMF pratiquent pourraient remettre en cause leur
pérennité si on considère que les taux constituent une
dépense supplémentaire pour les plus pauvres et les
entrepreneurs.
· Les taux
d'intérêt
Dans un système de financement
décentralisé, le taux est fixé en fonction de plusieurs
variables29(*), à
savoir :
· Le coût de l'argent
Les fonds proviennent dans la majorité de
l'épargne collectée ou du refinancement auprès d'autres
institutions financières (banques commerciales, banques de
développement, agences de coopération ...). Cependant, certains
bailleurs exigent une rémunération des fonds prêtés
trop élevés. Plusieurs IMF ont dénoncé le niveau
des taux, jugés très élevés. Ce qui a amené
certaines d'entre elles à créer leur propre banque, c'est le cas
du CMS et de ses partenaires sous régionaux (Jemini) et internationaux
(CICM) avec la création de la BIMAO.
· Le coût du risque
Il concerne le non remboursement des capitaux
prêtés, Ce coût est plus ou moins réduit
selon la qualité des garanties exigées (garanties
matérielles, solidaires, avals, location-vente de matériel, stock
de denrées...). Celles-ci constituent souvent un facteur
déterminant du niveau d'accessibilité du crédit.
Cependant, il n'est pas évident de démontrer que les garanties de
qualité ont une influence positive sur le coût de l'argent.
· Le coût de gestion du crédit
Ce coût comprend les frais de structure du SFD.
Il varie en fonction du des dépenses d'exploitation de l'institution et
de son efficience. On reconnaît en général que l'existence
d'une concurrence entre IMF un effet favorable sur ce facteur et en
définitive pour le client. Il faut montrer qu'au Sénégal,
la concurrence n'est pas encore bien implantée bien qu'il existe un
nombre important d'IMF ( 833 en 2005). Les leaders ne dépassent pas la
dizaine. Pour notre étude, on en a choisi les trois meilleurs (CMS,
PAMECAS et ACEP).
Dans ces structures de microfinance, l'épargne y est
faiblement rémunérée. Les coûts de refinancement
(élevé pour les IMF) et d'administration constituent souvent la
charge la plus considérée de détermination des taux
pratiqués. Ceci est renforcé par le fait que les bailleurs de
fonds souhaitent limiter les subventions aux IMF. Ce qui contribuent à
maintenir les taux moyens à un niveau relativement élevé
(2 à 3% par mois).
Les Taux pratiqués par les leaders au
Sénégal

Source : groupe de
réflexion sur la mésofinance, PRIME, ESF, AFG
Et la maîtrise du risque passe par l'exigence de
garanties qui ne sont disponibles à cause des niveaux de revenus de
certains clients.
· Les garanties exigées aux clients et
par les bailleurs de fonds
Les garanties concernent à la fois les clients des IMF
et les IMF elles-mêmes vis-à-vis des institutions de refinancement
(les bailleurs privés ou publics...)
· Aux clients
Elles sont diverses et variées et tournent autour de
sûretés réelles personnelles. Elles tournent autour des
hypothèques, du nantissement, du cautionnement solidaire, de gage de
bijoux...etc. Les sûretés assurent l'exécution des
obligations du débiteur et les risques d'impayés.
Le choix des garanties dépend du type de crédit
consenti. Les crédits de groupe reposent sur le principe de
cautionnement solidaire et aucune garantie réelle n'est demandée.
Ils s'adressent plus aux groupements, GIE et organisations. Malgré les
difficulté de réalisation de cette sûreté
personnelle et la propension connue des impayés, cette forme de garantie
est la plus utilisée en milieu rural. Les crédits individuels,
quant à eux exigent la constitution de garanties réelles et
parfois de garanties personnelles.
Le système de garanties mis en oeuvre par les
institutions mutualistes doit cependant faire l'objet d'une réflexion
approfondie. Les garanties formelles (nantissement, gage, warrant (garanties
sous forme de stock), hypothèque, cautionnement, aval,...etc.), telles
que prévues par l'acte uniforme portant organisation de
sûretés (Traité de l'OHADA) sont difficilement exigibles
compte tenu de la nature des promoteurs et de la complexité des
problèmes fonciers au Sénégal.
Il faut aussi noter que certains ne sont pas en mesure
d'octroyer les garanties exigées du fait de leur situation
financière ou de leur niveau de vie. Ce qui remet en cause l'objet
même des IMF, qui est l'inclusion financière des personnes
physique ou morale exclues du système bancaire, si ces dernières
ne parviennent pas à satisfaire les besoins de leurs clients. Cependant,
il faut clarifier que les activités de consommation n'exigent pas des
garanties élevées dans certains cas. Ce sont les activités
de production qui souffrent le plus de l'exigence de garanties.
Parallèlement, des garanties peuvent être
exigées par les bailleurs de fonds lors du refinancement des IMF.
· Par les bailleurs
Il s'agit d'une forme d'assurance mobilisée par les IMF
pour convaincre le prêteur, ou pour obtenir des conditions de
refinancement plus avantageuses. Elle permet aussi de couvrir le risque relatif
au défaut de paiement d'un emprunt contracté par une IMF
auprès d'une banque commerciale ou par un organisme tiers interne ou
externe (fonds de garantie). Elle paie une prime pour cette assurance pour
accéder facilement au crédit.
Ce système a été mis en oeuvre par les
bailleurs de fonds pour démontrer la solvabilité des IMF.
L'objectif est de long terme et veut une intégration de ces structures
dans le système classique de financement. Selon une étude du CGAP
(consulting group assisting poors), les enjeux principaux de la garantie sont
les suivants :
-permettre le prêt d'une banque locale à l'IMF.
Sans la garantie, dans la plupart des cas, la relation n'aurait pu être
établie ;
-faciliter l'accès des IMF aux prêteurs
internationaux de plus en plus;
-faciliter l'accès à un prêt en monnaie
locale. Dans ce cas, si la garantie est libellée en devise et le
prêt en monnaie locale, la garantie prend en charge non seulement le
risque de défaut de paiement, mais aussi le risque de change ;
-contourner des contraintes réglementaires liées
au risque de change et à la notation.
Plusieurs acteurs considèrent que cette garantie peut
disparaître dès lors que l'IMF devient solvable. Il sera ainsi
favorable à l'IMF que les relations de refinancement se poursuivent sans
garanties. Cependant le risque qu'elle présente est la
raréfaction des sources de refinancement disponibles pour les IMF. En
effet, les garanties représentent un surcoût pour ces
dernières, qu'elles ne seraient pas prêtes de payer si elles
disposaient de moyens plus abordables. Et la majorité des banques ne
sont pas disposées à octroyer un prêt à l'absence de
garanties. Le risque ne peut être couvert à leurs yeux que par des
garanties. D'autre part, vu le coût occasionné par ces
dernières, les IMF se mettent à la recherche de sources
alternatives de refinancement. Elles vont jusqu'à créer leur
propre banque. C'est le cas du CMS, qui a mis en place la BIMAO avec ses
partenaires sous régionaux et internationaux (le centre international du
crédit mutuel (CICM).
Le problème est qu'au lieu que les relations entre
banques et IMF s'agrandissent, celles-ci se creusent. Certains bailleurs
prennent la position des banques et peuvent être écarté de
leur objectif de financer des activités pourtant porteurs. L'aversion au
risque est variable d'un apporteur de fonds à un autre fort
heureusement. Sinon, les IMF auraient bien du mal à trouver du
refinancement face à la croissance du secteur.
Le facteur risque reste la principale problématique du
secteur de la microfinance.
· Le facteur risque ou
incertitude
Selon Baumann et Servet30(*), les IMF ne sont pas à l'abri de risques et
d'incertitudes. Ces auteurs ont trouvé que ces risques pouvaient tourner
autour des aléas subis par les clients. La viabilité des
institutions pouvant être affectée en cas d'insolvabilité
des clients. Elle dépend aussi de la capacité de ces derniers
à cotiser, à épargner et à rembourser. La confiance
qu'ils ont en leur institution est un facteur fondamental dans leur
décision de retirer leurs dépôts ou d'épargner de
façon régulière. Ceci renvoie à la notion de
construction des liens de confiance entre les IMF et leurs clients pour
minimiser les risques de déviance (recours à une autre IMF) ou de
défaillance (impayés). Ce qui légitime la mise en place de
moyens sécuritaires. Ceci concerne aussi les liens entre le bailleur et
l'institution, les garanties étant plus ou moins importantes en fonction
du niveau de risque anticipé.
D'autre part, les IMF peuvent faire face à un risque de
change dans leur quête de financement étranger. En plus, Servet et
Baumann constatent que face à la montée en puissance de la
commercialisation de la microfinance, celle-ci pourrait faire face à un
risque : celui d'être renié après l'importance dont
elle a fait montre dans les programmes de développement et de
réduction de la pauvreté. Tout le monde s'empare de la question
et les IMF ont de plus en plus accès à des investissements dont
l'objectif est loin sans faux la rentabilité et non la réduction
de la pauvreté. Le danger est que le nouveau marché qui s'ouvre
à elles pour leur refinancement, notamment celui des investisseurs
traditionnels exige des rendements élevés, dépassant le
court terme. Ainsi la médiatisation de la microfinance pourrait attirer
des bailleurs sans scrupule : elle intègre de plus en plus l'aspect
capitalistique et non humanitaire.
Cependant le nouveau visage capitalistique de la microfinance
pourrait être favorable au secteur. Les fonds seraient facilement
accessibles et la concurrence s'en trouverait élargie. Les clients
pourraient avoir accès à un nombre important de produits
grâce à l'innovation qui en émanerait. Encore faudrait-il
qu'il existe une centrale des risques pour ne pas aboutir à une
défaillance systémique qui proviendrait de l'usage abusif des
fonds proposés. La viabilité et la pérennité du
secteur s'en trouveraient remises en cause.
Pour éviter ces écueils, on va essayer de voir
comment est-ce qu'on pourrait renforcer le secteur de la microfinance au
Sénégal pour que ses retombés soient profitables aux
acteurs locaux et internationaux.
Chapitre 3
Comment améliorer davantage le secteur financier
Sénégalais à travers la microfinance pour mieux
établir les bases saines du
développement économique?
Pour ce faire, on va voir comment les acteurs de la
microfinance doivent agir à travers les rôles qui leur sont
assignés.
I. L'Etat et des agences coopération
internationale, stabilisateurs des environnements économique et
financier
Ils constituent les précurseurs de l'évolution
du secteur financier Sénégalais. On a pensé qu'il serait
favorable de les impliquer en premier.
1) Pour une lutte contre la «
rivalité » financière de l'état vis-à-vis
des institutions financières et des PME
Les états de l'Afrique de l'Ouest ont toujours
été dénoncés du fait de leur implication dans le
système bancaire pour bénéficier d'apports financiers leur
permettant de réduire leur déficit public, tout en
bénéficiant des moyens offerts par la banque centrale (BCEAO).
Ils usent des moyens octroyés aussi par les Banques de
développement plusieurs projets mis en oeuvre par ces derniers
bénéficient de financement sans porter leurs fruits ou sans
même voir le jour.
L'état Sénégalais devrait s'engager dans
la lutte contre « la rivalité
financière » que les états de l'Union mènent
avec les entreprises, qui sont les vecteurs du développement
économique alors que la vocation des projets étatiques est le
plus souvent social et non économique. Il peut impliquer les acteurs
financiers comme les banques et les IMF à lutter contre la
précarité sociale en exigeant des résultats.
Le rôle de l'état devrait se limiter à la
restauration de la confiance pour certaines banques. En plus il doit les
orienter vers les réalités sociales et les pousser à en
tenir compte lors de la mise e place de leurs politiques de crédit et de
collecte de l'épargne.
Sur ce point, il peut favoriser les relations Banques-IMF
pour lutter contre l'asymétrie de l'information qui existe au niveau du
secteur financier Sénégalais.
2) Pour une considération du secteur
informel
Au niveau organisationnel, l'informel n'est pas à
bannir mais à intégrer. Il constitue la base de l'économie
Sénégalaise, avec rappelons le, 60 % de sa population active. Le
secteur est à réformer et la population n'a pas conscience des
méfaits qu'il a sur l'image internationale du pays. Des campagnes de
sensibilisation pourraient être organisées pour les informer,
comme l'état et ses partenaires du développement l'ont fait pour
la lutte contre le Paludisme ou le Sida. Le fait de prendre conscience de nos
maladies économiques (endettement, manque de financement des
activités économiques, corruption, lourdeurs administratives,
manque de garanties, inflation, taux d'intérêt
élevés...), nous permettrait de trouver des solutions
adéquates à nos réalités. Par contre, le fait de
les importer et de ne pas faire l'effort d'adapter les solutions du Nord de
façon adéquate, ne fera que qu'aggraver notre situation
économique, sociale et financière.
Les agences de coopération devraient refuser que les
programmes soient uniquement l'affaire de l'état, mai ils devraient
constituer l'affaire de tous. En plus elles doivent considérer les
réalités socio-économico-cuturelles du
Sénégal. En insistant de nouveau, l'importation de modèles
économiques et financiers d'autres pays ne feraient que remuer le
couteau dans la plaie. Cela pourrait impliquer d'autres problèmes
structurels. Le diagnostic sur le terrain est une méthode simpliste,
mais d'une grande efficacité pour trouver des solutions adéquates
à la population visée.
3) Pour une incitation fiscale des PME et un
allègement de la réglementation du système financier
décentralisé
L'état doit veiller à l'adéquation entre
les réglementations bancaire et financière avec les traditions
sociales et culturelles. Il pourrait par exemple alléger les charges
fiscales pour les intermédiaires financiers qui mettraient leurs outils
en adéquation aux réalités socio-écomiques du
Sénégal. D'autres part, la fiscalité des PME est lourde et
implique une persistance du secteur informel. En effet les PME informelles
n'auront pas comme finalité de devenir formelles si elles voient que
leurs coûts augmentent, notamment ceux liés à
l'immatriculation, aux démarches administratives et à
l'impôt. Encore faudrait-il qu'elles soient informées de
l'existence et de l'intérêt de telles démarches.
L'allègement de la réglementation pour les PME
et pour les IMF serait favorable à celles-ci et l'économie
Sénégalaise.
Les agences de coopération devraient exiger un effort
fiscal de la part du gouvernement avant la mise en place des programmes de
développement visant les PME. Cela pourrait permettre une
efficacité de leurs politiques, puisqu'elles ne pourraient voir ceci se
concrétiser que si le secteur informel rétrécit. En effet
beaucoup de bailleurs de fonds ne peuvent pas avoir accès à ce
type de marché puisque le risque y est très élevé,
voir même non quantifiable.
4) Pour une autonomie des structures d'appui
publiques
Les structures d'appui ne sont pas autorisées (pour
l'instant) à effectuer des études sectorielles pour permettre aux
banques et aux IMF d'avoir accès aux informations relatives aux PME
qu'elles pourraient financer. Le manque d'informations pertinentes
empêche ces dernières à considérer l'importance du
renforcement financier et de son intérêt économique. Elles
ne s'engageraient pas à effectuer des études pour neutraliser
l'asymétrie de l'information, ce qui leur coûterait cher et
exclurait un certain nombre de PME.
Autonomiser les structures d'appui au service des PME
permettrait de remédier à cette insuffisance. Encore faudrait-il
penser à une privatisation prochaine de ces dernières ?
5) Pour une orientation des bailleurs de fonds
vers les secteurs porteurs
Cette recommandation est conditionnée par la
réussite de la lutte contre les pratiques informelles. Certes le secteur
formel peut être quantifié et approché, mais il existe des
niches qui ne sont pas encore exploitées faute de moyens. Les ressources
humaines sont au rendez vous, mais les capacités de production font
défaut. Si l'état pouvait communiquer sur les pratiques à
avoir pour attirer les bailleurs de fonds, cela permettrait l'émergence
d'activités restées jusqu'ici dans le noir. Les structures
d'appui essaient d'aller vers ce sens, mais il y'a un manque de dynamisme et
les études sur le terrain manque énormément, notamment sur
l'économie parallèle. Comment pourrait-on alors
l'éradiquer, si son existence est notée, mais non prise en
charge ?
Notons qu'il ne s'agit en aucun cas de mener des politiques de
répression contre des marchands ambulant qui gagnent leur vie et ne sont
pas dans la délinquance. Il s'agit simplement de les informer sur la
nocivité de leurs activités dans l'économie
Sénégalaise, et sur la possibilité d'être pris en
charge tout en améliorant leurs activités.
Encore faudrait-il que l'état prenne conscience du
facteur important de la communication avec la population avant la mise en place
de programmes qui ne seront perçus que par des
« intellectuels », sachant que la population
Sénégalaise compte plus de 70% d'analphabètes.
Les moyens de communication visés pourraient être
des sketchs à la télévision et des campagnes de
sensibilisation, les programmes de santé les ont bien
intégrés. Et pourquoi les programmes de développement n'en
feraient pas autant ?
II. Les Banques classiques et les IMF, accompagnateurs
financiers incontournables des PME
1) Pour un partenariat entre banques et
IMF
Certaines banques effectuent du Dowscaling,
c'est-à-dire qu'elles adaptent leurs produits à une cible
prédéterminée. C'est le cas de la CBAO
(Sénégal) qui a mis en place un service dédié
à la microfinance. Le but de cette dernière est de se tailler une
part de marché dans le secteur ou les banques sont
« exclues » du fait de la concurrence forte des IMF.
Certaines vont jusqu'à collaborer avec des IMF pour
récupérer les clients qui ne peuvent plus
bénéficier de financement du fait de la taille que leurs
activités ont atteint. Les banques concurrencent à cet
égard avec les IMF au niveau des clients qui auparavant étaient
exclus du système bancaire, mais qui deviennent
réintégrables du fait de leur évolution financière
rendue possible par les dites IMF.
Ainsi, les banques et les IMF devraient établir des
politiques communes visant à assainir le système financier
ensemble. En effet, cette tache n'incombe pas seulement les IMF
antérieurement et les banques à posteriori. La concurrence que le
système financier décentralisé (SFD) subit à ce
niveau pourrait même remettre en cause les performances
déjà notées du secteur de la microfinance d'une part. Ce
qui serait dommageable, car le secteur bancaire rappelons le ne s'est pas
basé sur les réalités socioculturelles et économico
financières pour mettre en place ses politiques. Elles devraient
s'imprégner des stratégies du SFD pour développer des
produits adéquats.
D'autre part, les IMF confient leurs dépôts aux
banques classiques. Donc le développement du secteur de la microfinance
ne permet pas réellement une concurrence des banques classiques, mais il
lui favorable puisqu'il leur apporte des liquidités
supplémentaires. Liquidités, qui ne pouvaient être
reçues à cause du manque de structuration de certaines PME
informelles et de la majorité des ménages
Sénégalais. L'informel étant au coeur du système
économique et financier.
Parallèlement, les IMF ne doivent pas
« dormir sur leurs lauriers», à cause des
évolutions économique, financière, sociale, culturelle,
politique et juridique. Elles ont été les premières
à être capables à s'adapter dans un environnement non
structuré et fortement risqué financièrement L'innovation
financière leur a permis cette réelle adaptation. Elles sont dans
un environnement fortement concurrentiel, où l'innovation en produits,
en services, en outils de gestion sera inévitable pour conserver sa
clientèle.
Celles qui sont constituées en réseau devraient
alléger leur procédure de gestion, rendue caduque à cause
de la diversité des caisses fédérées. Les
simplifier, reviendrait à conserver leurs clients et leurs
employés.
Les clients qui sont susceptibles de croître, doivent
faire l'objet d'une étude prévisionnelle. C'est-à-dire
que, pour les empêcher d'aller vers les banques pour assouvir leurs
besoins financiers, qui ne peuvent pas être satisfaits par l'institution
à laquelle ils ont adhéré, celle-ci doit effectuer des
efforts d'anticipation des besoins de la clientèle. Cela pourrait
s'effectuer en étudiant l'évolution des prêts
accordés à un client type et ses capacités à
rembourser sur une période donnée.
2) Pour une collaboration entre
IMF
Une IMF doit aussi être capable de nouer des
partenariats avec ses concurrents au niveau national, international et au
niveau de l'union pour s'imprégner des pratiques du secteur de la
microfinance et pour ne pas être prise au dépourvu, vu la forte
croissance du secteur.
Elles pourraient renforcer leur regroupement au niveau des
organisations professionnelles de la microfinance pour bénéficier
d'allègements au niveau de la réglementation et au niveau des
taux de leur refinancement. Le fait de constituer des groupes de pression au
niveau national et international pourrait apporter des changements au niveau
des pratiques financières qui ont toujours existé et qui ont
toujours accompagne les banques. Cela pourrait constituer une révolution
financière, qui doit être bien pensée et motivée
pour lutter contre l'exclusion financière des populations pauvres.
La mise en place de l'association professionnelle des
institutions de microfinance d'épargne et de crédit du
Sénégal (APIMEC) constitue un excellent début à cet
effet.
3) Pour une diversification de l'offre aux PME et
un dépassement du clivage Banque-IMF
Les besoins des PME sont divers et variés. Cependant,
la majorité de leurs besoins satisfaits sont de court terme. Leurs
besoins en investissement sont rarement financés. Les IMF ont du mal
à retenir leurs clients qui grossissent. Les plafonds de crédits
qu'elles ont fixés leur empêchent de financer des montants trop
élevés. Ce qui fait l'affaire de certaines banques. Pourtant
celles-ci n'ont pas mis en place jusqu'ici des stratégies visant
à développer des produits pour la clientèle
qui « s'évapore des IMF ». Les IMF doivent
innover en matière de fidélisation de leurs clients et de
nouveaux produits. Pour ce faire, leurs plafonds devront être
révisés. Cependant, une collaboration entre banques et IMF comme
on l'a déjà recommandé serait avantageuse.
Le clivage entre banques et IMF doit être
dépassé pour laisser la place un réel partenariat, pouvant
aller jusqu'au partage même de base de données pour permettre aux
«clients-IMF» susceptibles de progresser en mode
«clients-banque» de le faire, ainsi qu'aux
«clients-Banques» d'aller en mode «clients-IMF» s'ils ne
peuvent pas remplir les conditions exigées.
Les banques et les IMF doivent aider les PME à bien
formaliser leurs besoins pour qu'elles y répondent bien. Ainsi, si
l'objet du crédit est bien défini, cela favoriserait un recours
excessif au crédit. Par exemple un besoin technique (en formation par
exemple) ne devrait pas être camouflé par un besoin purement
financier, sachant qu'un besoin technique s'accompagne d'un besoin financier
dans le cas ou la formation n'est pas gratuite. Les structures d'appui
publiques octroient des formations gratuites aux PME à cet effet. Ainsi,
la dépense serait évitée.
4) Pour une mise en place d'une centrale des
risques
Il faut noter que les trois réseaux d'IMF (ACEP, CMS et
PAMECAS) font chacun plus de 20 millions de FCFA de dépôt. Leur
disparition équivaudrait à la disparition d'une banque selon
l'étude menée sur la mésofinance du programme de
renforcement institutionnel de la microfinance et de son environnement (PRIME)
Ce qui pourrait entraîner des risques systémiques. La
collaboration entre banques et IMF permettrait d'évincer ce risque. Au
niveau des IMF, il y'a un manque de mutualisation des risques, ce qui n'est pas
sans risque non plus.
La collaboration entre banques et IMF pourrait permettre
d'avoir plus de visibilité sur leur environnement technique, financier
et juridique.
5) Pour une réforme de l'environnement
financier
La faiblesse du financement à long terme relève
du fait que l'environnement financier Sénégalais est
risqué dans un certaine meure. Le groupe de réflexion du PRIME
pointe du doigt certains éléments de la réglementation
qu'il est important d'améliorer pour la zone UEMOA. Il s'agit :
-du taux de transformation financière fixé par
la BCEAO (=100%, couverture exigée des emplois long terme par des
ressources long terme)
-des accords de classement
-des ratios de portefeuille
-du problème de l'utilisation des ressources à
long terme
-de la cherté du coût du crédit
La considération de cette recommandation implique
fortement la Banque centrale et l'ensemble des institutions financières
de la sous région.
Conclusion
La promotion du secteur productif au Sénégal
passe par la facilitation de l'accès au financement et à
l'encadrement technique des PME ou TPE. En effet, les bailleurs de fonds sont
prêts à financer les activités porteuses à la
condition qu'elles sont non risquées et donc formelles. Or, la
population active Sénégalaise est constituée de plus de
60% d'actifs informels. Les bailleurs rejoignent les banques dans leur niveau
d'aversion au risque client. La question qu'on se serait tenté de nous
poser est « qui va financer le secteur parallèle
alors ». Les IMF ont su répondre à cette question, en
mettant à la disposition des PME exclues du système financier
classique par manque de garanties suffisantes, des services adéquats. Le
fait qu'elles soient dans l'économie parallèle ou moderne importe
peu. Ce qui amène certains auteurs à accuser les IMF de ne pas se
soucier de l'objet des crédits qu'elles accordent. Ce qui augmente le
niveau du risque perçu. Mais la microfinance s'est fixée comme
objectif d'inclure financièrement les ménages. C'est pourquoi sa
réussite s'est basée sur :
· La proximité géographique
· La proximité psychologique (confiance mutuelle,
culture...)
· L'innovation (avec l'intégration des pratiques
informelles)
Cependant, le secteur souffre de contraintes qui pourraient
remettre en cause son efficacité en matière de financement des
PME. Elles sont liées à la réglementation, aux taux de
refinancement élevés et au manque d'infrastructures
adéquates pour les IMF naissantes.
Pour pallier à ces contraintes et favoriser la
promotion du secteur, les agents de coopération appuient
financièrement et techniquement les IMF. Ces dernièrement ont pu
se développer grâce au transfert de soir faire dont les acteurs au
développement ont pu leur apporter. Cela a permis d'éradiquer les
pratiques informelles tout en les intégrant aux procédures de
gestion des organisations. L'Etat Sénégalais a mis en place de
son coté des structures d'appui aux PME et implique les services
financiers décentralisés (SFD) dans ses projets de
développement économique.
Néanmoins la majorité des IMF font de plus en
plus face à de nouvelles contraintes, à savoir
l'évaporation de leurs clients PME en croissance vers les banques, le
risque systémique qui pourrait provenir de l'inexistence d'une centrale
des risques pour le système financier décentralisé, le
déficit de moyens financiers adéquats à leur
développement et l'insuffisance de leur présence au niveau rural
du à l'enclavement de certaines régions
Sénégalaises souffrant d'une défaillance d'un
système de transport adapté.
Ce dernier point mériterait une étude plus
approfondie dans la mesure où ce sont les zones rurales qui constituent
le bassin alimentaire du Sénégal. Et au moment où, le chef
d'état maître Wade a lancé la Grande Offensive Agricole
pour la Nourriture et l'Abondance (GOANA) et de la flambée des prix des
denrées de première nécessité, il serait
intéressant d'étudier comment la microfinance pourrait être
réorientée vers le secteur agricole pour promouvoir
l'autosuffisance alimentaire.
Bibliographie
Articles et études consultés
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financière : facteur d'efficacité de l'entreprise en
Afrique », Chekili et Saidane, Ed. AUPELF-UREF, Eurotext,
pp. 81-95
2) « Adaptation des règles de gestion
aux contraintes du financement informel », Bloy et Dupuis,
Département Monnaie Finance Banque, Université Lumière
Lyon 2, France, Ed. Aupelf-Uref, Eurotext, Paris pp 65-75
3) « Banque et croissance : examen
critique et analyse en données de panels », Marc Hay,
Université du Havre, Université de Rouen
4) Editorial « Encore très loin du
compte » Madame Cissé ; « Magazine
Microfinance et développement » ; janvier mars 2007,
AFG
5) « Adaptation des règles de gestion
aux contraintes du financement informel » ;
Réflexion dans le cadre du contexte Africain ; E Bloy, C Dupuy,
Département Monnaie Finance Banque, Université Lumière
Lyon 2
6) M. Lelart « L'épargne informelle
en Afrique : les tontines Béninoises»
Revue Tiers monde, n°118, Avril Juin 1989, P280
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de causalité entre développement financier et croissance
économique », 1993
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économique : repères et évidences dans les pays de
l'UEMOA », Trabelsi
9) « Microfinance et développement
économique », Babacar Cissé, AFG,
1er Salon de la finance et de l'investissement, 25-27 octobre
2007
10) « La croissance économique et le
développement financier ; le cas des pays d'Europe Centrale et
Orientale », Ramona Jimborean, Septembre 2004
11) Eugène Kamalan, «Microfinance et
Développement économique. Repères et évidences dans
des pays de l'UEMOA », LEFI Université Lumière
Lyon 2- 2èmes journées du développement du GRES
« Quel financement pour quel développement »,
Bordeaux, 23-24 novembre 2006
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des IMLF Africaines », Juillet 2006, 1ère
édition, ADA Luxembourg
13) « Coup de projecteur sur
l'efficacité de l'aide : approche du CGAP », 17
janvier 2006, CGAP
14) 3ème colloque
BCEAO-Universités-Centres de recherche ; thème :
« Stabilité financière et gestion
macroéconomique dans l'UEMOA » ;
Présentation des communications ; BCEAO siège, Dakar, 11-12
Juillet 2005
15) « Perspectives de l'économie
mondiale »; FMI, mai 1998
16) « La BEI soutient le secteur de la
microfinance avec 3,3 milliards de FCFA », Banque
Européenne de développement, communiqué de presse, Dakar,
le 19/12/2005
17) « Financement de la croissance des
IMF », compte rendu/rapport de conférence,
25/04/2003, Dakar, Africap
18) Charte des PME du
Sénégal
19) Lettre de politique sectorielle de la microfinance
du Sénégal
20) Document stratégique de réduction de
la pauvreté (DSRP), 2006
21) Stratégie de réduction de la
pauvreté, Sénégal
22) Programme de renforcement institutionnel de la
Microfinance et de son environnement (PRIME) « Rapport final
du groupe de réflexion sur la Mésofinance au
Sénégal », Epargne sans frontière,
France coopération et AFG
23) PLanet Rating, Transparency for micro
finance development, « ACEP, Sénégal »
Juin 2004
24) Microrate ( The rating agency for
microfinance), «CMS 2005»
25) «Banquiers aux pieds nus», La
Microfinance, Jean Michel Servet, Odile Jacob, 2006
26) Planet rating
« Pamecas, juin 2003 »
27) Plan de développement de la Mutuelle de
santé du Pamecas (octobre
2005)
28) « Plan de
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PAMECAS
29) « L'AFD et le Sénégal,
un partenariat renouvelé», AFD 2005
30) « Les institutions internationales
sont-elles entrain d'évincer de la microfinance les investisseurs
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31) « Les expériences en
crédit moyen terme », Marc Roesh,
Décembre 2003, Espace Finance
32) « Les interventions de
l'AFD », Janvier 2000, Note d'information
33) « Représentations de la
monnaie et des supports d'épargne et limites de la mobilisation de
l'épargne informelle », Hypothèses de
travail pour une enquête au Sénégal, Ed. AUPELF-UREF, 1990,
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34) « Etude socioculturelle de
l'entreprise Sénégalaise », Gaye, Dia
et Tidjani, UCAD, Dakar, Sénégal
35) « Règles managériales
et croissance des entreprises », Alain Akanni,
UCAD, Dakar, Sénégal
36) « Loi PARMEC »,
Loi n°95-03 du 05/01/1995, Sénégal
37) « Poids des asymétries
informationnelles de l'aléa morales dans les relations entre Banques et
PME », Nadine Levratto, LATAPSES UMR
38) BIM « Les investissements
internationaux en microfinance », Barlet K.
28/03/2006
39) « L'investissement étranger
en microfinance : prêts et participations au capital des
investisseurs quasi-commerciaux », CGAP, note focus
n°25, janvier 2004
40) « La psycho culture de la croissance
et des réseaux de micro entreprise
féminines », Henault et Terrillon, Université
d'OTTAWA, Canada
41) « réglementation
encore », Creusot, GRET, 25 janvier 2000
42) « Zoom
microfinance » n°9, Février 2003
43) « Quelles
problématiques juridiques pour la Mésofinance »,
Laurent Lhériau
44) « Instructions relatives aux normes
d'établissement et de détermination des ratios prudentiels
applicables aux SFD », BCEAO
Personnes rencontrées
M Babacar Cissé, DG AFG
M Ahmet Ndiaye, Consultant AFG
M Souleymane Sarr, responsable études et
développement ACEP
M Mouhamed Ndiaye, Chargé de programmes,
Coopération technique Belge
Madame Denise Fatoumata Ndour, Secrétaire
exécutif, Fonds de contrepartie Senegalo-Suisse
M Gaye, responsable MEC-FENAPH (mutuelles des professionnelles
de l'habillement)
M, Thierno Diongue directeur commercial, CMS
Merci pour votre collaboration
Sites Internet consultés
www.lamicrofinance.org
www.planetfinance.org
www.microcred.sn
www.did.qc.ca
www.afd.fr
www.adepme.sn
www.apda.sn
www.nucleussl.com
www.mixmarket.org
www.microrate.com
www.pme.sca.sn
www.imf.org
www.ratingfund.org
www.cerise-microfinace.org
www.adie.org
www.iram.fr
www.cgap.org
www.portaildelamicrofinance.org
www.pamecas.org
www.cms.sn
www.microfinance.lu
www. Entrepreneursdumonde.org
www.grameenfoundation.org

* 1 L'Association des
Institutions Mutualistes d'Epargne et de Crédit (APIMEC)
* 2Loi Portant
Réglementation des Mutuelles d'Epargne et crédit
* 3 Cellule assistance technique
aux caisses populaires d'épargne et de crédit
* 4 Editorial « Encore
très loin du compte » Madame Cissé ; Microfinance
et développement ; Magazine janvier mars 2007, AFG
* 5
« Adaptation des règles de gestion aux contraintes du
financement informel » ; Réflexion dans le cadre
du contexte Africain ; E Bloy, C Dupuy, Département
Monnaie-Finance-Banque, Université Lumière Lyon 2
* 6 M. Lelart
« L'épargne informelle en Afrique : les
tontines Béninoises» Revue Tiers monde,
n°118, Avril Juin 1989, P280
* 7 Eugène Kamalan,
«Microfinance et Développement économique. Repères et
évidences dans des pays de l'UEMOA », LEFI Université
Lumière Lyon 2- 2èmes journées du développement du
GRES « Quel financement pour quel
développement », Bordeaux, 23-24 novembre 2006
* 8 Comprend huit pays de
l'Afrique Occidentale : Bénin, Burkina Faso, Cote d'ivoire,
Guinée Bissau, Niger, Mali, Togo et Sénégal
* 9 3ème
colloque BCEAO-Universités-Centres de recherche ;
thème : « Stabilité financière
et gestion macroéconomique dans l'UEMOA » ;
Présentation des communications ; BCEAO siège, Dakar, 11-12
Juillet 2005
* 10 Perspectives de
l'économie mondiale ; FMI, mai 1998
* 11 Ministère des PME
et de la Microfinance, Sénégal, décembre 2003
* 12 1 euro=655 FCFA
* 13 Ordre national des
experts comptables et comptables agrées
* 14 Programme de renforcement
institutionnel de la Microfinance et de son environnement,
« Rapport final du groupe de réflexion sur la
Mésofinance au Sénégal », Epargne sans
frontière, France coopération et Access finance gestion
* 15 Transparency for micro
finance development, ACEP, Sénégal, Juin 2004,
www.planetrating.org
* 16 Le taux
d'intérêt nominal a été réduit de 15%
à 14%(sur capital initial) en 2001 et le plafond des prêts a
été augmenté de 15 à 20 millions de FCFA en 2000
* 17ACEP, Rapport annuel,
exercice 2006
* 18 Montant de l'encours de
crédit le plus important sur un seul membre/Dépôts des
membres. En 2003, ce ratio était de 0,79%, la BCEAO exigeant qu'il soit
inférieur à 10%
* 19 Les politiques de
provisionnement pour créances douteuses selon la loi Parmec consistent
à provisionner :40% de l'encours de crédit en retard de 3
à 6 mois ; 80% de l'encours des crédits en retard de 6
à 12 mois, et 100% de l'encours des crédits en retard e 12
mois.
* 20 Acep Sénégal
appartient au groupe Arica Large qui regroupe : ACSI(Ethiopie), CERUDEB
(Ouganda), EBS (Kenya), K-REP (Kenya), PADME( Bénin), UM-Pamecas
(Sénégal), MBB n°9 Juillet 2003
* 21 Rapport annuel du CMS,
2005
* 22 www.did.qc
* 23Note d'information
« Les interventions de l'AFD dans le secteur de la
microfinance », Janvier 2000
* 24 http :
//senegal.portailmicrofinance.org
* 25 BIM n°-10 avril
2007
* 26 ADEPME,
Sénégal
* 27 ADEPME,
Sénégal
* 28 www.nucleussl.com
* 29 Zoom microfinance
n°9, Février 2003
* 30 Institut de recherche pour
le développement (IRD), Editorial n°44, Risques et Microfinance
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