La participation des diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne à la vie politique nationale: émergence et consolidation de la citoyenneté à distance( Télécharger le fichier original )par Ruth Mireille Manga Edimo Université Yaoundé II - DEA en science politique 2008 |
B. Le Code de la nationalité camerounaise proprement dit
Il s'agit de la Loi n°68-LF-3 du 11 Juin 1968 portant code de la nationalité camerounaise. Si dans ses Articles 6, 7, 8, 9,11, ce document précise dans quelles conditions l'on acquiert la nationalité camerounaise, il met également en exergue les conditions dans lesquelles on peut la perdre ou on la perd automatiquement109(*). 1. Nationalité et citoyenneté Ne sont plus considérés comme étant nationaux, tous les Camerounais majeurs ayant acquis et conservant volontairement une nationalité étrangère ; tous les Camerounais exerçant la faculté de répudier la qualité de Camerounais, conformément au « Code » ; ceux qui, remplissant un emploi dans un service public d'un organisme international ou étranger, le conservent nonobstant l'injonction de le résigner faite par le gouvernement camerounais. De toute évidence, les pouvoirs publics camerounais n'admettent pas le principe de double nationalité. Ceci pose un problème aux membres de la diaspora, qui, du fait de la durée de leur séjour à l'étranger, peuvent avoir acquis une nationalité étrangère. Loin d'être, à partir de ce moment, considérés comme des Camerounais, leur droit à une certaine ingérence dans la vie politique de leur pays d'origine, est remis ou peut être remis en cause par les autorités camerounaises. Une barrière certes, mais également une situation très difficile vécue par les Camerounais de la diaspora de nationalité étrangère qui veulent pourtant rester Camerounais ! Ancien champion de tennis né en France le 18 mai 1960, d'un père camerounais et d'une mère française, Yannick Noah est un Camerounais. C'est exemple est pris en compte car si l'on part des principes jus solis et jus sanguinis d'offre de la nationalité, l'on se rend compte que Yannick Noah a le droit de se sentir Camerounais et d'être considéré comme tel. Le code la nationalité camerounaise ne reconnaissant pas le principe de la double nationalité, et Yannick Noah ayant un passeport français, la nationalité camerounaise lui est d'office refusée. Le Code de la nationalité camerounaise est très clair à cet égard. En son article 31, alinéa 1, il est indiqué que le « Camerounais majeur qui acquiert ou conserve volontairement une nationalité étrangère », perd la nationalité camerounaise, comme mentionné plus haut. Autant qu'ils le sachent, les Camerounais qui se prévalent d'une double nationalité, voire d'une multiplicité de nationalités sont dans une situation légale plus qu'inconfortable. Ils s'en rendent généralement compte quand il s'agit pour eux de venir au Cameroun. Ils doivent au préalable se munir d'un visa avant de pénétrer le territoire national, leur terre patrie. En réalité, la place du Camerounais qui est à l'étranger constitue toujours une référence plus ou moins implicite dans l'élaboration de la politique gouvernementale camerounaise. L'action des sociétés nationales a eu pour effet d'unifier les populations à l'intérieur des territoires, aux frontières fixes, y compris celles qui voulaient penser leur destin en termes de diasporas ou qui étaient contraintes de le faire. Dans ce sens, la construction du lien national supposerait l'extériorité du non-résidant, de l'externe ou en clair, du Camerounais de l'étranger. 2. Les raisons d'une distanciation à travers les politiques publiques Les Camerounais de l'extérieur appartiendraient à un ou d'autres pays. Demeurant à l'extérieur, ils seraient perçus comme les ''autres''. En tant que ''diasporiques'', ils font partie d'un peuple dispersé parmi tant d'autres et de surcroît, sont un « fragment de nation dans d'autres nations »110(*). De ce fait les Camerounais de la diaspora s'attireraient une méfiance redoublée. La méfiance quant à elle, résulterait du fait qu'ils semblent appartenir à aucun lieu et sont sans attaches, errant entre les terres de passages. Dans cette perspective, ils évoqueraient des ''êtres sans attaches'' à qui l'Etat ne pourrait accorder sa confiance puisqu'ils seraient à tout moment prêts à repartir, c'est-à-dire, quitter la patrie. Tout membre de la diaspora camerounaise à l'époque monolithique représenterait un élément dont la position interne et l'appartenance impliqueraient tout à la fois l'extériorité et l'opposition. Comme le démontre Dominique Schnapper à propos des juifs, les Camerounais de la diaspora s'inscriraient, notamment à l'époque monolithique, parmi les autres figures de l'errance et du voyage. S'ils ont choisi l'exil, la nation elle, incarne la stabilité. La nation c'est la fin des voyages. Elle implique une sorte de retour sur soi, de fixation en un lieu tangible chargé d'histoire et définitif. Malgré les différents blocages institutionnels et administratifs, liés au malentendu historique ayant instauré un climat de méfiance entre la diaspora camerounaise et les gouvernements successifs au Cameroun évoqués précédemment, il est possible de constater que : les Camerounais de l'Extérieur en général, et ceux de l'Occident en particulier, d'une manière ou d'une autre, continuent de s'investir dans le jeu politique national. La mondialisation des échanges, associée au développement technologique et à la libéralisation de l'espace politique à la fin des années 1980, début 1990, sont un facteur important qui nous permet aujourd'hui de dépasser le territoire national comme ''cadre exclusif de déroulement de la vie politique d'un pays''. Ainsi donc, les diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne pourraient-elles s'inscrire dans un réseau d'échanges politiques mondialisé comme le démontrent les différents partis et associations politiques dont nous parlerons plus bas ? * 109 Les modalités de perte de la nationalité camerounaise sont énoncées dans les Articles31 et 32 de la loi en question. * 110 Dominique Schnapper (2006), op.cit., P. 37 |
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