La participation des diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne à la vie politique nationale: émergence et consolidation de la citoyenneté à distance( Télécharger le fichier original )par Ruth Mireille Manga Edimo Université Yaoundé II - DEA en science politique 2008 |
B. Quelques illustres dissidents de la diaspora camerounaise de l'Occident
Nous avons deux exemples d'illustration dont l'un remontant à l'indépendance du Cameroun et l'autre au processus de démocratisation des années 1990. 1. Mongo Beti, écrivain camerounais et ancien membre de l'UNEK De son vrai nom Alexandre Biyidi Awala, Mongo Beti était un ancien exilé camerounais de France. De son premier texte au dernier, Mongo Beti a dénoncé l'oppression d'où qu'elle émanât. En raison de ses prises de positions contre le pouvoir en place, l'homme fut interdit de séjour dans son pays, dès février 1959. Cet éloignement forcé de son pays ne signifia point désaffection ou désintérêt. Paru au lendemain de sa disparition, l'entretien avec Ambroise Kom montre à loisir que le Cameroun devint une obsession pour cet intellectuel dissident93(*). Entre son métier d'enseignant et l'écrivain, il prit part aux manifestations qui mobilisaient les opposants camerounais à l'étranger contre le régime Ahidjo. Pour lui, il n'était « pas question que s'éteigne la flamme allumée par la clique ``Ruben Um Nyobè, Félix Roland Moumié, trucidés et tous les autres anonymes, femmes et hommes qui effacés, avaient payé de leur vie le rêve de l'indépendance''»94(*). L'arrestation en 1971, suivie de l'exécution du chef de l'Armée de Libération nationale du Kamerun (ALNK), Ouandié Ernest, fut un tournant entre Mongo Beti et le Cameroun. Il fait connaître sa réaction dans son livre Main basse sur le Cameroun95(*). A travers cet ouvrage, ''un coin de voile est levé'' sur les circonstances de l'accession du Cameroun à l'indépendance, sur le système en cours au pays. Mongo Beti est allé jusqu'au bout de sa démarche engagée. Arrivé en 1992, les mots qu'il a pour dépeindre son vécu ne sont pas du tout tendres. 2. Brice Nitcheu, ancien étudiant camerounais à l'université de Yaoundé et ancien président de la section SDF/UK Etudiant camerounais à la fin des années 1980, Brice Nitcheu fut dans les années 1990 très actif dans les milieux d'opposition à Douala. Il est également un ancien membre du ``Parlement estudiantin'' qui a animé les mouvements de grève à l'université de Yaoundé dans les années 1990. En effet, le ``Parlement'' était un groupe d'étudiants de l'université de Yaoundé qui s'était constitué en association. Il a organisé pendant les années de braise des manifestations de boycott de cours, adressé des pétitions à la chancellerie, réclamé de meilleures conditions d'encadrement et de gestion académique, la bourse pour tous, la démission du chancelier Joël Moulen, du ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique Joseph Owona. Le « Parlement » se réunissait assez souvent pour, disait-on, « rendre des jugements et prononcer des peines diverses contre des personnalités de la société civile et militaire, leurs cibles de prédilection étant les journalistes de la CRTV et de Cameroon Tribune, accusés de tous les maux : mensonge, intoxication, désinformation .96(*) Aujourd'hui, Brice Nitcheu vit en exil à Londres. Il est le coordonnateur d'une association dénommée « Cameroon Diaspora Coalition » et fut président de la section SDF de Londres, avant d'être exclu du parti tout récemment. La Cameroon Diaspora Coalition est un mouvement politique des Camerounais de la Diaspora qui regroupe nombreuses ONG vouées aux questions de droits de l'homme. Il est très souvent à la tête des manifestations anti-Biya à Londres97(*).
* 93 Lionel Manga, « Les rapports entre Mongo Beti et le Cameroun ou l'impossible connivence », in Ruptures, nouvelle série, n°4-2002, Karthala, PP.174-175 * 94 Ibid. * 95 Mongo Beti (1984), Main basse sur le Cameroun, Rouen, Editions Peuples noirs. * 96 Zacharie Ngniman (1993), Cameroun : La Démocratie emballée, Yaoundé, Eds Clé, PP. 90-91 * 97 Voir Mutations du 10 mars 2004. |
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