A mon très cher père Eyoum-Dina Bruno,
décédé le 25 novembre 2005 et ma maman sa
très chère épouse Eyoum-Dina née Eyango Dicka
Jeannine
A ma mère Dina Françoise Retha
A mes soeurs et frères, tous très
chers : Retha, Laurence, Christian, Patricia, Nelly, Hermanne Rose,
Hélène, Ilde, Anne-Laure.
____________________________
REMERCIEMENTS
D'abord, louanges au Seigneur Tout Puissant qui m'a,
non seulement permis d'arriver à ce niveau de nos études, mais
m'a également mise dans des conditions intellectuelles, physiques et
morales nécessaires pour l'aboutissement de ce travail.
Mes sentiments de profonde gratitude s'adressent au
Professeur Luc Sindjoun qui, en dépit de ses multiples sollicitations, a
accepté de diriger ce mémoire. Ses conseils, ses critiques, ses
suggestions et surtout ses encouragements ont été d'un grand
apport pour la réalisation de ce travail de recherche.
Je tiens également à exprimer mes
remerciements au doyen Abel Eyinga sans qui je ne serais pas aisément
rentrée en contact avec certains responsables et acteurs politiques, et
je n'aurai sûrement pas obtenu certaines données, importantes pour
la mise sur pied de ce travail.
Des remerciements particuliers aux Docteurs M.E.
Pommerolle et F. Eboko, pour l'accompagnement technique de ces six derniers
mois. Merci particulier, également à M. Alexandre Chouala, au
Docteur Marcel Nsizoa, qui m'ont encouragée au moment où je
prenais encore la décision de travailler sur ce sujet.
Reconnaissance sincère à tous mes
enseignants du département de science politique de l'Université
de Yaoundé II/Soa. Une mention spéciale est faite à la
Fondation Paul Ango Ela, (FPAE) pour la documentation mise à ma
disposition et à tous ceux qui ont bien accepté de collaborer en
me fournissant des informations relatives à ce travail. Je n'oublie pas
ceux qui m'ont toujours honorée de leur camaraderie et de leur
amitié. Ils se reconnaissent à travers Madina Kaigama, Ndom
Ndjengwes, Patricia Hell, Claude Boum, Wowe Justin, et tous mes camarades de
promotion du niveau V que je côtoie depuis mon arrivée à
Yaoundé en Octobre 2003.
Enfin, remerciements très particuliers
à Jean Lucien Ewangue et à ma ''petite famille'' de Douala, qui
m'ont soutenue sur les plan moral et affectif durant toute la rédaction
de ce mémoire.
RESUME/ABSTRACT
De prime abord dans un contexte d'exclusion et de
disqualification politique (absence du droit de vote, inaccessibilité
à la participation politique conventionnelle), les Camerounais de
l'étranger parviennent tout de même à construire, lorsque
cela est possible, des dynamiques d'entrées dans le champ politique de
leur pays. Aussi, le processus de libéralisation politique
enclenché au Cameroun en 1989/1990 surgit dans une conjoncture de crise
de l'Etat et de l'affaiblissement relatif du principe de territorialité
dans les relations entre Etats. Cette situation a davantage favorisé
l'investissement des diasporas camerounaises sous des formes très
diverses, apparaissant ainsi comme de nouveaux acteurs de la vie politique
nationale. Leurs interactions sur les questions politiques internes et avec les
instances politiques locales, ont acquis une visibilité inhabituelle et
engendré de nouvelles « figures du
politiques »1(*).
Cameroonians living abroad are from the first glance
considered to be politically excluded or disqualified from participation in
politics of their state of origin because, they do not have access to vote and
other legal forms of political participation. Despite this situation, they have
been, all these recent years, able to construct and produce not only political
areas in their space of living, but also , when possible, dynamics which could
help them to penetrate the Cameroon political scene. However, it seems
important for us to mention that, this has well been possible since the wave of
democratisation and liberalisation of the world political arena in general and
of Cameroon in particular. In fact, the process when urging, has seriously
affected the principle of territory very dear to states, then leaving a great
impact on interstates relationships. The situation also gave, more way to
political enterprises of Cameroonians abroad under diversified trends. They
were then becoming conforted new actors of the Cameroon national political
life. Their interactions on internal political questions and with local
institutions have got a great visibility leading to new figures of
politics.
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
AAGBA Association des amis du village de
Gbalebouo
AC Action Citoyenne
ACBF Association culturelle des
Bamboutos de France
AEC Association des Etudiants
Camerounais
AECF Association des Etudiants
Camerounais de France
ALNK Armée de Libération
Nationale du Kamerun
ASBL Diaspora Camerounaise pour la
Solidarité
ARCAM Assemblée
Représentative du Cameroun
BBC British Broadcasting
Corporation
BPAS Association Bafoussam
Plémet Amitié Solidarité
CCBLA Cercle culturel de Loire-
Atlantique
CDC Cameroon Diaspora Coalition
CE Comité
Exécutif
CMC Cameroon Music Corporation
CODE Collectif des Organisations
Démocratiques et patriotiques de la diaspora
Camerounaise
CRTV Cameroon Radio Television
Cnrr Coalition nationale pour la
réconciliation et la résistance
DUDH Déclaration Universelle des
Droits de l'Homme
FEANF Fédération des
Etudiants d'Afrique Noire
JDC Jeunesse Démocratique
Camerounaise
KNC Kamerun National Congress
KNDP Kamerun National Democratic
Party
KKP Kamerun's People Party
LANA La Nationale
LCDH Ligue Camerounaise des Droits de
l'homme
MANIDEM Mouvement d'Action Nationale pour
l'Indépendance et la Démocratie
MINFOM Ministère des colonies de la
France d'Outre-Mer
NUKS National Union of Kamerun
Students
NTIC Nouvelles technologies de
l'Information et de la Communication
ONG Organisations non
Gouvernementales
ONU Organisation des Nation Unies
P. Page
PCF Parti Communiste
Français
RDA Rassemblement
Démocratique Africain
RDPC Rassemblement Démocratique
du Peuple Camerounais
REC Regroupement des Etudiants
Camerounais
RFI Radio France
Internationale
RGP Recensement
Général de la Population
SDF Social Democratic Front
UNC Union Nationale Camerounaise
UNESCO United Nations Educational, Scientific
and Cultural Organisation (en français, Organisation des Nations Unies
pour l'Education, la Science et la Culture)
UK United Kingdom
UNEF Union Nationale des Etudiants de
France
UPC Union des Populations du
Cameroun
Vol. Volume
WWW World Wide Web
TABLEAUX, CARTES ET PHOTOS
Tableau 1 : Quelques associations
politiques de Camerounais en France et en Grande-Bretagne
2006..........................................................................................P.
11
Tableau 2 : Bureau France RDPC en
2003 .....................................................P.63
Tableau 3 : Sous-sections
RDPC/France en 2003...........................................P. 64
Carte : La présence
camerounaise en France en 1999.......................................
P. 13
Photos
Photo1 : Des Camerounais de la diaspora qui vont aux ''
urnes''..............................P. 78
Photo 2 : Des Camerounais de Paris à la veille des
élections présidentielles du 11 octobre 2004 au
Cameroun.................................................................................P.
78
INTRODUCTION GENERALE
A. CONTEXTE ET INTERET DE L'ETUDE
Evoquant en premier lieu l'expérience
fragmentée et singulière du peuple juif :
« persécution, destruction, exode, refuge, exil, survie,
retour, reconstruction, mémoire, fidélité,
résistance à la destruction, continuité dans
l'adversité »2(*), le terme « diaspora » s'utilise
aujourd'hui au pluriel pour désigner les migrations des hommes ayant
quitté leur pays d'origine. La crise économique et sociale qui
sévit au Cameroun à partir des années 1980 a
entraîné une accélération des flux migratoires
camerounais vers l'Europe, et de plus en plus vers l'Amérique du Nord
(Etats-Unis, Canada), en raison notamment du durcissement des procédures
d'entrées légales en France3(*). Mais le phénomène d'immigration des
Camerounais à l'étranger est très ancien. En effet, des
Camerounais se sont installés depuis plusieurs générations
dans les pays du Nord, notamment, en France et en Grande-Bretagne. Selon
Françoise Bahoken, on peut aujourd'hui distinguer trois groupes de
migrants camerounais présents dans les pays du Nord.
Le premier groupe concerne les Camerounais dont le
départ calculé visait à pallier le dysfonctionnement du
système éducatif, principalement secondaire et supérieur.
Celui-ci a conduit les familles aisées -généralement
issues de la première vague de migration- à se séparer de
leurs enfants, en les envoyant se former dans les pays occidentaux. L'objectif
était très souvent de leur permettre de poursuivre leurs
études dans les écoles et les universités dispensant un
enseignement de qualité. A l'issue de leur formation, ces populations
retournaient généralement dans leur pays d'origine. Mais, avec la
dégradation des conditions de vie et en l'absence des
débouchés professionnels, une partie importante des
étudiants camerounais formés dans les pays du Nord a
préféré y rester. Ce groupe a constitué la
première phase d'une « fuite des cerveaux ».
L'accélération de ce phénomène est perceptible
depuis les années 1980. Elle est favorisée, d'une part, par des
réseaux visant à récupérer localement le retour sur
investissement de l'envoi d'un proche en Europe se former, et d'autre part, par
un désengagement des autorités camerounaises pour l'avenir de ses
ressortissants partis se former à l'étranger.
Le second groupe concerne des populations plus
démunies, dont le départ tient plus à la survie
qu'à l'acquisition d'une formation supérieure de qualité.
Il est constitué davantage des adultes ''qui partent se chercher
devant'' ; ceux qui font tout pour émigrer dans un pays du Nord,
parfois au risque de leur vie, même si c'est avec le sentiment de sauver
celle-ci. Désespérés, les migrants
du second groupe quittent un contexte spécifique de débrouille
locale, avec, d'une part, l'idée que l'ailleurs leur sera
favorable et, d'autre part, la volonté de ''voir Paris et mourir''.
C'est ainsi qu'ils se placent dans un contexte inattendu et
insoupçonné de survie à l'étranger - qui
présente des réalités différentes - même
s'ils conservent malgré tout, l'idée qu'ils sont mieux qu'au
pays.
Le troisième groupe, dont une partie se confond avec
les membres du second groupe, est plus délicat à cerner. C'est
celui des feymen qui émerge dans les années 1990. Il
caractérise plus ou moins le groupe de ceux qui, ne s'en sortant
pas d'un point de vue légal, basculent dans le système
d'activités informelles en vogue appelé feymania.
Les trajets des migrants camerounais suivaient donc d'abord
les routes de l'éducation, puis, celles de la prospérité
économique et de la sécurité politique. Dans cette
perspective, Sophie Bouly de Lesdain met en exergue la dégradation des
conditions économiques du pays et ses répercussions sur
l'enseignement comme cause principale et cause de l'accélération
des flux humains camerounais vers les pays du Nord4(*). Au cours de leurs
déplacements, les migrants camerounais ont gardé des liens
(tribaux, nationaux, etc.) avec leur pays et leurs familles. Ils n'ont pas
manqué de former des ''colonies camerounaises'' et autres
« associations de solidarité des ressortissants
camerounais », qui sont, au sens de Zaki Laïdi :
« des lieux d'expression d'une identité collective,
singulière à des fins de différenciation identitaire, de
pesée politique... »5(*). Nombreux sont ceux qui ont pu, peuvent ou pourraient
se reconnaître dans la définition d'une diaspora, car, ils
dégagent dans ces territoires, un ''nous'' construit autour de
significations nationales communes. Ils utilisent aujourd'hui ce terme, pour
décrire leurs expériences politiques, culturelles ou sociales en
terre étrangère et pour revendiquer leurs droits. Pour Chantal
Bordes-Benayoun et Dominique Schnapper : « être une
diaspora est même devenu un combat, une force, un slogan
politique »6(*).
L'affirmation d'un « soi collectif distinctif » mobilisant
le lien national et communautaire d'origine constitue en quelque sorte
l'essentiel de la logique de pénétration des immigrés
camerounais dans les espaces sociaux français et anglais. C'est
l'hypothèse de l'insertion sociale différentielle des Camerounais
dans les sociétés d'accueil européennes. Il s'agit d'une
insertion qui combine un processus d'identification en tant
qu'auto-intégration des acteurs camerounais dans un ensemble plus vaste
dans lequel ils ont tendance à se fondre, et un processus d'identisation
en tant que travail de différenciation, de séparation du ''soi
collectif distinctif'' des sociétés d'accueil que sont la France
et la Grande -Bretagne. Les dynamiques d'insertion sociale des immigrés
camerounais ne s'inscrivent nullement dans des stratégies de dilution
pure et simple dans les sociétés d'accueil. Elles se
dédoublent plutôt d'une action parallèle d'affirmation de
la part de ceux-ci, du « droit d'être
étranger », c'est-à-dire d'être différent
et se prévaloir d'une représentation d'un ''soi collectif
distinctif'' digne de considération et de respect7(*).
Le Recensement général de la population (RGP) en
France, réalisé en mars 1999, a dénombré 32 541
personnes de nationalité ou d'origine camerounaise, soit presque 1%
d'étrangers installés en France, qui représentent 3 263
186 individus, soit 8% du total de la population française. Elle est
marquée par une forte présence des femmes dès 1960
représentant ainsi la troisième population en provenance
d'Afrique francophone (INSEE 1990)8(*). En 2005, on comptait environ 45 000 Camerounais
vivant en France de manière régulière (hormis les doubles
nationaux). On estimait à 150 000 le nombre de Camerounais en situation
irrégulière9(*).
Les Camerounais résidant en France essayent de
s'organiser à travers les groupes culturels et sportifs tels que :
le Cercle culturel de Loire- Atlantique (CCBLA) ; la Solidarité des
filles Babimbi de France ; l'Association sportive et culturelle des
étudiants camerounais de Rennes ; l'Amicale des Camerounais de
France ; l'Association des amis du village de Gbalebouo (AAGBA) ;
l'Association Bafoussam Plémet Amitié Solidarité
(BPAS) ; l'Association culturelle des Bamboutos de France (ACBF) ;
etc. Ces différentes associations des Camerounais de France ont
généralement pour but de favoriser l'union, la fraternité,
la solidarité, l'animation, la communication, la sauvegarde du
patrimoine culturel et les échanges culturels entres leurs membres. Le
sentiment d'appartenance au Cameroun s'exprime également dans des lieux
inédits comme celui de la coiffure ou restauration. S'agissant de ce
dernier cas, le restaurant le Kamukera à Paris est devenu depuis
quelques années maintenant, un lieu de rencontre et de rassemblement des
Camerounais de France.
L'existence de ces associations et lieux de rencontre montre
que les immigrés camerounais, une fois dans les sociétés
d'accueil s'affirment comme des communautés diasporiques qui, bien que
résidant à l'extérieur, ont une partie d'elles-mêmes
ailleurs ; un ailleurs qui renvoie au ''chez eux''. Cependant, la
réunion des Camerounais présents en France et en Grande-Bretagne
ne se fait pas que sur des bases ethno-culturelles, mais elle se fonde
également sur des bases politiques. C'est le cas des partis politiques
camerounais nés à l'intérieur et qui s'exportent à
l'étranger et des mouvements et associations politiques des nationaux
qui se déploient en terres d'accueil française et anglaise.
Tableau 1-Quelques associations politiques de
Camerounais
en France et en Grande-Bretagne 2006
Noms et Pays ou localités
|
Noms des représentants/Présidents
|
Section RDPC/France
|
Armand Mbarga
|
Section RDPC/Grande-Bretagne
|
Atogho Paul Enyi
|
Section SDF/ UK/Londres
|
Brice Nitcheu, jusqu'à tout récemment, avant
d'être exclu du parti
|
Cameroon Diaspora Coalition/Londres
|
Brice Nitcheu
|
Collectif des Organisations Démocratiques et
Patriotiques de la Diaspora camerounaise/Paris
|
Tene Sop ; Kapet de Bana ; Nguakam Guy Simon; Titti
Dingong; Seumo Hugues.
|
Action citoyenne
|
Paul Yamga Tientcheu
|
Diaspora solidaire
|
Amvouna Atemengue
|
Source : réalisé à partir des
différentes données tirées des sites Web.
A l'ère de la mondialisation, le ``modèle de
diaspora'' apparaît comme une référence politique qui
franchit les frontières et permet de faire entendre certaines
revendications dans l'opinion publique internationale. La vulgarisation du
terme s'explique sans doute par les valeurs de solidarité qu'il
« proclame et l'alternative qu'il prétend offrir à
l'affirmation des identités collectives, passant outre les
barrières nationales »10(*). Plus qu'une expérience sociale, les diasporas
sont devenues un enjeu politique. Au-delà des migrants, des
expatriés et des voyageurs de toutes sortes, sportifs,
diplômés, artistes, militants internationaux par exemple, ont pu,
ici ou là, être qualifiés de diasporas. En effet, par le
jeu de références multiples, on peut s'identifier à telle
ou telle diaspora en valorisant tel ou tel de ces critères. Si les
rapprochements réels ou virtuels entre les hommes sont plus aisés
et les réseaux de relations plus denses, s'ils ont pu confronter
l'identification à un destin commun d'exilés, ils n'ont pas aboli
pour autant, comme le disent les auteurs précités,
« les fractures et les différends », d'où, le
caractère pluriel de la diaspora camerounaise de France et de
Grande-Bretagne. Leurs identifications se cherchent entre le local, le national
et l'international, se recoupent, se croisent et se font écho, mais
aussi se mesurent les unes aux autres, rivalisent et parfois même
s'affrontent. Désormais, le pont qui unit les hommes est
préféré à la porte qui les sépare.
Le développement des recherches sur les groupes
ethniques et l'engouement pour le multiculturalisme à partir des
années 1970, et 1980, ont mis à l'ordre du jour la
thématique des diasporas. L'intérêt des recherches pour
l'« excentrique, le différent, l'entre-deux, le marginal, le
périphérique, le souterrain, le minoritaire, le non-officiel, le
mêlé, le métis »11(*) et la bienveillance avec laquelle on considère
désormais ces nouvelles formes de métissage ou de
marginalité ont contribué à l'extension de la notion.
Catégorie des situations intermédiaires par
excellence, la diaspora permettrait de renouveler la recherche : les
outils de la sociologie politique traditionnelle aurait eu une grande tendance
à traiter des processus sociaux, notamment politiques, dans le cadre
exclusivement national ; la diaspora est censée, comme le pensent
Chantal Bordes et Dominique Schnapper, permettre de comprendre tout à la
fois les mouvements migratoires décuplés par la mondialisation
des échanges, les identités incertaines et fluides, la
mobilité incessante des hommes12(*). De plus, là où l'ethnique durcissait
les traits de l'Autre, le ''diasporique'' éclaircirait les contours
d'une altérité changeante et diffuse. L'attrait des diasporas a
grandi avec les interrogations nées de la mondialisation. Au-delà
des réalités de plus en plus nombreuses qu'elles sont
chargées de désigner, la faveur dont elles font l'objet manifeste
aussi l'esprit et les manifestations de notre temps.
La répartition géographique de la population
camerounaise vivant en France montre une forte concentration de celle-ci en
région parisienne. En 1999 par exemple, 60% des ressortissants
camerounais résidaient à Paris, soit un effectif total de 19 819
personnes. C'est le département de Seine-Saint Denis qui en comptait le
plus, avec 4 476 personnes (14% de l'effectif régional) dont 68% ayant
conservé leur nationalité (3 057 personnes) ; suivi de Paris
(13% de l'effectif régional) avec 2 849 personnes, parmi lesquelles 68%
ont conservé leur nationalité. La forte majorité de la
conservation de la nationalité peut être perçue comme la
preuve d'un attachement à la mère-patrie Cameroun.
Carte 1- La présence camerounaise en France en
1999
La diaspora africaine basée au Royaume-Uni s'est tout
aussi considérablement diversifiée au cours de ces
dernières années. Elle est concentrée à Londres,
une des grandes métropoles mondiales. Cette diaspora africaine au
Royaume-Uni est structurée sur des bases identitaires (l'ethnie, la
terre d'origine, la région). Mais, ces organisations apparemment
particularistes, recèlent des connaissances très étendues
et constituent des réseaux dynamiques de connaissances13(*).
Loin d'être un examen des conséquences sociales
du phénomène migratoire camerounais (fuite des cerveaux,
transferts de fonds, gains en expertise, investissements, etc.), notre
étude ne vise pas non plus directement l'analyse des implications
socio-politiques de l'émigration des Camerounais vers les pays du Nord.
Elle consiste à un dépassement des frontières, du
territoire national, comme ''cadres exclusifs'' d'analyse du déroulement
du jeu politique national. Notre travail se consacre à l'étude
des allégeances citoyennes au-delà du territoire national,
d'où, notre intitulé : « La
participation des diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne
à la vie politique nationale : émergence et consolidation de
la citoyenneté à distance. »
La longue période retenue (1950 à nos jours) se
justifie dans la mesure où, c'est à partir de 1950 que des
Camerounais de l'Occident en général, de France et de
Grande-Bretagne en particulier, majoritairement constitués
d'étudiants, commencent à s'organiser par rapport à la vie
politique de leur pays. Aujourd'hui, la diaspora camerounaise s'est
considérablement diversifiée et son nombre a
considérablement augmenté. Cette longue durée (1950-2006)
nous a permis de mieux appréhender la question de la participation des
Camerounais de l'étranger qui est au coeur de notre
problématique.
Le cadre de cette étude est l'Occident en
général, la France et la Grande-Bretagne en particulier. Nous
devons ce choix à la fois aux liens historiques du Cameroun avec ces
deux pays et à la configuration franco-anglophone de notre pays.
Cependant, les données ayant été plus accessibles en
France qu'en Grande-Bretagne, l'étude lui est largement consacrée
dans l'espoir que nous aurons l'occasion d'approfondir la recherche plutard,
dans un autre cadre si l'occasion nous est offerte. Par ailleurs, avant toute
entreprise scientifique, il importe de préciser nos concepts
opératoires.
B. CLARIFICATION CONCEPTUELLE
1. Diaspora
Le terme « diaspora » est un mot d'origine
grecque, construit à partir du verbe diaspeirô, et dont
l'usage est attesté au Ve siècle avant J.-C. Selon le
Petit Larousse, le mot désigne : « l'ensemble des
membres d'un peuple dispersés à travers le monde mais restant en
relation ». D'après le même dictionnaire, le terme peut
également être utilisé pour désigner
« l'ensemble des communautés juives établies hors de la
Palestine, surtout après l'Exil (VIe siècle), ou
qui demeurent en dehors d'Israël depuis la création de cet
Etat ». En effet, le mot est resté, pendant des
siècles, associé, voire réservé à l'histoire
des Juifs.
Les immigrés, envisagés comme des
``diasporiques'' peuvent se définir comme des gens qui,
« d'une part fusionnent lieu d'origine et étapes des parcours,
et d'autre part, tout en restant fidèles aux liens créés
dans leurs antécédents migratoires, se placent en posture
d'intégration dans les sociétés qui les
accueillent »14(*).
D'usage récent dans les sciences sociales, peu de
chercheurs utilisent cette notion dans leurs travaux avant les années
1970. Elle n'avait pas encore été employée pour qualifier
des migrations économiques ou les mouvements de réfugiés
politiques et les exodes du XXe siècle. Le terme ne
désignait pas non plus les migrations massives des travailleurs
originaires des pays pauvres du Sud. Le lien entre diaspora et peuple juif
restait très fort pour qu'on applique le terme à d'autres groupes
sociaux vivant hors de leur territoire d'origine. Dans son usage récent,
le terme s'est éloigné de cette référence initiale,
de l'archétype juif. A partir des années 1980, il commence
à connaître des développements qui culminent en 1990. Les
chercheurs ont participé au mouvement général en lui
accordant un crédit croissant, d'abord en Amérique du Nord, puis
en Europe15(*). Il peut
dès lors désigner la plupart des populations
du monde -diaspora britannique, tchétchène, somalienne,
tibétaine, antillaise, algérienne, iranienne,
latino-américaine, roumaine, russe ou afghane-, des composantes d'une
même population nationale -diaspora corse, bretonne, auvergnate ou
alsacienne, dans le cas de la France-, ou des groupes professionnels -diaspora
des scientifiques, des intellectuels, des ingénieurs ou des footballeurs
français ou nigérians-. D'une manière
générale, ces nouveaux emplois du terme révèlent
les recompositions en cours, des identités qui se construisent en
privilégiant la dimension transnationale, dans le cadre d'une
globalisation des revendications particulières16(*). On passe d'une logique de
« club fermé » à une logique de
« fourre-tout»17(*).
Diaspora devient un terme servant à
évoquer : « à la fois tout phénomène
de dispersion à partir d'un lieu ; l'organisation d'une
communauté ethnique ou religieuse dans un ou plusieurs pays ; une
population répartie sur plus d'un territoire ; les lieux de
dispersion ; tout espace d'échanges non territorial ;
etc. »18(*).
Selon Pascal Boniface, la « diaspora » désigne
toute « population en situation de dispersion
géographique, d'exil politique ou de migration
économique »19(*). Il y ajoute que : « de
façon stricte, une diaspora est le résultat d'un flux migratoire
aboutissant à la constitution d'une population conservant une forte
conscience de son identité (linguistique, religieuse...) et des rapports
au moins affectifs avec son pays d'origine ». Ce qui est
intéressant dans cette définition de l'auteur, c'est la dimension
économique.
Gabriel Scheffer a proposé quant à lui une
définition du phénomène diasporique en
énonçant trois critères qui sont : « le
maintien et le développement d'une identité propre au peuple en
diaspora ; une organisation interne de la diaspora distincte de celle
de son Etat d'origine ou d'accueil ; des contacts significatifs avec sa
patrie d'origine sous forme réelle ou mythique »20(*). Cette définition nous
a semblé intéressante dans la mesure où elle nous a permis
de mettre en exergue des formes nouvelles d'appartenance et d'acceptation
communautaire qui en découlent, notamment en ce qui concerne les
Camerounais de la diaspora, sans oublier les trames de la citoyenneté
transnationale qui progressivement s'instituent comme des
réalités socio-politiques.
Nous avons adopté dans ce travail la définition
de Steven Vertovec. Pour cet auteur, le terme ''diaspora'' est aujourd'hui de
plus en plus usité pour décrire ou qualifier toute population
« déterritorialisée ou
transnationale » 21(*), qui tire ses origines autre part que son lieu
d'habitation et dont les échanges sociaux, économiques, et
politiques dépassent les frontières des Etats et
par conséquent, couvrent le globe terrestre. La notion peut en effet
être perçue sous trois formes distinctes : une forme sociale,
une forme spirituelle et une forme culturelle. Le plus intéressant dans
cette considération est la dimension sociale d'une diaspora. En tant que
forme sociale, la diaspora peut être appréhendée comme une
population dispersée à travers plusieurs territoires.
L'expérience juive est généralement prise pour exemple
dans ce cas. Et par rapport à cette expérience juive, Martin
Baumann a suggéré trois points référentiels :
le processus de dispersion, une communauté vivant en terres
étrangères, et les lieux ou les espaces de dispersion. Mais
surtout comme l'ajoute Steven Vertovec, une population restant en relation
malgré la dispersion. Vertovec considère la diaspora en tant que
forme sociale, comme un groupe d'individus, « résultat d'une
migration volontaire ou forcée d'une terre d'origine à au moins
deux autres territoires, maintenant consciemment une identité
collective, qui le plus souvent, est soutenue par une relation commune ethnique
d'origine, des expériences historiques ou des repères
géographiques »22(*). Elle devra favoriser l'institutionnalisation des
réseaux d'échanges et de communication qui transcendent le
territoire des Etats et créent de nouvelles formes d'organisation sur le
territoire d'accueil, tout en gardant des liens explicites ou moins implicites
avec leur territoire d'origine. Les diasporas développent donc par
là des liens solidaires avec des membres d'une même appartenance
ethnique ou nationale.
Dans ce travail, il faudra entendre par diaspora camerounaise
l'ensemble des Camerounais dispersés à travers le monde et qui,
partis de leur territoire pour des raisons économiques, sociales ou
politiques gardent un lien plus ou explicites avec le pays d'origine. Pouvant
être affectif, culturel, économique ou politique, ce lien est
traduit en terre d'accueil par la reproduction d'espaces culturelles et
politiques camerounais. Ce qui nous conduit à faire des usages soit
singulier ( en référence à l'Etat camerounais en
général), soit pluriel (en référence aux
différents clivages ethniques et politiques entre les groupes) du terme.
Il est également à noter que le caractère transnational
des Camerounais de la diaspora et les nouvelles formes d'organisation de
ceux-ci donnent à l'expression tout son sens.
2. Participation politique
Selon le dictionnaire Larousse, participer, c'est
« s'associer, prendre part à quelque chose ; c'est
également collaborer, payer sa part, contribuer, etc. ». La
participation serait donc « l'Action, le fait de participer, la
collaboration ». Elle peut revêtir plusieurs aspects :
politique, économique et social. Sans toutefois négliger l'aspect
socio-économique, dans ce travail nous mettons un accent particulier sur
la participation politique.
Guy Hermet pense que : « la participation
politique constitue le fondement même de la démocratie :
à travers l'élargissement du suffrage universel et son extension,
à des rythmes différents, d'un pays à l'autre, à
tous les membres de la communauté politique, hommes comme femmes,
à travers aussi son organisation juridique favorisant la liberté
de réunions publiques, l'existence des partis et des associations, le
droit d'affichage »23(*).
De manière plus simple, la participation politique peut
être définie comme « l'ensemble des activités,
individuelles ou collectives, susceptibles de donner aux gouvernés une
influence sur le fonctionnement du système
politique »24(*). A coté du vote25(*), présenté par
les dirigeants comme « un rituel important de la vie politique,
moment d'accomplissement de l'identité citoyenne en ce sens qu'il
octroie aux membres d'une collectivité le droit de désigner les
titulaires des rôles politiques et de choisir leurs
représentants »,26(*) il faudra reconnaître d'autres modalités
de participation politique telles que celles relevant d'une attention
minimale à la chose publique (lecture de la presse, discussions des
informations, etc.) ; celles se concrétisant dans l'adhésion
à des organisations sociales ou politiques ; celles qui expriment
une volonté, plus ou moins intense, de peser sur la décision
publique par des grèves et des manifestations de nature à
influencer les gouvernants ; et enfin les modalités de
participation qui visent à contester les règles du jeu
institutionnel normal, en tentant d'y substituer d'autres normes. Ces
différentes formes de participation politique nous montrent qu'aux
activités traditionnelles de participation, s'ajoutent aussi, dans la
perspective de R. Inglehart, de « nouvelles formes d'actions, telles
que : l'occupation des locaux, sit-in, boycotts etc., sans compter
l'explosion des nouveaux mouvements sociaux »27(*) , qui sont toutes
considérées dans ce travail. Par ailleurs, dans les
régimes démocratiques où la participation politique serait
érigée en « valeur fondamentale », elle est
associée au concept de citoyenneté.
3. Le concept de citoyenneté
La citoyenneté a d'abord un sens juridique. Le citoyen
n'est pas un individu concret, il est un sujet de droit. Il dispose à ce
titre des droits civils et politiques. Il jouit des libertés
individuelles : la liberté de conscience et d'expression, la
liberté d'aller et de venir, de se marier, d'être
présumé innocent s'il est arrêté par la police et
présenté à la justice, d'avoir un avocat pour le
défendre, etc. Il dispose également des droits politiques :
participer à la vie politique et être candidat à toutes les
fonctions publiques28(*).
En revanche, selon Dominique Schnapper, « il a l'obligation de
respecter les lois, de participer aux dépenses collectives en fonction
de ses ressources et de défendre la société dont il est
membre, si elle se trouve menacée »29(*). De manière
générale, la citoyenneté sur le plan juridique, peut
être définie comme la jouissance des droits civiques
attachés à la nationalité. Elle renvoie à la
qualité d'une « personne qui dispose de tous ses droits
politiques (jouissance du droit de vote) dans l'Etat dont elle a la
nationalité ».30(*) Philippe Braud, rattache cette qualité
à « la capacité d'exercer les droits liés
à la participation politique de type
démocratique »31(*).
Cependant, la citoyenneté est aussi un principe de
légitimité politique. C'est-à-dire que le citoyen n'est
pas seulement un sujet de droit individuel. Il est détenteur d'une part
de souveraineté politique. C'est l'ensemble des citoyens,
constitués en communauté politique ou en ``communauté des
citoyens'', qui par l'élection, choisit les gouvernants. C'est
l'ensemble des citoyens qui est à la source du pouvoir et justifie que
les décisions prises par les gouvernants soient exécutées.
C'est l'ensemble des citoyens qui contrôle et sanctionne l'action des
gouvernants issus de l'élection. Les gouvernés reconnaissent
qu'ils doivent obéir aux ordres des gouvernants parce que ceux qui leur
donnent ces ordres ont été choisis par eux et restent sous leur
contrôle32(*).
La citoyenneté est encore, la source du lien social
car, dans la société démocratique moderne, le lien entre
les hommes n'est plus religieux ou dynastique, il est politique. Vivre
ensemble, comme le note Dominique Schnapper, « ce n'est plus partager
la même religion ou être ensemble, sujets du même monarque ou
être soumis à la même autorité, c'est être
citoyens de la même organisation politique »33(*). Néanmoins, il faudrait
noter que nous avons intériorisé l'idée de
citoyenneté si bien qu'elle pourrait nous paraître naturelle.
Pourtant, les origines de cette idée sont anciennes. C'est bien
l'héritage grec qui est à l'origine de ce concept. Pour D. Fustel
de Coulanges, on reconnaissait le citoyen de la cité grecque :
« à ce qu'il avait part au culte de la cité, et
c'était de cette participation que lui revenaient tous ses droits civils
et politiques. La participation au culte entraînait donc la possession
des droits. Comme le citoyen pouvait assister au sacrifice qui
précédait l'assemblée, il pouvait aussi
voter »34(*).
Avec les cités démocratiques de l'Antiquité grecque,
(Ve -IVe siècle avant notre ère),
émerge l'idée de participation à la chose publique. Mais
la modernité politique, née progressivement dans l'Occident
chrétien, qui se serait imposée avec éclat dans les
révolutions politiques des XVIIe et XVIIIe
siècles en Angleterre, aux Etats-Unis, en France, a introduit une
rupture fondamentale. La citoyenneté moderne n'est pas celle de
l'Antiquité.
Aujourd'hui, on entend par là, le droit de vote aux
consultations politiques, l'éligibilité, l'exercice des
libertés publiques qui donnent sens à la participation politique,
et enfin l'accès aux fonctions d'autorité dans l'appareil de
l'Etat. Dans ce travail, trois grandes catégories de
représentations valorisantes associées à la
citoyenneté par la culture démocratique35(*), constituent la base de notre
définition opératoire : implication politique active,
c'est-à-dire attention portée aux affaires publiques, exercice du
droit de vote, participation volontaire à des activités
d'intérêt général, amour de la patrie, respect de la
loi, solidarité avec les membres de la même communauté
nationale36(*).
La citoyenneté à
distance
Elle peut être définie comme le lien social ou
politique qui unit un Etat et ses nationaux à l'étranger. En
effet, ce lien citoyen qui a d'abord pour but de sédentariser les
populations, conduit les individus, bien qu'étant en dehors de leurs
frontières, à mener des activités politiques,
économiques ou sociales en direction de leur Etat d'origine. Et dans le
cadre de la participation politique, cette notion entraîne la remise en
cause des frontières nationales comme cadre exclusif du jeu politique
national. Elle nous permet également d'établir le rapport direct
entre les Camerounais de l'étranger et leur implication dans la vie
politique nationale. Il s'agit de comprendre par là,
l'intérêt manifesté par les diasporas camerounaises de
France et de Grande-Bretagne pour la politique de leur pays, à travers
le déploiement de différentes activités politiques par
celles-ci.
C. REVUE DE LA LITTERATURE
Notre étude n'est pas la première à
porter ni sur les diasporas, ni sur la transnationalisation des relations
internationales. Cependant, les études qui l'ont
précédée ne se sont pas forcément axées sur
le même objet, et encore moins sur le même problème.
Hyung -Chan Kim (1977), dans The Korean Diaspora37(*), en faisant une
étude historique et sociologique de la communauté coréenne
vivant aux Etats-Unis, a mis en exergue les stratégies mises en place
par une communauté antérieurement méprisée, pour
gagner en respectabilité par sa maîtrise des outils du pouvoir
économique. Si les liens évoqués par Hyung-Chan Kim entre
les Coréens- américains et leur pays d'origine sont une approche
par laquelle nous avons pu expliquer certains comportements au sein des
diasporas camerounaises de France et Grande-Bretagne, il n'en demeure pas moins
que son travail ne cadre pas directement avec nos préoccupations, qui
est la participation politique de celles-ci à partir de leurs lieux de
résidence.
Richard Joseph (1986), dans Le mouvement nationaliste au
Cameroun38(*),
parlant de l'UPC et la politique camerounaise entre 1948 et 1954,
évoquait déjà, dans une certaine mesure, des aspects de la
transnationalisation de la vie politique camerounaise. Selon l'auteur, dans sa
campagne pour mettre un terme à la domination coloniale française
au Cameroun, l'UPC n'a pas limité ses activités à
l'intérieur du Cameroun. Dès ses débuts en 1948, elle a
constamment cherché à développer d'autres bases de soutien
en Afrique et dans le monde. Cet ouvrage est intéressant dans la mesure
où il est tributaire d'une approche historique qui nous a permis de
comprendre que l'internationalisme politique camerounais ne date pas des
années 1990, et encore moins d'aujourd'hui. Cependant, ce travail
essentiellement historique, ne met pas en exergue des aspects politiques telle
que la citoyenneté.
Epifaino San Juan (1998), dans From exile to
Diaspora : version of the Filipinos experience in the United
States39(*),
a étudié le poids de la diaspora philippine aux
Etats-Unis, dans le développement des Philippines et la bataille pour sa
reconnaissance dans le pays d'accueil. Même si l'histoire du peuple
philippin est comparable à celle de notre pays (colonisation,
restriction des droits et libertés, crise économique et
mondialisation), il n'en demeure pas moins que le cadre de son étude
reste américain et économico-centré.
Stéphane Dufoix (2003), dans Les Diasporas40(*), propose une histoire du
mot ``diaspora'' et présente une étude des migrations juives,
chinoises ou encore arméniennes. Dans cet ouvrage, l'auteur interroge la
nature des liens entre les communautés transétatiques et un Etat,
un pays, une nation ou une terre. Grâce à cet ouvrage, nous avons
pu appréhender la nature, l'histoire et les implications du terme
diaspora. Cependant, bien qu'il nous ait été d'un
grand apport dans la compréhension du terme diaspora, c'est un ouvrage
qui reste axé sur les généralités.
Arjun Appadurai dans Modernity at large : cultural
dimensions of globalisation, soutient que l'interpénétration
des peuples et les ponts que ces derniers établissent entre eux,
constituent une variable importante par laquelle l'on peut rendre compte des
relations internationales actuelles. Dans ce sens, il évoque la
contribution des diasporas et immigrés dans le commerce international,
les relations inter-étatiques, les décisions publiques, mais
surtout la reconfiguration du concept de nation (...). Cet ouvrage nous a
apporté un éclairage supplémentaire sur la place de la
culture dans les relations internationales. Le concept d'ethnoscape
offre une perspective dynamique sur les identités en constante
redéfinition. Il nous a aussi paru fondamental dans la mesure où
la globalisation est appréhendée comme un « processus
qui est à l'oeuvre et qui met en cause les dimensions locales et
nationales (caractérisant) jusqu'ici le fonctionnement des
sociétés » 41(*). Si cet ouvrage nous a permis de mieux comprendre les
dynamiques des immigrés, la place que ces individus occupent dans le
déroulement de la politique de leur pays reste floue.
Dans son ouvrage Femmes camerounaises en région
parisienne. Trajectoires migratoires et réseaux
d'approvisionnement42(*), Sophie Bouly de Lesdain met en exergue les
principales caractéristiques des trajectoires suivies par les migrants
camerounais et de leur présence en France. Montrant leur organisation
sur le plan socio-économique, l'accent est mis sur les activités
menées par les femmes. Bien que très intéressant parce
qu'il nous a renseigné sur le profil de certains individus de la
diaspora camerounaise de France, l'aspect politique de leur organisation,
très fondamentale pour notre étude, n'en ressort pas.
Juteau Deadjufo Tousse (2005), dans son mémoire de
DESS en diplomatie43(*), nous donne déjà une idée
sur le mode d'organisation de la diaspora camerounaise aux Etats-Unis, leur
réussite en terre d'accueil et le rayonnement de l'Etat d'origine sur la
scène internationale à travers les nationaux
émigrés ; mais aussi, sur les transferts d'argent dont les
Camerounais résidant aux Etats-Unis sont des auteurs, et l'impact de
ceux-ci sur le développement de leur pays d'origine. Si cette approche
originale nous a renseigné sur l'organisation des Camerounais à
l'étranger en général et nous a montré le lien
entre diaspora et financements pour le développement du pays dont les
membres de la diaspora camerounaise seraient des auteurs, la
préoccupation de l'auteur était beaucoup plus d'ordre
diplomatique. Ce qui n'est pas forcément le cas dans notre travail. Bien
que intéressant sur le plan méthodologique, l'impact de
l'organisation est, dans notre travail, perçu sur la vie politique de
l'Etat d'origine et non plus, sur la scène internationale, avec pour
cadre d'étude, la France et la Grande-Bretagne.
Enfin, Chantal Bordes-Benayoun et Dominique Schnapper (2006),
dans Diasporas et Nations44(*), prennent la mesure du phénomène
dans toutes ses dimensions (le concept, son développement, les
individus, leurs caractéristiques, leur environnement). Si par ses
atouts sur le plan théorique cet ouvrage nous a accompagné tout
au long de notre étude, ce document ne porte pas directement sur le
Cameroun.
D. PROBLEMATIQUE
Evoquant un territoire où réside une
population sur qui s'exerce un pouvoir juridiquement organisé qui
monopolise la contrainte légitime, l'Etat, en tant qu'institution des
relations internationales peut être envisagé comme « une
construction objective indépendante des dirigeants et des dominés
et subjective intériorisée par les acteurs »45(*).
Max Weber dans sa célèbre définition de
l'Etat accorde une importance particulière au « territoire
géographique déterminable » à l'intérieur
duquel l'Etat s'affirme comme groupement de domination46(*). Et Brubaker d'ajouter que
« l'Etat moderne est nécessairement une clôture
territoriale traduite sur le plan physique par des
frontières »47(*). Or pouvons-nous affirmer que L'Etat-nation qui
repose sur « l'isomorphisme entre peuple, territoire et
souveraineté légitime » fait encore sens dans la vie
politique camerounaise ? En effet, la citoyenneté politique, dans
le cadre de la législation camerounaise se définit-elle encore
dans le cadre national ? Comment comprendre les différentes
activités politiques menées par les Camerounais résidant
à l'étranger, notamment en France et en Grande-Bretagne ? En
d'autres termes, comment être un Camerounais résidant en France ou
en Grande-Bretagne et se sentir pleinement impliqué dans la vie
politique nationale ?
Ces différentes questions permettent de fonder la
problématique de la citoyenneté à distance comme forme
d'expression du rattachement des diasporas camerounaises à leur Etat
d'origine. C'est une problématique de réinvention ''diasporique''
de la citoyenneté et de transnationalisation de la vie politique
camerounaise.
E. HYPOTHESES
L'hypothèse principale autour de laquelle s'ordonne
notre recherche est la suivante : les diasporas camerounaises de France et
de Grande-Bretagne en tant que vecteurs de l'expérience politique
camerounaise sont également porteuses de multiples dynamiques de
transformations de la citoyenneté, ou tout simplement, de recompositions
de l'expérience existentielle des individus qui s'affirment comme des
citoyens camerounais à distance.
De cette hypothèse principale, dérivent les
micro-hypothèses suivantes : les diasporas camerounaises
transnationalisent la vie politique interne en mettant à leur
disposition des sites Web. Dans leurs espaces territoriaux, les diasporas
camerounaises s'impliquent activement dans le jeu politique national à
travers la mise sur pied des structures politiques qui sont, la plupart de
temps, des relais ou des prolongements d'associations ou de partis politiques
déjà présents sur le territoire national. Pour se faire
entendre sur les questions politiques de leur pays, les diasporas camerounaises
de France et de Grande-Bretagne font usage des moyens violents (violence
symbolique48(*) ;
violence physique) allant des critiques à la contestation.
F. APPROCHE THEORIQUE
Le cadre théorique qui sous-tend notre étude est
celui du transnationalisme, de l'individualisme méthodologique et du
constructivisme. Le modèle de représentation transnationaliste
s'est d'abord imposé à nous par le sujet choisi. En
étudiant les stratégies déployées par des citoyens
d'un Etat en dehors de leur territoire national, ou encore dans les relations
transfrontières, nous tombions directement dans le champ de la
théorie transnationale. Celle-ci voit en l'Etat, un acteur parmi tant
d'autres des relations internationales. Il y a dans le transnational la
transcendance, le dépassement et le contournement de l'Etat ; mais
aussi une centralité ou une prééminence de
l'étatique qui en est le facteur régulateur et le cadre de
déploiement a priori.
1. La théorie transnationaliste
La théorie transnationaliste est née dans le but
de dépasser « l'égoïsme des intérêts
nationaux par l'intégration de ces intérêts dans une
société internationale inédite »49(*). En effet le transnationalisme
regroupa quatre écoles distinctes mais unies par le même souci de
se différencier du réalisme. Il s'agit du fonctionnalisme,
l'école de l'interdépendance complexe, l'école de
l'impérialisme, et surtout l'école du mondialisme, puisque c'est
cette dernière qui est davantage explorée dans cette
étude.
L'école du mondialisme constitua la plus fondamentale
remise en cause du réalisme. Inis L. Claude ouvrit la voie en 1962 en
publiant Power and International relations, une dénonciation
véhémente de la politique de puissance50(*). C'est à sa suite que
John Burton formalisa sa théorie de la
« société-monde » destinée à
briser le monopole étatique. L'auteur posa comme principe que l'Etat ne
pouvait plus être considéré comme l'acteur unique, ou
seulement essentiel de la vie internationale. Une pluralité d'acteurs
aux statuts très divers, allant des organisations aux firmes
multinationales, des organisations non gouvernementales aux mouvements de
libération nationale entretient des liens multiples qui ne peuvent pas
être envisagés à travers l'unique critère
défini en terme de puissance. L'idée centrale de J. Burton
réside dans la représentation de multiples liens transnationaux
sous forme d' « une toile d'araignée »,
où chaque acteur est uni à tous les autres par un
enchevêtrement d'interactions très diverses. Celle-ci permettrait
de mieux saisir la multitude des transactions échappant aux
rigidités des frontières physiques. De même, son recours
aux instruments de la systémique donne la possibilité de diviser
la « société-monde » prise dans son ensemble,
en petites unités analysables. Les transactions héritées
des ''issued systems'' permettent également de s'intéresser aux
interactions multiples qui constituent la « toile
d'araignée ». La société-monde de John Burton
nous a paru intéressante dans la mesure où, l'échange
devient le paramètre central de l'analyse et vise à satisfaire
les ''besoins fondamentaux'' qui ne sont plus représentés par
l'Etat, mais par les individus.
La publication française en 1987 de la
« société des individus » de Norbert Elias a
réhabilité dans une grande mesure cette
« société-monde » trop marquée par le
climat intellectuel des années 1960 et 1970. Repensant les rapports
entre les individus et la société, la démarche de N. Elias
repose sur le postulat selon lequel, « plus large est l'environnement
social, plus nombreuses sont les possibilités d'individualisation
offertes à l'homme. Le monde que l'auteur décrit n'est pas sans
ressemblance avec la « toile d'araignée » de Burton.
En prenant l'exemple du filet pour illustrer son propos, N. Elias
affirme : « un filet est fait de multiples fils
reliés entre eux. Toutefois ni l'ensemble de ce réseau, ni la
forme qu'y prend chacun des différents fils ne s'expliquent à
partir d'un seul de ces fils, ni de tous les différents fils en
eux-mêmes ; ils s'expliquent uniquement par leur association ;
leur relation entre eux. Cette relation crée un champ de forces dont
l'ordre se communique à chacun des fils, et se communique de
façon plus ou moins différente selon la position et la fonction
de chaque fil dans l'ensemble du filet. La forme de chaque fil se modifie
lorsque se modifient la tension et la structure de l'ensemble du réseau.
Et pourtant ce filet n'est rien d'autre que la réunion de
différents fils ; et en même temps chaque fil forme à
l'intérieur de ce tout une unité en soi, il y occupe une place
particulière et prend une forme spécifique »51(*).
Les relations de dépendance réciproque entre les
individus et la société se retrouvent à l'échelle
planétaire dans l'interdépendance des Etats qui, rapportée
à l'échelle des individus, suscite le sentiment d'appartenance
à une humanité globale. Téléphones, radios,
charters, et tous les réseaux d'interdépendance entre les Etats
ont abouti à ce que « les mailles du filet se sont
resserrées à vue d'oeil au cours du XXème
siècle »52(*).
2. L'individualisme méthodologique
L'individualisme méthodologique, en grande partie issu
de la pensée wéberienne a occupé une place fondamentale
dans notre étude. Privilégiant l'examen de l'action sociale
menée à partir de valeurs multiples et refusant
catégoriquement de déduire l'action, par exemple, de la fonction
ou de tout autre déterminisme, l'individualisme méthodologique
place au centre de sa compréhension du monde social les intentions des
acteurs, en rejetant du même coup toute forme de pensée holistique
selon laquelle le tout diffère de la somme des parties53(*). Ce paradigme s'est
avéré important dans notre étude en ce sens que la
transnationalisation de la vie politique camerounaise est une
conséquence logique du comportement des individus de la diaspora
camerounaise. De même, les structures étudiées dans ce
travail ne pouvaient alors avoir une vraie signification qu'à travers
une référence aux intentions et projets des acteurs.
3. Le constructivisme
Le constructivisme, approche
épistémologique, de parenté
phénoménologique, qui insiste sur le primat des
représentations socialement constituées du réel, par
opposition à une connaissance immédiate de ce réel, nous a
permis de déconstruire certains textes et discours politiques et de
mieux appréhender les attitudes de nos acteurs politiques des diasporas
camerounaises. Le constructivisme est devenu une perspective analytique
importante des relations internationales à la suite de la publication
des écrits de Nicholas Onuf et Alexander Wendt au tournant des
années 199054(*).
Selon James March et Johan Olsen, le constructivisme désigne les
théories qui s'intéressent à la structure sociale des
relations internationales. Ces théories prétendent que les
individus, plutôt que de chercher à maximiser les
intérêts particuliers objectifs, adoptent le comportement qui leur
paraît le plus correct ou le plus approprié dans une situation
donnée, compte tenu de leurs liens identitaires avec telle
communauté, à tel ou tel moment de leur vie. Les comportements
des individus sont donc largement irrationnels, très
différenciés et changeants55(*). La réalité des relations
internationales est construite ou « coconstituée »
selon l'expression de Katzenstein, Keohane et Krasner56(*) par l'interaction des
comportements individuels et des institutions. Les structures ou institutions
déterminent les identités, les intérêts et le
comportement des individus ; mais ces derniers à leur tour
créent, reproduisent et changent les structures institutionnelles de la
société internationale57(*). Par ailleurs, le constructivisme ayant donné
lieu à plusieurs interprétations, il nous semble important de
préciser que notre étude est soutenue par le constructivisme
social ou institutionnalisme réflexif de Marthe Finnemore58(*). Qualifié de
« constructivisme conservateur » par Pettnam59(*), le constructivisme social
accepte que les valeurs irrationnelles ou subjectives des individus influencent
leurs comportements et les institutions de la société
internationale. Il s'intéresse principalement aux aspects concrets ou
tangibles de ces comportements qui peuvent être analysés à
l'aide des théories rationnelles empiristes60(*).
G. TECHNIQUES DE RECHERCHE
Notre recherche est le fruit d'un ensemble d'entretiens et
d'interviews de plusieurs individus (acteurs, observateurs, professionnels,
sympathisants, chercheurs) et d'une exploitation intense de documents
fondamentaux, généraux et spécialisés.
D'abord, le passage en revue des ouvrages sur la
participation politique, le système politique camerounais et des
articles de référence sur les diasporas nous a permis de nous
imprégner de notre problématique et de faire l'état de la
question. Ensuite une série d'entretiens accordés par quelques
anciens membres de la diaspora camerounaise nous a donné un
aperçu historique de la question. Il s'agit bien évidemment des
échanges que nous avons eus avec d'anciens étudiants camerounais
en France et membres de l'UNEK, et de la section France de l'UPC. Des
données recueillies des sites Web de partis politiques et les interviews
réalisées auprès de quelques militants de partis
politiques (RDPC, parti au pouvoir et de la majorité
présidentielle ; et SDF, principal parti d'opposition) nous ont
permis de dresser une organisation de ces deux entreprises partisanes
camerounaises en France et en Grande-Bretagne. Enfin, des échanges avec
des membres actuels de la diaspora camerounaise de France et d'Allemagne
à travers Internet nous ont renseigné sur leurs activités
et leurs réseaux.
Cependant, nous n'avons pu rentrer en contact avec aucun
membre de l'administration publique, anciens membres de la diaspora
camerounaise, disposés à nous parler de leur intégration
au sein du système politique camerounais.
Pour acheminer cette étude, nous avons
bénéficié de la collaboration de nos professeurs,
notamment en ce qui concerne l'encadrement scientifique. Nous avons beaucoup
travaillé avec les différents sites Web des mouvements de
diasporas camerounaises et quelques partis politiques camerounais
représentés à l'étranger, des informations sur
l'Afrique et le Cameroun en particulier. Les documents de premières
sources ont en effet constitué notre principale base de données.
L'éloignement de notre principal objet d'étude (les diasporas
camerounaises de France et de Grande-Bretagne) a constitué un grand
handicap à la présentation de l'analyse dans ce travail. Les
difficultés d'obtention des données chiffrées, la
participation de ''diasporiques'' francophones plus que d'anglophones ont eu un
impact majeur dans la présentation de notre travail.
H. ANNONCE ET JUSTIFICATION DU PLAN
Notre hypothèse principale, nous a conduit
à privilégier dans ce travail une articulation autour de trois
chapitres, comportant chacun deux sections et deux paragraphes.
Le premier chapitre, tremplin et flash-back
historique met en exergue le début de l'implication des Camerounais de
l'étranger dans la lutte pour l'indépendance de leur pays. Bien
que consciente du caractère déjà pluriel de la diaspora
camerounaise entre 1948 et 1990, nous avons choisi de nous appesantir sur les
rapports entre les étudiants camerounais de France et de Grande-Bretagne
avec le mouvement nationaliste au Cameroun dans les années 1950,1960,et
1970. Le choix de cette population est dû au fait qu'elle constituait
à cette période, la principale caractéristique des
Camerounais de l'étranger.
Le second chapitre vient conforter notre
hypothèse principale de la citoyenneté à distance en
mettant en relief l'organisation des Camerounais de l'étranger par
rapport à la vie politique. Tout en se concentrant sur les années
1990 (période de libéralisation de la vie politique au Cameroun
et de l'accélération des flux transnationaux lié au
développement des Nouvelles technologies de l'information et de la
communication), l'attention est donnée à l'animation dans les
partis politiques et quelques mouvements et associations politiques de la
diaspora, non sécessionnistes. Cependant nous n'avons pas fait une
étude exhaustive de tous les partis et mouvements politiques camerounais
représentés à l'étranger. Nous avons observé
deux partis politiques dont l'un parti de la majorité
présidentielle (RDPC) et l'autre, principal parti d'opposition (SDF). De
même, deux mouvements de la diaspora camerounaise ont retenu notre
attention. Cependant, la deuxième section de ce chapitre démontre
que l'intégration ne fait pas qu'à travers l'animation dans les
partis et mouvements associatifs mais également à partir de
certaines modalités étatiques.
Enfin, le troisième chapitre tout en confirmant
que les Camerounais de la diaspora sont des acteurs de la vie politique
nationale, essaie tout de même dégager l'impact aussi bien
pratique que théorique de l'investissement des Camerounais de la
diaspora dans la vie politique nationale.
CHAPITRE I
MALENTENDU HISTORIQUE ENTRE L'ETAT ET LES DIASPORAS
CAMEROUNAISES DE L'OCCIDENT
La compréhension du malentendu historique entre la
diaspora camerounaise et l'Etat du Cameroun passe par une étude
politique de ladite société entre 1948-1990. Il s'agit, en
d'autres termes, d'essayer de comprendre les rapports politiques entre la
diaspora camerounaise (qui avait des liens avec le mouvement nationaliste) et
le régime politique camerounais à cette période. Un retour
à l'histoire politique de notre pays nous permettra
d'appréhender et d'analyser les réactions, décisions et
actions des acteurs politiques camerounais au sein et en dehors des
frontières. Une attention particulière sera consacrée au
''Cameroun français'' d'autant plus que, selon une formule
célèbre, le Cameroun anglophone avait été la
« colonie d'une colonie », en l'occurrence du Nigeria.
Cette situation particulière imprima sa marque au nationalisme et
à l'évolution politique de la région, dont le devenir
s'affirma moins contre la Grande-Bretagne, que par rapport à ses deux
voisins, le Cameroun francophone et le Nigeria61(*).
Entre 1950 et 1970, la diaspora camerounaise était
essentiellement estudiantine et liée, notamment en France, à
l'Union Nationale des Etudiants du Kamerun (UNEK), ancienne Association des
étudiants camerounais (AEC), et mouvement d'obédience
progressiste affilié à l'UPC. Lorsque l'on se remémore les
conditions qui ont entouré l'accession du Cameroun à
l'indépendance et du rôle de l'UPC dans le mouvement nationaliste,
on se rappelle que, grâce aux soutiens extérieurs dont elle a
bénéficié, le régime de Yaoundé a connu une
adversité farouche. Dès lors, « tout Camerounais de la
diaspora était devenu suspect »62(*). Cette suspicion
a en quelque sorte contribué à refroidir le climat de relations
entre les membres de la diaspora camerounaise, notamment de France, combattant
pour la cause de leur pays, et les dirigeants politiques, qui ont le devoir de
tout contrôler et le droit au monopole sur sa population. C'est donc la
tension entre les deux camps dont les positions sont tout à fait
légitimes, que nous tentons d'expliquer dans ce premier chapitre de
notre travail. Le chapitre est structuré en deux sections qui comportent
chacune deux paragraphes. Les paragraphes peuvent cependant être selon
les besoins, subdivisés en sous-titres.
Section I : Un désaccord
lié au processus de décolonisation
Trois faits importants ont influencé le cours politique
du Cameroun après la Seconde Guerre mondiale. Le premier concerne le
changement des orientations politiques adoptées à Brazzaville en
1944 et dans la nouvelle constitution française de 1946. Le
deuxième porte sur l'ensemble des changements institutionnels
entraînés par la nouvelle constitution. Le troisième est
l'acceptation par la France de la tutelle des Nations Unies sur le Cameroun.
Ces trois faits eurent une portée essentielle dans la formation des
forces politiques au Cameroun et notamment, des forces nationalistes qui se
développèrent principalement dans la zone francophone. Les
réformes appliquées entre 1946 et 1952 fournirent au Cameroun un
cadre constitutionnel et institutionnel pour une action politique63(*). La configuration des
évènements ayant abouti aux réformes de 1946, donna au
Cameroun les éléments essentiels d'un théâtre
politique, à savoir : « un corps électoral, une
avant-scène représentative, la mise en scène et quelques
indications sur le spectacle qui devait s'y
dérouler »64(*). Pour ce spectacle, il fallait une intrigue : la
création de tutelle par les Nations Unies.
Les promesses ambiguës des accords de tutelle ont
constitué l'un des tous premiers points de discorde entre les
nationalistes camerounais de la partie méridionale et le régime
colonial. En ce qui concerne ce dernier, il faut noter qu'il y eut des
« pro-administration coloniale » qui ne partagèrent
pas forcément l'idéologie des mouvements de revendications. La
tension entre administration et population s'est poursuivie après
l'indépendance. Pour dire vrai, après le régime colonial,
c'est le régime « néo-colonial » qui
commença à être contesté.
La tutelle fut l'un des facteurs déclenchant des
mouvements nationalistes, parce que, devant aboutir à une autonomie,
voire l'indépendance65(*). Les accords de tutelle et l'acceptation par la
France de la Charte des Nations Unies, engageaient la métropole, qu'elle
le voulût ou non, à servir les objectifs de la tutelle. Ces
objectifs avaient une portée politique beaucoup plus grande que ceux
stipulés par le mandat66(*). En outre, une communauté mondiale
élargie dans laquelle des puissances coloniales étaient
déjà en minorité, surveillerait d'un oeil de plus en plus
critique, les activités françaises. En 1950, tous les anciens
territoires africains sous mandat qui n'avaient pas accédé
à l'indépendance, à l'exception du Sud-Ouest africain,
étaient devenus des territoires sous tutelle, en application des
dispositions du chapitre XII de la Charte des Nations Unies. L'article 76 de la
Charte énonce les objectifs politiques du système de
tutelle :
« ...favoriser le progrès
politique, économique, et social des populations des territoires sous
tutelle ainsi que l'amélioration de leur instruction ; favoriser
également leur évolution progressive vers la capacité
à s'administrer eux-mêmes ou l'indépendance, compte tenu
des conditions particulières à chaque territoire et à ses
populations, des aspirations librement exprimées des populations
intéressées et des dispositions qui pourront être
prévues dans chaque accord de tutelle... »
Dans l'accord de tutelle pour le Cameroun67(*), la France
s'engageait à remplir les devoirs de tutelle, conformément aux
dispositions de la Charte, et de poursuivre les objectifs fondamentaux de la
tutelle, définis à l'article 76. L'accord donnait à la
France tous les pouvoirs législatifs, administratifs et juridictionnels
sur le Cameroun « conformément aux lois françaises en
tant que partie intégrante du territoire français ».
Cependant, en application de l'article 5, la France s'engageait à
assurer aux habitants locaux une part dans l'administration du territoire en
créant des organes représentatifs démocratiques. En outre,
la France promit d'organiser en temps opportun, des consultations
appropriées pour permettre aux habitants d'exprimer librement leur
opinion sur le régime politique et d'assurer ainsi la réalisation
des objectifs stipulés à l'article 76(b) de la Charte. La Charte
laissait entrevoir une issue : l'indépendance. C'est cette
conquête pour l'indépendance qui anima les nationalistes
camerounais durant toute la période de tutelle. Or les puissances
coloniales, et principalement la puissance française, avait un
chronogramme qui lui semblait plus légitime. Ceci créa donc une
tension entre les autorités coloniales et les populations camerounaises
soutenues par leurs compatriotes de l'étranger.
Paragraphe 1 : Les diasporas camerounaises comme
terre d'élection de l'opposition au pouvoir colonial.
A cette période de l'histoire, les membres
de la diaspora camerounaise militante étaient pour la plupart des
étudiants. Ces étudiants portaient une attention
particulière à la vie socio-politique de leur pays. C'est ainsi
qu'on a pu les voir s'organiser pour apporter des soutiens aux forces
nationalistes de l'intérieur. Pour la majorité, ils
étaient réunis au sein de l'UNEK pour la France, et au sein du
National Union of Kamerun Students (NUKS) pour le Royaume-Uni. L'Organisation
sera donc au centre de notre étude, dans cette première section
du chapitre premier.
A. Diaspora camerounaise et mouvement nationaliste
au Cameroun
1. La constitution de la diaspora
camerounaise d'Occident
Il n'est possible de faire une typologie politique des
Camerounais résidant en France au cours des années 1950-1960 que
sous forme d'esquisse. Les premiers étudiants boursiers envoyés
par le Cameroun en ``métropole'' (1946-1947) ne furent pas beaucoup
marqués par la montée de la lutte nationaliste car, l'UPC avait
été créée le 10 avril 1948, après leur
départ du Cameroun. Ce furent généralement des
étudiants brillants parmi lesquels on compte l'un des tous premiers
professeurs agrégés camerounais, Jean-Félix Loung, le
premier centralien, Marcel Théodore Loung et l'un des premiers
experts-comptables de notre pays, Simon Ernest Nguiamba N.68(*) Bien que secrètement
patriotes et tous trois influencés par le passage du Dr
Félix Moumié à Lolodorf, ces trois Camerounais n'eurent
pas d'activité politique en France. Hilaire Mindja Ndjolè, autre
cadre de cette même promotion, avait quant à lui une
activité militante ouverte. Ingénieur géologue de
formation, il a terminé ses études en Tchécoslovaquie et a
encadré, dans la clandestinité, plusieurs cadres de l'UPC comme
collaborateur de la direction du parti. Entre 1950-1955, l'envoi des boursiers
camerounais en France pour poursuivre leurs études supérieures
devint plus fréquent. Par ailleurs, des parents fortunés
envoyaient aussi leurs progénitures faire des études
secondaires.
A partir des années 1950, il y eut aussi un certain
nombre de fonctionnaires-étudiants et de stagiaires, pour la plupart des
``clients politiques'' du Dr Aujoulat. Ce ne fut cependant pas le cas du Dr
Bebey Eyidi qui n'en était pas un ; il peut être
classé parmi ces fonctionnaires étudiants car, en 1950, il avait
obtenu une bourse d'études au titre d'anciens combattant, engagé
dans les Forces Françaises Libres. C'est dans ce cadre qu'il avait
obtenu son doctorat en médecine. Après lui, les
fonctionnaires-étudiants se caractérisèrent principalement
par une certaine servilité vis-à-vis du colonisateur. Dès
1955-1956, le Cameroun envoya surtout des bacheliers comme boursiers en France.
L'UPC obtint plus facilement l'adhésion de nombre d'entre eux, du fait
que leur militantisme était déjà amorcé au
Cameroun. Aux approches de l'indépendance, des éléments
manipulés par le pouvoir colonial devinrent de plus en plus nombreux
parmi les étudiants boursiers camerounais. Il en était de
même pour les fonctionnaires-étudiants, ``clients politiques'' des
colons français au Cameroun. Quelques Camerounais arrivaient en France
par leurs propres moyens, à l'aventure. Ils s'efforçaient ensuite
à trouver du travail et à faire des études69(*). C'est dire une fois de plus
que la diaspora était majoritairement constituée
d'étudiants.
2. L'Union Nationale des étudiants du Kamerun
(UNEK) et le National Union of Kamerun Students (NUKS)
Au terme d'une décision de l'Assemblée
Représentative du Cameroun (ARCAM) datée du 1er
semestre 1947, des jeunes camerounais allaient désormais être
envoyés en France comme boursiers, pour poursuivre leurs études.
Ils étaient répartis en deux catégories : d'une part,
les très jeunes qui sortaient du cours moyen deuxième
année d'une école primaire. Ils étaient admis en classe de
sixième d'un établissement secondaire en France ; d'autre
part, les autres déjà majeurs qui allaient en métropole
pour subir un perfectionnement de six mois maximum et devaient être
intégrés dans l'administration coloniale française au
Cameroun.69(*)
L'idée de se regrouper est née du besoin
ressenti de réfléchir ensemble aux problèmes de leur
séjour à l'étranger et de ``revivre'' certaines de leurs
coutumes du pays. Cette volonté commune s'est d'abord
concrétisée par une réunion tenue dans un hôtel
parisien ayant pour but de « mieux se connaître et fonder une
communauté fraternelle ». C'est donc au terme des
échanges de vues qu'a été mise sur pied une association
dénommée Association des étudiants camerounais de France,
(AECF), dont le tout premier président fut le Dr Bebey Eyidi. Cette
association allait jouer un rôle important dans la lutte du peuple
camerounais pour l'Indépendance et la Réunification70(*).
L'AECF mena des activités diverses dont les plus
importantes consistèrent à défendre les dossiers de
demandes de bourses ou d'allocations d'études adressées par les
étudiants et élèves camerounais au ministère des
Colonies ou de la France d'Outre-Mer. L'AECF poursuivit ses activités
dans ce sens sans se laisser influencer par le réveil politique qui
secouait les colonies françaises sous l'influence du Rassemblement
Démocratique Africain.
Au cours d'une de ses assemblées
générales tenue en juillet-août 1951, au camp de vacances
de Saint-Germain en Laye dans la banlieue parisienne, les étudiants
camerounais en France se sont rapprochés de leurs compatriotes qui
étudiaient dans les établissements du Royaume-Uni et d'Irlande du
Nord et engagèrent un débat sur ``le maintien ou la suppression
de la lettre F'' dans le sigle de l'Association. Ceci a permis au comité
directeur de prendre contact avec les étudiants camerounais du
Royaume-Uni et d'Irlande du Nord en vue de la création d'une
organisation commune d'étudiants camerounais. La longue marche vers
l'unité des étudiants aboutira en 1958, sous la présidence
de Vroumsia Tchinaye71(*).
L'UNEK ou NUKS ont connu des fortunes diverses, suivant
qu'elles étaient trop « anti » ou trop
« pro » gouvernementale. Du temps du colonialisme pur
jusqu'à la loi-cadre, l'AEC avait connu une certaine unité, sinon
une unité certaine, malgré quelques avatars. En effet, l'AEC fut
secouée par deux tendances : celle de ceux qui affirmaient que
l'association étant syndicale, ne devait pas faire la politique et les
autres, tout en reconnaissant la priorité syndicale de l'Association,
défendaient le point de vue selon lequel les refus ou les suppressions
de bourses étaient des mesures politiques. Ils soutenaient par ailleurs
que les étudiants dont les écoles et les collèges
étaient au Cameroun et les bourses en dehors du Cameroun ne
« sauraient se placer à l'écart de la lutte du peuple
camerounais pour l'indépendance et l'unification »72(*).
A partir de 1955-1956, l'on vit de plus en plus entrer sur la
scène politique les Camerounais eux-mêmes. Ce fut un coup fatal
pour la vie de l'AEC qui dût subir les contre-coups de la politique de
Yaoundé73(*). Bien
plus, lors de la confrontation électorale des deux grands leaders de
l'heure sur la scène politique camerounaise, Paul Soppo Priso et
André-Marie Mbida, l'on a pu voir se remuer les jeunes Camerounais de
l'Occident tout en créant des scissions. En 1956, la vie de l'AEC allait
connaître d'importantes luttes d'influence et des tendances qui
déchiraient les hommes politiques du Cameroun. Les deux seuls grands
leaders lors de l'installation des nouvelles institutions issues de la
loi-cadre étaient Mbida et Soppo Priso. Ce dernier, président
sortant de l'ARCAM qui était alors une assemblée purement
administrative et qu'il avait dissoute, afin de procéder à
l'élection d'une assemblée politique, venait de participer, en
collaboration avec le haut-commissaire, aux mesures nécessaires pour la
mise en place des nouvelles institutions. Quant à Mbida, il était
encore couvert du prestige résultant de sa victoire sur le Dr Aujoulat
aux élections législatives du 2 janvier 195674(*).
André-Marie Mbida était devenu Premier ministre,
Soppo-Priso se cantonna dans l' « opposition
légale » : il fallait l'un ou l'autre. Or cette
alternative fut une fois de plus fatale à l'unité de l'AEC. A
Paris, au cours d'une séance tumultueuse, deux camps se formèrent
au sein de l'AEC : les partisans de Soppo Priso opposés aux
partisans de Mbida. Lors de la campagne électorale de décembre
1956, Soppo Priso, dans son mouvement d'Union nationale, avait
prêché la réconciliation avec l'UPC, alors que Mbida,
devenu chef du gouvernement, avait plutôt tendance à suivre
vis-à-vis de l'UPC, la même ligne politique que la puissance
administrante. D'où l'éclatement de l'AEC : une faction
devint le Regroupement des étudiants camerounais (REC) et l'autre
fraction l'UNEK75(*).
Aussi, à partir de 1955, des contacts plus
sérieux ont pu s'établir entre les Camerounais de France et ceux
de Grande-Bretagne. Cette même année, une délégation
de l'AEC composée de Balla Benoît, alors président de
l'AEC, et d'Eyinga Mvelé Abel, membre actif de la même
association, s'est rendue à Londres pour établir le premier
contact avec les Camerounais de Londres. Et, c'est au cours de
l'Assemblée générale des étudiants camerounais de
France, de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord que fut institué le
sigle UNEK ou NUKS pour symboliser la réunification du pays
« comme le colonisateur allemand avait
imaginé »76(*). Cette assemblée de Londres fut marquée
par un évènement capital : le problème de
l'unité du pays. C'est donc l'UNEK qui allait ardemment soutenir
l'action nationaliste au Cameroun tout au long des années 1950, et 1960.
B. L'orientation nationaliste de l'UNEK
Nous l'avons mentionné dans notre
introduction, une diaspora se reconnaît par le lien ou l'attachement
gardé, malgré la distance, avec le pays d'origine. Pour ce qui
est de la manifestation du « nationalisme à
distance », Eva Ostergaard-Nielsen définit les pratiques
politiques transnationales comme « les différentes formes (par
lesquelles) les migrants et les réfugiés participent à la
vie politique de leur pays d'origine, directement en passant la
frontière, et indirectement, par l'intermédiaire des institutions
du pays d'accueil ou des organisations internationales »77(*). L'important ici, c'est que
des acteurs s'engagent à distance pour une cause nationale. De
manière générale, cet engagement peut entrer soit aux
côtés de l'Etat, soit contre l'Etat. Pour ce qui est de l'UNEK ou
des étudiants camerounais de France et Grande-Bretagne, l'engagement
politique s'est fait contre les régimes en place au Cameroun, d'abord
contre le régime colonial, ensuite contre le régime
« néo-colonial »78(*).
En 1998, l'historien Benedict Anderson est revenu sur la
question nationale à partir du thème de l'exil qui en serait
à l'origine79(*).
Résumant sa pensée, Dufoix note que c'est de la
« confrontation avec l'autre, le non-soi, que naîtrait le
nationalisme comme mise en avant de la pureté nationale dans des
contextes où toute singularité est menacée par le
mélange »80(*). Or, la transnationalisation liée au
développement post-industriel favorise les migrations mais aussi le
maintien d'un lien qu'Anderson appelle « nationalisme à longue
distance »81(*).
Les migrants ou descendants de migrants organisent leur présence dans le
pays d'accueil selon leur rapport à l'origine et tentent donc
d'influencer la politique du pays dont ils se sentent ``parents''. Le refus
individuel ou collectif de reconnaître l'autorité du régime
en place, dans le pays d'origine ou sur « la terre promise et
désirée », entraîne la formation d'un espace
politique alternatif constitué par des groupes tous opposés au
même ennemi. C'est ainsi que l'UNEK, ancienne AEC,
intéressée et très attentive à la politique du
moment sur le territoire camerounais, et ne supportant plus la présence
des « colonisateurs » dans leur pays, ne tarda pas à
se transformer en un mouvement politique82(*). Elle s'affilia d'abord à l'UPC, puis au
Front-Uni, pour combattre tour à tour, le régime colonial et
l'Etat « néo-colonial ». Dans cette lutte, l'on a
donc pu observer une jeunesse camerounaise résidant à
l'étranger, s'investir dans la vie politique de leur pays d'origine dans
les années 50, 60, 70. Cependant, du fait de leur caractère
parfois contestataire, leurs positions politiques n'étaient pas toujours
bien accueillies par les autorités publiques.
1. Les objectifs de l'UNEK
A travers sa charte, l'UNEK s'était
assignée les tâches suivantes :
« défendre les intérêts et
sauvegarder en toutes circonstances les intérêts moraux et
matériels présents et futurs de tous ses membres ; concourir
à la formation culturelle de ses membres et notamment promouvoir et
encourager toutes les réalisations se rapportant aux civilisations
kamerunaises ; renforcer le sens de la grande solidarité
kamerunaise ; amener ses membres à prendre conscience de leurs
droits et devoirs ; étudier les problèmes relatifs au
kamerun et tout autre problème connexe ; lutter pour
l'indépendance et l'unité africaine ; entretenir les
relations avec les autres organisations nationales ou internationales
d'étudiants, de jeunesse et de travailleurs sur les bases
suivantes : -lutter contre l'impérialisme, lutte pour la paix et
l'amitié entre les peuples, coopération et entraide dans la
mesure du possible et sous la seule réserve du respect de son
indépendance- »83(*).
Il était possible
de distinguer des sections territoriales et des sections académiques de
l'UNEK. Pour ce qui est des sections territoriales, nous pouvons mentionner
celles du Royaume-Uni et d'Irlande du Nord ; d'Irlande du Sud ; du
Nigeria ; de la Chine populaire, et de l'URSS.
Au lendemain des évènements tragiques de
mai 1955, l'UNEK, prit ses responsabilités en entrant dans l'action.
Elle tint un meeting à Paris et en Province pour informer l'opinion
française et internationale sur la situation au Cameroun. Le
retentissement de ces meetings était tel que le gouvernement
français, par l'intermédiaire du Gouverneur Roland Pré,
réagit violemment par la suppression des bourses du président de
l'AEC, Balla Benoît, et de deux responsables de la section de
Montpellier, dont Simo Mbobda, étudiant en médecine. A
l'avènement du premier gouvernement camerounais présidé
par André Marie Mbida, selon Pierre Nkwengué, ancien
président et militant de la dite organisation et auteur de l'ouvrage
l'UNEK ou la contribution des africains à la l'émancipation
de l'Afrique : «on pouvait légitimement
s'attendre (à partir de ce moment), à une amélioration de
la situation matérielle des étudiants camerounais et à une
compréhension, voire une véritable collaboration avec les
étudiants et patriotes camerounais pour une indépendance
réelle de ce pays. Bien au contraire, les choses (sont allées)
s'empirant davantage jusqu'à une intensification de la
répression... ».
En effet, dès sa prise de pouvoir, le gouvernement
Mbida se caractérisa vis-à-vis du peuple par une politique
presque « anti-nationaliste » se manifestant par une
répression féroce des upécistes et de leurs
sympathisants ; et vis-à-vis des étudiants, par des mesures
rétrogrades et réactionnaires, à savoir : la
suppression des bourses de six étudiants de Grenoble, parmi lesquels
Meloné Thomas, Sack Joseph, et Folyack E. Pendant ce temps au Cameroun,
les patriotes ouvrirent une souscription nationale pour venir en aide aux
étudiants victimes de cette situation de suppression de bourse.
L'engagement de l'UNEK pour la cause nationaliste était tel qu'elle ne
manqua pas de multiplier ses sphères d'influence.
2. Les actions de l'UNEK
- L'UNEK à l'Organisation des Nations
Unies
Les premières prises de positions des étudiants
camerounais remontent au moment où l'Organisation des Nations Unies
(ONU) siégeait au Palais de Chaillot à Paris. La première
pétition sur la Réunification et l'Indépendance du pays
fut portée à mains propres à l'ONU. En 1957, l'UNEK
mandata un jeune étudiant en sciences économiques de
l'université de Toulouse et vice-président à l'information
de la Fédération des étudiants d'Afrique Noire Francophone
(FEANF), Ossende Afanda Castor pour exprimer le point de vue des
étudiants camerounais devant la quatrième Commission de l'ONU sur
le problème de la réunification et de l'indépendance. Il
développa un discours qui fit sensation dans la presse française.
En novembre 1958, la délégation de l'UNEK mena
un débat sur la levée de tutelle qui fut renvoyée à
la session « spéciale » consacrée uniquement
à cette question au 13 mars 1959. Cette délégation
soutenait le même point de vue que celui de l'UPC dont la
délégation était conduite par le vice-président
Ouandié, venant de Conakry. A la session spéciale du 13 mars
1959, l'UNEK envoya une délégation conjointe avec le NUKS
composée : de Tchaptchet Njinga, Victor Ngu, et Georgyi Ndinka. Les
deux derniers représentaient le NUKS. En effet, il y avait deux
camps : le camp des patriotes (UPC, UDEFEC, JDC) conduite par le Dr
Félix Roland Moumié et Tchoumba Ngouakeu, et la
délégation de l'UNEK et le NUKS conduite par Tchaptchet ; et
d'autre part, le camp des colonialistes français comprenant le Premier
ministre Ahmadou Ahidjo et le président de l'Assemblée
législative, M. Kemga Daniel.
Ces patriotes soutenaient le point de vue selon lequel
« l'ONU devait organiser le référendum sur la
réunification, ensuite les élections générales
avant toute levée de tutelle, tandis que le gouvernement français
et ses ``acolytes'' camerounais demandaient la levée de tutelle
« pure et simple ». Après deux semaines de
débat, la levée de tutelle fut votée au profit de la
France et ses « émules ». Le troisième
congrès de l'UNEK condamna fermement ce décret84(*).
- l'UNEK face à l'assassinat des leaders
nationalistes
Sept mois après la prise de pouvoir par le
président Ahmadou Ahidjo, le secrétaire général de
l'UPC, Ruben Um Nyobè, fut assassiné, abattu dans le maquis. Ceci
conduisit à une manifestation de protestation à la rue 26
Murillo, à Paris, siège de l'ambassade du Cameroun, pendant que
le Premier ministre s'y trouvait lui-même. Cette manifestation rassembla
une foule nombreuse composée d'étudiants africains et
français membres de l'Union Nationale des Etudiants Français
(UNEF). La banderole portant les inscriptions « A bas les
assassins de Ruben Um Nyobe »85(*) était portée par les membres
du Comité exécutif de l'UNEK, dont son président Vroumsia
Tchinaye. Cet assassinat fut également la cause d'un refroidissement des
rapports entre les autorités camerounaises et la diaspora camerounaise
militante de l'Occident, à cette époque.
Aussi, au moment où intervint l'empoisonnement du Dr
Félix Roland Moumié, le patriote venait d'étudier avec le
président de la section France de l'UPC, Tchaptchet Njinga, les mesures
concrètes à prendre pour faire face à la suppression des
bourses d'étudiants en faveur de l'indépendance du pays.
Le onzième congrès des étudiants
camerounais de l'Occident, en décembre 1960, concrétisa cette
radicalisation par l'adoption d'une charte et l'adhésion au Front-Uni
anti-colonialiste et anti-impérialiste, créée par les
organisations patriotiques. Egalement, ce congrès devait porter à
la présidence du Comité exécutif un jeune étudiant
licencié es-mathématiques Woungly Massaga, qui fut expulsé
de France quelques mois plus tard, en 1961, en même temps que le
président de la section France de l'UPC. Il faut dire que si l'UPC
manifesta sa confiance envers l'UNEK, c'est que la plupart des ''diasporiques''
sympathisaient naturellement avec ce parti à cause de ses options sur
l'avenir du pays.
- Les rapports avec l'UPC
La direction de l'UPC insista constamment sur l'importance des
groupes associés, et notamment sur la collaboration des étudiants
camerounais de Paris. Elle les considéra comme un moyen vital pour
attirer une plus large section de la population camerounaise dans le mouvement
nationaliste et, ainsi d'accroître la représentativité de
l'UPC devant les Nations Unies. Militant donc au sein de l'UNEK, la diaspora
camerounaise de France partenaire du mouvement nationaliste au Cameroun et
essentiellement estudiantine, a de manière importante, contribué
à la lutte pour l'indépendance du Cameroun.
La plupart des jeunes étudiants camerounais
résidant en Occident, et notamment en France et en Grande-Bretagne, sont
effectivement devenus militants de l'UPC en 1955, après les massacres de
mai et l'interdiction de l'UPC le 13 juillet de cette
année-là86(*). Pour la plupart, ils se sont retrouvés au
lycée de Clermont-Ferrand, et avec d'autres Camerounais dans les
différentes facultés de la même ville. Ils semblaient avoir
fait de l'Académie de Clermont-Ferrand, un véritable lieu de
repère des jeunes patriotes camerounais87(*). Il y avait là-bas, Gabriel Abolo, qui
déjà au pays s'était illustré lors des
premières grèves du lycée Leclerc et s'était fait
remarquer par ses contacts suivis avec Gaston Donnat88(*). Dès son arrivée
à Clermont-Ferrand, il annonça son positionnement, en s'affichant
ouvertement comme membre du parti communiste français (PCF). Deux autres
Camerounais, nouveaux venus dans la ville, étaient de la même
sensibilité politique que lui : les frères Emile et
Alexandre Moutymbo. C'est aussi à Clermont -Ferrand que
s'installèrent Emah Ottou, Abel Eyinga, et Nicanor Njiawué. S'y
installa également Jean-Martin Tchaptchet. C'est en effet, ce dernier,
Soba Djallo et Woungly-Massaga qui ont formé un comité de base de
l'UPC, selon les dispositions spéciales de la section France. Pour la
plupart, la première vision de la politique a été
fixée par l'UPC. Le passage des études à la politique
s'est apparemment fait le plus naturellement du monde. Les massacres de mai
1955, puis l'interdiction de l'UPC en juillet de la même année,
par un décret du gouvernement français qui avait
été annoncé à la Radio, en France
troublèrent « profondément » les jeunes
camerounais. Ils leur fallut alors davantage suivre ce qui se passait au
pays.
-Des liens avec la Fédération
des étudiants d'Afrique Noire (FEANF)
Les jeunes étudiants camerounais de l'Occident
militaient à la fois au sein de la FEANF et de l'UNEK. Cette
dernière était une section territoriale de la FEANF. L'UNEK a
adhéré au Front-Uni avec les organisations patriotiques :
UPC, JDC, UDEFEC. Le rôle politique de la FEANF et des sections
territoriales était d'une grande importance. Le gouvernement
français avait pour principal souci de récupérer les
cadres africains qui se formaient en France et la FEANF, dont l'UNEK
était une section territoriale se devait de les aider à prendre
conscience de cette réalité pour les empêcher d'y
succomber.
Les prises de position de la FEANF exercèrent
une pression énorme sur les stratégies de néocolonialisme
et marquèrent tout le processus de la décolonisation, de la
Loi-cadre aux indépendances. A cet égard, l'Académie de
Clermont-Ferrand fut la première en France à déclencher
des mouvements d'ampleur nationale dans les universités
françaises.
Pour ce qui est de l'UNEK, son rôle syndical se limitait
à l'encadrement des élèves et étudiants camerounais
pendant les vacances, et ceci, jusqu'aux évènements de mai 1955.
Avec la montée des revendications, les autorités du ``Cameroun
sous tutelle'' s'étaient rendus compte que des activités
« comme les colonies de vacances » risquaient de se
transformer en stages de formation politique de jeunes nationalistes
camerounais. D'ailleurs, les simples ``ballets africains''
qu'exécutaient les élèves commençaient à
être transformés en moyens de récupération des fonds
en vue d'organiser les conférences publiques pour populariser les luttes
politiques des peuples africains.
Au Cameroun, d'anciens syndicalistes étudiants, anciens
présidents ou dirigeants de l'AEC ou de l'UNEK elle-même, ont
joué un rôle important comme patriotes : Bebey Eyidi,
Vroumsia Tchinaye, Bernard Fonlon notamment, et même Sengat-Kuoh.
L'UNEK, relais des organisations
nationalistes du Cameroun
Par organisations nationalistes, il faut entendre
essentiellement les divers groupements patriotiques qui se battaient pour la
Réunification et l'Indépendance du Cameroun, et avec lesquels
l'UNEK finit par constituer, en 1960, un Front anti-impérialiste.
Tout au long des années 1950 et même
au-delà, l'UNEK s'est comportée avec le plein accord de la
majorité de ses membres, comme une antenne de l'UPC (parti nationaliste
le plus totalement acquis à la lutte anti-impérialiste) en
France. C'est sans doute la raison pour laquelle les étudiants qui
n'avaient pas la fibre patriotique s'en méfiaient, quand ils ne se
livraient pas à des opérations centrifuges visant à
déstabiliser leur syndicat. M. Abel Eyinga89(*) se souvient
avoir assisté, jeune étudiant, en 1954, dans la grande salle des
sociétés Savantes à Paris (28, Rue Serpente, au Quartier
latin), à un grand meeting organisé par l'AEC et dont le
principal animateur était Ruben Um Nyobè. Comme la plupart des
autres syndicats étudiants africains, l'UNEK n'a pas suscité
l'hostilité des autorités coloniales au moment de sa
création. Une loyale collaboration avec celles-ci semble même
avoir caractérisé les premières années de
l'existence de l'AECF. Ce n'est qu'après s'être convaincues des
orientations nationalistes de la direction de l'Association que les rapports
ont changé. Par la suite, l'hostilité s'est renforcée en
même temps que l'UNEK se consolidait, que ses positions se
précisaient et qu'au Cameroun l'irrésistible vague
d'organisations patriotiques tendaient à déborder
l'administration coloniale.
Paragraphe 2 : Les diasporas
camerounaises comme terre d'élection du régime
d'opposition
A. La dimension politique de la migration
comme facteur explicatif
1. L'exilé, l'étudiant et le contestaire
comme caractéristique de la présence camerounaise à
l'étranger
L'étudiant d'abord considéré
comme ''le symbole de l'avenir'' est aussi un contestataire. Dès
l'indépendance l'université camerounaise a été
secouée par des grèves accompagnées de répressions
policières, doublées d'actions intentées à partir
de l'étranger. Um Nyobè rédige les textes de l'UPC
à Paris et à New-York et l'on peut se rappeler du rôle
joué par l'UNEK. Des grandes figures de l'opposition résident
alors à l'étranger90(*).
On peut dès lors comprendre que les diasporas
camerounaises ont compté ou compte encore leur sein d'anciens
nationalistes radicaux, d'étudiants exilés des années
1990, d'écrivains ayant connu la répression politique tel que
Mongo Beti, une bonne partie des membres de la diaspora camerounaise ont
partagé une idéologie formellement opposée à celle
du régime post-colonial du Cameroun. L'on peut se rappeler les
différents rôles joués par les associations telles que
l'UNEK, l'UPC-France, et les étudiants, anciens membres du
Parlement91(*). Les
émigrés camerounais sont donc très souvent perçus
comme des ''opposants'' par assimilation aux exilés ou nationalistes qui
entre 1955 et 1990 ont alterné au Cameroun entre participation et
contestation du/dans le système politique.
D'abord l'UPC qui a conquis sans succès le pouvoir
politique ; ensuite les nationalistes et exilés politiques des
années 1950 et 1960 ; et enfin les étudiants expulsés
des campus universitaires camerounais dans les années 1990. De quoi
négativement appréhender une population frustrée et qui a
``soif'' d'une vengeance politique. En effet, l'organisation des Camerounais
à l'étranger était tenue par un lobbying politique visant
à l'isolement du président de la république, situation que
les autorités ne supporteraient pas. Par ailleurs, si la
répression néo-coloniale s'est révélée aussi
féroce que celle exercée par l'occupant colonial, les positions
de certains membres de la diaspora camerounaise, elles aussi, se sont
radicalisées.
2. La place du nationalisme
Le nationalisme a produit de part et d'autre une amertume et
une tristesse qui charrient le vécu quotidien à la fois des
autorités publiques locales et des exilés de la diaspora
camerounaise de l'Occident. Une forme de rancune souterraine ne cessait pas de
hanter ici et là-bas, les consciences collectives ou individuelles.
Comme ''opposants'', les diasporas camerounaises étaient aussi
assimilés aux Camerounais ressortissant de l'ex-Cameroun Occidental dont
les velléités sécessionnistes étaient
considérées par les autorités camerounaises comme
extravagantes et non fondées92(*). La présentation de quelques dissidents de la
diaspora passée et présente nous donnera une idée sur
l'idéologie qu'elle pourrait défendre.
B. Quelques illustres dissidents de la diaspora
camerounaise de l'Occident
Nous avons deux exemples d'illustration dont l'un
remontant à l'indépendance du Cameroun et l'autre au processus de
démocratisation des années 1990.
1. Mongo Beti, écrivain
camerounais et ancien membre de l'UNEK
De son vrai nom Alexandre Biyidi Awala, Mongo Beti
était un ancien exilé camerounais de France. De son premier texte
au dernier, Mongo Beti a dénoncé l'oppression d'où qu'elle
émanât. En raison de ses prises de positions contre le pouvoir en
place, l'homme fut interdit de séjour dans son pays, dès
février 1959. Cet éloignement forcé de son pays ne
signifia point désaffection ou désintérêt. Paru au
lendemain de sa disparition, l'entretien avec Ambroise Kom montre à
loisir que le Cameroun devint une obsession pour cet intellectuel
dissident93(*). Entre son
métier d'enseignant et l'écrivain, il prit part aux
manifestations qui mobilisaient les opposants camerounais à
l'étranger contre le régime Ahidjo. Pour lui, il n'était
« pas question que s'éteigne la flamme allumée par la
clique ``Ruben Um Nyobè, Félix Roland Moumié,
trucidés et tous les autres anonymes, femmes et hommes qui
effacés, avaient payé de leur vie le rêve de
l'indépendance''»94(*). L'arrestation en 1971, suivie de l'exécution
du chef de l'Armée de Libération nationale du Kamerun (ALNK),
Ouandié Ernest, fut un tournant entre Mongo Beti et le Cameroun. Il fait
connaître sa réaction dans son livre Main basse sur le
Cameroun95(*). A
travers cet ouvrage, ''un coin de voile est levé'' sur les circonstances
de l'accession du Cameroun à l'indépendance, sur le
système en cours au pays. Mongo Beti est allé jusqu'au bout de sa
démarche engagée. Arrivé en 1992, les mots qu'il a pour
dépeindre son vécu ne sont pas du tout tendres.
2. Brice Nitcheu, ancien étudiant
camerounais à l'université de Yaoundé et ancien
président de la section SDF/UK
Etudiant camerounais à la fin des
années 1980, Brice Nitcheu fut dans les années 1990 très
actif dans les milieux d'opposition à Douala. Il est également un
ancien membre du ``Parlement estudiantin'' qui a animé les mouvements de
grève à l'université de Yaoundé dans les
années 1990. En effet, le ``Parlement'' était un groupe
d'étudiants de l'université de Yaoundé qui s'était
constitué en association. Il a organisé pendant les années
de braise des manifestations de boycott de cours, adressé des
pétitions à la chancellerie, réclamé de meilleures
conditions d'encadrement et de gestion académique, la bourse pour tous,
la démission du chancelier Joël Moulen, du ministre de
l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique Joseph Owona.
Le « Parlement » se réunissait assez souvent pour,
disait-on, « rendre des jugements et prononcer des peines diverses
contre des personnalités de la société civile et
militaire, leurs cibles de prédilection étant les journalistes de
la CRTV et de Cameroon Tribune, accusés de tous
les maux : mensonge, intoxication, désinformation .96(*)
Aujourd'hui, Brice Nitcheu vit en exil à Londres. Il
est le coordonnateur d'une association
dénommée « Cameroon Diaspora Coalition »
et fut président de la section SDF de Londres, avant d'être exclu
du parti tout récemment. La Cameroon Diaspora Coalition est un mouvement
politique des Camerounais de la Diaspora qui regroupe nombreuses ONG
vouées aux questions de droits de l'homme. Il est très souvent
à la tête des manifestations anti-Biya à Londres97(*).
Section II : La traduction législative du
malentendu entre l'Etat et la diaspora camerounaise d'Occident
Du fait des différents antécédents
historiques énoncés plus haut98(*), l'Etat camerounais a vu et compris la
présence de ses ressortissants à l'étranger comme le
symbole d'un repli dans les pays de droits devant faciliter leur organisation
dans l'éventuel objectif de « destituer le pouvoir en place,
de prendre le pouvoir ». Source d'interrogation, la place du
Camerounais résidant à l'étranger eut une
référence plus ou moins implicite dans l'élaboration de la
politique gouvernementale, notamment en ce qui concerne ses droits politiques
et civiques. Leur caractère, la plupart de temps contestataire (surtout
en ce qui concerne la vague de migrants des années 1960, 1970 et 1980),
a conduit les autorités à plutôt les considérer
comme ``un ennemi à contrôler de loin''.
Malgré les différentes demandes pour un dialogue
entre les différents camps (diaspora exilée et gouvernement
camerounais), les positions sont restées plus ou moins radicales, et
tout Camerounais de l'étranger plus ou moins
« suspect ». L'attitude des autorités camerounaises
se trouvant parfois entre « suspicion et
indifférence » s'est traduite par la suppression des droits
d'accès à une citoyenneté politique légale et
l'interdiction de la bi-nationalité.
Paragraphe 1 : L'absence de reconnaissance du droit
de vote aux Camerounais de l'étranger
De même que la notion de
participation politique est associée à la notion de
citoyenneté, de même, le droit de vote doit être une
prérogative de tout citoyen. Or, il se trouve que les Camerounais de la
diaspora ne votent pas lors des élections dans leur pays, parce que la
loi camerounaise ne les y autorise pas encore. Le droit de vote est un aspect
important, voire fondamental de l'exercice de la citoyenneté. C'est le
caractère même du lien qui existe entre citoyenneté et
participation politique99(*). Comme le note Anicet Le Pors, ce sont les
institutions qui conditionnent directement l'exercice de la citoyenneté
(le lien entre citoyenneté et participation politique étant
très étroit, et le vote, une modalité essentielle de la
participation politique). En effet, les citoyens possèdent un ensemble
de droits et devoirs. Ceux-ci, étroitement associés à la
nationalité, doivent également conditionner l'exercice de leur
citoyenneté. Dans ce sens, la démocratie locale doit être
le cadre privilégié de l'exercice concret de la
citoyenneté. Celle-ci doit en principe s'inscrire dans la combinaison de
politiques de décentralisation, de déconcentration, et de
délocalisation.
A. Le droit de vote comme exercice de la
citoyenneté
Parmi les critères d'un processus
démocratique, il faut distinguer d'après Robert Dahl une
« participation effective de tous les citoyens »,
c'est-à-dire leur donner les mêmes possibilités d'exposer
leurs points de vue ; il faut une « égale et effective
possibilité de participer au vote »100(*). En effet, la
démocratie doit permettre « une participation réelle,
l'égalité de vote, une information assurant une parfaite
compréhension des enjeux, le contrôle de l'ordre du jour,
l'inclusion de tous les citoyens majeurs »101(*). Le vote,
présenté comme acteur et facteur du changement politique et
social dans les sociétés en transition politique, le vote est
aussi appréhendé comme un rituel du jeu politique qui participe
de l' « imposition, de la stabilisation et de
l'institutionnalisation des vertus démocratiques. Il doit permettre le
choix des gouvernants, et à travers lui, le « jugement d'une
politique »102(*). En tant que ''forme minimale'' de la participation
politique, le vote est un acte par lequel l'individu affiche sa
citoyenneté et constitue en même temps pour l'observateur de
la chose publique « la mesure la moins contestable d'un
intérêt manifesté pour la politique »103(*). De même, forme la
plus répandue de la participation politique, le vote tendrait à
mobiliser la majorité des citoyens à la différence des
autres activités politiques. Alors si nombre de Camerounais de la
diaspora d'avant 1992 étaient considérés comme des
opposants au régime, il est clair que leur jugement de la politique
gouvernementale du moment ne pourrait qu'être négatif.
.
1. Le statut du
citoyen et la Déclaration universelle des droits de l'homme
(1948)
Au-delà de l'acception locale (Loi camerounaise), la
notion de citoyenneté sera analysée ici sous l'angle du Droit
international.
Les droits
civiques
La déclaration des droits de 1789 mêle droits de
l'homme et droits du citoyen mais pointe clairement la dimension politique de
la citoyenneté dans certains de ses articles. Les citoyens ont droit
de concourir personnellement ou par leurs représentants à la
formation de la loi, ils sont également admissibles à toutes
dignités, toutes places ou tous emplois publics (art.6). S'il est
appelé ou saisi en vertu de la loi, le citoyen doit obéir
à l'instant, et il se rend coupable par la résistance (art.7). Il
ne peut être inquiété pour ses opinions, même
religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public
établi par la loi (art10). Il dispose d'un droit de regard sur la
contribution publique (art14).
Cependant, lorsque l'on se réfère à la
Loi camerounaise, il est possible de constater qu'elle s'attache peu à
définir concrètement le citoyen. Cependant ses droits et devoirs
y sont mentionnés. Par exemple, les principes selon
lesquels « Tout homme a le droit et le devoir de
travailler ; chacun doit participer, en proportion de ses
capacités, aux charges publiques ; tous les citoyens contribuent
à la défense de la patrie ; l'Etat garantit à tous
les citoyens de l'un ou de l'autre sexes, les droits et les libertés
énumérés au préambule de la
Constitution »104(*).
2. Les implications
Le droit de vote est un aspect important de la
citoyenneté, sinon fondamental de son exercice. C'est le
caractère du lien même qui existe entre citoyenneté et
participation politique. Dans ce sens, l'absence de reconnaissance du droit de
vote aux Camerounais de l'extérieur pourrait dans ce sens
apparaître comme un handicap pour son accès la participation
politique. Pourtant, la nationalité est porteuse non seulement des
droits de l'homme, mais également des valeurs spécifiques qui,
bien que situées dans une perspective universaliste, ne sont pas
universellement admises. C'est en leur refusant le droit de vote-condition
première de la citoyenneté105(*)- d'abord en droit, puis en fait qu'on a pu exclure
les Noirs et les Indiens de la vie commune jusque dans les années
1960.
B. La spécificité camerounaise
D'après la situation vécue par les Camerounais
de l'étranger en général, et d'Occident en particulier, on
relèvera que tous les nationaux sont exclus du droit de vote. Le
suffrage universel prévu par la Constitution camerounaise en son article
2 alinéa 3, ne s'est pas encore imposé à eux. Bref, nombre
de nationaux camerounais vivant à l'étranger sont exclus de la
participation politique conventionnelle. Non seulement les mineurs, mais aussi,
les autres catégories sont frappés d'une interdiction civique.
Ces Camerounais interdits d'un droit d'accès
à une citoyenneté politique légale, parce
qu'exilés, et résidant à l'étranger participent
pourtant activement à la vie économique106(*). Le fait que ces
ressortissants camerounais installés à l'étranger ne
votent pas leur ôterait tout ou presque une partie de leur
citoyenneté. Car, ils ne pourraient dans ce sens, légalement
prendre part à la vie politique du pays. Cette partie de la
citoyenneté qui serait enlevée non pas en raison du coût de
l'organisation des procédures électorales, ce que l'on peut
comprendre, mais clairement, à des fins de blocage des capacités
d'intervention d'une population sur laquelle le Gouvernement n'aurait pas de
prise directe du fait de son éloignement géographique, se double
d'une absence de la bi-nationalité.
Paragraphe 2 : L'absence de
bi-nationalité
La nationalité est un domaine qui relève
de la compétence personnelle de l'Etat, étant donné que
chaque Etat fixe les critères d'attribution ou de perte de celle-ci. A
titre d'exemple, la nationalité camerounaise, est régie par la
loi n°68/LF du 11 janvier 1968. Pour ce qui est de la non-reconnaissance
de la bi-nationalité, il s'agit de l'exclusivité de la
nationalité camerounaise basée sur le Code de la
nationalité camerounaise. Celui-ci ne tolère aucune autre
nationalité, ni même celle de ses ressortissants bi-nationaux.
Sauf dans certains cas spécifiques comme celui des joueurs de
football107(*).
Contexte de création de la Loi portant sur le Code
de la nationalité camerounaise
Le régime Ahidjo faisait face à la
rébellion upéciste soutenue, dans le contexte de la guerre froide
par le bloc de l'Est : Union Soviétique, Chine, les pays de
l'Europe de l'Est. Se rendre à l'étranger constituait un chemin
de croix pour le Camerounais qui devait obtenir un visa de sortie. Du coup, les
Camerounais de l'étranger, accusés de sympathie communiste,
étaient soupçonnés de collaboration avec l'ennemi. Cette
défiance à l'égard de l'immigré camerounais
était telle que le fameux article 31 stipulait en son alinéa 3
que « celui qui, remplissant un emploi dans un service public dans un
organisme international ou étranger, le conserve, nonobstant
l'injonction de le résigner faite par le gouvernement
camerounais », perd la nationalité camerounaise.
Posture probablement défensive, mais intenable dans un
environnement de plus en plus mondialisé et qui se veut
''démocratique''.
En effet, l'acuité des mouvements nationalistes au
Cameroun et l'intensité des soutiens qu'ils ont reçus de
l'extérieur ont donné à la diaspora camerounaise en
général, et celle de l'Occident en particulier, une connotation
péjorative. Le nationalisme a rendu suspect la communauté de
Camerounais de la diaspora résidant en France et Grande-Bretagne, dont
les fidélités restaient transnationales. C'est pourtant au nom du
principe nationaliste que furent menées les luttes d'indépendance
des pays d'Afrique en général, et du Cameroun en particulier
contre les puissances européennes impériales tout au long du XX
ème siècle. Etant donné le droit des peuples
à disposer d'eux -mêmes, les « divers »
peuples avaient le droit de ne pas être soumis à des dirigeants
étrangers, de choisir leurs dirigeants dans leur sein. Ce droit à
l'autodétermination de chaque collectivité historique
était reconnu comme légitime, moralement et politiquement.
Pourtant, cela a été un principe
« proprement révolutionnaire et une source de
conflits », comme l'avait bien vu Renan108(*).
B. Le Code de la nationalité camerounaise
proprement dit
Il s'agit de la Loi n°68-LF-3 du 11 Juin 1968 portant
code de la nationalité camerounaise. Si dans ses Articles 6, 7, 8, 9,11,
ce document précise dans quelles conditions l'on acquiert la
nationalité camerounaise, il met également en exergue les
conditions dans lesquelles on peut la perdre ou on la perd
automatiquement109(*).
1. Nationalité et
citoyenneté
Ne sont plus considérés comme étant
nationaux, tous les Camerounais majeurs ayant acquis et conservant
volontairement une nationalité étrangère ; tous les
Camerounais exerçant la faculté de répudier la
qualité de Camerounais, conformément au
« Code » ; ceux qui, remplissant un emploi dans un
service public d'un organisme international ou étranger, le conservent
nonobstant l'injonction de le résigner faite par le gouvernement
camerounais. De toute évidence, les pouvoirs publics camerounais
n'admettent pas le principe de double nationalité. Ceci pose un
problème aux membres de la diaspora, qui, du fait de la durée de
leur séjour à l'étranger, peuvent avoir acquis une
nationalité étrangère. Loin d'être, à partir
de ce moment, considérés comme des Camerounais, leur droit
à une certaine ingérence dans la vie politique de leur pays
d'origine, est remis ou peut être remis en cause par les autorités
camerounaises.
Une barrière certes, mais également une
situation très difficile vécue par les Camerounais de la diaspora
de nationalité étrangère qui veulent pourtant rester
Camerounais ! Ancien champion de tennis né en France le 18 mai
1960, d'un père camerounais et d'une mère française,
Yannick Noah est un Camerounais. C'est exemple est pris en compte car si l'on
part des principes jus solis et jus sanguinis d'offre de la
nationalité, l'on se rend compte que Yannick Noah a le droit de se
sentir Camerounais et d'être considéré comme tel. Le code
la nationalité camerounaise ne reconnaissant pas le principe de la
double nationalité, et Yannick Noah ayant un passeport français,
la nationalité camerounaise lui est d'office refusée. Le Code de
la nationalité camerounaise est très clair à cet
égard. En son article 31, alinéa 1, il est indiqué que le
« Camerounais majeur qui acquiert ou conserve volontairement une
nationalité étrangère », perd la
nationalité camerounaise, comme mentionné plus haut. Autant
qu'ils le sachent, les Camerounais qui se prévalent d'une double
nationalité, voire d'une multiplicité de nationalités sont
dans une situation légale plus qu'inconfortable. Ils s'en rendent
généralement compte quand il s'agit pour eux de venir au
Cameroun. Ils doivent au préalable se munir d'un visa avant de
pénétrer le territoire national, leur terre patrie. En
réalité, la place du Camerounais qui est à
l'étranger constitue toujours une référence plus ou moins
implicite dans l'élaboration de la politique gouvernementale
camerounaise. L'action des sociétés nationales a eu pour effet
d'unifier les populations à l'intérieur des territoires, aux
frontières fixes, y compris celles qui voulaient penser leur destin en
termes de diasporas ou qui étaient contraintes de le faire. Dans ce
sens, la construction du lien national supposerait l'extériorité
du non-résidant, de l'externe ou en clair, du Camerounais de
l'étranger.
2. Les raisons d'une distanciation à travers
les politiques publiques
Les Camerounais de l'extérieur appartiendraient
à un ou d'autres pays. Demeurant à l'extérieur, ils
seraient perçus comme les ''autres''. En tant que ''diasporiques'', ils
font partie d'un peuple dispersé parmi tant d'autres et de
surcroît, sont un « fragment de nation dans d'autres
nations »110(*). De ce fait les Camerounais de la diaspora
s'attireraient une méfiance redoublée. La méfiance quant
à elle, résulterait du fait qu'ils semblent appartenir à
aucun lieu et sont sans attaches, errant entre les terres de passages. Dans
cette perspective, ils évoqueraient des ''êtres sans attaches''
à qui l'Etat ne pourrait accorder sa confiance puisqu'ils seraient
à tout moment prêts à repartir, c'est-à-dire,
quitter la patrie. Tout membre de la diaspora camerounaise à
l'époque monolithique représenterait un élément
dont la position interne et l'appartenance impliqueraient tout à la fois
l'extériorité et l'opposition. Comme le démontre Dominique
Schnapper à propos des juifs, les Camerounais de la diaspora
s'inscriraient, notamment à l'époque monolithique, parmi les
autres figures de l'errance et du voyage. S'ils ont choisi l'exil, la nation
elle, incarne la stabilité. La nation c'est la fin des voyages. Elle
implique une sorte de retour sur soi, de fixation en un lieu tangible
chargé d'histoire et définitif.
Malgré les différents blocages
institutionnels et administratifs, liés au malentendu historique ayant
instauré un climat de méfiance entre la diaspora camerounaise et
les gouvernements successifs au Cameroun évoqués
précédemment, il est possible de constater que : les
Camerounais de l'Extérieur en général, et ceux de
l'Occident en particulier, d'une manière ou d'une autre, continuent de
s'investir dans le jeu politique national. La mondialisation des
échanges, associée au développement technologique et
à la libéralisation de l'espace politique à la fin des
années 1980, début 1990, sont un facteur important qui nous
permet aujourd'hui de dépasser le territoire national comme ''cadre
exclusif de déroulement de la vie politique d'un pays''. Ainsi donc, les
diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne pourraient-elles
s'inscrire dans un réseau d'échanges politiques mondialisé
comme le démontrent les différents partis et associations
politiques dont nous parlerons plus bas ?
CHAPITRE II
CONSOLIDATION DE LA CITOYENNETE A DISTANCE
Comment s'effectue l'entrée des Camerounais de
France et de Grande-Bretagne dans le champ politique national à partir
des années 1990 ? Ainsi posée, cette question est au coeur
des transformations de la citoyenneté qui ne se définit plus
seulement sur le plan national, mais également, sur le plan externe. La
question rentre également au centre des mutations et des
reconfigurations du paysage socio-politique camerounais observées depuis
plus de six décennies. C'est surtout l'épineux problème de
l'intégration des Camerounais de l'extérieur dans le jeu
politique national.
Le rétrécissement de la planète
lié aux innovations technologiques joue en faveur des mouvements et des
entreprises politiques des diasporas camerounaises de France et de
Grande-Bretagne. La territorialité ne constitue plus un handicap. En
effet, en tant que « processus qui est à l'oeuvre et qui met
en cause les dimensions locales et nationales (caractérisant) jusqu'ici
le fonctionnement des sociétés politiques »111(*), la mondialisation contribue
plus ou moins à l'émancipation politique des mouvements
diasporiques, notamment de ces Camerounais résidant en France et en
Grande-Bretagne qui manifestent davantage leur envie de s'intégrer dans
le jeu politique de leur pays d'origine.
Dans ce deuxième chapitre de notre travail, nous
mettons en exergue l'organisation des Camerounais de l'étranger
principalement de France et de Grande-Bretagne par rapport à la vie
politique nationale de leur Etat d'origine. La période retenue est celle
des années 1990 à 2006. Celles-ci se caractérisant
principalement par la démocratisation du système politique, a
favorisé l'éclosion des partis politiques et la pluralisation de
l'espace politique camerounais de même qu'une multiplication de lieux
d'expression de la diaspora camerounaise. On distingue aussi bien les
mouvements que les partis politiques, de gauche comme droite. En ce qui
concerne les partis politiques et les mouvements de la gauche politique, nous
pouvons à titre d'illustration citer : le National Council of
Southern Cameroon (NCSC), mouvement sécessionniste anglophone ; le
Collectif des Organisations démocratiques de la diaspora camerounaise
(CODE) ; l'Union des populations du Cameroun (UPC) ; l'Union
Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP) ; le
Social Democratic Front (SDF) et bien d'autres. Comme parti et associations
politiques de la diaspora camerounaise positionnés à droite nous
aurons principalement la diaspora solidaire (DS), l'Association de la diaspora
camerounaise pour la solidarité (ASBL), le Rassemblement
démocratique du peuple camerounais (RDPC), etc. En effet, des
Camerounais de la diaspora de France et de Grande-Bretagne sont des membres
actifs, militants et sympathisants de ces différents groupements
politiques. Cependant nous allons privilégier dans le
cadre de ce travail, l'étude de deux partis politiques et de deux
mouvements politiques des diasporas camerounaises. Ceci nous permet de
comprendre que, de même que les idéologies politiques
camerounaises au sein du territoire national sont controversées, de
même, elles le sont à l'extérieur. C'est la configuration
politique plurielle des diasporas camerounaises de France et de
Grande-Bretagne.
S'organisant en deux sections, le chapitre privilégie
dans sa première section les modalités d'intégration des
diasporas camerounaises dans la vie politique nationale par les partis
politiques et les mouvements et associations politiques, tandis que la seconde
section s'attelle à démontrer l'intégration politique des
diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne par la production de
l'identité de l'Etat d'origine et leur reconnaissance par l'Etat.
Section I : L'organisation des diasporas
camerounaises de France et de Grande-Bretagne par rapport à la vie
politique nationale
L'organisation des Camerounais de la diaspora par
rapport à la vie politique nationale se fait à travers
l'intégration des partis politiques (majorité
présidentielle et opposition) et la création de mouvements et
associations politiques camerounais en terre d'accueil.
Si la mondialisation peut être perçue comme un
« processus de brouillage des frontières et de subversion des
repères traditionnels »112(*), c'est bel et bien parce que les pratiques des
individus tendent de plus en plus à le confirmer. La pesanteur du
territoire ne façonne plus le groupe comme tel. La localité n'est
plus synonyme d'une fixation dans l'espace. Ainsi, malgré leur
inaccessibilité à une « citoyenneté
politique » institutionnelle et à la bi-nationalité,
les Camerounais de l'extérieur, notamment ceux de l'Occident
réussissent à contourner les barrières
législatives, a priori un handicap, pour faire entendre et
vulgariser leurs différents points de vue politiques. Cette aptitude met
donc en cause les théories socio-politiques privilégiant les
formes classiques de « localisme » ancrées sur le
territoire dans le cadre de l'Etat-Nation et met en relief le
déploiement d'une citoyenneté à distance de la part de ces
Camerounais de la diaspora qui se sentent par là, impliqués dans
la vie politique de leur pays.
Une distinction est à faire entre les
mouvements politiques des diasporas camerounaises nés à
l'extérieur et ceux qui ne sont que des ramifications ou des
prolongements des structures politiques déjà existantes au sein
du territoire national. Cette première section du chapitre se consacre
aux activités menés par les entreprises partisanes camerounaises
à l'étranger telles que le Rassemblement démocratique du
peuple camerounais (RDPC, parti de la majorité présidentiel) et
le Social Democratic Front (SDF, principal parti de l'opposition), notamment en
France et en Grande-Bretagne.
Paragraphe 1 : L'intégration des
Camerounais de l'étranger dans la vie politique nationale par les partis
politiques: Les cas du Rassemblement démocratique du peuple camerounais
(RDPC) et du Social Democratic Front (SDF)
Les partis sont des organisations, relativement stables, qui
mobilisent des soutiens en vue de participer directement à l'exercice du
pouvoir politique au niveau central ou local. Cette définition renvoie
à un certain nombre de critères analysés par diverses
écoles scientifiques telles que soulevées par Philippe Braud.
« Organisations, les partis relèvent de
la notion d'entreprise politique (Max Weber, Schumpeter). Les individus mettent
en commun des ressources pour agir sur la scène politique. Ces
entreprises se donnent un minimum d'institutionnalisation, qui conduit à
attirer l'attention sur leurs structures juridiques. Les partis ont une
ambition de mobilisation. Ils cherchent en effet à s'imposer comme
représentatifs d'une population ou porteurs d'un projet de
société, d'une grande cause. Il leur faut donc travailler
à faire accepter ou partager la justesse de leurs vues, convaincre de la
valeur de leurs objectifs ou de leurs programmes. Ce faisant, ils entrent en
compétition les uns avec les autres, tout au moins, dans les
régimes pluralistes. S'ils se heurtent à la concurrence d'autres
organisations, (syndicats, associations), il arrive aussi parfois qu'ils les
utilisent ou les suscitent comme relais. Les partis se spécifient enfin
en ce que leur action est orientée vers l'accès aux institutions
politiques. Ils veulent y exercer le pouvoir, seuls ou coalisés avec
d'autres »113(*).
A. Le RDPC en France et Grande-Bretagne
Le RDPC, parti politique de la
majorité présidentielle au Cameroun, a succédé
à l'Union Nationale Camerounaise (UNC). Cette dernière
résulta de la fusion en 1966, de l'Union camerounaise, parti du
président Ahidjo (dominant massivement la vie de l'Etat
fédéré francophone) et des trois partis politiques
anglophones (KNDP, KNC, KPP). La fondation de l'UNC avait pour principal
objectif d'affermir le contrôle du régime sur ses populations,
notamment sur les intellectuels et les exilés politiques. Encore
que, l'ambition principale des partis uniques est le monopole de la vie
politique. La « perception de soi comme parti d'avant-garde
entraîne un certain nombre d'implications : le langage du parti qui
se réfère souvent à une doctrine ferme, sinon rigide, qui
légitime la prétention à se considérer comme le
porte-parole exclusif d'une dynamique sociale ; l'imposition d'une image
de puissance et de cohésion autour d'un projet de
société »114(*). Ainsi donc la création de l'UNC en France
dans les années 1960, 1970 a eu comme conséquence « la
faillite de l'opposition radicale et l'augmentation des soutiens
d'Ahidjo »115(*). D'après J-F. Bayart, les pouvoirs publics
camerounais « ne s'étaient jamais sentis à l'aise dans
un gouvernement sévèrement jugé par la gauche
internationale »116(*).
Né à Bamenda le 24 mars 1985, en remplacement de
l'Union Nationale Camerounaise, le RDPC remplace les structures existantes de
l'UNC en France et en Grande-Bretagne en excroissance de ses
structures à l'extérieur des frontières
nationales. Le Parti est ainsi apparu comme un réseau
d'individus (dirigeants, militants actifs, simples adhérents,
exilés politiques) liés entre eux par des rapports d'interactions
et disposant dans ces relations des ressources psychologiques,
matérielles nécessaires, etc.
1. L'organisation du Parti en France et
en Grande-Bretagne
L'organisation du RDPC en France et en Grande-Bretagne suit
pratiquement la même logique que celle de sa structuration interne.
Cependant, on distingue en France et en Grande-Bretagne une grande section
locale, des sous-sections et des cellules. Pour la France, on a la section
RDPC/France et la Grande-Bretagne, la section RDPC/Royaume-Uni. La section est
dirigée par un bureau élu en conférence de Section.
Ce bureau comprend : « un président, un
vice-président, un secrétaire, un secrétaire adjoint, un
trésorier, un trésorier adjoint, un délégué
à l'éducation et à la propagande, un
délégué au développement, un
délégué aux organisations spécialisées, un
délégué aux activités des organes
inférieures, deux délégués aux conflits, deux
commissaires aux comptes, un conseiller »117(*). La même
structuration est respectée par les sous-sections dont les membres du
bureau sont élus en conférence de sous-section118(*). La cellule est
dirigée quant à elle, par un bureau élu en
Assemblée générale des membres de la cellule. Ce bureau
comprend : « un président, un secrétaire, deux
délégués à l'éducation, à la
propagande et au développement ; un trésorier ; un
commissaire à l'organisation des femmes ; un commissaire à
la jeunesse ; et un délégué aux
conflits »119(*). Le bureau RDPC/Royaume-Uni a à sa tête
Atogho Paul Enyi, tandis que le bureau RDPC /France est présidé
par Armand Mbarga.
Tableau n° 2 -Bureau France RDPC tel que
tiré du site Web du parti en 2003
Président
|
Armand Mbarga
|
Vice-président
|
Amvouna Atemengue
|
Secrétaire
|
Denise Siakam
|
Secrétaire adjoint
|
J-M. Etoundi
|
Trésorière
|
Sandrine Ngo Tsoungui
|
Trésorière adjointe
|
Chantal E. Mbassi
|
Délégué à l'éducation et
à la propagande
|
Antoine Ayissi Owona
|
Délégué au développement
|
Hilemon Roger Essono Essomba
|
Délégué aux activités des organes
inférieures
|
Aristide Ndo
|
Délégués aux conflits
|
Marie-C. Biaka et Paul Emery
|
Commissaires aux comptes
|
Dorothy Akompey et Roger Kingue
|
Conseiller
|
Willy Atanga Mbengoua
|
Source : www.rdpc9.fr
La section France du parti compte quatorze sous-sections,
également subdivisées en cellules. Il s'agit de :
Tableau n° 3 -Sous-sections RDPC/France en
2003
Sous-sections
|
Présidents de sous-sections
|
Val de Marne
|
Eloundou Alphonse
|
Hauts de Seine
|
Expédit Bala
|
Paris Nord
|
Ngoumou Dieudonné
|
Toulouse
|
Serge Kanga Nitcheu
|
Seine et Marne
|
G. Essoa
|
Val d'Oise
|
Mballa Abessolo
|
Paris Sud
|
Ernest Ekaney
|
Lyon
|
Angeline Akoumba
|
Nantes
|
Joseph Nguene
|
Seine-st Denis
|
Etoundi J-Marc
|
Bordeaux
|
Martin Longo
|
Nord Pas de Calais
|
Onane Essam
|
Marseille
|
Mme Guikoume
|
Strasbourg
|
Enguele
|
Source : www.rdpc9.fr
La section RDPC/Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du
Nord ne possède quant à elle que deux sous-sections. Il s'agit
des sous-sections Grande-Bretagne Sud et Grande-Bretagne Nord. La sous-section
Grande-Bretagne Sud a à sa tête Jacob Tché.
Les sections extérieures du RDPC se donnent pour
objectif majeur le rassemblement et la mobilisation des Camerounais de
l'étranger. Et ceci, comme l'a déclaré un membre
extérieur du parti ne peut qu'être le résultat de diverses
stratégies mises en place.
3. Modes d'action du parti à
l'étranger
a. Les activités menées par
le parti en France et en Grande-Bretagne
L'international est un « champ depuis toujours
sollicité et investi par les partis politiques (...) qui influencent
largement la politique étrangère des Etats »120(*). Aussi, le cadre
international est davantage sollicité aujourd'hui dans une conjoncture
mondiale de la « fin des territoires » 121(*) et de l'émergence
d'une civilité politique internationale122(*). En effet, dans un contexte
où l'environnement international à travers les réseaux et
les différentes configurations qui le structurent, fournit aux
groupements politiques des moyens et des ressources leur permettant de
s'organiser parallèlement en vue de multiplier leurs pôles de
représentation et de mobilisation, on mesure l'enjeu de l'exportation du
RDPC en France et en Grande-Bretagne en tant que dynamique et stratégie
de mobilisation par celui-ci, des ressources matérielles et symboliques
extérieures nécessaires à son positionnement politique.
Les activités peuvent se réduire aux
manifestations, célébrations de journées nationales,
réception ou échanges avec les autorités en visites sur
les questions nationales, organisation de colloques et de
conférences-débats sur l'actualité du pays, etc. Il s'agit
en d'autres termes de l'intégration des Camerounais de la diaspora dans
le jeu politique national à travers l'usage des canaux officiels.
Pour ce qui est des manifestations, elles vont dans le sens de
la communion des patriotes de l'étranger, membres du RDPC avec leurs
compatriotes de l'intérieur généralement lors de : la
célébration des journées nationales, anniversaires du
parti, anniversaire de l'ascension du président de la République
Paul Biya au pouvoir. A cela, nous pouvons ajouter les mobilisations
lors : de la descente sur le terrain d'une autorité (visite du
chef de l'Etat) ; d'une réjouissance collective à l'occasion
de certaines victoires sportives. A titre d'illustration, nous pouvons
mentionner le rassemblement des Camerounais de Londres le 14 février
2004 à l'occasion de la célébration de la fête
nationale de la jeunesse célébrée au plan national le
11février. C'est une manifestation qui a, selon un membre du parti en
Grande-Bretagne, « permis de mettre en valeur la diversité
culturelle du Cameroun »123(*). Toujours en ce qui concerne les Camerounais de
Londres, ils se sont également mobilisés le 24 mars de la
même année en vue de la célébration du
dix-neuvième anniversaire du parti. Ce jour-là, plusieurs
manifestations à caractères politique, social, culturel et
sportif étaient prévues.
Les mobilisations sont également très nombreuses
en périodes électorales. A titre d'illustration, nous pouvons
citer la « Grande Journée RDPC » organisée en
Allemagne en août 2004 qui a connu la participation des Camerounais venus
de France, et de Grande-Bretagne. C'est une journée qui fut
consacrée à des meetings et marches de soutien au
Président Paul Biya. Ces marches et meetings ont vibré au rythme
de chants patriotiques en présence de Mme Fogning : l'on pouvait
lire sur des pancartes : ''we are decided to follow Paul
Biya'' ; ''Paul Biya for 2004'' ; '' Paul Biya our
candidate'' ; ''Paul Biya pour un nouveau septennat''. Sous
la conduite de certains Camerounais résidents d'Allemagne (Thomas
Fomekong, J-P. Ntédé Etaba, et Nkwetta Natty), les marcheurs sont
entrés dans les locaux de l'ambassade en chantant : Vive Paul
Biya, notre président ! Pour les organisateurs, cette
journée avait un seul objectif : « manifester un
soutien à la candidature de Paul Biya à la présidentielle
à venir ». Françoise Fogning présente au
meeting, a offert une centaine de pagnes du RDPC aux militants et une aide
financière à toutes les sections extérieures du RDPC qui
étaient présentes. ''Votre engagement et votre
détermination derrière Paul Biya sont visibles. Vous aurez
toujours mon soutien'', a déclaré la dame124(*).
Très souvent les diasporas camerounaises de France et
de Grande-Bretagne, actives au sein du RDPC, apprécient l'action
gouvernementale à travers l'élaboration de motions de soutien
adressées à certaines autorités publiques. A titre de
d'illustration, nous pouvons citer la communication adressée par Amvouna
Atemengué à
www.ici.cemac.com,
le 08 mai de l'année 2005, sur la gestion de la crise dans les
universités d'Etat au Cameroun par le ministre Fame Ndongo et le Premier
ministre Inoni Ephraïm.
Nous nous réjouissons de la gestion peu
répressive de la crise actuelle par le ministre de l'enseignement
supérieur et le premier ministre. En affirmant que «la jeunesse est
l'avenir d'une nation», le président Biya a souvent voulu dire que
c'est au travers des investissements qu'une société consacre
collectivement et individuellement à la jeunesse qu'on lit l'idée
qu'elle se fait de son avenir. Or l'esprit des réformes engagées
il y a plus d'une décennie n'est pas acceptable pour tous ceux qui
partagent une certaine idée de la République125(*).
Sur le plan intellectuel, les
conférences de sous-sections ne manquent pas d'organiser des
journées tables-rondes où participent le plus souvent les
militants de la région (France ou Royaume-Uni) et des sympathisants au
mouvement en Europe en général, en France et en Grande-Bretagne
en particulier. C'est ainsi que la conférence de sous-section de
Toulouse organisée le 20 avril 2004 s'est consacrée au
P.I.B. : sa définition, son but et son rôle.
Au niveau des sections du parti en France et en
Grande-Bretagne, le collectif des présidents de sous-sections se
réunit périodiquement pour établir un rapport
d'activités. C'est dans ce sens que l'on a pu voir la section
RDPC/France se réunir le 22 mai 2004, celle de Grande-Bretagne en
novembre 2003. La réunion de la section France portait sur
l'organisation, la gestion de la section, et l'action du président de
section. Il y eut également à l'ordre du jour les
présidentielles 2004 au Cameroun : l'étude des
stratégies de la section, et du droit de vote de la diaspora, tandis que
celle de Grande-Bretagne consista plus à un grand rassemblement. De
même, les conférences de sous-section, qui se déroulent
à un niveau plus local, en dehors des informations instructives,
structurent généralement leurs débats autour de
l'actualité camerounaise.
b. Les moyens de diffusion des
opérations du parti
Pour assurer la diffusion de leurs informations et de leurs
activités, les sections et sous-sections RDPC de France font usage des
sites Web ou Internet. Ces sites fonctionnent de telle manière que
chaque cellule ou sous-section possède à titre individuel un
espace Web. A titre d'exemple
www.rdpc9.fr
représente la sous-section de Toulouse, et
www.rdpc.92.fr.st,
celle des Hauts de Seine. On peut lire sur les sites plusieurs espaces
publicitaires à caractère national et régional (Synergies
africaines) ; le logo du parti ; un portrait du chef de l'Etat ;
des espaces de forum de discussions ; etc. Les informations
diffusées ne sont pas pour autant qu'à caractère local. A
travers le même site, des internautes peuvent prendre connaissance de
l'actualité venant du pays (politique générale, vie
sociale, économie, vie partisane, etc.) et du globe terrestre.
La création de sites Web RDPC en France (03 mai 2003) a
permis à ce parti politique camerounais non seulement de s'arrimer
à un monde de plus en plus global, mais aussi d'entretenir son
réseau de contacts à l'intérieur comme à
l'extérieur du pays. Elle a également eu pour conséquence
d'accroître les soutiens du président Paul Biya.
La section RDPC/ Grande-Bretagne dispose d'un journal local
publiée par la section elle-même. Le nom du journal est ''In
Touch''. Il a pour but mieux faire connaître le parti. Orientant ses
actions d'abord vers le social (aide aux compatriotes en difficultés),
la section RDPC de Grande-Bretagne tient à la diffusion d'une bonne
image par le parti.
B. Le SDF en terre étrangère
1. L'implantation du parti en France et en
Grande-Bretagne
a. Le SDF en France
L'implantation s'est faite en deux étapes :
d'abord la mise sur pied d'une première coordination, puis d'une
seconde.
La première
coordination
Elle naît en 1991, dans le but de répondre
à la sympathie des diasporas camerounaises de France et de
Grande-Bretagne, en accord avec cette fibre politique camerounaise. Ces
dernières manifestèrent leur sympathie à travers l'envoi
des messages de soutien, de dons, d'adhésions multiples. Conscient de
l'enjeu que pouvait représenter cette population sur le plan
stratégique, le leader du parti n'a pas hésité à
prendre la décision de les associer. Et pour ce faire, le
secrétaire national adjoint du parti à l'époque, Me
Augustin Mbami en mission en France a initié en mai 1991, une rencontre
avec les diasporas camerounaises ``amies du SDF''. Ceci a permis la mise sur
pied de la coordination du SDF pour la France sous la direction de
Léonard Njaboum. C'est cette coordination qui s'est chargée de
l'implantation du parti en France.
Encadré 1
Rencontre de Cachan en avril 1993
C'est celle qui pose l'acte fondateur
de la première cellule SDF de l'Ile de France. Elle débouche sur
la création de la cellule Paris Sud, cellule pilote de l'implantation du
parti en France. Par ces différents actes, le SDF pensait
« réaffirmer la primauté du citoyen, le respect des
droits de l'homme, droits civiques et politiques ». En effet, la
communauté camerounaise en Europe devait se mobiliser « pour
porter à la connaissance de l'opinion internationale la situation
sociale, économique et politique » du Cameroun.
|
La seconde coordination
Après la création de la première
coordination, la seconde coordination oeuvra surtout à la mise en place
des structures du parti en France. Elle participa à la propagande,
à la sensibilisation et devait inciter les Camerounais de France
à adhérer au parti.
Pour la réalisation de cette tâche, l'implication
du président national du Parti n'a pas été du reste.
Invité dans la cellule Paris Sud lors de son séjour en France du
3 au 8 octobre 1993, le Chairman Ni John Fru Ndi, déclara
que : « Vous êtes la première structure
légale du parti en France et de ce fait, vous devez être le fer de
lance du parti. Vous devez prendre votre bâton de pèlerin et
sillonner la France afin d'y créer de nouvelles structures du
parti... »126(*). C'est ainsi que le 8 octobre 1993, après un
meeting à l'Orée du Bois (banlieue parisienne), le
président national du SDF proposa à tous les militants qui l'ont
rencontré, d'initier une réunion au cours de laquelle ils
mettront en place une coordination chargée d'implanter le parti en
France. Ainsi après plusieurs réunions, et celle du 3
décembre de la même année en particulier, les dirigeants et
les sympathisants du SDF en terre française ont réussi à
organiser les différentes commissions de la coordination, dont les
réunions devraient désormais être convoquées par
Paul Yamga-Tientcheu127(*). Il y eut un planning pour la
sensibilisation -un groupe appelé « animation
politique » chargé de la mobilisation (21 janvier à
Lille ; le 29 janvier à Rouen ; le 12 février, retour
à Lille ; et le 12 mars à Marseille) -un autre groupe
« affaires juridiques », chargé de déposer
auprès de la préfecture de Paris un dossier pour la
légalisation du SDF en France128(*). Le 22 mars 1994, deux militants du SDF se sont
donc présentés à la préfecture de police de Paris
munis de leurs cartes de séjour, de l'acte constitutif du SDF en tant
qu'association, et de deux exemplaires originaux des statuts du SDF129(*).
C'est le 13 avril 1994 que le parti fut légalisé
en France, publié au journal officiel sous le n°1640
intitulé : « Front Social Démocratique
(SDF) », avec son objet : « établissement au
Cameroun d'une société juste, libre démocratique,
fondée sur des principes démocratiques et le respect des droits
de l'homme ; et le siège social : 118- 30, Avenue
Jean-Jaurès, 75019. Cette légalisation du parti a
créé une nouvelle dynamique au sein de la communauté
camerounaise de France et d'Europe. Les instances dirigeantes du
SDF /France se sentirent dès lors confrontées à un
nouveau défi.
b. Le SDF en Grande-Bretagne
L'installation du Social Democratic Front (SDF) en
Grande-Bretagne suit plus ou moins la même trajectoire que celle de
France. Des structures de base ou cellules, qui peuvent devenir sous
réserve de l'accord du comité national exécutif, une
province. Cependant, si en France seuls deux niveaux sont effectifs (la cellule
et la province), en Grande-Bretagne, on peut distinguer l'existence de
cellules, et sous-sections. De temps en temps, les membres du parti se
réunissent sous forme de congrès ou conférence provinciale
pour d'autres. C'est une assemblée qui réunit les membres des
comités exécutifs des différentes cellules130(*).
2. Modes d'action du SDF
a. Les premières stratégies du
parti en France
Dans l'accomplissement de ses activités à
l'extérieur, le parti a adopté trois grandes orientations :-
la communication - les explications politiques- la mobilisation. Selon les
membres du SDF, « un parti qui ''aspire à prendre le pouvoir''
doit faire connaître son programme et ses grandes orientations non
seulement au niveau de sa base, mais aussi à
l'extérieur ». C'est dans cette optique que la communication
s'est avérée importante. Elle suppose, pour le SDF deux
politiques : nationale et internationale.
Les officiels du SDF dans les années 1990, ont eu pour
principale priorité ''pallier à la carence d'information''. Il
s'agissait de ''soigner l'image du parti''. Pour eux, les hommes politiques de
la place de Paris de l'heure « avaient une si mauvaise image du SDF,
qu'il s'imposait au parti d'aller vers ces derniers pour leur apporter d'autres
sons de cloche que ceux entendus au travers des rapports
officiels »131(*). C'est ainsi que communication et explications
politiques devinrent un challenge, impliquant la mise en place d'un
réseau de contacts au niveau des médias et des hommes politiques.
Celles-ci permettraient à tout responsable du parti de passage en Europe
de faire un point de presse, mais aussi de discuter de vive voix avec les
leaders d'opinion.
La communication dans le SDF extérieur démarra
dans les années 1990 avec les médias :- une interview le
26juillet 1994 sur les antennes de la Radio France Internationale (RFI) ;
à Africa n°1 les 15 et 16 octobre 1994 ; à la British
Broadcasting Corporation (BBC) le 25 novembre 1994 -une interview
accordée à « Jeune Afrique » n°1755 du
25 août-la parution de « SDF - France Echos » en
Septembre 1994, bimensuel du parti entièrement conçu et
réalisé par les militants du parti en France.
Pour ce qui est des explications politiques, les officiels du
comité exécutif provincial en France ont commencé par
initier des rencontres dans les différents ministères à
savoir : au ministère des affaires étrangères,
à la coopération ou encore au service Afrique de l'Elysée.
Le choix politique fait de rencontres et d'échanges permettrait au SDF,
d' « occuper quelques années plutard, une place
considérable au Quai-d'Orsay, à la rue Monsieur ou à
l'Elysée, ou encore dans les salles de rédaction des
médias français »132(*). La mobilisation s'est également
avérée prioritaire parce que, selon les membres SDF,
« le parti ne pouvait tenir qu'en fonction du nombre et la
qualité de ses militants ». Et, malgré l'enthousiasme
manifesté ici et là par certains Camerounais de la diaspora pour
le SDF, les adhésions spontanées étaient plutôt
rares. Le comité exécutif du SDF en France multiplia ainsi les
rencontres, les meetings, dans les principales villes de France afin d'inciter
les sympathisants à adhérer au parti. Il faut dire cependant que
les stratégies déployées par le parti dans les
années 1990 ont plus ou moins évolué, les contextes ayant
aussi changé. La priorité est donnée aujourd'hui à
la mobilisation et à la sensibilisation. Ce ne sont plus les leaders de
partis qui contrôlent et pilotent de l'intérieur. Les
sympathisants du parti politique membres des diasporas camerounaises se
mobilisent et prennent de plus en plus des initiatives. Les conditions pour
leur émancipation ayant été créées, ils se
prennent de plus en plus en charge eux-mêmes.
b. La nouvelle donne
La nouvelle donne a trait à l'exploitation des
Nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) par les
artisans du SDF, membres de la diaspora camerounaise, pour la diffusion de
leurs différentes activités politiques. Cette diffusion est
facilitée d'une part, avec la création d'un site web par le parti
et d'autre part avec la publication par d'autres sites spécialistes de
l'actualité politique camerounaise comme www.cameroun21.com.
i. Le site web du parti d'opposition SDF
Dénommé www.sdfparty.org, il existe
depuis 2000. Sa page d'accueil est structurée ainsi qu'il suit : un
espace pour :« le logo du parti - Forum de discussion- Email-
Contact ». A gauche de la page, ce sont les différentes
rubriques : - Siège et adresse téléphonique-
Actualité du parti - textes de base- Adhésion - etc.-
A travers l'outil Internet, outil de communication et
d'échange d'informations à l'échelle planétaire,
les membres de la diaspora camerounaise sympathisants ou militants du SDF en
France ou en Grande- Bretagne, une fois qu'ils disposent d'ordinateurs et sont
connectés (on line) réussissent à débattre,
échanger à distance des textes, des documents, des propos ou
points de vue sur l'actualité et la vie du parti au pays. On ne saurait
minimiser l'importance extraordinaire de cette innovation scientifique et
technologique qui n'est pas sans impact sur la citoyenneté des
Camerounais de Londres et de Paris qui veulent soutenir, critiquer ou
accompagner le Social Democratic Front dans sa quête du pouvoir
politique.
ii. L'intervention des militants externes dans la vie
du parti
S'inscrivant dans la mouvance politique du pays, des militants
du SDF résidant en Grande-Bretagne se sont mobilisés pour appeler
leur président national au « réalisme ». La
mobilisation avait trait à un point de vue de la diaspora camerounaise
(membre et sympathisante du parti) sur la « coalition ».
Leur souhait était que l'opposition aille unie aux élections
présidentielles du 11 octobre 2004. Aussi, dépités par la
situation créée au sein de la Coalition nationale pour la
réconciliation et la reconstruction (Cnrr) du fait du retrait de leur
chairman, une centaine de Camerounais, pour l'essentiel militants du SDF de
Grande-Bretagne (SDF/UK) se sont rassemblés dans le centre de Londres
vendredi 17 septembre 2004 pour exprimer leur mécontentement face
à la sortie de leur leader John Fru Ndi de la Coalition. Réunis
dans les jardins de Holland Park, non loin de l'ambassade du Cameroun à
l'appel de Brice Nitcheu, coordonnateur de la Cameroon Diaspora Coalition et
surtout, président du SDF à Londres (avant d'être exclu du
parti tout récemment), des militants munis de pancartes, l'air
très grave ont exprimé leur désaccord avec la direction de
leur parti.
« Nous sommes très fâchés.
L'opposition vient d'étaler ses limites, et notre Chairman porte une
lourde responsabilité dans cette crise » a dit au journal
Le Messager, le président du SDF de Londres133(*). Et d'ajouter
« Nous voulons tout faire pour l'emmener à trouver un accord
avec le candidat désigné par la Coalition. A notre avis, une
candidature de John Fru Ndi à côté de celle de Ndam Njoya
sera une faute politique très lourde qui ne servira ni les
intérêts du SDF ni ceux de l'opposition, ni l'alternance
souhaitée par les membres du parti. Seul le SDF ne gagnera jamais une
élection au Cameroun...».
Au cours de cette mini-manifestation, les militants
brandissaient des pancartes où l'on lisait « Fru Ndi et Ndam
Njoya n'ont aucun autre choix que de s'unir » ou encore
« Fru Ndi and Ndam Njoya must unite ». Accusant leur leader
d'amateurisme, Emmanuel Kemta, secrétaire à l'organisation du
SDF/UK a déclaré : « La sortie de la
coalition de notre président national est une lâcheté. Il
aurait dû rester dans la salle, essayer de faire changer les choses si
tant qu'il y ait eu des manipulations, appeler le peuple dont il se revendique
à témoin. Il est tard pour le SDF de reculer ». Et
Brice Nitcheu a conclu « je ne battrai jamais campagne pour une
candidature vouée à l'échec (...). Je
fais appel au sens de l'honneur du Chairman. Un grand leader doit savoir
être humble. »134(*). En effet, quand les Camerounais de la diaspora,
militants et sympathisants du SDF ne font pas recours au site du parti, ils
passent généralement par d'autres sites web proches de
l'opposition tels que : le site du journal La Nouvelle
Expression :''www.lanouvelleexpression.net'' ou des sites
diffusant de manière générale l'actualité politique
du pays comme ''www.cameroon-info.net''.
Paragraphe 2 : Mouvements et associations politiques
des diasporas camerounaises de l'Occident : cas du CODE et de l'ASBL.
A. Le Collectif des Organisations Démocratiques de
la Diaspora camerounaise (CODE)
Le Collectif des organisations démocratiques et
patriotiques des Camerounais de la diaspora (CODE), créé en fin
d'année 2003, est un regroupement de plusieurs associations, mouvements
et partis politiques camerounais qui : « travaillent à
mobiliser les compatriotes de l'étranger, autour de leurs
préoccupations politiques et sociales d'une part, et d'autre part pour
qu'ils apportent leurs contributions à la lutte du peuple pour la
démocratie, l'Etat de droit et le changement politique,
économique et social dans le pays »135(*). Ces mouvements proches de
l'opposition, militent pour la liberté, la démocratie, et
l'indépendance du Cameroun et de l'Afrique. La coordination des
activités se fait en réseaux, entre certains partis politiques
camerounais de l'opposition représentés à
l'étranger, certaines associations telle que Action citoyenne (AC), et
certains mouvements comme la Ligue camerounaise des droits de l'homme (LCDH).
Ceci participe de la mise en place d'un bureau qui sert d'interface entre ce
qui se passe au Cameroun et à l'étranger. Dans l'ensemble, le
CODE et ses démembrements comptent à ce jour une douzaine
d'organisations actives principalement sur trois continents : l'Europe,
l'Amérique du Nord, et l'Afrique. Cependant les organisations qui
soutiennent tout gouvernement anti-démocratique et sa politique
anti-nationale et anti-populaire ; - celles qui sont tribales,
régionales et religieuses ; - ou encore xénophobes, racistes
et sexistes ; - les mouvements séparatistes,
révisionnistes et à but lucratif, ne font pas partie du
CODE.
1. Idéologie du mouvement
Le CODE est doté d'une charte qui guide
sa philosophie, son action et son fonctionnement. Les objectifs inscrits dans
cette charte s'articulent autour de plusieurs points qui sont : -
« contribuer à l'instauration de la démocratie au
Cameroun et à l'alternance politique du pouvoir ; - regrouper des
associations progressistes pour mener des actions concertées en
direction du Cameroun ; - sensibiliser et mobiliser l'opinion
internationale sur la question camerounaise ; -servir de relais pour les
actions engagées par les forces progressistes de l'intérieur du
Cameroun ; - informer l'opinion internationale sur l'évolution de
la situation démocratique, sociale et des droits de l'homme au
Cameroun ; - appuyer toute initiative prise de l'intérieur en
faveur de la démocratie, des droits de l'homme et de
l' « alternance politique ». Le secrétaire
exécutif de l'Organisation, M. Tené Sop, pense que les
Camerounais de la diaspora, membres du CODE, disposent d' « un
réservoir de moyens inestimables constitué par les patriotes et
progressistes camerounais de l'étranger ». L'autre moyen,
toujours d'après lui, est la « solidarité
internationaliste entre les progressistes (camerounais) du monde
entier »136(*).
2. Les stratégies politiques du
CODE
Depuis sa création à la fin de l'année
2003 à Bruxelles, le CODE a surtout travaillé à la
proximité de l'élection présidentielle, qui a eu lieu en
octobre 2004 au Cameroun. Les membres de l'organisation se sont plus
attachés à mobiliser les Camerounais de la diaspora autour de la
question du « droit de vote des Camerounais de
l'étranger ; de la revendication pour une commission
électorale indépendante » ainsi que, « la
sensibilisation et la mobilisation de l'opinion internationale et de certaines
institutions sur les violations des droits humains et la négation des
principes de l'Etat de droit ». Aujourd'hui, le CODE apparaît
comme un pôle actif de contestation des Camerounais de la diaspora.
D'ailleurs, les piliers de l'organisation, quand ils n'ont pas fait partie des
mouvements d'opposition au Cameroun avant de s'exiler, ont de manière
générale, suivi un trajet particulier. Le parcours de M.
Tené Sop décrit plus bas en encadré pourrait nous en dire
plus.
Encadré 2 : Biographie de Tené
Sop
Natif de Nkongsamba dans le Moungo (Littoral), Guillaume
Tené Sop a marqué une certaine période de la lutte
estudiantine pour les libertés au Cameroun dans les années
1990.
Membre fondateur et ancien coordonnateur du ``Parlement des
étudiants camerounais de l'Université de Yaoundé'', il a
également représenté les étudiants camerounais au
sein de la coordination nationale des partis de l'opposition et des
associations, et de l'Union pour le Changement.
Le contexte socio-politique étant devenu
``insupportable'', il a décidé, comme bien d'autres compatriotes
se sentant menacés par le régime, de s'exiler, d'abord au
Bénin, puis au Burkina-Faso, ensuite au Niger, et enfin en Côte
d'Ivoire. C'est un nomadisme au cours duquel Tené Sop dit avoir
tissé des relations de travail avec plusieurs leaders d'étudiants
des pays de l'Afrique de l'Ouest, dont un certain Guillaume Soro, devenu
ministre en Côte d'Ivoire.
Il ne cache pas son hostilité pour les régimes
``dictatoriaux et corrompus''. Il se présente comme un combattant de la
libération des peuples opprimés. Et comme pour répondre
à ceux qui ne prennent pas au sérieux ses propos, Tené Sop
rappelle ouvertement qu'il a participé au soulèvement des 24 et
25 octobre 2000 en Côte d'Ivoire contre le Général Robert
Gueï.
Depuis bientôt trois ans, il est installé en
Europe. Aujourd'hui âgé de 35ans, Tené Sop est le
secrétaire général du Conseil national pour la
résistance, mouvement Um- Nyobiste (Cnr-Um) basé à
Hambourg. Ce qui fonde et conforte son militantisme au sein du CODE dont la
charte a été adoptée le 24 juillet 2004 à
Bruxelles, mais qui a son siège à Paris.
Pour s'assurer de la diffusion de ses activités sur
l'espace territorial national et international, le CODE procède
également par l'élaboration d'articles d'opinion diffusés
sur des sites Web africains et de journaux locaux, des mobilisations,
l'organisation de forum d'activités, de campagnes de sensibilisation,
etc. Pour ce qui est des sites, nous pouvons par exemple citer
www.ici.cemac.com;
www.cameroun21.com/fr;
etc.
En ce qui concerne l'organisation des forum
d'activités, il y a eu en mai 2005 l'organisation d'un «
Forum international » tenu à Paris sur le
thème : « Rôle et la place de la Diaspora
patriotique dans la démocratisation, le changement politique et le
développement économique et social du Cameroun ».
L'idée de ce forum est née de la
« nécessité de mobiliser les forces de la diaspora
patriotique au lendemain de l'élection présidentielle du 11
octobre 2004 », pour contribuer à une réflexion
collective sur le devenir du pays. Ce forum international est
également né de la nécessité ou du besoin ressenti
par les animateurs du mouvement de ressouder les rangs des patriotes de la
diaspora camerounaise, proches de l'opposition dans le but d'engager des
actions « concrètes et opérationnelles en direction du
Cameroun ». Selon les organisateurs du programme, le forum offrirait
l'occasion de mener une réflexion prospective sur l'appui de la
diaspora patriotique à l'avènement de la 2ème
République.
Il faut noter que ce forum a connu la participation de
délégués, d'intellectuels, d'activistes politiques, de
personnalités et d'organisations patriotiques proches de l'opposition
camerounaise venant de France et de Grande-Bretagne, mais aussi d'autres pays
comme l'Allemagne, la Belgique, les Etats-Unis d'Amérique et la Suisse,
etc. Les participants ont passé en revue la situation socio-politique et
économique du Cameroun. A l'issue des différentes concertations,
il a été adopté un certain nombre de conclusions sur
« les préoccupations politiques et sociales des Camerounais de
la diaspora ; la contribution de la Diaspora patriotique (CODE) à
la démocratisation, au changement politique et au respect des
libertés ; l'appui direct de la Diaspora patriotique (CODE) aux
populations camerounaises abandonnées par le régime de
fait et aussi, des motions, résolutions et
recommandations ».
Pour ce qui est des marches et mobilisations des
membres du CODE, elles interviennent le plus souvent en rapport avec
l'actualité du pays, qu'elle soit politique, économique, ou
sociale. Ainsi, il aura été possible de voir des Camerounais de
France et Grande-Bretagne se mobiliser à Londres ou à Paris
à la veille des élections présidentielles, lors de la
célébration de la 57ième journée
internationale des droits de l'homme. Et tout récemment encore, nous
avons pu la voir réagir face au problème de la corruption en tant
que mal qui mine le pays. C'est dans ce sillage que du 13 au 14 mars 2004, des
Camerounais membres et sympathisants du CODE, venus de France, de Belgique, de
Hollande et d'Allemagne se sont rencontrés à Paris.
C'était dans le cadre de l'étape hexagonale de leur Campagne
internationale d'action pour la démocratie au Cameroun,
lancée huit mois plus tôt à Hambourg et dont les objectifs
seraient « la mobilisation des Camerounais de l'extérieur et
la Communauté internationale autour des conditions d'élections
transparentes au Cameroun ».
Photo 1- Des Camerounais de la diaspora vont aux
``urnes'' à Paris.
Photo 2 - Des Camerounais de Paris à la
veille des élections présidentielles du Cameroun du 11 octobre
2004.
Source :www.cameroon-info.net, le
25 mars 2006
B. La Diaspora camerounaise pour la solidarité
(ASBL)
1. Ligne d'action
La diaspora camerounaise pour la solidarité
existe depuis près de six ans aujourd'hui. Basée en Belgique,
elle a pour but principal « faciliter les échanges entre les
Camerounais résidant en Belgique, les autorités belges, les
instances européennes et d'autres associations similaires ».
Cette association camerounaise est formée d'anciens étudiants
boursiers pour la plupart, déjà engagés dans la vie
professionnelle. Ces anciens étudiants se donnent pour objectif
« promouvoir l'image du Cameroun et de la communauté
camerounaise aussi bien en Belgique qu'en Europe. Les membres viennent des
régions anglophones et francophones du Cameroun.
2. Activités
La diaspora camerounaise pour la solidarité
(ASBL) organise très souvent des rencontres, des conférences, des
manifestations à but culturel dont les thèmes recouvrent
l'ensemble des préoccupations de la diaspora camerounaise. En 2000, a
été organisée une conférence sur la
« Gestion de l'eau et de la forêt tropicale en Afrique
centrale ». En 2002, une autre conférence fut organisée
sur « la problématique de la bonne gouvernance » et
en 2003, les membres de l'association ont organisé deux
conférences - débats. L'une portait sur
« l'éducation et le développement », tandis
que l'autre portait sur « les Pygmées Baka ».
Prenant très souvent part aux rassemblements
organisés par des membres du CODE et associés, l'ASBL ne
partagent pas leur idéologie. L'interview suivante,
réalisée par cameroun-info.net, le 22 décembre
2003, et publiée telle que tirée du net, nous en donnera un
aperçu.
Jean-Marie ABOGSO137(*) : «Le mémorandum de Bruxelles est une
imposture !»138(*)
L'association « DIASPORA CAMEROUNAISE POUR LA SOLIDARITE
» a bel et bien été au rassemblement qui a eu lieu à
Bruxelles les 9 et 10 décembre derniers139(*)...
Une délégation, constituée de deux membres : Monsieur
Bodiong et moi-même, s'est rendue à la conférence publique
du 9 décembre 2003. La salle, assez petite, était à
moitié vide. Nous n'avons vu aucun membre d'un parti politique
européen (à l'exception toutefois d'une personne qui vendait des
prospectus du Parti des Travailleurs de Belgique).
On dirait que vous
ne portez pas trop les organisateurs à coeur ? Je
connais assez-bien «libéral» qui organisait cette
conférence. Il est malheureusement difficile de penser, à la
lecture des prises de positions de ce groupe, qu'il ait d'autre objectif que de
ternir l'image du Cameroun. Je pense que sur ce point, très peu de gens
diraient le contraire. Monsieur Kapet de Bana est
président de «Ligue camerounaise des Droits de l'homme», et
à ce titre, il est installé à Paris ! Il avait
déjà écrit en 2002 un rapport très
déséquilibré sur la situation des droits de l'homme au
Cameroun. Je connaissais donc l'individu et ses idées. Il semblait
d'ailleurs se réjouir d'avoir pu cette année commanditer un
rapport encore plus négatif sur le Cameroun (Il n'a pas dit rigoureux).
La conférence s'est tout de même bien
passée. Quelles sont vos impressions sur les exposés des
différents intervenants ?
Une fois l'absence
du Prof. Abel Eyinga annoncée, on a donné la parole à
Madame Augusta EPANYA. Elle semblait très gênée par les
caractéristiques de l'assistance: réduite (entre vingt et trente
personnes) et très peu d'Européens (deux). Son texte de
propagande finira quand même par reconnaître que sous la
présidence du Président BIYA, les Camerounais se sont sentis plus
libres qu'avant. «Les années AHIDJO ou les années de
plomb... ». Maître MOMO est un magnifique
conteur. Il n'est pas cependant parvenu à faire croire à la salle
que le droit de propriété n'existait pas au Cameroun. Ses
exemples truffés d'incohérences et de documents photographiques
(contradictoires ou non authentifiés) vont parfois réussir
à émouvoir la salle mais jamais, malgré son sens du show,
il ne la convaincra de se soulever contre les institutions.
En se référant au Commandement Opérationnel
(Unité spéciale chargée de lutter contre le grand
banditisme) pour affirmer que l'Etat camerounais est un Etat répressif
qui terrorise la population, Maître MOMO fait preuve d'une
irresponsabilité notoire. Car, comment laisser croire à l'opinion
publique que combattre la grande criminalité, très intense alors,
était une atteinte aux droits de l'homme. Il y a eu des bavures, elles
ont été sanctionnées et des jugements ont
été prononcés. Pourquoi dès lors, s'évertuer
à prouver que ces bavures étaient couvertes par l'Etat ?
L'intervention du Professeur Kapet de Bana sera lyrique, elle n'a sans
doute pas changé depuis 1960. Nous replongerons pendant près
d'une heure dans le passé («Sauce KAPET»). Il aura alors
l'occasion de tenir des propos indignes vis à vis de nombreuses
institutions du pays. La salle le suivra, jusqu'au moment où il tentera
d'introniser monsieur Tene Sop comme héritier de la tradition
«upeciste». Le silence, assez lourd, le fera reculer sur le sujet.
Monsieur Kapet parlera alors de la recherche d'un candidat capable de gagner
les élections présidentielles. Ignorant de ce fait le candidat de
son parti dont les tracts étaient pourtant présents dans la
salle. Ce comportement finira par déstabiliser l'auditoire.
Nous ne parlerons pas ici de l'intervention de
Monsieur Tene Sop qui semble n'avoir pris la parole que pour conclure qu'il
n'avait rien à dire ! Le texte de Monsieur Abel
Eyinga, bien que discutable sur le fond, a donné un semblant de
sérieux à la conférence. Mais l'absence de l'auteur a
empêché tout débat sur ses affirmations.
La partie débat achèvera de transformer le désordre
ambiant en carnaval historique. En effet les questions que notre
association à posées, par mon entremise, ont suscité une
émotion caractéristique des groupes peu habitués à
la contradiction. Cette émotion fera passer à la trappe les
questions des militants qui voulaient des résolutions concrètes
après le «bavardage».
Avez-vous signé le mémorandum qui a
ponctué la conférence ? Nous ne pouvions pas
signer le mémorandum. D'abord parce que nous n'avons jamais
été associés à quelque concertation que ce soit
à ce sujet. D'autre part parce que les objectifs d'un tel document
n'étaient pas clairs.
Et pourquoi ? La
conférence n'a jamais abordé la question du texte du
mémorandum tant elle s'était déroulée, comme je le
disais tout à l'heure, de manière beaucoup trop chaotique.
C'est donc un groupe d'individus qui, sans concertation aucune avec la
Diaspora de Belgique, décide de présenter un texte au nom de
ladite Diaspora. Ce comportement n'est pas démocratique et nous,
Diaspora Camerounaise en Belgique, dénonçons ce coup de force.
Et sur le fond ? Ce mémorandum partisan est
surtout le fruit d'un groupe qui, sous le couvert des droits de l'homme,
prétend jouer un rôle politique au Cameroun. Il n'est donc pas
étonnant qu'il soit truffé d'inexactitudes. Il est bien dommage
que sur un sujet aussi important des personnes, vivant pour la plupart à
l'extérieur du pays, se livrent à de la démagogie.
Pourquoi réagir maintenant ? J'ai
pensé dans un premier temps qu'une conférence aussi mal
organisée soit sans importance. C'est par la suite lorsque j'ai vu la
désinformation qui s'organisait autour d'elle que j'ai
réalisé que je devais témoigner pour les
générations à venir. Bruxelles a été le
centre d'une imposture...
Une fois de plus, c'est grâce à Internet
que le ''diasporique'' J-M. Abogso a pu s'exprimer et de surcroît
diffuser son point de vue.
. L'étude du Collectif des
organisations démocratiques et patriotiques de la diaspora camerounaise
(CODE) et de la Diaspora camerounaise pour la solidarité comme
mouvements et associations des diasporas camerounaises de l'Occident, de la
France et de la Grande-Bretagne en particulier dégage les
différentes tendances politiques visibles à travers les
comportements des Camerounais de l'extérieur. En effet, la diaspora
camerounaise apparaît comme un groupe pluriel de par ses objectifs, ses
croyances, ses parcours, ses activités et ses modes d'actions.
La vie politique camerounaise en
terre diasporique, notamment en France et en Grande-Bretagne est la mise en
exergue à la fois de différentes cultures politiques
camerounaises et de différentes idéologies politiques
s'affrontant déjà au plan local. Il s'agit bien là, d'une
intégration différentielle des Camerounais de France et de
Grande-Bretagne dans le jeu politique national. C'est aussi des luttes
d'influence, des stratégies de positionnement, entre le parti de la
Majorité présidentielle et l'Opposition politique radicale.
Section II : Les modalités étatiques
d'intégration des Camerounais de la diaspora dans la vie politique
nationale
L'éloignement est souvent un déchirement contre
lequel au cours de ces dernières années, l'Etat s'est
efforcé de lutter. Il essaie de construire une proximité en
dépit de l'espace : proximité objective quand elle s'inscrit
ou peut s'inscrire dans les liens formels de la nationalité et d'une
représentation au sein de l'Etat ; proximité politique quand
s'engagent de loin des actions en faveur du gouvernement. Et enfin,
proximité temporelle quand les moyens actuels de communication
permettent de vivre le lien et l'intimité au pays par - delà la
distance140(*). Alors,
si l'Etat camerounais entend « entretenir sa diaspora », ou
encore « l'encadrer», c'est pour créer des conditions
favorables à l'épanouissement politique de sa population,
même si, celle-ci se trouve à distance. C'est dire que, face aux
divers mouvements diasporiques de Camerounais de l'étranger et en
particulier de ceux de Londres et de Paris, les autorités publiques ne
sont pas indifférentes. Le maintien d'un lien le plus formel possible,
souvent médiatisé par la nationalité, devient une
priorité nationale ou s'impose comme un atout important, surtout, sur le
plan politique.
Paragraphe 1 : La reconnaissance des diasporas
camerounaises et l'assignation de missions de représentation par l'Etat
La reconnaissance est l'un des
grands mécanismes de la vie sociale et donc de la politique. Un
individu, un citoyen, un groupe, un peuple existe certes en prenant conscience
de lui-même, mais aussi étant reconnu par les autres, et de
surcroît par les autorités publiques. Ces deux dynamiques
interagissant en permanence l'une sur l'autre, les Etats, les citoyens, se
constituent dans un double mouvement de réussite et d'honneur.
D'où la reconnaissance souvent officielle d'un citoyen qui sera
distingué sur le plan national ou international. L'Etat camerounais
applique ou adopte de temps à autre des politiques qui prennent en
compte les élites de la diaspora. De même l'Autorité
publique est consciente du fait que la présence des populations en
dehors de leurs frontières est un enjeu pour la politique
économique et diplomatique. C'est pourquoi de temps à autre,
l'Etat camerounais est tributaire de politiques d'attention et de
reconnaissance à l'égard de ses diasporas manifestant la
volonté de contribuer à l'édification de leur pays sur les
plans national et international.
A. Les diasporas camerounaises comme ''porteurs''
de l'identité de l'Etat
Les espaces vécus par les diasporas
camerounaises de France et de Grande-Bretagne qui correspondent
également à leur vie quotidienne ne sont pas forcément les
espaces investis. Bien au contraire, le champ investi est le Cameroun puisque
c'est dans ce dernier que les migrants envisagent leur avenir et
espèrent obtenir une reconnaissance sociale. D'ailleurs, le
président de la République a affirmé dès sa
première rencontre avec la communauté camerounaise en France le
16 février 1983 à Paris que toute contribution à l'oeuvre
de la construction nationale ne serait que la bienvenue141(*).
En terres française et anglaise, les
communautés camerounaises sont tributaires d' « un charisme
collectif distinctif » du territoire d'origine qui sert de mesure
éthico-axiologique et surtout de référentiel
d'identification politico-citoyenne142(*). Donc à l'intérieur de ce double
phénomène, il se joue comme le dit l'auteur précité
« la dynamique de l'expatriation de l'identité nationale et de
l'exportation ou reproduction extra-territoriale de l'Etat ». En
effet, face à la stigmatisation dont ils sont l'objet en terre
d'accueil, les immigrés camerounais reformulent et revivifient leur
figure nationale et communautaire. Ils restent pour la plupart engagés
dans « un travail de rétablissement des continuités
culturelles et ou identitaires »143(*). Le maintien du lien par les diasporas camerounaises
de France et de Grande-Bretagne avec l'Etat d'origine à travers
l'identité n'est pas sans impact sur la considération de ces
communautés par les autorités publiques.
B. L'assignation de missions de représentation
à travers l'intégration de certains Camerounais de la diaspora
dans les institutions nationales.
Bien que conscient du fait que beaucoup d'agents de
l'Etat, fonctionnaires, membres du gouvernement anciens et nouveaux autrefois
membres de la diaspora ont intégré et assuré ou continuent
d'occuper des fonctions de responsabilité au sein des instances de
l'Etat, seuls les joueurs de football seront pris en compte ici du fait de leur
particularité identitaire.
Certains joueurs de football sont souvent appelés
à représenter les couleurs du Cameroun qui n'est jamais que celui
de leurs parents auquels ils s'identifient, et pour lequel ils ne
possèdent pas la nationalité. C'est ainsi que le Lyonnais
Joseph-Désiré Job, le Lensois Assou- Ekotto, l'Auxerrois Perrier
Doumbè, pour ne citer qu'eux, jouent pour le Cameroun, sont nés
en France et sont de nationalité française, avant d'être
Camerounais. L'acceptation par ceux-ci de défendre les couleurs du
Cameroun est un signal fort du lien gardé avec la mère patrie.
Leur intégration dans l'équipe des ''Lions indomptables du
Cameroun'', l'une des plus importantes institutions de représentation de
l'Etat camerounais à l'extérieur et dans les compétitions
internationales montre non seulement le degré de responsabilité
de ces individus envers la Nation, mais également leur reconnaissance
par l'Etat. Leur situation identitaire prouve que, quand il y va aussi bien de
l'intérêt de la Nation que de l'attachement manifesté par
les membres des diasporas camerounaises, l'Etat n'hésite pas à
outrepasser certaines dispositions juridiques, telle que celle de l'acceptation
des joueurs de nationalité française et d'origine
camerounaise alors que les textes n'admettent pas encore la
bi-nationalité.
Paragraphe 2 : La reconnaissance des élites de
la diaspora
A. Yannick Noah
1. le personnage
Il serait étonnant pour certains de voir
Yannick Noah cité parmi les ''figures de proue'' de Camerounais à
l'étranger. Mais ce choix est dû aux différents rapports
maintenus par l'individu avec son pays d'origine (puisqu'il est français
mais de père camerounais) malgré sa nationalité
française et son éloignement géographique.
Yannick Noah est né le 18 mai 1960 à Sedan. De
mère française et de père camerounais, il est un ancien
joueur de tennis victorieux à Roland-Garros, en 1983. Il se reconvertit
en coach après sa carrière de joueur et mène depuis 2000,
une carrière de chanteur amorcée dès 1990 avec la chanson
« saga africa ». Lorsqu'il a trois ans, la famille de
Yannick Noah s'installe à Yaoundé au Cameroun, où il
découvrit le tennis. C'est là qu'il se fait remarquer par Arthur
Ashe, premier joueur noir à remporter un tournoi de Grand Chelem.
2. Sa place au sein de l'Etat
Yannick Noah a occupé des postes honorifiques
proposés par le Pouvoir. En 2005, il a rejoint l'équipe
nationale de football en tant que conseiller, tout en maintenant sa
résidence et ses activités hors du pays. Ce Camerounais soutient
également la Fondation Chantal Biya par le biais du
« Collectif Unis pour Vaincre ». C'est une preuve que la
nationalité n'est pas toujours la seule modalité d'attachement
d'un individu à une terre. L'origine affecte quelque peu sa
personnalité.
B. Manu Dibango
Le choix de cet artiste est dû au fait que bien que
vivant à l'étranger et ayant acquis la nationalité
française, il cultive une conscience de ''diasporique'' en ce sens que
le lien qui l'unit au pays natal reste une référence identitaire
forte (style musical, langue choisie pour ses chansons).
Le 12 décembre 1933, est né à Douala, au
Cameroun Emmanuel N'djokè Dibango. Etudiant à Chartres dans les
années 1950, il y découvre le jazz et y apprend le piano. Mais
c'est à Reims qu'il prépare son Baccalauréat, qu'il
s'initie au saxophone et commence à se produire dans les boîtes et
au grand dam de son père qui lui coupe les vivres en 1956.
Différents contrats le mènent à Bruxelles
où il rencontre sa femme ; Anvers et Charleroi où son jazz
s'africanise au contact du milieu congolais, dans l'ambiance de l'accession du
Congo belge à l'indépendance en 1960. Joseph
Kabasélé l'engage dans son orchestre et ils enregistrent quelques
disques qui remportent le succès en Afrique et les amènent
à Léopoldville. C'est de là que Manu rentre au Cameroun en
1963 avant de regagner la France où il vit depuis toujours.
Manu Dibango est le précurseur de la World Music.
Pendant deux ans (2003-2005), il a géré la Cameroon music
corporation (CMC). Dès ses débuts avec Nino Ferrer ou Brassens,
il a tissé des rythmes africains qui lui ont valu multiple
reconnaissance mondiale et nationale. En 1998, TV5 le met aux commandes de son
émission ``A la découverte du continent africain''. Icône
de la musique africaine et camerounaise en particulier, l'artiste Manu Dibango
au cours de ces dernières années, a pu bénéficier
de nombreux prix à titre honorifique. En novembre 2003, il a reçu
le ''Grand prix in honorem'' de l'Académie Charles Cros, pour l'ensemble
de sa carrière.
Le 27 mai 2004, à l'UNESCO, il est devenu ``ambassadeur
pour la paix'' et le premier africain à obtenir cette distinction. En
dehors de ces différents honneurs internationaux, Manu Dibango a
été bénéficiaire de diverses reconnaissances de la
nation. Ce fut le cas par exemple en février 2000, lorsque l'ancien
Premier ministre Peter Mafany Musonge lui remettait un important trophée
en signe de reconnaissance de la Nation. Toujours, le même mois
de la même année, Manu Dibango a été la vedette
officielle de la fête de la jeunesse qui a réuni de milliers de
jeunes au stade omnisports de Yaoundé144(*).
A travers leurs démarches le plus souvent
privées, Yannick Noah et Manu Dibango comme bien d'autres que nous
n'avons pas cités ici, agissent sur l'image extérieure du
Cameroun.
La possession d'une nationalité étrangère
par des Camerounais de la diaspora due aux uns grâce aux principes de
jus solis et jus sanginis et conséquence d'un long
séjour pour les autres, n'a pas complètement érodé
l'attachement de ceux-ci à leur pays d'origine. La nationalité
apparaît donc d'abord comme un tremplin social. C'est le point de
départ d'un transculturalisme qui se traduit par une volonté
d'intégration en terre d'accueil caractérisée par
l'accoutumance et la reproduction et des valeurs et usages locaux.
L'acquisition mutanti mutandis d'une nationalité
étrangère, donnant automatiquement droit à une nouvelle
identité nationale peut diluer l'emprise de l'Etat d'origine mais sans
couper l'individu de ses racines. On devient donc citoyen français ou
anglais mais on revendique corrélativement une identité propre.
C'est aussi cela, l'une des caractéristiques des membres de la diaspora
camerounaise.
Si bien avant les Etats contrôlaient efficacement les
frontières et limitaient les migrations, aujourd'hui l'horizon spatial
s'est ouvert, parfois concrètement, parfois dans l'imaginaire des
hommes. Aussi, si les partis camerounais se retrouvant à
l'étranger étaient pilotés par les leaders des partis
eux-mêmes, aujourd'hui les diasporas camerounaises se les
réapproprient et les prennent en main elles-mêmes. Le plus
étonnant dans ces activités politiques diasporiques, c'est
qu'elles ont un écho incroyable au plan national et international. De ce
point de vue, la chute du mur de Berlin comme l'ouverture des frontières
dans l'espace Schengen par exemple, sont aujourd'hui plus que des symboles.
CHAPITRE III :
LES DIASPORAS CAMEROUNAISES, ACTEURS DE LA VIE
POLITIQUE NATIONALE
Par « acteur », nous
entendons « tout groupe, tout mouvement ou toute association
politique et même à la limite, toute personne « jouant
un rôle » dans le champ socio-politique (camerounais) local ou
externe » 145(*). Tenir un rôle peut consister, à tout
le moins à entreprendre et surtout, à exercer une influence sur
les détenteurs du pouvoir de décision et de la force
matérielle.
Dans ce chapitre qui se structure en deux sections à
raison de deux paragraphes par section, il est question de mettre en exergue
l'impact des activités politiques menées par les membres des
diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne. En effet, l'engagement
politique des Camerounais de la diaspora n'est sans effet et échos sur
l'environnement national et international. Leurs actions font sens et
confirment notre hypothèse de la réinvention diasporique de la
citoyenneté de la part des Camerounais de l'étranger. Ainsi
donc, notre première section de ce chapitre ressortira les
modalités d'ordre pratique tandis que la deuxième ressortira les
implications théoriques.
Section I : Les scènes politiques locale
et internationale : réceptacles des actions politiques des
diasporas camerounaises militantes.
L'activisme, qu'il soit politique ou économique est une
caractéristique de la diaspora, ou de populations exilées qui
disent « garder ou maintenir des liens » avec leur pays
d'origine. Les diasporas camerounaises participent, entreprennent des actions
et exercent une influence assez considérable sur le développement
politique et économique de leur pays. Si elles ne prennent pas de
décision, elles exercent tout de même une influence sur les
détenteurs du pouvoir de décision et de la force
matérielle, qu'elles militent dans l' Opposition, dans les mouvements,
ou au sein de la Majorité présidentielle. En effet, elles
''jouent des rôles'' dans le champ socio-politique camerounais, en
prenant une part déterminante dans le déroulement de l'action
politique.
Paragraphe 1 : Les diasporas camerounaises, acteurs de
la société civile camerounaise transnationalisée
A. Les organisations diasporiques comme
groupes de pression
Par groupes de pression, il faut
entendre des « organismes de défense d'intérêts
qui agissent sur les pouvoirs publics pour infléchir leurs
décisions dans un sens favorable à ces
intérêts »146(*). N'ayant pas accès à la participation
politique conventionnelle (droit de vote, éligibilité, etc.), les
diasporas camerounaises peuvent agir de façon très diverse,
allant de l'appel à l'opinion publique jusqu'à l'action directe
sur des personnalités politiques influentes ou sur les pouvoirs publics
internationaux. En raison parfois de leur dimension transnationale, les
diasporas camerounaises sont capables d'exercer une influence, soit occulte,
soit ouverte.
Elles exercent une pression forte sur les autorités
publiques à travers leurs différentes interventions sur les
questions d'actualités en rapport plus ou moins direct avec le
déroulement de la vie politique nationale. En d'autres termes, les
activités des diasporas camerounaises ont des répercussions sur
les prises de décision des autorités nationales et
internationales. Leurs différentes réactions sur les
débats qui ponctuent la gouvernance, la situation des étudiants
dans les universités camerounaises et à l'étranger, les
mouvements animant la vie des partis politiques de la Majorité
présidentielle et de l'Opposition147(*), les élections présidentielles, etc.,
parlent d'elles-mêmes.
C'est ainsi que, par rapport à leur désir d'une
élection présidentielle transparente au Cameroun en 2004, les
diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne membres et
sympathisantes du CODE, de la CDC et du SDF n'hésitèrent pas
à se tourner vers les institutions internationales. En effet, ces
''diasporiques'' ont su jouer au profit du contexte et de l'environnement dans
lesquels ils se trouvent pour exposer leurs préoccupations politiques.
Pour faire pression aux membres du gouvernement camerounais, les acteurs du
CODE et du SDF en France et en Grande-Bretagne se sont tournés vers
l'Union européenne et vers le Commonwealth, pour ce qui est de la CDC.
Ainsi donc, le 15 mars 2004, à la demande du SDF
et du CODE, une ''journée spéciale'' fut consacrée au
Cameroun par le parlement européen. La commission chargée du
développement et la coopération s'est penchée sur le
dossier du Cameroun concernant la situation des droits de l'homme, suivant les
revendications faites par les membres du CODE et du SDF. Y ont participé
M. Poufong Théodore, vice-président du SDF, province de Belgique
et son secrétaire exécutif ; y étaient
également présents Mme Bassong Isabelle, ambassadeur du Cameroun
auprès du Royaume de Belgique et M. Tsala, premier secrétaire
d'ambassade. L'intérêt de cette commission avait été
suscité par les mouvements d'opposition au régime. Il s'agit
là des Camerounais, membres de l'opposition résidant en
Grande-Bretagne et ou en France qui ont porté le ''problème
camerounais'' dans la rue et devant les institutions étrangères
susceptibles d'influer sur le comportement du Gouvernement. Après
l'audition des différents intervenants, la vice- présidente de la
commission européenne et chair lady, Mme Sandersten-Holte a
déclaré que « le parlement européen suivra de
très près l'évolution du Cameroun (pendant la
période électorale) »148(*).
De même, le 6 juillet 2004, environ une centaine
de manifestants, activistes de la CDC et de la section londonienne du SDF se
sont rendus devant le siège du Commonwealth pour porter des
revendications. Conduits par Brice Nitcheu, coordinateur de la CDC et de la
section SDF/UK les activistes réclamaient des
« élections libres et transparentes au Cameroun ; la
libéralisation effective des médias audiovisuels avec notamment
la fin du musellement de Freedom FM149(*) ». Une délégation de quatre
personnes : - Brice Nitcheu, E. Kemta, A. Pokam Tadiesse, Sylvie Ndjike -
a été admise à l'intérieur du siège du
Commonwealth, où elle a été reçue par Matthew
Neuhaus, directeur des affaires politiques du Commonwealth, Dr. Pungong,
directeur adjoint et chef de la section des bons offices à la division
des affaires politiques et Mme Geraldine Goh, officier des affaires publiques,
de la communication à la division des affaires publiques, trois hauts
responsables du Commonwealth. M. Matthew a déclaré après
l'entretien avec les manifestants qu'ils étaient très attentifs
à la manifestation et aux messages portés à travers
elle. Donc, quand la Grande-Bretagne décide d'envoyer
10000 urnes transparentes au Cameroun, c'est parce que les Camerounais qui sont
à Londres ont saisi le Commonwealth pour dire « Ecoutez, nous
voulons des élections transparentes chez nous
aussi »150(*).
C'est dire de quel poids et de quelles méthodes les diasporas peuvent
user pour accroître leur influence sur le cours de la vie politique
nationale.
Suite aux manifestations estudiantines qui ont animé
l'actualité nationale pendant une certaine période,
l'organisation des étudiants camerounais d'Europe avaient rendu
publique, à travers le net, une déclaration. Suite à
l'assassinat de M. John Khotem, militant du Social Democratic Front (SDF) et
chef de circonscription électorale de Balikumbat dans le Nord-Ouest,
l'on a pu voir des forces vives de la diaspora camerounaise membre du SDF se
mobiliser pour dénoncer l'acte. En effet, des Camerounais de France et
de Grande-Bretagne ont été
« horrifiés » par ce crime dont l'auteur est un chef
traditionnel, député-maire issu du parti au pouvoir. Le
responsable du crime a écopé de quinze années de prison
ferme. Un communiqué conjoint a été rédigé
et publié. Plutard, une structure de coordination fut
créée. Dénommée ''Coordination des Camerounais de
la diaspora'', son but essentiel tel qu'il ressort de la mouture des statuts
est la « défense des intérêts et des droits
civiques et politiques des Camerounais de l'extérieur ».
De manière générale, une tension palpable
anime quelquefois des Camerounais de France et de Londres. Puisqu'ils peuvent
au prix de deux euros (1400fcfa), se procurer dans les librairies telle que
celle de Tamery, avec quelques jours de retard seulement le dernier
numéro du Messager, Cameroon Tribune ou de Mutations, ils
vivent presque quotidiennement les réalités du pays.
A titre d'illustration, il est possible de mentionner la mobilisation
camerounaise dans les villes de Paris et de Londres lors des dernières
élections présidentielles au Cameroun. En s'informant sur le net,
à travers des conversations téléphoniques sur la Radio
France Internationale (RFI), les diasporas camerounaises sont restées
très attentives à l'évènement : un
intérêt à la mesure de la nature et de la portée des
enjeux de cette consultation dont les ressorts institutionnels structuraient et
conditionnaient l'avenir politique du pays. Les meetings, les initiatives
diverses de mobilisation et de sensibilisation et les prises de position
convergeaient autour des questions « impulsion de la
prospérité et de la démocratie par le Président de
la République » pour ce qui est des militants du RDPC en
particulier, comme de l'énigme du vote des Camerounais de
l'étranger, pour l'ensemble des diasporas camerounaises militantes.
A. L'influence des Camerounais de la diaspora sur
l'élaboration des politiques publiques
Une politique publique se présente sous la forme d'un
programme d'action gouvernementale dans un secteur de la société
ou un espace géographique151(*). En effet, une politique publique est
constituée d'un ensemble de mesures concrètes. Elle a un public
(ou plutôt des publics), c'est-à-dire des individus, groupes ou
organisations dont la situation est affectée par la politique publique.
Par exemple : les automobilistes, les constructeurs, les entreprises de
génie civil constitueront à des degrés divers le public de
la politique de la sécurité routière. Ce n'est pas un
donné mais un construit152(*).
Aujourd'hui, le Code de la nationalité camerounaise est
entrain d'être revu. Pourtant aussi bien l'octroi du « droit de
vote » que l'accès à la « double
nationalité » figurant sur le nouveau projet153(*), avaient
déjà fait l'objet de nombreuses revendications au sein des
diasporas (CODE, SDF/Londres et Paris) et plus formellement, il a fait
l'objet d'un débat au sein du RDPC/France qui a émis, le 30 mai
2003 : « dix propositions initiales de la nouvelle politique
publique de la diaspora camerounaise ». Il s'agit de :
- la réforme de la nationalité avec acceptation de la double
nationalité ; - l'octroi du droit de vote aux Camerounais de
l'étranger ; - la création d'un conseil représentatif
des Camerounais de l'étranger et l'ouverture des maisons des Camerounais
de l'étranger au Cameroun ; - la mise en place d'un couloir
humanitaire avec un budget annuel d'aide au transport des dons de
l'étranger et élaboration d'un dispositif fiscal et douanier
spécifique sur les investissements des Camerounais de
l'étranger ; - l'ouverture des centres culturels camerounais
à Paris, Berlin, Londres, Bruxelles et New-York ; - la
libéralisation du transport aérien ; - la création du
répertoire des chercheurs camerounais de la diaspora et
coopération scientifique prioritaire avec eux ; - la
création d'un centre d'accueil et d'information des nouveaux
arrivants ; - la création des consulats honoraires dans les villes
provinciales ; - la relance des bourses pour des études
spécialisées à l'étranger.
Ces propositions ont été signées par
Amvouna Atemengue Jean-Baptiste Martin, président de l'association
Diaspora solidaire et vice-président de la section France du RDPC.
En définitive, il est à noter que la
géographie influence dans une large mesure les comportements, voire la
participation politique des diasporas camerounaises de France et de
Grande-Bretagne à la vie politique nationale. Se trouvant au coeur des
pays de liberté, à la tête de certaines organisations
internationales telles que le Commonwealth et la Francophonie promotrices de
valeurs démocratiques, les comportements politiques des diasporas
camerounaises en restent fortement influencées. Encore que, au niveau
locale ceux-ci seront davantage influencés en fonction de la culture
politique du pays d'accueil, d'où l'éventuelle différence
au niveau de l'intensité de l'engagement.
Paragraphe 2 : Les Camerounais de la
diaspora, acteurs à part entière et entièrement à
part de la vie politique nationale
A. Les Camerounais de la diaspora comme acteurs
à part entière
L'hypothèse que nous avançons dans
cette partie est celle de l'incorporation idéologique et virtuelle des
diasporiques camerounais de France et de Grande-Bretagne dans le champ
politique national.
1. Les modalités d'incorporation
idéologique et de marquage de la vie politique nationale par les
diasporas camerounaises
Les diasporas camerounaises militantes de France et
de Grande-Bretagne peuvent être considérées comme des
acteurs à part entière de la vie politique nationale car, les
groupes et mouvements politiques étudiés plus haut, sont chacun,
porteurs d'idéologies politiques claires. Ces idéologies fondent
l'identité politique de chaque groupe. Les mouvements et groupes
politiques des Camerounais de la diaspora sont manifestes dans des sections de
partis politiques camerounais représentés à
l'étranger. On note une participation partisane intense en
accordéon avec les militants de l'intérieur. Celle-ci se
caractérise par de constantes relations avec le parti en question (RDPC,
SDF), des élus du parti, l'implication même à distance dans
les campagnes électorales, et des activités militantes. Il faut
également ajouter que les critères d'adhésion sont
respectés par les membres et acteurs politiques des diasporas. Les
cotisations sont régulièrement payées. En effet, la
plupart des critères appliqués au plan national sont
également appliqués au plan externe. Tout comme pour ceux
représentés à l'intérieur, la propagande est la
principale arme des partis et mouvements politiques camerounais
représentés à l'étranger154(*), la mise en place et
l'exécution des programmes des partis par leurs membres. En effet, les
militants des partis politiques de la diaspora camerounaise sont
généralement des relais de la section « affaires
étrangères » des partis concernés. Ceci leur
donne une grosse part de responsabilité dans la vente de l'image du
parti, qu'il soit de l'opposition ou de la majorité
présidentielle. Par ailleurs, la vulgarisation de l'image du parti passe
par la défense même de son idéologie qui peut, selon le
dictionnaire Larousse, être considérée comme un
«ensemble plus ou moins systématisé de croyances,
d'idées, de doctrines influant sur le comportement individuel ou
collectif ». Chaque mouvement politique des Camerounais de la
diaspora sait où il va et ce qu'il recherche. Les objectifs, comme pour
tout acteur politique, sont déterminés à l'avance et les
actions menées dans le sens du but à atteindre. Cependant, la
manière dont les différences sont mobilisées dans un
processus qui conduit à aboutir à l'identité d'un groupe
est particulière. L'identité n'est pas figée, elle fait
flèche de tout bois, usant parfois d'éléments relevant
d'autres cultures155(*).
2. Les modalités d'incorporation virtuelle des
diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne dans la vie politique
nationale
C'est l'idée même de
la participation politique virtuelle des Camerounais de l'étranger.
Celle-ci participe du processus de
« démarginalisation »156(*) des diasporas camerounaises
de France et de Grande-Bretagne en tant qu'acteurs politiques. Elle montre leur
implication ou inféodation dans la scène politique virtuelle. En
effet, la mobilité virtuelle a ouvert de nouvelles voies de rencontres
politiques : ce qui confirme l'idée de A. Appadurai selon
laquelle : « la mondialisation a un impact
considérable et direct sur les structures politiques et la vie
culturelle des groupes humains »157(*). L'extraordinaire développement de la
communication de masse, avec les images qui peuvent transiter d'un bout
à l'autre a donné un rôle inédit aux diasporas
camerounaises de France et de Grande-Bretagne, qui ont réussi à
s'imposer dans le « combat des idées »158(*). C'est ainsi que pendant la
période électorale en 2004, l'on a pu voir pas mal de sites
investis par une prépondérance de commentaires (entre critique et
soutien) de la part des Camerounais de France et de Grande-Bretagne.
Internet permet d'accélérer la
constitution de réseaux à une vitesse exponentielle. On peut se
rendre compte de l'existence de véritables
« communautés virtuelles »159(*). On ne compte plus les sites
sur lesquels les diasporas s'expriment. Dans cet espace virtuel, les membres
dispersés se rassemblent. Ce sont des réunions qui ont souvent
une base nationale, voire étatique- quand les pays d'origine
maintiennent les relations avec leurs ressortissants lointains. Ils valorisent
la culture d'origine, discutent des sujets d'actualité nationale,
échangent les points de vue sur les questions les plus poignantes
concernant l'avenir du pays.
Grâce à la mondialisation des échanges, il
existe aujourd'hui « un double réseau de relations
''latérales'' dont le premier se développe comme dans le
passé à l'intérieur de la diaspora, mais le second
s'étend à l'ensemble des pays du monde »160(*). La diaspora s'inscrit
désormais dans ce que Tambiah propose d'appeler un réseau
transnational global161(*). Des Camerounais de l'étranger
réussissent à s'intégrer dans des débats nationaux
à partir des sites Web, soit en réaction des articles
publiés, soit en réaction des comportements des acteurs
politiques. A titre d'illustration, nous avons pu recenser un certain nombre de
sites Internet qui sont des espaces de forum de discussion de la diaspora
camerounaise. Il s'agit de :
-http://www.camerounimage.org
Ce site est dédié à l'information et
à la culture camerounaise en vidéo, et axé sur les
activités de la diaspora camerounaise à Paris.
-http://www.cambs.de
Ce site est un portail des étudiants camerounais en
Allemagne : vivre et étudier en Allemagne
-http://www.camer.be
Le site est une revue de presses nationales et internationales
concernant le Cameroun. Les informations sont diffusées en
français.
-http://www. cameroonnews.com
C'est un portail camerounais d'informations diffusées
en anglais.
-http://www.icicemac.com
De source canadienne, cet espace Web apparaît comme un
lieu privilégié des forums de discussion des diasporas
camerounaises.
-http://www.djangui.com
C'est un site camerounais d'information qui a pour slogan
''informer les Camerounais par les Camerounais et pour les Camerounais à
travers le monde''.
-http://www.sofibabe.net
Ce site Web est celui de l'association des ressortissants
`babimbi' résidant en France. C'est dire que la constitution des
réseaux cosmopolites camerounais ne se fait pas seulement en
référence à l'état d'origine mais également
à la tribu.
La liste de sites Web énumérés ci-dessus
appartient à un ensemble plus vaste qui contribue sans doute à la
construction d'un ''réseau transnational global'' et au cosmopolitisme
des Camerounais de l'étranger. Et ceci contribue à la
particularité de ces acteurs de la vie politique nationale camerounaise,
considérés comme à ''part''.
B. Les diasporas camerounaises comme
acteurs entièrement à part
Les membres de la diaspora camerounaise militent dans des
partis et mouvements politiques, mais ne votent pas. Ils ne sont pas non plus,
candidats aux élections. Pourtant, la mobilisation extérieure est
forte, et parfois même, bien plus forte que celle interne. Leur
mobilisation politique est moins bien occasionnelle que celle des Camerounais
de l'intérieur162(*). Constamment à l'écoute des nouvelles
en provenance du pays, ils n'hésitent pas à réagir et
à soutenir les compatriotes de l'intérieur dès qu'une
occasion se présente. C'est généralement des
déclarations collectives sur les sites web, des mobilisations
spéciales à l'occasion de la célébration d'une
journée internationale, de l'arrivée sur place des
autorités politiques ou administratives camerounaises. Contrairement aux
acteurs politiques ordinaires résidant sur le territoire national,
d'abord des électeurs et dont la participation politique se limite
généralement à des comportements électoraux, ils
sont conquis d'abord pour leurs voix, tandis que les autres, (les Camerounais
de l'extérieur) sont conquis pour une adhésion à une
certaine idéologie. A l'extérieur, il s'agit beaucoup plus d'un
combat des idées dans un espace virtuel. La spécificité
politique des mouvements de la diaspora camerounaise de l'Occident en
général, de la France et la Grande-Bretagne en particulier, est
également due au fait que leur influence est limitée. Leur
participation politique sur le plan institutionnelle est essentiellement
passive. Il y a en réalité, un problème de
faisabilité matérielle.
1. Originalité des moyens
déployés
L'emprunt des sites Internet (
www.rdpc.fr,
www.sdf.party,
www.cameroon-info.net,
www.cameroon21.com),
et des voies non conventionnelles (mobilisations, marches, manifestations,
articles d'opinion etc.) par les Camerounais de France et de Grande-Bretagne
pour s'intégrer dans le débat politique national rend
inédite leur participation politique. En effet, celle-ci se pose en
termes tout à fait singuliers. Il s'agit d'une population a
priori exclue qui réussit à investir l'espace politique
national. Leur « participation politique qui emprunte rarement les
trajectoires légales ou celle des structures ou cadres conventionnels,
opère par contournement des cadres agrées »163(*). Ces pratiques des
Camerounais de la diaspora dans leur rapport à l'Etat et à la vie
politique nationale et la récurrence de leurs activités
transnationales sont une mise en exergue du rapport entre l'Etat et ses
nationaux de l'étranger.
C'est innovant dans la mesure où les sites
Web investis par les diasporas camerounaises laissent observer la naissance de
véritables communautés politiques virtuelles. Celles-ci, en
transnationalisant la vie politique interne camerounaise, remettent
considérablement en cause les formes classiques de localisme
ancrées sur le territoire dans le cadre de l'Etat-Nation.
2. Affrontements virtuels directs
Les migrations d'une part, les flux
médiatiques d'autre part, ont bouleversé l'ordre régnant
jusqu'alors. Cette situation, comme le note A.Appadurai, « tend
à donner un rôle inédit à l'imagination. Non que les
sociétés n'aient abondamment, dans leurs productions
mythologiques, littéraires ou artistiques, fait appel à cette
faculté. Mais désormais l'imagination n'est plus cantonnée
à certains domaines d'expression spécifiques. Elle investit les
pratiques quotidiennes, notamment dans les situations migratoires où les
sujets sont obligés de s'inventer dans l'exil un monde à eux, en
usant de toute sorte d'image que les médias mettent à leur
disposition »164(*). En effet les migrants camerounais transforment les
sites Web en forum de discussion, à titre individuel ou collectif. C'est
ainsi que face à la déclaration final du CODE découlant du
colloque organisé les 14 et 15 mai 2005 à Paris165(*), des Camerounais d'ici et
d'ailleurs (France, Etats-Unis, Grande-Bretagne, etc.) n'ont pas manqué
de réagir.
Voici en dessous quelques réactions
individuelles de Camerounais d'ici et de l'étranger par rapport à
la publication d'un article*.
Guest_Ngonase Atangana Winoc (Paris)
|
2005-05-26 00:37
|
Oui les camerounais de l'étranger ont un rôle
à jouer mais seulement tous les camerounais de l'étranger pas un
groupe ethnique de 150 personnes qui vont de surcroît se réunir
dans une cave de restaurant pour soit disant trouver des solutions à la
crise de notre pays .
Le Cameroun nous appartient tous et plusieurs
d'entre nous qui sommes aussi à l'étranger ne nous reconnaissons
pas dans ces soient disant colloques de la diaspora ! C'est quoi ce machin
là ?
Personne n'a jamais interdit aux camerounais de
l'étranger de convoquer un colloque national au PAYS et parler DEVANT
TOUS LES CAMEROUNAIS. Le Cameroun n'est pas en guerre et je voudrais que
ceux qui sont allé faire cette réunion à Bobigny nous
disent quels autres citoyens de notre pays ils ont contactés ?
J'habite à 2 mns de Bobigny, mais je me suis résigné
à ne pas m'y rendre bien que j'ai lu leur publicité sur cameroon
info net. Ces gens ne représentent que leur tendance et n'ont
reçu mandat de personne de nous représenter. Je regrette car le
Cameroun est représenté en France par plus de 50 000 personnes et
je demande à ces intrus d'indiquer quels votes ils ont reçu pour
parler au nom des autres ? 0 moins qu'en français diaspora veuille dire
autre chose !!!!!!!
|
Guest_kmer++ ((Düsseldorf(Reinhen
Westfallen)
|
2005-05-25 18:02
|
ECOUTEZ MOI MES CHERS FRERE ET SOEURS. zUM EINEN:
remercions le CNI de nous avoir offert un espace de debat ou chacun a la
possibilite de dire ce qu,il veut et ou seul la force des idees prime.
SECUNDO. Si un space comme celui-ci avait existe aux temps de nos
glorieux combattants qui ont ete assasines pour delit d,opinion,sur qu,ils
n,auront pas subit la mort subite sans accomplissement de devoir qui a ete le
leur. Et de 3: Remercions la providence de nous avoir offert cette chance a
chacun de dire ce qu,il pense sans avoir peu que sa soeur ou sa mere sea
kidnappee et viollee le soir. Bref moi je remercie Cameroon-info.net pour
cet espace car dpuis que je bagarre ici il serait malhonnete de ma part de ne
pas reconnaitre que beaucoups sont pleins d,idees qui ont completement chagees
monressentiment envers eux.Je suis oblige de faire fi des idees preconcues pour
avouer que vous posteurs ou postiers jene sais plus comment on dit vous m,avez
fait grandir par vos post. Merci a CIN merci a vous tous. vive le
Kmer.(je ne veux pas dire camerounais(e) mais Cameroun.) puissent tous ceux
jaloux du Kmer et principalement les Nyge ke nous nourissons perrir ds les
flammes de l,enfer invisible
|
Guest_Sadjo (Bordeaux)
|
2005-05-24 20:38
|
Et puis j'aimerai attirer l'attention de mes compatriotes sur
l'image que nous nous faisons de ce pays. Pour beaucoup, le Cameroun c'est
Douala et Yaoundé. Il y en a qui parle du Cameroun sans avoir même
été dans plus de 2 provinces sur les 10. Ayons l'esprit large et
surtout une vision vraie de notre propre pays. Autrement dit, le
connaître d'abord avant de s'engager à parler de lui. Chaque
jour je rencontre des camerounais qui ont une idée vague de leur pays
mais qui sont zélés pour en parler.
|
Guest_Sadjo (Bordeaux)
|
2005-05-24 20:33
|
Encore une fois, le manque de culture politique des
Camerounais apparaît au grand jour. Ceux qui ont une vision politique
d'avenir doivent créer une sorte de chaîne de solidarité
d'abord à l'intérieur du pays et l'extérieur leur
apportera du soutien. Je ne vois pas en quoi cette rencontre peut augurer
de belles perspectives. La radicalisation politique n'aura jamais de
succès dans notre pays. Sa complexité ne favorise pas une telle
démarche. Nous manquons cruellement de classe moyenne. C'est
là le vrai enjeu. La population est majoritairement pauvre et n'a pas
accès à l'eau, l'électricité et aux moyens de
communication les plus rudimentaires même dans les villes. Je me demande
même finalement s'il ne faudrait pas exiger des politiques qu'ils
s'occupent des vraies questions de notre quotidien avant de parler
d'élections et compagnie qui ne donnent que les résultats connus
à l'avance. Ceux qui gouvernenet passent le clair de leur temps à
conserver le pouvoir qu'à gouverner. Tant qu'il n'y a pas de classe
moyenne, la mayonnaise de la révolution ne prendra pas. Le Camerounais
est facilement corruptible. Ceux qui disent oui aujourd'hui diront non le
lendemain et vice versa. Ces débats des camerounais font simplement
pitié.
|
Neutre (Bafoussam)
|
2005-05-24 20:18
|
Inutile de venir ici pleurnicher. Si vous avez choisi une
nationalité étrangère, assumez. Personne ne vous a obligez
à abondonner votre nationalité camerounaise!!!! Le cameroun a
besoin de ses fils patriotes. Pas des prostitués de
nationalité.
|
Bao02 (Mtl)
|
2005-05-24 18:43
|
Je crois que le mouvement de la diaspora est absolument
nécessaire si on doit avoir un quelconque changement au Kmer. Mais comme
nous tous le savons, nous sommes essentiellement extrémistes.
Dans leurs résolutions, les gars ont des choses que
réclament tous les Kmers de l'extérieur: La double
nationalité par exemple. Le Kmer est l'un des rares pays qui refuse d'en
discuter même. Le droit de vote: Quel Kmer de l'étranger ne
voudrait pas exercer son droit de vote ?
Les autorités
consulaires: De nombreux Kmers se sentent frustrés par leurs ambassades
et consulats. Un jour, un autre nous a dit que les ambassades sont d'abord
là pour négocier les accords entre pays. Donc, le service aux
citoyens peut attendre.
Donc il y a un certain nombre de choses qui
sont normales. Mais dès qu'ils croient qu'il suffit de remplacer Popaul
pour que la situation s'arrange, je crois qu'ils ont tort. La classe politique
camerounaise fonctionne pareil. Chacun veut utiliser le peuple pour arriver au
pouvoir ou pour le conserver.
Je m'attendais à ce qu'ils mettent
dans leurs résolution la formation politique du peuple. La
démocratie n'est pas violence, ou injure, ou slogans, etc. C'est la
proposition d'un mode de gestion de la société.
Chaque
fois qu'il y a un sujet important pour la vie de la nation, le parti au pouvoir
devrait avoir sa position clair, les partis d'opposition doivent avoir leur
position claire. On ne doit plus voir le leader de l'opposition demander
combien de fils du Nord Ouest sont au gouvernement.
Je crois que tout
le monde a besoin d'une formation politique au Kmer. Et pour ceux qui disent
aux Kmers de l'extérieur de rentrer, il faut savoir que 90 % des Kmers
aujourd'hui sont des candidats à l'émigration. Et celui qui est
sorti du pays ne perd pas ses droits de citoyens. Il a même l'avantage
d'avoir vu comment les choses se passent ailleurs et a le devoir de venir
contribuer à l'enrichissement de sa culture.
|
Le document a été publié tel que
tiré du site Web www.cameroon-info.net, le 22 mai 2006.
Section II : Imbrication du national et de
l'international dans le jeu politique au Cameroun
Paragraphe 1 : Interactions entre acteurs
politiques internes et externes
A. Explication à travers la vie
internationaliste des partis politiques
Relais des partis politiques au plan national, soutien des
« forces patriotiques de l'intérieur », membres de
la communauté camerounaise politique virtuelle, les Camerounais
créent un brouillage des frontières entre le global et le local.
En effet, la représentation des partis politiques camerounais à
l'étranger rentre dans la stratégie même de la vie
internationaliste des partis politiques. Ceci se construit autour de la crise
du principe de la territorialité de l'Etat. Si ce n'est une
érosion du monopole étatique de l'action internationale, c'est
tout au moins une internationalisation des luttes et concurrences partisanes
camerounaises.
En fait, la dynamique historique des formations
partisanes en quête de pouvoir décèle une dimension
internationale et transfrontière comme le montre, dans le cas du
Cameroun, l'étude de Seutcheu(1993) sur la transformation des
Nations-Unies en tribune de revendication politique interne par l'Union des
Populations du Cameroun165(*). Pour A. Chouala, l'international est un champ
depuis toujours sollicité et investi, surtout par les partis
d'opposition qui influencent largement les politiques étrangères
des Etats. Dans un contexte où l'environnement international est fourni
aux groupements politiques des moyens et des ressources leur permettant de
s'organiser parallèlement, (il est possible de mesurer) l'enjeu de
l'action internationale des partis politiques en tant que dynamique et
stratégie de mobilisation par ceux-ci des ressources matérielles
et symboliques extérieures nécessaires à leur ascension
politique interne, en jouant sur une diversité d'arènes :
l'arène institutionnelle, l'arène de l'influence et
l'arène transnationale.
B. Les sphères locale et globale comme
marqueurs du jeu politique camerounais
Le jeu politique national est marqué par une
interconnectivité du local et global d'abord dans ce sens que des
idéologies politiques nées à l'intérieur, notamment
ceux de l'opposition, pour peu qu'elles se rapprochent de celles existant
à l'extérieur co-participent à des activités
(forums, colloques, manifestations). Ce fut par exemple le cas avec
l'organisation du forum international de la diaspora camerounaise dont le
thème était « Rôle et place de la diaspora
patriotique dans la démocratisation, le changement politique et le
développement économique et social du Cameroun ». Le
forum en question a connu la participation de plusieurs
délégués, intellectuels, activistes politiques venus de
France, Grande-Bretagne, et du Cameroun. Le président du MANIDEM, y
était présent. Il a également été possible
de noter la participation téléphonique d'Abel Eyinga,
président de la Nationale (LANA), parti politique d'opposition dont le
siège est à Ebolowa. C'est dire que ce qui est fait, par les
politiciens à l'extérieur n'est pas inconnu à
l'intérieur et ce qui est initié à l'intérieur est
souvent soutenu par l'extérieur. En s'informant sur le net, à
travers des conversations téléphoniques sur la Radio France
Internationale (RFI), la diaspora reste souvent très attentive aux
évènements politiques se passant dans le pays : un
intérêt à la mesure de la nature et de la portée des
enjeux de l'actualité politique et économique dont les ressorts
institutionnels structurent et conditionnent l'avenir politique du pays. Il
faut également noter que les activités de la diaspora
camerounaise n'interpellent pas souvent uniquement les acteurs politiques de la
scène locale, mais aussi les citoyens au Cameroun et ceux à
l'extérieur, dispersés dans le monde entier qui n'hésitent
pas souvent à réagir166(*).
Paragraphe 2 : L'acquisition d'une
citoyenneté à distance par les diasporiques de France et de
Grande-Bretagne
A. La réinvention ''diasporique'' de
la participation politique
La mise sur pied d'une communauté politique
camerounaise en France et en Grande-Bretagne contribue également
à une exportation de la vie politique nationale. Elle est liée
à une manifestation de la loyauté et de l'allégeance des
immigrés camerounais à leur nation. Bien qu'étant à
distance, ils participent à la vie politique camerounaise. En
dépit du fait que les Camerounais de l'extérieur ne soient pas
encore autorisés à voter, les entreprises partisanes disposent de
sections étrangères qui permettent
l' « internationalisation de l'action politique des formations
respectives »167(*). Cependant, même si la politique correspond
à ce que Dominique Chagnollaud, appelle l' « ensemble des
efforts que l'on fait en vue de participer au pouvoir ou d'influer sur la
répartition du pouvoir, soit entre les Etats, soit entre divers groupes
à l'intérieur d'un même Etat », nous nous
demandons quand même si la diaspora camerounaise de France et de
Grande-Bretagne, a vraiment gagné en respectabilité. En effet,
figures extraterritoriales et cosmopolites, les diasporas camerounaises
incarnent désormais des expériences vécues-une
réussite virtuelle-du monde transnational. Elle illustre le rêve
d'une communauté mondiale d'individus de même nationalité,
d'une fidélité à soi, le mythe d'une résistance
spirituelle et culturelle à l'uniformisation et d'une solidarité
à toute épreuve par delà les différences et les
oppositions.
La nationalité, instrument juridique du
lien entre les Camerounais de l'extérieur et la vie politique nationale
en ce qu'elle a trait aux rapports entre les individus et l'Etat est une
question relevant de la citoyenneté. La migration transnationale observe
Jacobson168(*),
« est entrain de saper continûment le socle traditionnel de
l'appartenance à l'Etat-nation, en un mot la
citoyenneté ». Les modalités d'acquisition de cette
citoyenneté sont imposées par les Camerounais de l'Occident en
général, de France et de Grande-Bretagne en particulier, qui ne
manquent pas d'imaginer des moyens leur permettant de s'investir dans la vie
politique nationale. C'est également dans ce cadre qu'il faut inscrire
les dynamiques de transformation de la citoyenneté des Camerounais de la
diaspora.
B. l'hypothèse de la citoyenneté
à distance
1. Implications d'ordre
pratique
Les diverses activités de la diaspora nous ont
démontré que nous sommes bel et bien à l'ère de la
« fin des territoires ». Pas une fin qui, au sens de
Bertrand Badie remet en cause la souveraineté des Etats, mais,
plutôt, une fin synonyme de la démystification de
l'éloignement par rapport à la terre ou territoire d'origine.
C'est plutôt une fin cherchant à démontrer que la distance
n'est plus de nos jours, un handicap à l'épanouissement politique
des peuples qui désirent participer à l'émancipation ou
évolution politique de leur pays. Dans certains pays de l'Occident, il
est admis depuis déjà quelques années qu'on est plus
citoyen d'un pays, mais plutôt, citoyen du monde et que l'ouverture de
l'espace territorial doit se faire sans frein quelconque.
L'apparition d'acteurs, militants et sympathisants
politiques camerounais au-delà des frontières territoriales
de l'Etat est sans doute l'un des faits les plus marquants du nouveau
« modèle multiculturel de la citoyenneté » en
cours d'invention et de banalisation avec la remise en cause du lien intime,
voire constitutif, entre Etat et citoyenneté. En tout cas le
modèle de citoyenneté qui se forge à partir des
différents mouvements de diasporiques
combine « allégeance à la communauté
politique d'origine, solidarités transnationales,
réinvestissements particularistes et participation au
« charisme collectif distinctif » de la
société d'installation.
Contrairement à la « citoyenneté dite
de ''proximité'' (...) au lien raffermi mais particularisant qui a lieu
à l'échelle subnationale » au sens de B. Badie et
Perrineau (2000 :25), la citoyenneté diasporique est une
citoyenneté à distance, extra-territoriale. Elle repose sur des
formes d'allégeance politique en dehors du territoire d'origine.
Cependant, il ne faudrait pas forcément l'assimiler à une
déterritorialisation. Car, malgré la crise des
référents territoriaux qui a cours dans le monde, les Etats
parviennent à un contrôle plus ou moins relatif sur les individus,
bien que se situant à l'extérieur de leur domaine territorial,
rationae loci.
2. Conséquences
théoriques
La redéfinition de la citoyenneté participe des
nouvelles formes du politique et du social qui émergent dans le monde.
Comme le note Leca cité par Chouala (2004,b), « les nouvelles
immigrations » constituent un défi aux traditions
démocratiques et notamment à la citoyenneté en tant que
modèle artificialiste de l'inclusion : « alors que la
formule stato-nationale assurait l'inclusion de l'interne en externalisant
l'exclusion, la situation actuelle voit les deux processus
s'internaliser ; l'inclusion s'accompagne de (demandes) d'exclusion
interne dont les `''Front nationaux'' sont la traduction politique la plus
apparente (...). » 169(*). Par ailleurs, la citoyenneté est
travaillée par de multiples logiques. Ce qui a assurément cours
dans le lien citoyen, c'est le redéploiement de nouvelles formes de
participation politique à l'extérieur des frontières
nationales. Celles-ci se construisent généralement autour d'un
imaginaire collectif et individuel façonné par les cultures
politiques d'origine et l'environnement ambiant.
Conçue dans la perceptive classique comme l'ensemble
des droits et devoirs que confère à l'individu son rattachement
juridique à la population constitutive d'un Etat, la citoyenneté
fut naguère «une prérogative des seuls nationaux internes ou
« insiders » (Chouala, 2004). Dans cette posture
spécifique, la citoyenneté s'exprime dans le cadre de
l'Etat-nation, d'où la forte relation entre citoyenneté et
nationalité. Seul le national est citoyen. Néanmoins, à un
moment où les émigrés camerounais ou
« outsiders »170(*), par le biais des migrations d'installation,
deviennent partie intégrante des corps nationaux des Etats d'accueil
tout en continuant d'être reconnus comme nationaux ou citoyens
camerounais, l'hypothèse de la nouvelle citoyenneté,
déjà soulevée par Chouala171(*) et d'autres auteurs,
s'applique pertinemment aux Camerounais résidant en France et
Grande-Bretagne.
CONCLUSION GENERALE
Apparaissant comme des communautés cosmopolites
c'est-à-dire qui vivent dans l'entre-deux, ou ''l'interstice'', entre
inclusion et exclusion, les Camerounais de la diaspora sont des individus dont
les expériences existentielles finissent toujours par donner lieu
à une synchronisation, en d'autres termes la combinaison des lieux de
provenance et des lieux de fixation. C'est comme le note A. Chouala l'
« incorporation des temporalités et des charismes collectifs
distinctifs d'origine sur les temps sociaux et les réalités
anthropologiques des sociétés d'accueil ». Constituant
l'une des trames profondes de la reproduction extra-territoriale de l'Etat, les
comportements socio-politiques des diasporas camerounaises d'Occident ne sont
pas impact. Bref, il ressort de ce travail un double résultat, d'abord
sur le plan empirique et ensuite sur le plan théorique.
L'organisation des Camerounais de l'Occident par rapport
à la vie politique nationale a commencé avant
l'indépendance du Cameroun avec non seulement les actions clandestines
des partis nationalistes camerounais comme l'UPC et les activités de
l'Union nationale des étudiants du Kamerun (UNEK) dans les années
1950-1970, initiées par les membres de ceux-ci dans le but de soutenir
la lutte pour l'indépendance. Par ailleurs, les années 1990
caractérisées par la démocratisation du régime, la
mondialisation des échanges, le développement de la communication
de masse avec les images pouvant transiter d'un bout à l'autre de la
planète a profité aux Camerounais de la diaspora qui ont
réussi à déployer de nouveaux modes de participation
politique, parmi lesquels la participation politique virtuelle.
Celle-ci peut se définir comme la capacité
qu'ont les membres des diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne
à user d'Internet pour s'insérer dans la vie politique nationale.
En effet, la participation politique des Camerounais de la diaspora s'est
également concrétisée au sein des partis politiques
camerounais tels que le RDPC, parti de la majorité présidentielle
et le SDF, principal parti de l'opposition ; de même que dans des
mouvements et associations politiques aux tendances idéologiques
différenciées, contribuant à l'épanouissement
socio-politique des Camerounais de la diaspora. Ces derniers s'intègrent
aussi dans la vie politique par des voies de la reconnaissance
étatique.
Influençant alors de manière plus ou
moins considérable la vie politique nationale qui est dès lors
transnationalisée, les diasporas camerounaises apparaissent à la
fois comme des acteurs à part entière et entièrement
à part de la vie politique leur terre patrie.
Sur le plan théorique, nous sortons de cette
étude avec un concept de la citoyenneté enrichi de sens et de
nouvelles significations. La construction du concept de la ''citoyenneté
à distance'' découle directement des comportements
socio-politiques des diasporas camerounaises. Ces comportements
socio-politiques renvoient à l'implication active des diasporas dans la
vie politique nationale donneront sûrement droit, dans les prochains
jours aux débats sur la double nationalité.
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http://www.rdpc.org
http : //www.rdpc.toulouse.fr
http : //
www.cameroon-info.net
http://www.ici.cemac.com
http://
www.cameroun21.com
http://
www.sdf.party.org
http://www.cameroonews.com
http://
www.cameroon
link.com
http://www.google.com
http://www.cambs.de
http://www.cameroonimage.org
http://www.djangui.com
http://www.webzinemaker.net
http://www.bonaberi.com
www.lanouvelleexpression.net
www.codesria.org
http://www.agelfire.com
ANNEXES
Pour la collecte des données devant servir à
cette étude, des entretiens nous ont été accordés
par des acteurs politiques internes et ceux de la diaspora camerounaise
d'Occident qui nous ont fourni des informations à partir de liens
téléphoniques et Internet. Cependant, il faut noter que de tous
les individus que nous avons pu contacter, seulement le tiers nous a
apporté des informations utiles tandis que les autres nous ont
donné de ''faux rendez-vous''. D'autres également ont
préféré garder l'anonymat.
ENTRETIENS AYANT CONTRIBUE A L'ELABORATION DE
CE TRAVAIL RECHERCHE
Entretien n° 1 : Avec le Doyen Abel
EYINGA
Lieu : Ebolowa (domicile)
Date : 28 avril 2006
Objet : Données sur l'UNEK et les
mouvements et associations politiques camerounaises à
l'étranger.
Questions posées
§ Pouvez-vous nous parler des organisations politiques
camerounaises en France dans les années 1960, 1970 ?
§ Que pensez-vous de l'UNEK ?
§ Qu'est ce qui vous a conduit à adhérer
à l'Organisation ?
§ Quels étaient ses objectifs et les rapports avec
les autres formations politiques camerounaises présentes en Occident ces
années-là ?
§ Quels sont devenus vos rapports avec le Gouvernement
camerounais après le départ de l'administration
coloniale ?
Sur la diaspora actuelle
§ On vous a souvent vu envoyer les communications aux
forums organisés par les membres du CODE, êtes-vous un membre de
ce mouvement ?
§ Si non, quels sont vos rapports avec eux ?
§ En tant qu'ancien membre de la diaspora, comment
voyez-vous la participation des Camerounais de France et de Grande Bretagne
aujourd'hui ?
Entretien N° 2 : Communication par
e-mail avec M. TENE SOP membre de la
diaspora camerounaise
résident a Hambourg (Allemagne)
Date : 28 Avril 2006
- Lien téléphonique
- Puis par e-mail
Objet : Connaissance des
activités et textes du CODE
Q1. Que représente le CODE ?
Q2. Quels sont ses objectifs ?
Q3. Quelles sont les motivations de ses membres ?
Q4. Comment se structure t-il ?
Q5. Pouvez-vous estimer le nombre de
membres ?
De l'ensemble des échanges avec
l'enquêté, nous avons obtenu un ensemble de documents portant sur
les statuts et la charte du CODE.
Entretien N° 3 : Entretien avec Mme
SALE, membre du comité central du
R.D.P.C
Date : 16 Mai 2006
Lieu : NSAM (Yaoundé) à
son domicile
Objet : Connaissances des structures du
R.D.P.C en France et en Grande-Bretagne
Q1. Existe-t-il des représentations
étrangères du parti ?
Q2. Comment se structurent-elles ?
Q3. Quelles sont les activités menées par ses
membres ?
Q4. Quelles relations entretenez-vous avec les Camerounais de
la diaspora, membres du parti ?
Q.5 Est-il possible d'évaluer à peu
près le nombre de membres ?
Mme SALE, nous a mise en contact avec quelques membres du
parti qui nous ont guidée pendant notre recherche.
_________________________________
TABLES DES MATIERES
-
Dédicaces..............................................................................
P. 1
-
Remerciements.......................................................................
P. 2
- Résumé /
Abstract................................................................... P.
3
- Liste des signes et
abréviations..................................................... P.
4
- Tableaux - Cartes et
Photos....................................................... P. 6
INTRODUCTION
GENERALE.................................................. P. 7
A. Contexte général de
l'étude....................................................................
P. 8
B. Clarification
conceptuelle............................................................... P.
15
.Diaspora................................................................................
P. 15
.Participation
politique............................................................... P.
18
.Citoyenneté.............................................................................
P. 19
C. Revue de la
littérature.....................................................................
P.21
D.
Problématique..............................................................................
P. 24
E.
Hypothèses..................................................................................
P. 25
F. Approches
théoriques......................................................................
P. 25
G.Techniques de
recherche............................................................... P.
29
H. Annonce et justification du
plan......................................................... P. 30
CHAPITRE I : MALENTENDU HISTORIQUE ENTRE
L'ETAT ET LES
DIASPORAS CAMEROUNAISES DE
L'OCCIDENT......... P. 31
SECTION I : Un désaccord lié
au processus de décolonisation......................... P.
33
Paragraphe 1 : Les diasporas camerounaises comme
terre d'élection de
l'opposition au pouvoir
colonial................................................. P. 35
A. Diasporas camerounaises et mouvement nationaliste au
Cameroun............... P. 35
1. La constitution de la diaspora camerounaise
d'Occident.............. P. 35
2. L'UNEK ou
NUKS......................................................... P. 36
B. L'orientation nationaliste de
l'UNEK.................................................. P. 39
1. Les objectifs de
l'UNEK.................................................. P. 40
2. Les actions de
l'UNEK................................................ P. 41
Paragraphe 2 : Les diasporas camerounaises comme
terre du régime de l'Opposition... P. 46
A. La dimension politique de la migration camerounaise comme
facteur explicatif... P. 46
1. L'exilé, l'étudiant et le contestataire comme
caractéristique de la
présence camerounaise à
l'étranger.................................... P. 46
2. La place du
nationalisme........................................................... P.
47
B. Quelques illustres dissidents de la diaspora camerounaise
de l'Occident......... P. 47
1. Mongo
Beti...........................................................................
P. 47
2. Brice
Nitcheu........................................................................
P. 48
Section II: La traduction législative du
malentendu entre l'Etat et les
diasporas camerounaises de
l'Occident............ ............... .......... P. 49
Paragraphe 1 : L'absence de reconnaissance du droit
de vote aux Camerounais de
l'étranger.....................................................................
P. 50
A. Le droit de vote comme exercice de la
citoyenneté.............................. P. 50
1. Le statut du citoyen et la déclaration universelle
des droits de
l'homme
(1948).......................................................... P. 51
2.Les
implications.................................................................
P. 52
B. La spécificité camerounaise
............................................................ P. 52
Paragraphe 2 : L'absence de
bi-nationalité................................................... P.
53
A. Contexte de création de la Loi portant sur le Code
de la
nationalité
camerounaise........................................................... P.53
B. Le Code de la nationalité camerounaise proprement
dit...............................P. 54
CHAPITRE II : LA CONSOLIDATION DE LA
CITOYENNETE A DISTANCE DES CAMEROUNAIS DE France ET DE
Grande-Bretagne.............................. P.57
Section I : L'organisation des diasporas
camerounaises de France et de
Grande-Bretagne par rapport à la vie politique
nationale............................ P.60
Paragraphe 1 : L'intégration des
Camerounais de l'Etranger dans la vie politique par
les partis politiques
............................................................................ P.
61
A. Le R.D.P.C en France et en
Grande-Bretagne .............................. P. 61
1. L'organisation du parti en France et
en Grande-Bretagne............... .. P. 62
2. Les modes d'action du parti à
l'étranger................................. P. 65
B. Le S.D.F en terre
étrangère..................................... ............ P. 68
1. L'implantation du parti en France et
en Grande-Bretagne... P. 68
2. Les modes d'action du
SDF.......................................... P. 70
Paragraphe 2 : Mouvements et associations
politiques de la diaspora camerounaise de
l'Occident...................................................................
P. 74
A. Le
CODE............................................................ P. 74
1. Idéologie du
CODE.............................................. P. 75
2. La stratégie politique du
CODE........................... P. 76
B.
l'ASBL.................................................................. P.
79
1. Ligne
d'action....................................................... P. 79
2.
Activités............................................................ P.
79
Section II : Les modalités
étatiques d'intégration des diasporas camerounaises
dans le jeu politique
national.................................................. P. 83
Paragraphe 1 : La reconnaissance étatique des
Camerounais de la diaspora et
l'assignation de missions de
représentation........................... P. 84
A. Les diasporas camerounaises comme '' porteurs'' de
l'identité
de
l'Etat............................................................... P. 84
B. L'assignation de missions de représentation au sein des
institutions nationales
................................................ P. 85
Paragraphe 2 : La reconnaissance des
élites de la diaspora camerounaise......... P. 86
A. Yannick
Noah...................................................... P. 86
B. Manu
Dibango............................................................ P. 86
CHAPITRE III : LES DIASPORAS CAMEROUNAISES,
ACTEURS DE LA VIE
POLITIQUE
NATIONALE.......................................... P. 89
Section I : Les scènes politiques
nationales et locales comme réceptacles des
engagements politiques des
diasporas camerounaises militantes... P. 90
Paragraphe 1 : Les Camerounais de la diaspora comme
acteurs de la société civile
camerounaise
transnationalisée........................ .................. P. 91
A. Les organisations ''diasporiques'' comme
groupes de pression... ... P. 91
B. L'influence des Camerounais de la diaspora
sur l'élaboration des politiques
publiques................................................................................
P. 94
Paragraphe 2 : Les Camerounais de la diaspora,
acteurs à part entière et entièrement
à part de la vie politique
nationale....................................... P. 95
A. Les diasporas camerounaises comme acteurs à part
entière...................... P. 95
1. Les modalités d'incorporation idéologique et
de marquage de la vie
politique
nationale.......................................................................
P. 95
2. Les modalités d'incorporation virtuelle des diasporas
dans le débat
politique
interne..................................................................... P.
96
B. Les diasporas camerounaises comme acteurs
entièrement à part............ P. 98
1. Originalité des moyens
déployés........................... P. 99
2. Affrontements virtuels
directs................................ P. 99
Section II : Imbrication du national et de
l'international dans le jeu politique au
Cameroun........................................................................................
P. 103
Paragraphe 1 : Interactions permanentes entre
acteurs externes et internes......... P. 103
A. Explication à travers la vie internationaliste des
partis politiques....... P. 103
B. Le local et le global comme cadre du jeu politique
camerounais......... P. 104
Paragraphe 2 : L'acquisition d'une
citoyenneté à distance par les diasporas
camerounaises............................................................... P.
105
A. La réinvention diasporique de la participation
politique............... P. 105
B. L'hypothèse de la citoyenneté à
distance................................... P. 106
1. Implications d'ordre
pratique........................................ P. 106
2. Conséquences
théoriques............................................ P. 107
CONCLUSION
GENERALE................................................................
P. 108
BIBLIOGRAPHIE ET
REFERENCES................................................... P.
111
ANNEXES.......................................................................................
P. 118
________________________________
* 1 Mommar Coumba et Mamadou
Diouf cités par Blaise Nkene (2001), « Les étrangers,
acteurs de la vie politique camerounaise : l'expérience des
immigrés nigérians dans la ville de Douala » in
Polis, Vol.8 numéro spécial, P.2
* 2 Chantal Bordes-Benayoun
et Dominique Schnapper (2006), Diasporas et Nations, Paris, Odile
Jacob, P.7
* 3F. Bahoken, « De
la présence camerounaise en France à ``l'option
diaspora'' », in Enjeux, n°24 (Juillet-Septembre 2005),
PP. 9-10
* 4 Sophie Bouly de Lesdain
(1999), Femmes camerounaises en région parisienne. Trajectoires
migratoires et réseaux d'approvisionnement, Paris, L'Harmattan, P.
16
* 5 Zaki Laïdi
(1998 : 9), cité par A. Chouala, « L'installation des
Camerounais au Gabon et Guinée-Equatoriale », in Luc Sindjoun
(2004) (dir.), Etat, individus et réseaux dans les migrations
africaines, Paris, Karthala, P.105
* 6 Chantal Bordes-Benayoun
et Dominique Schnapper, op.cit., P.8
* 7 A. Chouala (2004, a),
« L'installation des Camerounais au Gabon et en
Guinée-Equatoriale : les dynamiques originales d'exportation de
l'Etat d'origine », in Luc Sindjoun, Etat, individus et
réseaux dans les migrations africaines, Paris, Karthala, P. 114
* 8 Sophie Bouly de Lesdain,
op.cit., P. 12
* 9
fr.wikipedia.org ./wiki/cmr.
* 10 Chantal Bordes-Benayoun
et Dominique Schnapper, op.cit., P. 9
* 11Ibid., P.13
* 12 Ibid.
* 13 Chukwu-Emeka Chikezie,
« La diaspora africaine : panafricanisme ou solidarité
villageoise ? », document présenté au
troisième forum pour le développement de l'Afrique
(ADFIII),''définir les priorités de l'intégration
régionale'' Addis-Abeba : 3-8 mars 2002.
* 14 Tarrius
(1995 :22), cité par Chouala, op.cit.
* 15 Fernand Braudel (1966),
La Méditerranée et le monde méditerranéen
à l'époque de Philippe I, Vol. I, Paris, Armand Colin, P.
43
* 16 Chantal Bordes-Benayoun
et Dominique Schnapper, op.cit., P.12
* 17 Selon Stéphane
Dufoix (2003), Les Diasporas, Paris, P.U.F., le mot est devenu
« passe-partout ; il fait partie du langage courant des
journalistes de presse-écrite, de radio et de
télévision ; du vocabulaire des représentants de
communautés nationales ou religieuses comme des autorités
étatiques à ne pas perdre le contact avec des descendants
d'anciens émigrés ; de l'arsenal conceptuel des chercheurs
en questions migratoires ».
* 18 S. Dufoix, op.
cit. PP. 3-4
* 19 P. Boniface (dir.),
Dictionnaire des relations internationales, Paris, Hâtier, 1996,
P.103
* 20 G. Scheffer (1986),
Diasporas in international politics, cité par Françoise
Bahoken (2005), P.8
* 21 Steven Vertovec (1999),
« Three meanings of `diaspora', exemplified among South Asian
religions», University of Oxford, PP.1-2
* 22 Ibid. PP. 2 - 8
* 23 G. Hermet et al,
(2001)., Dictionnaire de la science politique et des institutions
politiques, Paris, Dalloz, Armand Colin, P. 216
* 24 P. Braud (2004).,
Sociologie politique,7ème édition, Paris,
L.G.D.J., P. 363
* 25 En science politique,
le vote est reconnue comme la modalité essentielle de participation
politique. Mais dans ce travail, il sera question de dépasser cette
approche et voir d'autres modes d'influence sur la vie politique.
* 26 O. Ihl, cité par
Hélène- Laure Menthong (1998), « Vote et
communautarisme au Cameroun : `un vote de coeur, de sang et de
raison' » in Politique Africaine, n°69, P. 40
* 27 Cité par Guy
Hermet et al., opt.cit., P. 216
* 28 Braud, op.
cit., P. 363
* 29 Dominique Schnapper
(2000), Qu'est-ce que la citoyenneté ? ,
Paris, Gallimard, P.10
* 30 C. Debbasch (2001),
Lexique de politique, Paris, Dalloz, P. 69
* 31 Braud,
op.cit., P. 675
* 32 Dominique Schnapper
(2000), op.cit., PP. 10-11
* 33 Ibid., P. 11
* 34 D. Fustel de Coulanges
(1985), La cité antique, Hachette, PP. 226-230
* 35 Ces catégories sont
inspirées du célèbre discours de Périclès et
ont été confirmées par les enquêtes de Janovitz.
* 36 G. Hermet et al,
op.cit., PP. 48-49
* 37 Hyung-Chan Kim (1977),
The Korean Diaspora, Santa Barbara, American Bibliographical center.
* 38 Richard Joseph (1986),
Le mouvement nationaliste au Cameroun, Paris, Karthala.
* 39 Epifaino San Juan
(1998), From exile to Diaspora: version of the Filipinos experience in the
United States, Westview press, U.S.A.
* 40 Stéphane Dufoix,
op.cit.
* 41 Arjun Appadurai (2003),
Modernity at large :cultural dimensions of globalisation,
Minnesota, University of Minnesota Press.
* 42 Sophie Bouly de Lesdain
(1999), Femmes camerounaises en région parisienne. Trajectoires
migratoires et réseaux d'approvisionnement, Paris, L'Harmattan.
* 43 Juteau Tousse (2004),
Diaspora, Développement et rayonnement de l'Etat d'origine :
cas de la diaspora camerounaise aux Etats-Unis. Mémoire de DESS EN
Diplomatie à l'IRIC.
* 44 Chantal
Bordes-Benayoun, Dominique Schnapper (2006), Diasporas et Nations,
Paris, Odile Jacob.
* 45 Luc Sindjoun,
Sociologie des relations internationales africaines, Paris, Karthala,
P. 44
* 46 Max Weber
(1959 :100), cité par Luc Sindjoun (2002), op.cit., P.
55
* 47 Brubaker (1997),
cité par Luc Sindjoun (2002), op.cit., PP. 55-56
* 48 Violence invisible,
masquée, liée à la mise en oeuvre d'un système de
domination (Bourdieu) ; atteinte dépréciative à
l'estime de soi, vécue comme source de souffrance sur le plan
identitaire (Braud).
* 49 Jean-Jacques Roche,
Théories des relations internationales, Paris, Montchrestien, P.
53
* 50 Inis L. Claude (1962),
Power and International relations, New-York, Random House.
* 51 Norbert Elias (1991),
La société des individus, Paris, Fayard, PP. 70-71
* 52 Ibid., P. 216
* 53 Guy Hermet et al.,
op.cit., P. 138
* 54 Nicholas Onuf (1989),
World of our Making : Rules and Rule in Social Theory and
International Relations, Columbia, University of South Carolina press;
Alexander Wendt (1992), «Anarchy is What States Make of It: The Social
Construction of Power Politics», International Organisation (46,2),
PP. 391-425
* 55 Diane Ethier
(2004), Introduction aux relations internationales, Montréal,
Presses universitaires de Montréal, P. 59
* 56 Peter Katzenstein,
Robert Keohane et Stephen Krasner, « International Organisation and
the Study of World Politics », in
Internationational Organisation n°52, PP. 943-969
* 57 Diane Ethier,
op.cit.
* 58 Martha Finnemore
(1996), National Interests in international Society, Ithaca,
University press.
* 59 Ralph Pettnam (2000),
Commonsense Constructivism, New-York/Londres, M.E. Sharpe.
* 60 Voir Katzenstein et
al., op.cit.
* 61 Jean-François
Bayart (1985), L'Etat au Cameroun, Paris, FNSP, P. 109
* 62 « Le Cameroun
et sa diaspora : un lien à revitaliser » in
Conjoncturis, n°06-juin 2004, P.4
* 63 Sur les réformes
politiques et constitutionnelles au Cameroun, lire V. T. Le Vine (1984), Le
Cameroun : du mandat à l'indépendance, Paris,
Présence africaine, PP. 174-178
* 64 Victor (1984),
op.cit., P. 178
* 65 Si pour les uns
l'autonomie ou l'indépendance devait s'obtenir après avoir
atteint un certain nombre d'objectifs, pour les autres, elles devaient
s'octroyer rapidement, vue l'assistance des populations aux Grandes Puissances
pendant la Deuxième Guerre Mondiale.
* 66 Sur le mandat, lire
Victor T. Le Vine (1984), op.cit.
* 67 Accord de tutelle
pour le territoire du Cameroun sous administration française,
O.N.U., Doc. T/8, 25 mars 1947, P. 39
* 68 Daniel Abwa (2005),
Woungly-Massaga alias Commandant Kissamba, » Cameroun : ma part
de vérité'' Eds Minsi, PP. 42-44
70 Ibid.
* 69 P. Nkwengué
(2005), L'UNEK ou La Contribution d'Africains à l'Emancipation du
Continent, Paris, L'Harmattan, P. 41
* 70 D'après un
témoin de l'histoire, Pierre Nkwengué, enseignant retraité
à Douala.
* 71 Pierre Nkwengué,
op.cit., P. 42
* 72 Pierre Nkwengué,
op.cit., P.43
* 73 Lire J-M.
Zang-Atangana (1989), Les forces politiques au Cameroun (tome3),
Paris, L'Harmattan, P.178
* 74 Ibid.
* 75 Il faut noter que
l'UNEK était dirigée par les syndicalistes tandis que le REC
était dirigé par les corporatistes.
* 76 P. Nkwengué,
op.cit.
* 77 Stéphane
Dufoix, op.cit., P. 106
* 78 Expression
utilisée par les nationalistes eux-mêmes pour qualifier le
régime dérivé de la colonisation.
* 79 Benedict Anderson,
« Long-distance nationalism» in B. Anderson (1998), The
Spectre of Comparisons, Londres, Verso, PP. 58-74
* 80 Stéphane Dufoix,
op.cit., P.107
* 81 Cité par
Stéphane Dufoix, op.cit., P.107
* 82 A sa création,
l'organisation eut d'abord pour but principal, la défense des
intérêts des étudiants camerounais à
l'étranger. C'est dire que son rôle fut d'abord syndical.
* 83 Article 3 de la Charte
de l'UNEK.
* 84 P. Nkwengué,
op.cit. , P. 90
* 85 Ibid.
* 86 Ce fut le cas par
exemple pour Woungly-Massaga, ancien président de l'UNEK, et ancien
étudiant camerounais de France qui vit, la politique d'abord, comme
« une passion du pays et du peuple ».
* 87 Daniel Abwa,
op.cit., P. 29
* 88Daniel Abwa,
op.cit.
* 89 Ancien étudiant
camerounais en France et membre de l'UNEK, est aujourd'hui président
d'un parti politique camerounais qui a son siège à Ebolowa.
* 90 Ibid., P. 37
* 91 Voir les mouvements de
grèves des années 1990.
* 92 Le Messager
n°528 du 25 juillet 1996.
* 93 Lionel Manga,
« Les rapports entre Mongo Beti et le Cameroun ou l'impossible
connivence », in Ruptures, nouvelle série,
n°4-2002, Karthala, PP.174-175
* 94 Ibid.
* 95 Mongo Beti (1984),
Main basse sur le Cameroun, Rouen, Editions Peuples noirs.
* 96 Zacharie Ngniman
(1993), Cameroun : La Démocratie emballée,
Yaoundé, Eds Clé, PP. 90-91
* 97 Voir Mutations
du 10 mars 2004.
* 98 Contexte
socio-historique décrit précédemment, qui a entouré
l'accession à l'indépendance, l'Etat post-indépendance, et
la transition démocratique.
* 99 Voir les
différentes dimensions de la citoyenneté données dans
notre introduction.
* 100 Robert Dahl
(1998), De La Démocratie, New Haven, Yale University Press, PP.
37
* 101 Ibid.
* 102 P. Braud,
op.cit., PP. 365
* 103 Dominique Chagnollaud
(1996), Introduction à la politique, Paris, Seuil, P. 41
* 104 Voir préambule de
la Constitution camerounaise, PP. 1-4
* 105 Dominique Schnapper
(2006), op.cit., P. 33
* 106G. Tchouassi, (2005),
« Argent de la diaspora et financement du développement des
infrastructures urbaines de base en Afrique », Communication à
la 11ème Assemblée générale du CODESRIA
sur le Thème « Repenser le développement
africain : au-delà de l'impasse, les alternatives »,
Maputo, Mozambique, 6-10 décembre 2005.
* 107 Nous y reviendrons
plus loin dans notre argumentation.
* 108Stéphane Dufoix,
op.cit.
* 109 Les modalités
de perte de la nationalité camerounaise sont énoncées dans
les Articles31 et 32 de la loi en question.
* 110 Dominique Schnapper
(2006), op.cit., P. 37
* 111 Arjun Appadurai,
op.cit., P. 7
* 112 Appadurai, op.
cit., P. 9
* 113 P. Braud,
op.cit., PP. 429-430
* 114 P. Braud,
op.cit., P. 433
* 115 J-François Bayart
(1985), op.cit., P. 136
* 116 Ibid,. P.129
* 117 Article11, des statuts
du parti.
* 118 Voir article 12 des
statuts du parti.
* 119 Articles 15 des statuts
du RDPC.
* 120 J. Hagan (1993),
Political opposition and foreign policy in comparative perspective,
Boulder, Col. Lynne Rienner Publishers.
* 121 B. Badie (1995),
La fin des territoires. Essai sur le désordre international et
l'utilité sociale du respect, Paris, Fayard.
* 122 A. Chouala (2004,b),
« L'action internationale de l'opposition : la
transnationalisation de la vie internationale camerounaise » in Luc
Sindjoun (2004) (dir.), Comment peut-on être opposant au
Cameroun ? Politique parlementaire et politique autoritaire, Dakar,
Codesria.
* 123
www.cameroun21.com
* 124 Cameroon
Tribune, éditorial du 27 août 2004.
* 125 www. ici.cemac.com
* 126 Paul Yamga-Tientcheu,
Le SDF se meurt-il ? Le mal des oppositions africaines : cas du
Cameroun, P. 36
* 127 Ancien
président du SDF en France, Paul Yamga - Tientcheu est aujourd'hui,
président d'un mouvement politique en France, dénommé
Action citoyenne.
* 128 P. Yamga,
op.cit., PP. 37-38
* 129 Ibid.
* 130 En France par
exemple, la première conférence provinciale avait réuni 9
cellules : Grenoble - Lille -Marseille - Paris centre - Paris est - Paris
sud - Paris nord - Rouen - Toulouse.
* 131 Les rapports
officiels présentaient le SDF comme un groupuscule d'anglophones
hostiles aux intérêts français et qui tentent d'organiser
une partition du Cameroun aux fins de rattacher les provinces du Nord-ouest et
Sud-ouest au Nigeria.
* 132 Paul Yamga-Tientcheu,
op.cit., PP. 45-46
* 133 Le Messager
du 21 septembre 2004.
* 134 AGA, correspondance
particulière de Londres, du 21 septembre 2004.
* 135 Charte du CODE.
* 136 D'après une
interview réalisée par Modeste Bala (ici.cemac.com) le 13 mai
2005.
* 137 Jean-Marie Abogso est le
président et porte -parole de la Diaspora camerounaise pour la
solidarité. Il est un Camerounais installé en Belgique.
* 138 Cette interview a
été publiée tel que tiré du site Web le 10 mai
2006.
* 139 Le rassemblement de
Bruxelles concernait en effet la rencontre des membres du CODE au siège
de l'Union européenne en Belgique à l'occasion de la
57ème journée internationale des droits de l'homme.
* 140 S. Dufoix,
op.cit., P. 94
* 141 Lire Le Jeune
Afrique n° 1168 du 25 mai 1983.
* 142 A. Chouala (2004,a),
op.cit., PP. 130-131
* 143 Chouala,
op.cit.
* 144 Ici. Cameroun,
n°13. février 2005, P.13
* 145 Marcel Merle (1982),
Sociologie des Relations Internationales, Paris, Dalloz, P. 292
* 146 Charles Debbasch,
op.cit., P. 194
* 147 A titre
d'illustration, La réaction des Camerounais de Londres par rapport
à la démission de John Fru Ndi de la Coalition et aux deux
étudiants morts à Buéa pendant les mouvements de
grève.
* 148 Cameroon .info.net du
25/03/2004, « Journée spéciale du parlement
européen consacrée au Cameroun.
* 149 Freedom FM est une
chaîne de radio camerounaise dont le propriétaire est Pius
Njawé.
* 150 Paul Yamga-Tientcheu,
dans un entretien avec le Messager, saisi sur la question de savoir si à
distance les Camerounais de l'extérieur peuvent influencer le cours de
la vie politique de leur pays.
* 151 Yves Mény, J-C.
Thoenig (1989), Politiques publiques, Paris, PUF.
* 152 Pierre Muller (1990),
Les Politiques publiques, Paris, PUF, PP. 22-23
* 153 Il concerne la
réforme sur la nationalité camerounaise en
général.
* 154 Voir le
Président de la République distribuer des euros lorsqu'il arrive
à Paris, ou Mme F. Fogning distribuer des pagnes RDPC ne peut
qu'apparaître comme un signal fort.
* 155 Arjun Appadurai,
op.cit., P.13
* 156 Blaise Nkene (2001),
« Les étrangers, acteurs de la vie politique
camerounaise : l'expérience des immigrés nigérians
dans la ville de Douala » in Polis/R.C.S.P./C.P.S.R., Vol.8,
numéro spécial, P.4
* 157 Arjun Appadurai
(1996), op.cit., P.7
* 158 Ibid.
* 159 Voir le numéro
que la revue Hommes et migrations a consacré à ce
sujet, n°1240, novembre-décembre 2002
* 160 Chantal
Borne-Benayoun et Dominique Schnapper (2006), Diasporas et Nations,
Paris, Odile Jacob, P.128
* 161 Stanley J. Tambiah
(2000), «Transnational movements, Diaspora and Multiple Modernities.
International Movements of people and their Implications» Daedalus,
P.170
* 162 Les Camerounais de
l'intérieur se mobilisent le plus souvent pendant les périodes
électorales; tandis que pour ceux de l'extérieur, la mobilisation
est visible en temps d'actualité forte ou très sensible.
* 163 Blaise Nkene,
op.cit., P.20
* 164 A. Appadurai,
op.cit., P.9
* *Ces réactions ont
été publiées telle que tirées du site
Web : http://www.cameroon-info.net
* 165 A. Chouala (2004, a),
op.cit., P. 296
* 166 Voir les opinions
d'un certain nombre de Camerounais d'ici et d'ailleurs sur les activités
de la diaspora, précédemment citées.
* 167 Sur l'action
internationale de l'opposition camerounaise, lire Yves-Alexandre Chouala
(2004,b)
* 168 Cité par Blaise
Nkene, op.cit., P. 20
* 169 Chouala,
op.cit., P.138
* 170 Ibid.
* 171 Chouala, (2004, a et
b).
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