5. Conclusion :
Ce travail s'inscrit dans une perspective d'évaluation
des pratiques de soins.
Ses limites sont dans sa forme même puisqu'il s'agit de
recueillir des points de vue forcément subjectifs. C'est cependant ce
qui a rendu ces entretiens si intéressants. Les patients parlaient
très volontiers de ce qu'ils avaient expérimenté.
Plusieurs ont d'ailleurs souligné l'importance qu'avait
pour eux le fait de pouvoir discuter sans tabou de leur maladie et de leurs
difficultés.
Il aurait été possible de centrer davantage ce
travail sur la question de l'alliance thérapeutique en utilisant par
exemple une échelle comme l'échelle d'alliance aidante
d'Alexander et Luborsky.
Il me semblait que cela aurait été trop pesant,
sachant que les patients venaient de passer déjà de nombreux
tests et de remplir plusieurs échelles. Ce moment de discussion venait
conclure agréablement la période des restests et leur permettait
de s'exprimer plus librement après un parcours finalement assez
balisé.
Les résultats montrent que les patients ont une
représentation très positive du programme proposé par le
CRESOP. Leurs critiques n'en sont pas vraiment ; il s'agit plutôt de
proposer des améliorations.
Qu'ils constatent des progrès et qu'ils les attribuent
au programme va dans le sens d'une alliance thérapeutique qui est la
base d'une prise en charge réussie. La présence de projets est
également un point particulièrement encourageant.
Il apparaît bien dans les entretiens, de même que
dans les séances du groupe PACT, que les patients sont
véritablement en demande de ce type de prise en charge qui leur donne
une place active dans les soins.
J'ai été frappée par l'enthousiasme des
personnes que j'ai rencontrées au CRESOP. Le fait d'être
confronté à des perspectives d'avenir difficiles (car la question
de la chronicité de la maladie et du risque de rechute sont
abordées sans être édulcorées), entraîne
pourtant parfois des remises en question douloureuses qu'il faut savoir
entendre et accompagner.
Ce stage au CRESOP m'a permis d'entrevoir toute une gamme de
nouvelles possibilités de soins. C'est aussi une expérience qui
fait se rendre compte que les patients schizophrènes sont riches de
capacités que les services d'hospitalisation classiques ne permettent
parfois pas de suffisamment repérer. Se centrer sur les aptitudes de
patients plutôt que sur leurs déficits est une façon de
retrouver de l'espoir, que l'on soit patient ou soignant.
La maladie n'est plus cette chose figée et
irrémédiable contre laquelle on ne peut rien. Elle devient
quelque chose contre quoi il est possible de se révolter et de lutter,
de manière adulte et active.
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