Evaluation des effets d'un programme de réhabilitation et de remédiation cognitive sur des patients schizophrènes( Télécharger le fichier original )par Charlotte Mouillerac Université Paris 8 - Master2 de psychologie clinique 2008 |
2. Schizophrénie, perte d'autonomie et réhabilitation2-1. Schizophrénie et perte d'autonomieLa perte d'autonomie est un problème central dans la schizophrénie. Même si les symptômes positifs, comme les hallucinations ou le délire, sont souvent au premier plan dans les périodes de décompensation aiguës, ils ne sont souvent que la partie émergée de l'iceberg. Après la crise, quand le patient reprend contact avec la réalité, sa plainte principale est souvent la perte d'autonomie qu'a entraîné la maladie et la difficulté qu'il a à reprendre une place dans la société. Les symptômes négatifs, que les neuroleptiques peinent à soulager, provoquent un handicap notable : repli sur soi, apragmatisme, aboulie, anergie, anhédonie sont autant d'obstacles à la reprise d'une vie normale. En plus des symptômes eux-mêmes, la maladie a des conséquences sur la confiance en soi et l'estime de soi. Les patients restent fragilisés et ont souvent tendance à demeurer en retrait. Le fait d'avoir souffert de délire ou d'hallucinations modifie aussi l'image du patient auprès de son entourage familial et/ou social qui peut réagir de différentes manières : rejet, incompréhension, ou au contraire surprotection. 2.1.1. Les troubles cognitifsPrès de 70% des patients présentent des troubles cognitifs. Décrits par Kraepelin dès la fin du XIXème siècle, ils connaissent un regain d'intérêt depuis quelques décennies. M. Saoud nous dit1(*) que « ces déficits cognitifs touchent environ 85% des patients atteints de schizophrénie (Palmer et coll., 1997) et sont présents dès le premier épisode (Saykin et coll., 1994). Certains de ces déficits sont présents avant même le début de la maladie et seraient responsables du déclin fonctionnel prodromique (Cornblatt et coll., 1985 ; Bilder et coll., 2000). Les fonctions cognitives sont altérées de façon variable, les plus perturbées étant généralement l'attention, la mémoire et les fonctions exécutives. » Les fonctions cognitives ne sont pas altérées de façon uniforme. Alain Cochet, psychologue au CRESOP, emploie d'ailleurs à ce sujet l'expression « dysharmonie cognitive ». Il apparaît ainsi que certaines capacités peuvent être conservées tandis que d'autres sont plus largement déficitaires. Les principaux troubles cognitifs sont : Ø Les troubles de l'attention, Ø Les troubles de la mémoire et plus précisément de la mémoire qui requiert « un maintien à l'esprit et une manipulation consciente de l'information (faire un calcul mental par exemple) ou qui nécessitent une recherche consciente, intentionnelle, de l'information mémorisée à long terme.2(*) » Ø Les troubles des fonctions exécutives. « Les patients schizophrènes sont incapables d'exercer et de maintenir un contrôle volontaire sur leur comportement, de formuler, d'initier et d'éxécuter des plans d'action, et de s'adapter en fonction de la situation présente et à venir.3(*) » Quand les déficits sont importants, ils peuvent constituer un véritable handicap, empêchant les patients de fonctionner de manière véritablement autonome. * 1 D'AMATO T. , SAOUD M. / La schizophrénie de l'adulte. Des causes aux traitements. 2006. Paris. Ed. Masson. P 41 * 2 DANION J.-M. / La schizophrénie, une maladie de la cognition. Santé mentale n°88. mai 2004. Dossier Schizophrénie et troubles cognitifs. p 22 * 3 Id. p 23 |
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