B- Les lacunes des textes existants
Les législations forestières
congolaises et camerounaises semblent défendre la forêt pour
elle-même, sans tenir suffisamment compte du rôle qu'elle joue dans
la production agraire. Les systèmes d'interdits en vigueur peuvent
difficilement être efficaces ; d'abord, parce qu'ils ne s'attaquent
pas aux causes réelles de la dégradation qui se trouve dans les
méthodes de cultures et les modes de production agro-pastorale ;
ensuite, parce qu'ils prennent parfois des conséquences pour les
causes : la crise du bois de feu, par exemple, n'est pas
nécessairement à l'origine des dégradations
forestières, elle en est bien souvent aussi la conséquence (c'est
une sorte de cercle vicieux) ; enfin, parce qu'aucun système
d'encadrement ne peut s'opposer durablement à une société
rurale confrontée presque partout en Afrique à des
pénuries alimentaires, et qui cherche à augmenter sa production
agricole sous la poussée démographique.
En outre, l'absence de référence aux pratiques
rurales fait naître, non seulement un véritable conflit de droits,
mais encore une opposition entre l'Etat représenté par les agents
forestiers et les populations locales. Aussi, le paysan cherche-t-il à
éviter l'Etat tout en continuant à mener les activités
prohibées ; l'infraction est intégrée par la couvre,
et devient alors un phénomène social ; les forestiers, qui
de toute façon ne sont pas assez nombreux pour faire face à la
situation, hésitent dès lors à verbaliser le
délinquant qui se trouve du reste protégé par la
société dont il est membre.
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