UNIVERSITÉ DE LIMOGES
FACULTÉ DE DROIT ET DES SCIENCES
ÉCONOMIQUES DE LIMOGES
PROGRAMME UNIVERSITÉ PAR SATELLITE
AGENCE UNIVERSITAIRE DE LA FRANCOPHONIE
(AUF)
MASTER DROIT INTERNATIONAL ET COMPARÉ DE
L'ENVIRONNEMENT
Formation à distance, Campus Numérique
« ENVIDROIT »
TITRE DU MÉMOIRE
« Développement durable et gestion
des forêts du Bassin du Congo : étude comparative des politiques
forestières du Cameroun et de la République du
Congo »
Mémoire présenté par Fabrice
Parfait OUMBA
Sous la direction de M. le Professeur Jean Louis CLERGERIE
Août / 2007
DEDICACE
A ma fiancée Félie
pour l'affection et le soutien particulier tout au long
de ce travail
REMERCIEMENTS
Qu'il nous soit permis d'exprimer notre gratitude :
· Au Professeur Jean Louis CLERGERIE qui a accepté
de diriger ce mémoire et qui nous a inlassablement soutenu de ses
encouragements et conseils.
· A l'Agence universitaire de la francophonie pour la
bourse qui nous avoir permis de suivre cette formation.
· A Etienne NTONDO, Rusty GUEMBO, Talance NSOUARY,
Valérie LIENOU, François OSSAMA, Carlos MUKAM, ATEBA LOGO et
à l'équipe de l'APDHAC pour leur précieux apport à
la réalisation de ce travail.
· A tous ceux qui, par leurs actes ou intentions, ont
contribué à la réalisation de ce travail.
SIGLES ET ABREVIATIONS
AATL : Association des ayants droit traditionnels sur les
terres de Lossi
ADIE : Association pour le
développement de l'information environnementale
AFD : Agence française de
développement
AEF : Afrique équatoriale
française
AOF : Afrique occidentale
française
AFLEG : Application de la législation
forestière et la gouvernance en Afrique
ANAFOR : Agence nationale d'appui au
développement forestier
API : Aménagement pilote
intégré
BAD : Banque africaine de développement
BEI : Banque européenne
d'investissement
BM : Banque mondiale
BRAC : Bureau régional pour
l'Afrique centrale
CARPE : Programme régional de
l'Afrique centrale pour l'environnement
CDA : Comité pour le
développement en Afrique
CDB : Convention sur la
diversité biologique
CEFDHAC : Conférence sur les
écosystèmes de forêts denses et humides d'Afrique centrale
CERAD : Centre de recherche et d'action
pour le développement durable
CIFOR: International center for forestry
research
CIRAD: Centre de coopération
international en recherché agronomique pour le développement
CEMAC : Communauté
économique et monétaire d'Afrique centrale
COMIFAC : Commission des forêts
du bassin du Congo
CNUED : Conférence des Nations
Unies sur l'environnement et le développement
DFAP : Direction des forêts et
des aires protégées
ECOFAC : Ecosystèmes forestiers
d'Afrique centrale
FAO : Organisation des Nations Unies
pour l'agriculture et l'alimentation
FED : Fonds européen de
développement
FEM : Fonds pour l'environnement
mondial
FORAFRI : Forestière d'Afrique
GTZ : Agence de coopération
allemande
MINEF : Ministère de
l'environnement des eaux et forêts
MINFOF : Ministère des
forêts et de la faune
MINAGRI : Ministère de
l'agriculture
MINEP : Ministère de l'environnement et de la
protection de la nature
MINTOUR : Ministère du
tourisme
MINCULT : Ministère de la
culture
NEPAD : Nouveau partenariat pour le
développement de l'Afrique
OAB) : Organisation africaine du bois
OIBT: Organisation internationale des bois
tropicaux
OCF : Office congolais des
forêts
OCFSA : Organisation pour la
conservation de la faune sauvage en Afrique
ONADEF : Office national de
développement des forêts
OIT : Organisation internationale du
travail
ONG : Organisation non gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
PAFN : Programme d'action forestier
national
PAFT : Programme d'action forestier
tropical
PAS : Plan d'action stratégique
/ Programme d'ajustement structurel
PALCD : Plan d'action national de lutte
contre la désertification
PNGE : Plan national de gestion de
l'environnement
PNUD : Programme des Nations Unies pour
le développement
PNUE : Programme des Nations Unies pour
l'environnement
PRGIE : Programme régional pour
la gestion de l'information environnemental
RAAF : Réseau africain d'action
forestière
RAPAC : Réseau des aires
protégées d'Afrique centrale
RCA : République centrafricaine
RDC : République
démocratique du Congo
REPAR : Réseau des
parlementaires pour la gestion durable des écosystèmes forestiers
d'Afrique centrale
REPOFBAC : Réseau de politiques
forestières du bassin du Congo
RIFFEAC : Réseau des
institutions de forestières et environnementales d'Afrique centrale
RGDIP : Revue générale de
droit international public
UCAC : Université catholique
d'Afrique centrale
UFA : Unité forestière
d'aménagement
UIAC : Unité d'afforestation du
Congo
UICN : Union mondiale
pour la nature
UNESCO : Organisation
des Nations Unies pour l'éducation et la culture
USAID : Agence
internationale d'aide au développement
WRI : World resource institute
WWF : Fond mondial pour la nature
RESUME
La prise de conscience de la nécessité d'une
gestion durable des écosystèmes forestiers du bassin du Congo
s'est nettement accélérée avec le sommet de la terre de
Rio de Janeiro en 1992. Le défi a été principalement
d'appliquer le concept de développement durable à la forêt
avec l'objectif de concilier l'exploitation économique de la forêt
pour assurer le développement socio-économique et la
préservation du patrimoine écologique. Il faut noter que
l'expression gestion durable des forêts ne signifie pas
nécessairement la même chose pour tout le monde. Les
critères et les indicateurs qui permettent de suivre, mesurer et
évaluer l'état et l'évolution des forêts ont
beaucoup contribué à améliorer la compréhension du
concept, mais sa mise en oeuvre continue d'être un défi. Les
hommes de terrain et les décideurs, tant dans le secteur forestier qu'en
dehors, reconnaissent maintenant que la gestion durable des forêts
requiert la participation d'un large éventail de partenaires pour
arriver à des arbitrages équilibrés et résoudre les
conflits.
Dans leur politique de protection des
écosystèmes du bassin du Congo et de l'environnement en
général, les Etats de la sous-région et leurs partenaires,
pour faire face aux menaces croissantes qui pèsent sur ces
écosystèmes ont pris un ensemble de mesures juridiques,
institutionnelles et techniques répondant aux impératifs de
protection et de gestion écologiquement rationnelle de l'environnement.
Sur le plan interne, au Cameroun par exemple nous citerons la
Loi n° 94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts et
la Loi n° 96/12 du 5 août 1996 portant loi-cadre relative à
la gestion de l'environnement qui définit
en son titre VI les différentes responsabilités ainsi
que les sanctions applicables en cas d'infraction à l'environnement. Au
Congo, la Loi n° 16-2000 du 20 novembre 2000, portant code forestier, qui
institue un cadre juridique approprié pour assurer la gestion durable
des forêts sur la base d'un aménagement rationnel des ressources,
et la loi n° 003-91 du 23 avril 1998 sur la protection de l'environnement
qui soumet l'exercice de certaines activités en rapport avec
l'environnement à autorisation sous peine de sanctions.
Dans l'ensemble, ces textes veillent à la protection
et à la préservation de l'environnement dont ils énoncent
les différentes infractions et les peines encourues, au même titre
que les lois forestières. Mais, il convient tout de même de se
poser la question de savoir si ces politiques de gestion de la foresterie
initiées par ces deux Etats sont efficaces et surtout si elles
s'inscrivent dans le cadre du développement durable du bassin du
Congo.
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
8
PREMIERE PARTIE : LA PRISE EN COMPTE
DU DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LES POLITIQUES FORESTIERES DU CAMEROUN ET DU
CONGO
21
CHAPITRE 1 : LE CHOIX DE POLITIQUES
RELATIVEMENT NOVATRICES
22
Section 1 : L'inspiration
néo-coloniale des politiques forestières
22
Section 2 : L'urgence de
l'élaboration des politiques forestières dans la perspective d'un
développement durable
26
CHAPITRE 2 : LE CHOIX DE POLITIQUES
RELATIVEMENT COORDONNEES
35
Section 1 : Les nouvelles politiques
de gestion forestière
35
Section 2 : Le nouveau cadre
institutionnel de gestion durable des forêts
45
DEUXIEME PARTIE : LA MISE EN OEUVRE DU
DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LES POLITIQUES FORESTIERES AU CAMEROUN ET AU
CONGO
50
CHAPITRE 1 : L'INTRODUCTION DE LA
NOTION DE DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LES POLITIQUES FORESTIERES
50
Section 1 : La nécessité
de prendre en compte les réalités locales
50
Section 2 : L'appui de la
communauté internationale dans la gestion des forêts du bassin du
Congo
53
CHAPITRE 2 : LA NECESSITE DE METTRE
EFFECTIVEMENT EN OEUVRE LA GESTION DURABLE DES FORETS DU BASSIN DU
CONGO
67
Section 1 : Les obstacles à la
mise en oeuvre de la gestion durable des forêts du bassin du
Congo
67
Secteur 2 : Les voies d'une mise en
oeuvre efficace de la gestion durable des forêts au Cameroun et au
Congo
72
CONCLUSION GENERALE
78
BIBLIOGRAPHIE
81
TABLE DES MATIERES
86
INTRODUCTION GENERALE
I- Contexte de l'étude
La gestion durable des forêts vise à garantir que
les biens et services procurés par les forêts répondent aux
besoins d'aujourd'hui tout en s'assurant la continuité de leur
disponibilité et de leur contribution au développement à
long terme. Au sens large, la gestion des forêts traite des aspects
administratifs, juridiques, techniques, économiques, sociaux et
environnementaux de la conservation et de l'utilisation des forêts. Elle
comporte des interventions humaines délibérées à
divers niveaux, depuis les actions visant la sauvegarde et l'entretien de
l'écosystème forestier et de ses fonctions, jusqu'au
développement préférentiel d'essences ou de groupes
d'essences spécifiques présentant un intérêt social
ou économique particulier pour une production améliorée de
biens et services.
Toutefois, un grand nombre des forêts et terres
boisées du monde, en particulier dans les zones tropicales et
subtropicales, sont encore aménagées sans tenir compte des
principes forestiers adoptés lors de la Conférence des Nations
Unies sur l'environnement et le développement (CNUED, 1992). Beaucoup de
pays en développement manquent des moyens financiers et humains
nécessaires pour la préparation, la mise en oeuvre et le suivi de
plans de gestion forestière, ainsi que des mécanismes assurant la
participation et l'engagement de toutes les parties prenantes à la
planification et à la mise en valeur des forêts. Lorsque ces plans
existent, ils se limitent souvent à assurer la production viable de
bois, sans tenir compte des produits et services autres que le bois ou du
maintien des valeurs sociales et environnementales. En outre, il manque
à de nombreux pays une législation forestière, une
réglementation et des incitations appropriées pour des pratiques
de gestion durable.
A- Délimitation de l'étude
L'Afrique centrale abrite les écosystèmes
forestiers du bassin du Congo, le plus grand massif forestier tropical du monde
après l'Amazonie. Avec environ 227 millions d'hectares1(*), la couverture de ces
écosystèmes représente 26 % des forêts
tropicales humides restant au monde et 70% du couvert forestier d'Afrique. Ces
forêts du bassin du Congo regorgent une gamme extraordinairement
variée de biomes, d'écosystèmes et d'habitats comprenant,
entre autre, des forêts sempervirentes, des forêts
semi-caducifoliées, des forêts inondables, des mangroves, etc.
Géographiquement, les forêts du bassin du Congo se composent d'un
côté des forêts denses humides d'altitudes qui comprennent
les reliefs du Cameroun, les hauts plateaux bordant le Rift à l'Est de
la République démocratique du Congo, au Burundi au Rwanda et en
Ouganda, et de l'autre côté les forêts de basse altitude se
répartissant en trois zones : les forêts denses humides sur terres
fermes de l'Ouest qui couvrent le Cameroun, le Gabon, la Guinée
Equatoriale, une partie de la République du Congo et de la
République centrafricaine ; les forêts denses humides sur les
terres fermes de l'Est de la RDC, et les forêts denses humides de la
Cuvette centrale en permanence ou périodiquement inondées2(*).
Ces forêts abritent en plus un patrimoine
génétique impressionnant : environ 852 espèces de
mammifères, 1086 espèces d'oiseaux dont près de 600 au
Gabon, 280 espèces de reptiles, au moins 1000 espèces de
papillons, 216 espèces de batraciens et plus de 10.000 espèces
végétales y sont recensées. Des espèces rares et
endémiques à l'exemple de l'Okapi (Okapi johnstoni), le Bono ou
chimpanzé nain et le gorille de montagnes ne sont pas en reste. En
matière de diversité biologique, elles comptent plus de 800
essences forestières3(*). Un tel potentiel n'aurait pu laisser
indifférent.
Selon les estimations du PNUE4(*), les forêts du bassin du Congo abritent et
nourrissent environ vingt millions d'individus pour lesquels ces forêts
ont une valeur sociale et culturelle importante. Elles leur fournissent des
plantes médicinales et de la matière première et
énergétique. Elles constituent un mode de vie pour certaines
populations5(*).
Culturellement ces populations semblent entretenir avec ces forêts des
liens spirituels.
Il ne s'agira pas dans cette étude, de s'étaler
sur les différentes politiques publiques en matière de gestion de
la foresterie de chacun des Etats du bassin du Congo, nous envisagerons
uniquement les cas de figure du Cameroun et la République du Congo, pour
lesquels nous mènerons une étude comparée des
différentes politiques forestières.
Une exigence d'équité démocratique et de
justice interpelle aujourd'hui les Etats camerounais, congolais et leurs
partenaires au développement dans leur programme de lutte contre la
pauvreté : ils doivent développer des possibilités
qui puissent permettre aux populations forestières de tirer profit des
possibilités offertes par la foresterie pour la construction du
développement durable et la réduction effective de la
pauvreté. Sur le plan scientifique, la réflexion sur la
forêt et les problèmes forestiers, longtemps demeurée du
domaine des professionnels et des spécialistes, tend à devenir un
objet d'étude pour tous ceux qui réfléchissent sur les
problèmes de développement des pays pauvres. A l'instar des
autres pays forestiers, la République du Congo et le Cameroun ont
adopté des plans de gestion durable de la forêt. Mais la
persistance d'une gestion peu démocratique et non transparente de la
chose publique qui caractérise en général ces deux Etats,
soulève des interrogations quant à une réelle prise en
compte de la notion du développement durable dans la gestion de leur
potentiel forestier. La République du Congo balbutie encore des
retombés d'une longue période d'instabilité politique et
le Cameroun, classé pendant longtemps par Transparency international
comme l'un des pays les plus corrompus au monde, est en train
d'expérimenter les politiques anti-corruption mises en oeuvre depuis
lors. Ainsi, il se pose dans ces deux pays, une exigence de bonne gouvernance.
B- Clarification des concepts
Le concept de « développement
durable » a été forgé dans le cadre des
Nations Unies pour tenter de réconcilier les points de vue divergents
des pays industrialisés et des pays en développement sur
l'importance à accorder à la préoccupation
environnementale dans leurs politiques économiques respectives. Non sans
équivoques, il désigne en premier lieu une vision
intégrée des exigences de protection environnementale et de
développement économique, telle qu'elle est énoncée
au Principe 4 de la Déclaration de Rio6(*). Selon le rapport de la Commission mondiale sur
l'environnement et le développement intitulé « Our
Common Future » (1987), il vise également à rendre
compatible la satisfaction des besoins du présent,
particulièrement dans les pays pauvres, avec celles des
intérêts des générations futures, exigence reprise
au Principe 3 de Rio7(*). Il
implique à terme une adaptation des méthodes, sinon, en bien des
cas, de l'idéologie sous-jacente à la gestion rationnelle d'un
Etat moderne, respectant en particulier l'expression des préoccupations
et des choix des populations concernées par les politiques
économiques et environnementales de chaque Etat et l'utilisation
équitable des ressources naturelles partagées, qui retrouve ici
une signification encore élargie. Il est exact que les mérites
diplomatiques comme les faiblesses techniques de cette notion tiennent
précisément à son extrême
généralité comme aux frontières imprécises
sensées l'embrasser sans trop la définir. Il faut cependant la
prendre non comme un principe à la signification univoque mais comme une
matrice conceptuelle, définissant la perspective générale
dans laquelle les principes déjà établis de bonne gestion
de l'environnement doivent être restitués8(*).
Selon le Dictionnaire Larousse, le mot
« gestion » implique l'action de
gérer, d'administrer ou de d'organiser quelque chose. Dans le cadre de
l'environnement, il s'agit de l'ensemble des règles et normes juridiques
qui règlementent l'utilisation des ressources naturelles, et dans notre
cas de figure, les ressources forestières. De manière
générale, ces normes juridiques créent des institutions
chargées de les appliquer. C'est en réalité ces
institutions qui assurent la gestion de l'environnement.
Les « politiques
forestières » sont les différentes lois
adoptées par un Etat dans le cadre de la gestion de sa foresterie. Afin
de s'arrimer aux principes du développement durable, les nouvelles
politiques forestières dans les pays du bassin du Congo se
présentent en quatre axes :
- Assurer la protection du patrimoine forestier et participer
à la sauvegarde de l'environnement et à la préservation de
la biodiversité
- Améliorer l'intégration des ressources
forestières dans le développement rural afin de contribuer
à élever le niveau de vie des populations et de les faire
participer à la conservation
- Mettre en valeur les ressources forestières en vue
d'augmenter la part de la production forestière dans le PIB tout en
conservant le potentiel productif
- Dynamiser le secteur forestier en mettant en place un
système institutionnel efficace et en faisant participer tous les
intervenants dans la gestion du secteur.
II- Intérêt de l'étude
Les forêts amazoniennes et asiatiques étant
fortement détruites, le Bassin du Congo, une sorte de no man's
land juridique et judiciaire de fait, reste un des derniers bastions
forestiers mondiaux dont l'exploitation continue de soulever des
problèmes. La contrainte du respect indispensable d'un équilibre
durable entre une exploitation forestière écologiquement saine et
un approvisionnement suffisant des industries (tant sylvicoles que
pharmaceutiques) est au coeur du débat économique des pays du
bassin du Congo, au moment où, les différents acteurs
impliqués dans l'utilisation de cette ressource naturelle (primaire ou
dérivée) font l'objet de critique et d'un contrôle de plus
en plus accru des lobbies écologiques. C'est à ce titre que les
vocables de gestion, de conservation et d'exploitation durable des forêts
ont droit de citer dans les discours et les programmes d'action tant nationaux
qu'internationaux.
Sur le plan socio culturel, la société est le
réceptacle et le champ d'application de toutes les implications pouvant
découler de la mise en oeuvre du droit international de l'environnement.
Dans le cas du bassin du Congo, les individus sont pour la plupart
étroitement liés aux écosystèmes, c'est le cas des
peuples autochtones Pygmées en ce qui concerne la forêt. Ces
populations dépendent directement et totalement des fleuves, des
forêts et d'autres ressources naturelles. Ainsi, l'effectivité du
droit international de l'environnement permettrait une protection incidente de
ces peuples, et partant, de la richesse de la diversité culturelle
à laquelle ces peuples contribuent. La survie même de la plupart
des Etats d'Afrique centrale dépend directement des ressources
naturelles. En effet, le sous-sol de ces pays représente un vrai
scandale géologique, car il regorge des richesses diverses à
savoir : le pétrole, l'or, le diamant, le cuivre et autres. Quant
aux forêts, cette zone représente la deuxième
réserve mondiale en terme de biodiversité de la faune et de la
flore. Partant, les Etats d'Afrique centrale ont donc intérêt
à promouvoir le développement durable dans la gestion des
forêts par le biais de leurs législations respectives.
L'effectivité du droit international de l'environnement en Afrique
centrale contribuerait de manière efficace au développement de
cette partie de la planète.
III- Revue de littérature
Comparées à d'autres forêts tropicales,
les forêts du Bassin du Congo sont relativement intactes. Cependant, sous
ce qui semble être une canopée intacte, de sérieuses
dégradations sont en cours. En effet, de larges blocs de forêts
sont déjà devenus des forêts vidées de toute leur
grande faune et sont de ce fait dépourvues des ressources
nécessaires à la survie des peuples de forêt et à
celle de la faune. À moins que la tendance à
l'accélération de la dégradation ne soit inversée,
les forêts du bassin du Congo pourraient connaître une destruction
de même ampleur que celles survenues pour les forêts de l'Afrique
de l'ouest et celles de l'Asie du sud-est9(*).
Au cours des dix dernières années, le secteur
forestier mondial s'est tourné de manière croissante vers des
formes plus sophistiquées de planification de la gestion. Dans le Bassin
du Congo, les codes forestiers du Cameroun et de la République du Congo
exigent maintenant l'élaboration et l'application de plans
d'aménagement forestier. L'amélioration de la capacité de
gestion de beaucoup de grandes entreprises indique toutefois une
évolution positive en direction d'une utilisation plus rationnelle et
plus saine des forêts qui pourra être étendue à
l'intérieur du bassin.
La progression d'un certain nombre d'entreprises vers la
certification constitue une avancée notoire en direction d'une
exploitation durable des forêts du bassin du Congo10(*). La transparence accrue dans
l'attribution des concessions forestières constitue aussi une autre
avancée majeure dans le développement du bassin du Congo. Les
négociations traditionnelles à porte fermée font place
à des systèmes plus ouverts d'offres publiques opérant
suivant des critères techniques et financiers plus transparents. Non
seulement cette évolution a amélioré la transparence et
conduit à la suppression de permis d'exploitation non équitables,
mais elle a aussi permis aux États de recouvrir une portion plus
importante de la rente forestière au travers des taxes
annuelles11(*).
Toutefois, les politiques et stratégies mises en place
par le Cameroun et la République du Congo, doivent obéir aux
critères et indicateurs de gestion durable des forêts.
Selon une étude menée par la FAO sur la Promotion de la
gestion durable des forêts et de terres boisées en
200312(*), les
critères et indicateurs sont des outils servant à
définir, évaluer et surveiller les progrès vers la gestion
durable des forêts. Le terme
« critère » désigne les
éléments ou principes de base par rapport auxquels est
jugée la durabilité, en tenant compte du rôle de
production, de protection et social des forêts et des
écosystèmes forestiers. Chaque critère est défini
par des indicateurs quantitatifs et qualificatifs qui sont mesurés et
surveillés régulièrement afin de déterminer les
effets des interventions de la gestion ou de l'absence d'intervention. Les
critères et indicateurs au niveau national peuvent servir à
orienter les politiques, les règlements et la législation. En
outre, désormais, la plupart des processus élaborent,
expérimentent et mettent en oeuvre des critères et indicateurs au
niveau de l'unité de gestion forestière. De plus en plus souvent
ces activités s'adressent aux organismes publics, aux ONG et aux
propriétaires forestiers, y compris le secteur privé.
En ce qui concerne les nouvelles politiques
forestières formulées par le Cameroun et la République du
Congo, leurs objectifs généraux s'articulent d'une part, autour
de la contribution du secteur forestier au développement
économique et social et, d'autre part, de la conservation, la protection
et la régénération de la forêt afin d'assurer le
maintien de la biodiversité et des fonctions écologiques,
sociales et économiques remplies par les forêts. Les concepts tels
que le domaine forestier permanent et non permanent, l'aménagement
durable, la gestion participative, la conservation de la biodiversité,
la certification des bois tropicaux constituent aujourd'hui la toile de fond de
toutes les politiques et lois forestières de ces deux Etats.
« Ces nouvelles politiques forestières sont aussi
caractérisées par la mise en cause de la vision sectorielle de la
gestion forestière. Il se dégage une tendance à
l'intégration de la foresterie au développement rural, en
général. Cette approche holistique s'est nettement imposée
ces dernières années dans l'élaboration des
stratégies nationales de réduction de la
pauvreté. »13(*)
Toutefois, certains experts estiment qu'en l'état
actuel des choses, les politiques forestières élaborées
dans la plupart des Etats de l'Afrique centrale paraissent
désuètes, ce qui explique « la difficulté
qu'éprouvent les décideurs à concevoir et à mettre
en oeuvre des politiques de développement rural qui soient à la
fois cohérentes c'est-à-dire propres à satisfaire les
besoins humains actuels et futurs, mais aussi compatibles avec les
capacités de production et de régénération des
ressources forestières. En d'autres termes, l'incohérence des
politiques de développement rural et les financements
inconséquents qui y sont consacrés constituent les causes
fondamentales de la déforestation et de la dégradation des
forêts en Afrique centrale »14(*).
Ainsi, Patrice BIGOMBE LOGO15(*), pense que la réconciliation entre les
politiques forestières des pays du Bassin du Congo et leurs populations
est nécessaire pour assurer la protection des écosystèmes
forestiers. L'objectif de cette réconciliation est de tenir compte,
dés la conception de ces politiques, des mentalités,
possibilités technologiques nationales, capacités
institutionnelles réelles, conditions socio-économiques et
politiques de chaque pays. C'est dans le même sens qu'aborde Cléto
NDIKUMAGENGE16(*),
lorsqu'il estime que la solution à la protection des
écosystèmes forestiers du bassin du Congo réside en
priorité dans l'harmonisation des politiques forestières des
Etats de la sous-région.
Par contre, pour le Professeur Maurice KAMTO17(*), la protection des
écosystèmes forestiers du bassin du Congo passe
nécessairement par l'adoption, l'application et l'aménagement
adéquat des moyens juridiques et institutionnels nationaux et
internationaux existants. Le professeur Jean Didier BOUKONGOU18(*) estime pour sa part que la
protection des écosystèmes forestiers du bassin du Congo ne
pourra être efficace que si les pays parviennent à relever les
défis de la bonne gouvernance : l'amélioration souhaitée
du cadre juridique et institutionnel de l'accès à l'exploitation,
de commercialisation ou de la conservation des écosystèmes dans
le bassin du Congo par les différents acteurs ; la mise en route
effective et transparente du processus de certification des produits de
l'économie de la nature (bois, produits végétaux et autres
minerais) ; la « traçabilité
budgétaire » des ressources issues de la gestion des
forêts.
Il faudra aussi souligner ici, les lacunes observées
dans la plupart des politiques forestières élaborées par
les pays du bassin du Congo. Ces lacunes sont d'ordre juridique, mais aussi
pratique.
Dans le cadre juridique, on observe par exemple un vide
juridique en ce qui concerne l'institution d'un plan d'aménagement
forestier qui devra définir la politique forestière
nationale19(*). La plupart
des textes se contentent d'en affirmer le principe sans en déterminer le
contenu. Seules les lois congolaises et camerounaises vont plus loin en
instituant non seulement un « plan d'aménagement
forestier » mais aussi en annonçant le contenu minimal des
plans d'aménagement dont elles imposent l'élaboration pour
chacune des forêts domaniales. Le vide juridique s'observe aussi en ce
qui concerne les forêts communautaires20(*). Au Congo par exemple, les « forêts
de développement communautaire » n'ont pas un statut
particulier, la loi se contentant de dire qu'elles sont affectées
à la subsistance des populations y résidant.
Sur le plan pratique, plusieurs législations
forestières de la sous-région ne traitent que partiellement de
certains aspects liés à la protection de leurs
écosystèmes forestiers. Ces aspects sont restés une
préoccupation secondaire des législateurs. C'est le cas en ce qui
concerne la protection des forêts contre les facteurs de
déboisement et de dégradation tels que les défrichements,
l'exploitation des ressources minières21(*) et les feux de brousse. Sur ce dernier aspect, les
codes forestiers camerounais et centrafricain constituent des exceptions car
ils apportent des précisions quant à la prévention des
incendies en énonçant les règles de prudence que l'on doit
observer dans l'utilisation du feu, et rappelant les moyens classiques de le
contenir. Le Cameroun va plus loin en édictant les sanctions
pénales applicables en cas de manquement aux obligations légales
en la matière.
IV- Problématique et hypothèses de
l'étude
A- Problématique de l'étude
Selon Michel BEAUD, la problématique est l'ensemble
construit autour d'une question principale, des hypothèses de recherche
et des lignes d'analyses qui permettent de traiter le sujet choisi22(*). Aussi, chevillons-nous cette
étude autour de la question à savoir si les politiques
élaborées et mises en oeuvre dans le cadre de la gestion des
forêts au Cameroun et en République du Congo, sont-elles à
l'aune du développement durable ? Il s'agira pour nous de
vérifier si les exigences du développement durable se retrouvent
dans les politiques que ces deux pays mettent en oeuvre dans l'exploitation de
leur écosystème forestier.
B- Hypothèses de l'étude
La prise de conscience de la nécessité d'une
gestion durable des écosystèmes forestiers du bassin du Congo
s'est nettement accélérée avec le sommet de la terre de
Rio de Janeiro en 1992. Le défi a été principalement
d'appliquer le concept de développement durable à la forêt
avec l'objectif de concilier l'exploitation économique de la forêt
pour assurer le développement socio-économique et la
préservation du patrimoine écologique. Il faut noter que
l'expression gestion durable des forêts ne signifie pas
nécessairement la même chose pour tout le monde. Les
critères et les indicateurs qui permettent de suivre, mesurer et
évaluer l'état et l'évolution des forêts ont
beaucoup contribué à améliorer la compréhension du
concept, mais sa mise en oeuvre continue d'être un défi. Les
hommes de terrain et les décideurs, tant dans le secteur forestier qu'en
dehors, reconnaissent maintenant que la gestion durable des forêts
requiert la participation d'un large éventail de partenaires pour
arriver à des arbitrages équilibrés et résoudre les
conflits
Dans leur politique de protection des
écosystèmes du bassin du Congo et de l'environnement en
général, les Etats de la sous-région et leurs partenaires,
pour faire face aux menaces croissantes qui pèsent sur ces
écosystèmes ont pris un ensemble de mesures juridiques,
institutionnelles et techniques répondant aux impératifs de
protection et de gestion écologiquement rationnelle de l'environnement.
Nous pouvons illustrer en prenant quelques exemples des organisations
communautaires qui sont des institutions nées des initiatives propres
des décideurs politiques des pays de la Sous région, il s'agit
entre autres de la Conférence sur les Ecosystèmes des
Forêts Denses et Humides de l'Afrique Centrale (CEFDHAC)
lancée à Brazzaville au Congo le 31 mai 1991 dont l'objectif est
d'encourager les acteurs nationaux dans la gestion des
écosystèmes forestiers et veiller à une utilisation
durable de ses ressources.
La Commission des Forêts d'Afrique Centrale
(COMIFAC) quant à elle naît à la suite des recommandations
issues du sommet des chefs d'Etat de la sous-région à
Yaoundé. Elle est l'organe unique de décisions et d'orientations
des initiatives sur les forêts d'Afrique centrale. On peut ajouter
l'Organisation Africaine du Bois (OAB) créée à
Libreville au Gabon le 2 juin 1976, qui assure outre ses autres
fonctions23(*).
Sur le plan interne, au Cameroun par exemple nous citerons la
Loi n° 94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts et
la Loi n° 96/12 du 5 août 1996 portant loi-cadre relative à
la gestion de l'environnement qui définit
en son titre VI les différentes responsabilités ainsi
que les sanctions applicables en cas d'infraction à l'environnement. Au
Congo, la Loi n° 16-2000 du 20novembre 2000, portant code forestier, qui
institue un cadre juridique approprié pour assurer la gestion durable
des forêts sur la base d'un aménagement rationnel des ressources,
et la loi n° 003-91 du 23 avril 1998 sur la protection de l'environnement
qui soumet l'exercice de certaines activités en rapport avec
l'environnement à autorisation sous peine de sanctions24(*).
Dans l'ensemble, ces textes veillent à la protection
et à la préservation de l'environnement dont ils énoncent
les différentes infractions et les peines encourues, au même titre
que les lois forestières. Mais, il convient tout de même de se
poser la question de savoir si ces politiques de gestion de la foresterie
initiées par ces deux Etats sont efficaces et surtout si elles
s'inscrivent dans le cadre du développement durable du bassin du
Congo.
V- Considérations méthodologiques
Pour s'assurer de la bonne conduite de cette étude, le
processus méthodologique choisi en vue de son
élaboration est la méthode juridique. Elle consiste en une double
démarche : la première est une analyse des textes juridiques
et la seconde est plutôt une exploration de leurs conditions
d'édictions, les interprétations et l'application qui en est
faite par les principaux concernés, à savoir les acteurs sociaux,
véritables destinataires de la règle de droit. Cette
méthode alterne dogmatique et casuistique. En somme, la dogmatique
permet de comprendre le sens formel de la règle de droit et la
casuistique renseigne sur la confrontation de cette dernière au
réel.
Toutefois, il faut relever que l'étude du droit de
l'environnement en Afrique se heurte à deux principales
difficultés : celle de la délimitation du champ
d'étude d'une part, celle de la collecte des informations d'autre part.
Par sa nature, le sujet sera abordé à la fois dans ses aspects de
droit interne et dans ses aspects de droit international, on s'en tiendra aux
sources régionales du droit de l'environnement en Afrique, à
l'exclusion des sources ou conventions de caractère
général, sauf celles qui intéressent plus directement les
écosystèmes africains telles que la Convention sur la
diversité biologique ou celle sur la désertification. Du point de
vue des droits internes, il s'agira d'un essai de droit comparé de
l'environnement des pays concernés sans considération des aires
linguistiques, car l'environnement ignore les frontières ainsi que les
barrières de toutes sortes.
La méthode juridique nous permettra d'envisager de
manière claire sans rien laisser au hasard, toutes les implications qui
découlent des politiques forestières mises en place au Cameroun
et en République du Congo, dans le cadre de la gestion des ressources
naturelles, pour un développement durable du bassin du Congo, et de
mieux appréhender et d'analyser la situation de la gestion de la
foresterie au Cameroun, en essayant d'établir le parallèle entre
cette situation et celle qui prévaut en République du Congo.
L'étendue de ce champ d'étude n'en constitue
pas moins une difficulté de taille. Il impose un effort
considérable de collecte des informations juridiques, d'autant plus
difficile qu'en Afrique centrale les journaux officiels de la plupart des pays
ne paraissent plus régulièrement ou, dans certains cas, plus du
tout. Une telle ambition est cependant justifiée par la
nécessité d'avoir une vue globale des problèmes
écologiques et de la situation juridique actuelle à
l'échelle sous-régionale.
VI- Articulation et justification du plan
La gestion durable de l'écosystème forestier
reste encore tributaire dans ces deux pays de l'environnement tant juridique
que sociopolitique. Cet environnement se caractérise par un cadre
juridique et institutionnel peu évolutif, ainsi qu'une faible
démocratisation des structures de gestion des ressources naturelles ne
permettant pas une réelle prise en compte de la notion du
développement durable.
L'appartenance de ces deux pays à l'espace CEMAC ainsi
qu'à certaines institutions régionales spécialisées
dans les questions de gestion durable de l'écosystème forestier
permet de développer une approche régionale dans
l'élaboration et la mise en oeuvre des politiques nationales de ces deux
pays en matière de foresterie. Cette approche permet non seulement de
favoriser l'intégration sous-régionale entre les Etats du bassin
du Congo, mais aussi de renforcer leurs politiques forestières
respectives dans la perspective de la gestion durable de leurs ressources
naturelles.
Il ne s'agit donc pas dans la présente étude de
présenter une longue dissertation sur les politiques publiques ni moins
encore de dégager les grandes orientations sur l'action de ces Etats en
faveur de leur développement économique en général.
Il s'agit selon les canons traditionnels de la recherche en sciences sociales,
d'observer et d'évaluer les actions de ces Etats avec les moyens
financiers, humains et techniques souvent limités comme exemple
d'appropriation par les pays du Sud du concept du développement durable
dans leur politique forestière.
Le plan du travail dans le cadre de cette étude
s'articule autour de deux volets à savoir : la prise en compte du
développement durable dans les politiques forestières du Cameroun
et du Congo (première partie), et la mise en oeuvre du
développement durable dans les politiques forestières au Cameroun
et au Congo (deuxième partie)
PREMIERE PARTIE : LA
PRISE EN COMPTE DU DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LES POLITIQUES FORESTIERES DU
CAMEROUN ET DU CONGO
CHAPITRE 1 : LE CHOIX
DE POLITIQUES RELATIVEMENT NOVATRICES
Dans le cadre du choix des politiques forestières au
Cameroun et au Congo, nous verrons que ces politiques étaient tout
d'abord d'inspiration coloniale (section 1), ensuite va s'imposer pour ces
pays, l'urgence de l'élaboration de politiques forestières dans
la perspective d'un développement durable (section 2), partant du sommet
de Rio en 1992.
Section 1 : L'inspiration néo-coloniale
des politiques forestières
Nous envisagerons dans cette partie les politiques lacunaires
et incomplètes d'inspiration coloniale (paragraphe 1), mais aussi des
réformes entamées avant le sommet de Rio par le Cameroun et le
Congo (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : des politiques lacunaires et
incomplètes
A- Les politiques forestières coloniales
applicables au Cameroun
Pendant l'époque coloniale, beaucoup de textes
officiels se rapportant aux activités forestières ont vu le jour
mais il convient de noter que ces différents textes mettaient plus
d'accents sur l'utilisation des ressources ligneuses que sur les
nécessités de conservation ou de reforestation. Il s'agissait
comme on est en droit de le croire, d'approvisionner autant que possible, la
métropole en matière première (bois brut).
Le premier texte pour le Cameroun est un décret du 5
septembre 1921. Plus tard, ce texte sera refondu avec plusieurs autres pour en
faire trois principaux dont le décret du 4 juillet 1935, du 5
février 1938 et du 20 mai 1946 fixant respectivement régime
forestier en Afrique occidentale française (AOF), au Togo et en Afrique
équatoriale française (AEF).
Avant la réunification en 1961, chacun des deux Etats
fédérés avait une politique forestière propre.
Cette dualité dans la politique forestière dont le
mécanisme était assez compliqué pour un jeune pays comme
le Cameroun, s'explique par la dissemblance des caractéristiques des
différentes dominations coloniales qu'a connues simultanément ce
pays (anglaise et française).
Dans l'ancien Etat fédéré du Cameroun
oriental (français), la législation forestière
était basée sur le système français.
C'est-à-dire que toute les terres vacantes et sans maître
étaient d'office considérées comme tout à fait
inaptes à la propriété privée, donc
propriété de l'Etat ; toutefois, les droits d'usage
coutumiers des populations locales étaient scrupuleusement
respectés.
C'est la loi n°68-1 du 11 juillet 1968 modifiée
par celle n°71-4- COR du 21 juillet 1971 fixant le régime des
forêts de l'Etat fédéré du Cameroun oriental qui
accorde déjà une importance assez remarquable à la
conservation des ressources forestières, sources de devises
étrangères.
Bien avant l'indépendance, l'Etat
fédéré du Cameroun occidental (anglais) formait une union
administrative avec le Nigeria. Si bien que les lois qui régissaient le
Nigeria s'étendaient sur l'ensemble de cet Etat
fédéré25(*). En somme, les anglais considéraient que les
terres appartenaient de droit aux populations indigènes. Toutefois,
certaines parties des terres pouvaient être administrées avec
gestion autonome des collectivités (Native Authority Forest
reserves). Dans cet Etat fédéré du Cameroun
occidental, on notera surtout l'ordonnance de 1938 sur la préservation
et le contrôle des forêts qui va rester en vigueur
jusqu'après l'accession du pays à l'indépendance en 1960
et sera remplacée plus tard par la loi n°69-LW-du 12 septembre
1969.
Après l'unification des deux Etats
fédérés, l'impératif était de trouver une
législation commune capable de satisfaire à la fois les deux
systèmes de culture afin de consolider l'intégration nationale et
par là, harmoniser la politique forestière nationale dans
l'ensemble du pays. Les autorités compétentes sont donc
arrivées à mettre sur pied un régime forestier
constitué par l'ordonnance n°73-18 du 22 mai 1973 et son
décret d'application n°74-357 du 17 avril 1974.
B- Les politiques forestières coloniales au
Congo
Les politiques forestières constituent les objectifs
sectoriels qui guident le développement forestier en fonction des
données socio-économiques. Ces objectifs montrent l'orientation
globale des activités du domaine forestier. D'une manière
générale, les politiques forestières définissent
les objectifs, le cadre réglementaire et l'assise institutionnelle.
Durant la période coloniale après guerre
(1945-1960), la gestion des forêts congolaises relevait des lois et
règlements établis par la France. C'est seulement en 1974 que la
législation forestière congolaise a subi son plus grand
changement avec un nouveau code forestier (Loi n°004/74 du 04 janvier
1974), considéré au moment de sa promulgation, comme l'un des
plus modernes d'Afrique centrale. Le premier texte colonial dans le cadre de la
gestion de la foresterie, applicable au Congo fut l'arrêté du 28
novembre 1927 modifié, car auparavant, il consacrait essentiellement la
gestion de la forêt gabonaise. Après la deuxième guerre
mondiale, c'est le décret du 20 mai 1946 qui s'appliquait au Congo.
Ces différents textes révisés ont
été largement repris dans leur contenu par les textes de ce pays
après l'indépendance : définition des droits de
propriété et de la superficie forestière au sens
légal, constitution des surfaces forestières,
réglementation des droits d'usage, protection des forêts contre
les feux de brousse, les défrichements et autres facteurs de
dégradation, réglementation de l'exploitation commerciale, droits
des particuliers et propriété des forêts, encouragement au
reboisement, répression des infractions.
A l'analyse, il apparaît que ces textes se limitaient
à règlementer les relations populations/forêts.
D'après certaines sources, ces premières législations
présentaient deux caractéristiques. Non seulement les
règles posées visaient principalement l'exploitation du bois et
non la protection des forêts, mais aussi elles encourageaient
l'exploitation forestière non durable. Et pour la rendre plus
rémunératrice, les mesures prises devaient être
libérales26(*).
La politique qui vise la marginalisation et l'exclusion des
populations de l'exploitation forestière, récupérée
par la nouvelle législation congolaise, n'était que le
prolongement de la politique forestière française. Née
dès la renaissance, elle a commencé par être un instrument
de lutte pour la protection de la forêt contre les agressions paysannes,
dans le but d'obtenir les chênes de 200 ans indispensables à la
marine de guerre, base de la puissance27(*). Le code forestier congolais de 1974 suit de
très près cette politique.
Paragraphe 2 : Les réformes
forestières avant le sommet de Rio
A- Les réformes forestières au
Cameroun
Les textes régissant les forêts depuis
l'époque coloniale ont été périodiquement mis
à jour afin de les adapter aux nouveaux concepts techniques et aux
nouvelles orientations des politiques en matière de gestion des
écosystèmes forestiers. Ainsi, dès 1973, l'Ordonnance
no.73-18 du 22 mai 1973 a fixé le régime forestier national. Elle
fut modifiée par la Loi 81-13 du 27 novembre 1981. Dès la fin des
années 70 et début des années 80, la notion de
propriétés coutumières (collectivités
coutumières) apparaît ainsi que les règles
d'aménagement concerté impliquant plusieurs acteurs.
Déjà l'ancienne Loi portant sur le régime des
forêts, de la faune et de la pêche de 1981 contenait un certain
nombre de dispositions conservatoires des ressources forestières telles
que le diamètre minimum d'exploitabilité administratif et la
protection des semenciers qui ont permis la préservation de la plupart
des essences nobles de différents types des forêts. Le Cameroun a
également initié au cours de la décennie 80, des grands
travaux d'inventaires forestiers de reconnaissance. En 1987, le plan d'action
forestier tropical faisait un état des lieux du secteur forestier et
proposait un ensemble d'actions sous forme de projets en faveur de
l'écosystème forestier et de la mise en oeuvre de la politique de
relance économique à travers les objectifs assignés
à ce secteur. En 1988, un séminaire national sur la
désertification recommanda l'élaboration d'un plan d'action
national de lutte contre la désertification (PALCD). L'ONADEF,
créé en 1990, a succédé à l'Office national
de régénération des forêts (ONAREF) et au Centre
national de développement forestier (CENADEFOR).
Néanmoins, jusqu'à 1992, la gestion des
ressources forestières est caractérisée par une dispersion
des centres de décision. La forêt (filière bois et autres
produits forestiers) relevait du Ministère de l'agriculture, alors que
la faune dépendait de la Délégation au tourisme.
Depuis 1992, la création d'un Ministère de
l'environnement et des forêts a régularisé cette situation.
En 1993, un plan de zonage du Cameroun forestier méridional est
réalisé avec des approches participatives et la politique
forestière est mise en oeuvre selon le décret n°.95/678/PM
du 18 décembre 1995 portant institution du plan de zonage. La nouvelle
loi forestière du 20 janvier 1994, centre les activités sur
l'aménagement forestier et la conservation de la nature, et
intègre les nouveaux concepts établis à l'échelle
mondiale en matière de développement et de l'environnement ainsi
qu'en impliquant les ONG, le secteur privé, les communautés
villageoises, etc.
B- Les réformes forestières au Congo
C'est en 1974 que la législation forestière du
Congo a subi son plus grand changement avec un nouveau code forestier (loi
n°004/74 du 4 janvier 1974) qui a remplacé en totalité les
textes antérieurs trop dispersés et pour la plupart tombés
en désuétude. Avec cette nouvelle loi, le principal fondement
juridique de la politique forestière congolaise a été mis
en place. Au moment de sa promulgation, ce code forestier était
considéré comme l'un des plus modernes d'Afrique centrale
notamment en prévoyant déjà la division du domaine
forestier en UFA, circonscriptions forestières de base pour
l'exécution des tâches de gestion, conservation, reconstitution et
exploitation du domaine forestier. Dès 1980, le territoire forestier
congolais est organisé en UFA, chacune ayant une étendue
suffisante pour alimenter une industrie du bois indépendante. Chaque UFA
devait proposer un plan d'aménagement et d'exploitation soumis à
l'approbation du Ministère en charge des forêts. Différents
projets ont dans le même temps élaboré des
stratégies de gestion durable des ressources ligneuses (par exemple, le
projet «planification et de mise en valeur du Sud Congo» ou celui
«Développement forestier sud Congo» terminé depuis
1988).
En matière de régénération
artificielle et de reboisement, l'Office congolais des forêts (OCF) fut
créé en 1974 et est devenu le SNR à partir de 1987,
chargé du reboisement tant en forêt naturelle qu'en savane. L'UIAC
est quant à elle une société d'Etat crée en 1978 et
transformée en 1990 en société anonyme, chargée
essentiellement des plantations industrielles avec des espèces à
croissance rapide.
De 1982 à 1986, la politique forestière (loi
n°32/82 du 7 juillet 1982 portant nouveau code forestier) se basait sur le
renforcement du rôle de l'Etat, à travers des entreprises d'Etat
et d'économie mixte, dans les domaines de la sylviculture, de
l'exploitation et des industries forestières. Par contre, à
partir de 1987, la tendance fut au désengagement de l'Etat dans la
plupart des activités forestières, au profit du secteur
privé et des Associations.
Dès 1990, le Congo a entrepris la rédaction de
son Plan d'aménagement forestier national (PAFN ou PAFT-Congo) qui a
reconnu la nécessité de réviser les textes du code
forestier congolais. Le Plan national d'action environnementale (PNAE)
démarré en 1991, fut adopté en 1995.
Section 2 : L'urgence de l'élaboration des
politiques forestières dans la perspective d'un développement
durable
La détermination du cadre incitatif
à l'élaboration de nouvelles politiques forestières
(paragraphe 1), précèdera l'étude des réformes
législatives et règlementaires (paragraphe 2)
Paragraphe 1 : Le cadre incitatif à
l'élaboration de nouvelles politiques forestières
A- Le sommet de la terre de Rio de 1992 ou la prise de
conscience
La prise de conscience des enjeux du bassin du Congo s'est
vraisemblablement accrue avec le sommet de la terre de Rio en 1992. La pression
exercée par les ONG et les bayeurs de fonds internationaux a conduit les
gouvernements à refondre leur cadre juridique et institutionnel,
à se doter d'un cadre d'actions cohérent (programmes nationaux de
gestion environnementale, plans d'actions forestiers nationaux etc.), et
adopter des instruments de planification de gestion et de surveillance moderne.
Le cas du Cameroun est un exemple concret, dans la mesure où, comme le
souligne Paul Dasse : « c'est aujourd'hui une constante que
l'éveil de la conscience écologique enclenché au Cameroun
à l'occasion du sommet de Rio a remarquablement impulsé la mise
en oeuvre nationale et même non conventionnel de
l'environnement »28(*). La participation du Cameroun au sommet de Rio a
été une façon pour lui de repenser son droit de
l'environnement, car au lendemain de son retour de Rio, le Cameroun a pris de
nouvelles initiatives en faveurs du développement et de la protection de
l'environnement29(*). Le
Congo par contre, à travers les exercices de planification de PAFT
(1992) et du PNAE (1993), s'est aussi résolument engagé à
gérer durablement ses écosystèmes forestiers.
L'expérience congolaise fut pleinement enrichie par le sommet de Rio,
l'analyse de la pratique du voisin camerounais a permis l'élaboration en
2000 de l'actuel Code forestier fixant le cadre de la gestion forestière
durable en République du Congo.
1- La Déclaration de Rio
La Déclaration de Rio sur l'environnement et le
développement, témoigne de deux grandes préoccupations
apparues pendant l'intervalle des vingt années séparant la
Conférence de Rio de celle de Stockholm. Ces préoccupations sont
les suivantes : la détérioration de l'environnement et
l'indépendance de plus en plus manifeste entre le progrès
économique à long terme et la nécessité d'une
protection de l'environnement. Ces préoccupation n'ont pas moins
inspiré les pays y parties puisque, les initiatives prises sur le plan
régional, le partenariat pour les forêts du bassin du Congo
notamment, sont l'expression d'une volonté de traduction et de mise en
oeuvre des instruments internationaux et de protection de l'environnement et du
développement durable. Le principe 4 de la Déclaration de Rio
dispose que « pour parvenir à un développement durable,
la protection de l'environnement doit faire partie intégrante du
processus de développement et ne peut être
considérée isolement ». On réalise alors plus
facilement la nécessité de l'initiative d'un partenariat pour la
préservation des forêts du bassin du Congo prise initialement par
les pays de l'Afrique centrale et dont l'objectif principal ne s'écarte
pas de ce dernier principe. Cette affirmation se vérifie bien avec
le plan de convergence en ces termes : « les pays
souverains de l'Afrique centrale gère de manière durable les
différents écosystèmes de la région par une
utilisation rationnelle des ressources renouvelables du domaine forestier et la
planification d'un réseau d'aires protégées
représentatif de la biodiversité et contribuant à leur
développement économique, social et culturel »30(*). C'est en effet, le
désir de vouloir atteindre un niveau de développement analogue
aux objectifs de Rio, que les pays d'Afrique centrale se sont organisés
depuis 1999, à protéger leur environnement. Ainsi, le Cameroun et
le Congo ont entrepris de toiletter leur législation en matière
d'environnement, après leur participation à la conférence
de Rio31(*).
2- L'Action 21
L'Action 21 est un grand programme contenu dans un volumineux
document de référence, qui énonce les mille et une
opération qu'il faudra entreprendre pour que le développement
durable, respectueux de l'environnement devienne une réalité au
XXIe siècle. Son préambule indique que : « Action
21 aborde les problèmes urgents d'aujourd'hui [...] c'est un programme
qui reflète un consensus mondial et un engagement politique au niveau le
plus élevé sur la coopération en matière de
développement... » Une des approches importantes
résultant de ce programme est que, le progrès dépend de la
solidarité des partenariats : entre les pays et les groupes de la
société civile, y compris le secteur privé. C'est ce
qu'ont réalisé les pays d'Afrique centrale qui ont, par le
truchement des chefs d'Etat signé le 17 mars 1999 à
Yaoundé la Déclaration par laquelle ils expriment leur engagement
de placer la collaboration sous-régionale en matière
forestière, au centre de leurs préoccupations. Cette
nécessité de coopération en faveur de la protection des
forêts du bassin du Congo est aussi exprimée par Henri Djombo,
président en exercice de la COMIFAC lors de la deuxième
réunion sur la vulgarisation du plan de convergence32(*), en reconnaissant le
rôle des uns et des autres dans un partenariat qui se veut
équilibré et solidaire pour le bien de l'humanité.
Cependant, la mise en oeuvre de l'Action 21 exige que soit
prises en compte, les mesures financières visant la réalisation
des projets de préservation de l'environnement. Il se pose à ce
niveau un problème très particulier pour les pays en
développement, en l'occurrence les pays d'Afrique centrale, il s'agit du
problème de la dette. A cet effet, le programme préconise une
mise au point effective et un transfert de technologie indispensable au
développement durable et à la préservation de
l'environnement. Cette approche apparaît dans le bassin du Congo comme
l'unique moyen de la mise en oeuvre du plan de convergence c'est-à-dire,
la stratégie sous-régionale de gestion durable des
écosystèmes forestiers puisque, dans son discours, à
l'occasion de la réunion de Brazzaville, Henri Djombo, précisant
les enjeux de cette deuxième réunion, évoque aussi
l'idée de la reconversion de la dette des pays de la COMIFAC en projet
de conservation de la nature.
B- Le rôle des forêts du bassin du Congo
face à l'équilibre écologique planétaire
L'existence d'importantes réserves de forêts
indispensables à l'économie nationale de chacun de ces pays du
bassin du Congo, mais dont la conservation entre néanmoins dans la
logique internationale de leur gestion durable, nous permet de comprendre le
positionnement géostratégique de cette partie de l'Afrique dans
le puzzle mondial des ressources naturelles.
Mais si le débat sur le concept de la gestion durable
des ressources naturelles fait l'objet de tant d'attention et de passion dans
les pays soucieux du devenir de l'humanité, les gouvernants d'Afrique
centrale y prennent part en acteurs souvent pris entre le marteau de la
nécessité d'asseoir le développement économique de
leur pays et l'enclume de l'obligation d'une exploitation rationnelle de leurs
ressources naturelles. En effet, ils doivent utiliser la rente
forestière pour lutter contre la pauvreté et amorcer ainsi le
développement de leur pays sans pour autant faire en sorte que cette
exploitation nuise à l'équilibre de l'écosystème
forestier.
Cette vision écologique et sociale favorable à
une exploitation rationnelle des ressources forestières constitue le
nouvel enjeu de la foresterie du bassin du Congo en général et
respectivement au Cameroun et au Congo en particulier.
Indépendamment de leur richesse en espèces et
de leur taux d'endémismes, les forêts du bassin du Congo
représentent l'une des dernières régions au monde qui
possèdent de vastes étendues interconnectées de
forêts tropicales humides où les processus biologiques peuvent
encore se dérouler sans perturbation. C'est par exemple un des rares
endroits au monde où un animal de la taille de l'éléphant
de forêt peut encore librement agir sur son écosystème, tel
un « ingénieur » qui transforme le paysage,
influence la distribution des espèces et maintient le fonctionnement de
systèmes économiques naturels. D'autre part, rien que par sa
taille, la forêt du bassin du Congo constitue une réserve de
carbone d'importance mondiale pour la régulation du principal gaz
à effet de serre, le dioxyde de carbone. Enfin, cette forêt a
aussi un rôle régulateur sur le climat régional et local.
Elle assure notamment le recyclage de l'eau, car plus de 50% des
précipitations qui s'abattent sur la Cuvette congolaise proviennent de
l'évaporation et de l'évapotranspiration locales33(*).
Cependant, la destruction des écosystèmes
forestiers du bassin du Congo s'accélère sous l'effet
conjugué de la pression démographique, de l'aggravation de la
pauvreté et de l'action prédatrice de puissants groupes
industriels qui contournent les réglementations et
bénéficient de la complaisance des autorités. Selon la
FAO, au Cameroun, près de 2 millions d'hectares de forêts furent
perdus entre 1980 et 1995, près d'un dixième de la forêt
existant en 1980. Les taux de déboisement au cours de cette
période étaient en moyenne de 0,6%, ce qui représente le
2e taux le plus élevé de déboisement annuel
dans le bassin du Congo (Global Forest Watch). La production forestière
du Cameroun a triplé en 22 ans, passant de 1,2 millions de m3 en 1975
à 3,0 millions de m3 en 1997 ; 60% des espèces arbres sont
menacées de disparition ; plusieurs espèces d'animaux dont le
rhinocéros noir et le chimpanzé sont menacées
d'extinction. Alors que les pouvoirs publics justifient l'expansion de
l'exploitation forestière industrielle par les impératifs de
développement économique et social, on constate paradoxalement
que les régions forestières, dans lesquelles l'exploitation
industrielle est pratiquée depuis des décennies (voire dans
certains cas depuis le début de la période coloniale), restent
parmi les plus pauvres (enclavement, manque d'infrastructure de base, faible
scolarisation, faible couverture sanitaire, etc.).
On peut par conséquent s'interroger sur
l'efficacité réelle des politiques et des actions menées,
tant au niveau national que sous-régional et international, et engager
un débat sur le nécessaire réajustement et remodelage de
ces politiques. Pour certains acteurs forestiers, le principe
d'équilibre évoquée plus haut, affirmé lors du
sommet de Rio et du sommet des Chefs d'Etat d'Afrique centrale sur la
conservation et la gestion durable des forêts tropicales à
Yaoundé, et sur lequel se fondent les nouvelles législations
forestières nationales, constitue un leurre dans un contexte
caractérisé par l'instabilité politique,
l'insécurité alimentaire et l'aggravation de la pauvreté.
Sur la question de la gouvernance forestière, si la plupart des Etats se
sont dotés de réglementations forestières favorables en
théorie à une gestion durable des forêts, on peut cependant
déplorer le fait que ces règles peinent à être
appliquées : à la faiblesse des capacités humaines,
techniques et financières s'ajoute la corruption qui constitue
aujourd'hui un des obstacles majeurs à l'application effective des
nouvelles normes juridiques.
Au regard des enjeux multiples et du rôle des
forêts tropicales dans la préservation de l'environnement mondial,
la responsabilité de leur gestion durable devrait être globale et
ne saurait par conséquent incombée aux seuls pays abritant
celles-ci. Il s'agit d'une considération que les acteurs des pays du
bassin du Congo estiment légitime. La question de l'engagement et de la
solidarité de la communauté internationale est ainsi
posée. Mais suivant quels principes et quels mécanismes
doivent-ils se fonder ?34(*)
Paragraphe 2 : L'état des réformes
législatives et règlementaires
A- Les réformes législatives et
règlementaires au Cameroun
La Loi n°94/01 du 20/01/94 portant régime des
forêts, de la faune et de la pêche codifie les objectifs de la
politique forestière, de la faune et de la pêche et précise
sa mise en oeuvre. Ses textes d'application sont le Décret n°95/466
du 20/07/95 fixant le régime de la faune et le Décret
n°95/531 du 23/08/95 fixant le régime des forêts. La
Loin°96/12 du 05/08/96 porte sur l'environnement et n'a pas de
décret d'application.
La loi n° 94 du 20 janvier 1994 remanie en profondeur la
loi forestière 81/13 du 27 novembre 1981 portant régime des
forêts de la faune et de la pêche et son décret 83/169 du 12
avril 1983. Elle contient des éléments novateurs pour le pays et
la sous-région : zonage de l'ensemble du domaine forestier,
attribution concurrentielle des concessions d'exploitation, politique de
taxation, seuil obligatoire (forêts communales et forêts
communautaires).
La nouvelle politique forestière du Cameroun
intègre les préoccupations de la société
camerounaise et de la communauté internationale vis à vis de la
conservation de la nature, ainsi que des nouveaux concepts établis
à l'échelle mondiale en matière de développement et
de l'environnement. Elle s'articule en effet autour de cinq grandes
orientations à savoir: assurer la protection du patrimoine forestier et
participer à la sauvegarde de l'environnement et à la
préservation de la biodiversité de façon pérenne;
améliorer la participation des populations à la conservation et
à la gestion des ressources forestières afin que celles-ci
contribuent à élever leur niveau de vie; mettre en valeur les
ressources forestières en vue d'augmenter la part de la production
forestière dans le produit intérieur brut; assurer le
renouvellement de la ressource par la régénération et le
reboisement en vue de pérenniser le potentiel; dynamiser le secteur
forestier en mettant en place un système institutionnel efficace et en
faisant participer tous les intervenants dans la gestion forestière et
environnementale. Cette politique forestière apporte ainsi des
innovations susceptibles de contribuer davantage à un
développement durable des ressources forestières telles que la
création d'un fond de développement forestier, la
décentralisation de la gestion des ressources forestières, une
plus grande protection des écosystèmes forestiers et habitats de
la faune, la mise sur pied de mesures de soutien pour le maintien et le
renforcement de la place des nationaux dans l'activité industrielle du
secteur, le financement des activités de développement forestier
à travers des programmes, une différenciation dans la gestion,
des forêts permanentes et celles à vocations multiples, les
prélèvements de la ressource en fonction de la possibilité
des forêts, une préoccupation plus grande en matière de
protection du couvert végétal avec l'introduction de la notion
des zones à écologie fragile et enfin la valorisation des autres
produits forestiers.
Les objectifs de la politique forestière est de
«pérenniser et développer les fonctions économiques,
écologiques et sociales des forêts, dans le cadre d'une gestion
intégrée et participative qui assure de façon soutenue et
durable la conservation et l'utilisation des ressources et des
écosystèmes forestiers». Dans les forêts du domaine
permanent, l'aménagement forestier procède entre autre du souci
de disposer d'un couvert forestier d'au moins 30 pour cent du territoire,
représentant la biodiversité nationale et composé de
massifs forestiers dont les vocations et les modes de gestion sont
définis par les plans d'aménagement. Le domaine non permanent
est le lieu privilégié de la foresterie communautaire et il est
tenu compte des besoins des populations en terres forestières. Compte
tenu de la taille actuelle des exploitations agricoles et du taux
d'accroissement de la population, les superficies affectées aux
populations riveraines des massifs dans le domaine forestier national (zone
à vocation multiple) couvre environ 4 millions hectares. Ces superficies
sont sensées couvrir les besoins des populations en terre jusqu'à
2020. Actuellement, les aires protégées couvrent un peu plus de 2
millions hectares et les zones forestières dédiées
à la production environ 6 millions d'hectares.
B- Les réformes législatives et
règlementaires au Congo
La loi n°16/2000 du 20 novembre 2000 portant Code
forestier est une version révisée des lois 4/74 du 4 janvier
1974, 16/82 et 32/82 de 1982 tenant compte des évolutions
récentes intervenues ces dernières années au niveau
international quant à la gestion forestière et la conservation de
l'environnement d'une part, et du nouveau contexte sociopolitique du Congo,
d'autre part. Cependant, la gestion de la faune reste régie par la loi
48/83 en attendant une nouvelle loi en cours d'élaboration. La gestion
de l'environnement est, quant à elle, basée sur la loi 03/91 du
23 avril 1991 qui vise entre autre à renforcer la protection et la
préservation de la faune et de la flore sauvage, la gestion, le maintien
et la conservation des ressources naturelles, le patrimoine culturel, naturel,
historique, la prévention et la lutte contre les atteintes à
l'environnement et à la santé des personnes ou à leurs
biens.
La nouvelle loi forestière repose sur les principes
fondamentaux de gestion durable des ressources forestières, de gestion
participative impliquant les pouvoirs publics, les populations rurales, le
secteur privé et les ONG, de gestion des forêts en tant
qu'écosystème et de déconcentration de la gestion des
ressources forestières. En matière de production, elle a un
triple objectif:
- désengagement de l'Etat avec la privatisation des
sociétés d'Etat datant des années 70,
- réunir les conditions favorables à
l'investissement privé et sur une plus grande industrialisation de la
filière,
- la gestion durable de la forêt. Cette politique a
entraîné de profonds bouleversements obligeant les
différents intervenants à avoir une triple démarche
d'exploitant, d'industriel et d'aménageur. L'exploitation durable des
forêts doit participer au développement des régions tout en
garantissant la protection et la conservation des écosystèmes.
Ceci implique la réalisation préalable d'inventaires,
l'élaboration et l'application des plans d'aménagement pour les
différentes UFA. La constitution des UFA et l'élaboration des
plans d'aménagement devront à terme couvrir l'ensemble des
forêts du domaine de l'Etat. Il est également prévu la
réalisation de plantations forestières et de travaux sylvicoles
pour la production des bois d'industries et d'énergie, l'augmentation du
patrimoine forestier et l'amélioration des rendements des forêts
exploitées. Au cours de la prochaine décennie, l'Unité
d'afforestation du Congo (UAIC) s'est fixé pour objectif de planter 100
000 hectares d'eucalyptus supplémentaires, principalement dans la
région côtière.
En matière de conservation, la constitution,
l'aménagement et la gestion d'un réseau d'aires
protégées (réserves et parcs, etc.) pour conserver la
diversité des écosystèmes sont renforcés. La
superficie totale des aires protégées couvre actuellement environ
6 pour cent de la superficie totale du territoire et l'ambition du Congo est
d'atteindre une superficie d'au moins de 10 pour cent.
En matière en protection des forêts, la loi
6/2000 du 20 novembre 2000 portant code forestier dispose que: «dans
toutes les dépendances du domaine forestier, il est interdit d'allumer
un feu ou d'abandonner un feu non éteint». Toutes personnes
constatant un incendie de forêt ou un feu susceptible de se communiquer
à une forêt doit s'efforcer de l'éteindre ou d'avertir
d'urgence l'autorité locale la plus proche, cette dernière est
tenue de prendre toutes les dispositions utiles. Les agents de
l'autorité administrative locale et, à défaut, les
responsables locaux de l'administration des eaux et forêts, peuvent
requérir les habitants des villages voisins et toutes personnes à
proximité pour lutter contre le feu.
Le Ministre chargé des eaux et forêts
prévoit par arrêté des mesures de prévention des
incendies de forêt et fait préparer des plans d'intervention pour
les zones forestières présentant des risques d'incendies.
L'administration des eaux et forêts veille sur les
plans d'aménagement à un niveau national, régional et
local, et sur les activités dans le domaine forestier national afin
qu'elles se fassent de manière à éviter sa destruction et
à assurer sa pérennité, son extension et son exploitation
dans les conditions rationnelles. Ces activités doivent être
réalisées dans l'objectif de gestion rationnel des ressources
forestières sur la base d'un aménagement durable des
écosystèmes forestiers, garantissant une production
forestière soutenue, tout en assurant la conservation de l'environnement
et notamment la diversité biologique. Toute intervention dans le domaine
forestier non conforme aux dispositions de la loi sus citée et des
règlements pris pour son application constitue une infraction (par
exemple, pâturage dans des zones non autorisées, cultures en
forêt, feux de brousse et incendies de forêt, mutilation et autres
actions préjudiciables aux arbres) et expose son auteur aux
pénalités.
CHAPITRE 2 : LE CHOIX
DE POLITIQUES RELATIVEMENT COORDONNEES
Nous envisagerons d'abord ici les nouvelles politiques de
gestion forestière élaborées par les pays concernés
(section 1), avant d'examiner le nouveau cadre institutionnel de gestion
durable des forêts (section 2)
Section 1 : Les
nouvelles politiques de gestion forestière
L'examen de la planification des espaces
forestiers nationaux (paragraphe1), précèdera celui de la gestion
communautaire de la faune et de la flore (paragraphe 2)
Paragraphe 1 : La planification des espaces
forestiers nationaux
A- Statut légal et mode d'affectation des
forêts
Les forêts peuvent
être classées suivant leur destination ou leurs modes
d'utilisation ou, suivant le régime de la propriété
forestière. Suivant le mode d'utilisation, on distingue les forêts
classées qui englobent en principe les surfaces déclarées
par la loi comme devant rester de façon permanente sous couvert
forestier (les forêts de protection, les forêts de production
et les forêts récréatives) et les forêts
protégées. La classification fondée sur le régime
forestier permet d'établir la propriété foncière.
On distingue ici : Le domaine forestier de l'Etat ou forêt
domaniale ; le domaine forestier des collectivités publiques
locales ; Les forêts communautaires et les forêts de
particuliers. Ces deux types de forêts constituent un régime
d'exception, les forêts domaniales constituant le régime de droit
commun35(*).
Le cadre juridique de classification des terres au Cameroun
utilise la distinction « domaine permanent versus domaine
non permanent », qui est l'équivalent des catégories
« domaine classé » et « domaine
protégé » utilisés dans d'autres pays d'Afrique.
Les collectivités publiques locales se voient reconnaître la
possibilité de disposer de forêts dans leur patrimoine
privé. Le législateur a choisi de placer les forêts
communautaires dans le domaine national, autrement dit dans la catégorie
des forêts non permanentes. La foresterie privée est possible.
Comme le note Maurice Kamto (2001), « il est possible
d'accéder légalement à la propriété
foncière d'une dépendance du domaine national de première
catégorie par la plantation des forêts : une personne ayant
mis en valeur une portion du domaine national sous forme d'une plantation
forestière peut en devenir propriétaire si elle obtient sur
ladite portion une concession définitive. Il convient de noter qu'en
revanche l'article 15 de l'ordonnance 74-1 fixant le régime foncier fait
obstacle à l'accès direct à la propriété
foncière des forêts du domaine national aux personnes physiques et
aux personnes morales de droit privé (compagnies forestières par
exemple), dans la mesure où ces forêts font partie des
dépendances de deuxième catégorie du domaine national,
c'est-à-dire les terres libres de toute occupation effective. Ces
personnes peuvent qu'en être concessionnaires ».
Dans le cadre de la tradition juridique congolaise
inspirée du droit français, le domaine public ne peut être
aliéné (contrairement au domaine privé); or, les
plantations privées peuvent être constituées à
partir d'actes se situant sur le domaine public, ce qui équivaut
à une aliénation au profit d'une personne privée puisque
même les arbres non plantés deviennent propriété de
l'opérateur. Au Cameroun, le législateur a prévu une
catégorie spécifique (le domaine national) qui permet de
contourner cette difficulté. Faute de cette facilité, le
législateur congolais admet qu'au moins une partie des ressources
boisées du domaine public peut être aliénée et
conduire à la constitution de plantations privées. Un couple
d'articles (3636(*) et
3737(*)) est
particulièrement intéressant et novateur dans le contexte de la
sous-région: le planteur acquiert la jouissance (sous réserve du
droit des tiers) exclusive, transmissible, mais pas la propriété
du terrain. Ce droit cesse avec l'abandon ou le défrichement. On a
là une disposition qui crée potentiellement un cadre incitatif
pour des plantations privées / paysannes38(*).
Les forêts restent très largement
propriété publique en Afrique centrale. Plusieurs
législations permettent la constitution de forêts privées,
généralement par le biais des plantations, sauf en RDC où
des forêts naturelles sises sur des concessions foncières sont
reconnues propriété du concessionnaire foncier. En pratique, la
foresterie privée est quasi inexistante. Quatre pays (Cameroun,
Guinée-équatoriale, Gabon, RDC) ont adopté des
dispositions juridiques permettant l'exercice de la foresterie communautaire,
avec des forêts communautaires constituées au Cameroun et en
Guinée-équatoriale. Mais seul le Cameroun a prévu que les
collectivités publiques locales (ici, les communes) puissent avoir un
domaine privé forestier. Enfin, le statut juridique réel n'est
pas toujours en phase avec l'intention du législateur: la constitution
d'un domaine forestier permanent passe par le classement effectif des
forêts, ou par un acte juridique formel équivalent visant à
verser des massifs forestiers précis dans la catégorie
visée. Seul le Cameroun a entamé un vaste processus de classement
pour les forêts de sa partie méridionale. La dualité entre
le droit positif «moderne» et les droits coutumiers qui
régissent largement les rapports sociaux et les pratiques quotidiennes
d'accès à la terre est un constat valable pour tous les pays de
la sous-région. L'articulation entre le droit foncier positif, les
pratiques d'accès à la terre régies par le droit
coutumier, et les codes forestiers constitue un défi juridique et
institutionnel que les pays devront aborder tôt ou tard.
B- L'aménagement forestier
Au Cameroun l'article 23, loi n°94/01
définit l'opération d'aménagement comme
étant : « la mise en oeuvre, sur la base d'objectifs et
d'un plan arrêté au préalable, d'un certain nombre
d'activités et d'investissements, en vue de la production soutenue de
produits forestiers et de services, sans porter atteinte à la valeur
intrinsèque, ni compromettre la productivité future de ladite
forêt et sans susciter d'effets indésirables sur l'environnement
physique et social ». Au Congo, la loi 16/2000 impose la
mise sous aménagement des forêts d'exploitation ou de
conservation. Il n'existe pas encore de normes nationales d'aménagement.
Toutefois, des directives d'aménagement ont été
validées en 2004. Elles offrent une méthodologie
d'élaboration des plans d'aménagement en présentant les
procédures administratives et les actions techniques à
entreprendre.
La mise en oeuvre de l'aménagement forestier
comporte trois phases : l'inventaire des ressources forestières,
l'élaboration d'un plan d'aménagement et la sylviculture.
1- L'inventaire des
ressources forestières
L'inventaire consiste en un recensement des ressources
forestières. De façon générale, on distingue d'une
part l'inventaire en vue d'une exploitation immédiate qui concerne
les seuls arbres de fort diamètre et un nombre limité d'essences
utiles ; et d'autre part, l'inventaire en vue d'un
aménagement basé sur la valeur d'avenir des peuplements
existants et comprenant, outre les essences d'un intérêt
commercial immédiat, celles qui sont susceptibles de le devenir, tous
les arbres étant comptés à partir d'un certain
diamètre classé par catégories. Plusieurs pays du bassin
du Congo39(*) ont
déjà procédé à l'inventaire de leurs
ressources forestières. L'inventaire doit pouvoir permettre de
déterminer le volume des bois exploitables, fournir les données
des populations et procéder à une évaluation des produits
autres que le bois.
2- L e plan
d'aménagement forestier
C'est un document qui fixe les règles de culture de
divers étages du peuplement et des normes d'exploitation.
L'aménagement constitue un préalable à toute exploitation.
Plusieurs projets d'aménagement forestiers existent au Cameroun. Il en
est ainsi des projets d'aménagement pilote intégré (API)
à Dimako dans l'Est du pays, Tropenbos à Kribi dans le Sud, ODA
à Mbalmayo dans le Centre ... Toutefois, le projet SOLOLOLA, crée
par le décret n° 92/004 du 10 janvier 1992 avec pour partenaire
l'OIBT, est considéré comme exemplaire des nouvelles politiques
d'aménagement tournées vers la gestion écologiquement
rationnelle des ressources forestières au Cameroun. Il place le Cameroun
à l'avant-garde de la planification forestière en Afrique.
Au Congo, le code forestier organise l'aménagement
autour des circonscriptions de base qui facilitent les tâches de gestion
de conservation de reconstitution et d'exploitation. Le plan
d'aménagement établi tous les cinq ans, couvre toutes les
unités forestières d'aménagement (UFA) et comporte la
liste des essences, le volume maximal annuel de coupe et la durée de
l'exploitation de l'UFA. Dans le secteur, six entreprises d'exploitation
forestières (CIB, BPL, Thanry-Congo, Mokabi S.A., ITBL et IFO) se sont
actuellement lancées dans la réalisation de plans
d'aménagement pour une superficie d'environ 4 millions d'hectares
comprenant 9 UFA et une UFE. Dans le secteur sud, quatre entreprises (FORALAC,
Nouvelle Trabec, Man Faï Taï et Taman) viennent de signer des
protocoles techniques d'accord pour l'élaboration des plans
d'aménagement pour leurs concessions qui comprennent 11 UFE pour environ
1.8 millions d'hectares40(*). Malheureusement, il est à déplorer que
les dispositions des codes forestiers relatives à l'aménagement
et à la réalisation des inventaires souffrent
d'inapplication.41(*)
3- La sylviculture et la
reforestation
Parce qu'il est le principal propriétaire des
forêts l'Etat assume la responsabilité principale de la
régénération, les particuliers et les collectivités
locales, y participant à titre secondaire.
- La régénération des forêts par
l'Etat : Les efforts de régénération
forestière en Afrique sont anciens42(*). Cependant, on y constate un certain retard. Il y a
trois raisons à cela : d'abord l'utilité même de la
régénération fut longuement discutée par les
autorités qui en étaient responsables car l'exubérance de
la forêt faisait illusion : il y avait une forte croyance en la
régénération naturelle ; la sylviculture paraissait
de peu d'intérêt, le bois étant concurrencé par
d'autres matériaux. On professait la mort du bois et pourtant sa valeur
n'a cessé de s'apprécier au fil des années43(*). Enfin, la
préférence en matière d'investissement allait à
d'autres secteurs jugés prioritaires par rapport à la
sylviculture. En dépit d'importants projets de reboisement entrepris
dans des pays tels que le Cameroun (1000 hectares environ de forêts
replantées par an dans la zone de forêt dense). Au Congo, les
principales essences plantées sont en forêt dense l'okoumé
(Aucoumea klaineana), le limba, le bilinga (Nauclea
diderrichii), le moabi (Baillonella toxisperma), le pao-rose
(Swartia fistuloïdes) et le tiama (Entandrophragma
angolense). En savane, il s'agit des pins (Pinus caribaea, Pinus
oocarpa), des Eucalyptus, Araucacia et Acacia. La
recherche forestière congolaise a obtenu des résultats
remarquables en matière de sylviculture de certaines essences locales,
principalement le limba, et d'essences exotiques à croissance rapide
(pins et eucalyptus essentiellement) ainsi que de leur plantation en dimension
industrielle. En effet, dès 1976, la technique de clonage de
l'eucalyptus à croissance rapide fut mise au point. Depuis, la technique
a été développée à l'échelle
industrielle. Le limba, espèce héliophile, a été
utilisé dès 1949 pour être planté après
destruction partielle puis totale de la forêt par méthodes
manuelles ou mécanisées. La plantation est effectuée
à larges écartements pouvant atteindre 12 m x 12 m.
L'amélioration des forêts naturelles est également
appliquée au Congo. Le couvert est ouvert une première fois lors
de l'exploitation commerciale. Une éclaircie sélective
complémentaire est ensuite pratiquée immédiatement dans
les espèces secondaires dominantes afin de favoriser la croissance des
espèces commerciales dominantes. Cette coupe mixte
régénération/abri a aussi pour but de stimuler à
terme la régénération en essences commerciales.
- La régénération des
forêts par les collectivités locales : Certaines mesures
incitatives permettent de promouvoir la foresterie en milieu rural par le biais
de la sylviculture des particuliers et des collectivités locales. Au
Cameroun, le décret N° 85-1168 du 23 août 1985 institue une
prime à la création des plantations nouvelles de caféiers,
de cacaoyer et d'essences forestières. En pratique, l'on constate que
les paysans camerounais sont plus enclins à défricher la
forêt pour y installer des plantations de cacaoyers et de caféiers
plutôt que d'essences forestières.
Au Congo, malgré la révision du cadre
législatif et la réorganisation de la production, il existe
toujours des lacunes dans la mise en oeuvre des différents programmes,
particulièrement dans la maîtrise des potentialités
ligneuses, l'élaboration et le suivi des plans d'aménagement, la
transformation, l'attribution des concessions forestières, le
recouvrement des taxes et redevances. L'application des plans
d'aménagement sur le terrain s'est avérée difficile du
fait notamment de la faible capacité des institutions forestières
nationales, ainsi que des problèmes techniques et d'adaptation aux
conditions socio-économiques locales. En effet, le système des
UFA au Congo aurait pu servir de bases solides à une industrie
forestière durable mais c'était sans compter sur l'insuffisance
du personnel de terrain pour contrôler les UFA, le monopole de l'Etat sur
le domaine forestier et enfin les planifications forestières qui
jusqu'à présent excluaient les autres intérêts en
jeu (conservation...).
Le pays a traversé durant la dernière
décennie des périodes de crise économique et politique
parfois violentes (guerres civiles de 1993 et de 1997) entraînant une
désorganisation étatique et le renforcement de l'exploitation
anarchique des ressources naturelles. Tous les points
énumérés ci-dessus sont de ce fait sous tendus par la
consolidation de la paix sociale et la mise en place d'institutions
démocratiques nationales, stables et durables.
Paragraphe 2 : La gestion communautaire de la
faune et de la flore
A- La création des forêts
communautaires
Les forêts communautaires constituent
un régime d'exception, les forêts domaniales constituant le
régime de droit commun. Les forêts communautaires, que l'on
appelle ailleurs « forêts des collectivités »,
englobent toutes les formes de jouissance et de propriété de
plein droit sur l'espace forestier, exercées par des groupes de
personnes formellement constitués ou par des communautés44(*). Les forêts
communautaires ont été crée pour faciliter la
participation des communautés locales à la gestion durable et
équitable des ressources naturelles, et leur accès aux
bénéfices sociaux et économiques de ces ressources. Les
forêts pouvant faire l'objet d'une convention de gestion de forêt
communautaire sont celles situées à la périphérie
ou à la proximité d'une ou de plusieurs communautés et
dans lesquelles leurs populations exercent leurs activités. Toute
forêt susceptible d'être érigée en forêt
communautaire est attribuée en priorité à la
communauté riveraine la plus proche. Lorsqu'une forêt est
limitrophe de plusieurs communautés, elle peut faire l'objet d'une
convention de gestion collective signée selon la sphère de
chevauchement par le Préfet, le Gouverneur ou le ministre en charge des
forêts.
D'une manière générale, les
législations sur cette catégorie de forêts sont
incomplètes. A titre d'exemple, au Congo, les « forêts
de développement communautaire » n'ont pas un statut
particulier, la loi se contentant de dire qu'elles sont affectées
à la subsistance des populations y résidant. Elle ajoute que,
selon les besoins, l'Etat pourra garantir le maintien des espaces forestiers
nécessaires à ces populations et entreprendre des programmes de
développement économique à leur bénéfice,
notamment de types sylvicoles ou sylvo-pastoraux. Au Cameroun, les forêts
communautaires constituent une catégorie nouvelle, dans la mesure
où la loi n°81/13 du 27 novembre 1981 portant régime des
forêts, de la faune et de la pêche ne l'envisageait pas
expressément. Le législateur de 1994 qui l'institue n'en fournit
d'ailleurs pas une définition, et se borne à préciser que
toute activité dans une forêt communautaire doit, dans tous les
cas, se conformer à son plan de gestion ; d'autre part, que
« les produits forestiers de toute nature résultant de
l'exploitation des forêts communautaires appartiennent entièrement
aux communautés villageoises concernées » (article 37).
Cette catégorie de forêt est définie par le décret
n°95/531 fixant les modalités de la loi n°94/01 qui entend par
là « une forêt du domaine forestier non permanent,
faisant l'objet d'une convention de gestion entre une communauté
villageoise et l'administration chargée des forêts »
(article 3-11). Ainsi, depuis 2001, seule une exploitation artisanale est en
principe autorisée sur les forêts communautaires. La surface des
forêts communautaires est plafonnée à 5.000 hectares et
celles-ci doivent être dotées d'un plan simple de gestion
validé par l'administration. Les populations locales devraient
bénéficier également de l'exploitation des forêts
communales à travers les redevances versées à la commune
par le bénéficiaire du permis.
B- La création des aires
protégées
Juridiquement, une aire
protégée « est un espace soumis à un
régime spécial, exorbitant du droit commun, qui permet
d'interdire ou de réglementer les activités humaines susceptibles
de porter atteinte au milieu naturel »45(*). Il existe deux principales
catégories d'aires protégées : les parcs nationaux et
les réserves naturelles.
La procédure de création est la même pour
les parcs nationaux et les réserves naturelles. Cependant, les
réserves du patrimoine mondial de l'UNESCO obéissent à une
procédure particulière.
La
décision de création des parcs nationaux et les réserves
naturelles de statut national46(*) est sanctionnée par un acte
réglementaire publié suivant les formes légales. La
situation de l'immeuble classée doit être communiquée aux
autorités locales concernées de telle façon que l'acte de
classement soit transcrit à chaque révision du cadastre. Lorsque
le classement modifie la situation juridique ou l'utilisation antérieure
des lieux et déterminant un préjudice matériel et certain,
il doit donner droit à une indemnité au profit des
propriétaires, des titulaires des droits ou de leurs ayants droits, sur
la base de l'application du principe classique de l'expropriation pour cause
d'utilité publique. Le déclassement total ou partiel d'un
territoire classé est possible, mais il ne peut être
prononcé qu'après enquête publique. Il est alors
notifié aux intéressés et communiqué aux
autorités dûment désignées par la
réglementation. Il faut ajouter ici que les
Etats ont également procédé à la création
d'aires protégées transnationales. Le cas du Tri-National de la
Sangha est à cet effet plus que révélateur47(*).
L'expérience du sanctuaire de gorille de Lossi
au Congo
Depuis 1992, une expérience sur l'habituation des
gorilles de plaine à la présence humaine se déroule dans
la forêt de Lossi. Deux groupes de gorilles ont été
habitués à la présence humaine par deux primatologues, ce
qui a constitué la principale motivation de la population locale pour la
création d'un sanctuaire dont l'objectif premier est le tourisme de
vision. La population a adressé une lettre de motivation pour le
classement de cette zone forestière en sanctuaire au Ministre de
l'économie forestière. ECOFAC a sollicité auprès du
projet APFT, la réalisation d'une expertise anthropologique de
faisabilité de ce sanctuaire. Cette étude a permis d'une part de
déterminer les lignages et les familles ayant des terres sur le site et
d'autre part de les structurer en associations. Elle a également
aidé à finaliser les statuts et règlements
intérieurs du sanctuaire et de l'association et à
légitimer les accords. Cet encadrement a permis de conseiller la
population pour la mise en place d'activités communautaires. L'expertise
de faisabilité a révélé le besoin de la population
d'exploiter de façon saisonnière certaines ressources
forestières, en particulier les PFNL.
La création par la population du sanctuaire de
gorilles de Lossi a bénéficié d'un contexte juridique
favorable à ce genre d'initiative. En effet, à l'époque,
le code forestier congolais (Loi n° 16-2000 du 20 novembre 2000)
était en pleine révision afin de prendre en compte les aspects
relatifs à la gestion participative durable des forêts. Le
sanctuaire rentre dans la catégorie des réserves spéciales
ayant pour but la protection des communautés caractéristiques de
faune (ici Gorilla gorilla gorilla) et des biotopes indispensables
à leur survie.
Le décret officiel de création du sanctuaire de
gorilles a été signé par le Gouvernement congolais le 10
mai 2001. Il montre clairement la volonté des autorités de mettre
en place une gestion des ressources naturelles en partenariat avec les
populations locales. Ce décret confirme la délimitation de l'aire
protégée telle que voulue par les ayants droit des terres de
Lossi, en tenant compte de leurs besoins en exploitation des ressources
naturelles et des préoccupations à la fois des chercheurs
primatologues, du programme ECOFAC et du Ministère en charge des
forêts pour la conservation de la biodiversité du site, en
particulier des gorilles (espèce intégralement
protégée au Congo). L'aménagement du sanctuaire a
cependant été initié dès 1994 à des fins de
tourisme de vision et de récréation, avec les
caractéristiques suivantes:
- la sécurisation d'une zone d'habituation des
gorilles et la sensibilisation des populations locales sur l'importance de la
biodiversité et la nécessité de la conserver;
- la création d'activités alternatives à
la chasse pour les populations vivant dans la zone;
- la recherche sur les populations de gorilles et leur
recensement régulier;
- l'implication de la communauté villageoise dans la
gestion et la répartition des bénéfices
générés par l'activité touristique.
La forêt est officiellement gérée par le
Ministère de l'économie forestière, chargé de la
pêche et des ressources halieutiques, par l'intermédiaire du
Conservateur du PNOK nommé par la Direction des forêts et des
aires protégées (DFAP). Le conservateur du sanctuaire s'occupe
des relations avec les différentes administrations et il veille à
la bonne gestion de la forêt. Sur le terrain, c'est le programme ECOFAC
(Programme de conservation et utilisation rationnelle des
écosystèmes forestiers d'Afrique centrale) qui appuie les
recherches sur l'habituation des gorilles et l'implication des populations
locales.
Les populations locales, en particuliers les ayants droit des
terres de Lossi qui ont cédé leurs terres à la
conservation, se sont constituées en une association des ayants droit
traditionnels sur les terres de Lossi (AATL). Elle sera
représentée au conseil d'administration afin de prendre part
à toutes les décisions liées aux activités de
gestion du sanctuaire. Pour le moment, l'association régule
l'accès au sanctuaire pour les activités de cueillette et de
pêche saisonnière, et elle est chargée de la gestion du
site touristique et de l'entretien de la piste d'accès. Il n'y a pas
d'ONG dynamique dans la zone avec qui l'AATL pourrait collaborer. Trois
villages (Lengui-lengui, Ombo et Mouangui) sont actuellement concernés
par le sanctuaire de gorilles de Lossi.
Cette expérience pilote se caractérise d'une
part par le fait que les ayants droits ont décidé de céder
les terres ancestrales pour créer ce sanctuaire et d'autre part, par
leur implication dans la gestion du sanctuaire de gorilles afin de
bénéficier des retombées financières
générées par l'écotourisme. Ces revenus sont
utilisés dans la réalisation d'actions communautaires. Le
dénombrement des ayants droits qui détenaient des droits
coutumiers sur les terres de Lossi a été réalisé en
1996. La délimitation de la zone a été entreprise la
même année par la population, encadrée par l'anthropologue
de l'APFT et bénéficiant de l'appui des chercheurs primatologues
et du chef de composante ECOFAC-Congo. La technique du participatory mapping
(cartographie participative) a permis aux ayants droit de délimiter la
zone à classer en sanctuaire tout en se réservant une grande zone
pour les activités de subsistance. Le plan directeur
d'aménagement du sanctuaire a été préparé en
2000, avec pour objectifs d'évaluer les différentes ressources,
d'identifier et d'évaluer l'importance et l'impact des
différentes formes d'exploitation villageoise sur ces ressources,
d'évaluer les contraintes de développement auxquelles sera
confronté le sanctuaire et évaluer les impacts potentiels des
actions d'une exploitation forestière périphérique sur les
ressources du sanctuaire.
Section 2 : Le nouveau cadre institutionnel de
gestion durable des forêts
Nous étudierons ici le nouveau cadre
institutionnel au Cameroun et au Congo (paragraphe 1), avant d'envisager le
cadre institutionnel sous-régional (paragraphe 2)
Paragraphe 1 : Le nouveau cadre institutionnel au
Cameroun et au Congo
A- Les nouvelles institutions forestières du
Cameroun
La gestion de la forêt et de
l'environnement incombe à un ensemble d'institutions variés dont
les structures, compétentes, moyens financiers et humains conditionnent
la réalisation des objectifs fixés en la matière. Jusqu'en
1992, la gestion des ressources forestières était
caractérisée par une dispersion des centres de décision.
La gestion de la forêt relevait du Ministère de l'Agriculture
alors que celle de la faune dépendait de la Délégation du
Tourisme. En 1992, la création d'un Ministère de l'environnement
et des Forêts avait régularisé cette situation en
confirmant ce dernier comme le principal centre de décisions pour les
problèmes forestiers. Vers la fin de 2004, la gestion des aires
protégées fut assignée à un nouveau
Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature, mais
cette décision avait été révoquée par un
décret du Président de la République de décembre
2005. Aujourd'hui les diverses institutions qui s'occupent de forêts,
qu'elles soient publiques ou privées, centrales, locales ou
coutumière, sont fédérées autour de deux
ministères résultant de la réforme de l'ancien
Ministère de l'Environnement des Eaux et forêts (MINEF) : un
Ministère des Forêts et de la Faune (MINFOF) et un
Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP).
Le MINFOF dispose de services centraux, installés
à Yaoundé, chargés de manière globale de la
coordination et du suivi de l'exécution de la politique nationale
forestière (gestion du patrimoine forestier) et faunique et de services
extérieurs, placés sous l'autorité des premiers, qui
assurent à l'échelle des provinces et départements la
coordination et le suivi de l'ensemble des activités du
ministère
Par ailleurs, le MINFOF avait sous tutelle un organisme
parapublic (l'Office National de Développement des Forêts, ONADEF)
dont les missions portaient sur la réalisation des inventaires
forestiers, l'aménagement forestier, la promotion du bois, la lutte
contre la désertification, la surveillance du couvert
végétal et le développement des systèmes
d'information géographique. L'ONADEF est aujourd'hui devenu l'Agence
Nationale d'Appui au Développement Forestier (ANAFOR) et a pour fonction
d'appuyer la mise en oeuvre du programme national de développement des
plantations forestières privées et communautaires48(*).
B- Les nouvelles institutions forestières au
Congo
Au Congo, les activités de gestion
forestière relèvent à la fois de l'administration publique
(Etat, propriétaire des terres), du secteur privé ou parapublic
(propriétaire des outils de production) et des communautés
rurales (qui possèdent des droits d'usage). L'organisation de
l'administration forestière est constituée d'une administration
centrale, de directions régionales (départements) exerçant
dans la pratique des compétences décentralisées, ainsi que
d'organisme sous tutelle. Au sein du Ministère de l'économie
forestière et de l'environnement, c'est la direction des forêts,
faisant partie de la direction générale de l'économie
forestière, qui est notamment chargée de proposer la politique de
gestion durable des ressources forestières et de veiller à son
application. Elle s'appuie en particulier sur les services forestiers
départementaux, qui réalisent la plupart des actes de gestion
(permis, taxation, contrôle, registres et statistiques).
La structure du Ministère de l'économie
forestière et de l'environnement est conçue avec ce qu'il faut
d'horizontalité pour permettre une bonne répartition et une
spécialisation des tâches tout en évitant les
chevauchements, et suffisamment de verticalité pour permettre la
coordination et les arbitrages.
Notons toutefois qu'une étude récente (REM,
2005) indiquait que 60% des agents de l'administration forestière
étaient concentrés dans les services centraux et qu'une centaine
seulement se trouvait au niveau des brigades de contrôle, ce qui
correspond à un agent de terrain pour contrôler 100.000 hectares
de forêts exploitables. Une dynamique de recrutement d'un millier d'agent
sur 5 ans avait été engagée depuis 2005 pour pallier
à ce déficit49(*).
Paragraphe 2 : Le cadre institutionnel
sous-régional
A- Les organisations sous-régionales
Outre la participation active au niveau
international, les pays d'Afrique centrale ont, au cours des vingt
dernières années, mis en place plusieurs initiatives et exercices
sous régionaux de planification et de gestion de leurs ressources
forestières. Il s'agit en particulier de :
- l'Organisation africaine du bois (OAB) : crée
en 1976, elle regroupe 13 pays dont l'ensemble des pays du bassin du Congo. Ses
objectifs concernent en particulier l'harmonisation des politiques nationales
en matière de commercialisation du bois de conservation des
forêts, de reboisement, d'aménagement forestier etc.
- la Conférence sur les écosystèmes
forestiers denses et humides d'Afrique centrale (CEFDHAC) : appelée
aussi Processus de Brazzaville, la CEFDHAC a été crée
à Brazzaville en mai 1996 ; elle constitue un cadre de concertation
et de réflexion entre tous les intervenants du secteur forestier
(gouvernement, parlementaires, secteur privé, ONG etc.) sur toutes les
questions relatives à la gestion durable des écosystèmes
forestiers d'Afrique centrale. Dix pays en sont membres (Burundi, Cameroun,
Centrafrique, République du Congo, RDC, Guinée Equatoriale,
Rwanda, Tchad et Sao Tome et Principe).
- le processus de Yaoundé : il a vu le jour en
mars 1999 à la suite du sommet de six Chefs d'Etat d'Afrique centrale
tenu à Yaoundé dans le but de discuter des problèmes
relatifs à la conservation et la gestion durable des ressources
forestières du bassin du Congo, en particulier la création des
zones protégées transfrontalières. A l'issue de ce sommet,
la Déclaration de Yaoundé a été signé et la
Conférence des Ministres chargés des Forêts d'Afrique
Centrale (COMIFAC) a été créée. Aujourd'hui, le
Processus de Yaoundé compte sept pays membres : Cameroun, les deux
Congo, Centrafrique, Gabon, Guinée Equatoriale et Tchad.
- le Programme régional de gestion de l'information
environnementale (PRGIE) : à l'initiative de la Banque mondiale, le
PRGIE vise la promotion de la coopération en matière de
production, échange, diffusion et usage des informations
environnementales entre six pays d'Afrique centrale : Cameroun, les deux
Congo, Gabon, Centrafrique et Guinée Equatoriale.
- le Partenariat forestier dans le bassin du Congo
(PFBC) : créé à l'issue de la Conférence des
Nations Unies sur l'environnement tenue en septembre 2002 à
Johannesburg, la PFBC est une association de 29 organisations gouvernementales
et non gouvernementales oeuvrant pour l'amélioration de la communication
et la coordination des programmes, projet et politiques en vue de la gestion
durable des écosystèmes forestiers dans le bassin du Congo.
B- Les réseaux sous-régionaux
En ce qui concerne les réseaux
sous-régionaux les plus représentatifs de gestion durable des
forêts du bassin du Congo, il y a entre autre : Le Programme pour la
conservation et l'utilisation rationnelle des écosystèmes
forestiers en Afrique centrale (ECOFAC) ; le Programme Régional de
l'Afrique Centrale pour l'Environnement (CARPE),50(*) lancé en 1995 avec pour
objectif global de réduire la déforestation des forêts
tropicales du bassin du Congo ; le Programme de Capitalisation et de
transfert des résultats des recherches menées dans les
forêts denses et humides d'Afrique (FORAFRI),51(*) lancé en 1996 ; le
Centre de Coopération Internationale en Recherche agronomique pour le
Développement (CIRAD) ; le Centre International pour la recherche
forestière (CIFOR) ; le Projet Régional de Gestion de
l'Information Environnementale (PRGIE)52(*), lancé en 1996 et mis en oeuvre par
l'association pour le développement environnemental (ADIE), issue d'un
protocole d'accord de coopération entre les pays membres en vue
d'honorer leur engagement vis-à-vis de la Convention sur la
diversité biologique.
Pour ce qui concerne les réseaux régionaux, on
peut citer : le Réseau de Politiques Forestières du Bassin
du Congo (REPOFBAC)53(*)
né en 1999; Le Réseau des Institutions de Formation
Forestière et Environnementale d'Afrique Centrale (RIFFEAC)54(*), créé en 2001,
au Gabon; le Réseau des Femmes Africaines pour le Développement
Durable (REFADD)55(*)
créé lors de la 2e conférence sur les
écosystèmes de forêts denses et humides d'Afrique Centrale
tenue à Bata, en Guinée Equatoriale en juin 1998 ; le
Réseau Africain d'Action Forestière (RAAF) 56(*); Le Réseau des
Parlementaires d'Afrique Centrale57(*) dont la mise en place a été
recommandée par la 3e session de la CEFDHAC organisée
en juin 2000 à Bujumbura au Burundi. Les objectifs du réseau sont
axés sur le partage des expériences nationales sur les processus
de formulation et de mise en oeuvre des lois, la réflexion sur les
thèmes transfrontaliers communs et partagés, la prise en compte
des communautés locales dans l'élaboration des textes
législatifs en matière de forêt et d'environnement et, la
sensibilisation des Etats pour qu'ils mettent en oeuvre les Conventions
internationales. Ces institutions sont relayées sur le plan national par
des institutions dont les rôles sont tout aussi fondamentaux.
DEUXIEME PARTIE : LA
MISE EN OEUVRE DU DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LES POLITIQUES FORESTIERES AU
CAMEROUN ET AU CONGO
CHAPITRE 1 :
L'INTRODUCTION DE LA NOTION DE DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LES POLITIQUES
FORESTIERES
Dans cette partie, l'étude de la
prise en compte des réalités locales sera envisagée
(section 1), avant d'examiner l'appui de la communauté internationale
dans la gestion des forêts du bassin du Congo (section 2)
Section 1 : La nécessité de prendre
en compte les réalités locales
Les contraintes psychologiques et sociales
(paragraphe 1) et les contraintes sociopolitiques et
financières (paragraphe 2) feront l'objet de l'étude de cette
section.
Paragraphe 1 : Les contraintes psychologiques et
sociales
A- Les contraintes psychologiques
Les populations ont, pendant longtemps,
été marginalisées dans les politiques publiques
forestières. Par leurs réactions, elles semblent dire aux
pouvoirs publics, puisque vous les avez conçues sans nous, nous
agirons sans tenir compte d'elles et de vous. Beaucoup de chercheurs
occidentaux sont surpris des incursions régulières des
populations riveraines dans les réserves, parcs et autres aires
protégées, alors que la plupart des activités qu'elles y
développent sont interdites. Au ministère de l'environnement du
Cameroun, la direction des aires protégées est au courant de la
situation. Cet état de choses peut bien s'expliquer par les perceptions
et croyances des populations. Il est intéressant d'écouter les
populations parler des forêts environnantes. Elles croient toujours que
ce n'est pas l'Etat qui leur donne le droit de propriété sur
leurs forêts. Elles croient que ce sont elles les
véritables propriétaires. Aussi, il y a leur perception de la
forêt. Elles estiment qu'elle ne peut pas finir. Elles considèrent
aussi la forêt comme une réserve de terres en même temps
qu'elles trouvent la forêt difficile à dompter. L'agriculture
itinérante sur brûlis est la méthode culturale
séculaire utilisée, pourtant dégradante pour la
forêt. C'est plutôt les exploitants qu'elles considèrent
comme des voleurs ou des pilleurs que l'Etat encadre et favorise.
Elles pointent sur elles leur doigt accusateur.
Ainsi, même sensibilisées, les populations
riveraines augmentent toujours la pression autour des aires
protégées pour leur alimentation, elles semblent ne plus avoir
d'autres alternatives. Cette donnée constitue en soi une remise en cause
de l'efficacité du PAFT, car si les populations avaient
été mises au centre de ces politiques ou encore
adéquatement intégrées dans celle-ci, les concepteurs
auraient mis assez d'importance sur l'éducation environnementale tout en
apprenant des populations qui maîtrisent leur environnement avec lequel
il semble régner une harmonie séculaire.
B- Les contraintes sociales
La paupérisation et le
sous-développement représentent de véritables contraintes
sociales à une gestion durable des forêts du bassin du Congo. En
effet, la misère est pratiquement généralisée en
Afrique centrale malgré le potentiel en ressources naturelles. La menace
se fait plus grande encore avec le constat officiel (juillet 1999) de la
diminution de 60% des avoirs extérieurs des pays de la BEAC. La
pauvreté est aussi réelle en milieu urbain. En Angola, 80% de la
population urbaine utilise le bois de feu. Toute la population rurale utilise
le bois de feu (OAB, 1996, 10). Au Cameroun, le chiffre d'affaires du commerce
de bois de chauffe était de 50 milliards, soit 2,5 fois plus grand que
celui de la Société nationale d'électricité
resté à 18.8 millions (Batibonak, 1994, 29). Cette demande est
satisfaite par les populations rurales qui sont obligées d'entrer dans
la forêt pour satisfaire une demande excédentaire. La
répression ne peut se faire qu'avec mesure d'autant plus que l'Etat est
en partie responsable de la condition des populations. Une action violente de
l'Etat peut augmenter les tensions sociales ou encore servir les entrepreneurs
politiques à l'affût. Ce qui pourrait assombrir le ciel
sociopolitique.
Aussi, parce qu'elles sont conçues dans une optique
exclusive, les législations forestières des pays
étudiés restent avant tout répressives et donc
aliénantes. Leur finalité étant de limiter l'accès
de la forêt aux populations tentées de s'en servir pour leur
usage. Les lois nient en cela la capacité des populations rurales
à gérer convenablement les forêts. Dans ce contexte, les
populations ne trouvent aucun intérêt à conduire des
améliorations sylvicoles dans des forêts dont elles ne sont pas
propriétaires. Il s'ensuit donc une démobilisation sociale et un
désintéressement des populations qui estiment que pour
résoudre les problèmes immédiats, il vaut mieux couper et
brûler ce qu'on peut en évitant de se faire prendre, et en
n'attendant pas que le voisin l'ait fait avant.
La mainmise des Etats sur les forêts réduit les
populations à un rôle passif, dans un contexte d'affaiblissement
des autorités traditionnelles. Cette déresponsabilisation des
populations accélère le processus de déforestation. Au
demeurant, les impératifs de protection de l'environnement et la
nécessaire applicabilité des droits des populations locales et
autochtones ont amené la communauté internationale à
reconnaître l'importance de ces dernières dans la protection des
écosystèmes, notamment les écosystèmes
forestiers
Paragraphe 2 : Les contraintes sociopolitiques et
financières
A- Les contraintes sociopolitiques
Les guerres internes, les immixtions dans
les conflits internes n'ont pas souvent été prise en compte comme
paramètre à considérer. Dans la guerre entre l'UNITA et
les forces gouvernementales, on n'a pas souvent prévu l'impact des
conflits sur la mise en oeuvre des politiques forestières. Les
investissements dans le secteur sont très réduits (OAB, 1996, 9).
Jusqu'à l'année 1991, l'essentiel des entreprises étaient
publiques. L'Etat n'a pas les moyens suffisant pour taxer et contrôler
les opérations forestières. Mais en réalité, c'est
l'effet de la guerre qui explique mieux la situation. L'Etat ne peut pas
appliquer ses lois dans les zones de combat. Aucun investisseur, à moins
qu'il soit impliqué dans la guerre ne peut mener librement ses
activités dans une zone de turbulence. Les entreprises sont
obligées de surexploiter les surfaces qui leur sont
attribuées.
Au Congo, le contexte n'a pas été
différent depuis le spectacle de la conférence nationale
souveraine. En République centrafricaine, la crise a
nécessité l'intervention des Nations Unies. Même si le
calme est revenu, le phénomène des coupeurs de routes
s'est développé. Il n'est pas exclu que les exploitants
forestiers en profitent.
La situation politique en RDC depuis bientôt une
dizaine d'années connaît un pourrissement similaire, encore qu'une
partie de son territoire a souvent servi de base arrière pour les
troupes de l'UNITA. La protection de l'environnement est menacée en
temps de guerre. Et pourtant les crises sociales et notamment la guerre doivent
être intégrées comme une donnée fondamentale,
d'autant plus que même les Nations Unies ne disposent pas d'une force
capable de garantir la paix et la sécurité. Mais les
véritables contraintes sont financières.
B- Les contraintes financières
D'un pays à l'autre, les contraintes
financières constituent un frein très important. Dans chaque
pays, la conception et la mise en oeuvre des politiques forestières a
nécessité des financements extérieurs. L'apport des pays
bénéficiaires était très souvent constitué
de salaires ou d'autres contributions en nature. Au Cameroun, cinq ans
après le lancement du PAFT, 10 à 12% des promesses
financières seulement avaient été tenues.
Les initiatives entreprises pour préserver la
forêt et sa biodiversité par les institutions gouvernementales se
heurtent dans la majeure partie des cas au problème de financement. Les
fonds alloués pour la protection des forêts au plan national sont
largement insuffisants. Sur le plan technique, l'on constate que les
fonctionnaires en charge de la gestion des ressources forestières et
fauniques se heurtent à l'insuffisance de moyens logistiques pour faire
leur travail : insuffisance des moyens de locomotion et parfois,
lorsqu'ils existent, manque d'argent pour payer le carburant ;
défaut de moyens de communication et autre matériel de camping.
Tout ceci contribue à la circulation illégale d'armes et de
munitions de chasse qui, rendent difficile le contrôle de
l'activité faunique et favorise le braconnage.
En somme, les politiques en Afrique centrale ont connu des
améliorations sensibles en sortant du parapluie de la colonisation pour
entrer sous le parapluie de la tutelle des Nations Unies. Malgré cela,
il n'en reste pas moins vrai qu'il y a des données fondamentales
à prendre en compte dans le processus d'élaboration de ces
politiques forestières.
Section 2 : L'appui
de la communauté internationale dans la gestion des forêts du
bassin du Congo
Nous examinerons ici les institutions
internationales qui interviennent dans la protection des forêts du bassin
du Congo (paragraphe 1), avant d'examiner le cas du plan d'action forestier
tropical (paragraphe 2)
Paragraphe 1 : Les institutions internationales
et la protection des forêts du bassin du Congo
A- Les institutions internationales
La question relative à la protection
des forêts du bassin du Congo préoccupe beaucoup d'acteurs sur le
plan international depuis le lancement de l'initiative sur la protection de la
forêt du bassin du Congo par le Secrétaire d'Etat américain
Colin Powell. Cette initiative à la quelle participe la France, le
Japon, l'Allemagne, l'ONU, l'Union européenne, la Banque mondiale,
l'Organisation internationale des bois tropicaux, le WWF et d'autres
institutions encore, a pour objectif d'unir les efforts de la communauté
internationale pour protéger le bassin du Congo. Cette mobilisation
justifie en fait l'envergure et le caractère vital que revêt cette
initiative de préservation et d'utilisation durable de l'un des
« poumons » du globe terrestre.
En ce qui concerne les contributions de ces
différentes entités en vue de la protection du bassin du Congo,
il faut relever que les institutions du système des Nations Unies
apportent une assistance technique et financière à la
planification environnementale, au renforcement des capacités
institutionnelles, à la promotion et au développement des
systèmes d'informations environnementales dans la sous-région.
L'OIBT a élaboré de nombreuses directives et a
défini des critères de mesures pour l'aménagement durable
des forêts tropicales et naturelles58(*). Elle encourage de façon
générale les membres à élaborer des politiques
nationales visant à l'utilisation et à la conservation durable
des forêts productrices de bois d'oeuvre et de leurs ressources
génétiques sont rôle dans la mise en oeuvre du projet
SOLOLALA59(*) au Cameroun
est exemplaire.
Du côté des ONG on peut signaler le fait que le
programme régional pour l'Afrique centrale de l'UICN, dont le bureau
régional se trouve à Yaoundé a pour objectifs
spécifiques d'appuyer les pays d'Afrique centrale dans la gestion de la
biodiversité ; de promouvoir l'utilisation durable des
espèces sauvages ; de faciliter la coopération
régionale et / ou internationale pour la conservation et l'utilisation
durable des ressources des écosystèmes des forêts d'Afrique
centrale ; de renforcer la communication entre les pays d'Afrique
Centrale pour assurer une gestion durable des ressources naturelles.
L'UICN a également apporté son appui technique à
l'élaboration des mesures de conservation à proposer aux
gouvernements, et à la mise sur pieds d'une politique de gestion
participative des écosystèmes forestiers du bassin du
Congo60(*).
Les objectifs du WWF dans la sous-région sont les
suivants : conserver les espèces sauvages (animales et
végétales) et leurs habitats ; assurer l'utilisation durable
de l'espace et des ressources naturelles afin de maintenir la
biodiversité ; réduire la pollution et le gaspillage des
ressources ; développer la conscience à l'environnement
ainsi que les capacités en faveur de la conservation et de la gestion
durable des ressources naturelles ». L'action du WCS au niveau de la
sous-région consiste en une série de projets nationaux61(*) (dans le cadre d'une
stratégie régionale) visant la création et la gestion des
aires protégées ainsi que la recherche fondamentale et
appliquée.
A ces institutions, on peut ajouter les agences de
Coopération62(*)
telles que : la coopération Allemande au Développement
(GTZ) ; les coopérations néerlandaise et britannique ;
l'Agence Française de Développement (AFD)63(*) et l'Agence
Américaine pour le Développement International (USAID) qui
forment la communauté des donateurs bilatéraux du secteur de
l'environnement. Elles apportent une assistance technique, matérielle et
financière pour l'élaboration, la mise en ouvre et le
suivi-évaluation des politiques et stratégies de gestion de
l'environnement. On peut leur adjoindre le Fonds Européen de
Développement (FED) et la Banque Européenne d'Investissement
(BEI) qui sont des institutions de financement de la Coopération
ACP-CEE.
En outre, il est important d'ajouter que de manière
générale, les efforts déployés au niveau
international au cours des quinze dernières années, ont permis de
réaliser des progrès indéniables en particulier
sur :
- La promotion des principes de critères et
indicateurs sur vérification de gestion durable des forêts
à travers les neufs processus de critères et indicateurs sur
l'aménagement forestier durable. Plus de 150 pays disposant de 85% des
forêts du monde y participent activement ;
- L'établissement et le renforcement d'un dialogue au
niveau international, en particulier à travers FNUF, PCF sur la
politique forestière mondiale. Dans ce cadre plus de 300 projets ont
été négociés. La recherche de financement pour leur
mise en oeuvre est en cours ;
- La mise en oeuvre concerté des trois conventions des
Nations Unies issues de Rio sur la diversité biologique, les changements
climatiques et la désertification qui ont été
signées et ratifiées par la grande majorité des pays du
monde ;
- L'élaboration de concepts, de pratiques et d'outils
d'aménagement durable des forêts dans le cadre non seulement de
traités régionaux et mondiaux, mais aussi de programmes
nationaux.
B- Les institutions régionales
1- La Conférence des ministres d'Afrique
centrale (COMIFAC)
La COMIFAC, d'abord Conférence des ministres d'Afrique
centrale avant de devenir une institution intergouvernementale
sous-régionale, regroupe aujourd'hui dix Etats d'Afrique centrale. Elle
a été créée en décembre 2000, à la
suite du premier sommet des chefs d'Etat d'Afrique centrale sur les
forêts tenu en mars 1999 à Yaoundé (Cameroun), à
l'issue duquel une déclaration dite de Yaoundé a
été signée par ces derniers. C'est l'organe politique et
technique d'orientation, de coordination et de décision en
matière de conservation et de gestion durable des
écosystèmes forestiers en Afrique centrale. De ce fait, elle
harmonise et coordonne les politiques forestières et environnementales
de ses Etats membres.
Adopté par le conseil des ministres, le plan de
convergence de la COMIFAC définit les stratégies communes
d'intervention des Etats et des partenaires au développement de
l'Afrique centrale en matière de conservation et de gestion durable des
écosystèmes forestiers et de savanes. Les axes
stratégiques en sont:
a. L'harmonisation des politiques
forestières et fiscales ;
b. La connaissance de la ressource ;
c. L'aménagement des
écosystèmes,
d. La conservation de la diversité
biologique ;
e. La valorisation durable des ressources
forestières, lutte contre la pauvreté, développement
socio-économique, contrôle, filière bois, marché
sous-régional du bois ;
f. Le renforcement des capacités,
participation des acteurs, information, formation, sensibilisation ;
g. La recherche -
développement ;
h. Le développement de
mécanismes de financement ;
i. La coopération et les
partenariats.
La COMIFAC travaille en étroite collaboration avec les
autres institutions régionales ou africaines. On peut citer:
l'Organisation africaine du bois (OAB), l'Agence
intergouvernementale pour le développement de l'information
environnementale (ADIE), l'Organisation pour la conservation de la faune
sauvage en Afrique (OCFSA), le Réseau des aires protégées
d'Afrique centrale (RAPAC), la Conférence sur les
écosystèmes de forêts denses et humides d'Afrique centrale
(CEFDHAC). Outre ces institutions régionales, la COMIFAC travaille avec
les différents partenaires engagés dans la conservation et la
gestion durable des forêts du bassin du Congo.
2- L'Organisation africaine du bois (OAB)
Créée en 1976, l'OAB est un organisme
international de coopération et de consultation dans les domaines de
l'économie forestière et du commerce du bois. Elle a pour objet
d'encourager ses Etats membres à étudier et à coordonner
leurs activités pour leur permettre de mieux valoriser leurs produits
forestiers. L'OAB rassemble 15 pays membres producteurs de bois africains; son
siège est établi à Libreville (Gabon). En Afrique
centrale, les Etats membres sont: le Cameroun, la République
centrafricaine, le Congo, la RDC, le Gabon, la Guinée-équatoriale
et Sao Tomé et Principe. Les principaux objectifs assignés
à l'OAB à sa création incluent:
a. Assurer entre les pays membres un
échange continu d'informations et un soutien mutuel en ce qui concerne
leurs politiques d'exploitation, de conservation et de valorisation des
ressources forestières;
b. Encourager l'élaboration des
politiques nationales visant la conservation et l'utilisation durable de leurs
écosystèmes forestiers;
c. Coordonner les politiques
d'industrialisation des pays membres;
d. harmoniser les politiques de reboisement,
d'aménagement forestier et d'environnement.
En fait, les activités de l'organisation tournent
principalement autour du secteur de l'exploitation industrielle du bois
d'oeuvre. Depuis quelques années, l'OAB s'est engagée sur des
questions telles que la définition et la promotion de principes,
critères et indicateurs de gestion forestière durable.
3- La Conférence sur les
écosystèmes de forêts denses et humides d'Afrique centrale
(CEFDHAC)
La Conférence sur les écosystèmes de
forêts denses et humides d'Afrique centrale est une organisation
sous-régionale regroupant les Etats, les organisations non
gouvernementales nationales et sous-régionales, le secteur privé
et les autres parties prenantes dans la gestion des forêts d'Afrique
centrale: c'est le seul forum où tous les acteurs du secteur
forêt-environnement peuvent se retrouver, échanger leurs points de
vues, développer une vision commune et des partenariats. La CEFDHAC
concrétise la volonté des parties prenantes de parvenir à
une vision commune de la conservation et de l'utilisation des forêts de
la région. Elle a pour but d'encourager ces acteurs à conserver
leurs écosystèmes forestiers et à veiller à une
utilisation durable et équitable des ressources qu'ils recèlent.
Elle se conçoit à la fois comme:
a. Un forum d'orientation à travers
l'articulation de tous les groupes d'acteurs intervenant dans la
région ;
b. Un forum dont l'ensemble des idées
et des réflexions concourt à la prise de décision par des
autorités politiques impliquées dans les questions
environnementales et forestières en Afrique centrale ;
c. Un forum de concertation et
d'échange d'expériences ouvert à tous les intervenants du
secteur forestier en vue d'une gestion équitable et durable des
écosystèmes forestiers d'Afrique centrale.
La CEFDHAC a initié et appuie divers réseaux,
dont le Réseau des parlementaires pour la gestion durable des
écosystèmes forestiers d'Afrique centrale (REPAR),
créé à Libreville en 2002. Ce réseau a pour
objectifs de permettre aux parlementaires de la région de partager leurs
expériences législatives nationales respectives en matière
de gestion des écosystèmes forestiers, de réfléchir
sur des thèmes communs, de susciter la prise en compte des
intérêts des communautés locales dans l'élaboration
des textes législatifs en matière d'environnement, de contribuer
par une action législative concertée à la sauvegarde et
à la gestion durable des écosystèmes forestiers d'Afrique
centrale, de sensibiliser les Etats membres de la CEFDHAC sur la
nécessité d'appliquer les conventions internationales relatives
à l'environnement. Le REPAR prévoit de convier à
Yaoundé (Cameroun), en novembre 2006, la seconde conférence
internationale sur l'implication des parlementaires dans la gestion durable des
écosystèmes forestiers d'Afrique centrale.
Paragraphe 2 : Le plan d'action forestier
tropical (PAFT)64(*)
A- Le cadre de création du plan d'action
forestier tropical
C'est le comité de la mise en valeur
des forêts dans les tropiques qui, lors de sa 6e session tenue à
Rome en octobre 1983, a reconnu la nécessité d'une action urgente
en faveur des forêts tropicales. Cet organisme statutaire de la FAO, est
notamment chargé de « suivre les programmes internationaux
concernant les forêts tropicales et l'action concertée que les
gouvernements et les organisations internationales devraient entreprendre pour
assurer la mise en valeur et l'utilisation rationnelle des forêts
tropicales et de leurs ressources ». A cette même session, le
comité a également reconnu la nécessité de cerner
et de définir les domaines hautement prioritaires, afin de
présenter à la communauté internationale des donateurs une
série de programmes de développement bien précis. Il a
recommandé que la FAO mette sur pied des groupes ad hoc chargés
d'élaborer des propositions en vue de programmes d'action dans les
domaines prioritaires identifiés par le comité au niveau
régional ou mondial.
La FAO, donnant suite à cette recommandation, a
convoqué en mars 1985 une réunion d'experts pour examiner les
propositions de programmes d'action. Celles-ci, après avoir
été révisées par la réunion d'experts, ont
été soumises au comité lors de sa 7e session, tenue
à Rome en juin 1985. Le comité les a approuvées et a
recommandé qu'elles soient présentées au 9e Congrès
forestier mondial ainsi qu'à d'autres instances et organismes
importants.
Le comité a également recommandé que ces
propositions soient complétées par des profils de projets
d'investissement nationaux, établis par les gouvernements avec
l'assistance de la Banque mondiale et d'autres institutions compétentes.
En collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le
développement et avec le World Resource Institute, organisme non
gouvernemental dont le siège est à Washington DC, la Banque
mondiale a calculé les besoins d'investissement dans 56 pays tropicaux
pour une période de cinq ans. Des profils d'investissement ont
été formulés pour chacun des 5 domaines prioritaires
retenus.
Le plan d'action forestier tropical a donc
été solennellement adopté par la communauté
forestière internationale lors du congrès forestier mondial de
Mexico en juillet 1985.
C'est un plan en ce sens qu'il s'agit d'un plan d'action pour
sauver les forêts tropicales en accroissant l'intérêt
politique, et donc financier, pour ces forêts par la mise en
évidence de leur rôle économique et social dans le
développement de nombreux pays tropicaux.
Cinq domaines d'action ont été
identifiés :
- l'arbre et la forêt dans la planification de
l'utilisation et la protection des terres, et dans la sécurité
alimentaire;
- le bois, source d'énergie;
- l'optimisation de l'utilisation sociale, économique
et industrielle des produits de la forêt sur des bases soutenues et
durables;
- la conservation des écosystèmes forestiers et
de leurs ressources génétiques;
- développement des institutions de gestion,
formation et recherche forestière.
Ce n'est pas un plan en ce sens que sa mise en oeuvre n'est
pas imposée au niveau international mais qu'il constitue un cadre
conceptuel d'action auquel aujourd'hui 68 pays tropicaux représentant
plus de 90 % des surfaces forestières tropicales du monde ont
décidé d'adhérer. Ils ont en effet décidé
d'engager, seuls ou avec une aide internationale coordonnée, une
réflexion globale sur la place du secteur forestier dans le
développement économique et social, devant conduire à une
planification à moyen terme (25 ans) du secteur forestier et à un
plan d'action à court terme s'inscrivant dans la planification de
l'ensemble du développement.
Les ONG sont également impliquées, surtout les
ONG locales invitées dans de nombreux pays à participer, aux
côtés des instances gouvernementales, à la
préparation du plan d'action et à sa mise en oeuvre.
Le plan d'action forestier tropical (PAFT) est donc
essentiellement un cadre conceptuel pour l'action. Il ne dispose ni d'un fonds
mondial particulier, ni d'une structure centralisée pour sa mise en
oeuvre. Il a été conçu pour inciter les gouvernements, les
organismes gouvernementaux et non gouvernementaux et les populations
concernées à prévoir et appliquer les solutions les mieux
adaptées aux besoins spécifiques du pays ou de la région
en cause. Sa bonne application exige donc que les gouvernements nationaux
soient résolus à lui accorder une haute priorité. Pour
cela, il est nécessaire que les responsables du secteur forestier
puissent proposer à leurs gouvernements un plan d'action national
s'appuyant sur les réalités physiques, économiques et
sociales du pays.
Lorsque ce plan n'existe pas encore ou a besoin d'être
révisé à la lumière des cinq domaines d'action du
PAFT, les pays qui le souhaitent peuvent demander une aide aux organismes
d'assistance au développement qui disposent des compétences et
des moyens financiers nécessaires. C'est au département des
forêts de la FAO que se trouve la cellule de coordination des actions
internationales du PAFT, placée directement sous l'autorité du
chef du département des forêts.
Cette cellule reçoit les demandes des pays qui
souhaitent une aide extérieure pour la mise à jour ou la
réalisation de leur plan d'action forestier national. Elle interroge
ensuite les organismes d'aide (aides bilatérales, institutions et
banques internationales) afin de connaître leur intérêt
à participer à l'élaboration de ces plans et aider
à leur mise en oeuvre. La préparation de ces plans s'effectue
généralement au cours d'un « exercice » dont la
durée peut varier de 3 à 12 mois et qui comprend
successivement:
- le choix d'un coordinateur national (et si besoin d'un
coordinateur international);
- une ou plusieurs missions de préparation;
- plusieurs missions de spécialistes dans des secteurs
identifiés au cours de la phase de préparation (ces missions
peuvent être confiées soit à des nationaux, soit
à des étrangers, mais dans tous les cas elles sont
appuyées par une équipe d'experts nationaux);
un travail de synthèse se traduisant par un document de
description de la politique forestière choisie pour les 20/25
prochaines années et un plan d'action détaillé pour
5 à 10 ans;
- « l'adoption » de ces documents par les instances
gouvernementales qui le ratifient officiellement.
Lorsque ce plan est adopté, s'engage alors une action
d'explication et de sensibilisation en direction des différents
partenaires et acteurs nationaux (administrations, collectivités,
secteur privé, organisations non gouvernementales, populations) sous
forme de tables rondes et de séminaires d'explication. D'autre part, le
plan et les projets concrets qui le composent sont présentés aux
agences d'aide potentielles au cours de tables rondes dites de « bailleurs
de fonds ». En effet, un élément fondamental du PAFT est la
mobilisation de l'assistance financière disponible et l'invitation faite
aux gouvernements donateurs à augmenter les investissements. Ces
donateurs ont constitué un groupe informel qui s'est réuni tous
les six mois depuis fin 1985 et s'est engagé à doubler, d'ici
1990, le montant total des aides consacrées à la forêt (2,5
milliards de francs français par an en 1984). Ces réunions ont
pour objet de suivre l'évolution du PAFT et sa mise en oeuvre et
d'appuyer politiquement, techniquement et financièrement la FAO dans sa
tâche de coordination.
B- Bilan critique du plan d'action forestier
tropical
La phase de planification : une approche trop
sectorielle et des acteurs
inégalement impliqués
Concernant l'élaboration des plans nationaux, il faut
tout d'abord souligner l'exceptionnelle adhésion des pays tropicaux. A
ce jour, 52 pays tropicaux se sont engagés dans le PAFT et 16 autres
s'apprêtent à le faire, une grande majorité d'entre eux
ayant sollicité une aide technique extérieure pour analyser les
problèmes et mettre au point un plan et un programme d'action.
Il faut cependant tempérer ce succès en
indiquant que, pour de trop nombreux pays, cet engagement n'est le fait que de
l'administration en charge des problèmes forestiers (ministère ou
service) et que - tout au moins dans la première partie du travail de
planification - les autres secteurs de l'activité économique et
sociale ne sont pas concernés, quand bien même les
autorités politiques ont marqué leur intérêt pour le
PAFT (ce qui est loin de représenter la majorité des cas).
La mobilisation des aides extérieures est non moins
remarquable car elle est quasi universelle au niveau des déclarations
officielles (16 pays et 10 organisations financières internationales
font partie du groupe dit des conseillers du PAFT, dont l'URSS qui ne fait pas
partie de la FAO).
Cependant, dans la pratique, les pays et agences
réellement impliqués dans l'action sont en nombre réduit:
France, RFA, Royaume-Uni, Pays-Bas, Canada, Suisse, Finlande, PNUD, FAO, Banque
africaine de développement, CEE.
La Banque mondiale qui avait été un des «
parrains » du PAFT a eu des difficultés à concrétiser
sa participation aux exercices de planification. Les divisions
géographiques ont en effet poursuivi leur travail d'élaboration
de programmes sectoriels par pays, sans préoccupation des autres
donateurs ni des velléités nationales de réalisation d'une
planification coordonnée multidonateurs. Dans quelques pays, on a
considéré que les revues sectorielles menées par la Banque
mondiale constituaient une étape dans l'élaboration du PAFT
national (cas de la Côte-d'Ivoire et du Ghana) mais ceci est artificiel
et peu satisfaisant en raison de l'approche trop sectorielle suivie par les
équipes d'experts envoyés par la Banque. Par ailleurs, les
divisions de la Banque mondiale spécialisées dans les
problèmes d'environnement étudient, dans certains pays, des plans
nationaux environnementaux dont la coordination n'est pas toujours bien
assurée avec les plans forestiers.
La situation est semblable avec les masterplans de la Banque
asiatique de développement dans plusieurs pays d'Asie (Pakistan,
Népal, Philippines, Bhutan). A plusieurs reprises, le groupe des experts
a tenté de persuader le responsable forestier de la Banque asiatique de
développement de tenir davantage compte de l'approche multisectorielle
du PAFT mais, malgré des réponses positives, les choses ont peu
changé sur le terrain et le PAFT « récupère »,
un peu artificiellement, à son compte les planifications
préparées par la Banque asiatique dont l'approche est
extrêmement classique.
L'Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT) pose
un autre problème, celui de l'intégration de sa double action -
« po litico- normative » et « projets de terrain » -dans le
cadre du PAFT. En effet, l'OIBT qui a toujours perçu le PAFT comme une
action de la FAO souhaite garder ses distances pour conserver son
indépendance. Malgré plusieurs tentatives d'explication au cours
des 2 dernières années (réunion commune du groupe des
conseillers PAFT et du conseil OIBT, en décembre 1988, à
Yokohama) l'OIBT résiste. Lors de la dernière réunion de
son conseil, cependant, il a été accepté - sur proposition
française - que l'OIBT participe à 2 ou 3 missions de
planification dans le cadre du PAFT en Afrique et en Asie.
Le Japon garde, vis-à-vis du PAFT, une attitude
ambiguë en raison d'une part de son soutien particulier à l'OIBT
(dont le siège est au Japon) et, d'autre part, d'un souci
d'indépendance par rapport à une coordination trop contraignante
sous l'égide de la FAO.
Parmi les pays et agences actifs, on peut regretter que
beaucoup considèrent le PAFT comme « un mécanisme parmi tant
d'autres », sans lui accorder une certaine « exclusivité
» dans le domaine de la définition des politiques à mener
dans tel ou tel pays.
Enfin, peu nombreux sont les pays qui ont accepté de
prendre la responsabilité des travaux d'appui à
l'élaboration de plans nationaux en dirigeant l'équipe
internationale mise à la disposition du pays concerné. Seuls, le
Canada (3 pays), les Pays-Bas (1 pays), le Royaume-Uni (1 pays), la Finlande (3
pays), et la France (4 pays) l'ont fait, laissant à la FAO la
majorité des responsabilités de coordination (en
général sur financement du PNUD).
D'autres acteurs se sont mobilisés, tels que les
organisations non gouvernementales internationales et, parmi les plus actives,
le World Resource Institute (USA), l'International Institute for Environment
and Development (Royaume-Uni), l'Union internationale pour la conservation de
la nature. le Fonds mondial pour la nature et les Amis de la terre. Mais ces
organisations, représentées à toutes les réunions
(PAFT, FAO, OIBT) ne sont en fait que des spectateurs, et leur rôle ne
dépasse pas souvent le stade des études critiques des situations
en cours.
En particulier, les ONG internationales n'ont absolument pas
tenté de mobiliser les fonds privés dans les pays du Nord,
profitant par contre de l'existence du PAFT pour obtenir le financement de
leurs activités par les gouvernements des pays du Nord.
Le rôle des ONG locales devrait être
extrêmement important. A plusieurs reprises, au cours des réunions
précédentes concernant le PAFT (groupe des conseillers,
comités FAO), plusieurs ONG du Nord ont regretté que les ONG du
Sud (et les populations) soient si peu impliquées et consultées
lors de l'élaboration des plans nationaux. Cette réalité
n'est pas très facile à modifier, car les États tropicaux
sont souverains, et il est bien difficile de leur imposer des partenaires
malgré eux. Il conviendrait sans doute que, de manière à
ne pas heurter de front la légitime susceptibilité des
gouvernements locaux, les pays et agences du Nord travaillent à
favoriser le dialogue entre ONG et gouvernements du Sud, sans adopter des
positions trop intransigeantes ou voyantes sur ce sujet.
Enfin, il faut noter pour l'instant une absence totale de
participation du secteur privé aux travaux de planification.
La mise en oeuvre : un engagement insuffisant
Concernant la mise en oeuvre des plans nationaux, peu de pays
tropicaux (9 au total) ont terminé la première phase
d'élaboration (ou de révision) de leur plan national. Cependant,
un certain nombre de remarques peuvent d'ores et déjà être
formulées, et il conviendrait de s'y intéresser pour devancer les
problèmes à venir.
- L'engagement politique des pays tropicaux est primordial.
De la force de cet engagement dépend, en effet, la réussite des
actions. Il semblerait que les pays où le chef de l'État ou du
gouvernement ait pris très officiellement position en faveur du plan
national, en le plaçant parmi les priorités de sa politique,
soient peu nombreux. Dans la plupart des cas, l'engagement politique n'a pas
dépassé le département ministériel en charge du
secteur forestier : c'est insuffisant.
- L'engagement économique nécessaire des pays
tropicaux découle en grande partie du précédent. Peu de
ministères de l'économie, des finances et du plan ont
été réellement impliqués et se sentent
concernés. A cet égard, on doit
malheureusement considérer que les plans nationaux ainsi
élaborés ne constituent en rien un progrès par rapport
à ce qui était précédemment fait.
- L'engagement des différents partenaires locaux ne
semble pas suffisamment assuré. Trop de plans ont été
élaborés à partir de la seule mobilisation des
cadres administratifs du pays (et parfois même des seuls cadres
forestiers), sans que le secteur privé, les ONG et les populations
soient consultés réellement. On peut craindre, dans ces
conditions, que la mise en oeuvre des actions ne soulève
des problèmes de compréhension et d'adhésion d'un grand
nombre des partenaires actifs sur le terrain.
Enfin l'engagement financier des aides au
développement ne s'est pas encore manifesté suffisamment
clairement : la table ronde des bailleurs de fonds qui a eu lieu au Cameroun
en juin, à la suite de l'achèvement des travaux de
préparation d'un plan national, a révélé que la
totalité des bailleurs de fonds présents manifestaient un
« intérêt » pour un grand nombre de programmes et de
projets, correspondant à 70% des financements requis pour la mise en
oeuvre du plan pendant les cinq premières années. Mais la
quasi-totalité des bailleurs de fonds estimait cependant impossible
de préciser la hauteur de leurs engagements
financiers, plaçant le gouvernement camerounais (et
particulièrement la direction des forêts, chargée de la
mise en oeuvre du plan) dans une certaine inquiétude.
Cette situation illustre bien le décalage qui existe
entre, d'une part l'engagement politique et technique, d'autre part
l'acceptation des conséquences financières du PAFT ainsi que la
mise en oeuvre du plan.
En France, par exemple, aucune disposition financière
particulière n'a été prise pour assumer le suivi des plans
nationaux et leur mise en oeuvre. Il en va de même dans les autres pays
et agences d'aide au développement, à l'exception de la RFA qui a
voté un budget spécial de 150 millions de DM en 1989 et du
Royaume-Uni dont le Premier ministre a annoncé un financement de 100
millions de Livres pour les actions PAFT.
En outre, l'accroissement significatif des engagements
financiers de l'aide publique au développement (qui serait passée
de 400 millions de dollars en 1984 à 1 milliard de dollars en 1988) ne
doit qu'en partie être imputé à l'existence du PAFT car ces
montants d'investissement supplémentaires sont llés financer des
actions classiques de coopération bilatérale et
multilatérale. Enfin n'oublions pas que le niveau plancher estimé
pour la mise en oeuvre du PAFT au niveau mondial est de l'ordre de 5 à 7
milliards de dollars!
Le comité pour le développement
forestier en Afrique
Ce comité est l'émanation du comité
technique forêts, créé en 1980 sous l'égide du
Comité pour le développement en Afrique (CDA). Après la
dissolution du CDA, il fut décidé de poursuivre le principe de
rencontres annuelles entre agences bilatérales d'aide travaillant en
Afrique. Les pays participants sont la France, les USA, le Canada, la RFA, le
Royaume-Uni et la Suisse. Les Pays-Bas, l'Italie et les pays nordiques ne
participent qu'irrégulièrement aux réunions. La
coordination se fait à travers les représentants des aides dans
les pays africains. Une dizaine de pays sont ainsi répartis, la France
assurant la coordination au Mali, au Burundi et en Guinée, à
travers les conseillers en place dans ces pays. Le seul intérêt
réel de ce type de coordination est d'assurer l'information sur les
programmes d'aide en cours ou en préparation.
L'analyse de ces différents mécanismes de
coordination montre qu'ils sont en nombre largement suffisants et
complémentaires. Leur rôle est cependant limité, en
particulier parce que tous les représentants de chaque pays ou agence
d'aide au développement n'ont pas les mêmes responsabilités
et les mêmes pouvoirs de décision.
La coordination dans les pays tropicaux est à
privilégier sur toute autre forme, les autres mécanismes
étant surtout utiles pour échanger des informations.
Le plan d'action forestier tropical est essentiellement un
cadre pour une action internationale coordonnée.
Le bilan est favorable, quatre années seulement
après son lancement. L'engouement qu'il a suscité auprès
de 68 pays tropicaux qui y ont adhéré, l'attention accrue
portée au secteur forestier par les aides au développement (6
milliards de francs en 1988, soit davantage que l'objectif fixé en 1985)
sont des points extrêmement positifs Les points négatifs restent
une insuffisante participation des autres secteurs de l'économie
à l'élaboration des plans d'action, une implication insuffisante
du secteur privé, des organisations non gouvernementales et des
populations, un engagement financier des aides extérieures dans la mise
en oeuvre des plans encore insuffisant et mai défini.
Les critiques parfois violentes qui sont adressées
à ce plan d'action sont injustifiées et desservent la cause des
forêts tropicales car si tout n'est pas parfait, ce plan d'action
forestier tropical constitue un effort sans précédent pour
inverser la tendance dramatique de destruction rapide des forêts
tropicales et son adoption constitue une chance qu'il ne faut pas manquer, non
seulement pour sauver les forêts tropicales, mais pour apporter aux
populations les biens dont elles ont besoin pour vivre et s'épanouir.
CHAPITRE 2 : LA
NECESSITE DE METTRE EFFECTIVEMENT EN OEUVRE LA GESTION DURABLE DES FORETS DU
BASSIN DU CONGO
Section 1 : Les
obstacles à la mise en oeuvre de la gestion durable des forêts du
bassin du Congo
Parmi les obstacles à la mise en
oeuvre de la gestion durable des forêts du bassin du Congo, nous
envisagerons l'insuffisance du cadre (paragraphe 1) et les faiblesses
institutionnelles (paragraphe 2)
Paragraphe 1 : L'insuffisance du cadre
normatif
A- La persistance de vides juridiques
Le cas de l'exploitation forestière
traditionnelle au titre des droits d'usage
Dans les législations congolaises et camerounaises, il
n'existe aucune définition des droits d'usage, ni même dans les
jurisprudences des tribunaux des deux pays. De manière
générale, on se contente des définitions d'auteurs comme
celle qui définit les droits d'usage comme des « droits
résultant de faits matériels ancestraux par lesquels les
habitants d'une collectivité rurale peuvent, dans une forêt qui ne
leur appartient pas, soit prélever certains produits, soit se livrer
à certaines activités productrices, mais seulement dans la limite
de la satisfaction de leurs besoins réels, personnels ou
collectifs65(*). Partant,
il existe une certaine incertitude et un certain flou quant à la
détermination des individus ayant droit aux droits gratuits,
c'est-à-dire, les usagers reconnus pouvant avoir un accès libre
aux produits forestiers sans contrepartie pécuniaire. Le même
problème se pose pour l'identification des bénéficiaires
des droits limités et situés, lesquels s'exercent
normalement par les « populations riveraines » des
forêts du domaine national et consistent dans l'accomplissement à
l'intérieur de ces forêts de leurs activités
traditionnelles de collecte des produits forestiers secondaires.
L'indétermination des régimes fonciers, le flou
juridique créé par la plupart des législations, et surtout
les difficultés d'application des textes dues à la
résistance des droits coutumiers traditionnels face aux droits dits
modernes entraînent une anarchie des usages en milieu forestier.
L'inadaptation des normes résultant d'une forte tendance à
l'étatisation des sols, à leur nationalisation, soit par pour des
raisons idéologiques, soit en raison des choix des politiques de
développement par le biais du contrôle des terres, a
entraîné une démobilisation des populations relativement
à une gestion écologiquement rationnelle des forêts. La
mainmise de l'Etat sur les terres et la centralisation de leur gestion sont
apparues comme une mise en cause de la capacité des institutions
traditionnelles à gérer leur environnement ; elles ont
retiré aux autorités locales traditionnelles leur rôle
contrôle effectif des pratiques rurales : celles-ci, par exemple, ne
peuvent plus punir les infractions relatives à la gestion des ressources
forestières, ces infractions étant désormais soumises
à la seule appréciation des agents forestiers qui n'ont pas du
tout les moyens de leurs missions.
B- Les lacunes des textes existants
Les législations forestières
congolaises et camerounaises semblent défendre la forêt pour
elle-même, sans tenir suffisamment compte du rôle qu'elle joue dans
la production agraire. Les systèmes d'interdits en vigueur peuvent
difficilement être efficaces ; d'abord, parce qu'ils ne s'attaquent
pas aux causes réelles de la dégradation qui se trouve dans les
méthodes de cultures et les modes de production agro-pastorale ;
ensuite, parce qu'ils prennent parfois des conséquences pour les
causes : la crise du bois de feu, par exemple, n'est pas
nécessairement à l'origine des dégradations
forestières, elle en est bien souvent aussi la conséquence (c'est
une sorte de cercle vicieux) ; enfin, parce qu'aucun système
d'encadrement ne peut s'opposer durablement à une société
rurale confrontée presque partout en Afrique à des
pénuries alimentaires, et qui cherche à augmenter sa production
agricole sous la poussée démographique.
En outre, l'absence de référence aux pratiques
rurales fait naître, non seulement un véritable conflit de droits,
mais encore une opposition entre l'Etat représenté par les agents
forestiers et les populations locales. Aussi, le paysan cherche-t-il à
éviter l'Etat tout en continuant à mener les activités
prohibées ; l'infraction est intégrée par la couvre,
et devient alors un phénomène social ; les forestiers, qui
de toute façon ne sont pas assez nombreux pour faire face à la
situation, hésitent dès lors à verbaliser le
délinquant qui se trouve du reste protégé par la
société dont il est membre.
Paragraphe 2 : Les faiblesses
institutionnelles
A- La coordination des initiatives
sous-régionales
En dépit du volontarisme des
institutions gouvernementales,
l'hétérogénéité et la diversité des
logiques d'action des différents intervenants rendent la coordination
des initiatives sous-régionales difficile. Le Directeur du programme
ECOFAC/Cameroun, M. HYANCINTHE Etienne, dans son article sur le forum des
acteurs impliqué dans la conservation et le développement en
périphérie de la réserve du Dja déclarait qu'
« il n'y a pas un cadre de concertation pour harmoniser les
stratégies d'approche et régler les conflits »66(*).
Les ressources naturelles du bassin du Congo constituent un
bloc compact qui se moque bien des frontières qui séparent les
pays. Elles font l'objet d'une pression poussée de toute part. Leur
gestion concertée peut être à la fois un gage de
durabilité et de développement pour les Etats de la
sous-région. La convergence des actions de protection est d'autant plus
importante que le désert frappe de plus en plus aux portes de l'Afrique
centrale. De façon plus significative, la gestion sous-régionale
concertée des ressources forestières du bassin du Congo devrait
permettre de juguler les phénomènes croissants de trafic
illégal de bois et de gibier dans cet espace. C'est le cas pour de en
République centrafricaine, au Gabon ou en République du Congo,
s'écoulent à travers les circuits illicites par le Cameroun
jusqu'à des destinations inconnues dans le monde. Plus patent est le cas
des ressources naturelles de la RDC qui sont impunément pillées
par des hordes en mal de puissance, et en provenance des pays voisins.
Rappelons à cet titre, que la RDC est le seul pays d'Afrique qui partage
des frontières avec neuf autres Etats. Au bout du compte, c'est
uniquement une coopération de plus en plus intégrée dans
la gestion des ressources naturelles qui pourra permettre la lutte efficace
contre la criminalité transfrontalière axée sur les
ressources naturelles et les personnes. En plus de ces problèmes locaux
et sous-régionaux, la pertinence du plan de convergence est
entièrement éprouvée si l'on considère la vision
plus globale du maintien des équilibres mondiaux. L'actualité
récente et quotidienne conforte le bien fondé de la mobilisation
qui sous-tend la vision concertée de la gestion des forêts
d'Afrique centrale. Les spécialistes les plus aguerries en la
matière ne cessent d'attirer l'attention des politiques sur les
irrégularités et les conséquences dramatiques de la
gestion irrationnelle des écosystèmes forestiers du monde. En
réalité, les pays du bassin du Congo ont véritablement
pris conscience de la nécessité d'une action
sous-régionale collective pour la conservation et l'utilisation
planifiée de leurs ressources forestières, ceci se manifeste
aussi avec force dans la diversité des axes stratégiques que le
plan prévoit. Il reste cependant une véritable volonté
politique afin de rendre effectif cette gestion concertée des
forêts du bassin du Congo.
De plus, certaines initiatives ne répondent pas
nécessairement à la demande des populations cibles, ce qui
créé une inadéquation entre leurs activités et les
besoins des pays67(*). Par
ailleurs, le manque de cohérence entre les différentes ONG entre
elles et les partenaires du développement résulte du fait qu'il
n'existe pas de cadre de concertation alors que tous abordent les mêmes
questions68(*). Une des
conséquences de ce manque de cohérence est la survenance des
conflits de leadership entre les pays.
Ce manque de coordination, grève l'efficacité
des interventions car les institutions ont des approches
différentes69(*)
des mêmes questions.
B- Le contrôle de l'exploitation
forestière
Une exploitation rationnelle des
forêts doit poursuivre trois objectifs : le bien être des
populations locales ; le développement national, dans la mesure
où elles font partie du patrimoine collectif de la nation ; la
protection de l'environnement tant national que mondial, dans la mesure
où elles sont le réservoir d'un riche patrimoine en
diversité biologique d'un intérêt primordial pour les
générations actuelles et futures. L'administration des
forêts a, en principe, la charge de procéder au contrôle des
activités des exploitants forestiers, afin d'assurer qu'elles sont
conformes à la législation, et en particulier, au plan
d'aménagement censé exprimer les impératifs de la gestion
durable. Sur le terrain, les agents des eaux et forêts se heurtent
à des difficultés qui paralysent le contrôle, c'est le cas
des sanctions de l'exploitant forestier.
La question ici n'est pas celle de l'existence des sanctions
prévues contre l'exploitant forestier qui violerait la
réglementation. S'agissant des sanctions administratives, l'article 65
de la loi camerounaise de 1994 dispose que : « toute
infraction aux dispositions de la présente loi ou des textes
règlementaire pris pour son application et notamment la violation des
prescriptions d'un plan d'aménagement d'une forêt permanente ou
communautaire, ou la violation des obligations en matière d'installation
industrielle, ou des réalisations des cahiers de charges entraîne
soit la suspension, soit, en cas de récidive, le retrait du titre
d'exploitation ou, le cas échéant, de l'agrément, dans des
conditions fixées par décret ».
Lorsque l'exploitant forestier n'aura pas
réalisé les oeuvres sociales contenues dans le cahier de charges,
ou même à la limite promise aux populations, celles-ci peuvent
saisir l'autorité compétente. Les conflits actuellement
observés sont causés par l'inertie, voire parfois la
complicité de l'administration face à la violation de certaines
clauses du cahier de charges, surtout lorsque ces clauses ne profitent qu'aux
populations riveraines. Cependant, aucun article ne prévoit
expressément de sanctions, lorsque l'exploitant forestier ne
réalise pas les travaux d'intérêt social prévus dans
le cahier de charges. Il y a là sûrement une lacune grave à
combler.
Le législateur s'est surtout préoccupé
des règles suffisamment coercitives pour amener les exploitants
forestiers à s'acquitter de leurs droits et taxes envers l'Etat. Le
fiscal l'a donc emporté sur le social. C'est cette impression
générale qui se dégage finalement de la
réglementation actuelle des forêts. Le soucis du
législateur a surtout été économique :
procurer à l'Etat des devises pour faire face à la
récession économique. Finalement, ce n'est qu'à l'Etat que
l'application de la loi profite, et dans une certaine mesure, à ses
débiteurs, les exploitants forestiers. Ceux-ci trouveront toujours la
juste contrepartie des taxes payées dans l'exploitation assidue des
forêts. Il reste certainement à faire une loi sur les forêts
qui tiennent suffisamment compte des intérêts bien compris des
populations riveraines, et finalement des populations camerounaises en
général.
Secteur 2 : Les voies
d'une mise en oeuvre efficace de la gestion durable des forêts au
Cameroun et au Congo
Les voies d'une mise en oeuvre efficace de
la gestion durable des forêts au Cameroun et au Congo sont liées
aux conditions internes (paragraphe 1) et aux conditions externes (paragraphe
2).
Paragraphe 1 : Les conditions internes de mise en
oeuvre
A- La volonté politique
Les décideurs politiques jouent le
rôle principal dans l'élaboration et la mise en application des
politiques forestières arrêtées tant au niveau
international, régional, que national, provincial ou local. Ils
définissent le cadre général dans lequel agissent les
autres acteurs et ont, de ce fait, un impact important sur ces derniers. Ils
sont en retour influencés par les autres acteurs en proportion du
degré d'organisation et de la capacité de « lobbying »
de ces derniers. Ils sont aussi soumis aux relations traditionnelles
définissant les liens entre ces « élites » et leur base
ou leurs réseaux de connaissances (relations de clientélisme).
Ces acteurs politiques, et en premier lieu les chefs d'Etats
d'Afrique centrale, sont de plus en plus conscients du rôle-clef qu'ils
peuvent jouer pour une gestion durable des ressources naturelles et un
développement durable des sociétés humaines dont ils sont
les représentants: «Les chefs d'Etat proclament: ... leur
attachement au principe de conservation de la biodiversité et de la
gestion durable des écosystèmes forestiers d'Afrique
centrale...Le droit de leurs peuples à compter sur les ressources
forestières pour soutenir leurs efforts de développement
économique et social» (déclaration de
Yaoundé, 17 mars 1999, lors du premier sommet des chefs d'Etat d'Afrique
centrale sur la conservation et la gestion durable des forêts tropicales,
reprise dans le traité COMIFAC, 2005). Pour les sociétés
d'Afrique centrale, le rôle de ces leaders et leur volontarisme sont et
seront fondamentaux pour la mise en place effective d'une gestion durable des
ressources forestières. Ces discours et ces belles intentions ne
pourront se concrétiser qu'avec un engagement fort et constant des
acteurs politiques, en particulier des chefs d'Etats de la région
(Doumenge & Ndinga, 2005).
Cependant, les conflits armés et la
mal gouvernance forestière favorisent l'exploitation irrationnelle des
écosystèmes forestiers dans la sous-région70(*). En effet, les conflits
armés dont la zone est le théâtre ont des
conséquences dommageables sur l'état de l'environnement en
général et de l'exploitation des forêts en particulier.
Ainsi, pour répondre aux besoins de logement des réfugiés
de guerre en bois de chauffe et de production d'énergie (cas du Congo,
de la RCA) ou encore pour financer le retour des rebelles (Congo), de vastes
terres boisées sont mises en coupe, à des proportions
dépassant largement les possibilités de
régénération. Cette situation pourrait expliquer le fort
taux de déboisement et de déforestation de la sous-région.
Dans ce contexte de guerre, le fonctionnement des institutions est rendu
impossible et le contrôle de l'activité forestière
inexistant.
La mal gouvernance forestière quant à elle
consiste en la mauvaise gestion des ressources forestières
encouragée indirectement par les décideurs et qui contribue
largement à développer la corruption dans le secteur bois, faune,
et à ralentir le progrès vers une grande responsabilisation.
Cette mal gouvernance se caractérise par : l'existence de
mesures incitatives de corruption et de malversation dans certaines
législations de la sous-région (cas de la loi camerounaise de
1994 sur la transaction71(*)) ; ensuite, certaines dispositions
légales incitent à la surexploitation ; enfin, contrairement
à la politique prônée par l'OIBT, certaines agences de
coopération au développement en Afrique concourent de
façon indirecte à la déforestation en continuant à
accorder des financements aux acteurs environnementaux dont les agissements
sont contraires au concept de développement durable.
Enfin à l'heure de la libéralisation, l'on
aurait pu s'attendre à voir l'Etat se dessaisir de certaines de ses
prérogatives, pour en confier aux autres acteurs sociaux qu'il semble
vouloir impliquer dans la gestion forestière. L'Etat est le seul
protecteur du patrimoine forestier, faunique et halieutique (loi 94/01, article
11 au Cameroun). Il a la garde et le monopole sur les forêts permanentes
et les forêts du domaine national, supervise l'exploitation et est
responsable de l'aménagement. C'est encore lui qui a la charge de la
répression.
L'Etat est présent dans chaque domaine susceptible de
lui rapporter des finances. En ce qui concerne les ressources
génétiques, la loi a conditionné leur exploitation,
fût-elle à des fins scientifiques ou culturelles, à
l'autorisation préalable.
B- L'adaptation et la prise en compte des
spécificités nationales
L'adaptation et la prise en compte des
spécificités nationales suppose ici l'implication et la
participation des populations (surtout celle qui est riveraine à la
forêt) à la gestion de l'environnement. Il est reconnu aujourd'hui
que l'accès aux ressources forestières, surtout quand il est
question d'exploitation pour le bois d'oeuvre, est une affaire de pouvoir. Il
est donc éminemment politique. Le processus mis en oeuvre par les
différents acteurs pour l'acquisition et l'exploitation des forêts
communautaires fait très peu cas des questions de pouvoir. En d'autres
termes, le processus n'a pas donné lieu à un réel cadre de
négociation entre les populations et les autres intervenants. La
multiplicité des conflits observés actuellement autour des
forêts communautaires est la preuve patente de cette situation. En effet,
ces conflits sont le témoignage de la faiblesse de la qualité de
la participation et de l'implication des populations dans le processus, alors
que ce processus aurait dû contribuer à une augmentation du
pouvoir des populations locales par rapport à d'autres acteurs. Ainsi,
le défi que devra relever les politiques forestières actuelles
est celui du la participation effective des populations à la gestion des
ressources forestières et au-delà celui du développement
local durable. Pour être effective, la participation doit revêtir
un caractère endogène, c'est-à-dire apparaître comme
une initiative interne de la communauté. Car de manière
générale, il ne s'agit pas à proprement parler de
participation des populations à la gestion des ressources
forestières, mais de leur adhésion à un projet
conçu sans elles, et à la réalisation duquel elles sont
juste associées. C'est le cas notamment de la création des
comités-paysans-forêts dans la réserve de
Lokoundjé-Nyong au Cameroun, ou encore l'implication des populations ou,
à tout le moins, le recrutement de la main d'oeuvre locale, dans les
projets de conservation financés par les bailleurs de fonds
internationaux : ECOFAC/Dja dans les villages de Meka, Somalomo, Ekom et
UICN-SNV à Lomié.
Concernant la question et la place des populations
autochtones et communautés locales c'est quasi inexistant. Du fait
qu'elles ne sont pas associées lors d'élaboration de code
forestier, ni des droits fonciers dans leurs pays respectifs. La question qu'on
se posera et celle de savoir : a-t-il un partenariat entre les populations
autochtones et communautés locales et les autres organes et acteurs dans
le bassin du Congo ? En réalité, il n'y a pas un réel
partenariat mais le paternalisme.
Au point de vue social, tout d'abord, c'est au sujet de la
terre qu'éclate immédiatement l'antagonisme entre les premiers
colons et les populations autochtones et communautés locales du pays.
Pour calmer leurs inquiétudes qui redoutent de se voir
dépouillé du sol sur lequel ils vivent, donnent en même
temps satisfaction aux nouvelles arrivées qui cherchent leurs fortunes
dans la culture d'une terre presque vierge ou dans l'exploitation des richesses
souterraines. Tout est penché du côté des colons, c'est la
population autochtone et locale qui veut la garder.
Au point de vue économique, l'intérêt du
problème n'est pas moindre. Dès le début, il faut
évier une exploitation imprévoyante et abusive des ressources
naturelles qui tarirait les sources de la prospérité du bassin du
Congo et compromettrait les conditions de vie des populations autochtones et
locales. Les Etats en développement qui désirent attirer les
investisseurs étrangers, ils doivent savoir que les propriétaires
des capitaux ne sont pas les propriétaires des terres.
De ce fait l'Etat doit créer de mécanisme de
partenariat réel entre les populations autochtones et locales, pauvres,
analphabètes et les différents acteurs propriétaires des
capitaux afin de créer une gestion participative. Cependant, il faut
souligner que 90% des populations autochtones et locales sont
analphabètes et ignorants. Cela fait montre que le partenariat effectif
entre les différents acteurs intellectuels et les peuples autochtones et
locaux est une entreprise difficile à réaliser.
Paragraphe 2 : Les conditions externes de mise en
oeuvre
A- Les conditions liées aux acteurs
sous-régionaux
Pour aller droit au but, il faut signaler
ici qu'il est vrai que depuis le sommet de Rio, des évolutions
conceptuelles et institutionnelles ont été observées en
Afrique centrale, en termes de prise de conscience réelle des
problèmes d'environnement et de gestion durable des forêts, il
n'en reste pas moins vrai que le résultat global est à l'image de
la situation au niveau international. Les conférences et les sommets des
chefs d'Etat d'Afrique centrale avec les processus qui les ont
précédés et qui les accompagnent ont réalisé
une forte prise de conscience et bâti une forte volonté politique,
mais elles n'ont pas encore permis une amélioration significative des
phénomènes de déforestation et de dégradation des
forêts du bassin du Congo.
Bien au contraire, la déforestation et
l'écrémage des essences se poursuivent au rythme effrayant
d'environ d'un million d'hectares par an dans le bassin du Congo. La
consommation de la viande de chasse atteint aussi des niveaux effrayants.
L'insuffisance de cohérence entre les politiques forestières et
celles des autres secteurs du monde rural, couplée avec l'insuffisance
de dialogue entre les différents acteurs, constituent sans aucun doute
une des causes profondes de cet état de chose. Le très faible
niveau de développement socio-économique des populations rurales
des pays concernés conjugués avec la pression humaine et les
modes traditionnels de gestion des ressources naturelles n'est en fait que des
facteurs aggravants. Les recommandations et résolutions des
conférences au niveau international et régional ne sont pas
suffisamment relayées par les organisations ou institutions
appropriées au niveau national et local. Les organisations
compétentes en particulier la FAO, le PNUE, l'UICN, le WWF et l'OAB
peuvent aider dans cette direction.
B- Les conditions liées aux acteurs
internationaux
Au niveau international, les pays donateurs
et autres bailleurs de fonds doivent aider les pays de la sous-région
à améliorer l'application des lois et la gouvernance du secteur
forestier. C'est l'objectif annoncé du processus AFLEG (African Forest
Law Enforcement and Governance) qui vise à renforcer l'engagement
politique de haut niveau en Afrique et les capacités de mise en
application des lois existantes ainsi que la lutte contre la corruption. Un des
premiers résultats de cette initiative est l'accent mis sur la
certification et l'origine de légalité des bois importés
en Europe. En réaction, des systèmes spécifiques de
certification d'origine légale, sont actuellement
développés et mis en oeuvre comme le certificat OLB - Origine et
Légalité des Bois (Eurocertifor-BZQI2004). Pour cela, des cadres
règlementaires spécifiques favorables à de meilleures
pratiques doivent être mis en place. Ces changements dans les
législations sectorielles et extra sectorielles doivent être
conduits en étroite collaboration avec les administrations, les
entreprises et la société civile si on veut qu'ils soient
réellement mis en oeuvre par la suite, car au cours des 10
dernières années, plusieurs bailleurs de fonds ont poussé
les pays d'Afrique centrale dans cette direction avec le développement
de nouveaux systèmes de taxation et l'attribution aux enchères
publiques des concessions... Des solutions locales et pragmatiques doivent
être cherchées au cas par cas : la RDC est totalement
différente du Cameroun et dans un même pays, comme le Congo, la
situation au Nord est totalement différente de celle du Sud.
Dans le cadre du PAFT, il serait naïf de croire que
l'intervention de la communauté internationale était une
initiative à la suite de l'Armée du Salut. Il n'en est
rien. D'après les correspondants de l'OAB, les bailleurs ont
dicté la conduite du processus. En Côte d'Ivoire par exemple, dans
une phase précédente, les financements étaient
consacrés aux opérations de reboisement industriel qui, par le
fait d'une préparation de terrain de type mécanisé,
occasionnent une perte de diversité biologique. Les groupes de
consommateurs des pays importateurs des bois tropicaux ont menacés, par
ONG écologistes interposées, de boycotter ces bois si les
forêts n'étaient pas aménagés (OAB, 1996, 24). En
RDC, ce fut un véritable directivisme. Les termes utilisés pour
qualifier la contribution sont très évocateurs : le
leadership de mission multidonatrice (OAB, 1996, 34). A travers les
différentes contributions et la politique du gros bâton,
les donateurs ont presque réussi leur mission de pacification
écologique en Afrique centrale. Ainsi, ces politiques, bien que
cohérentes et appuyées par les bailleurs n'ont pas manqué
d'être critiquées. Déconnectées des
réalités sociales dans la conception, elles ont été
mises à l'épreuve au contact de celles-ci dans la phase
d'implantation.
CONCLUSION GENERALE
A la lumière de ce qui précède,
l'étude sur la gestion durable des forêts du bassin du Congo par
le biais de l'analyse des politiques forestières du Cameroun et du Congo
démontre qu'il existe encore des insuffisances quant à la mise en
oeuvre effective de cette gestion durable. Ces insuffisances sont d'abord le
fait du retard de développement des ces pays, et particulièrement
pour le Congo, la conséquence de crises graves, politiques et
économiques qui les ont affectés dans la dernière
décennie. Certes, une partie des causes de ce retard de
développement trouve ses racines dans les politiques publiques
inappropriées qui ont été conduites par les Etats, mais il
serait illusoire de croire que le secteur forestier puisse ne pas subir les
contraintes liées au mauvais état de l'infrastructure, à
l'effondrement de pans entier du service public (éducation,
santé, administration territoriale...), aux difficultés de
paiement des salaires des fonctionnaires, au développement de
l'insécurité, et aux incertitudes croissantes quant au statut du
foncier. Il est peu envisageable que la situation dans le secteur forestier
puisse progresser durablement sans, en parallèle, des
améliorations sensibles dans les autres domaines de la vie
économique, sociale et institutionnelle des pays concernés.
En ce qui concerne le Cameroun, il faut avouer que
l'évolution du secteur forestier a joué un rôle clé
pour amortir la grave crise économique de la deuxième
moitié des années 80 puis, comme catalyseur du
rétablissement de la richesse économique du pays. Le
« modèle camerounais » s'est ensuite répandu,
plus ou moins modifié, dans le reste des pays de la sous-région.
Avec le temps, le Cameroun parait encore la locomotive de l'innovation en
matière de gestion forestière parmi les pays du bassin du
Congo72(*).
Plusieurs problèmes risquent cependant d'affaiblir le
rôle des forêts camerounaises comme une des pierres angulaires du
développement national. En premier lieu, la mise en oeuvre de la Loi a
été émaillée de nombreuses limitations liées
à la corruption et aux changements dans l'environnement de
l'exécutif forestier dont la récente division du MINEF en MINFOF
et MINEP. L'adoption d'un Observateur Indépendant et la mise en
application du programme FLEGT sont toutefois des initiatives qui vont dans le
bon sens pour réduire l'illégalité dans le secteur. Par
ailleurs, les tendances dans les superficies allouées et la
productivité des hectares exploités suggèrent que la
filière bois a atteint un plafond en termes de surfaces et de
production. Ce signe de « stagnation » de la valeur
productive de l'écosystème est accompagné d'un double
processus de concentration dans la couche « haute » de la
filière bois (UFA du DFP) et de fragmentation dans les couches
inférieures (« petites exploitations »). Une
stabilisation de la production fonction de ce qui est possible durablement, une
amélioration des techniques d'exploitation, l'intégration des
petits exploitants dans la filière bois nationale, l'augmentation de la
valeur ajoutée du secteur, la promotion des plantations
forestières et une certification efficace et réelle, joueront
sans doute un rôle décisif sur le future du secteur forestier et
des forêts du Cameroun73(*).
La gestion forestière au Congo par contre est
basée aujourd'hui sur un nouveau Code forestier qui offre
théoriquement un cadre performant de gestion des ressources
forestières. La législation nationale garantit une production
forestière soutenue, tout en assurant la conservation des
écosystèmes forestiers et la prise en compte des besoins
socio-économique des populations locales. Ce cadre légal et
règlementaire, convenablement appliqué, constitue un outil de
choix pour la gestion durable des ressources forestières.
Cependant, malgré ces textes modernes et les actions
significatives déjà engagées, la mise en oeuvre des
principes de gestion durable des ressources forestières reste encore
trop faible. Il en est de même pour les efforts entrepris en faveur de la
protection de la biodiversité. L'élaboration des plans
d'aménagement des concessions forestières (et des aires
protégées) est, quant à elle, trop lente alors que des
menaces pèsent sur ces écosystèmes. Des progrès
substantiels ont été faits. Il reste encore beaucoup à
faire pour supposer répondre positivement aux questions posées en
introduction sur la durabilité de la gestion forestière au Congo.
Un programme Sectoriel Forêt et Environnement (PSFE) actuellement en
cours d'élaboration au niveau du gouvernement, vise à mettre en
oeuvre des actions prioritaires au plan national. Il pourrait et devrait
insuffler un nouveau dynamisme au secteur forêt/environnement du Congo,
afin que les acquis soient consolidés et étendus à
l'ensemble du pays73(*).
En définitive, la question de la gestion des
ressources forestières dans le bassin du Congo ne doit pas être
vue, seulement, comme un problème d'environnement, mais comme une
question au coeur des relations environnement/développement. Aucune
solution durable ne peut être trouvée dans une partie du couple si
elle ne s'accompagne pas de progrès significatifs dans l'autre. Il ne
faut cependant pas occulter le fait que ce couple est également
conflictuel : historiquement, le développement s'est
réalisé aux détriment de l'environnement - et notamment
des surfaces forestières - . L'effort demandé aux pays du bassin
du Congo est considérable : il s'agit d'adopter des
itinéraires de développement inédits, en évitant de
recourir à des solutions qui entraînent des dommages significatifs
à l'environnement. L'appui de la communauté internationale est
donc décisif pour parvenir à relever ce défi. Et cet appui
doit se manifester dans les deux composantes du couple
« environnement et développement », afin de
maîtriser les liens problématiques qui les unissent.
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Cameroun
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de la République du Cameroun.
- La politique forestière du Cameroun (document de
politique générale), Yaoundé, 30 juin 1993.
- Loi N°96 / 12 du 5 août 1996 portant loi cadre
relative à la gestion de l'Environnement.
- Loi N°94 / 01 du 20 janvier 1994 portant régime
des forêts, de la faune et de la pêche.
- Décret N°95 / 531/ PM du 23 août 1995
fixant les modalités d'application du régime des forêts.
- Décret N° 95 / 466 / PM du 20 juillet 1995
fixant les modalités d'application du régime de la faune.
- Décret N° 2000 / 092 / PM du 27 mars 2000
modifiant le Décret N°95 / 531/ PM du 23 août 1995 fixant les
modalités d'application du régime des forêts.
- Arrêté Conjoint N° 000122 / MINEFI /
MINAT / du 29 avril 1998 fixant les modalités d'emploi des revenus
provenant de l'exploitation forestière et destinés aux
communautés villageoises riveraines.
République du Congo
- Loi N° 16-2000 du 20 novembre 2000 portant code
forestier congolais.
- Décret N° 2002-433 du 31 décembre 2002
portant organisation et fonctionnement du corps des agents des eaux et
forêts.
- Décret N° 2002-434 du 31 décembre 2002
portant organisation et fonctionnement du fonds forestier.
- Décret N° 2002-435 du 31 décembre 2002
portant attributions, organisation et fonctionnement du Centre national
d'inventaire et d'aménagement des ressources forestières et
fauniques.
- Décret N° 2002-436 du 31 décembre 2002
portant attributions, organisation et fonctionnement du service de
contrôle des produits forestiers à l'exportation.
- Décret N° 2002-437 du 31 décembre 2002
fixant les conditions de gestion et d'utilisation des forêts.
- Décret N° 2002-438 du 31 décembre 2002
fixant les modalités de répartition de la taxe de superficie
destinée au développement des départements.
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
1
REMERCIEMENTS
2
SIGLES ET ABREVIATIONS
3
RESUME
5
SOMMAIRE
6
INTRODUCTION GENERALE
8
I- Contexte de l'étude
8
A- Délimitation de l'étude
9
B- Clarification des concepts
11
II- Intérêt de
l'étude
12
III- Revue de
littérature
13
IV- Problématique et
hypothèses de l'étude
17
A- Problématique de l'étude
17
B- Hypothèses de l'étude
17
V- Considérations
méthodologiques
19
VI- Articulation et justification du
plan
20
PREMIERE PARTIE : LA PRISE EN COMPTE
DU DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LES POLITIQUES FORESTIERES DU CAMEROUN ET DU
CONGO
21
CHAPITRE 1 : LE CHOIX DE POLITIQUES
RELATIVEMENT NOVATRICES
22
Section 1 : L'inspiration
néo-coloniale des politiques forestières
22
Paragraphe 1 : des politiques
lacunaires et incomplètes
22
A- Les politiques forestières coloniales
applicables au Cameroun
22
B- Les politiques forestières coloniales au
Congo
23
Paragraphe 2 : Les réformes
forestières avant le sommet de Rio
24
A- Les réformes forestières au
Cameroun
24
B- Les réformes forestières au
Congo
25
Section 2 : L'urgence de
l'élaboration des politiques forestières dans la perspective d'un
développement durable
26
Paragraphe 1 : Le cadre incitatif
à l'élaboration de nouvelles politiques
forestières
27
A- Le sommet de la terre de Rio de 1992 ou la prise
de conscience
27
1- La Déclaration de Rio
27
2- L'Action 21
28
B- Le rôle des forêts du bassin du
Congo face à l'équilibre écologique planétaire
29
Paragraphe 2 : L'état des
réformes législatives et règlementaires
31
A- Les réformes législatives et
règlementaires au Cameroun
31
B- Les réformes législatives et
règlementaires au Congo
33
CHAPITRE 2 : LE CHOIX DE POLITIQUES
RELATIVEMENT COORDONNEES
35
Section 1 : Les nouvelles politiques
de gestion forestière
35
Paragraphe 1 : La planification des
espaces forestiers nationaux
35
A- Statut légal et mode d'affectation des
forêts
35
B- L'aménagement forestier
37
La mise en oeuvre de l'aménagement forestier
comporte trois phases : l'inventaire des ressources forestières,
l'élaboration d'un plan d'aménagement et la sylviculture.
38
1- L'inventaire des ressources
forestières
38
2- L e plan d'aménagement forestier
38
3- La sylviculture et la reforestation
39
Paragraphe 2 : La gestion communautaire de la
faune et de la flore
41
A- La création des forêts
communautaires
41
B- La création des aires
protégées
42
L'expérience du sanctuaire de gorille de
Lossi au Congo
43
Section 2 : Le nouveau cadre
institutionnel de gestion durable des forêts
45
Paragraphe 1 : Le nouveau cadre
institutionnel au Cameroun et au Congo
45
A- Les nouvelles institutions forestières du
Cameroun
45
B- Les nouvelles institutions forestières au
Congo
46
Paragraphe 2 : Le cadre institutionnel
sous-régional
47
A- Les organisations sous-régionales
47
B- Les réseaux sous-régionaux
48
DEUXIEME PARTIE : LA MISE EN OEUVRE DU
DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LES POLITIQUES FORESTIERES AU CAMEROUN ET AU
CONGO
50
CHAPITRE 1 : L'INTRODUCTION DE LA
NOTION DE DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LES POLITIQUES FORESTIERES
50
Section 1 : La nécessité
de prendre en compte les réalités locales
50
Paragraphe 1 : Les contraintes
psychologiques et sociales
50
A- Les contraintes psychologiques
50
B- Les contraintes sociales
51
Paragraphe 2 : Les contraintes
sociopolitiques et financières
52
A- Les contraintes sociopolitiques
52
B- Les contraintes financières
53
Section 2 : L'appui de la
communauté internationale dans la gestion des forêts du bassin du
Congo
53
Paragraphe 1 : Les institutions
internationales et la protection des forêts du bassin du
Congo
53
A- Les institutions
internationales
53
B- Les institutions régionales
56
1- La Conférence des ministres d'Afrique
centrale (COMIFAC)
56
2- L'Organisation africaine du bois (OAB)
57
3- La Conférence sur les
écosystèmes de forêts denses et humides d'Afrique centrale
(CEFDHAC)
57
Paragraphe 2 : Le plan d'action
forestier tropical (PAFT)
59
A- Le cadre de création du plan d'action
forestier tropical
59
B- Bilan critique du plan d'action forestier
tropical
62
La phase de planification : une approche trop
sectorielle et des acteurs
62
inégalement impliqués
62
La mise en oeuvre : un engagement insuffisant
64
Le comité pour le développement
forestier en Afrique
66
CHAPITRE 2 : LA NECESSITE DE METTRE
EFFECTIVEMENT EN OEUVRE LA GESTION DURABLE DES FORETS DU BASSIN DU
CONGO
67
Section 1 : Les obstacles à la
mise en oeuvre de la gestion durable des forêts du bassin du
Congo
67
Paragraphe 1 : L'insuffisance du cadre
normatif
67
A- La persistance de vides juridiques
67
Le cas de l'exploitation forestière
traditionnelle au titre des droits d'usage
67
B- Les lacunes des textes existants
68
Paragraphe 2 : Les faiblesses
institutionnelles
69
A- La coordination des initiatives
sous-régionales
69
B- Le contrôle de l'exploitation
forestière
70
Secteur 2 : Les voies d'une mise en
oeuvre efficace de la gestion durable des forêts au Cameroun et au
Congo
72
Paragraphe 1 : Les conditions internes
de mise en oeuvre
72
A- La volonté politique
72
B- L'adaptation et la prise en compte des
spécificités nationales
74
Paragraphe 2 : Les conditions externes
de mise en oeuvre
75
A- Les conditions liées aux acteurs
sous-régionaux
75
B- Les conditions liées aux acteurs
internationaux
76
CONCLUSION GENERALE
78
BIBLIOGRAPHIE
81
TABLE DES MATIERES
86
* 1 GIREAUD (P.N.),
Aménagement durable des forêts d'Afrique centrale, projet
d'article « histoire des développements », Serge
Michailof éd. mai 2005.
* 2 BASSALANG (M. M.),
La protection des écosystèmes forestiers du bassin du
Congo », mémoire de Master en Droits de l'homme et
action humanitaire, U.C.A.C, 2005, p. 1.
* 3 Revue Zamb'a n°0002
p.5 cité par (M) BASSALANG, op. cit.
* 4 Voir PNUD (2002) Afrique,
p.80
* 5 Notamment les
Pygmées
* 6 Principe 4 :
« Pour parvenir à un développement durable, la
protection de l'environnement doit constituer une partie intégrante du
processus de développement et ne peut être
considérée isolement »
* 7 Principe 3 :
« Le droit au développement doit être
réalisé de façon à satisfaire équitablement
les besoins relatifs au développement et à l'environnement des
générations présentes et futures ».
* 8 DUPUY (P.M.),
« Où en est le droit international de l'environnement à
la fin du siècle ? » RGDIP, T. 101, 1997-4, p. 886.
* 9 Rapport CARPE, Les
forêts du bassin du Congo: Évaluation préliminaire,
2005, p. 1.Le texte de ce document est disponible à l'adresse
Internet suivante:
http://carpe.umd.edu/products/PDF_Files/FOCB_APrelimAssess.pdf
* 10 Dans le but de
communiquer des informations critiques aux marchés internationaux de
bois tropicaux et d'augmenter la transparence dans le secteur forestier,
l'initiative Global Forest Watch (GFW) du World Resources
Institute (WRI) a établi un partenariat avec l'industrie, les
gouvernements et la société civile afin de développer un
système indépendant et volontaire de suivi des concessions
(FORCOMS). Au début de 2004, la Congolaise Industrielle des Bois (CIB),
une entreprise allemande, a annoncé son intention de tendre vers les
standards de certification du Forest Stewardship Council (FSC), un
système reconnu internationalement. Avec des financements de CARPE et de
ses collaborateurs, la Wildlife Conservation Society (WCS) a
travaillé avec CIB depuis plusieurs années afin
d'améliorer la gestion des forêts au travers du contrôle de
la chasse commerciale et du braconnage. Aussi bien CIB que WCS ont investi des
ressources significatives dans une période bien définie pour
atteindre la certification. Cette collaboration CIB-WCS est importante pour
deux raisons. Tout d'abord, la CIB exploite une concession de 1,3 millions
d'hectares qui forme une zone tampon tout autour du parc national de
Nouabalé-Ndoki dans le nord de la République du Congo et assure
la continuité de ce parc national avec la réserve communautaire
du lac Télé au sud. Ensuite, en prenant cette décision,
CIB a relevé la barre et initié de nouveaux standards pour
l'exploitation forestière en Afrique centrale.
* 11 Rapport CARPE, Op.
cit., p. 19.
* 12 Document FAO, 2003
* 13 FAO, Evaluation des
besoins en formation dans le secteur forestier en Afrique centrale, 2003, p.
9.
* 14 KOYO (J.P.) in
« Politiques forestières des pays d'Afrique centrale :
le levain de l'espoir », revue Zamba N°0001, p, 6.
* 15 BIGOMBE LOGO (P.), Le
retournement de l'état forestier : l'endroit et l'envers des
processus de gestion forestière au Cameroun, Presses de
l'Université catholique d'Afrique centrale, Yaoundé, 2004,
p.332.
* 16 NDIKUMAGENGE (C.),
Bases pour la mise en cohérence des politiques forestières pour
l'Afrique centrale, UICN, Yaoundé.
* 17 KAMTO (M.), Droit
de l'environnement en Afrique, op.cit., p.110.
* 18 BOUKONGOU (J. D.),
« La protection du bassin du Congo, un enjeu
multilatéral », Géopolitique Africaine.
* 19 Cas du Gabon, de la
Guinée équatoriale et de la République centrafricaine.
* 20 Sur cet aspect, la loi
camerounaise constitue une exception car, ces forêts sont prévues
dans la loi : voir art 37, loi de 1994.
* 21 Dans ce sens, la loi
camerounaise n'évoque que de manière très brève les
carrières ou la situation des sociétés minières.
* 22 BEAUD (M.), L'art
de la thèse, Paris, La Découverte, 1997, p. 32.
* 23 BASSALANG (M.M), op.
cit., p. 28.
* 24 C'est notamment la
vente et l'utilisation des pesticides agricoles ou produits assimilés
qui ne peuvent s'exercer qu'après autorisation du Ministre en charge de
l'environnement. Il peut aussi procéder à l'interdiction de tout
engrais ou pesticides nuisibles ou dangereux pour l'environnement, l'homme, les
animaux ou végétaux.
* 25 C'est le cas de
l'ordonnance forestière nigériane révisée en 1948,
appliquée dans la partie sous administration britannique.
* 26 Voir la thèse de
Bomba, 1992, p. 46
* 27 Dumont, 1962, pp.
169-170
* 28 Dasse (P.),
« Mise en oeuvre du droit international de l'environnement dans le
secteur marin et littéral », in Mise en oeuvre nationale
du droit international de l'environnement dans les pays francophones,
Limoges, Pulim, 2003, p. 557
* 29 L'article 9 de la loi
n°96/12 du 5 août 1996, portant loi cadre relative à la
gestion de l'environnement est le fruit de cette participation
* 30 COMIFAC, Plan de
convergence, Actions prioritaires, 2003-2005, Yaoundé 2002,
p.2
* 31 Dasse (P.), op. cit.
* 32 Deuxième
réunion de la COMIFAC tenue à Brazzaville en juin 2004, relative
à la vulgarisation du plan de convergence.
* 33 ECOFAC, Les
forêts du bassin du Congo, état des forêts 2006, p. 13
* 34
http://www.riddac.org/presentation.html
(consulté le 26 août 2007)
* 35 BASSALANG (M.M), op.
cit., p. 36.
* 36 Article 36 : Toute
personne physique, de nationalité congolaise ou étrangère,
ou personne morale de droit congolais, qui plante des arbres forestiers sur un
terrain relevant du domaine forestier non permanent, acquiert la jouissance
exclusive du terrain planté et la propriété des arbres qui
s'y trouvent, sous réserve :
- des droits des tiers ;
- que le nombre des arbres plantés excède celui
des arbres ne résultant pas de la plantation ;
- que les limites du terrain planté soient clairement
matérialisées.
* 37 Article 37: Les droits
acquis en application des dispositions de l'article 36 ci-dessus sont
transmissibles, conformément à la loi. Ils cessent avec le
défrichement du terrain, l'abandon ou le dépérissement du
peuplement (...).
* 38 ECOFAC, Les
forêts du bassin du Congo, état des forêts 2006, p. 64
* 39 Lire « Base
pour la mise en cohérence des politiques et lois forestières
d'Afrique centrale », UICN.
* 40 N'ZALA (D.), GAMI (N.),
NKEOUA (G.), FORNI (E.), NSOSSO (D.), NKOUNKOU (F.), « La gestion des
concessions forestières en République du Congo » in
Exploitation et gestion durable des forêts en Afrique centrale,
Paris, l'Harmattan, 2006, p. 163
* 41 Lire ADOUKI (D.E.),
« Droit, forêt et développement durable »,
rapport national du Congo au colloque du Limoges, novembre 1994, p 10 - 11.
* 42 Au début de la
décennie 70, le Cameroun a lancé une vaste opération de
reboisement : l'opération « Sahel vert ».
L'objectif de cette opération était de lutter contre
l'avancée du désert en plantant des arbres dans la partie
septentrionale du pays. Malheureusement, la crise financière à
mis un terme à l'opération. Voir également, CATINOT (R.),
« Sylviculture en forêt dense africaine », bois et
forêts des tropiques, N°100, mars avril 1985, p. 6.
* 43 Voir M AUBREVILLE (A.),
« Forêts sauvages ou sylviculture », Bois et
forêts des tropiques, N° 33, p.11.
* 44 Voir STEWART (P.J.),
« L'Etablissement en question », Cères, n°2
vol. 18 mars-avril, 1985, p. 18.
* 45 KLEMM (C. de),
« Les éléments de l'environnement », in
Réflexions sur le statut juridique de l'environnement
(Document.Provisoire), Strasbourg, Centre du Droit de l'Environnement, 1987,
p.24.
* 46 Une procédure
détaillée est donnée par l'article 2 du décret
ivoirien N° 66/442 du 15 septembre 1966, elle est largement
démocratique et mérite d'être prise en exemple. M. KAMTO,
op. cit., p.161.
* 47 Lire, KEMBO TAKAM (H.),
Le cadre juridique de la gestion des aires protégées
transfrontières en Afrique centrale : Le cas du Tri-National de la
Sangha, Mémoire de troisième cycle en Droit International de
l'Environnement, Université de Limoges, juillet 2003.
* 48 De BLAS (D.E.), MERTENS
(B.), Pérez (M.R.), CERUTTI (P.O.), N'GONO (G.),
« L'exploitation forestier au Cameroun : un laboratoire
institutionnel de la sous-région ? » in Exploitation et
gestion durable des forêts en Afrique centrale, Paris, l'Harmattan, 2006,
p. 137.
* 49 N'ZALA (D.), GAMI (N.),
NKEOUA (G.), FORNI (E.), NSOSSO (D.), NKOUNKOU (F.), « La gestion des
concessions forestières en République du Congo » in
Exploitation et gestion durable des forêts en Afrique centrale,
Paris, l'Harmattan, 2006, pp. 161-162.
* 50 Voir
« Bassin de Congo, bulletins d'information », CARPE, mars
2001.
* 51 Lire à ce sujet
le rapport, « Etude sur la mise en place d'un cadre légal de
coopération sous régionale pour la gestion des
écosystèmes de forets danses et humides d'Afrique
Centrale », UICN, Yaoundé, mai 2004, p.44.
* 52 Idem p.43.
* 53 Lire HAKIZUMWAMI (E.)
et NDIKUMAGENGE(C.), « Initiative et processus sous- régionaux
de conservation et de gestion forestière en Afrique Centrale :
cohérence ou incohérence », UICN, Yaoundé,
p.6.
* 54 Idem p, 6
* 55 Ibid,p, 7
* 56 Ibid, p, 7
* 57 Ibid, p, 7
* 58Tchokossi (C.), op.cit.,
p.18.
* 59 Ce projet a
été crée par décret N° 92/004 du 10 janvier
1992 avec pour objectif d'aboutir à un aménagement durable de la
perte de la forêt camerounaise concerné par le projet. Voir, M.
KAMTO op.cit., p. 189.
* 60 Cas du projet
projection et animation de la CEFDHAC ayant abouti à la création
du « Réseau projection des ressources naturelles dans le
bassin du Congo ».
* 61 A titre d'exemple on
peut citer le développement du parc national de Sangha
( Nouabalé - Dzanga - Lobéké)
* 62 TCHOKOSSI (C.), op.cit,
p.20.
* 63 Elle envisage de mettre
en place un fond de crédit pour le financement des aménagements
forestier dans les pays de la sous région qui en sont dépourvus.
Sur la question lire FOUDA (Y.) et BIGOMBE LOGO (P.), Les acteurs de
l'environnement au Cameroun : états des lieux, octobre 2000,
pp., 14 - 15
* 64 CLEMENT (J.), Cours de
master Droit international et comparé de l'environnement, 2006-2007
Université de Limoges.
* 65 Voir NGUESSAN
(K.), Commentaire du code forestier et de la législation
forestière de la Côte d'Ivoire, Paris, LGDJ, 1989, pp.
30-31
* 66 Lire, Moabi
spécial N° 2002, p. 13.
* 67 Lire NDIKUMAGENGE (C.)
et HAKIZUWAMI (E.), Initiatives et processus sous-régionaux :
cohérence ou incohérence ? UICN, p.9.
* 68 Idem , p. 10.
* 69 Revue
« enjeux », N°5, p.8.
* 70 Lire le rapport 2001 du
Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés ( HCR), in
PNUE ( 2002) - GEO- 3, op.cit., p.276.
* 71 Cette mesure autorise
l'administration des forêts à opérer une transaction qui
éteint l'action contentieuse ; cette disposition de la loi est une
incitation à la corruption.
* 72 KARSENTY (A.),
« Limpact des réformes dans le secteur forestier en Afrique
centrale » in Exploitation et gestion durable des forêts en
Afrique centrale, Paris, l'Harmattan, 2006, p. 55.
* De BLAS (D.E.), MERTENS (B.),
Pérez (M.R.), CERUTTI (P.O.), N'GONO (G.), « L'exploitation
forestier au Cameroun : un laboratoire institutionnel de la
sous-région ? » in Exploitation et gestion durable des
forêts en Afrique centrale, Paris, l'Harmattan, 2006, pp. 149-150.
* 73 N'ZALA (D.), GAMI (N.),
NKEOUA (G.), FORNI (E.), NSOSSO (D.), NKOUNKOU (F.), « La gestion des
concessions forestières en République du Congo » in
Exploitation et gestion durable des forêts en Afrique centrale,
Paris, l'Harmattan, 2006, pp. 167-168.
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