L'art de la bifurcation : dichotomie, mythomanie et uchronie dans l'oeuvre d'Emmanuel Carrère( Télécharger le fichier original )par Mario Touzin Université du Québec à Montréal - Maîtrise en Etudes Littéraires 2007 |
ConclusionDans ce bref chapitre, nous avons tenté d'éclaircir rapidement certaines ambiguïtés relatives au mensonge par rapport à la mythomanie. Nous avons voulu montrer que, contrairement au mensonge, la mythomanie prend racine dans un univers fictionnel et dans lequel le sujet finit par confondre réalité et imaginaire. En d'autres mots, le mythomane souffre d'un trouble de la personnalité ; il est inconscient de mentir puisqu'il ne s'identifie que par l'imaginaire. Avec lui, tout est faux, mais tout est plausible ; tout est virtuel, mais rien n'est désordonné ; tout est « possible », mais rien n'est vérifiable... Dans le chapitre suivant, nous analyserons la figure du mythomane dans quatre romans d'Emmanuel Carrère. Nous tenterons de mettre à jour cette structure du personnage qu'est le mythomane : figure obsédante pour l'auteur et qui s'avère être « celle d'un écrivain [...] dont il a longtemps anticipé la forme et qui se voit subitement incarnée dans la vie d'un homme42(*) ». De La moustache à L'adversaire, en passant par Hors d'atteinte ? et La classe de neige, le mensonge s'inscrit comme principale thématique, aussi régulière qu'une horloge, aussi angoissante et obsédante que fascinante et délirante. Si « l'obsession de Carrère prend la forme d'une figure43(*) » qui est celle de la mythomanie, celle-ci se partage entre la folie de La moustache, la double existence de Hors d'atteinte ?, l'angoisse fantasmatique de La classe de neige et toutes ces choses à la fois dans L'adversaire. Pénétrons maintenant dans l'antre d'Emmanuel Carrère et examinons de plus près ce qu'il en est... * 42 Bertrand, Gervais, « L'obsession. Figure du mythomane en père meurtrier », in Figures, lectures - logiques de l'imaginaire, tome I, Le Quartanier, coll. Erres Essais, 2006, p. 108. * 43 Ibid., p. 111. |
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