UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL
L'ART DE LA BIFURCATION :
MYTHOMANIE ET UCHRONIE
DANS L'oeUVRE D'EMMANUEL CARRÈRE
MÉMOIRE
PRÉSENTÉ
COMME EXIGENCE PARTIELLE
DE LA MAÎTRISE EN ÉTUDES LITTÉRAIRES
PAR
MARIO TOUZIN
OCTOBRE 2007
TABLE DES MATIÈRES
RÉSUMÉ v
INTRODUCTION 1
PREMIÈRE PARTIE
LA MYTHOMANIE 6
CHAPITRE I
DU MENSONGE À LA MYTHOMANIE 8
1.1.1 Le mensonge à soi-même 9
1.2 Le mensonge chez l'enfant 10
1.2.1 Pourquoi l'enfant ment-il ? 11
1.3 La mythomanie : représentation et
interprétation 12
1.3.1 Mensonge et mythomanie 12
1.3.2 Mythomanie et psychiatrie 13
1.4 Le mythomane : entre réalité et fiction
14
1.4.1 Le mythomane et son auditoire 15
1.4.2 Qu'arrive-t-il lorsque le mythomane est découvert
? 16
1.4.3 Le mythomane est-il sociable ? 17
Conclusion 18
CHAPITRE II
LA MYTHOMANIE DANS L'oeUVRE DE CARRÈRE 19
2.1 La Moustache 20
2.2 Hors d'atteinte ? 23
2.3 La classe de neige 25
2.4 L'Adversaire 30
2.4.1 Romand et le mensonge infantile 31
2.4.2 Romand, un criminel : crédulité,
simulation, escroquerie 33
2.4.3 Le réel et l'imaginaire chez Romand 36
2.4.4 Romand et le paradoxe du menteur 39
2.4.5 Le narcissisme chez Romand 41
2.4.6 Mensonge, mensonge, qui es-tu ? 43
2.5 Emmanuel Carrère vs Jean-Claude Romand 45
Conclusion 49
DEUXIÈME PARTIE
L'UCHRONIE 52
CHAPITRE I
UCHRONIE : REPRÉSENTATION ET INTERPRÉTATION
54
2.1.1 Les avatars de l'uchronie 56
2.1.2 L'uchronie : d'hier à aujourd'hui 58
2.1.3 Uchronie pure 60
2.1.4 La fausse réalité 61
2.1.5 Hasard ou déterminisme ? 63
2.1.6 Les mondes possibles 67
Conclusion 69
CHAPITRE II
L'UCHRONIE DANS LES oeUVRES DE CARRÈRE 71
2.2 La Moustache 72
2.2.1 La fausse réalité dans La
moustache 73
2.2.2 Uchronie temporelle dans La moustache 74
2.3 Hors d'atteinte ? 77
2.4 Je suis vivant et vous êtes mort 78
2.5 La classe de neige 81
2.5.1 Hasard et déterminisme dans La classe de
neige 82
2.6 L'Adversaire 83
2.6.1 La fausse réalité dans
L'adversaire 86
2.6.2 Le « et si... » dans L'adversaire
88
2.6.3 Hasard et déterminisme dans L'adversaire
89
2.6.4 Les mondes possibles dans L'adversaire 90
Conclusion 94
CONCLUSION 96
BIBLIOGRAPHIE 106
RÉSUMÉ
L'oeuvre entière d'Emmanuel Carrère est
fondée, dans une large mesure, sur trois principes que sont la
dichotomie, la mythomanie et l'uchronie. Que ce soit dans ses romans, ses
biographies ou ses essais, l'auteur met en scène ces trois principes de
façon récurrente ; or, ils sont tous assujettis à celui de
la bifurcation. En effet, malgré la diversité des genres
impliqués, l'ensemble des textes de Carrère convergent vers une
même figure : celle de la bifurcation.
Nous allons tenter, dans notre mémoire de
maîtrise, de comprendre l'obsession d'Emmanuel Carrère pour tout
ce qui touche à cette figure de la bifurcation. L'oeuvre entière
de Carrère, allons-nous montrer, repose sur cette faille, cette
disjonction à partir de laquelle tout chavire.
Pour ce faire, nous prendrons, comme base de notre analyse, le
récit L'adversaire, qui représente le mieux le
rôle joué par la bifurcation. Mais nous aurons également
recours à d'autres textes : à ses trois romans, La
moustache, Hors d'atteinte ? et La Classe de neige ;
à son essai sur l'uchronie, Le détroit de Béhring
et à sa biographie sur l'auteur de science-fiction Philip K. Dick,
Je suis vivant et vous êtes mort. Tous mettent en scène
une semblable bifurcation.
Emmanuel Carrère, tel un leitmotiv, va faire bifurquer
chacun de ses personnages dans un monde où le réel et
l'imaginaire s'entrechoquent. Bifurquer c'est se diviser en forme de
fourche. Abandonner une voie pour en suivre une autre. Dans
L'adversaire, le personnage de Jean-Claude Romand va bifurquer dans
l'univers du mensonge, délaissant le monde réel pour un monde de
fiction. Et il en est de même pour tous les autres personnages issus des
textes de Carrère.
Dans chacune des oeuvres citées, la dichotomie, la
mythomanie et l'uchronie apparaissent comme des principes formels. Qu'un
personnage croit avoir porté la moustache pendant plus de dix ans, qu'un
autre mène une double vie dans les casinos ou qu'il joue au
médecin, alors qu'il n'en est rien... relèvent a priori
d'un simple dédoublement, d'une bifurcation. Tout va pour le mieux
jusqu'au jour où tout bascule, créant par le fait même un
monde parallèle, et c'est à cet instant précis qu'entre en
jeu dichotomie, mythomanie et uchronie. Ces principes sont tributaires de ce
que nous nommons l'art de la bifurcation.
L'adversaire, bifurcation, mythomanie, uchronie,
imaginaire, Emmanuel Carrère.
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