Les relations inter claniques chez les peuples Suundi
de la République du Congo : héritage de Koongo dya
Ntotila
Par
KIDIBA Samuel
Directeur du Musée National du Congo,
Chargé de cours à la Faculté
des Lettres et des Sciences Humaines
Université Marien Ngouabi de Brazzaville
Doctorant en anthropologie
culturelle
Résumé :
Les peuples suundi sont situés dans la partie sud de la
République du Congo précisément dans les
départements du Niari, de la Bouenza et du Pool. Ils appartiennent au
grand groupe Koongo constitué de bien d'autres ethnies : kuni,
beembe, laadi, koongo, doondo, haangala, kaamba, yoombe etc. Tous ces peuples
ont une souche commune, le Koongo dia Ntotila en Angola. De cette souche
commune, les peuples suundi ont conservé, entre autres, les clans,
makaanda.
Le kaanda est une organisation sociale faite des
mécanismes que tout le monde observe consciemment ou inconsciemment. En
pays suundi, le kaanda vit grâce aux rapports entre ses membres
bisi kaanda et à ses liens séculaires tissés dans
la trame de l'histoire par les ancêtres avec d'autres clans par
alliance, bankweesi ou des clans voisins, makaanda ma mbambi
kingenga.
L'héritage, qui est venu de Koongo dia Ntotila, a, sans
doute, connu des modifications sur le cheminement migratoire. Cependant, il en
reste une base, une vraie sève, mamelle de survie identitaire.
Cette communication veut montrer le lien qui reste vivant
entre la terre mère et l'aire culturelle suundi.
Mots clés :
relations inter clanique - peuples suundi - héritage - Koongo dya
Ntotila -clan-Kaanda
Summary:
Suundi peoples are located in south of the Republic of Congo,
departments of Bouenza, Niari and Pool. They are members of Koongo great group
with others as: Kuni, Beembe, Laadi/Laari, Koongo, Doondo, Haangala, Kaamba,
Yoombe and so on. All these peoples have a common origin, Koongo Dya Ntotila in
Angola. Suundi peoples preserved many things from this stump, for example,
clans, makaanda.
The kaanda is a social organisation made by some
rulers observed by all members of the society. In suundi country, the
kaanda live depends in report of its members and contact with others
clans in love, bankweesi or neighbour clans, makaanda ma
mbambi kingenga.
The heritage from Koongo dya Ntotila probably changed on the
evolution for the time and in migration movement.
The speech will show the link between the main land and suundi
cultural area.
Key words:
Inter clanic relationships - suundi
peoples - heritage - Koongo dya Ntotila-clan-Kaanda
«Les Koongo, en fin de compte, fait remarquer
DOUTRELOUX dans son Introduction à la culture
Koongo comme un complexe ethnique aux composantes encore mal
répertoriées, cimentés par une unité culturelle
certaine... » et plus loin : p.122 « Nous
souhaitons ...que la passion qu'ils nourrissent envers toutes les traditions de
leur peuple suscite les chercheurs Koongo qui seuls,sans doute, mèneront
à son terme ultime l'étude de la culture
Koongo. »
Dominique NGOIE NGALLA
Introduction
Mesdames et messieurs, chers soeurs et frères, lorsque
j'ai reçu l'invitation de participation à cette table, un
sentiment de retour aux sources m'a traversé. Sentiment de retour aux
sources simplement parce qu'il y a une phrase très récurrente
revient chez les Suundi et tous le Koongo : Yeeto ku Koongo dya
Ntotila ku Angola tafuma/tuuka, ku Mbanza Koongo Kwa bwiila maambu
littéralement, cette phrase veut dire : nous nous venons de
Koongo dya Ntotila en Angola, à Mbanza Koongo où s'étaient
produits des grands événements, ou mieux, nous sommes originaires
de Koongo dya Ntotila en Angola, à Mbanza Koongo où se
produisirent des grands événements.
Une phrase très récurrente qui revient dans le
discours et même dans certaines créations musicales des hommes,
des femmes et mêmes des jeunes enfants du grand groupe Koongo :
« hééé éyaya
lubaanza é yaya
hééé éyaya lubaanza
é yaya (refrain)
é yeto kuna Kongo dya Ntotila dya Angola kwa
tutuka
hééé yaya lubaanza é
yaaya lubaanza»1(*).
Cette phrase, mesdames et messieurs, revient souvent, chez les
Koongo, elle rappelle cette appartenance, cette nostalgie de la
souche, la terre mère génitrice des peuples Koongo.
Une phrase quelque peu banale et nostalgique qui
rallume « Le feu des
origines »2(*). En effet, ils sont conscients
d'être originaires de Mbanza Koongo.
Mais dans la dernière partie de cette phrase, il y a la
particule Ku Mbanza Koongo Kwa bwiila maambu. Dans nos contacts avec
les détenteurs de l'oralité, les historiens et historiennes du
verbe, les littéraires de l'oralité3(*), il s'est révélé que les grands
événements dont il est question ici sont : la Bataille
d'Ambwila en 1665, la désacralisation du prestigieux Royaume, notamment
sa christianisation en 1491 avec l'arrivée des Portugais au XVè
siècle avec Diego Câo en 1485. Ayant constaté
l'organisation du Royaume, jamais rencontrée nulle part au monde, ces
derniers ont vite fait de le déstabiliser et le massacrer à la
fin XVIIè siècle et ils le nommèrent San Salvador
dès le XVIè siècle. Ils le firent pour le trafic des
esclaves dont 15.000 âmes partaient de l'Angola pour l'Amérique
toutes les années.
En gros, cette particule de phrase fait allusion au
déclin du Royaume qui reste connu par les Koongo, la terne dislocation
du groupe, la défection des provinces périphériques du
Royaume dont celle de Nsuundi qui était peuplée par l'ethnie
Suundi.
Le nom Ambwila, d'après nos sources orales, vient du
verbe kubwiila, kubwa, attraper, tomber, chuter, (se)
produire; et donc Ambwila signifierait le lieu où s'était
produit un événement ou Bataille dya bwiila, mieux
bataille de la chute ou de la défection4(*). D'où la particule kwa bwiila
maambu, l'événement de la défection du Royaume.
Défection assez regrettable dont le Roi de Kongo,
Garcia II, au milieu du XVIIIè siècle, fit une analyse
lucide :
« Au lieu de l'or, l'argent et des autres biens
qui servent
de monnaie ailleurs, ici la monnaie est faite de
personnes,
qui ne sont ni en or, ni en tissu mais qui sont des
créatures.
C'est notre honte à nous et à nos
prédécesseurs d'avoir,
dans notre simplicité, ouvert la porte à
tous ces maux et,
surtout, permis qu'il y eut des gens pour prétendre
que nous
n'avons jamais été des seigneurs de l'Angola
et de Matamba.»5(*)
Elle explique aussi leur présence en ces terres
quelque peu étrangères sur l'actuel territoire des deux
Congo, la République du Congo et la République
démocratique du Congo.
Et donc, nous avons vite fait d'aller à la recherche
des éléments culturels liés à l'organisation
sociale des Suundi de la République du Congo. Des éléments
culturels, véritable pan ou héritage venu des ruines de Mbanza
Koongo. Nous avons porté notre choix sur le clan, kaanda au
singulier et makaanda au pluriel.
Tout est parti d'un constat, les clans de Mbanza Koongo sont
restés les mêmes chez les Suundi de la République du Congo.
L'autre fait de constatation : c'est le pouvoir qui se transmet de
l'oncle, ngudi nkasi au neveu, mwaana nkasi ou d'un
aîné, kihuunda au cadet, kilesi. C'est le
système social basé sur le régime matrilinéaire,
mode de filiation dans lequel seule l'ascendance par les femmes est prise en
compte pour toute transmission des statuts et autres attributs de chefferie.
Et selon toute vraisemblance, le fondateur du royaume Koongo,
NIMI A LUKENI aurait bâti la trame du commandement sur cette base
matrilinéaire. Et dans l'imaginaire suundi, on explique l'origine des
peuples suundi sur « ...la construction de la maison de yongi,
nzo ya yongi qui se construisait au coeur même de l'ancien
royaume Koongo. Elle représentait le symbole de l'unité
Koongo6(*)».
De plus, les Suundi sont l'un des peuples bâtisseurs du
Royaume de Koongo. La province Nsuundi était la plus proche de la
Capitale du royaume de Koongo, Mbanza Koongo. La province elle-même
avait pour capitale, Mbanza Nsuundi. Du fait de sa situation
géographique, la province gardait l'armure, d'après la tradition
orale. La province était une myriade ethnique au Koongo dya
Ntotila7(*).
Certaines traditions orales soutiennent que l'ancienne
province de Nsuundi a été un immense territoire qui englobait
l'actuelle région de Minduli, en passant par Boko-Songho et toue la
vallée du Niari.
Autant de raisons qui ont milité en faveur du choix de
notre thème. Il s'agit, en effet, de montrer, tout le long de ce
travail, les restes des souvenances culturelles que les Suundi de la
République du Congo ont gardées de leur point de départ
Mbanza Koongo.
Les peuples Suundi qui appartiennent ainsi au grand ensemble
Koongo, sont présents dans trois départements de la
République du Congo : la Bouenza au sud ouest du district de
Boko-Songho, le Niari dans les districts de Londela Kayes et Kimongo et le Pool
dans les districts de Lwiingi, Minduli, Kindaamba, Kinkala, et Mayama.
Et Proyart a vu juste, le kongo de Mbanza Kongo (San
Salvador), le yombe (Iomba), le vili (Loango, Ngoyo, Cabinda) sont, en
effet, les divers parlers de la langue bantu parlée par les Kongo (Nord
-Ouest de l'Angola, le sud de la République Démocratique Congo,
la République du Congo méridional), soit le kikongo8(*).
Les peuples suundi du Congo cohabitent avec les Yombe, Laadi
ou Laari, Téké, Kuni, Doondo Kaamba, Manyaanga (en
République Démocratique du Congo), etc. Des peuples voisins avec
qui ils ont en partage bien d'aspects culturels pour les mêmes raisons
des origines communes, Mbanza Koongo.
Nous sommes donc obligés de suivre ce que DOUTRELOUX a
souhaité « ...susciter les chercheurs Koongo qui seuls,
sans doute, mèneront à son terme ultime l'étude de la
culture Koongo. »9(*)
I. Présentation des peuples suundi
Comme annoncé, les suundi sont originaires de l'Angola,
groupe ethnique du grand ensemble Koongo.
Nombreuses sources historiques soutiennent que les Koongo sont
nés en Ethiopie par suite d'un mélange de sang entre les enfants
de Tamis venus de l'Inde et, les Bana zulu, les enfants du ciel,
venus de la lumineuse étoile kakoongo. Après le déluge, le
Grand ancêtre Koongo Nimi enfanta trois fils Nsaku Mpanzu et Nzinga. Ils
sont appelés « les enfants de yaaya Nguunu ».ces
trois enfants sont des Bana Koongo. Le père charnel s'appelle OMA-KONGO,
AKONGO NE KONGO KALUNGA. Après l'Ethiopie, les Bana Koongo se dispersent
en Nubie, au Madiani, au pays de Ekipata, Ngipiti (Egypte).
Dans le parcours migratoire, les Koongo se retrouvèrent
sur et autour de la montagne du royaume. Ils devinrent très nombreux
à Mbanza Koongo et aux alentours. La tradition orale rendue par Muanda
Nsemi enseigne que Nguunu est la matriarche de tous les Koongo, les
Téké, les Tyos, les Woyo etc.10(*)
D'après les classifications des langues bantu11(*) faites par les savants de
l'« International African Institute » de Londres M. A.
Bryan et le grand anthropologue américain George Peter Murdock, le
peuple Suundi appartient au Bantu du centre dans le groupe Kongo. Il est dans
le même groupe que les Mboma, Solongo, Mpangu, Mbamba, Ntandu, Mbata,
Zombo, Mboka, Kuni, Beembe, Vili, Yombe, Yaka, Haangala, Doondo, Kaamba, Laari,
etc. Ces peuples se reconnaissent grâce à des notions dont leurs
langues possèdent la détermination, c'est la démarche
paléontologie linguistique, appliquée aux Proto Bantu, qui en est
la base.
Les Suundi qui se retrouvent dans les quatre
départements suscités, sont partis donc de Mbanza Koongo
après la déconfiture du Royaume.
Ceux du district de Boko-Songho seraient venus de la
République Démocratique du Congo en passant par la cité
urbaine de Nkuundi. Ils ont contourné le fleuve. D'autres sources orales
affirment que mêmes certains Suundi de Londela Kayes et Kimongo auraient
emprunté le même itinéraire avant de s'établir sur
leur actuel territoire. Les autres sont venus droit sans passer par
Nkuundi.12(*)
Les suundi du Pool quant à eux, premiers habitants,
sont plus nombreux dans le département. Malheureusement, le parler
suundi du Pool disparaît effroyablement au détriment du Laari,
langue urbaine qui supplante toutes celles dudit département.
Point n'est en effet besoin d'insister sur les origines Koongo
des Suundi de la République du Congo. Tant il est vrai qu'une
littérature très abondante existe sur la question. Aussi, il est
souvent démontré tant par les sources orales que par les sources
écrites que les Suundi étaient présents depuis Mbanza
Koongo. Leur participation à l'édification du royaume ne se
démontre plus.
II. Origines et fonctionnement des clans chez les
peuples Suundi
2. 1. Les clans de Mbanza Koongo
Le clan chez les Suundi remonte des origines de Mbanza Koongo.
Tout part de des trois enfants Nsaku, Mpanzu et Nzinga qui sont nés de
NGUUNU.
Ils sont tous trois géniteurs d'un clan qui porte leur
nom. Nsaku, grand prophète, prêtre religieux est l'ancêtre
du clan Nsaku, avec pour sous clans : kinsaku, lemba,muanda,lunda,kalunda,
kilunda, kinzambi, ndembo, ndingi, madingu, Ba dia ndingi, mbuta, kimbuta,
kihunda, kivunda, kimbunda, mavunda, mpunda, mbata, kimbata, kota, kikota,
kahita, mukukulu, nkukulu, nkokolo, nkala, kinkala, mukala, milimina, kabemba,
mbemba, mpemba, kimpemba, mvemba, kimvemba, lawu, mankunku, nkunku, nsongo,
tsongo, mitsongo, kimanga, mbika, kimbika, kimvika, kiyuvu, mabika, nsengele,
kinsengele,sengele,kiuvu,kinsumbu, mvika, matsakula, kibuila, kimbuila, mbuila,
mpila, kimpila, kingidi, kingila, kividi, kiyidi, mayidi, neyidi, ngidi, ngiri,
nzidi, nsivuila, kuimba, kikuimba, etc.
Mpanzu, d'une intelligence divine, ancêtre du clan
Mpanzu, avec pour sous clans : Mpanzu, kimpanzu,lamba, tadi, kilamba,
kalamba, lufu, luvu, dondo, ndundu, munuani, kesa, muteke, kuanza, nkuanza,
muanza, kimuanza, nganzi, bangu, kibangu, kabangu, kuangu, luangu, kikuangu,
kiluangu, tsiluangu, mpangu, kimpangu, mvangi, muangu, kihungu, hungu, vungu,
kimbungu, mbungu, ngungu, mangungu, mahungu, mavungu, mfutila, kimfutila,
ndamba, kindamba, nlamba, mbau (tiya), kimbauka, mbauka, nsundi, kinsundi,
kinsula, kinsulu, musundi, fumina, kifuma, vonga, luvongo, mbongo, kimbongo,
kinuani, etc.
Nzinga, Kabu dia Mayala, grand gouverneur, politique, roi, est
l'ancêtre du clan Nzinga avec pour sous clans : Nzinga, kinzinga,
mbamba, kimbamba, kambamba, mbala, kihangala, kiluamba, kimbala, kiama,
kimbambi, mbambi, kinzamba, nanga, kinanga, kananga, enanga, zananga, mayamba,
mazamba, miyamba, mpal'a nzinga, muabi, muyabi, nzamba, yambi, zambi, yanzi,
kiyanzi, kiniangi, kiyangu, kianza, kikiangala, mandiangu, nianga, manianga,
mani, mayanzi, mbangala, mpalanga, muakase, nsanzala, mbanda, kimbanda,
kibanda, mumbanda, kiyandu, mbandu, yandu, lunga, mabulungu, bulungu, madungu,
mandungu, malunga, ndunga, nkunga, kiyinda, mbinda, makondo, nkondo, mukondo,
mikondo, mbenza, muzinga, njinga, mujinga, ngongo, nsinzi, nsindi, ngundu,
ngunu, kingunu, kingundu, mahinga, muhoyi, mungoyo, ngoyo, kingoyo, woyo,
lukeni, nkenge, kinkenge, kenge, mafuta, etc.
Tous ces clans existent chez les Suundi et Koongo de la
République du Congo ou tout au moins les plus représentatifs
comme Nsuundi, Lwaangu, Mpaangala, Kinkala, Kinkeenge, Kingila, Kinaanga,
Kimbaanda, Kingila, Kimbeenza, Maziinga, Kihuungu, Mbiinda, Maduungu, Mikoondo,
etc.
Ces noms de clans sont devenus aussi des noms des lieux, des
rivières, des forêts, des villages et des villes et même des
personnes tels que :
Personnes : Mabiika, Mahiinga, Mahuungu, Mumbaanda,
Mbeenza, Koongo, Nguunu, Nkeenge, Mafuta, Yaanzi, Zanzala, Nduundu, Kibaangu,
Ngidi, Mbeemba, Mpeemba, Kinzinga, Mboongo, Kimbuta, Nkokolo, Nkala, Mukala,
Lawu, Mbika etc.
Villages, villes et quartiers : Kinkala, Kihuungu,
Kinzaambi, Maduungu, Mbiinda, Mukoondo, Mikoondo, Ngoyo, Kinkeege, Kimpalanga,
Mafuta, Manyaanga, Kibaangu, Muyabi, Kividi, Mukala, Mpila, Kimpila, Nyaanga
etc.
Rivières, forêts : Muziinga, Mbaka, Mpaanga,
Mbeemba, Mpeemba, Mukukulu etc.
D'après nos informateurs, les noms des lieux des
forêts ou des rivières rappellent l'existence des anciens villages
qui étaient habités par des membres d'un même clan. Et cet
ancien village peut devenir un cimetière ou une forêt où
les membres du clan vont se ravitailler en ressources vitales.
2.2. Les noms des clans et des lieux
Lors de la traversée du fleuve, selon nos sources
orales, les Kongolais, notamment ceux qui avaient pris la trajectoire de
Nkuundi pour s'établir dans les districts de Boko-Songho et Londela
Kayes, le chef du clan nsuundi, mfumu nsuundi devrait être leur
guide. Le mfumu nsuundi encadrait et orientait les autres clans vers
des terres encore vierges et inhabitées.
Ce fait expliquerait la présence territoriale du clan
nsuundi, mansuundi dans les départements de la
Bouenza, du Pool et du Niari. On a par exemple, dans les districts de
Boko-Songho et Londela Kayes:
*nsuundi Munwaani
*nsuundi ya Miinga
*nsuundi ya Kayi (nom d'une forêt qui est celui d'un ancien
mfumu dikaanda)
*nsuundi Mbaku Leemba
*nsuundi Muluundu
*nsuundi ya Lusiimba
*nsuundi ya Lowa (nom d'une rivière qui arrose une partie
des districts de Boko-Songho et Londela Kayes)
*nsuundi ya Kayes Mbaku
*nsuundi ya Banda Kayes
*nsuundi ya Kindaamba
*Mabudi ma nsuundi, etc.
D'autres clans comme Lwaangu, Kibweende et Kingiimbi sont aussi
présents un peu partout. Selon la souche mère, luvila,
on a :
*Lwaangu lwa Malolo
*Lwaangu lwa Lusiimba
*Lwaangu lwa Busaamba
*Kingiimbi kya Mubeenga
*Kingiimbi kya Mikiindu
*KKingiimbi Kya Manzakala
Munwaani, Miinga, Kayi ou Kayes, Leemba, Lowa, Muluundu,
Mankala, Kindaamba, Malolo, Lusiimba, Busaamba, tous ces noms qui
complètent ceux des clans originels, indiquent soit des lieux, soit des
personnes.
La cité urbaine de Nkuundi était donc le point
de chute des Kongolais qui quittèrent Mbanza Koongo en désespoir
de cause. Le déclin certain du Royaume les poussa à migrer vers
d'autres cieux. Nos informateurs nous disent que le nom de Nkuundi,
mukuundi, en koongo, ami, vient de kikuundi, amitié.
Et que l'attribution de ce nom viendrait de l'hospitalité des lieux, de
la localité de Nkuundi qui rassembla et accueillit des amis,
bakuundi en provenance de Mbanza Koongo13(*).
Les ancêtres ont gardé le nom de départ de
Mbanza Koongo, et du fait de la multiplication ou du développement des
clans, chaque ngudi ou mfumu dikaanda a fini par être
le nom diminutif même du clan.
Plusieurs localités portent encore le nom de Mbanza en
pays Koongo de la République du Congo et en République
Démocratique du Congo : Mbanza, Mbanza Mpudi, Mbanza Nguungu, Mbanza
Kinyati, Mbanza Mankondi, Mbanza Luvizi, Mbanza Nkaka, Mbanza Nduunga etc.
Certaines localités qui étaient des minis cités urbaines,
s'étaient disloquées du fait de la maladie du sommeil et des
plaies profondes en langue suundi nkudu14(*). Leur localisation aux bords
des grandes rivières comme la Loudima15(*), lieux propices de propagation de la mouche
tsé-tsé, en fut la cause principale. C'est le cas de Mbanza
Luvizi qui a disparu et Mbanza Kinyati qui est réduit à un simple
village.
Certains fugitifs de ces pandémies ont trouvé
refuge de l'autre côté de la rivière où ils
créèrent d'autres Mbanza et, naturellement, avec les mêmes
clans qui, parfois, se disloquaient.
Aussi « les
nombreuses guerres inter claniques, les maladies et autres calamités
naturelles qui ont surgi à des périodes disproportionnées,
ont été des faits décisifs de plusieurs séparations
claniques et lignagères. Selon la tradition orale, la trypanosomiase
avait amplifié le mouvement permanent des populations à
l'intérieur de l'actuel district de Boko-Songho, à la fin du
XIXè siècle. Dans ce déferlement inhabituel,
les vaincus ont quitté les lieux pour s'implanter plus loin. Ainsi,
chaque lignage s'activait à occuper un espace pour lequel il
n'était pas forcément le premier occupant. Aucun espace
n'était resté vide, sans maître. D'ailleurs, l'occupation
totale des terres n'est pas imputable aux seuls Kongo qui sont à
Boko-Songho. Dans ses investigations relatives aux Pays du Niari, Gilles
Sautter (1993:95) qui cite R P.Van Wing affirme l'inexistence d'une seule
parcelle de terrain à laquelle on peut appliquer le sens propre du terme
de terre vacante. »16(*)
2.3. Les éléments de moralité et de
fidélité des membres du clan
Le devoir de sang
Le clan, kaanda est fait des hommes et des femmes qui
se reconnaissent d'un même ancêtre, mukulu et ayant une
matriarche commune, luvila. Clan = kaanda, dikaanda,
pluriel makaanda, « di » art singulier,
« ma » art pluriel, la pomme de
la main. Les traces de la pomme varient selon qu'on est issu de la même
mère, d'un même kaanda ou d'un autre. Et on dit en
suundi, kaanda dyeeto di mosi, meenga ma mosi twidi, nous
sommes du même clan, le même sang. En effet, le lien
de sang dans un kaanda, chez les suundi, est très
déterminant et contraignant. Ayant le même sang que ses
parents : soeur, mpaangi ya mukeento, kibusi, frère,
mpaangi ya bakala, nkasi, mère, ngudi,
oncle, ngwa nkasi neveu ou nièce, mwaana nkasi
etc. le membre du clan suundi a un devoir. Un devoir moral d'assister, en tout
temps et en tout lieu, ses parents consanguins. Ne pas le faire rimerait
à un refus pur de soi-même et de ses origines. D'aucuns finissent
par être envoûtés ou ensorcelés pour n'avoir pas
respecté ou honoré ce lien tout naturel. Le luvila est
fait des soeurs qui sont nées d'une même mère et donc le
(s) même (s) oncle (s), mfumu, ngudi nkasi, ngwa nkasi, mama nkasi,
la mère homme, frère cadet ou aîné de maman.
Le ngwa nkasi ou ngudi nkasi est souvent le chef du
clan, mfumu dikaanda. Les mères donnent des descendants et
descendantes qui se diront être du même luvila chacune. On
est, en vérité, de la même mère génitrice, la
même souche, luvila lumosi. Cette nomenclature structurale du
clan, chez les Koongo, est à l'image de celle de maman Nguunu aux
origines de Mbanza Koongo. On dit ainsi que Mpanzu, Nzinga et Nsaku
étaient du même luvila.
Ce devoir de sang a une grande dimension identitaire dont la
responsabilité morale incombe à chaque membre. Le clan est vu,
sous cet angle, comme une identité culturelle plurielle qui se
définit de façon claire sur le kinkulu, l'ancien, un
héritage aux doubles assises matérielle et immatérielle.
Pour parler des sources anthropologiques, notons ce que dit
Lewis Henri MORGAN, du clan et de la tribu, « Le clan est un
groupe de parents consanguins descendants d'un même ancêtre commun
et distingués par un nom de gens et liés par des relations de
sang. Quant à la tribu, il la définit comme une
société complètement organisée, un assemblage de
clans, et qui par ailleurs présente la caractéristique
d'être individualisée par un nom, par un dialecte
séparé, par gouvernement suprême et par la possession d'un
territoire qu'elle occupe et défend comme le sien
propre. »17(*)
Ainsi, le clan est une structure qui fonctionne au mieux chez
les Kongo : rigoureuse, bien structurée, solidaire,
organisée, démocratique, libre ; sans doute par
fidélité aux ancêtres de Koongo dya Ntotila dont le royaume
était l'un des plus organisés jamais rencontrés par les
explorateurs portugais. Les membres du clan, bisi
kaanda, sont unis dans un système d'organisation sociale leur
permettant de se reconnaître à travers un nombre de biens, tant
matériels qu'immatériels, hérités de leur longue
descendance commune: la terre, kitoto, le territoire,
nsi ; des symboles, bidiimbu ; l'héritage,
fwa, kitoto, nsi, kinkulu, bunkaaka, les noms, nkuumbu.
Kinkulu, «ki » article le ou un ;
nkulu, ancien, vieux ; bunkaaka,
« bu» article le ou un, nkaaka, grand parent,
ancien, vieux. Tout est fonction du passé, de l'ancien et donc de
l'héritage des ancêtres. Un pilier sur lequel s'appuie le clan
dans son fonctionnement ou les relations des membres d'un même clan.
Un histoire commune se transmet de génération
à génération, une histoire construite autour de la vie du
clan, ses rapports avec les autres clans, la gestion et la conservation de tous
les biens hérités des ancêtres, des interdits,
miina qui sont un vrai code moral pour tout membre du clan. Les
membres du clan sont tenus à observer un nombre de
« lois » qui fait l'équilibre du groupe.
La même histoire se transmet aussi par la transmission
des noms des ancêtres qu'on donne à la descendance : le nom
de la mère ou de grand-mère est donné a une fille et
celui du père ou du grand-père au fils.
« Les rapports sociaux entre membres d'un
clan sont déterminants et se reposent sur plusieurs aspects: droits
d'aînesse, cérémonies de règlement de conflits, le
plus vieux est supposé être au parfum de tout. Il a vécu
des faits, des temps, des expériences, des échecs et des
réussites, il est un homme de raison, investi d'un pouvoir doublé
de sagesse, il est illuminé. Les jeunes ne doivent pas l'interrompre, le
plus jeune n'a nullement le droit de prendre la parole de façon
anarchique ou non autorisée. C'est une manière de faire prendre
conscience au plus jeune, un apprentissage à l'écoute, à
la patience, à l'attention. C'est pourquoi, chez les Suundi du sud de
Boko-Songho département de la Bouenza en République du Congo, le
vieux jouit d'un respect glacial qui le place à un niveau
élevé de la société. Il a la clé des
solutions aux multiples problèmes sociaux, il est sensé
être ce juge, nzoonzi investi d'une sagesse lui permettant de
juger impartialement tout cas de conflit de quelque nature qu'il soit, au
niveau du clan ou de toute la société. Il faut préciser
que le nzoonzi, chez ces peuples, peut être relativement
jeune »18(*)
Les armoiries du clan
Le clan, chez les Suundi a des insignes, des armoiries qui
peuvent être :
- un couteau, mbeele ya lusiimba, le cas du clan
nsuundi ya Kayes à Kabadisu, district de Boko-Songho. Ce
couteau qui a servi de guillotine depuis le XVIIIè siècle est
gardé par le clan en signe de puissance ;
- un balai (chasse mouche), kikomboso de nsuundi
ou mansuundi-mulundu ya Nsuku Bwaadi ;
- une étoffe de tissu, mulele mfunani, kiteende de
Kinaanga de Kinzaambi et le clan du défunt canton Emmanuel à
Hidi. Le tissu, symbole de richesse, facilite toutes les
entreprises ;
- une couverture en laine, vuunga dya leeni, pour le
clan Mbiinda de Kissengha ;
- une clé, lusaafi ou lusabi du clan
Kibweende kya Kinzaambi ;
- une pièce de monnaie de cinq francs, Mipata
mitaanu du clan Nkebasani ;
- une statuette en forme de chat, kinyaahu du clan
Lwaangu de la vieille BIBIMBU à Kissengha. La statuette, en forme de
chat, a un rôle tutélaire et protecteur.
Tous ces objets ont un rôle différent d'un clan
à un autre, et les membres de chaque clan s'y reconnaissent et ont une
obligation à les garder, les gérer et le transmettre aux autres
générations. Ces objets ont une dimension immatérielle,
mystique mais aussi et parfois symbolique. Dans ce dernier cas, le clan peut
conserver un objet juste pour des raisons liées à l'histoire du
clan, sans charge mystico religieuse. Il rappelle et rappellera, à toute
la descendance, tous les événements heureux ou malheureux qui lui
sont liés et qui concernent le clan.
La peine capitale a existé chez les Suundi. Toute
personne qui allait contre les lois sociales préétablies passait
à la sentence, la peine capitale de la guillotine, mbeele ya
lusiimba du nsuundi de Kayi à Kabadisu. Au préalable, on
faisait perdre connaissance à la victime, en lui frappant deux coups de
balai, kikomboso par un membre du clan nsuundi-mulundu. Par la suite,
un membre du clan Nsuundi l'exécutait avec le couteau ou coutelas,
mbeele ya lusiimba du clan Kayi à Kabadisu.
La victime était placée au bord d'un grand ravin
qui sert de tombeau et dans lequel d'autres infortunés le suivaient en
leur temps. Le ravin devenait ainsi une fosse commune. D'après nos
informateurs, les clans Nsuundi, Lusiimba et Muluundu formaient le même
clan19(*).
Kitoto/Bototo/Nsi/Zuumbu, Terre, territoire
Un autre pilier du clan chez les Koongo c'est la
terre, kitoto, butoto le
territoire, nsi.
La terre, kitoto, butoto, zuumbu, est une
véritable matrice dans la culture suundi, ne pas avoir un
kitoto est synonyme de pauvreté. On est ainsi obligé
à travailler sur des terres d'emprunt, on est comme réduit
à l'esclavage. La terre est sacrée et inaliénable ;
le kitoto est un bien commun. C'est le kitoto qui
reçoit la matrice, kibutulu de la nouvelle maman et le nombril,
kikwaabi du nouveau né. Même quand le bébé
voit le jour en « terre étrangère », le
kibutulu et le kikwaabi sont ramenés, mis en terre sur
territoire de leurs ancêtres, nsi. Ce fait lie le nouveau
né à son kitoto qui est sacré et
inaliénable, pour cette raison.
La gestion du kitoto est purement communautaire de
même que tous les éléments qui le constituent, notamment
les arbres fruitiers bikunu, miti, les lacs, les étangs
madyaanga. Elle se focalise sur un système traditionnel local
propre à tous les membres du clan. Le chef de famille mfumu
dikaanda, est garant de cette gestion dont il a l'impérieuse
charge, avec les autres membres du clan, à perpétuer pour les
générations futures bilesi,
balaanda. «Ce système est basé sur un
ensemble de règles communautaires qui tirent leur
légitimité et leur autorité d'un sous-système
pluriel fait de valeurs, de reconnaissances et conventions
sociales.»20(*). Le
clan responsable du site a donc la lourde charge d'en faire une gestion
intergénérationnelle et extra générationnelle.
Les clans par alliance, bankweesi ont une
participation effective dans la gestion du kitoto, ce bien commun.
« La terre est à la fois objectivement
organisée et culturellement inventée. Elle est différente
de l'espace qui, lui, peut être défini comme une
« étendue socialisée». L'espace est ce que
les hommes constituent à partir de quelque matière
première, en fonction de leurs activités, de leurs techniques, de
leur organisation sociale, de leurs projets ; il est du côté
de la société, de l'histoire », dit Pourtier
cité par Jena Félix YEKOKA.
« La jouissance effective du droit de
propriétaire foncier a toujours suscité des remous dans les
sociétés traditionnelles, voire urbaines. Historiquement,
l'implantation et l'occupation des terres par les migrants venus de Kongo dia
Ntotila, légende vivante de la culture et de la civilisation Kongo,
avant (probablement) la période antélusitanienne, pour les uns,
et entre le XVè et la fin du XVIIIè
siècles, pour les autres, ont été faites progressivement
dans cette partie du Congo méridional. »21(*)
NTUUKA KOONGO, retour aux sources
La terre dans les pays koongo est source de conflit, chaque
clan cherche d'ailleurs à retrouver ses terres, d'où le
phénomène « Ntuuka Koongo »
: temporalité, permanence et continuité.
Avant 1991, le Congo a vécu sous le monopartisme avec
un seul parti qui avait pour devise, Tout pour le Peuple, Rien que pour le
peuple. L'Etat avait le monopole sur tout le domaine public et même
privé.
La Conférence Nationale Souveraine a, entre autres,
réhabilité le droit de propriété. Aussitôt,
les conflits fonciers, les menaces de repartir chez soi devinrent plus nombreux
et récurrents. Ainsi, se forment de nos jours dans les pays suundi et
Koongo de la République du Congo, tout un circuit de revendications
terriennes qui, par la suite, aboutiront à des mouvements
incontrôlés de retour au terroir. Le manque de documents
écrits authentiques, susceptibles de dire l'histoire vraie des peuples
en proie aux différends fonciers, est comblé par les
témoignages oraux de quelques notables. Mais, bien souvent, ces notables
sont corrompus à cause de certaines alliances conclues entre les clans.
Ce qui fait exacerber les conflits dans ces pays.
Il faut dire que ce phénomène a existé
avant la Conférence Nationale Souveraine qui l'a vu s'intensifier. Dans
beaucoup de zones, de Boko-Songho, Kimongo et Londela Kayes, le
phénomène Ntuuka Koongo a vu
naître bien de villages : Kingoma, Nkebasani, Yandi Nsi, Ntoto wola
(Kionzo), Kinseembo,Kimbaoka, Kaana, Nsonizaahu. Des noms évocateurs qui
parlent de l'unité, du nom du clan, de la fertilité de la terre
retrouvée, l'attachement au pays natal, en gros la nostalgie du
retour au pays natal, de la terre longtemps abandonnée et qu'on
retrouve.
Jean Félix YEKOKA, parlant du
phénomène Ntuuka Koongo, dit qu'il
« semble de plus en plus s'écarter de la vérité
et du devoir historique pour intégrer le monde folklorique, donc
culturel. Depuis quelques décennies déjà, ce folklore,
sans risque de nous tromper, vise la revendication, sinon l'affirmation
identitaire d'un peuple : les Kongo du Pool, comme s'ils constituent seuls
le socle même de la culture et de la civilisation Kongo. C'est un
accaparement identitaire. Plus que jamais, il faut une reconstruction, une
réécriture de l'histoire Ntuuka koongo. Le
Ntuuka koongo est, selon toute vraisemblance, une désignation,
une catégorisation, une parcellisation humaine, voire une
identité toute particulière qu'on attribue à une
catégorie de personnes. Il veut dire `'revenant de Kongo dia Ntotila.''
Il s'agit probablement de ceux qui, dans leur pérégrination,
entre la période qui a succédé à la chute total du
pouvoir de Mbanza Kongo (1665) et la deuxième moitié du
XIXè siècle, abandonnèrent la marche pour
s'abriter à des endroits précis (bula nzau) où
ils formèrent des îlots biologiques peu considérables avant
de se remettre en marche, pour diverses raisons ; puis s'installer
là où les prédécesseurs avaient déjà
occupé puis partagé les terres »22(*).
III. Le mariage trait d'union entre clans
1.2. Le non mariage entre membre d'un même
lignage
Il est dit en koongo : « Meenga ma mosi ka
ma sompasana ko/ma kwelanaa ko », le même sang ne se
transmet pas ou ne se prête pas, en clair, les membres d'un même
lignage ne se marient pas. Il est encore dit : « Mbula
kibusi kyuula/kihuku », le vagin de la soeur est comme un
crapaud, il n'est pas beau à regarder. On ne peut pas se marier à
sa propre soeur.
Ainsi, on va chercher femme chez les voisins. C'est pourquoi,
chez les suundi, tout comme chez tous les Koongo, le mariage ou mieux
l'exogamie est la pierre angulaire de toute relation entre les clans. Du
mariage découlent tous les autres aspects qui impliquent
responsabilité, respect, assistance, solidarité entre les membres
des clans par alliance : funérailles, activités de
subsistance (pêche, chasse), gestion des biens, éducation des
enfants.
L'alliance entre les clans est donc visible et parfois
invisible. Les clans ayant le même nom, leurs membres observent une
solidarité glaciale. Dès qu'un étranger d'un
quelconque clan, du même nom Makaba, Kibweende, Kimbeenza ou autre,
arrivait dans un village, on faisait vite de le diriger chez son frère
du même clan, mwisi kaanda, yaaya kaanda. Même quand il
vient d'un village lointain et inconnu, du Congo ou de la République
Démocratique du Congo même. Son mwisi kaanda à
l'obligation de le loger et de lui trouver une niche.
Bien plus, à l'époque de l'esclavage, la
solidarité était très manifeste. En effet, les causes de
ce commerce honteux étaient diverses : cas d'indiscipline d'un
jeune gens, manque d'argent ou de tissus d'étoffes utile au
remboursement d'une dette contractée auprès d'un autre clan, pour
n'avoir pas honoré un quelconque engagement du genre, ensevelissement
d'un conjoint, etc. Un autre clan ayant le même nom peut payer à
la place de l'autre, au nom de ce lien de yaaya kaanda, on a une
obligation morale de délivrer, kukuula.
Ou encore, les orphelins, bisaana étaient
élevés par des yaaya kaanda avec qui on n'a pas parfois
le même luvila ou souche commune. Toutefois, avoir le même
nom de clan explique une appartenance lointaine, depuis la terre mère de
Koongo dya Ntotela. Et aussi dans l'imaginaire suundi il est dit que :
« Musiinga kaanda kati ni watintaana ka leendi ko
watabuka », la corde du clan même quand elle est raide,
elle ne se casse jamais. Autrement dit, un clan même quand il n'existe
plus à un endroit, il survit ailleurs22(*).
2. Le choix du conjoint/de la conjointe
Le mariage avec un membre d'un autre clan ne se fait pas selon
la volonté des jeunes conjoints. Il va de l'histoire qui lie les deux
clans. Il existe des clans qui ont une réputation peu reluisante
comme : le vol, bwiifi, l'infidélité,
kinsuusa, le manque de respect ou l'insolence,
munwa/leho, la paresse, buyeemba, buleenga
etc.
Mais le clan peut avoir un interdit, kikaandu ou
nzambila qui est une forme de jurisprudence qu'on secoue et
qu'on garde comme tableau de bord. Au cas où il existe un
nzambila entre deux clans, il y a ipso facto interdiction
formelle de se marier. Ce fait doit être connu par tous les membres du
clan.
Il faut préciser que certains clans autorisent
l'endogamie, le mariage entre membres d'un même clan. Très souvent
c'est pour une conservation jalouse et à jamais d'une vertu ou d'un
totem propre au clan. Dans le clan Lwaangu à Kissengha, ce
phénomène est observable aujourd'hui. L'ancien
député de Boko-Songho, Samuel MPINDI dit Kilemba, était
marié à sa propre nièce pour cette raison. Il n'y a aucun
vice car c'est comme une loi édictée par les ancêtres
depuis des temps anciens.
Un autre motif de mariage endogamique chez les Suundi
s'expliquait par des faits tels que : une jeune fille, un jeune homme
handicapé physique, kikata ou handicapé mental,
kihulu, kizoba qui, très souvent, n'a pas de chance de trouver
mari ou épouse dans la société. Et c'est pourquoi,
obligation était faite à un membre du clan de sexe opposé
d'accepter de convoler en justes noces avec sa soeur ou son
frère. Car les Suundi disent, Kihulu kya mana ba kyaaku,
maseembo hu muyukuti, lorsque vous avez une personne frappée d'un
handicap mental, vous devez accepter tous les reproches et toutes les
railleries. Autrement dit, chez les Suundi, personne ne peut être
abandonné au bord du chemin, quel que soit son état.23(*)
3.3. Obligations et assistance entre clans par
alliance
Et lorsqu'un mariage est scellé entre deux clans, les
membres des deux clans se disent désormais d'un même clan. On dit
que : « Lwa mana kweelana lweka kaanda
dimosi », dès lors que vous acceptez de vous unir par le
mariage, vous formez un même clan. Et de cette manière, les
égards de part et d'autre sont une règle d'or, Nkweesi nene
mfumu bwaala, le beau parent peut être un chef du village. Le non
dit dans cette sentence c'est que les membres du clan par alliance sont pris au
même titre que les chefs ou les membres du clan. Vous vous assistez en
toutes circonstances.
Un autre aspect qui lie les clans c'est l'assistance en cas de
décès, nkutasani. Le nkutasani se fait entre
des clans qui sont liés par le mariage et ceux qui ne le sont pas. Il se
fait selon des règles reconnues préétablies par toute la
société. Dès qu'il ya décès, tout le monde
se retrouve pour venir en aide au clan éprouvé, la contribution,
fuundu, des uns et des autres clans se donnent officiellement devant
tout le monde. Il varie selon la « taille » du
cadavre, un bébé, un enfant ou une grande personne, Bunene
bwa mvuumbi ni bunene bwa fuundu.
Le trait d'union entre des clans par alliance demeure les
enfants, baala .Ceux-ci appartiennent au clan de la femme mais le
côté paternel a un droit tutélaire sur eux. Au point
où, d'un premier côté ils sont appelés neveux,
baala ba nkasi ou kaanda et du côté du père, baala
ba mbuta, les enfants nés du père. Ils sont mystiquement
protégés dans une dualité paternelle et maternelle. Mais
le père géniteur en est le Dieu ici-bas. Les Suundi disent :
Taata eevo sya nzaambi ya ntoto ya baala, le père ou le papa
est le Dieu des enfants sur Terre. Toutefois, il ne peut pas les ensorceler
sans l'avis de ceux à qui ils appartiennent, les oncles maternels,
bavwiidi, ba mfumu.
Et quand on marie deux jeunes conjoints, les Suundi insistent
sur un aspect très cardinal, la sorcellerie, Kindoki, budonki.
Il est interdit à un des conjoints de transmettre cette
« intelligence » à l'autre.
D'après nos informateurs oraux, un
sorcier, ndoki n'a pas le droit de jeter un mauvais sort à un
non membre de son clan. Toutefois, on peut solliciter un sorcier d'un autre
clan, plus huppé, pour exécuter une opération assez
périlleuse. Et généralement, le mfumu dikaanda
est sensé détenir cette intelligence24(*).
Et le professeur Théophile OBENGA de dire :
« Chez les anciens peuples bantu, il existe une idéologie que
l'on peut découvrir dans les rapports des hommes avec le sacré
(cultes, magies), dans les rapports des hommes entre eux sous le regard des
ancêtres et des tribaux, dans l'exercice du pouvoir souverain par le chef
de clan, le chef de lignage, le chef de village, le chef de terre, le chef de
chefferie ou par le roi.»25(*)
3.4. Dieu, les ancêtres, les vivants et
l'héritage
Dans le fonctionnement normal d'un clan suundi, la
gestion de tout héritage ou des biens est fonction du triptyque :
participation, médiation et manipulation des vivants, bamoyo
(sorciers) et des morts, bakulu, bafwa. Cette
vision du monde est présente dans les mentalités collectives. Les
esprits des ancêtres, dans l'imaginaire suundi, sont capables
d'apporter bénédiction et malédiction aux vivants. Ces
esprits sont partout dans les eaux, dans les forêts et dans toute la
nature. La société est gérée sous un dualisme fait
du visible et de l'invisible.
Le peuple suundi, comme tous «
les peuples africains reconnaissent l'existence d'un Etre Suprême
théoriquement transcendant, mais en réalité immanent,
à la fois omniprésent et omniscient, cet Etre est source et
principe de vie. Sa dénomination varie selon les ethnies et plus d'un
millier de mots foisonnent d'un bout à l'autre du continent
pour suggérer la richesse de ses attributs. Son acte de création
s'étend à l'univers : monde visible et invisible, terre et
ciel que certains peuples décomposent en zones terrestre, céleste
et souterraine. Cet ensemble est parcouru de forces émises et
maîtrisées par lui. »26(*)
Cet Etre Suprême est le Dieu Tout puissant,
Nzambi a Mpungu Tuleendo, Mampuungu. Les Suundi, comme les Grecs, ont une
conception polythéiste de la religion ou de Dieu. Ils ont adoré
plusieurs dieux. Les ngaanga et les nguunza devraient
être considérés comme des prêtres du Dieu Tout
Puissant, Mampuungu qui est au-dessus de tout ce qui existe.
La sorcellerie, kindoki, bundoki est un
phénomène qui s'entend dans tous les clans suundi. Cela
paraît banal aux yeux de certaines personnes, certes. Mais il est dans
l'ordre du monde de l'invisible et du visible.
Dans chaque clan, on trouve des sorciers, bandoki. Le
kindoki, bundoki s'entend sous le double sens positif et
négatif. La première peut jouer le rôle de défenseur
et protecteur des hommes et des biens. Dans ce cas précis, la gestion
intra et extra générationnelle du patrimoine immobilier
(étangs, forêts, montagnes sacrées ou non, etc.) exige une
protection des lieux par un ou des sorciers. Le caractère communautaire
et sacré de ce patrimoine lui confère cette protection diurne et
nocturne. Pour éviter toute aliénation par un tiers du bien
commun, on l'enveloppe d'une série d'interdits, véritable code
moral. « L'interdit ou tabou constitue, dans la société
traditionnelle africaine, un des traits culturels. Selon qu'on se trouve dans
une aire culturelle bien déterminée, selon l'environnement
spatial, temporel et social, l'interdit peut varier. Code social et moral,
l'interdit dans la société traditionnelle est assimilé
à une forme de règle ou de loi qui est observée
rigoureusement par tous les membres de la communauté. Dans un cercle
clanique ou dans la famille réduite, des garants sont tacitement
indiqués en vue de veiller à son application. Le chef de clan,
dépositaire du patrimoine clanique, s'en sert pour perpétuer une
zone naturelle dans sa biodiversité. Une terre appartenant au clan
revêt un caractère sacré en application des interdits qui
se transmettent de génération en
génération »27(*). Ceci est d'autant vrai pour la «forêt
sacrée qui est une réalité congolaise, une forme de
conservation de la nature. La forêt, en réalité, est le
sanctuaire des esprits, des mannes et des ancêtres, on s'y rend pour
apprendre, connaître et découvrir les essences naturelles
fauniques et même animales qui constituent ce milieu »28(*).
La sorcellerie positive joue le rôle de police pour le
clan contre les prédateurs ou pirates des âmes venant
d'ailleurs.
Quant à la sorcellerie négative, elle a pour
rôle de jeter les mauvais sorts dans le clan du sorcier et ceux des
autres par le jeu des tontines, bitemo.
Conclusion
Les liens entre les clans suundi et ce passé restent
indéfectibles : mode de gestion de la société, le
clan est une structure qui a un fonctionnement qui ne se fait pas en vase clos.
IL reste lié aux autres membres de la société. Mais le
lien entre clans prend en compte tous aspects visible et invisible. Ce lien
pèse dans la balance de l'équilibre de la société
suundi qui en tire une partie fort importante dans son affirmation identitaire.
Malheureusement, l'avancée du modernisme érode
inexorablement cette forme d'organisation sociale, héritage du Mbanza
Koongo.
Loin d'être nostalgique d'un passé qui n'est pas
exclu de tout manquement, les pays africains peuvent s'en inspirer dans la
confection des textes juridiques et autres formes d'éducation, formelles
ou informelles, de la jeune génération qui en est effroyablement
étrangère et qui végète dans un oubli de ce qu'ils
devraient être. Et Dominique NGOIE NGALLA de dire : « Ce
qu'ils apprendront vaut-il ce qu'ils oublient ? », interrogation
angoissée que, dans L'aventure ambiguë, Cheik Hamidou Kane
met dans la bouche du chef des Diallobé à qui on demandait de
juger de l'opportunité d'envoyer les enfants à l'école des
Blancs. Question redoutable, devant tant de désordre de nos
sociétés et l'incertitude de nos lendemains.»
Les ateliers du Musée National du Congo, qui prennent
en ligne de compte les nouveaux tournant de la nouvelle muséologie
africaine, sont organisés dans une optique à mi parcours entre
l'ancien /le traditionnel et le moderne/le nouveau.
C'est entre autres les idées de bâtir une
nouvelle Afrique sur ce prestigieux passé. Nous nous refusons de faire
de l'art pour l'art au risque d'être taxé de tigre qui
clame sa tigritude sans bondir sur sa proie. Loin de faire du catéchisme
culturel outre-atlantique, nous souhaitons que l'Afrique reparte au point de
départ, qu'elle interroge son passé, pour un meilleur bond dans
l'avenir, l'héritage de Mbanza Koongo peut compter parmi les creusets
d'édification d'une nouvelle Afrique.
Propositions :
- Institutionnaliser la table ronde sur Mbanza Koongo en
biennale, tous les deux ans, lieu de rencontre pour rendre à Mbanza
Koongo ce qu'il a donné au monde;
- Création des Chaires Mbanza Koongo dans les
universités du monde, notamment aux Etats unis, pour l'enseignement des
cultures Koongo, la société civile peut être mise
à contribution;
- Création d'une Grande Bibliothèque et d'un
grand Musée, sur Mbanza Koongo, véritable projet scientifique,
à l'image de la grande bibliothèque d'Alexandrie en Egypte;
- Créer une espèce de communauté
culturelle des chercheurs Koongo, une forme de Ciciba, avec un financement
extérieur (% plus) et des Etats (% moins): Angola, Congo,
Gabon et la RDC.
- Créer une revue scientifique qui sera
dénommée La Lettre de Mbanza Koongo ou
seront publiés toutes les recherches, conférences et autres
aspects liés à l'histoire de Mbanza Koongo sous tous ses
aspects : linguistique, migratoire, anthropologique, sociologique,
archéologie, histoire, etc.
Orientations bibliographiques
- DOCQUIER Marie - Claire, N'kankata, sanctuaire et
musée, Syncrétisme et sorcellerie en pays Koongo;
Mémoire pour l'obtention de la licence en Histoire de l'art et
archéologie, Faculté de Philosophie et Lettres, Université
Libre de Bruxelles; Année académique 1993-1994.
- KIDIBA Samuel, Une vision de la gestion communautaire du
patrimoine culturel immobilier in Renaissance N° 004 du 10 Avril
2003 (journal du Ministère de la Culture et des Arts de la
République du Congo).
- Samuel KIDIBA, « Les forêts sacrées,
une forme de gestion durable de l'environnement », In
Le canard de l'environnement, n°006 , écembre
2003-février 2004
- OBENGA Théophile, Les Bantu :
Langues - Peuples - Civilisations, Présence Africaine,
1985
- YEKOKA Jean Félix, Essai d'ethnohistoire des
suundi : cas des suundi de Boko-Songho (XVII-XX siècle);
Mémoire de maîtrise année académique
2002-2003
- Emmanuel KAMDEM, in Management et inter
culturalité en Afrique, Expérience du Cameroun, Presses
de l'Université Laval, 2002.
J. F. YEKOKA, Droit foncier et retour au domaine dans
le « pays de Boko-Songho » (fin XIXe - début
XXIe Siècle.) communication inédite
- NGOIE- NGALLA Dominique, Les migrations des koongo de la
vallée du Niari, Badoondo, Basuundi, Babeembe, Bakaamba et
Bakuni
Sources traditionnelles orales : personnes
ressources
1. Suundi (Bouenza- Niari) :
-BALEMVOKOLO Charles, village Nzangi
- BAVIBIDILA Dieudonné, village Dublin
-BATALU MBETANI Alphonse, village Mbengo
- NGOMA PINDY Brice, village Kissengha
- MILANDOU Oscar, village Nsuku Buadi
- MABIALA MIYENIKIN Maxim, village Kinzambi
- NGONDO Simon Papa Wemba, village Manzakala
- KIONGA Hilaire, village Kissengha
- KISSADABA Daniel, village Nsuku Buadi
-DEDIKA Esaie, village Nsuku Buadi
- MBOUNGOU Casimir Mafaute, village Kabadisu
- NZAOU François, village Kabadisu
- NIANGUI Pauline, village Kabadisu
-BABOKA Thomas, village Kabadisu
- MAHOU Henriette, village Manzakala
- NKENGUE Marie, village Kabadisu
- NZAOU Joseph, village Nzangi
2. Laari -suundi (Pool):
- MIABETO LAADI Auguste, Brazzaville
3. Kuni (Bouenza) :
NZIKOU Boniface, Loudima poste
Nzikou Ntsimba Francisca, Brazzaville
4. Doondo (Bouenza)
Hubert Ngambu, Brazzaville
* 1 Chant du griot Bavoueza
Dino, ancien présentateur de l'émission Les Salceros de
Brazzaville, à Radio Congo
* 2 Titre d'une
célèbre oeuvre littéraire d'un écrivain congolais
Emmanuel BOUNDZEKI DONGALA, qui rappelle les origines Koongo de l'Angola.
* 3 Entretien avec la vieille
NKENGUE Marie, âgée de 89ans, du village Kabadisu, District de
Boko-Songho, République du Congo, le 19 décembre 2006.
* 4 Oscar MILANDU, Enquête
orale du 02 septembre 2007.
* 5 Elikia MBOKOLO, cité
par J.F. YEKOKA, Essai d'ethnogenèse des suundi : cas Suundi du
district de Boko-Songho (XVIIè - XX siècles), Mémoire
pour l'obtention du diplôme de maîtrise ès Lettres,
option : Histoire précoloniale, année académique
2002- 2003.
* 6 J.F. YEKOKA, op. cit.
* 7 J.F. YEKOKA op. cit.
* 8 Théophile OBENGA,
Les Bantu, Langues - Peuples - Civilisations ; Présence
Africaine, 1985
* 9 Cite par Dominique NGOIE
NGALLA, Les Kongo de la vallée du Niari, Origines et migrations XIII
- XIX siècles
* 10 MUANDA NSEMI,
Connaître le Kongo, Kinshasa, Editions Mpolo Ngimbi, 1986, pp
1-6
* 11 M. GUTHRIE, The
clacification of the Bantu Langages, Londres, Oxford university Press,
1948, 91 pages
A. N.TUCKER et M.A. BRYAN, Linguistic Survey of the
Northern Borderland, Vol. IV
M.A. BRYAN, The Bantu Langages of Africa, Londres,
Oxford University Press. 1959, 170 pages
Cités par Théophile OBENGA in Les Bantu,
langues peuples civilisations, Editions Présence Africaine, 1985,
page 22
* 12 Enquête orale du 29
mai 2006 avec le Pasteur à la retraite de BAVIBIDILA l'Eglise
Evangélique du Congo (EEC), du village Dublin du district de Londela
Kayes
* 13 Oscar MILANDU,
Enquête orale du 02 septembre 2007
* 14 Le nkudu est une
maladie qui était très redoutée comme la maladie du
sommeil en pays suundi
* 15 La Loudima est une
rivière qui arrose le département de la Bouenza, notamment les
districts de Boko-Songho et de Loudima. Elle est une frontière naturelle
entre les départements de la Bouenza et le Niari à certains
endroits. Elle se jette dans le fleuve Bouenza - Niari
* 16 J. F. YEKOKA, Droit
foncier et retour au domaine dans le « pays de
Boko-Songho » (fin XIXe-début XXIe Siècle.),
communication inédite.
* 17Cité par Emmanuel
KAMDEM, in Management et inter culturalité en Afrique,
Expérience du Cameroun, Presses de l'Université
Laval, 2002.
* 18 Samuel KIDIBA,
L'interdit comme mode de codification de la société
traditionnelle au Congo Brazzaville, in Journal La renaissance du
Ministère de la Culture et des Arts, 2003.
* 19 Joseph NZAOU
« Kibulu », Enquête du 23 septembre 1997 au village
Nzangui ; Oscar MILANDU, Enquête orale du 02 septembre 2007
* 20 Samuel KIDIBA, op. Cit.
* 21 Jean
Félix YEKOKA, op. Cit.
* 16- La définition ou la
signification de la terre ici ne se réduit pas au seul sens chimique du
terme, elle inclue aussi toutes ses composantes que sont, entre autres, les
étangs, les arbres, les animaux sauvages, l'espace cultivable, les
champs, etc.
* 22 Alphonse BATALU MBETANI,
Enquête orale du 29 Août 2007
* 23 Oscar MILANDU,
Enquêtes orales du 15 juin 2007 et du 02 septembre 2007
* 24 Hilaire KIONGA et Oscar
MILANDU, Enquêtes du 10 octobre 2005.
* 25 Théophile OBENGA,
Les Bantu, langues, peuples, civilisations, Editions Présence
Africaine, 1985.
* 26 Lucie PRADEL, Dons de
Mémoire de l'Afrique à la Caraïbe, Editions
L'Harmattan
* 27 Samuel KIDIBA,
L'interdit comme code moral de la société traditionnelle au
Congo Brazzaville, in La Renaissance, n° 05, 2003, Journal
du Ministère de la culture et des arts de la République du
Congo
* 28 Samuel KIDIBA, Les
forêts sacrées, une forme de gestion durable de l'environnement
in Le canard de l'environnement n°006
décembre2003-février 2004
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