La mission du représentant Albitte dans l'Ain( Télécharger le fichier original )par Jérôme Croyet Université Lumière Lyon II - Maîtrise d'histoire 1996 |
III : l'évolution de la politique des Sans-Culottesle massacre des prisons et les attaques contreles députés de l'AinLa présence d'Albitte à Bourg en pluviôse an II, donne les pleins pouvoirs politiques aux Sans-Culottes et stigmatise leurs idées polititques qui étaient jusque là frustrées par Gouly. Mais l'absence du représentant durant les mois de ventôse et de germinal, de Bourg, pousse les Sans-Culottes dans une politique extrémiste, que la présence d'Albitte aurait sans doute contenue. Le décrêt de la Convention prit sur demande des conventionnels de l'Ain, ne fait qu'attiser le ressentiment des Sans-Culottes pour des hommes qui ne jugent plus bons pour les représentés. Des visites nocturnes, d'abord, puis l'ouverture du courrier, marquent dès la dernière décade de pluviôse an II l'épanouissement de la pensée des Sans-Culottes au contact d'Albitte. Ce dernier, par ses liens avec Collot d'Herbois, plutôt qu'avec Gauthier-des-Orcières, remet à l'ordre du jour la politique avancée sous Javogues mais stoppée par Gouly. Une certaine évolution se fait néanmoins sentir après le 2 ventôse an II (20 février). Cette évolution de la pensée politique des Sans-Culottes se fait surtout plus sentir de la part des officiers municipaux de Bourg et de Belley que de la part des membres du district et du département. Dès le début de pluviôse an II, les officiers municipaux de Bourg se rendent régulièrement dans la maison des Claristes. Dès le 4 pluviôse an II (23 janvier), Alban, accompagné de Lajolais, se rend aux Claristes et "enlève aux détenus, assignats, argent, argenterie, enfin toutes les pièces et mémoires justificatifs qu'il leur trouve, et satisfait de son butin, il déclare en se retirant qu'il a bien employé la nuit."779(*) Ces visites sont brutales780(*) et ont pour but de découvrir tout ce que les détenus peuvent avoir de monnayable. Ils sont un moyen de revenu. Ces visites ont aussi pour but de destabiliser les détenus et de les effrayer quant à l'incertitude sur leur sort dans lequel on les laisse. La haine de Gouly s'étend dès le 21 pluviôse an II (9 février) au député d'Ambérieu Ferrand, remplaçant de Mollet démissionnaire au mois d'août 1793. Ferrand, durant les mois de juin et juillet 1793, avait été député du canton d'Ambérieu auprès des membres du département de l'Ain en vertu de l'arrêté dudit département du 29 juin781(*). C'est donc à un fédéraliste que s'attaquent désormais les Sans-Culottes. Le 21 pluviôse an II (9 février), Juvanon fait accepter par la Société des Sans-Culottes, une dénonciation contre Ferrand. La nouvelle du décrêt de la Convention du 28 pluviôse an II (16 février) et la confirmation des doutes des Sans-Culottes sur la responsabilité des députés de l'Ain dans cette affaire (lettre de Merle), amènent les Sans-Culottes à s'attaquer à la députation de l'Ain, puis à vouloir que la Convention s'épure. Ce désir des Sans-Culottes de voir la Convention épurée nait quelques jours après un discours de Momoro (24 pluviôse-12 février), aux Cordeliers, contre les Jacobins de Paris et Robespierre. Les séances de la Société populaire de Bourg et celles de Belley, sont rythmées par les dénonciations contre les députés Ferrand, Gauthier-des-Orcières, Gouly, Merlino, Deydier (Jagot pour lors membre du Comité de Sureté Générale, est un appuit des Sans-Culottes de l'Ain à Paris, il n'est donc pas une cible de dénonciations). Au contact des Sans-Culottes de Bourg, Albitte prend parti (comme les commissaires civils) pour ces hommes contre Gouly. Le 21 Pluviôse an II, il écrit au Comité de Salut Public : je n'ai que trois mots à vous dire su Gouly. Il a vécu et a fait sa fortune aux Indes, il a fait sourire ici tous les aristocrates et constérné les patriotes"782(*). Pour Albitte la référence aux Indes est un signe d'aristocratie mercantile, Gouly n'est pas un sans-culotte, mais un bourgeois qui s'est enrichit dans le commerce sur le dos des esclaves. Dès lors, la position de Gouly à Paris devient difficile. N'ayant plus la confiance des Comités, par trois fois il voit ses actions dans l'Ain désaprouvé par le Comité de salut Public783(*), alors qu'Albitte garde la confiance de ce dernier. "Citoyens, depuis trois mois (tonne Duclos en floréal an II; après la montée à Paris auprès des Comités de Sûreté Générale et de Salut Public des officiers municipaux de Bourg), je vous dis qu'il faut faire des dénonciations contre Gauthier, Deydier et autres. Et vous êtes des lâches de ne l'avoir pas fait encore puisque ces députés sont des gueux et des scélérats. Que Gallien pour engager et faciliter les dénonciations enhardi même les sociétaires qui y avaient de la répugnance d'écrire; Citoyens, les membres de la Convnetion nationale ne sont que nos commis à 18 livres par jour et c'est nous qui sommes les négociants, et finit par demander l'extrait mortuaire de toute la députation de l'Ain excepté Jagot"784(*). Gay propose de leur écrire pour dire le mécontentement que fait naître leur conduite. Convers n'hésite pas à dire du député Deydier que les patriotes de Pont-de-Vaux "sont sans qualités et endormis par le style de Deydier"785(*). Merle à Paris "ne veux voir aucun de nos députés. . .(car) ils n'ont pas la confiance des Sans-Culottes de Bourg"786(*). Gouly est même dénoncé aux Jacobins de Paris par Dorfeuille lors d'un scrutin épuratoire en Pluviôse an II. Le 24, Gouly fait appel au Comité de salut Public pour prendre un parti favorable à son égard afin de ne pas être épuré des Jacobins, ce qui signifierait peut-ête la mise en état d'arrestation pour lui787(*). Les Sans-Culottes et surtout Blanc-Désisles, défendent l'idée d'épurer la Convention. "Suivant lui (nous dit Convers), la Convention n'avait plus d'énergie et le Comité de Salut Public était sans force parce que sa marche était entravée par les modérés. Il fallut. . .renouveler l'un et l'autre.. . . Dans les entretiens particuliers qui se tenaient chez lui, il ne cachait point sa haine implacable contre tous les représentants du département l'exception faite du représentant Jagot"788(*). Les sociétaires n'hésitent pas à parler des crapauds du marais et du petit nombre de patriotes qui compose désormais la Convention. Pour Alban la Convention est gangrenée, il faut donc l'épurer789(*). Pour Blanc-Désisles la Convention est trop vieille, ll faut la rajeunir790(*). Pour cela l'orateur compte sur les sociétés populaires. Les Sans-Culottes savent que la Convention émane du vote du peuple et par là, ils veulent ramener à eux le pouvoir politique en soumettant la Convention aux sociétés populaires qui sont (pensent-ils) inattaquables : "ce traitre (Alban parle de Gouly) voulait nous dissoudre, mais il n'a pas le droit , ni même la Convention, nous sommes le peuple souverain et c'est nous qui pouvons les dissoudre."791(*) Les Sans-Culottes rejoignent (volontairement où involotairement ?) le parti de la Commune de Paris. Depuis quelque temps déjà, la municipalité de Bourg (en accord avec le directeur de la poste) décachetait le courrier qui arrivait à Bourg. Mais à la fin du mois de pluviôse an II, cette activité s'intensifie. Le 29 pluviôse an II (17 février), le comité de surveillance de Bourg écrit à la municipalité pour demander que l'ouverture des paquets se fassent désormais conjointement : "Les membres du comité aux officiers municipaux de Bourg Le comité jaloux de faire son devoir et désirant s'aboucher (sic) avec la commune pour l'ouverture des paquets venant de la poste, vous demande de vouloir bien vous réunir à nous et indiquer un de vos membres pour aller à la poste, qui conjointement avec un des nôtres, se trouvera à l'ouverture des paquets avec d'autant plus de raison que depuis quelques temps nous ne recevons aucune correspondance et que nous en ignorons les motifs"792(*). C'est suite à la parution du décret de la Convention du 28 pluviôse (16 février) sur les détenus du département de l'Ain, que ces actions ne font que s'accentuer. Le 2 ventôse an II (20 février) alors à Belley, Albitte (entouré de Dorfeuille et Blanc-Désisles), prend connaissance du décrêt de la Convention du 28 pluviôse. Il prend aussitôt un arrêté qui vise à réarmer les patriotes de Bourg. Dès lors, les Sans-Culottes, sous l'influence de leurs orateurs, des commissaires civils et de la presse parisienne, vont lentement adopter une opinion politique proche de celle d'Hébert, ou du moins des hommes de la Commune de Paris. Le 4 ventôse an II (22 février) alors qu'Hébert dénonce les Indulgents et les Endormeurs au club des Cordeliers de Paris; les membres du directoire du district de Bourg, décident que toutes les voitures publiques ou privées qui vont ou qui viennent de Lyon, doivent être désormais fouillées, ainsi que toutes les lettres et papiers saisis sur les personnes étant dans ces voitures, devront être amenées au directoire du district.793(*) Cette mesure, prise par des Sans-Culottes, rappelle les actions des fédéralistes de juin 1793 contre les commissaires des ministres, pour lesquels ils ont été arrêtés. Les attaques d'Hébert et de la Commune contre les Endormeurs et les Indulgents à Paris, trouvent-elles sans doute des échos à Bourg. En effet, Alban maire de Bourg, ainsi que Dorfeuille, dévoilent publiquement à la société populaire de Bourg et au Temple de la Raison, leurs correspondances avec le club des Cordeliers et la Commune de Paris. Alban, se fait un honneur de déclarer, "qu'il venait de reçevoir une lettre de son ami Pache, maire de Paris, par laquelle il lui annoncait qu'il avait rempli ses vues en faisant arrêter le scélérat la Baume-Montrevel"794(*) Une lutte s'engage donc entre les Sans-Culottes soutenus par les commissaires civils, et une sorte de contre-pouvoir qui réunit des détenus à Bourg et les députés de l'Ain à Paris. Le 10 ventôse an II (28 février), Albitte reçoit une lettre du Comité de Salut Public qui lui annonce que certaines de ses opérations795(*) ont donné lieu à des dénonciations. Le 11 ventôse an II (1er mars) une nouvelle lettre du Comité de Salut Public lui apprend que deux nouvelles dénonciations leur sont parvenues; une sur le serment d'abdication et l'autre sur son entourage796(*). Ces attaques directes contre les Sans-Culottes et la politique mise en place par Albitte, sont l'oeuvre de Gouly, Merlino et Gauthier-des-Orcières. Malgré ces attaques contre la politique d'Albitte, ce dernier n'est pas désaprouvé par le C.S.P. dont il reste un représentant très influent. Mais les Sans-Culottes se rendent vite compte qu'une fuite à lieu à Bourg même. Dès lors les attaques des conventionnels de l'Ain à Paris ne visent plus Albitte, mais à travers ses arrêtés, les Sans-Culottes de Bourg797(*). Mais Albitte prend pour lui ces attaques et dès lors ne cesse de faire rapport de sa démarche au Comité de Salut Public, en rendant compte de ses actions par des lettres longues et justificatrices798(*) mais claires et toujours logiques. Les visites dans les prisons se font simultanément avec l'ouverture du courrier, dans le but de trouver des correspondances d'émigrés, mais surtout d'arrêter celles qui dénoncent les Sans-Culottes. En effet, tous les jours, un membre de la municipalité de Bourg, accompagné d'un membre du comité de surveillance se rendent à la poste vérifier le courrier. Une de ces visites d'Alban a laissé une trace écrite : "Citoyen, occupé jour et nuit par le salut de la République avec Albitte représentant du peuple, je t'enverrai le double du p.v ou une décharge; Albitte a fait partir la lettre chargée et les autres à leur destination, tu peux être tranquille, mais par ordre d'Albitte arrête toutes les lettres que l'on mettra à ton bureau pour Paris, aux députés et autres suspects, alors tu auras la confiance du représentant et tu seras un bon Sans-Culotte. Signé Alban maire, le 25 pluviôse an II"799(*) Ces dénonciations proviennent principalement de Gauthier-Murnans. Le 19 germinal (8 avril) deux de ses lettres, avec le cachet du département (donc passant pour non-suspectes) à l'adresse du Comité de Salut Public et à son parent Gauthier-des-Orcières sont arrêtées à la poste. Il dénonce dans ses courriers ce qu'il se passe dans l'Ain. Cette correspondance part pour Paris sous le couvert du département, grâce à Reydellet, qui est incarcéré à ce titre le 19 ventôse an II. L'arrestation de Reydellet n'empêche pas Gauthier-Murnans de continuer de correspondre avec son oncle à Paris.800(*). Devenant un danger pour les Sans-Culottes, Gauthier-Murnans (qui avait été libéré par Albitte sous la préssion de Gauthier-des-Orcières) est accusé d'insulter les patriotes et est mis en prison par le comité de surveillance de Bourg le 19 germinal an II (8 avril). Pour la défense des Sans-Culottes face aux contre-attaques de Gouly et Merlino, Baron-Chalier, le 14 ventôse an II (4 mars), écrit à l'attention d'Albitte un réquisitoire sur la conduite de Blanc-Désisles et celle de Gouly. Dans ce mémoire de 7 pages, le patriote bressan est montré comme un homme courageux et dévoué alors que Gouly est à mi-mots traité de modéré.801(*) Les recherches de courrier ont aussi lieu à Pont d'Ain, où se rendent Alban, Lajolais et Rollet-Marat. La visite de la poste de Pont d'Ain, se fait avec une certaine violence de la part de Rollet-Marat, qui après quelques injonctions, se fait donner le courrier. Les lettres enlevées à la poste de Pont d'Ain et de Bourg, sont retrouvées dans le portefeuille d'Alban, le 18 fructidor an II (4 septembre) lors de la levée des scellés sur les papiers de Blanc-Désisles. Il s'agit de lettres adressées à Gauthier-des-Orcières et à la députation de l'Ain à Paris. Après l'interdiction de faire guillotiner les prisonniers à Commune-Affranchie et les dénonciations reçu par Albitte, les Sans-Culottes sachant que des fuites ont eu lieu et qu'un parti opposé au leur existe encore, ils s'acharnent encore plus sur les détenus. Des visites aux détenus se font à Belley à la fin du mois de ventôse an II, où l'on confisque tous les papiers des suspects ainsi que tout leurs objets de valeur. Ces prises rapportent 9886 livres et 3 sols. Des visites similaires ont aussi lieu, sur la fin de ventôse an II, à Ambronay par Rollet-Marat, Alban et Lajolais. Les trois hommes, après s'être raisonnablement abreuvé, se rendent à la maison de détention et fouillent les détenus où grisés par la boisson ils commettent quelques actes arbitraires : "Dans le courant du mois de ventôse dernier, Lajolais général de brigade accompagné de Rollet dit Marat agent national du district de Bourg et d'Alban maire dudit lieu; vinrent en poste sans mission ni caractère à Ambronay dans la maison de détention. Ils se firent accompagner par la municipalité dudit lieu, revêtus de leurs écharpes et d'un détachement d'environ cinquante hommes de volontaires de l'Izère, qui étaient en détachement. On les plaça par deux à chaque porte des chambres des détenus pour les empêcher de sortir de leur chambres. Le déclarant assure que Lajolais et ses deux complices étaint saouls comme des coquins. Ils se permirent de fouiller dans une des des premières chambres, ils rencersèrent les lits par terre ainsi que les malles, déplièrent tous les effets et linges jusqu'aux mouchoirs de poches. L'on fut obliger de retirer presque du feu les livres de géomètrie et de mathématique en disant que c'était des ouvrages fanatiques(sic). Ils firent mettre dans un sac plusieurs effets, livres, rasoirs, boucles d'argent de jartière que l'on dit m'avoir été rendues(sic). Après avoir été grisé ils se transportèrent dans la chambre d'Yvoley qui dans ce moment était assis sur son lit, il sifflait, Alban et Lajolais lui tinrent des propos très durs en lui disant de sortir de dessus de son lit et de ne pas siffler; il s'ôtat en effet de dessus son lit et continua de siffler. Lajolais en le traitant de scélérat lui dit de se taire, il lui répondit seulement qu'il lui était bien permis de siffler, cela engagea quelques propos et Alban et Lajolais ordronnèrent à un homme de la force armée d'aller chercher des fers et que l'on lui mis au pied et aux mains et que l'on l'entraine à la tour(sic). Le citoyen Guichelet et Divoley furent en effet conduit à la tour, mais on ne trouva point de fers; ils se permirent les mêmes vexations dans toutes les chambres à l'exception de la mienne où ils n'entrèrent pas malgré mes invitations. Les volontaires et autres gardes nationaux juraient entre eux des vexations qu'ils nous faisaient éprouver en nous disant tout bas de ne pas faire attention, qu'ils étaient saouls. Le déclarant ajoute. . . que Lajolais mit la main sur la poigné de son sabre et menaça d'en frapper Divoley et lui promit de le faire traduire à Lyon pour y être guillotiné."802(*) Les visites nocturnes ne cessent pas en germinal. Les Sans-Culottes se rendent dans les prisons avec l'ordre du représentant de récupérer toutes les valeures monnayables des prisonniers. Le 13 germinal an II (2 avril), Alban et Morel vont à Bicêtre, enlever l'argenterie et l'argent des prisonniers. Mais leur préférence reste à la maison des Claristes, d'où ils savent que les dénociations dont ils sont victimes à Paris proviennent. Ces visites se font alors avec encore plus de violence : "Alban est souvent venu faire des visites nocturnes dans la maison de détention des Claristes. Que dans le courant du mois de mars (vieux style) il en fit une accompagné de Degrusse, alors officier municiapal, Morel notable et Broccard menuisier membre du comité de surveillance, avec un détachement d'un bataillon du Jura qui était alors en garnison à Bourg, que dans cette visite qui dura depuis onze heures du soir jusqu'à six heures du matin, je n'ai pas quitté ces individus un instant. Alban prit au citoyen Jean Chossat Montbaron des couverts d'argent, de même qu'aux citoyens Micond de Chalamont et Favre. Il prit aussi au citoyen Vernette, notaire à Montrevel, neuf louis en or, et dix huit livres en argent, le tout dans une filoche verte, dans le gousset de côté de sa culotte, il lui demanda à voir son portefeuille, le visita, et sur les observations que lui fit le citoyen Vernette, que s'il lui prenait ce qu'il avait dans son portefeuille, il n'aurait pas de quoi subsister(sic). Alban ne prit aucun assignat lui rendit son portefeuille en lui disant qu'il était un aristocrate, qu'il baisait sa sevante qu'il avait chez lui une coupe de Louis qu'il ne voulait pas les déclarer, mais qu'il les trouverait bien. Il prit aussi au citoyen Archimbaud son écritoire et son agrafe le tout en argent, en lui disant mille horreurs ainsi qu'au citoyen Viallat père, il jettait en fouillant les malles, tous les linges ça et là, sans égard aux observations que lui faisaient les détenus à ce sujet. Comme Alban accompagné de Degrusse dans le même temps, entrèrent dans la chambre du citoyen Guerrin exprêtre. Là ils commirent toutes sortes d'horreurs et de cruautés, lui demandant son argent dans la persuasion qu'il en avait, ils lui dirent que s'il ne lui donnait pas, il lui couperait le col. Ce détenu se lève au même instant tout en chemise, se met à genoux en lui disant qu'il n'en avait pas sur lui, mais que s'ils voulaient attendre au lendemain il leur en donnerait et que tout en tremblant, il les suppliait de ne lui faire aucun mal. Alban et Dergusse bien loin d'être touchés de ces supplications, n'en furent que plus hardis. Alban après avoir fouillé longtemps dans les malles, paillasses et matelat dudit Guerrin, répéta que s'il ne lui donnait pas sur le champ son argent, il n'y avait qu'a lui coupé le col. Degrusse répond : il n'y a qu'a prendre mon sabre, il a le fil. Enfin après une heure environ de perquisition, n'ayant rien trouvé ils finirent par déchirer tous ses livres. Ils lui prirent une veste, une culotte, un habit et autres effets qu'ils donnèrent à un détenu et finirent par mettre Guerrin aux barreaux, où il fut confondu avec des gens de la maison de justice qui étaient condamné."803(*) Une haine méfiante à l'égard des détenus se fait sentir après le 2 ventôse an II (20 février). Le voeu de Coureng, membre du fomité de surveillance, de faire manger de l'herbe aux détenus de Brou est révélatrice de cette réalité804(*). Cette haine des prisons, divise rapidement les Sans-Culottes. La municipalité effleure le projet de se débarasser de ces derniers rapidement. Les canonades des Brotteaux peuvent donner un modèle aux Sans-Culottes qui, (sur les remontrances de la garde nationale de Bourg d'avoir trop de travail à surveiller les prisons), par l'intermédiaire de Duclos, lance alors l'idée que pour décharger les gardes du poste de Claristes il n'y aurait qu'à " charger un canon à la mitraille et de le tirer contre cette maison"805(*). C'est sans doute dans cette perspectives que le 23 ventôse an II (13 mars), Lajolais donne au citoyen Montbarbon, (capitaine de la compagnie des cannoniers de la garde nationale de Bourg), le mode de rassemblement de la garde nationale sur la place Marat. Montbarbon fait part à ses hommes au Champ-de-Mars de la directive de Lajolais : "les canoniers au moment que l'on battrait la général dans la nuit se retrouveraient au devant du batiment du département"806(*). L'ordre de Lajolais807(*)stipule que le signal d'alarme peut être donné pour n'importe quelles raisons que par lui sur la réquisition des corps administratifs. Le mot d'ordre est Mort, le mot de ralliement Liberté. Quelques jours plutôt, Alban, à la barre de la société populaire et au Temple de la Raison, lit plusieurs lettres de Dorfeuille aux Cordeliers lui qui demandent "d'être plus révolutionnaire et plus ferme que jamais"808(*) et qui annoncent "que sous peu de jours, arriverait un évènement terrible à Paris, bien plus extraordinaire que celui du 31 mai"809(*), "que les sans-culottes aurait une entière victoire"810(*). Gauthier-Cinciantus rapporte ces paroles d'Alban : "Dans un mois, il arrivera à Paris un évènements semblable à celui du 31 mai; il s'agit d'épurer de nouveau la Convention : un grand nombre de ses membres périront et parmi eux, Gouly et tous les députés du département de l'Ain excepté Jagot"811(*) et de Dorfeuille : "Citoyens,. . .il s'élève dans le sein de la Convention, un parti puissant qui veut faire périr les sans-culottes; il faut qu'il périsse ou que nous périssions; serrons-nous; nous sommes perdus si nous manquons de courage ou si nous nous désunissons"812(*) Mais le ressentiment face à Gouly et à Gauthir-des-Orcières unis les Sans-Culottes, l'idée d'une épuration de la Convention d'une partie de ses représentants (dont la députation de l'Ain) divise le parti populaire. En effet seuls les membres de la municipalité et du comité de surveillance (à l'exception de Convers) suivent l'avis de Dorfeuille, Blanc-Désisles et d'Alban. Rollet-Marat et Gallien (alors au district) ne s'engagent pas dans ces actions. Gauthier-Cincinatus dit d'eux à son oncle : "Le citoyen Rollet, agent national, tâche, autant qu'il est en son pouvoir, d'empêcher l'effet que produisent sur la classe indigeante du peuple de pareils discours813(*). . . Cependant les arrestations continuent. . .Le citoyen Rollet allège autant que sa place peut lui permettre , le poid de ces vexations"814(*). Depuis la seconde décade de Ventôse an II, des différents opposent d'ailleurs ce dernier à Blanc-Désisles et Alban. En effet, lors d'un passage à Coligny, au début de Ventôse an II, Rollet-Marat à une altercation avec le citoyen Crozet (membre de la société des Sans-Culottes de Coligny) qui se plaint, par la suite, à Blanc-Désisles de la conduite de Rollet-Marat. Ce dernier est immédiatement dénoncé par la municipalité comme un despote. Le 24 ventôse an II (14 mars), Rollet-Marat rédige une lettre à l'attention de Blanc-Désisles pour se justifier. Dès lors, comme pour Convers, l'agent national de Bourg, ne bénéficie plus de la confiance du fougueux comédien et par lui, de la commune. Quelques jours après, le conseil général de la commune de Bourg, interdit à Rollet-Marat l'entrée des maisons de détention de Bourg, à moins d'être accompagné de deux officiers municipaux; car il est accusé par la municipalité et Alban, de n'avoir aucun respect pour les magistrats sans-culottes. Se trouvant dès lors en marge d'un mouvement qui ne tolère pas d'opposition, Rollet-Marat écrit le 27 (17 mars) à Alban et lui "réclame l'union entre les autorités constituées."815(*) Le 15 germinal an II (4 avril), se trouvant déconsidéré par ses amis (isolé peut être même au sein du district), Rollet-Marat se plaint des mesures de la municipalité à son égard dans une lettre à Albitte. Il est désormais mis, ainsi que son substitut Gallien, à l'écart des affaires politique se déroulant sur le territoire de la commune de Bourg part la municipalité. Se sachant désespérement seul, Rollet-Marat ne cesse dans ses lettres à Albitte, durant le mois de germinal, de lui demander son retour. Convers aussi se détache des nouvelles orientations politiques de ses collègues. Déjà suspect envers la municipalité pour avoir dénoncé Blanc-Désisles lors du pasage de Gouly, Convers est tenu éloigné des grandes décisions (voir page 156). Mais, une intervention inopinée de Convers à la tribune lors d'une fête décadaire, qui sème le trouble parmi l'auditoire, commue en haine la méfiance des officiers municipaux à son égard. La mission qu'il a effectué avec Vauquoy dans les disitrcts de Pont-de-Vaux et Châtillon-sur-Chalaronne, lui vaut d'être l'objet d'une dénociation anonyme le 14 germinal an II (3 avril). Vauquoy y est accusé d'être un débauché crapuleux et Convers un patriote hypocrite. Tout de suite, Convers pense que les auteurs en sont Blanc-Désisles et Juvanon, qu'il attaque lors de la séance de la société populaire du 14 germinal an II (3 avril). Il traite les deux hommes de scélérats et de fourbes. Juvanon est alors absent, seul Blanc-Désisles est là. Après de grands débats, la lettre dénonciatrice est renvoyé au comité de surveillance. A l'issu de la séance du 15 germinal an II (4 avril), Convers est évincé de la société de Bourg. Le 25 germinal an II (14 avril), Millet et Dorfeille, à la tribune de la société tentent malgré tout de plaider sa cause. Mais ses attaques à l'insu de Blanc-Désisles et de Juvanon sont fatales pour son crédit patriotique. C'est au début de germinal an II, que le département de l'Ain apprend les évènements du 24 ventôse an II (14 mars), qui conduisent Hébert, Vincent et Ronsin en prison. L'arrestation d'Hébert, fait tourner court les projets des Sans-Culottes pour se débarraser des détenus et épurer la Convention. Le 5 germinal an II (25 mars), Blanc-Désisles fait paraitre un disours où il dénonce les faux patriotes et qui cherche à donner aux Sans-Culottes un nouveau mot d'ordre.L'ambiguïté de ses propos peuvent lui permettre de se rattacher au camp des vainqueurs, quels qu'ils soient. Dans son discours Blanc-Sésisles, cherche discréditer et à dénoncer les modérés encore en liberté et présent, pour certains au sein des autoritées constituées. Ces derniers, s'ils avaient accepter les idées ultrarévolutionnaires des orateurs de la société des Sans-Culottes jusqu'à présent, commencent à s'en détacher, conscients peut-êtreque l'époque n'est plus la même que celle qui suivait la chute de Lyon et la déchristianisation de l'hiver 1793. Ces modérés, s'ils ne sont pas tous les mêmes qu'en Juin 1793, sont ceux qui précipiteront la perte des Sans-Culottes. la chute des Sans-Culottes La chute d'Hébert et de Danton, entrainent une accélération des évènements dans l'Ain. Albitte qui était à Bourg le 9 ventôse (27 février) ne reparait pas malgré les lettres de Rollet-Marat. Les mesures qu'il prend en ventôse an II, cherchent à recentrer des pouvoirs et des liens biens dispersés entre une autoritée centrale (le représentant) et des autoritées qui ont bénéficiées jusque là d'une grande autonomie. C'est dans cet objectif qu'il oblige les agents nationaux (par arrêté le 16 ventôse an II) à lui rendre compte par écrit, toutes les décades, de l'évolution de leurs travaux; comme il resserre le pouvoir de surveillance des comités aux chefs-lieux de canton le 25 ventôse (15 mars), en supprimant les comités municipaux, qu'il juge sevèrement : "il est tel dans ces lieux que j'ai été obligé d'arrêter qu'il n'y aura qu'un comité de surveillance par canton, étant dans l'impossibilité de trouver des hommes pour les composer, et étant efrayé des abus et des maux qui résultent de leur multiplicité, dans les endroits où il y en a un par commune. Il faut être sur les lieux pour bien juger et s'assurer que ces comités municipaux commettent les plus effroyables injustices et peuvent causer les plus grnads malheurs"816(*). Cette dernière mesure est mal acceptée par certains comités frontaliers qui ont leur travail très à coeur à l'exemple du comité de Jujurieux qui lui explique dans une lettre, qu'appliquer cette mesure "se serai entraver l'action du Gouvernement Révolutionnaire"817(*). Quelques comités, malgré l'arrêté, continuent leurs opérations. Le 30 germinal an II (19 avril), le comité de surveillance d'Ambutrix délivre encore des certificats de civisme et qu'il dit avoir reçu l'arrêté du 25 ventôse, que le 25 germinal (14 avril). Le retard du courrier arrange alors bien les comités de surveillance à l'instar de celui de Vieux d'Oiselon qui dit n'avoir reçu l'arrêté que le 10 floréal (29 avril). Depuis son arrivée dans l'Ain, Albitte s'intéresse beaucoup au trafic frontalier avec Genève notament. Plusieurs fois il écrit au Comité de Salut Public à ce propos et délègue même Dorfeuille et Merle le 21 Pluviôse an II à Paris à ce sujet entre autres. Le Comité l'invite, le 22 Pluviôse an II, à donner son avis vis-à-vis de la politique à utiliser face à la Suisse et plus particulièrement à Genève; tout en restant circonspect dans ses actions : Genéve n'est pas en France. C'est à ce sujet qu'il délègue Baron-Challier le 28 Ventôse an II (voir page 125). Albitte circule beaucoup sur les frontières et essaye autant qu'il peut d'arrêter les trafics d'exportation que lui a signalé le Comité de Salut Public. Albitte stimule la surveillance des frontières par un arrêté le 28 ventôse an II (18 mars). Le but d'Albitte est atteint puisque, par exemple, le cmité de surveillance de Versoix fait placer des sentinelles tout les jours devant le pont de Versoix, à partir du 20 germinal an II (9 avril) et de germinal à floréal un trafic de faux assignats est découvert par le comité de surveillance de Divonne. arrêté 28 v Albitte parcourt les frontières où il encourage les efforts des patriotes. Le 30 germinal (19 avril), il écrit au comité de surveillance de Verny pour les pousser à surveiller au traffic des faux assignat. Il parcourt aussi les frontières du Mont-Blanc, les districts d'Annecy et Cluses. Il agit désormais plus comme s'il était aux armées que dans les départements. Le 9 floréal an II, apprenant que Santerre est libéré à Grenoble, Albitte s'attaque à lui et le dénonce vivement au Comité de Salut Public. Pendant ce temps dans l'Ain, les Sans-Culottes ne se rendent pas compte que l'arrestation des Hébertistes peut mettre en péril leur action et leur main mise sur les administrations. Alban, à la nouvelle de l'arrestation d'Hébert, monte à la tribune de le société populaire et s'adresse à l'auditoire : "Citoyens, deux factions puissantes s'entrechoquent à Paris; le moment est critique; il faut que l'une écrase l'autre; serrons nous, et soyons sur nos gardes."818(*) Le 10 germinal an II (30 mars), le directoire de département de l'Ain envoi une adresse à la Convention pour la féliciter de la découverte du complot d'Hébert, Martine refuse de la signer. Le 18 germinal (7 avril), c'est le district de Belley qui félicite la Convention et le 19 c'est au tour de celui de Gex. Cette nouvelle, pousse le conseil général de Châtillon-sur-Chalaronne à proposer des libérations et à Bourg, elle relève le parti des modérés. Des pamphlets et des écris qui visent les Sans-Culottes parcours la ville. Une lettre anonyme "où les ennemis de la République donnent aux meilleurs Sans-Culottes des épithètes qui ne conviennent qu'à eux" 819(*) est adressée à Rollet-Marat. A ce moment les principaux Sans-Culottes sont absents de Bourg. Gallien substitut de Rollet-Marat, réclame leur retour à Albitte, pensant sans doute que leur présence calmerait la situation. A l'annonce de la mort d'Hébert, Gallien chargé de lire le journal à la société populaire le 23 germinal an II (12 avril), ne le fait pas. D'après E.Dubois, la séance de la société ce jour là est très agitée. Quelques jours plustard, Martine, membre de l'administration départementale déplore que le peuple de Paris n'ait pas prit la défense d'Hébert et de Danton. Sans doute travaillés par l'idée que leur conduite durant les décades passées, peut être à présent un moyen de les arrêté, les Sans-Culottes décachètent systématiquement tout le courrier820(*) et plus précisément celui à l'adresse des administrations. C'est comme cela, que le 18 germinal an II (7 avril) Frilet décachette un paquet de courrier venant du Comité de Salut Public adrssé au tribunal civil du district de Bourg. Le 19, le tribunal dresse un procès verbal qu'il dépose à la poste le 20 à destination du Comité de Salut Public. Mais Alban et Broccard, (sans doute rendus soucieux par le contenu de la lettre), se rendent, vêtus de leurs écharpes tricolores, à la poste pour y prendre ce courrier. Le 24 germinal an II (13 avril), Lajolais quitte son poste à Bourg pour rejoindre l'Armée du Rhin. Gallien se plaint de son départ. Lajollais, sentan-il l'hégémonie des Sans-Culottes vaciller et préfère-t-il aller se faire oublier dans le Nord ? Au même moment à Lyon, les Amis de Chalier dénoncent l'action des "étrangers" de la Commission de Surveillance Temporaire, ce qui abouti à l'arrestation de Vauquoy en Germinal an II. Cer dernier est accusé d'abus de pouvoir dans les districts de la Tour-du-Pin. Albitte reçevant l'ordre de le faire arrêter et traduire devant un tribunal, le fait conduire à Grenoble. Le 19 Germinal an II, il reçoit un courrier du C.S.P. qui lui dit de faire traduire devant le tribunal révolutionnaire le commissaire civil. Le 28 Germinal an II, alors que Vauquoy est en route pour Paris, Albitte "atteste que Vauquoy (lui a). . .toujours paru un bon et loyal patriote. . . il y a bien des aristicrates dans le département de l'Isère, il y a bien des calomnies contre les patriotes"821(*). Avec la chute d'Hébert, les Sans-culottes, se retrouvant seuls, écrivent à Albitte pour demander son retour à Bourg. Ce dernier, ne semble pas pressé de revenir dans la capital de la Bresse. Peut-ête les Sans-Culottes ne sont-ils pas de pûres apôtres d'Hébert, mais la chute de ce dernier les poussent à se rendre compte de leur attitude de ces dernières décades et sentent que leur parti peut ressortir attérer de cette affaire, envoient sur les recommandations de Dorfeuille, deux commissaires à Paris avec une proclamation qui vise à féliciter la Convention mais surout à se blanchir des accusations dont ils sont victimes; en démontrant que leurs actions n'avaient pas la motivation hébetiste qu'on leur prétaient. Quand le Comité de Salut Public apprend que son courrier a été ouvert à Bourg, il prend, le 29 germinal an II (18 avril), un arrêté qui ordonne la translation de brigade en brigade, jusqu'à Paris des officiers munipaux de Bourg. Le décret arrive à Bourg le 1er floréal (20 avril) au soir et le 2 Alban, Blanc-Désisles, Raffet, Degrusse, Morel, Faguet, Pellet, Bon et Baux sont en route pour la capitale. Frilet qui se trouve à Revonnas est arrêter et rejoint ses collègues. A Bourg, la nouvelle boulverse la ville. Merle se rend immédiatement à Paris pour prendre la défense de ses compagnons.Dorfeuille annonce qu'il va écrire à Robespierre, Couthon et St Just pour demander le retour des officiers municipaux. La société populaire rédige une adresse à la Convention pour prendre leur défense, mais Millet et Dorfeuille reconnaissent quand même, que les officiers municipaux ont commis quelques indélicatesses. Albitte apprend la nouvelle le 3 floréal an II (22 avril), alors qu'il est Cluses. Il écrit son mécontentement de voir les officiers municipaux arrêtés au Comité de Salut Public le jour même. Le 4 floréal an II (23 avril), ce sont les officiers municipaux de Belley qui sont conduits à Paris. A leur arrivée, ils sont installés dans la maison du Languedoc. Dès lors les séances de la société populaire devenient houleuses entre le parti Sans-Culottes altéré et le parti modéré qui se montre au grand jour, il devient alors fréquent de voir quelques uns des Sans-Culottes du comité de surveillance ou du district s'en prendre aux tribunes. Albitte ne reparait pas à Bourg, ni même dans l'Ain. La disrgâce des officiers municipaux, éloigne Albitte du département et le 11 floréal an II (30 avril) le réprésantant du peuple Méaulle est nommé successeur d'Albitte dans l'Ain. Quelques jours avant l'arrivée de ce dernier, Dorfeuille et Gallien vont voir Méaulle à Lyon et affirement que Méaulle "saura bien ne pas s'apitoyer sur les réclamations, et apprécier au contriare, le mérite des Sans-Cullottes"822(*). Depuis le 22 Germianl an II, Albitte qui est dans le Mont-Blanc, ne s'occupe plus guère de sa mission initiale. Il redevient un homme de guerre. Entre le 22 Germinal an II et le 18 Floreal an II, Albitte n'a plus en tête que les revers militaires du Mont-Cenis et des mesures à prendre pour la défense nationale. Il est tellement occupé à la chose militaire que le 3 Floréal an II, alors que les Sans-Culottes de Bourg vont à Paris, il écrit au C.S.P. qu'il lui est impossible de se rendre à Bourg. Albitte sur les frontières n'est pas mis au courant du changement d'effectation dont il est le sujet et ce n'est que le 17 floréal an II (6 mai), de Chambéry, qu'il écrit au Comité de Salut Public : "Vous avez cru que l'établissement du Gouvernement Révolutionnaire était facile. . .depuis trois mois, je travaille de jour et de nuit . . .et je n'ai jamais eu tant de mal. Je comptais finir mes opération sous deux décades"823(*). Son changement d'affectation ne semble pas l'émouvoir outre mesure. Sans doute est-il plus content de retrouver son poste aux armées. Le 21 floréal an II (10 mai), Rollet-Marat écritt une lettre pleine de gage d'amitié pou le représentant : "Bonjour, montagnard Albitte, comment te portes-tu ? Conserves toi pour les Sans-Culottes, pour ces fiers républicains dignes de la liberté que tu leur as conquise par ton génie révolutionnaire et par tes sages arrêtés. Loin d'eux tu seras toujours parmi eux; ils te bénissent tous. Continue ta carrière glorieuse; aime-nous, tu as toute notre confiance. Ah ! si tous les membres de la Convention imitaient ton exemple, les vrais patriotes ne seraient pas toujours calomniés, dénoncés aux comités. Les dénociations pleuvent contre moi; n'importe j'irai toujours mon train. Tes arrêtés ont été sacrés pour moi; je les ai fait exécuter avec viguer, avec séverité. Tels sont les reproches qui me sont fait, et que quelques uns de tes collègues, à Paris, receuillent et entassent avec voracité pour me perdre."824(*) Mais Albitte de retour aux armées, tourne le dos au département de l'Ain, et aux Sans-Culottes qui ont cru pouvoir grâce à lui établir un pouvoir populaire. Méaulle qui arrive dans l'Ain se rend compte qu'a Bourg et à Belley, du fait du grand nombre de détenus, les patriotes sont menacés. CONCLUSION Albitte après sa mission dans l'Ain Le rappel d'Albitte n'entraine pas sa disgrâce. Il continue sa carrière de répresentant en mission auprès de l'Armée des Alpes avec Laporte. Il organise la défense du Mont-Cenis durant la troisième décade de floréal an II. Pour cela, il réquisitionne les gardes nationaux des départements du Mont-Blanc, de l'Ain, de l'Isère, de la Drôme, des Hautes et Basses-Alpes, dans le but de regarnir les fontières. Cinq bataillons sont ainsi levés. Il prend plus de vingt arrêtés entre le 4 floréal an II et le 29 floréal. La confiance du Comité de Salut Public en Albitte ne cesse pas. Ces liens avec Collot d'Herbois lui ont sans doute été utiles, ainsi que la prudence dont il a fait preuve depuis la chute des Sans-Culottes. Le 13 thermidor an II, Albitte est envoyé à l'Armée d'Italie, où il retrouve Bonaparte. C'est à Nice, le 23 thermidor an II, qu'il apprend sa nommination à l'Armée des Alpes. Carnot lui donne ses fonctions : "Garder les côtes, rendre inutiles toute tentatives de descente ou d'invasion par le territoire de Gênes, détruire Soargio, veiller sur Port-la-Montagne, . . .contenir les malveillants et les fédéralistes, sauver la Corse, perfectionner la discipline,. . ., établir les communications avec l'Armée des Alpes"825(*). Avec la chute de Robespierre, Albitte n'est en aucun cas atteind. Mais la réaction qui s'en suit, le rend prudent. Il se rallie rapidement au nouveau Comité de Salut Public. L'homme réfléchit n'a pas disparu. Le 7 fructidor an II, Albitte et Saliceti, font l'éloge du général Bonaparte. Maintenu à l'Armée des Alpes par un avis de ces collègues Prost et Salicetti du 11 fructidor an II826(*), Albitte rétablit la discipline au sein de l'Armée. A l'issu du combat de Cairo du 2 vendémaire an III, Albitte et Salicetti regagnent Paris. Albitte n'est pas revenu à la Convention depuis le 11 mai 1793. De retour à Paris il vote la mise en accusation de Carrier. Figurant parmi les derniers montagnrads, il continue de fréquenter le club des Jacobins. Malgré les dénonciations qui fusent contre lui à la Convention, Albitte ne cède pas et ce n'est qu'après les journées de prairial an III qu'il est accusé par le député Delahaye d'avoir voulu remplacer les sercétaires absents au bureau par des représentatns ayant été aux armées. Son frère, Jean-Louis suppléant de Daublet, se rend à la barre de la Convention pour prendre la défense de son aîné. Mais, attaqué par Vernier, il est décrèté en état d'arrestation par Tallien. Accusé avec Bourbotte, Duquesnoy, Duroy, Goujon, Romme, Soubrany, Rhul et Prieur de la Marne, Albitte échappe à la prison le 2 prairail an III (il n'était pas présent à la Convention ce jour là). Le 3 prairial an III, il publi un justificatif de sa conduite lors de la journée du 1er. Poursuivit et condamné à mort par contumace, il échappe à la guillotine jusqu'à la loi d'amnistie du 4 brumaire an IV. Elu maire de Dieppe en 1796, il est admis capitaine à la suite du 4ième régiment de troupes légères par décret du pouvoir éxecutif du 18 germinal an IV, puis il est détaché par Bernadotte à l'état-major des troupes de la République en Belgique. Albitte n'hésite pas à reprendre du service dans les armées avec un grade subalterne à celui qu'il avait obtenu en aôut 1793. Faisant sans doute preuve de courage et d'abnégation, Albitte reçoit le grade d'adjudant-général ( alors qu'il est en service à Bâle) le 5 nivôse an VII. Un an plus tard, à Paris, il est nommé chef de bataillon surnuméraire à l'Armée d'observation. C'est après plusieurs demandes qu'il est enfin admis comme sous-inspecteur aux revues le 18 vendémiaire an X et décoré de la Légion d'Honneur. Sous inspecteur aux re Le 1er nivôse an X il récupère le grade d'adjudant général. Il retrouve 8 ans plus tard le grade qu'il avait obtenu en 1793. En poste à Mayence, il est attaché au 26ième corps de 1803 à 1808. Le 4 mai 1809, il reçoit l'ordre de se rendre à l'Armée alors en Allemagne sous les ordres de Davout. Mais très malade, il ne supporte pas le climat rhénan. Il écrit en 1811 au comte Dumas dans l'espoir de pouvoir se rendre à Lyon ou Aix-la-Chapelle pour se soigner. C'est à cette époque qu'il se marie et a un fils, Gustave Albitte, (connu plus tard dans la littérature comme auteur dramatique827(*)). Ne pouvant guérir, il se rend néanmoins à la suite des Armées au sein de la division Desaix pour le début de la campagne en Russie. Il meurt de froid et de fatigue à Rosénié en Pologne, le 25 décembre 1812. Plusieures fois, après la Révolution, Albitte a eu à parler de sa mission dans l'Ain. Il se confia au général Girod de l'Ain. Ce dernier dit d'Albitte : "Le pauvre homme, à cette époque ou je le retrouvais sous-ispecteur aux revues, était bien revenu des erreurs de sa jeunesse et bien désillusionné du brillant et terrible rôle qu'il avait rempli vingt ans au paravant".828(*). De même quelques années plus tard, Lalande rencontre Albitte. Ce dernier, avoue au bressan : "il faut avoir pitié d'un homme enivré par des hommes plus astucieux que lui, intimidé par des hommes plus furieux, et trompé par de plus scélérats".829(*) Même si il tente de se disculper, Albitte, de par l'apposition de sa signature en bas des arrêtés, est autant responsable que son entourage de ces actions. Plus que de juger les faits de ces hommes, il ne faut pas oublier que la mission d'Albitte prend effet à un moment crucial de la Révolution où les armées de la République affichent sur leurs drapeaux le mot d'ordre commun à tout homme de l'an II: La Liberté ou La Mort. Sa mission dans l'Ain lui vaut d'être, dès l'an III suite aux actions des Thermidoriens sur l'ensemble de la France, dénoncé avec Javogues, Méaulle et Merlino par la commune de Bourg. Loin de lui reprocher la démolition des clochers ou des châteaux, les burgiens et les belleysiens l'accusent plutôt d'avoir aider les Sans-Culottes à tenir les rênes du pouvoir dans l'Ain. Mais ne faut-il pas voir dans ces accusations des tentitives de disculpations de certains patriotes de l'an II, peu désireux de se voir accuser à leur tour ? Effets de la mission d'Albitte dans l'Ain après son départ pour les Sans-Culottes Albitte n'est pas encore parti et Méaulle pas encore arrivé, que le15 floréal an II, Dorfeuille se voit proposer le poste d'administrateur du district de Bourg. Mais le vote des sociétés populaires lui est défavorable car il n'est pas citoyen actif de ce département. Le 8 prairial an II, Merle écrit de Paris pour annoncer que l'affaire des officiers municipaux sera bientôt terminée. En effet, ces derniers possèdent en Jagot (membre du Comité de Sureté Générale) un puissant appui et Merle connait bien Couthon qui est chargé du dossier. Pour Merle, seul Alban pose un problème. Les réclamations auprès du Comité de Salut Public pour la libération des officiers municipaux parviennent en grand nombre de l'Ain. La société populaire ne cesse d'envoyer des adresses pour réclamer la libération de ces membres détenus. Mais le 14 messidor an II, face aux dénonciations dont ils sont vicitmes, Rollet-Marat et Martine décident de se rendre à Paris pour se disculper des accusations dont ils sont l'objet. Sont députés avec eux Gallien, Ducret, Gay et Baron-Chalier afin d'assurer la défense des patriotes de l'Ain à Paris; à la veille du départ, Chaigneau annonce à la tribune de la société de Bourg : "voilà comment l'on veut nous emmener les uns après les autres, c'est de cette manière que l'on veut désunir les Sans-Culottes, mais il faut nous soutenir, nos frères les officiers municipaux qui sont à Paris, et les deux qui vont partir sont blancs comme neige, ils n'ont rien à craindre". Juvanon ajoute : "si l'un des Sans-Culottes mandés par le Comité de Salut Public venait à périr, l'on verrait couler le sang dans la commune de Bourg"830(*). Dorfeuille renchérit, il "fait des déclamations injurieuses et calomnieuses contre les habitants de cette commune, notamment contre ceux qui ont fait des dénonciations contre les officiers municipaux mandés à Paris par ordre du Comité de Salut Public, ajoutant que si l'un de ces municipaux venait à périr, il fallait couvrir d'un crèpe funèbre la maison d'arrêt des Claristes"831(*). Le 6 messidor an II, le Comité de Salut Public libère tous les officiers municipaux exceptés Alban, Blanc-Désisles, Frilet, Rollet-Marat et Martine. Le 9 thermidor an II par l'intermédiaire de Jagot (profitant sans doute du désordre causé par la chute de Robespierre), le Comité de Salut Public prend un arrêté qui libère Blanc-Désisles, Rollet-Marat, Frilet et Martine (seul Alban reste à Paris, à la Conciergerie). A peine les Sans-Culottes sont-ils libérés que les représentants de l'Ain se présentent au Comité de Salut Public pour contester cette décision. Le 12 thermidor an II, le Comité de Salut Public prend un arrêté demandant à Méaulle de maintenir incarcéré les Sans-Culottes jusqu'à l'arrivée de Boisset. Le choix de ce dernier par le Comité montre bien la nouvelle orientation politique de modération. En effet, Boisset, arrive dans l'Ain pour faire cesser l'agitation des Sans-Culottes, taire le parti démocrate pour remettre au pouvoir des hommes de Juillet 1793. Mis en détention à leur retour de Paris, les Sans-Culottes demandent à bénéficier d'une semi-liberté dans la ville de Bourg. Méaulle accède à leur requête; le 19 thermidor an II Méaulle fait retenir en arrêt domicilaire Blanc-Désisles, Rollet-Marat, Frilet et Martine. Le 22 thermidor an II, Baron-Chalier démissionne; mais le 24 il est mis en état d'arrestation et rejoint ses camarades qui sont conduits aux Claristes à la suite d'un autre arrêté. Ces arrestations se font à la plus grande surprise des Sans-Culottes. Broccard s'enfuit. Devant ce brusque retour en arrière des évênements, les patriotes prennent vite conscience qu'ils vont remlacer les détenus et que ces derniers vont retrouver les places administratives; dès lors leur sort sera précaire. Le 19 Thermidor an II, les Sans-Culottes commandent la venue sur Bourg d'une troupe de 300 gardes nationaux de Gex, Ferney et Châtillon-en-Michaille, commandé par 16 officiers dans le but de faire tenir les prisonniers tranquille et ainsi supprimer toute tentative de réveillent des modérés. La troupe arrive le 20 thermidor an II, mais le 24, Boisset qui vient d'arriver fait remplacer ces hommes par ceux de la garde nationale de Bourg. Avec Boisset, le modérantisme triophe, l'heure n'est plus à la mobilisation des masses mais bien à la victoire de la bourgeoisie révolutionnaire. Les fédéralistes sortent de détention et les sansn-culottes les remplacent. De la même manière que les détenus qu'ils avaient fait mettre en prison, les Sans-Culottes essaient à leur tour de communiquer avec l'extérieur par tous les moyens. Alors qu'ils doivent être jugés par le tribunal criminel de l'Ain, les autorités se rendent vite compte que leur cas ne relève pas de ce dernier. Le 25 fructidor arrive un courrier du Comité de Sureté Générale interdisant toutes poursuites contre les Sans-Culottes. Lalande reproche à Méaulle de vouloir les faire juger afin de les faire remettre en liberté832(*). Les Sans-Culottes restent aux arrêts. Convers est mis en liberté le 4ème jour complémentaire de l'an II, après avoir chargé de griefs son ancien compagnon Blanc-Désisles. Après vendémaire an III, Convers prend la fuite comme Martine, Broccard, Ravet, et Dorfeuille l'ont fait avant lui. Convers se réfugi à Nancy et Dorfeuille à Lyon où, par deux fois, des hommes de Bourg viennent voir sa femme afin que le comédien les suivent à Bourg pour se faire Juger, malgré l'illégalitée de cette démarche (les administrateurs n'ont de pouvoir que dans l'étendue de leur circonscription). Les épouses des Sans-Culottes sont également mises en détention suite à des manifestations de soutien envers leurs époux et la politique de l'an II; elles sont libérées sur ordre de Boisset. Le 18 brumaire an III, certains des détenus tentent de s'évader. Pour empêcher cela, une mesure similaire à l'arrêté d'Albitte du 2 pluviôse an II, est prise par la municipalté de Bourg. Dans plusieurs pétitons, les détenus se plaignent de leur condition de détention et de leur manque de nourriture. Mais comment pourraient-ils être mieux traités alors que l'agent national de la commune de Bourg, le citoyen Rousset, est un ancien détenu, abhorre Blanc-Désisles833(*). Il en est de même entre Braconnier (juge de paix du canton de Ceyzériat destitué par Albitte) actuellement membre du directoire du district de Bourg et Rollet-Marat. Les Sans-Culottes ne désarment pas et par les liaisons qu'ils entetiennent malgré tout avec l'extérieur, arrivent à stimuler une résistance. Leurs femmes en sont les premières instigatrices. Du courrier adressé à Méaulle et Jagot834(*) où ils dénoncent Boisset est intercepté par les membres de la municipalité. Les prisonniers deviennent désormais trop dangereux et trop encombrants. En effet, certains administrateurs craignent que l'on vienne les assasiner et d'autres ont peur que l'influence des détenus sur une grande partie de la population les amène à être libérés. Les autorités constituées délèguent Braconnier et Rousset pour se rendent à Lyon le 24 germinal an III. Sur place, ils obtiennent des représentants Borel, Richard et Boisset de faire traduire les détenus de Bourg à Lons-le-Saulnier et ceux du Jura à Bourg. Le 26 germinal an III, Rousset fait part à la population, rue Simonneau, de l'arrêté des représentants à Lyon. Le 29, il remet l'arrêté à l'accusateur public avec ordre de le faire exécuter. Sans doute conscient de son sort, Thévenin se suicide par strangulation en prison. Abandonnés à leur sort, les Sans-Culottes le sont aussi par leurs seuls appuis à Paris : Jagot ( qui n'est guère plus écouté), Méaulle et Albitte (qui évitent de se compromettre). Albitte, plutôt que de secourir ces hommes qui n'avaient pas hésité à le soutenir à la Convention par leurs adresses, fait la sourde oreille, sans doute plus soucieux de garder son poste que d'aider ceux qui pensaient être ces frères. Le 29, les terroristes jurassiens arrivent de Lons-le-Saulnier; ils sont conduits par Beffroy sur la place Marat où Montbarbon les fait mettre à genoux afin de les humilier. C'est dans cette ambiance que l'ordre de transfert des 36 Sans-Culottes est donné par Boisset sur demande d'administrateurs burgiens, pour le lendemain, 30 germinal an III. Boisset n'ignore pas que les dénonciations fusent contre lui et que la vie des sans-culottes est menacée, mais comme à Lyon, son inaction coupable à protéger les détenus, favorise l'enclanchement de la répression violente contre les hommes de l'an II. A 7 heures du matin, l'accusateur public écrit au district pour que deux de ses membres se joignent à la municipalité afin de veiller à ce qu'il n'y ait pas d'accident. La nouvelle du transfert des Sans-Culottes circule dans la ville rapidement . "Sur les neuf à dix heures du matin, les gendarmes et la compagnie de canonniers, commandés pour les escorter, se rendirent aux prisons. Beffroy et autres particuliers qui s'y étaient rendus aussi, commencèrent par ôter la cocarde nationale et les boutons de l'habit des détenus, les enchainant deux à deux et de trois en trois. Les chaines de fer, n'étant pas suffisantes, Beffroy fit chercher des cordes de puits pour les attacher. On les fit monter de suite sur trois voitures. Blanc-Désisles, Ducret, Rollet, Juvanon fils, Merle et Frilet furent forcés de monter sur la première voiture. . . Cet arrangement de voitures avait été prémédité. Quelques uns de ceux qui étaient sur les voitures suivantes avaient été prévenus par le geôlier que la première voiture serait la plus maltraitée."835(*) Les voitures se mettent en route et au niveau de la place du greffe, "au moment où les regards du peuple se posèrent sur ses oppresseurs l'on entendait chanter le réveil du peuple par dessus les huées et des cris d'indignation"836(*). Des citoyens de la ville de Bourg au nombre d'une quarantaine se ruent sur la première voiture et distribuent des coups de bâtons mais, ils sont repoussés par la garde nationale et par les invectives de l'accusateur public. Arrivés en dehors de la commune de Bourg, au faubourg du Jura, Montbarbon, des hommes de la garde nationale et une douzaine de citoyens de la ville de Bourg attaquent de nouveau la première voiture. "En sortant de Bourg cinq furent assassinés à coup de bâton dans la première voiture, qu'il (Benoit Ravet) vit aussi qu'on leur tira plusieurs coups de pistolet, que Dubreuil, Beffroy, Vuy fils, Duhamel fils déserteur, les deux fils Bonnardel drapier, Montbarbon donna le premier coup de sabre sur le poignet de Merle accusateur public, que le fils Juvanon qui était le sixième de la première voiture, ne fut pas tué, n'ayant reçu que deux coups de sabre qui lui avaient croisé la figure, s'étant caché sous des matelats; qu'a la sortie de la ville, Chaigneau fut assassiné entre ses bras sur la seconde voiture où ils étaient du nombre de dix"837(*). Crozet de Coligny, profite de l'agitation pour s'enfuir avec l'aide d'un gendarme et rejoint Coligny. Après ce massacre, les corps sont emmenés à St Etienne-du-Bois, où meurt Juvanon. Mais la tuerie n'est pas finie; une fois arrivés dans la prison de Lons-le-Saulnier, Frilet et Laymant sont mis à mort le 6 prairial an III par des jurassiens. L'annonce du massacre des Sans-Culottes semble horrifier Boisset qui en fait part à ses collègues du Comité de Sureté Générale, comme d'un"évènement affreux"838(*); à ses collègues du Comité de Salut Public, il leur annonce "qu'il est douleureux pour mon coeur d'avoir a vous faire part, citoyens collègues, d'un évènement affligeant pour l'humanité"839(*). Suite à l'assassinat de leurs collègues, Gay, Degrusse, Baron-Chalier, Broccard, Ravet, Duclos, et Maret-Ychard le 13 prairial an III, font un repentir solennel. Le même jour, Baron abjure son nom de Chalier. Le 17 Boisset ordonne qu'une enquête soit ouverte et que les charges contre les Sans-Culottes survivants soient délaissées. Ce coup de semonce bressans n'alerte pas Boisset, pour qui ces règlement de compte rentre dans l'action politique du temps, qu'il entend laisser faire vis-à-vis des hommes de 1793. En effet, sa molle complaisance dans l'Ain, mais aussi à Lyon du fait de son rattachement à un réseau royaliste et contre-révolutinnaire drômois en relation avec Imbert-Colomès840(*) amène aux actions violentes des muscadins841(*) bressans contre leurs opprésseurs d'hier. C'est dans la même logique que Dorfeuille, alors emprisonné à la maison de Roanne à Lyon, est défenestré du deuxième étage de la prison de Roanne le 16 prairial an III. Le massacre de Lyon qui coute la vie à 96 citoyens se fait sous l'inaction totale de la municipalité et de Boisset. Si à Lyon ces agissements sont le fait du travail des agents royalistes, à Bourg, le massacre des sans-culottes est une revanche préparé par d'anciens détenus de l'an II (seuls les chefs du mouvement sans-culotte sont éliminés) et plus ou moins occulté par le district et la municipalité qui ont confié la sauvegarde des détenus à un de leur bourreaux. A la peur légal de l'an II répond la fureur populaire de l'an III842(*). En aucun cas, les assassins des Sans-Culottes ne sont des compagnons de Jéhu même si le "Réveil du Peuple" est chanté par la foule. En effet, loin d'être royaliste, le peuple marque avec le "Réveil du Peuple", son opposition à l'an II et l'avant Thermidor. Les assassins sont des gens connus par leurs victimes. Il y a d'anciens détenus, comme Montbarbon et Joly, des fils de détenus comme Dubost et des fils de suppliciés comme Vuy et Perret. La mission d'Albitte est pour ces hommes un moment crucial de leur vie, car elle a fait d'eux des suppliciés ou des criminels. Seul Joly, l'époux de la femme à laquelle Alban montrait des estampes obscènes afin d'obtenir ses faveurs, est poursuivi en l'An IV comme compagnon de Jéhu puis guillotiné dans le Puy-de-Dôme à ce titre. Pas tous les sans-culottes ont périt lors de cet effroyable revanche des muscadins. Alban, lui est à Paris, où il travaille par réquisition du Comité de Salut Public, à l'Atelier de Précision. Grâce à Merlino et Gauthier-des-Orcières, il trouve un emploi à la forge du Mont-Cenis; mais il préfère revenir à Bourg où il est dénoncé, le 8 prairial an IV, avec Gay comme un agent de Babeuf. Seul Alban est traduit à la Haute Cour de Justice de Vendôme; Gay étant mort en l'an V. Alban est jugé avec Babeuf mais il est acquitté. Il meurt pauvrement à Mâcon en 1798. Baron, amnistié, rentre à St Rambert. Mais la chasse aux hommes de l'an II le poursuit jusque dans son pays natale , ou il est victime d'une tentative d'assassinat. Jugé en l'an X pour ses actions pendant la Terreur, il est acquitté. Il a 41 ans. Baron se suicide en 1835 à l'âge de 80 ans, partisan d'une monarchie constitutionnelle. Le destin du général Lajolais est, pour un homme ayant cotoyé pendant trois mois des révolutionnaires avertis, plutôt singulier. Il est donc possible de se demander si l'action de Lajolais dans l'Ain durant la mission d'Albitte, ne tient pas plus du défoulement et de livresse des évênements que de motivations d'ordre politique. Le général Lajolais, en décembre 1794, fait la connaissance de Pichegru à Strasbourg et participe à son plan pour rétablir la royauté. Suspect au yeux de la Convention, il est suspendu de ses fonctions pour avoir entretenu des relations avec le milieu royaliste puis est mis en réforme le 13 avril 1796. Compromis par des pièces trouvées dans le fourgon de Mr. de Klingin, il est emprisonné en septembre 1797. Non compris dans l'organisation de 1801, il rejoint Londres en l'an XI où il fait des préparatifs pour reçevoir Pichegru et Cadoudal. Il est arrêté en 1804 pour avoir pris part avec Cadoudal à une conspiration contre Bonaparte; il est enfermé pour 4 ans au fort de Bellegarde où il meurt quelques jours avant sa libération. La mission d'Albitte dans l'Ain est une accélération pour le mouvement révolutionnaire. En effet, c'est elle qui ouvre le pas aux Sans-Culottes et qui leur donne l'illusion que leur pouvoir et le Gouvernement Révolutionnaire est à ancrer pour l'éternité même s'il faut pour cela tyraniser une portion du peuple qui les a portés au pouvoir. Albitte, loin d'être un moteur des évènements, agit plus sous la pression de son entourage que par décision personnelle. Sans doute, s'il avait fait preuve de plus de force de caractère, le dérapage de la fin de pluviôse an II et des deux mois suivants aurait pu être évité. Mais plutôt que de faire face à ces hommes, le représentant a préferé leur donner le champ libre en partant pour les frontières. Il est à supposer que sa présence à Bourg en germinal an II, comme le demandait Rollet-Marat, aurait été un facteur non négligeable quant à la suite des évênements. Plus que tout autre moment de l'histoire de la Révolution dans l'Ain, la mission d'Albitte marque l'apogée du mouvement sans-culotte dans ce département; période où le personnel politique n'est plus celui de l'Ancien-Régime et n'est pas celui de l'Empire. ANNEXE 1 Lettre du 11 pluviôse an II (30 janvier 1794), d'Albitte aux représentants du peuple à Commune-Affranchie. A.D.R. 1L208 "Bourg 11 pluviôse Albitte représentant du peuple à ses collègues et amis à Commune Affranchie. Mes chers amis j'ai une besogne très laborieuse ici. J'espère cependant la remplir par la copie de mes principaux arrêtés que je vous envoie, vous jugerez de mes intentions, elles tendent à détruire le fanatisme, à écraser les prêtres, à dompter mrs les cydevants et surtout à les rendre des Sans-Culottes dans toute la force du terme, supposition faite qu'ils ne soient pas coupables d'autres crimes que de celui de leur naissance. Je m'occuperai des bois de marine, des salpêtres, des grands ...ttes, des moyens d'anéantir la mendicité et de pressurer les égoïstes et de punir les fédéralistes. Au sujet de ces derniers, j'aurais bien voulu votre avis. Vous n'avez pu à ce qu'il parait vous occuper de soit d'examiner les pièces que je vous ai envoyée. Je ferai d'après ma conscience. Un point très important que je vous ........ c'est de maitt.... de vos projets sur les subsistances de vos départements. De tout côté on vient ici. Je n'ai pu encore m'occuper des recensements. Il faudrait m'envoyer le tableau général de vos réquisitions dans l'Ain, et les noms des commissaires. Surtout il faut qu'il n'y en ait que d'une espèce. Faites moi connaître au total vos le... et vos espérances sur mon département, et je pourrai prendre des mesures promptes et en connaissances de cause. Faites moi aussi envoyer les listes de tous les justicés à Commune-Affranchie afin de pouvoir saisir et faire vendre leurs biens sans délai dans les districts que j'ai à visiter, soit dans l'Ain, soit dans le Mont-Blanc. Envoyez aussi à Paris, au Comité de Salut Public, aux Jacobins, à La municipalité et aux cordeliers une collections complète de nos arrêtés et de ceux que vous avez pris depuis. Nous avons fait hier la décade. Ca ira. Salut et fraternité Albitte ANNEXE 2 Lettre du 17 ventôse an II (7 mars 1794), de Blanc-Désisles à Albitte. A.D.A. 2L56 "Egalité Liberté Bourg-Régénéré le 17 ventôse an 2 de la République une indivisible et démocratique Albitte, ça va bien, nous pensons toujours à toi, c'est le vrai moyen de bien marcher amitié et fraternité B.Désisles agent national" ANNEXE 2bis Lettre du 26 germinal an II (15 avril 1794) de Blanc-Désisles à Albitte "Epidor-cy devant Bourg- le 26 germinal an 2 de la République une indivisible et démocratique Brave Albitte Tu recevras par ce courrier l'état des détenus proposés pour sortir et l'état de leur fortune. Tu verras dans la note que nous t'avons déjà envoyée, à te guider pour la tache. Je te souhaite meilleur santé et t'invite fortement à te ménager pour le bonheur des patriotes B.Désisles agent national" ANNEXE 6 Lettre du 15 germinal an II (4 avril 1794) de Rollet-Marat à Albitte A.D.A.2L49 "Epidor cidevant Bourg-Régénéré le 15 germinal an II de la République française une indivisible L'agent national du district de Bourg au représentant du peuple Albitte Je t'envoie la liste de tous les citoyens proposés pour composer les autorités constitués de ce district, elle est le résultat du travail fait par des Sans-Culottes par moi choisis en exécution de ton arrêté. J'ai été obligé de me transporter dans les chefs-lieux de canton pour réparer des erreurs et des omissions faites par ces commissaires et il s'en rencontre encore de ces omissions dans d'autres communes, car dans plusieurs ils ont oublié de désigner des assesseurs des juges de paix et il serait à propos qu'après que tu auras examiné cet ouvrage, tu me chargera de le parachever en m'autorisant à procéder à l'installation des autorités constitués et à faire tous changements nécessaire pour le bien public; Je t'observe que les citoyens désignés pour composer les comités de surveillance n'ont été pris que dans les municipalités chefs-lieux, il me semble qu'il conviendrait qu'ils fussent choisis dans toutes les communes du canton, cela remplirait sans doute tes intentions surtout d'après ton arrêté du 25 ventôse qui supprime tous les comités de surveillance à l'exception de ceux des chefs-lieux, il en résulterait au surplus un très bon effet en cas que les ennemis de la République serraient surveillés de plus près. Lorsque j'ai reçu ta lettre qui me prescrivait de suspendre mes opérations sur la réunion des communes; l'ouvrage était fait en partie, je pense qu'il pourra servir dans la su.... Je t'envoie la liste des municipalités de mon arrondissement qui ont changé de nom et qui m'ont adressées leurs délibérations à cet égard. Le nommé Groscassand Dorimond ex-vicaire épiscopal que tu m'avais ordonné de faire arrêter a adressé ces jours derniers un mémoire à la commune de Treffort lieu de son dernier domicile et une carte de la section de Paris ou il réside actuellement aux fins de lever les scellés et séquestres apposés sur ses biens; cette carte et ce mémoire sont parvenus à l'administration avec les observations de la commune et j'ai de suite envoyé au maire de Paris copie de la dite carte pour le faire arrêter et traduire à Bourg; j'ai aussi fait mettre en état d'arrestation le nommé Bouveyron beau-frère dudit Groscassand et porter au district lesdites pièces a fin d'empêcher entre eux toutes correspondances. Je t'envoie copie de ces deux pièces. Il existait encore audit Treffort un nommé Bouveyron ex-constituant du coté droit, homme dangereux et de la trempe de Piquet son collègue, je l'ai aussi fait arrêter avec un nommé Folliet, ayant d'après sa sollicitation un fils émigré et tous deux sont détenus aux ci-devant Claristes. J'espère que tu approuveras toutes ces mesures qui tendent à la sûreté générale et au salut de la République. Je te fais passer deux copies de lettres du citoyen Gauthier député à la Convention nationale et de son père relatives à leur parent ex-vicaire cathédrale et non abdicataire détenu à Bicêtre, j'y joins un certificat d'officier de santé qui m'a été remis. Tous les prêtres renfermés pour n'avoir pas satisfait à ton arrêter réclament des secours, ils prétendent n'avoir aucune ressource pour vivre ne touchant plus de pensions, décide promptement sur leur sort en les envoyant dans une terre étrangère n'étant pas dignes d'habiter celle de la liberté. Les détenus dans la maison des cydevants Claristes lèvent la tête, il m'a été rapporté qu'ils tenaient des propos très inciviques, qu'ils avaient formé parmi eux une société populaire un conseil général de commune, un district un tribunal révolutionnaire et qu'ils osaient dire que les patriotes attendaient la maladie et qu'eux étaient en convalescence. Je ne puis te rendre compte exact de ce qui se passe dans cette maison et des abus qui y règnent ni par conséquent y remédier, la commune de Bourg par un arrêté m'ayant interdit l'entrée a moins que je me fasse accompagner de deux officiers municipaux, ce qui retarde mes opérations et fait que ma surveillance ne peut pas être aussi active que je le désirerai; je te laisse a décider si la commune avait ce droit et si je ne dois pas rentrer dans toutes les maisons de sûreté générale quand bon me semble étant charger de te faire connaître leur situation intérieure. Le salut public demande de veiller scrupuleusement les détenus, rappelons-nous de ces paroles de St Just dans son rapport sur les incarcérés : aux détentions tient la perte ou le triomphe de nos ennemis. Ton arrêté du 23 ventôse sur l'arrestation des ci-devant nobles a son exécution, ils se rendent au chef lieu du district et viennent déposer au directoire leurs titres, papiers et baux à ferme. Les hommes ou les femmes non nobles et qui cependant sont mariés avec des ci-devant, sont-ils dans le cas de l'arrestation; c'est une question que je te pris de résoudre le plutôt possible. Je t'ai envoyé dans les six jours le compte que tu me devais de mes opérations, j'ignore s'il remplit tes intentions c'est ce que je désirerai savoir. J'ai reçu de ta part un arrêté qui ordonne l'élargissement d'une partie des détenus de Marboz cultivateurs et depuis de temps je t'ai fais parvenir une seconde liste des autres détenus de la dite commune mis provisoirement en liberté afin que tu m'envoies un arrêté semblable au premier, je t'invite a t'en occuper et a y comprendre plusieurs cultivateurs de Rignat détenus depuis cinq mois par vengeance particulière ou mauvaises instructions, il est temps que ces citoyens dont je t'envoie le nom soient rendus a leurs travaux; je te rappelle dans la liste ceux de Marboz à élargir. Conformément a ton arrêté du 12 ventôse, je me suis adressé à la commune d'Epidor afin qu'elle désigna des instituteurs et institutrices pour l'éducation des enfants des ci-devants nobles détenus et elle n'a pas encore satisfait à ma demande. Les membres du comité de surveillance de la commune d'Epidor demandent leur traitement et sur quelle caisse ils doivent être payés. Ce sont des ouvriers pour la plus part chargés de famille et sans fortune vivant des fruits de leurs travaux, qui sont obligés d'abandonner pour la chose public. Par l'article 19 de ton arrêté du 19 pluviôse, il est dit qu'il sera pourvu par un arrêté particulier au mode de liquidation et acquittement des dettes des détenus, les créanciers de ceux-ci réclament l'exécution de cet article; ne serait-il pas aussi a propos de faire imprimer la liste générale de tous les détenus pour que ceux qui ont des réclamations à former puissent le faire. L'auteur de la lettre au Comité de Salut Public et qui t'a été envoyée a été découvert, on te fera parvenir la preuve de cette découverte. Enfin le sol du district de Bourg est purifié, les châteaux et clochers, signes de la tyrannie et de la superstition, se sont écroulés; les citoyens ont apportés à cette mesure révolutionnaire toute l'ardeur et l'activité qu'elle exigeait. Malheureusement quatre pères de famille ont été victimes de leur grand zèle à détruire ces monuments odieux qui insultaient à la Raison; leurs femmes réclament des secours, je t'invite a m'autoriser à leur accorder en désignant sur quels fonds il faut les prendre; il a déjà été donné a une d'elle une somme de 1200 livres par le propriétaire du cidevant château ou son mari s'est tué et 400 livres a son enfant. Je te fais parvenir un mémoire de ce propriétaire, ex-noble, nommé Duport, il s'est empressé a faire abattre son château très fort très difficile à démolir. Il a employé à cette démolition une somme considérable, tu verras par ce mémoire qu'elle a été sa conduite et tu y auras tel égard que tu jugeras convenable. Les clochers de cette commune tombent lentement, je ne sais si c'est le défaut des bras ou la difficulté de l'ouvrage. Nos marché sont peu approvisionnés, ce qui occasionne de grandes réclamations. Pour remédier à cet inconvénient, l'administration vient de prendre un arrêté vigoureux dont je t'envoie extrait. Tu avais promis de m'envoyer un arrêté pour qu'il fut donné des permissions aux ci-devant prêtres abdicataires de s'absenter pendant quelques temps pour affaires de famille. J'ai cru qu'il n'y avait point d'inconvénient a en accorder quelques unes pour un bref délai à plusieurs d'entre eux, et sous caution, attendu surtout qu'ensuite d'arrêté de l'administration l'on procède à l'amodiation des ci-devant presbytères et qu'il est essentiel que ces citoyens enlèvent leurs meubles et effets existant dans les dits bâtiments. J'espère que tu approuveras ma conduite à cette égard. L'administration a aussi pris un arrêté pour l'approvisionnement des bois de chauffage pour la commune d'Epidor. Je t'envoie des exemplaires. Je t'ai envoyé depuis plusieurs jours la liste des prêtres qui n'ont pas prêté le serment de liberté et d'égalité et sujets à la déportation afin que tu prennes une décision a leur égard. Je t'invite a me répondre sur cet objet afin que je puisse les faire partir avec deux autres condamnés par les tribunaux. La commune d'Epidor a toujours en sa possession les 60050 livres par toit accordés au district. Il me parait qu'elle aurait du déposer cette somme entre les mains de l'administration qui lui a déjà avancée 15000 livres dont la dite commune ne lui a pas tenu compte, je t'avais déjà parlé de cet objet auquel tu ne m'as pas répondu. Je te rappelle aussi le mémoire que je t'ai adressé relatif aux titres féodaux trouvés au cidevant château de la Teyssonnière afin que tu décides si les biens en dépendant son dans le cas de la confiscation. Convert est arrivé à Bourg et s'est présenté à la tribune de la Société populaire où il a témoigné une vive indignation de s'être vu dénoncé par les citoyens Juvanon et Désisles; il a fait lecture d'une soit disante lettre à toi écrite. Il a ensuite déclamé avec chaleur pour prouver la pureté de sa conduite, enfin la discussion s'est échauffée au plus haut degré, il s'en est peu fallut qu'une désunion fut le résultat de cette scène orageuse. Déjà l'aristocratie qui sait profiter des moindres instants qui peuvent lui être favorables commençait à lever sa tête audacieuse et jouissait du plaisir de voir opérer une discorde parmi les patriotes, Convert dans les discours s'adressait et semblait même mander les suffrages de cette classe infernale, maudite ect... Mais les Sans-Culottes savent que dans un moment de crise, dans un moment ou le vaisseau de l'Etat est battu par une affreuse tempête, ils doivent surveiller avec plus d'activité, se serrer des plus fort et redoubler de courage; ils savent que s'est par l'union que l'on parviendra à consolider l'édifice de notre liberté. Au surplus il est prouvé que des discussions orageuses sort la vérité et que l'on y puise cette énergie propre à terrasser ces chancres pestilentielles qui cherchent a corrompre tout ce qui les environne. Citoyen représentant, je travaille sans relâche a donner dans mon arrondissement une marche rapide au gouvernement révolutionnaire; je fais exécuter avec célérité tes arrêtés. Je prends toutes les mesures qu'exigent les circonstances pour découvrir les ennemis de la République, tous mes moments, toutes mes actions sont à la patrie, j'ai juré de tout lui sacrifier ma vie même, telle doit être la conduite d'un véritable sans-culotte. Telle est la mienne; heureux si pour prix de mes travaux j'obtiens ton approbation et celle des patriotes. Je désire bien te voir le plus tôt possible il me tarde de jouir de ce plaisir; si tu le juges à propos lorsque tu seras à Gex je me rendrai auprès de toi. Je t'envoie copie d'une lettre du ministre de la guerre en date du 7 germinal qui approuve ma conduite sur la confiscation d'une jument saisie chez le citoyen Chicot. Convert est rejeté de la société des Sans-Culottes. Vive la République Vive la Montagne Vive les Sans-Culottes Salut et Fraternité Rollet agent national" ANNEXE 7 Lettre du 17 germinal an II (6 avril 1794) du citoyen Ruffin fils à Albitte A.D.A.série L fonds non classé "Albitte, je t'écris, je viens de lire ton arrêté, tu sommes tous les ci-devant de se rendre en prison. J'en suis un. Je n'ajoute ni restrictions ni modifications. Je n'ai pas assisté au moment de ma création, cela doit te suffire. Tu me sommes de me rendre en arrestation : ou tu es un homme, ou tu es un tigre. Si tu es un homme, je te sommes toi-même au tribunal de la Raison, au tribunal de la justice, au tribunal de l'humanité. J'ai une femme, elle a trois enfants, elle les a nourrie; elle est jeune sensible et vertueuse. Nous avons 29 ans. Je demeure depuis près de six ans dans un domaine que je fais valoir moi-même. Je suis étranger à tous les partis; on ne peut me faire aucun reproche dans aucun genre. Je suis patriote dans toute l'étendue du terme, si tu le connais le patriote, je t'en dis assez. J'ai a peine de quoi vivre, je suis cultivateur, j'élève mes enfants à la charrue, c'est le premier des états. Si tu es marié, si tu es époux, si tu es père, as-tu pu rendre de sang froid un pareil arrêté; ton coeur et tes entrailles n'ont pas palpités. Arracher un père une mère à trois enfants dont le plus jeune n'a pas quatre ans. Une famille entière dans les larmes et le désespoir, un père depuis deux mois en arrestation, calcules tous mes maux si tu as une âme, rétracte toi, envoie des ordres, ou tu n'es plus à mes yeux qu'un homme sans sentiments. Adieu. Rends moi justice. Je suis un homme comme toi. A Arbigny, district de Pont-de-Vaux, dep. de l'Ain ce 17 germinal l'an 2ième de la République française une et indivisible." ANNEXE 5 Lettre du 24 ventôse an II (14 mars 1794) de Rollet-Marat à Blanc-Désisles A.D.A.2L57 "14 mars 1794 Bourg régénéré le 24 ventôse de l'an 2 de la République une et indivisible Rollet à Désisles Je suis Républicain et ma conduite a du te le prouver. La qualité de despote que tu m'as donné (...) ainsi qu'à mon collègue Gallien et le reproche que tu nous fait d'avoir opéré dans la commune de Coligny une réunion à la Goutine (...). Ta religion a été trompée comme celle de Juvanon par l'intriguant Crozet connu par des faits intriguants et malhonnêtes a lui imputés et constatés par le procès verbal auxquels tu n'as pas daigné faire attention lorsqu'ils t'ont été présentés au comité de surveillance. C'est sur les actions qu'il faut juger l'homme et non sur les paroles. Si tu rendais justice à nos sentiments tu nous croirais au moins aussi patriotes que toi et pour t'en donner une preuve je viens de requérir le citoyen Cabuchet dudit Coligny de se transporter sur le champ au directoire du district pour rendre compte de sa conduite et je t'invite de vouloir bien assister à son interrogatoire. Je te connais Républicain et c'est en cette qualité que je te convoques afin que tu puisses reconnaître la vérité que tu as égaré jusqu'à ce moment relativement à la dite commune de Coligny. paix union Salut et fraternité le dit jour écrit à Cabuchet de venir à Bourg demain 25." ANNEXE 8 compte rendu des exécution des arrêtés d'Albitte par Rollet-Marat. (début floréal an II) A.D.A.série L fonds non classé
ANNEXE 9 tableau des arrêtés d'Albitte nombre d'arrêtés par décades, avec dates et lieux intéressant le département de l'Ain, à partir du registre des représentants en mission, des arrêtés en liasse et des différents ouvrages sur la Révolutions dans l'Ain
ANNEXE 4 Lettre du 18 ventôse an II (8 mars 1794) d'Albitte à Rollet-Marat A.D.A.série L fonds non classé "Chambéry le 18 ventôse l'an 2ième de la République une indivisible et démocratique Citoyen j'approuve la conduite que tu as tenue relativement à l'élargissement des détenus, il faut autant que l'on peut rendre à la liberté le pauvre, le malheureux et l'agriculteur, qui, pour l'ordinaire ne font des fautes que par les conseils et les instigations perfides des riches, des intriguants et des ci-devant nobles. Quant à la question que tu me fais, si l'on peut donner des permission de s'absenter aux prêtres qui ont abdiqué, dans peu je ferai parvenir aux différents districts du département de l'Ain, un arrêté que je viens de prendre, par lequel je les autorise à accorder de semblables permissions à ceux qu'ils en croiront dignes et sous leur responsabilité. Il est du devoir du district de soulager la famille du malheureux ouvrier qui vient de périr au château de Rochens. La poudre est trop précieuse pour l'employer à la démolition des châteaux. Je confirme ces mesures que tu as prises pour faire arrêter à Paris les nommés Dorimond, ainsi que l'arrestation de Baland. Je connais la conduite des prêtres qui se sont retirés dans le Jura et je vais prendre un arrêté vigoureux contre les importuns par lequel je les déclarerai émigrés, s'il ne rentre dans un terme fixe dans le département de l'Ain. Va toujours ton train, c'est à dire au pas et compte sur l'ami des vrais patriotes. Albitte Salut et fraternité" ANNEXE 3 Les Sociétés Populaires dans le district de St Rambert Tableau au 1er germinal an II (21 mars) A.D.A 8L99
* 779Tableau analytique. . ., Op.cit page 22. * 780Durant une visite, les Sans-Culottes avec Lajollais font enlever tous les paravants qui séparent les détenus dans la salle des notables de la maison des Claristes, pour les faire jeter dans la cour. Lajollais en sabre un, qui appartient au citoyen Bergier car il comportait des insignes maçonniques dessus. * 781Conseil général du département de l'ain à ses concitoyens. Op.cit. * 782Lettre d'Albitte. A.Aulard receuil des actes du Comité de Salut Public tome 11 page 29. * 783Le C.S.P désaprouve les actions de Gouly, le 24 Pluviôse, le 26 Pluviôse et le 27 Pluviôse an II. * 784Témoignage de Claude-Marie Gayet, cahier de dénonciation 1, Op.cit. * 785Lettre du 4 ventôse an II, de Vauquoy et Convers Op.cit * 786Lettre de Merle, OP.cit * 787Lettre de Gouly au C.S.P. A.N. AF II. 154. * 788Déclaration de Convers. Op.cit. * 789Témoignage de Jean Rougemont, cahier de dénonciation 1, Op;cit . * 790Témoignage de François-Marie Charron Ibid. * 791Témoignage de Claude-Marie Gayet, Ibid. * 792registre de correspondance du comité de surveillance de la commune de Bourg. A.D.A série L fonds nonclassé. * 793E.Dubois in Histoired ella révolution dans l'Ain, Op.cit , tome 4 page 268. * 794Témoignage de Marie-Charles-Joseph Beffroy, garde magasin du timbre du département de l'Ain. Cahier de dénonciation, Op.cit. Dans les scélloés de Blanc-Désislse, le 18 fructidor an II, plusieurs lettres de Pache pour Alban sont découvertes. A.D.A 2L56 * 795Le C.S.P. informe Albitte que ses arrêtés des 7, 8, 15, 19 et l'envoi du 24 Pluviôse ont été matière à réclamation. * 796"Parmi tes opérations, citoyen collègues, il en est qui ont donné lieu à quelques dénoncitions; ces dénonciations portent sur ton arrêté du 8 pluviôse qui a paru renfermer des dispositions contraires aux décrets sur les cultes; celui du 7 du même mois qui ordonne l'enlèvement de toutes les cloches; sur la translation à Commune-Affranchie de plusieurs particuliers du départemetn de l'Ain pour être juger par la Commission". Lettre du 10 ventôse an II, cité par E.Dubois, in Histoire dela révolution dans l'Ain, Op.cit tome 5, page 5. "Il est citoyen collègue, queleus dénocaittions qui ont échappé au comité dans sa précedante lettre : la première porte sur la formule d'abdication des prêtres. . .;la seconde sur les hommes qui t'entourent". Lettre du 11 ventôse an II. Ibid. * 797Lors de la plainte des convnetionnels de l'Ain le 28 Pluviôse, Gauthier et Merlino disent au C.S.P. d'Albitte "que son coeur dément ce que sa main signe, . . .qu'i a été subjugué par des intriguants qui préfèrent l'anarchie au règne des lois" A.Aulard receuil des actes du Comité de Salut Public tome 11 page 454. * 798Le 25 Ventôse an II, il écrit au C.S.P. de Chambéry pour répondreaccusations qui sont portées contre lui. De mêm e il écrit encore le 26 au C.S.P. et à la Convnetion. Le silence du Comité face à ses actions lui font craindre le 26 Ventôse, de ne plus avoir la confiance de ce dernier. * 799témoignage du citoyen Guillemot, cahier de témoignage C, Op.cit. * 800Voir E.Dubois, in Histoire de la Révolution dans l'Ain, Op.cit tome 5 page 14-17. * 801Conduite du représentant Gouly dans les districts de Bourg et dans celui de Belley, par Baron-Chalier, manuscrit in°4 de 7 pages.A.D.A série L fonds non classé. * 802Déclaration du citoyen Joseph Debost, ancien militaire, du 9 nivôse an III. Extrait des minutes des dénonciations du comité révolutionnaire et de sruveillance du district de Bourg. A.D.A ancien L219. * 803Témoignage de Claude-Marie-François Joly, cahier de dénonciation, Op.cit. * 804Témoignage de Marie-Claudine Lussy, femme du concierge de la maison d'arrêt de Brou. Cahier de dénonciation, Op.cit. * 805Témoignage numéro 15, cahier de témoignage A, Op.cit. * 806Diverses témoignages du cahier de dénonciation, Op.cit. * 807Voir Ph.leDuc, Op.cit, tome 5 page 102. * 808Tableau analytique . . .Op.cit, page 26. * 809Témoignage numéro 15, cahier de témoignage A, Op.cit. * 810Témoignage de Jean Rougemont. Cahier de dénonciation 1, Op.cit. * 811Lettre de Gauthier-Cincinatus, du 10 germinal an II, cité par E.Dubois in Histoire de la Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome 5 page 14. * 812Ibid. * 813Il cite plus haut un discours qu'il a entendu à la société populaire, par Blanc-Désisleset Alabn :"Citoyens. . .Souvenez-vous que vous êtes souverains; souvenez-vous que vous êtes plus puissant que la Convention. Vous pouvez la dissoudre, mais elle ne peut pas vous dissoudre; elle n'en a ni le droit ni le pouvoir. Emparez-vous du bien des riches, ils sont à vous : ces égoîstesont assez jouîs; il est teemps que les sans-culottes, que les pauvres jouissent à leur tour." Letre de Gauthier-Cincinatus à Gauthier-des-Orcières, citée par E.Dubois in Histoire de la Révolution dans l'An, Op.cit, tome 5 page 16. * 814Ibid. * 815registre de corresponddance du district de Bourg. A.D.A 2L28. * 816Lettre d'Albitte au Comité de Salut Pblic du 26 Ventôse an II. A.Aulard receuil des actes du Comité de Salut Public. Tome 12 page 13. * 817Registre du comité de surveillance de Jujurieux. A.D.A série L fonds non classé. * 818Lettre de Gauthier-Cincinatus du 10 germinal an II, citée par E.Dubois in Histoire de la Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome 5 page 15. * 819Lettre de Rollet-Marat à Albitte du 19 germinal an II. Registre de correspondance du directoire du district de Bourg, Op.cit. * 820Le courrier met plus de 7 jours pour parvenir aux intéressés, entre son arrivée à Bourg et sa remise en main propre. * 821Lettre d'Albitte au C.S.P. du 28 Wgerminal an II. A.Aulard receuil des actes du Comité de Salut Public. Tome 12 page 658. * 822Cité par E.Dubois in Histoire del aRévolution dans l'Ain, Op.cit, Tome 5 page 28. * 823Lettre d'Albitte au Comité de Salut Public du 18 floréal an II, citée par E.Dubois, Iibd, page 28. * 824registe de correspondance du directoire du district de Bourg, Op.cit. * 825A.Boudier, cité par V.Courtine, Op.cit, page 103. * 826"Nous avions trouvé indispensable qu'Albitte, l'un de nous prolonge son séjour à l'armée d'Italie pour le temps nécessaire à ette expédition qui ne peut-êter de longue durée." V.Courtine, Op.cit, page 106. * 827V.Courtine, Op.cit, page 112. * 828Cité par A.kuscinski, Op.cit. * 829Eloge de Loubat de Bohan par Lalande page 11, réedité en 1977 par le centre cultuerl de Buenc. * 830Témoignage de Jean Rougemont, Op.cit page RRR. * 831Témoignage n°15, cahier de témoignage A, Op.cit page RRR. * 832Cité par E.Dubois inHistoire de la Révolution Française, Op.cit, tome 5 page 189. * 833"Blanc-Désiels est le monste dont je veux vous parler. Cet histrion couvert de tous les crimes, dégouttant encore du sang de nos concitoyens, n'a cessé, depuis l'arrestation dont l'a rappé noter vertueux et juste Boisset, de touremnter les autorités constituées". Cité par E.Dubois in Histroire de la Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome5 page 197. * 834E.Dubois, Ibid page 233. * 835Acte d'accusation rédigé à Yssingeaux le 18 brumaire an VII, cité par E.Dubois in Histoire dela Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome5 page 285. * 836Lettre du procureur syndic du districtd de Bourg à celui de Belley, du 3 floréal an III, suite à l'assassinat de Désisles, Rollet, Merle, Chaigneau, Ducret et Juvanon. A.D.A série L fonds non classé. * 837Déposition de Benoit Ravet. Dénnciations et insignes calomines faites conte des citoyens de la commune de Bourg. A.D.A 2J23. * 838Lettre de Boisset au Cmité de Sureté Général, du 5 floréal an III. A.D.R L208. * 839Lettre de Boisset au Comité de Salut Public du 5 floréal an III. A.D.R L208 * 840B.Benoit in Chasser le mathevon à Lyon en l'an III, le tournant de l'an III, page 505. * 841Le terme de muscadin regroupe les juenes hommes d'origine bourgeoise, qui ont connu la prison en l'an II, ou qui ont eu un de leur proche emprisonner ou guillotiner. C'est le cas à Bourg avec le fils Joly, les fils Braconnier et Montbarbon. * 842Voir J.Croyet : le massacre des Sans-Culottes. A paraitre. |
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