La mission du représentant Albitte dans l'Ain( Télécharger le fichier original )par Jérôme Croyet Université Lumière Lyon II - Maîtrise d'histoire 1996 |
III : les particularitées de la mission d'AlbitteLa mission d'Albitte dans l'Ain est un des seuls moments dans l'histoire de la Révolution de ce département où le pouvoir n'est pas dans les mains d'hommes issus de la bourgeoisie de l'Ancien-Régime et qui finissent dans la nouvelle bourgeoisie impériale533(*). Cette période se remarque surtout par l'attitude des gens du peuple à se servir de leurs fonctions nouvellement acquises afin de renverser un ordre social établi allant pour cela souvent commettre des abus de pouvoir et des indélicatesses. Albitte, sur les trois mois qu'il passe en mission dans les départements de l'Ain et du Mont Blanc, demeure un mois à Bourg. Description de la ville de Bourg Sur les trois mois que dure la mission d'Albitte, ce dernier reste près d'un mois à Bourg (du 28 nivôse au 25 pluviôse an II (17 janvier-13 février)), autant dans le département de l'Ain, et un peu moins dans celui du Mont Blanc. Afin de mieux comprendre le rôle que va être amené à jouer Albitte dans l'Ain il intéressant de faire connaissance de la ville de Bourg-Régénéré 534(*). Bourg est la plus grosse ville du département de l'Ain, avec près de 6000 habitants, répartis en trois sections (voir carte). Depuis le 2 nivôse an II (22 décembre), ces sections ont changé de nom tout, comme la ville s'est adjointe le mot de Régénéré lors du passage de Gouly. La section du Temple de la Raison devient alors la section de la Fraternité, celle du Temple des Stes Claires devient la section de l'Egalité et celle de la salle Physique devient section de l'Indivisibilité. C'est une ville avec un centre étroit, qui s'est doté de réverbères avant la Révolution. Au milieu de la place d'Armes (place de l'Hôtel de ville ou place Marat), se dresse la pyramide en l'honneur de l'Ami du Peuple. Blanc-Désisles habite rue Brutus, non loin de Rollet-Marat qui habite rue Simonneau avec Juvanon. Alban loge rue de la République. Il semble que Vauquoy demeure à l'Hôtel de Marron, peut-être avec Dorfeuille et Millet, tandis que Lajolais loge chez d'Oraison. A son arrivée, Albitte est logé à l'Hôtel de Bohans 535(*). Les portes de ses appartements sont sans cesse surveillées par des plantons, détachés de la compagnie des canonniers de la garde nationale. Ses appartements sont sans doute composés de deux pièces, une chambre et un bureau. Les reverbères jalonnent une ville qui depuis les mois de janvier 1793 a vu le nom de ses rues changer. Depuis frimaire an II, des escadrons du 1er régiment de hussard (ancien Berchény) sont stationnés dans les locaux du cloître de Brou. La présence de ce régiment composé d'un amalgame de volontaires du Calvados et de ce qui reste du régiment 536(*), est importante. La présence des hussards, facilite depuis nivôse an II 537(*) les activités des révolutionnaires; durant le séjour d'Albitte, la présence de cette troupe, va favoriser la mise en place du Gouvernement Révolutionnaire, d'une part en formant des gardes du corps pour les commissaires d'Albitte en ventôse an II et d'autre part, en annulant par leur présence toutes espèces de contestations. La garde nationale de Bourg, est composée de deux compagnie de fusilliers, commandées chacune par deux commandants (tous deux d'anciens cordonniers), d'une compagnie de canonniers commandée par un capitaine et une compagnie d'invalides commandée elle aussi par un capitaine. Les canons se trouvent dans la caserne des Ursulines. La société populaire de Bourg, d'où sont issus tous les administrateurs, tient ses séances tous les deux jours, à partir de huit heures du soir dans la salle de l'Arquebuse. Le comité de surveillance travaille tous les jours et finit ses travaux le soir entre cinq et huit heures. Ce dernier tient ses séances à l'Hôtel de Ville. A l'arrivée d'Albitte, la ville de Bourg compte plusieures maisons de détention. Ce sont les Saintes Claires, (ou Claristes), le dépot de mendicité de Bicêtre, le couvent de Brou et le couvent de la rue Bourgmayer (les Ursulines). Si les Claristes sont la première maison de détention, devant le nombre croissant de prisonniers, le district de Bourg ordonne l'ouverture de plusieurs autres centres de détention. Des maisons comme celles de Rollet et de Reydellet sont utilisées jusqu'au 16 pluviôse an II (4 février), pour abriter des religieuses et des chanoinesses. Durant la présence d'Albitte, des maisons de détention sont ouvertes et regroupent les suspects par origines. Ainsi, les religieuses sont logées à la maison de la Charité le 16 pluviôse an II (4 février). Le 7 germinal an II (27 mars), Rollet-Marat fait interner les ex-nobles au couvent de Brou, le 11 germinal an II (31 mars), le conseil général de la municipalité de Bourg-Régénéré, fait interner les femmes dans la maison dite du Chatelard. Le 5 ventôse an II (23 février), sur ordre de Rollet-Marat, les prêtres non abdicataires sont transférés des Claristes à Bicêtre. carte postal places d'armes De la place Marat, une rue mêne à l'église de Notre-Dame, ci devant temple de la Raison. Lalemand * 533Thomas Riboud est en 1789 avocat au parlement de Dijon et est le subdélégué de l'intendant de Bourgogne dans la Bresse. Il est sous l'Empire magistrat et président de la cour à Lyon. Jean Athelme Brillat-Savarin est avocat à Dijon en 1776 et exerce au baillage du Bugey les fonctions de lieutenant général civil. Sous l'Empire, il est membre de la Cour de cassation. * 534Le terme de Bourg-Régénéré, apparait après que Gouly ait épuré les aministrations. * 535Ce batiment construit entre 1730 et 1740, sur trois edifices successifs, donne sur la place d'armes. C'est la résidence des Barons de Bohan. * 536Une grande partie du régiment a désertée avec Dumouriez, le 5 avril 1793. * 537Rollet-Marat a obtenu le 15 nivôse an II, une escorte de hussards. |
|