UNIVERSITE LUMIERE LYON II
LA MISSION DU REPRESENTANT ALBITTE
DANS L'AIN
28 NIVÔSE-18 FLOREAL AN II
MEMOIRE DE MAITRISE D'HISTOIRE DE LA REVOLUTION FRANCAISE
par
Jérôme CROYET
Sous la direction de Serge CHASSAGNE
1996
Ce mémoire , fruit de longues heures de recherche et de
travail, n'aurait pas vu le jour sans le concours de nombreuses personnes
à qui je tiens à exprimer mes plus vifs remerciements et tout
particulièrement :
Messieurs CHASSAGNE et BENOIT pour leurs cours d'Histoire de la
Révolution Française dispensés à
l'Université LUMIERE - LYON II, sans lesquels je ne me serais jamais
intéressé à cette époque passionnante,
Monsieur CATTIN, Directeur des Archives Départementales
de l'Ain pour m'avoir permis l'accès au fonds non classé de la
série L et à son personnel pour sa patience, son aide et sa
disponibilité,
Maître BERGER pour la générosité de
son prêt d'archives personnelles,
Monsieur GROS, Secrétaire de la Société
d'Emulation de l'Ain pour ses conseils et ses encouragements,
Monsieur Laurent JACQUET pour sa contribution concernant
l'histoire de LYON,
Messieurs CONVERT, GELON et SALLET pour leur aide à
l'accompagnement informatique,
ainsi qu'à ma famille et à mes proches pour leur
soutien, leur compréhension durant mes recherches et la rédaction
de cette étude.
BOURG EN BRESSE, 10 septembre 1996
SOMMAIRE
INTRODUCTION
BIBLIOGRAPHIE
page 9
CHAPITRE 1
Présentations des acteurs
I : Le département de l'Ain
A : Situation géographique
page 19
B : Histoire du département de l'Ain
Jusqu'en 1789
page 21
De 1789 à mai 1793
page 21
La crise fédéraliste (mai-juillet 1793)
page 27
La revanche des Jacobins
page 33
Le séjour de Claude Javogues dans l'Ain
(19-22 frimaire an II)
page 36
Le choc Gouly
page 41
Rappel de Gouly et arrivée d'Albitte
page 45
II : Biographie d'Antoine-Louis
Albitte
A : Ses origines
page 47
B : Itinéraire révolutionnaire
d'Albitte
A Dieppe
page 48
A l'Assemblée Législative
page 48
Les premiers pas d'Albitte, représentant du peuple
en mission dans l'Eure et la Seine-Inférieure
page 51
A la Convention
page 52
En mission à l'Armée des Alpes
page 54
III : L'entourage d'Albitte dans
l'Ain
A : Les parachutés Lyonnais
Dorfeuille
page 60
Vauquoy, Millet, Bonnerot et Darasse
page 69
Le général Lajolais
page 70
B : Les Sans-Culottes
Blanc-Désisles
page 73
Rollet-Marat
page 79
Alban
page 82
Baron-Chalier
page 83
CHAPITRE 2
contexte et motivations
I : Contexte à l'arrivée
d'Albitte
A : National
page 87
B : Pouvoir et rôle du représentant en
mission page 89
C : Contexte dans le département de
l'Ain page 91
Les sociétés populaires
page 95
Les comités de surveillances
page 97
II : Idéologie politique durant la mission
d'Albitte
système de
représentation
A : Motivations politiques des
Sans-Culottes
en nivôse et pluviôse an II
page 100
B : Motivation d'Albitte
page 110
III : Les particularités de la mission
d'Albitte
Description de la ville de Bourg
page 119
Les commissaires civils
page 122
Les cercles d'influences autour d'Albitte
page 126
L'émergence d'une presse politique
page 131
Les arrêtés d'Albitte
page 134
Chronologie succincte de la mission d'Albitte
page 137
CHAPITRE 3
la mission et l'action d'Albitte
dans l'Ain
I : Les mesures de Salut Public :
La politique de répression
Les prisons
page 143
Les suspects libérations
page 146
Les suspects arrestations
page 151
Les exécutions
page 157
II : L'organisation du Gouvernement
Révolutionnaire
A : Réorganisations et épurations des
autorités constituées
Le choix d'Albitte les districts
page 162
Les municipalités
page 165
B : Albitte et le culte
Les fêtes décadaires
page 168
Les abdications
page 178
C : Albitte et les démolitions
les arrêtés des 7 et 8 pluviôse an II
page 184
III : L'évolution de la politique des
Sans-Culottes
Massacres des prisons et attaques
contre les députés de l'Ain page 195
La chute de la municipalité
page 206
CONCLUSION
Albitte après sa mission dans l'Ain
page 211
Effets de la mission d'Albitte dans l'Ain après son
départ
pour les Sans-Culottes
page 214
INTRODUCTION
Tiré du mémoire de maîtrise du même
nom fait en 1996 à l'Université Lumière Lyon II sous la
direction de Serge Chassagne, cet ouvrage aurait très bien pu
s'intituler : Albitte, la Terreur dans l'Ain, légende noire et
Révolution. Ce n'est pas le cas. En effet le but de ce travail n'est
pas d'ajouter des pages, afin de charger la mémoire d'un homme de 1794,
mais plutôt de comprendre l'action de ce conventionnel en mission dans un
département qu'il ne connait pas.
L'Histoire de la Révolution dans l'Ain se résume
pour beaucoup de personne à l'évocation de quelques noms souvent
rencontrés au hasard des plaques de rues tel Joubert, Brillat-Savarin ou
Thomas Riboud. Mais le seul événement connu de cette
époque sont les clochers d'Albitte. Vu de cette façon minimaliste
la mission d'Albitte s'entoure d'un voile mystérieux, naviguant entre le
mythe et la réalité.
Qui est ce personnage ? Qu'a-t-il fait aux clochers du
département de l'Ain ? Ce sont les deux questions que le lecteur est en
droit de se poser. Les réponses sont généralement rapides.
Afin d'illustrer les propos qui peuvent être tenus à
l'évocation du nom d'Albitte, je laisse la parole à un
écrivaillon anonyme (qui n'a pas eu ni le courage de ses opinions et de
ses sources) qui n'a pour seul mérite "historique" que d'avoir
jeté de l'huile sur le feu :
"On peut dire que le règne de notre proconsul et de
ses acolytes sema la Terreur aux quatre coins du département . . . on
doit reconnaître cependant qu'il fut peu économe des deniers
publics et que ses sbires, gens peu recommandables, se conduisirent comme de
vulgaires escrocs, féroces sans doute par peur.
Aujourd'hui, les passions et des rancoeurs longtemps
vivaces, se sont apaisés et le nom même d'Albitte s'oublie. Il ne
reste guère, pour lui garder un sévère ressentiment que
les archéologues qui ne lui pardonneront jamais, non sans raisons,
d'avoir amputé notre patrimoine artistique de ses clochers romans, de
ses tours, féodales mais innocentes. . . Quand la chute d'Hébert
entraîna la disgrâce d'Albitte, les habitants de Bourg
dénoncèrent sa conduite scandaleuse avec des femmes
prostituées. A tort ou à raison, le bruit courait que pour
rétablir sa santé affaiblie par la débauche , il n'avait
pas craint de compromettre le ravitaillement de la ville en prenant chaque
matin un bain de lait"1(*).
Qu'aurait dit cet éminent spécialiste de la
"gorge chaude", si Albitte avait agit dans l'Ain, comme Carrier à
Nantes, Fouché à Lyon où Javogues dans la Loire ? Sans
doute guère plus qu'actuellement. . .
J''ai eu ma première approche du sujet il y a une
dizaine d'année avec l'Histoire de l'Ain en bandes
dessinées, où la mission d'Albitte y est
représentée toujours avec la même simplicité
débonnaire et si confortable. Albitte apparaît comme un homme dur,
sans âme et sans émotion, qui n'a pour seuls buts que de faire
guillotiner les nobles, abattre les clochers et mettre en prison le pauvre
Thomas Riboud.
Depuis 1795, l'image d'Albitte et l'historiographie de sa mission
dans l'Ain (qui n'est qu'une époque de trois mois dans l'ensemble qu'est
la Révolution Française dans l'Ain) sont ressenties plus comme
une époque noire qu'un sujet historique étudié
objectivement.
Elle a même servie, avec Philibert le Duc et Ch. Jarrin,
de champ de bataille politique entre républicains et monarchistes durant
la décennie 1870-1880, époque à laquelle la
commémoration du centenaire est doublée d'un enjeu politique
électoral.
Le Duc, dans son Histoire de la Révolution dans
l'Ain, aborde la mission d'Albitte en 171 pages dans son tome 4 et en 144
pages dans son tome 6. "La personne même d'Albitte inspire à
Le Duc un rejet à priori : les envoyés en mission se
caractérisent par leurs volontés tyranniques.. . . La
présentation du représentant en mission installé dans le
département reprend en les développant les thèmes et le
vocabulaire de l'an III : Albitte est un terrible dictateur qui se
complaît dans son rôle sans faire preuve d'une quelconque
indulgence envers les hommes et les biens. Homme sans morale, voleur,
débauché, il se comporte naturellement en lâche et en
intriguant.
Le Duc n'épargne pas non plus l'entourage d'Albitte
: une minorité de forcenés factieux, équivoques et
démagogues."2(*)
Vision réactionnaire d'un monarchiste aigri que son
esprit revanchard promène loin de toute objectivitée
historique.
Pourquoi avoir choisi Albitte et sa mission dans l'Ain ?
Tout simplement pour essayer de faire la lumière sur
une époque étudiée jusqu'ici sans beaucoup
d'objectivité et avec beaucoup trop de passion, en évitant autant
que possible de rentrer dans le jeu du pour où du contre. Albitte est
venu dans notre département en 1794 et seule l'eternité peut
juger ses faits et gestes, le rôle de l'historien est de comprendre les
mécanismes tout en se gardant de donner des avis racoleurs.
C'est pour cette raison que je me suis attaché autant
que possible et bien que limité par le temps (car une telle étude
pourrait donner lieu à plusieurs ouvrages), à replacer l'homme
dans son contexte, en cherchant à le fondre dans son époque et
non plus à replacer ce moment d'histoire en parallèle avec des
considérations contemporaines.
Savoir si Albitte est un homme bon ou mauvais, si son
entourage est composé de bandits ou d'hommes vertueux, n'est pas le but
de cet ouvrage. Seul le lecteur sera juge et libre de se faire une opinion sur
la mission d'Albitte dans l'Ain.
Un des rôles de l'historien est de juger, une fois les
passions assouvies, dans la sérénité les
événements et les hommes. C'est donc un devoir pour lui de
réviser avec objectivité les jugements lorsque certains
auteurs3(*) abusent et
s'attachent à répéter les injures et les rancunes
attaché à Albite et sa mission depuis l'an III, qui a
marqué la victoire d'un parti, celui de la réaction, et qui par
ce fait jette l'oprobe sur ses adversaires dont faisait parti Albitte.
Les Archives Départementales de l'Ain ont sur le sujet
un fonds considérable. C'est avec beaucoup de matériaux que je me
suis lancé dans ce travail. Autant que possible, j'ai essayé de
faire parler les documents d'époques plutôt que des livres
écrits postérieurement.
Outre le fait de replacer la mission d'Albitte dans son
contexte, j'ai aussi chercher à voir le rôle de son entourage et
l'influence que dernier peut exercer sur le représentant.
La démarche utilisée rompt d'avec les ouvrages
précédement écrits sur le sujet. En effet, en faisant
appel en grande partie aux procès des Sans-Culottes en l'an III, j'ai
essayé de restituer autant que que possible, l'ambiance et
l'atmosphère qui pouvait entourer la mission d'un représentant du
peuple.
Dans la première partie nous allons parcourir
l'histoire du département de l'Ain jusqu'à l'arrivée
d'Albitte. Cette histoire a une importance primordiale sur les
événements qui sont générés par la
présence d'Albitte dans l'Ain. Puis, toujours dans cette même
première partie, nous ferons connaissance avec les acteurs principaux de
cette mission à l'aide des biographies d'Albitte et de son entourage
Lyonnais et Bressan.
Dans la seconde partie, un aspect plus psychologique de la
mission sera étudié. Il sera alors question de connaître
les raisons possibles et de comprendre les motivations qui ont justifié
les actions de ces acteurs durant la mission d'Albitte. Puis nous prendrons
connaissance avec la spécification de la mission d'Albitte. C'est
à dire l'utilisation de commissaires civils et l'émergence d'une
presse militante.
La troisième partie rendra compte de l'exécution
des principaux arrêtés d'Albitte, puis de l'évolution
politique que la présence d'Albitte a engendrée au sein des
Sans-Culottes durant les mois de ventôse an II et germinal an II.
I : sources manuscrites
1 : ARCHIVES DEPARTEMENTALES DE L'AIN SERIE L FONDS
CLASSE.
L : Directoire du Département de l'Ain.
L 88 : Registre de délibération du
Directoire du Département de l'Ain.
L 98 : Registre des Arrêtés des
Représentants en Mission dans l'Ain.
L 274 : Esprit Public.
L 268 : Désarment des terroristes et des
sans-culottes de Gex.
L 269 : Fédéralisme.
L 270 : Fédéralisme.
L 278 : Société populaire,
correspondance.
L 359 : Démolitions des Châteaux.
1L : District de Belley
1L32 : Registre des arrêtés du directoire
du district de Belley.
1L44-1L45 : transcription des arrêtés du
directoire du district, du directoire du département et des
arrêtés des représentants en mission, concernant les
mesures de Salut Public.
1L80-1L81 : Registre de transcription du district de
Belley avec les municipalités du district.
1L91 : Accusés de réception de
pièces envoyées par le district de Belley.
1L94 : Agenda de l'agent national du district de
Belley.
1L98 : Transcription de la correspondance de l'agent
national du district de Belley avec les Comités de Sûreté
Générale et de Salut Public.
1L99 : Registre de correspondance de l'agent national
du district de Belley avec le représentant Gouly.
1L115 : Registre de comptes rendus décadaire de
l'agent national du district de Belley avec les Comités de Salut Public
et de Sûreté Générale.
1L307 : Abdication des prêtres.
1L311 : Prêtres traitement an II.
2L : District de Bourg
2L26 : Registre de l'agent national du district de
Bourg.
2L28 : Registre de correspondance du directoire du
district de Bourg.
2L37 : Administration générale canton de
Montrevel.
2L39 : Administration générale canton de
Treffort.
2L40 : Administration générale canton de
Pont-d'Ain.
2L41 : Epuration an II.
2L44 : Sûreté générale .
2L45 : District de Bourg. Comité de surveillance
et révolutionnaire
2L46 : Sûreté générale
2L49 : Esprit public.
2L53 : Détenus.
2L55 : Suspect.
2L56 : Terroristes.
2L57 : Mesures anti-terroristes an III.
2J : Fonds arrivés exceptionnellement
2J22 : Fonds T.Riboud
2J23 : Fonds Ph. le Duc
2 : ARCHIVES DEPARTEMENTALES DE L'AIN SERIE L FONDS NON
CLASSE
Ancien L219 : Procès de Blanc-Désisles,
Convers et consort. .
Fonds non classé
-Registre de rapport et de comparution pour les districts de
Trévoux et Nantua.
-Registre du comité de surveillance
d'Ornex-Moëns.
-Registre du comité de surveillance de Verny.
-Registre du comité de surveillance de Divonne.
-Registre du comité de surveillance de Nantua.
-Registre du comité de surveillance de Versoix.
-Registres du comité de surveillance d'Ambronay.
-Registre du comité de surveillance de Lagnieu.
-Registre du comité révolutionnaire de la
société populaire des Sans-Culottes de Bourg levé contre
le fédéralisme. Du 20 septembre 1793 au 14 frimaire an II.
-Registres du comité de surveillance de la
société des Sans-Culottes de
Bourg-Régénéré. Du 1er nivôse an II au 9
messidor an II.
-Registre du comité de surveillance de Jujurieux.
-Registre du comité de surveillance de St
Jean-le-Vieux.
-Registre du comité de surveillance de Villebois.
-Registre du comité de surveillance de Proulieu.
-Registre du comité de surveillance de Loyette.
-Registre du comité de surveillance de St Rambert.
-Registre du comité de surveillance de Chazey.
-Registre du comité de surveillance de Poncin.
-Registre du comité de surveillance de Cerdon.
-Registre du comité de surveillance de Leyment.
-Registre du comité de surveillance du canton de St
Rambert, chef lieu de district.
-Registre du comité de surveillance de Douvres
-Registre du comité de surveillance de
Château-Gaillard.
-Registre du comité de surveillance de St Vulbas.
-Registre du comité de surveillance de Rement.
-Registre du comité de surveillance d'Ambutrix.
-Registre du comité de surveillance de Vaux.
-Registre du comité de surveillance de Montluel.
-Registre du comité de surveillance du canton de
Virieu-le-Grand.
-Registre du comité de surveillance de Ste Julie.
-Registre du comité de surveillance de Vieux
d'Oiselon.
-Registre du comité de surveillance d'Hauteville.
-Registre du comité de surveillance de
Ferney-Voltaire.
-Registre de dénonciation du directoire du district de
St Rambert.
-Registre de la société populaire des
Sans-Culottes de Bourg, du 29 floréal an II au 11 thermidor an II.
Arrêtés d'Albitte
-Extrait des registres du Comité de Salut Public de la
Convention Nationale du 9 nivôse an II.
-Arrêté du 1er pluviôse, renseignements sur
les suspects, les détenus et les prisons.
-Arrêté du 2 pluviôse an II sur les
prisons.
-Arrêté du 3 pluviôse an II de mise en
liberté de Blanc-Désisles, Rollet-Marat et Convers en double
exemplaire.
-Arrêté du 5 pluviôse an II
réorganisant l'administration du district de Bourg.
-Arrêté du 10 pluviôse an II
élargissant des détenus à Bourg.
-Arrêté du 11 pluviôse an II faisant
réintégrer les personnes élargies par Gouly.
-Arrêté du 12 pluviôse an II
libérant le citoyen André Collet.
-Arrêté du 13 pluviôse an II mettant en
prison des détenus libérés par Gouly.
-Arrêté du 20 pluviôse an II
libérant des détenus.
-Arrêté du 24 pluviôse an II
élargissant le citoyen Genevay.
-Arrêté du 24 pluviôse an II
élargissant le capitaine Laclergerie.
-Arrêté du 24 pluviôse an II autorisant
Rollet-Marat à nommer des commissaires pour prendre des renseignements
sur les autorités constituées du district de Bourg.
-Arrêté du 24 pluviôse an II faisant
transférer les Sans-Culottes de Belley de Grenoble à Belley.
-Arrêté du 24 pluviôse an II nommant
Olivier au directoire du district de Bourg.
-Copie d'un arrêté d'Albitte du 28 pluviôse
an II qui fait don de la somme de 60.050 livres à la municipalité
de Bourg.
-Extrait d'un arrêté du Comité de
Sûreté Générale de la Convention du 22
pluviôse an II concernant les fédéralistes de l'Ain
à Paris. Contresignée Albitte.
-Copie d'une lettre adressée à Albitte par le
Comité de Sûreté Générale de la Convention du
1er ventôse an II sur les exportations de numéraires aux
frontières. Contre signé Dorfeuille.
-Arrêté d'Albitte du 3 ventôse an II
d'incarcération de Rivail.
-Arrêté du 3 ventôse an II nommant
Chaigneau receveur des domaines et des biens des émigrés.
-Arrêté du 3 ventôse an II qui ordonne
l'incarcération de Massey commissaire des guerres.
-Arrêté du 5 ventôse an II qui
réorganise les administrations du district de Trévoux.
-Copie de l'arrêté d'Albitte du 9 ventôse
an II élargissant le lieutenant de gendarmerie Gripière en
liberté.
-Arrêté du 12 ventôse an II sur la
séparations des sexes dans les prisons.
-Arrêté du 15 ventôse an II sur les
prêtres condamnés à la déportation.
-Arrêté du 16 ventôse an II qui requiert
les agents nationaux des districts de faire des comptes rendus de leurs
opérations au représentant-.
-Extrait d'un arrêté d'Albitte du 17
ventôse an II mettant en liberté des citoyens détenus
contre une amende.
-Lettre d'Albitte à Rollet-Marat du 18 ventôse an
II.
-Arrêté du 12 germinal an II contre les ex-nobles
en double exemplaire.
-Arrêté du 22 germinal an II autorisant
Rollet-Marat à procéder à l'installation des nouvelles
autorités constituées dans le district de Bourg.
-Réclamation faite auprès de Millet et
Bonnerot par un citoyen de Myzérieux du 28 pluviôse an II.
-Lettre de Blanc-Désisles à
Rollet-Marat du 22 pluviôse an II.
-Copie de la lettre de Merle de Paris du 30
pluviôse an II.
-Extrait des registres de la municipalité de
Bourg du 8 ventôse an II qui reçoit le don de 60.050 livres
de la part d'Albitte.
-Conduite du représentant Gouly dans les districts
de Bourg et Belley par Baron-Chalier du 14 ventôse an II. Manuscrit
de 11 pages.
-Lettre de Darasse à Rollet-Marat du 18
ventôse an II.
-Liste des citoyens qui ont quitté la commune de
Bourg pour prendre élirent leur domicile à la campagne depuis
1789. Du 14 ventôse an II.
-Lettre de la municipalité de Bourg au
comité de surveillance de Bourg concernant l'arrestation de
Gauthier-Cincinatus du 26 ventôse an II.
-Lettre de Ruffin de Pont-de-Vaux à Albitte du
17 germinal an II.
-Adresse des autorités constituées de
Virieu-la-Montagne à la Convention nationale sur l'Etre
Suprême sans date.
-Listes des ex-prêtres qui ont abjurés leur
foi à Belley suivant l'arrêté d'Albitte. Du 5
floréal an II
-Liste des arrêtés du représentant du
peuple Albitte et leur exécution.sans date.
-Extrait des registres de la commune de Salavre du 21
pluviôse an II.
-Lettre de Darasse à l'agent national du district
de Trévoux du 21 pluviôse an II.
-Lettre de la société des Sans-Culottes de
Belley à celle de Bourg, du 13 pluviôse an II sur les
persécutions faites aux patriotes.
-Lettre de Darasse à Rollet-Marat du 11
pluviôse an II.
-Lettre du conseil général de la
municipalité de Polliat à Albitte sans date
-Note sur la fête décadaire organisée
de Trévoux du 30 pluviôse an II sans date.
-Lettre de Dorfeuille au comité de surveillance de
Bourg en date du 6 pluviôse an II.
-Lettres de Dorfeuille au comité de surveillance de
Bourg du 8 pluviôse an II.
-Projet de désignation des autorités
constituées se trouvant à Bourg sans date.
-Lettre du procureur syndic du district de Bourg à
celui de Belley sur l'assassinat des Sans-Culottes du 3 floral an III.
-Lettre de Jagot en faveur des patriotes de Bourg du
25 thermidor an II.
2 : ARCHIVES DEPARTEMENTALES DU RHONE
L208 : Lettres de Boisset au Comité de Salut
Public et au Comité de Surveillance Général du 5
floréal an III.
-Lettre d'Albitte aux représentants du peuple
à Commune-Affranchie du 11 pluviôse an II.
1L208 : Passeport et brevet d'aide de camp de
Dorfeuille.
3 : COLLECTIONS PARTICULIERES
Collection M.Berger :
-Cahier de délibération de la
Société populaire de Treffort. Manuscrit de 191 pages.
Format in°4. Du 29 septembre 1793 au 20 pluviôse an III.
II : SOURCES IMPRIMEES
1 : ARCHIVES DEPARTEMENTALES DE L'AIN FONDS CLASSE
L : Directoire du département de l'Ain
L269 : Fédéralisme.
-Arrêté du conseil général du
département de l'Ain, portant qu'il sera député des
commissaires près la Convention Nationale. Du 2 juin 1793. Format
in° 4. 3 pages de l'imprimerie de Bottier et Legrand à Bourg.
-Le conseil général du département de
l'Ain à ses concitoyens. Du 5 juillet 1793. Format in 4. 4 pages
sans nom d'imprimeur.
2J : Fonds arrivé exceptionnellement
2J40 : Fonds Thomas Riboud.
-Discours prononcé par Javogues,
représentant du peuple, dans la séance de la
société des Sans-Culottes républicains de Bourg, le 21
frimaire an II. Format in 4. 4 pages sans nom d'imprimeur.
-Célébration de la seconde décade de
pluviôse, à Bourg Régénéré, chef lieu
du département de l'Ain. Format in°4. 4 pages de l'imprimerie
Philipon et compagnie à Bourg.
-Récit de la décade du 20 pluviôse,
célébrée dans la commune de Bourg
Régénéré. Format in°4. 4 pages sans nom
d'imprimeur.
Ms : Bibliothèque des Archives
Départementales de l'Ain.
M 431 : Bibliothèque de la Société
d'Emulation de l'Ain.
-Profession de foi de la société des
Sans-Culottes de Bourg Régénéré, fait le 28
nivôse an II par Thévenin fils. Format in°8. 6 pages de
l'imprimerie de Philipon et compagnie à Bourg.
-Principes républicains et révolutionnaires
pour les vrais sans-culottes. Du 1er nivôse an II. Format in°8.
8 pages de l'imprimerie J.B. Kindelem à Belley.
-Récit de la fête civique en mémoire
de Marat, de l'inauguration de son buste et de celui de Pelletier, à la
société des sans-culottes, fait par le citoyen
Blanc-Désisles, maire. Du 20 brumaire an II. Format in°8. 11
pages de l'imprimerie Philipon et compagnie à Bourg.
-Le conseil général de la commune de Bourg
Régénéré, à la Convention Nationale. Du
29 ventôse an II. Format in°8. 3 pages sans nom d'imprimeur.
-Fête du décadi 30 pluviôse an II,
célébré au Temple de la Raison, à Bourg
Régénéré, chef lieu du département de
l'Ain. Du 30 pluviôse an II. Format in°8. 6 pages sans nom
d'imprimeur.
-P.B.Désisles, officier municipal à Bourg,
à ses concitoyens. Du 22 août 1792. Format in°8. 7 pages
sans nom d'imprimeur.
-Je suis le cousin du père Duchèsne,
foutre. De Millet et Bonnerot. An II. Format in°8. 4 pages de
l'imprimerie P.Bernard aux Halles de la Grenette à
Commune-Affranchie.
2 : ARCHIVES DEPARTEMENTALES DE L'AIN SERIE L FONDS NON
CLASSE
Ancien L219 :
-A.M.Alban, maire de la commune de Bourg, Chef lieu du
département de l'Ain à ses concitoyens. Mémoire
justificatif de brumaire an III. Format in°4. 18 pages de l'imprimerie de
l'Ami du Peuple, 72 rue zacharie, quartier du Pont-Michel à Paris.
-Rollet, ex-agent national du district de Bourg,
détenu par ordre du représentant du peuple Boisset, à la
Convention Nationale. Mémoire justificatif de pluviôse an
III. Format in°4. 7 pages sans nom d'imprimeur.
-Tableau indicatif des crimes commis dans le district de
Belley, département de l'Ain. Non daté. Format in°4. De
18 pages sans nom d'imprimeur.
-Arrêté d'Albite du 28 ventôse an
II. Format in°4. 2 pages de l'imprimerie Ph.-J.hH Pinet à
Villefranche an II.
3 : BIBLIOTHEQUE MUNICIPALE DE LYON
Fonds Coste :
Cote n°114964
-Tableau succinct de la conduite public et privée
qu'ont tenu les représentants du peuple en mission dans le district de
Belley. Format in°8. Imprimerie Kindelem à Belley. An III.
4 : BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE DE LYON II
Fonds ancien :
-Discours du citoyen B.Désisles, dont la
Société des Sans-Culottes de Bourg
régénéré a arrêté l'impression, le 5
germinal an II. Format in°8. 9 pages de l'imprimerie Gaspard
Mesnier fils, imprimeur de la Nation et de la société populaire
à Arles an II.
5 : COLLECTION DE L'AUTEUR
Décrets de la Convention nationale :
-Portant nomination de Commissaires chargés
d'accélérer le recrutement dans les départements. Du
9 mars 1793. Format in°4. 7 pages de l'imprimerie national d'Haener
à Epinal.
-Portant qu'il ne sera laissé qu'une seule cloche
dans chaque paroisse. Du 23 juillet 1793. Format in°4. 4 pages de
l'imprimerie J.M.Cuchet à Grenoble.
-Relatif aux arrêtés des représentants
du peuple près les Armées et dans les départements.
Du 7 septembre 1793. Format in°4. 3 pages de l'imprimerie nationale
d'Haener à Epinal.
-Relatif à l'intitulé des
arrêtés et actes des autorités constituées. Du
5ième jour du 2ième mois de l'an II. Format in°4. 2 pages de
l'imprimerie Bouchard à Chaumont.
-Discours de Dorfeuille, aux soldats de la Patrie, au mois
de novembre 1791. Nouvelle édition. Sans date. Format in°8. 8
pages sans nom d'imprimeur.
-Discours de M.Désisles, officier municipal,
prononcé aux volontaires de Rhône-et-Loire à la
séance du 4 mars 1792. Format in°8. 4 pages sans nom
d'imprimeur.
-Arrêté d'Albitte du 3 pluviôse an
II. Format in°4. 3 pages sans nom d'imprimeur.
III : bibliographie
1 : SOURCES, ETUDES ET OUVRAGES HISTORIQUES GENERAUX
Anonyme : Poésie révolutionnaires et
contre-révolutionnaires. Paris l'imprimerie d'Haener à Nancy
1821. 324 pages.
BIJAOUI (R) : Prisonniers et prisons de la Terreur.
Paris éditions Imago 1996. 196 pages.
BRAESCH (F.) : Le Père Duchèsne
d'Hébert. Paris librairie F.Rieder et Cie 1922.
FURET (F.) : La Révolution. Paris
éditions Hachette 1988. 2 tomes. 544 pages. 526 pages.
GARAUDY (R.) : Les orateurs de la Révolution
française. Paris Larousse 1989. 239 pages.
GAZETTZ NATIONALE OU MONITEUR UNIVERSELLE : Mai 1789
à novembre 1799. Réimpression Paris 1847-1850. 32
volumes.
LAMARTINE (A. de ) : Histoire des Girondins. Paris
éditions Hachette 1870-1871. 4 tomes 566 pages. 578 pages. 564 pages.
555 pages.
MAILLARD (J.) : L'oratoire d'Angers. Paris librairie
C.Klincksiek 1975.
MICHELET : portraits de la Révolution
française. Paris Librairie Générale Française
1989. 319 pages.
MONTJOYE (C.F.L. de ) : Histoire de la conjuration du Duc
d'Orléans surnommé Egalité. Paris sans nom
d'imprimeur 1796. 3 tomes. 292 pages. 392 pages. 304 pages.
PALMER (R.) : Le gouvernement de la Terreur,
l'année du Comité de Salut Public. Princeton University
Press 1969. Traduction de M.H Dumas. Paris Armand Colin éditeur 1989.
359 pages.
RETAT (P.) : La révolution du journal 1789-1794.
Paris éditions du C.N.R.S 1989.
ROBESPIERRE (M.) : Discours. Paris Union
Générale d'Editions 1965. 312 pages.
ROCHETERIE (M. de la) : Le 21 janvier 1793. Paris
librairie de la Société Biographique 1876. 36 pages.
ROCHETERIE (M. de la ) : Le 16 octobre 1793. Paris
librairie de la Société Biographique 1876. 36 pages.
SOBOUL (A.) : Les Sans-Culottes. Paris
éditions de Seuil 1968 réed.1979. 248 pages.
SOLE (J.) : La Révolution en questions. Paris
éditions du Seuil 1988. 413 pages.
VOVELLE (M.) : La Révolution contre
l'église. Paris éditions Complexe 1988. 311 pages.
2 : ETUDES ET OUVRAGES HISTORIQUES REGIONAUX
TRENARD (L.) : La Révolution française dans
la région Rhône-Alpes. Paris éditions Perrin 1992. 819
pages.
a : Département de l'Ain
Anonyme : Coligny sous la Révolution. 1992
Coligny St Amour éditions du Suran. 143 pages.
ABBIATECI (A.) et PERDRIX (P.) : Les débuts de la
Révolution dans les pays de l'Ain 1787-1790. Bourg 1989. 223
pages.
ARENE (D.) : Les citoyens de la commune de Belley
réunis en société populaire à la Convention
Nationale. Belley an III imprimerie Kindelem. 20 pages réed. in
Le Bugey fascicule 61 1974, page 793.
CHAGNY (A.) : Lettres d'Anthelme Brillat-Savarin à
Jean-Antoine de Rostaing. extrait des Annales de la
Société d'Emulation de l'Ain Bourg-en-Bresse imprimerie
Berthod 1955. 19 pages.
DUBOIS (E.) : Histoire de la Révolution dans
l'Ain. Bourg-en-Bresse librairie Brochot 1931-1935 réed. 1988
éditions Verso. 6 tomes. 448 pages. 511 pages. 461 pages. 458 pages. 468
pages. 467 pages .
DUBOIS (E.) : La société des Amis de la
Constitution et des Sans-Culottes de Bourg. 1791-1794. Bourg-en-Bresse
imprimerie Victor Berthod 1930. 85 pages.
DUBOIS (E.) : La société des Sans-Culottes
de vendémiaire à floréal an II in bulletin des
naturalistes et des archéologues de l'Ain. Bourg-en-Bresse janvier
1931 pages 253-295.
DUBOIS (E.) : La société populaire des Amis
de la Constitution de Châtillon-sur-Chalaronne. 1791-1794 in
bulletin des naturalistes et des archéologues de l'Ain.
Bourg-en-Bresse janvier 1932 pages 183-219.
DUC (PH. le) : Histoire de la Révolution dans
l'Ain. Bourg-en-Bresse Martin Bottier éditeur 1879-1884
réed. 1987 Roanne éditions Horvath. 6 tomes. 377 pages. 420
pages. 500 pages. 503 pages. 448 pages. 432 pages.
LALANDE et GROS (A.) : L'éloge de Loubat de
Bohan avec L'hôtel de Bohan et François-Philibert Loubat
baron de Bohan. Buenc Centre Culturel de Buenc 1977. 16 pages. 34
pages.
Ouvrage collectif : Images et héritages de la
Révolution dans l'Ain. Colloque de Bourg-en-Bresse des 6 et 7
octobre 1989 imprimerie du Conseil Général de l'Ain. 236
pages.
P.J.G : La maladie secrète d'Albitte in
Visages de l'Ain numéro 76 novembre-décembre 1964. Pages
23-26.
PLAGNE (H.) et PERONNET (M.) : La Révolution dans
l'Ain 1789-1799. Roanne éditions Horvath 1989. 136 pages.
COSTES (T.) : Mariages à Bourg-en-Bresse
1791-1802. Bourg-en-Bresse Regain 1990.
COSTES (T.) : Table alphabétique des mariages
à Bourg-en-Bresse 1751-1790. Bourg-en-Bresse Regain 1995.
b : Rhône et autres départements :
BENOIT (B.) et SAUSSAC (R.) : Guide historique de la
Révolution à Lyon 1789-1799. Lyon éditions de
Trévoux 1988. 191 pages.
BOURDIN (Ph.) : Des lieux, des mots, les
révolutionnaires. Le Puy-de-Dôme 1789-1799. Clermont-Ferrand
1995.
CURTET (R.) in Les Cahiers du Rhône numéro
14.
GLOVER (M.) : Collection complète des jugements
rendus par la Commission Révolutionnaire établie à Lyon
par les représentants du peuple en 1793-1794. Lyon imprimerie du
Salut Public 1869.
GUILLON de MONTLEON : Histoire du siège de Lyon,
des événements qui l'ont précédé et des
désastres qui l'ont suivit. Paris imprimerie de Lellere an V.
HERRIOT (E.) : Lyon n'est plus. 3 tomes :
Jacobins et modérés 1937 407 pages. Le siège
1938 514 pages. La répression 1939 507 pages Paris
librairie Hachette.
LENOTRE (G.) : La compagnie de Jéhu,
épisodes de la réaction Lyonnaise 1794-1800. Paris librairie
académique Perrin 1931. 296 pages.
PEYARD (C.) : Les jacobins de l'ouest. Thèse
Paris I 1993 4 volumes.
TISSOT (C.) : Chalier, Lyon sous la Terreur, la maison 16
rue terme, le pont Morand. Lyon imprimerie Nouvelle Lyonnaise 1935. 25
pages.
VARASCHIN (D.) in Les Cahiers du Rhône
numéro 9. 1991.
3 : BIOGRAPHIES
Anonyme : Vie de Louis XVI, roi des français.
Paris chez les libraires du Palais Royal 1790. 78 pages.
BIARD (M.) : Collot d'Herbois. Lyon Presse
Universitaire Lyonnaise 1995. 225 pages.
COURTINE (V.) sous la direction de C.Mazauric :
L'itinéraire d'un représentant du peuple dieppois :
Antoine-Louis Albitte. Mémoire de Maîtrise Université
de Rouen 1989. 215 pages.
LUCAS (C.) : La structure de la Terreur. L'exemple de
Javogues et du département de la Loire. Oxford University Press
1973. Trad. G.Palluau St Etienne Université Jean Monnet CIEREC 1990. 375
pages.
Ouvrage collectif : Les constituants de Bresse, neuf
destins dans la tourmente. Bourg-en-Bresse Les Nouvelles Anales de la
Société d'Emulation 1994. 190 pages.
Ouvrage collectif : Les conventionnels de l'Ain.
Bourg-en-Bresse Regain 1989. 111 pages.
4 : DICTIONNAIRES
BALTEAU (J.) et BARROUX (M.) et PREVOST (M.) :
Dictionnaire de biographie française. Paris librairie Letouzey
et Ané éditeur 1933.
BROCARD (M) : Bourg de A à Z.
Montrevel-en-Bresse éditions de la Taillanderie 1986. 278 pages;
CABOURDIN (G.) et VIARD (G.) : Lexique historique de la
France d'Ancien Régime. Paris Armand Colin 1990. 325 pages.
DUFAY (C.J.) : Dictionnaire des personnes notables du
département de l'Ain. Bourg Gronier ainé éditeur. 2
tomes 1870.
FURET (F.) et OZOUF (M.) : Dictionnaire critique de la
Révolution française. 4 tomes. Acteurs. 1992 466
pages. Institutions et créations 1992 349 pages.
Evénements 1992 373 pages. Idées 1992 544
pages. Paris éditions Flammarion.
HOEFFE : Nouvelle biographie universelle. Paris
Firmin-Didot frère éditeur 1852.
KUSCINSKI (A.) : Dictionnaire des conventionnels.
Paris librairie F.Rieder 1916.
ROBERT (A.) et BOURLOTON (E.) et COUGNY (L.) :
Dictionnaire de parlementaires français. Paris Bourloton
éditeur 1891.
SOBOUL (A.) et MONNIER (R.) : Répertoire du
personnel sectionnaire parisien en l'an II. Paris publication de la
Sorbonne 1985. 564 pages.
SOBOUL (A.) : Dictionnaire historique de la
Révolution Française. Paris Presse Universitaire de France
1989.
TULARD (J.) et FAYARD (J.F.) et FIERRO (A.) : Histoire et
dictionnaire de la Révolution française 1789-1799. Paris
éditions Robert Laffond 1987. 1213 pages.
CHAPITRE 1
Dans ce premier chapitre, nous allons faire une approche
géographique et historique du département de l'Ain où se
déroule la mission d'Albitte, du 28 nivôse an II au 11
floréal. De même, nous allons nous familiariser avec Albitte ainsi
qu'avec les personnes qui le côtoyent durant les trois mois que dure sa
mission dans l'Ain.
Le département de l'Ain
Dans cette première partie, nous allons faire
connaissance avec un département très peu connu des historiens,
si ce n'est des gastronomes pour ses spécialités culinaires.
Ceci a pour but de mieux situer et de mieux comprendre la
mission d'Albitte, dans son cadre géographique et historique
particulier.
situation géographique
Le département de l'Ain est géographiquement
composé de quatre régions bien distinctes les unes des autres :
- La Bresse est une plaine vallonnée, traversée
de petites rivières dont la principale est la Reyssouze. La Bresse forme
un axe sud-est/nord-ouest qui continue au nord de la Saône et de le
Loire. Elle est enserrée entre le Massif Central et le Jura, reliant la
Bourgogne à Lyon, devenant donc un axe de passage. Bourg, située
sur cet axe, est la première ville de la région depuis son
premier peuplement celte.
- La Dombes est un plateau légèrement
bombé émaillé d'étangs avec des limites de relief
très imprécises, mais qui se sépare nettement d'avec la
Bresse voisine, par son activité et son paysage.
- Le Bugey, lui appartient à la montagne du Jura, et si
certaines vallées comme le Valromey, s'ouvrent assez largements,
d'autres très étroites abritent un habitat rare. Les cluses
assurent la liaison et sont des passages obligatoires qui assurent aux villes
se trouvant sur ces routes (Nantua, Belley) un développement
assuré. Les collines du Revermont sont pour le département un axe
stratégique et économique qui traverse ce dernier du nord au sud
(les ruines de châteaux en sont la preuve matérielle
évidente)
- Le Pays de Gex est une très vaste plaine
tournée sur Genève et le Léman.
L'Ain jusqu'en 1789
C'est en 1601 par la conquête qu'en fait Henri IV, que
la Bresse, le Bugey et le pays de Gex sont rattachés au territoire
français. La principauté des Dombes, possession des Ducs de
Bourbon-Montpensier, garde son gouvernement (Parlement et Chambre des comptes)
jusqu'en 1762 date où elle rejoint les trois autres "pays" au sein de
gouvernement de Bourgogne. C'est par l'édit royal de septembre 1781, que
la Dombes est réunie, bien malgré elle, à la Bresse plus
prospère. Cette réunion n'est pas appréciée par les
dombistes qui regrettent l'indépendance de leur province et leur
administration particulière. Ces quatre "pays" de droit écrit
s'intègrent mal à la généralité de
Bourgogne. On y parle un patois franco-provençal, les toitures sont
à tuiles creuses et les cheminées dites sarrasines4(*).
A la veille de la Révolution, la noblesse des Dombes et
celle de Bresse se réunissent régulièrement à
l'Hôtel des Provinces, situé à Bourg. Il y a dans ce
conglomérat de régions cinq subdélégués de
l'intendant de Bourgogne, Amelot de Chaillou. Il s'agit de Thomas Riboud qui
est à Bourg, Janet à Trévoux, Fabry à Gex, Prost
à Nantua et Genin de Montègre à Belley.
La Révolution dans l'Ain
de 1789 à mai 1793
L'édit de convocation des Etats Généraux
du 24 janvier 1789, "satisfait plutôt les esprits
éclairés"5(*) dans les futurs pays de l'Ain. Les assemblées
des communautés se tiennent de 8 au 18 mars 1789. Celles des bailliages,
elles ont lieu le 17 mars 1789 pour Belley et le 23 mars 1789 pour Bourg,
où Thomas Riboud, procureur du roi et subdélégué de
l'intendant, fait un discours qui se traduit par la rédaction d'un
cahier commun.
Ce cahier, cas semble-t-il unique en France, prend pour base
les doléances du tiers et des colonnes sont faites pour les remarques du
clergé et de la noblesse. Pour les autres baillages, les cahiers sont
rédigés "normalement", un pour chacun des trois ordres.
Dans ces cahiers, "sont. . . balayées. . . les
doléances réelles des gens de métiers, corporations
(et) à plus forte raison les ruraux"6(*). La noblesse garde l'idée
d'un pouvoir royal fort; tandis que le tiers, ne lui accorde que le pouvoir
exécutif.7(*).
Dans les doléances la centralisation monarchique est
critiquée. Dans plusieurs cahiers apparaît le souhait "d'une
nouvelle organisation administrative plus
décentralisée"8(*). Les provinces (surtout la Dombes) veulent garder une
identité propre et ne pas être comprises dans un ensemble anonyme.
Dès 1789 se profile un terrain propice au germe du
fédéralisme.
Dès le début de la Révolution le peuple
est mis sur la touche, ce qui donnera plus tard une audience toute
trouvée et fidèle pour les discours des orateurs sans-culottes en
1793-94.
C'est le 16 juillet 1789, que la population de Bourg prend
connaissance des événements des 12 et 13 juillet de Paris.
Affolée, la population burgienne demande, par sécurité, au
receveur général de faire transporter à l'Hôtel
commun les fonds dont il est détenteur et propose d'organiser une garde
urbaine pour garder le trésor public. Le peuple en profite pour demander
la reformation de la garde bourgeoise qui avait été
supprimée par le conseil municipal.
Les événements parisiens entraînent
à Bourg un bouleversement plus politique. La municipalité
composé jusque là de 7 membres élu par un collège
de 23 personnes, est restructurée. Désormais sont admis 2
représentants de chaque compagnies, corps et communautés ainsi
que 4 notables. Une correspondance est ouverte avec la capitale et les
principales villes de provinces.9(*) Durant cette journée se font déjà
remarquer Rollet, Brangier et Braconnier.
Le 18 juillet la nouvelle de la prise de la Bastille pousse
quelques burgiens à mettre le feu au château de Challes,
résidence des comtes de Montrevel. Mais la présence du maire de
Bourg, Chevrier de Corcelles ancien capitaine de gendarmerie, empêche
l'attaque.
Le 19 juillet le bruit qu'une troupe armée approche,
touche la ville. La Grande Peur n'épargne pas le futur
département ce qui entraîne, dès le 20 juillet 1789, la
chute de petites bastilles campagnardes où les terriers sont
brûlés. Le 20 juillet la municipalité de Bourg assure le
roi de sa fidélité et le prie de ne pas mettre
d'intermédiaire entre lui et l'Assemblée. La nuit du 4 août
provoque un regain de violence, surtout dans les campagnes, où l'on
donne une interprétation étendue à l'abolition des
privilèges.10(*)
C'est le 25 janvier 1790, que le département de l'Ain
est constitué.
Cette réunion de "pays" ne se fait pas sans
difficultés en raison des clivages et des inimitiés des anciennes
provinces 11(*). Bourg
devient, ce 25 janvier 1790, le chef lieu d'un département
conglomérat.
En 1790, les nouvelles municipalités sont souvent plus
patriotes12(*) que les
autres administrations. C'est à ce moment que se mettent en place les
premières sociétés populaires. Elles n'ont pas
d'organisation précise. Celle de Bourg aurait vu le jour en 1790 et le
citoyen Pierre Blanc-Désisles13(*) en serait un des fondateurs14(*), sans doute avec quelques
bourgeois comme Duhamel, Riboud et Populus.
Au début de 1791, des sociétés populaires
rattachées aux jacobins de Paris (elles sont toutes des
Sociétés des Amis de la Constitution), fleurissent dans le
département sous l'activisme de certains patriotes bressans. La
société de Bourg se dote de statuts et s'affilie aux Jacobins de
Paris, en janvier 1791. La société populaire de Pont de Vaux
s'affilie le 2 janvier 1791, celle de Trévoux le 24 mars et celle de
Châtillon-sur-Chalaronne le 20 avril.
En juillet 1790, la Constitution Civile du Clergé est
assez bien accueillie dans notre département.
A la société populaire de Bourg le curé
du Chatelard, le citoyen Groscassant-Dorimond fait un discours pour encourager
les prêtres à prêter serment. Dans le département
près de la moitié des prêtres et chanoines prêtent
ledit serment.15(*)
Au mois de juin 1791, quand la Constituante décide de
se séparer, "La Révolution est faite"16(*) pour la plupart des membres de
la société populaire de Bourg et pour la bourgeoisie. Mais la
fuite du roi le 21 juin 1791 et la théorie de l'enlèvement,
prônée par le président de l'Assemblée et Lafayette,
ne dupe qu'un temps les patriotes de l'Ain pour qui l'image du roi est
fortement atteinte17(*).
La fuite du roi atterre dans l'Ain le parti monarchiste jusque là peu
actif et remet surtout en cause la fin de la Révolution dont
rêvaient déjà certains citoyens.
Dès cette époque et sans doute sous l'influence
des patriotes les plus avancés18(*) la société de Bourg, phare politique du
département, déclare "la patrie en danger"19(*) et annonce : "Vivre libres
ou mourir! Voilà notre devise. Nous l'avons juré, et le
Français s'ensevelira sous les ruines de sa patrie que de consentir
jamais à la résurrection de l'ancien régime"20(*).
Pour les jacobins et patriotes bressans la monarchie s'est
détruite d'elle même avec la fuite d'un roi jouant sa carte
politique contre son peuple et son pays.
A la suite du massacre du champ de Mars et de la scission des
Feuillants et des Jacobins à Paris, le club de Bourg avec
Blanc-Désisles comme président, proclame dans une lettre aux
Jacobins de Paris son attachement à cette portion du club. Mais par la
rédaction d'une autre lettre aux Feuillants, le club de Bourg par
l'intermédiaire de la plume de son président, demande à ce
dernier de rejoindre les Jacobins. La société rédige une
troisième lettre destinée à Pétion afin de lui
rendre hommage21(*). Tout
en pronant un esprit de conciliation, les patriotes de Bourg montrent leur
attachement aux leaders "avancés" de la Révolution face aux
modérés partisans de la fin de la "machine à
insurrections"22(*)
dirigés par Lafayette, Barnave, Duport et Lameth.
EN TÊTE DE LA SOCI2T2 DE BOURG
Avec le début de la guerre, l'Ain (département
frontalier à la position éminemment stratégique), devient
un lieu de passage pour les troupes qui partent aux frontières. Comme
département frontière l'Ain est une place militaire active dont
les forts de Pierre-Châtel et de l'Ecluse sont des points importants. A
l'automne 1791 des renforts de Rhône et Loire et du Puy de Dôme
stationnent vers Belley dans le Valromey, à Nantua, Pont d'Ain et
Cerdon. En février 1792, trois bataillons de volontaires sont
formés dans le département.
Les événements du 20 juin 1792 à Paris
sont connus dans l'Ain le 24. Le jour même, à la
société populaire de Bourg, le citoyen Jean-Antoine de
Rostaing23(*) fait un
violent discours anti-monarchiste, à la suite duquel la
société demande au nom des citoyens de la ville que la
Constitution soit modifiée et qu'une nouvelle Convention soit
appelée dans ce but 24(*).
Un cap idéologique est passé. La fuite du roi,
la guerre et le droit de veto "devenu dans ses mains un moyen de paralyser
la volonté nationale souveraine"25(*)poussent les patriotes les plus avancés
à vouloir une nouvelle constitution et une assemblé qui ne soit
pas là pour légiférer avec l'appui d'une constitution
morte.
En juillet 1792, les administrations sont aux mains de
patriotes issus de la bourgeoisie urbaine et éclairée, dont la
grande majorité tient le peuple écarté de la vie
politique. Seuls quelques citoyens, à la société populaire
de Bourg (les citoyens Rollet, Convers, Rostaing, Duhamel) ouvrent cette
dernière au public26(*).
A l'annonce de la suspension de Pétion, les deux
grandes villes du département; Bourg et Belley soutiennent (comme tout
les bons patriotes de 1792) le député par l'intermédiaire,
à Bourg, de Blanc-Désisles et du citoyen Morand, chargés
le 5 juillet 1792 par la société populaire de Bourg de
rédiger une adresse à l'Assemblée pour réclamer une
récompense civique en l'honneur de Pétion 27(*).
Dès lors le département sous l'influence des
idées avancées des jacobins bressans et belleysiens suit le
cheminement révolutionnaire national, et par certaines actions
l'anticipe quelque peu. En effet, le 13 juillet 1792, les citoyens Rostaing et
Blanc-Désisles dans un discours à la société
populaire de Bourg demandent la suppression de la monarchie et la
réintégration de Manuel et Pétion28(*) à la mairie de Paris
suite à leur éviction, conséquence des
évènements du 20 juin.
Le 22 juillet 1792, la société populaire de
Bourg signe une adresse envoyée par le club de Besançon.
Cettedernière demande la séquestration dans les chefs-lieux de
départements des prêtres réfractaires. Ces derniers
commencent à être assimilé à la
contre-révolution.
A la fin du mois de juillet 1792, la conduite de Lafayette est
jugée suspecte par les jacobins bressans29(*). En effet, personne ne prend la défense du
héros de la guerre d'indépendance américaine quand un
sociétaire lit une lettre du citoyen Gayet, soldat au 42 R.I., qui
dénonce "les différentes manoeuvres que les
généraux Lafayette, Lameth. . . emploient journellement pour
corrompre l'armée"30(*).
Au même moment le directoire du département fixe
ses séances à 6 heures du matin. Les patriotes jugent le nouvel
horaire "mal choisi, attendu que c'est le moment où tous les
ouvriers sont au travail"31(*). Appuyant et s'appuyant sur le peuple bressan, les
jacobins bressans critiquent ce nouvel horaire. Le citoyen Duhamel demande que
la séance soit fixée à 17 heures tandis que le citoyen
Blanc-Désisles invite le peuple à assister aux séances du
directoire du département "pour surveiller les
administrateurs"32(*)
dont certains commençent à être suspects.
Le 4 août 1792, alors que la Patrie est
déclarée en danger depuis le 15 juillet à Bourg, la
société populaire accueille 4 marseillais33(*) sur leur route pour rejoindre
les armées à l'est du département. Ce soutien inattendu du
parti jacobin modèle incontestablement les futurs sans-culottes, non
moins par leurs discussions sur la déchéance du roi que par le
danger que représentent les prêtres.
Le 15 août 1792 la société populaire de
Bourg envoie une lettre de félicitations à l'Assemblée
pour la suspension du roi. C'est le 16 août, alors que le citoyen
Antoine-Constance Convers est élu président de la
société populaire, que l'on apprend à Bourg les
événements du 10 août à Paris qui
entrainèrent la chute du "tyran".
L'élection de Convers à la présidence de
la société populaire marque l'arrivée à
maturité d'un mouvement politique patiote plus populaire et plus
démocrate face à une majorité de patriotes toujours
jacobins mais moins révolutionnaires. Désormais, les deux partis
vont cohabiter au sein de la même société.
Le 24 août le citoyen Barquet, principal du
collège de Bourg, membre du conseil général du
département, fait un discours très emprunt des idées
révolutionnaires au nom des professeurs et élèves de son
collège. Le même jour, le conseil général du
département interdit la circulation de journaux royalistes. Cette mesure
montre la détermination des patriotes à vouloir s'engager dans
une voie où aucune réaction n'est permise.
La journée du 10 août est vu dans l'Ain comme un
succès politique. Mais il instaure dans le département la mise en
place d'une politique de chasse aux suspects, tout comme le fait
simultanément le conseil général du département de
Saône-et-Loire 34(*). "Dès le mois de septembre 1792, le
conseil général de le ville de Bourg nomme sept commissaires
(dont Rollet) pour procéder au désarmement des
suspects"35(*).
A partir de ce moment, la société populaire de
Bourg est désertée par certains de ces membres. Le 10 octobre
1792, la société de Bourg reçoit la visite de
l'abbé Laussel36(*), curé de St Bonnet du Troncy. Il prononce un
discours où il démontre la culpabilité de Louis XVI. Mais
son discours si exaltant qu'il soit (on peut, à la lecture de ses
articles dans le Journal de Lyon, imaginé la force de son
discours37(*)), ne semble
pas réunir dans un élan général tous les suffrages
d'une société divisée, où les modérés
de 1791 ont disparu et où les divisions entre futurs
fédéralistes et jacobins avancés se font au grand jour.
Les élections de 1792 mettent à la
municipalité de Bourg le parti populaire, plus jusqu'auboutiste qui
s'appuit sur les éxigeances du peuple. Ainsi donc, les citoyens
Blanc-Désisles, Rollet, Convers, Chaigneau et Alban l'ainé se
retrouvent grâce au soutien des plus modestes au conseil municipal.
L'élection d'Alban surtout montre bien deux choses; le
rôle grandissant que la petite bourgeoisie est appelée à
jouer et, qu'en faisant leur entrée sur la scène politique en
septembre 1792 les classes moyennes ne peuvent plus être
écartés de la Révolution.
Alors que la Convention se réunit à Paris, une
divergence grandissante va opposer le district de Bourg et le
département (plutôt modérés) à la
Municipalité de Bourg.
Le 16 novembre, les boulangers de Bourg, se plaignent du
manque de blé, alors que la récolte a été normale
38(*). A Nantua la peur de
la famine s'installe. Partout la psychose des accapareurs et des agioteurs
gagnent du terrain. Le peuple pour qui le pouvoir d'achat baisse, se
sépare petit à petit des modérés pour se rapprocher
des jacobins. L'élection de ceux-ci à la municipalité de
Bourg, en est la parfaite illustration.
Le 14 janvier 1793, Blanc-Désisles soutenu par les
citoyens Rollet, Reydellet, Dufour et Bottier, fait approuver par le conseil
municipal de la commune de Bourg le changement du nom des rues39(*). Pour ces hommes, cet acte
marque l'entrée de la France dans une nouvelle ère, qui veut
faire table rase de l'Ancien-Régime. Ainsi, la rue des Halles devient la
rue de la Révolution, la rue des Bons-Enfants devient la rue de la
Fraternité, la Grande-Rue devient la rue Simonneau, la rue de l'Etoile
est la rue Brutus, ect. . .
Après la mort du roi, en janvier 1793, la politique
contre les suspects est accentuée. La municipalité de Bourg donne
sa définition40(*)
du suspect. Un mois plus tard, en février93, la municipalité de
Bourg élargit le terme de suspect à "tout individu, homme ou
femme qui . . ne manifeste pas un suffisant enthousiasme pour les lois
révolutionnaires et les mesures de salut public"41(*) et commence la chasse en
refusant des certificats de civisme.
Le 9 mars 1793, sont nommés dans l'Ain les
représentants Amar et Merlino afin de procéder à la
levée du contingent que doit fournir le département au 300 000
hommes de l'échelon national.
Les deux conventionnels arrivent à Bourg le 18 mars.
Mais, le 20 mars un courrier exceptionnel apprend aux autorités, ainsi
qu'à la population de la ville, l'insurrection vendéenne.
Dès lors, la mission des deux représentants va prendre un nouveau
tournant. A cause des menaces de danger extérieur et la hantise de
complots fomenté par les émigrés à partir des
cantons suisses, Amar et Merlino radicalisent la politique
révolutionnaire. Le 21 mars ils prennent un arrêté qui
ordonne au directoire du département, aux directoires des districts et
aux municipalités d'arrêter tous les suspects : "Le
père doit dénoncer son fils et le fils son père" dit
Amar.42(*)
merlino
Le 22 mars la commune de Bourg, obéissant aux
directives des représentants, délivre près de 100 mandats
d'arrêt43(*). Mais
le district et le département, s'ils approuvent cette mesure, dans un
premier temps44(*), la
dénoncent rapidement et ne l'appliquent qu'avec beaucoup de
réticence. En effet, le 25 mars, le directoire du département
décide "que les arrêts domiciliaires ordonnés aux
citoyens autres que les ci-devant et les
prêtres(sont)levés"45(*)dans la ville de Bourg. Pour la première fois,
le département prend le contre-pied de décisions prises par la
municipalité de Bourg.
Dès lors un conflit éclate entre les
représentants et les administrateurs du département. Par
décision du directoire du département les prêtres
arrêtés par la municipalité de Bourg, voient leur
détention commuée en arrêt domiciliaire et ceux qui
étaient en arrêt domiciliaire sont mis en arrêt sur le
territoire de la commune. L'opposition présente à la
société populaire entre radicaux et modérés, se
fait jour désormais dans la vie politique municipale.
Certaines administrations, comme celle de Trévoux,
élargiront le 14 mai 1793 les personnes mises en état
d'arrestation par les arrêtés d'Amar et Merlino.46(*)
la crise fédéraliste
mai-juillet 1793
Le 19 mai 1793, une députation du département
est reçu à la barre de la Convention et y dénonce la
politique d'incarcération menée dans le département de
l'Ain par Amar et Merlino : "Cinq cents de nos concitoyens gémissent
dans les cachots depuis cinq semaines"47(*).
Mais ce qui est le plus dénoncé, ce sont les
membres de la municipalité de Bourg, ces "calomniateurs (qui)
ont surpris (la) religion des représentants"48(*). On peut penser que la
députation à la barre de la Convention fait allusion aux
officiers municipaux de Bourg, qui ont délivré des mandats
d'arrêt dès le 22 mars. Les pétitionnaires se font
l'écho de l'incompréhension de la population bressane face la
politique initiée par les conventionnels et les arrestations49(*). Le plus étonnant dans
cette pétition c'est la dernière requête50(*) qui montre bien que les
repères politiques dans l'Ain sont en décalage avec la politique
nationale, bouleversée par la guerre et les événements
intérieurs. Les administrateurs du département ont-ils seulement
bien lu les pouvoirs conférés aux représentants par les
différents arrêtés?
Au mois d'avril 1793, lors de la mise en accusation de Marat
le fossé entre les deux partis à Bourg se creuse
irrémédiablement; les administrateurs proposent que soit faite
une adresse à la Convention contre "l'Ami du peuple" mais
Blanc-Désisles en empêche la rédaction..
Ces tensions sont répercutées à la
société populaire de Bourg où les séances sont
moins nombreuses. Dans le même temps cette dernière est
réorganisée.
A partir du 18 mai 1793, le conseil général du
département siège en permanence et décrète en
raison des "troubles qui désolent plusieurs
départements", l'établissement d'une armée
départementale51(*). Les aministrateurs se lancent dans la voie
fédéraliste.
A ce moment une majorité des administrations et de ses
membres dans l'Ain sont dépassés par les événements
qui touchent le pays. La pétition du 19 mai 1793 met bien en
évidence l'incompréhension des habitants quand des personnes
jusque là intégrées à la vie sociale, deviennent
suspectes52(*). Le
rôle nouveau qu'est appelé à tenir le fonctionnaire public,
ne semble pas être compris par les administrateurs sauf par ceux du parti
jacobin, qui assimilent très vite, à l'instar de Rollet, les
nouvelles fonctions que l'appareil étatique attend d'eux.
Le 27 mai 1793 les administrateurs du département de
l'Ain rejoignent les départements de la Côte-d'Or, du Doubs, du
Jura et de la Haute-Saône53(*) dans l'idée de réunir les
suppléants à Bourges pour former une nouvelle Convention54(*). Le 31 mai 1793 à la
suite des événements de Lyon, un nouveau pas vers le
fédéralisme est franchi dans l'Ain. Le conseil permanent du
département de l'Ain donne l'ordre aux districts de tenir prêtes
à bouger les légions de la garde nationale au cas où des
"malveillants forcés de quitter Lyon se répandraient dans
l'intérieur de ce département et y sèmeraient la
division"55(*). La
référence à Challier et ses amis ne fait aucun doute.
Le 2 juin 1793, le conseil général du
département reçoit deux députés du conseil
général du Jura qui leur proposent de rétracter leur
décision, entâchée de fédéralisme du 24 mai
dernier. En contre-partie, ils proposent de "convenir d'une adresse dont
les points capitaux(seront)puisés dans le républicanisme
le plus pur. . . et de . . présenter cette adresse à la
Convention nationale"56(*). Le conseil permanent accepte cette nouvelle
proposition tout en persistant néanmoins dans sa première
idée sans se douter de la portée d'une telle décision.
Le même jour alors que les citoyens de la ville de Bourg
font une pétition à la Convention (que Blanc-Désisles ne
signe pas), le département de l'Isère invite celui de l'Ain
à intervenir ensemble dans les affaires lyonnaises. Ce que fait
l'administration du département de l'Ain quand le 3 juin, suite à
la non-réponse d'une lettre adréssée aux administrateurs
de Rhône-et-Loire et aux nouvelles parvenant de ce département, le
conseil général du département de l'Ain nomme les citoyens
Tardy, vice-président et Jourdan, administrateur du directoire,
commissaires "pour se rendre à Lyon, y offrir et
interposer, au nom du département de l'Ain, leur médiation et
leurs bons offices"57(*).
Le 5 juin, est lu à la société populaire
de Bourg "Le journal de Lyon, Moniteur du département de
Rhône-et-Loire" du 4 juin contenant la relation des
événements survenus à Lyon depuis le 31 mai58(*). A la suite de cette lecture,
3 autres commissaires sont chargés, par la société
populaire de "porter aux citoyens de Lyon et aux différentes
autorités constituées. . . les regrets de la
société sur des événements qui ont fait tant de
victime, et leur exprimer tous les sentiments qu'inspire l'amour de la patrie
et de ses défenseurs"59(*). La société de Bourg enterrine le coup
d'état fédéraliste lyonnais. Les administrateurs du
départements de l'Ain sont solidaires des Lyonnais car la ville de
Bourg, comme celle de Lyon, a été victime de la politique des
représentants en mission et d'une municipalité jacobine. Le
bulletin de la Convention arrive à Bourg le 6 juin. La nouvelle de la
mise en accusation des députés Girondins est ressentie comme
"un grand attentat qui a été commis à Paris le 2
juin"60(*).
Immédiatement le conseil général du département
invite des députés des districts et des cantons à se
joindrent à lui, car "l'administration ne saurait trop s'environner
de lumières . . . pour y délibérer conjointement" le
temps que la patrie est en danger61(*). Le même jour, réuni aux corps
administratifs et judiciaires du district de Bourg en séances publiques,
le conseil général demande à la Convention la
réintégration des 22 représentants mis en état
d'arrestation62(*). Les
administrations du département de l'Ain ont poussé le
département dans la rébellion fédéraliste.
Le 8 juin 1793, les citoyens Blanc-Désisles, Reydellet
et Rousselet sont nommés par la municipalité de Bourg pour calmer
les esprits par une proclamation. Cette dernière ( sûrement
rédigée par Blanc-Désisles63(*)) n'est pas un appel au fédéralisme,
bien au contraire. Elle appelle plutôt à un stoïcisme
républicain, entre esprit de sauvegarde (les municipaux bressans ont
sans doute peur d'être traités comme la commune lyonnaise de
Chalier, pour leur participation plus que volontaire aux arrestations
décrêtées par Amar et Merlino le 21 mars 1793) et
volonté d'union64(*).
La participation de l'Ain à la crise
fédéraliste se trouve encore agrandie, quand le 23 juin 1793, les
administrateurs du Jura demandent à ceux de l'Ain de leur envoyer des
renforts pour stopper les représentants Bassal et Bernard qui marchent
sur le Jura avec de la troupe. A cette demande, les sections de Bourg
n'hésitent pas à proposer l'envoi immédiat d'une partie de
la garde nationale de la ville. Le 24 juin 1793, après
délibération des différentes administrations, 250 hommes
de la garde nationale accompagnés d'officiers municipaux, dont
Blanc-Désisles et Convers, se mettent en route pour le Jura. Le 25 juin
à St Amour, l'élan sacré du départ de Bourg a
disparu. Le contingent bressan se demande s'il est bon doit aller plus
loin65(*). Prend-il
conscience qu'une telle action entrainerait des représailles militaires
immédiates et dures contre Bourg ? Est-ce là le fait d'une
manoeuvre des officiers municipaux ? Effectivement, on peut penser que
Blanc-Désisles et Convers ne pouvant plus s'opposer ouvertement au
conseil général du département à Bourg, de peur
d'être évincé de leur poste comme les jacobins Lyonnais,
préfèrent accompagner le détachement pour le condamner
à l'inaction et stopper ainis la rébellion. Malgré une
entrée triomphale à Lons-le-Saulnier66(*), le détachement est de
retour à Bourg le 30 juin accompagné de deux administrateurs
jurassiens et de quarante cavaliers jurassiens dit "plumets rouges".
Le retour de la colonne à Bourg est vivement
saluée par la foule. Les plumets rouges ont amené avec eux une
tête à l'effigie de Marat au bout d'une pique, à laquelle
le feu y est bouté "au milieu des chants et des
danses"67(*)de la
population. Ce feu de joie a lieu sur place d'Armes (aujourd'hui place de
l'Hôtel de Ville). Les officiers municipaux jacobins adoptent devant
cette maifestation de la population une attitude complaisante et
démagogique. "Blanc-Désisles porte deux fois la parole, l'une
au faubourg du Jura, l'autre au balcon de la commune et ses compliments
finissent chaque fois par la chanson à la guillotine
Marat"68(*). Ce
revers de Blanc-Désisles est d'autant plus étonnant que quelques
temps auparavant, il se faisait le défenseur de celui qu'il
dénigre aujourd'hui. Mais il ne faut pas oublier que désormais le
parti "pro-conventionnel", que constitue la municipalité de Bourg, est
rendu à l'inactivité par la présence des sections
réunies, du conseil général du département
siègeant en permanence et la présence de cavaliers
étrangers à la ville de Bourg qui auraient tôt fait de
supprimer à coups de sabre une éventuelle opposition. Les
municipaux devant l'adhérence de la population aux vues
fédéralistes du département seraient bien malvenus de
clamer leur opposition. Simultanément une fête a lieu et
"quarante huit heures se passent dans le vin et la débauche . . un
repas est préparé le vin et les liqueurs y
abondent".69(*)
Dans le même temps les suspects emprisonnés sur
ordre d'Amar et Merlino sont libérés par la foule. Puis
l'attention de la foule (peut-être sous l'influence de meneurs), se
tourne malgré son précédent revirement, sur
Blanc-Désisles qui doit fuir pour se réfugier chez le citoyen
Merle, accusateur public, où l'on vient chanter sous les fenêtres
"A la guillotine Désisles" en dansant la carmagnole70(*) puis la foule se met "en
discussion (pour savoir) si son magasin serait
pillé"71(*).
Au même moment, le 29 juin, les administrations de Bourg
apprennent, par leur correspondance avec Lyon, que les citoyens Pécolet
(président du district de Lyon campagne) et Matheron (administrateurs du
district de Lyon ville) arrêtés par Dubois-Crancé, vont
passer par Nantua pour aller sur Paris. Le conseil général de
département prévient le district de Nantua du passage de ces
hommes et l'invite à les dérouter sur Bourg pour les
libérer. Mais au lieu de stopper Pécolet et Matheron, la
municipalité de Collonges, dans le district de Nantua, arrête et
fait amener à Bourg le citoyen Baptiste Gonard 72(*), commissaire du pouvoir
exécutif auprès des représentants à l'Armée
des Alpes. En même temps arrive à Bourg une lettre "venant
d'un contre-révolutionnaire de Lyon" qui dénonce
Blanc-Désisles comme un complice de Chalier.73(*).
Le 1er juillet 1793, les fédéralistes
décident de se débarrasser de l'opposition que constitue les
membres jacobins de la municipalité. Les sections, réunies aux
plumets rouges jurassiens, décident l'épuration de la
municipalité.74(*)
Le 2 juillet 1793, la révolution du 29 mai de Lyon se
répète à Bourg. Les sections réunies à la
Salle des Spectacles, sous la présidence du citoyen Populus
ex-constituant, votent à 251 voix contre 14 la réorganisation de
la municipalité de Bourg.
Quatre jours plus tard le conseil général de
l'Ain se constitue en Comité de Salut Public de l'Ain75(*) et réuni aux
représentants des cantons, fait venir à lui, le 6 juillet le
citoyen Ricard courrier extraordinaire du ministère de la justice
auprès des représentants à l'Armée des Alpes,
dérouté sur Bourg. Le Comité de Salut Public de l'Ain
décide, après un vote, que Ricard passera par Lyon, malgré
son itinéraire déjà établi. Ricard refuse de se
soumettre. Le Comité de Salut Public du département de l'Ain,
décide alors que deux gendarmes emmèneront les paquets de
correspondance dont il est chargé à Lyon.
A ce nouvel acte de fédéralisme, seulement deux
administrateurs, les citoyens Peysson et Girod, protestent.
Le 7 juillet 1793, un vote des sections organise la nouvelle
municipalité. 310 voix contre 14 76(*) sanctionnent l'éviction des citoyens Rollet,
Alban, Chaigneau, Convers et Blanc-Désisles de la municipalité.
Un mois après Lyon, la ville de Bourg boute hors de son administration
les jacobins mais sans faire couler de sang.
Ce vote illégal des sections se fait au moment
où les jacobins (malgré leur revirement du 30 juin qui n'a pas
dupé les électeurs), sont réduits à l'impuissance
et ne bénéficient pas encore du soutien populaire, que leur
politique sociale leur apportera à partir de septembre 1793.
Le 5 juillet 1793, devant les hésitations des cantons
et districts à envoyer une députation rejoindre le conseil
général du département, ce dernier rédige une
adresse pour motiver les administrations. En effet, des districts comme ceux de
Châtillon-sur-Chalaronne ou de Pont-de-Veyle ne suivent pas le conseil
général " parce que, leur a-t-on dit, les principes du
département tendaient au fédéralisme "77(*). A cette date seuls les
représentants des municipalités et des cantons les plus proches
de Bourg se sont joints au conseil général. La population de
l'Ain commence à se rendre compte des conséquences possibles
engendrées pae les prises de positions fédéralistes des
modérés vis-à-vis de la Convention donc du gouvernement
institutionnel. Le conseil général se défend des
accusations de fédéralisme lancées contre lui et donne ses
motivations (qui sont les mêmes qu'à Lyon) expliquant que leurs
actions "ne respirent que la liberté, l'égalité,
l'unité et l'indivisibilité"78(*). Les administrateurs se lèvent contre ce
qu'ils appellent l'anarchie, c'est à dire contre la dictature que le
peuple parisien exerce sur la Convention, en ayant fait exclure les 22
députés. Les administrateurs de l'Ain restent dans l'idée
qu'il faut maintenir le peuple écarté des affaires de la "Res
Publica", de la chose publique : "Républicains sincères et
convaincus, ils avaient horreur de cette tyrannie populaire, la pire de
toutes"79(*). La
République doit être bourgeoise.
Le 9 juillet, quelques uns des exclus de la
municipalité de Bourg protestent en vain, contre
l'illégalité du vote. Blanc-Désisles voyant la situation
bloquée et dangereuse pour le parti qu'il représente, part
à Paris porter cette affaire à la barre de la Convention et des
Jacobins.
A Paris, Blanc-Désisles loge à l'hôtel de
Suffren, rue de Richelieu. Il reste en correspondance avec ses collègues
de Bourg. Convers le rejoint le 24 juillet 1793. A Paris, Blanc-Désisles
rend visite à son frère mais aussi et surtout à un
ami80(*), le citoyen
Grammont ex-comédien et lui même très lié avec
Vincent81(*), Ronsin, la
Commune de Paris et les Cordeliers. D'après le Tableau analytique . .
.82(*), il est permis
de penser que Grammont ouvre à Blanc-Désisles les portes de la
Commune. C'est à ce moment que le bressan adopte les idéaux
politiques des Cordeliers et des sections parisiennes.
Les deux jacobins bressans portent aussi leurs
réclamations à la députation de l'Ain, avec laquelle ils
déjeunent le 10 août 179383(*). Blanc-Désisles et Convers sont emmenés
à la barre de la Convention par Amar, et présentent (avec
l'espoir de faire annuler les élections du 7 juillet) la situation dans
l'Ain. La requête des burgiens est renvoyée devant le
Comité de Sûreté Général84(*).
Pendant ce temps Rollet se rend dans les départements
voisins annoncer que Bourg est en rébellion et que ce sera
"bientôt le noyau d'une nouvelle Vendée"85(*).
Durant la deuxième quinzaine de juillet 1793, le
département de l'Ain reçoit par le secrétariat du
département de Saône-et-Loire, les procès verbaux de la
Convention du 12 juillet 1793, déclarant Lyon hors la loi. Cette lecture
refroidit le bel élan fédéraliste des burgiens qui
acceptent le 16 juillet la nouvelle Constitution. A Belley c'est avec plus
d'enthousiasme que la Constitution est acceptée. Si l'acceptation de la
Constitution de 1793 est une preuve de reconnaissance de la Convention dans son
état actuel (c'est à dire amputée du parti Girondins),
elle sonne le glas du fédéralisme dans l'Ain. A cela s'ajoutent
des lettres des représentants Delaporte et Reverchon du 17 juillet qui
font part aux administrateurs de l'Ain de leurs "inquiétudes sur la
sûreté des convois passant par votre ville(Bourg). . . il
est de votre honneur, autant que de votre devoir de faire cesser jusqu'à
l'ombre de la méfiance"86(*) et de Dubois-Crancé, Nioche et Gauthier des
Orcières du 18 juillet, qui annoncent de Grenoble aux mêmes
administrateurs, leur tristesse de voir le département de l'Ain toujours
s'entendre avec les Lyonnais87(*). La nouvelle du décret de la Convention du 12
juillet et les lettres des différents représentants en mission
donnent le point final à la crise fédéraliste du
département de l'Ain, dans la juste peur des administrateurs de se voir
traités comme rebelles (et être traités comme tels), ainsi
que d'entrainer avec eux Bourg et le département. Mais si ici
s'arrête la méfiance des autorités centrales la rancune des
jacobins destitués, elle, n'est pas effacée88(*).
Le 25 juillet 1793, le conseil général du
département rétracte sa décision du 26 juin, qui envoyait
des troupes à Lons-le-Saulnier et qui fixait par là le but de
l'Ain et des autres départements : "faire remplacer la Convention
qui, déchirée par les divisions intestines, ne saurait faire le
bonheur des français, si elle-même ne se fait pas remplacer
bientôt"89(*).
Pour tenter de faire oublier ses actes de juin et juillet, le conseil
général de l'Ain fait preuve d'une grande habilité
politique et démagogique, en adressant une lettre à la Convention
par laquelle il "déclare de nouveau qu'il a toujours reconnu et
qu'il reconnaît la Convention nationale actuelle comme seul centre
d'unité"90(*).
la revanche des jacobins
Le prix de la rétractation de l'Ain, pour faire oublier
son écart fédéraliste, est de devenir un énorme
magasin militaire pour les troupes assiégeant Lyon, Marseille et Toulon,
ainsi que pour les troupes sur les frontières.
Les 16.000 à 18.000 hommes qui se dirigent sur Lyon,
sont à Bourg du 30 juillet 1793 au 6 août. Il est possible de voir
là une vengeance des représentants en mission pour punir une
ville qui a ralenti les convois de ravitaillement militaire en juillet. Avec la
présence de Dubois-Crancé et Gauthier-des-Orcières,
l'administration départementale s'efface, mais une résistance
opiniâtre aux ordres des représentants se fait sentir de la part
de la population burgienne91(*). Ce sont les districts de Belley et de Trévoux
qui ressentent le plus le poids du siège de Lyon. Beaucoup de bugistes
et de trévoliens se retrouvent sous les murs de Lyon dans les
armées pro-conventionels. Les représentants devant Lyon
n'hésitent pas à se servir de ces districts comme
réservoir humain.
Avec la présence des représentants en mission,
la société populaire semble essayer de se refaire une nouvelle
conscience révolutionnaire dans la ligne montagnarde, pour retrouver
auprès de la population de Bourg et de la Convention92(*) un semblant de
crédibilité. Elle demande le 7 aôut dans une lettre
à la Convention que soient déclarés inéligibles
tous les prêtres et les nobles pendant deux ans et que ces derniers
soient destitués de leur grade93(*) si ils sont militaires. Cette action vise aussi sans
doute à maintenir dans leurs fonctions administratives les citoyens
membres modérés de la société populaire
(considérés comme non-exaltés bien qu'ayant pris part
à l'action fédéraliste) afin d'en maintenir le plus
possible écartés le peuple et ses orateurs. Mais pour beaucoup la
société populaire demeure "aristocrate" car, du fait de sa
cotisation élevée, elle reste interdite au peuple. Pour les
jacobins réintégrés dans leurs fonctions par un double
arrêté du directoire du département et des
représentants Javogues et Delaporte, la société populaire
des Amis de la Constitution de Bourg ne peut être désormais qu'un
obstacle à la politique révolutionnaire.
De Paris, Blanc-Désisles et Convers écrivent
à leurs collègues de Bourg et "les invitent à
réunir quelques citoyens afin de former le noyau d'une seconde
société populaire"94(*). La nouvelle société, dite des
Sans-Culottes, siège à la salle de l'Arquebuse, voisinant
immédiatement la salle des Spectacles où se tient la
société des Amis de la Constitution.
La nouvelle société accueille dans son sein
"beaucoup de citoyens vertueux, mais à qui il manquait la
lumière"95(*),
entendons par la des gens du peuple. Une tribune libre est ouverte aux hommes
comme aux femmes. Les membres sont des hommes tous "frères; ils sont
tous membres de la même famille; égaux en droits, devenus libres,
ils sauront conserver la liberté et l'égalité ou mourir en
les défendants."96(*)
La société des Sans-Culottes arrive facilement
par son recrutement plus large et ses discours plus égalitaristes
à doubler rapidement le nombre de ses adhérents et à
provoquer la fermeture de la société des Amis de la Constitution.
En effet cette dernière voit ses fonds s'amoindrir comme le nombre de
ses membres et le 17 septembre 1793 elle cesse d'exister.97(*)
La société des Sans-Culottes s'abonne au
père Duchèsne d'Hébert et l'on y fait "l'éloge
d'Hébert, de Chaumette, et de Danton"98(*). Des bustes de Marat et de
Lepelletier ornent la salle des séances.
Les orateurs de la société s'attaquent aux
autorités constituées, aux propriétaires, aux marchands,
aux gens de loi, aux avoués, aux notaires99(*) et à tous ceux qui
peuvent représenter le fédéralisme. Ses revendications
sont celles des sectionnaires parisiens100(*). Les idées rapportées par
Blanc-Désisles et Convers de Paris sont une grande nouveauté pour
le département où les notables sont, à quelques exceptions
près, les mêmes que sous l'Ancien-Régime. A Belley le
même type d'idée est lancée à la
société populaire. Là bas, aussi c'est crise
fédéraliste qui est le point de départ idéologique
de la révolution social : " Assistons tous au assemblées
primaires et communales. . .Si les patriotes assistent, les aristocrates ne
paraîtront pas, . . . si les patriotes restent chez eux, tous les
aristocrates assisteront et feront des choix à leur gré. . . Qui
faut-il nommer ? Point de ces ci-devant nobles. . .point de gros bourgeois. .
.point ou peu de ci-devant avocats ou procureurs. . .point de
modérantiste. . .Citoyens, il nous faut, dans tous les postes, des
Sans-Culottes d'effet et d'affection. . . .101(*)
C'est un désir de révolution sociale,
initié par la crise fédéraliste, que veulent les
Sans-Culottes. Mais cette révolution ne peut pas se faire car les
administrations demeurent aux mains des anciens fédéralistes;
l'Ain n'ayant pas subi une épuration de ses administrations comme celles
du Rhône. On peut se demander jusqu'à quel point les
conventionnels de l'Ain et parmi eux Gauthier-des-Orcières, ont
préférer passer l'éponge sur la crise
fédéraliste (il est vrai mineure) plutôt que de punir le
département en promouvant une élite sociale issue de la petite
bourgeoisie qui apporterait, avec son ascension, une remise en cause des
pouvoirs et de la place de la bourgeoisie dans la vie politique
départementale et c'est là justement les voeux des
Sans-Culottes.
C'est à ce moment que Convers et Blanc-Désisles
reviennent de Paris. Ils annoncent à leur retour "que tous les
citoyens doivent trembler et qu'il se prépare contre la commune un
événement terrible"102(*). Les jacobins de l'Ain, qu'il convient d'appeler
désormais les Sans-Culottes, veulent se venger de leur éviction,
par les fédéralistes, de la municipalité en juillet 1793
et purger le département des "aristocrates"103(*).
Le 22 septembre 1793, le comité révolutionnaire
de la société populaire de Bourg, dont Blanc-Désisles est
président, reçoit une lettre des représentants Bassal et
Bernard qui demandent des renseignements sur les bons patriotes et les gens
suspects. Au moment où le comité députe 8 de ses membres
dans les différents districts pour prendre ses renseignements, des
placards incendiaires appelant à l'insurrection sont affichés sur
les murs de Bourg104(*).
Dans cet état d'urgence qui arrange les affaires des Sans-Culottes, la
mission des commissaires est suspendue et le citoyen Merle, seul, se rend
à Besançon auprès des représentants du peuple, avec
une liste de fonctionnaires à destituer. Merle revient à Bourg le
4 octobre 1793, avec un arrêté des représentants ordonnant
la réorganisation des administrations du département. La main
mise des Sans-culottes sur les administrations est effective. Cette main mise
se fait grâce à la société populaire, son
comité révolutionnaire et les représentants en mission.
Le 1er octobre, Rollet est envoyé vers Bassal et
Bernard pour porter une liste de suspects à incarcérer ou
à destituer et le 2 octobre 1793. Ces suspects sont mis en état
d'arrestation et le 5 octobre près de 100 citoyens
déclarés suspects sont désarmés à Bourg.
Après l'épuration des autorités
siégeantes à Bourg, ce sont celles de Belley qui sont
réorganisées.
Après les épurations officielles des
administrations les Sans-Culottes de Bourg entreprennent de réorganiser
sur le modèle de la société de Bourg, les clubs populaires
du département.
Le 3 octobre 1793, la société de Trévoux
devient société des Sans-Culottes puis elle même
réorganise les sociétés de son district (les
sociétés de Beauregard, de Thoissey, de St Trivier). Le 15
brumaire an II, le club de Bourg députe les citoyens Rollet et Ravet
à Montrevel pour y réorganiser la société et le
comité de surveillance.
Le 20 brumaire an II (10 novembre), la société
de Châtillon-sur-Chalaronne se mue en société des
Sans-Culottes. A Belley, par contre les deux sociétés cohabitent
mal et se font concurrences. La société de Bourg agit dans l'Ain
comme une société mère à laquelle son
affiliées les sociétés des chefs-lieux de cantons
auxquelles sont affiliées les sociétés comunales.
Plusieurs d'entres-elles sont affiliées directement aux Jacobins de
Paris. Certaines autres s'y affilient grâce aux sociétés de
cantons où de districts.
Le 5 brumaire an II (26 octobre) sur une requête des
Sans-Culottes de Bourg, le représentant Reverchon organise le
Comité Central de Surveillance du département de l'Ain, qui
remplace celui de la société des Sans-Culottes de Bourg. Tous ses
membres sont sociétaires et beaucoup occupent déjà
d'autres fonctions105(*). Les Sans-Culottes disposent d'un outil puissant
pour imposer leur volonté aux modérés, ils ont
désormais le pouvoir d'incarcérer sur l'étendue du
département. Le 6 brumaire an II (27 octobre) les membres du nouveau
comité prêtent serment et approuvent les arrestations
ordonnée par le précédent comité; le même
jour, ils font incarcérer les fédéralistes106(*).
"Bonnets rouges,. . . sabres traînants et. . .
moustaches"107(*),
les Sans-Culottes en regroupant les fédéralistes et tous les
opposants à la Nation dans les prisons commencent à craindre un
complot venant desdites prisons. Cette crainte qui ne fait qu'augmenter les
pousse à vouloir se débarrasser des prisonniers, qui même
en maison de détention demeurent un danger politique108(*) réel, pour eux. Cette
décision de punir par le fer les fédéralites, les traitres
au nouvel ordrre républicain vainqueur des insurgés
fédéralistes et contre-révolutionnaires ne peut
qu'êter monté en exergue par les épurations qui ont lieu au
même moment à Commune-Affranchie, et auxquelles prend part un
Bressan, le citoyen Merle en tant qu'accusateur public du Tribunal
Révolutionnaire de Lyon dont Dorfeuille est le président.
Le 17 frimaire an II (7 décembre 1793) suite à
la lecture d'une lettre des représentants Reverchon et
Gauthier-des-Orcières, sur l'illégalité du cumul des
mandats, les Sans-Culottes voyant sans doute la fin de leur main mise
politique, députent Blanc-Désisles à Mâcon
auprès de Javogues, afin de ne pas perdre le contrôle de la
situation par la perte de postes administratifs.
le séjour de Claude Javogues
dans l'Ain : 19 - 22 frimaire an II
Le 18 frimaire (8 décembre) Blanc-Désisles se
rend à Mâcon en compagnie de sa femme109(*). Avec le soutien de
celle-ci, il demande à Javogues de venir dans l'Ain. Proposition que le
représentant accepte après quelques rétiscences.
Le 19 frimaire an II (9 décembre),
Blanc-Désisles est de retour à Bourg 3 heures avant
l'arrivée de Javogues qu'il accueille avec un discours place Marat
(actuel place de l'Hôtel-de-Ville). Javogues est venu avec 400 hommes de
l'Armée révolutionnaire parisienne en route pour Lyon avec
à leur tête Ronsin.
Grâce la présence de Javogues et de
l'Armée Révolutionnaire Parisienne, la politique des
Sans-Culottes va pouvoir s'exercer. Le 20 frimaire an II (10 décembre),
Blanc-Désisles répartit une taxe révolutionnaire suivant
les quartiers110(*).
Chaque quartier est confié à un détachement de
l'Armée Révolutionnaire Parisienne avec à sa tête
deux officiers municipaux. Ils se mettent à la recherche du
numéraire, de l'argenterie et parallèlement une première
oeuvre de déchristianisation se fait sporadiquement par les officiers
municipaux, par l'autodafé de livres et de symboles religieux.
Tout ces enlèvements se font avec un reçu; mais
quelques illégalités sont commises.111(*) Seule, semble-t-il, le
population aisée de la ville est soumise à cette taxe112(*), qui allie vengeance sociale
et besoin national.
L'incompréhension et la surprise devant cette action
sont souvent totales chez les perquisitionnés qui n'ont pas l'habitude
de ce genre d'événement.
Javogues à Bourg imprime la démarche
révolutionnaire désirée par les Sans-Culottes et la
dépasse même lors de son discours à la
société des Sans-Culottes le 21 frimaire an II (11
décembre).
Dans ce discours Javogues accentue le fait que la
Révolution après avoir été politique doit
être sociale113(*)
pour être complète et dirigée contre "messieurs les
honnètes gens"114(*).
Javogues, dans la fièvre des esprits qui suit la chute
de Lyon, ordonne "qu'il faut que cette place (place d'armes devant
l'Hôtel de ville où fut brûler l'effigie de Marat, le 30
juin 1793). . .soit le tombeau de leurs crimes"115(*)
Ce discours donne les principes politiques qui vont
désormais régir le département de l'Ain.
Avec un tel discours, Javogues ne peut que répondre
positivement à la requête que sollicite
Blanc-Désisles116(*). Javogues met en place un Commission de Justice
Populaire.. Les Sans-Culottes sont nommés aux places de
président, accusateur public et juges.
Il se passe à Bourg, le même cheminement
événementiel qu'à Lyon. Bourg a été
fédéraliste comme Lyon, pour les Sans-Culottes la commune doit
donc être traitée comme telle. Le 12 octobre 1793 Merle est
nommé accusateur public de la Commission de Justice Populaire de Lyon,
(où Tribunal Révolutionnaire de Lyon, que Dorfeuille
préside du 10 brumaire (31 octobre) au 9 frimaire an II (29 novembre)).
La correspondance qu'il garde avec ses amis sans-culottes de Bourg, peut leur
indiquer la marche à suivre.
Le 21 frimaire an II (11 décembre) Baron-Chalier et
Rollet-Marat117(*) sont
nommés par Javogues, commissaires dans le district de St Rambert pour
mettre en état d'arrestation les personnes suspectées de
s'être rebellées avec Lyon.
Dès les premières mises en état
d'arrestation, les représentants de l'Ain à la Convention,
(avertis sans doute par leur famille de la politique que prévoient les
Sans-Culottes), décident de modérer les ardeurs de ces derniers
en envoyant dans l'Ain et la Saône-et-Loire un homme plus calme.
Gauthier-des-Orcières et Jagot, proposent le
conventionnel Gouly.118(*) Sur le rapport du Comité de Gouvernement, la
Convention nomme par décret le 14 frimaire an II (4 décembre)
Benoît Gouly, représentant dans l'Ain et la
Saône-et-Loire.
Selon le "Tableau analytique. . ." page 15,
Blanc-Désisles aurait été mis au courant de la venue de
Gouly par sa correspondance avec Paris; d'où la venue éclair de
Javogues et la mise en place rapide de la Commission de Justice Populaire.
Gouly ne connaît de la situation du département
de l'Ain, que ce que les conventionnels du département lui ont dit.
le choc Gouly
Gouly arrive à Bourg le 22 frimaire an II (12
décembre). Il est accompagné du citoyen Favélas, son
secrétaire natif de Bourg, ainsi que de Rivail.119(*)
Benoit Gouly est natif de Bourg mais n'a pas grandit dans le
département de l'Ain. Suite à des études de
médecine à Bourg et à Paris, il s'embarque pour l'Ile de
France où il débarque en 1772. Là bas, il exerce sa
profession de chrurgien et obtient sa maitrise en chirurgie le 1er Mai 1778. Il
exerce alors comme chirurgien major à l'hôpital. Mais
simultanement, il fait fortune grâce aux plantations. C'est un homme de
la bonne société local et esclavagiste convaincu (il
possède 49 esclaves).
Gouly, bien que partisans des idées nouvelles en 1789,
n'en demeure pas moins un homme de l'ancien-régime qui a bati sa fortune
sur l'esclavagisme. Bien que membre du club des Jacobins, c'est un bourgeois
modéré qui sous des traits d'ardent patriote, laisse transpirer
son hypocrisie et sa démagogie politique. Gouly est un adepte de la
langue de bois jacobine120(*).
A son arrivée, après un entretien, Javogues
repart en pensant que Gouly continuera dans l'impulsion qu'il a donnée.
Mais Gouly, à la plus grande surprise des Sans-Culottes, suspend la
Commission. Il justifie son action dans une lettre au Comité de Salut
Public : "les représentants du peuple dans les départements
qui ne sont point et n'ont point été en rébellion,
n'avaient point, à mon avis, le droit de constituer un pareil
établissement"121(*). Gouly dénonce implicitement Javogues et
prend le parti de Gauthier-des-Orcières qui vise à minimaliser la
crise fédéraliste bressane en évitant une effusion de
sang. Si cette idée est sincère de la part de
Gauthier-des-Orcières envers les habitatns de l'Ain, pour Gouly, c'est
une démarche proprement calculée. En effet, sa mission dans l'Ain
va être à la mesure du personnage, jusqu'au boutiste par moment
puis éminament modéré à d'autre.
Dès le 22 frimaire an II 12 décembre), Gouly va
à l'encontre de la politique et des mesures prises par ses successeurs
dans l'Ain. Mais il active la politique antireligieuse, "le fanatisme, dans
ce département, a besoin de grandes mesures et de beaucoup de prudence
pour être anéanti sans commotion dangereuse" écrit-il
dans sa lettre du 23 frimaire (13 décembre) au Comité de Salut
Public.122(*) Mais la
prudence que prône Gouly va à l'encontre des souhaits de la
sans-culotterie bressane.
A son arrivée à Bourg le 22 Frimaire (12
décembre), la ville est en effervescence. Les hussards du 1er
régiment et la population, n'écoutant plus les officiers
municipaux, sont sur le point d'en venir aux mains avec les hommes de
l'Armée Révolutionnaire, qui ont arrêtés trois
hussards dudit régiment et qui comptent bien les faire traduire en
justice à Commune-Affranchie. Le départ de Javogues et des
soldats de l'Armée Révolutionnaire calme les esprits.
Gouly à son arrivée est l'espoir des
modérés et des Sans-Culottes. Il ne peut donc que s'attirer la
rancoeur de l'un des deux partis, si ce n'est pas des deux.
La présence de Gouly dans l'Ain, au moment ou les
Sans-Culottes allaient obtenir leur vengeance et son esprit de
modération, sont des facteurs primordiaux qui aura de grandes
retombées sur la mission d'Albitte.
Gouly réunit les autorités constituées
pour les épurer car il se rend vite compte que certaines administrations
comptent encore des fédéralistes. Il est à noter ici, le
laxisme de Gauthier-des-Orcières par rapport à la dureté
dont il fait preuve à Lyon.
Le 24 frimaire an II (14 décembre), Peysson,
administrateur fortement soupçonné de fédéralisme,
attaque à la société populaire Blanc-Désisles et
l'accuse devant le représentant, d'être un
fédéraliste. A cette attaque, Convers traite
Blanc-Désisles de scélérat. Devant une telle scène,
la confiance de Gouly en Blanc-Désisles disparaît. Le soir
même, à 22h, les Sans-Culottes, alors réunis chez
Rollet-Marat123(*), se
promettent "mutuellement appui envers et contre tout". Ce
serment qui soude les patriotes bressans contre Gouly, les soude aussi contre
toutes les attaques dont ils seraient désormais les cibles, faisant du
cas individuel un cas commun. Peysson et Convers, présents chez
Rollet-Marat, présentent leur excuse à un Blanc-Désisles
humilié dans sa ferveur patriotique.
Gouly en pensant rétablir la concorde au sein de la
population de la commune de Bourg et de la société populaire,
après avoir menacé de la dissoudre, fait admettre comme
sociétaires des membres de l'ancienne société des Amis de
la Constitution. A ce geste, les membres Sans-Culottes du directoire du
département démissionnent. Gouly les remplace par Baron-Chalier
et Blanc-Désisles, qu'il tient à éloigner de la
Municipalité. Ce changement de poste du maire de Bourg est ressenti par
les Sans-Culottes, comme une destitution faite pour aider les
aristocrates.124(*)
Le 25 frimaire (15 décembre) Gouly fait libérer
et réintégrer à son poste, Bugey ex-procureur syndic du
département durant la crise fédéraliste.
Puis, après avoir réorganisé le
comité de surveillance de Bourg et le district, Gouly part pour Belley
le 27 frimaire an II (17 décembre), pensant avoir ramené le calme
dans la cité bressane.
Gouly et son entourage arrivent à Belley le 28 frimaire
(18 décembre). Là, ils trouvent une situation de guerre civile
ouverte. Malgré des signes de réconciliation, la
société des Sans-Culottes (soutenue par le comité de
surveillance) et la société des Amis de la Constitution
s'affrontent. Le maire de Belley, Brillat-Savarin est en fuite. Pour stopper
cette situation de guerre civile entre fédéralistes et
sans-culottes, Gouly ordonne le 29 frimaire (19 décembre) l'arrestation
"sans exception, (des)ci-devants nobles,
(des)prêtres et (des) prêtres non
mariés"125(*) qu'ils jugent responsables des troubles. Gouly
innove en mettant en place dans l'Ain une politique d'arrestation
générale des membres d'une même classe sociale. Cette
action est encore inédite jusque là, même si la
municipalité de Bourg en avait plus ou moins tracée une
frêle esquisse avec sa définition du terme de suspect en janvier
1793. Bien que modérant l'ardeur des plus exaltés des
Sans-Culottes, Gouly marque le pas d'une politique "anti-aristocratique"
nouvelle qu'aucun représentant en mission n'avaient essayé jusque
là. Le même jour il dissout la société des Amis de
la Constitution, jugée fédéraliste.
Le 4 nivôse (22 décembre), Gouly
réorganise le comité de surveillance, la municipalité et
le district de Belley.
Dans un élan de modération, alors qu'il
décrète d'état d'arrestation Brillat-Savarin, maire et
ex-constituant, ainsi que le vicaire de Belley Savarin avec ordre de les
conduire au Tribunal Révolutionnaire de Paris; Gouly fait mettre en
état d'arrestation Bonnet, Thorombert et Carrier, les leaders du
mouvement jacobins belleysien, pour avoir outrepassé leur fonction et
agi arbitrairement. Mais sous ces arrêtés, se découvre
comme à Bourg-Régénéré, le dessein de
vouloir éloigner des principales villes du département les
fauteurs de troubles; coupant ainsi les factions de leurs chefs. De même
Gouly cherche à réconcilier la Révolution avec le plus
grand nombre de personnes possibles en ouvrant les prisons aux personnes qu'il
juge patriotes.
C'est pour cela que le 4 nivôse (24 décembre),
Gouly, fait libérer malgré son arrêté du 29 frimaire
(19 décembre), 8 prêtres, 5 nobles, 14 religieuses, 8
cultivateurs, 2 notaires, 1 médecin et 4 citoyens.126(*)
A Gex le 12 nivôse (1 janvier), Gouly s'attaque au
problème des frontières. Il épure la municipalité
accusée de complicité avec des contrebandiers et prend le
même arrêté qu'à Belley (celui du 29 frimaire) en y
incluant les ex-agents seigneuriaux et les négociants spéculants
sur les denrées de première nécessité. Le 14
nivôse (3 janvier), le représentant apprend que malgré ses
précautions, les chefs sans-culottes belleysiens gardent des relations
avec leurs partisans. Il décide de les faire transférer à
Grenoble. Cette représaille de Gouly ne laisse pas inactifs les
"frères" bressans, pour qui le serment de soutien mutuel ne
s'arrête pas aux bornes du district de Bourg.
Mais plus draconien encore est son arrêté du 14
nivôse, qui supprime le district de Gex en le réunissant à
celui de Nantua. Le 16 nivôse (5 janvier), Gouly lève une taxe sur
les riches célibataires dans les districts de Gex et de Nantua.
Malgré une politique nouvelle d'arrestation et de taxe,
Gouly s'attire la haine des Sans-Culottes de Bourg, Belley et Gex. Son envie de
mener sa mission à bien tout en n'étant le sujet d'aucune
faction, le conduit au discrédit par les autorités
administratives des districts, sur lesquelles reposent l'ultime chaînon
du Gouvernement Révolutionnaire.
Dès le 13 nivôse (2 janvier) Reydellet lui
écrit de Bourg : "te voilà déjà en proie aux
calomnies; l'on crie ton modérantisme"127(*).
En effet un pamphlet anonyme "Les aventures du petit Gouly,
suivis de sa promenade, de ses confessions et de sa mort arrivée le
même jour"128(*) est diffusée dans l'Ain. A la Convention,
Deydier, député fortement soupçonné par les
sans-culottes de modérantisme, soutien l'action de Gouly.
A Bourg-Régénéré, il est
ouvertement attaqué à la société populaire par
Merle de retour de Commune-Affranchie, Alban et Gallien. Des sans-culottes de
Mâcon sont même députés à Paris pour parler
à la barre de la Convention contre Gouly.
Les Sans-Culottes voit en Gouly, d'une part le destructeur de
leurs efforts depuis octobre 1793 dont la présence de Javogues et
l'installation de la Commission Populaire marquaient le point d'orgue; mais
aussi le contrepoid à pouvoir qui favorise un parti de jacobins plus
modérés issu de la faction des Sans-Culottes comme celle des
fédéralistes. Ces hommes de la modération jacobine
pourraient être Rivail, Reydellet, Favélas et Buget.
Le 1er nivôse an II (21 décembre), 37 membres de
la société populaire de Bourg, dénoncent
Blanc-Désisles et le comparent à Néron, Rollet-Marat au
diable et Thévenin à un nouveau Nabuchodonosore. Les propos
sanguinaires des Sans-Culottes vis-à-vis des fédéralistes
(que la présence de Gouly à sauver de la mort par la suspension
de la Commission Populaire) effrayent sans aucun doute les sociétaires
intégrés par Gouly.
Gouly devant les attaques de modérantisme dont il est
victime, emploie l'hypocrisie pour rester dans les bonnes faveurs du
Comité de Salut Public. Il écrit lettres sur lettres avec
"grandiloquence et dramatisation"129(*) le donnant pour un martyr, de peur que ses penchants
modérantiste ne soit effectivement mise à jour.
Ce dernier, mis au courant des agitations de Bourg,
décide pour endiguer le mouvement de dénonciation qui le vise
aussi bien dans l'Ain qu'à Paris, d'agir à Bourg comme à
Belley; et le 17 nivôse (6 janvier) de Ferney, il décide la mise
en arrestation de Blanc-Désisles, Rollet-Marat et Convers.
L'arrêté est reçu à Bourg le 19
nivôse (8 janvier). Alors que Blanc-Désisles et Rollet-Marat sont
arrêtés, Convers à le temps le matin de se rendre à
Mâcon avec Laymant. Quand il revient le 21 nivôse (10 janvier) et
qu'il rejoint ses deux compagnons il les prévient "que les
représentants du peuple Albitte et Fouché de Nantes devaient
arriver de Commune-Affranchie dans deux jours"130(*)
Toujours le 19 nivôse, Peysson le détracteur de
Blanc-Désisles est aussi arrêté pour actes de
fédéralisme et pour avoir une correspondance avec Tardy et
Pagès, fédéralistes pour lors en fuite.
Le 19 nivôse au soir, à la société
des Sans-Culottes de Bourg, Alban soutenu par les citoyens Duclos, Juvanon,
Laymant, Martine et Chaigneau131(*) adoptent une dénonciation proposée par
Juvanon. Cette dénonciation du représentant Gouly,
adressée au Comité de Salut Public comporte 36 points. Les
Sans-Culottes dépeignent Gouly comme "un scélérat qui
avait élargit les aristocrates et mit en arrestation les
sans-culottes"132(*)
A Commune-Affranchie, les attaques contre Gouly sont
entendues.
rappel de Gouly et
arrivée d'Albitte
Des commissaires envoyés par les représentants
à Commune-Affranchie dans les districts de Gex et de Montluel, informent
le Comité de Salut Public de l'action de Gouly dans l'Ain.133(*) Le 14 nivôse (3
janvier), le Comité de Salut Public rappelle à Albitte que le
département de l'Ain est confié à sa vigilance et l'incite
à aller voir ce qu'il s'y passe : "toutes les fois que tu croiras
utile de te déplacer, tu instruiras le Comité du lieu actuel de
tes opérations."134(*)
Cette anarchie des pouvoirs caractérisant (selon
C.Lucas) la période de brumaire à nivôse an II
(octobre-janvier 1793) montre bien, par la double fonction d'Albitte
(représentant auprès de l'Armée des Alpes chargé du
département de l'Ain) et par les pouvoirs de Gouly dans l'Ain, que les
dissensions intestines des Jacobins à Paris entre partisans de la
Commune et élus provinciaux fidèles à la suprématie
de la Convention sur les faubourgs. Gouly est soutenu par
Gauthier-des-Orcières et Merlino à Paris et Albitte par Collot
d'Herbois qui est proche des Cordeliers.
La position délicate de l'Ain est claire pour Albitte,
qui en vendémiaire an II dans une lettre à un de ses
collègues, dénonce cette anarchie géographique : " la
mission des représentants du peuple, envoyés par le
décrêt du 29 Avril près l'armée des Alpes,
s'étend depuis l'Ain jusqu'au Var; celle des représentants
Reverchon, Javogues et Laporte est spécialement pour les
départements de Rhône-et-Loire, Saône-et-Loire et l'Ain.
Enfin les représentants du peuple Bernard et Bassal sont envoyés
pour le Doubs et l'Ain; en sorte que le même département de l'Ain
se trouve soumis à trois autorités
différents."135(*).
Le 16 nivôse an II (5 janvier), dans une lettre
adressée à Collot d'Herbois, les représentants à
Commune-Affranchie Fouché, Albitte et Laporte dénoncent "
Gouly qui exécute,. . .(un) plan
rétrorévolutionnaire et liberticide. . .dans un
département qui est confié à notre
surveillance"136(*). Fouché, Albitte et Laporte exposent dans la
même lettre qu'ils se sont concertés pour savoir s'ils ne feraient
pas arrêter Gouly. En effet, les représentants à Lyon en
contestant la présence de Gouly dans l'Ain, ne font qu'entériner
les pouvoirs confiés à Albitte dan l'arrêté du 29
Avril 1793, qui le nomme à l'Armée des Alpes et qui lui confie la
suirveillance des départements de l'Ain jusqu'au Var.
Gouly est totalement désavoué par ses
collègues de Commune-Affranchie qui contestent ses pouvoirs; au moment
où le Comité de Salut Public décide le 9 nivôse qu'
"en exécution de l'article 1er section 4ième du décret
du 14 frimaire an II. . . les représentants du peuple sont
rigoureusement circonscrits dans les départements qui leur sont
désignés"137(*). Cet arrêté du Comité de Salut
Public fait d'Albitte le représentant du peuple pour l'Ain étant
donné que son ordre de mission date du 29 Avril.
A Bourg-Régénéré, le maire, Alban
qui n'a pas été inquiété par l'arrêté
de Gouly du 17 nivôse an II (6 janvier), se rend le soir du 19
nivôse (8 janvier), après la séance de la
société populaire, dans le bureau de Blanc-Désisles au
département, pour prendre des papiers puis se rend à
Commune-Affranchie auprès des représentants en mission.
Là, il leur expose la situation et quand il revient de
Commune-Affranchie le 22 nivôse an II (11 janvier), il annonce à
la société des Sans-Culottes le rappel de Gouly. Alban se veut
l'organisateur de ce rappel car, explique-t-il, les
représentants à Commune-Affranchie "avaient sous leurs mains
des arrêtés en blanc du Comité de Salut
Public"138(*).
De même il se rend chez Gouly et lui donne une copie du
décret du 9 nivôse (29 décembre) le rappelant à
Paris.
Le soir même Gouly fait part au Comité de Salut
Public de son étonnement de se voir rappelé à Paris par
décret en date du 9 nivôse (29 décembre), alors que le 14
nivôse (3 janvier) il était chargé de vérifier les
opérations des commissaires des représentants à
Commune-Affranchie dans les districts de Gex et de Montluel139(*); ceux là même
qui ont dénoncé sa conduite au Comité de Salut Public.
Gouly qui voit son retour à Paris comme un
désavoeu du Comité de Salut Public, va garder une grande rencoeur
vis-à-vis d'Albitte et du Comité de Salut Public. Cette rencoeur,
ainsi que celles duent aux dénonciations des Sans-Culottes, feront de
lui un Thermidorien redoutable.
Albitte est donc nommé dans l'Ain
rétroactivement à la première copie du décret du 9
nivôse (29 décembre); où le nom de Gouly est notifié
pour l'Ain et la Saône-et-Loire. Albitte voit ses ordres de mission
modifiés entre le 14 et le 19 nivôse an II, dates où il
reçoit la lettre du Comité de Salut Public l'invitant
officieusement à se déplacer "toutes les fois que tu le
croiras utile"140(*) et son nouvel ordre de mission lui donnant
compétence dans l'Ain et le Mont-Blanc.
Albitte arrive à Bourg le 28 nivôse an II (17
janvier), accompagné de commissaires civils pris dans le personnel
jacobin arrivé de Paris après la chute de Lyon. Albitte est
entouré de Dorfeuille, Millet, Vauquoy, Bonnerot, Darasse et du
général Lajolais.
A son arrivée, il fait réimprimer chez Bottier,
à Bourg, le décret du 14 frimaire (4 décembre).
Après avoir pris connaissance avec les
particularités et l'histoire d'un département peu connu, nous
allons voir maintenant, qui est Albitte.
II / biographie d'Antoine-Louis
Albitte
Antoine-Louis Albitte, personnage clef de cette étude,
est le vecteur des espérances des Sans-Culottes après le
départ de Javogues. Cette biographie va permettre de mieux cerner
l'homme afin de mieux comprendre son action dans le département de
l'Ain.
Nous allons donc ici voir le chemin social et politique de
l'homme principal de ce sujet.
A / ses origines
Antoine-Louis Albitte est né le 30 décembre 1761
à Dieppe, dans la généralité de Rouen. Son
père, François-Antoine Albitte est sieur d'Orival et "ancien
Garde du Roy en la prévôté de son hôtel la grande
prévôté de France"141(*). Sa mère est la fille d'un négociant
de Dieppe. Albitte est donc issu d'une bourgeoisie urbaine qui, à la fin
de l'Ancien-Régime, recherche un service anoblissant pour essayer
d'imiter la noblesse par l'achat, où le rachat de titres (son
père est sieur d'Orival) et qui par un mode de vie proche de cette
dernière (les fils Albitte portent tous des prénoms
composés incluant celui de Louis) attend une élévation
sociale de leurs statuts. Albitte est l'ainé d'une famille de quatre
frères et deux soeurs. Son frère cadet, Jean-Louis, aura un
rôle mineur durant la décennie révolutionnaire; en tant que
suppléant de la Seine-Inférieure à la Convention il n'y
siégera que deux fois.
L'éducation d'Antoine-Louis Albitte est typique de la
bourgeoisie urbaine d'Ancien-Régime : "collège des Oratoriens
de Dieppe, puis des études de droit à Rouen"142(*) où il devient vite
avocat et part exercer à Dieppe. C'est sans doute durant son
séjour chez les Oratoriens qu'il acquiert un esprit cartésien
dans lequel la logique ne laisse pas de place au hasard.143(*) Son éducation est
semblable à celle que reçoivent au même moment plusieurs de
ses futurs collègues (Javogues dans la Loire, Fouché à
Nantes et Robespierre à Arras). C'est comme le suppose V.Courtine
"par sa formation professionnelle qu' Antoine-Louis Albitte prend une part
plus active à la vie politique de son pays "144(*) A la veille de la
Révolution il s'inscrit, par sa formation intellectuelle et
professionnelle, dans la classe sociale qui est appelée à
être le réservoir qui fournira les acteurs et, ou, les orateurs de
la Révolution. Mais bien qu'instruit, Albitte apparaît comme un
homme au caractère faible et influençable qui ne fait pas de lui
un des ténors de la Révolution.
B / l'itinéraire révolutionnaire
d'Albitte
A Dieppe
Quand le 8 août 1788, Louis XVI convoque les Etats
Généraux, Albitte est alors élu membre de
l'Assemblée des représentants du Tiers Etat de Dieppe.
D'après un chroniqueur de l'époque Albitte "accueille les
débuts de la Révolution avec chaleur"145(*). Le 6 mars 1789 Albitte
semble, d'après V.Courtine146(*), prendre part à la rédaction du cahier
de doléances du Tiers Etats de Dieppe (puisqu'il en est un des
signataires) le 15 mars 1789. Le 25 juillet 1789 Albitte crée la Garde
Nationale de Dieppe et en devient chef de compagnie 147(*). Dès lors et tout au
long de sa carrière durant la Révolution, il va mener
parallèlement à sa carrière politique, une carrière
militaire. Albitte dès 1789, apparaît comme un civil
fasciné par la vie de soldat. Mais la politique et les idées
révolutionnaires ne le laissent pas indifférents. Il participe
à la diffusion des idées révolutionnaires en organisant
dès 1790, "avec seize autres citoyens. . .une société
des Amis de la Constitution"148(*) à Dieppe. Mais sa véritable
carrière politique commence le 21 juin 1791; alors qu'il est notable, au
moment où il est nommé électeur aux élections pour
former l'Assemblée Législative. Sans doute soutenu par ses
actions (création de la Garde Nationale de Dieppe et de la
société populaire), sa famille (son grand-père maternel a
été membre du Tiers de Caux) et ses idées, Albitte est le
quinzième représentant a être élu sur seize le 7
décembre 1791 par le département de la Seine-Inférieure
pour siéger à l'Assemblée Législative.
A l'Assemblée Législative
Fort de ses convictions politiques patriotes acquises et
rodées dans son département, Albitte siège dès son
arrivée à l'Assemblée sur la gauche et fidèlement
à ses idées il s'inscrit au club des Jacobins. A la
Législative, suivant son goût pour les affaires militaires, il
s'inscrit au Comité Militaire (où il s'intéresse, avec un
point de vue plus révolutionnaire que ses collègues, aux
problèmes de l'organisations de l'armée) et au Comité de
Marine. Il commence aussi à se pencher sur les questions religieuses.
Ses interventions à la tribune sont nombreuses mais
brutales et concises, cherchant à obtenir des tribunes des
applaudissements.149(*)
Lui-même a conscience de ne pas être un orateur comme certains
jacobins150(*); mais
cela ne l'empêche pas de faire 131 interventions en 11 mois de
législature.
Le 31 octobre 1791 il présente un rapport, fait au nom
du Comité Militaire, sur le mode de remplacement et propose la
suspension des nominations faites inconsidérément par les
officiers généraux. Le 7 novembre 1791 il s'oppose au
séjour près de l'Assemblée de troupes de lignes
dépendantes du Roi et il arrive à faire décréter
que la Trésorerie Nationale verserait des fonds à la caisse des
Invalides.
Le 17 et 18 novembre 1791, alors que la Législative
débat avec ardeur sur les mesures à prendre pour lutter contre
les actes d'insoumissions du clergé, Albitte combat des projets
concernant les prêtres réfractaires. Avec Isnard, il fait
décréter que les prêtres réfractaires aux lois et
aux autorités constituées seraient d'office mit en
détention pour deux ans. Lors des débats "Albitte intervient
énergiquement. Pour lui les prêtres non assermentés sont de
véritables ennemis de la Révolution. . .il leur refuse le titre
et les droits de citoyen"151(*) Le 25 novembre 1791 Albitte propose que les
édifices religieux non occupés puissent être achetés
et utilisés par des sociétés populaires. Son projet est
adopté grâce au soutien de Guadet. Dès 1791, Albitte
s'intéresse au problème de l'Eglise. Son point de vue va, avec le
temps, se faire encore plus radical, pour atteindre son paroxysme quand il sera
dans l'Ain.
Le 27 décembre 1791 il s'attaque à Narbonne
alors ministre de la Guerre, en demandant que ce dernier réponde
"sur sa tête des détails transmis sur la situation aux
frontières".152(*) Le 2 janvier 1792, il attaque de nouveau aux
ministres de la Guerre et de la Marine, qu'il accuse de négligence et de
trahison. Il demande leur mise en accusation. Il est à noter qu'au
moment où Albitte s'en prend à Narbonne et à Molleville,
Collot d'Herbois au club des Jacobins, se fait une spécialité
(depuis juin 1791) " de s'occuper. . .de la défense des soldats
opprimés"153(*). C'est ainsi que Collot d'Herbois, entre l'hiver
1791 et le printemps 1792, s'attaque "à plusieurs reprises
(aux) ministres et (au) pouvoir exécutif en
général, exercice de style alors très fréquent chez
les patriotes"154(*). Albitte, "très assidu aux séances
du club des Jacobins"155(*). ne peut donc pas manquer de voir et d'entendre
Collot d'Herbois (qui, en tant que comédien sait manipuler les mots) et
de suivre ainsi le courant patriotique qui tend à s'attaquer aux
ministres et au pouvoir exécutif. Dans l'espoir de ruiner
l'autorité de Louis XVI, Albitte fait décréter en mai
1792, "par une majorité enthousiaste que, dorénavant, la
formule réglementaire " Au nom de la Loi, de par le Roi" serait
modifiée en ce sens : " Au nom de la Nation et de la Loi, de par le
Roi"156(*)
Dans ses idées et dans ses actes, Albitte prend
rapidement vis-à-vis des soldats, une position proche de celle de Collot
d'Herbois. Effectivement, après la défaite de Tournay (le 28
avril 1792) il défend des pétitionnaires venu à
l'Assemblée accuser les généraux d'incapacité :
"il défend le soldat contre les chefs qu'il accuse de servir
mollement la Révolution. A une armée dévouée au
général, il préfère. . .une armée forte et
prête à verser son sang pour l'exécution des
lois."157(*) De
même, lors de la réforme des tribunaux Albitte réclame une
justice égale pour tous et condamne la composition des tribunaux
d'exception (dont les tribunaux militaires) qui sont composés en
majorité d'officiers. Il demande "que le soldat soit jugé par
ses pairs"158(*).
Cette politique de soutien du soldat face à
l'autorité de ses supérieurs tend à devenir une politique
de soutien du peuple quand, le 12 janvier 1792, il s'oppose vigoureusement
à la création de nouvelles brigades de gendarmerie,
préférant "des soldats contre l'étranger
(à des) sicaires pour aider à l'oppression de nos
concitoyens"159(*).
Toujours dans cette ligne de conduite il s'oppose, le 29 mai 1792, à ce
que des troupes de lignes dépendantes du Roi séjournent
près de l'Assemblée, comparant la présence de ces troupes
à la construction d'une nouvelle Bastille 160(*) Le 12 mai 1792, au moment
des débats sur l'organisation du défilé en l'honneur de
Simonneau, le maire d'Etampes, Albitte arrive à faire décider par
la Législative que le cortège sera composé de gardes
nationaux et de citoyens en armes. "Le plus beau cortège c'est le
peuple" 161(*)
dit-il alors. Dès lors, Albitte appui et appui sur le peuple et les
sans-culottes des faubourgs. Cet appui il le prouve le 19 juin 1792, en allant
avec Chabot, Bazire, Merlin, Goupilleau et Lasource "au district des
Enfants-Trouvés du faubourg St Antoine" 162(*) pour contribuer, par des
discours, aux événements du 10 Août 1792 163(*). De même, il aurait
d'après V.Courtine 164(*), participé avec la Commune de Paris, à
l'occupation des Tuileries. Dès lors, Albitte reste proche de la Commune
et du club des Cordeliers.
Le 11 juillet 1792, alors que la Patrie est
déclarée en danger, Albitte reprend une proposition de Carnot, en
date du 3 janvier 1792, qui demande la démolition de toutes les
forteresses des villes de l'intérieur, "que l'auteur du Contrat
Social appelle des "nids à tyrans" 165(*). Le 23 juillet 1792,
considérant que l'exécution des lois est primordiale, Albitte
fait décréter que les décisions de l'Assemblée
seront applicables dans les 24 heures.
Le lendemain du 10 août 1792, soutenu par Sers, Albitte
fait voter le renversement des statues de rois de la place Vendôme et de
la place Louis XV. Il demande que ces statues soient employées à
la fabrication de monnaies et de canons.
statue cassé
Le 21 août 1792 Albitte est élu secrétaire
de l'Assemblée Législative et fait établir un
crédit de deux millions afin de financer la constitution de courriers
extraordinaires, aux ordres du Ministère de la Guerre, dont il va
lui-même profiter. En effet, le 29 août 1792, il est nommé,
avec Lecointre, commissaires chargés d'aider à la levée
des volontaires dans les départements de l'Eure et de la
Seine-inférieure. Mais cette mission a comme but officieux celui de
préparer les prochaines élections dans des départements
dont les commissaires sont originaires, afin de donner aux jacobins une
majorité d'élus. Mais cette mission sort très vite de son
cadre théorique pour devenir aussi une mission de surveillance de la
bonne marche révolutionnaire des autorités locales.
Durant cette mission, Albitte acquiert une expérience
sur le terrain, se formant au rôle de représentant en mission. Il
va pouvoir alors mettre en pratique son goût pour les mises en
scènes symboliques.
Les premiers pas d'Albitte représentant du
peuple,
en mission dans l'Eure et la
Seine-Inférieur.
Albitte et son collègue Lecointre partent pour
Versailles en passant par Sèvres, où ils président
l'assemblée primaire et recrutent 150 hommes. A Versailles ils sont
accueillis par la garde nationale en armes et grâce à des discours
au langage "inspiré par les circonstances et l'amour de la chose
publique "166(*), ils recrutent 700 hommes. Tout au long de
sa carrière politique, Albitte va garder le goût des
déclarations et des discours, bien qu'il ne soit pas un brillant
orateur.
Dans l'Eure Lecointre et Albitte sont témoins
d'émeutes ou d'émotions, dont ils accusent les prêtres
réfractaires, qu'ils font alors arrêter. A Rouen, ils adressent
à la population un appel patriotique qui ne donne pas le résultat
escompté. En effet, Rouen a une réputation de ville
tièdeà cause de la présence de beaucoup de prêtres
réfractaires et de nobles. Le 13 septembre 1792, Albitte et Lecointre
écrivent qu'ils voient "avec chagrin abonder une multitude d'ennemis
de la Révolution" 167(*)dans cette ville. Alors que les deux hommes ont fait
arrêter des prêtres réfractaires dans l'Eure le 13
septembre, ils viennent au secours de prêtres menacés par la foule
à Quillebeuf. On peut voir dans ce geste toute la grandeur qu'Albitte
donne au respect des lois et par elles, de l'individu. Suit-il l'avis de
Lecointre, "l'un de ceux sur lesquels pèse le plus lourdement la
responsabilité des journées d'octobre 1789" 168(*) et dont "la grande
occupation est la dénonciation" 169(*); ou agit-il de son propre chef ? Quelques jours plus
tard, Albitte se retrouve chargé d'escorter des réfractaires qui
partent pour l'Angleterre. Il mène cette mission à bien en
évitant pour ces prêtres tout accident. On peut donc voir
qu'Albitte n'est pas un monstre sanguinaire, bien au contraire, son respect des
loi induit chez lui le respect physique des personnes. Ce trait de
caractère, qui tend à une certaine modération, se
vérifiera quelque temps plus tard à Marseille. Mais il est aussi
permis de penser qu'Albitte agit moins pondérément quand il se
retrouve au milieu d'un état de crise et, ou, au milieu de personnes
qui, par leur présence ou leurs actions, exerce une influence sur
lui.
A Fécamp Albitte et Lecointre trouvent des feuilles
d'enrôlement vierges. Ils accusent les prêtres et les nobles
"de corrompre l'esprit public dans la Seine-Inférieure"
170(*). Le 20 septembre
1792, ils sont à Dieppe. Dès le 28 août 1792, Albitte
écrit à la municipalité de sa ville natale afin que
l'enrôlement soit un succès. Le 22 septembre, les deux
représentants comptabilise l'enrôlement de 250 volontaires
à Dieppe et à peu près autant dans les cantons voisins.
Albitte, tout en veillant à l'enrôlement,
prépare son élection. Le 4 septembre 1792 l'assemblée
électorale de l'Eure l'élit au premier tour de scrutin ainsi que
Lindet, Buzot, Thomas, Duroy et Richon. L'assemblée électorale de
la Seine-Inférieur se prononce elle aussi le 4 septembre en faveur
d'Albitte. Le 8 septembre 1792 il accepte ses nouvelles fonctions, et opte pour
le mandat de la Seine-Inférieure. Fin septembre, alors que leur mission
est terminée, Albitte et Lecointre rentrent à Paris.
En onze mois d'Assemblée Législative et de
débats aux Jacobins, Albitte acquiert des convictions politiques plus
dures sous l'influence certaine des grands orateurs jacobins. Il devient un
ardent défenseur des soldats, du peuple et de la Révolution en
écoutant Collot d'Herbois aux Jacobins et en fréquentant la
Commune de Paris, auprès de laquelle il cherchera durant sa mission dans
l'Ain "l'approbation de ses arrêtés"171(*), se plaignant de "ne pas
être soutenu par le Comité de Salut Public"172(*). A la fin de son mandat
à la Législative, Albitte est devenu un homme
écouté de la gauche politique qui le considère comme un
patriote zélé. Son manque de génie révolutionnaire
l'oblige à être un "orateur brutal et concis" 173(*), spécialiste des
affaires militaires. Il n'obtient des résultats à ses projets
seulement quand il est fermement soutenu. Bien qu'il ne soit pas un personnage
de premier plan il a un penchant pour les symboles et les discours.
A la Convention
De retour à Paris, où la Convention siège
de puis le 21 septembre 1792, Albitte retourne prendre sa place avec les
jacobins, sur la gauche à la Montagne. Désormais, "Albitte
fait partis de ces hommes pour qui l'intérêt public passe avant
l'intérêt privé" 174(*). Le 27 septembre 1792 il rend compte de sa mission
avec Lecointre et "obtient les félicitations de
l'Assemblée" 175(*). Désigné avec Dubois-Crancé
pour faire partie du Comité Militaire, il participe aux discussions sur
les réformes de l'armée et surtout sur la nouvelle organisation
de celle-ci, où il prend une grande part. Avec Dubois-Crancé ils
font adopter le principe de la fusion entre régiments de lignes et
volontaires, c'est à dire les demi-brigades.
Toujours emprunt d'un certain esprit de conciliation, il
proteste le 13 octobre 1792 aux Jacobins, contre le discours de Couthon qui
dénonce le Comité de Constitution.
Sans doute soutenu par Dubois-Crancé et Lecointre, qui
dénonce les ministres Duportail, Beaumarchais et Narbonne; Albitte
reprend "ses dénonciations contre les généraux
d'Estournel, Ligneville, Mathieu-Dumas et Brunet" 176(*).
Quand s'ouvre le procès de Louis XVI, Albitte est
"très influent sur la majorité jacobine." 177(*). Lors des débats il
manifeste son opinion brutalement, où, en bon montagnard, il se montre
implacable. Le 11 décembre 1792 il refuse au roi le choix de
conseillers, voulant "détruire entièrement la tyrannie
(en faisant) tomber la tête du tyran" 178(*). Il rejoint lors de ces
débats, l'idée de Robespierre : "Louis doit mourir parce
qu'il faut que la patrie vive."179(*). Le 16 janvier 1793, soir du jugement, lors de
l'appel nominal Albitte est parmi " les montagnards les plus ardents" ;
avec Duhem et d'autres qui "ont quitté leur place et circulent
dans les rangs, surveillants les uns, gourmandant les autres, dictant le vote
aux indécis, intimidant les plus faibles" 180(*). Il vote la mort de Louis
XVI, sans appel, ni sursis. Albitte est un jacobin avancé, qui rejoint
en cela ces collègues Javogues, Fouché, Lebon et Carrier; dans
leur cursus politique. Il est le montagnard idéal, aux yeux de ses
collègues des Comités pour remplir un rôle de
représentant en mission. Il reste un homme de second plan, très
attaché aux affaires militaires et aux principes de la Révolution
au sein du Comité Militaire, dont Dubois-Crancé est le plus
influant.
Albitte participe aussi activement aux débats. Le 23
mars 1793 il fait décréter que "les émigrés,
arrêtés en pays étrangers, armés ou non
armés, soient traités de la même manière"
181(*). Il arrive aussi
à faire décrêter que les officiers nobles soient
destitués. Quand Robespierre fait décréter que les membre
de la famille royale ne puissent pas être membres d'une
société populaire, Albitte propose l'extension de cette mesure de
mise au banc de la vie politique, à tous les nobles et prêtres. On
peut voir dans cette attitude d'Albitte un premier pas vers une politique
sociale qui se concrétisera durant son séjour dans l'Ain, par les
arrêtés des 8 pluviôse an II et des 23 ventôse an II;
alors que ces idées qui ne seront que se renforcées et
s'affermies au contact des représentants à Commune-Affranchie.
Pour la politique militaire, "Albitte n'est pas un
partisan d'une armée permanente" 182(*). Il est plutôt partisan d'un service
militaire pour tous, suivant l'idée du soldat-citoyen
prônée par Dubois-Crancé. Depuis son mandat à la
Législative, l'opinion d'Albitte concernant le sort des soldats face
à celui des officiers a évolué. Désormais il
voudrait que les soldats choisissent leurs officiers comme il souhaite qu'il y
ait désormais une justice égale entre officiers et soldats :
"on veut sévir contre les soldats,. . .pourquoi ne pas frapper aussi
les généraux coupables ? "183(*) Il réclame donc la création d'une
commission spéciale chargée d'examiner la conduite des
généraux. Ces idées lui valent d'être accusé
de "vouloir supprimer toute autorité" 184(*). Son rapprochement
idéologique avec la Commune et le peuple parisien est évident.
Si Albitte agit avec vigueur contre les officiers c'est qu'il
impute les revers des armées républicaines, depuis l'insurrection
vendéenne en mars 1793 et la trahison de Dumouriez, à
l'incompétence des officiers.
Dans le même temps Albitte devient "un adversaire
irréconciliable des Girondins" 185(*). Il se rapproche de plus en plus du peuple,
approuvant le 5 avril 1793, la circulaire de Marat aux sociétés
populaires, les invitant à demander la mise en accusation des
généraux traîtres, des ministres prévaricateurs et
des agents infidèles du gouvernements; de même que la destitution
des conventionnels complices de Dumouriez, ou défenseurs du Roi. Albitte
soutient ces attaques masquées de Marat contre les Girondins comme il
défend "l'Ami du peuple", le 13 avril 1793, en refusant (avec
Dubois-Crancé, Ducos et Desmoulins) de signer sa mise en accusation. Par
ce geste symbolique Albitte continue de soutenir le peuple parisien et donc de
s'attirer la bienveillance du club des Cordeliers.
Le 14 avril 1793, sur proposition d'Albitte, la Convention
décrète la création de l'écharpe tricolore pour les
membres des conseils généraux des communes. Cette proposition
symbolique d'Albitte montre tout l'intérêt qu'il porte aux
représentants de la loi.
Fort de son travail au sein du Comité Militaire et de
sa mission réussie avec Lecointre, Albitte est nommé le 30 avril
1793 représentant auprès de l'Armée des Alpes afin de
"surveiller la frontières des Alpes, les places fortes ou forts dans
le département de l'Ain" 186(*). Ce rôle de surveillance des places fortes
dans l'Ain est un des éléments essentiels de la contestation du
16 nivôse an II des représentants à Commune-Affranchie des
pouvoirs de Gouly et favorise la nomination d'Albitte dans l'Ain. 187(*)
En mission à l'Armée des
Alpes
Albitte est nommé le 30 avril 1793 avec Nioche et
Gauthier-des-Orcières.188(*)
Le 11 mai 1793, sur le chemin de l'Armée des Alpes les
trois hommes s'arrêtent à Lyon. Le 12 ils sont rejoints par
Dubois-Crancé. Ce dernier, général de brigade depuis le 7
mai 1793, est un homme courageux, "vigoureux comme orateur et même
comme écrivain, Dubois-Crancé dépasse et domine ses
collègues" 189(*). A n'en pas douter la proximité de
Dubois-Crancé, "l'une des têtes les plus fortes de la
Révolution" 190(*), auprès d'Albitte influence le
député dieppois. Albitte, comme Dubois-Crancé, va
mène dès lors, parallèlement à sa carrière
politique, une carrière militaire. Le 9 mai 1793, il est nommé
"lieutenant au 14 régiment de chasseurs à cheval"
191(*).
Dubois-Crancé prend les initiatives sur ces collègues, ayant sans
doute sur eux une supériorité morale et technique; en effet il
possède sur eux une expérience militaire qui fait de lui le
leader du quatuor 192(*)
Lyon est alors en plein conflit politique entre jacobins et
modérés, entre "le clivage politique (des)
autorités municipales et départementales" 193(*). Dans la ville règne
une grande tension. La ville étant au bord de la guerre civile, les
représentants doivent donc agir avec tact et précaution. Le 13
mai 1793 les représentants réunissent, en séance publique,
les corps administratifs. Dubois-Crancé parle de l'insurrection
vendéenne. Puis les quatre conventionnels invitent les autorités
constituées à redoubler d'énergie de zèle et
d'activité pour prévenir les troubles. Le lendemain cette
réunion donne naissance à la proclamation du 14 mai 1793, qui
selon T.Koï 194(*),
"relève d'avantage de l'Hébertisme que du Robespierrisme".
Cette "guerre sociale aux riches", initiée par
l'arrêté, est reprise, dans l'Ain par Gouly 195(*)et le sera en moindre
échelle par Albitte.
Le 16 mai 1793, les représentants quittent Lyon pour
Grenoble, où les Piémontais font une offensive.
En apprenant les agitations qui secouent la ville rhodanienne,
Nioche et Gauthier-des-Orcières se séparent d'Albitte et de
Dubois-Crancé; pour retourner à Lyon.
Pourquoi Albitte ne les accompagnent-ils pas ? On peut
supposer qu'il se sent plus à l'aise auprès des armées en
campagne que dans une fonction auprès de population civile; sachant
qu'en brumaire an II, Collot d'Herbois voit "Albitte comme plus utile avant
tout auprès des troupes" 196(*), il est donc évident qu'en mai 1793,
Dubois-Crancé, accorde plus de crédit à voir Albitte vers
les troupes, que dans un rôle de médiateur que son manque de
génie oral n'aurait pas favorisé.
Une question se pose alors : pourquoi Albitte, est-il
envoyé dans l'Ain, le 19 nivôse an II dans une fonction civile,
alors que jusque là tout le désigne comme parfait auprès
des armées ?
Albitte et Dubois-Crancé apprennent les
événements de Lyon du 29 mai, alors qu'ils sont à
Chambéry. Sans doute craignant de voir les arrières de
l'Armée des Alpes menacés ils envoient une réquisition
à Kellermann qui ordonne de faire marcher des troupes sur la ville.
Lindet, le 3 juin 1793, dénonce cette mesure comme "funeste à
la République"197(*). Le 13 juin 1793 dans une lettre à Calon,
conventionnel de l'Oise, Albitte approuve les événements du 31
mai et du 2 juin198(*)
à Paris. A une époque où la Révolution est
ébranlée il commente très durement la situation, pour lui
Lyon "est véritablement contre-révolutionnaire; la parti
populaire y est atterré. . .la France est inondée des agents du
Brissotisme, que l'esprit du peuple est égaré, que la coalition
des égoïstes et des aristocrates existe réellement "
199(*). Albitte,
Dubois-Crancé, Nioche et Gauthier-des-Orcières travaillent pour
d'améliorer l'approvisionnement des troupes. Ils s'occupent
essentiellement des ces dernières. En effet ils jugent tout ce qui se
passe autour d'eux, avec le regard de personnes préoccupées par
les affaires militaires aux frontières. C'est pour cela que
Dubois-Crancé et Albitte écrivent aux Jacobins de Paris en se
plaignant que leurs requêtes ne sont entendues. Le 24 juin 1793, dans un
courrier adressé au Comité de Salut Public, ils se plaignent du
manque de soutien de ce dernier 200(*). De même ils préviennent Paris des
troubles lyonnais grandissant qui pourraient devenir fatal pour l'Armée
des Alpes, puisque Lyon en est la base principale.
Le 27 juin 1793 les représentants demandent de
"déclarer Lyon en état de révolte, (d')
appeler contre lui les départements environnants"201(*). Albitte, avec la fougue de
Dubois-Crancé comme modèle, prend son rôle de
représentant très à coeur, sa nomination au grade de
capitaine le 10 juin, ne pouvant que renforcer cet état d'esprit.
A la nouvelle de la révolte de Marseille le 6 juillet
1793, un corps de 1500 hommes détaché de l'Armée des Alpes
est formé. Il est sous le commandement du "sans-culotte
général Carteaux" 202(*), et sous la tutelle d'Albitte. Leur mission est de
marcher sur Avignon pour empêcher toute jonction entre Marseillais et
Lyonnais. Le 8 juillet 1793 le détachement arrive à Valence et se
dirige sur Pont-St Esprit qui tombe le 14 juillet 1793. Albitte voit en oeuvre
les armées de la République et commente au ministre de la Guerre
comme un succès "l'amalgame généraux et
sans-culottes" 203(*).
Vers le 9 juillet 1793, se joint à la colonne de
Carteaux et d'Albitte, quelques hommes sous le commandement d'un jeune
capitaine, fringuant jacobin, qui se voit confiER le commandement d'une colonne
d'artillerie volante, afin d'aider à prendre Avignon.
Le 25 juillet 1793 Avignon est prise, et les 28 et 29 se sont
au tour de Tarascon et Beaucaire de tomber dans les mains des troupes de la
Convention.
Le jeune capitaine, du nom de Bonaparte, écrit à
cette date Le souper de Beaucaire, où il présente une
conversation (à la manière du Père Duchêsne
d'Hébert) entre un fabricant montpelliérain, un nîmois et
deux négociants marseillais. Cette brochure, sûrement très
jacobine, plaît à Albitte qui en ordonne la réimpression
aux frais du Trésor. Albitte voit dans Bonaparte un jeune officier,
plein d'énergie et d'idéologie montagnarde. Il l'encourage donc
et le conforte dans ses dispositions vis à vis du parti dominant
à la Convention. Il encourage donc un officier de la nouvelle
génération, c'est à dire non-suspect comme les officiers
de l'Armée Royale, et patriote. Bonaparte rentre donc, tout à
fait dans l'idée que se fait Albitte de l'officier méritant et
partageant le sort de ses troupes 204(*). Albitte sans le savoir prépare sa
carrière post-révolutionnaire.
Le 25 août 1793, c'est au tour de Marseille de
tomber.
Avec sa carrière militaire qui évolue plus vite
que sa carrière politique, Albitte mène les troupes plus comme un
soldat que comme un civil. Peut-être a-t-il la même attitude que St
Just à l'Armée du Rhin ? Le 9 septembre 1793 Albitte écrit
à la Convention pour décrire la situation économique
catastrophique de Marseille. Devant le nombre élevé de suspects
il écrit le 12 septembre 1793 que si l' "on punissait à
Marseille et dans le département des Bouches-du-Rhône tous les
coupables, trois quarts au moins de la population disparaîtraient."
205(*). Cette attitude
conciliante, inhérente au caractère d'Albitte, lui vaut
d'être dénoncé le 20 octobre 1793 par Barras et
Fréron auprès du Comité de Salut Public : "Albitte a
montré la plus invincible répugnance pour les grandes
mesures" 206(*).
Paradoxalement le 18 pluviôse an II alors qu'il est dans l'Ain, Albitte
se voit encore dénoncé aux Jacobins de Paris par Loys (membre
d'une députation marseillaise) car "la société
populaire (de Marseille) eut beau lui présenter la
nécessité de faire incarcérer les
contre-révolutionnaires de Marseille, il répondit par des
objections futiles et ne voulut prendre la responsabilité de telle
mesure." 207(*).
Il est intéressant de noter, pour l'historien, ici
toute l'ambiguïté du personnage, qui en septembre 1793 à
Marseille fait figure de modéré, alors qu'il est vu comme "un
sultan d'Asie avec des hussards pour janissaires" 208(*) par la population de Belley,
en l'an III. Est-il victime du changement de perception de ses contemporains,
en fonction du revirement des tendances politiques et, où, est-ce ici
l'illustration parfaite d'un homme au caractère plutôt
influençable ? Les deux réponses sont justes mais, il semble bien
que la tourmente révolutionnaire et ses effets aient sur Albitte une
certaine emprise, ayant tendance à altérer quelques fois son
caractère conciliant.
Le 9 septembre 1793, par un décret émanant de la
Convention, Albitte ainsi que ses collègues auprès de
l'Armée des Alpes, de l'Armée d'Italie, en mission dans le Var,
et les Bouches-du-Rhône; doit de rendre à Toulon pour y
réduire la révolte.
Barras, Fréron, Ricard, Saliceti, Escudier, Albitte et
Robespierre-le-jeune, se retrouvent devant la ville assiégée.
Le 26 septembre 1793, alors que Doppet remplace Carteaux
à la tête de l'armée, Albitte est chargé par ses
collègues de se rendre à Paris, afin d'exposer la situation
devant Toulon. Ses confrères, ont-ils voulu écarter Albitte
qu'ils trouvent alors trop modéré ? Cette hypothèse est
fort probable, étant donner que Carteaux qui était avec lui
à Marseille, est lui aussi écarté de la place. Albitte est
à Paris quand Lyon est reprise le 9 octobre 1793.
Le 18 octobre, il est chargé de se rendre à
Commune-Affranchie pour s'occuper du ravitaillement en armes, munitions et tout
ce qui peut être utile à l'armée en campagne à
Toulon. Albitte arrive à Commune-Affranchie le 24 octobre 1793 où
se trouve déjà Couthon. Bien qu'étranger aux affaires
propres à Commune-Affranchie, il approuve néanmoins les mesures
décretées par son collègue (création d'un tribunal
militaire) et ses idées (transfert de population) 209(*). Albitte comme toujours,
conduit sa mission avec beaucoup de zèle. Avec Doppet, ils se chargent
du ravitaillement des troupes assiégeant Toulon. Pour cela, il se rend
à Chambéry le 31 octobre 1793 pour former des bataillons. De
même, il va à Grenoble, pour faire marcher des canonniers sur
Toulon.
Le 6 novembre 1793, alors qu'il est sur la route pour
rejoindre Toulon, il reçoit, lors d'une halte à Valence, une
lettre du Comité de Salut Public, requérant sa présence
à Commune-Affranchie, mais comme représentant auprès de
l'Armée des Alpes.
A Commune-Affranchie, il retrouve Collot d'Herbois,
Fouché et Laporte (qui était parti "pour se reposer quelques
jours à la campagne" 210(*)). Collot d'Herbois et Fouché, exercent
"une grande influence sur le caractère faible d'Albitte"
211(*). Collot d'Herbois
(ancien acteur, orateur aux Jacobins) a été en mission dans la
Nièvre et le Loiret. En tant que membre du Comité de Salut
Public, il ne peut qu'augmenter son aval sur Albitte que sa formation
professionnelle et politique desservent déjà beaucoup. Bien que
le nom d'Albitte apparaisse avec celui de ses collègues au bas des
arrêtés, il ne prend pas une part active aux fonctions relevants
des représentants à Commune-Affranchie.212(*). "Collot d'Herbois
considère Albitte comme utile avant tout auprès des
troupes" 213(*)
donc loin des affaires des représentants à Commune-Affanchie.
Albitte ne désapprouve pas pour autant les mesures
révolutionnaires de ses collègues.
Albitte trouve dans Collot d'Herbois un "ardent
défenseur" 214(*) . Y trouve-t-il aussi un modèle, entre
militant jacobin et sympathisant cordelier ? Cette amitié, ainsi que
celle de Fouché, lui sauve peut-être la vie en thermidor an II.
C'est à Commune-Affranchie qu'Albitte prend
modèle pour mener une mission auprès de populations civiles.
L'expérience de Fouché et Collot d'Herbois (ainsi que les mesures
révolutionnaires prises à Commune-Affranchie) façonnent
l'idéologie d'Albitte215(*) A Commune-Affranchie, Albitte côtoye Javogues,
qu'il trouve (grâce à "sa perspicacité habituelle"
216(*)) trop impulsif,
ne calculant rien et n'écoutant pas sa raison. Les deux hommes pourtant
s'apprécient.
Albitte lors de ses séjour à Lyon, informe le
Comité de Salut Public non seulement de ses actions (il rédige
presque une lettre par jour), mais aussi de ce qu'il voit et de ce qu'il pense.
Il se montre très perspicace et logique. Il étudie les choses
autours de lui et en fait rapport avec une franchise très droite. Ainsi
en Octobre 1793, il n'hésite pas à critiquer la loi du
maximum217(*) et en
Vendémiaire an II à critiquer l'anarchie des pouvoirs qui
découle du trop grand nombre de représentants du peuple et de
commissaires du pouvoir exécutif qui sillonent les mêmes
départements. A cette dernière critique, Albitte donne une
solution dont il bénéficiera dans l'Ain : un ou deux
représentatns par départements avec les pleins pouvoirs sans
aucuns autres intermédiaires que les administrations locales pour se
charger des affaires218(*).
Cette perspicacité (d'après C.Lucas propre
à Albitte) lui fera plutôt défaut dans l'Ain.
A Commune-Affranchie Albitte fait la connaissance de
Dorfeuille, Millet, Vauquoy, Merle et Bonnerot. Mais c'est aussi à
Commune-Affranchie, qu'il tombe gravement malade. Il est victime d'une
affection arthritique chronique qui déclenche chez lui une
"gêne des mouvements musculaires au point que le malade ne peut
marcher sans les secours de la béquille. Les mêmes douleurs
portent tour à tour aux différents systèmes et semblent
s'être particulièrement attachés aux organes
urinaires"219(*).
Albitte n'a certainement pas besoin à ce moment de béquille, mais
il se fait néanmoins suivre par un médecin militaire en poste
à Mâcon220(*). Cette maladie, Albitte va la subir jusqu'à
la fin de sa vie.
C'est à cause de sa maladie qu'Albitte demande, en
nivôse an II, à partir auprès de l'Armée des
Pyrénées221(*). Son désir de changer d'affectation et la
contestation des pouvoirs de Gouly par les représentants à
Commune-Affranchie et les dénonciations des Sans-Culottes de l'Ain,
amènent le Comité de Salut Public à prendre une
décision rapide et donc nommer Albitte dans l'Ain 222(*)
Le Comité a toute confiance en lui et l'envoi dans
l'Ain pour s'assurer que les loix révolutionnaires sont biens
appliquées, si ce n'est pas le cas de prendre des mesures pour le
faire.
Albitte ne part pour Bourg que le 27 nivôse (16
janvier). Sûrement a-t-il attendu que son successeur Méaulle
arrive; comme il lui a sans doute fallu le temps pour préparer sa
mission. Lui sont adjoints plusieurs commissaires civils, hommes politiquement
et professionnellement éprouvés pour ce genre d'action. Il part
avec comme conseil du Comité de Salut Public de rester en correspondance
avec ses collègues à Commune-Affranchie.
Venant de Commune-Affranchie, Albitte arrive à Bourg le
28 nivôse an II (17 janvier), en compagnie de clubistes parisiens pris
dans l'entourage des représentants à Lyon. On peut penser que
l'envoi de ces commissaires civils dans l'Ain et le Mont-Blanc avec Albitte,
fait suite aux tensions qui règnent entre amis de Chalier et clubistes
parisiens à Commune-Affranchie. En effet ces derniers ont la confiance
des représentants à Lyon 223(*). L'envoi de ces hommes, outre le fait de marquer un
esprit de conciliation avec les jacobins lyonnais, montre aussi la
volonté des représentants de vouloir imprimer efficacement la
marche du Gouvernement Révolutionnaire224(*) dans l'Ain, en secondant Albitte par des experts de
ce genre de travail. Ces commissaires nationaux forment donc le premier
entourage d'Albitte, ayant pour rôle, de le conseiller, de l'aider, mais
aussi de le diriger quand le représentant pourrait faire preuve de
modération comme à Marseille. Qui sont ces hommes, quelle est
leur formation et leur parcours révolutionnaire ?
III : l'entourage d'Albitte dans
l'Ain
A : les parachutés Lyonnais
Parmi ces "parachutés" Lyonnais qui constituent le
premier entourage d'Albitte, certains plus que d'autres, vont marquer d'une
trace indélébile l'histoire de la Révolution dans l'Ain.
Parmi eux, le plus important est sans hésitation Dorfeuille.
Dorfeuille
Philippe-Antoine Gobet dit Dorfeuille est né le 1er
décembre 1754 à Troyes 225(*) ou à Sézanne 226(*) dans une famille bourgeoise.
En 1775, il fait partie de la troupe du Prince Charles de Lorraine et se
produit en Belgique. En 1777, il est membre de la compagnie de Gand comme
premier acteur et met en scène des pièces de sa composition. Fin
1779, il joue une de ses pièces à Maastricht. Ph.Bourdin pose la
question, si Dorfeuille n'aurait pas rencontré pour la première
fois Collot d'Herbois qui, lui joue à Anvers227(*). En 1782, alors que les
critiques le comparent à Le Kain, Dorfeille intègre la
Comédie de Clermont-Ferrand. Soutenu par ses débuts prometteurs
il tente en 1784 de rentrer à la Comédie Française mais
sans succès.
Toujours en 1784, après son échec à la
Comédie Française, Dorfeuille, fait jouer quelques une de ses
pièces à Paris et épouse une actrice
Julie-Françoise Coigny, née en 1748.
Le jeune couple repart en province, où on le retrouve
le 5 juin 1785 à Clermont-Ferrand pour jouer une pièce de
théâtre. Puis il se rend aux Pays-Bas et obtient des premiers
rôles en 1786 à Ostende; il devient, par la suite directeur d'une
troupe à LaHaye.
Dorfeuille revient à Paris et joue le 5 février
1789 une pièce, où "il ne put terminer son
rôle"228(*).
Cet échec lui vaut à nouveau le refus d'entrer à la
Comédie Française.
Dorfeuille à la suite de ce second échec rejoint
son frère Pierre au Théatre des Variétés.
D'après F.Braesch 229(*), Dorfeuille aurait été le directeur
d'Hébert aux Variétés. Mais cela semble fort peu probable,
F.Braesch doit sans doute confondre Philippe-Antoine Gobet dit Dorfeuille
(notre personnage) avec Pierre Poupart ayant lui aussi pour nom de scène
Dorfeuille. Ce dernier, acteur reconnut, obtient le soutien de Philippe
d'Orléans, qui l'installe en 1785, dans une salle du Palais-Royal,
appelée les "Nouvelles Variétés Amusantes", puis le
réinstalle à coté du Palais-Royal en 1790 230(*). S'agit-il de son
frère ? Si tel est le cas, Dorfeuille (à défaut d'avoir
été le directeur d'Hébert) l'a sans doute rencontrer ici
ou ailleurs, étant donné le caractère spécifique du
théâtre sous l'Ancien-Régime.
Dorfeuille a donc sûrement une grande quantité de
relations dans le monde du théâtre et est sans doute amené
à jouer les pièces de Molière, Diderot, Voltaire ou
Beaumarchais. La comédie et le théâtre devenant avec
Beaumarchais "révolutionnaires. . .politiques et
sociales"231(*), la
carrière théâtrale fait des comédiens des personnes
tout à fait enclins aux idées démocratiques et
révolutionnaires.
En effet les pièces de Dorfeuille subissent cette
influence libérale. En 1779, il est l'auteur du protecteur
ridicule et en 1783 du soldat laboureur.
De retour en province, Dorfeuille joue à
Clermont-Ferrand en janvier 1790 une pièce de Collot d'Herbois et se
lance dans la politique, en publiant plusieurs pamphlets dont un sur les
prêtres dont l'action se déroule en Picardie 232(*). En 1790 il serait de
passage à Bourg où il écrit le miracle de la Sainte
Aumelette. Début 1791 il donne la pièce Guillaume Tell
à Bayonne. Quand Mirabeau meurt, Dorfeuille porte le deuil. Ce geste
montre son penchant pour les idées patriotiques. Entre 1790 et 1791 il
publie trois brochures : La Lanterne Magique Patriotique, ou le coup de
grâce de l'aristocratie, L'Epître de St Augustin à la
comédie italienne et La Religion de Dieu et La Religion du
Diable. Il est déjà un ennemi acharné de la religion,
qui n'a pour les gens de la comédie que le plus grand mépris.
Sans doute ce rejet de l'Eglise pour les acteurs a fait naître en lui une
haine de la religion catholique. Puis il effectue un"Tour de France" des
sociétés populaires en désirant "y propager la foi
civique" 233(*).
C'est ainsi qu'on le retrouve à Bordeaux en mai 1791 où il se
fait recevoir membre de la société populaire; puis à St
Martin Ile-de-Ré en juin, à Alençon le 6 août 1791
ou "sa déclamation expressive et vigoureuse"234(*) charme le public. Il est
à La Flèche le 26 août 1791 et aussi à Dreux en
septembre. Il est reçu à la société populaire du
Mans où le 3 septembre 1791 ses talents d'orateur sont vivement
applaudit. Il propose que le coeur d'Henri IV, qui est à La
Flèche soit transporter à Paris lors de la prochaine fête
de la Fédération.
Membre de la société des Jacobins de Toulouse
"il s'y montre très actif"235(*). Il est aussi citoyen actif de la dite ville.
Dorfeuille dès le début de la Révolution
fait preuve d'un sens antireligieux certain, que son statut de comédien
n'a pu que conforter durant ses années sur les planches.
Dorfeuille a le "verbe sonore" 236(*) et une "voix
tonnante" 237(*).
Il sait maîtriser sa voix et sait donner à un texte de l'ampleur.
D'une taille moyenne les cheveux noirs, il porte une barbe noire qui souligne
un visage "ovale aggravé de la petite vérole" 238(*).
Il s'engage le 3 août 1792, avec le grade de
sous-lieutenant au 1er bataillon des volontaires de l'Hérault. A la vue
de ses motivations, il est probable qu'il s'engage afin de propager les maximes
révolutionnaires dans les armées. A partir du 22 août 1792
à Grasse, il occupe la place d'aide-de-camp du
lieutenant-général Anselme à l'Armée du Midi
239(*) et rencontre
Dubois-Crancé. Sans doute faut-il voir dans cette nomination un choix
politique plus que militaire du Conseil Exécutif Provisoire voulant
certainement doter la troupe d'un encadrement de "commissaire politique"
officieux tout en promouvant des patriotes jugés sûrs.
Effectivement, il organise à Marseille la cérémonie en
mémoire des Marseillais morts lors le 10 Aôut et devient
l'intermédiaire entre le club de la dite ville et l'armée.
Il entre avec Anselme dans Nice libérée des
Piémontais le 29 septembre et contribue à la mise en place du
club local. Il est chargé d'emmener à Paris les drapeaux pris
à l'ennemi. Chaque étape vers Paris est une occasion pour lui, de
glorifier l'Armée du Var dans des représentations
théatrales. Il arrive à Paris en décembre 1792. De retour
à Nice après la disgrâce d'Anselme (que Collot d'Herbois a
fait arrêté en février 1793), Dorfeuille est attaché
au général Saint-Martin par les représentants
Grégoire et Jagot240(*). Il va en Corse avec le général et de
retour sur le continent il rejoint Dubois-Crancé.
En septembre 1793 Dubois-Crancé nomme son "cher
Dorfeuille" 241(*),
commissaire civil dans le district de Roanne pour "organiser la
levée contre Lyon"242(*) et le Forez fédéraliste. Dorfeuille
fait son apprentissage de commissaire civil. Doté de pouvoirs
étendus, il épure la municipalité de Roanne, constitue un
comité de surveillance et une société populaire et
à la tête de la garde nationale de Roanne occupe Boën le 9
septembre 1793. Durant cette mission Dorfeuille sympathise avec Javogues et
passe de "vieux compagnon de beuverie" 243(*) (amateur de Bourgogne)
à celui de "palliatif Dorfeuille"244(*). Dans la Loire, Dorfeuille
accumule les gestes profanes et les propositions païennes. Il boit avec
Javogues "à grandes lampées les vins les plus exquis saisis
dans les caves d'un suspect et à porter des toasts. . .avec une
tabatière en or" 245(*), comme il propose que l'on adore le soleil et les
étoiles 246(*).
Dorfeuille se place dès lors, comme beaucoup de
jacobins, comme "un activiste de la déchristianisation"
247(*). En effet,
Dorfeuille franchit rapidement le pas entre anticléricalisme et
déchristianisation, mais reste néanmoins plus un orateur qu'un
homme de terrain.
Lorsque commence le siège de Lyon, Dorfeuille,
après avoir bousculé les Montbrisonnais 248(*), marche sur la ville
assiégée à la tête d'une colonne armée. Le 11
octobre 1793, par un arrêté de Couthon et Maignet, Dorfeuille est
mis à la présidence de la Commission de Justice Populaire de
Lyon, qui devient le 1er frimaire an II (21 novembre) le Tribunal
Révolutionnaire de Lyon.
Le rôle de cette Commission est de "juger tous les
individus prévenus d'avoir pris part à la
contre-révolution qui s'est manifestée en la ville de Lyon,
autres que ceux qui ont été pris les armes à la main"
249(*) Son but est de
briser les intellectuels et les orateurs des partis Girondin et royaliste.
C'est un tribunal aux pouvoirs vastes que préside Dorfeuille. C'est au
tribunal que Dorfeuille fait la connaissance de Merle, l'accusateur public
originaire de Bâgé-le-Châtel. A Commune-Affranchie
Dorfeuille, homme de scène par sa formation, préside le 20
brumaire an II (10 novembre) à la tête du club central la
fête en l'honneur de Chalier, qui tourne en une mascarade antireligieuse.
Il envoie par la suite, le buste de Chalier aux Jacobins de Paris dont il est
membre.
Le Tribunal Révolutionnaire voit son activité
augmenter rapidement, passant d'une condamnation par jour, le 10 brumaire an II
(10 novembre), à 10 condamnations par jour le 19 brumaire an II (19
novembre), sous les accusations de "demi-mesures" 250(*) de Fouché et de
Collot d'Herbois. Ce dernier dans une lettre au Comité de Salut Public
trouve que "le tribunal va ferme, mais sa marche est lente."
251(*). Lors de
l'arrêt de cette cour de justice, le 9 frimaire an II (29 novembre), le
Tribunal Révolutionnaire de Lyon a condamné 113 personnes
d'après M.Glover. Ce chiffre est de 273 personnes pour J.Balteau,
M.Barroux et M.Prévost.
Dorfeuille à Commune-Affranchie se lance dans le
journalisme, en rédigeant "sous le nom de Damane" 252(*) 32 numéros du"
Père Duchèsne" de Lyon à partir du 21 novembre 1793. Cette
activité journalistique convient parfaitement au rôle de
propagandiste révolutionnaire que Dorfeuille se donne depuis 1790.
Les exécutions massives des 14 et 15 frimaire an II (4
et 5 décembre), ne sont pas un secret pour Dorfeuille. Même si le
Tribunal Révolutionnaire ne fonctionne plus, il semble que Dorfeuille
ait une part de responsabilité dans ces affaires. En effet c'est lui qui
écrit aux représentants qu' "un grand acte de justice
populaire se prépare" 253(*). Dorfeuille, dans son père Duchèsne,
est d'accord avec la politique de répression à outrance. Il
souhaite la mort de tout "les marchands, tous les accapareurs d'argent. .
.tous les prêtres, tous les riches, tous les procureurs et les gens de
loi" 254(*).
Dorfeuille, s'il est un homme de confiance des
représentants à Commune-Affranchie, est aussi un membre du club
des Jacobins de Paris et a ses entrées auprès des membres de la
Convention 255(*) comme
sans doute à la Commune.
Fin frimaire an II, Dorfeuille est nommé à
Commune-d'Armes pour diriger l'industrie des armes. Mais ses fonctions sont
comme toujours multiples : "destruction de fanatisme, coordination des
diverses autorités, maintien de l'esprit public" 256(*). Dorfeuille a un rôle,
et une autorité comparable à celui d'un conventionnel en mission.
Il agit donc de même en nommant des commissaires pour parcourir les
villages y distribuer ses écrits. Il est donc normal qu'un homme qui a
toute la confiance des représentants à Commune-Affranchie,
évangélisateur républicain et ennemi de
l'inégalité sociale, seconde Albitte.
Dorfeuille est un agent du Gouvernement Révolutionnaire
en province, qu'il convient de juger efficace. Il est rodé à la
propagande, aux initiatives personnelles, aux responsabilités, mais sans
aucune connaissance du département de l'Ain dans lequel il se rend.
Orateur habile, lui et les autres commissaires, n'ont pour
seules informations sur l'état politique de l'Ain, que celles
distillées par les Sans-Culottes de Bourg, dont les motivations
politiques vont trouver dans les commissaires civils, une approbation totale et
effective étant donné les idées politiques
entachées d'hébertisme de ces hommes.
discours de dorfeuille aux soldats de
257(*)
Vauquoy, Millet, Bonnerot et Darasse
Les renseignements sur les personnages suivants sont
plutôt vagues. Aucune biographie, ou aucun travail n'ayant
été effectué, à ma connaissance.
Louis-Reine Vauquoy est né en 1760 à Paris.
Employé avant la Révolution à la Ferme
Générale, il devient secrétaire-comis des Jacobins
à Paris. Nommé par Fouché, à son arrivée de
Paris, membre de la Commission Temporaire de Surveillance de
Commune-Affranchie. Commissaire itinérant, son nom devient synonyme de
déchristianisation et de répréssion dans le district de la
Tour-du-Pin dans le département de l'Isère en 1793,. En effet,
à La Balme, près de Crémieu, la crainte de Vauquoy et de
ses "enragés" 258(*), pousse la municipalité de La Blame "a
immerger dans le lac de la grotte la ci-devant vierge, qui se dressait au fond
de la chapelle" 259(*).
Pour M.Vovelle, Vauquoy est un "activiste de la
déchristianisation" 260(*) tout comme l'est Dorfeuille. Mais la
différence entre les deux hommes réside dans le fait que Vauquoy
est un homme d'action et de terrain aux initatives nombreuses mais souvent
malheureuses pour les populations locales. Amateur de vin, au même titre
que Dorfeuille, il amène avec lui dans l'Ain, "une caisse de vin
étranger. . .de Grenoble" 261(*), qu'il partage avec "son bon ami et son
camarade" 262(*)
Lajolais, avec qui il loge à Bourg.
Le 7 frimaire an II (27 novembre), Vauquoy est nommé
membre de la Commission Révolutionnaire. Il refuse ce poste. Ce refus ne
l'empêche pas, durant ses missions avec Convers dans les districts de
Montluel, Pont-de-Vaux et Châtillon-sur-Chalaronne de se donner le titre
d"adjoint et membre de la Commission Temporaire" 263(*). Parle-t-il peut-être
de la Commission Temporaire de Surveillance établie rue St Catherine
à Commune-Affranchie ?
Marié, Vauquoy se fait rejoindre par sa femme à
Bourg 264(*).
Millet est un ancien comédien qui rédige avec
Dorfeuille le Père Duchèsne de Lyon 265(*). Il semble que les deux
hommes soient de bons amis 266(*)
Comme commissaire civil, Millet oeuvre dans la Loire de la fin
brumaire au début de frimaire an II. Il est alors porteur d'un ordre de
mission émanant des représentants à Commune-Affranchie,
qui le dote des pouvoirs "d'arrestations. . .de propagande et de
coordination des autorités" 267(*). Il ne reste que peu de temps dans les districts de
Roanne et de Boën mais suffisamment pour prendre part à la
déchristianisation. Pour M.Vovelle, Millet est plus un orateur qu'un
homme d'action. En frimaire, Millet est de retour à Commune-Affranchie,
comme secrétaire et "investigateur des pièces relatives aux
coupables" 268(*).
Bonnerot, vient aussi de Lyon. Se disant être un ancien
acteur de théatre, il se présente en pluviôse an II (alors
en mission avec Millet à Trévoux), comme "manbre (sic)
de la commission tanporaire (sic)"269(*). Bonnerot fait ici sans doute allusion à la
Commission Temporaire de Surveillance 270(*), car il n'est fait nulle part mention de sa
nomination à la Commission Temporaire présidée par
Parrein. Ce qui est sur, c'est que cet homme est un homme du peuple,
peut-être un membre de l'Armée Révolutionnaire Parisienne
sûrement plus un activiste de terrain qu'un orateur.
Le secrétaire d'Albitte, est Darasse. Lui aussi
comédien, et il se définit dans l'arrêté d'Albitte
du 10 pluviôse an II 271(*) "secrétaire de la Commission
Temporaire". Tout comme Bonnerot, ne figurant pas sur la liste des membres
de la dite Commission que nous donne M.Glover, on peut donc penser, qu'il est
lui aussi sorti de la Commission Temporaire de Surveillance.
le général Lajolais
Frédéric-Michel-François-Joseph de
Lajolais est né le 1er août 1765 à Wissembourg, dans le
futur département du Bas-Rhin. Cet alsacien est un militaire de
carrière, qui s'engage dès 1778, comme volontaire au
régiment d'Alsace, régiment considéré par
l'administration militaire comme un régiment étranger.
Lajolais gravit lentement les échelons. Le 1er
septembre 1780 il devient sous-lieutenant et le 8 mai 1784 lieutenant. La
Révolution le propulse, le 20 septembre 1791 aide-de-camp de Kellermann,
avec le rang de capitaine. Il obtient le rang de lieutenant-colonel le 27
septembre 1792 et celui de colonel à l'Armée des Alpes le 7
octobre 1792.
Lajolais est nommé général de brigade
provisoire par les représentants en mission le 21 juin 1793. C'est avec
ce grade qu'il participe au siège de Lyon à partir d'août
1793.
Quand le général d'Oraison est destitué
par ordre du Comité de Salut Public de son poste de commandant militaire
du département de l'Ain puis arrêté, c'est Lajolais qui est
nommé à sa place de commandant militaire de l'Ain.
Comme nous l'avons vu plus haut il partage avec Vauquoy, sa
table, mais aussi sûrement son logement.
Albitte est entouré d'un personnel politiquement
expérimenté. C'est la seule et unique fois dans l'histoire de la
Révolution dans l'Ain qu'un représentant en mission vient avec
des adjoints autre que des secrétaires.
Après avoir vu qui sont les personnes qui arrivent avec
Albitte de Commune-Affranchie, nous allons voir maintenant qui sont ceux sur
qui Albitte va s'appuyer dans l'Ain.
Dès son arrivé à Bourg le 28 nivôse
an II (17 janvier), " Dorfeuille, Millet, le supplicié Vauquoy,
secrétaire d'Albitte et le général Lajolais se
réunissent à tous les factieux pour circonvenir le
représentant et fermer aux citoyens tout accès auprès de
lui." 272(*). Qui
sont ces "factieux", bien décriés, après
thermidor an II par ceux-là même qui les applaudissaient durant la
période qui nous intéresse ?
B : les Sans-Culottes
Au moment de son arrivée et durant tout le long de sa
mission dans l'Ain, Albitte est entouré par les révolutionnaires
locaux, qu'il convient d'appeler les "Sans-Culottes" comme ils se nomment
eux-mêmes dès la création de la dite société
populaire en septembre 1793 273(*). Cette appellation est générale pour
tous les partisans du Gouvernement Révolutionnaire et de la Terreur dans
l'Ain après la crise fédéraliste. Ce nom symbolique fait
des sociétaires 274(*)des clubs et sociétés populaires les
interlocuteurs privilégiés sur qui les différents
représentants s'appuient, pour connaître la vigueur
révolutionnaire du département. Comme nous allons le voir ce nom
n'est que symbolique la vérité est bien différente.
Nous n'allons voir ici que les biographies des plus marquants
de ces hommes, ceux pour qui la mission d'Albitte dans l'Ain a eu une
réelle influence sur leur vie; car beaucoup d'entres eux, Sans-Culottes
de 1793 et de l'an II, se retrouvent accusateurs de leurs compagnons
après Thermidor.
Qui sont les "Sans-Culottes", ces "apôtres des
Héberts, des Chaumettes et des Dantons" 275(*) ?
Blanc-Désisles
François-Pierre 276(*) Blanc dit Désisles est né vers 1753
à Dijon. Il est le premier ou le deuxième fils d'un
marchand-bijoutier de la ville. Tout en allant à l'école, ou il
apprend à lire, à écrire et à compter(chose
indispensable pour un marchand), Blanc-Désisles apprend aussi de son
père, le métier de marchand-bijoutier. Il est élevé
dans une famille de la petite bourgeoisie provinciale sûrement à
l'abri des difficultés que peuvent connaître les
ouvriers277(*). Mais
Blanc-Désisles, à la suite d'affaires malheureuses plus ou moins
honnêtes, fuit en Amérique aidé par les deniers paternels
278(*).
Homme de goût, il aime les plaisirs de la vie279(*), et mène en
Amérique (d'après Convers) "le train de vie qu'il avait
mené en France" 280(*). Vivant sans doute dans une relative
commodité, Blanc-Désisles fait sûrement, en
Amérique, l'apprentissage des idées nouvelles.
A son retour en France, Blanc-Désisles ( il peut avoir
ajouter ce suffixe à son nom) faute d'autres renseignements,
épouse lui aussi la carrière de comédien. Cette
carrière théâtrale, d'après M.Biard, n'est pas
choisi "par vocation, tant les inconvénients sociaux étaient
manifestes." 281(*). C'est sûrement à Paris qu'il exerce
son talent car c'est à Paris, qu'il fait publier en 1787 une
comédie "Zélénie ou l'orpheline américaine".
C'est sans doute durant sa période de comédien, qu'il prend
contact avec lalecture des philosophes. En effet, lors de la fête
civique en mémoire de Marat et de Lepeletier, du 10 novembre 1793
à Bourg, Ph. le Duc 282(*) se demande si "Blanc-Désisles avait. .
.lu l'Hermippus redivivus du Docteur Cohausen".
A Paris donc, Blanc-Désisles se lie d'amitié
avec plusieurs comédiens dont Grammont283(*) (C.F page 20). Blanc-Désisles, d'après
Convers, "paraissait (en) faire beaucoup de cas, . . .il vantait
surtout. . . son patriotisme"284(*). Les relations à Paris que
Blanc-Désisles fait avant la Révolution, sont durant cette
dernière, la clef de son évolution politique tendant vers le
peuple.
Blanc-Désisles est à Bourg au début de la
Révolution. D'après Favélas 285(*) (le secrétaire de
Gouly), quand Blanc-Désisles arrive à Bourg il n'a pas de fortune
mais parvient rapidement à gagner beaucoup d'argent "par des moyens
peu délicats, puisqu'il était venu dans le pays sans
ressources" 286(*).
Ceci le rend suspect aux yeux d'une population en grande partie bourgeoise
qu'Alban juge lâche 287(*). Il se marie quand même le 1er juin 1786,
à Jeanne-Marie Hurville fille aîné de Claudine Colin veuve
Hurville, héritière d'une bijouterie. Sa femme passe pour
être belle et peu farouche 288(*). Blanc-Désisles par ce mariage plutôt
commode fait son entrée dans la vie sociale de Bourg. .
La franc-maçonnerie n'est pas absente de Bourg. Le
père de Thomas Riboud fait partie de la loge maçonnique de St
Jean-des-Elus. D'après Ph.le Duc, "par mépris pour le lieu
saint, Désisles formule son toast à la manière des
francs-maçons" 289(*) (lors de la fête du 10 novembre 1793,
citée plus haut), ce qui laisse penser que le dijonnais a là
aussi ses entrées. Une réussite si rapide et si brillante
n'éveille-t-elle pas quelques jalousies ?
Blanc-Désisles vit à Bourg, rue de l'Etoile,
dans une maison appartenant à sa belle-mère. Il mène une
vie respectable et à l'abri de tout soucis financier.
Dès 1790 il devient officier municipal et est l'un des
premiers fondateurs de la Société des Amis de la Constitution de
Bourg. Dès le début de la Révolution Blanc-Désisles
se passionne pour celle-ci. Voit-il dans cette Révolution, le moyen de
s'élever plus haut que de son statut de comédien ?
Blanc-Désisles est un orateur brillant pour lequel les
épreuves de la scène n'ont été que des
expériences bénéfiques. Les thermidoriens lui reprocheront
cette facilité d'expression et ce certain charisme 290(*), qui font de lui un des
leaders du mouvement révolutionnaire à Bourg et dans l'Ain. Ces
discours sont théâtraux et dotés d'un "certain talent
(qui avec) une emphase doctorale dut charmer son auditoire"
291(*). Le physique de
Blanc-Désisles est à la hauteur du personnage. D'une taille
moyenne, il est proche de la quarantaine, les cheveux noirs, les yeux gris, le
menton pointu et le nez aquilin; il porte "aux oreilles des boucles ovales
en or, deux bagues à la main gauche dont l'une en or et l'autre en forme
de collier de chien en argent." 292(*)
Dans son discours du 16 février 1792, il appelle tous
les peuples à l'insurrection et à la conquête de la
liberté, affirmant que tout citoyen est légal d'un roi.
Au mois d'août 1792, il obtient le 5 du
département, un contrat de fourniture de 1000 gibernes, 1000 bretelles
de fusils et 1000 havresacs pour les volontaires. Le 21 août
Blanc-Désisles reçoit en payement de son adjudication la somme
de14.469 livres, le 6 octobre les pièces demandées sont fournies
au département.
Lors des assemblées primaires de 1792
Blanc-Désisles (qui fait partie des notables) exerce une grande
influence sur le vote. Il dirige les suffrages sur les patriotes par un
discours, qu'il fait imprimer le 22 août 1792, où il montre ses
idées avancées 293(*). Il pense, en effectuant cette démarche,
sûrement à faire voter les citoyens pour lui. Ce qui est
sûr, c'est que lors du dépouillement des scrutins,
Blanc-Désisles arrive à faire annuler le scrutin écrit
pour lui substituer un scrutin à main levée qui le propulse au
rang d'électeur. Mais la réunion des électeurs lui
préfèrent Gauthier-des-Orcières. C'est lui, qui le 27
août 1792, propose que soit substitué le nom de Maison Commune
à Hôtel de Ville; mais ce n'est que le 26 décembre de la
même année que le conseil municipal de Bourg accède
à sa requête.
Absent du conseil municipal pendant la première
quinzaine de septembre 1792, il revient le 26, pour être nommé
avec les citoyens Cabuchet, Duhamel et Morand, commissaires pour aller dans le
Bugey et le Pays de Gex, rassurer les populations au moment où des
troubles dûs à la hausse du prix des subsistances perturbent cette
partie du département.
En janvier, février et mars 1793 Blanc-Désisles,
soutenu par l'arrivée au conseil municipal de Rollet, Convers, Chaigneau
et Alban, se sépare de ses collègues plutôt
modérés. Il exprime souvent sa colère lors des
réunions du conseil municipal quand la majorité ne suit pas ses
opinions. Quand Amar et Merlino arrivent à Bourg ils trouvent en
Blanc-Désisles un partisan zélé. Lors de la crise
fédéraliste de juin 1793 il ne signe pas la pétition du 2
juin 1793, des citoyens de la commune de Bourg, qui demande la
réintégration des conventionnels proscrits mais essaie de calmer
les esprit en rédigeant avec Reydellet et Roussellet une
déclaration au nom de la municipalité. A la municipalité
Blanc-Désisles s'est fait une spécialité de rédiger
les adresses294(*). A la
société populaire de Bourg il demande avec Convers, le 5 juin
1793, que des commissaires soient envoyés à Lyon pour savoir si
des correspondances ont eu lieu entre les deux villes. Bien qu'applaudie, cette
motion n'est pas suivie. Fin juin 1793 il accompagne le détachement dans
le Jura et à son retour, malgré un essai infructueux pour
regagner la confiance du peuple, il est menacé de mort. En effet une
"lettre venant d'un contre-révolutionnaire de Lyon. . .le
désignait comme un complice de Chalier" 295(*). Le 7 juillet 1793 lui, et
ses amis jacobins, sont évincés de la municipalité.
Désormais menacé et trahi par la bourgeoisie
bressane, il fuit à Paris. Rejoint plus tard par Convers, les deux
bressans sont reçu à la Convention et par les
députés de l'Ain lors du repas anniversaire du 10 août,
où il "se dispute avec Debost, fédéré du 10
août" 296(*)
envoyé par la nouvelle municipalité de Bourg. Avec Convers, ils
assistent à des exécutions 297(*) Blanc-Désisles, illuminé comme
Chalier, modifie sa politique en prenant modèle sur la Commune de Paris
: "à Paris les officiers municipaux ne se laissent manquer de rien,
qu'au moyen de réquisition, ils se faisaient donner tout ce qui
était bon" 298(*) dit-il à Régnier. Dès lors,
Blanc-Désisles radicalise sa pensée politique, prenant
désormais appui sur le peuple et les mesures exceptionnelles :
"Désisles approuvait toutes les mesures de rigueur et ne craignait
pas de dire que le sang était nécessaire pour consolider la
Liberté et la Révolution." 299(*). Pour cela il pousse, avec
Convers, leurs amis de Bourg à créer une nouvelle
société populaire, ouverte au peuple et avec des tribunes. A leur
retour de Paris, Blanc-Désisles et Convers impriment la Terreur
300(*).
Réintégré dans ses fonctions par
Javogues, il est mis à la place maire de Bourg par Bassal et Bernard.
Président du Comité Central de Surveillance, il cumule les
fonctions. C'est lui qui va chercher Javogues à Mâcon et qui se
fait nommer président de la Commission Populaire de Bourg.
Destitué et emprisonné par Gouly, Blanc-Désisles garde de
son incarcération une rancoeur silencieuse vis-à-vis du
représentant.
Blanc-Désisles, orateur et homme de caractère,
souffre d'une tendance à devenir violent quand il boit 301(*). Pour ses contemporains,
Blanc-Désisles est "un des patriotes le plus connu. . .dont le
patriotisme sans ambition s'était toujours montré le même
depuis le début de la Révolution. . . .(Il) était
la terreur de tous les ennemis de la Révolution" 302(*). Pour ses collègues
de la municipalité il est le plus "illustre magistrat,
défenseur de la liberté. . .(don le) patriotisme est pur
et sans tâche" 303(*). Pour son détracteur, Convers,
"Désisles parlait souvent de la mort et semblait faire fort peu de
cas de la vie, aussi dit-il qu'il serait guillotiné ou qu'il
accomplirait ses projets" 304(*)Mais c'est un homme à l'esprit revanchard qui
n'aime pas être calomnié.
dessin orateur sans-culottes
discoursd des volontaies du
rhône305(*)
Rollet-Marat
Etienne Rollet est né en 1757 à Bourg. Il est le
fils de Philibert Rollet et de Benoîte Chambre, mariés le 21
janvier 1755.
Sa famille fait partie de la petite bourgeoisie provinciale
306(*) bien
installée dans la vie bourgeoise de la ville. Il est un parent de
Gauthier-des-Orcières. Son père est un marchand de fer.
Après avoir suivi une scolarité à Bourg, il suit les cours
de médecine à Montpellier, où il obtient un diplôme
de docteur qui est enregistré à Bourg en 1782. De retour à
Bourg, il s'installe dans ce qui semble être la maison familiale de la
Grandrue à Bourg et épouse une marchande de vin, Marie Caillaton
le 28 novembre 1786.
Dès le 16 juillet 1789 Rollet entre dans la vie
politique burgienne. (C.F page 21).
Membre de la municipalité en mars 1792, il est un homme
influent à la société populaire dont il est membre depuis
1791 307(*). Jacobin
prononcé comme Blanc-Désisles, il tente lui aussi de rallier les
suffrages de la population lors du retour du détachement du Jura le 30
juin 1793. Ce demi-échec (il n'est pas menacé de mort comme
Blanc-Désisles), n'empêche pas son éviction de la
municipalité lors de la réunion des sections, le 7 juillet 1793,
et cela malgré la protestation écrite qu'il fait sur le registre
municipal 308(*).
Dès lors, il se rend dans les départements
voisins auprès des représentants en mission et annonce que
"la commune de Bourg s'est rendu coupable de
fédéralisme" 309(*).
En septembre 1793, après avoir été
réintégré dans ses fonctions, Rollet fonde, sous
l'impulsion parisienne de Blanc-Désisles et Convers, avec Alban et
Chaigneau 310(*) la
société des Sans-Culottes.
Nommé le 15 septembre 1793, par Bassal et Bernard au
poste d'administrateur du district de Bourg, Rollet "démarche" les
sociétés populaires de différents districts, pour les
rattacher aux principes de celle de Bourg en montrant que le
bénéfice de cette mutation est de devenir
"Sans-Culotte", donc être dans le sens de la Révolution.
"Rappelez-vous bien qu'un patriote fait fuir cent aristocrates, qui. .
.sont. . .toujours cachés. . .ne cherchant qu'à méditer la
vengeance, à solliciter des places salariées.. . .
Citoyens, je vous ai promis de vous instruire des règlements de la
Société des Sans-Culottes de
Bourg-Régénéré" 311(*) Pour cela il se rend
à Châtillon-sur-Chalaronne le 23 octobre 1793 et fait un discours
mobilisateur. Rollet raconte, en citant Hébert 312(*) la manière dont c'est
déroulée la crise fédéraliste à Bourg. C'est
à dire comment les "anarchistes, fédéralistes,
royalistes, rollandins, brissotins . . .(égarait le
peuple, qui) vexait les vrais maratistes ou montagnards, leurs amis"
313(*). Le
16 brumaire an II (6 novembre), il se rend à la société de
Montluel avec Baron, et régénère la société.
Si Blanc-Désisles est l'orateur, Rollet lui est l'homme de terrain.
Le 5 brumaire an II (26 octobre), Rollet est nommé
membre du comité central de surveillance du département de l'Ain.
Le 16 brumaire (6 novembre), il est nommé par ce comité pour se
rendre dans le district de Montluel "y réveiller l'esprit
public" 314(*) avec
Baron. Cette mission coûte 414 livres au département.
Ces missions, sont aussi des "virées"
déchristianisatrices virulentes.
Pour lui tous les curés, constitutionnels ou non, sont
"des animaux féroces" 315(*). Pour Rollet convertir un prêtre au culte
républicain c'est comme "savonner la tête d'un âne,
c'est perdre son savon" 316(*). Rollet est éminemment
anticlérical.
Lors d'un de ses passage à Meillonas en brumaire an II,
pour "détruire, dit-il, le fanatisme" 317(*), Rollet, après un
repas républicainement arrosé; se rend tout en faisant faire des
patrouilles aux hussards qui l'accompagnent, à l'église où
"chaque phrase (de son discours) finissait par des jurements
effroyables" 318(*). Rollet en bon sans-culotte adopte le langage du
père Duchésne. Toujours, le même jour, après une
discussion (que l'ivresse du cépage du Revermont aide à
envenimer) Rollet "fait entrer les hussards à cheval dans le Temple
en disant, Je me fous de vous, je me contre fous de vous" 319(*). On s'aperçoit vite,
que Rollet, comme Blanc-Désisles a le vin mauvais. Rollet de passage
à Ceyzeriat, le 26 décembre 1793, est comparé à un
brigand, qui vient pour enlever les curés et l'argenterie 320(*). Sa brutalité
321(*)auprès des
populations campagnardes, qui le rend terrible 322(*) et le fait craindre (le
tocsin sonne à Jasseron à la mi-nivôse an II quand il est
de passage dans le village pour se rendre à "Meillonas et
Hautecourt , où des troubles s'étaient
élevés" 323(*)), le rend risible : "On se plaint de ce qu'il se
chante dans cette commune, des couplets inciviques dans lesquels les patriotes
sont bafoués, notamment Rollet-Marrat, l'agent national du district de
Bourg. . .(ces) refrains anticiviques tendent à corrompre
l'esprit public et à tourner en ridicule les patriotes" 324(*). De même, alors qu'il
est à Jujurieux, à la fin de brumaire an II pour persuader les
citoyens d'abandonner le culte catholique; il est traité
"d'aboyeur"325(*) par le procureur de la commune.
Nommé commissaire avec Baron-Chalier dans les districts
de St-Rambert par ordre de Javogues le 21 brumaire an II (11 novembre),
Rollet-Marat a pour mission d'arrêter les suspects et mettre leurs biens
sous séquestre.
Comme à son habitude, il ne peut pas se retenir de
"prêcher les maximes de la religion révolutionnaire, celles de
la Raison et de la Vérité" 326(*), il s'emporte sûrement
et est accusé par les municipalités de Pont d'Ain et de
Jujurieux, d'avoir "contrarier l'exercice du culte catholique très
apostolique et romain"327(*).
De retour à Bourg, il est mis en état
d'arrestation par Gouly le 17 nivôse an II (6 janvier). Dans le
mémoire justificatif qu'il adresse à Albitte le 1er
pluviôse, il montre sa "haine implacable aux aristocrates; aux
modérés, aux nouveaux brissotins, aux fanatiques et à la
chicane entière" 328(*). Rollet-Marat est un activiste de terrain
redouté et redoutable.
Rollet-Marat est le parfait fonctionnaire :
"l'exécution de ses décrets ont toujours été
l'objet de nos travaux et le voeu le plus cher à nos coeurs"
329(*) écrit-il
de sa mission avec Baron-Challier dans le district de St Rambert. Cette
abnégation à faire l'exécuter les lois de la
République peut paraître obsessionnelle. Même une grave
chute de cheval, en pluviôse an II, ne l'arrête pas 330(*). Rollet-Marat est un
fanatique révolutionnaire ("un fonctionnaire public patriote ne
craint pas de sacrifier sa vie en faisant son devoir" 331(*)), intelligent, mais brusque
et emporté.
C'est un homme brun, aux yeux clairs, qui approche de la
quarantaine et c'est un fumeur de tabac. Ces collègues voient en lui un
patriote dévoué à la chose publique bien que rude.
Blanc-Désisles traite même Rollet-Marat de
"despote"332(*)
alors que ce dernier revient d'un voyage à Coligny, où il n'a pas
hésité à rentrer "à cheval dans l'église
et devant la population présente (de jeter). . .à terre
un chandelier, puis aidé des sans-culottes, brise les croix, les
tableaux et les statues" 333(*). Pour Rollet-Marat, seul le résultat compte
et pas la manière : "c'est sur ces actions qu'il faut juger les
hommes et non pas sur les paroles" 334(*) écrit-il à Blanc-Désisles.
Rollet-Marat allie parfaitement la parole au geste, car non content de voyager
accompagné d'une escorte d'une dizaine de hussards (1 officier et des
hommes de troupes); Rollet-Marat a toujours deux pistolets à la ceinture
335(*).
Alban
Aimé-Marie Alban est né à Bourg en 1755,
d'un sculpteur et de la fille d'un cultivateur. Il est le fils
aîné de sa famille. Il passe sa jeunesse dans un milieu social
modeste; où Il apprend le métier de serrurier et a "17 ans
jusqu'au moment de son établissement, il parcours le royaume de France
pour perfectionner son travail"336(*). En 1781, il épouse à Bourg,
Marie-Claudine Girard, fille d'un charpentier, avec qui il a 4 enfants.
Celle-ci lui apporte comme dot, un trousseau de 1800 livres et deux maisons.
Mais au bout de quatre ans et demi de mariage, Alban se retrouve veuf. Il se
remarie plus tard, avec Marie-Anselme Tocxier, (fille d'un cultivateur), qui
elle lui apporte une dot de 2400 livres sans compter le trousseau.
La confiscation des biens du clergé, permet à
Alban de se porter acquéreur de 2 ouvrées de vignes, pour la
somme de 1300 livres 337(*). La Révolution va permettre à Alban de
pouvoir s'élever de sa simple condition d'ouvrier, dont il a conscience
338(*).
Dans les premières assemblées primaires, il est
nommé scrutateur, puis commissaire pour le dépouillement du
scrutin. En 1792, il est élu notable. Dès lors, Alban se consacre
entièrement à la vie politique, qui le conduit à la place
de maire de Bourg le 22 brumaire an II. Alban, compagnon des luttes de
Blanc-Désisles à la municipalité, est comme Rollet-Marat,
plus un agitateur qu'un orateur.
Durant le siège de Lyon, il est chargé de
plusieurs missions auprès de Dubois-Crancé et de
Gauthier-des-Orcières. C'est lui qui annonce la réddition de la
ville à Bourg.
Homme sans doute de bonne foi et de bonne volonté, il
est jalousé et vu avec défiance par certains burgiens, qui lui
reproche son statut d'ouvrier : "notre municipalité (est)
composée d'ouvriers, gens qui ne peuvent pas être bien
éclairés, un serrurier pour maire a leur tête, jugé
une ville comme Bourg si elle peut bien être gouvernée"
339(*).
Alban est l'un des instigateurs de la politique
révolutionnaire menée dans le département depuis octobre
1793. La lecture du "Père Duchèsne" d'Hébert a
sûrement un grand impact pour un homme qui peut se reconnaître ou
s'identifier au "1er poêlier de France et de Navarre" 340(*); ce qui le conduit (avec le
vin des suspects341(*))
à des excès342(*). Ses excès trop souvent
répétés inquiètent ses collègues343(*) qui le considère
comme "un phénomène. . .ému par les
événements du 31 mai il a développé une
énergie extraordinaire. . .Agissant au milieu des contradictions
continuelles que lui faisaient éprouver les ennemis de la chose
publique, son esprit s'exaspérait. Il avait la franchise naturelle. .
.un zèle ardent pouvait l'entraîner au delà des bornes, il
pouvait tenir des propos dont il ne sentait pas la force"344(*). Pour Blanc-Désisles,
"Alban peut se tromper mais c'est un des bons sans-culottes"345(*).
Peu instruit et passionné par des
événements qui lui permettent d'exercer un pouvoir, dont il a
été interdit jusque là, Alban est le parfait
sans-culotte.
Baron-Chalier
Joseph-Rambert-Laurent Baron est né le 8 mai 1755
à St Rambert. Il suit les cours de l'école de Bourg, puis va
à Paris à l'Ecole de médecine, d'où il sort
diplômé. A la suite de cela, il parcourt l'Europe pendant 6
à 8 ans.
En 1826, dans un avant-propos sur les relations de ses
voyages, il se décrit comme quelqu'un "d'assez fort
tempérament, sanguin, bilieux, vif, ardent, prompt, un peu brusque et
colère"346(*). Son visage est gravé de petite
vérole, ses cheveux sont crépus et noirs.
Baron commence sa carrière politique dans le district
de St Rambert comme agent national du district. Le 25 septembre 1793 il est
nommé administrateur au département par Bassal et Bernard, puis
il est nommé à la fonction d'agent national du district de
Belley.
Homme de terrain, comme le virulent Rollet-Marat,
Baron-Challier est plus calme et plus nuancé dans ses paroles 347(*), (ce qui lui évite
les désagréments de la prison en nivôse an II).
Baron-Challier est un opportuniste348(*) qui se garde de tout excès de zèle
nuisible.
Autour de ces principaux personnages de l'entourage bressan
d'Albitte, quelques autres individus sont aussi important mais de moindre
influence.
Claude-Joseph Merle, de Bagé-le-Châtel,
né en 1755. Avocat de formation, il est élu administrateur du
département en mai 1790 par le district de Pont-de-Vaux. Il siège
au comité des impositions et des finances du département avec
Tardy. Accusateur public du tribunal de Bourg, il est nommé le 12
octobre 1793, accusateur public de la Commission de Justice Populaire de Lyon,
présidée par Dorfeuille. Lorsqu'il prend ses fonctions à
Lyon le 21 octobre 1793, il donne les grandes lignes de sa conduite : "Le
triomphe de la Liberté réside dans la pratique de ces quatre
préceptes : Surveillez, dénoncez, arrêtez, punissez"
349(*). Bien
qu'activiste de second plan, il est sans nul doute (grâce à son
expérience lyonnaise) un élément moteur du parti
sans-culotte dans le district de Bourg.
Antoine-Constance Convers, natif de St Etienne-du-Bois,
est notaire à Bourg quand commence la Révolution. Membre de la
société populaire des Amis de la Constitution, il en est
élu président en juillet 1792. Plus modéré en
apparence que ses collègues, Convers semble surtout faible de
caractère, se laissant emporter facilement par le contexte dans lequel
il se trouve. C'est lui qui dénonce Blanc-Désisles, avec Peysson
le 24 frimaire an II (14 décembre), alors qu'il a été son
compagnon d'exil à Paris durant la crise fédéraliste de
l'Ain.
Jules-François Juvanon, surnommé par
L.Trénard ( à juste titre) "le St Just de St
Rambert"350(*) est
né à St Rambert vers 1770. Son père est Antoine Juvanon
d'une vieille famille de St Rambert. Le jeune Juvanon quitte sa fonction de
prêtre pour embrasser la cause révolutionnaire vers 1793.
Considéré comme quelqu'un de dur et d'autoritaire avec ses
collègues du département351(*), il semble possédé une grande
capacité de travail. Membre de l'administration départementale,
Juvanon est donc soustrait à la réquisition des jeunes hommes de
18 à 25 ans. Il est considéré comme la "fidèle
créature" 352(*) de Blanc-Désisles, chez qui il trouve un
protecteur ou un père spirituel, bien qu'il loge chez Rollet-Marat.
Joseph Frilet est issu d'une vieille famille de
notables au service du Roi. Bien qu'originaire de Revonnas il est, avant la
Révolution, conseillé du Roi à Bourg. Sa famille a fait
des alliances avantageuses avec la bourgeoisie locale 353(*). Avant l'arrivé
d'Albitte, Frilet n'a pas un grand rôle dans la vie politique bressane.
Malgré cette belle extraction sociale, Frilet est un alcoolique, dont sa
femme se sépare parce qu'il la bat.
Comme nous venons de le voir, les leaders Sans-Culottes ne
sont pas tous des enfants du peuple, à l'instar d'Alban. Albitte est
donc entouré d'hommes décidés qui ont une idée
parfaite de ce qu'ils attendent du représentant.
CHAPITRE 2
contexte et motivations
Afin de mieux aborder et comprendre la mission d'Albitte, il
est important de connaître différents paramètres au moment
de son arrivée, et durant sa mission.
Il convient d'abord de se familiariser avec certains
événements et notions, afin de replacer ladite mission dans son
cadre historique. Puis, pour comprendre la démarche politique d'Albitte
qui se concrétise par les arrêtés, il faut connaître
ses motivations ainsi que celle de son entourage à son arrivée
ainsi que leurs évolutions durant le temps qu'il passe dans l'Ain.
I : contexte à l'arrivée d'Albitte
A l'échelon national la Terreur(
décrétée par la Convention) est le cadre historique global
de la mission d'Albitte; c'est-à-dire "organiser,
systématiser et accélérer la répression des
adversaires de l'intérieurs de la République, entreprendre la
punition expéditive de tous les traîtres"354(*).
A : national
La mission d'Albitte dans l'Ain s'effectue à un moment
très précis de l'histoire de la Révolution.
Le 10 novembre 1793, la politique religieuse nationale a
consacré le culte de la Raison à Notre-Dame à Paris
devenue Temple de la Raison. Depuis le 3 frimaire an II (23 novembre), la
Commune de Paris a fait fermer tous les lieux de culte de la capitale. Si
l'abjuration solennelle de l'évêque de Paris le 17 brumaire an II
(7 novembre) marque l'inauguration de la déchristianisation, cette
dernière (dans toute la République) est le fait de
représentants en mission355(*), avec l'aide d'activistes zélés,
s'acharnent à combattre le culte catholique. Dans la plupart des cas,
souligne M.Ozouf, la déchristianisation commence là où
sont envoyés les conventionnels en mission contre les
fédéralistes et suit la route de l'Armée
Révolutionnaire356(*).
Pour beaucoup de révolutionnaires, la
déchristianisation passe par des mascarades antireligieuses (comme
à Commune-Affranchie, le 20 brumaire an II (10 novembre) lors de la
fête donnée en hommage à Chalier, orchestrée par
Dorfeuille) et la destruction des machines religieuses. Mais alors que cette
déchristianisation sauvage du mois de brumaire an II est stoppée,
par la proclamation de la liberté des cultes du 16 frimaire an II (6
décembre), la violence antireligieuse se retourne vers les prêtres
et les serviteurs du culte, la tendance générale des
révolutionnaires est, à partir de nivose an II, de ne plus nier
l'existence de Dieu, mais de favoriser la pratique individuelle d'une religion
qui n'a plus besoin d'intermédiaires.
La politique militaire intérieure est marquée
depuis mars 1793 par la révolte à l'Ouest et par le
soulèvement fédéraliste de juin et juillet 1793. Quand
Albitte arrive dans l'Ain, les vendéens sont en déroute depuis
les batailles du Mans et de Savenay. L'insurrection fédéraliste
est désormais dans la fin de sa phase punitive.
Le 25 décembre 1793, Robespierre fait un rapport sur
les principes du Gouvernement Révolutionnaire. La Terreur est mise
à l'ordre du jour sous la poussée du peuple parisien, grâce
à l'appui de certains conventionels comme Collot d'Herbois ou Billaud
Varenne le 5 septembre 1793. La Terreur, qui a pour but d'anéantir les
ennemis du dedans et du dehors, enfante la déchristianisation qui se
systématise en d'octobre 1793 sous la férule des
représentants en mission, comme Fouché dans la Nièvre,
Javogues dans la Loire. Mais elle est aussi le fait des hommes de
l'Armée Révolutionnaire parisienne.
Le 19 vendémiaire an II (10 octobre), le gouvernement
de la République est déclaré Révolutionnaire
jusqu'à la paix; la Constitution est suspendue et le pays est
gouverné d'une manière révolutionnaire, c'est à
dire au coup par coup avec une politique qui veut détruire l'ennemi de
l'intérieur, comme celui de l'extérieur.
Mais l'événement qui a le plus de
conséquence pour le département de l'Ain, c'est sans doute la
chute de Lyon, avec désormais une hégémonie jacobine sur
la région. Cette suprématie devient plus populaire, lorsque
Collot- d'Herbois incite de Lyon (avec l'appui de ses collègues) puis de
Paris (avec l'appui de la Commune, des Cordeliers et des sections) la promotion
de sans-culottes dans une région qu'il domine 357(*). On peut donc penser que
l'envoi d'Albitte dans l'Ain, et surtout l'adjonction à ce
représentant d'activistes comme Dorfeuille, Millet ou Vauquoy 358(*), "pris dans l'entourage
de Collot d'Herbois" 359(*), va favoriser le pouvoir des Sans-Culottes de l'Ain
et d'une politique révolutionnaire pensée à Lyon ou
à Paris et appliquée par des professionnels qui occupent autour
des représentants un rôle de "coopérateurs"
360(*), mais aussi de
conscience politique, de conseillé avisé.
Dans les départements et les armées, la Terreur
et le Gouvernement Révolutionnaire sont conduits par les
représentants en mission et les activistes issus des clubs. Dotés
de la légitimité nationale, ils agissent pour le peuple et en son
nom.
B : pouvoir et rôle du représentant en
mission
"Le corps des représentants en mission constitue
l'élément distinct majeur de la structure de la Terreur en
province" 361(*).
Cette définition de C.Lucas, correspond tout à
fait la réalité des conventionnels envoyés dans les
départements. Au fur et à mesure que les problèmes
s'accroissent en 1793, la Convention, délègue certains de ses
membres, (toujours des jacobins convaincus 362(*)) dans la République, afin d'assurer une
certaine coordination entre Paris et les départements. Mais ces
représentants, par leur liberté d'action, tendent à
devenir un corps, une faction, au coeur de la Montagne à coté de
leurs collègues restés dans le sein de la Convention.
Par le décret du 9 mars 1793 (voir annexe), la
Convention précise les attributions des conventionnels envoyés
dans les départements. Ce décret leur donne aussi des
attributions militaires. Ils ont les pleins pouvoirs en ce qui concerne le
recrutement, mais aussi, suivant l'article 8, des pouvoirs de Salut Public :
"les commissaires de la Convention Nationale. . .auront le
droit de prendre toutes les mesures qui leur paraîtraient
nécessaire pour rétablir l'ordre partout où il serait
troublé" 363(*). Mais les représentants en mission n'en
demeurent pas moins responsables devant la Convention.
La période du 9 mars 1793 au 9 nivôse an II (29
décembre) marque une période d'anarchie dans les attributions des
représentants en mission 364(*). En effet, les pouvoirs des uns contrecarrent les
pouvoirs des autres. La période allant de la présence de Javogues
dans l'Ain à la contestation des pouvoirs de Gouly, par les
représentants à Commune-Affranchie (C.f page 20) en est
l'illustration parfaite. Mais à partir du 9 nivôse an II (29
décembre), le Comité de Salut Public ressert ses liens avec les
représentants en mission. Désormais, les conventionnels en
mission sont "rigoureusement circonscrits dans les départements qui
leur sont désignés. Ils sont revêtus de pouvoirs
illimités. . .ils sont réputés sans pouvoir dans les
autres départements" 365(*).
Avec le décret du 7 septembre 1793 qui donne aux
arrêtés des représentants en mission force de loi "tant
que le Comité de Salut Public ne les a pas dénoncés comme
contraires aux principes" 366(*), les représentants en mission deviennent de
véritables "Convention" en province 367(*), dépositaires du pouvoir de celle-ci et
agissant au nom du peuple souverain. A ce titre, ils sont les seuls à
pouvoir intituler " Au nom du peuple Français"368(*) leurs arrêtés,
proclamations, ou toute autre acte et donc de revetir leurs décisions la
légitimité nationale.
Relais de la politique centrale de Paris, les
représentants en mission deviennent le 9 nivôse an II (29
décembre) des autorités constituées au même titre
qu'une municipalité ou un directoire de district 369(*). Albitte vient dans l'Ain
avec la mission d'établir le Gouvernement révolutionnaire c'est
à dire mettre en marche un gouvernement, une "autorité
publique (qui) ne tire pas sa légitimité d'une
Constitution et de la Loi, mais de sa conformité à la
Révolution" 370(*), et ceci jusqu'à la paix.
Lorsque Albitte arrive dans l'Ain, les sans-culottes pensent
qu'il est ici pour finir le travail que Javogues371(*) avait commencé mais
que Gouly a stoppé. A son arrivée à Bourg, les
sans-culottes s'empressent de lui faire connaitre leurs intentions à son
égard. Reydellet lui écrit le 1er pluviôse an II (20
janvier) : "Tu es envoyé dans un département pour y faire
exécuter le gouvernement révolutionnaire et exercer des mesures
de Salut Public. Les habitants de ce district attendent de ta justice la
punition des traîtres" 372(*).
Quelques jours avant l'arrivée d'Albitte, Alban, le
maire de Bourg n'hésite pas à dire à la tribune de la
société populaire "qu'Albitte venait pour purger les
détenus qui ne tarderaient pas à porter leur tête sur
l'échafaud" 373(*).
Dotés de tels pouvoirs, les représentants sont
des autorités autonomes qui font de leurs agents des commissaires aux
fonctions étendues. Cette autonomie de pouvoir amène les
représentants du peuple à être un moteur du Gouvernement
Révolutionnaire (comme Javogues) dans les départements, ou
à servir les espoirs de militants locaux. En effet, durant toute la
durée de sa mission, Albitte est vu par les Sans-Culottes, comme le
moyen ultime de détruire le clergé, l'aristocratie et tous les
contre-révolutionnaires374(*). Pour les Sans-Culottes, Albitte est le fer de lance
d'une politique qui verra le triomphe des sans-culottes. Ainsi, le 4
ventôse an II (22 février), dans une adresse à la
Convention Nationale, les Sans-Culottes de Bourg glorifient la présence
d'Albitte dans l'Ain : "Le nom d'Albitte sera éternellement
gravé dans le coeur des citoyens de ce département, à qui
la République est chère"375(*) .
Albitte est l'homme par qui les idées lancées
dans les "Principes Républicains et Révolutionnaires pour les
vrais sans-culottes" de Rollet-Marat vont être appliqués. A ce
titre, les sans-culottes considèrent Albitte comme un être
supérieur, faisant de lui une personne unique et
désirée376(*). Albitte, très rapidement succombe aux
flatteries des sans-culottes et endosse avec une gande facilité le
rôle que veulent lui faire jouer les Sans-Culottes377(*).
Les sans-culottes ne voient pas en lui qu'un
représentant en mission, une fonction, mais un homme avec ses
défauts, sa maladie : "Je te souhaite meilleur santé et
t'invite à te ménager pour le bonheur des patriotes"
378(*). Pour certains
Sans-Culottes, comme Rollet-Marat, Albitte peut sembler devenir un proche, un
ami. Lorsqu'il est à Bourg, Albitte est reçu dans le cercle
familial de certains sans-culottes, et autour de lui se nouent des liens
fraternels entre commissaires civils et Sans-Culottes 379(*).
Le peuple, quant à lui, ne voit en Albitte qu'un
personnage aux pouvoirs étendus dont les attributions et
compétences en font le successeur des intendants ou des sous-intendants
d'Ancien-Régime 380(*). Il est vu, aussi, comme un homme dont le travail
est "fait pour faire le bien" 381(*) mais qui peut devenir terrible : "le glaive
d'une main et la balance de l'autre, il fait trembler les coupables et rassure
l'innocent. . .envoyé. . .pour mettre l'ordre et le calme"
382(*). Pour les
personnes qui tombent sous le coup de ces arrêtés, Albitte n'a
plus la dimension d'un être humain, mais celui d'une fonction aveugle et
sans coeur, à l'instar du citoyen Ruffin de Pont-de-Vaux (voir annexe),
qui lui écrit alors qu'il doit se rendre en prison, conformément
à l'arrêté du 23 ventôse an II (13 mars) : "je
viens de lire ton arrêté, tu sommes tous les ci-devants de se
rendre en prison, j'en suis un, je n'ajoute ni restrictions, ni
modifications. Je n'ai pas assisté au moment de ma naissance, cela doit
te suffire.. . .ou tu es un homme ou tu es un tigre. Si tu es un homme, je te
somme toi-même au tribunal de la Raison, au tribunal de la Justice, au
tribunal de l'Humanité. . . Si tu es marié, si tu es
époux, si tu es père, as-tu pu rendre de sang froid un pareil
arrêté." 383(*).
Albitte est pour les Sans-Culottes l'homme par qui ils
pourront affirmer et assurer leurs supériotité face à
leurs ennemis politiques et sociaux.
La présence d'Albitte a aussi le pouvoir de stimuler
l'ardeur révolutionnaire des sans-culottes de Bourg. Quand il quitte
Bourg pour Chambéry le 8 ventôse an II (26 février), en
compagnie du général Lajolais, Alban et Gay lui font part de leur
volonté :
"Représentant, général, vous partez
tous les deux mais soyez tranquilles, ça ira ou le diable m'emportera.
La Terreur est à l'ordre du jour. Tu peux partir quand tu voudras, je la
ferai éxecuter et à ton retour ça ira mieux que tu ne
crois."384(*)
C : contexte dans le département de l'Ain
Il faut se pencher sur les événements qui se
déroulent dans le département de l'Ain au moment où arrive
Albitte, afin de mieux comprendre l'action de ce dernier.
Dans le département de l'Ain, la lutte contre le
fanatisme et pour l'établissement de l'Etre Suprême,
(lancée par la Convention), se double d'actions locales de destruction
du culte catholique menées par des patriotes. Si ces actions de
déchristianisation sporadiques entreprises par certains sans-culottes
comme Rollet-Marat ou Chaigneau touchent parfois leur but, une partie du
département de l'Ain reste toutefois christianisé, bien que ses
habitants ne soient pas foncièrement hostiles aux idées de la
Révolution.
Rollet-Marat se plaint le 1er pluviôse an II (20
janvier) que les "saints, saintes, reliques, églises, ustensiles
d'or et d'argent sont restés au même état d'avant comme
d'après pâques" 385(*). Les essais de déchristianisation
n'atteignent que très peu les prêtres non assermentés et
réfractaires; beaucoup d'entre eux ont fui avant 1792 en Savoie et dans
le Jura.
Sur l'étendue du département, la vague
anti-religieuse est ressentie de façon différente.
Si des municipalités comme Lagnieu ou Pont-de-Veyle
décident en frimaire an II que tous les signes extérieurs de
fanatisme doivent être abattus 386(*), certaines municipalités comme celle de Cuet,
dans le district de Bourg, protestent en nivôse an II, pour garder leur
curé et de n'avoir d'autre religion que la religion chrétienne.
Les administrateurs du district de Mont-Ferme dénigrent, dans une
proclamation, la puissance financière du clérgé afin
d'accélérer les dons venant des églises :
"Citoyens,
Le moment est arrivé où il ne doit y avoir
d'autre religion que l'amour de la patrie, d'autre culte que celui de la
Liberté, de l'Egalité et de l'éternelle
Vérité. Le masque du charlatanisme tombe de toute part; de toutes
parts aussi nos saints se dépouillent de ces vêtements superbes
que dédaigna le bon sans-culotte Jésus; Nos prêtres, las
enfin d'occuper la chaire du mensonge, honteux de boire dans des coupes d'or. .
.s'empressent d'abjurer leurs erreurs"387(*).
L'idée que les prêtres doivent avouer avoir
proféssé des mensonges est déjà récurrente
à l'idéologie des sans-culottes de l'Ain et ce bien avant
l'arrivée d'Albitte.
La politique déchristianisatrice prend une nouvelle
ampleur quand le 15 frimaire an II (5 décembre), les
représentants auprès de l'Armée des Alpes
décrètent que les églises de l'Ain deviendront des Temples
de la Raison. Cet arrêté est suivi dans l'ensemble du
département; mais c'est dans les villes de Bourg et de Belley que la
substitution de nom de Temple de la Raison à celui d'église
revêt le plus d'importance. La valeur symbolique de l'édifice
religieux est abattu, les sociétés populaires y installent
parfois le siège de leurs séances, comme à Belley. Lieu
d'apprentissage des lois républicaines, le Temple de la Raison dans de
nombreux de villages, n'en a que le nom et pas l'usage patriotique attendu.
La déchristianisation de l'hiver 1793 demeure le fait
d'activistes motivés, pour la plupart de Bourg. Rollet-Marat, agent
national du district de Bourg est de loin le plus virulent. Craints dans les
campagnes, ces activistes sont souvent reconnus par la foule lors de leur
passage et quelquefois sont injuriés. Rollet-Marat et Baron-Chalier dans
le district de St Rambert sont "insultés par différents
citoyens, qui sortaient de célébrer la décade par une
grande messe" 388(*). Le même genre de résistance à
la déchristianisation se manifeste aussi dans le district de Bourg quand
les citoyens Chaigneau et Prévost, de passage à Meillonnas le 6
nivôse an II (26 décembre), au soir, sont injuriés et
assaillis par des individus sortant de l'église. Durant la même
décade (le 7 nivôse an II-27 décembre) Rollet-Marat doit
fuir Ceyzériat, sous les jets de pierres. Quand Rollet-Marat,
véritable hantise des catholiques, est en vue d'un village, il arrive
que des individus fassent sonner le tocsin pour prévenir les environs de
la venue du" brigand". Le 9 nivôse an II (29 décembre),
le maire de Hautecourt fait sonner le tocsin et invite "les citoyens
à massacrer les sans-culottes" 389(*). La peur d'un individu entraine le rejet du groupe
auquel il appartient.
Malgré cela l'agent national du district de Bourg
n'hésite pas à aller dans les églises des villages
reconnus comme fanatiques, afin de tenir des prêches républicaine.
Mais s'il lui arrive quelquefois de briser des statues et prendre les objets du
culte, il rentre souvent en conflit avec la population et les autoritées
constituées comme à Meillonnas en brumaire an II, ou à
Cézériat et Jasseron en nivôse an II. Malgré les
démêlés des Sans-Culottes pour supprimer le culte, des
prêtres font toujours des messes le dimanche 390(*).
Dans les villes comme Bourg, la religion chrétienne
demeure présente chez les habitants, malgré la bonne
volonté de ceux-ci de se rendre aux fêtes décadaires. S'il
est ardemment fêté, le culte de la Raison n'est que très
peu suivi par la population comme nouvelle doctrine religieuse. Cette
persistance du culte catholique chez les populations urbaines politiquement
"modérées", donne lieu lors de visites domiciliaires, à
des actions sporadiques, immédiates et violentes de
déchristianisation de la part des sans-culottes. L'exemple du citoyen
Marey-Ychard qui trouve (alors qu'il vient apposer les scellés chez un
détenu) en entrant dans une chambre, un christ, un portrait du
Saint-Suaire ainsi que des tableaux religieux est typique de ces actions
immédiates. Il casse les objets et menace la propriétaire de la
maison "de la foutre à coups de pieds dans le cul, hors de chez
elle, si elle raisonnait, en la traitant encore de Bougre de dinde, de Bougre
de salope" 391(*).
Cette lutte contre le culte catholique devient vite la lubie de certains
Sans-Culottes.
Mais si les activistes de Bourg sont parfois rejetés,
ils sont aussi suivis dans leurs efforts par des activistes issus de la
sans-culotterie des villages du département. Ainsi, le 28 frimaire an II
(18 décembre), les membres de la société des Sans-Culottes
de Treffort suit celle de Bourg dans une pétition qui demande la
suppression des prêtres. Le 12 nivôse an II (1 janvier), la
même société de Treffort entre en conflit avec la
municipalité à propos des pratiques religieuses 392(*). La société de
Montluel, elle, ordonne le 22 nivôse an II (11 janvier) de
détruire deux chapelles, et le 23 nivôse an II (12 janvier), de
faire abattre les clochers des églises de Notre-Dame et de Saint
Etienne393(*).
Les maximes du culte révolutionnaire, ne sont pas les
seules à souffrir du manque d'écoute dans les campagnes. La
décade est également mal suivi, non seulement dans les campagnes
mais aussi dans les villes. Dans beaucoup de cas, les autorités
municipales se montrent complaisantes avec leurs administrés peu
scrupuleux qui se reposent le dimanche. Le 23 nivôse an II (12 janvier),
afin d'endiguer le repos des ouvriers le dimanche, le Directoire du
Département de l'Ain décide que tous les ouvriers des ponts et
chaussées qui refuseront de travailler les jours de fêtes et le
dimanches, seront renvoyés.394(*)
Le nouveau culte de la Raison a le plus grand mal à
s'imposer dans les campagnes. Ces dernières sont pourtant patriotes,
mais pas exaltées comme les villes.
Pour les Sans-Culottes, cette étanchéité
des campagnes est due au manque d'instruction et aux femmes 395(*). Baron-Chalier, agent
national du district de Belley, reconnaît "que l'hydre sera
écrasée quand sera établie une instruction publique"
396(*). Cet avis est
partagé par certains patriotes des campagnes. Pour le conseil
général de la commune de Polliat, "l'instruction publique
achèvera d'élever nos âmes et nous fera chérir la
vérité et la Raison, la Vertu seront mises en pratique et le
bonheur sera notre propriété" 397(*).
Beaucoup de rites chrétiens ne sont pas
éradiqués, comme le voudraient les Sans-Culottes; En nivôse
an II, les curés d'Ordonnaz et de Seillonnaz célèbrent
avec leurs fidèles la fête des rois. Mais si quelques communes
sont encore aux mains des fanatiques 398(*), les Sans-Culottes sont conscients que les efforts
des sociétés populaires et des activistes comme Rollet-Marat ont
des résultats. "La terre est préparée, il ne s'agit
plus que de la semer" dit Baron-Chalier le 22 nivôse an II (11
janvier). Mais l'action des Sans-Culottes, dénués de patience et
de psychologie vis-à-vis des populations campagnardes, nuit aux buts
recherchés par ces derniers.
De cet hermétisme de la campagne à la politique
déchristianisatrice de la ville, les Sans-Culottes vont
développer un sentiment alliant supériorité et frustration
399(*) de voir des
populations plus ou moins hostiles à leurs idées.
Désormais, ce sont des rapports de force, qui vont régir la
politique des Sans-Culottes vis-à-vis du monde rural. Les Sans-Culottes
n'ont pas su adapter leur discours à la masse paysanne, pour qui les
maximes d'Hébert, ne sont que des propos aussi "absurdes,
qu'indécent"400(*).
De même, juste avant l'arrivé d'Albitte dans
l'Ain, certaines communes du département souffrent d'aristocratie.
Coligny, St Rambert et Montluel sont suspectées d'avoir leurs
administrations, clubs et comités de surveillance, gangrenés par
l'aristocratie. En brumaire an II, des missions civiques sont lancées
dans les campagnes avec le but d'y "raviver le patriotisme" 401(*).
Les frontières présentent aussi un
problème. A la fin de nivôse an II, la constatation des
Sans-Culottes, de penser que les aristocrates soient encore dans toute leur
force et qu'il est difficile pour eux de répandre la religion
républicaine, les amènent à penser que la
contre-révolution se prépare. La lettre du 16 nivôse an II
(5 janvier) que le comité de surveillance de Bourg écrit à
celui de Coligny est typique de l'idée que se font les Sans-Culottes de
la mise en place d'un complot : "c'est avec douleur que nous apprenons que
plusieurs paroisses voisines de votre commune, travaillées par des
prêtres fanatiques et incendiaires, mettent tout en mouvement pour
éxciter parmi nous, le trouble et la discorde et amener la guerre
civile, l'espoir des tyrans. . .c'est donc à vous à veiller
à la tranquillité publique et à déjouer les
manoeuvres de l'aristocratie et des fanatiques" 402(*).
La crise fédéraliste de juin et juillet 1793
ainsi que le choc Gouly, poussent les Sans-culottes, à ne
désormais plus voir dans les nobles, les prêtres et les
modérés d'autres choses que des ennemis de la République
.
Dans les campagnes les lois du Gouvernement
Révolutionnaire n'ont pas ou peu d'exécution, malgré les
"missions civiques" 403(*) des sans-culottes de Bourg. Ces missions civiques,
si elles réorganisent et épurent les clubs et
sociétés popualires, n'ont aucune force contre des
administrations réputées peu patriotes. Néanmoins des
Sans-Culottes sont nommés pour "y raviver le patriotisme et prendre
des renseignements sur les ennemis de la chose publique"404(*). De telles missions ont donc
lieu dans des villes comme Coligny,( le 11 brumaire an II (1er novembre),
Blanc-Désisles reçoit un ordre de mission du représentant
Reverchon, pour " y propager l'esprit public, de prendre différentes
notes sur les membres de la municipalmité, de donner avis aux citoyen
Reverchon des gangrénés"405(*)), St Rambert et Montluel.
Beaucoup de patriotes des campagnes ne comprennent pas les
bases de ce nouveau gouvernement qui agit sans constitution ils comptent
souvent sur les administrateurs des districts pour se faire aider.
Malgré cette attente de la campagne vis-à-vis de la ville,
beaucoup d'administrations rurales ne comprennent pas et désavouent les
pouvoirs des agents nationaux, dont Rollet-Marat notamment406(*)
Depuis la venue de Gouly dans l'Ain et l'arrestation de
Blanc-Désisles, Rollet-Marat et Convers, la sans-culotterie se
solidarise autour des patriotes burgiens et belleysiens 407(*). Cet esprit de
fraternité est très fort depuis que les patriotes de Bourg et de
Belley sont incarcérés. L'en tête de la lettre du 13
pluviôse an II (1er février) des Sans-Culottes de Belley à
leurs "frères et amis" de Bourg caractérise bien cette
volontée d'union : "Fraternité ou la mort"408(*). Dotés d'une forte
idée de fraternité, les sans-culottes de l'Ain sont réunis
dans des sociétés populaires, qui sont le maillages polotique du
département
les sociétés populaires
Il est intéressant de se pencher sur les
sociétés populaires, qui sont un appui indispensable pour un
représentant en mission.
En effet, si les administrations peuvent être
suspectées de modérantisme, les sociétés populaires
sont les réservoirs à patriotes éprouvés (puisque
épuré par les éléments reconnus
républicainement sains, de la société populaire. Voir
C.Lucas, page 74). Elles sont le thermomètre du républicanisme.
Ce sont elles qui sont appelées par le représentant à
fournir le nouveau personnel administratif, en cas d'épuration des
autorités. Quand Albitte arrive à Bourg, un projet 409(*) désignant les
nouveaux membres des administrations lui est remis par la société
populaire 410(*). Sur 48
personnes proposées à Albitte au début de pluviôse
an II pour participer aux administrations réorganisées, 46 sans
culottes sont nommés par Albitte lors de ladite réorganisation
des autorités à Bourg les 5 et 6 pluviôse an II (24 et 25
janvier). Mais ce sont aussi elles qui désignent les administrateurs
suspects. Elles sont généralement ouvertes au public qui d'une
tribune, vient assister aux débats.
Comme nous l'avons vu, les Sans-Culottes tirent leur pouvoir
essentiellement des sociétés populaires épurées
dites des Sans-Culottes et des comités de surveillance émanants
de ces dernières. Le 9 brumaire an II (30 octobre), pour renforcer la
puissance des Sans-Culottes, Blanc-Désisles invite les
sociétés et les comités à travailler de concert
411(*).
Dans l'Ain les sociétés des Sans-Culottes
s'organisent de la même manière que les sociétés des
jacobins en France. La société de Bourg agit comme une
société mère, où les sociétés des
chefs-lieux de district et de canton demandent à être
affiliées. Après une enquête sur le patriotisme de
celle-ci, l'affiliation est prononcée ou la société est
épurée. A leur niveau, les sociétés des
chefs-lieux, affilient celles des communes de leur arrondissement. Le
règlement de la société de Bourg, est commun à
toutes les sociétés, avec quelques modifications
éventuelles. En effet, lorsqu'une société s'épure
et devient société des Sans-Culottes sous le contrôle de
commissaires de Bourg, elle accepte le règlement de la
société mère. Voici, d'après Rollet-Marat, un
résumé du règlement de la société des
Sans-Culottes de Bourg :
" à l'ouverture de chaque séance, le
président par ordre de liste, nomme quatre censeurs, lesquels sont pour
la surveillance, l'ordre qui doit régner dans la
société; et si toute fois il se trouve quelques
perturbateurs, les censeurs sont autorisés à les dénoncer,
et le président a droit de les faire arrêter et conduire dans la
maison de sûreté.
Chaque candidat doit être présenté et
appuyé de dix membres, et est affiché pendant trois jours; pour
lors il passe au scrutin. S'il est admis, il prête entre les mains du
président, le serment prescit par les loix; s'il est rejeté,
nulle réclamation.
Lorsqu'un membre demande la parole, il monte à la
tribune, et si quelqu'un l'interrompt, il et rappelé à l'ordre et
censuré.
Toute dénonciation se fait par écrit et est
envoyée au comité de surveillance.
Le scrutin épuratoire est toujours à l'ordre
du jour, car en effet, citoyens, tel sous le masque du patriotisme est
reçu membre, et par la suite, le masque tombant, la gangrène fait
des progrès; adieu la Révolution, adieu la
Société " 412(*).
La société populaire de Bourg est donc à
la tête d'un maillage du département par les
sociétés des Sans-Culottes, de type pyramidal. Cela a
pour conséquence l'établissement "entres elles, d'une
correspondance active pour tout ce qui intéresse le salut public et
l'exécution des loix " 413(*). De ce fait, les sociétés
populaires se veulent l'organe purifié d'instruction des loix. Ceci
à pour conséquence la politisation très forte de certaines
sociétés qui comprennent vite que si le nombre de membres est
restreint, l'application d'une politique donnée se trouve
facilitée, ainsi que l'acceptation de cette politique par lesdits
membres414(*). En
thermidor an II, le nombre des sociétés populaires est dans
l'Ain, de 62 , pour 462 communes. La société mère de Bourg
compte entre 130 et 160 membres415(*) pour 6000 habitants. Ambronay compte 218 membres
pour 1600 habitants, Lagnieu 218 membres pour 1700 habitants, Poncin 144
membres pour 1760 habitants, St Jean le Vieux 113 membres pour 1264 habitants
et St Rambert 145 membres pour 2500 habitants. Beaucoup de ces
sociétés populaires ont été fondées en 1793.
Dans le district de St Rambert, on compte le 1er germinal an II (21 mars), 11
sociétés populaires (voir annexe).
Les sociétés populaires (dont celle de Bourg
notamment) vont, tout au long de la mission d'Albitte, jouer un rôle
important. De la politisation de ces dernières il résulte une
légitimité, qui ne peut conduire les sociétés et
leurs membres, qu'à des responsabilitées encore plus grandes.
L'idée de Blanc-Désisles et des sans-culottes est que "si la
Convention appelait dans son sein quelques sujets pour remplacer les
députés ou suppléants fédéralistes, elle
s'adresserait surement pour ce choix aux dites sociétés qui
composent la partie saine du peuple"416(*). Cette idée, jointe aux
événements de nivôse et pluviôse an II, va comme nous
le verrons plus tard, accelérer la radicalisation des idées
politiques des sans-cuottes en ventôse et germinal an II.
les comités de surveillance
Le second organe révolutionnaire sur lequel s'appuie
indirectement Albitte, est en l'occurrence, les comités de
surveillance417(*).
Ceux-ci sont composés de 12 citoyens qui, dans la
plupart des cas, sont issus de la société populaire par un vote.
Le plus souvent, ces comités sont composés d'artisans (de
dix-sept à quarante ans pour le comité de surveillance de
Lagnieu) sachant pour la plupart lire et écrire. Dans chaque
comité est élu, tous les mois, un président et deux
secrétaires. Quand Albitte arrive dans l'Ain et jusqu'au 25
ventôse an II (15 mars), toutes les communes possèdent un
comité de surveillance. Mais beaucoup d'entre eux n'ont eu qu'une
existence éphémère, le temps de choisir les membres, de
leur faire prêter un serment devant l'arbre de la liberté, de
notifier cela sur un cahier et le comité a fini d'exister. Les membres
des comités se réunissent à la maison commune ou, pour
certains cas, au presbytère.
Les comités des grandes agglomérations du
département (Bourg, Belley, Ferney-Voltaire) siègent tous les
jours. Les comités de surveillance ont des fonctions de police politique
(avec l'attribution des certificats de civisme qui garantissent la bonne ligne
politique des citoyens). Tous les comités disposent de la
possibilité de déclarer suspect des citoyens. Ils recueillent les
dénonciations et après une enquête, délivre un
mandat d'arrêt où pas.
Mais une "spécialisation" se fait jour, en fonction du
lieu où se trouve le comité. Les comités de surveillance
du pays de Gex, sont principalement occupés par la chasse aux
émigrés, aux accapareurs et aux contrebandiers de
numéraire et de nourriture, qui empruntent les chemins que prenaient
avant eux les fauxsaulniers. Celui d'Ambronay est occupé par la
surveillance de la prison. Les comités de surveillance doivent rendre
compte à chaque décade, des travaux effectué à
l'agent national de leur district.
Outre ces deux éléments de la vie politique et
sociale de la Terreur, Albitte va aussi s'appuyer sur un personnage dont les
fonctions correspondent à l'action du Gouvernemt Révolutionnaire
: c'est l'agent national. Ce poste se trouve à deux échelons des
administrations départementales, au district et à la
municipalité. Chaque administration de district a dans son personnel un
agent national, qui est responsable au niveau de cette entité
administrative, de l'exécution des lois. Au niveau de la
municipalité, un agent national se voit aussi confier cette fonction sur
l'étendue de la commune. Les agents nationaux des districts ont de loin
des pouvoirs beaucoup plus étendus et plus forts que leurs
collègues des municipalités. Les pouvoirs conférés
à l'agent national de district, font de lui un agent et un activiste
révolutionnaire de choix. Les agents nationaux ont pour but "de
placer Municipalités et districts sous la dépendance plus
étroite du gouvernement central"418(*). Afin que le pouvoir central puisse contrôler
ces derniers, les agents nationaux doivent rendre au Comité de Salut
Public un compte décadaire de leurs actions. Le rôle d'un agent
national s'exerce aussi bien "sur les autoritées constituées
que sur les particuliers, et leur domaine d'intervention est extrèmement
vaste puisqu'ils ont pour tâche la surveillance de l'application des lois
et décisions de la Convention et de ces Comités"419(*). Mais à ces pouvoirs
s'ajoutent celui de veiller à l'exécution des
arrêtés des représentants du peuple, qui ont force de lois.
Dans l'Ain Rollet-Marat, agent national du district de Bourg, occupe un
rôle déterminant par rapport à ses collègues des
districts voisins. En effet il a pour attribution officieuse, de faire passer
les arrêtés du représentant à ses
collègues420(*).
Si la place de maire est importante durant la présence d'Albitte dans
l'Ain , celle d'agent national lui est supérieure. Il faut donc voir
dans les agents nationaux, des partisans de la Révolution et de la
République, sans faille ni travers.
La situation du département de l'Ain ainsi que les
événements qui s'y sont produits jusqu'à l'arrivée
d'Albitte ont façonné chez les Sans-Culottes une idéologie
politique précise. Il est intéressant de comprendre maintenant
quelles sont les motivations politiques, primaires, des Sans-Culottes et leur
cheminement durant la mission d'Albitte dans l'Ain.
II : l'idéologie politique durant la mission
d'Albitte :
systèmes de représentation
L'idéologie politique qui se concrétise par les
arrêtés et leurs applications durant la mission d'Albitte est le
fruit de deux modes de réflexions. D'abord celui que l'on pourrait
qualifier d'actif (car il influe sur le second) qui est l'idéologie
résultante des motivations des Sans-Culottes et des commissaires civils
d'Albitte, et le second, qui se nommerait passif, relatif aux choix qu'Albitte
prend dans ses arrêtés, après l'influence exercée
par son entourage sur ses idées.
A : motivations politiques des Sans-Culottes
en nivôse et pluviôse an II
Les idées que les Sans-Culottes professent en
pluviôse an II mélangent l'idéologie que l'on trouve alors
dans le père Duchèsne et les conséquences des
événements survenus dans le départements depuis septembre
1793.
Quand Javogues est à Bourg du 19 au 22 frimaire an II
(9 décembre-12 décembre), il stigmatise la pensée
politique des sans culottes autour de trois thèmes lors de son discours
du 21 frimaire an II (11 décembre) : les fédéralistes, les
aristocrates et les riches.
Les deux premiers thèmes sont déjà
récurrent à la pensée des Sans-Culottes depuis septembre
1793; Javogues introduit celui du riche. Ce dernier s'oppose aux patriotes,
donc aux vrais révolutionnaires, et rejoint les nobles, les
prêtres et les fédéralistes, qu'il assimile à la
contre-révolution dans le terme global d'honnêtes gens :
"Tous ceux qui avaient voulu fortement le bonheur du
peuple, qui étaient marquants dans la carrière de la
Révolution, qu'on désignait sous le nom de maratistes, auraient
été immolés sous le couteau des fanatiques, des
contre-révolutionnaires, des royalistes. Les trophées de la
victoire auraient été élevés aux seigneurs, aux
nobles, aux évêques, à la sainte pratique, aux fripons de
négociants en gros et en détail, et à tous ceux qu'on
appelait messieurs les honnêtes gens" 421(*).
Grâce à ce discours, Javogues imprime dans
l'idéologie politique des Sans-Culottes de véritables
revendications sociales qui ont été jusque là absentes.
"Sans-Culottes, avez-vous bien calculé la rage de
l'aristocratie par les efforts impuissants qu'elle a faits ? N'avez vous pas vu
comme un et un font deux, que dans l'espoir de faire un autodafé des
républicains, les malveillants, lorsqu'ils avaient la force, ne s'en
sont servi que pour réduire le peuple à la misère, dans
une saison si abondante. Le blé, le vin ont-ils
été aussi chers que cette année ? Le coeur d'acier des
riches ne se dilatait-il pas à la vue du supplice du peuple
tourmenté par la faim, et avec ce système insignifiant, qu'ils
avaient forgé la bouche béante, avec le ton orgueilleux de
l'opulence, ils disaient : je suis propriétaire. Mais cette
qualité donne-t-elle le droit d'être l'assassin de la
société ? te donne-t-elle le droit d'ôter à la
société tous les moyens d'exister, les droits imprescriptibles et
impérissables de la nature ? Voila la vrai propriété,
l'aliment de la société, le bonheur de ses frères, la
bienfaisance et l'humanité; voilà les titres les plus
recommandables de propriété." 422(*).
Cette politique d'égalité sociale, proche de
celle des sans-culottes parisiens423(*), doit mener à une "République
démocratique, dans laquelle le peuple doit exister seul (et ou). .
.il est une chose plus importante encore que l'élimination des
prêtres (c'est la) destruction des Riches. . .(qui) ne
sont rien d'autre que de monstrueux accapareurs dont les biens
appartiennent en droit aux sans-culottes" 424(*).
La société populaire de Bourg, abonnée au
père Duchèsne d'Hébert, reçoit directement les
motivations des sans-culottes parisiens, grâce à son organe de
presse le plus répandu dans la République. Rollet-Marat, dans son
mémoire justificatif, du 1er pluviôse an II (20 janvier),
n'hésite pas à dire à Albitte qu'il y a "assez
longtemps que les riches nous faisaient la loi"425(*). Cette phrase de
Rollet-Marat montre que si cela fait longtemps que les riches gouvernent, il
est temps que se soit au tour du peuple de le faire. Ce discours contre les
riches voit son application dans les taxes révolutionnaires de Gouly
(nivôse an II) et comme nous allons le voir dans celles d'Albitte.
Les idées prônées par Javogues sont
désormais celles de la sans-culotterie bressane. Elles se retrouvent
dès le 1er nivôse an II (20 décembre) sous la plume de
Rollet-Marat , lorsqu'il écrit les "principes républicains et
révolutionnaires pour les vrais sans-culottes" 426(*), la place qu'il
fait aux riches montre bien que le discours de Javogues a été
assimilé, ainsi que les idées qu'Hébert diffuse dans son
Père Duchèsne : "Dans un état libre, le riche ne doit
pas l'être assez pour acheter le pauvre et le pauvre ne doit pas
l'être assez pour se vendre" 427(*). Cette idée est le leitmotiv de la
sans-culotterie de l'Ain qui, tout au long de la mission d'Albitte diffuse
cette idée dans différents écrits. Mais beaucoup
d'habitants qui sont propriétaires se sentent visés directement
par cette politique. Afin de ne pas affoler ces propriétaires terriens
ruraux, Baron-Chalier, dans son "avis aux ouvriers et braves gens de la
campagne tente de rassurer les "laboureurs un peu aisés"
428(*) devant cette
politique du riche, ennemi de la République: "ne voyez-vous pas que
tous les bougres dont on confisque l'argent et l'argenterie, ne sont que des
gens suspects, tels que les ci-devants nobles, es ex-prêtres, des
avocats, des procureurs, des gros marchands, des commissaires à
terriers, etc. . ." 429(*). Cette politique sociale démocratique,
où le riche supporte le pauvre, est reprise (comme nous le verrons plus
loin) par Albitte et les commissaires civils, qui à l'instar de
Dorfeuille veulent "réduire les riches à 1000 écus de
rente, parcequ'ils corrompaient le peuple avec leur argent" 430(*). Si la richesse doit
être contrôlée, la mendicité doit être
détruite. Pour cela les Sans-Culottes se reposent sur le riche : "la
mendicité doit être abolie; et pour le faire, il faut obliger le
riche à payer et le pauvre à travailler" 431(*)
Ce souci de l'égalité est une idée
commune à la toute la sans-culotterie : "Tout ce qui froisse leur
sens de l'égalité est suspect d'aristocratie. . .plus grave
encore, aux yeux des sans-culottes, que l'attitude hautaine ou
méprisante à leur égard ou la simple
indifférence, l'affirmation de leur position sociale
subordonnée" 432(*).
En effet, les sans-culottes ne supportent pas
l'indifférence à leur égard ni à leur nouvelle
fonction. Le père de Ph. le Duc, (alors jeune lieutenant des hussards
attaché à l'état-major de Lajolais), se fait bousculer
à plusieurs reprises par le maire Alban, car ce dernier lui reproche
"sa bonne mine de jeune officier de vingt ans" 433(*).
Mais à la différence des sans-culottes
parisiens, les sans-culottes bressans, voient dans cette position sociale
subordonnée, toute leur force et leur différence : "la
société dite des Sans-Culottes. . .est composée tous
d'ouvriers et d'artisans, car ils ont dit plusieurs fois dans leurs
séances, moi présent, qu"ils ne voulaient recevoir dans
leur société que des hommes portant les tabliers" 434(*). Si les jacobins
bressans et belleysiens se regroupent sous le terme de sans-culottes, (qui sont
ceux des citoyens près à défendre la République en
formant un "rempart de leur corps" 435(*)), ils n'assimilent pas encore les
"aristocrates,. . .modérés,. . .nouveaux brissotins,. .
.fanatiques et la chicane entière" 436(*) sous le terme d'aristocrate
437(*)contrairement
à la sans-culotterie parisienne.
Avec les événements de 1793 (Vendée,
fédéralisme), les Sans-Culottes développent une phobie du
mauvais patriote qui se fait accepter parmi les vrais sans-culottes, dans
l'espoir de faire échouer la Révolution. Cette peur du complot
perpétuel est entretenue par des discours et des déclarations :
"N'ayez confiance qu'aux patriotes de 1789 et méfiez-vous toujours
de ceux de deux karaz (expression sans doute tirée du père
Duchèsne). . . le scrutin épuratoire est toujours à
l'ordre du jour, car en effet citoyens, tel, sous le masque du patriotisme est
reçu membre, et, par la suite, le masque tombant, la gangrène
fait des progrès; adieu la Révolution, adieu la
Société"438(*) annonce Rollet-Marat. Cette hantise du complot
aristocratique, amène les Sans-Culottes à se refermer sur
eux-mêmes et à considérer comme adversaire terrible, toute
opposition à leur volonté. Le cas de Gouly en est le parfait
exemple.
Les Sans-Culottes gardent une rancoeur terrible envers le
représentant Gouly.
Ce dernier depuis l'arrestation de Blanc-Désisles,
Rollet-Marat et Convers, est régulièrement traité à
la tribune de la Société populaire de Bourg, par Merle,
Chaigneau, Gallien et Alban, comme "un scélérat, un
infâme, un contre-révolutionnaire, un vil agent de Pitt et de
Cobourg salarié par l'Angleterre" 439(*). Gouly, en stoppant
(grâce au modérantisme le caractérisant) les Sans-Culottes
dans leur projet de Commission Temporaire, et en accusant
Blanc-Désisles, Rollet-Marat et d'autres d'être des
ultrarévolutionnaires, est dénoncé par ses derniers comme
un modéré :
"Les maux que le représentant Gouly, envoyé
dans ce département, avait fait à la chose publique, en imprimant
une marche rétrograde à l'esprit révolutionnaire, par le
rétablissement du fanatisme, l'incarcération des plus chauds
patriotes et la liberté rendue aux plus dangereux ennemis du
peuple" 440(*).
Gouly n'est désormais qu'un homme à l'attitude
suspecte à plus d'un titre. D'abord sur l'origine même de sa
fortune faite à l'Ile de France, puis sur son modérantisme et sa
tièdeur révolutionnaire. La démagogie politique de Gouly
a été mise à jour par les Sans-Culottes de l'Ain, qui
n'auront de cesse jusqu'à leur fin de dénoncer à Paris,
l'homme pour qui l'abolition de l'esclavage est une horreur, dans le but de le
mettre la où est sa place, en détention.
L'idée que les Sans-Culottes gardent du projet de Gouly
de dissoudre la société populaire de Bourg devient le
moteur de l'évolution de leurs idées politiques en nivôse
et pluviôse an II. En effet, on peut comprendre grâce aux discours
d'Alban, que les Sans-Culottes acquièrent la certitude qu'ils sont, par
leur réunion en sociétés populaires, souverains et
indispensable à une Convention qui n'est là que par leur
volonté441(*). En
pluviôse an II, les Sans-Culottes se donnent une légitimité
sur les autres citoyens et ne doutent pas de leurs utilité dans
l'échiquier politique.
Comme nous l'avons vu, Blanc-Désisles soutient
l'idée que "les sociétés populaires ne doivent
être composées que d'un petit nombre d'individus qui tous devaient
être révolutionnaires et qu'il donnait pour raison que si la
Convention appelait dans son sein quelques sujets pour remplacer les
députés ou suppléants fédéralistes, elle
s'adresserait sûrement pour ce choix aux dites sociétés qui
composaient la partie saine du peuple"442(*)
Se venger de Gouly devient, pour les Sans-Culottes, un
exutoire à leurs penchants violents. Les Sans-Culottes envoient certains
de leurs orateurs dans les sociétés populaires de l'Ain et de
Saône-et-Loire, afin de pousser ces dernières à
dénoncer Gouly443(*). Le 19 pluviôse an II (7 février), une
nouvelle dénonciation, rédigée par Juvanon, est
adoptée contre lui. Un scrutin épuratoire est organisé
avant la signature de la pétition, afin que soient reconnus les vrais
sans-culottes. Durant le mois de pluviôse an II, les sans-culottes
rédigent une troisième dénociation contre Gouly (le 27
pluviôse-15 février) qui est, d'après E.Dubois, l'oeuvre de
Thévenin. Les Sans-Culottes de Bourg arrivent à faire partager
leur resentiment pour Gouly à Albitte et aux commissaires civils.
Albitte dénonce l'attitude modéré de Gouly dans l'Ain au
Comité de Salut Public444(*), qui prend en compte les dénonciations
émanent d'un de leur homme de confiance.
Avec l'arrivée des commissaires civils (et notamment
Dorfeuille), les Sans-Culottes trouvent un appui non négligeable. En
effet, par ses relations avec les représentants du peuple à Lyon
durant le siège, Dorfeuille peut soutenir la démarche à
Paris auprès du club des Jacobins et de la Convention des Sans-culottes.
Ce dernier, qui dit être "en relation intime avec Robespierre,
Couthon et St Just"445(*), profite d'un séjour à Paris en
compagnie de Merle, Blanc-Désisles, Chaigneau et Gallien durant la
dernière décade de pluviôse an II, pour aller aux Jacobins
et essayer de faire exclure Gouly :
"Nous voulons porter un coup à Gouly en tachant de
le faire exclure des Jacobins. Comme l'on en est un scrutin épuratoire
cela sera facile. La Société est déjà instruite de
la dénoncation. Dorfeuille est jacobin, il vient d'être
épuré, il pourra lui même reprocher en face à Gouly
toute ses menées"446(*).
Cette attaque aux Jacobins de Paris (entre le 21 et le 24
Pluviôse an II) oblige Gouly a se justifier auprès des hommes du
Comité de Salut Public le 24 Pluviôse an II afin de subiri
l'épuration dont il est victime. Gouly dans ces manouevres fait preuve
de beaucoup d'hypocrisie. Il flatte à ce moment là, ceux-la
même qu'il combaterra avec acharnement en Thermidor an II.
Dès leur arrivée, les commissaires nationaux se
joignent aux Sans-Culottes pour écarter Gouly de la Convention. Cette
haine de Gouly est très vite communiquée aux commissaires civils,
qui le traitent avec le plus grand mépris : "Dorfeuille au retour
d'un voyage qu'il avait fait à Paris dit dans plusieurs séances
de la société populaire, qu'il avait avait été
indigné de voir le représentant du peuple Gouly dans la tribune
des Jacobins à Paris, qu'il en descendrait bientôt, que Gouly
avait bien voulu l'embrasser à Paris mais que lui Dorfeuille le repousse
avec mépris"447(*).
Quand les Sans-Culottes se répandent, dans certaines
séances de la société populaire, en propos infamants pour
Gouly, allant même vers le fin de pluviôse à demander
"que la tête de l'infâme Gouly tombe"448(*), les commissaires civils
suivent l'élan des Sans-Culottes et entrent dans leur jeu politique :
"le citoyen Dorfeuille enchérissait encore sur tout ses discours,
ainis que Vauquoy et Millet"449(*) . Comme nous le verrons, la haine des Sans-Culottes
pour Gouly ne fait qu'empirer au mois de ventôse an II.
Si l'on prend comme programme politique des Sans-Culottes le
texte de Rollet-Marat, on s'aperçoit qu'en pluviôse an II, plus
que toutes autres motivations, la lutte contre les prêtres et l'Eglise
occupe une grande part dans les opinions politiques des Sans-Culottes.
"Le clergé est une hydre à cent
têtes" nous dit Rollet-Marat. Les têtes de l'hydre en sont les
prêtres. Ce sont donc eux l'objectif à atteindre. Pour les
Sans-Culottes, une fois les prêtres supprimés, la religion
chrétienne, telle qu'elle se pratiquait sous l'Ancien-Régime,
sera détruite. Les prêtres, plus que la religion, sont les ennemis
de la Révolution. Les Sans-Culottes voient dans ces derniers, des
personnes qui, par leurs pouvoirs et leurs racines avec l'ancien régime;
sont opposées à la Révolution, et qui sont
décidées à faire entre-tuer les patriotes pour servir
leurs desseins450(*).
Si, pour les Sans-Culottes, "la crédulité de
nos pères" et "l'imbécilité de nos
aîeux"451(*)
sont à l'origine de la fortune et de la puissance de l'Eglise, La
République doit fonder une nouvelle religion avec un culte
désargenté et déprêtrisé de "la
Liberté, de l'Eglité et de l'Eternelle
Vérité"452(*).
Les idées religieuses des Sans-Culottes sont
très simples; il faut remplacer le culte chrétien fait par un
prêtre, par celui de la Raison, dont chacun peut s'en montrer officier du
culte : "Ces gredins qui ne croyaient pas en Dieu, aujourd'hui voudraient
nous persuader qu'on ne peut pas se passer de calotins; enfin les bougres vous
disent cinquante mensonges."453(*)
La religion prônée par les Sans-Culottes doit
être républicaine; elle doit reposer sur l'éducation, la
rationalité et la vertu inérantes aux bons républicains
car, comme nous l'avons vu dans le contexte départemental, les
Sans-Culottes attribuent le fanatisme au manque d'éducation. La
suppression du fanatisme est l'oeuvre de quelques sans-culottes depuis octobre
1793. Avec la présence d'Albitte, ces prêches républicaines
de nivôse an II deviennent des exhortations à la haine du
fanatisme 454(*). En
effet, pour Baron-Chalier, Rollet-Marat et Blanc-Désisles, la religion
repose sur des prêtres, qui entretiennent l'ignorance du peuple, afin de
mieux les séduire pour arriver à leurs fins, qui est de
s'enrichir et de dominer : " il (le clergé) abrutissait
notre âme en l'enchaînant par des mystères grotesques, des
momeries et des cérémonies inutiles, et par des terreurs paniques
qui ne faisaient peur qu'aux imbéciles et aux enfants"455(*). Les Sans-Culottes sont
conscients, sans être des athées convaincus456(*), que la force du
clergé est de détenir le savoir et de ne le divulguer qu'à
un nombre de personnes restreint, et que l'ignorance dans laquelle est
jetée une grande partie de la population, est la base du pouvoir des
prêtres et des nobles : "L'ignorance des peuples les a faits adopter
(les prêtres); l'instruction et la vérité doivent
les renverser."457(*). L'effort d'instruire le peuple, les Sans-Culottes
le font en encourageant les individus à fréquenter les
sociétés populaires qui ont, comme à Bourg, des tribunes
ouvertes au peuple.
dessin sans culottes en famille
Cette haine des personnes représentants
l'Ancien-régime, se fait aussi sentir sur les nobles, qu'ils appellent
aussi aristocrates.
Socialement et économiquement, les nobles sont un
fléau. Rollet-Marat juge que "la noblesse n'était qu'un
fantôme; sa destruction était nécessaire, parcequ'il
faisait peur à tout le monde" 458(*)et produisait le malheur du peuple; en créant
les pauvres.
Les fédéralistes, eux, sont les ennemis
politiques des Sans-Culottes. Le souvenir de la crise fédéraliste
de l'été 1793, attise la haine des Sans-Culottes contre les
modérés, dont ils désirent ardemment se venger de
manière radicale : "les sacrés chiens, qui ont
été les meneurs de la clique fédéralistes, doivent
mettre la tête à la lunette; et leurs seconds,(comprenons
là les modérés et, ou les riches) après comme
de foutus Nicodèmes payé leurs folies selon leurs moyens,
pourront danser de bonne grâce la carmagnole, ou sinon. .
."459(*).
Cette phrase de Baron-Chalier, qui se fait alors le
porte-parole du mouvement patriote, montre qu'il existe une hiérarchie
du fédéraliste. Il y a d'abord les personnes qui ont prit une
part active aux actions de juin et juillet 1793 conter la municipalité
de Bourg de manière active, et qui ne mérite que la mort. Puis il
y a les personnes passives, qui part leurs inactions pour stopper les premiers
se sont rendus coupables de complicité. Pour ces derniers, on retrouve
ici l'idée des amendes qui une fois payée "selon leurs
moyens", leur assure le retour dans le cercle des citoyens. Ces citoyens
sont consiédérés comme des individus qui ne sont pas
endémiquement contre la Révolution (comme les
modérés et les riches), mais qui ont été
égaré. Ces derniers, peuvent aux prix d'un méaculpa
financier penser "devenir de bons maratistes"460(*).
Mais la chose la plus frappante, est, là aussi, la
faculté des Sans-Culottes de développer depuis les
événements fédéralistes de juin et juillet 1793, la
peur d'un complot ourdi par les modérés. En conséquence,
les fédéralistes et les aristocrates sont compris dans le
même ensemble et sont, dans l'esprit des Sans-Culottes, alliés
pour détruire l'édifice républicain : "rappelons-nous
tout ce qui s'est passé depuis 89; rappelons nous, patriotes, que
l'aristocrate ou le modéré nous veillent sans cesse, qu'ils
épient nos caractères, nos faiblesses, qu'ils sondent tous les
replis de nos âmes; ils nous connaissent parfaitement; et par le
résultat de leur étude combinée, ils disent : celui-ci
peut se prendre par la flatterie et la vaine gloire; celui là par
l'intérêt; celui-ci par les repas; cet autre, par les femmes, ect.
. ."461(*).
Les Sans-Culottes savent (la présence de Gouly le leur
a rappelé) que leurs ennemis politiques peuvent encore leur nuire, ce
qui renforce encore plus leur crainte d'un complot antipatriotique dont
aristocrates et modérés seraient le moteur. Le sans-culotte a
donc le devoir de surveiller462(*) les nobles et les modérés et de les
faire venir dans le sein de la République463(*), (car l'aristocrate "la
figure allongée, le teint pâle, semblent douter des miracles de la
Révolution et des saints effets de la guillotine"464(*)), ou de les
détruire465(*).
Les Sans-Culottes ont des avis différents sur le
remède final à adopter pour se débarrasser de ces ennemis
: assimiler et surveiller ou détruire. Cette divergence quant à
la solution à adopter est présente tout au long de la
présence d'Albitte dans l'Ain466(*).
Cette peur de l'aristocrate et de son pouvoir de
séduction par la parole ou l'argent, pousse les Sans-Culottes à
se méfier des prisons467(*) et de veiller à ce qu'aucune correspondance
ne sorte de celle-ci. Le soucis que cause l'incarcération de toutes ces
personnes est constant durant la mission d'Albitte dans l'Ain. Rollet-Marat en
fait la remarque inquiète à Albitte le 15 germinal an II (4
avril), dans une lettre de 6 pages (voir annexe) : "Les détenus dans
la maison des cydevants Claristes lèvent la tête, il m'a
été rapporté qu'ils tenaient des propos très
inciviques, qu'ils avaient formé parmi eux une société
populaire, un conseil général de commune, un district, un
tribunal révolutionnaire ,et qu'ils osaient dire que les patriotes
attendaient la maladie et qu'eux étaient en
convalescence"468(*)
Ainsi, durant le mois de pluviôse an II, germe
l'idée de pouvoir se débarrasser des prisonniers les plus
significatifs et les plus notoires (figurent emblématiques de
l'Ancien-Régime ou hommes représentant le
fédéralisme), qui sont pour les Sans-Culottes tous des ennemis de
la République (aucun suspect ne peut être un homme du peuple, les
commissaires d'Albitte dans les prisons, ayant sion de séparer l'ivraie
du bon grain). Les Sans-Culottes étendent facilement le terme de suspect
à l'ensemble des rejetés de la Nation, à tout les agents
des riches, des prêtres, des nobles et des modérés, qui
cherchent à perdre le peuple, pour faciliter un retour à l'ordre
ancien. Cette accumulation de personnes différentes469(*) sous le terme commun
d'ennemis de la République, pousse les Sans-Culottes à la
suspicion envers tous.
En pluviôse an II, parmi toutes les motivations
politiques des sans-culottes, une chose est constante; c'est le désir de
faire du sans-culotte le modèle social et politique du nouvel homme.
Dans leurs divers écrits et discours quand les Sans-Culottes ne parlent
pas du citoyen modèle, comme d'un maratiste, ils parlent alors du
sans-culotte. En effet, en voulant la fin des différences sociales que
peuvent engendrer la richesse, la naissance ou l'éducation, ils
cherchent a promouvoir le sans-culottes comme un modèle
d'égalité social. Les écrits de Rollet-Marat et de
Thévenin fils vont dans ce sens.
Ces écrits sont des guides, dont le but est de donner
une définition, une mentalité et des mots d'ordre à ceux
qui ne sont pas compris dans les professions, ou "classes sociales" que sont
les riches, les prêtres, les nobles et les modérés, donc
aux hommes du peuple. En effet, pour les sans-culottes, l'égalité
est une vengeance du peuple sur le possédant, qui par son appât du
gain et sa soif de pouvoir est une cause de la guerre : "Dites à
part vous, que si les nobles, les prêtres et chicaneurs avaient de bonne
foi voulu l'égalité, s'ils étaient bien persuadés
qu'il est impossible de résister à une révolution, nous
n'aurions pas la guerre. Tonnerre de dieu ! nous l'avons et c'est leur faute;
il faut donc que les Jean-Foutre en payent la façon, il faut qu'ils
payent les pères et les mères pauvres qui ont envoyés
leurs enfants aux frontières; il faut qu'ils nourrissent les pauvres
sans-culottes"470(*).
Cette vision du partage qui doit être fait explique
totalement les vexations et les mauvais traitements dont sont victimes les
possédants, ou ceux reconnus comme tels. Ces vexations, commises par des
hommes de milieu modeste sur des notables, ont pour but de se venger (en
pratiquant une égalité forcée) du clivage qui a mis les
seconds au dessus des premiers. Ainsi, les Sans-Culottes n'hésitent pas
à piller les caves et les garde-manger des personnes reconnues comme
bourgeois ou nobles471(*)
Les Sans-Culottes ont une vision d'eux mêmes qui, par
leurs motivations et leur vécu politique, est rendue
héroïque. En effet le corps social que forme les sans-culottes, par
rapport à leurs "ennemis"; se perçoit comme victime d'une
oppression constante. Mais, les Sans-Culottes sont conscients qu'à force
d'efforts réguliers, ils arriveront à leurs buts. A cause de cela
les Sans-Culottes ont une idée vertueuse d'eux mêmes, qui est
caractérisée par "la bonne foi et . . .la confiance si
naturelle aux patriotes"472(*).
Les Sans-Culottes ont une volonté très forte de
changer radicalement l'ordre des choses; "les mesures
révolutionnaires doivent s'exercer rapidement; si elles étaient
de longues durées, les passions réagiraient avec une telle
violence, qu'un volcan éclaterait et pourrait embraser la
république".473(*). Le modèle de gouvernement que
désirent les Sans-Culottes est bien évidement une
République, où l'Egalité n'aurait pour concurrente que la
Liberté. Mais cette liberté a une limite, que la vertu
individuelle et la moralité fixent474(*) : par dessus tout, le respect de la Loi est
nécessaire et crucial. Comme ils ont une volonté de changement
forte, ils ont aussi des motivations fortes incluant le sacrifice de soi pour
la Chose Publique475(*)
devant qui l'individu n'est rien. Blanc-Désisles n'hésite pas
à dire qu "il serait guillotiné ou qu'il accomplirait ses
projets" 476(*).
Dans le même élan de déterminisme, Rollet-Marat
écrit à Albitte le 15 germinal an II (4 avril) "j'ai
juré de tout lui sacrifier (à la patrie), ma vie
même, ce doit être la conduite d'un véritable sans-culotte,
tel est la mienne"477(*). Les Sans-Culottes sont donc des patriotes
déterminés pour qui la Révolution est un élan
fantastique contre lequel on ne peut pas lutter, qui ne verra sa fin que
lorsque "les ennemis de la patrie seront anéantis"478(*), et que les sans-culottes
seront sans aucune opposition politique et morale.
Avec Dorfeuille, Millet, Vauquoy et Bonnerot, les motivations
des Sans-Culottes de Bourg trouvent un appui non négligeable. Les
idées des commissaires répondent tout à fait aux attentes
des Sans-Culottes : "Si j'avais commandé le siège de Lyon,
j'aurais fait prendre toute la race des marchands, tous les accapareurs
d'argent, tous les trafiqueurs d'assignats, tous les prêtres, tous les
riches, tous les procureurs et les gens de loi et je les aurais fait foutre
dans le Rhône par les sans-culottes"479(*) nous dit Dorfeuille dans le
père Duchèsne de Lyon. Les idées des Sans-Culottes vont
pencher vers une politique hébertiste ouverte, sous l'influence de
Dorfeuille, Millet et Vauquoy. En pluviôse an II, Sans-Culottes et
commissaires civils "ont grand soin de propager les maximes impures
d'Hébert. Dorfeuille surtout s'est montré le plus chaud
apologiste de ce conspirateur"480(*).
Les commissaires d'Albitte vont, à leur manière
influencer les sans-culottes dans leurs comportements; en effet, proches des
représentants à Commune-Affranchie, ils se font l'écho de
la politique de répression dont ils ont été une pierre
angulaire. "Dorfeuille faisait journellement l'éloge des
opérations du Tribunal Révolutionnaire de Commune-Affranchie,
dont il avait été membre et disait qu'il faudrait qu'on en forme
un dans ce département, durant la guerre pour punir les traitres, les
aristocrates et les fédéralistes"481(*)
Les commissaires civils d'Albitte perçoivent leur
séjour dans l'Ain, plus comme une promenade militaire de
répréssion, qu'une mission d'établissement du Gouvernement
Révolutionnaire. Les comissaires civils cherchent à
établir, durant le mois de pluviôse an II, une politique de
punition similaire à celle que Lyon a connue, en encourageant la
délation :
"Il y a environ quatre ou cinq mois que les citoyens
Dorfeuille et Millet vinrent chez la déclarante pour lui rapporter des
livres de talents appartenant au citoyen Lallande et que la conversation rentre
sur la société populaire et sur la tribune des femmes. Qu'ils ont
dit tous deux qu'elles n'étaient pas encore au pas, qu'elles devaient
dénoncer les propos aristocrates qu'elles entendaient. Que la
déclarante répondit qu'elle n'avait jamais entendu propos
aristocratres, que les femmes qui venaient à cette société
étaient toutes bonnes patriotes, ainsi que toutes celles de la ville . .
. .Dorfeuille ajouta que l'on l'avait dénoncé. Que Millet et
Dorfeuille dirent affirmativement à la déclarante, que dans deux
mois on verrait cette commune déclarée en insurection comme
Ville-Affranchie et traitée comme elle. Que la guillotine serait
permanente et que les épouses verraient éxecuter leurs maris et
qu'elles les suivraient de près pour subir le même supplice. . .
.(Dorfeuille et Millet ajoutent) que se sort nous attendait, si nous
ne nous réunissions pas tous aux Sans-Culottes"482(*).
Les commissaires civils d'Albitte, dès leurs
arrivée, sont dans les mêmes dispositions politiques que les
sans-culottes et sont prêts à les aider, en utilisant pour cela
leur fonction et leur pouvoir, aussi bien auprès du représentant
qu'auprès des pouvoirs à Paris, où à
Commune-Affranchie.
Les Sans-Culottes, dotés d'idées politiques
précises et soutenus par les commissaires civils qu'Albitte amène
de Commune-Affranchie avec lui, attendent d'Albitte la parfaite
exécution de leurs idées.
B : motivations d'Albitte
Pour mieux comprendre la teneur de la politique mise en place
durant la présence d'Albitte dans l'Ain, il faut se familiariser avec
les motivations politiques du représentant et surtout leurs
évolutions durant ce séjour de 3 mois. En effet, sous l'influence
des commissaires civils et des Sans-Culottes, les idées politiques
d'Albitte vont évoluer au gré des interventions persuasives de
ces derniers.
Comme nous l'avons vu dans le chapitre
précédent, Albitte est un homme de terrain plus habitué
aux décisions militaires que civiles. Il a l'idée que son
rôle est étroitement lié à la sauvegarde de la
République et qu'à ce titre il ne peut pas être indulgent
et doit apporter au peuple la justice et la sûreté de la loi :
"la justice nationale doit se déployer aujourd'hui dans toute sa
sévérité pour épouvanter les conspirateurs et ceux
qui serait tenter de les imiter". Homme laborieux, il sait que son travail
sera de longue haleine et difficile pour arriver au résultat
escompté : la "besogne est laborieuse ici"483(*) écrit il à ses
collègues à Lyon. A son arrivée, Albitte a
déjà une idée précise de son rôle dans le
département de l'Ain : "rendre les sans-culottes dans tout la force
du terme" 484(*).
Albitte, comme Javogues, assimile facilement le terme de
sans-culottes aux vrais patriotes. Ce programme simple, induit donc que toutes
les oppositions aux sans-culottes doivent être réduites; en effet,
dans la même lettre, Albitte explique par quels moyens il va mener cet
objectif politique de "détruire le fanatisme. . .écraser les
prêtres (et) dompter messieurs les ci-devant" 485(*). Cette idée
précise de son rôle dans l'Ain, va mûrir et se modifier au
contact des Sans-Culottes.
Dans un premier temps, Albitte cherche à s'entourer
d'hommes fidèles et patriotes. Pour cela il ne juge pas par lui
même (défaut de profession ? ). En effet, les signes de confiance
des représentants précédents (Gouly excepté) envers
les Sans-Culottes sont pour lui des preuves de la valeur de ces hommes. Il en
va de même pour le soutien que les autorités, et surtout les
sociétés populaires, accordent vis-à-vis de telle ou telle
personne 486(*). Avec
l'indécision d'Albitte, les sociétés populaires deviennent
les garantes de l'opinion révolutionnaire, qui prend le pas sur l'avis
des autorités constituées487(*). Albitte n'est pas avare de sa confiance aux hommes
qu'il juge patriote. Ainsi Dorfeuille, Vauquoy, Merle où les officiers
municipaux de Bourg, sont à ses yeux des patriotes488(*)
De son expérience aux armées, Albitte a
gardé un sens poussé du devoir. Il a en haute estime la
scrupuleuse obéissance à la loi. Mais il cherche aussi à
imposer cette opinion aux personnes à qui il donne sa confiance, en les
nommant à des postes : "Les citoyens ci-dessus
désignés, sont investis dès ce moment au nom de la loi,
des pouvoirs attachés à leurs fonctions, comptables envers la
patrie de leurs talents et de leurs vertus, et sous la responsabilité
terrible imposée par la loi aux fonctionnaires publics"489(*). Quand Albitte
rédige sa proclamation du 5 pluviôse an II (24 janvier) au
directoire du département, il montre clairement sa définition du
gouvernement révolutionnaire, et ces attentes vis-à-vis des
administrateurs sans-culottes pour l'aider à installer le gouvernement
révolutionnaire :
"Citoyens,
La Convention Nationale a décrété
l'établissement d'un gouvernement provisoire et révolutionnaire,
il est la pièce d'attente sur laquelle sera posé l'édifice
de la constitution que la République entière a acceptée,
et qui doit faire son Bonheur.
La Convention nationale a envoyé cinquante huit de
ses membres pour établir dans tous les départements ce
gouvernement qui n'est que le précurseur d'un meilleur encore, et dont
la durée, en dépit des tyrans et des esclaves doit être
éternelle.
Pour y arriver, il faut des guerriers qui terrassent les
ennemis du dehors : un million de nos frères les battent aux
frontières; il faut des lois sévères qui compriment,
punissent et écrasent au dedans les malveillants, les fanatiques, les
aristocrates et les conspirateurs.
Ces loi existent.
Il faut des patriotes, des vrais sans-culottes, des hommes
vertueux qui fassent exécuter les lois dans toute l'étendue de la
République.
Citoyens, il en existe qui rempliront cette importante
fonction.
Toutes les autorités constituées vont
être, suivant la loi, réorganisées et
régénérées en cet instant, sans destitution dans
votre département.
Pourquoi ? Pour faire le bonheur du peuple trop longtemps
négligé.
Que restera-t-il à faire ? Chacun son
devoir.
Fonctionnaires publics, connaissez le votre, la loi
inflexible est là.
Peuple le tien est de connaître les vrais amis et de
veiller sans cesse au maintien de la liberté, qui n'est rien sans
l'égalité."490(*)
Dans cette déclaration, Albitte par la confiance qu'il
donne aux militants locaux, attend se reposer sur ces activistes pour l'aider
à mener à bien sa mission de Salut Public et de Gouvernement
Révolutionnaire provisoire.
Mais plus la mission avance, plus l'idéologie d'Albitte
se fait impulsive et dure. Le 21 pluviôse an II (9 février), dans
une lettre à la Convention, il donne une nouvelle définition du
Gouvernement Révolutionnaire : c'est "un gouvernement qui
détruit jusqu'au dernier germe de fanatisme, qui anéantit tous
les restes détestables de la royauté et de la
féodalité, qui ôte aux ci-devants tous les moyens de nuire,
qui écrase les contre-révolutionnaire, les
fédéralistes et les coquins, qui ranime les patriotes, honore les
sans-culottes" 491(*).
On peut voir dans cette lettre d'Albitte que son programme est
fortement inspiré des idéaux que les Sans-Culottes ont
répandu dans leurs différents discours. Pour Albitte, le bon
citoyen (entendons par là le sans culotte), l'homme nouveau, ne peut pas
être un homme de l'Ancien-Régime. La conduite jacobine
modérée d'Albitte à Marseille, devient durant le mois de
pluviôse an II, plus hébertisante.
Pour Albitte, si le département de l'Ain est
"intéressant pour la République par ses localités
frontières" 492(*), il est néanmoins livré aux
espérances des aristocrates et des modérés depuis que les
patriotes sont emprisonnés. Dans une lettre du 11 pluviôse an II
(30 janvier) au Comité de Salut Public, Albitte adopte la vision du
département des Sans-Culottes. Il dépeint l'Ain comme
"infecté de prêtres, de nobles de praticiens" 493(*). Dans cette lettre, Albitte
aborde aussi le sujet de Gouly.
La vision qu'a Albitte de Gouly, et son évolution est
tout à fait significative de l'affinage de ses idées. Le 3
pluviôse an II (22 janvier), dans son arrêté pour la
libération de Blanc-Désisles, Rollet-Marat et Convers, Albitte
trouve pour son collègue des circonstances atténuantes :
"considérant que le représentant du peuple Gouly abusé
sans doute par les séductions et les machinations ourdies par les
malveillants, a imprimé dans ses contrées une marche
rétrograde à l'esprit révolutionnaire" 494(*). Mais dans sa lettre du 11
pluviôse an II (30 janvier), la compassion pour Gouly est totalement
absente, il le désigne comme celui qui" a ravivé le fanatisme
et relevé les espérances des aristocrates et des
modérés"495(*). Albitte rejoint l'idée des Sans-culottes sur
Gouly, tout en se montrant néanmoins plus prudent que l'a
été Javogues.496(*).
L'étude du vocabulaire des arrêtés du
représentant durant sa mission montre bien la dérive des
idées d'Albitte aux contact des Sans-Culottes jusqu'à la fin de
pluviôse et le début de ventôse, puis la modération
de ses idées jusqu'à son rappel.
Le 1er et le 2 pluviôse an II (20 et 21 janvier),
Albitte emploie dans ses arrêtés les mots de "personnes
déclarées suspectes"497(*) et de "personnes détenues"
498(*). C'est un
vocabulaire général et plutôt distant que le
représentant emploie pour parler de ce que les Sans-Culottes appellent
déjà des "administrateurs infidèles, des
scélérats voués aux tyrans coalisés. . . des
fédéralistes. . .traîtres. . .brigands" 499(*). A ce moment Albitte reste
assez loin des motivations des Sans-Culottes jusqu'à la
libération de Blanc-Désisles, Rollet-Marat et Convers, le 3
pluviôse an II (22 janvier). A partir de ce moment Albitte rentre dans le
jeu des Sans-Culottes, mais avec des réserves.
En reconnaissant l'utilité de ses trois hommes pour
l'établissement du gouvernement révolutionnaire, Albitte se
rapproche de leurs idées 500(*). Tout en se faisant désormais partisan du
régime terroriste attendu par les Sans-Culottes, Albitte reste toutefois
prudent; pour lui "si la justice nationale doit se déployer
aujourd'hui dans toute sa sévérité pour épouvanter
les conspirateurs. . .cette même justice doit aussi un prompt secours a
des citoyens accusé et détenus à tord"501(*). Albitte au début de
sa mission va jusqu'à mettre en cause "des erreurs
momentanée" 502(*). Jusqu'au 10 pluviôse an II (29 janvier), il
ne fait pas encore de différence parmi les détenus.
En effet, cette temporisation inhérente au
caractère d'Albitte se trouve vite modifiée. Dès le 11
pluviôse an II (30 janvier), il fait réintégrer en maisons
de détention toutes les personnes mises en liberté par ordre de
Gouly. Cet arrêté aveugle, outre le fait de désavouer son
collègue, répond à l'attente des Sans-Culottes, de pouvoir
faire revenir la situation au moment où Javogues était là.
Toujours le 11 pluviôse an II (30 janvier), dans la lettre à ses
collègues de Commune-Affranchie, Albitte décrit son idée
quand aux personnes qui sont suspectes; ces dernières sont toutes celles
qui sont les ennemis des Sans-Culottes : prêtres, nobles,
fédéralistes. Cette évolution se caractérise
dès le 13 pluviôse an II (1er février), lorsque Albitte
ressert l'étau autour du terme suspect. En effet, sont
considérés suspects d'office tous les "administrateurs,
hommes de loi, avoués, ex-nobles, ex-prêtres et ex-religieuses qui
avaient été mis en état d'arrestation par ordre des
représentants du peuple Amar, Merlino, Bassal, Bernard et Javogues, ou
des autorités constituées"503(*).
Il est à remarquer qu'avec cet arrêté,
Albitte légitime la venue de Javogues dans l'Ain, qui n'y avait pourtant
aucun pouvoir; alors que simultanément, il cherche suivant la politique
des Sans-Culottes à dénigrer Gouly, voir a nier ces pouvoirs dans
l'Ain.
Le 20 pluviôse an II (8 février), la
pensée d'Albitte au sujet des suspects se fait plus claire encore,
lorsqu'il met en liberté des cultivateurs et des vignerons; Pour eux, il
fait preuve d'une clémence504(*), qu'il ne fait pas aux personnes qui ne sont pas
issues du peuple. De même quand Albitte parle de sans-culottes
détenus, le terme de suspects ou de prisonniers est oublié et
l'on y substitue celui de citoyens. Cet appui envers la partie du peuple
reconnue saine et vertueux devient constant dès pluviôse an II
quand il écrit à Rollet-Marat : "il faut autant que l'on peut
rendre à la liberté le pauvre, le malheureux et l'agriculteur,
qui, pour l'ordinaire ne font des fautes que par les conseils et les
instigations perfides des riches, des intriguants et des ci-devants
nobles" 505(*).
Albitte, durant les deux premières décades de pluviôse an
II, voit son idée des suspects modifiée par l'influence
grandissante, que font sur lui les Sans-Culottes et les commissaires civils. De
même, sa position vis-à-vis des "non sans-culottes" est sous
l'influence de ses relations avec cet entourage. En effet, parmi les suspects,
se démarquent rapidement les personnes fourvoyées ou innocentes,
ainsi que les vrais ennemis de la Révolution. Ces derniers se regroupent
dans trois ensembles. D'abord les prêtres et les fanatiques, qui
travaillent par leurs actions à égarer le peuple, puis les nobles
et les fédéralistes, qui sont le bras armé de cette
contre-révolution, et enfin, les riches qui, par leurs
égoïsme et leur amour de l'argent et de la propriété
outrancière, privent la République et les sans-culottes du
soutien financier qu'ils désirent pour vaincre les ennemis du dedans et
du dehors.
En effet, Albitte rejoint l'idée des Sans-Culottes, que
le peuple ne peut être fourvoyé que par la faute des ennemis de la
Révolution : "que les patriotes soient fermes, qu'ils ne tremblent
pas, qu'ils ne se laissent pas séduire"506(*) nous dit Rollet-Marat.
Albitte, qui veut redonner force aux Sans-Culottes et ménager le peuple,
va chercher, pour le plus grand bonheur des patriotes à détruire
les nobles, les riches et les prêtres. L'arrêté du 8
pluviôse an II (27 janvier), obligeant les prêtres à
"abdiquer leurs prétendus fonctions (et) abjuré
leurs erreurs et remis leurs lettres de prêtrises" 507(*) montre que le
représentant a là aussi, rejoint la pensée des
Sans-Culottes. Les prêtres sont les"funestes apôtres. . .du
fanatisme"508(*)
qui ont joué avec l'ignorance du peuple509(*) pour amener ce dernier avec
eux à devenir les ennemis de la Révolution. Albitte est convaincu
que l'ignorance est la clef de voûte qui tient l'édifice de la
religion; en cela, il rejoint Baron-Chalier, Rollet-Marat et
Blanc-Désisles.
Ce qui est marquant durant cette mission, c'est la
facilité avec laquelle Albitte fait des prêtres la cause des
malheurs de la République; il parle de "prêtres perturbateurs
qui forment la révolte."510(*) L'influence des Sans-Culottes est ici incontestable,
lorsqu'on a en mémoire la lettre du comité de surveillance de
Bourg à celui de Coligny, du 1er nivôse an II (21 décembre)
(voir page 92).
Avec son arrêté du 10 pluviôse an II (29
janvier), Albitte montre qu'il fait face à deux types de prêtres.
Il y a le bon prêtre, qui abdique et abjure sa foi suivant
l'arrêté du 8 pluviôse an II (27 janvier), c'est à
dire qui reconnaît publiquement avoir professé des mensonges et
avoir commis des erreurs. De l'autre, il y a le mauvais prêtre, qui n'a
pas prêté le serment, pour revenir dans le sein des citoyens. Ces
derniers qui refusent le bras tendu (via l'acte d'abdication) qui les
mène dans le cercle des citoyens ne peuvent être que des
fanatiques. Malgré la possibilité de revenir dans le sein de la
République que donne l'arrêté du 8 pluviôse an II (27
janvier), les prêtres restent des ennemis sournois de la
Révolution, qui par leurs actions, leurs prêches, leurs
correspondances, et surtout par leur existence en temps qu'homme d'
église, ne peuvent que désirer la guerre civile. Albitte se
méfie des prêtres, même si ces derniers ont
prêtés serment : "Les . . .prêtres qui ont
abdiqué sont tenus de rester dans le chef lieu du district et
de se présenter tous les deux jours à la municipalité; ils
ne pourront en sortir que lorsque les effets des impostures religieuses seront
entièrement détruits dans l'Ain. . .où qu'après
s'être mariés, ou avoir pris un métier utile à la
République"511(*). Pour lui, la religion n'est pas l'ennemi
du peuple, contriarement à ses représentants, qui dans l'Ain
particulièrement sont doués pour séduire les citoyens peu
instruit afin de rester maître : "ils cherchent à conserver
surtout dans le département de l'Ain et du Mont Blanc, le fatal
crédit qu'ils avaient usurpé sur les plus simples et bons de
leurs habitants et à s'opposer à la destruction des
préjugés, à l'établissement du Gouvernement
Révolutionnaire. . .et au règne de la Raison"512(*). Albitte et son entourage ne
cherchent pas à détruire la croyance en un seul Dieu513(*), mais à supprimer des
intermédiaires inutiles et dangereux pour le peuple lui même et la
République.
En effet, Albitte comprend vite que les religions et la
puissance des Eglises, ne sont rien sans le support des prêtres qui la
professent et des symboles que sont les bâtiments religieux et les objets
des cultes. C'est pour cela qu'il prend son arrêté du 7
pluviôse an II (26 janvier), afin de détruire l'emprise morale
qu'exerce les hommes du culte sur le peuple, par la démolition des
bâtiments, symbole de la puissance de la religion en tant que moyen
d'oppression des citoyens :
"Considérant que le peuple français ne
reconnaît aucun culte privilégié et dominant, que tous les
bâtiments, terriers, matériaux, métaux et ustensiles,
ci-devants abandonnés aux usages des différents cultes,
appartiennent à la République, et sont des
propriétés nationales"514(*).
La pensée d'Albitte sur la propriété des
biens des différents cultes, se veut une extension de la loi sur les
biens nationaux et de la Constitution Civile de Clergé.
En effet, si les batiments sont la propriété du
peuple, les objets et ustensiles et matériaux le sont de même. Le
fait que les prêtres soient désormais et avant tout des citoyens
qui se doivent donc d'obéir aux lois de la République avant celle
de Rome pousse Albitte dans l'idée que les bâtiments "trop
longtemps usurpés et envahis"515(*) sont à la République avant
d'être aux cultes. En tant que représentant officiel de la
République et du peuple, son devoir est donc de chasser cet envahisseur
de biens de l'Etat et de les rendre à qui de droit.
Le 8 pluviôse an II (27 janvier) Albitte cherche
à atteindre le culte, non plus dans la mystique des objets et des
matériaux, mais dans ce qu'il a de plus physique et direct, le
clergé. En effet, si les reliquaires, les ornements, les croix, les
encensoirs et les cloches sont un aspect de la religion, les prêtres en
sont les objets en contact direct avec la population. C'est donc à la
population que les prêtres doivent montrer qu'ils n'ont professé
que des mensonges. Le fait de prêter serment devant la foule engage le
prêtre à se conformer à la parole donnée. Dans le
texte du serment, la "fonction" de prêtre est remplacée par le mot
métier. Albitte ne considère pas la fonction d'homme
d'église comme le sacerdoce d'un homme vertueux et
désintéressé, mais comme une profession qui a pour but de
gouverner et s'enrichir aux dépens des personnes crédules et
maintenues volontairement loin de toute instruction.
Après le développement des idées
d'Albitte autour du culte, il intéressant de voir l'évolution de
sa pensée vis-à-vis des nobles, des riches et des
fédéralistes.
Si les prêtres sont la cheville sournoise de la
contre-révolution, les nobles sont la partie émergée de la
lutte contre la République qui, par leur contact avec les
émigrés, ne sont qu'encore plus dangereux. La plupart du temps,
Albitte assimile dans le même groupe, les nobles, les
fédéralistes et quelques fois les riches.
Le 8 pluviôse an II (27 janvier), dans son
arrêté stipulant la démolition des châteaux forts,
tours et fortifications, Albitte cumule sous le terme général
"d'esclaves" (des tyrans), tous les ennemis de la Révolution :
"tout récemment encore les château forts ont
servi de refuge, de point d'appui et de ralliement aux fanatiques, aux
fédéralistes et aux rebelles. . .et raniment les
espérances plus coupables encore des aristocrates, des
contre-révolutionnaires et des émigrés"516(*).
Pour lui, les nobles et leurs successeurs dans la
contre-révolution ouverte que sont les fédéralistes, ne
sont que des "incorrigibles partisans de la royauté, de
l'aristocratie et du fanatisme, de la tyrannie et du
fédéralisme"517(*). Albitte leur reproche leur conduite sous les
siècles passés, mais aussi leur volonté de vouloir
forcément nuire de par leur naissance à la République :
"considérant l'immensité des maux dont ces êtres
gangrenés de l'ancienne corruption, ont affligés la
République et ceux qu'ils peuvent lui faire éprouver
"518(*).
Pour Albitte, comme pour les Sans-Culottes, les nobles et leur
avatars, les fédéralistes, n'ont aucune excuse; ils sont
forcément contre la République, comme si le sentiment
d'être contre-révolutionnaire était endémique au
fait d'être né noble. Aveuglé par son entourage, les
nobles, ne sont plus pour Albitte, des citoyens ou des êtres humains,
mais une "race funeste"519(*), "une caste dévastatrice"520(*), qui par sa naissance
s'élève de toutes les manières possibles contre la
République. Les nobles, entité à la fois sans
citoyenneté mais de dimension internationale, portent en eux "le
germe de la lèpre féodale"521(*). Dans l'idée du représentant, le
noble, (par son existence même), cherche naturellement à
démolir les acquis révolutionnaires522(*) alors que tout le peuple
travaille pour la Liberté et l'Egalité. Albitte (ou peut
être Dorfeuille) va, le 23 ventôse an II (13 mars), jusqu'à
inventer le terme de "nationalicide"523(*) pour qualifié le projet des nobles.
Si les nobles cherchent instinctivement la destruction de la
République, les riches ou les propriétaires ne sont que des
égoïstes qui enlèvent au peuple et à la patrie
"la noble ressource de son industrie et de ses biens"524(*). Dans les deux cas Albitte,
fait montre d'une politique de neutralisation, presque similaire.
En effet, dès le 15 pluviôse an II (3
février), Albitte s'attaque aux riches en tant que classe sociale,
à circonvenir. Comme pour les nobles, Albitte, tente par deux
arrêtés (celui du 15 pluviôse an II (3 février) pour
les riches et celui du 13 pluviôse an II (1er février) pour les
nobles, prêtres) de neutraliser "ces êtres
irrévolutionnaires"525(*), en les faisant arrêter comme c'est la cas
pour les nobles, ou, en les sommant de revenir dans les villes où ils
sont domiciliés comme c'est le cas pour les "riches capitalistes et
prorpiétaires de fonds"526(*). Après avoir réuni dans les prisons ou
dans les villes du département, sous la surveillance des
municipalités, ces "êtres irrévolutionnaires"; Albitte
essaye de ciconvenir les ressources financières et matérielles
des riches et des nobles en prenant un premier arrêté le 19
pluviôse an II, donnant le mode d'exécution des mises sous
scellés des personnes déclarées suspectes. Dans cet
arrêté, Albitte montre une férocité verbale qui
tranche avec le ton calme mais néanmoins enflammé de ses lettres
à ses collègues de Commune-Affranchie, ou au Comité de
Salut Public :
"Considérant la profondeur de l'hypocrisie, la
noirceur des trames, la perfidie des coalitions, la criminelle obscurité
des correspondances et la continuité des intelligences
contre-révolutionnaires des incorrigibles partisans de la
royauté, de l'aristocratie et du fanatisme, de la tyrannie et du
fédérlisme;
considérant la constante perversité de leur
conduite liberticide, l'abondance funeste de leurs moyens corrupteurs, leur
égoîsmes anti-social, leur amour insatiable des richesses et
l'infâme usage qu'ils en font pour détruire la liberté et
anéantir l'égalité qu'ils ont en horreur;
considérant l'immensité des maux dont ces
êtres gangrénés de l'ancienne corruption ont affligé
la République, et ceux qu'ils peuvent encore lui faire éprouver
en leur laissant la libre disposition des ressources privilégiées
que son indulgence leur a trop longtemps abandonnées et qui ne peuvent
plus leur être laissées, sans exposer le sien de la patrie
à ête encore déchiré par eux;
convaincu que ce serait en vain que ces ingrats seraient
déclarés suspects, si les moyens de nuire et de se perdre
eux-mêmes n'étaient pas soigneusement et sans délai
écartés de leurs mains parricides."527(*).
Cet arrêté montre bien que c'est durant la
seconde partie du mois de pluviôse an II, que les motivations d'Albitte
sont de loin les plus violentes. En effet, la teneur de l'arrêté
qui prive les suspects de leurs biens, s'il porte le sceau du
représentant, ne semble pas par la violence du vocabulaire
employé, être de la plume d'Albitte.
Ces motivations ne sont pas les seuls éléments
qui régissent la conduite d'Albitte dans l'Ain. En effet, il vient aussi
dans l'Ain pour s'occuper du ravitaillement de Commune-Affranchie528(*) suivant les
réclamations en subsistances de ses collègues à Lyon. Ce
ravitaillement ne s'arrête pas qu'aux besoins de la ville de Lyon, mais
aussi aux armées. Albitte promet à ses collègues à
Lyon d'agir dans ce but "je m'occuperai des bois de marines, des
salpêtres. . .des grands moyens d'améantir la mendicité et
de préssurer les égoîstes, et de punir les
fédéralistes"529(*).
Albitte, plus que d'établir seulement le gouvernemnt
révolutionnaire, cherche à faire marcher la machine de guerre sur
un département reconnu fédéraliste.
Le conseil que lui donne le Comité de Salut Public de
garder le contact avec les représentants à Commune-Affranchie
pousse Albitte à leur envoyer systématiquement des copies de ses
arrêtés, afin que ses derniers jugent de ses intentions.530(*) Mais cette correspondance va
plus loin. Albitte demande conseil aux représentants à Lyon.
Albitte tend donc à devenir un satellite de la politique exercée
à Commune-Affranchie; il n'est pas une autorité autonome.
Bien qu'il demeure en constante relation avec la Convention et
le Comité de Salut Public, Albitte, par l'intermédiare des
représentans à Lyon et des commissaires civils qui
l'accompagnent, garde un contact avec la Commune de Paris et le club des
Cordeliers.
L'influence des voeux des représentants à
Commune-Affranchie et les aspirations des Sans-Culottes de l'Ain
façonnent rapidement l'idéologie d'un homme que la tourmente
révolutionnaire a éloigné de sa prudence naturelle.
Durant sa mission dans l'Ain, Albitte est fermement soutenu en
pluviôse an II par le Comité de Salut Public qui l'encourage
à établir le gouvernement révolutionnaire531(*). Albitte se félicite
de la marche révolutionnaire qu'il applique au département :
"Frères et amis, je vous envoie les différents
arrêtés que j'ai pris depuis mon arrivée dans ce
département. Jetez les yeux, et vous verrez quels sont mes principes. Je
me flatte que vous y trouverez les vôtres et que vous pourrez dire :
Albitte fait son devoir"532(*). Mais ce soutien du Comité de Salut Public
disparait en ventôse an II, quand les menées des Sans-Culottes
sont désavouées par la députation de l'Ain à
l'Assemblée.
Avec la présence d'Albitte dans l'Ain, les motivations
des Sans-Culottes vont connaître une mutation qui va permettre la mise au
point( grâce à l'appui non négligeable des commissaires
civils) d'une politique hébertiste, très proche des idées
des sections parisiennes. Même si cet entourage composé de
personnes au caractère et aux idées influentes et convaincantes,
guide les choix politiques, lorsque ces derniers sont à la portée
du représentant, ce dernier n'en demeure pas moins responsable de ces
actes, par l'apposition au bas des arrêtés de sa
signature.
III : les particularitées de la mission
d'Albitte
La mission d'Albitte dans l'Ain est un des seuls moments dans
l'histoire de la Révolution de ce département où le
pouvoir n'est pas dans les mains d'hommes issus de la bourgeoisie de
l'Ancien-Régime et qui finissent dans la nouvelle bourgeoisie
impériale533(*).
Cette période se remarque surtout par l'attitude des gens du peuple
à se servir de leurs fonctions nouvellement acquises afin de renverser
un ordre social établi allant pour cela souvent commettre des abus de
pouvoir et des indélicatesses.
Albitte, sur les trois mois qu'il passe en mission dans les
départements de l'Ain et du Mont Blanc, demeure un mois à Bourg.
Description de la ville de Bourg
Sur les trois mois que dure la mission d'Albitte, ce dernier
reste près d'un mois à Bourg (du 28 nivôse au 25
pluviôse an II (17 janvier-13 février)), autant dans le
département de l'Ain, et un peu moins dans celui du Mont Blanc.
Afin de mieux comprendre le rôle que va être
amené à jouer Albitte dans l'Ain il intéressant de faire
connaissance de la ville de Bourg-Régénéré
534(*).
Bourg est la plus grosse ville du département de l'Ain,
avec près de 6000 habitants, répartis en trois sections (voir
carte).
Depuis le 2 nivôse an II (22 décembre), ces
sections ont changé de nom tout, comme la ville s'est adjointe le mot de
Régénéré lors du passage de Gouly. La section du
Temple de la Raison devient alors la section de la Fraternité, celle du
Temple des Stes Claires devient la section de l'Egalité et celle de la
salle Physique devient section de l'Indivisibilité. C'est une ville avec
un centre étroit, qui s'est doté de réverbères
avant la Révolution. Au milieu de la place d'Armes (place de
l'Hôtel de ville ou place Marat), se dresse la pyramide en l'honneur de
l'Ami du Peuple. Blanc-Désisles habite rue Brutus, non loin de
Rollet-Marat qui habite rue Simonneau avec Juvanon. Alban loge rue de la
République. Il semble que Vauquoy demeure à l'Hôtel de
Marron, peut-être avec Dorfeuille et Millet, tandis que Lajolais loge
chez d'Oraison. A son arrivée, Albitte est logé à
l'Hôtel de Bohans 535(*). Les portes de ses appartements sont sans cesse
surveillées par des plantons, détachés de la compagnie des
canonniers de la garde nationale. Ses appartements sont sans doute
composés de deux pièces, une chambre et un bureau. Les
reverbères jalonnent une ville qui depuis les mois de janvier 1793 a vu
le nom de ses rues changer.
Depuis frimaire an II, des escadrons du 1er régiment de
hussard (ancien Berchény) sont stationnés dans les locaux du
cloître de Brou. La présence de ce régiment composé
d'un amalgame de volontaires du Calvados et de ce qui reste du régiment
536(*), est importante.
La présence des hussards, facilite depuis nivôse an II 537(*) les activités des
révolutionnaires; durant le séjour d'Albitte, la présence
de cette troupe, va favoriser la mise en place du Gouvernement
Révolutionnaire, d'une part en formant des gardes du corps pour les
commissaires d'Albitte en ventôse an II et d'autre part, en annulant par
leur présence toutes espèces de contestations.
La garde nationale de Bourg, est composée de deux
compagnie de fusilliers, commandées chacune par deux commandants (tous
deux d'anciens cordonniers), d'une compagnie de canonniers commandée par
un capitaine et une compagnie d'invalides commandée elle aussi par un
capitaine. Les canons se trouvent dans la caserne des Ursulines.
La société populaire de Bourg, d'où sont
issus tous les administrateurs, tient ses séances tous les deux jours,
à partir de huit heures du soir dans la salle de l'Arquebuse. Le
comité de surveillance travaille tous les jours et finit ses travaux le
soir entre cinq et huit heures. Ce dernier tient ses séances à
l'Hôtel de Ville.
A l'arrivée d'Albitte, la ville de Bourg compte
plusieures maisons de détention. Ce sont les Saintes Claires, (ou
Claristes), le dépot de mendicité de Bicêtre, le couvent de
Brou et le couvent de la rue Bourgmayer (les Ursulines). Si les Claristes sont
la première maison de détention, devant le nombre croissant de
prisonniers, le district de Bourg ordonne l'ouverture de plusieurs autres
centres de détention. Des maisons comme celles de Rollet et de Reydellet
sont utilisées jusqu'au 16 pluviôse an II (4 février), pour
abriter des religieuses et des chanoinesses. Durant la présence
d'Albitte, des maisons de détention sont ouvertes et regroupent les
suspects par origines. Ainsi, les religieuses sont logées à la
maison de la Charité le 16 pluviôse an II (4 février). Le 7
germinal an II (27 mars), Rollet-Marat fait interner les ex-nobles au couvent
de Brou, le 11 germinal an II (31 mars), le conseil général de la
municipalité de Bourg-Régénéré, fait
interner les femmes dans la maison dite du Chatelard. Le 5 ventôse an II
(23 février), sur ordre de Rollet-Marat, les prêtres non
abdicataires sont transférés des Claristes à
Bicêtre.
carte postal
places d'armes
De la place Marat, une rue mêne à l'église
de Notre-Dame, ci devant temple de la Raison.
Lalemand
les commissaires civils
La présence des commissaires civils qui suivent Albitte
de Commune-Affranchie est extraordinaire dans l'Histoire de la
Révolution dans l'Ain. En effet, jamais aucun représentant du
peuple, n'a eu recours ultérieurement et même
postérieurement aux commissaires civils.
Ils sont les agents de liaison entre le représentant et
les diverses autoritées constituées des districts où le
représentant ne peut pas aller. C.Lucas donne une définition des
commissaires civils : "Les commissaires sont les agents employés par
toute institution ou autorité, à l'exécution de
tâches tombant sous sa juridiction, et à la mise en application de
ses décisions et de sa politique."538(*) Comme le dit donc à
juste titre C.Lucas, "l'autorité d'un commissaire émane du
corps qui l'emploie;"539(*)
Albitte est donc le seul représentant en mission
à confier une partie de son autorité à des hommes de
confiance.
C'est ainsi que le 24 pluviôse an II (12 février)
il nomme en vertu de ses pouvoirs et avec mission d'épurer les
autorités, accélérer l'exécution des lois et de
ranimer l'esprit public, Millet et Bonnerot dans les disitricts de
Trévoux et Montluel; Convers et Vauquoy dans les districts de
Pont-de-Vaux et de Châtillon-sur-Chalaronne et Rollet-Marat dans le
disitrict de Bourg. Albitte, en nommant Rollet-Marat, amplifie ses pouvoirs
d'agent national en y ajoutant ceux attachés à la personne du
représentant en mission. Ceci conduit Rollet-Marat a être un
"super-agent" national de district. Ce dernier nomme à son tour des
commissaires avec mission de parcourir l'étendue du district de Bourg
pour y faire exécuter les arrêtés d'Albitte.
Suite à des courriers des Comités de Salut
Public et de Sureté Générale, Albitte prend un
arrêté le 28 ventôse an II (18 mars), qui nomme
Baron-Chalier commissaire avec la mission de se transporter sur les
frontières du département afin d'empêcher le passage du
numéraire à l'étranger.
Avant ces nominations, qui marquent la volonté
d'Albitte d'assurer le gouvernemt révolutionnaire dans des districts
où il n'a pas pu se rendre, les commissaires civils d'Albitte et
notamment Vauquoy, ont eu quelques petites missions à faire
éxecuter dans le département. Ainsi le 17 pluviôse an II (5
février), Alban, Laymant, Rolland et Vauquoy, sont nommés par
Albitte pour aller au château de Montrevel chercher les archives qui s'y
trouvent. Ils se mettent en route, accompagné d'une escorte de hussards.
A Montrevel, ils requièrent la municipalité de venir avec eux, en
écharpes, au château pour lever les scellés et
récupérer les archives afin de les transférer à
Bourg. Le lendemain ils font arrêter de leur propre volonté les
citoyens Didier et Vernette.
Le 18 pluviôse (6 février) de passage à
Pont-de-Vaux, Alban et Vauquoy se rendent à la société
populaire pour faire un discours :
" (Alban) se vante d'avoir dénoncé le
représentant Gouly, qu'il traita de gueux, de scélérat et
qu'il n'aurait pas gardé la place de maire à laquelle Gouly
l'avait nommé si Albitte n'avait pas confirmé sa nomination. Il
tint plusieurs propos tendant à jetter la discorde et la division dans
la société et prenant un pistolet dans chaque main, il dit que
sachant qu'on était pas en sûreté au milieu d'eux il
était venu armé; il ajouta qu'il fallait exclure tous les
riches,,les plumassiers, et ne conserver que les tabliers de peau comme lui. .
.voyant un vieillard près de lui, Alban en le prenant par la main lui
dit, ne crains rien, mon ami, le patrimoine des riches sera celui des
pauvres."540(*).
Ces arrestations mettent bien en évidence le
caractère universel de leurs pouvoirs, dans des districts (surtout pour
Alban, qui est maire de Bourg) où ils n'ont aucune fonction en temps
normal. Pour ajouter une touche, Alban et Vauquoy, distribuent à la
population, des oeufs trouvés chez ledit citoyen Vernette. Ils en
profitent aussi pour emmener avec eux un fusil double.
Il est à noter par ailleurs que, souvent, les
déplacements des commissaires civils d'Albitte se font grâce
à l'aide précieuse de la municipalité de Bourg qui pour
cela, n'hésite pas à réquisitionner des cabriolets
appartenant à des détenus541(*)
Une des constantes de ces commissaires civils est la rudesse
du langage et des manières face aux populations rurales qu'ils semblent
considérer comme moins patriotes que celle des villes. Leur attitude
énergique et leur manière de ponctuer de "foutre" toutes
leurs phrases éveillent une certaine crainte des habitants des
campagnes. Ce fait est encore plus accentué quand Millet, Bonnerot ou
Vauquoy se présentent comme des adjoints de la Commission Temporaire de
Commune Affranchie.
C'est à la lecture des rapports des commissaires civils
que l'on se rend compte du décalage existant entre les Sans-Culottes et
les patriotes des campagnes.
Une autre particularité des commissaires civils
réside dans le fait, que leur pouvoir égalant celui d'Albitte,
ils deviennent un centre de décision comme si le représentant
avait été là; c'est ainsi que les comité de
surveillance ou les agent nationaux s'adressent à eux pour faire
arrêter des suspects ou pour en faire libérer.
Millet et Bonnerot, sont dès le 28 pluviôse an II
(16 février) à Trévoux. Ils accomplissent des
opérations plutôt anodines toujours en exécution des
pouvoirs confiés à eux par Albitte. Ainsi, le 30 pluviôse
an II, ils adressent à Albitte un tableau de la conduite des
administrateurs du district de Trévoux, où ils donnent leurs avis
sur le civisme des administrateurs : "notre opinion est qu'il soit mis en
état d'arrestation. Tu le jujeras ainsi que ses collègues et nous
éxécuterons tes ordres."542(*) De même ils s'affairent à organiser les
fêtes décadaires et à répondre aux
réclamations faites auprès d'eux par des citoyens sur des
affaires souvent bien bénines. Le seul acte marquant de leur mission,
est la parution du cousin du père Duchèsne, dont ils sont les
auteurs, et qui cherchent à faire comprendre aux gens du District de
Trévoux, les raisons de certains arrêtés, comme celui sur
la démolitions des clochers. Il semble par ailleurs que Bonnerot et
Millet ne se soient pas du tout occupés du district de Montluel.
Vauquoy et Convers, eux, se sentent un peu plus libres dans
leurs actions que leurs collègues du district de Trévoux.
Le 3 ventôse an II (21 février), Vauquoy et
Convers sont à St Trivier-de-Courtes (Val libre) , où ils
adressent une réquisition à la municipalité, visant
à faire fournir du fourrage pour leurs chevaux.
Le 4 ventôse an II (22 février), dès leur
arrivée à Pont-de-vaux, Vauquoy part en mission dans trois
communes et Convers se fait donner des renseignements par le comité de
surveillance de la commune "en vertu des pouvoirs qui nous ont
été confiés, requis Laposte cadet, commandant de la garde
nationale de Pont-de-Vaux, de faire sur le champ arrêter et traduire dans
la maison d'arrêt"543(*) 8 personnes.
Vauquoy et Convers prennent leur rôle très
à coeur. Ils parcours leurs districts en ayant des formulaires
d'arrêtés d'Albitte en blanc. Avec ces formulaires ils
libèrent avec amende et sans surveillace 11 personnes544(*). De même, ils
organisent l'épuration de la société populaire de St
Trivier-de-Courtes. Mais le plus remarquable, outre le fait qu'ils appliquent
avec un point de vue personnel545(*) les consignes d'Albitte, Vauquoy et Convers, se
caractérisent par leur propagande politique.
En effet, lors d'une réunion de la
société populaire de Pont-de-Vaux, Convers alors à la
tribune, déclare aux citoyens assemblés substituer à la
lecture des rapports du Comité de Salut Public trop ennuyeux, celle du
Père Duchèsne. Le président le rappelle à l'ordre,
Convers lui répond que personne ne peut le rappeller à l'ordre,
que lui seul peut le faire. Le penchant hébertiste des deux hommes se
vérifie encore à la société populaire de Montrevel,
le 11 ventôse an II (1er mars), quand ils demandent que soit
accéléré la démolition des clochers et du
château, afin de faire construire avec les matériaux, tout les
batiments que la municipalité désirait. Dans le même
discours, Convers invite les propriétaires terriens à partager
avec ceux qui n'en n'ont pas leur possession et conseille aux citoyens de
fréquenter le cabaret afin d'y puiser les vrais principes
républicains.
La petite escapade de Convers et Vauquoy à Montrevel,
se fait sans aucun pouvoir : "Nous nous sommes arrêtés
à Montrevel, canton du district de Bourg. Malgré que nous y
étions sans pouvoir, nous n'en avons pas moins fait assembler la commune
; en républicains nous avons instruit le peuple de ses Devoirs, mais en
même temps nous l'avons invité à soutenir ses droits, nous
avons tonné contre les égiostes qui sont en grand nombre et
ranimé l'espoir des patriotes"546(*).
Le périple de Baron-Chalier qui commence le 28
ventôse an II (18 mars) est aussi un modèle de personnalisation
des ordres reçus.
Parti seul, il parcourt entre le 28 ventôse an II et le
23 floréal an II (18 mars-12 mai), les frontières du
département de l'Ain. Il va dans différents districts de l'Ain,
puis à St Claude dans le Jura voir le conventionel Lejeune, pour lui
demander des subsistances pour le district de Nantua. Par la suite, il se rend
sans aucun pouvoir dans le département du Léman, à
Genève, où il se renseigne sur les émigrés, la
société populaire, juge de la conduite de quelques
administrateurs et distribue des feuilles patriotiques. Pour lui les genevois
sont dangereux pour la République car ils sont mercantiles et agioteurs
: "Les suisses favorisent de toute leur force l'exportation de notre
numéraire métallique, l'importation d'une immensité de
faux assignats dont près de trois cent mille livres ont
été découverts à Genève
même"547(*).
Baron-Chalier s'occupe aussi activement de lutter contre
l'exportation de numéraire. Dès qu'il le peut il encourage les
patriotes, par des discours et des félicitations.
Pour Baron-Chalier, les communes des montagnes sont
attirées par l'agiotage, il propose d'y établir des troupes
étrangères au pays pour surveiller les frontières.
Il se rend aussi dans le Doubs à Besançon, vers
les représentant Reverchon et Dupuis, et se rend à Lyon où
il fait un discours à la société des Jacobins
séante au Théatre.
Les commissaires civils sont pendant toute la mission
d'Albitte dans l'Ain, un moteur de la Révolution; ils participent
activement à la mise en place des lois de la Convention mais
aussi à l'exécution des arrêtés
d'Albitte. Par leurs manières d'agir et par leur discours, les
populations ont un avis partagé sur ces hommes : "Nous avons
éprouvé beaucoup de satisfaction à Val Libre, les
patriotes se sont pressés à notre départ et nous ont
témoigné le plus vif intérêt pour tout ce que nous
avons fait pour eux, à Pont-de-Vaux nous n'en avons emporté que
des malédictions, car les patriotes sont sans
qualités"548(*)
Les cercles d'influence autour d'Albitte
Dès son arrivée, Albitte s'entoure de personnes
issues d'un organe qu'il juge sûr et compétent pour se faire
expliquer la situation; c'est à dire de la société
populaire. Les sans-culottes, maîtres des administrations, sont donc
appelés à être les interlocuteurs privilégiés
du représentant, d'autant plus que Merle, n'est pas un inconnu pour
Dorfeuille, Millet et Vauquoy. Les Thermidoriens voient cette agitation autour
d'Albitte comme le rassemblement de factieux qui a pour but d'accaparer le
représentant : " sur le champ entouré par la secte
tyrannique. . .Dorfeuille, Millet, le supplicié Vauquoy,
secrétaire d'Albitte et le général Lajolais se
réunissent à tous les factieux pour circonvenir le
représentant et fermer aux citoyens tout accès auprès de
lui" 549(*).
Albitte, fort d'une doctrine politique apprise auprès de ses
collègues à Commune-Affranchie; attentif aux conseils de ses
commissaires et n'ayant que pour seule information sur la commune et le
département l'avis des Sans-Culottes, il se range de leurs
côtés et se trouve isolé de la population. Il n'a et n'aura
durant sa mission à faire qu'aux Sans-Culottes et à ses
commissaires. C.Lucas rapproche cette situation de celle de Claude Javogues
dans la Loire. Ce dernier"s'avère donc une proie facile pour tous
les groupes de pression qui savent prendre la bonne attitude" 550(*). Durant toute la
durée de sa présence dans l'Ain, Albitte qui "était
bon et confiant"551(*), se trouve entouré par les Sans-Culottes et
les commissaires civils. Ces derniers exercent sur lui une grande
influence552(*),
d'autant plus que cet entourage est composé de plusieurs
comédiens et orateurs, qui grâce à leur talent savent se
montrer persuasif. Convers, nous décrit la manière avec laquelle
les Sans-Culottes parviennent à influencer les décisions
d'Albitte, et le faire venir à leurs voeux.
"il (Blanc-Désisles) s'empressa de s'en
emparer (d'Albitte) comme d'un homme à lui et chercha sous
prétexte de patriotisme à le faire venir à ses vengeances.
. .: pour cela il l'entretint très souvent de ses vertus
républicaines et finissait toujours par lui demander l'arrestation de
quelques personnes qu'il ne manquait pas de désigner comme aristocrate
ou fédéralistes"553(*). Et effectivement quand, en ventôse an II,
Blanc-Désisles se plaint à Albitte des menées des
prêtres qui ont fuit dans le Jura, ce dernier, lui répond :
"je connais la conduite des prêtres qui se sont
retirés dans le Jura et je vais prendre un arrêté vigoureux
contre les importuns, par lequel, je les déclarerai
émigrés"554(*).
Si les Sans-Culottes conseillent Albitte sur la conduite
à tenir, ils n'hésitent pas à lui réclamer avec
beaucoup d'empressement des pouvoirs555(*). Les Sans-Culottes, (dans beaucoup de cas), prennent
des initiatives et n'en demandent l'acceptation par Albitte, qu'une fois ladite
initiative exécutée. C'est comme cela que le 18 ventôse an
II (8 mars), Blanc-Désisles obtient l'approbation des mesures qu'il a
prises pour faire arrêter à Paris deux citoyens du
département de l'Ain556(*). De même Rollet-Marat, le 15 germinal an II (4
avril), demande l'approbation d'Albitte suite à des arrestations que
l'agent national à exercer de son propre chef : "il existait encore
audit Treffort un nommé Bouveyron, ex-constituant du coté droit,
un homme dangereux et de la trempe de Piquet son collègue. Je l'ai aussi
fait arrêter avec un nommé Folliet,. . . j'éspère
que tu approuveras toutes ces mesures qui tendent à la
Sûreté Générale et au Salut de la
République"557(*). Mais si les Sans-Culottes, (avec l'appui des
commissaires civils), obtiennent souvent gain de cause auprès d'Albitte
quant à leur réclamations, ce dernier sait parfois se montrer
intraitable envers certaines actions des patriotes locaux. Ainsi Albitte, dans
la première décade de germinal an II, suspend les
opérations de Rollet-Marat portant sur la réunion des communes.
Le dévouement que mettent les Sans-Culottes à
obéir aux ordres du représentant, montre bien que leurs
intérêts passent par le bon vouloir et la bonne manipulation de ce
dernier. Ainsi, quand Albitte et Lajolais partent pour le Mont-Blanc, en
compagnie de Blanc-Désisles, le 24 pluviôse an II (12
février) dans la nuit, Alban, Laymant et Gay vont dans les appartements
d'Albitte et lui confirment leur entiers soutien et dévouement :
"Représentant, général, vous partez tous les deux,
mais soyez tranquilles ça ira ou le diable m'emportera; la Terreur est
à l'ordre du jour. Tu peux partir quand tu voudras, je la ferai
exécuter et à ton retour, ça ira mieux tu me
crois"558(*).
Ce souffle montagnard que propage Albitte à son
arrivée et durant sa mission se voit sur les registres administratifs.
Les intitulés des registres du directoire du district de Belley changent
au début du mois de pluviôse an II. De "la République
Française une et indivisible", ces intitulés passent
à "la République Française une, indivisible et
démocratique"559(*).
Cet empressement des sans-culottes et des commissaires civils
autour d'Albitte, s'il est pour eux un moyen de circonvenir le
représentant de toutes influences pouvant émaner de citoyens
politiquement non corrects, il est toutefois ressenti par la partie du peuple
non sans-culotte, comme un malaise.
Les appartements d'Albitte, de Rollet-Marat ou de
Blanc-Désisles, (avec les auberges), sont les lieux de réunions
des commissaires et des Sans-Culottes. Mais plus que tout autre, l'appartement
d'Albitte devient le centre de décision, reléguant à
l'arrière plan le Département et les districts, qui deviennent de
simples organismes administratifs n'ayant qu'à mettre en
exécution les arrêtés d'Albitte. Ces administrations, ne
font aucune résistance à la politique d'Albitte, comme ils l'ont
faite à celle d'Amar et Merlino, car les Sans-Culottes ont la main mise
sur elles. Pour les Sans-Culottes, tenir Albitte loin des réclamations
des citoyens est le seul moyen pour eux d'avoir un contrôle complet de la
politique. Pour cela, Dorfeuille est mis au bureau des pétitions; c'est
lui qui semble recevoir aussi le courrier du représentant. "Sans
cesse environné de quelques uns de ces brigands, il était
inaccessible au peuple. Sa porte était fermé a tous les
malheureux, il a été pour nous ce que la divinité est pour
tous les hommes" 560(*). Albitte reçoit donc peu de visites. Et si
quelqu'un est reçu par lui, il est vite renvoyé : l'exemple de la
citoyenne Temporal venue réclamer la libération de son mari, est
typique de cet isolement d'Albitte : "elle fut admise à
l'audience d'Albitte qui demanda soit à elle, soit à Alban maire,
pour quels motifs le citoyen Augeraud se trouvait incarcéré
(Alban répond) c'est qu'il va trop souvent se promener sur la place.
A ce propos Albitte se mit à rire et dit à la déclarante
en la reconduisant à la porte, je te marierai demain" 561(*).
Les Sans-Culottes qui tiennent les rênes de
l'administration depuis septembre 1793, sont éparpillés dans
toutes les autorités constituées. Ils exercent au sein de
celle-ci une véritable tyrannie idéologique 562(*), comme ils exercent au nom
du peuple une dictature sur ceux-là même qui les ont portés
au pouvoir : "j'ai été témoin de la hauteur et de la
dureté avec laquelle Frilet, ex-conseiller, devenu officier municipal,
repoussait les citoyens à la maison commune au lieu d'écouter
leur réclamation" 563(*). Mais cette tyrannie, ne cible que ceux des
administrés, qui ne sont pas reconnus sans-culottes ou maratistes, donc
n'appartenant pas à la dite société, ou ne respectant pas
les principes édités par celle-ci sous la plume de Rollet-Marat
en date du 1er nivôse an II (20 décembre). Le non respect à
ces principes fait de l'individu un suspect potentiel, de" gens à
mauvais propos".
Mais les Sans-Culottes trouvent aussi un public, qui les suit
avec beaucoup de zèle. Les discours des ténors de la
société populaire de Bourg sont "applaudis par le reste de la
société dont ils entraînent les suffrages" 564(*). Certains des
sociétaires, à qui l'on confie une charge appliquent donc
à cette fonction les discours entendus à la
société. C'est le cas du citoyen Bride, menuisier de son
état, qui est chargé de garder la maison de la citoyenne
Chareyziat. Il couche et dort dans cette maison, se sert du sel, su savon,
"qu'il emporte chez lui". Pour lui, "le tout appartenait à
la Nation, qu'il voulait en profiter comme les autres, attendu que la
déclarante ne reverrai jamais sa maîtresse" 565(*).Cet état d'esprit
où la violence verbale est de rigueur se trouve renforcé par la
présence d'Albitte; il conduit certains administrateurs à des
abus de pouvoirs. Désormais, les Sans-Culottes agissent dans une logique
de ville reconquise, comme si la ville était à sac à
l'époque où l'Armée Révolutionnaire Parisienne
était là avec Javogues.
C'est durant le séjour d'Albitte à Bourg que ces
abus de pouvoirs, de la part des Sans-Culottes locaux mais aussi des gens venus
de Commune-Affranchie, sont les plus extraordinaires. Pour mieux se rendre
compte de l'ambiance qu'à fait naître à Bourg, la
présence de ce représentant, nous allons voir quelques exemples
d'abus parmi les cinq cahiers de témoignages.
Alban n'hésite pas à réquisitionner, sous
la menace de la prison, le citoyen Grilliet, marchand coutelier, pour jouer du
violon lors des bals décadaires 566(*).Le 4 pluviôse an II (19 janvier), pour
fêter la libération de Blanc-Désisles, Rollet-Marat et
Convers, la municipalité de Bourg réquisitionne 57 bouteilles de
vin chez le citoyen Perruquet Belvey. De même la nourriture qui est
servie à la municipalité est payée suivant le maximum qui
les arrange.
En pluviôse an II, une femme qui se rend de Lyon
à Créssiat dans le Jura, fait une halte à Bourg.
Après que deux officiers municipaux ont vérifié ses
papiers, son numéraire est confisqué. Quand elle se rend à
la mairie de Bourg, pour demander la restitution de ses 1000 livres, Alban
alors présent lui répond : "que demandes-tu là,
vieille coquine, cet argent tu l'as gagné avec des muscadins ou tu l'as
volé ? " 567(*).
Plus particulier du contexte de victoire qui règne
à Bourg, est le témoignage du citoyen Claude Chappui, alors
cuisinier du citoyen Marron Belvey :
"Le général Lajolais vint s'emparer de
l'habitation du dit citoyen Marron Belvey au moment de l'arrestation
de ce dernier; il a usé les meubles, effets, linges, denrées,
farines, bois, charbons et autres approvisionnements de la maison comme s'il en
eut été le maitre. Alban ci-devant maire, empêcha
l'apposition de scellés dans un cabinet contenant quatre cent dix neuf
serviettes, cinquante paires de draps, vingt quatre nappes de maitre, ect. . ,
ect...Il n'en fit faire aucun inventaire, il facilita par ce moyen, et fut
complice des dilapidations de tous genres qui ont eu lieu dans cette maison.
Lajolais tenait aussi table ouverte tous les jours aux soit ci-devants
(sic) sans-culottes : Alban, Désisles, Laymant, Duclos, Juvanon,
Frilet, Chaigneau et autres; il tenait une table somptueuse et abondante dans
le temps où la rareté des subsistances se faisait sentir dans
cette commune. Lajolais faisait prendre et enlever dans la maison Marron Belvey
à titre d'emprunt, mais sans probité et sans délicatesse
comme sans moralité il n'a rien fait rendre, il n'a pas même
payé sa location. Il faisait faire de la patisserie tous les jours
abondamment, il lui fallait la fleur de la farine, il ne s'en faisait pas
faute. Cependant il ne s'est pas manqué de linge qui était
à sa disposition; j'en avais une note exacte, et j'ai retrouvé le
linge conformément à ma dite note. Lajolais était
habituellement avec Vauquoy son bon ami et son camarade, ainsi qu'avec
Dorfeuille.
Dorfeuille s'est approprié un beau cabriolet
à deux roues qui était dans la maison dudit Marron Belevey, qu'il
n'a jamais voulu rendre; j'ai oui dire qu'il l'a vendu à Lyon à
son profit. Il n'y avait point d'inventaire de fait dans le moment qu'il le
prit d'autorité."568(*)
président du comité de surveilance
Comme nous le voyons, les commissaires civils se conduisent
dans Bourg comme des soldats qui vivent sur un pays conquis569(*). Leurs fonctions
occupées à Lyon, lors de la période de répression
de l'hiver 1793, les font se conduire à Bourg( sur les motivations des
Sans-Culottes570(*))
comme si la ville avait été en état de
rébellion armée à Lyon. Les Sans-Culottes, habitants de
Bourg, loin de calmer les ardeurs des commissaires civils, se joingnent
rapidement à eux (dès le 4 pluviôse an II au soir) et
épousent très vite leur conduite.
"Quelques temps après l'arrestation de ce dernier
(le général d'Oraison), Alban ci-devant maire, Lajolais
général remplacant d'Oraison et son aide de camp, se
transportèrent au domicile du citoyen d'Oraison et firent la demande
à lui déclarant, d'un harnais, d'une selle et toutes les brides,
et d'une vache et d'un portemanteau. Le déclarant leur observa qu'il ne
pouvait leur en faire la remise, attendu que les dits objets étaient
sous scellés.
Alban maire pour lors, dit au déclarant qu'il
n'avait pas beaucoup de façon à les lever, ce qu'il
exécuta au même instant sur la porte du grenier. Il y entra avec
Lajolais, son aide de camp et le citoyen Bayet scellier à Bourg. Ils
firent emporter les objets sus désignés à l'exception de
la vache, qu'ils entreposèrent dans un autre grenier, sur lequel le
scellé n'avait pas été apposés, pour la prendre. .
.au besoin. Alban dit en voyant la selle, c'est précisément ce
qu'il me faut, attendu que je n'en ai point.
Lajolais proposa à Alban d'échanger cette
vache contre une qui lui appartenait. On me demanda mon consentement. Je m'y
opposai en leur observant que je n'étais pas maître, qu'il
pourrait faire cet arrangement avec mon maître lorsqu'il sortirait,
à quoi répondit Lajolais que d'Oraison ne sortirai jamais que par
la charette de la guillotine.
J'observai à Alban que j'étais gardien des
scellés, que s'il s'égarait quelque chose, j'en répondais,
qu'il fallait qu'il verbalisât de la levée des
scéllés qu'il venait de faire et qu'il réapposât,
que dans le cas qu'on vint en faire inventaire qu'on m'accuserait de les avoir
levés. A quoi il me répondit que je ne devais pas craindre, qu'il
apporterait le cachet de la municipalité dans le courant de la semaine.
Il fit cependant chauffer de la cire, rattacha la bande du scéllé
et y donna un coup de coude et dit que c'était bon.
Les harnais enlevés furent donnés à
Bayet pour le récompenser de la perte d'autres harnais . . ..
Quelques temps auparavant le gros Gay, concierge
de la Grenette, vint à onze heures du soir, il fit grand tapage
à la porte et en entrant me dit de par la nation, que ton cabriolet soit
prêt pour demain à six heures du matin. Je lui observai qu'il
manquait quelques courroies, il me répondit qu'il manque le diable, il
faut qu'il soit prêt et l'envoya chercher à l'heure dite par un
citoyen que je ne connais pas. Il s'en est servi pendant longtemps, les gens du
représentant Albitte s'en sont servis aussi et l'ont gardé entre
tous environ trois mois et demi. Il se trouva tellement usé quand on le
rendit que citoyen d'Oraison le vendit"571(*)
Les Sans-Culottes et les commissaires d'Albitte fraternisent
donc rapidement. Durant toute la durée de la mission d'Albitte, et au
début de la présence de Méaulle dans le département
après le 11 floréal an II (30 avril), les Sans-Culottes et les
commissaires civils d'Albitte, vont souder et entretenir des liens très
forts. Leur entente, qui se fait de plus en plus forte au fur et à
mesure de l'avancée de la mission; est jalonnée par des repas
où décisions politiques et vins des suspects sont
étroitements mêlés.572(*) Très rapidement, les commissaires civils
rentrent dans la vie politique du département et s'y mèlent
étroitement, non seulement par le soutien qu'ils accordent aux
sans-culottes contre Gouly, mais aussi en se faisant les porte-paroles du
gouvernement révolutionnaire par la création d'une presse
politique et par les relations étroites qu'ils ont avec certains
conventionnels573(*), et
les clubs des Jacobins, des Cordeliers et le Commune de Paris.
L'émergence d'une presse politique :
le père Duchésne le cadet et le
cousin
La mission d'Albitte a de spécifique, qu'elle
entraîne derrière elle la création d'une presse politique
jacobine, partisane et propagandiste, en relation directe avec la
création à Commune-Affranchie de tels organes, instruments de la
Terreur574(*)
Comme nous l'avons vu dans la première partie de cette
étude, Dorfeuille (sous le nom de Damane) et Millet sont
déjà connus à Lyon pour être les animateurs d'une
presse jacobine. En effet, Lyon, qui n'avait jamais eu de presse jacobine, voit
se créer après la réddition de la ville trois organes de
presse575(*) divulguant
une propagande montagnarde dont Dorfeuille est un des animateurs. Il collabore
au Journal républicain des deux départements de Rhône et
Loire avec Pierre Duviquet du 2 janvier au 19 juillet 1794. Mais Dorfeuille se
rend plus célèbre du 21 novembre 1793 au 22 mars 1794, en
publiant 32 numéros du père Duchèsne. Le succès du
journal de Dorfeuille est comme nous le dit P.Rétat "confirmé
par le fait que la Journal de Commune-Affranchie n'hésite pas
à emprunter au Père Duchèsne le récit de
la mort du juge Félix Gaillard rédigé par
Damane576(*) alias
Dorfeuille577(*).
Sans doute envoûté par la ferveur journalistique
et sentant que l'action des Sans-Culottes et d'Albitte nécessite la
création d'un organe de presse populaire politisé dans un
département alors vierge de toutes feuilles journalistiques, Dorfeuille
et Millet créent le père Duchèsne le Cadet, sans doute
aidé par Duclos et Alban le maire578(*). Millet avec Bonnerot créent le Cousin du
père Duchèsne pour soutenir leurs actions dans le district de
Trévoux.
Ces deux journaux n'ont qu'une parution
éphémère. Le Cadet ne compte que deux numéros et le
Cousin qu'un seul. Les deux journaux sont tous deux de format in 8°. Le
Cousin du père Duchèsne est imprimé aux Halles de la
Grenette à Commune-Affranchie.
La parution de ces deux feuilles est bien accueillie par les
Sans-Culottes qui, déjà lecteurs de la feuille d'Hébert,
"vantaient beaucoup Hébert et ses projets
désastreux"579(*).
La particularité de ces deux feuilles, outre
d'être le soutien politique du mouvement sans-culotte de l'Ain, est leur
gratuité. En effet, "cet écrit qu'il répandait
à profusion"580(*) devait être distribué dans la
société populaire de Bourg, lors des fêtes
décadaires, mais surtout, il était envoyé aux
municipalités et aux comités de surveillance (avec certains
exemlaires du père Duchèsne d'Hébert) dans les colis de
correspondance officielle581(*).
Cette presse militante s'insère sans aucun probleme
dans la culture révolutionnaire que connaît alors le
département avec les Sans-Culottes. En effet, l'emploi du vocabulaire
inspiré du père Duchésne582(*) (où les foutres et contres-foutres se
bousculent), rend les discours des Sans-Culottes terribles et
menaçants583(*)
pour le public rural. Même à Bourg, la grossiereté des
propos tenus à la tribune en floréal an II après le
départ des officiers municipaux pour Paris, fait qu" une grande
partie des citoyens vont (aux séances de la société
populaire de Bourg) que pour rire, il y en a quelques uns parmi eux qui
font encore des motions à peu près passables, mais il y a qui
veulent en faire et qui ni entendent rien et ils font rire les
auditeurs"584(*).
Pour les Sans-Culottes, comme pour les commissaires civils,
écrire dans le père Duchèsne est un titre de gloire et un
honneur : "le dit Dorfeuille dans les premiers temps de son arrivée
à Bourg en qualité de commissaire du représentant Albitte,
disait publiquement dans la tribune de la société populaire que
lui Dorfeuille était le père Duchèsne le cadet, qu'il se
glorifiat de ce titre"585(*).
De même les commissaires locaux d'Albitte, difusent dans
tout le département (via les paquets de correspondance
officielles586(*) ou des
distributions gratuites) des discours ou des pamphlets réimprimés
et souvent retouchés depuis leurs premières impressions587(*). De temps-en-temps
adressé aux administrations des districts, ces brochures sont
envoyées aux comités de surveillance ou aux municipalités
après leur réimpréssion dans le chef-lieu de district.
Dorfeuille et Millet font réimprimer leurs
différents discours et proclamations chez l'imprimeur Goyffon à
Bourg et les font paraître dans un petit recueil de 72 pages in 32°
intitulé Recueil de différents ouvrages patriotiques,
imprimé par les soins de Dorfeuille et Millet, en mission avec Albitte,
représentant du peuple, envoyé dans les départements de
l'Ain et du Mont Blanc588(*). Ces publications font parmi les sans-culottes
quelques adeptes, comme Baron-Chalier, qui publie un Avis aux ouvriers et
braves gens de la campagne, dans le district de Belley, sans doute à
la fin de pluviôse an II.
La lecture de ces brochures, est faite comme peut l'être
celle de lois. La diffusion et la lecture de ces brochures a pour
conséquences immédiates un décalage de vocabulaire et de
comportement entre les sans-culottes des villes et ceux des campagnes. Comme
nous le dit C.Lucas, "la violence verbale est répandue chez de
très nombreux révolutionnaires de l'an II, en particulier ceux
qui lisent et soutiennent le Père Duchèsne. Dans ses
mémoires, Fouché parle de phrases banales dans le langage du
temps et qui, dans des temps plus calmes, inspirent encore une sorte d'effroi :
ce langage d'ailleurs était pour ainsi dire officiel et
consacré"589(*). Les brochures ainsi répandues, outre le fait
d'être un support politique, deviennent dans l'Ain les relais de la
culture populaire urbaine parisienne. Le vocabulaire des pères
Duchèsnes de l'Ain, s'il est perçu et usité par les
Sans-Culottes comme un modèle, il est senti par les simples patriotes
comme des flots de paroles "aussi absurdes
qu'indécent"590(*).
Les thèmes abordés dans le Père
Duchèsne le Cadet, comme dans "le cousin", sont des thèmes
courant à la sans-culotterie depuis la fin de 1793 : attaques contre les
ci-devants, les prêtres, les fédéralistes et
éxaltations des vertus du sans-culotte, modèle de l'homme
nouveau. (voir annexe)
Dans le premier numéro du "Cadet", Dorfeuille raconte
à la manière d'une mise en scène avec dialogue son
arrivée à Bourg et sa conversation avec une muscadine, un
modéré et une dévote. Dans son second numéro,
Dorfeuille fait un rapport théatral de ses visites dans les prisons du
début du mois de pluviôse an II, n'oubliant pas de rappeler qu'il
libère les bons sans-culottes mais qu'il a jugé les autres
détenus.
Dans le même style, mais avec un but différent,
le père Duchèsne de Millet et Bonnerot cherche, lui, à
expliquer la raison des arrêtés d'Albitte sur les clochers et les
châteaux et à motiver les patriotes à en faire
l'exécution.
Ces brochures sont des témoins importants pour juger de
la manière dont des hommes qui ont la confiance d'Albitte, et le soutien
du peuple voient leur époque; de même, qu'ils constituent une
source importante sur la pensée patriote de cette période.
les arrêtés d'Albitte
A partir de différentes sources, nous pouvons estimer
à près de 70591(*) les arrêtés d'Albitte.
Les arrêtés d'Albitte sont rédigés
dans une logique qui ne cède qu'à la rigueur.
Tous ses arrêtés sont reconnaissables car ils se
divisent en trois parties; d'abord Albitte donne les caractéristiques de
sa mission et donc légitime la teneur de l'arrêté par son
rôle, puis viennent les considérations qui justifie sa position et
donne ses motivations et enfin, les aricles qui donnent la teneur de la
décision.
Si tous les arrêtés ne sont pas écrits de
sa main592(*), tous sont
en théorie signés par lui et reçoivent le seau des
représentants en mision au bas de l'arrêté. Au cas
où il s'agissent d'une copie, la mention "pour copie conforme"
est ajoutée au dessus de sa signature.
Ces papiers en têtes sont donc revetus de la force du
pouvoir d'Albitte, et sembleraient donc ne pouvoir être utiliser que par
lui et le cas échéant n'avoir de valeur que quand le
représentant y appose son sceau et sa signature. Mais cette règle
est souvent bafouée durant la présence d'Albitte dans l'Ain. En
effet, quelques arrêtés ou copies de lettres du Comité de
Salut Public, ont la signature de Dorfeuille, Convers, Vauquoy ou de
Blanc-Désisles593(*).
Quand un arrêté est pris, plusieurs copies en
sont faites, dont une pour Rollet-Marat, qui en fait prendre note par son
secrétaire sur un registre réservé à cette effet au
directoire du département. " Une autre copie certifiée
(est) envoyée à la Convention Nationale, au
Comité de Salut Public et à l'adminisrtation de
département de l'Ain à la diligence de l'agent national du
district" 594(*).
L'arrêté est imprimé au frais du trésor, par les
soins du représentant, en placard et en format in 4° et
"affiché, publié, distribué dans l'étendu des
départements de l'Ain et du Mont Blanc"595(*).
Avec l'arrêté du 13 pluviôse an II (1er
février), Rollet-Marat, acquière une certaine
supériorité face à ses collègues du
département de l'Ain et du Mont Blanc 596(*). Dès lors il se charge d'envoyer les
arrêtés dans les districts du département de l'Ain et dans
le département du Mont Blanc. Ces envois sont faits par paquets
d'arrêtés en placards ou en in 4° 597(*).
Une fois reçus, par l'adminisrtations du district,
l'agent national de ce dernier en fait imprimer des copies qu'il envoie
à son tour en paquet (avec toute la correspondance officielle) aux
municipalités, ou le cas échéant aux comités de
surveillance des municipalités de son arrondissement 598(*). Ces paquets sont
envoyés toutes les décades 599(*). Avec toute cette manipulation et les retards que
connait la poste, les arrêtés d'Albitte arrivent avec beaucoup de
délai aux administrations communales chargées de leur
exécution au niveau le plus bas de l'échelle adminisrative.
Ainsi, le paquet contenant les arrêtés relatifs à la
libération de Blanc Désiles, Rollet-Marat et Convers du 3
pluviôse (22 janvier), l'arrêté du 7 pluviôse (26
janvier) sur les enseignes et machines religieuses, et celui du 8
pluviôse an II (27 janvier) sur les prêtres; qui part de Belley le
17 pluviôse an II (5 février), est recu par les
municipalités du district de Belley, entre le 15 et le 19 pluviôse
an II (3 février-7 février). Quelques fois la distribution des
arrêtés se fait très mal, voire pas du tout. Le 20
pluviôse an II (8 février), le comité de surveillance
d'Ambronay se plaint de ne pas reçevoir les arrêtés
d'Albitte. A cause des problèmes pour faire passer l'information, les
arrêtés d'Albitte sont dans beaucoup de cas être
exécutés avec lenteur, décalage et difficulté.
Il est intéressant de s'arrêter sur la typologie
des arrêtés d'Albitte. Ces derniers revêtent plusieurs
formes matérielles :
- sur un papier en-tête du représentant, avec le
cachet des représentant en mission.
- sur une feuille volante, mais avec le cachet des
représentants en mission.
- sur un registre du département, du district ou de la
commune sans le cachet.
- sur un support imprimé, de la taille d'une affiche ou
d'un format in 4°.
Les papiers en tête au nom du représentant sont
de deux formats. Un format simple in°4; ou un format double du
précedent. L'en-tête qu'Albitte utilise durant sa mission se
caractérise par un changement de présentation vers la
moitié du mois de pluviôse an II.
En tête d'Albitte jusqu'à la deuxième
décade de pluviôse an II.
En tête d'Albitte jusqu'à la fin de sa
mission.
Chronologie de la mission d'Albitte dans
l'Ain
Nous allons voir maintentant une chronologie succincte de la
mission d'Albitte dans l'Ain, avec les principaux arrêtés
d'Albitte:
Albitte arrive à Bourg le 28 nivôse an II (17
janvier 1794), en compagnie de Dorfeuille, Millet, Darrasse, Vauquoy et
Lajolais.
Le 30 nivôse an II (19 janvier 1794), 6 détenus
du département de l'Ain sont envoyés devant la Commission
Temporaire à Commune-Affranchie sur ordre de la Commission
Révolutionnaire de Lyon, le même jour une fête en l'honneur
de la mort de Louis XVI est donnée.
Le 1er pluviôse an II (20 janvier 1794), Albitte fait
prendre des renseignements sur les suspects, les prisonniers et les prisons par
les commissaires civils et reçoit des demandes de libération en
faveur de Blanc-Désisles, Rollet-Marat et Convers, les trois patriotes
incarcérés.
Le 2 pluviôse an II (21 janvier), Albitte fait prendre
des mesures pour que l'état d'arrestation des détenus soit
effectif. Il fait installer des infirmeries dans les maisons de
détentions.
Le 3 pluviôse an II (22 janvier 1794), Albitte fait
libérer Blanc-Désisles, Rollet-Marat et Convers. Le soir les 3
hommes font adopter, à la société des Sans-Culottes de
Bourg, une dénonciation contre Gouly qui est envoyée aux Jacobins
de Paris et à la Convention.
Le 4 pluviôse an II (23 janvier 1794), Albitte se rend
à la société des Sans-Culottes et fait un discours sur ses
intentions. Le soir, un banquet est organisé en faveur des Sans-Culottes
libérés.
Le 5 pluviôse an II (24 janvier 1794), il
réorganise le directoire du district de Bourg, la municipalité et
le comité de surveillance.
Le 6 pluviôse (25 janvier 1794) après un discours
au directoire du département, Albitte réorganise ce dernier.
Le 7 pluviôse an II (26 janvier 1794), c'est le tribunal
criminel de Bourg qui est réorganisé par Albitte. Toujours le 7,
il prend un arrêté pour la descente des cloches et la
démolition des clochers. Il fait lever les scellés apposés
sur les papiers de Peysson, accusé de fédéralisme, afin de
les faire examiner.
Le 8 pluviôse an II (27 janvier 1794), Albitte prend un
arrêté pour la démolition des châteaux forts et
places fortes, ainsi qu'un autre mettant en place un serment d'adbication de
foi pour les prêtres.
Le 10 pluviôse (29 janvier 1794) il ordonne
l'élargissement de détenus dans le district de Bourg.
Le 11 pluviôse an II (30 janvier 1794), il fait
réintégrer en prison toutes les personnes relachées par
Gouly.
Le 12 pluviôse (31 janvier 1794) il fait remettre en
liberté le citoyen Collet de Nantua et réquisitionne le district
de Belley pour fournir Commune d'Armes en seigle.
Le 13 pluviôse (1er février 1794), il fait
remettre en prison toutes les personnes qui y avaient été mises
par ces succésseurs dans l'Ain (Amar, Merlino, Bassal, Bernard et
Javogues), sauf les gens issus du peuple (ouvriers, artisans et
cultivateurs).
Le 15 pluviôse an II (3 février 1794), il demande
que toutes les personnes possédant 2000 livres de rentes et qui ont
quittées les villes du département de l'Ain, doivent y
revenir;
Le 19 pluviôse (7 février 1794) il donne le mode
de mise sous scellés des biens des suspects. Les Sans-Culottes adoptent
une nouvelle dénociation contre Gouly.
Le 20 pluviôse (8 février 1794), Albitte fait
mettre en liberté des agriculteurs et des vignerons.
Le 21 pluviôse (9 février 1794), Albitte donne
des précisions, quant à son arrêté du 8 sur les
prêtres.
Le 22 pluviôse (10 février 1794), mise en
arrestation de Pagès, Tardy et Morel, principaux chefs
fédéralistes de l'Ain, alors en fuite à Paris.
Dans la nuit du 23 au 24 pluviôse (11-12 février
1794) est établie, après de vives discutions, la listes des
détenus de Bourg et d'Ambronay à faire comparaître à
la Commission Populaire de Commune-Affranchie.
Le 24 pluviôse (12 février 1794), mise en
liberté de Genevay notaire, de Laclergerie capitaine. Albitte fait
transférer de Grenoble à Belley, les sans-culottes Bonnet et
Thorombert de Belley. Rollet-Marat est autorisé à nommer des
commissaires pour visiter les communes du district de Bourg afin de prendre des
renseignements sur les autoritées constituées. Albitte nomme le
citoyen Petit à la place d'administrateur au conseil du district de
Bourg-Régénéré. Des commissaires civils sont nommer
pour parcourir le département de l'Ain. Albitte fait un discours
à la société populaire sur les détenus
envoyées à Lyon.
Le 25 pluviôse (13 février 1794), Albitte qui est
accompagné de Blanc-Désisles et de Dorfeuille est à
Nantua. Le même jour 15 des 18 personnes qui comparaissent devant la
Commision Temporaire sont éxécutées.
Le 26 pluviôse (14 février 1794), Albitte
réorganise les autoritées constituées cisent à
Nantua avec la réintégration de l'agent national Delilia dans ses
fonctions.
Le 27 pluviôse (15 février 1794), il est à
St Rambert-en-Bugey pour épurer les autoritées
constituées.
Le 28 pluviôse (16 février 1794), Albitte arrive
à Belley d'où il fait don de 60.050 livres à la
municipalité de Bourg-Régénéré, somme qui
avait été saisie à des négociants en aôut
1793. Cette somme est utilisée par la municipalité dès le
8 ventôse an II (26 février 1794), pour la construction de la
fontaine de Montalpan. Le 28, Blanc-Désisles visite les prisons de
Belley. Une liste de suspects est établie. Ce même jour, suite
à l'inquiétude des représentants de l'Ain de voir ce qu'il
se passe dans leur département, la Convention adopte un
décrêt qui interdit de faire juger à Lyon des
détenus du département de l'Ain. Millet et Bonnerot, commissaires
civils, sont à Trévoux.
Le 29 pluviôse (17 février 1794),
libération des Sans-Culottes belleysiens, Carrier, Bonnet, Thorombert et
Masse.
Le 30 pluviôse (18 février 1794), Albitte
épure les administrations de Belley.
Le 2 ventôse (20 février 1794), libération
du citoyen Charcot de Belley. Les Sans-Culottes de Bourg apprennent que l'on ne
peut plus faire juger à Lyon des détenus du département de
l'Ain, ils écrivent une protestation à la Convention. Albitte
prend connaissance du décrêt de la Convention et fait
réarmer les patriotes de Bourg. A partir de ce moment, les Sans-Culottes
intensifient leurs visites dans les prisons et dénoncent la majeur
partie la députation de l'Ain à la barre du club de Bourg.
Le 3 ventôse (21 février 1794), mise en
état d'arrestation des citoyens Rivail, officier de police militaire et
de Massey commissaire des Guerres dans le département de l'Ain. Le
même jour, Albitte nomme Chaigneau receveur des domaines et des biens des
émigrés pour le département de l'Ain. Albitte annule
l'arrêté de Gouly qui réunissait le district de Gex
à celui de Nantua. Convers et Vauquoy, commissaires civils, sont
à St Trivier-de-Courtes. Albitte se rend à Commune-Affranchie
à la suite de l'annonce du décrêt du 28 pluviôse an
II de la Convention.
Le 5 ventôse (23 février 1794), de retour de
Commune-Affranchie, Albitte s'arrête à Trévoux où il
réorganise les administrations.
Le 6 ventôse (24 février 1794), de
Trévoux, Albitte décide la libération de personnes
suspectes contre une amende.
Le 7 ventôse (25 février 1794), Albitte
épure les autorités constituées de Pont-de-Vaux et de
Châtillon-sur-Chalaronne.
Le 9 ventôse (27 février 1794), Albitte est
à Bourg.
Au début de la seconde décade de ventôse,
les Sans-Culottes de Bourg s'attaquent plus activement à la
représentation de l'Ain à la Convention.
Le 11 ventôse (1er mars 1794), Convers et Vauquoy sont
à Montrevel où ils n'ont aucun pouvoir et intensifient leur
conduite hébertiste.
Le 12 ventôse (2 mars 1794), Albitte ordonne la
séparation dans les prisons des personnes des deux sexes et demande que
les enfants de moins de 18 ans des ci-devants soient confiées à
des citoyennes républicaines pour leur éducation. Le passage
d'Albitte a Belley encourage les dons patriotiques; pour la première
décade de germinal, 622 chemises, 49 paires de bas, 4 cols, 6 paires de
souliers, 3 boucles en argent, 1 culottes en peau et 2 en draps ont
été donnés pour les soldats.
Le 13 ventôse (3 mars 1794), Convers et Vauquoy sont
à Châtillon-sur-Chalaronne. Albitte alors à Belley depuis
le 12, se rend dans le département du Mont-Blanc. Il prend un
arrêté qui ordonne l'assèchement des marais et des
étangs de la Dombes mais cet arrêté n'a aucune
éxecution. Durant la seconde décade de ventôse, Dorfeuille
et Alban annonçent à la société populaire de Bourg
et au temple de la Raison qu'il va bientôt se produire un nouveau 31 mai,
un grand coup de chien du père Duchèsne.
Le 16 ventôse (6 mars 1794), Albitte prend deux
arrêtés; un qui suspend la taxe révolutionnaire de Gouly et
l'autre qui ordonne aux agents nationaux de rendre compte de leurs travaux, au
représentant, toutes les décades.
Le 17 ventôse (7 mars 1794) de Chambéry, Albitte
autorise le citoyen Yvand à se rendre, conformément aux ordres
qu'il a reçus du Comité de Subsistances, dans l'étendue du
département de l'Ain, afin de faire assécher les marais et les
étangs.
Le 23 ventôse (13 mars 1794), Lajolais donne le mode de
rassemblement de le garde nationale de Bourg au cas où la
générale viendrait à battre.
Les relations entre la municipalité, le comité
de surveillance de Bourg et le district commencent à être
mauvaises. Rollet-Marat et Gallien sont désapprouvés par les
Sans-Culottes.
Le 25 ventôse (15 mars 1794), Albitte supprime les
comités de surveillance des communes. Avec cet arrêté et
celui relatif aux agents nationaux du 16, Albitte ramène vers lui le
pouvoir de décision. Ce choix est le fait marquant de la fin de la
mission d'Albitte. L'agent national du district de Belley, trouve que
l'arrêté qui réduit les comités de surveillance
à un par canton est une mesure sage et ne peut apporter que des bons
effets600(*).
Durant la première décade de germinal, Convers
s'attaque à Blanc-Désisles lors d'une séance de la
société populaire de Bourg. Peu de temps après, le 15
germinal (4 avril 1794), il est exclu de la dite société.
Le 5 germinal (25 mars 1794) Blanc-Désisles fait un
discours sur les mauvais patriotes et les modérés. Par ce
discours, l'orateur bressan semble prendre position pour le parti de la
Commune, dans le jeu politique qui se joue à Paris entre cette
dernière et la Convention.
Durant cette décade, les Sans-Culottes apprennent
l'arrestation d'Hébert. Sans doute méfiants vis à vis de
dénonciations qui viendraient (suite à la chute des
hébertistes) du retour de l'opposition modéré, la
municipalité de Bourg fait décacheter systématiquement
tout le courrier en provenance ou en direction de Paris, aussi bien à la
poste de Bourg, qu'à celle de Pont-d'Ain.
Le 15 germinal (4 avril 1794) Albitte est à Rumilly
avec Gay. Bourg devient Epidor.
Le 16 germinal (5 avril 1794) alors qu'il est à
Carrouge, Albitte est rejoint par Dorfeuille, Millet et Convers.
Le 17 germinal (6 avril 1794) Albitte est à Gex.
Le 18 germinal (7 avril 1794), Frilet décachète
une lettre du Comité de Salut Public à l'adresse du tribunal du
district de Bourg.
Le 22 germinal (11 avril 1794) Albitte autorise les agents
nationaux des districts à réorganiser les administrations des
communes de leurs arrondissements à sa place.
Le 23 germinal (12 avril 1794) l'annonce de la mort
d'Hébert rend la séance de la société populaire de
Bourg houleuse.
Le 2 floréal (21 avril 1794), les officiers municipaux
de Bourg sont conduits à Paris par ordre du Comité de Salut
Public.
Le 11 floréal (30 avril 1794) Méaulle est
nommé représentant du peuple dans l'Ain. Albitte n'apprend sa
nouvelle affectation à l'Armée des Alpes que le 18 floréal
(7 mai 1794).
CHAPITRE 3
l'action d'Albitte
A son arrivée à Bourg le 28 nivôse an II
(17 janvier 1794), Albitte est accueilli par "le respect et l'amour des
citoyens de cette commune qui se manifeste pour lui comme pour tous ceux qui
l'ont précédé"601(*).
Au soir de son arrivée, Thévenin fils, pour
montrer la détermination des patriotes bressans, fait un discours
à la société populaire de Bourg. Bien que le registre de
la société des Sans-Culottes, du mois de septembre 1793
jusqu'à l'épuration ordonnée par Méaulle ait
disparu, nous pouvons supposer qu'Albitte se rend au sein de celle-ci le soir
de son arrivée, pour jauger la chaleur patriotique. C'est donc sans
aucun doute qu'il entend le discours de Thévenin fils. Ce discours,
"Profession de foi de la société des Sans-Culottes de
Bourg-Régénéré", montre la volonté des
Sans-Culottes de collaborer sans limite au gouvernement révolutionnaire
que vient établir Albitte.
Dans son allocution Thévénin démontre
bien que, désormais avec la présence d'Albitte, les patriotes ne
seront plus opprimés, qu'ils deviendront le moteur et les gardiens de la
Révolution. Il explique aussi l'attitude des patriotes de Bourg face
à la crise fédéraliste qui a ébranlé la
cité; faisant sous-entendre à Albitte qu'il est l'homme attendu
pour aider les patriotes :
"Jusqu'à quand serons-nous opprimés ? les
patriotes seront-ils toujours sous le couteau des fédéralistes,
des vils aristocrates ? Non, le moment est venu où le peuple
persécuté, outragé, va prendre une vengeance
éclatante de tant de forfaits. Le salut de la République a
sonné, nos victoires retentissent aux deux pôles et de
lâches modérés viennent encore semer la division parmi
nous. . .! Qu'ils tremblent, les monstres ! L'oeil vigilant du sans-culotte les
suit partout, ils seront découverts, partout leurs complots avorteront;
enfin le glaive de la loi tombera sur les têtes conspiratrices et purgera
de tous les crimes le sol de la liberté.
Oui ! la liberté a reçu des secousses
violentes, la république à été
ébranlée jusque dans ses fondements , mais elle a
résisté aux coups parricides de ses ennemis; les sans-culottes
lui ont fait un rempart de leurs corps et la patrie a été
sauvée par les sans-culottes. Qu'ils sont lâches ces assassins !
Ne pouvant nous rompre en masse, ils cherchent à nous diviser pour nous
assassiner en détail ; oui, tandis que dans cette enceinte nous agitons
le salut du peuple, des scélérats viennent nous outrager et
conspirer contre nous. . .
Qui ne sait si, tandis que je vous parle, ils ne
méditent pas quelques complots, ils n'aiguisent leurs poignards. . .
Eh bien ! qu'ils sachent que les sans-culottes, en
rentrant dans la carrière de la Révolution, ont
déjà fait le sacrifice de leur vie, qu'ils sachent qu'ils ne
craignent point la mort, que semblables aux sénateurs romains, à
ce glorieux martyr de la liberté française, ils resteront
à leur poste et présenteront leurs seins aux lâches qui
voudraient leur percer le coeur.
Non ! encore une fois, nous sommes dans l'arène;
que le combat soit à mort ; plus de grâce pour les
scélérats, ils expireront sous les coups du vainqueur ; notre
cause est sacrée, nous combattons pour la République et eux, ces
vils partisans des rois, trament notre chute à la servitude. De toutes
parts les conspirations éclatent ; partout les aristocrates la figure
allongée, le teint pâle, semblent douter des miracles de la
Révolution et des sains effets de la guillotine, ils veulent encore
fatiguer la vigilance des sans-culottes; qu'ils viennent donc à nous
sans détours, comme nous sommes sans craintes. Oui ! nous leurs dirons
que nous ambitionnons tous une mort glorieuse et utile à la patrie; nous
leur dirons que des hommes libres savent se dégager de toute affection
sensible pour être révolutionnaires et que si, victimes de leurs
perfidies atroces, notre mort est certaine, nous mourrons comme nous avons
vécu, c'est-à-dire en républicain. Oui ! nous irons
à la guillotine en chantant l'hymne des Marseillais ; notre sang coulera
pour multiplier les défenseurs de la patrie, écraser les tyrans
et sceller la cause auguste de la liberté." 602(*).
Le représentant, dès le 28 nivôse an II
(17 janvier), ordonne la réimpression du décret du 14 frimaire an
II (4 décembre), accompagné d'une proclamation dont il est
l'auteur. Il explique clairement que ses ambitions :
"arracher les derniers lambeaux du voile épais que
l'ignorance et la tyrannie avaient jeté sur les yeux du peuple et . .
.dissiper les dernières ténèbres qui obscurcissent encore
l'atmosphère de la liberté" 603(*).
Il joint à ce document le rapport de Robespierre
à la Convention au nom du Comité de Salut Public du 15 frimaire
an II (5 décembre) et la réponse de la Convention aux manifestes
des rois ligués contre la République.
Albitte, afin de montrer quelles sont ses intentions, se rend
à la société populaire des Sans-Culottes le 4
pluviôse an II (23 janvier). Dans une des nombreuses lettres qu'il
écrit au Comité de Salut Public, Albitte défini la mission
qui lui est confé dans l'Ain et montre l'esprit qui l'anime durant son
séjour : "J'appelle gouvernement Révolutionnaire un
gouvernement qui détruit jusqu'au dernier germe du fanfatisme, qui
anéantit les restes détestables de la royauté et de la
féodalité, qui ôte aux ci-devant tous moyens de nuire, qui
écrase les contre-révolutionnaires, les
fédéralistes et les coquins, qui ranime les patriotes, honore les
sans-culottes et fait disparaitre l'indigeance qui ne doit pas avoir ni
existence ni nom dans une République; j'agis en conséquence dans
les départements où vous m'avez envoyé."604(*) Albitte dans l'Ain va
essayé de mettre en pratique une politique de réorganisation
politique mais aussi sociale. Pour la première fois depuis qu'il
parcours la France en tant que représentant du peuple en mission,
Albitte avec l'aide des Sans-Culottes locaux et des commissaires civils, va
pouvoir appliquer sur le terrain une action de
régénération sociale. Mais la mission d'Albitte se fait
sur un fond national paticulier. Le Comité de Salut Public dans ses
correspondances avec les représentants en mission se fait meneur et
entraineur : "La loi du 14 Frimaire, citoyens collègues, n'accorda
qu'un mois pour l'établissement du gouvernement révolutionnaire.
. . le gouvernement révolutionnire ne peut s'allier par sa nature avec
une lenteur qui le tuerait à son berceau. Il brûle et
féconde à la fois; il est donc de la plus haute importance
d'accélérer vos travaux"605(*). Le Comité de salut Public dans cette lettre
du 28 Pluviôse an II place les représentatns en mission dans
l'empressement, dans la rapidité d'exécution et dans l'union.
Albitte est donc dans l'Ain pour établir une frome de gouvernement qui
doit amener à la régénération sociale mais il est
surout préssé par le temps.
Chronologiquement la mission d'Albitte dans le
département de l'Ain se découpe en deux parties.
La première partie conduit Albitte de Bourg (du 28
nivôse an II au 24 pluviôse an II) puis à Nantua (le 26
pluviôse) et à Belley (du 27 pluviôse au 3 ventôse).
Cette période est marquée par une volonté de
répression, dans laquelle l'entourage d'Albitte n'est pas innocent.
La dernière partie est celle qui va de l'arrêt
d'Albitte à Trévoux (le 5 ventôse an II) à son
passage à Bourg (du 6 ventôse au 9 ventôse) puis à
Belley (9 ventôse an II au 13 ventôse) afin de se rendre dans le
Mont Blanc (jusqu'au 12 germinal an II) jusqu' à l'arrivée de
Méaulle à Bourg et l'envoi d'Albitte à l'Armée des
Alpes le 18 floréal an II. Cette période est marquée par
l'éloignement du représentant de l'Ain ce qui entraine une
certaine temporisation de son travail, mais, cette période marque aussi
le dérapage politique des Sans-Culottes de Bourg. Parallèlement
à l'itinéraire d'Albitte dans le Mont Blanc, les commissaires
civils nommés par lui dans le département de l'Ain sont à
l'oeuvre dans les districts.
Afin de mieux comprendre l'étendue de l'action
d'Albitte dans l'Ain, nous allons d'abord étudier les mesures de Salut
Public que le représentant applique et dans un second temps nous verrons
les mesures prisent pour établir le Gouvernement
Révolutionnaire.
I : Les mesures de Salut Public
la politique de répression
La politique du mois de pluviôse an II dans l'Ain est
marquée par la volonté des Sans-Culottes de se venger des
fédéralistes encore influents dans le département et
d'annuler la politique de Gouly. Pour cela, la politique de répression
mise au point par les Sans-Culottes (suivant leurs idées et
concrétisée par les arrêtés d'Albitte), est
constituée par la chasse aux suspects, la destruction des fantômes
de l'Ancien-Régime et l'établissement du Gouvernement
Révolutionnaire.
La mission d'Albitte se démarque, d'abord, par
l'accroissement du nombre de détenus et parallèlement du nombre
de maisons de détention. La sûreté et la salubrité
de ces dernières sont les premières préoccupations
d'Albitte à son arrivée.
les prisons
Durant le mois de pluviôse an II, la politique d'Albitte
va revêtir la tenue de la répression. En effet, se basant sur le
modèle lyonnais, Albitte aidé de son entourage606(*), va reproduire à
Bourg et à Belley ce qui lui a été enseigné
à Lyon ou ce que sa correspondance avec ses collègues à
Commune-Affranchie lui conseille de faire. Les mesures qu'Albitte prend
à Bourg et à Belley s'inspirent donc de celles qui ont
été prises à Commune-Affranchie après la chute de
la ville. La politique d'Albitte est marquée par l'établissement
de listes de suspects, afin que soit décidé qui doit être
incarcéré et qui ne doit pas l'être. Les libérations
de suspects sont sporadiques et limitées. Généralement les
libérés sont des patriotes arrêtés par Gouly et
soutenus par les sociétés populaires, ou des gens du peuple qui
n'ont commis que des fautes peu répréhensibles pour les
Sans-Culottes que celles d'être ci-devants, fédéralistes,
riches ou fanatiques. Cette politique de chasse aux suspects se traduit au mois
de pluviôse an II, outre l'établissement de ces listes de
prisonniers et par la multiplication des ouvertures de maisons d'arrêt
dans le département de l'Ain.
Le premier pluviôse an II, Albitte, sur les conseils de
ses commissaires, prend son premier arrêté. Il demande (comme l'a
fait la commission temporaire à Lyon607(*) le 21 brumaire an II 11 novembre 1793), à
Reydellet alors agent national à la place de Rollet-Marat, de lui
fournir "la liste des personnes déclarées suspectes et le
tableau nominatif certifié de celles mise s en état d'arrestation
et détenues ou dénoncées dans l'étendu dudit
district, d'y joindre les motifs et causes de détention ou
d'incarcération" 608(*). Dans ce même arrêté il demande
des renseignements sur les maisons de détention ainsi que le nom des
personnes mises en liberté depuis deux mois; c'est à dire depuis
l'arrivée de Gouly. Albitte reçoit cette liste le 4
pluviôse an II (23 janvier).609(*) Albitte est étonné, quand il la
reçoit de "voir des notes en marges de cette liste qui annoncent que
telle personne est sortie . . .quoique la qualité. . .soit
suspecte"610(*).
En effet, Albitte est surpris de voir que la plupart des gens
mis en état d'arrestation, vont et viennent à leur gré
dans les dites maisons de détention. La première mesure d'Albitte
est donc de faire maintenir en état d'arrestation les personnes
suspectes.
Pour cela, il prend un arrêté le 2 pluviôse
an II (21 janvier), qui charge les agents nationaux des différents
districts de "prendre les mesures les plus efficaces et les plus promptes;
pour assurer l'état d'arrestation des personnes."611(*). Mais cet
arrêté comporte encore une touche d'humanité, en effet, le
représentant demande que des infirmeries soient installées dans
les maisons d'arrêts .
Dès le 5 pluviôse an II (24 janvier), l'agent
national du district de Belley, nomme commissaires les citoyens Carroz et
Palmicy pour murer les fenêtres de la maison de détention par
lesquelles il peut y avoir des évasions et établir un corps de
garde.612(*) Le 10
pluviôse an II (29 janvier), toujours à Belley, deux officiers de
santé sont requis de visiter et donner des soins de 9 heures du matin
à 10 heures et de 5 heures du soir à 6 heures du soir aux malades
se trouvant en prison et ceci tous les jours.
Assurer la détention des personnes suspectes.
Voilà un problème qui reste constant durant toute la mission
d'Albitte. En effet, beaucoup de prisons étant d'anciennes
églises, les moyens de sorties et de communications ne manquent pas.
Le 3 pluviôse an II (22 janvier), Rollet-Marat
écrit :
"J'ai donné les ordres nécessaires pour
empêcher aux détenus de sortir et que quique ce soit communique
avec eux, j'exercerai la surveillance la plus active sur les maisons
d'arrêt et je crois pouvoir t'assurer qu'il n'y a plus d'évasion
à craindre."613(*)
Dans tous les districts les maisons de détention
voient leurs moyens d'évasions, brèches, fenêtres, portes,
murés ou rendus inutilisables. Mais si les prisonniers ne peuvent plus
s'évader, ils peuvent néanmoins communiquer. Pour empêcher
cela, le 12 pluviôse an II (31 janvier), par arrêté, la
municipalité de Bourg ordonne que toutes les communications faites aux
prêtres ayant abdiqué, se trouvant à Brou, serairent lues
et que le citoyen Morand, concierge, serait le seul accrédité
à leur porter à manger.
le 17 pluviôse an II (5 février), le district de
Belley écrit à la municipalité de Belley et lui donne des
consignes quant à la tenue de la prison : "l'humanité
étant la base du patriotisme, je vous invite et au besoin vous requiert
de nommer un officier municipal et notable, que chaque jour à 2 heures
après-midi, se transportera à la maison de détention pour
veiller que les détenus n'aient aucune communication avec le dehors et
surtout pour examiner si le concierge a pour les prisonniers les égards
dus à l'humanité et si leur nourriture est saine et entretenue
comme il convient et voudra bien s' il y a quelque chose d'extraordinaire le
communiquer au directoire".614(*)
Mais ces mesures, si draconiennes soient-elles,
n'empêchent pas les prisonniers de pouvoir communiquer. L'exemple de la
maison de détention d'Ambronay, qui renferme les principaux
fédéralistes et nobles du département, (notamment Goyffon,
Divoley Loubas de Bohan et Debost) est sur ce point très instructif.
Le 17 pluviôse an II (5 février), le
comité de surveillance d'Ambronay prend des mesures pour pas que les
détenus ne puissent pas communiquer avec l'extérieur. Le
comité de surveillance demande au concierge de la maison de
connaître les prisonniers, pour ne pas que ceux-ci sortent. De plus, les
vertueux membres de ce comité décident d'aller chaque jour
à la prison pour surveiller si l'état des détenus est bien
assuré.
Le 10 ventôse an II (28 février), le
comité de surveillance d'Ambronay, demande à ce que les hommes de
la Garde Nationale chargés de surveiller la prison soient plus vigilants
et empêchent les prisonniers de communiquer par le portail. Le 20
ventôse an II (20 mars), malgré ces exhortations à la
vigilance, les membres du comité de surveillance du Petit Abergement,
préviennent leurs collègues d'Ambronay qu'une lettre a
filtré. Toujours le 20 ventôse an II, un membre du comité
de surveillance d'Ambronay de garde à la prison, voit sortir un
détenu, aller chez lui et ramener une malle, le factionnaire
n'étant pas à son poste.
Le 9 germinal an II (29 mars), un soldat de la garde nationale
d'Ambronay prévient les membres du comité de surveillance que des
prisonniers offrent de l'argent aux sentinelles, pour pouvoir faire rentrer des
gens dans la prison. Le 14 germinal an II (3 avril), l'agent national du
district de Montferme dénonce le détenu Divoley pour avoir voulu
corrompre le volontaire François Miguard, alors en faction à la
prison d'Ambronay. Mais l'ingéniosité des détenus ne
s'arrête pas là. Le 26 germinal an II (15 avril), Divoley et un
autre détenu que des gendarmes sont venus chercher, manquent à
l'appel. Ces derniers ne sont ni peu ni moins cachés dans la prison
même.
Si la prison d'Ambronay semble plus rocambolesque
qu'austère, ce n'est pas le cas de celle de Belley, où, fin
ventôse an II, est incarcéré et requis pour faire des
travaux publics le citoyen Anthelme Montjouven pour avoir facilité la
communication avec les détenus.
A Bourg, les détenus arrivent aussi à
communiquer. En effet, des personnes réussissent à faire passer
de l'encre et des feuilles aux détenus de la prison des Claristes, par
le trou de la grille qui ferme le choeur de l'église de la dite prison.
Si les détenus peuvent communiquer, c'est très
souvent avec la complaisance de certains officier municipaux, sans doute peu
scrupuleux de leurs devoirs, qui se laissent corrompre ou acheter. Si, le 23
messidor an II (11 juillet), Broccard membre du comité de surveillance
se plaint de la conduite de Galand, officier municipal qui fait sortir des
prisonniers; il est fort possible que les mêmes actions se soient
produites sous Albitte.
Beaucoup de prisonniers gardent donc un contact avec
l'extérieur. La crainte de voir les détenus préparer une
vengeance615(*) contre
les Sans-Culottes, rend vite ces derniers très vigilant vis-à-vis
des prisonniers.
La vie dans les prisons n'en demeure pas moins
précaire. Femmes, hommes, vieillards et enfants sont souvent
entassés ensemble. Albitte, le 12 ventôse an II (2 mars), pour
mettre fin à cette pratique, ordonne la séparation dans des
prisons salubres des prisonniers des deux sexes. De même il interdit que
soit emprisonné des enfants non majeurs, et confie l'éducation
des fils de nobles à des instituteurs, car ils ont "droit aux
bienfaits de la Révolution"616(*), et les filles de nobles à des mères
de familles. L'éducation et l'entretien de ces enfants est payé
par la caisse des séquestres. Il semble que dans la plupart des cas, ces
enfants sont effectivement confiés, comme à Gex617(*), à de bons
citoyens.
Ces deux mesures sont dûment suivies. Cela mène au
doublement des maisons de détention. Comme nous l'avons vu à
Bourg, les femmes de nobles et les religieuses sont placées dans deux
maisons différentes. A Châtillon-sur-Chalaronne, les
ex-religieuses sont enfermées dans le couvent des Ursulines qu'elles
habitaient auparavant. A Trévoux, les femmes sont réunies au
rez-de-chaussée de la maison Desrioux, dont les prêtres occupent
déjà l'étage supérieur.
les suspects :
libérations
Dès son arrivée, Albitte reçoit des
lettres et mémoires de détenus qui lui demandent leur
libération. Mais il reçoit aussi des courriers en faveur des
trois sans-culottes mis en état d'arrestation par Gouly :
Blanc-Désisles, Rollet-Marat et Convers. Le 1er pluviôse an II (20
janvier) un officier du 1er hussard, le citoyen Maignot (membre de la
société des Sans-Culottes) se porte garant de Rollet-Marat; le
comité de surveillance de Bourg par une pétition déclare
à Albitte que "depuis longtemps l'innocence gémit, depuis
longtemps le patriotisme le plus pur est incarcéré"
618(*) et lave les trois
hommes des accusations de fédéralisme que Gouly leur avait
imputées 619(*).
Reydellet déclare que l'incarcération des trois hommes aide les
ennemis de la Révolution 620(*). Les sans-culottes sont libérés le 3
pluviôse (22 janvier) et sont "réintégrés dans
leurs fonctions auxquelles ils ont été mal à propos
arrachés. Le représentant du peuple déclare que ces trois
citoyens n'ont pas perdu sa confiance" 621(*) .
Cet arrêté d'Albitte montre, de façon
évidente, qu'il prend le contre-pied de la politique de Gouly622(*)sous l'impulsion du pouvoir
persuasif des Sans-Culottes. Rollet-Marat réintègre ses fonctions
le jour même. Le soir du 3 pluviôse an II (22 janvier), les trois
hommes se rendent à la société populaire et demandent,
(avec le soutien de leurs collègues de la municipalité, du
comité de surveillance, du district et du département), que soit
faite une nouvelle dénonciation de Gouly. Deux dénonciations
sont rédigées, une pour la Convention et l'autre pour les
Jacobins.
Le 4 pluviôse an II (23 janvier), un repas patriotique
est donné en l'honneur des patriotes libérés à
l'auberge du citoyen Claude Renaud, au faubourg de Commune-Affranchie à
Bourg. Autour de la table 60 patriotes sont réunis. Le vin de
l'aubergiste n'étant "à leur fantaisie, ils songèrent
un moment où ils pourraient en trouver d'autres. Ils
s'informèrent des endroits et on leur indiqua d'autres aubergistes,
qu'alors plusieurs d'entre eux dirent : il n'y a qu'à aller
chez quelques aristocrates ou quelques détenus. Qu'ils sortirent et
à leur retour, ils annoncèrent qu'ils en avaient trouvé
chez le citoyen Perruquet Bevy, qui était bon. Et ils envoyèrent
chercher cinquante à soixante bouteilles qui furent bues dans ce repas,
outre les autres vins qui leur furent envoyés, notamment un panier de
vin blanc que leur fit porter le citoyen Brunet capitaine de gendarmerie"
623(*).
Les premières visites dans les prisons se font dans la
nuit du 29 au 30 nivôse an II (18-19 janvier), par Convers qui se rend
aux Claristes afin d'interroger des détenus mandés par la
Commission de Commune-Affranchie : "Convers alors officier municipal, vint
un jour dans la maison de détention. Le citoyen Chambre,
ex-administrateur du département demanda au citoyen Convers les motifs
de sa détention. Convers répondit avec hauteur, c'est parce que
tu as conspiré contre la patrie. Peu de temps après ce même
Chambre fut conduit par devant la Commission Populaire de
Commune-Affranchie"624(*).
Dès le 3 pluviôse an II et jusqu'au 8
pluviôse an II (22-27 janvier) Dorfeuille, Millet, Bonnerot et Frilet
vont dans la maison de détentions des Claristes, afin de prendre des
renseignements sur les détenus sur ordre d'Albitte. Ces visites sont du
même type que celles ordonnées par la Commission de
Commune-Affranchie. Cette dernière a fait faire un recensement des
détenus tout en prenant soit de faire cesser toutes les communications
qu'ils pouvaient avoir avec l'extérieur, de plus elle leur fait enlever
des sommes d'argent pour les donner aux plus nécessiteux. Ces actions
sont reprises par Albitte et les commissaires civils dans l'Ain.
Dans le père Duchèsne le cadet625(*), Dorfeuille présente
ses visites dans les prisons comme une mission où le représentant
le nomme "dans les prisons pour découvrir s'il n'y a pas quelque
brave frère, quelques sans-culottes enfermé
mal-à-propos. . .me voila juge". Ces visites se font avec
beaucoup de violence. Les détenus ne reçoivent pas seulement les
visites de Dorfeuille, Millet, Bonnerot et Frilet, mais aussi celles d'autres
patriotes qui viennent dans les prisons pour se venger et y exercer des actes
arbitraires et ceci sous la couverture de Dorfeuille, commissaire civil :
"Que sur la fin de nivôse où au commencement
de pluviôse de l'ère second, les dits Dorfeuille et Lajolais sur
environ les quatre heures de relevée, entrèrent dans la maison de
détention de Bourg en armes, accompagné d'Alban et Rollet. Que
là, Dorfeuille demanda à l'un des détenus comment ils
vivaient dans la maison; celui-ci répondit qu'il recevait tout les jours
trente sols par les mains du citoyen Goyffon. Sur cette réponse le dit
Dorfeuille et le dit Lajolais témoignèrent par des
imprécations et jurements, beaucoup d'humeur contre le déclarant.
Ils ordonnèrent au concierge de le traduire par devant eux. Le
déclarant instruit de cet ordre se rendit dans la grande salle dite des
notables, où il trouva les dits Dorfeuille, Lajolais, Rollet et Alban,
qui tous ensemble lui reprochèrent avec amertume et injures la
distribution qu'il faisait de trente sols par jour à ceux des
détenus qui ne pouvaient pas subvenir à leurs besoins. .
. Lajolais ordonna sans autre instruction ni forme de procédure que le
déclarant serait mis au cachot pour y demeurer sur la paille,
privé de feu et de lumière jusqu'à ce qu'autrement il en
fut ordonné, cet ordre fut exécuté."626(*)
Dorfeuille qui agit comme il l'a fait à
Commune-Affranchie, établit lors de ces visites des cahiers qui portent
la mention "Jugements des détenus". Ces listes de prisonniers,
qui comportent l'interrogatoire succinct des prisonniers et l'avis
qu'émettent Dorfeuille, Millet et Bonnerot; rappellent les jugements des
tribunaux d'exception lyonnais. Dorfeuille lui-même lors d'un discours au
Temple de la Raison de Bourg, déclare qu'il avait jugé les
détenus sur leurs mines627(*). Les visites faîtes dans les prisons, par des
commissaires nommés par Albitte, tout au long du mois de pluviôse
an II sont pour les détenus une succession de vexations.
"Dorfeuille, Vauquoy et Frilet se font ouvrir la porte de la maison
d'arrêt pour interroger les détendus, mais quelles sont les
formalités de ces interrogatoires ? Des vexations et des injures qu'eux
seuls pouvaient inventer. Alban entrant en sa qualité de maire fait une
visite nocturne dans la maison d'arrêt, il enlève aux
détenus, assignats, argent, argenterie, enfin toutes les pièces
et mémoires justificatifs" 628(*).
Tout comme à Lyon, les Sans-Culottes prennent l'argent des
détenus, pour le reverver dans caisses du gouvernement.
Dorfeuille, Millet, Bonnerot et Frilet, demande au
comité de surveillance de Bourg les 6 et 8 pluviôse an II (25-27
janvier) des renseignements sur la cause de l'arrestation de certains
détenus afin "d'instruire par ces notes le représentant du
peuple Albitte, de tout ce qui est venu à la connaissance du
comité sur le caractère, la probité, le civisme des dits
détenus" 629(*). Sur 94 détenus interrogés630(*), 19 seulement ont leur cas
soumis au comité de surveillance. Parmi eux se trouvent des
prêtres qui veulent abjurer. Le revirement religieux de ces derniers les
rend suspects aux yeux de Dorfeuille qui demande au comité de
surveillance de Bourg s'il "faut-il ajouter foi à cet acte et le
regarder comme sincère ? leur conduite passée doit être le
garant de leur conduite future" 631(*). Le 10 pluviôse an II (29 janvier) Albitte
ordonne la mise en liberté de 11 détenus. Un seul prêtre
est libéré, le citoyen Rousselet curé de Bourg que
Dorfeuille avait trouvé "défanatisé et très
raisonnable" 632(*).
Le 6 pluviôse an II (25 janvier) Dorfeuille se fait
renseigner sur les Sans-Culottes de Belley (que Gouly avait fait mettre en
prison); c'est à dire Masse, Carrier, Bonnet et Thorombert, par le
comité de surveillance de Bourg 633(*). Ce dernier, charge le jour même, Convers et
Alban de prendre les dits renseignements sur leurs collègues de Belley
634(*). Le 24
pluviôse an II (12 février) Albitte fait transférer de
Grenoble à Belley Thorombert et Bonnet.
De tous les districts qui ont envoyé, (comme le
désirait Albitte), la liste des personnes suspectes635(*) c'est dans celui de Bourg
que l'on en libère le moins. Bourg regroupe dans ses maisons de
détention beaucoup de détenus d'autres villes de l'Ain. La prison
des Claristes est la prison politique de l'Ain avec celle d'Ambronay. Les
Sans-Culottes de Bourg refusent la libération de détenus des
Claristes, qu'ils considèrent commme dangereux pour l'ordre
public636(*).
Quand Albitte reçoit de Dorfeuille, Millet, Bonnerot et
Frilet les résultats de leur mission dans les prisons, les Sans-Culottes
poussent le représentant à revenir sur certains de ses choix
concernant les personnes à libérer. Convers assiste à la
scène :
"Dorfeuille secrétaire du représentant fut
chargé d'interroger les détenus. Il en trouva une foule
d'innocents qui n'avaient commis aucun crime que celui d'avoir déplu
à tel ou tel individu. Le représentant en décida la sortie
après un examen scrupuleux et particulier sur la conduite de chacun
d'eux, mais par une fatalité inconcevable ceux de Bourg furent
oubliés. Convers en fit l'observation soit au représentant, soit
à Dorfeuille, et il fut arrêté qu'on s'en occuperait , ce
qui s'exécuta et après une longue conférence, trente
quatre devaient être mis en liberté. Sur le champ on s'occupa de
l'arrêté, mais je ne sais pourquoi le lendemain le
représentant annonça qu'il avait changé d'avis et
Dorfeuille, Désisles, Juvanon, Alban, Gay, Laymand et Duclos dirent en
présence du représentant qu'il était impossible de mettre
en liberté de tels individus qui étaient tous entachés de
fédéralisme et d'aristocratie et alors le représentant
déclara qu'il attendait des nouvelles du Comité de Salut Public
pour prendre un parti à leur égard."637(*)
Le 7 pluviôse an II (26 janvier), les scellés se
trouvant sur les papiers de Peysson (alors en prison) sont levés afin
qu'en soient retirés ceux concernant l'administration du
département et ceux qui paraissent suspects, soient
déposés au secrétariat du district, "pour y avoir
recours si besoin"638(*). Le 12 pluviôse an II (31 janvier), c'est le
citoyen Collet de Nantua (qui avait été mis en arrestation par
Gouly) qui est libéré.
Le 18 pluviôse an II (6 février), suite aux
visites des commissaires d'Albitte dans les prisons, le comité de
surveillance de Bourg donne son avis sur l'examen de 11 autres suspects
détenus pour "faits de destitution et de suspicion"639(*), c'est à dire
d'anciens fédéralistes. Aucun d'entre eux ne sont
libérés. Le 20 pluviôse an II (8 février), par
contre, Albitte fait libérer des "cultivateurs et vignerons
(qui) n'ont été coupables un moment que par une
crédulité à des insinuations perfides et artificieuses
dont, ils ont été les premières victimes" 640(*). Ces 23 personnes sont
toutes des personnes de la campagne, mais toutes ne sont pas agriculteurs ou
vignerons. Albitte en libérant ces personnes de la campagne, pense se
rapprocher de ces derniers. Sur les 23 libérés, 11 sont
agriculteurs ou vignerons, les autres sont marchands, officier de santé
ou administrateurs. Pour Albitte il faut "autant que l'on peut rendre
à la liberté le pauvre; le malheureux et l'agriculteur qui, pour
l'ordinaire ne font des fautes que par les conseils et les instigations
perfides des riches, des intriguants, des cy-devants nobles" 641(*)
Le 20 pluviôse an II (8 février), suivant les
conseils d'Albitte, Rollet-Marat se rend à Marboz où des
cultivateurs sont emprisonnés depuis 4 mois. Il prend des renseignements
quant au civisme de ces personnes et convaincu qu'ils ne sont en état
d'arrestation que pour des motifs sans importance, il les libère contre
la prestation d'un serment : "je jure de maintenir la liberté,
l'égalité de la République Une et Indivisible
démocratique et de mourir en la défendant"642(*).
Le 24 pluviôse an II (12 février) Albitte remet
en liberté le citoyen Genevay détenu à Ambronay et le
capitaine Ambroise Laclergerie, détenu à Bourg. En ventôse
Albitte met en liberté d'autres citoyens. Le 4 ventôse an II (22
février) c'est à Vauquoy, qu'Albitte demande de faire mettre en
liberté le C.Didier. Le 17 ventôse an II (7 mars) il
libère, depuis Chambéry, 18 autres agriculteurs de Marboz,
"pauvres et fanatisés. . .coupables que par leurs
prêttes"643(*) Beaucoup des libérations ordonnées
par Albitte en ventôse an II sont d'un type tout différent de
celles survenues en pluviôse an II.
En effet à partir du 6 ventôse an II (24
février) Albitte inaugure un nouveau système
d'élargissement. "Que nulle atteinte portée à la
liberté, à l'égalité et aux intérêts
de la République ne peut rester impunie;. . .que tout homme qui a nuit
à la chose publique lui doit vengeance capitale ou indemnité. .
.arrête ce qui suit : . . .Les citoyens ci après
désignés seront mis en liberté. . .aussitôt qu'ils
auront satisfait à la justice nationale en acquittant l'amende en
indemnité"644(*).
Ces amendes concernent surtout la libération de
détenus des villes autres que Bourg. Toutes les personnes comprises dans
ces arrêtés ne sont pourtant pas soumises à une amende. Il
semble que pour les plus modestes un sincère meaculpa est suffisant.
Là aussi Albitte reprend une idée
développée à Commune-Affranchie645(*) en la transformant.
Le 6 ventôse an II (24 février) 32 personnes sont
libérés à Trévoux contre des amendes
s'échelonant de 200 livres à 12000 livres; pour une somme totale
de 34700 livres. Un autre arrêté, toujours du 6 ventôse an
II (24 février), met en liberté 35 autres personnes
détenues à Trévoux. Sur les 35 libérations, 13
personnes sont soumises à l'amende pour un total de 25500 livres. A
Thoissey ce sont 10 personnes qu'Albitte élargit pour une somme totale
de 300 livres. Certaines de ces amendes ont un but totalement patriotique comme
celle que doit payer le prêtre Benoît Eustache, de Trévoux,
qui à la place de donner une somme définie en fonction de sa
fortune doit fournir la dote d'une fille à marier.
Le 17 ventôse an II (7 mars), Albitte prend un nouvel
arrêté qui ordonne la mise en liberté, toujours contre une
amende, de 44 personnes de Belley. Plusieurs de ces amendes ont (comme à
Trévoux) un but précis. Sur les 39770 livres que rapportent les
amendes, les 300 livres du citoyen Joseph Baillod sont réparties de
manière républicaine : 200 livres pour marier une fille pauvre et
100 livres pour payer la fête décadaire. Un autre
libéré, Marc Berlioz voit ses 10000 livres d'amendes offertes
pour secourir l'indigence, la vieillesse et pour récompenser la vertu,
le courage et les talents. Certaines de ses libérations (outre l'amende)
sont aussi soumises à une autre obligation; c'est le cas du citoyen
Vuilleros qui, ex-chanoine à Belley, doit prêter le serment du 8
pluviôse (27 janvier). Quelques très rares détenus sont
élargis car leur cas ne présente aucun danger pour la Nation;
Mutigny ex-noble de Belley est "élargi sans amende vu l'état
d'imbécillité où il se trouve"646(*). On reconnaît tout de
suite, dans ces libérations exceptionnelles, le goût d'Albitte
pour les actions symboliques.
Le 17 ventôse an II (7 mars), Albitte s'occupe aussi des
détenus du district de Montferme enfermés à la prison
d'Ambronay. Etrangement l'exécution de cet arrêté n'est pas
confié à l'agent national du district, mais à
Rollet-Marat.
8 personnes sont mises en liberté pour une somme totale
de 9600 livres. Les amendes sont payées le 19 ventôse an II (9
mars). Les amendes sont payées au directoire des districts ou aux
commissaires civils d'Albitte quand il y en a à proximité.
En germinal an II, Albitte fait sortir les détenus des
prisons du district de Gex. Le 19 germinal an II (8 avril) 15 personnes sont
rendues à la liberté et le 20 germinal an II (9 avril), se sont
deux vieillards qui sont élargis.
Il semble que sur la fin de germinal an II, Albitte a
l'idée de faire sortir d'autres détenus des prisons de Bourg par
ce moyen. Le 26 germinal an II (15 avril), Blanc-Désisles fait parvenir
à Albitte une liste de détenus à libérer avec
l'état de leur fortune647(*). Il est fort probable que la suite des
évènements ait empêché ces libérations.
Durant son séjour à Chambéry Albitte
requièrt plusieurs fois Rollet-Marat de faire traduire à
Chambéry quelques détenus afin qu'ils comparaissent devant le
représentant. C'est le cas notamment de Peysson et Rubal le 17
ventôse an II (7 mars) et de Martin le 22 ventôse an II (12
mars).
Albitte rend la liberté, comme nous l'avons vu à
beaucoup d'habitants des campagnes, paysans ou petits commerçants. Mais
il rend aussi la liberté à des personnes dont l'état
physique est mauvais ainsi qu'à beaucoup de femmes.
Il est a noter, que le fait d'être libéré
ne redonne pas obligatoirement les droits de citoyens. Pour en
bénéficier, il faut soit un arrêté d'Albitte rendu
à cet effet ou dans le cas contraire avoir sa déchéance de
citoyenneté notifiée dans un arrêté, (comme c'est le
cas de Joseph Baillod dans le lot des libérés de Belley).
Pour Albitte, les examens des détenus sont très
importants. En effet, cela lui permet de construitre la base d'une
société qui repose sur le peuple, où le pouvoir est aux
mains des Sans-Culottes en faisant le tri entre " les gens
égarés et séduits"648(*) temporairement qu'il convient de libérer et
les autres, qui sont des contre-révolutionnaires, qui possèdent
des protecteurs et des amis à Paris649(*). Albitte a le sentiment d'avoir répondu
justement aux demandes qui lui étaient faites. Grâce à lui
"ces pauvres citoyens (les laboureurs, les ouvriers et les femmes
fanatisées) auraient été bien dix ans en prison avant
que leurs plaintes eussent pu parvenir jusqu'à vous, car ils n'ont pas
de protecteurs parmi les défenbseurs de Capet; ils n'ont pas
d'élégantes et séduisantes solliciteuses, ni des
défenseurs officieux auprès des comités, ni d'amis dans
les bureaux. Ilsn'ont pas d'argent pour aller à Paris, pour y envoyer
épouses inconsolables, de jolis enfants bien attendrissants, bine
intéressants. Ils n'ont pas d'assignats pour aller à Paris
calomnier les représenbtants du peuple qui veulent mourir plutôt
que de laisser le ssans-culotisme opprimé et le modérantisme
à l'ordre du jour"650(*).
Albitte est à cette époque (enter Pluviôse
an II et mi-Germinal an II) le porte-parole auprès du Comité de
Salut Public des revendications des Sans-Culottes de Bourg, contre leurs
adversaires politique dans l'Ain et à Paris.
les arrestations
Le mois de pluviôse est surtout marqué par des
incarcérations.
Le 30 nivôse an II (19 janvier) sur une
réquisition de la Commission Temporaire de Commune-Affranchie, six
fédéralistes de l'Ain, qui étaient allés à
Lyon après le 29 mai 1793 pour féliciter la nouvelle
municipalité, sont conduit à Lyon et enfermé à la
prisons de Roanne.651(*)
Lors de son passage Gouly avait ouvert les portes des prisons pour beaucoup de
personnes. Sur les réclamations des Sans-Culottes et avec l'aide du
tableau des suspects demander le 1er pluviôse; Albitte fait
réintégrer dans les prisons le 11 pluviôse an II (30
janvier) toutes les personnes qui ont été élargies par
Gouly dans le but de connaître les causes des arrestations et de
détentions. Rollet-Marat, reçoit le jour même
l'arrêté avec une note écrite par Darasse, qui l'invite
à mettre l'arrêté en exécution immédiatement,
lui annonçant que "le représentant se repose sur ton
zèle et ton activité" 652(*). Dès le lendemain, Rollet-Marat fait
réintégrer aux Claristes douze suspects, parmi lesquels 6
ex-moines.
Le 13 pluviôse an II (1er février), Albitte pour
donner plus de précision a son arrêté du 11, déclare
que tous les "administrateurs, hommes de loi, avoués, ex-nobles,
ex-prêtres et ex-religieuses, qui avaient été mis en
état d'arrestation par ordre des représentants du peuple Amar,
Merlino, Bassal, Bernard et Javogues ou les autorités constituées
ont été mises en liberté par les agents du
fédéralisme, ou d'après les ordres du représentants
Gouly" 653(*)
seront réintégrés "sur le champ. . . dans les maisons
d'arrêt" 654(*).
Cette arrêté qui prend des mesures draconiennes
contre les personnes d'une calsse sociale précises, répond aux
voeux des Sans Culottes exprimés par Rollet-Marat dans les Principes
républicains et révolutionnaires pour les vrais sans-culottes
655(*) et
Thévenin fils dans sa profession de foi de la société
des sans-culottes 656(*). Cet arrêté, prend ses sources dans la
crise fédéralistes de l'Ain puisqu'il demande la
réintégration en prison de toutes les personnes mises en
arrestation par Amar et Merlino, c'est à dire celle
libérés par la foule le 29 juin 1793. On peut noter que cet
arrêté est très proche d'une décision de la
Commission Temporaire du 21 frimaire an II (11 décembre), qui demande
que "tous les avoués, hommes de loi, huissiers, notaires, clercs,
ci-devants nobles et prêtres" doivent être mit sur le champ en
état d'arrestation et leurs biens séquestrés 657(*). .
En exécution de cet arrêté, les
journées du 15 et du 16 pluviôse an II (3-4 février) se
transforment pour les citoyens compris dans ledit arrêté en une
sombre journée. Le 15 pluviôse des hommes et des femmes qui se
trouvent dans la maison Bachet sont conduit aux Claristes et à la
Charité. Cet arrêté redonne l'occasion aux Sans-Culottes de
remettre en prison les fédéralistes. Rollet-Marat toujours le 15
pluviôse an II, donne l'ordre au commandant de la garde national, le
citoyen Giriat, d'arrêter et de conduire aux Claristes les citoyens
Brangier ex-secrétaire du département, Buget ex-procureur syndic,
Gadiolet notable, Mathieu huissier, Vaulpré médecin, Bonnardel
marchand, Gaillard conseiller, Puthod homme de loi, Morel homme de loi et Midan
directeur de la poste. De même Rollet-Marat invite les officiers
municipaux de Ceyzériat a faire arrêter le citoyen Perrot,
ci-devant conseiller.
Le 16 pluviôse an II (4 février) les arrestations
continuent. Sur ordre de Rollet-Marat la garde nationale de Bourg conduit le 16
pluviôse an II, une dizaine de religieuse qui se trouvaient en
"surveillance" dans la maison de Rollet-Marat rue Simonneau ainsi que dans les
maisons Bolozon, la Teyssonnière rue Victoire, dans la maison de
l'ex-conseiller Guillod, chez le chirurgien Falconnet, chez le chapelier
Hurville, chez Philipon, chez Bernard rue Brutus, chez l'huissier Reybier et
chez la veuve Marion Rollet; en maison de détention à la
Charité 658(*).
De semblables arrestations ont lieu dans tout le
département. A Châtillon-sur-Chalaronne dès le 15
pluviôse (3 février), 9 personnes sont incarcérées.
Ces arrestations se continuent les 18 (5 arrestations), le 19 (2 arrestations),
le 20 (2 arrestations), le 23 ( 1 arrestation), et le 25 pluviôse (2
arrestations) (6-7-8-11 et 13 février).
A Belley le 16 pluviôse an II (4 février)
Baron-Chalier, agent national du district, charge le citoyen Palmicy de faire
arrêter 28 personnes, dont 11 ci-devants659(*). Le 17 pluviôse an II
(5 février), trouvant que l'arrêté d'Albitte du 13 est
incomplet (la mise en place de scellés sur les affaires des suspects
n'est pas abordée dans l'arrêté du 13 pluviôse ),
Baron-Chalier requière les officiers municipaux de Belley de
procéder à la mise sous scellés. Dans la même
requête, il fait arrêter 59 autres personnes dont 18 hommes ou
femmes d'églises660(*), aussi bien prêtres que religieux. 661(*) Le 13 pluviôse an II
(1er février), Baron-Chalier, écrit aux Comités de Salut
Public et de Sureté Générale : "Je viens
d'après l'arrêté d'Albitte de faire
réintégrer en prison tout ceux que Gouly avait fait sortir
excepté les malades, vieux et jeunes filles avec un pauvre, nourrit et
payé comme factionnaire."662(*). Les personnes ne pouvant resté en prison
sont enfermées chez elles sous la surveillance d'un factionnaire.
Souvent ces arrestations se font avec quelques violences
vocales, inhérentes au comportement des Sans-Culottes de l'an II. Ainsi
quand Ravet arrête le citoyen Unon, il le traite de "gueux, de
coquin, qu'il méritait la guillotine"663(*)
arrestation lesieur
Le 19 pluviôse an II (7 février), sans doute sur
le conseil des commissaires civils et des remontrances que lui ont faite les
Sans-Culottes, Albitte par arrêté fait mettre sous
séquestre les biens des personnes suspectes. Cet arrêté est
le plus long qu'il ait pris durant sa mission dans l'Ain.
Cet arrêté, qui est constitué par la
succession de 27 articles, énonce clairement les dispositions à
prendre pour que les biens des détenus soient séquestrés.
Par cet arrêté, Albitte cherche à alimenter les
marchés et les dépôts de l'Armée avec les grains, le
vin, fourrage, ect. . .. Tous les biens mobiliers des suspects sont
inventoriés et une caisse des séquestres est constituée
par district.
Pour l'exécution de cet arrêté les
districts nomment des commissaires qui se rendent dans les communes pour mettre
à exécution ledit arrêté. A la suite de cet
arrêté, plusieurs personnes sont mises en état
d'arrestation sur décision des agents nationaux. C'est ainsi que Thomas
Riboud le 22 pluviôse an II (20 février) sur ordre de
Rollet-Marat, se retrouve en prison. Duclos, président de la
société populaire de Bourg à ce moment, est chargé
de cette arrestation et d'apposer les scellés sur les biens de Riboud.
Dans le district de Bourg le 3 ventôse an II (21 février), 8
commissaires sont nommés pour mettre les biens des suspects sous
séquestre ainsi que pour "s'informer si les arrêtés
d'Albitte sont respectés"664(*).
Dans le cas des petites communes rurales, se sont le plus
souvent les comités de surveillance qui se chargent de cette tâche
mais avec beaucoup de retard. Ce n'est que le 1er ventôse an II (19
février) que le comité de surveillance de Verny s'occupe de
mettre les scellés sur les biens des suspects et il faut attendre le 23
ventôse an II (13 mars) pour que le comité de surveillance de
Divonne s'en occupe.
Les agents nationaux comme Baron-Chalier ou Rollet-Marat
donnent une marque personnelle aux arrêtés d'Albitte. Ainsi le 9
ventôse an II, Rollet-Marat charge le commandant de la Garde Nationale de
Bourg de faire conduire à la maison de la Charité toutes les
religieuses.
Certaines arrestations, même si elles portent le sceau
et la signature d'Albitte, sont le fruit des agissements des Sans-Culottes. Le
3 ventôse an II (21 février) alors qu'il est à Belley,
Albitte ordonne par arrêté l'arrestation de Rivail officier de
police militaire proche de Gouly ainsi que Massey commissaires des guerres qui
a été le secrétaire de Gouly avec Favélas (ce
dernier aussi est arrêté). Le 4 ventôse an II (22
février), 2 officiers municipaux de Bourg mettent les deux hommes en
prison et apposent les scellés sur leurs biens.
Les Sans-Culottes obtiennent là une vengeance. Ne
pouvant pas atteindre Gouly ils s'attaquent à ses proches. De même
les arrestations ordonnées en exécution des arrêtés
d'Albitte par la municipalité de Bourg semblent mettre, le 1er germinal
an II (21 mars), la municipalité et l'agent national du district en
désaccord. Rollet-Marat dans une lettre à la municipalité
de Bourg, le 29 ventôse an II (19 mars), demande les motifs
d'arrestations de 23 citoyens. Cette lettre provoque, le 1er germinal an II (21
mars), une réunion extraordinaire du conseil général de la
commune de Bourg où tout les membres sont présents. Le conseil
général répond à la requête de Rollet-Marat.
Cette réponse montre tout à fait la phobie du complot
aristocratique dont font preuve les membres de la municipalité de Bourg
:
"1° O'Konel, irlandais, d'après la loi; il n'y
a point autres motifs;
2° Antoine(Marie-Joseph Janinet, très suspect,
ayant été au Jura; muscadin un peu timbré.
3° Midan, ci-devant Chanoine, fanatique outré,
ayant confessé et marié chez lui et dans les campagnes.
4° Joseph Roux, ci-devant prêtre, fanatique
idem; aristocrate enragé, de mauvaise vie, et ayant constamment tenu des
conciliabules aristocratiques.
5° François Grand ci-devant homme de loi,
aristocrate marqué depuis 1789, fédéraliste; a
installé la municipalité fédéraliste.
6° Pierre Abraham, ci-devant chartreux, très
suspect; fanatique chez lequel on a trouvé des ornements
d'église, calices et hosties.
7° Claude-François Vuillaume, agent de noble,
ayant constamment tenu chez lui des rassemblements de prêtres
réfractaires, pauvre, chargé de famille, aidant sa mère
âgée de 80 ans, faisant chez lui quelques parties avec des
prêtres libertins.
8° Charles-Maire Boizet, ci-devant procureur, homme
très dangereux à la Société ayant toujours
dénigré la Révolution et n'ayant jamais voulu faire aucun
service, ni se soumettre aux loi.
9° François-Marie Trézette, lieutenant
de gendarmerie, ci-devant garde du Roi; aristocrate marqué,
menaçait les gendarmes de dompter leur patriotisme; son frère a
été guillotiné à Commune-Affranchie.
10° Jean-François Bailloux, tailleur de
pierre; ne fréquentait que les nobles; notable
fédéraliste, dénigrant les patriotes; en un mot
séduit par les fédéralistes.
11° Jean-Pierre Boulbe fils, aristocrate
fédéraliste; a été au Jura; menaçait les
patriotes; a quitté son corps de canonniers à Valence sans
congé, et n'a pas voulu marcher contre Lyon, et a déclaré
à la Municipalité, lors du recrutement de 300.000 hommes, qu'il
ne partirait que par la force d'un décret.
12° Joseph-François Debost, ci-devant agent
militaire, homme immoral, surnommé de tout temps le Polisson; grand
fédéraliste; a été au Jura; menaçant et
tyrannisant les patriotes; (soupçonné d'avoir été
payé pour tenir le parti des fédéralistes).
13° Denis-Ferdinand Picquet, ex-constituant;
aristocrate marqué, dangereux conspirateur depuis 89; voir au surplus
les registres du comité central au pouvoir d'Albitte.
14° François-Philibert Loubat-Bohan, ex-noble;
a été major de la gendarmerie; arisotcrate dissimulé,
ayant trompé la nation dans une vente de blé au-dessus du maximum
par fausse date; il a des parents émigrés.
15° François-Divoley, ex-noble, a
été incarcéré par arrêté d'Amar et
Merlino; homme dangereux ayant fait passer des marchandises et numéraire
à l'étranger et ayant des parents émigrés.
16° François Cordioux, jardinier dudit
Divoley. On ne connait pas les motifs de son arrestation; arrêté
étant avec Divoley.
17° Claude-Marie-François Chossat, ex-noble;
se tenait toujours derrière le rideau.
18° Jean-Marie Tricot, ex-noble; aristocrate
caché et suspect n'ayant jamais aimé la
Révolution.
19° Bruno Brossard, ex-chartreux insermenté;
fameux scélérat, ayant fait le métier d'accapareur de
grains; on a trouvé chez lui des ornements et des calices cachés.
Sujet à la déportation, n'ayant pas preté le serment
d'égalité et de liberté.
20° Claude-Louis Obrien, ci-devant chanoine,
fanatique des plus outrés; a corrompu tous les couvents de femmes en
leur prêchant le fanatisme , confessant et disant la messe en secret;
insermenté, ayant manifesté une haine immortelle à la
Révolution depuis 89."665(*)
La lecture des motifs donnés par la Municipalité
de Bourg montre que cette dernière (grâce aux arrêtés
d'Albitte), cherche à faire table rase de ses ennemis politiques de juin
1793, en les faisant incarérer. Pour cela les motifs politiques cotoient
les motifs moral. Tout est bon pour garder en prison les hommes de l'avant an
II. Afin de mieux contrôler surveiller les fédéraliste les
Sans-Culottes, le 4 ventôse an II (22 février), font venir dans la
prison des Claristes à Bourg 14 détenus de Belley, tous anciens
fédéralistes.
A Belley le 28 pluviôse an II (16 février),
Albitte accompagné de Dorfeuille et Blanc-Désisles, charge ce
dernier,( ainsi que le citoyen Tenand de Belley), de visiter les prisons et
comme à Bourg d'établir une liste de suspects. Le même jour
sont mis sous séquestre les biens de certains membres de la
Société populaire du Temple de la Raison, dénoncés
par le comité de surveillance de Belley le 14ième jour du second
mois de l'an II (4 novembre). 31 personnes figurent sur cette liste.
Brillat-Savarin (le maire de Belley) est absent de cette liste car il a
émigré depuis la venue de Gouly à Belley.
Dans les jours qui suivent l'arrivée d'Albitte à
Belley et la libérations des Sans-Culottes belleysiens, les maisons de
détention de Belley compte 151 détenus en exécution aux
application des arrêtés d'Albitte. A la suite des visites de
Blanc-Désisles et Tenand dans les prisons, Albitte remet en
liberté le 29 pluviôse an II (17 février) Bonnet directeur
de la poste, Thorombert administrateur au district, Carrier et Masse commandant
de la garde national de Culoz. Le 2 ventôse (20 février), c'est le
citoyen Charcot de Vireu-le-Grand qui est mit en liberté.
Grâce à ces libérations, le mouvement des
Sans-Culottes de l'Ain retrouve son intégrité. Suite à
l'incarcération de Jean-Baptisite Kindelem, imprimeur à Belley,
Albitte ordonne la venue à Belley le 2 ventôse an II (20
février), d'un imprimeur de Bourg.
Le 23 ventôse an II (13 mars) alors qu'il est à
Chambéry, Albitte prend un arrêté qui ordonne à tout
les nobles non détenus, de 18 à 70 ans de se rendre dans les
maisons de détention des chefs lieux de districts, en faisant connaitre
leur fortune et les emplois qu'ils ont occupés jusqu'au jour de leur
incarcération. Cet arrêté conduit 30 nobles à Brou
dans les jours qui suivent et 31 femmes nobles sont à la maison de
détention du Châtelard. Dans les prisons des commissaires des
autorités constitués leur rendent visite et établissent
des listes où figure en marge de leur nom, l'indication de leur
fortune666(*). Toujours
suivant cet arrêté, 69 prêtres sont enfermés à
Bicêtre. A Trévoux se sont 34 personnes qui rejoignent la maison
de sureté et à St Rambert (Montferme) se sont 31 personnes qui
tombent sous le coup de cet l'arrêté et qui rejoignent la maison
de détention le 18 floréal an II (7 mai). Mais à cette
date, les administrateurs se montrent moins fermes et libèrent
facilement contre des amendes certaines personnes.
Il faut ajouter à ces incarcérations celles
ordonnées par les comités de surveillance ou les agents nationaux
des communes de petites tailles Rentrent aussi dans le décompte des
détenus toutes les religieuses et tous les religieux qui, n'ayant pas
signé leur abdication, se retrouvent en détention667(*). C'est ainsi que le
comité de surveillance de Bourg, fait arrêté le 25
ventôse an II (15 mars) Gauthier Cincinatus; le cousin du
député de l'Ain668(*); car il n'a pas de certificat de civisme et n'a pas
rejoint son poste aux armées. Durant tout le mois de ventôse et
même celui de geminal, des citoyens de différentes communes du
département alors en détention sont conduits à la prison
des Claristes à Bourg; les Sans-Culottes cherchent à regrouper
dans le même lieu tous les suspects politiques. Ces arrestations
mélangent souvent les personnes tombant sous le coup des
arrêtés d'Albitte et des citoyens dont la conduite incivique les
amène à être dénonçés ou
soupçonnés par Rollet-Marat, Blanc-Désisles ou les
commissaires civils, comme aristocrates ou modérés. Vauquoy fait
arrêter au théatre de Bourg, en pleine représentation, le
citoyen Poizat pour cause d'incivisme. Le fait de porter des images pieuses et
de posséder des receuils de chansons religieuses amènent les deux
filles Archimbaud a être traitées comme suspectes par
Blanc-Désisles.
Mais la politique de recherche des suspects ne se poursuit pas
que dans l'Ain.
Suite aux renseignements pris par Dorfeuille, Millet ,
Bonnerot et Frilet; Albitte écrit au Comité de Sureté
Générale à Paris, durant la première décade
de pluviôse an II, pour demander l'arrestation des principaux
fédéralistes de l'Ain, alors en fuite à Paris.
Il s'agit de Pagès (président du
département en luillet 1793), Tardy (vice-président), Morel
(homme de loi), Bugey (procureur syndic), Midan (directeur de la poste), Billon
(membre du conseil général du département) et Gaillard
(conseiller). Le Comité de Sureté Générale
répond à Albitte le 22 pluviôse an II, et lui fait part que
le Comité a pris un arrêté contre eux669(*). Cet arrêté
demande à la Commune de Paris l'arrestation de ces hommes et leur
conduite de postes en postes à Commune-Affarnchie. L'éxecution de
cet arrêté est confié à Pache, maire de Paris.
Le 29 pluviôse an II (17 février)
Blanc-Désisles, alors à Belley avec Albitte, écrit
à Rollet-Marat au sujet de cette affaire :
"Albitte envoie à l'agent national du district de
Bourg-Régénéré un extrait de l'arrêté
du Comité de Sureté Générale et l'invite à
prendre toutes les mesures nécéssaires pour atteindre les
citoyens qui y sont désignés en cas qu'ils parraissent dans le
district de Bourg ou dans les districts environnants auquels il aura soin d'en
écrire et d'en envoyer extraits."670(*)
Le 30 pluviôse an II (18 février), afin de
capturer ces hommes, Dorfeuille et Merle se rendent à Paris et vont
à la Commune afin d'obtenir l'arrestation des 7
fédéralistes. Merle le 30 pluviôse an II (18
février) écrit :
"Je m'occupe de nos affaires sans relâche, je n'ai
pas pu découvrir encore aucun de nos gens suspects. Le Maire m'a dit
qu'il avait déjà des notes sur leur compte, mais qu'il faudrait
savoir à peu près quels sont les lieux et les maisons qu'ils
fréquentent le plus souvent afin qu'il put les faire guetter, . . .
Quant à Morel on a dû faire perquisition de sa personne chez
Deidier, le maire me l'a promis."671(*)
Malgré toutes ces recherches, les démarches
restent infructueuses.
Savoir le nombre exact de personnes détenus dans l'Ain
à cause des arrêtés d'Albitte est un travail difficle.
Néanmoins, avec les registres d'écrous, on peut savoir le nombre
de détenus approximatifs que contiennent les maisons de détention
après le départ du repésentant. Mais il faut bien penser
que les prisonniers ne sont pas tous détenus sur ordre d'Albitte.
A Bourg, on compte en prairial an II, environ (d'après
E.Dubois) 350 détenus dont une cinquantaine de religieuses et une
soixantaine de religieux. A Nantua, ce sont 54 personnes qui sont en prison, le
7 ventôse an II (25 février) Ambronay compte 71 détenus et
Pont-de-Vaux en Brumaire an III a encore 27 personnes en prisons. Il est quand
même envisageable d'estimer entre 500 et 550 le nombre de personnes en
prisons quand Albitte retourne à l'Armée des Alpes le 18
floréal an II (7 mai).
Les exécutions
La présence d'Albitte dans l'Ain est aussi et surtout
marquée par des exécutions.
Depuis le mois de frimaire an II, les Sans-Culottes (d'abord
soutenu par Javogues) ne cessent de demander un tribunal d'exception dans le
but de faire guillotiner les principaux fédéralistes et les
nobles les plus représentatifs de l'Ancien-Régime du
département.
Dès son arrivée de Commune-Affranchie Albitte et
les commissaires civils amènent avec eux un ordre de transfert de 6
prisonniers de l'Ain, à faire déférer devant la Commission
de Justice Populaire672(*).
Le 30 nivôse an II (19 janvier)673(*) suite à la
réquisition de la Commission Temporaire de Commune-Affranchie, on vient
chercher, entre trois et quatre heures du matin, deux détenus les
citoyens Chambre (ex-procureur) et Bonnet (homme de loi) qui partent de Bourg
pour Commune-Affranchie.A Ambronay, ce sont Chaland (ex-magistrat), Cochet
(homme de loi) et Debost (avoué), qui sont conduits par 5 gendarmes
à Commune-Affranchie. De Belley on fait partir Duhamel674(*). Les 6 hommes sont
intérrogés le 1er pluviôse an II (20 janvier) au soir puis
sont transférés à la prison de Roanne.
Depuis la venue de Javogues les Sans-Culottes espèrent
des exécutions. Avec les listes dressées par Dorfeuille, Millet,
Bonnerot et Frilet dans la première décade de pluviôse, le
travail se trouve déjà à moitié fait, ces listes
étant des intérrogatoires contenant les raisons des
emprisonnements. Dans la journée du 23 pluviôse an II (11
février), Merle se rend à Commune-Affranchie, avec un cahier
où figurent les actes d'accusation de 29 citoyens (qui comprend les 6
citoyens partis le 30 nivôse an II, les 7 fédéralistes en
fuite et les 18 détenus). Dans la nuit du 23 au 24 pluviôse an II
(11-12 février) Blanc-Désisles, Juvanon, Alban, Chaigneau,
Frilet, Rollet-Marat, Duclos et Convers, se retrouvent dans les appartements
d'Albitte. Après un souper, "il fallut enfin savoir où l'on
voulait en venir. Alban rompit le silence et mit sous les yeux du
représentant une liste nombreuse d'individus qu'il était question
d'envoyer à Lyon; le représentant fit la lecture des noms et des
motifs et annonça que son intention était de les faire
juger"675(*)
L'idée d'envoyer des hommes devant la Commission de
Commune-Affranchie, rend Albitte beaucoup plus prudent, alors que les
Sans-Culottes s'empressent (sans doute devant la réticence du
représentant de faire purement et simplement guillotiner des
détenus sans jugement et de Convers676(*) qui "déclara que ce n'était pas le
moment de proceder à une pareille éxecution"677(*)); d'augmenter les
accusations retenues contre détenus figurant sur la liste :
"Désisles, Alban, Juvanon, Gay, Duclos, Laymant se
répandirent en propos injurieux contre les citoyens
dénommés, les traitèrent de fédéralistes,
contre-révolutionnaire, et qu'il était instant de donner un
exemple dans ce département afin d'en imposer."678(*)
Après des discussions, où "le
représentant reconnut aisément que les gens qui l'entouraient
mettaient beaucoup de passion et de vengeance, d'après les propos que
tinrent alors Désisles et Alban, qui eurent la hardiesse et
l'effronterie de dire au représentant, que sa vie non plus que celle de
tous les patriotes ne serait pas en sûreté si l'on ne prenait pas
un parti rigoureux contre les scélérats de détenus, qui
malgré leur surveillance conspirait toujours."679(*); les Sans-Culottes admettent
d'envoyer les détenus non pas à la mort mais au jugement.
Albitte réalise sans doute que le simple fait de faire
comparaitre devant la Commission Temporaire les détenus peut
néanmoins les mener à la guillotine. Il change d'opinion et en
juriste, prend le parti de Convers, qui est de suspendre purement et simplement
cet envoi. A ce moment là, Blanc-Désisles, Juvanon, Alban
annoncent à Albitte que si l'envoi est suspendu, il faudrait aussi les
suspendre de leurs fonctions. Albitte qui a toute confiance en ces hommes, ne
peut sans doute pas envisager d'avoir à se passer de bons patriotes
comme eux; il reprend la liste et demande tout de même qui sont les plus
coupables d'entre tous ces citoyens.
"Tous à leurs yeux l'étaient
également et il fallait pour les satisfaire en envoyer au moins
quarante. Ce nombre effraya Convers, qui eut une querelle . . .
vive"680(*) avec
ses collègues. Dès lors s'ouvre un débat animé pour
savoir qui, des 80 personnes de la première liste, ferait partie de
l'envoi pour Lyon.
Convers dans ces discussions, refuse de voir figurer sur la
liste les citoyens Bona Perex (car il n'est pas de Bourg) et Perret (qui est
receveur des domaines et a la charge d'une famille nombreuse). Le nom de Bona
Perex est d'abord rayé. Alban dit alors à Albitte " as quoi
penses-tu représentant, tu ne sais donc pas que Bona Perex est noble et
riche"681(*). Le
nom de Bona Perex reparaît sur la liste.
Chaigneau essaye de convaincre Albitte de refaire figurer
Perret et c'est à nouveau Alban qui arrive à persuader Albitte,
en lui faisant comprendre que si le citoyen Ballaydier est du nombre des
détenus à partir pour Lyon Perret, qui l'avait accompagné
au Jura, devait lui aussi figurer sur la liste.
Parmi les citoyen dont le choix est arrêté,
figure le nom de Loubas. A la vue de ce nom Convers fait la remarque à
Albitte qu'il était logé chez le dit Loubas. "Le
représentant en parut étonné et raya Loubas de la
liste" 682(*). En
effet, Albitte ne connaissait son logeur que par son titre De Bohan. Populus,
l'ex-constituant est ausi inscrit sur la liste, en raison du danger qu'il peut
encore représenter dans les assemblées. Figure aussi sur la liste
les noms de Meillonnas et de Bévy en raison de leur état de
nobles et de leurs fortunes, qui renviendraient à la Nation.
Une liste de 18 personnes est donc arrêtée et
l'établissement d'une deuxième liste (où figureront 43
noms) est prévue pour plus tard.
Albitte écrit à ses collègues de
Commune-Affranchie afin de veiller à ce que les détenus soient
bien jugés.
Albitte donne alors l'ordre à Alban de faire
délivrer des passeports pour que les membres des familles puissent
rejoindre les détenus. La municipalité ne n'exécute pas
car c'est la nuit. De plus Alban sait très bien, que les
condamnés ne resteront pas longtemps en vie683(*). Le départ de Merle
pour Commune-Affranchie et celui de Gay, quelques jours avant lui, en sont les
garanties.
La rapidité avec laquelle la décision d'envoyer
des détenus à Lyon est prise semble assez surprenante alors
qu'aucune démarche, depuis le 23 frimaire, n'a été faite
auprès de Gouly et d'Albitte pour faire juger des prisonniers. Cette
volonté des Sans-Culottes de voir disparaitre rapidement des hommes
gênants en tous points est-elle la conséquence des mouvements
politiques de Paris entre Dantonistes, Robespierristes et Hébertistes ?
Une des rares visites d'Albitte à la
société populaire de Bourg, se fait le 24 pluviôse an II
(12 février). Le représentant s'y rend pour y entretenir les
sociétaires des 18 détenus emmenés se faire juger à
Lyon. Il "y parle avec fermeté et simplicité"684(*) (Chercher-t-il a faire
pardonner son geste ? ). Par la même occasion, il fait ses adieux aux
Sans-Culottes de Bourg. Albitte se met en route pour Belley ("Le
représentant Albitte parti dans ces entrefaits pour se rendre à
Belley. Désisles qui prévoyait qu'il pourrait plus facilement
venir à bout de ses vues dans un pays où il n'était pas
connu, proposa au représentant de l'accompagner. Il accepta ses
offres"685(*)) en
compagnie de Dorfeille, Lajollais et Blanc-Désisles comme
secrétaire.
Le convoi des détenus arrive à
Commune-Affranchie le 25 pluviôse an II (13 février). Les
détenus sont conduit dans une des salles de l'Hôtel de ville,
(dans la salle dite du commerce) où ils retrouvent leurs 6 autres
concitoyens amenés à Lyon le 30 nivôse (19 janvier).
L'interrogatoire a lieu le 26 pluviôse an II (14 février) à
11 heures. "On leur demande leur nom, et à chaque réponse, le
président prend le tableau envoyé par Albitte et leur fait
lecture de la dénonciation. A peine répondent-ils deux ou trois
mots, qu'on leur dit : c'est bon, on ne regarde aucune autre pièce;
l'arrêt de mort est prononcé sans qu'ils s'en
doutent."686(*) Le
26 pluviôse an II (14 février), 15 des 18 détenus sont
condamnés à mort et exécutés le jour même. Le
26 ventôse an II (16 mars), Duhamel est le seul sur les 6
fédéralistes partis pour Commune-Affranchie le 30 nivôse a
monter sur l'échafaud. Le 26 pluviôse, jour du supplice de 15 des
18 détenus de l'Ain, la société des Sans-Culottes de
Montluel réclament au cours de leurs débats des
exécutions
C'est dans un ambiance morne que l'on apprend à Bourg
la mort des 15 détenus. Seuls les Sans-Culottes se glorifient de cette
affaire. A Belley, Baron-Chalier fait un discours qui est imprimé
à 3000 exemplaires. On peut néanmoins penser que la nouvelle de
cette exécution a pu affoler les détenus quant à leur sort
toujours indécis jusque là.
Quand il prend connaissance des exécutions, Convers se
plaint à ses collègues du supplice de ces hommes que l'on a
envoyé à la mort "sans les entendre et par conséquent
sans les juger. Ils lui répondirent tous qu'ils ignoraient comment la
chose s'était passée, mais que puisqu'ils étaient
éxecutés il ne fallait plus en parler. Convers voulut leur faire
des reproches sur l'acharnement qu'ils avaient mis à cet envoi,
Désisles comme un furieux le traita de modéré, l'accusa de
vouloir les décrier et leur faire perdre la confiance du peuple, mais
que cela ne durerait pas"687(*). L'exécution des 15 citoyens du
département de l'Ain provoque des dissenssions entre les Sans-Culottes
de la municipalité et du district.
A la Convention les députés de l'Ain
Gauthier-des-Orcières et Merlino, qui sont mis au courant des derniers
évènements, sans doute par Gauthier ( ex-vicaire non abdicataire
et neveu de Gauthier des Orcières) ainsi que par les
fédéralistes réfugiés à Paris, qui
conservent une correspondance avec le département; font prendre un
décrêt par la Convention, le 28 pluviôse an II (16
février), qui enlève à la Commission de Lyon le droit de
juger des suspects de l'Ain. Désormais, les détenus de l'Ain ne
peuvent pas être jugés en dehors du département. Le fait
que le département de l'Ain ne dispose pas d'un tribunal d'exception,
met les Sans-Culottes dans la quasi impossibilité de faire juger des
détenus sans provoquer une contestation immédiate d'une part de
la population.
Un courrier extraordinaire apporte la nouvelle de ce
décrêt à Bourg et à Belley le 2 ventôse an II
(20 février). Les Sans-Culottes sont réservés quant
à la suite à lui donner :
"Nous venons de reçevoir par un courrier
extraordinaire le décrêt relatif aux scélérats qui
sont dans le cas d'être jugés par la Commission de
Commune-Affranchie.
Ce décrêt nous a causé autant de
surprise et d'étonnement que tu en éprouveras à sa
lecture. Nous ne doutons pas qu'il ne soit le résultat et le fait
d'intrigues, et des trames odieuses ourdies par quelques malveillants,
coupables eux-mêmes et qui ont voulu soustraire au glaive vengeur leurs
complices, fauteurs ou adhérents.
Devons-nous donner l'authenticité convenable
à ce décrêt, en livrant à l'impréssion, ou
nous borner à en faire adresser copie à chaque district ? Nous
attendons ta réponse, qui sera la règle invariable de notre
conduite.
Salut et fraternité,
Reydellet, Martine, etc."688(*)
Devant l'impossibilité de pouvoir faire traduire les
détenus politiques à Lyon et la crainte de voir Albitte quitter
le département, les Sans-Culottes font connaître leur
mécontentement à la Convention. Le 4 ventôse an II (22
février), la société de Bourg fait parvenir une adresse
à la Convention, portant 155 signatures, qui glorifie le travail
d'Albitte et dénigre (une fois de plus) le passage de Gouly :
"combien de Gouly eussiez-vous envoyés avant de produire ces heureux
résultats, fruits d'un séjour pendant un mois, du
représentant Albitte ?"689(*)
Le 7 ventôse an II (25 février), les
Sans-Culottes de Bourg envoient une adresse de soutien envers Javogues à
la Convention. Toujours le 7, ils envoient aussi une protestation à la
Convention pour demander que le décrêt soit rapporté, en
mettant en avant la liaison entre les fédéralistes de l'Ain et
ceux de Lyon. Sans doute l'arrivée de ce décrêt sauve la
tête de quelques fédéralistes belleysiens, que Masse,
Thorombert, ou Carrier auraient bien voulu voir tomber.
Est-ce à cause de ce décrêt de la
Convention et sous la préssion des militants sans-culottes, qu'Albitte
par arrêté fait réarmer, le 2 ventôse an II (20
février), les vrais "maratistes" de Bourg ?
Le 3 ventôse (21 février) Albitte se rend de
Belley à Lyon, auprès de ses collègues sans doute pour
avoir leur avis sur la situation. Le 12 Ventôse an II, il écrit de
Chambéry au Comité de salut Public, où
imprégné des ressentiments des Sans-Culottes qu'il vient de
quitter, il demande le rapport du décrêt du 28 Pluviôse.
Pour lui (et par conséquent pour les Sans-Culottes de l'Ain), le but
rechercher par les députés de l'Ain est de sauver les
fédéralites qui ont infetsés le département et
opprimés les sans-culottes690(*).
En l'an III, les citoyens de Belley, dans leur adresse
à la Convention, montrent Albitte brisant tous les meubles qu'il voit et
exultant sa rage par les pores de sa peau, à l'annonce du
décrêt691(*). Sans doute exagèrent-ils, Albitte
étant comme nous l'avons vu, plutôt pondéré et peu
enclin à des colères violentes comme Javogues.
Il reste à Commune-Affranchie jusqu'au 5 ventôse
(23 février) et se rend à Bourg en passant le 5 ventôse (23
février) par Trévoux, le 7 (25 février) par
Châtillon-sur-Chalaronne et arrive à Bourg le 8 (26
février).
Très rapidement, les Sans-Culottes apprennent que les
députés de l'Ain sont à l'origine de ce
décrêt. Le 30 pluviôse an II (18 février) Merle,
alors à Paris avec Dorfeuille pour s'occuper d'arrêter les
fédéralistes en fuite (voir page 155), écrit à ses
collègues de Bourg : "Je n'ai vu et ne veux voir aucun de nos
députés avant que les affaires dont je suis chargés ne
soient finies, comme ils n'ont pas la confiance des Sans-Culottes de Bourg, ils
n'ont pas conséquemment la mienne. Dorfeuille a vu hier soir Gauthier
qui l'a invité à venir diner chez lui et m'a engagé
à le suivre aujourd'hui décadi, j'ai brusquement
refusé.
J'ai vu Reverchon qui m'a assuré que le
décrêt qui défend au tribunal révolutionnaire de
Lyon (sic) de juger l'affaire de nos fédéralistes avait
été fortement sollicité par notre députation, il
faut avouer que cette députation est éprise d'une belle
énergie pour tout ce qui n'est pas dans le sens de la
Montagne."692(*)
Dès lors, les Sans-Culottes s'attaquent aux membres de
la députation de l'Ain,sauf Jagot, qui les soutient. Ces attaques,
liées à l'absence d'Albitte en ventôse et germinal, vont
amener les Sans-Culottes à modifier leur politique et sans doute
épouser les idées d'Hébert sur les prisons et la
Convention. A Paris, les députés de l'Ain eyx font s'affairer
à rendre stérile l'action des Sans-Culottes.
Le 3 ventôse an II (21 février), Chaigneau en
vertu d'un arrêté d'Albitte, est nommé receveur des
domaines.
II : l'organisation du Gouvernement
Révolutionnaire
Albitte réorganise les administrations de Bourg,
Belley, Trévoux, Nantua, Pont-de-Vaux et Montluel. C'est à dire
qu'il change les administrateurs presque entièrement, sur les conseils
des sociétés populaires ou de son entourage.
Quant aux autorités constituées des villages,
Albitte en confie l'épuration aux agents nationaux des districts. Ces
dernières n'ont pas l'ensemble de leurs membres changé mais juste
quelques nouveaux membres en remplacement d'autres.
A : réorganisation et épuration
des autorités constituées
Albitte durant sa mission ne prend pas sous sa
responsabilité directe, d'épurer les communes du
département. Albitte ne fait pas de choix concernant les
autorités constituées n'étant pas des villes chefs lieux
de districts. Il confie entièrement cette tâche aux agents
nationaux, qui se renseignent sur les hommes compétents et font
connaître leurs choix à Albitte, qui généralement
entérine leurs décision.
les choix d'Albitte, Bourg, Belley
et les districts
Durant sa présence dans l'Ain, Albitte (comme l'a fait
avant lui Gouly) nomme des fonctionnaires publics en qui il peut avoir
confiance pour mener à bien l'établissement du Gouvernement
Révolutionnaire. Cette pratique n'est pas une invention du
représentant. Javogues dans la Loire693(*), ou les représentants à
Commune-Affranchie, ont déjà fait l'expérience de cette
politique. C.Lucas montre bien que ce" processus habituel" est un des
seuls moyens pour les représentants en mission, de pouvoir s'assurer un
personnel administratif compétent dans ce que le représentant
attend d'eux; "Le processus habituel, . . ., consiste pour le
représentant en mission à purger les autorités locales au
cours d'une réunion publique du club ou d'une assemblée de la
population. Les proconsuls travaillent en étroite association avec les
sociétés populaires"694(*). Albitte ne fait pas exception à cette
règle. Si en pluviôse an II, il réorganise les
autorités au cours d'une réunion; en germinal an II ces
réorganisations ne sont plus le fait d'Albitte mais de commissaires
nommés à cet effet. Ces épurations de germinal n'ont
indéniablement plus le faste théâtral de celles de
pluviôse. Elles sont plus rapides et plus efficaces, car elles sont
confiées directement aux personnes sur lesquelles s'appuie Albitte pour
connaitre les bons patriotes.
Une autre différence mineure, se fait aussi jour;
Albitte durant sa mission ne pratique que très peu les
épurations. En effet, il préfère réorganiser
totalement les autorités constituées, en se fixant sur les
conseils de son entourage.
Contrairement à Javogues, Albitte réforme les
niveaux les plus bas de l'administration. Certes, il ne se charge pas
personnellement de cette tâche, mais l'idée de poser les
fondements durables du Gouvernement Révolutionnaire passe par le besoin
de disposer de patriotes sûrs au bas de l'échelle administrative
et, qui mieux que les Sans-Culottes peuvent déterminer qui sont ces
hommes ?
Albitte avant de réorganiser les autorités
constituées, (district, municipalité, justice de paix,
comité de surveillance), se fait porter les registres des
différentes autorités. Ces remises de registres ont lieu pendant
les deux premières décades de pluviôse an II. Pour apporter
les registres des autorités sises à Belley, des mois de mai,
juin, juillet et août 1793 à Albitte, ce dernier nomme un
sans-culotte de Bourg, le citoyen Gay. A Bourg, les administrations rendent
compte de leur conduite à Albitte dans les 4 où 5 premiers jours
sa présence. Doté des registres Albitte peut donc, avec l'aide de
son entourage choisir le personnel patriote propre à tenir les
rênes des administrations.
Avant même l'arrivée d'Albitte à Bourg,
une liste695(*) du
nouveau personnel administratif à nommer l'attend. Albitte, après
avoir rassemblé les registres des administrations et
écouté les comptes rendus des dites administrations, se renseigne
auprès de la société populaire sur le personnel à
nommer. A deux exceptions, le personnel nommé est le même que
celui voulu par les Sans-Culottes. Le 6 pluviôse an II (25 janvier),
Albitte se rend au directoire du département, accompagné de
Dorfeuille, Vauquoy et Millet. Là, à deux heures de
l'après-midi dans la grande salle du conseil devant le peuple
assemblé, Albitte fait une déclaration rédigée le 5
pluviôse an II (24 janvier), où il présente ses vues quant
à la conduite qu'il attend des administrateurs qu'il va nommer. Puis, il
fait lire par Darasse696(*) son arrêté nommant les nouveaux membres
du directoire du département et leur fait prêter serment, leurs
mains dans les siennes. Mais cette réorganisation est incomplète.
En effet, sur les 9 membres que compte le directoire du département,
seulement 6 sont nommés. Il faut attendre le 7 pluviôse an II (26
janvier) pour que les trois administrateurs manquant soient nommés. Des
administrateurs en fonction jusqu'au 5 pluviôse an II (24 janvier), seul
Martine reste en place. Seul le citoyen Pochon n'a pas été
nommé conformément aux voeux des Sans-Culottes. Les autres
administrateurs, comme Peysson, sont destitués ou comme Baron-Chalier et
Blanc-Désisles, réservés à d'autres emplois.
Durant la présence d'Albitte dans l'Ain, le directoire
du départemnt de l'Ain ne va pas cesser de subir des modifications.
Le 10 pluviôse an II (29 janvier), c'est Juvanon qui est
appelé par Albitte, sans doute sur l'insistance des Sans-Culottes. Le 18
pluviôse an II (6 février), Tenand qui est nommé agent
national du district de St Rambert, quitte le directoire du département.
Ce n'est que le 18 ventôse an II (8 mars), qu'il est remplacé par
Foron de Trévoux. Le 12 ventôse an II (2 mars), Baron-Chalier est
rappelé au département. Le 19 ventôse an II (9 mars),
Reydellet est incarcéré sur ordre de ses collègues
Sans-Culottes (Nous verrons plus loin pourquoi). Enfin le 30 germinal an II (19
avril), c'est Girod de Thoiry qu'Albitte nomme au département,
après avoir consulté la société populaire de
Gex.
On peut donc se rendre compte que le directoire du
département est rarement réuni au complet et quand il l'est,
c'est sous l'influence de Martine et surtout Juvanon, chez qui les opinions
divergeantes de ses collègues, déclenchent des colères
incroyables.697(*) Le
département voit arriver des administrateurs issus de la
société populaire (Juvanon), ce qui renforce la puissance de ces
derniers au sein d'une administration, qui jusque là était
plutôt tenue par des modérés.
Le 4 pluviôse an II (23 janvier), Albitte prend un
arrêté qui réorganise le district de Bourg. Durant
l'assemblée du 6 pluviôse an II (25 janvier), Rollet-Marat reprend
ses fonctions et les citoyens Ryon, Juvanon et Gallien sont nommés au
directoire et huit autres sans-culottes sont nommés au conseil. Mais une
place reste vacante. Ce n'est que le 24 pluviôse an II (12
février), avant son départ pour Belley, qu'Albitte désigne
le membre du directoire manquant.
Le 5 pluviôse an II (24 janvier), Albitte rédige
les arrêtés épurant la municipalité de Bourg et le
comité de surveillance.
Le 6 pluviôse an II (25 janvier), lors de
l'assemblée au directoire du département, la municipalité
de Bourg est réorganisée. Alban reste maire, mais Albitte nomme
personnellemnt Blanc-Désisles agent national de la commune698(*). Ce dernier acquiert donc un
rôle politique plus actif que lorsqu'il était au
département. Sur 29 membres, la municipalité de Bourg compte 20
personnes venant du peuple, des petits artisans et ouvriers.
Le 5 pluviôse an II (24 janvier) Albitte rédige
l'arrêté concernant le comité de surveillance. Et c'est le
6 pluviôse an II (25 janvier), durant cette même assemblée,
qu'Albitte après avoir pris des renseignements auprès de la
société populaire, "réorganise et
épure"699(*)
le comité de surveillance de Bourg. Ce dernier est toujours
composé de douze membres. Parmi les membres du comité
épuré, 7 ont fait partie de l'ancien. Le nouveau comité de
surveillance est composé en grande majorité d'hommes du peuple;
on y trouve, un marchand de verre, un ébeniste, un marchand de
serrurier, un charron, deux menuisiers, un huissier, un tailleur de pierre, un
notaire, un perruquier, un vétéran et un marchand quincailler. Le
nouveau comité de surveillance est l'émanation parfaite du voeu
de la société des Sans-Culottes. Convers, Ducret, Courenq et
Broccard sont les éléments durs de ce comité. Le
comité de surveillance ne change donc pas d'obédience politique
comme le département mais de personnel. Il demeure très populaire
et sur les 12 membres, seuls Servette et Rostain ne signent pas du fait de leur
illétrisme. Le 7 pluviôse an II (26 janvier) les anciens membres
du comité se rendent à la séance de ce dernier pour
recevoir l'indemnité qu'il leur est accordée. Cette
dernière s'élève pour l'ensemble des 12 membres, à
1398 livres pour 2 mois de fonctions.
Le 7 pluviôse an II (26 janvier) c'est au tour du
tribunal criminel d'être épuré. Merle demeure accusateur
public. Dans son arrêté, Albitte donne une nouvelle dimension au
tribunal criminel; ses pouvoirs sont étendus : "Son premier devoir
est de venger la République des traîtres et des conspirateurs qui
troublent son bonheur"700(*). Dès lors les Sans-Culottes, qui
détiennent les listes de suspects, sont dès le début de
pluviôse an II à même, avec le soutien des commissaires
civils, de pouvoir entreprendre une vengeance effective vis-à-vis des
fédéralistes. Toutes les autorités constituées qui
sont réorganisées et épurées ce jour là,
prêtent le même serment : "de mourir à leur poste, de
veiller sans relâche à l'intérêt public et de ne voir
que la patrie avant tout"701(*). A nouveau les autorités sont pleinement aux
mains des Sans-Culottes.
Les épurations se poursuivent tout au long de la
mission d'Albitte à un rythme discontinu.
La seconde épuration de district est celle de Nantua,
où se trouve Albitte le 26 pluviôse an II (14 février);
district, municipalité, tribunal de district et comité de
surveillance sont alors épurés. Le 27 pluviôse an II (25
février), c'est le district de St-Rambert qui voit ses administrations
épurées. Dans ces épurations, Albitte ne prend plus le
temps de réfléchir personnellement à la composition des
administrations. Désormais, il se repose entièrement sur son
entourage pour lui désigner les hommes à nommer.
Belley a ses autorités constituées
épurées le 30 pluviôse an II (18 février). Les
Sans-Culottes belleysiens libérés par Albitte retrouvent leur
pouvoir. Bonnet et Masse sont au district et Carrier au comité de
surveillance. Par la suite quelques changements ont lieu. Le 12 ventôse
an II (2 mars), Albitte nomme le citoyen Visian comme membre du conseil du
district de Belley. Ce dernier prend ses fonctions le 16 ventôse (6
mars). Le même jour, une série d'arrêtés concernant
l'administration de Belley est prise par Albitte. Bonnet est nommé
à l'agence nationale du district, Dumant est nommé au directoire
du district. Ces deux arrêtés sont appliqués le jour
même 702(*). Deux
autres arrêtés, du 13 ventôse an II et du 14 (3-4 mars),
transfèrent l'administration du district dans un nouveau bâtiment
(dans la maison dite Duery)703(*) ainsi que la société populaire.
En réponse à une pétition du 7
pluviôse an II (26 janvier) des citoyens du district de Gex, Albitte, le
3 ventôse an II (19 février) casse l'arrêté de Gouly,
qui supprime le district de Gex. Le 17 ventôse an II (7 mars) Albitte
réorganise les bureaux du district et le 19 germinal an II (8 avril), il
fait l'épuration des autorités se trouvant à Gex. Le 5
ventôse an II (23 février), alors de retour de Commune-Affranchie,
Albitte épure les administrations se trouvant à Trévoux.
Le 7 ventôse an II (25 février) le district de Pont-de-Vaux est
épuré, mais il faut attendre le 21 ventôse an II (11 mars)
pour que le district de Montluel subisse l'épuration. Pour ces trois
derniers districts Albitte attend avant de statuer, les rapports de ses
commissaires civils partis dans ces districts par arrêté, le 24
pluviôse an II ( 12 février).
Comme nous l'avons vu, les réorganisations des
administrations des districts, ainsi que celle du département, ne sont
jamais fixes. En effet, pour différentes raisons (missions, mises en
détention), les administrations des districts se retrouvent rarement au
complet. Et quand bien même elles le sont, elles demeurent sous
l'influence du parti sans-culotte, qui impose facilement ses intentions :
"il ne se tenait pas de directoire, que le dit Rollet,
Gallien et Juvanon apportent les décisions motivées et
arrêtés et les présentent à signer, se
répandant en propos durs et violents lorsque les autres administrateurs
refusaient de signer. Que dans l'espace de quatre ou cinq mois que le
déclarant a été administrateur, il s'est tenu a peine
quatre ou cinq directoires."704(*)
le choix des agents nationaux : les
municipalités
Les réorganisations et épurations, où les
autorités ont été (en théorie) choisies et
désignées par le représentant, s'arrêtent à
celles des districts.
Albitte le 24 pluviôse an II (12 février), se
décharge de la résponsabilité d'épurer les communes
et délègue à Rollet-Marat (et Gallien son
suppléant) le pouvoir de nommer des "vrais patriotes aux fins de se
rendre dans les différentes communes du dit district, y prendre des
renseignements sur les autorités constituées et de
désigner les citoyens les plus propres à remplir des
fonctions"705(*).
Albitte confie désormais les épurations aux Sans-Culottes.
Les mêmes pouvoirs sont délivrés le 14
ventôse an II (4 mars) à l'agent national du district de Belley,
ainsi qu'à Délilia l'agent national du district de Nantua,
à Nicod-Marat agent national du district de Gex, ainsi qu'aux agents
nationaux des autres districts.
Les agents nationaux des districts, nomment deux commissaires
par cantons, avec mission de s'instruire sur les autorités
constituées des dites municipalités et comme dans le district de
Bourg, de s'assurer de l'exécution des arrêtés d'Albitte;
notamment ceux sur la démolition des châteaux et des
clochers706(*) .
Si la majorité des communes voient leurs
autorités épurées sans rien dire, certaines se montrent
assez revêches à un changement de personnel. Ainsi, le 28
ventôse an II (18 mars), alors que Rollet-Marat et Gallien sont à
Montrevel, pour y rencontrer les autorités, le citoyen Burge s'indigne
que l'on veuille changer les autorités constituées, lors de la
séance de la société populaire à laquelle
participent l'agent national du district de Bourg et son suppléant. La
motion de Burge est soutenue et pour calmer les esprits et mener à bien
sa mission, Rollet-Marat impose le silence et menace d'emprisonnement quiconque
parlerait et soutiendrait cette motion. A Chazey le 30 ventôse an II (20
mars), 3 citoyens empêchent les commissaires nommés par l'agent
national du district de St Rambert, de prendre des renseignements sur les
personnes susceptibles de composer la nouvelle municipalité.
Les missions de ces commissaires se déroulent tout au
long du mois de ventôse an II. Dans le district de Nantua, les
commissaires nommés par Délilia, sillonnent les cantons du 12 au
23 ventôse an II (2-13 mars). A Belley, ces commissaires sont
nommés le 16 ventôse an II (6 mars) et rédigent leur
rapport le 23 (13 mars). A Bourg, ces commissaires sont nommés le 30
pluviôse an II (18 février), par Rollet-Marat. Ils
bénéficient de la somme de 1600 livres, qui leur est
avancée, pour payer leeurs dépenses. Au total 1290 livres sont
dépensées; 350 livres pour l'épuration des cantons de
Ceyzériat et de Pont-de-Vaux, 400 pour les cantons de Treffort et
Coligny. 265 pour ceux de Bourg et Montrevel et enfn 275 livres pour les
cantons de Chavanne et de Buenc707(*) .
Une fois les rapports de leurs commissaires reçus, les
agents nationaux font parvenir les résultats à Albitte. Le 15
germinal an II (4 avril), Rollet-Marat écrit à Albitte ses
attentes et ses déboires quant à ces épurations :
"Je t'envoie la liste de tous les citoyens proposés
pour composer les autorités constituées de ce district; elle est
le résultat du travail fait par des Sans-Culottes, par moi choisis en
exécution de ton arrêté.
J'ai été obligé de me transporter
dans les chefs lieux de canton pour réparer des erreurs et omissions
faites par ces commissaires et il se rencontre encore de ces omissions dans
d'autres communes, car dans plusieurs ils ont oubliés de
désisgner des assesseurs des juges de paix et il serait à propos
qu'après que tu auras examiné cet ouvrage, tu me chargeras de le
parachever en m'autorisant à procéder à l'installation des
autorités constituées et à faire tous changements
nécessaire pour le bien public."708(*)
Rollet-Marat demande à être chargé de ces
installations. Ainsi les Sans-Culottes n'ont dans les autorités
constituées des communes des différents cantons, que des hommes
politiquement sûrs. La main mise sur les administrations est totale.
Rollet-Marat obtient satisfaction le 22 germinal an II (11
avril) quand Albitte, de Carrouges, prend un arrêté global
à tout le département, qui autorise les agents nationaux des
districts à "se transporter incessamment dans les différentes
communes de (leur). . . arrondissement aux fins de procéder
à l'installation des officiers municipaux d'icelles, juges de paix et
comité de surveillance des cantons"709(*).
Mais, si l'arrêté global rédigé le
22 germinal an II (11 avril) donne la fonction d'épuration aux agents
nationaux, Albitte durant ses déplacements se charge parfois
d'épurer lui même les autorités constituées des
communes qu'il traverse. Ainsi le 15 germinal an II (4 avril), le comité
de surveillance de Versoix est réorganisé par Albitte. Le nouveau
comité prend ses fonctions le 19 germinal (8 avril), jour où
Albitte épure celui de Ferney-Voltaire.
En exécution à l'arrêté du 22
geminal an II (11 avril), des cahiers sont imprimés. Un cahier par
canton, où chaque page correspond à une commune. Quand
l'épuration des autorités d'une commune est effectuée,
l'agent national du district signe au bas de la page concernant la dite
épuration.
Les agents nationaux des districts se rendent eux-mêmes
dans les communes de leur arrondissement afin de mettre en place les nouveaux
fonctionnaires.
Dans la plus grande majorité des cas, les hommes mis en
place, sont ceux que les agents nationaux ont désignés au
représentant. Quelques exceptions sont cependant à noter. Ainsi
en vertu de l'arrêté d'Albitte du 21 pluviôse an II (9
février), qui interdit aux prêtres mariés d'habiter dans la
commune où ils ont exercé, le citoyen Monnet ex-curé de
Préssiat, n'a pas pu être installé comme notable. De
même le citoyen Samuel, ex-chanoine à Varambon n'a pas put
être installé.
Il arrive aussi que des nominations soient modifées.
L'agent national de la commune de Villereversure n'a pas été
nommer comme cela avait été prévu car trop de
dénonciations ont été faites à son égard.
Mais il arrive que les agents nationaux soient obligés
de céder sous la pression de la population. Ainsi à Bény,
le citoyen Grand, qui a la faveur des citoyens est nommé maire, alors
que l'arrêté prévoyait le citoyen Claude-Joseph Perrin.
L'installation des nouvelles autorités constitués prend plus de
temps que prévu. Dans le district de Bourg, elles ne sont
terminées que le 4 prairial an II (23 mai), (soit près de 1 mois
et demi après l'arrêté de Carrouges); alors que
Rollet-Marat dit ne pas avoir encore installé les autorités de la
commune de Certines.
Les épurations faites durant la présence
d'Albitte, sont les dernières faites durant la domination des
Montagnards.
Albitte, pour réorganiser et épurer se repose
volontiers sur un personnel révolutionnaire plus à même de
savoir qui placer. Si les épurations communales des cantons ne sont pas
un élément majeur de la politique menée par Albitte,
celles faites dans les villes de Bourg et de Belley donnent aux Sans-Culottes
un pouvoir politique encore jamais atteint jusqu'ici. En effet, grâce
à leurs conseils, Albitte nomme des hommes sûrs là
où les Sans-Culottes le désiraient et non pas là où
l'intérêt général aurait pu le commander.
B : Albitte et le culte
Une des autres préoccupations à laquelle Albitte
voue un grand intérêt sont les fêtes décadaires et
plus largement la question religieuse. La mission d'Albitte dans l'Ain et le
Mont-Blanc est la seule connue de ce type, qui a cherché à
établir les bases nouvelles d'un culte où chaque citoyen est
aussi le pasteur d'une religion reprennant la base du christianisme mais
où sont aussi louées les vertus de l'homme nouveau qu'est le
sans-culotte.
les fêtes décadaires
Le calendrier républicain et le culte décadaire
sont très mal suivis par la population du département. Albitte
dès son arrivée, va faire beaucoup d'efforts pour que la
décade soit respectée et pour que le décadi des
fêtes soit organisées.
Quand Albitte arrive dans l'Ain, les fêtes
décadaires sont presque inexistantes.
Durant sa présence dans l'Ain (donc essentiellement
à Bourg) Albitte, avec l'aide de Dorfeuille et de Blanc-Désisles,
va mettre en place des fêtes décadaires.
A la vue des fêtes décadaires
célébrées à Trévoux et à Bourg, il
est indéniable que ces dernières soient orchestrées par
Dorfeuille, qui à Commune-Affranchie faisait déjà preuve
de goût pour les mises en scène patriotiques(fête en
l'honneur de Chalier, canonnades des Brotteaux).
Ces fêtes décadaires suivent toutes le même
schéma : le canon tonne pour inviter les gens, puis un cortège
composé des autorités, de soldats (hussards et volontaires) et de
citoyens parcourent la ville jusqu'à la place Marat. Là plusieurs
discours sont lus. Parfois des chariots surmontés d'allégories
sillonnent les rues, mais à chaque fois ont lieu soit des abdications de
prêtres soit des autodafés d'objets du culte. A la suite, un repas
et,ou, un bal est offert à la population. Dans les campagnes, celles-ci
sont un des seuls moments où peuvent être lues les lois à
la population :
"Chaque décade nous donnons connaissance à
nos concitoyens assemblés à cet effet dans le Temple de la
Raison, des loix, des arrêtés et de tous les écrits qui
nous parviennent. Nous leur donnons connaissance des nouvelles; nous y
mêlons aussi quelque discours moral; nous ne sommes pas fort sur cet
objet mais nous disons ce que nous savons. Ca ira.
Pour faire oublier à nos concitoyens leurs
pratiques supersticieuses, nous les intérressons à la
célébration de la décade par des danses champêtres
et des actes de bienfaisance.
Nous faisons couler au pied de l'arbre de la
liberté quelques feuillettes de vin qui sont distribuées aux
citoyens les plus indigents, nous animons la danse par notre présence et
en participant à la joie publique. Enfin nous terminons la fête
par un repas frugal et fraternel, les citoyens infirmes et indigents sont
placés à nos cotés. Les cris de vive la République,
vive la Montagne, vive l'Egalité sont mille fois
répétés, des hymnes à la liberté sont
chantés avec enthousiasme par tous les citoyens"710(*).
Il arrive aussi que les commissaires d'Albitte soient les
instigateurs des fêtes décadaires là où elles sont
inexistantes. A Trévoux, Millet et Bonnerot font organiser par le
comité de surveillance la fête du décadi 30 pluviôse
an II (18 février). Elle reste assez similaire à celles qui ont
lieu à Bourg au même moment :
"La générale battra à sept heures du
matin. A huit heures le cortège se rassemblera sur la place de la
Liberté.
Un corps de musiciens et de tambours doit être avec
les autorités constituées.
La gendarmerie ouvrira la marche, les cannoniers ensuite,
un groupe d'enfants les suivront (sic).
Les autorités constituées tenant par dessous
le bras des pauvres hommes et femmes, ensuite quatre jeunes filles
habillées de blanc représentant les moeurs, la raison, la
liberté et la vérité; viendront ensuite les cidevant
prêtres qui ont abdiqué leurs fonctions. La Municipalité
les préviendra que leur devoir est de se rendre à la fête
de la Raison. Ensuite la société populaire. La marche sera
fermée par des citoyens et citoyennes indistinctement.
On se transportera sur la place de la Montagne. Il sera
fait un petit discours en l'honneur de la Raison; de là à la
porte du Pont, ensuite on se rendra au Temple de la Raison .
Les quatres jeunes filles seront placées sur un
lieu élevé.
Les pauvres auront des sièges dinstincts. Les corps
constitues prendront place, ensuite tous les citoyens et citoyennes.
On lira les lois et un discours civique, les mariages
seront célébrés s'il y en a, des prêtres, les
citoyens et citoyennes feront venir leur repas. Les pauvres seront
premièrement servis par la municipalité en écharpe. A
quatre heures le bal commencera sur la terrasse si le temps est
beau.711(*)
A Bourg, un résumé de ces fêtes
décadaires est immanquablement imprimé jusqu'au 30 pluviôse
an II (28 février). La première fête décadaire de
Bourg a lieu le 30 nivôse an II (19 janvier). Un résumé de
cette fête parait dans le numéro 8 du Journal
Républicain de Rhône-et-Loire. Cette fête diffère
de celles qui suivront. Elle est la seule où une mascarade
antireligieuse prend place dans le programme festif .712(*) En effet, trois ânes
sont grimés en roi, en prêtre et en pape. Une femme
représentant la Raison fait le pendant à un homme
représentant le fanatisme.
A Belley aussi l'emploi des mascarades antireligieuses a lieu.
La figure d'un homme habillé en évêque chevauchant un
âne, tête bêche, est reprise dans beaucoup des villes du
département.
La seconde fête a lieu le 10 pluvôse an II (29
janvier). Elle glorifie la présence d'Albitte.
dessin fête décadaire
rapport de la fête de Bourg
Une erreur de date reporte ces deux imprimés au même
décadi. L'imprimé ci-dessus se rapporte a la
célébration du 10 pluviôse an II (29 janvier). Celui d'en
dessous à la fête lieu le 20 pluviôse an II (8
février).
Ces fêtes décadaires ont comme paroxysme les
abjurations. Il faut remarquer le soin avec lequel il est dit que les cloches
ne sont plus sonnées et que le canon les remplace.
Le décadi 30 pluviôse an II (18 février)
ce ne sont plus Albitte et ses commissaires qui animent la fête, mais
Alban. Ce jour voit la prestation de serment de 12 religieuses. Mais même
si les prinicipaux maîtres d'oeuvre de ces fêtes sont absents, les
Sans-Culottes de la municipalité font la lecture du discours de
Dorfeuille aux défenseurs de la patrie, réimprimé à
cette occasion (voir page 65 ).
Même si Albitte a vu à Commune-Affranchie ces
fêtes se mettre en place, il semble que le désir de Dorfeuille de
tourner le culte catholique en dérision, en soit le moteur.
Avec Albitte dans l'Ain, ces fêtes décadaires,
(soutenues par l'impression de 4000 cahiers de chants patriotiques713(*)), tentent d'anéantir
le culte catholique dans ses fondements, dans ce qu'il a de religieux. Ces
fêtes essayent de reprendre les pratiques chrétiennes :
processions de personnes ou de personnages714(*), prêches et discours. Mais on y intégre
de nouvelles pratiques païennes comme les danses et le repas. Le message
politique des fêtes décadaires a dans Dorfeuille, Millet et
Blanc-Désisles des serviteurs dévoués qui mettent leur
expérience théâtrale au service du nouveau culte715(*).
La tentative des fêtes décadaires pour tourner en
dérision le culte catholique en récupérant ses rites afin
de le supplanter par le nouveau culte de la Raison, n'est pas une
réussite. Cette démarche est un échec. Les fêtes
décadaires disparaissent après le départ d'Albitte de
Bourg. Le 4 prairial an II (23 mai), Rollet-Marat reconnait que "le
fanatisme règne encore parmi les habitants des campagnes"716(*).
dessin de mascarades
En marge des fêtes décadaires ont lieu des
fêtes civiques.
A Bourg le 6 pluviôse an II (25 janvier), on fête
la mort de Louis XVI. Ce jour là, des effigies des rois d'Angleterre,
d'Espagne, de Prusse, de Sardaigne, l'Empereur du St Empire, le Pape et Pitt
sont guillotinés. Une éffigie de femme représentant la
ville de Toulon est brulée.
Dans beaucoup de communes rurales, si les fêtes
décadaires sont absentes, la présence d'Albitte et le relent de
démocratie qu'il colporte, donnent naissance à des fêtes
civiques qui ont lieu le décadi. A Treffort le décadi 10
ventôse an II (28 février), une fête civique est
organisée par la municipalité lors de la mise en terre du nouvel
arbre de la liberté.
Malgré les efforts de tout le personnel
révolutionnaire, la décade (et les fêtes décadaires)
est très peu suivit par les gens de la campagne qui
préfèrent ne pas travailler le dimanche (donc un jour sur sept)
plutôt que de goûter au repos décadaire, ( un jour sur dix)
. L'ex-prêtre Tollet de Trévoux, ardent sans-culotte se plaint, le
10 ventôse an II (28 février), du peu de zèle qu'ont ses
concitoyens à venir écouter la lecture des lois le décadi.
Parmi les commissaires civils qu'Albitte envoie sillonner le
département, Vauquoy et Convers font preuvent d'originalité pour
empêcher de chômer le dimanche : "Les officiers municipaux de
Pont-de-Veyle luttaient depuis longtemps contre le fanatisme de leur commune et
ceux des communes voisines, ils avaient employé tous les moyens
possibles pour faire triompher la Raison sur l'erreur et n'avaient pu en venir
à bout; ce qui avait donné lieu à différentes
proclamations qui n'avaient pas eu un meilleur succès, au point que le
19 du courant ( nous sommes au mois de ventôse an II), une foule
immense d'hommes et de femmes de la campagne et de la ville parcourait les rues
de Pont-de-Veyle et affichait dans les cafés et les cabarets l'incivisme
et l'oisiveté. Il s'agissait de réprimer un abus absolument
contraire au régime républicain et plus encore dangereux par son
exemple. En conséquence ils nous ont invité (les membres de
la municipalité) à les seconder dans une mesure essentielle
qui tendait à intimider les fanatiques et les personnes
égarées et à les faire rentrer dans le devoir en les
faisant arrêter momentanément pour les forcer à entendre
une morale civique."717(*)
Malgré des mesures d'exception et un personnel
révolutionnaire virulent, le district de Bourg, voit les dimanches
chômés. Le 23 ventôse an II (3 mars) Rollet-Marat fait part
à ses collègues de la surprise qu'il a eue, de voir des gens
célébrer le dimanche alors qu'il parcourait le district. Cette
remarque de Rollet-Marat amène le district de Bourg, (toujours le 23
ventôse an II), à interdire à tous les hoteliers,
cabaretiers et traiteurs de donner à boire et à manger les jours
de fêtes et dimanches, ne pouvant pas ainsi inciter les travailleurs
à chômer. Le même arrêté est pris par le
disitrict de Trévoux et la municipalité de Meximieux au
début de germinal an II.
Malgré ces efforts, le dimanche est souvent
chômé.
l'arrêté du 8 pluviôse an II
les abdications
Répondant aux attentes de la politique locale et
nationale, Albitte inaugure le 8 pluviôse an II (27 janvier), un serment
unique dans l'histoire de la déprêtrisation durant la
Révolution. Le 8 pluviôse an II (27 janvier), Albitte signe un
arrêté de 11 articles, qui comprend aussi un serment. Ce dernier,
étant donné la spécificité des termes
employés, est sans doute l'oeuvre de Jules Juvanon, (le St Just de st
Rambert, ex-prêtre) et certainement pas celle d'Albitte.
Cet acte, qui se veut aussi solennel que peut l'être
tout acte religieux, est un serment qui, après celui de la Constitution
Civile du Clergé et celui de défendre la liberté et
l'égalité, cherche à rendre le prêtre citoyen,
à une période de la Révolution qui ne voit en lui qu'un
suspect.
Cet arrêté d'Albitte arrive à la fin de la
vague déchristianisatrice de l'hiver an II. D'où cette
singularité du serment d'Albitte; il se situe au moment où la
Convention essaye de stopper la déchristianisation spontanée des
mois de brumaire et frimaire an II, initiée par les représentants
du peuple comme Fouché ou Dumont. De ce fait, c'est le seul exemple
connu qui applique par un arrêté, l'idée déjà
développée en frimaire de faire abdiquer les
prêtres718(*).
Albitte n'est pas l'instaurateur de cette pratique. Dans l'Ain, ces abdications
de prêtres existent déjà et constituent jusqu'à
l'arrêté d'Albitte, des actes volontaires. Le 21 brumaire an II
(11 novembre), le premier curé a abdiquer sa foi, est le citoyen Burtin
curé de Jayat. Il est suivit le 25 brumaire an II (15 novembre), par le
citoyen Grumet. Le 12 frimaire an II (2 décembre), c'est au tour de
l'ex-prieur des bénédictins de Nantua, le citoyen De Lombard,
d'abdiquer sa prêtrise en ces termes : "Aujourd'hui, en mon propre et
privé nom, je viens déclarer à la face du monde entier
que, sans bulle ni pontife, par le seul pouvoir que me donne les droits de
l'Homme, je me déprêtrise, et que, purifiant les quatre doigts de
mes mains qui ont reçu seuls le fatal caractère du sacerdoce. .
.j'abdique solennellement cet état".719(*)
Cette politique d'Albitte est comme pour les suspects, la
suite de ce que Javogues a commencé à faire en frimaire720(*) .Gouly, par la suite n'a pas
été tendre avec les prêtres721(*). Il répondait en
cela, bien aux attentes des Sans-Culottes.
"Qu'est-il besoin de prêtres pour le culte primitif
de la raison ? Pourquoi des intermédiaires entre Dieu et nous ? Il parle
à nos coeurs, il lit dans nos âmes; cela nous suffit.
Mais voulez-vous voir renaitre les dîmes ? Conservez
les prêtres. Voulez-vous voir rétablir le casuel ? Conservez les
prêtres. Voulez-vous voir soutirer votre argent par des pratiques
absurdes, de faux miracles, des actes de dévotion
intérressés ? Conservez les prêtres. Voulez-vous exposer
vos femmes et vos filles à la séduction d'une classe d'hommes qui
fait profession de contrarier le voeu irrésistible de la nature ?
Conservez les prêtres. Enfin, voulez-vous laisser aux intrigants, aux
aristocrates, aux ci-devants seigneurs, aux facteurs secret du royalisme, leurs
amis, leurs partisans, leurs soutiens naturels, et voir la tyrannie renaitre de
ses cendres ? Conservez les prêtres."722(*)
A la lecture de ce réquisitoire si rigoureux de
Reydellet contre les prêtres du 25 nivôse an II (14 janvier) et des
idées de Dorfeuille sur la religion723(*), il n'est pas étonnant que le 8
pluviôse an II (27 janvier), après une mûre réflexion
quant aux termes à employer, Albitte signe l'arrêté
systématisant l'abdication, en soumettant les prêtres au serment
d'abjuration. Pour Albitte son arrêté à un but
précis et répond à une politique claire, il veut montrer
au peuple qu'en abjurant leur foi, les religieux sont des victimes de l'Eglise.
Pour Albitte, "la vraie manière d'établir la liberté
des cultes est d'empêcher que des imposteurs en entretiennent un de
privilégié"724(*). Les prêtres du culte catholique, le seul
culte dans nos régions, mais aussi tous les représentnts
religieux sont donc les hommes à rendre inopérant. "Les
prêtres, de quelque culte qu'ils soient, sont dangereux. Il n'en faut ni
de l'Emmanuel;, ni du Solei, ni de la Lune, ni de la Raison. Point
d'intermédiaire enter l'Eternel et l'homme"725(*). Pour Albitte, comme pour
Dorfeuille, le citoyen n'a pas besoin d'un intermédaire parasite, qu'est
le représentan du culte, entre lui et Dieu. Albitte n'est donc pas un
athé, bien au contraire, mais un homme qui veut mettre la religion au
service du citoyen et non plus du prêtre. Cette action rentre dans la
ligne d'action du représentant de régénération et
de création d'une nouvelle société. Comment parvenir
à endre le culte à tous les citoyens ? "En prouvant au peuple
qu'il n'en faut point, et en le convainquent que tout prêtre est un homme
trompé ou trompeur. . . de reconnaitre parmi les prêtres ceux qui
sont vraiment dangereux, et de sauver ceux qui ne sont qu'égarés
du sort qui les attend"726(*). Cette vision du renouveau du culte d'Albitte est
presque unique à cette époque, quand ses collègues, sont
les influences de la Comune de Paris, ne font que déchristianiser
à bride abbatues.
Désormais les prêtres doivent abdiquer et
prêter serment de fidélité à la République.
Cette abdication fait rentrer le prêtre dans le cercle des citoyens.
Albitte dans son arrêté ne donne qu'une extension
plus marquante et plus symbolique, au décrêt de la Convention du
23 brumaire an II (13 novembre). Le 21 pluviôse an II (9 février),
Albitte prend un nouvel arrêté, complémentaire à
celui du 8, qui éclaircit la situation des prêtres qui à la
date du 8 pluviôse pas n'avaient abdiqué et qui le font par la
suite. Dans cet arrêté, Albitte rend une liberté totale aux
prêtres de soixante ans ou marié; tandis que les autres sont
obligés de rester dans le chef-lieu du district.
Malgré le soin pris quant au vocabulaire, une faute
à l'impression s'est glissée dans le texte. Ce n'est que le 21
pluviôse an II (9 février) seulement, que Darasse prévient
Rollet-Marat de cette erreur727(*).
L'arrêté est transmis aux districts dès le
9 pluviôse an II (28 janvier). A l'annonce de sa parution, certains
prêtres fuient le serment pour se réfugier au Jura728(*). En effet
l'arrêté stipule que les prêtres ont abdiqué
"leurs prétendues fonctions, abjuré leurs erreurs et remis
leurs lettres de prêtrises sont requis. . .de se rendre dans le
délai de trois jours dans le chef lieu du district où ils se
trouvent. . .de fixer leur domicile dans le chef lieu. . . .Ils se
présenteront tous les cinq jours à la dite municipalité
pour certifier de leur bonne ou mauvaise conduite".729(*)
Les prêtres qui n'ont pas abdiqué ou qui sont
parjures, doivent "se rendre sur-le-champ sous la surveillance de ladite
municipalité dans la maison de sureté qui sera à cet effet
préparée".730(*) Les prêtres qui ne prêtent pas le
serment sont considérés comme des rebelles à la loi. La
suite de l'arrêté se dirige contre les personnes susceptibles
d'aider les prêtres insermentés.
Pour beaucoup autorités constituées,
l'arrêté du 8 pluviôse n'est pas un acte païen mais un
acte salutaire pour la République "il n'y a plus de curés et
la République n'en a plus besoin"731(*), dit le comité de surveillance de Lagnieu le
13 ventôse an II (3 mars).
La formule d'abdication est présentée aux
prêtres à la municipalité des chefs lieux de districts. Le
prêtre, pour se conformer à l'arrêté, doit remettre
ses lettres de prêtrise, signer son abdication, puis lors de la
décade, abjurer publiquement sa foi.
Ses abjurations publiques ont lieu à Bourg le 20
pluviôse an II (8 février), à Belley le 30 pluviôse
an II (18 février), à St Rambert le 9 ventôse an II (25
février), à Gex le 15 ventôse an II (5 mars), à
Nantua le 15 ventôse an II (5 mars), à
Châtillon-sur-Chalaronne le 15 ventôse (5 mars), à
Pont-de-vaux le 16 ventôse an II (6 mars), à Trévoux le 19
ventôse an II (9 mars) et à Montluel le 20 ventôse an II (10
mars). En l'espace d'un mois, 361 prêtres ont abjuré leur foi
publiquement732(*)
suivant l'arrêté d'Albitte. Il s'agit là d'un nombre
approximatif de prêtres ayant abjuré leur foi. Ce chiffre n'est
pas arrêté car des abjurations ont pu avoir lieu sans entrer dans
le décompte officiel. On peut néanmoins convenir, que le nombre
des prêtres ayant abjuré dépasse de plus de la
moitié le nombre de prêtres officiant encore dans le
département au moment où arrive Albitte.
acte d'azbjuration
Certains prêtres, déjà en maison de
détention le 8 pluviôse an II, signent en prison leur abjuration
devant Dorfeuille, Millet, Bonnerot et Frilet733(*).
Le serment est aussi présenté à Belley,
par deux officiers municipaux, durant la dernière décade de
ventôse an II, dans les maisons de détentions où sont
retenues des religieuses. Mais aucune d'entres elles ne le signe. Sans doute
pour cette raison, elle sont encore détenues au début de l'an
III.
L'abbé Mermet est un prêtre abdicatiare. Voici le
récit de son abjuration :
"Pendant que j'étais détenu avec beaucoup
d'autres prêtres, l'agent national du district de Bourg
(Rollet-Marat) et celui de la Municipalité
(Blanc-Désisles), suivis de gens en armes, vinrent une nuit dans
notre prison, et à la faveur d'une faible lumière qui permettait
à peine de distinguer le papier, ils nous firent signer des têtes
d'arrêtés qui ressemblaient beaucoup à des états de
présence que nous signions tous les soirs. Ces têtes
d'arrêtés furent ensuite remplies d'une formule
impie."734(*)
Il est possible que quelques prêtres aient signé
sans savoir ce dont il s'agissait. Mais tous savaient ce que l'on attendait
d'eux, et il n'ait pas faux de penser que seule la peur ait
motivé735(*)
certains prêtres.
Avant la cérémonie d'abjuration qui à
lieu en plublic lors d'une fête décadaire, les prêtres
signent le formulaire devant les autorités. A Bourg, les signatures des
actes d'abdication ont lieu du 10 au 20 pluviôse an II ( 29 janvier-8
février) à la Maison Commune.
Le 10 pluviôse an II (29 janvier), 3 prêtres
abdiquent, (dont un qui se marie736(*)). Le 13 (1er février) un seul prêtre
abdique. Le 14 (2 février), trente deux prêtres abdiquent; le 15
pluviôse (3 février) quatre prêtres abdiquent; le 16 (4
février) neuf prêtres abdiquent, le 17 (5 février) cinq
prêtres abdiqent; le 18 (6 février) se sont 25 prêtres qui
vont à la municipalité pour abdiquer et le 20 (8 février)
quatre autres prêtres signent leur abdication.
A Belley, jusqu'au 22 pluviôse an II (10 février)
59 prêtres ont abjuré en exécution du décret du 23
brumaire an II. Les prêtres qui abjurent le 30 pluviôse an II (18
février), ont signé le serment d'Albitte le 27 pluviôse an
II (15 février) (pour dix d'entres eux) et le 28 (16 février)
(pour cinquante d'entres eux). Le 30 pluviôse an II (18 février),
lors de la fête décadaire, Jean-Louis Peysson, viciare
cathédral, chanoine et curé de Belley, accompagne son abjuration
par un discours qui marque l'adhésion aux nouveaux principes religieux
des prêtres du culte catholique. Mais ce discours traduit aussi un
volontariat à l'abjuration de certains prêtres (voir annexe).
A Belley, on compte le 30 pluviôse an II (18
février), sur 60 abjurations; 30 curés, 1 sacristain, 15
vicaires, 1 religieux, 1 augustin, 4 chanoines, 2 prêtres, 1 cordelier, 1
recteur de chapelle et 1 joséphiste. La moyenne d'âge est comprise
entre 55-65 ans. Le plus jeune à 28 ans et le plus vieux 83 ans.
Le 12 pluviôse an II (31 janvier), la
municipalité de Bourg fait enfermer les prêtres abdicateurs
à Brou. Même après avoir abdiquer les prêtres restent
suspects et certains d'entre eux se retrouvent en prison du fait de leur
état de noble ou parce qu'ils n'ont pas la confiance des patriotes.
Des prêtres n'ont pas obéi à
l'arrêté d'Albitte et à travers celui-ci, au décret
de la Convention. Plusieurs prêtres (surtout les agés), ont
refusé de signer la formule. Certains d'entres eux se plaignent que la
formule d'Albitte est opposée aux Droits de l'Homme.
En prairial an II, 75 prêtres qui ont refusé de
signer le serment d'Albitte sont en maison de détention à Bourg.
22 sont à Brou et 53 à Bicêtre. Rollet-Marat se plaint, le
12 ventôse an II (2 mars) à Albitte des prêtres alors en
prison à Bicêtre depuis le 5 ventôse an II (23
février). Le 15 germinal an II (4 avril), Rollet-Marat écrit
à nouveau à Albitte au sujet des prêtres détenus :
"Tous les prêtres renfermés pour n'avoir pas satisfait
à ton arrêté réclament des secours, ils
prétendent n'avoir aucune ressource pour vivre ne touchant plus de
pension. Décide promptement sur leur sort en les envoyant dans une terre
étrangère, n'étant pas digne d'habiter celle de la
liberté"737(*)
Beaucoup de prêtres (jureurs ou pas) ont fuit au Jura
à l'annonce du serment d'Albitte où ils ont rejoint des
réfractaires qui s'y trouvaient déjà.
Rollet-Marat se plaint plusieurs fois à Albitte des
prêtres qui se sont retirés dans le Jura738(*). Le serment d'Albitte,
malgré sa rigeur, n'empêche pas certains prêtres
abdicataires de se rendrent régulièrement dans le Jura à
fin de célébrer l'office, de marier et de baptiser. La
municipalité de Bourg aussi, se plaint du fanatisme et de l'aristocratie
qui règent dans le Jura. Le 8 ventôse an II (26 février)
Alban propose au conseil municipal de Bourg de faire une adresse aux
représentants Robespierre-le-Jeune et Lejeune, alors au Jura, pour que
ces derniers adoptent les arrêtés d'Albitte739(*).
Le 23 ventôse an II (13 mars), alors qu'Albitte promet
un arrêté à Rollet-Marat740(*) contre ces prêtres, le directoire du district
de Bourg décide que les prêtres du district qui veulent fuir dans
le Jura seront arrêtés et conduits à Bicêtre et
"que tout prêtre du département du Jura qui osera souiller le
sol du district de Bourg, que les arrêtés du représentant
Albitte ont purifié, sera saisi et traduit dans la même
maison"741(*).
Cette décision du district de Bourg va plus loin, outre
le fait d'arrêter tout les ressortissants du département qui
iraient dans le Jura pour se marier, entendre la messe et porter des enfants au
baptême; elle conduit toutes les religieuses qui se trouvent dans le
district de Bourg en prison à la Charité même si ces
dernières ont prêter le serment d'Albitte.
Malgré ces résistances, Rollet-Marat
écrit le 4 ventôse an II (22 février) au Comité de
Salut Public que "depuis l'arrivée d'Albitte, le fanatisme a
expiré. La plus part des prêtres ont abjuré leurs erreurs,
avoué leur imposture."742(*)
Albitte, par cet arrêté, entend pousser
l'éxectuion du décret de la Convention du 23 frimaire. Les
Sans-Culottes, avec cet arrêté, entendent se débarasser des
prêtres inutiles au nouveau culte. La formule du serment d'Albitte, si
elle ravit quelques prêtres poussés dans cette voie par leur
famille ou les avantages743(*) qui lui sont liés, affecte le clergé
constitutionnel. Ce dernier est durement affecté par la désertion
de son personnel. Sur 44 prêtres qui ont abdiqué et
prêté le serment d'Albitte dans les districts de Trévoux et
de Nantua, 18 seulement se rétractent en l'an III.
C : Albitte et les démolitions
les arrêtés des 7 et 8 pluviôse an
II
"Je m'occuperai des bois de marine, des salpêtres,.
. ., des moyens d'anéantir la mendicité"744(*) écrit Albitte le 11
pluviôse an II (30 janvier), à ces collègues de
Commune-Affranchie. En effet, la guerre est à la frontière du
département, et les armés ont un besoin crucial
d'équipement.
Le 23 juillet 1793, sous la présidence de Jean
Bon-St-André, la Convention prend un décrêt qui n'autorise
désormais qu'une seule cloche dans chaque paroisse. "toutes les
autres (cloches) seront mises à la disposition du conseil
exécutif, qui sera tenu de les faire parvenir aux fonderies les plus
voisines dans le délai d'un mois, pour y être fondues en
canons."745(*)
Le 6 août 1793, la Convention décrète que
toutes les forteresses de l'intérieur doivent être
détruites. Le 6 frimaire an II, de Mâcon, Javogues donne au
décret de la Convention une première extension. Son
arrêté ordonne la démolition des châteaux et maisons
de luxe, avec distribution des matériaux aux municipalités pour
aider les pauvres à se construire une maison. L'arrêté de
Javogues a un caractère social que reprend en partie celui qu'Albitte le
7 pluviôse an II (26 janvier).
Ces deux décrets de la Convention sont mal
exécutés dans de département de l'Ain. La crise
fédéraliste de juillet 1793 et les préparatifs militaires
du siège de Lyon en août, font trainer la mise en oeuvre de ces
arrêtés. Il faut en effet attendre le mois de nivôse an II,
pour que Baron-Chalier, agent-national du district de Belley, écrive au
Comité de Salut Public afin d'annoncer la suspension momentanée
des démolitions des quelques châteaux forts en raison du
salpêtre qui s'y trouve. A la lecture de son rapport, on peut croire que
les forteresses de l'intérieur sont démolies et les cloches
envoyées à Pont-de-Vaux.
De fait, les démolitions des châteaux et
l'enlèvement des cloches n'ont été que peu ou pas fait
jusqu'au 6 frimaire an II (26 novembre), date à laquelle nous l'avons
vu, Javogues donne une extension au décret du 6 août 1793. Mais
l'arrivée de Gouly suspend l'exécution de cet
arrêté. Gouly, lui même à néanmoins
encouragé les populations à démolir les châteaux :
le 6 nivôse an II (26 décembre) il demande à Rollet-Marat
de se rendre à Bohas pour voir si le château est détruit.
Albitte n'est donc en aucun cas un précurseur.
Il faut donc voir dans les arrêtés d'Albitte des 7
et 8 pluviôse an II (26-27 janvier), des rappels des décrets de la
Convention, doublé de mesures personnelles qui rendent ces décret
plus sévères.
Les deux arrêtés répondent à la
priorité du moment qui est de conduire la guerre et par la guerre
conduire la République à la victoire.
L'arrêté du 7 pluviôse s'attaque aux
clochers et aux biens matériels de l'Eglise. L'idée de se servir
de cloches est lancée dès le 13 décembre 1790 par
Hébert dans le "père Duchèsne", qui veut "vendre au
plus tôt ces instruments inutiles (pour) faire de la monnaie et
des canons"746(*).
Comme nous l'avons vu, Albitte à la Législative obtient que les
statues de le place Vendôme et de la place des Victoires soient fondues
pour faire des pièces et de l'artillerie. Faut-il aussi peut-être
voir dans cet arrêté un moyen de punir la population tentée
par le fédéralisme en lui enlevant un bien précieux.
Cet arrêté, comme les précédants,
est aussi sans doute pris sur le conseil des commissaires civils. Dorfeuille
dans une conversation avec le citoyen Philippe Claude Pochon, maire de Tossiat,
lui dit "que c'était lui qui avait engagé Albitte à
ordonner l'enlèvement des cloches afin que les communes ne puissent pas
s'avertir en cas d'alarme"747(*) Une mesure similaire avait été prise
à Lyon.
Le 7 pluviôse an II (26 janvier), c'est dans
l'idée de se servir de biens qui sont désormais inutiles aux
cultes, mais utiles à la Nation, qu'Albitte décrète :
"Considérant que le peuple français ne
reconnait aucun culte privilégié et dominant ; que tous les
bâtiments, terrains, matériaux, métaux et ustensiles,
ci-devant abandonnés aux usages des différents cultes,
appartiennent à la République et sont des
propriétés nationales;
Considérant qu'aucun représentant de peuple
ne peut, sans crime, cesser de veiller et de travailler au recouvrement, au
maintien et à l'accroissement de toutes les parties de la fortune
publique, et qu'il est de la plus haute importance de faire rentrer la
République dans la jouissance de tous ses biens trop longtemps
usurpés et envahis;
Considérant enfin que tout ce qui existe sur le
terrirtoire français doit être dévoué et
consacré à l'utilité, à la défense et au
bonheur de la patrie;
Arrête ce qui suit :
Article 1er : Tous les bâtiments, terrains,
matériaux, métaux et ustensiles ayant servi jusqu'à ce
jour, soit aux usages, soit à la démonstration publique de
quelque culte que ce soit, dans les départements de l'Ain et du Mont
Blanc, rentrent dès ce moment sous la main de la Nation, et ne pourront
servir qu'à des usages civiques et d'utitlité
générale.
Article 2 : Toutes les enseignes et machines religieuses
qui peuvent encore se trouver soit dans l'intérieur, soit à
l'éxtérieur des dits bâtiments, soit sur les routes et
places et dans tous autres lieux publics, seront sans délai
enlevées ou anéanties.
Article 3 : Tous les costumes, ornements, linges, vases,
ustensiles, matières et métaux oeuvrés ou monnayés
de prix, que ces bâtiments renferment, seront dans un délai de
quinze jours, par les soins de chaque municipalité, transportés
au dépot qui sera indiqué par l'administration de chaque
district, à qui la garde en est attribuée jusqu'à nouvel
ordre.
Article 4 : Toutes les cloches encore existantes dans les
départements de l'Ain et du Mont Blanc, sauf les timbres des horloges,
seront incontinent descendues, brisées et envoyées par chaque
municipalité au chef lieu du district, les cordes à leurs usages
seront soigneusement recueillies et également portées aux dits
chefs lieux, dans les dépots provisoires qui seront indiqués par
les dits directoires.
Article 5 : La matière des cloches sera sans
délai transportée à la plus prochaine fonderie de canons,
et les cordes, à la corderie du Port de la Montagne.
Arcticle 6 : Les clochers seront démolis; les bois,
cuivres, fers, plombs et autres matériaux provenant, jugés
propres à des usages publics, seront déposés
provisoirement dans des lieux sûrs, indiqués par les
administrateurs des districts.
Article 7 : Ceux des bois et autres matériaux
tirés des démolitions, non propres à des usages nationaux,
seront vendus à l'enchère, et le produit tournera, par portion
égale, au profit des citoyens les plus indigens de la commune.
Article 8 : Chaque municipalité fera passer, dans
le délai de trois jours, à l'administration du district,
l'état exact et certifié du nombre, quantité et poids des
tableaux, cloches, cordes, costumes, linges, statues et autres enseignes ou
machines religieuses contenuent dans les ci-devants églises et chapelles
de leur arrondissement; toutes soustractions, divertissements ou
recèlement déjà fait, ou qui pourrait de faire, sera
regardé comme vol à la Nation, et les coupables punis en
conséquence, et les dénonciateurs obtiendront le dixième
de la valeur des objets soustraits à la présente
réquisition.
Article 9 : Les administrateurs et agents nationaux
près des districts, les membres et agents nationaux près les
municipalités, sont spécialment chargés dans leur commune
et arrondissement respectif, sous leur responsabilité et leur
comptabilité de la prompte et exacte éxcecution du présent
arrêté dont les agents nationaux près chaque district
rendront compte par écrit tout les cinq jours aux représentants
du peuple."748(*)
Albitte dans cet arrêté redonne à la
Nation en armes ce qui lui appartient dans un moment où tout doit
être fait pour "vaincre ou mourir". Le décret de la Convention du
23 frimaire, qui attend que tous les prêtres aient abdiqué leur
fonction, (et celui qu'il prend aussi dans ce sens le 8 pluviôse ); rend
inutile l'usufruit d'ustensiles, linges et batiments, auquels leur fonction
donnait droit, ces derniers n'étant plus prêtres. De plus en
supprimant les cloches, Albitte rend impossible le recours au tocsin, donc
empêche la communication dans les campagnes en cas de soulèvement
ou d'invasion : "le son des cloches étaient le signal des
sacrés calotins de la Vendée"749(*). Cette idée n'est pas
dénuée de sens si on se rappelle que l'arrivée de
Rollet-Marat dans les villages de l'est de Bourg, était
prédédée du tocsin (voir page 80).
Ce qui est le plus important à ce moment là,
c'est que cet arrêté est le seul moyen de trouver de la
matière première gratuite pour fournir les bois de marine, les
cordage et le bronze pour la fonderie de canons de Pont-de-Vaux750(*) (ouverte et en état
de fonctionner depuis le 4 pluviôse an II). Cette ouverture
précipite-t-elle et, ou, est-elle à l'origine de
l'arrêté ?
La guerre est une des motivation d'Albitte dans les
démolitions. En effet, il ne veut pas que l'on détruise les
clochers, mais bien qu'on les démonte pour en récupérer
les morceaux et les employer au service de la Nation : "toutes les cloches
se fondent à Pont-de-Vaux et à Valence. Les fers, les
argenteries, les matériaux, les cordages s'accumulent, et vont alimenter
nos coffres et nos manufactres d'armes"751(*)
L'aspect social de la politique d'Albitte est aussi mis
évidence par l'article VII. Albitte veut aussi montrer aux citoyens un
symbole, que des châteaux de l'aristocratie on "formant des
chaumières, asile de la vertu et du patriotisme"752(*). Avec cet
arrêté, Albitte applique strictement ses idées du 11
pluviôse an II (30 janvier), à ses collègues de
Commune-Affranchie.
L'arrêté est mal perçu par la très
grande majorité des habitants. Il casse un rythme de vie qui jusque
là était ponctué par la cloche. "l'éxecution de
cet arrêté enlève d'abord à l'agriculture une
multitude de bras précieux, mais ce qu'il faut surtout remarquer, c'est
que les habitants des campagnes n'ont plus dès lors aucun moyen pour
venir simulanémant dans le Temple de la Raison célébrer
les jours décadaires et qu'il leur devient impossible de se
réunir promptement"753(*).
L'arrêté est donc mal obéi. De plus le
mauvais fonctionement de la poste et le manque de communication retardent
l'arrivée de l'arrêté. L'agent national de Villefranche
doit se rendre à Bourg, auprès de Rollet-Marat pour s'informer de
l'arrêté. Mais plus que pour tous les autres arrêtés,
une réelle résistance se fait jour de plusieurs manières.
Confié aux autorités municipales,
l'arrêté se voit retarder dans son éxecution souvent par
ceux là même qui doivent l'éxecuter. Le 14 pluviôse
an II (2 février), Albitte ordonne aux officiers municipaux de
Péronnas de démolir la chapelle de Seillon. L'arrêté
n'ayant pas été éxecuté le 21 pluviôse an II
(9 février), Rollet-Marat fait arrêter l'agent national de la
commune jusqu'à exécution de l'arrêté.
Mais il arrive souvent que les habitants du lieu ne veulent
pas que leur clocher soit abattu. Le 5 ventôse an II (23 février),
les trois mêmes citoyens (qui empêchaient les commissaires de se
renseigner), s'opposent à la démolition du clocher de Chazey.
Plus révélateur peut être la peur de
soutenir le regard de ses concitoyens. Le 20 pluviôse an II (8
février), l'agent national de Salavre nomme 18 citoyens pour abattre les
croix de la place, de Guiria et du cimetière. Le groupe qui doit se
charger de la place refuse de travailler le jour, remettant leur besogne au
soir quand la nuit sera tombée. Le soir venu, certains d'entre eux se
dispersent pour aller boire, en disant qu'ils ont le temps de faire ce
travaille plus tard.
A Bourg même, la municipalité pourtant
très patriote, se montre peu obéissante. Le 17 pluviôse an
II (5 février), Rollet-Marat écrit aux officiers municipaux
"de la dite commune (qui) sont encore invité et au besoin
requis de faire abattre les clochers, cloches, tours, châteaux, enfin
tout signes de féodalités pouvant encore exister dans son
arrondissement"754(*). Ce n'est que le 20 pluviôse (8
février) que la démolition des clochers de Brou et de Notre-Dame
commencent. Mais une lenteur à l'execution se fait jour et Rollet-Marat,
le 27 ventôse an II (17 mars), menace Alban de dénoncer à
Albitte le peu de zèle dont il fait preuve. Ainsi les deux clochers sont
abattus le 30 germinal an II (19 avril). Le travaille fait en hâte coute
la vie à 4 ouvriers755(*) et revient, pour le seul clocher de Notre-Dame,
à 22.700 livres.
A Trévoux le directoire du district écrit aux
municipalités pour encourager les travaux. Là aussi des
municipalités font bloc.
Cette lenteur a exécuter l'arrêté entraine
beaucoup de retard dans le commencement des travaux. Le 28 pluviôse an II
(16 février), la municipalité de St Julie fait seulement
commencer la démolition de son clocher, et ce n'est que le 5
ventôse que les membres de la municipalité et du comité de
surveillance peuvent assister à la destruction dudit clocher. Ornex, au
30 pluviôse an II (18 février), n'a toujours pas fait
démolir son clocher et à Treffort, pourtant village patriote, ce
n'est que le 15 ventôse an II (5 mars), que l'on s'occupe de
détruire la croix du clocher, ce n'est encore que le 20 ventôse
(10 mars) que les dernières croix de l'églises sont
enlevées.
Malgré ces oppositions, le 14 ventôse an II (4
mars), Gallien suppléant de Rollet-Marat écrit au Comité
de Salut Public : "les châteaux s'écroulent, les clochers
tombent et bientôt tous signes de servitude disparaitront parmi
nous"756(*).
Cette inertie pousse Rollet-Marat à écrire le 29
pluviôse an II (17 février) : "combien j'ai d'embarras pour
faire exécuter aussi révolutionnairement que je le
désirerais tes arrêtés sur la démolition des
clochers, châteaux. . .je suis accablé de réclamation et
j'ai pris le parti de n'écouter personne."757(*)
Le 27 ventôse an II (17 mars), Rollet-Marat fait un
compte rendu de l'exécution des arrêtés d'Albitte. Si les
arrêtés concernant les suspects ont un parfait accomplissement,
ceux concernant les arrêtés du 7 et 8 pluviôse, sont en
cours de réalisation. Baron-Chalier lui, semble voiler la
vérité, quand il écrit le 13 pluviôse an II (1er
février), aux Comités de Sureté Générale et
de Salut Public, que toutes les cloches, argenteries, fers et cuivres sont au
district.
Seul le zèle des agent nationaux des districts, soutenu
par la vigilence des comités de surveillance758(*), poussent à
l'exécution de l'arrêté.
Le 22 pluviôse an II (10 février), Rollet-Marat
doit inviter la municipalité de Cuet à faire abattre son clocher.
Le 8 germinal an II (28 mars) (deux mois après la parution de
l'arrêté), les officiers municipaux de Confrançon sont
requis de se conformer à l'arrêté. Et le 19 pluviôse
an II (7 février), c'est le comité de surveillance de St Vulbas
qui fait abattre le clocherà la place de la municipalité.
Quand les municipalités sont trop réticentes,
les districts doivent envoyer des commissaires pour pousser à
l'accomplissement de l'arrêté. Juvanon et Royer sont d'ailleurs
nommés commissaires à cet effet le 10 ventôse an II (28
février) par le district de Bourg. A Nantua, c'est le 17 germinal an II
(6 avril), que le district nomme des commissaires pour vérifier si les
arrêtés du 7 et 8 pluviôse ont leur exécution.
Ces commissaires ont dans beaucoup de cas deux fonctions,
comme en l'occurence dans le district de Bourg, où Rollet-Marat nomme le
23 pluviôse an II (11 février), les citoyens Truchard et Ravet
pour apposer les scellés sur les papiers du citoyen Piquet et
vérifier si les démolitions, désignées par Juvanon,
du château de la Rivoire se font. Il en est de même pour les
citoyens Coureng et Roland qui doivent aller à St Denis les Bourg le 23
pluviôse an II (11 février), pour vérifier si les
arrêtés d'Albitte sont obéis (surtout ceux concernant les
démolitions) et pour mettre les scellés sur les papiers de
Duhamel.
Les commissaires députés par les districts n'ont
souvent pas à parcourir un grand chemin pour vérifier que
l'arrêté d'Albitte est exécuté. Juvanon n'a
qu'à se rendre à St Etienne-du-Bois pour mettre sa mission
à exécution.
Dans les rapports des commissaires759(*)du district de Nantua, on
peut constater que 16 communes, au moins, ont conservé leurs cloches. 13
autres communes ont conservé des objets de culte, (allant des statues de
saints, aux vitraux, ustensiles et autels). Il est à noter que beaucoup
des ces commissaires ont donné une certaine extension à
l'arrêté d'Albitte. En effet, le flou des articles 2 et 3,
laissent une grande envergure d'action et de pensée quant à ce
que les commissaires peuvent considérer comme ustensiles et machines du
culte.
Toujours dans le district de Nantua, 16 communes n'ont pas
démoli leur clocher, 6 ne ne le sont qu'à moitié et 12
communes ont gardé des cloches pour le timbre de l'horloge. Ainis
l'arrêté d'Albitte pousse certaines communes à
s'équiper d'une horloge, ou a faire réparer celle
déjà éxistante.
Ces démolitions ont mis à mal beaucoup
d'églises. En effet, les décombres en tombant perçent les
toitures ou endommages les voutes; c'est le cas notament de l'église de
Maboz760(*). De
même beaucoup des débris de démolitions sont
abandonnés là où ils sont tombés et restent
longtemps dans les rues, au détriment d'une certaine commodité
urbaine. Le 25 ventôse an II (15 mars) le comité de surveillance
d'Ambutrix ordonne que les matériaux provenant de l'église et qui
obstruent le chemin, soit enlevés; tout comme à Lagnieu,
où les décombres obstruent, le 8 floréal an II (27 avril),
la rue Lepelletier depuis 2 mois. Souvent les démolitions n'ayant
été qu'à moitié faites les matéraiux sont
laisser sans surveillance et des vols de matériaux provenant des dites
démolitions sont commis par les habitants761(*).
Dès le 13 pluviôse an II (1er février)
Rollet-Marat nomme le citoyen Curnillon pour envoyer les cloches du district de
Bourg à la fonderie de Pont-de-Vaux762(*). Dans le district de Bourg, les cloches sont
brisées avant d'ête expédiées763(*). Durant la seconde
décade de ventôse an II, le district de Belley fait conduire
à Pont-de-Vaux 64.921 livres de matériaux provenant de la
descente des cloches et 19.761 livres provenant des fers. Ces
expéditions regroupent tous les envois fait depuis 1 mois. A la seconde
décade de germinal an II, le district de Belley a envoyé depuis 1
mois, 7079 livres de cloche et 3089 livres de fer. Pour le district de Nantua
ce sont 101 cloches pour un total de 59.874 livres, qui sont
éxpédiés de pluviôse an II à floréal
an II, à Pont-de-Vaux. Un quintal est alors moyenné à 7
livres. Dans le district de Bourg, les 2 milliers (1000 kilos), provenant de la
toiture de l'église de Brou sont à Pont de Vaux le 22
pluviôse an II (10 février). Ces quelques chiffres donnent une
idée, (en l'absence de compte plus précis, ou inéxistant
pour diverses raisons), de l'exécution de l'arrêté du 8
pluviôse an II. De manière générale, les
matiéraux n'étant pas déstinés à la fonderie
ou à la marine, sont vendus par les municipalités; le 10
ventôse an II (28 février) les décombres provenant du
clocher de Lagnieu sont vendus. Beaucoup de citoyens se sont portés
acquéreurs de matériaux provenant des démolitions.
On peut estimer à près de 800, le nombre de
clochers démolis suite à l'arrêté d'Albitte et entre
1500 et 1600 le nombre de cloches portées à Pont-de-Vaux. Ce
chiffre ne veut pas dire que tous les clochers ont été
détruits (4 ont échappé à la démolition) et
toutes les cloches fondues. Certaines d'entres-elles sont
récupérées par les communes en l'an V.
Comme nous l'avons vu, ces démolitions touchent aussi
les châteaux forts, bâtisses fortes, forteresses, tours et murs
à crénaux isolés.
Albitte dans l'arrêté du 8 pluviôse,
cherche non seulement à détruire ces"vestiges de la
féodalité"764(*), mais surtout à démolir tous les lieux
susceptibles de devenir des fortifications en cas de révolte ou
d'invasion. Fort des enseignements des révoltes
fédéralistes de Lyon et Toulon, Albitte et les commissaires
civils appliquent par cet arrêté une solution qui pourrait
s'avérée payante en cas d'invasion ou de nouvelles
révoltes en liaisons avec l'étranger : "Nos braves
frères ne veulent-ils pas comprendre que les tours; les forteresses, les
châteaux forts, les crénaux, les machicoulis, les pont-levis ne
servent qu'à manigancer la guerre civile"765(*) lancent Millet et Bonnerot.
Pour le conventionnel, comme pour les commissaires témoins des
évenements fédéralistes de l'été 1793,
"les châteaux forts. . .créèent les troubles de la
Vendée, de la Lozère, (ils) enhardirent les rebelles du
midi, et . . . seront partout tant qu'il y en aura, l'ésperance des
conspirateurs, des agitateurs et des séditieux, ainsi que celle des fous
qui veulent, à quelque prix que ce soit, la geurre civile et la
renaissance de la féodalité"766(*). Pour Albitte, l'abattement
des forteresses de l'intérieur est une mesure de Salut Public mais aussi
entre dans la politique du tout à la guerre : "avec les fers
provenus des démolitions on va faire des fusils et des boulets à
Chambéry, à Commune-d'Armes et au Creusot"767(*).
Dans cet arrêté, Albitte retrouve ses
premières prérogatives de réprésentant à
l'Armée des Alpes qui doit "surveiller la frontières des
Alpes, les places fortes ou forts du département de
l'Ain"768(*).
Contrairement à l'arrêté sur les clochers,
l'arrêté sur les châteaux forts est sans doute moins
motivé par la présence de la fonderie de Pont-de-Vaux.
Si certains matériaux (cuivres, bois, fers) sont
réutilisés pour satisfaire aux besoins de la guerre, tous les
autres sont vendus aux enchères pour que le profit aille aux indigents
ou dans la caisse des payements afin de financer d'autres démolitions.
Mais à la différence des clochers, les châteaux sont
démolis soit au frais des propriétaires, soit au frais de la
caisse des payements.
"Considérant que ces repaires furent de tout temps
en France, le principal soutien des guerres civiles qui la
désolèrent tant de fois et que, tout récemment encore les
châteaux forts ont servis de refuge, de point d'appui et de ralliemment
aux fanatiques, aux fédéralistes et aux rebelles;
Considérant que ces nids à tyrans ont
entretenu, depuis le commencement de la Révolution, les troubles
intérieurs et les guerres intestines qui ont déchiré la
République, soit dans la Lozère et les Cévènnes,
soit sur les rives du Rhône et de la Saône et dans les
départements du midi, soit dans la Vendée et les
départements de l'ouest;
Considérant enfin que l'existence trop longtemps
soufferte de ces odieux vestiges de la féodalité,
déshonorent le pays d'un peuple libre, qu'ils retracent sans cesse
l'image exécrable de son ancienne servitude, qu'ils nuisent à sa
tranquilité, rappelent des souvenirs coupables et raniment les
espérances plus coupables encore des aristocrates et des
émigrés;
Arrête ce qui suit;
article 1er : Tous les châteaux forts et forteresses
de guerre existants dans les départements de l'Ain et du Mont-Blanc
(autres que ceux employés par la République pour la
défense de ses frontières et comptés parmi les places de
différentes lignes et postes militaires), toutes les tours et tourelles
y attenantes ou isolées, les murs à créneaux, à
meurtrières et à canardières, les portes défenduent
par des tours, machicoulis, les pont-levis et toutes autres fortifications
desdits châteaux seront abattues et démolies sans délai et
leurs fossés comblés.
Article 2 : Seront également abattues et
démolies les tours, portes, pont-levis et autres fortifications des
communes non exceptées dans le premier article; les démolitions
seront faites avec autant d'ordre, d'activité que de surveillance et de
zèle pour les intérêts de la République. Les bras
des citoyens indigens et privés d'occupations seront
préférés pour exécuter ce travail
patriotique.
Article 3 : Les matériaux provenant des
démolitions desdits châteaux et fortifications seront vendus
à l'enchère, à la diligence des agents nationaux des
communes respectives.
Article 4 : Les produits desdites ventes, si les dits
châteaux ou fortifications appartenaient à des
émigrés, seront employés à subvenir aux frais des
démolitions, dont les avances seront faites par le payeur du district,
à la réquisition et sur le récépissé des
agents nationaux près chacun d'eux, à charge de
réintégration des sommes avancées dans les caisses desdits
payeurs.
article 5 : Dans le cas conrtaire lesdits châteaux
et autres fortifications seront abattues et démolies sans retard, aux
dépends des propriétaires, et les matériaux provenant des
démolitions venduent au profit des citoyens les plus indigens des
commnes qui y auront concouru, le tout à la dilignece des agents
nationaux près les communes.
Arteicle 6 : Tous les cuivres, plombs, fers et les bois de
charpente propres à la marine, proventant des dites démolitions,
seront soigneusment réservés et déposés dans les
lieux qui seornt indiqués par les administrateurs des districts
respectifs, pour être employés au service de la
République.
Article 7 : Dans le cours des démolitions
ordonnées par le présent arrêté, il sera pris des
mesures les plus actives et les mieux combinées pour l'extraction du
salpêtre qui doit se trouver dans les caves, souterrains et aux pieds des
murs desdits édifices.
Article 8 : Il sera sans délai à ce sujet
envoyé aux autorités constituées les instructions
publiées par ordre de la Convention Nationale sur les moyens de
récolter le salpêtre.
Article 9 : Les produits des différents lessivages
seront envoyés et déposés provisoirement dans les magasins
qui seront indiqués à cet effet par les administrateurs des
districts.
Article 10 : Les démolitions des tours et
pont-levis des communes ci-dessus ordonnées seront faites à leurs
frais, et les matériaux qui en proviendront, les métaux utiles
à la défense de la République exceptés, seront
vendus à leur profit.
Article 11 : Les administrateurs, les agents nationaux
près les disitrcts, les municipalités et les agents nationaux
près d'elles sont spécialement chargés et responsables de
la prompte et entière exécution des dispositions du
présent, et comptables des dépenses et produits.
Article 12 : L'agent national près chaque district
rendra exactement compte à chaque décade au représentant
du peuple, de l'éxecution du présent arrêté, qui
sera imprimé, publié et affiché dans l'étendue des
départements de l'Ain et du Mont-Blanc."769(*)
L'arrêté sur les chateaux forts est accueilli
avec beaucoup de ferveur de la part de la population, qui voit le moyen de
mettre à bas un symbole et surtout le moyen d'acheter des pierres de
tailles et des matériaux pour garnir et, ou, solidifier leurs
maisons.
Mais, comme dans l'arrêté du 7 pluviôse,
les gens des campagnes sont à nouveau la majorité de la main
d'oeuvre de ces démolitions.
C'est donc sans trop de difficultés, que les
municipalités abattent leurs tours, murs et fortifications. Ainsi, Bourg
fait abattre le 12 pluviôse an II (31 janvier) la Tour de Bourgneuf, ce
qui pemet la perçé d'une rue plus saine que l'impasse qui
existait. Châtillon-sur -Chalaronne fait disparaitre la plus grande
partie de ses murailles et Pérouges, le 21 germinal an II (10 avril),
fait tomber sa tour romaine. Lagnieu démantèle ses murailles et
réduit au toîts, les tours du château. Si la grande
majorité des municipalités est peu soucieuse de la question du
patrimoine historique, celle de Bâgé met quelques oppositions
à démolir ses portes et les tours du manoir.
Même si les municipalités se font les
exécutants volontaires de l'arrêté d'Albitte, le temps que
prend les démolitions est beaucoup plus long que celui des clochers. A
Bourg, ces travaux se font sous le nom d'ateliers de charité770(*).
Le grand élan volontaire que connaissent les villes est
beaucoup plus nuancé dans les campagnes. Si les citoyens voient d'un bon
oeil ces démolitions, les propriétaires eux, sont plutôt
réservés quant à l'application de cet arrêté.
Dans certains cas de retard d'exécution, il semble que
ce soit les municipalités qui mettent du temps à démolir
le clocher, qui ont du mal à faire démolir leurs tours et leurs
fortifications. C'est le cas de Varambon, où le 29 pluviôse an II
(27 février) les officiers municipaux sont requis de faire abattre leurs
clochers et châteaux; et à Tossiat où l'agent national de
la commune est arrêté pour sa molesse à faire abattre les
remparts et les tours de la ville.
Plus rarement ce sont les habitants qui refusent de faire la
démolition. Le 19 pluviôse an II (7 février) Rollet-Marat
se rend à Corgenon où devant le refus des habitants de faire
démolir le château, il fait venir quarante ouvriers de Bourg pour
mettre en oeuvre les travaux de démolition.
Les démolitions commencent dans la seconde
décade de pluviôse an II. Le 20 pluviôse an II (8
février), débutent les démolitions des châteaux de
Crangeat et de Jalamondes. Le 23 pluviôse an II (11 février),
c'est le chantier du château de Saix qui est entrepris.
Mais rapidement des cas particuliers apparaissent. En effet,
chaque bâtisse vouée à la démolition amène
son lot d'intérrogations. En effet, beaucoup de ces demeures sont
habitées et constituent le seul lieu de vilégiature de leur
propriétaire. Ainsi, durant la seconde décade de pluviôse
an II, des commissaires nommés par les autorités de disctrict,
parcourent ces derniers pour évaluer le taux de démolition
à faire aux batiments tombant sous le coup de l'arrêté du 8
pluviôse. Puis ces commissaires (Juvanon et Ronger dans le district de
Bourg) font un rapport à l'agent national du district qui nomme par la
suite des commissaires chargés de faire exécuter
l'arrêté. Ces derniers sont souvent des entrepreneurs. Le 20
pluviôse an II (8 février), les habitants d'Attignat font appel
aux commissaires du district, Juvanon et Ronger, pour organiser les chantiers
de démolition des châteaux de Crangeat et de Jalamondes. Ces
derniers, le 14 ventôse an II (4 mars), font un rapport à
Rollet-Marat et l'invitent à nommer de nouveaux commissaires pour
surveiller la démolition des châteaux et faire respecter leurs
choix sur l'étendue des démolitions à faire :
"Vu le rapport fait par les citoyens Juvanon et Ronger,
commissaires nommés pour inspecter les démolitions des
châteaux duquel il résulte qu'il est nécessiare d'envoyer
des commissaires pour surveiller les démolitions des châteaux de
Crangeat et Attignat, afin que les ouvriers suivent le devis donné par
les dits commissaires.
Ouï l'agent national
article 1er. Arrête que les citoyens Pissera et
Pellet entrepreneurs sont nommés commissaires à l'effet de se
transporter à Crangeat et Attignat pour y diriger les ouvriers dans la
démolition qui se fait des châteaux.
2. Ces commissaires observeront le devis de
démolition dressé par les dits Juvanon et Ronger, en
conséquence au chateau de Crangeat, ils feront démolir les deux
ailes qui se trouvent aux deux coté du batiment, et ne conserveront que
la partie du centre entre les deux murs de resent. Au château d'Attignat
ils feront également démolir les deux ailes de droite et de
gauche dans tout leur cour, et en conserveront que la partie du milieu du
bâtiment du matin au soir qui se trouve entre les deux murs de resent et
porte, une longueur d'environ cinquante cinq
pieds(sic)."771(*)
Il arrive quand même que ces commissaires se rendent
compte de l'inadéquation qui existe entre une bâtisse qui tombe
sous le coup de l'arrêté et la réalité du
bâtiment. Dans ce cas, les "châteaux" sont épargnés.
C'est le cas du château de Noblens le 4 ventôse ( 22
février) et celui du Villars sur la commune de Treffort le 26
ventôse (16 mars). Certains autres châteaux sont
épargnés ou n'ont que leurs tours démolies, à cause
du salpêtre ou d'une activité économique qu'ils peuvent
abriter. C'est le cas du château de Meillonas, qui est une manufacture de
faïence. Sur les plaintes des habitants de se voir sans travail suite
à l'éventuelle démolition du château, Rollet-Marat
nomme le 16 pluviôse an II (4 février), les citoyens Pellet et
Pizzerra pour savoir si le château doit être détruit comme
un château fort ou quelles doivent être les tours à
démolir et jusqu'à quel niveau.
Le plus souvent, devant les hésitations des villageois
ou des propriétaire à effectuer les démolitions, les
autorités des districts à la demande des agents nationaux ou des
particuliers, de faire venir les commissaires chargés d'évaluer
le taux de travaux à faire pour se conformer à
l'arrêté. Ces travaux peuvent aller de l'arasement des tours au
niveau du toît jusqu'à l'entière démolition de la
bâtisse. Le 23 pluviôse an II (11 février), la veuve
Genevier, fermière du château de Saix, demande la venue des
commissaires pour savoir ce qu'il faut détruire du château; 6
jours plus tard les commissaires ne décident que de l'arasement des
tours au niveau du batiment. Il arrive néanmoins que malgré la
visite des commissaires les démolitions se fassent mal, car les ouvriers
ne veulent pas travailler772(*). A ce moment ce sont les seconds commissaires (comme
Pizzera et Pellet) qui sont aussi chargés de veiller que les ouvriers
travaillent suivant le devis. Il arrive aussi qu'au sein d'une commune les
différentes autorités aient une opinion divergeantes quant
à l'aplication de l'arrêté. Ainsi, le 21 pluviôse an
II (9 février) le comité de surveillance de Lagnieu, écrit
au citoyen Féréol administrateur, pour lui dire que le
château de Lagnieu n'a rien d'une forteresse et donc que
l'arrêté d'Albitte ne stipule de détruire que les tours,
alors que la société populaire de Lagnieu a pris un
arrêté qui ordonne la démolition entière de la
bâtisse comme château fort.
La majorité des bâtisses sont abattu dans
l'indifférence totale. Souvent, les propriétaires se conforment
rapidement à l'arrêté d'Albitte, afin de limiter eux
mêmes les dégats (comme c'est le cas des châteaux de Dortan,
Chenavel et de Confrançon). Pour le château de Genoud, le
propriétaire, le comte de Montmort (alors en prison à Macon)
donne son accord écrit pour faire la démolition et partager les
décombres parmi les pauvres et Loubas de Bohan abandonne la
propriété de la Tour de Buenc, à la Nation, alors
inhabité.
Les démolitions prennent souvent du retard car les
autorités procèdent à des inventaires des biens alors dans
les bâtisses avant leur démentèlement total ou partiel
(c'est le cas du château de Pommier et de celui de
Lateyssonnière).
Comme nous l'avons vu, les chantiers de démolitions
confiés aux municipalités et souvent supervisés par les
commissaires nommés par les districts, emploient des citoyens des
environs ou devant le refus de ceux-ci, font venir des ouvriers de la ville.
Mais il arrive aussi que devant la recrudescence de travail, les
autorités fassent appel à des travailleurs exeptionnels. Pour la
démoliton des tours, du jeu de paume et du pont-levis du château
de la Rivoire Rollet-Marat, non seulement nomme le 23 pluviôse an II (11
février) les citoyens Bouget et Pardel comme commissaires à la
démolition, mais il demande aussi le 24 pluviôse an II (12
février), au général Lajolais, 25 déserteurs pour
qu'ils travaillent sur le chantier dudit château.
Dresser une liste des démolitions est comme pour les
clochers plutôt hasardeux. Néanmoins grâce au manuscrit de
La Teyssonnière773(*), on peut dénombrer, pour le district de
Bourg, que 14 châteaux ont été démoli
entièrement ainsi que 9 tours et 4 remparts. 12 châteaux, 1 tour
et 1 rempart ont été en partie démantelés. Certains
châteaux, (à cause de leur état pitoyable ou de leur
solidité face au bras des démolisseurs ou du jugement des
commissaires) n'ont pas été touchés; 4 châteaux et 1
tour sont indemnes. Mais ces chiffres ne sont qu'approximatifs. En effet, si
certains commissaires, comme Pellet ou Pizzerra (LaTeyssonnière ne donne
que l'initiale P.) "n'éxagéraientt pas ses pouvoirs dans ses
rapports"774(*),
d'autres comme Juvanon, Baron-Challier ou Rollet-Marat, n'hésitent pas
à montrer aucune pitié et à donner à
l'arrêté d'Albitte une interprétation personnelle775(*). Ainis à St
Etienne-du-Bois, Juvanon fait démolir une volière qui appartient
au notaire du lieu, car l'agent national du village a quelque ressentiment
à l'égard du précedent. D'autre part plusieurs pigeonniers
et volières sont abattus car ils sont considérés comme des
signes d'aristocratie776(*) alors qu'ils ne sont pas compris dans
l'arrêté d'Albitte.
Le problème des vols est là aussi, comme pour
les clochers, un fléau. Non seulemnt des vols ont lieu une fois la
démolition effectuée mais aussi pendant les travaux. Le 9
germinal an II (29 mars), l'agent national de la commune de Confrançon
demande à Rollet-Marat de nommer un garde pour surveiller et prendre
soin des meubles du château de Couraton. Une fois démolie en
partie ou entièrement, les matériaux des bâtisses sont un
butin précieux et beaucoup de portes, de fenêtres et autres
matériaux sont subtilisés, parfois même par les
employés qui ont démoli le batiment.
Dans la majorité des cas, les matériaux utiles
à la Nation arrivent sans trop de problème à Pont-de-Vaux.
Ces démolitions sont une aubaine pour les particuliers qui peuvent
acheter, à un prix raisonnable, des décombres dans les ventes aux
enchères dont le fruit d'icelles sont, comme à Ramasse,
donné aux pauvres. Beaucoup de citoyens (comme Alban777(*)) sont acheteurs de
matériaux provenant des démolitions. Les ventes des
matériaux provenant des démolitions ont lieu assez tardivement.
Celle des matériaux des tours de Tossiat et des châteaux de
Corgenon et de Saix ont lieu durant la seconde décade de messidor an
II.
Ces démolitions rapportent généralement
plus qu'elles ne coûtent. La vente des débris provenant de la
démolition du château de Corgenon, le 12 prairial an II (31 mai),
coûte 6525 livres et rapporte 10528 livres. Celle du château de
Saix coûte 2943 livres et rapporte 3610 livres. Mais il arrive que des
démolitions ne coûtent plus qu'elles ne rapportent, c'est le cas
à Tossiat où la vente des débris rapporte 323 livres alors
que les frais pour les quatre ouvriers employés aux travaux de
démolitions s'élèvent à 1490 livres.
En général ces démolitions se font avec
lenteur et amènent la Caisse des Payments à faire de fortes
avances. Les démolitions du château de Saix durent du 29
pluviôse an II au 9 germinal an II (17 février-29 mars). Celles du
château de Genoud durent 94 jours et coutent 2457 livres. Pour le
château de Verjon et pour la Verjonnière, il faut compter 100
jours pour que les démolitions désirées par les
commissaires soient effectuées.
Le 25 ventôse an II (15 mars), Albitte demande aux
agents nationaux de faire le recensement de l'or, de l'argent, des cuivres, des
fers blancs, des cordes et étoffes provenant des châteaux, des
clochers, des églises et des suspects. Le 7 germinal an II (27 mars), le
dépot d'argenterie du district de Bourg contient, depuis le 20 frimaire
an II (10 décembre) 318 marcs et 3 onces d'argent. Le total de
l'argenterie monnayée est de 7206 livres et 8 sols. Parmi cette
argenterie beaucoup provient des églises, des nobles et des
émigrés. Le 29 ventôse an II (19 mars), le conseil
général de la commune de Bourg, fait parvenir à la
Convention 202 marcs d'argenterie, 96 marcs de galons et d'étoffes
provenant des églises; à cela se joint le résultat des
fouilles faites dans les affaires des détenus dans les prisons de Bourg,
c'est à dire 144 marcs d'argenterie et 1 marc 4 onces et 7 gros d'or
plus 9010 livres en numéraire, dont 165 louis d'or, un saint esprit,
deux paires de boucles d'oreilles en diamants et trois croix de St
Louis778(*).
III : l'évolution de la politique des
Sans-Culottes
le massacre des prisons et les attaques contre
les députés de l'Ain
La présence d'Albitte à Bourg en pluviôse
an II, donne les pleins pouvoirs politiques aux Sans-Culottes et stigmatise
leurs idées polititques qui étaient jusque là
frustrées par Gouly.
Mais l'absence du représentant durant les mois de
ventôse et de germinal, de Bourg, pousse les Sans-Culottes dans une
politique extrémiste, que la présence d'Albitte aurait sans doute
contenue. Le décrêt de la Convention prit sur demande des
conventionnels de l'Ain, ne fait qu'attiser le ressentiment des Sans-Culottes
pour des hommes qui ne jugent plus bons pour les représentés.
Des visites nocturnes, d'abord, puis l'ouverture du courrier,
marquent dès la dernière décade de pluviôse an II
l'épanouissement de la pensée des Sans-Culottes au contact
d'Albitte. Ce dernier, par ses liens avec Collot d'Herbois, plutôt
qu'avec Gauthier-des-Orcières, remet à l'ordre du jour la
politique avancée sous Javogues mais stoppée par Gouly. Une
certaine évolution se fait néanmoins sentir après le 2
ventôse an II (20 février).
Cette évolution de la pensée politique des
Sans-Culottes se fait surtout plus sentir de la part des officiers municipaux
de Bourg et de Belley que de la part des membres du district et du
département.
Dès le début de pluviôse an II, les
officiers municipaux de Bourg se rendent régulièrement dans la
maison des Claristes. Dès le 4 pluviôse an II (23 janvier), Alban,
accompagné de Lajolais, se rend aux Claristes et "enlève aux
détenus, assignats, argent, argenterie, enfin toutes les pièces
et mémoires justificatifs qu'il leur trouve, et satisfait de son butin,
il déclare en se retirant qu'il a bien employé la
nuit."779(*)
Ces visites sont brutales780(*) et ont pour but de découvrir tout ce que les
détenus peuvent avoir de monnayable. Ils sont un moyen de revenu.
Ces visites ont aussi pour but de destabiliser les
détenus et de les effrayer quant à l'incertitude sur leur sort
dans lequel on les laisse.
La haine de Gouly s'étend dès le 21
pluviôse an II (9 février) au député
d'Ambérieu Ferrand, remplaçant de Mollet démissionnaire au
mois d'août 1793. Ferrand, durant les mois de juin et juillet 1793, avait
été député du canton d'Ambérieu
auprès des membres du département de l'Ain en vertu de
l'arrêté dudit département du 29 juin781(*). C'est donc à un
fédéraliste que s'attaquent désormais les Sans-Culottes.
Le 21 pluviôse an II (9 février), Juvanon fait accepter par la
Société des Sans-Culottes, une dénonciation contre
Ferrand.
La nouvelle du décrêt de la Convention du 28
pluviôse an II (16 février) et la confirmation des doutes des
Sans-Culottes sur la responsabilité des députés de l'Ain
dans cette affaire (lettre de Merle), amènent les Sans-Culottes à
s'attaquer à la députation de l'Ain, puis à vouloir que la
Convention s'épure. Ce désir des Sans-Culottes de voir la
Convention épurée nait quelques jours après un discours de
Momoro (24 pluviôse-12 février), aux Cordeliers, contre les
Jacobins de Paris et Robespierre.
Les séances de la Société populaire de
Bourg et celles de Belley, sont rythmées par les dénonciations
contre les députés Ferrand, Gauthier-des-Orcières, Gouly,
Merlino, Deydier (Jagot pour lors membre du Comité de Sureté
Générale, est un appuit des Sans-Culottes de l'Ain à
Paris, il n'est donc pas une cible de dénonciations).
Au contact des Sans-Culottes de Bourg, Albitte prend parti
(comme les commissaires civils) pour ces hommes contre Gouly. Le 21
Pluviôse an II, il écrit au Comité de Salut Public : je
n'ai que trois mots à vous dire su Gouly. Il a vécu et a fait sa
fortune aux Indes, il a fait sourire ici tous les aristocrates et
constérné les patriotes"782(*). Pour Albitte la référence aux Indes
est un signe d'aristocratie mercantile, Gouly n'est pas un sans-culotte, mais
un bourgeois qui s'est enrichit dans le commerce sur le dos des esclaves.
Dès lors, la position de Gouly à Paris devient difficile. N'ayant
plus la confiance des Comités, par trois fois il voit ses actions dans
l'Ain désaprouvé par le Comité de salut Public783(*), alors qu'Albitte garde la
confiance de ce dernier.
"Citoyens, depuis trois mois (tonne Duclos en
floréal an II; après la montée à Paris
auprès des Comités de Sûreté Générale
et de Salut Public des officiers municipaux de Bourg), je vous dis qu'il
faut faire des dénonciations contre Gauthier, Deydier et autres. Et vous
êtes des lâches de ne l'avoir pas fait encore puisque ces
députés sont des gueux et des scélérats. Que
Gallien pour engager et faciliter les dénonciations enhardi même
les sociétaires qui y avaient de la répugnance d'écrire;
Citoyens, les membres de la Convnetion nationale ne sont que nos commis
à 18 livres par jour et c'est nous qui sommes les négociants, et
finit par demander l'extrait mortuaire de toute la députation de l'Ain
excepté Jagot"784(*). Gay propose de leur écrire pour dire le
mécontentement que fait naître leur conduite. Convers
n'hésite pas à dire du député Deydier que les
patriotes de Pont-de-Vaux "sont sans qualités et endormis par le
style de Deydier"785(*). Merle à Paris "ne veux voir aucun de nos
députés. . .(car) ils n'ont pas la confiance des
Sans-Culottes de Bourg"786(*). Gouly est même dénoncé aux
Jacobins de Paris par Dorfeuille lors d'un scrutin épuratoire en
Pluviôse an II. Le 24, Gouly fait appel au Comité de salut Public
pour prendre un parti favorable à son égard afin de ne pas
être épuré des Jacobins, ce qui signifierait peut-ête
la mise en état d'arrestation pour lui787(*).
Les Sans-Culottes et surtout Blanc-Désisles,
défendent l'idée d'épurer la Convention. "Suivant
lui (nous dit Convers), la Convention n'avait plus d'énergie et
le Comité de Salut Public était sans force parce que sa marche
était entravée par les modérés. Il fallut. .
.renouveler l'un et l'autre.. . . Dans les entretiens particuliers qui se
tenaient chez lui, il ne cachait point sa haine implacable contre tous les
représentants du département l'exception faite du
représentant Jagot"788(*). Les sociétaires n'hésitent pas
à parler des crapauds du marais et du petit nombre de patriotes qui
compose désormais la Convention.
Pour Alban la Convention est gangrenée, il faut donc
l'épurer789(*).
Pour Blanc-Désisles la Convention est trop vieille, ll faut la
rajeunir790(*). Pour
cela l'orateur compte sur les sociétés populaires. Les
Sans-Culottes savent que la Convention émane du vote du peuple et par
là, ils veulent ramener à eux le pouvoir politique en soumettant
la Convention aux sociétés populaires qui sont (pensent-ils)
inattaquables : "ce traitre (Alban parle de Gouly) voulait nous
dissoudre, mais il n'a pas le droit , ni même la Convention, nous sommes
le peuple souverain et c'est nous qui pouvons les dissoudre."791(*)
Les Sans-Culottes rejoignent (volontairement où
involotairement ?) le parti de la Commune de Paris.
Depuis quelque temps déjà, la
municipalité de Bourg (en accord avec le directeur de la poste)
décachetait le courrier qui arrivait à Bourg. Mais à la
fin du mois de pluviôse an II, cette activité s'intensifie. Le 29
pluviôse an II (17 février), le comité de surveillance de
Bourg écrit à la municipalité pour demander que
l'ouverture des paquets se fassent désormais conjointement :
"Les membres du comité aux officiers municipaux de
Bourg
Le comité jaloux de faire son devoir et
désirant s'aboucher (sic) avec la commune pour l'ouverture des
paquets venant de la poste, vous demande de vouloir bien vous réunir
à nous et indiquer un de vos membres pour aller à la poste, qui
conjointement avec un des nôtres, se trouvera à l'ouverture des
paquets avec d'autant plus de raison que depuis quelques temps nous ne recevons
aucune correspondance et que nous en ignorons les motifs"792(*). C'est suite à la
parution du décret de la Convention du 28 pluviôse (16
février) sur les détenus du département de l'Ain, que ces
actions ne font que s'accentuer.
Le 2 ventôse an II (20 février) alors à
Belley, Albitte (entouré de Dorfeuille et Blanc-Désisles), prend
connaissance du décrêt de la Convention du 28 pluviôse. Il
prend aussitôt un arrêté qui vise à réarmer
les patriotes de Bourg. Dès lors, les Sans-Culottes, sous l'influence de
leurs orateurs, des commissaires civils et de la presse parisienne, vont
lentement adopter une opinion politique proche de celle d'Hébert, ou du
moins des hommes de la Commune de Paris. Le 4 ventôse an II (22
février) alors qu'Hébert dénonce les Indulgents et les
Endormeurs au club des Cordeliers de Paris; les membres du directoire du
district de Bourg, décident que toutes les voitures publiques ou
privées qui vont ou qui viennent de Lyon, doivent être
désormais fouillées, ainsi que toutes les lettres et papiers
saisis sur les personnes étant dans ces voitures, devront être
amenées au directoire du district.793(*) Cette mesure, prise par des Sans-Culottes, rappelle
les actions des fédéralistes de juin 1793 contre les commissaires
des ministres, pour lesquels ils ont été arrêtés.
Les attaques d'Hébert et de la Commune contre les
Endormeurs et les Indulgents à Paris, trouvent-elles sans doute des
échos à Bourg. En effet, Alban maire de Bourg, ainsi que
Dorfeuille, dévoilent publiquement à la société
populaire de Bourg et au Temple de la Raison, leurs correspondances avec le
club des Cordeliers et la Commune de Paris. Alban, se fait un honneur de
déclarer, "qu'il venait de reçevoir une lettre de son ami
Pache, maire de Paris, par laquelle il lui annoncait qu'il avait rempli ses
vues en faisant arrêter le scélérat la
Baume-Montrevel"794(*)
Une lutte s'engage donc entre les Sans-Culottes soutenus par
les commissaires civils, et une sorte de contre-pouvoir qui réunit des
détenus à Bourg et les députés de l'Ain à
Paris. Le 10 ventôse an II (28 février), Albitte reçoit une
lettre du Comité de Salut Public qui lui annonce que certaines de ses
opérations795(*)
ont donné lieu à des dénonciations. Le 11 ventôse an
II (1er mars) une nouvelle lettre du Comité de Salut Public lui apprend
que deux nouvelles dénonciations leur sont parvenues; une sur le serment
d'abdication et l'autre sur son entourage796(*). Ces attaques directes contre les Sans-Culottes et
la politique mise en place par Albitte, sont l'oeuvre de Gouly, Merlino et
Gauthier-des-Orcières. Malgré ces attaques contre la politique
d'Albitte, ce dernier n'est pas désaprouvé par le C.S.P. dont il
reste un représentant très influent. Mais les Sans-Culottes se
rendent vite compte qu'une fuite à lieu à Bourg même.
Dès lors les attaques des conventionnels de l'Ain à Paris ne
visent plus Albitte, mais à travers ses arrêtés, les
Sans-Culottes de Bourg797(*). Mais Albitte prend pour lui ces attaques et
dès lors ne cesse de faire rapport de sa démarche au
Comité de Salut Public, en rendant compte de ses actions par des lettres
longues et justificatrices798(*) mais claires et toujours logiques.
Les visites dans les prisons se font simultanément avec
l'ouverture du courrier, dans le but de trouver des correspondances
d'émigrés, mais surtout d'arrêter celles qui
dénoncent les Sans-Culottes. En effet, tous les jours, un membre de la
municipalité de Bourg, accompagné d'un membre du comité de
surveillance se rendent à la poste vérifier le courrier. Une de
ces visites d'Alban a laissé une trace écrite :
"Citoyen, occupé jour et nuit par le salut de la
République avec Albitte représentant du peuple, je t'enverrai le
double du p.v ou une décharge; Albitte a fait partir la lettre
chargée et les autres à leur destination, tu peux être
tranquille, mais par ordre d'Albitte arrête toutes les lettres que l'on
mettra à ton bureau pour Paris, aux députés et autres
suspects, alors tu auras la confiance du représentant et tu seras un bon
Sans-Culotte. Signé Alban maire, le 25 pluviôse an
II"799(*)
Ces dénonciations proviennent principalement de
Gauthier-Murnans. Le 19 germinal (8 avril) deux de ses lettres, avec le cachet
du département (donc passant pour non-suspectes) à l'adresse du
Comité de Salut Public et à son parent
Gauthier-des-Orcières sont arrêtées à la poste. Il
dénonce dans ses courriers ce qu'il se passe dans l'Ain. Cette
correspondance part pour Paris sous le couvert du département,
grâce à Reydellet, qui est incarcéré à ce
titre le 19 ventôse an II. L'arrestation de Reydellet n'empêche pas
Gauthier-Murnans de continuer de correspondre avec son oncle à
Paris.800(*). Devenant
un danger pour les Sans-Culottes, Gauthier-Murnans (qui avait été
libéré par Albitte sous la préssion de
Gauthier-des-Orcières) est accusé d'insulter les patriotes et est
mis en prison par le comité de surveillance de Bourg le 19 germinal an
II (8 avril).
Pour la défense des Sans-Culottes face aux
contre-attaques de Gouly et Merlino, Baron-Chalier, le 14 ventôse an II
(4 mars), écrit à l'attention d'Albitte un réquisitoire
sur la conduite de Blanc-Désisles et celle de Gouly. Dans ce
mémoire de 7 pages, le patriote bressan est montré comme un homme
courageux et dévoué alors que Gouly est à mi-mots
traité de modéré.801(*)
Les recherches de courrier ont aussi lieu à Pont d'Ain,
où se rendent Alban, Lajolais et Rollet-Marat. La visite de la poste de
Pont d'Ain, se fait avec une certaine violence de la part de Rollet-Marat, qui
après quelques injonctions, se fait donner le courrier. Les lettres
enlevées à la poste de Pont d'Ain et de Bourg, sont
retrouvées dans le portefeuille d'Alban, le 18 fructidor an II (4
septembre) lors de la levée des scellés sur les papiers de
Blanc-Désisles. Il s'agit de lettres adressées à
Gauthier-des-Orcières et à la députation de l'Ain à
Paris.
Après l'interdiction de faire guillotiner les
prisonniers à Commune-Affranchie et les dénonciations reçu
par Albitte, les Sans-Culottes sachant que des fuites ont eu lieu et qu'un
parti opposé au leur existe encore, ils s'acharnent encore plus sur les
détenus. Des visites aux détenus se font à Belley à
la fin du mois de ventôse an II, où l'on confisque tous les
papiers des suspects ainsi que tout leurs objets de valeur. Ces prises
rapportent 9886 livres et 3 sols.
Des visites similaires ont aussi lieu, sur la fin de
ventôse an II, à Ambronay par Rollet-Marat, Alban et Lajolais. Les
trois hommes, après s'être raisonnablement abreuvé, se
rendent à la maison de détention et fouillent les détenus
où grisés par la boisson ils commettent quelques actes
arbitraires :
"Dans le courant du mois de ventôse dernier,
Lajolais général de brigade accompagné de Rollet dit Marat
agent national du district de Bourg et d'Alban maire dudit lieu; vinrent en
poste sans mission ni caractère à Ambronay dans la maison de
détention. Ils se firent accompagner par la municipalité dudit
lieu, revêtus de leurs écharpes et d'un détachement
d'environ cinquante hommes de volontaires de l'Izère, qui étaient
en détachement. On les plaça par deux à chaque porte des
chambres des détenus pour les empêcher de sortir de leur chambres.
Le déclarant assure que Lajolais et ses deux complices étaint
saouls comme des coquins.
Ils se permirent de fouiller dans une des des
premières chambres, ils rencersèrent les lits par terre ainsi que
les malles, déplièrent tous les effets et linges jusqu'aux
mouchoirs de poches. L'on fut obliger de retirer presque du feu les livres de
géomètrie et de mathématique en disant que c'était
des ouvrages fanatiques(sic). Ils firent mettre dans un sac plusieurs
effets, livres, rasoirs, boucles d'argent de jartière que l'on dit
m'avoir été rendues(sic).
Après avoir été grisé ils se
transportèrent dans la chambre d'Yvoley qui dans ce moment était
assis sur son lit, il sifflait, Alban et Lajolais lui tinrent des propos
très durs en lui disant de sortir de dessus de son lit et de ne pas
siffler; il s'ôtat en effet de dessus son lit et continua de siffler.
Lajolais en le traitant de scélérat lui dit de se taire, il lui
répondit seulement qu'il lui était bien permis de siffler, cela
engagea quelques propos et Alban et Lajolais ordronnèrent à un
homme de la force armée d'aller chercher des fers et que l'on lui mis au
pied et aux mains et que l'on l'entraine à la tour(sic). Le
citoyen Guichelet et Divoley furent en effet conduit à la tour, mais on
ne trouva point de fers; ils se permirent les mêmes vexations dans toutes
les chambres à l'exception de la mienne où ils n'entrèrent
pas malgré mes invitations.
Les volontaires et autres gardes nationaux juraient entre
eux des vexations qu'ils nous faisaient éprouver en nous disant tout bas
de ne pas faire attention, qu'ils étaient saouls.
Le déclarant ajoute. . . que Lajolais mit la main
sur la poigné de son sabre et menaça d'en frapper Divoley et lui
promit de le faire traduire à Lyon pour y être
guillotiné."802(*)
Les visites nocturnes ne cessent pas en germinal. Les
Sans-Culottes se rendent dans les prisons avec l'ordre du représentant
de récupérer toutes les valeures monnayables des prisonniers. Le
13 germinal an II (2 avril), Alban et Morel vont à Bicêtre,
enlever l'argenterie et l'argent des prisonniers. Mais leur
préférence reste à la maison des Claristes, d'où
ils savent que les dénociations dont ils sont victimes à Paris
proviennent. Ces visites se font alors avec encore plus de violence :
"Alban est souvent venu faire des visites nocturnes dans
la maison de détention des Claristes. Que dans le courant du mois de
mars (vieux style) il en fit une accompagné de Degrusse, alors officier
municiapal, Morel notable et Broccard menuisier membre du comité de
surveillance, avec un détachement d'un bataillon du Jura qui
était alors en garnison à Bourg, que dans cette visite qui dura
depuis onze heures du soir jusqu'à six heures du matin, je n'ai pas
quitté ces individus un instant. Alban prit au citoyen Jean Chossat
Montbaron des couverts d'argent, de même qu'aux citoyens Micond de
Chalamont et Favre.
Il prit aussi au citoyen Vernette, notaire à
Montrevel, neuf louis en or, et dix huit livres en argent, le tout dans une
filoche verte, dans le gousset de côté de sa culotte, il lui
demanda à voir son portefeuille, le visita, et sur les observations que
lui fit le citoyen Vernette, que s'il lui prenait ce qu'il avait dans son
portefeuille, il n'aurait pas de quoi subsister(sic).
Alban ne prit aucun assignat lui rendit son portefeuille
en lui disant qu'il était un aristocrate, qu'il baisait sa sevante qu'il
avait chez lui une coupe de Louis qu'il ne voulait pas les déclarer,
mais qu'il les trouverait bien.
Il prit aussi au citoyen Archimbaud son écritoire
et son agrafe le tout en argent, en lui disant mille horreurs ainsi qu'au
citoyen Viallat père, il jettait en fouillant les malles, tous les
linges ça et là, sans égard aux observations que lui
faisaient les détenus à ce sujet.
Comme Alban accompagné de Degrusse dans le
même temps, entrèrent dans la chambre du citoyen Guerrin
exprêtre. Là ils commirent toutes sortes d'horreurs et de
cruautés, lui demandant son argent dans la persuasion qu'il en avait,
ils lui dirent que s'il ne lui donnait pas, il lui couperait le col. Ce
détenu se lève au même instant tout en chemise, se met
à genoux en lui disant qu'il n'en avait pas sur lui, mais que s'ils
voulaient attendre au lendemain il leur en donnerait et que tout en tremblant,
il les suppliait de ne lui faire aucun mal.
Alban et Dergusse bien loin d'être touchés de
ces supplications, n'en furent que plus hardis.
Alban après avoir fouillé longtemps dans les
malles, paillasses et matelat dudit Guerrin, répéta que s'il ne
lui donnait pas sur le champ son argent, il n'y avait qu'a lui coupé le
col.
Degrusse répond : il n'y a qu'a prendre mon sabre,
il a le fil.
Enfin après une heure environ de perquisition,
n'ayant rien trouvé ils finirent par déchirer tous ses
livres.
Ils lui prirent une veste, une culotte, un habit et autres
effets qu'ils donnèrent à un détenu et finirent par mettre
Guerrin aux barreaux, où il fut confondu avec des gens de la maison de
justice qui étaient condamné."803(*)
Une haine méfiante à l'égard des
détenus se fait sentir après le 2 ventôse an II (20
février). Le voeu de Coureng, membre du fomité de surveillance,
de faire manger de l'herbe aux détenus de Brou est
révélatrice de cette réalité804(*).
Cette haine des prisons, divise rapidement les Sans-Culottes.
La municipalité effleure le projet de se débarasser de ces
derniers rapidement. Les canonades des Brotteaux peuvent donner un
modèle aux Sans-Culottes qui, (sur les remontrances de la garde
nationale de Bourg d'avoir trop de travail à surveiller les prisons),
par l'intermédiaire de Duclos, lance alors l'idée que pour
décharger les gardes du poste de Claristes il n'y aurait qu'à
" charger un canon à la mitraille et de le tirer contre cette
maison"805(*).
C'est sans doute dans cette perspectives que le 23 ventôse an II (13
mars), Lajolais donne au citoyen Montbarbon, (capitaine de la compagnie des
cannoniers de la garde nationale de Bourg), le mode de rassemblement de la
garde nationale sur la place Marat. Montbarbon fait part à ses hommes au
Champ-de-Mars de la directive de Lajolais : "les canoniers au moment que
l'on battrait la général dans la nuit se retrouveraient au devant
du batiment du département"806(*). L'ordre de Lajolais807(*)stipule que le signal
d'alarme peut être donné pour n'importe quelles raisons que par
lui sur la réquisition des corps administratifs. Le mot d'ordre est
Mort, le mot de ralliement Liberté.
Quelques jours plutôt, Alban, à la barre de la
société populaire et au Temple de la Raison, lit plusieurs
lettres de Dorfeuille aux Cordeliers lui qui demandent "d'être plus
révolutionnaire et plus ferme que jamais"808(*) et qui annoncent "que
sous peu de jours, arriverait un évènement terrible à
Paris, bien plus extraordinaire que celui du 31 mai"809(*), "que les sans-culottes
aurait une entière victoire"810(*). Gauthier-Cinciantus rapporte ces paroles d'Alban :
"Dans un mois, il arrivera à Paris un évènements
semblable à celui du 31 mai; il s'agit d'épurer de nouveau la
Convention : un grand nombre de ses membres périront et parmi eux, Gouly
et tous les députés du département de l'Ain excepté
Jagot"811(*)
et de Dorfeuille : "Citoyens,. . .il s'élève
dans le sein de la Convention, un parti puissant qui veut faire périr
les sans-culottes; il faut qu'il périsse ou que nous périssions;
serrons-nous; nous sommes perdus si nous manquons de courage ou si nous nous
désunissons"812(*)
Mais le ressentiment face à Gouly et à
Gauthir-des-Orcières unis les Sans-Culottes, l'idée d'une
épuration de la Convention d'une partie de ses représentants
(dont la députation de l'Ain) divise le parti populaire.
En effet seuls les membres de la municipalité et du
comité de surveillance (à l'exception de Convers) suivent l'avis
de Dorfeuille, Blanc-Désisles et d'Alban. Rollet-Marat et Gallien (alors
au district) ne s'engagent pas dans ces actions. Gauthier-Cincinatus dit d'eux
à son oncle : "Le citoyen Rollet, agent national, tâche,
autant qu'il est en son pouvoir, d'empêcher l'effet que produisent sur la
classe indigeante du peuple de pareils discours813(*). . . Cependant les
arrestations continuent. . .Le citoyen Rollet allège autant que sa place
peut lui permettre , le poid de ces vexations"814(*).
Depuis la seconde décade de Ventôse an II, des
différents opposent d'ailleurs ce dernier à Blanc-Désisles
et Alban. En effet, lors d'un passage à Coligny, au début de
Ventôse an II, Rollet-Marat à une altercation avec le citoyen
Crozet (membre de la société des Sans-Culottes de Coligny) qui se
plaint, par la suite, à Blanc-Désisles de la conduite de
Rollet-Marat. Ce dernier est immédiatement dénoncé par la
municipalité comme un despote. Le 24 ventôse an II (14 mars),
Rollet-Marat rédige une lettre à l'attention de
Blanc-Désisles pour se justifier. Dès lors, comme pour Convers,
l'agent national de Bourg, ne bénéficie plus de la confiance du
fougueux comédien et par lui, de la commune. Quelques jours
après, le conseil général de la commune de Bourg, interdit
à Rollet-Marat l'entrée des maisons de détention de Bourg,
à moins d'être accompagné de deux officiers municipaux; car
il est accusé par la municipalité et Alban, de n'avoir aucun
respect pour les magistrats sans-culottes. Se trouvant dès lors en marge
d'un mouvement qui ne tolère pas d'opposition, Rollet-Marat écrit
le 27 (17 mars) à Alban et lui "réclame l'union entre les
autorités constituées."815(*) Le 15 germinal an II (4 avril), se trouvant
déconsidéré par ses amis (isolé peut être
même au sein du district), Rollet-Marat se plaint des mesures de la
municipalité à son égard dans une lettre à Albitte.
Il est désormais mis, ainsi que son substitut Gallien, à
l'écart des affaires politique se déroulant sur le territoire de
la commune de Bourg part la municipalité. Se sachant
désespérement seul, Rollet-Marat ne cesse dans ses lettres
à Albitte, durant le mois de germinal, de lui demander son retour.
Convers aussi se détache des nouvelles orientations
politiques de ses collègues. Déjà suspect envers la
municipalité pour avoir dénoncé Blanc-Désisles lors
du pasage de Gouly, Convers est tenu éloigné des grandes
décisions (voir page 156). Mais, une intervention inopinée de
Convers à la tribune lors d'une fête décadaire, qui
sème le trouble parmi l'auditoire, commue en haine la méfiance
des officiers municipaux à son égard.
La mission qu'il a effectué avec Vauquoy dans les
disitrcts de Pont-de-Vaux et Châtillon-sur-Chalaronne, lui vaut
d'être l'objet d'une dénociation anonyme le 14 germinal an II (3
avril). Vauquoy y est accusé d'être un débauché
crapuleux et Convers un patriote hypocrite. Tout de suite, Convers pense que
les auteurs en sont Blanc-Désisles et Juvanon, qu'il attaque lors de la
séance de la société populaire du 14 germinal an II (3
avril). Il traite les deux hommes de scélérats et de fourbes.
Juvanon est alors absent, seul Blanc-Désisles est là.
Après de grands débats, la lettre dénonciatrice est
renvoyé au comité de surveillance. A l'issu de la séance
du 15 germinal an II (4 avril), Convers est évincé de la
société de Bourg. Le 25 germinal an II (14 avril), Millet et
Dorfeille, à la tribune de la société tentent
malgré tout de plaider sa cause. Mais ses attaques à l'insu de
Blanc-Désisles et de Juvanon sont fatales pour son crédit
patriotique.
C'est au début de germinal an II, que le
département de l'Ain apprend les évènements du 24
ventôse an II (14 mars), qui conduisent Hébert, Vincent et Ronsin
en prison.
L'arrestation d'Hébert, fait tourner court les projets
des Sans-Culottes pour se débarraser des détenus et épurer
la Convention. Le 5 germinal an II (25 mars), Blanc-Désisles fait
paraitre un disours où il dénonce les faux patriotes et qui
cherche à donner aux Sans-Culottes un nouveau mot
d'ordre.L'ambiguïté de ses propos peuvent lui permettre de se
rattacher au camp des vainqueurs, quels qu'ils soient.
Dans son discours Blanc-Sésisles, cherche
discréditer et à dénoncer les modérés encore
en liberté et présent, pour certains au sein des
autoritées constituées. Ces derniers, s'ils avaient accepter les
idées ultrarévolutionnaires des orateurs de la
société des Sans-Culottes jusqu'à présent,
commencent à s'en détacher, conscients peut-êtreque
l'époque n'est plus la même que celle qui suivait la chute de Lyon
et la déchristianisation de l'hiver 1793. Ces modérés,
s'ils ne sont pas tous les mêmes qu'en Juin 1793, sont ceux qui
précipiteront la perte des Sans-Culottes.
la chute des Sans-Culottes
La chute d'Hébert et de Danton, entrainent une
accélération des évènements dans l'Ain.
Albitte qui était à Bourg le 9 ventôse (27
février) ne reparait pas malgré les lettres de Rollet-Marat.
Les mesures qu'il prend en ventôse an II, cherchent
à recentrer des pouvoirs et des liens biens dispersés entre une
autoritée centrale (le représentant) et des autoritées qui
ont bénéficiées jusque là d'une grande autonomie.
C'est dans cet objectif qu'il oblige les agents nationaux (par
arrêté le 16 ventôse an II) à lui rendre compte par
écrit, toutes les décades, de l'évolution de leurs
travaux; comme il resserre le pouvoir de surveillance des comités aux
chefs-lieux de canton le 25 ventôse (15 mars), en supprimant les
comités municipaux, qu'il juge sevèrement : "il est tel dans
ces lieux que j'ai été obligé d'arrêter qu'il n'y
aura qu'un comité de surveillance par canton, étant dans
l'impossibilité de trouver des hommes pour les composer, et étant
efrayé des abus et des maux qui résultent de leur
multiplicité, dans les endroits où il y en a un par commune. Il
faut être sur les lieux pour bien juger et s'assurer que ces
comités municipaux commettent les plus effroyables injustices et peuvent
causer les plus grnads malheurs"816(*). Cette dernière mesure est mal
acceptée par certains comités frontaliers qui ont leur travail
très à coeur à l'exemple du comité de Jujurieux qui
lui explique dans une lettre, qu'appliquer cette mesure "se serai entraver
l'action du Gouvernement Révolutionnaire"817(*). Quelques comités,
malgré l'arrêté, continuent leurs opérations. Le 30
germinal an II (19 avril), le comité de surveillance d'Ambutrix
délivre encore des certificats de civisme et qu'il dit avoir reçu
l'arrêté du 25 ventôse, que le 25 germinal (14 avril). Le
retard du courrier arrange alors bien les comités de surveillance
à l'instar de celui de Vieux d'Oiselon qui dit n'avoir reçu
l'arrêté que le 10 floréal (29 avril).
Depuis son arrivée dans l'Ain, Albitte
s'intéresse beaucoup au trafic frontalier avec Genève notament.
Plusieurs fois il écrit au Comité de Salut Public à ce
propos et délègue même Dorfeuille et Merle le 21
Pluviôse an II à Paris à ce sujet entre autres. Le
Comité l'invite, le 22 Pluviôse an II, à donner son avis
vis-à-vis de la politique à utiliser face à la Suisse et
plus particulièrement à Genève; tout en restant
circonspect dans ses actions : Genéve n'est pas en France. C'est
à ce sujet qu'il délègue Baron-Challier le 28
Ventôse an II (voir page 125).
Albitte circule beaucoup sur les frontières et essaye
autant qu'il peut d'arrêter les trafics d'exportation que lui a
signalé le Comité de Salut Public. Albitte stimule la
surveillance des frontières par un arrêté le 28
ventôse an II (18 mars). Le but d'Albitte est atteint puisque, par
exemple, le cmité de surveillance de Versoix fait placer des sentinelles
tout les jours devant le pont de Versoix, à partir du 20 germinal an II
(9 avril) et de germinal à floréal un trafic de faux assignats
est découvert par le comité de surveillance de Divonne.
arrêté 28 v
Albitte parcourt les frontières où il encourage
les efforts des patriotes. Le 30 germinal (19 avril), il écrit au
comité de surveillance de Verny pour les pousser à surveiller au
traffic des faux assignat. Il parcourt aussi les frontières du
Mont-Blanc, les districts d'Annecy et Cluses. Il agit désormais plus
comme s'il était aux armées que dans les départements.
Le 9 floréal an II, apprenant que Santerre est
libéré à Grenoble, Albitte s'attaque à lui et le
dénonce vivement au Comité de Salut Public.
Pendant ce temps dans l'Ain, les Sans-Culottes ne se rendent
pas compte que l'arrestation des Hébertistes peut mettre en péril
leur action et leur main mise sur les administrations. Alban, à la
nouvelle de l'arrestation d'Hébert, monte à la tribune de le
société populaire et s'adresse à l'auditoire :
"Citoyens, deux factions puissantes s'entrechoquent à Paris; le
moment est critique; il faut que l'une écrase l'autre; serrons nous, et
soyons sur nos gardes."818(*)
Le 10 germinal an II (30 mars), le directoire de
département de l'Ain envoi une adresse à la Convention pour la
féliciter de la découverte du complot d'Hébert, Martine
refuse de la signer.
Le 18 germinal (7 avril), c'est le district de Belley qui
félicite la Convention et le 19 c'est au tour de celui de Gex. Cette
nouvelle, pousse le conseil général de
Châtillon-sur-Chalaronne à proposer des libérations et
à Bourg, elle relève le parti des modérés. Des
pamphlets et des écris qui visent les Sans-Culottes parcours la ville.
Une lettre anonyme "où les ennemis de la République donnent
aux meilleurs Sans-Culottes des épithètes qui ne conviennent
qu'à eux" 819(*) est adressée à Rollet-Marat. A ce
moment les principaux Sans-Culottes sont absents de Bourg. Gallien substitut de
Rollet-Marat, réclame leur retour à Albitte, pensant sans doute
que leur présence calmerait la situation.
A l'annonce de la mort d'Hébert, Gallien chargé
de lire le journal à la société populaire le 23 germinal
an II (12 avril), ne le fait pas. D'après E.Dubois, la séance de
la société ce jour là est très agitée.
Quelques jours plustard, Martine, membre de l'administration
départementale déplore que le peuple de Paris n'ait pas prit la
défense d'Hébert et de Danton. Sans doute travaillés par
l'idée que leur conduite durant les décades passées, peut
être à présent un moyen de les arrêté, les
Sans-Culottes décachètent systématiquement tout le
courrier820(*) et plus
précisément celui à l'adresse des administrations. C'est
comme cela, que le 18 germinal an II (7 avril) Frilet décachette un
paquet de courrier venant du Comité de Salut Public adrssé au
tribunal civil du district de Bourg. Le 19, le tribunal dresse un procès
verbal qu'il dépose à la poste le 20 à destination du
Comité de Salut Public. Mais Alban et Broccard, (sans doute rendus
soucieux par le contenu de la lettre), se rendent, vêtus de leurs
écharpes tricolores, à la poste pour y prendre ce courrier. Le 24
germinal an II (13 avril), Lajolais quitte son poste à Bourg pour
rejoindre l'Armée du Rhin. Gallien se plaint de son départ.
Lajollais, sentan-il l'hégémonie des Sans-Culottes vaciller et
préfère-t-il aller se faire oublier dans le Nord ?
Au même moment à Lyon, les Amis de Chalier
dénoncent l'action des "étrangers" de la Commission de
Surveillance Temporaire, ce qui abouti à l'arrestation de Vauquoy en
Germinal an II. Cer dernier est accusé d'abus de pouvoir dans les
districts de la Tour-du-Pin. Albitte reçevant l'ordre de le faire
arrêter et traduire devant un tribunal, le fait conduire à
Grenoble. Le 19 Germinal an II, il reçoit un courrier du C.S.P. qui lui
dit de faire traduire devant le tribunal révolutionnaire le commissaire
civil. Le 28 Germinal an II, alors que Vauquoy est en route pour Paris, Albitte
"atteste que Vauquoy (lui a). . .toujours paru un bon et loyal
patriote. . . il y a bien des aristicrates dans le département de
l'Isère, il y a bien des calomnies contre les patriotes"821(*).
Avec la chute d'Hébert, les Sans-culottes, se
retrouvant seuls, écrivent à Albitte pour demander son retour
à Bourg. Ce dernier, ne semble pas pressé de revenir dans la
capital de la Bresse. Peut-ête les Sans-Culottes ne sont-ils pas de
pûres apôtres d'Hébert, mais la chute de ce dernier les
poussent à se rendre compte de leur attitude de ces dernières
décades et sentent que leur parti peut ressortir attérer de cette
affaire, envoient sur les recommandations de Dorfeuille, deux commissaires
à Paris avec une proclamation qui vise à féliciter la
Convention mais surout à se blanchir des accusations dont ils sont
victimes; en démontrant que leurs actions n'avaient pas la motivation
hébetiste qu'on leur prétaient.
Quand le Comité de Salut Public apprend que son
courrier a été ouvert à Bourg, il prend, le 29 germinal an
II (18 avril), un arrêté qui ordonne la translation de brigade en
brigade, jusqu'à Paris des officiers munipaux de Bourg.
Le décret arrive à Bourg le 1er floréal
(20 avril) au soir et le 2 Alban, Blanc-Désisles, Raffet, Degrusse,
Morel, Faguet, Pellet, Bon et Baux sont en route pour la capitale. Frilet qui
se trouve à Revonnas est arrêter et rejoint ses
collègues.
A Bourg, la nouvelle boulverse la ville. Merle se rend
immédiatement à Paris pour prendre la défense de ses
compagnons.Dorfeuille annonce qu'il va écrire à Robespierre,
Couthon et St Just pour demander le retour des officiers municipaux. La
société populaire rédige une adresse à la
Convention pour prendre leur défense, mais Millet et Dorfeuille
reconnaissent quand même, que les officiers municipaux ont commis
quelques indélicatesses. Albitte apprend la nouvelle le 3 floréal
an II (22 avril), alors qu'il est Cluses. Il écrit son
mécontentement de voir les officiers municipaux arrêtés au
Comité de Salut Public le jour même.
Le 4 floréal an II (23 avril), ce sont les officiers
municipaux de Belley qui sont conduits à Paris. A leur arrivée,
ils sont installés dans la maison du Languedoc.
Dès lors les séances de la société
populaire devenient houleuses entre le parti Sans-Culottes altéré
et le parti modéré qui se montre au grand jour, il devient alors
fréquent de voir quelques uns des Sans-Culottes du comité de
surveillance ou du district s'en prendre aux tribunes.
Albitte ne reparait pas à Bourg, ni même dans
l'Ain. La disrgâce des officiers municipaux, éloigne Albitte du
département et le 11 floréal an II (30 avril) le
réprésantant du peuple Méaulle est nommé successeur
d'Albitte dans l'Ain. Quelques jours avant l'arrivée de ce dernier,
Dorfeuille et Gallien vont voir Méaulle à Lyon et affirement que
Méaulle "saura bien ne pas s'apitoyer sur les réclamations,
et apprécier au contriare, le mérite des
Sans-Cullottes"822(*).
Depuis le 22 Germianl an II, Albitte qui est dans le
Mont-Blanc, ne s'occupe plus guère de sa mission initiale. Il redevient
un homme de guerre. Entre le 22 Germinal an II et le 18 Floreal an II, Albitte
n'a plus en tête que les revers militaires du Mont-Cenis et des mesures
à prendre pour la défense nationale. Il est tellement
occupé à la chose militaire que le 3 Floréal an II, alors
que les Sans-Culottes de Bourg vont à Paris, il écrit au C.S.P.
qu'il lui est impossible de se rendre à Bourg.
Albitte sur les frontières n'est pas mis au courant du
changement d'effectation dont il est le sujet et ce n'est que le 17
floréal an II (6 mai), de Chambéry, qu'il écrit au
Comité de Salut Public : "Vous avez cru que l'établissement
du Gouvernement Révolutionnaire était facile. . .depuis trois
mois, je travaille de jour et de nuit . . .et je n'ai jamais eu tant de mal. Je
comptais finir mes opération sous deux décades"823(*). Son changement
d'affectation ne semble pas l'émouvoir outre mesure. Sans doute est-il
plus content de retrouver son poste aux armées. Le 21 floréal an
II (10 mai), Rollet-Marat écritt une lettre pleine de gage
d'amitié pou le représentant : "Bonjour, montagnard Albitte,
comment te portes-tu ? Conserves toi pour les Sans-Culottes, pour ces fiers
républicains dignes de la liberté que tu leur as conquise par ton
génie révolutionnaire et par tes sages arrêtés. Loin
d'eux tu seras toujours parmi eux; ils te bénissent tous. Continue ta
carrière glorieuse; aime-nous, tu as toute notre confiance. Ah ! si tous
les membres de la Convention imitaient ton exemple, les vrais patriotes ne
seraient pas toujours calomniés, dénoncés aux
comités. Les dénociations pleuvent contre moi; n'importe j'irai
toujours mon train. Tes arrêtés ont été
sacrés pour moi; je les ai fait exécuter avec viguer, avec
séverité. Tels sont les reproches qui me sont fait, et que
quelques uns de tes collègues, à Paris, receuillent et entassent
avec voracité pour me perdre."824(*)
Mais Albitte de retour aux armées, tourne le dos au
département de l'Ain, et aux Sans-Culottes qui ont cru pouvoir
grâce à lui établir un pouvoir populaire. Méaulle
qui arrive dans l'Ain se rend compte qu'a Bourg et à Belley, du fait du
grand nombre de détenus, les patriotes sont menacés.
CONCLUSION
Albitte après sa mission dans l'Ain
Le rappel d'Albitte n'entraine pas sa disgrâce. Il
continue sa carrière de répresentant en mission auprès de
l'Armée des Alpes avec Laporte. Il organise la défense du
Mont-Cenis durant la troisième décade de floréal an II.
Pour cela, il réquisitionne les gardes nationaux des départements
du Mont-Blanc, de l'Ain, de l'Isère, de la Drôme, des Hautes et
Basses-Alpes, dans le but de regarnir les fontières. Cinq bataillons
sont ainsi levés. Il prend plus de vingt arrêtés entre le 4
floréal an II et le 29 floréal. La confiance du Comité de
Salut Public en Albitte ne cesse pas. Ces liens avec Collot d'Herbois lui ont
sans doute été utiles, ainsi que la prudence dont il a fait
preuve depuis la chute des Sans-Culottes.
Le 13 thermidor an II, Albitte est envoyé à
l'Armée d'Italie, où il retrouve Bonaparte. C'est à Nice,
le 23 thermidor an II, qu'il apprend sa nommination à l'Armée des
Alpes. Carnot lui donne ses fonctions : "Garder les côtes, rendre
inutiles toute tentatives de descente ou d'invasion par le territoire de
Gênes, détruire Soargio, veiller sur Port-la-Montagne, . .
.contenir les malveillants et les fédéralistes, sauver la Corse,
perfectionner la discipline,. . ., établir les communications avec
l'Armée des Alpes"825(*).
Avec la chute de Robespierre, Albitte n'est en aucun cas
atteind. Mais la réaction qui s'en suit, le rend prudent. Il se rallie
rapidement au nouveau Comité de Salut Public. L'homme
réfléchit n'a pas disparu.
Le 7 fructidor an II, Albitte et Saliceti, font l'éloge
du général Bonaparte. Maintenu à l'Armée des Alpes
par un avis de ces collègues Prost et Salicetti du 11 fructidor an
II826(*), Albitte
rétablit la discipline au sein de l'Armée.
A l'issu du combat de Cairo du 2 vendémaire an III,
Albitte et Salicetti regagnent Paris. Albitte n'est pas revenu à la
Convention depuis le 11 mai 1793.
De retour à Paris il vote la mise en accusation de
Carrier. Figurant parmi les derniers montagnrads, il continue de
fréquenter le club des Jacobins. Malgré les dénonciations
qui fusent contre lui à la Convention, Albitte ne cède pas et ce
n'est qu'après les journées de prairial an III qu'il est
accusé par le député Delahaye d'avoir voulu remplacer les
sercétaires absents au bureau par des représentatns ayant
été aux armées. Son frère, Jean-Louis
suppléant de Daublet, se rend à la barre de la Convention pour
prendre la défense de son aîné. Mais, attaqué par
Vernier, il est décrèté en état d'arrestation par
Tallien. Accusé avec Bourbotte, Duquesnoy, Duroy, Goujon, Romme,
Soubrany, Rhul et Prieur de la Marne, Albitte échappe à la prison
le 2 prairail an III (il n'était pas présent à la
Convention ce jour là). Le 3 prairial an III, il publi un justificatif
de sa conduite lors de la journée du 1er. Poursuivit et condamné
à mort par contumace, il échappe à la guillotine
jusqu'à la loi d'amnistie du 4 brumaire an IV.
Elu maire de Dieppe en 1796, il est admis capitaine à
la suite du 4ième régiment de troupes légères par
décret du pouvoir éxecutif du 18 germinal an IV, puis il est
détaché par Bernadotte à l'état-major des troupes
de la République en Belgique. Albitte n'hésite pas à
reprendre du service dans les armées avec un grade subalterne à
celui qu'il avait obtenu en aôut 1793.
Faisant sans doute preuve de courage et d'abnégation,
Albitte reçoit le grade d'adjudant-général ( alors qu'il
est en service à Bâle) le 5 nivôse an VII. Un an plus tard,
à Paris, il est nommé chef de bataillon surnuméraire
à l'Armée d'observation. C'est après plusieurs demandes
qu'il est enfin admis comme sous-inspecteur aux revues le 18 vendémiaire
an X et décoré de la Légion d'Honneur.
Sous inspecteur aux re
Le 1er nivôse an X il récupère le grade
d'adjudant général. Il retrouve 8 ans plus tard le grade qu'il
avait obtenu en 1793. En poste à Mayence, il est attaché au
26ième corps de 1803 à 1808. Le 4 mai 1809, il reçoit
l'ordre de se rendre à l'Armée alors en Allemagne sous les ordres
de Davout. Mais très malade, il ne supporte pas le climat rhénan.
Il écrit en 1811 au comte Dumas dans l'espoir de pouvoir se rendre
à Lyon ou Aix-la-Chapelle pour se soigner. C'est à cette
époque qu'il se marie et a un fils, Gustave Albitte, (connu plus tard
dans la littérature comme auteur dramatique827(*)).
Ne pouvant guérir, il se rend néanmoins à
la suite des Armées au sein de la division Desaix pour le début
de la campagne en Russie. Il meurt de froid et de fatigue à
Rosénié en Pologne, le 25 décembre 1812.
Plusieures fois, après la Révolution, Albitte a
eu à parler de sa mission dans l'Ain. Il se confia au
général Girod de l'Ain. Ce dernier dit d'Albitte : "Le pauvre
homme, à cette époque ou je le retrouvais sous-ispecteur aux
revues, était bien revenu des erreurs de sa jeunesse et bien
désillusionné du brillant et terrible rôle qu'il avait
rempli vingt ans au paravant".828(*). De même quelques années plus tard,
Lalande rencontre Albitte. Ce dernier, avoue au bressan : "il faut avoir
pitié d'un homme enivré par des hommes plus astucieux que lui,
intimidé par des hommes plus furieux, et trompé par de plus
scélérats".829(*)
Même si il tente de se disculper, Albitte, de par
l'apposition de sa signature en bas des arrêtés, est autant
responsable que son entourage de ces actions.
Plus que de juger les faits de ces hommes, il ne faut pas
oublier que la mission d'Albitte prend effet à un moment crucial de la
Révolution où les armées de la République affichent
sur leurs drapeaux le mot d'ordre commun à tout homme de l'an II: La
Liberté ou La Mort.
Sa mission dans l'Ain lui vaut d'être, dès l'an
III suite aux actions des Thermidoriens sur l'ensemble de la France,
dénoncé avec Javogues, Méaulle et Merlino par la commune
de Bourg. Loin de lui reprocher la démolition des clochers ou des
châteaux, les burgiens et les belleysiens l'accusent plutôt d'avoir
aider les Sans-Culottes à tenir les rênes du pouvoir dans l'Ain.
Mais ne faut-il pas voir dans ces accusations des tentitives de disculpations
de certains patriotes de l'an II, peu désireux de se voir accuser
à leur tour ?
Effets de la mission d'Albitte dans l'Ain après
son départ
pour les Sans-Culottes
Albitte n'est pas encore parti et Méaulle pas encore
arrivé, que le15 floréal an II, Dorfeuille se voit proposer le
poste d'administrateur du district de Bourg. Mais le vote des
sociétés populaires lui est défavorable car il n'est pas
citoyen actif de ce département.
Le 8 prairial an II, Merle écrit de Paris pour annoncer
que l'affaire des officiers municipaux sera bientôt terminée. En
effet, ces derniers possèdent en Jagot (membre du Comité de
Sureté Générale) un puissant appui et Merle connait bien
Couthon qui est chargé du dossier. Pour Merle, seul Alban pose un
problème. Les réclamations auprès du Comité de
Salut Public pour la libération des officiers municipaux parviennent en
grand nombre de l'Ain. La société populaire ne cesse d'envoyer
des adresses pour réclamer la libération de ces membres
détenus. Mais le 14 messidor an II, face aux dénonciations dont
ils sont vicitmes, Rollet-Marat et Martine décident de se rendre
à Paris pour se disculper des accusations dont ils sont l'objet. Sont
députés avec eux Gallien, Ducret, Gay et Baron-Chalier afin
d'assurer la défense des patriotes de l'Ain à Paris; à la
veille du départ, Chaigneau annonce à la tribune de la
société de Bourg : "voilà comment l'on veut nous
emmener les uns après les autres, c'est de cette manière que l'on
veut désunir les Sans-Culottes, mais il faut nous soutenir, nos
frères les officiers municipaux qui sont à Paris, et les deux qui
vont partir sont blancs comme neige, ils n'ont rien à craindre".
Juvanon ajoute : "si l'un des Sans-Culottes mandés par le
Comité de Salut Public venait à périr, l'on verrait couler
le sang dans la commune de Bourg"830(*). Dorfeuille renchérit, il "fait des
déclamations injurieuses et calomnieuses contre les habitants de cette
commune, notamment contre ceux qui ont fait des dénonciations contre les
officiers municipaux mandés à Paris par ordre du Comité de
Salut Public, ajoutant que si l'un de ces municipaux venait à
périr, il fallait couvrir d'un crèpe funèbre la maison
d'arrêt des Claristes"831(*).
Le 6 messidor an II, le Comité de Salut Public
libère tous les officiers municipaux exceptés Alban,
Blanc-Désisles, Frilet, Rollet-Marat et Martine. Le 9 thermidor an II
par l'intermédiaire de Jagot (profitant sans doute du désordre
causé par la chute de Robespierre), le Comité de Salut Public
prend un arrêté qui libère Blanc-Désisles,
Rollet-Marat, Frilet et Martine (seul Alban reste à Paris, à la
Conciergerie).
A peine les Sans-Culottes sont-ils libérés que
les représentants de l'Ain se présentent au Comité de
Salut Public pour contester cette décision. Le 12 thermidor an II, le
Comité de Salut Public prend un arrêté demandant à
Méaulle de maintenir incarcéré les Sans-Culottes
jusqu'à l'arrivée de Boisset. Le choix de ce dernier par le
Comité montre bien la nouvelle orientation politique de
modération. En effet, Boisset, arrive dans l'Ain pour faire cesser
l'agitation des Sans-Culottes, taire le parti démocrate pour remettre au
pouvoir des hommes de Juillet 1793.
Mis en détention à leur retour de Paris, les
Sans-Culottes demandent à bénéficier d'une
semi-liberté dans la ville de Bourg. Méaulle accède
à leur requête; le 19 thermidor an II Méaulle fait retenir
en arrêt domicilaire Blanc-Désisles, Rollet-Marat, Frilet et
Martine. Le 22 thermidor an II, Baron-Chalier démissionne; mais le 24 il
est mis en état d'arrestation et rejoint ses camarades qui sont conduits
aux Claristes à la suite d'un autre arrêté. Ces
arrestations se font à la plus grande surprise des Sans-Culottes.
Broccard s'enfuit. Devant ce brusque retour en arrière des
évênements, les patriotes prennent vite conscience qu'ils vont
remlacer les détenus et que ces derniers vont retrouver les places
administratives; dès lors leur sort sera précaire. Le 19
Thermidor an II, les Sans-Culottes commandent la venue sur Bourg d'une troupe
de 300 gardes nationaux de Gex, Ferney et Châtillon-en-Michaille,
commandé par 16 officiers dans le but de faire tenir les prisonniers
tranquille et ainsi supprimer toute tentative de réveillent des
modérés. La troupe arrive le 20 thermidor an II, mais le 24,
Boisset qui vient d'arriver fait remplacer ces hommes par ceux de la garde
nationale de Bourg. Avec Boisset, le modérantisme triophe, l'heure n'est
plus à la mobilisation des masses mais bien à la victoire de la
bourgeoisie révolutionnaire. Les fédéralistes sortent de
détention et les sansn-culottes les remplacent.
De la même manière que les détenus qu'ils
avaient fait mettre en prison, les Sans-Culottes essaient à leur tour de
communiquer avec l'extérieur par tous les moyens. Alors qu'ils doivent
être jugés par le tribunal criminel de l'Ain, les autorités
se rendent vite compte que leur cas ne relève pas de ce dernier. Le 25
fructidor arrive un courrier du Comité de Sureté
Générale interdisant toutes poursuites contre les Sans-Culottes.
Lalande reproche à Méaulle de vouloir les faire juger afin de les
faire remettre en liberté832(*). Les Sans-Culottes restent aux arrêts.
Convers est mis en liberté le 4ème jour
complémentaire de l'an II, après avoir chargé de griefs
son ancien compagnon Blanc-Désisles. Après vendémaire an
III, Convers prend la fuite comme Martine, Broccard, Ravet, et Dorfeuille l'ont
fait avant lui. Convers se réfugi à Nancy et Dorfeuille à
Lyon où, par deux fois, des hommes de Bourg viennent voir sa femme afin
que le comédien les suivent à Bourg pour se faire Juger,
malgré l'illégalitée de cette démarche (les
administrateurs n'ont de pouvoir que dans l'étendue de leur
circonscription).
Les épouses des Sans-Culottes sont également
mises en détention suite à des manifestations de soutien envers
leurs époux et la politique de l'an II; elles sont
libérées sur ordre de Boisset.
Le 18 brumaire an III, certains des détenus tentent de
s'évader. Pour empêcher cela, une mesure similaire à
l'arrêté d'Albitte du 2 pluviôse an II, est prise par la
municipalté de Bourg.
Dans plusieurs pétitons, les détenus se
plaignent de leur condition de détention et de leur manque de
nourriture. Mais comment pourraient-ils être mieux traités alors
que l'agent national de la commune de Bourg, le citoyen Rousset, est un ancien
détenu, abhorre Blanc-Désisles833(*). Il en est de même entre Braconnier (juge de
paix du canton de Ceyzériat destitué par Albitte) actuellement
membre du directoire du district de Bourg et Rollet-Marat.
Les Sans-Culottes ne désarment pas et par les liaisons
qu'ils entetiennent malgré tout avec l'extérieur, arrivent
à stimuler une résistance. Leurs femmes en sont les
premières instigatrices. Du courrier adressé à
Méaulle et Jagot834(*) où ils dénoncent Boisset est
intercepté par les membres de la municipalité.
Les prisonniers deviennent désormais trop dangereux et
trop encombrants. En effet, certains administrateurs craignent que l'on vienne
les assasiner et d'autres ont peur que l'influence des détenus sur une
grande partie de la population les amène à être
libérés. Les autorités constituées
délèguent Braconnier et Rousset pour se rendent à Lyon le
24 germinal an III. Sur place, ils obtiennent des représentants Borel,
Richard et Boisset de faire traduire les détenus de Bourg à
Lons-le-Saulnier et ceux du Jura à Bourg. Le 26 germinal an III, Rousset
fait part à la population, rue Simonneau, de l'arrêté des
représentants à Lyon. Le 29, il remet l'arrêté
à l'accusateur public avec ordre de le faire exécuter. Sans doute
conscient de son sort, Thévenin se suicide par strangulation en prison.
Abandonnés à leur sort, les Sans-Culottes le sont aussi par leurs
seuls appuis à Paris : Jagot ( qui n'est guère plus
écouté), Méaulle et Albitte (qui évitent de se
compromettre). Albitte, plutôt que de secourir ces hommes qui n'avaient
pas hésité à le soutenir à la Convention par leurs
adresses, fait la sourde oreille, sans doute plus soucieux de garder son poste
que d'aider ceux qui pensaient être ces frères.
Le 29, les terroristes jurassiens arrivent de
Lons-le-Saulnier; ils sont conduits par Beffroy sur la place Marat où
Montbarbon les fait mettre à genoux afin de les humilier. C'est dans
cette ambiance que l'ordre de transfert des 36 Sans-Culottes est donné
par Boisset sur demande d'administrateurs burgiens, pour le lendemain, 30
germinal an III. Boisset n'ignore pas que les dénonciations fusent
contre lui et que la vie des sans-culottes est menacée, mais comme
à Lyon, son inaction coupable à protéger les
détenus, favorise l'enclanchement de la répression violente
contre les hommes de l'an II.
A 7 heures du matin, l'accusateur public écrit au
district pour que deux de ses membres se joignent à la
municipalité afin de veiller à ce qu'il n'y ait pas
d'accident.
La nouvelle du transfert des Sans-Culottes circule dans la
ville rapidement . "Sur les neuf à dix heures du matin, les
gendarmes et la compagnie de canonniers, commandés pour les escorter,
se rendirent aux prisons. Beffroy et autres particuliers qui s'y étaient
rendus aussi, commencèrent par ôter la cocarde nationale et les
boutons de l'habit des détenus, les enchainant deux à deux et de
trois en trois. Les chaines de fer, n'étant pas suffisantes, Beffroy fit
chercher des cordes de puits pour les attacher. On les fit monter de suite sur
trois voitures. Blanc-Désisles, Ducret, Rollet, Juvanon fils, Merle et
Frilet furent forcés de monter sur la première voiture. . . Cet
arrangement de voitures avait été prémédité.
Quelques uns de ceux qui étaient sur les voitures suivantes avaient
été prévenus par le geôlier que la première
voiture serait la plus maltraitée."835(*)
Les voitures se mettent en route et au niveau de la place du
greffe, "au moment où les regards du peuple se posèrent sur
ses oppresseurs l'on entendait chanter le réveil du peuple par dessus
les huées et des cris d'indignation"836(*). Des citoyens de la ville de
Bourg au nombre d'une quarantaine se ruent sur la première voiture et
distribuent des coups de bâtons mais, ils sont repoussés par la
garde nationale et par les invectives de l'accusateur public. Arrivés en
dehors de la commune de Bourg, au faubourg du Jura, Montbarbon, des hommes de
la garde nationale et une douzaine de citoyens de la ville de Bourg attaquent
de nouveau la première voiture. "En sortant de Bourg cinq furent
assassinés à coup de bâton dans la première voiture,
qu'il (Benoit Ravet) vit aussi qu'on leur tira plusieurs coups de
pistolet, que Dubreuil, Beffroy, Vuy fils, Duhamel fils déserteur, les
deux fils Bonnardel drapier, Montbarbon donna le premier coup de sabre sur le
poignet de Merle accusateur public, que le fils Juvanon qui était le
sixième de la première voiture, ne fut pas tué, n'ayant
reçu que deux coups de sabre qui lui avaient croisé la figure,
s'étant caché sous des matelats; qu'a la sortie de la ville,
Chaigneau fut assassiné entre ses bras sur la seconde voiture où
ils étaient du nombre de dix"837(*). Crozet de Coligny, profite de l'agitation pour
s'enfuir avec l'aide d'un gendarme et rejoint Coligny.
Après ce massacre, les corps sont emmenés
à St Etienne-du-Bois, où meurt Juvanon. Mais la tuerie n'est pas
finie; une fois arrivés dans la prison de Lons-le-Saulnier, Frilet et
Laymant sont mis à mort le 6 prairial an III par des jurassiens.
L'annonce du massacre des Sans-Culottes semble horrifier
Boisset qui en fait part à ses collègues du Comité de
Sureté Générale, comme d'un"évènement
affreux"838(*);
à ses collègues du Comité de Salut Public, il leur annonce
"qu'il est douleureux pour mon coeur d'avoir a vous faire part, citoyens
collègues, d'un évènement affligeant pour
l'humanité"839(*).
Suite à l'assassinat de leurs collègues, Gay,
Degrusse, Baron-Chalier, Broccard, Ravet, Duclos, et Maret-Ychard le 13
prairial an III, font un repentir solennel. Le même jour, Baron abjure
son nom de Chalier. Le 17 Boisset ordonne qu'une enquête soit ouverte et
que les charges contre les Sans-Culottes survivants soient
délaissées.
Ce coup de semonce bressans n'alerte pas Boisset, pour qui ces
règlement de compte rentre dans l'action politique du temps, qu'il
entend laisser faire vis-à-vis des hommes de 1793. En effet, sa molle
complaisance dans l'Ain, mais aussi à Lyon du fait de son rattachement
à un réseau royaliste et contre-révolutinnaire
drômois en relation avec Imbert-Colomès840(*) amène aux actions
violentes des muscadins841(*) bressans contre leurs opprésseurs d'hier.
C'est dans la même logique que Dorfeuille, alors
emprisonné à la maison de Roanne à Lyon, est
défenestré du deuxième étage de la prison de Roanne
le 16 prairial an III. Le massacre de Lyon qui coute la vie à 96
citoyens se fait sous l'inaction totale de la municipalité et de
Boisset. Si à Lyon ces agissements sont le fait du travail des agents
royalistes, à Bourg, le massacre des sans-culottes est une revanche
préparé par d'anciens détenus de l'an II (seuls les chefs
du mouvement sans-culotte sont éliminés) et plus ou moins
occulté par le district et la municipalité qui ont confié
la sauvegarde des détenus à un de leur bourreaux. A la peur
légal de l'an II répond la fureur populaire de l'an III842(*).
En aucun cas, les assassins des Sans-Culottes ne sont des
compagnons de Jéhu même si le "Réveil du Peuple" est
chanté par la foule. En effet, loin d'être royaliste, le peuple
marque avec le "Réveil du Peuple", son opposition à l'an II et
l'avant Thermidor. Les assassins sont des gens connus par leurs victimes. Il y
a d'anciens détenus, comme Montbarbon et Joly, des fils de
détenus comme Dubost et des fils de suppliciés comme Vuy et
Perret. La mission d'Albitte est pour ces hommes un moment crucial de leur vie,
car elle a fait d'eux des suppliciés ou des criminels. Seul Joly,
l'époux de la femme à laquelle Alban montrait des estampes
obscènes afin d'obtenir ses faveurs, est poursuivi en l'An IV comme
compagnon de Jéhu puis guillotiné dans le Puy-de-Dôme
à ce titre.
Pas tous les sans-culottes ont périt lors de cet
effroyable revanche des muscadins. Alban, lui est à Paris, où il
travaille par réquisition du Comité de Salut Public, à
l'Atelier de Précision. Grâce à Merlino et
Gauthier-des-Orcières, il trouve un emploi à la forge du
Mont-Cenis; mais il préfère revenir à Bourg où il
est dénoncé, le 8 prairial an IV, avec Gay comme un agent de
Babeuf. Seul Alban est traduit à la Haute Cour de Justice de
Vendôme; Gay étant mort en l'an V. Alban est jugé avec
Babeuf mais il est acquitté. Il meurt pauvrement à Mâcon en
1798.
Baron, amnistié, rentre à St Rambert. Mais la
chasse aux hommes de l'an II le poursuit jusque dans son pays natale , ou il
est victime d'une tentative d'assassinat. Jugé en l'an X pour ses
actions pendant la Terreur, il est acquitté. Il a 41 ans. Baron se
suicide en 1835 à l'âge de 80 ans, partisan d'une monarchie
constitutionnelle.
Le destin du général Lajolais est, pour un homme
ayant cotoyé pendant trois mois des révolutionnaires avertis,
plutôt singulier. Il est donc possible de se demander si l'action de
Lajolais dans l'Ain durant la mission d'Albitte, ne tient pas plus du
défoulement et de livresse des évênements que de
motivations d'ordre politique.
Le général Lajolais, en décembre 1794,
fait la connaissance de Pichegru à Strasbourg et participe à son
plan pour rétablir la royauté. Suspect au yeux de la Convention,
il est suspendu de ses fonctions pour avoir entretenu des relations avec le
milieu royaliste puis est mis en réforme le 13 avril 1796. Compromis par
des pièces trouvées dans le fourgon de Mr. de Klingin, il est
emprisonné en septembre 1797. Non compris dans l'organisation de 1801,
il rejoint Londres en l'an XI où il fait des préparatifs pour
reçevoir Pichegru et Cadoudal. Il est arrêté en 1804 pour
avoir pris part avec Cadoudal à une conspiration contre Bonaparte; il
est enfermé pour 4 ans au fort de Bellegarde où il meurt quelques
jours avant sa libération.
La mission d'Albitte dans l'Ain est une
accélération pour le mouvement révolutionnaire. En effet,
c'est elle qui ouvre le pas aux Sans-Culottes et qui leur donne l'illusion que
leur pouvoir et le Gouvernement Révolutionnaire est à ancrer pour
l'éternité même s'il faut pour cela tyraniser une portion
du peuple qui les a portés au pouvoir.
Albitte, loin d'être un moteur des
évènements, agit plus sous la pression de son entourage que par
décision personnelle. Sans doute, s'il avait fait preuve de plus de
force de caractère, le dérapage de la fin de pluviôse an II
et des deux mois suivants aurait pu être évité. Mais
plutôt que de faire face à ces hommes, le représentant a
préferé leur donner le champ libre en partant pour les
frontières. Il est à supposer que sa présence à
Bourg en germinal an II, comme le demandait Rollet-Marat, aurait
été un facteur non négligeable quant à la suite des
évênements.
Plus que tout autre moment de l'histoire de la
Révolution dans l'Ain, la mission d'Albitte marque l'apogée du
mouvement sans-culotte dans ce département; période où le
personnel politique n'est plus celui de l'Ancien-Régime et n'est pas
celui de l'Empire.
ANNEXE 1
Lettre du 11 pluviôse an II (30 janvier 1794), d'Albitte
aux représentants du peuple à
Commune-Affranchie.
A.D.R. 1L208
"Bourg
11 pluviôse
Albitte représentant du peuple à ses
collègues et amis à Commune Affranchie.
Mes chers amis j'ai une besogne très laborieuse
ici. J'espère cependant la remplir par la copie de mes principaux
arrêtés que je vous envoie, vous jugerez de mes intentions, elles
tendent à détruire le fanatisme, à écraser les
prêtres, à dompter mrs les cydevants et surtout à les
rendre des Sans-Culottes dans toute la force du terme, supposition faite qu'ils
ne soient pas coupables d'autres crimes que de celui de leur naissance. Je
m'occuperai des bois de marine, des salpêtres, des grands ...ttes, des
moyens d'anéantir la mendicité et de pressurer les
égoïstes et de punir les fédéralistes. Au sujet de
ces derniers, j'aurais bien voulu votre avis. Vous n'avez pu à ce qu'il
parait vous occuper de soit d'examiner les pièces que je vous ai
envoyée. Je ferai d'après ma conscience. Un point très
important que je vous ........ c'est de maitt.... de vos projets sur les
subsistances de vos départements.
De tout côté on vient ici. Je n'ai pu encore
m'occuper des recensements. Il faudrait m'envoyer le tableau
général de vos réquisitions dans l'Ain, et les noms des
commissaires. Surtout il faut qu'il n'y en ait que d'une espèce. Faites
moi connaître au total vos le... et vos espérances sur mon
département, et je pourrai prendre des mesures promptes et en
connaissances de cause. Faites moi aussi envoyer les listes de tous les
justicés à Commune-Affranchie afin de pouvoir saisir et faire
vendre leurs biens sans délai dans les districts que j'ai à
visiter, soit dans l'Ain, soit dans le Mont-Blanc.
Envoyez aussi à Paris, au Comité de Salut
Public, aux Jacobins, à La municipalité et aux cordeliers une
collections complète de nos arrêtés et de ceux que vous
avez pris depuis. Nous avons fait hier la décade. Ca ira.
Salut et fraternité Albitte
ANNEXE 2
Lettre du 17 ventôse an II (7 mars 1794),
de Blanc-Désisles à Albitte.
A.D.A. 2L56
"Egalité Liberté
Bourg-Régénéré le 17
ventôse an 2
de la République une indivisible et
démocratique
Albitte, ça va bien, nous pensons toujours à
toi,
c'est le vrai moyen de bien marcher
amitié et fraternité
B.Désisles
agent national"
ANNEXE 2bis
Lettre du 26 germinal an II (15 avril 1794)
de Blanc-Désisles à Albitte
"Epidor-cy devant Bourg- le 26 germinal an 2 de la
République une indivisible et démocratique
Brave Albitte
Tu recevras par ce courrier l'état des
détenus proposés
pour sortir et l'état de leur fortune.
Tu verras dans la note que nous t'avons
déjà
envoyée, à te guider pour la tache.
Je te souhaite meilleur santé et t'invite fortement
à
te ménager pour le bonheur des patriotes
B.Désisles
agent national"
ANNEXE 6
Lettre du 15 germinal an II (4 avril 1794)
de Rollet-Marat à Albitte
A.D.A.2L49
"Epidor cidevant
Bourg-Régénéré le 15 germinal an II de la
République française une indivisible
L'agent national du district de Bourg
au représentant du peuple Albitte
Je t'envoie la liste de tous les citoyens proposés
pour composer les autorités constitués de ce district, elle est
le résultat du travail fait par des Sans-Culottes par moi choisis en
exécution de ton arrêté.
J'ai été obligé de me transporter
dans les chefs-lieux de canton pour réparer des erreurs et des omissions
faites par ces commissaires et il s'en rencontre encore de ces omissions dans
d'autres communes, car dans plusieurs ils ont oublié de désigner
des assesseurs des juges de paix et il serait à propos qu'après
que tu auras examiné cet ouvrage, tu me chargera de le parachever en
m'autorisant à procéder à l'installation des
autorités constitués et à faire tous changements
nécessaire pour le bien public;
Je t'observe que les citoyens désignés pour
composer les comités de surveillance n'ont été pris que
dans les municipalités chefs-lieux, il me semble qu'il conviendrait
qu'ils fussent choisis dans toutes les communes du canton, cela remplirait sans
doute tes intentions surtout d'après ton arrêté du 25
ventôse qui supprime tous les comités de surveillance à
l'exception de ceux des chefs-lieux, il en résulterait au surplus un
très bon effet en cas que les ennemis de la République serraient
surveillés de plus près.
Lorsque j'ai reçu ta lettre qui me prescrivait de
suspendre mes opérations sur la réunion des communes; l'ouvrage
était fait en partie, je pense qu'il pourra servir dans la
su....
Je t'envoie la liste des municipalités de mon
arrondissement qui ont changé de nom et qui m'ont adressées leurs
délibérations à cet égard.
Le nommé Groscassand Dorimond ex-vicaire
épiscopal que tu m'avais ordonné de faire arrêter a
adressé ces jours derniers un mémoire à la commune de
Treffort lieu de son dernier domicile et une carte de la section de Paris ou il
réside actuellement aux fins de lever les scellés et
séquestres apposés sur ses biens; cette carte et ce
mémoire sont parvenus à l'administration avec les observations de
la commune et j'ai de suite envoyé au maire de Paris copie de la dite
carte pour le faire arrêter et traduire à Bourg; j'ai aussi fait
mettre en état d'arrestation le nommé Bouveyron beau-frère
dudit Groscassand et porter au district lesdites pièces a fin
d'empêcher entre eux toutes correspondances.
Je t'envoie copie de ces deux pièces. Il existait
encore audit Treffort un nommé Bouveyron ex-constituant du coté
droit, homme dangereux et de la trempe de Piquet son collègue, je l'ai
aussi fait arrêter avec un nommé Folliet, ayant d'après sa
sollicitation un fils émigré et tous deux sont détenus aux
ci-devant Claristes.
J'espère que tu approuveras toutes ces mesures qui
tendent à la sûreté générale et au salut de
la République.
Je te fais passer deux copies de lettres du citoyen
Gauthier député à la Convention nationale et de son
père relatives à leur parent ex-vicaire cathédrale et non
abdicataire détenu à Bicêtre, j'y joins un certificat
d'officier de santé qui m'a été remis.
Tous les prêtres renfermés pour n'avoir pas
satisfait à ton arrêter réclament des secours, ils
prétendent n'avoir aucune ressource pour vivre ne touchant plus de
pensions, décide promptement sur leur sort en les envoyant dans une
terre étrangère n'étant pas dignes d'habiter celle de la
liberté.
Les détenus dans la maison des cydevants Claristes
lèvent la tête, il m'a été rapporté qu'ils
tenaient des propos très inciviques, qu'ils avaient formé parmi
eux une société populaire un conseil général de
commune, un district un tribunal révolutionnaire et qu'ils osaient dire
que les patriotes attendaient la maladie et qu'eux étaient en
convalescence.
Je ne puis te rendre compte exact de ce qui se passe dans
cette maison et des abus qui y règnent ni par conséquent y
remédier, la commune de Bourg par un arrêté m'ayant
interdit l'entrée a moins que je me fasse accompagner de deux officiers
municipaux, ce qui retarde mes opérations et fait que ma surveillance ne
peut pas être aussi active que je le désirerai; je te laisse a
décider si la commune avait ce droit et si je ne dois pas rentrer dans
toutes les maisons de sûreté générale quand bon me
semble étant charger de te faire connaître leur situation
intérieure.
Le salut public demande de veiller scrupuleusement les
détenus, rappelons-nous de ces paroles de St Just dans son rapport sur
les incarcérés : aux détentions tient la perte ou le
triomphe de nos ennemis.
Ton arrêté du 23 ventôse sur
l'arrestation des ci-devant nobles a son exécution, ils se rendent au
chef lieu du district et viennent déposer au directoire leurs titres,
papiers et baux à ferme.
Les hommes ou les femmes non nobles et qui cependant sont
mariés avec des ci-devant, sont-ils dans le cas de l'arrestation; c'est
une question que je te pris de résoudre le plutôt
possible.
Je t'ai envoyé dans les six jours le compte que tu
me devais de mes opérations, j'ignore s'il remplit tes intentions c'est
ce que je désirerai savoir.
J'ai reçu de ta part un arrêté qui
ordonne l'élargissement d'une partie des détenus de Marboz
cultivateurs et depuis de temps je t'ai fais parvenir une seconde liste des
autres détenus de la dite commune mis provisoirement en liberté
afin que tu m'envoies un arrêté semblable au premier, je t'invite
a t'en occuper et a y comprendre plusieurs cultivateurs de Rignat
détenus depuis cinq mois par vengeance particulière ou mauvaises
instructions, il est temps que ces citoyens dont je t'envoie le nom soient
rendus a leurs travaux; je te rappelle dans la liste ceux de Marboz à
élargir.
Conformément a ton arrêté du 12
ventôse, je me suis adressé à la commune d'Epidor afin
qu'elle désigna des instituteurs et institutrices pour
l'éducation des enfants des ci-devants nobles détenus et elle n'a
pas encore satisfait à ma demande.
Les membres du comité de surveillance de la commune
d'Epidor demandent leur traitement et sur quelle caisse ils doivent être
payés. Ce sont des ouvriers pour la plus part chargés de famille
et sans fortune vivant des fruits de leurs travaux, qui sont obligés
d'abandonner pour la chose public.
Par l'article 19 de ton arrêté du 19
pluviôse, il est dit qu'il sera pourvu par un arrêté
particulier au mode de liquidation et acquittement des dettes des
détenus, les créanciers de ceux-ci réclament
l'exécution de cet article; ne serait-il pas aussi a propos de faire
imprimer la liste générale de tous les détenus pour que
ceux qui ont des réclamations à former puissent le faire.
L'auteur de la lettre au Comité de Salut Public et
qui t'a été envoyée a été découvert,
on te fera parvenir la preuve de cette découverte.
Enfin le sol du district de Bourg est purifié, les
châteaux et clochers, signes de la tyrannie et de la superstition, se
sont écroulés; les citoyens ont apportés à cette
mesure révolutionnaire toute l'ardeur et l'activité qu'elle
exigeait. Malheureusement quatre pères de famille ont été
victimes de leur grand zèle à détruire ces monuments
odieux qui insultaient à la Raison; leurs femmes réclament des
secours, je t'invite a m'autoriser à leur accorder en désignant
sur quels fonds il faut les prendre; il a déjà été
donné a une d'elle une somme de 1200 livres par le propriétaire
du cidevant château ou son mari s'est tué et 400 livres a son
enfant. Je te fais parvenir un mémoire de ce propriétaire,
ex-noble, nommé Duport, il s'est empressé a faire abattre son
château très fort très difficile à démolir.
Il a employé à cette démolition une somme
considérable, tu verras par ce mémoire qu'elle a
été sa conduite et tu y auras tel égard que tu jugeras
convenable.
Les clochers de cette commune tombent lentement, je ne
sais si c'est le défaut des bras ou la difficulté de
l'ouvrage.
Nos marché sont peu approvisionnés, ce qui
occasionne de grandes réclamations. Pour remédier à cet
inconvénient, l'administration vient de prendre un arrêté
vigoureux dont je t'envoie extrait.
Tu avais promis de m'envoyer un arrêté pour
qu'il fut donné des permissions aux ci-devant prêtres abdicataires
de s'absenter pendant quelques temps pour affaires de famille. J'ai cru qu'il
n'y avait point d'inconvénient a en accorder quelques unes pour un bref
délai à plusieurs d'entre eux, et sous caution, attendu surtout
qu'ensuite d'arrêté de l'administration l'on procède
à l'amodiation des ci-devant presbytères et qu'il est essentiel
que ces citoyens enlèvent leurs meubles et effets existant dans les dits
bâtiments. J'espère que tu approuveras ma conduite à cette
égard.
L'administration a aussi pris un arrêté pour
l'approvisionnement des bois de chauffage pour la commune d'Epidor. Je t'envoie
des exemplaires.
Je t'ai envoyé depuis plusieurs jours la liste des
prêtres qui n'ont pas prêté le serment de liberté et
d'égalité et sujets à la déportation afin que tu
prennes une décision a leur égard. Je t'invite a me
répondre sur cet objet afin que je puisse les faire partir avec deux
autres condamnés par les tribunaux.
La commune d'Epidor a toujours en sa possession les 60050
livres par toit accordés au district. Il me parait qu'elle aurait du
déposer cette somme entre les mains de l'administration qui lui a
déjà avancée 15000 livres dont la dite commune ne lui a
pas tenu compte, je t'avais déjà parlé de cet objet auquel
tu ne m'as pas répondu.
Je te rappelle aussi le mémoire que je t'ai
adressé relatif aux titres féodaux trouvés au cidevant
château de la Teyssonnière afin que tu décides si les biens
en dépendant son dans le cas de la confiscation.
Convert est arrivé à Bourg et s'est
présenté à la tribune de la Société
populaire où il a témoigné une vive indignation de
s'être vu dénoncé par les citoyens Juvanon et
Désisles; il a fait lecture d'une soit disante lettre à toi
écrite. Il a ensuite déclamé avec chaleur pour prouver la
pureté de sa conduite, enfin la discussion s'est échauffée
au plus haut degré, il s'en est peu fallut qu'une désunion fut le
résultat de cette scène orageuse. Déjà
l'aristocratie qui sait profiter des moindres instants qui peuvent lui
être favorables commençait à lever sa tête audacieuse
et jouissait du plaisir de voir opérer une discorde parmi les patriotes,
Convert dans les discours s'adressait et semblait même mander les
suffrages de cette classe infernale, maudite ect...
Mais les Sans-Culottes savent que dans un moment de crise,
dans un moment ou le vaisseau de l'Etat est battu par une affreuse
tempête, ils doivent surveiller avec plus d'activité, se serrer
des plus fort et redoubler de courage; ils savent que s'est par l'union que
l'on parviendra à consolider l'édifice de notre liberté.
Au surplus il est prouvé que des discussions orageuses sort la
vérité et que l'on y puise cette énergie propre à
terrasser ces chancres pestilentielles qui cherchent a corrompre tout ce qui
les environne.
Citoyen représentant, je travaille sans
relâche a donner dans mon arrondissement une marche rapide au
gouvernement révolutionnaire; je fais exécuter avec
célérité tes arrêtés.
Je prends toutes les mesures qu'exigent les circonstances
pour découvrir les ennemis de la République, tous mes moments,
toutes mes actions sont à la patrie, j'ai juré de tout lui
sacrifier ma vie même, telle doit être la conduite d'un
véritable sans-culotte. Telle est la mienne; heureux si pour prix de mes
travaux j'obtiens ton approbation et celle des patriotes.
Je désire bien te voir le plus tôt possible
il me tarde de jouir de ce plaisir; si tu le juges à propos lorsque tu
seras à Gex je me rendrai auprès de toi.
Je t'envoie copie d'une lettre du ministre de la guerre en
date du 7 germinal qui approuve ma conduite sur la confiscation d'une jument
saisie chez le citoyen Chicot.
Convert est rejeté de la société des
Sans-Culottes.
Vive la République
Vive la Montagne
Vive les Sans-Culottes
Salut et Fraternité
Rollet
agent national"
ANNEXE 7
Lettre du 17 germinal an II (6 avril 1794)
du citoyen Ruffin fils à Albitte
A.D.A.série L fonds non classé
"Albitte, je t'écris, je viens de lire ton
arrêté, tu sommes tous les ci-devant de se rendre en prison. J'en
suis un. Je n'ajoute ni restrictions ni modifications. Je n'ai pas
assisté au moment de ma création, cela doit te suffire. Tu me
sommes de me rendre en arrestation : ou tu es un homme, ou tu es un tigre. Si
tu es un homme, je te sommes toi-même au tribunal de la Raison, au
tribunal de la justice, au tribunal de l'humanité. J'ai une femme, elle
a trois enfants, elle les a nourrie; elle est jeune sensible et vertueuse. Nous
avons 29 ans. Je demeure depuis près de six ans dans un domaine que je
fais valoir moi-même. Je suis étranger à tous les partis;
on ne peut me faire aucun reproche dans aucun genre. Je suis patriote dans
toute l'étendue du terme, si tu le connais le patriote, je t'en dis
assez. J'ai a peine de quoi vivre, je suis cultivateur, j'élève
mes enfants à la charrue, c'est le premier des états. Si tu es
marié, si tu es époux, si tu es père, as-tu pu rendre de
sang froid un pareil arrêté; ton coeur et tes entrailles n'ont pas
palpités. Arracher un père une mère à trois enfants
dont le plus jeune n'a pas quatre ans. Une famille entière dans les
larmes et le désespoir, un père depuis deux mois en arrestation,
calcules tous mes maux si tu as une âme, rétracte toi, envoie des
ordres, ou tu n'es plus à mes yeux qu'un homme sans sentiments. Adieu.
Rends moi justice.
Je suis un homme comme toi.
A Arbigny, district de Pont-de-Vaux, dep. de l'Ain
ce 17 germinal l'an 2ième de la République
française une et indivisible."
ANNEXE 5
Lettre du 24 ventôse an II (14 mars 1794)
de Rollet-Marat à Blanc-Désisles
A.D.A.2L57
"14 mars 1794
Bourg régénéré le 24
ventôse de l'an 2
de la République une et indivisible
Rollet
à Désisles
Je suis Républicain et ma conduite a du te le
prouver. La qualité de despote que tu m'as donné (...) ainsi
qu'à mon collègue Gallien et le reproche que tu nous fait d'avoir
opéré dans la commune de Coligny une réunion à la
Goutine (...).
Ta religion a été trompée comme celle
de Juvanon par l'intriguant Crozet connu par des faits intriguants et
malhonnêtes a lui imputés et constatés par le procès
verbal auxquels tu n'as pas daigné faire attention lorsqu'ils t'ont
été présentés au comité de surveillance.
C'est sur les actions qu'il faut juger l'homme et non sur les paroles.
Si tu rendais justice à nos sentiments tu nous
croirais au moins aussi patriotes que toi et pour t'en donner une preuve je
viens de requérir le citoyen Cabuchet dudit Coligny de se transporter
sur le champ au directoire du district pour rendre compte de sa conduite et je
t'invite de vouloir bien assister à son interrogatoire. Je te connais
Républicain et c'est en cette qualité que je te convoques afin
que tu puisses reconnaître la vérité que tu as
égaré jusqu'à ce moment relativement à la dite
commune de Coligny.
paix union Salut et fraternité
le dit jour écrit à Cabuchet
de venir à Bourg demain 25."
ANNEXE 8
compte rendu des exécution des arrêtés
d'Albitte
par Rollet-Marat. (début floréal an II)
A.D.A.série L fonds non classé
1er
arrêté du 2 pluviôse portant qu'il sera
pris les mesures les plus promptes pour assurer l'état d'arrestation des
personnes détenues.
2
arrêté du 7 dudit concernant la destruction des
enseignes et machines religieuses, le transport au district des costumes,
ornements, linges, vases, ustensiles ect existants dans les cydevants
églises, la démolition des clochers et l'envoi des cloches
à la fonderie de canons la plus proche.
3.
arrêté du 8 pluviôse relatif aux
prêtres
4.
arrêté du 8 pluviôse concernant la
démolition des châteaux forts ect
5.
arrêtés des 11 et 13 pluviôse portant que
les personnes qui avaient été détenus par ordre des
représentants Amar, Merlino, Bernard, Bassal et Javogues et
élargis par arrêté du représentant Gouly seraient
réintégrées dans les maisons d'arrêts.
6.
arrêté relatif aux gens riches domiciliés
en 1789 ou 1790 dans les communes ci-devant villes du département de
l'Ain du 15 pluviôse.
7.
arrêté du 19 pluviôse relatif aux gens
suspects.
8.
arrêté relatif aux prêtres du 21
pluviôse.
9.
autorisation donnée le 24 pluviôse à
l'agent national pour nommer des commissaires chargés de prendre des
renseignements pour épurer les autorités constitués.
10.
arrêté du 12 ventôse concernant les gens
suspects.
12.
du 15 ventôse relatif à l'envoi dans la commune
de Lorient des prêtres sujets à la déportation.
13.
arrêtés des 23 ventôse et 12 germinal
relatifs aux devants nobles.
14
|
il a eu son exécution
a été exécuté et les fers et
matières de cloches provenant des démolitions ont
été conduit à la fonderie de Pont-de-Vaux dép. de
l'Ain
a été exécuté et les prêtres
qui n'ont pas voulu abjurer leurs erreurs sont renfermés à Bourg
la maison dite Bicêtre
a été exécuté avec exactitude et
célérité
a eu son entière exécution
quelques riches sont rentrés, d'autres ont fourni des
mémoires pour prouver qu'ils ne possédaient pas 2000 livres de
rente
il a été mis en exécution (voir
l'arrêté du district du 3 ventôse)
a son exécution
cette commission a été remplie
les articles 1 et 2 de cet arrêté ont
été exécuté on s'occupe de l'exécution des
autres articles
|
11.
arrêté du 16 ventôse concernant un compte
à rendre par les agents nationaux.
12.
arrêté du 15 ventôse relatif à
l'envoi dans la commune de Lorient des prêtres sujets à la
déportation.
13.
arrêtés des 23 ventôse et 12 germinal
relatifs aux devants nobles.
14.
arrêté du 25 ventôse relatif aux
comités de surveillance.
15.
arrêté du 25 ventôse relatif à
l'emploi à faire de tous les linges, étoffes et autres meubles
provenant des cydevants églises et dons patriotiques, cuivres, fers,
plombs, étains, fers blancs, ect, recueillis lors de la
démolition des clochers et châteaux.
16.
arrêté du 28 ventôse relatif à
l'exportation de numéraire.
17.
commission donnée à l'agent national le 22
germinal pour procéder à l'installation des autorités
constitués de ce district.
|
l'agent national du district de Bourg a rendu son compte au
représentant du peuple Albitte
L'on s'occupe à mettre à exécution cet
arrêté et des recherches sont faites pour découvrir les
prêtres qui sont dans le cas d'être déportés
tous les cy devants nobles sont détenus et l'on
travaille dans ce moment aux tableaux et renseignements demandés
a son exécution
on s'occupe à mettre à exécution cet
arrêté
extrait de cet arrêté a été
envoyé à la commune de Bourg pour qu'elle veille à son
exécution dans son arrondissement; au surplus il regarde les districts
des frontières
il s'acquitte dans ce moment de cette commission
déjà 24 communes du district sont installées et sous peut
de termes elle sera achevée
|
|
|
ANNEXE 9
tableau des arrêtés d'Albitte
nombre d'arrêtés par décades, avec dates et
lieux
intéressant le département de l'Ain, à
partir du registre des représentants en mission, des
arrêtés en liasse et des différents ouvrages sur la
Révolutions dans l'Ain
DECADES
1ère décade de pluviôse an II
___________________
2ième décade de pluviôse an II
___________________
3ième décade de pluviôse an II
___________________
1ère décade de ventôse an II
___________________
2ième décade de ventôse an II
___________________
3ième décade de ventôse an II
___________________
1ière décade de germinal an II
|
ARRETES
14 arrêtés
_____________________
8 arrêtés
___________________
14 arrêtés
___________________
8 arrêtés
___________________
10 arrêtés
___________________
4 arrêtés
___________________
0
|
DATES
un le 1er
un le 2nd
deux le 3
trois le 5
un le 6
trois le 7
deux le 8
un le 10
___________________
un le 11
un le 12
un le 13
un le 15
deux le 19
deux le 20
___________________
six le 24
deux le 26
un le 27
un le 27
un le 28
un le 29
un le 30
___________________
un le 2
quatre le 3
un le 5
un le 6
un le 7
___________________
deux le 12
un le 14
un le 15
un le 16
quatre le 17
___________________
un le 23
deux le 25
un le 28
___________________
---
|
LIEUX
Bourg Régénéré
___________________
Bourg Régénéré
___________________
Bourg Régénéré
Nantua
St Rambert
Belley Régénéré
___________________
Belley Régénéré
Trévoux
Pont-de-Vaux
___________________
Chambéry (dép. du Mont-Blanc)
___________________
Chambéry (dép. du Mont-Blanc)
___________________
Chambéry (dép. du Mont-Blanc)
|
2ième décade de germinal an II
___________________
3ième décade de germinal en II
___________________
1ière décade de floréal an II
|
1 arrêté
___________________
1 arrêté
___________________
0
|
un le 12
___________________
un le 22
___________________
---
|
Chambéry
___________________
Carrouges
___________________
|
ANNEXE 4
Lettre du 18 ventôse an II (8 mars 1794)
d'Albitte à Rollet-Marat
A.D.A.série L fonds non classé
"Chambéry le 18 ventôse l'an 2ième
de la République une indivisible et
démocratique
Citoyen
j'approuve la conduite que tu as tenue relativement
à l'élargissement des détenus, il faut autant que l'on
peut rendre à la liberté le pauvre, le malheureux et
l'agriculteur, qui, pour l'ordinaire ne font des fautes que par les conseils et
les instigations perfides des riches, des intriguants et des ci-devant
nobles.
Quant à la question que tu me fais, si l'on peut
donner des permission de s'absenter aux prêtres qui ont abdiqué,
dans peu je ferai parvenir aux différents districts du
département de l'Ain, un arrêté que je viens de prendre,
par lequel je les autorise à accorder de semblables permissions à
ceux qu'ils en croiront dignes et sous leur responsabilité.
Il est du devoir du district de soulager la famille du
malheureux ouvrier qui vient de périr au château de
Rochens.
La poudre est trop précieuse pour l'employer
à la démolition des châteaux. Je confirme ces mesures que
tu as prises pour faire arrêter à Paris les nommés
Dorimond, ainsi que l'arrestation de Baland.
Je connais la conduite des prêtres qui se sont
retirés dans le Jura et je vais prendre un arrêté vigoureux
contre les importuns par lequel je les déclarerai émigrés,
s'il ne rentre dans un terme fixe dans le département de l'Ain.
Va toujours ton train, c'est à dire au pas et
compte sur l'ami des vrais patriotes.
Albitte
Salut et fraternité"
ANNEXE 3
Les Sociétés Populaires dans le district de St
Rambert
Tableau au 1er germinal an II (21 mars)
A.D.A 8L99
Sociétés Populaires
------------------------------------------
Ambérieu-en-Bugey
Saint Rambert
Lagnieu
Poncin
Cerdon
Ambronay
Villebois
St Jean-le-Vieux
Jujurieux
Tenay
Aran
|
Dates de création
-------------------------------------------
août 1790
10 avril 1792
13 brumaire an II
(3 novembre 1793)
14 avril 1793
13 novembre 1793
9 brumaire an II
(30 octobre 1793)
21 brumaire an II
(11 novembre 1793)
2 frimaire an II
(22 novembre 1793)
5 frimaire an II
(25 novembre)
20 frimaire an II
(10 décembre 1793)
20 nivôse an II
(9 janvier)
|
Affiliation
------------------------------------------
affiliée aux Jacobins de Paris le 27 novembre 1790
Amis de la Liberté et de l'Egalité
existait en 1791 sous la forme d'une société
littéraire
Amis de la Liberté et de l'Egalité
---
Société des Sans-Culottes
Société des Sans-Culottes
Société des Sans-Culottes
---
---
Société des Sans-Culottes
|
* 1P-J.G la maladie
secrète d'Albitte, in Visages de l'Ain n°76.
* 2D.Varaschin Albitte
l'image en héritage in images et héritages de la
Révolution dans l'Ain, colloques de Bourg-en-Bresse des 6 et 7
octobre 1989. Imprimerie du Conseil Général de l'Ain.
* 3C'est ici le cas de Philibert
le Duc, qui non contemporain d'Albitte ne se contente que de juger
négativement et avec un parti prit évident Albitte et sa mission
dans l'Ain, tout comme beaucoup d'auteurs et érudits qui ne font que
colporter les dénigrations datant de la réaction
thermidorienne.
* 4Ceci marque bien une limite
culturelle. A Louhans, capitale de la Bresse-Louhanaise, les maisons sont en
brique rouge, les toîts en ardoise et le patois plutôt "nordique".
* 5H.Plagne, M.Péronnet
in La Révolution dans l'Ain 1789-1799 Ed. Horvath, 135 pages, Le
Coteau 1989, page 81
* 6Ibid page 82
* 7Ibid page 82
* 8Ibid page 84
* 9E.Dubois in l'Histoire de
la Révolution dans l'Ain, 6 tomes Librairie Brochot Bourg de 1931
à 1935, réédition Ed. Verso, imp.Marchoise Aubusson, 1988.
Tome 1
* 10Le 9 août 1789, des
habitants de Nantua brisent la clôture de l'aumônier pour aller
vider sa cave.
* 11Le pays de Gex ne veut pas
être rattaché avec le Bugey. Le Bugey veut être un
département dans lequel Nantua serait souverain sur Belley.
* 12Le citoyen Benoît
Ravet, futur sans-culotte, est élu procureur de la commune de Bourg en
1790.
* 13Se voit écrit aussi
Blanq-Désile. Mais aussi très souvent Désisles ou
B-Désisles comme signait le révolutionnaire.
* 14Séance de la
société populaire des Sans-Culottes de
Bourg-Régénéré du 13 Messidor an II, "rapport au
Comitéde Salut Public, sur la conduite de Blanc-Désisles, Alban
et Frilet". Registre de la société populaire, dit "livre rouge"
page 40. A.D.A fonds non classé. Cité aussi par E.Dubois in La
Société populaire des Amis de la Constitution et des
Sans-Culottes de Bourg 1791-1794, imp. Victor Berthod, 85 pages, Bourg
1930, page 76 "en 89, il(B.Désisles) a été un
des premiers fondateurs de la société siégeant aux
Feuillants."
* 15H.Plagne, M.Péronnet
in la Révolution dans l'Ain 1789-1799, page 102
* 16Cité par E.Dubois in
La Société populaire. . . , page 6
* 17"un roi jusqu'ici
l'idole des français, vient de s'échapper furtivement du palais
de ses pères. . . Vivre libres ou mourir" Proclamation de
la société de Bourg aux citoyens du département de l'Ain
cité par E.Dubois in La Société populaire . . .,
page 7
* 18Blanc-Désisles est
président de la société populaire au moment de la scission
des Feuillants.
* 19Cité par E.Dubois in
La Société populaire. . ., page 7
* 20Cité par E.Dubois in
La Société populaire. . ., page 8
* 21"un seul homme, par son
génie et ses vertus peut illustrer la patrie et la sauver de 1000
dangers" cité par E.Dubois in La Société
populaire. . . page 8
* 22Dupont-de-Nemours, in La
Révolution Française 1789-1799 de M.Vovelle, page 26.
* 23Jean-Antoine de Rostaing,
né le 15 mars 1764. Il est, avec les citoyens Duparc et Sibuet, le
rédacteur du journal du département de l'Ain, paraissant
le vendredi, format in°8, qui durera à peu près 6 mois et
qui est le "père" de l'actuel Voix de l'Ain. Engagé dasn
un des batailolons de volontaire de l'Ain, il est nommé officier payeur
à l'Armée des Alpes, puis commissaiers des guerres. Suspendu de
ses fonctions, il est arrêté et emprisonné à Lyon le
8 décembre 1793.
* 24"noue
l'adjurons(l'assemblé Législative)de se former en
Convention nationale à l'effet de changer ou modifier la
Constitution" Pétition manuscrite, portant trois cent signatures
environ en date du 24 juin 1792, cité par E.Dubois in La
Société populaire. . . , page 14
* 25Pétition du 24 juin
1792 citée par E.Dubois in La Société populaire. . .
, page 13
* 26"Nous avons vu la
Société acceuillir les volontaires à leur passage; elle
accueillait volontiers aussi les élèves du collège "
E.Dubois in La Société populaire. . . , page 11
* 27Cité pae E.Dubois in
La Société populaire. . . , page 15
* 28Ibid page 16
* 29E.Dubois La
société populaire. . . , page 18
* 30Ibid page 18
* 31Ibid page 18
* 32Ibid page 18
* 33Les 4 Marseillais,
commissaires aux armées "pour déjouer les
trahisons"(E.Dubois in La Société populaire. . . ,
page 18) sont les citoyens Laugier, chef de légion de la Garde
Nationale, Regnier, Maillet juge de paix et Luler homme de loi.
* 34E.Dubois in Histoire de
la Révolution dans l'Ain, tome 2, page 349
* 35E.Dubois in La
Révolution. . ., tome 3 page 73
* 36Cité par E.Dubois in
La Société populaire. . . , page 3, page 20
* 37Voir le mémoire de
maitrise d'histoire de L.Jacquet, sous la direction de S.Chassagne : Le
Journal de Lyon, ou moniteur RTRTRT Université Lumière Lyon
II. Lyon 1996.
* 38E.Dubois in La
Révolution . . ., tome 3 page 25
* 39Ph.le Duc in Histoire de
la Révolution dans l'Ain,Bourg Martin-Bottier éditeur. 6
tomes. tome 1 1879. Tome 2 1880. Tome 3 1881. Tome 4 1882. Tome 5 1883 et tome
6 1884. tome 3, page 162-163
* 40"On précise :
sont suspects : 1° les ex-nobles; 2° les ex-religieux; 3°les
prêtres qui n'ont pas voulu prêter serment à la Constitution
civile du clergé, ou qui ont rétracté leur serment;
4°les prêtres qui, non astreints à ce serment, se
refuseraient à prêter celui de maintenir la liberté et
l'égalité; 5° les pères, mères, femmes enfants
d'émigrés" Archives municipale de Bourg, Registre de
délibération
* 41E.Dubois in La
Révolution . . ., page 73
* 42A.M.Guillot in Les
conventionnels de l'Ain, Regain 1989, Bourg imp.atelier graphiques bressan,
page 51
* 43Thomas Riboud cité
par E.Dubois in La Révolution. . . , tome 3 page 87
* 44Le 21 mars le directoire du
département écrit aux districts pour que "la
réquisition des citoyens commissaires soit exécutées
suivant leur forme et teneur". In La Révolution . . ., de
E.Dubois, tome 3, page 73
* 45Cité par E.Dubois in
La Révolution. . ., tome 3, page 88
* 46E.Dubois in Histoire de
la Révolution . . ., tome 3, page 179
* 47Moniteur Universel
n° 141 du 21 mai 1793
* 48Moniteur
Universelle,
* 49"Les citoyens du
département de l'Ain respectaient la Convention. . . lorsque vos
commissaires, Amar et Merlino, y sont arrivés" Ibid
* 50"3° que vous
soumettiez à une responsabilité les commissaires de la Convention
qui abuseraient du pouvoir qui leur est délégué"
Ibid
* 51extrait du procès
verbal des séances du conseil permanent du département de l'Ain,
manuscrit de 4 pages, A.D.A L269
* 52"2° que vous
déterminiez d'une manière claire et précise ce qu'il faut
entendre par gens suspects" Pétition du 19 mai 1793 in le
Moniteur universel n° 141 du 21 mai 1793
* 53E.Dubois in Histoire
de la Révolution. . . , tome 3 page 225
* 54arrêté
du conseil général du département de l'Ain, portant
q'il sera député des commissaires près la Convention
nationale, du 2 juin 1793 l'an 2 de la république française, 4
pages in°8 de l'imprimerie Bottier Legrand à Bourg. A.D.A L269
* 55A.D.A L270
* 56Ibid
* 57E.Dubois in l'Histoire
de la révolution. . ., tome 3 page 218
* 58E.Dubois in La
Société populaire. . . , page 30
* 59Ibid, page 30
* 60Déclaration des
autorités de Belley aux bugistes du 13 juin 1793, cité par
E.Dubois in l'Histoire de la Révolution. . . , tome 3 page 249
* 61arrêté du
département de l'Ain ; extrait du procès verbal des
séances publiques du directoire du département du 6 juin
1793, A. D. A L269
* 62A.D.A L269
* 63"Il
(Blanc-Désisles) a fait les adresses de la municipalité
pour l'abolition de la royauté; la félicitations de la Convention
sur le jugement du tyran" (in Registre de la société
populaire, page 40 séance du 13 messidor an II, A.D.A fonds non
classé)Pourquoi n'aurait-il pas fait cette proclamation, lui qui est un
ancien comédien et un orateur écouté depuis le
début de la Révolution.
* 64"ce n'est ni par des
haines, ni par des calomnies, ni en adoptant des partis qu'on peut sauver la
République" cité par E.Dubois in Histoire de la
Révolution. . ., tome 3 page 251
* 65E.Dubois Histoire de la
Révolution dans l'Ain, tome 3 page 270
* 66E.Dubois, Ibid, page 277
* 67Récit de Rollet
dit Marat en réponse à une demande du district de
Lons-le-Saulnier, du 6 germinal an II, cité par E.Dubois in
Histoire de la Révolution. . ., page 278
* 68Tableau analythique des
manoeuvres et des crimes des principaux intriguants de la commune de Bourg chef
lieu du département de l'Ain 44 pages manuscrites. Etablit à
la société populaire de Bourg le 5 vendémiaire an II,
A.D.A ancien L219, page 5
* 69"Récit de Rollet.
. ." Ibid
* 70 Cité par Ph.le Duc
in "Histoire de la Révolution dans l'Ain" Op.cit, tome 3 page
337; et E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . ." tome 3 page
278
* 71in "Registre de la
société populaire des sans-culottes de
Bourg-Régénéré" dit Livre Rouge, séance
du 13 messidor an II, page 40, A.D.A fonds non classé série L
* 72E.Dubois in "Histoire de
la Révolution dans l'Ain", tome 3 page 291
* 73Livre Rouge, Ibid
* 74E.Dubois in "Histoire de
la Révolution. . . " tome 3 page 312
* 75Nom qui apparaît le 6
juillet 1793, en tête des minutes du conseil général du
département de l'Ain. A.D.A L269
* 76 in "Tableau analytique.
. . ", page 16
* 77"le Conseil
général du département de l'Ain à ses
concitoyens" proclamation imprimée de 4 pages format in°8 du 5
juillet 1793, sans nom d'imprimeur. A.D.A L269.
* 78Ibid
* 79E.Dubois in "Histoire de
la Révolution. . . " tome 3 page 195
* 80Déclaration de
Convers du 1er vendémiaire an III.
* 81R.Cobb in
"l'Armée Révolutionnaire Parisienne à Lyon et dans la
Région Lyonnaise. Frimaire-Prairial an II. 3 Tomes. Albums du
Crocodile, 1951-1952.
* 82Les auteurs de ce tableau
analytique parlent, lors de la visite de Blanc-Désisles et Convers
à Paris, des rencontres qu'ont pu faire les deux burgiens avec ces
"maîtres dont ils reçurent des leçons. . . (ces)
ennemis du peuple. . . avec qui ils devaient concerter leur
vengeance." "Tableau analytique . . ." page 7
* 83Ph;le Duc in "Histoire
de la Révolution. . . ", tome 3 page 416
* 84E.Dubois in "Histoire de
la Révolution. . .", tome 3 page 313
* 85"Tableau analytique. . .
", page 5
* 86Cité par E.Dubois in
"Histoire de la Révolution. . .", tome 3 page316
* 87"le regret que nous
éprouvons en voyant que votre administration continue de s'entendre avec
les révoltés de Lyon" Lettre de Dubois-Crancé, Nioche
et Gauthier des Orcières du 18 juillet 1793 de Grenoble, A.D.A L269
* 88"Bourg est toujours
infestée d'aristocrates. . . ils sont à la tête de la
municipalité, du club, et des assemblées de section" Lettre
de Merle à Blanc-Désisles 24 juillet 1793. "Il ne faut pas
pardonner à l'aristocratie, car son combat est la mort" Lettre
d'Alban à Blanc-Désisles du 2 août 1793, citées par
E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . . ", tome 3 page 325 et
332
* 89Lettre du citoyen Billion
au district de Nantua du 26 juin 1793, citée par E.Dubois in
"Histoire de la Révolution. . .", tome 3 page 274
* 90Lettre du conseil
général de l'Ain à la Convention du 25 juillet 1793, A.D.A
L269
* 91Devant la
réquisition faite à 84 gardes nationaux de Bourg de marcher sur
Lyon, 43 échappent à la réquisition et 41 ne s'y
soumettent que de force.
* 92" La
Société, profondément indigné, allait s'occuper des
moyens de détruire l'impression qu'auraient pu faire naître
à la Convention ces bruits calomnieux. proclamation de la
société populaire de Bourg citée par E.Dubois in
"Histoire de la Révolution. . .", tome 3 page 334
* 93Cité par E.Dubois in
"La Société populaire. . . ", page 39
* 94in "Tableau analythique.
. . ", page 7
* 95in "Tableau analythique.
. ." , page 8
* 96Le premier registre de la
société des Sans-Culottes de Bourg ayant disparu, l'historien ne
peut donc pas connaître le règlement de la dite
société. Mais heureusement, lors de sa visite à la
société populaire de Chatillon en Dombes, le 23 octobre 1793,
Rollet-Marat promet "de vous instruire des règlements de la
Société des Sans-Culottes de Bourg" (Cité par
E.Dubois in l'article "La Société populaire des Amis de la
Constitution de Chatillon-sur-Chalaronne" page183 à 224 in Bulletin
de la société des Naturalistes et des Archéologues de
l'Ain, n°46 de janvier 1932 imp.Victor Berthod à Bourg).
Effectivement à la séance du 4 frimaire an II, la
société adopte un nouveau règlement, on peut donc penser
que ce dernier est très proche de celui de la société des
Sans-Culottes de Bourg.
* 97E.Dubois in "La
Société populaire. . . ", page 43
* 98in "Tableau anlithyque.
. . ", page 9
* 99in "tableau anlithyque.
. ." Ibid
* 100C.f A.Soboul in "Les
Sans-Culottes" Paris éditions du Seuil 1968 réed. 1979.
* 101Voir E.Dubois in
"Histoire de la Révolution. . . ", tome 3, page 346 à
350.
* 102in "Tableau
analytique. . . ", page 8
* 103Pour les sans-culottes se
terme regroupe tout ceux qui ne sont pas "politiquement correct", qui peuvent
être à même de former un obstacle à la politique
qu'ils désirent promouvoir. "Frappons sur l'homme instruit, ses
écarts sont des crimes" (circulaire du Comité Central de
Surveillance du département de l'Ain, aux comités du
département, du 9 brumaire an II, signée Blanc-Désisles et
Juvanon. Cité par E.Dubois in "Histoire de la Révolution. .
." Ibid, tome 4 page 41-42). Le sans-culotte devenant la norme du nouvel
homme que la Révolution doit engendrer.
* 104"Avis, citoyens dans
peu un grand massacre. Assemblez la Commune." cité par E.Dubois
in"Histoire de la Révolution. . ." tome 4 page 38. "le sang
va couler" A.D.A ancien L219
* 105Baron est
déjà administrateur au département, Rollet est officier
municipal, Duclos est notable, Alban est officier municipal, Convers agent
national de la comunne de Bourg et Blanc-Désisles est maire.
* 106Sont mit en arrestation,
Populus ex-constituant, Duhamel, Barquet.
* 107in "Tableau
analytique. . .", page 12
* 108"Nos ennemis
intérieurs sont abattus, mais ils ne sont pas détruits; ils
calculent encore peut-être. . . une circonstance(qui saura)mieux
ouvreur le tombeau de la République." Circulaire cu Comité
Central de Surveillance du 9 brumaire an II.
* 109 témoignage de
Benoît Grillet, marchand coutelier, du 8 fructidor an II, Cahier de
témoignage A; A.D.A ancien L219
* 110in "Tableau
analytique. . .", page 15
* 111Des officiers municipaux
notamment Degrusse et Marey-Ichard, enlèvent du café et du sucre.
Témoignage n°34 et n°42 du cahier de dénonciation 5 de
thermidor an II.
* 112Aucun artisans,
boutiquiers, ouvriers ou agriculteurs ne se manifeste en thermidor an II pour
dénoncer des exactions commises à ce moment là.
* 113"qu'ils sachent ces
vils égoïstes, ces vils satellites des despotes, qu'il n'y a de
propriété que les individus de la société; que
là où la société souffre, elle doit voir dans ces
prétendus propriétaires, que d'exécrables usurpateurs, que
de cruels vautours qu'il faut retrancher du sol de la liberté" in
"Discours de Javogues" in°4, de 4 pages sans nom d'imprimeur.
* 114Ibid
* 115Ibid
* 116in "Tableau
analytique. . ." page 8, page 15 et cahier de dénonciation
témoignage n°5
* 117"Baron prit dans
l'arrêté de Javogues le surnom de Challier, et Rollet qui. .
.avait. . .avili Marat. . .adopta son nom" in"Tableau analytique. .
.", page 12. Ce changement de nom montre bien la coupure d'avec le
passé(la crise fédéraliste) et la naissance du nouveau
citoyen chez qui l'adoration des martyrs républicains devient un
culte.
* 118Benoit-Marie Gouly est
né le 7 novembre 1753 à St Martin-du-Mont, dans l'Ain.
Après avoir été au collège à Bourg et avoir
suivit des études de médecine à Paris, il part à
l'Ile-de-France comme médecin. Mais c'est comme planteur qu'il fait
fortune. élu député à la Convention avec Sevre, il
ne débarque à la Rochelle que le 16 septembre 1793, son navire
ayant été capturé par les anglais.
* 119Rivail "juge de paix
militaire. . .gendre du fédéraliste Duhamel. . .connu parmi les
vrais sans-culottes pour un homme suspect dans son patriotisme". in
"Conduite du Représentant Gouly dans les districts de Bourg et de
Belley", manuscrit de 11 page format in 8° de Baron-Challier du 14
ventôse an II. A.D.A série L fonds non classé
* 120"Comme tant d'auters,
souligne-t-il, il a alors cru de bonne foi dans le républicanisme
sincère de la Montagne. Ensuite de furent le pragmatisme et la prudence
qui autaient dicté sonb attitude : ayant pu constater que la Convention
était dominée par la commune et les sociétés
populaires de Paris et qu'il en était de même en province, il a
jugé impossible de parler un autre langage et de pratiquer d'auters
maximes à: moins de vouloir se faire arrêter et périr sur
l'échaffaud" Claude Wanquet "La place des questions coloniales dans
la réaction de l'an III.
* 121Lettre de Gouly au
Comité de Salut Public du 23 frimaire an II, cité par E.Dubois in
"Histoire dela Révolution . . ." tome 4 page 88
* 122Lettre de Gouly au
Comité de Salut Public du 23 frimaire an II.
* 123"Conduite du
représentant Gouly dans les districts de Bourg et de Belley".
* 124"Gouly destitua
Désisles de sa place de maire à Bourg où il était
réellement utile, contenant les aristocrates et les
fédéralistes avec vigueur et le place à celle
d'administrateur au département où il devenait inutile" Manuscrit
de Baron-Challier du 14 ventôse an II. Ibid
* 125Cité par E.Dubois
in" Histoire de la Révolution. . .", tome 4 page 99
* 126. Gouly trouvant qu'
"une grande partie des arrestations faite par les comités de
surveillance dans le district de Belley, l'ont été par des
interprétations forcées de la loi du 17 septembre et par suite
des haines personnelles"(cité par E.Dubois in "Histoire de la
révolution. . . ", tome 4 page 111). Carrier, Bonnet et Thorombert
étaient membres du comité de surveillance de la commune de
Belley, d'où les inculpations de Gouly à leur égare.
* 127Cité par E.Dubois
in "La Société populaire des . . .", page 46
* 128 Brochure de 16 pages in
8°, imprimée à Paris à l'Imprimerie des
Sans-Culottes, rue de Loppe; cité par E.Dubois in "Histoire de la
Révolution. . .", tome 4 page 123
* 129Claude Wanquet "La
place des questions coloniales dans la réaction de l'an III"
* 130E.Dubois in "Histoire
de la Révolution. . ." tome 4 page 135
* 131Cahier de
témoignage A, de l'AN III. Témoignage page 2, 25, 31, 40, 48, 51,
61, A.D.A ancien l219
* 132Cahier de
témoignage A, témoignage page 35
* 133E.Dubois in "Histoire
de la Révolution. . .", tome 4 page 131. Les commissaires sont
Vauquoy et
* 134Lettre du Comité
de Salut Public du 14 nivôse an II, Archives Nationale, AF-II-84,
citée par E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . .",
tome 4 page 131
* 135Lettre d'Albitte, AF II
carton 185, vendémiaire, pièce 8, citée par H.Wallon, tome
3 page 412-412.
* 136Lettre de
représentants à Commune-Affranchie du 16 nivôse an II,
Archives Nationales AF-II-37, cité par E.Dubois in "Histoire de la
Révolution. . .", tome 4 page 132
* 137"Extrait des registres
du Comité de Salut Public de la Convention Nationale du 9ième
jour de nivôse l'an 2ième dela République Française
une et indivisible" Manuscrit de 1 page, signé au registre
Billaud-Varenne, Barère, Carnot et Collot d'Herbois et pour copie
conforme signé Albitte. A.D.A série L fonds non classé.
* 138"Tableau analytique. .
. ", page 15
* 139Cité par E.Dubois
in "Histoire de la Révolution. . .", tome 4 page 134
* 140Lettre du Comité
de Salut Public du 14 nivôse an II.
* 141Archives municipales de
Dieppe, citées par V.Courtine in "L'itinéraire
révolutionnaire d'un représentant du peuple dieppois :
Antoine-Louis Albitte" mémoire de maîtrise sous la direction
de C.Mazauric, U.E.R "lettres et sciences humaines" Université de Rouen
1989, page 19.
* 142A.Soboul in
"Dictionnaire de la Révolution Française" P.U.F, Paris
1989, page 14
* 143Voir les
arrêtés du Représentant Albitte, qui son construit suivant
la même rigueur, comme une déclinaison ou un plaidoyer d'avocat :
considérants, puis arrêté composé de plusieurs
articles.
* 144Ibid, page 20
* 145J.Noury in " Souvenir
Révolutionnaires, Albitte, député de Dieppe, son
frère, son neveu" dans le "Patriote de Normandie" du 10 septembre
1894, cité par V.Courtine, page 20
* 146V.Courtine, Ibid, page
20
* 147A.Kuscinski in
Dictionnaire des Conventionnels, fascicule A-C, Paris librairie
F.Rieder, 1916 page 2 à 4
* 148A.Boudier in Albitte
Antoine-Louis, notice bibliographique, Rouen 1931, cité par
V.Courtine, page 22
*
149J.Balteau-M.Barroux-M.Prévost in Dictionnaire de
Biographie Française, tome 1 Paris librairie LeTouzey et Ané,
1933, page 1254
* 150"Je voudrais avoir
une éloquence assez forte pour vous persuader. . .je sens la
vérité, mais je n'ai pas les moyens de l'exprimer"
cité par A.Boudier in Albitte Antoine-Louis notice
bibliographique, Rouen 1931, page 8; cité par V.Courtine, page 27
* 151V.Courtine Op.cit, page
28
*
152A.Robert-E.Bouloton-L.Cougny in Dictionnaire des
parlementaires français tome 1, Bourloton éditeur Paris 1891,
page 32
* 153M.Biard in Collot
d'Herbois, légendes noires et Révolution, Presse
Universitaire de Lyon, Lyon 1995, page 91
* 154Ibid, page 97
* 155A.Kuscinski, page 2
* 156A.Boudier in Albitte
Antoine-Louis, cité par V.Courtine, page 33
* 157V.Courtine Ibid page
32
* 158A.Boudier, cité
par V.Courtine page 32
*
159J.Balteau-M.Barroux-M.Prévost in Dictionnaire de
biographie française, Paris 1933, page 1253
* 160V.Courtine, Op.cit, page
34
* 161Cité par
V.Courtine, page 32
* 162C.F.L de Montjoye in
l'Histoire de la conjuration de Louis-Philippe-Joseph d'Orléans
surnommé Egalité, sans nom d'imprimeur, Paris 1796, page
175
* 163Dr.Hoeffe in la
Nouvelle biographie universelle, Firmin Didot frère
éditeur, Paris 1852, page 638.
* 164V.Courtine, page 37.
V.Courtine, s'appuit sur la correspondance du représentant, mais ;cette
présence n'est corroborée par aucun témoignage, ni par
aucune biographie. Il est donc possible de penser, qu'Albitte, comme proche de
la Commune et de la sans-culotterie parisienne, est participé à
l'occupation des bâtiments, et non à l'assaut.
* 165Archives Parlementaires,
juillet 1792, cité par V.Courtine, page 35.
* 166Moniteur du 3 septembre
1792, cité par V.Courtine, page 39.
* 167Cité par
V.Courtine, page 41.
* 168M. de la Rocheterie in
Le 16 octobre 1793, librairie de la Société
Bibliographique 35 rue de Grenelle, Paris 1876, page 11
*
169J.Tulard-J.F.Fayard-A.Fierro in l'Histoire et dictionnaire de
la Révolution Française 1789-1799, éditions Robert
Laffont, collection Bouquins, Paris 1987, page 941.
* 170V.Courtine, page 43
* 171Dr. Hoeffe, page 638
*
172J.Balteau-M.Barroux-M.Prévost, page 1255
* 173Ibid page 1255
* 174V.Courtine, page 45
*
175A.Robert-E.Bourloton-L.Cougny in le Dictionnaire des
Parlementaires Français, Bourloton éditeur, Paris 1891, page
32.
*
176J.Balteau-M.Barroux-M.Prévost, Op.cit, page 1255. Il en
obtiendra l'arrestation dans le comté de Nice, quand il sera
représentant du peuple à l'Armée des Alpes; et fera
traduire Brunet au Tribunal Révolutionnaire.
* 177Ibid page 1255
* 178V.Courtine, page 47.
* 179Robespierre "sur le
jugement de Louis XVI" du 3 décembre 1792, in Discours et
rapports à la Convention, Union Générale d'Editions, 8
rue Garancière Paris, 1965, réedition de 1988, page 79.
* 180M.de la Rocheterie in
Le 21 janvier 1793, librairie de la Société
Bibliographique, 35 rue de Grenelle, paris, 1876, page 23
* 181Dr.Hoeffe, page 638
* 182B.Benoit-R.Saussac in le
Guide Historique de la Révolution à Lyon 1789-1799,
éditions de Trévoux, Lyon 1988, page 128
* 183A.Boudier, cité
par V.Courtine, page 50.
* 184V.Courtine, page 50
*
185A.Robert-E.Bourloton-G.Cougny, page 32.
* 186Moniteur Universel, tome
18 page 303, cité par V.Courtine, page 54.
* 187"Le Comité de
Salut Public te fait passer, citoyen collègue, une note relative aux
opérations des quatres commissaires envoyés dans le
département de l'Ain par les représentants qui sont à
Ville-Affranchie. Ce département est confié à ta
vigilence, le Comité a cru devoir te faire part de ses
renseignements. Toutes les fois que tu croiras utile de te déplacer, tu
instruiras le Comité du lieu actuel de tes opérations."
Lettre du C.S.P à Albitte du 14 nivôse an II, citée par
E.Dubois in Histoire de la Révoltuion. . ., tome 4, page 131.
* 188Antoine-François
Gauthier dit des Orcières, né à Bourg en 1752 dans une des
plus anciennes familles bourgeoises de Bourg. En 1785, il est recteur de
l'école des Pauvres de Bourg. En 1788, il s'attire la colère de
la noblesse, en publiant des différents mémoires :
considérations sur l'état actuel de l'administration de la
Province de Bresse, et réflexions contre les religieuses de St
Claire. Elu député aux Etats Généraux par le
Tiers du baillage de Bourg, il est considéré comme un
éxalté par la noblesse et le clergé. Durant la
Législative, il est procureur général syndic du
département. Elu à la Convention, il vote la mort du roi. Ami de
Dubois-Crancé ( in Les Conventionnels de l'Ain,, page 32), il en
sera pour beaucoup, dans l'appel à Paris par les Comités, des
sans-culottes de Bourg en prairial an II.
* 189E.Herroit in Lyon
n'est plus tome 1 "Jacobins et modérés", librairie Hachette,
1937, page 333
* 190Ibid, page 322.
* 191"Etats de service du
sous-inspecteur aux revues Albitte Antoine-Louis", archives de l'Armée,
dossier Albitte, sans côte. Albitte devient capitaine au 19
régiment de chasseurs à cheval le 10 juin 1793,
adjudant-général chef de bataillon le 16 août 1793.
* 192Ancien garde du corps du
Roi et ancien aide de camp de Wimpfen et du ppreince de Hesse,
Dubois-Crancé, est le vecteur des haines lyonnaises durant la crise
fédéralistes. En juillet 1793, il est considéré par
L.N Carrier, dans le "Journal de Lyon" ( mémoire de maitrise de
L.Jacquet, Le Journal de Lyon 1791-1793, Sous la direction de
S.Chassagne, Université Lyon 2, 1996) comme le "tyran de
l'Armée des Alpes". Ce qui prouve son importance face à ses
collègues, qui sont toalement occultés.
* 193B.Benoit-R.Saussac, page
77.
* 194Cité par
B.Benoit-R.Saussac, page 25.,
* 195Voir page 19.
* 196M.Biard in Collot
d'Herbois, légendes noires et Révolution, Presse
Universitaire de Lyon, Lyon 1995, page 129.
* 197A.Aulard in" recueil des
actes du Comités de Salut Public" tome 3, page 432, cité par
V.Courtine, page 58.
* 198"Le peuple de Paris
vient de faire un mouvement spontané qui peut sauver la France".
Correspondance d'Albitte (A.D.R ms 6629), citée par V.Courtine, page
60
* 199Ibid
* 200"Nous vous
écrivons et vous ne répondez pas. . .aucune de nos lettres n'est
connues par l'Assemblée, aucune de nos demandes sur les besoins et les
subsistances de l'armée n'entraine de décision. . .vous devez
seconder notre zèle et notre dévouement et ne pas nous oublier
ainsi." Lettre cité par V.Courtine, page 65.
* 201Lettre de
Dubois-Crancé et d'Albitte du 23 juin 1793. Citée par V.Courtine,
page 62.
* 202Lettre d'Albitte au
ministre de la guerre, citée par E.Herriot, tome 2, page 234.
* 203Ibid.
* 204"A l'armée,. .
.on respecte l'officier quand il fait son devoir." Correspondance
d'Albitte, citée par V.Courtine, page 50.
* 205A.Kuscinski, page 2.
* 206Ibid
* 207Ibid.
* 208"Les citoyens de la
commune deBelley, réunis en société populaire, à la
Convention Nationale. Tableau succinct de la conduite publique et privée
qu'ont tenu les représentants du peuple en mission dans le district de
Belley." Imprimerie Kindelem, Belley an III, fonds Coste, côte n°
114964, B.M.L.
* 209M.Biard, Op.cit, page
137.
* 210M.Biard, Ibid, page
129.
* 211A.Kuscinski, Op.cit
* 212En effet, lors du rappel
de ses fonctions, par la lettre du Comité de Salut Public le 14
nivôse, le Comité l'informe des "opérations des quatres
commissaires envoyés dans le département de l'Ain par les
représentants qui sont à Ville-Affranchie."( Op.cit); comme
si Albitte n'était pas à Commune-Affranchie. Ce qui prouve un
certain détachement d'Albitte pour les affaires lyonnaises.
* 213M.Biard, Ibid, page
129.
* 214V.Courtine, Op.cit, page
75.
* 215Les missions des
représentants dans les départements, (voir l' ouvrage de C.Lucas
sur la Mission de Javogues dans la Loire, l'ouvrage de M.Biard sur Collot
d'Herbois) sont régies toutes suivant un modèle quasiment
identique : 1-contact avec les autorités locales et les
sociétés populaires. 2- renseignement sur les prisonniers, par
des visites oppérés par des agents du représentant.
3-épuration des administrations, avec appuit sur les
sociétés populaires, elles aussi épurées si il le
faut; afin de disposer d'une base sûr pour établir la politique
révolutionnaire.4-phase de déchristianisation, souvent suivit
d'arrestations "d'aristocrates" et d'ennemis de la Révolution. Pour cela
les représentants s'appuient sur des agents du Gouvernement
Révolutionnaire, les commissaires nationaux et les agents nationaux.
* 216C.Lucas in La
Structure de la Terreur - l'exemple de Javogues dans le département de
la Loire", Oxford University Press 1973, traduction française de
G.Palluau, éditions du CIEREC travaux LXIX, Université Jean
Monnet, St Etienne 1990, page 59.
* 217Voir Mathiez Albert :
La vie chère et le mouvement social sous la Terreur. Tome 2 ,
page 49 et 50.
* 218Lettre d'Albitte
citée par H.Wallon, Op.cit.
* 219"Certificat de maladie
fait à Vienne le 16 juillet 1806" Archives adminstratives du
Ministère de la Guerre, dossier Antoine-Louis Albitte, sans
côte.
* 220Lettre du citoyen Tissot,
officier de santé, commissaire inspecteur des hopitaux militaires,
à Albitte, du 1er pluviôse an II. Citée par P.J.G in "La
maladie secrète d'Albitte" in Visages de l'Ain n°76,
décembre 1964, page 25.
* 221"Tu as paru
désirer toi-même un changement de position et la destination que
nous t'indiquons te conviendra d'autant mieux qu'il y aura moins de fatigue que
dans celle des Pyrénées que tu nous indiquais, et que tu nous a
dit que ta santé n'était point encore tout à fait
rétablie" Lettre du Comité de Salut Public à Albitte,
du 19 nivôse an II, écrite de la main de Robespierre, citée
par E.Dubois in Histoire de la Révolution. . ., Op.cit, tome 4
page 142.
* 222"Le Comité de
Salut Public a pensé qu'avant de quitter le poste que tu occupes et de
rentrer à la Convention, tu pourrais, en visitant les
départements du Mont-Blanc et de l'Ain, y mettre en vigueur le
gouvernements révolutionnaire." Ibid.
* 223Fouché dit des
amis de Chalier, qu'ils sont de faux patriotes, leur paréférant
donc les "paracchutés" parisiens. B.Benoit-R.Saussac, Op.cit, page
36.
* 224Dorfeuille et Millet se
présentent comme des "commissaires nationaux nommés par
Fouché, Collot d'Herbois, Albitte et Laporte". (in "Le Père
Duchèsne la cadet" l'arrivé du père Duchèsne
à Bourg, cité par Ph.le Duc, Op.cit, tome 4, page 338.
* 225B.Benoit-R.Saussac, Ibid,
page 128.
*
226J.Balteau-M.Barroux-M.Prévost, Op.cit, page 574.
* 227Ph.Bourdin in Des
lieux, des mots, les révolutionnaires. Le Puy-de-Dôme
1789-1799. Clermont Ferrand 1995.
*
228J.Balteau-M.Barroux-M.Prévost, Op.cit, page 574.
* 229F.Braesch in Le
Père Duchèsne d'Hébert, réimpréssion
avec note, siège de la Société de l'Histoire de la
Révolution Française, librairie F.Rieder et Cie éditeur,
Paris 1922, page 85.
*
230J.balteau-M.Barroux-M.Prévost Ibid, page 575.
* 231G.Cabourdin-G.Viard,
Op.cit, page 307.
* 232Le Miracle de la Saint
Aumelette, imprimée à Bourg en 1790, puis
réimprimée à Bourg en l'an II, auquelle il rajoute des
passages sur les évènements survenus depuis.
* 233Passeprot de
Philippe-Antoine Dorfeuille, daté du 11 avril 1792 de Toulouse. A.D.R
1L208.
* 234C.Peyeard in Les
Jacobins de l'Ouest, thèse, Paris I, 1993, 4 volumes, volume 1 page
78.
* 235M.Taillefer, lettre du 29
mars 1996. Collection de l'auteur.
*
236J.Balteau-M.Barroux-M.Prévost, Op.cit, page 574.
* 237Témoignage
n°15, fructidor an II, cahier A . Liasse : "procès de
Blanc-Désisles et consors". A.D.A ancien L219.
* 238Passeport de Dorfeuille
du 11 arvil 1792, Op.cit.
* 239"Brevet d'aide de camp de
Dorfeuille" fait à Paris, le 14 janvier 1792, signé de Pache et
Garat. A.D.R 2L208.
* 240Grégoire-Marie
Jagot est né le 21 mai 1750 à Nantua. Durant la mission d'Albitte
dasn l'Ain et même après, Jagot demeure le seul soutien des
Sans-Culottes de Bourg à la Convention. il est l'un des artisan de la
chute de Robespierre. Mais son soutien envers les sans-culottes de l'Ain, lui
vaut en prairial an III, d'êter dénoncé par Gouly et
Merlino et décrèté d'arrestaion par Gouly le 14 prairial
an III avec Carnot. sans doute la rencontre de Jagot et Dorfeuille en
février 1793 a-t-elle certaines conséquences lors de la
présence d'Albitte dans l'Ain.
* 241Lettre de
Dubois-Crancé à Dorfeuille. A.D.R 2L208.
* 242C.Lucas, Op.cit, page
43.
* 243Ibid page 60.
* 244Ibid page 56.
* 245Ibid, page 56.
* 246Ibid page 64.
* 247M.Vovelle in La
Révolution contre l'Eglise, de la Raison à l'Etre
Suprême, Editions Complexe, Bruxelles 1988, page 24.
*
248J.Balteau-M.Barroux-M.Prévost, Op.cit, page 575.
* 249M.Glover in Collection
Compète des Jugements rendus par la Commission Révolutionnaire
établie à Lyon par les représentants du peuple en
1793-1794. Imprimerie du Salut Public, Bellon, Lyon 1869, page 10.
* 250Dr.Hoeffe Op.cit, page
604.
* 251Lettre citée par
M.Biard, Op.cit, page 140.
* 252B.Benoit-R.Saussac,
Op.cit, page 128.
* 253Cité par M.Biard,
Ibid, page 141.
* 254Cité par
L.Ténard in La Révolution Française dans la
région Rhône-Alpes, Librairie Académique Perrin, Paris
1992, page 433.
* 255Lettre du 30
pluviôse an II, de Merle à Blanc-Désisles. A.D.A
série L fonds non classé.
* 256C.Lucas, Op.cit, page
138.
* 257Collection de
l'auteur.
* 258D'après
M.Vovelle,( Op.cit page 36), Vauquoy dans les district de la Tour-du-Pin,
serait à la tête d'un "commando" d'hommes de l'armée
révolutionnaire. (page 210). Vauquoy est-il un de leur officiers ? ou un
commissaire civil accompagnant cette Armée Révolutionnaire
parisienne ?
* 259L.Trénard, Op.cit,
page 584.
* 260M.Vovelle, Ibid, page
224.
* 261"Extrait des minutes des
dénonciations du Comité Révolutionnaire et de Surveillance
du district de Bourg". Témoignage du citoyen Claude Chappui, cuisinier,
liasse Procès Blanc-Désisles et consors, A.D.A ancien
L219.
* 262Ibid.
* 263"Pont de Vaux,
arrêté de Convers et Vauquoy pour l'arrestation de huit
individus". Lettre manuscrite du 4 ventôse an II. A.D.A 2L49.
* 264Témoignage de
Claude Chappui, Ibid;
* 265M.Vovelle, Op.cit, page
225.
* 266Ils rédigent et
publient ensemble dans l'Ain, durant la mission d'Albitte, plusieurs brochures
patriotiques.
* 267C.Lucas, Op.cit, page
138.
* 268C.Lucas, Ibid page 138.
* 269Lettre manuscrite de
Millet et de Bonnerot sur la "conduite des membres de l'administration du
district de Trévoux pendant le fédéralisme". A.D.A
L269.
* 270Le 20 pluviôse, le
même Bonnerot se dit attaché à la Commission Temporaire.
Arrêté d'Albitte du 20 pluviôse an II, série L fonds
non classé.
* 271A.D.A série L
fonds non classé.
* 272Tableau Analithyque. .
., Op.cit, page 18.
* 273"Ci qui ne fait
plaisir nonplus aux citoyen cest quil saproprie le nom de san culote nom
enénérale qui apatien a tous les bon citoyens republiquins ils se
glorifies de ce nom (sic)". "Dénonciation contre Désisles,
Alban, Laymant, Gallien et autres scélérats (sic)". Lettre
anonyme d"un homme de 72 ans". A.D.A ancien L219.
* 274"Societe. . .compose
tous douvrier et dartisans (sic)" Ibid.
* 275Tableau analythique. .
., Op.cit, page12.
* 276Le prénom de
Blanc-Désisles est bien Pierre ,(voir le discours de
"P.B.Désisles, officier municipal à Bourg" du 22 août 1792.
Bibliothèque de la Société d'Emulation, A.D.A), et non
Jean comme l'affirme Duffay dans sa Galerie Civile de l'Ain,
Martin-Bottier, Bourg 1882; et plus récement M.Broccard dans son livre :
Bourg de A à Z, éditions de la Taillanderie, Attignat,
1986.
* 277Blanc-Désisles, en
l'an II, devient l'héritier de la maison de campagne d'un de ses oncles.
Témoignage de Benoit Reignier, 1er cahier de dénonciation. A.D.A
ancien L219.
* 278D'après le
frère de Blanc-Désisles, ce dernier, aurait été
accusé d'abus de confiance, tant et si bien que "si il ne se fut pas
sauvé. . .(il) aurait infaiblement été mis en
prison". Conversation rapportée par Convers, dans un
témoignage déposé aux minutes de la Municipalité de
Bourg, le quatrième sans-culottide an II. A.D.A ancine L219.
* 279Convers, dans sa
déclaration, accuse Blanc-Désisles d'être
pédéraste ( "il a dit très souvent, que sa plus forte
passion était pour les filles de 10 à 12 ans, et qu'il avait pour
les corrompre et les séduires un talent particulier."
Témoignage de Convers, Ibid). Cette accusation diffamatoires (aucun
autres témoignages des 5 cahiers de dénonciations ne font
état des moeurs particuliers de Blanc-Désisles) montre que
Blanc-Désisles aime les femmes. De même, il aime le vin, car il
est accusé en thermidor an II, d'avoir fait prendre 50 bouteilles chez
un suspect, pour arroser un repas.
* 280Témoignage de
Convers, Ibid.
* 281M.Biard, Op.cit, page
19.
* 282Op.cit, tome 3 page
92.
* 283Grammont, ami de Ronsin
et Vincent, comme nous l'avons vu page 11, est aussi celui, qui le jour de
l'éxecution de Marie-Antoinette, "caracole autour de la charette
donnant le signal des outrages." M. de la Rocheterie in le 13 ocotbre
1793, Brochure populaire sur la Révolution Française,
édité par la Librairie de la Société
Bibliographique, Paris 1876, page 32.
* 284Témoignage de
Convers, Ibid.
* 285"Réponse du
citoyen Favélas, employé à la commission des Relations
extérieures, aux inculpations contenues dans la dénonciations
faite contre Gouly par les meneurs de la société populaire de
Bourg". Cité par Ph.le Duc, Ibid, tome 3 page 418.
* 286Blanc-Désisles est
accusé après thermidor an II, de vendre dans sa boutique, de l'or
faux pour de l'or vrai. Comme il est accusé par Convers, d'agiotage, en
1791, sur les pièces d'or, qu'il échange contre des assignats.
* 287"je connais bien le
caractère lâche des Bressans" Lettre d'Alban à Pellet
du 24 brumaire an III. A.D.A ancien L219.
* 288C'est elle qui incarne,
lors des différentes fêtes décadaires à l'eglise
Notre-Dame de Bourg, les alléguories de la Liberté, la Raison ou
la Vertu. In Visages de l'Ain n° 58, novembre-décembre 1961,
page 16.
* 289Ph. le Duc, Op.cit, tome
3, page 98.
* 290"Désisles. .
.après avoir électrisé tous les cerveaux et exaltés
toutes les têtes" in Tableau analithyque. . . ", Op.cit page
9, page8
* 291Ph.le Duc, Op.cit, tome 3
page 257.
* 292Procès verbal de
reconnaissance et de levée de six cadavres arrivés de Bourg
à St Etienne-du-Bois, dressé par le juge de paix du canton de
Treffort le 30 germinal an III. A.D.A 2J23.
* 293Discours de P. B.
Désisles, officier municipal à Bourg, à ses concitoyens. 7
pages in 8°, sans nom d'imprimeur. A.D.A bibliothèque de la
Société d'Emulation de l'Ain.
* 294Séance de la
Société des Sans-culottes de Bourg, du treize messidor an II,
Op.cit.
* 295Ibid.
* 296Réponse du citoyen
Favélas, Op.cit, page 417.
* 297"Désisles dit
à Convers à Paris, sur la répugnance qu'avait ce dernier
à voir guillotiner, qu'il fallait qur tout républicains
s'accoutumme à voir, de sang froid, verser le sang des
aristocrates."Déclaration de Convers, Op.cit.
* 298Témoinage de
Benoit Régnier, 1er cahier de dénonciation. Op.cit.
* 299Témoignage de
Convers, Ibid
* 300"Leurs regards
farouches menacent tout ceux qui peuvent les pénétrer. . .ils
annoncent que les citoyens doivent trembler et qu'il se prépare contre
la commune une vengeance terrible dont ils seraient les
régulateurs" In Tableau analythique. . . , Op.cit, page
7.
* 301"Cependant, soit que
la boisson, du vin et des liqueurs, eût échauffés la
querelle. . .la dispute devint si violente enre Désisles et debost,
qu'ils prirent des couteaux et menacèrent de se poignarder."
Réponse du citoyen Favélas, Ibid.
"Désisles étant à diner avec son
frère, et après avoir échauffé son imagination de
quelques bouteilles de vin, dit qu'il ne pouvait se figurer qu'il fut son
frère, qu'il ne sentait rien pour lui" Témoignage de
Convers, Ibid.
* 302"Conduite du
Représentant Gouly dans les districts de Bourg et dans celui de Belley".
Op.cit, page 1.
* 303Lettre d'Alban à
Blanc-Désisles, du 2 août 1793, citée par E.Dubois in
Histoire de la Révolution. . ., Op.cit, tome 3 page 332.
* 304Témoignage de
Convers, Op.cit.
* 305Collection de
l'auteur.
* 306"Rollet est ub
père de famille qui peut espérer 80.000 livres de son
père. A coup sur, son interêt n'est pas la loi agraire"
Rapport fait au Comité de Salut Public par Baron-Chalier le 23
floréal an II. A.D.A ancien L219.
* 307Il est trésorier
de la société en novembre 1791. E.Dubois La
Société Populaire . . ., Op.cit, page 20.
* 308Alban, Chaigneau,
Reydellet et Duhamel signent aussi cette protestation. E.Dubois in Histoire
dela Révolution. . ., Ibid, tome 3 page 314.
* 309Tableau analithyque. .
., Op.cit, page 6.
* 310Ibid, page 7.
* 311Cité par E.Dubois
"La Société populaire des Amis de la Constitution de
Châtillon-sur-Chalaronne" in Bulletin de la Société
desNaturalistes et des Archéologues de l'Ain, imprimerie Victor
Berthod, Bourg 1932, page 183 à 218.
* 312"Tout est foutu,
language du père Duchèsne". E.Dubois La
société populaire des Amis de la Constitution de
Châtillon-sur-Chalaronne, Op.cit .
* 313Ibid.
* 314E.Dubois in Histoire
dela Révolution. . ., Op.cit, tome 4 page 51.
* 315"Mémoire
justificatif de Rollet-Marat à Albitte" du 1er pluviôse an II.
A.D.A 2L57.
* 316Ibid.
* 317"Meillonas,
dénonciation contre Duclos, Thévenin, Chaigneau et Rollet" du 27
thermidor an II. A.D.A 2L55.
* 318Ibid
* 319Ibid
* 320"Dénonciation de
la société populaire du canton de Ceyzériat contre
Rollet-Marat", du 6 vendémiaire an III. A.D.A ancien L219.
* 321D'après des
témoins, Rollet jeune, laisait expolser son mauvais caractère, au
détriment de son père, qu'il frappait. Témoignage du 5
fructidor an II, cahier A. A.D.A ancien L219.
* 322Quand il est à
Meillonas et qu'il fait rentrer les hussards dans l'Eglise, "les femmes,
les vieillards et les enfants faisiaent les hauts cris". "Meillonas,
dénonciation contre Duclos, Thévenin, Chaigneau et Rollet".
Ibid.
* 323"Mémoire de
Rollet, ex-agent national du district de Bourg, détenu par ordre du
représentant Boisset, à la Convention Nationale." De
pluviôse an II, sans nom d'imprimeur. 7 pages format in 4°. A.D.A
ancien L219.
* 324"Cahier des Sans-culottes
de Treffort" du 14 octobre 1793 au 20 pluviôse an III. Manuscrit de 191
pages de format in 4°.Collection privé M.Berger. Séance du
15 pluviôse an II page 61.
* 325"Mémoire
justificatif de Rollet-Marat à Albitte" Op.cit..
* 326"Mémoire
justificatif de Rollet-Marat à Albitte". Ibid.
* 327Ibid.
* 328Ibid.
* 329"Rollet ex agent national
du district de Bourg, détenu par ordre du représentant Boisset. .
.". Op.cit.
* 330Victime d'une chute de
cheval le 12 ventôse an II, qui le maintient au lit, il part pour Coligny
le 23 ventôse an II et écirt à Albitte : "je suis
toujours infirme mais mon infirmité ne m'empêche pas d'agir
révolutionnairement". Registre de correspondance du directoire
du district de Bourg-Régénéré. A.D.A 2L28.
* 331"Rollet ex agent national
du district de Bourg, détenu par ordre du représentant Boisset. .
.". Ibid.
* 332Lettre de Rollet-Marat
à Blanc-Désisles du 24 ventôse an II. A.D.A 2L57.
* 333Le Comité pour la
commémoration de la Révolution à Coligny in Coligny
sous la Révolution, imprimerie du Suran St Amour, édition du
Suran Coligny, 1992, page 106.
* 334Lettre de Rollet-Marat
à Blanc-Désisles, Ibid.
* 335"Rollet se
présente à l'assemblée avec deux pistolets"
"Dénonciation de la société populaire du canton de
Cézeyriat contre Rollet-Marat". Op.cit.
* 336"A.M Alban, maire de la
commune de Bourg, chef lieu du département de l'Ain, à ses
concitoyens". Mémoire justificatif imprimerie de l'Ami du peuple, 72 rue
Zacharie, quartier du Pont Michel à Paris, de 18 pages format in
4°. Brumaire an III. A.D.A ancien L219.
* 337Ibid.
* 338"quoique simple
ouvrier, j'ai toujours pensé que les hommes étaient nés
égaux". Ibid.
* 339Dénonciation
contre Désisles, Alban, Laymant, Gallien et autres
scélérats.Op.cit.
* 340"Alban l'ainé
et Duclos, se qualifiaient aussi du titre de Père Duchèsne le
cadet". Témoignage de Sébastien Convers, du 7 fructodor an
II. Cahier de dénonciation A, A.D.A ancien L219.
* 341Lors dela mise sous
scéllés des biens du citoyen Lateyssonnière, Alban et
Lajolais " me proposèrent de prendre un verre de vin; j'acceptai, je
trouvai le vin excellent, Vauquoy qui yétait le trouva aussi bon et dit
à Alban maire : ayez soin de mettre la clef du caveau en
réquisition; à quoi Alban répondit : ne t'embarasse pas."
Témoignage de Bernard Bichel, ébéniste, du 3
thermidor an III. Chaier de dénonciation 1. A.D.A ancien L219.
* 342Durant la présence
d'Albitte dans l'Ain, Alban propose à des femmes de détenus, de
monnayer la libérations de leurs époux, conttre des faveurs en
nature.
* 343"Distinguez toujours
l'affaire d'Alban dans tout temps cet homme nous a donné bien de
l'inquiétude par sa mauvaise conduite et ses éxtravagances".
Lettre de Juvanon "à ses frères et amis" de Bourg, de
messidor an II. A.D.A ancien L219.
* 344Séance du 13
méssidor an II. Op.cit.
* 345Lettre de
Blanc-Désisles à Rollet du 10 pluviôse an II. A.D.A
série L fonds non classé.
* 346Cité par Ph.le
Duc, Op.cit.Tome 6 page 15.
* 347Quand Rollet-Marat est
arrêté, le 17 nivôse an II, par ordre de Gouly, Rollet-Marat
demande pourquoi "le procureur Barn-Chalier est libre et Rollet-Marat
incarcéré". Mémoire justificatif de Rollet-Marat
à Albitte. Op.cit.
* 348"nous avons agit
ensemble, nous n'avons rien fait l'un sans l'autre, nous avons cherché
à détruire le fanatisme, préché les maximes de la
Raison et de la Vérité; pourquoi de la part de Gouly cette
préférence et cette générosité ? "
Ibid.
* 349R.Curtet in Cahiers du
Rhône numéro 14, page 15.
* 350in Images et
héritages de la Révolution Française dans l'Ain.
Colloque de Bourg-en-Bresse des 6 et 7 octobre 1989, imprimerie du Conseil
Général. page 225.
* 351"seul Rollet, Gallien
et Juvanon apportaient les décisions motivés et
arrêtés et les présentaient à sugner, se
répandaient en propos durs et violents lorsque les autres
administrateurs refusaient de signer". Témoignage de
François Chérel, président du directoire du district de
Bourg. Cahier de témoignage A. A.D.A ancien L219.
* 352Tableau analithyque. .
.Op.cit. Page 11.
* 353Sa famille est
rattachée à celle de Gauthier-des-Orcières.
* 354F.Furet in "la Terreur",
Dictionnaire critique de la Révolution Française
évènements, sous la direction de F.Furet et M.Ozouf Paris
Flammarion 1992 page 293.
* 355Comme Fouché,
Collot d'Herbois ou Laplanche.
* 356M.Ozouf in
"Déchristianisation" Dictionnaire critique de la Révolution
Française. Ibid. page 92-93.
* 357D.Varaschin in Cahiers
du Rhône n°9, 1991, page 3 à 10.
* 358"Commissaires
nationaux nommés par Fouché, Collot d'Herbois, Albitte et
Laporte" in le Père Duchèsne le cadet,
l'arrivé du père Duchèsne à Bourg, brochure in
8°de 8 pages sans nom d'imprimeur sans date.
* 359L.Meunier in Albitte,
conventionnel en mission les Annales Historiques de la Révolution
Française, 1986 page 238.
*
360"célébration de la seconde décade de
pluviôse à Bourg-Régénéré, chef lieu
du départment de l'Ain". 4 pages de format in 4°, de l'imprimerie
Philippon et compagnie à Bourg du 20 pluviôse an II. A.D.A
2J40.
* 361C.Lucas Op.cit page
183.
* 362Tout les
représentants issu de la Convention, sont membres du club des Jacobins
de Paris, et tous ( à l'exeption de Gouly, par exemple), ont
votés la mort de Louis XVI.
* 363Décret de la
Convention National du 9 mars 1793, "portant nomination des commissaires
chargés d'accélerer le recrutement dans les départements".
4 pages format in 4°, imprimerie national d'Hoener à Epinal.
Collection de l'auteur.
* 364 C.Lucas, Ibid page
185.
* 365"éxtrait des
registres du Comité de Salut Public de la Convention national du 9
ième jour de nivôse l'an deuxième de la République
française une et indivisible". A.D.A série L fonds non
classé.
* 366"Décret de la
Convention National du 7 septembre 1793 "relatif aux arrêtés des
représentants du peuple près les armées et les
départements". 4 pages format in 4°, imprimerie national d'Hoener
à Epinal. Collection de l'auteur.
* 367C.Lucas, Ibid page
184.
* 368Décret de la
Convention Nationale du 5 jour du 2 mois de l'aun second de la
République "relatif à l'intitulé des arrêtés
et actes des autorités constituées". 2 pages in 4°. De
l'imprimerie Bouchard à Chaumont. Collection de l'auteur..
* 369Dans son décret du
9 nivôse, le Comité de Salut Public agit "en
éxécution de l'article 1er section 4ième du décret
du 14 frimaire an II, qui autorise le Comité de Salut Public à
prendre toutes les mesures nécessaire pour procéder au changement
des autorités constitués". Extrait des registres du
Comité de salut Public, Op.cit.
* 370F.Furet "Gouvernement
Révolutionnaire" in Dictionnaire critique de la Révolution
Française. Institutions et créations. Editions Flammarion,
collection champs, 1992. Page 240.
* 371"il fallait
exécuter sous Albitte, ce qui avait échoué sous
Javogues". Tableau Analithyque . . . Op.cit, page 22
* 372Mémoire de
Reydellet pour que Blanc-Désisles, Rollet et Convers ses amis soient mis
en liberté. 1er pluviôse an II. A.D.A 2L56
* 373Témoignage du
citoyen Favélas, secrétaire de Gouly. Cahier numéro 1 page
75.
* 374Baron-Chalier voit
Albitte comme l'impuslion qui manquait "au char
révolutionnaire". A.D.A 1L98
* 375Adresse de la
Société des Sans-Culottes de Bourg à le Convention
nationale, du 4 ventôse an II, citée par E.Dubois in la
Société populaire. . ., Op.cit, page 53.
* 376"je désire
bien te voir le plutôt possible, il me tarde de jouir de ce plaisir"
Lettre de Rollet-Marat à Albitte du 15 germinal an II. A.D.A 2L49.
"Je ne te rappelle pas le besoin indispensable de ta
présence auprès de nous; tu es Républicain, tu connais
l'esprit de noter cité et les patriotes te réclament avec
instance, au nom de l'amitié dont tu nous a donné des
preuves." Lettre de Gallien à Albitte du 24 germinal an II. A.D.A
2L28.
* 377Le 18 ventôse an
II, Albitte dans une lettre à Blanc-Désisles, lui annonce qu'il
peut "compter sur l'ami des vrais patriotes". Lettre d'Albitte
à Blanc-Désisles, A.D.A série L fonds non
classé.
* 378Lettre de
Blanc-Désisles à Albitte, du 26 germinal an II. A.D.A 2L56.
* 379Dans ses correspondances
avec Albitte, Rollet-Marat lui donne le bonjour de sa femme, comme il demande
au représentant, dans certaines de ces lettres, d'embrasser pour lui
Dorfeuille, Millet et Darasse.
* 380"les
représentants sont les pères du peuple". Dénonciation
contre Désisles, Alban, Laymant, Gallien et autres
scélérats. Op.cit.
* 381Lettre anonyme du 11
germinal an II, Op.cit.
* 382Lettre du 8 avril 1794,
du citoyen Michelli de genève. A.D.A L278.
* 383Lettre de Ruffin fils de
Pont-de-Vaux à Albitte, du 17 germinal an II. A.D.A série L fonds
non classé.
* 384Témoignage page 25
du cahier de témoignage A. Op.cit.
* 385Mémoire
justificatif de Rollet-Marat du 1er pluviôse an II. Op.cit.
* 386E.Dubois, Ibid page
351.
* 387Proclamation du 6
frimaire an II cité par Ph.le Duc, Op.cit, tome 4 page 132.
* 388Mémoire
justificatif de Rollet-Marat à Albitte du 1er pluviôse an II.
Op.cit.
* 389E.Dubois Op.cit, tome 4
page 117.
* 390Le 8 pluviôse an
II, le curé de Grand Corent est suspecté de faire la messe. A.D.A
2L26
* 391Cahier de
dénonciation n°1, Op.cit, page 77
* 392Cahier des Sans-Culottes
de Treffort. Op.cit.
* 393Registre de la
Société populaire de Montleul, cité par Ph le Duc, Op.cit,
tome 4 page 324.
* 394Registre de
délibérations du directoires du départemnts de l'Ain,
scéance du 23 nivose an II, A.D.A L87
* 395Ibid.
* 396compte rendu de l'agent
national de district de Belley du 22 nivôse an II. A.D.A 1L98.
* 397Requête du Conseil
général de Polliat au représentant Albitte. A.D.A fonds
non classé;
* 398compte rendu de l'agent
national du district de Belley, Ibid.
* 399"j'ai vu Rollet et
Juvanon. . .maltraiter sans cesse, soit par des menacs, soit par des propos
injurieux, ironiques et railleurs, les habitants des campagnes qui venaient
leur demander des instructions". Témoignages de
François-Marie Charron, comis en chef des contributions du district de
Bourg. Cahier de dénonciation 1, Op.cit.
* 400Meillonnas,
dénonciation contre Duclos, Thevenin, Chaigneau et Rollet. Op.cit.
* 401Registre du comité
révolutionnaire de la société des sans-culottes de Bourg,
levé contre le fédéralisme de la cité et du
département. A.D.A série L, fonds non classé.
* 402Lettre du comité
de surveillance de Bourg à celui de Coligny, du 16 nivôse an II.
Registre du comité de surveillance de la commune de
Bourg-Régénéré. A.D.A série L fonds non
classé.
* 403E.Dubois in Histoire
de la Révolution. . .. Op.cit, tome 4 page 45.
* 404Registre du comité
de surveillance révolutionnaire de Bourg, cité par E.Dubois in
Histoire de la Révolution . . . , Op.cit, tome 4 page 51.
* 405Scéance du 11 jour
du 2ième mois de la République. Registre du Comité
Révolutionnaire de Bourg. A.D.A série L fonds non
classé.
* 406Cette
incompréhension des campagnes, est constante durant toute la
période de la Terreur. En effet, le 23 ventose an II, Rollet-Marat, se
plaint à Albitte, que les administrations du district de Montrevel on
contestés ses ordres concernant l'éxecution des
arrêtés d'Albitte. Registre de correspondance du directoire du
district de Bourg-Régénéré, A.D.A 2L28
* 407"Frères et
amis. Nous ne le cèderons jamais en patriotisme à qui que ce
soit. . .nous n'avons jamais oubliés les patriotes opprimés et
nous n'aspirons qu'au moment de les voir rentrer dans notre sein et de les
serrer dans nos bras". Lettre des sans-culottes belleysiens à ceux
de Bourg du 13 pluviôse an II. A.D.A série L fonds non
classé.
* 408Lettre de la
société populaire de Belley à un sans culotte de Bourg.
A.D.A série L fonds non classé.
* 409"Désignation des
membres des autorités constituéesde Bourg". A.D.A série L
fonds non classé.
* 410Dans son
arrêté du 6 pluviôse an II, réorganisant
l'administration du département de l'Ain, Albitte reconnait "avoir
pris les renseignements les plus scrupuleux et les plus précis, et
consulté l'opinion de la société populaire de
Bourg-Régénéré". Registre du directoire du
département de l'Ain. A.D.A L45.
* 411E.Dubois in Histoire
de la Révolution. . ., Op.cit, tome 4 page 41
* 412Discours de Rollet-Marat
à la société populaire de Châtillon-sur-Chalaronne,
du 23 octobre 1793, cité par E.Dubois in "La Société
populaire des Amis de la Constitution de Châtillon-sur-Calaronne,
Op.cit.
* 413Lettre de la
société des Sans-Culottes de Bourg à la
société des Sans-Culottes de Treffort, du 24 brumaier an II,
signée Convers président et Anselme secrétaire. Collection
privée M.Berger.
* 414"Désisles
prétendait que les sociétés populaires ne devaient
être composées que d'un petit nombre d'individus, qui tous de
vaient être révolutionnaires". Témoignage de Convers,
Op.cit.
* 415Le chiffre de 900 membres
avancé par L.Trénard semble énorme. La
société populaire de Bourg au 11 prairial an II, ne compte tout
au lus que 136 memebres. Malgré l'épuration conseillée par
Albitte, au début de pluviôse an II, il est fort improbable que la
société ait comptée autant d'adhérent. Le chiffre
qui serait le plus admissible est d'environs 300 sociétaires et
spéctateurs "assidus" des tribunes. Debost, détenu à Lyon
à partir du 30 nivose an II, donne comme nombre de membre 163 personnes
divisées en quatre classes :
"Dans la première, les chefs terroristes de Bourg,
correspondant avec les Jacobins de paris, au nombre de 21
dans la deuxième, les patriotes se prêtant
volontiers aux mesures de rigueur, au nombre de 15
dans la troisième, les gens instruits et peureux,
servants par faiblesse le parti dominant, au nombre de 32
dans la quatrième, les gens de la classe
ouvrièere et besogneuse, devenus par intérêts les ageens et
les aboyeurs des chefs, au nmbre de 95" Debost, cité par Ph. le
Duc, Op.cit, tome 5 page 57.
* 416Décalaration de
Convers, Op.cit.
* 417Voir J.Croyet : Les
comités de surveillance dans l'Ain, 1793-an III.
* 418C.Lucas, Op.cit, page
163.
* 419J.Tulard-J.F
Fayard-A.Fierro in Histoire et dictionnaire de la Révulotion
Française.Editons Robert Laffnt, Paris 1987, paage 510.
* 420"il (Albitte)
me charge de plus, de te faire passer un extrait dudit arrêté
pour chacun des agents nationaux des différents districts du dé
partement de l'Ain, auxquels tu voudras bien le leur faire parvenir sans
retard". Lettre du 11 pluviôse an II, de Darasse à
Rollet-Marat. A.D.A série L fonds non classé.
* 421Discours pronocé
par Javogues, représentant dud peuple, dans la séance de la
Société des Sans-Culottes républicains de Bourg, du 21
frimaire an II. Op.cit.
* 422Ibid.
* 423A. Soboul, nous
décrit la sans-culotterie parisienne comme hostile aux "honnêtes
gens" (le terme apparit le 2 juin 1793), c'est à dire ceux qui
possède la richesse, l'instruction, la culture et l'aisance. Les
sans-culottes parisiens en l'an II, ibid, page 26-27.
* 424C.Lucas, Op.cit, page
64.
* 425Mémoire
justificatif de Rollet-Marat à Albitte, du 1er pluviôse an II,
Op.cit.
* 426Principes
Républicains et Révolutionnaires pour les vrais
sans-culottes.
1er : Nécessité d'éxécuter les
lois avec vigueur et justice
2° : Punir les méchants dans toutes les places
où ils puvent se trouver
3° : nécessité de se surveiller les une
les autres
4° : La dénonciation est une vertu chez un
Républicain; mais elle n'est vertu qu'autant qu'elle est motivée,
signée par le dénonciateur, ou faite par devant des
témoins
5° : Un dénonciateur Républicain doit
s'exposer à la peine du talion
6° : Le vrai patriotisme est fondé sur les
moeurs, sur la probité et l'humanité
7° : Défiez-vous d'un patriote qui parle d'une
façon et qui agit d'une autre
8° : La partialité et toute espèce de
considération doivent se taire chez un dénonciateur
9° : Un individu n'est rien devant la chose
publique
10° : Le Législateur, l'Adminnistrateuret tous
fonctionnaires publics doivent être impassibles comme la Loi
11° : Le républicain doit combattre à
outrance l'égoïsme des riches, les sophismes et la rapine des
avocats et des procureurs
12° : Les ci-devants tribunaux judiciaires
n'étaient qu'un ramas de gens qui vivaient de la sueur de tous,
principalement de celle du laboureur
13° : Les tribunaux de paix, de conciliation et les
Arbitres sont les soutien des fortunes, l'appui des malheureux et le bourreau
des chicaneurs
14° : La noblesse n'était qu'un fantôme;
sa déstruction était nécessaire, parcequ'il faisait peur
à tous le monde
15° : Son orgueil et son avarice, et même sa
prodigalité ne faisaient que des malheureux et des
fainéants
16° : Le clergé était une hydre à
cent têtes, qui terrassait ses peuples au dedans et au dehors
17° : Il enlevait nos richesses et nous ötait nos
forces, en accaparant tous nos biens
18° : Il abrutissait notre âme en l'enchainant
par des mystères grotesques, des momeris et des cérémonies
inutiles, et par des terreurs paniques qui ne faisaient peur qu'aux
imbéciles et aux enfants
19° : La liberté des cultes est
néessaire pour contenter tous les gouts; mais celui qui en suit un autre
que celui de la Raison est digne de pitié
20° : La croyance d'un Dieu seul est prouvée
par la nature entière. Un scélérat seul peut en
douter
21° : L'homme libre et vraiment patriote n'a pas
besoin d'intermédiaire pour offrir ses prières à l'Etre
suprême
22° : Pour être libre, il ne faut ni rois, ni
prêtres
23° : Les mystères et les miracles sont des
momeries de toutes les religions
24° : Les prêtres, dans tous les pays et dans
tous les temps, en ont toujours fait le plus ferme soutien de leurs bourses et
de leur domination
25° : L'ignorance des peuples les a fait adopter;
l'instruction et la vérité doivent les renverser
26° : La supersittion et l'ignorance ont tenu tous les
peuples dans la servitude
27° : La liberté doit se distinguer de la
licence
28° : Dans un état libre, les Lis doivent
être sévères et éxécutées
sévèrement
29° : Les voleurs et les gens à mauvais propos
doivent être punis
30° : Les vertus sociales sont le soutien de la
Liberté et les ennemis de l'Anarchie
31° : L'agriculture conserve l'innocence et la
fraternité, et le trop grand commerce détruit l'un et
l'autre
32° : Un peuple de marchands tombera tôt ou tard
dans la servitude
33° : Dans un état libre, le riche ne doit pas
l'être assez pour acheter le pauvre, et le pauvre ne doit pas
l'être assez pour se vendre
34° : La mendicité doit etre abolie; et pour le
faire, ilf faut obliger le riche de payer, et le pauvre de travailler
MESURES REVOLUTIONNAIRES
35° : L'aurore d'un beau jour est celui de la
Liberté; il sera pur dès que l'aristocratie sera mise à la
raison
36° : Que les patriotes soient fermes, qu'ils ne
tremblent pas, qu'ils ne se laissent pas séduire, et alors seulement les
aristocrates rentreront dans la poussière, et se trouveront heureux
d'épouser une Constitution basée sur la Liberté et
l'Egalité
37° : Dans les mouvements révolutionnairs,
nécessité par l'opiniatreté des malveillants, la rigeur et
le vigeur doivent marcher avc la justice
38° : Si vous trouvez un homme pusilllanime, laissez
le chez lui
39° : Si vous trouvez un homme injuste, punissez
le
40° : Les mesures révolutionnaires doivent
s'éxercer rapidement; si elles étaient de longues durées,
les passions réagiraient avec une telles violence, qu'un volcan
éclaterait et pourrait embraser la République
entière
41° : Pressons nous donc autour de la Constitution,
écrasons tous les aristocrates en très peu de temps
42° : Administrateurs, mrchez d'un pas égal et
rapide dazns le sentier d'ungouvernement révolutionnaure
43° : Recevez les plaintes de tous, mais avec
fermeté
44° : Administrés, respectez les
autorités constituées; elles sont les seul appui de votre
liberté
45° : Pères, mèes enseignez à vos
enfants les vertus républicaines; faites leurs connaitre leur devoir, en
les éclairant sur leurs droits
46° : Enfants, que votre principale vertu soit l'amour
de la petrie, de vos pères et mères et ddes vieilards
47° : Riches, ne vous faites pass tirer l'oreille pour
dénouer vos bourses, lorsque l'état est en danger et que le
pauvre souffre
48° : Peuple, ne croit ps au patriotisme de tes
prêtres constitutionnels; il peut y en envoire de bons ; mais la
très grande majorité n'avait en vue que son intér^$et
particulier, et la pluspart correspondait avec les
émigrés
49° : Peuple, bénis la loi du maximum; elle
fait rendre gorge aux agioteurs, et tue les accapareurs
50° : Peuple, souvient toi que la sureté des
personnes et des pripriétés sera toujours la base dela
liberté
Imprimé de 4 pages format in 8°. Imprimerie J.B
Kindelem à Belley, le 1er nivôse an II. Bibliothèque de la
société d'Emilation de l'Ain, A.D.A
* 427Principe
républicains et révolutionnaire pour les vrais sans-culottes, de
Rollet-Marat, Op.cit.
* 428Avis aux ouvriers et
braves gens de la campagne, discours pronocé par Baron-Chalier à
la société des Sans-Culottes de
Belley-Régénéré, cité par Ph.le Duc, Op.cit,
tome 5 page 21.
* 429Ibid.
* 430A.D.A ancien L219
* 431Principes
républicains et révolutionnaire pour les vrais sansculottes,
Ibid
* 432A.Soboul in Les
Sans-Culkottes parisiens en l'an IIéditions de Seuil, Paris 1968
page 23 et 24.
* 433Ph;le Duc,tome 5 page
31
* 434Dénonciation
contre Désisles, Alban, Layamant, Gallien et autres
scélérats. Op.cit.
* 435"Profession de foi de la
société des sans-culottes de
Bourg-régénéré". Discours de Thévenin fils
le 28 nivôse an II. Imprimé chez Philipon et compagnie à
Bourg. 6 pages format in 8°. Bibliothèque de la
Société d'Emulation A.D.A.
* 436Mémoire
justificatif de Rollet-Marat à Albitte du 1er pluviôse an II.
Op.cit.
* 437"L'aristocratie
constitue à ce point l'ennemi essentiel des sans-culottes qu'ils en
arrivèrent à englober sous cce terme tous leurs
adversaires". A.Souboul, Ibid, page 25
* 438discours de Rollet-Marat
à la société de chatillon-sur-chalaronne. Op.cit, page
203.
* 439Témoignage de
Sébastien Convers, caffetier, Cahier de témoignage A, Op.cit.
* 440Adresse de la
Société des Sans Culottes de Bourg à la Convention, du 4
ventose an II, Op.cit.
* 441"Alban maire
(disait) qu'il ne fallait pas s'embarrasser du traitre Gouly, en disant,
ce traitre voulait nous dissoudre, mais il n'en a pas le droi, ni même la
Convention, nous sommes le peuple souverain, et c'est nous qui pouvon la
dissoudre". Témoignage de Claude-Marie Gayet. Cahier de
témoignage 1, Op.cit. Ces propos d'Alban sont soutenus par plusieurs
témoignages.
* 442Déclaration de
Convers, op.cit.
* 443En pluviôse an II,
Alban se rend avec Vauquoy à la société populaire de
Pont-de-Veyle, armé de deux pistolets, pour dénoncer Gouly.
* 444Le 21 Pluviôse an
II, Albitte écrit au Comité de Salut Public sa déception
d'apprendre que Gouly est membre du Comité de Marine. « Je
n'ai que trois mots à vous dire sur Gouly. Il a vécu et a fait sa
fortune aux Indes, il a fait sourire ici tous les aristocrates et
constérnés les patriotes. » A.Aulard, receuil des
actes du Comité de Salut Public, tome 11, page 29. Deux lettres
désavouant Gouly et son action dans l'Ain sont adressés par le
Comité de Salut Public à Albitte, une le 26 Pluviôse an II
et une seconde le 27 Pluviôse an II.
* 445Témoignage page 22
du cahier de témoignage A. Op.cit.
* 446Copie de la lettre de
Merle aux citoyennes Désisles. Du 30 pluviôse an II. A.D.A
série L fonds non classé
* 447Témoignage de
Sébastein Convers. Cahier de témoignage A, Op.cit.
* 448Témoignage de
Joseph Bayet, cahier de témoignage A, Ibid.
* 449Témoignage page 23
du cahier de témoignage A. Ibid.
* 450"C'est avec douleur
que nous apprenons que plusieurs paroisses de votre commune, travaillées
par des prêtres fanatiques et incendiaires, mettent tout en mouvement
pour exiter, parmis nous, le trouble et la discorde et amener la guerre civile,
l'espoir des tyrans"Lettre du comité de surveillance de Bourg
à celui de Coligny, du 16 nivôse an II. Registre du comité
de surveillance de la commune de Bourg. A.D.A série L fonds non
classé.
* 451Proclamation des
administrateurs du district de Mont-Ferme du 6 frimare an II. Op.cit.
* 452Ibid.
* 453Avis aux ouvriers et
braves gens de la campagne, de Baron-Chalier, Op.cit.
* 454Célébration
de la seconde décade de pluviôse à
Bourg-Régénéré, chef lieu du départemnt de
l'Ain. Imrimerie Philipon et compagnie à Bourg, du 20 pluviôse an
II. A.D.A 2J40.
* 455Principes
républicains. . .Op.cit, article 18.
* 456"La croyance d'un
Dieu seul est prouvé par la nature entière. Un
scélérat seul peut en douter."Principes Républicains.
. .Ibid, article 30
* 457Ibid, atricle 25
* 458Principes
républicains. . .Op.cit, article 14
* 459Avis aux ouvriers et
braves gens de la campagne de Baron-Chalier. . .
* 460Discours de
Blanc-Désisles du 5 germinal an II, Op.cit.
* 461Discours du citoyen
Blanc-Désisles à la société populaire de
Bourg-Régénéré, du 5 germinal an II.
Impriméà Arles, chez Gaspard Mesnier fils, an II. 9 pages format
in 8°.
* 462"L'oeil vigilant du
sans-culotte les suit partout; partout ils seront découvert, partout
leur complot avorteront". Profession de foi de la société
des sans-culottes de Bourg. Op.cit.
* 463"L'aurore d'un beau
jour est celui de la Liberté : il sera pur dès que
l'aristocratie sera mise à la raison". Principes
républicains. . .Op.cit, arcticle 35. "si j'avais un conseil
à donner aux aristocrates, et sur-tout aux modérés, ce
serait de ne plus penser à aucn retour en arrière dans cette
révolution et de devenir bons maratistes; autement je leur prédis
qu'ils seront pris dans la souricière des sans-culottes et jusqu'aux
derniers." Discours de Blanc-Désisles du 5 germinal an II.
Op.cit.
* 464Profession de foi. .
.Op.cit.
* 465"enfin le glaive de
la loi tombera sur vos têtes conspiratrices et purgera de tous les crimes
le sol de la liberté". Profession de foi. . .Op.cit.
* 466Déjà, lors
de la mise en place de la Commission Populaire par Javogues en frimaire an II,
certains Sans-cuottes avaient refusée des places au sein de cette
derbière : "Convert étant absent fut désigné
pour accusateur public, mais Javogues ne voulut pas, . . Chaigneau refusa
d'accepter la place d'accusateur public en disant que le sang répugnait
à son coeur". Cahier de dénonciation Op.cit, page 5. De
même Convert, comme nous le verrone dans la troisième partie,
n'est pas un partiasan de la guillotinne.
* 467"Désisles a
dit souvent à Convers que les détenus mettaient un grand obstacle
à la marche révolutionnaire, qu'il s'était proposé
que tant qu'ils en extisteraient, ils intriguerauent et chercheraient à
perdre la République, qu'il faudrait que la Convention adopta une meusre
générale pour s'en débarasser". Déclaration de
Convers, Op.cit.
* 468Lettre de Rollet-Marat
à Albitte du 15 germinal an II, Op.cit.
* 469Lors d'une fête
civique donnée en l'honneur de la réception pa la
société populaire de Bourg, des bustes de Marat et de lepeletier,
le 20 brumaire an II, une statue représentant le
fédéralisme est "précipitée dans les flammes
empestées qui s'éxalaient de vieux terriers et du restes impurs
des vestiges de la féodalité". Récit de la fête
civique donnée en l'honneur de Marat du 20 brumaire an II. Imprimerie
Philipon et compagnie à Bourg. 11 pages, format in 8° à
Bourg. Bibliothèque de la société d'Emulation de l'Ain.
A.D.A
* 470Avis aux ouvriers et
braves gens de la campagne de Baron-Chalier. Op.cit.
* 471"Maret-Ychard
(qui était venu aposer les scéllés chez la citoyenne
Perret-Chareziat). . .dit qu'il avait bu du bon vin de Bourgogne et pris du
sucre qu'il avait apporté à la municipalité. . . .Un autre
jour le même ychard étant venu chez la déclarante lui dit
en se frottant le ventre d'un air de contentement qu'il venait de poser les
scéllés chez le citoyen Badon où il avait bu d'excellente
liqueurs". Témoignage de Pierrette George, cahier de
dénonciation 1, Op.cit.
* 472Blanc-Désisles,
cité par E.Dubois in histoire de la Révolution. . .,
Op.cit, tome 4 page 42.
* 473Principes
républicains. . .Op.cit, article 40.
* 474"La liberté
doit se distinguer de la licence". Principes républicains. .
.Op.cit, article 27.
* 475"qu'ils sachent que
lkes sans-culottes, en entrant dans la carrière de la révolution,
on déjà fait le sacrifice de leurs vie". Profession de foi .
. .Op.cit.
* 476Déclaration de
Convers. Op.cit.
* 477lettre de Rollet-Marat
à Albitte, du 15 germinal an II. A.D.A 2L49
* 478Registre de
correspondance de l'agent national du district de Belley. .A.D.A 1L98
* 479Cité par
L.Trénard in la Révolution française dans la
région Rhône-Alpes, éditions Perrin, 12 avenue d'Italie
Paris 1992, page 433
* 480Tableau analithyque. .
. Op.cit, page 25.
* 481Déclaration de
Convers, Op.cit.
* 482Témoignage de
Marguerite Aimard, cahier de témoignage A, Op.cit.
* 483lettre d'Albitte à
ses collègues de Commune-Affranchie du 11 pluviôse an II. A.D.R
1L208.
* 484Lettre d'Albitte à
ses collègues de Commune-Affarnchie du 11 pluviôse an II. A.D.R
1L208.
* 485Ibid
* 486Arrêtés des
3, 5, 24 pluviôse an II et des 3 et 5 ventôse an II. cette
confiance qu'accorde Albitte aux sociétés populaires, est
constante durant le premeier mois de sa mission.
* 487Le 5 pluviôse an
II, dans son arrêté de réorganisation du district, Albitte
motive sa décision "après avoir pris les renseignements les
plus scrupuleux et les plus précis et consulté l'opinion de la
société populaire de
Bourg-Régénéré." A.D.A série L fonds
non classé.
* 488 »j'atteste
que Vauquoy m'a toujours paru un bon et loyal patriote » Lettre
d'Albite au Comité de Salut Public, A.Aulard Receuil des Actes du
Comité de Salut Poublic tome 12 page 657. Voir aussi A.Aulard,
Ibid, tome 12 page 774.
* 489Arrêté du 5
pluviôse an II. A.D.A série L fonds non classé.
* 490Registre du directoire du
départemnt de l'Ain. A.D.A L88.
* 491Lettre citée par
J.Gaudechot in les institutions de la France sous l'empire et la
Révolution, Presse Universitaire de France, Vendôme 1985, page
293-294.
* 492Arrêyté du 3
pluviôse an II. A.D.A série L fonds non classé.
* 493lettre citée par
E.Dubois in Histoire de la Révolution. . .Op.cit, tome 4
pâge 150
* 494arrêté du 3
pluviôse an II. A.D.A série L fonds non classé.
* 495Lettre d'Albitte au
Comité de salut Public du 11 pluviôse an II, Ibid
* 496Le 16 pluviôse an
II, Javogues écrit à Collot d'Herbois et lui demande
"Pourquoi faut-il que le Comité de Salut Public envoie
l'infâme Gouly pour établir la guerre civile, dans un
département que j'avais mis au pas?. . .Le Comité n'est-il pas en
pleine contrerévolution lorqu'il envoie le traitre Gouly pour casser
tout ce que j'ai fait, pour incarcérer tous les patriotes et pour faire
triompher l'aristocratie". Lettre cité par E.Dubois in Histoire
de la Révolution. . ., Op.cit, tome 4 page 139.
* 497Arrêté du
1er pluviôse an II. A.D.A série L fonds non classé.
* 498Arrêté du 2
pluviôse an II. A.D.A série L fonds non classé.
* 499Lettre de reydellet pour
que Désisles, Rollet et Convers , ses amis, soient mis en
liberté. A.D.A 2L56.
* 500" Cette
incarcération a frappée de terreur les patriotes et relevé
l'éspérance de l'aristocratie et du
modérantisme".(Arrêté du 3 pluviôse an II, A.D.A
série L fonds nn clazssé) "Leur incarcération fatigue
les patriotes et relève trop la joie et l'éspérance des
malveillants". Lettre de Reydellet, Ibid.
* 501Arrêté du 10
pluviôse an II. A.D.A série L fonds non classé.
* 502Ibid
* 503Arrêté du 13
pluviôse an II.A.D.A série L fonds non classé.
* 504"l se trouve des
individus aux quels on ne peut attribuer que des fautes et des erreurs qui
n'ont pas eu de suite malfisantes, que plusieurs cultivateurs et vignerons
n'ont été coupables qu'un moment que par une
crédulité". Arrêté d'Albitte du 20
pluviôse an II. A.D.A série L fonds non classé.
* 505Lettre d'Albitte à
Rollet-Marat, du 18 ventose an II. A.D.A série L fonds non
classé
* 506Principes
révolutionnaires. . .Op.cit, article 36
* 507Arrêté du 8
pluviôse an II. registre du directoire du département de l'Ain,
A.D.A L45
* 508Arrêté du 8
pluviôse an II. Registre du directoire du département de l'Ain.
A.D.A L45.
* 509"considérant
leurs constants efforts pour arrêter l'élan sublime du peuple vers
la liberté pour perpétuer ses maux et l'ignorance profonde dans
laquelle il avait su le replonger" Ibid.
* 510Arrêté du 10
pluviôse an II. A.D.A série L fonds non classé.
* 511cité par E.Dubois
in Histoire de la Révolution.. . ., Op.cit, tome 4 page 348.
* 512Arrêté du 8
pluviôse an II, Ibid.
* 513"La croyance d'un
Dieu seul est prouvée par la nature entière. Un
scélérat seul peut en douter". Rollet-Marat Principes
Républicains. . .. Op.cit.
* 514Arrêté du 7
pluviôse an II. Registre des représentzants en mission. A.D.A
L98.
* 515Ibid
* 516Arrêté du 8
pluviôse an II. Registre des représentant en mision A.D.A L98.
* 517Arrêté du 19
pluviôse an II. Registre des représentnts en mission, A.D.A L
98.
* 518Ibid
* 519Arrêté du 23
ventose an II. A.D.A registre des représentants en mission.A.D.A L98.
* 520Ibid
* 521Ibid
* 522"l'infame usage
qu'ils en font (de leur richesse) pour détruire la
liberté et anéantir l'égalité qu'ils ont en
horreur". Arrêté du 19 pluviôse an II.
* 523Ibid
* 524Arrêté du 15
pluviôse an II, cité par E.Dubois in Histoire de la
révulotuion . . ., Op.cit, tome 4 page 257.
* 525Arrêté du 15
pluviôse an II, cité par E.Dubois in Histoire de la
Révolution. . ., Op.cit, tome 4 page 257.
* 526Ibid.
* 527Arrêté
d'Albitte du 19 pluviôse an II, registe des représentants en
mission, op.cit.
* 528A.D.R 1L208.
* 529A.D.R 1L208
* 530Lettre d'Albitte à
ses collègues de Commune-Affranchie, du 11 pluviôse an II. A.D.R
1L208
* 531"Il est important que
la force du gouvernement révolutionnaire soit également sentie de
tous les points de la République. Elle doit avoir une activité
plus énergique sur ceux qui ont été boulversé par
les factions royalistes ou fédéralistes". Lettre du
comité de Salut Public du 10 pluviôse an II, citée par
E.Dubois in Histoire de la Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome 4
page 159.
* 532Lettre d'Albitte aux
représentants à Commune-Affarnchie, du 22 pluviôse an II.
Cité par E.Dubois in Histoire de la Révolkution dans l'Ain
op.cit, tome 4 page 264.
* 533Thomas Riboud est en 1789
avocat au parlement de Dijon et est le subdélégué de
l'intendant de Bourgogne dans la Bresse. Il est sous l'Empire magistrat et
président de la cour à Lyon.
Jean Athelme Brillat-Savarin est avocat à Dijon en 1776 et
exerce au baillage du Bugey les fonctions de lieutenant général
civil. Sous l'Empire, il est membre de la Cour de cassation.
* 534Le terme de
Bourg-Régénéré, apparait après que Gouly ait
épuré les aministrations.
* 535Ce batiment construit
entre 1730 et 1740, sur trois edifices successifs, donne sur la place d'armes.
C'est la résidence des Barons de Bohan.
* 536Une grande partie du
régiment a désertée avec Dumouriez, le 5 avril 1793.
* 537Rollet-Marat a obtenu le
15 nivôse an II, une escorte de hussards.
* 538C.Lucas, Op.cit, page
134.
* 539Ibid.
* 540Témoignage
d'Etienne Bazard, cahier de témoignage C. A.D.A ancine L219.
* 541"Le déclarant
ajoute que le maire Alban, lui donnait une réquisition pour donner un
cabriolet pour Dorfeuille et Vauquoy, commissaires du représentant
Albitte. Ils lui ont cassé le cabriolet sans l'avoir indemnisé en
aucune manière." Témoignage du citoyen Mathieu Royer.
Extrait des dénonciation du comité révolutionnaire du
district de Bourg. Du 8 nivose an III. A.D.A ancien L219.
* 542Conduite des memmbres du
disitrict de trévous pendant le fédéralisme. A.D.A
L269.
* 543Rapport de vauquoy et
Convers, du 4 ventôse an II. A.D.A 2L49.
* 544A.D.A 2L56. Ces
arrêtés, ne comportent pas de signazture, pas de cachet et pas de
date. Vauquoy et Convers auraiebt-ils travailler pour leur compte ?
* 545Vauquoy parti seul dans
trois communes des environ de Pont-de-Vaux, en compagnie de 4 sans-culottes de
la dite ville, "détruit les autels, brule les saints,
dégarnie les acristies et met en arrestation u maire qui s'avisait de
blamer sa conduite. . .il a aussi arrêté une ancienne religieuse
qui s'était retiré dans une des communes et qui faisait le
métier d'institutrice, c'est à dire de fanatiiser la
juenesse". Lettre de Conver set de Vauquoy à Albitte du 4 ventose
an II. A.D.A 2L49.
* 546Lettre de Convers et
Vauquoy du 4 ventôse an II. Op.cit.
* 547rapport de baron-Chalier.
A.D.A ancien L219.
* 548Lettre de Convers et
Vauquoy du 4 ventôse an II. Ibid.
* 549Tableau Analithyque. .
. Op.cit page, page 19. Cette pratique, commune aux sans-culottes, n'est
pas réservée à Albitte. En effet, les sans-culottes,
maitres des autorités, ses ervent de leur pouvoir pour faire mener au
représentant la politique qu'ils désirent : "si il arrive un
représetant en mission à Bourg, ils font leur possible pour le
prevenir à leur faveur, ils lui font entendre tout ce qu'ils
peuvent". Dénonciation contre Désisles, Alban, Laymant,
Gallien et autres scélérats. Op.cit.
* 550C.Lucas Op.cit, page
60.
* 551Déclaration de
Convers, op.cit.
* 552"dirigé par
les hyppocrites qui l'entourent" Tableau analythique. . . Op.cit,
page 21
* 553Déclaration de
Convers; Op.cit.
* 554Lettre d'Albitte à
Blanc-Désisles, du 18 ventôse an II. Op.cit.
* 555Rollet-Marat, le 15
germinal an II, dit à Albitte "après que tu auras
examiné cet ouvrage, tu me chargeras de le parachever en m'autorisant
à procéder à l'instalation dez autoritées
constituées et à faire tous les changements nécessaire
pour le bien public". A.D.A 2L49.
* 556Lettre d'Albitte à
Bléanc-Désisles du 18 ventose an II. Ibid
* 557Ibid.
* 558Témoignage du
citoyen B.Gurry, cahier de dénonciation A. Op.cit.
* 559Registrez des
arrêtés du directoire du district de Belley. .A.D.A 1L32.
* 560Lettre du 11 germinal an
II.Op.cit.
* 561Témoignage de la
citoyenne Temporal, cahier de témoignage A. A.D.A ancien L219.
* 562Rollet et Juvanon
"menaçaient de dénoncer, de. . .faire incarcérer et
guillotiner (leur collègues) . . .parcequ'ils ne voulaient pas
adopter leurs projets" Cahier de dénonciation 1Ibid, page 12.
* 563Témoignage de
Benoit Regnier, ex maire de Bourg, cahier de témoignage B de messidor an
II.
* 564Cahier de
dénociation, page 47. Op.cit.
* 565Cahier de
dénonciation n°1, page 42, Ibid.
* 566Témoignage du
citoyen Grilliet, cahier de témoignage A. A.D.A ancien L219
* 567Ibid, page 21.
* 568Extrait des minutes des
dénonciations du comité révolutionnaire et de surveillance
du district de Bourg. Dénonciation contre Dorfeuille, Lajolais et autres
de Claude Chappon, cuisinier du citoyen Marron. Du 8 nivose an III. A.D.A
ancien L219.
* 569"plusieurs hussards
étaient venus boire chez lui de la bière venant de Challes,
dirent, tout est donc au pillage dans ce pays cy, ils dirent qu'ils avaient vu
l'aide-de-camp de Lajplaid, prendre une couverture de Catalogne des plus fine,
la donner à son domestique en disant emporte cela, c'est bon pour mettre
sur mon cheval, dont les hussards étaient dignes".
Témoignage de Andé Fillod, cabaretier, du 8 nivose an II. A.D.A
ancine L 219.
* 570"On m'avait dit qu'il
n'y avait, calcul fait, qu'une centaine de patriotes dans tout le
département de l'Ain, et que la contre-révolution s'y
mitonnait". Le père Duchèsne le cadet, l'arrivée du
père Duchèsne à Bourg, Op.cit.
* 571Témoignage de
Mathieu Chemitt, marcahnd, du 8 nivose an III. A.D.A ancien L219.
* 572Beaucoup de
témoignages en l'an III, font état de conciliabules nocturnes;
tenus chez les uns ou les auters.
* 573Dorfeuille est un homme
reconnu par les représentants à Commune-Affranchie, ainsi que
sans doute par des ténors parisiens. "Dorfeuille. . .adoptait tout
les principes d'Hébert son ami et parent, et qu'il était en
relation intime avec Robespierre, Couthon t St Just". Cahier de
dénonciation 1, page 23. Op.cit/
* 574P.Rétat in la
Révolution du journal, 1988, page 302
* 575P.Rétat in la
révolution du journal, 1988, page 302.
* 576Ibid, page 305
* 577B.Benoit-R.Saussac
Op.cit, page 128
* 578"Alban maire et
Duclos se qualifiaent aussi du titre de père Duchèsne le
cadet" Cahier de témoignage A, page 8, Op.cit.
* 579Déclaration de
Convers. Op.cit.
* 580Tableau analithyque .
. .Op.cit, page 25
* 581Dans l'envoi de
correspondance officielle du district de Belley au municipalitésdu 17
pluviôse, se trouve des exemplaires du père duchène le
cadet, ainsi que dans l'envoi du 1er ventose. A.D.A 1L91
* 582"Duclos . .
.accompagné d'un nommé Thevenin. . .firent différent
discours à la Hébert, aussi absurdes qu'indécent."
Meillonnas dénonciation contre Duclos, Thévenin, Chaigneau et
Rollet. Op.cit.
* 583Ibid
* 584Dénonciation
contre Désisles, Alban, Laymant, Gallien et autres
scélérats, Op.cit.
* 585Cahier de
témoignage A, page 8. Op.cit.
* 586Dans les envois du
district de Belley du 17 pluviôse an II et du 1er ventose on trouve des
exemplaires du miracle de la Ste Aumelette. A.D.A 1L91, ,Op.cit.
* 587Le pamphlet de la Ste
Aumellete, imprimé en 1790 à Bourg, comporte à la fin de
son édition de l'an II, le rajout suivant "Plus de capucin, plus de
calotin, plus de roi, vive la République! vive la Raison.!"Ce qui
est tout à fait inconsevable en 1790.
* 588Cité par Ph. le
Duc, Op.cit, tome 2 page 210
* 589C.Lucas, Op.cit, page
54.
* 590Meillonas
dénonciation contre Duclos, Thévénin, Chaigneau et Rollet.
Op.cit.
* 591En effet, il convient de
ne pas prendre en compte tout les arrêtés qu'Albitte
délivre par ses commisssaires pour la réorganisation des
autorités du départment de l'Ain, en germinal an II, ce qui
montrait à quelques 600 les arrêtés du
représentant.
* 592Beaucoup sont
écrit par Darasse, quelques uns par Dorfeuille et peut-être
certains par Blanc-Désisles ou Convers.
* 593Les copies de deux
lettres du Comité de Sureté Général à
Albitte en date du 22 pluviôse an II et du 1er ventôse an II, sont
colationnée conforme par Dorfeuille. Convers et Vauquoy lors de leurs
missions dans les districts de Châtillon-sur-chalaronne et Pont-de-Vaux,
utilisent des lettres en tête d'Albitte pour libérer des
détenus. De même Blanc-Désisles lors de son passage
à Belley, le 29 pluviôse an II, se sert d'une lettre entête
d'Albitte pour, faire passer à Rollet-Marat de la part du
représentant un arrêté du comité de Sureté
Général, mais aussi pour donner des consignes quand au
comportement d'Alban, maire de Bourg. A.D.A série L fonds non
classé.
* 594Arrêté
d'Albitte du 24 pluviôse an II. A.D.A série L fonds non
classé.
* 595Arrêté du 3
pluviôse an II imprimé à Bourg sans nom, format in 4°.
Collection de l'auteur.
* 596"il me charge de
plus, de te faire passer un extrait dudit arrêté pour chacun des
agents nationaux des différents districts du département de
l'Ain, auxquels tu voudras bien le leur faire parvenir sans retatrd".
Lettre de Darasse à Rollet-Marat du 13 pluviôse an II.
* 597Le 13 pluviôse an
II Rollet-Marat, fait parvenir au département du Mont Blanc les
arrêtés d'Albitte, comme il fait parvenir le même jour des
exemplaires en placards de la proclamation d'Albitte du 5 pluviôse, de
l'arrêté du 7 pluviôse, de celui du 8 pluviôse; des
arrêtés en format in 4° de l'arrêté relatif aux
prêters du 8 pluviôse, ainsi que des modèles d'abdication et
des exemplaires de la grnde joie du père Duchèsne. Registre de
corresepondance du directoire du district de Bourg, A.D.A 2L28.
* 598Accusé de
reception des pièces envoyées pour le district de Belley. A.D.A
1L91.
* 599Les envois du district de
Belley sont pour la période qui nous intéresse, du 17
pluviôse an II, du 22 pluviôse an II, du 1er ventose an II, du 10
vetose an II et du 20 vetose an II. Tous sont reçu par les diverses
administrations à qui ils sont déstinés, entre 1 et 5
jours lus tard.
* 600A.D.A 1L115
* 601Tableau analytique. .
., Op.cit, page 19.
* 602Imprimé de 6 pages
de l'imprimerie de Philipon et compagnie, foramt in 8°.
Bibliothèque de la Société d'Emulation, A.D.A
* 603Imprimé chez
P.F.Bottier à Bourg. Format in 8° de 48 pages. Bibliothèque
de la Société d'Emulation A.D.A
* 604A.Aulard : receuil
des actes du Comité de Salut Public avec la correspndance officielle des
représentants en mission. Tome 11 page 30.
* 605A.Aulard, Ibid,
page183.
* 606"Je suis aidé
par des collaborateurs zélés, tels qu'il me les faut; vous les
connaissez tous; ils sont jacobins, entre autres Dorfeuille, Millet, Vauquoy,
Bonnerot Darasse et autres. Ils me secondent bien et poussent avec moi le char
révolutionnaire". Lettre d'Albitte à ses collègues de
Commune-Affranchie, du 22 pluviôse an II; citée par E.Dubois in
Histoire de la Révolution. . ., Op.cit page RRR, tome 4 page
265.
* 607E.Herroit in Lyon
n'est plus tome 3, page 108
* 608Arrêté du
1er pluviôse an II, A.D.A série L fonds non classé.
* 609A.D.A 2L28
* 610Registre de
transcriprtion des arr^éts du directoire du district, du directoire du
département et des arrêtés des représentants en
misssion, concernant les mesures de Salut Public. A.D.A 1L44
* 611Arrêté
d'Alnitte du 2 pluviôse an II sur les prions. A.D.A série L fonds
non classé.
* 612Registre de
correspondance du district de Belley. A.D.A 1L80
* 613Rollet-Marat à
Albitte cité par E.Dubois in Histoired ela Révolution dans
l'Ain, OP.cit page RRR, tome 4 page 281.
* 614Register de
correspondance du district de Belley avec les cantons et municipalités.
A.D.A 1L81.
* 615"Désisles a
dit très souvent à Convers, que les détenus mettaient un
grand obstacle à la marche révolutionnaire, qu'il s'était
proposé que tant qu'ils extisterainet, ils intrigueraient et
chercherainent à perdre la République, qu'il faudrait que la
convention adopta une mesure générale pour s'en
débarasser". Déclaration de Convers. Op.cit page RRR. De
même Rollet-Marat montre sont inquiétude de voir "les
détenus dans la maisondes cy-devants Claristes lèvent la
tête; il m'a été rapporté qu'ils tenaient des propos
très inciviques, qu'ils avaient formé parmi eux une
société populaire,,un conseil général de Commune,
undistrict, un tribunnal révolutionniare". Lettre de Rollet-Marat
à Albitte du 15 germinal an II. OP.cit page RRR.
* 616Arrêté
d'Albitte du 12 ventose an II. A .D.A série L fonds non
classé.
* 617A Gex, sont
confiés à François Pernet et à Marie-Josephe Poncet
l'éducation de plusieurs enfants, comme sont confiés au citoeyn
Bouzon les enfants du suspect Deveyle.
* 618Lettre du 1er
pluviôse an II, des membres du comité de surveillance de Bourg
à Albitte. Registre du comité de surveillance de Bourg. A.D.A
série L fonds non classé.
* 619"ont-ils
signés un arrêté ? S'ils l'on fait ce n'est que par
soumission à une autirité supérieur qui peut les avoir
induit en erreur" Lettre des membres du comité de surveillance de
Bourg à Albitte du 1er pluviôse an II, Ibid.
* 620"leur
incarcération fatigue les patriotes et relève trop la joie et
l'éspérance des malveillants". Lettre de Reydellet à
Albitte. A.D.A 2L56.
* 621Arrêté
d'Albitte du 3 pluviôse an II. A.D.A série L fonds non
classé.
* 622"Aujourd'hui nous
respirons un peu, Gouly rappellé; le brave Albittes'occupe de
réparer ses fautes, ou plutôt ses crimes. Il vient d'ordonner
l'élargissement des patriotes incarcérés; mais ce n'est
pas assez" Dénonciation de Gouly par les sans-culottes de Bourg
adressée au club des Jacobins. Citée par E.Dubois in La
Société populaire. . ., Op.cit, page 50.
* 623Témoignage de
Claude Renaud, cazhier de témoignage A. Op.cit.
* 624Témoignage du
citoyen Joly, cahier de dénonciation n°1. Op.cit.
* 625numéro 1 du
père Duchèsne le cadet: dans les maisons de détentions
de Bourg. Sa grande joie d'avoir é
té fait juge par le représentant du peuple, et
d'en avoir bien rempli les fonctions. Ibid
* 626Témoignage de
Louis Hyacinthe Goyffon, imprimeur, . Extrait des minutes des
dénociations du Comité Révolutionnaire et de Surveillance
du district de Bourg.du 9 nivose an III.A.D.A ancien L219.
* 627Dans le numéro 1
du père Duchèsne la cadet, le représentant dit au
père Duchèsne " Père Duchèsne, fais ce que je
te dis, va aux prisons, examine bien, descend dans ton coeur, et tu liras bien
vite l'innoncence ou le crime sur le front du détenu" Op.cit
* 628Tableau analytique. .
.Op.cit, page 22
* 629Lettre du 6
pluviôse an II, de Dorfeuille aux membres du comité de
surveillance de Bourg. A.D.A série L fonds nonclassé.
* 630Sur les 94 détenus
interrogés par Dorfeuille, Millet, Bonnerot et Frilet, on peut
dénombrer 11 fédéralistes; 3 agents de nobles ou personnes
en relations avec des émigrés; 2 marcahnds, 14 agriculteurs, 22
prêtres ou curés, 6 artisans, 8 anciens adminiistraterus, 13
nobles, 1 instituteur, 6 soldats de la gerda national, 1commissaire national, 1
géomètre, 1 libraire, 1 chirurgien, 1 imprimeur, 1 gedarme mit en
détention sur ordre d'Albitte, et Blanc-Désisles.
* 631Lettre du 8
pluviôse an II de Dorfeuille, Millet et Bonnerot au comité de
surveillance de Bourg. A.D.A série L fonds non classé.
* 632Détenus district
de Bourg, A.D.A 2L53.
* 633Lettre du 6
pluviôse an II, de Dorfeuille, Millet, Bonnerot et Frilet au
comité de surveillance de Bourg. A.D.A série L fonds non
classés.
* 634A.D.A 2L57
* 635Le 10 pluviôse an
II, le comité de surveillance de Montferme, envoye la liste sur les
causes des arrestations.
* 636"Que Frilet ait
convenu au déclarant que l'unique cause et le véritable secret
pour lesquelq on retenait les détenus dans la captivité,
était le danger de ressentiment et de la vengeance que ces
détenus une fois en liberté pouvaient execé, et que lui
Frilet ne pouvait s'empêcher de croire que ces citoyens se chargaraient
à détruire ceux qui les avaient incarcérer.".
Témoignage n°30. Cahier de témoignage B, A.D.A ancien
L219.
* 637Déclaration de
Convers, Op.cit.
* 638Arrête d'Albitte du
7 pluviôse an II, registre des représentants en mission. A.D.A
L98
* 639Registre du comité
de surveillance de Bourg. A.D.A série L fonds non classé.
* 640Arrêté
d'Albitte du 20 pluviôse an II. A.D.A série L fonds non
classé.
* 641Lettre d'Albitte à
Rollet de Chambéry, du 18 ventôse an II. A.D.A série L
fonds non classé.
* 642Registe de l'agent
national du ditrict de Bourg. A.D.A 2L26.
* 643Arrêté
d'Albitte du 17 ventôse an II cité par E.Dubpois in Histoire de
la Révolution. . ., Op.cit tome 4 page 253.
* 644Arrêté
d'Albitte du 6 ventôse an II, A.D.A 2L44.
* 645E.Herroit Lyon n'est
plus, 3 tomes 1937-1939 Paris Librairie Hachette. Tome 3 page 110.
* 646Arrêté
d'Albitte du 17 ventôse an II, cité par E.Dubois in Histoire de
la Révolution dans l'Ain,, Op.cit, tome 4 page 251.
* 647Lettre de
Blanc-Désisles à Albitte du 26 germnal an II. A.D.A 2L56.
* 648A.Aulaurd : receuil
des actes du Comité de Salut Public. Tome 12 page 12.
* 649Albitte fait ici sans
aucun doute allusion aux fédéralistes de Bourg, qui pour certains
ont des relations à Paris, avec certains députés de l'Ain
notement. Ces attaques, ne peuvent pas être le fruit de la penser
d'Albitte et l'on peut reconnaitre ici le travail de dénigration des
fédéralites par les Sans-Culottes.
* 650A.Aulard, ibid,
page12.
* 651Ph.le Duc Op.cit, tome
4,page 347
* 652Lettre de Darassa
à Rollet-MArat, du 11 pluviôse an II. A.D.A série L fonds
non classé.
* 653Arrêté du 13
luviose an II. A.D.A série L fonds non classé.
* 654Ibid
* 655Dans les ariclts 11, 14,
15, 16, 17 et 18, Rollet-Marat s'attaque aux hommes de loi, aux aristocrates et
aux prêtres.
* 656Thévenin fils,
attaque administrateurs fédéralistes et aux aristocrates.
* 657E.Herroit Op.cit, tome 3,
page 108
* 658A.D.A 2L26.
* 659Registre des
arrêtés du directoire du district de Belley, A.D.A 1L32.
* 6609 des ces religieuses
sont encore en prison à la 3ième sans-culottide de l'an II. A.D.A
1L309.
* 661Ibid.
* 662Registre de
correspondance de l'agent national du district de Belley avec les
Comités de Sureté Générale et de Salut Public.
A.D.A 1L98.
* 663Cahier de
dénonciation page 24, Op.cit.
* 664Registre de l'agent
national du district de Bourg. A.D.A 2L26.
* 665Registre du conseile
municipal de Bourg, cité par E.Dubois in Histoire de la
Révolution. .., Op.cit, tome 4 page 273 à275.
* 666A.D.A 2L53.
* 667Il est aussi très
difficile de savoir le nombrer de prêters non abjuraterus qui se
retrouvent en prison pour cette faute. en effet, certains prêtes,
même si ils ont abjuré, peuvent se retrouver en prison pour cause
de noblesse (arrêté du 23 ventôse) ou tout autre motif.
* 668Général de
brigade, il est décoré de l'ordre de Cincinatus,
créé par Washington, lors de la guerre d'indépendance
d'Amérique.
* 669Lettre du Comité
de Sureté Général. .A.D.R 1L203.
* 670Lettre de
Blanc-Désisles à Rollet-Marat, du 29 pluviôse an II. A.D.A
série L fonds non classé.
* 671Lettre de Merle du 30
pluviôse an II. A.D.A série L fonds non classé.
* 672"Convers. . .demanda
lors de leur départ quels était les motifs, Alban maire lui
répondit hautement qu'on les ignorait et que c'était la
commission Temporaire qui les avait fait traduire". Déclaration de
Convers. Op.cit
* 673Voir page 150.
* 674Tous sauf Duhamel, sont
les auteurs d'une proclamation de la société populaire de Bourg,
qui félicitait les sections de Lyon d'avoir vaincu le parti des
anarchistes le 29 mai 1793. Duhamel est jugé comme procureur
général syndic du département, ardent
fédéraliste.
* 675Déclaration de
Convers, Op.cit.
* 676Convers, en l'an III,
dans sa déclaration charge ses ancines camarades du choix entier des
suppliciés. Sans doute veut-il se faire disculper des actions qu'il a
faite durant la présence d'Albitte. Convers dit s'êter
opposé à ces jugements et n'avoir été
prévenu de cette réunion que par Darasse et Soubeuran
secrétaires d'Albitte. Cela peut sembler véridique (si l'on
n'oublie pas qu'il a dénoncé à la société
des Sans-Culottes Blanc-Désisles en frimaire an II et que ce dernier
peut lui en vouloir et désormais le tenir écarté des
affaires de la commune). Sans doute est-ce pour cela qu'il est nommé
commissaire civil par Albitte le 24 pluviôse an II, en compagnie de
Vauquoy. Le soir où liste de proscription est établie, Convers
revient juste d'une mission dans les campagnes; les Sans-culottes pensaient-ils
le tenir éloigné suffisament longtemps ?
* 677Déclarations de
Convers, Ibid.
* 678Déclaration de
Convers, Op.cit.
* 679Ibid.
* 680Déclaration de
Convers, Op.cit.
* 681Témoignage de
Pieere-Antoine Buget, cahier de dénonciation n°1, Op.cit.
* 682Témoignage de
Buget, Ibid.
* 683La citoyenne Gabet,
domestique de Dunoyer, un des détenus parti pour Lyon le 24
pluviôse an II, se rend "dès le grand matin chez Alban maire,
pour lui demander un passeport afin de pouvoir aller à
Commune-Affranchie, servir le dit Dunoyer qui était malade. Alban lui
dit : tu n'auras point de passeport, ton maitre ne restera pas longtemps
incarcéré,son affaire sera décidée en arrivant
à Lyon, c'est moi qui m'en charge, tu ne le trouveras peut être
pas à ton arrivée et cela te donnerait de la douleur et du
désagrément, parceque je sais que tu ne le trouveras pas à
Lyon. Qu'il ajouta à la déclarante que les femmes des autres
envoyés à Lyon auraient le mêmedésagrément si
elles partaient, que c'était la raison pour laquelle il leur refusait
aussi des passeports." Cahier de dénonciation n°1, Op.cit.
* 684E.Dubois in la
société Populaire des Amis de la Constitution et des
Sans-Culottes de Bourg 1791-1794, Op.cit, page 52.
* 685déclaration de
Convers. Op.cit page RRR.
* 686E.Dubois in Histoire
de la Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome 4 page 313;
* 687déclaration de
Convers, Ibid.
* 688lettre des
administrateurs du département à Albitte. Collection
privée de Debost, citée par Ph. le Duc, Op.cit, tome 5 page
51.
* 689Adresse faite par la
Société des Sans-Culottes de
Bourg-Régénéré à la Convention Nationale,
cité par E.Dubois in La Société populaire. . .,
Op.cit, page 55.
* 690A.Aulard : receuil
des actes du comité de salut public. Tome 11, page 504.
* 691Voir E.Dubois in
Histoire de la Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome 4 page 323.
* 692lettre de Merle,
op.cit.
* 693"Javogues
préfère s'entourer d'hommes dont le patriotisme lui parait digne
de confiance. C.Lucas, Op.cit, page 189.
* 694Ibid, page 188.
* 695Désignation des
membres dezs autorités constituées à Bourg. A.D.A
série L fonds non classé.
* 696Registre du directoire du
départelment de l'Ain. A.D.A L 98
* 697"le dit Juvanon
pronoça ses dernières paroles avec une si grrande fureur qu'il
inspira une horreur générale aux assisttants. Que le dit Juvanon
agissait en despote avec ses collègues et que toutes les fois que
quelques uns d'entres eux n'étaient pas de son avis, il les traitait de
modérés et d'aristocrates". Témoignage du citoeyn
Cherel du 7 fructidor an II. Cahier de témoignage A, Op.cit.
* 698Désignations des
membres des autoritées constituées de Bourg. A.D.A série L
fonds non classé.
* 699arrêté
d'Albitte du 5 pluviôse an II. Registre de délibération du
comité de surveillance de Bourg-Régénéré.
A.D.A série L fonds non classé.
* 700Arrêté
d'Albitte du 7 pluviôse an II, cité par E.Dubois in L'histoire
dela Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome 4 page 158.
* 701Ibid.
* 702Agenda de l'agent
national du district de Belley. A.D.A 1L94.
* 703Le 17 ventôse an
II, une réquisition est faite à des charpentiers et des
maçons pour que la dite maison soit en état afin d'acceuillir le
district. Agenda de l'agent national du districtde Belley, Op.cit.
* 704Témoigngae du
citoyen Cherel, Op.cit.
* 705arrêté
d'Albitte du 24 pluviôse an II. A.D.A série L fonds non
classé.
* 706Registre de
correspondance de l'agent national du district de Bourg. A.D.A 2L26.
* 707A.D.A 2L41.
* 708Lettre de Rollet-Marat
à Albitte du 15 germianl an II, Op.cit.
* 709Arrêté
d'Albitte du 22 germinal an II. A.D.A série L fonds non
classé.
* 710Requête du conseil
général de Poliat au représentant Albitte pour des secours
leur permettent de celébrés dignement les décades pour
extirper la superstition. A.D.A série L fonds non classé.
* 711Fête ordonné
au comité révolutionnaire par les commissaires séant en
cette commuen délégués par le représantsnt Albitte,
pour être célébré à Trévoux. Projet
collationné par Millet et Bonnerot. A.D.A série fonds non
classé.
* 712Cette fête,
otganisée sans doute par Dorfeuille, est une imitation de celle faite
à Commune d'Armes le 10 nivôse an II sous la houlette de ce
dernier alors commissaire national, et d'une fête donnée à
Commune-Affranchie le 17 nivôse an II.
* 713Albitte en demande la
diffusion à Rollet-Marat, qui les fait imlprimer chez Phillipon à
Bourg. Registre de l'agent national du district de Bourg. A.D.A 2L26
* 714 A Trévoux, le
défilé promène des banières, comme il est d'usage
dans les processions religieuses.
Inscriptions des bannières à la tête
des autoritées cnstituées
Les magisrtats sont les pères des pauvres
A la tête de la société
populaire
Avant garde de la Révolution
Avant la troupe des jeunes gens
Espérance de la Patrie
Près des quatres jeunes filles habillées de
blanc
La Raison, les Moeurs, La Liberté et
l'Egalité.
A la tête des prêtres
Vive la Raison à bas le fanatisme.
F^te ordonnée par le comité révolutionnaire
de Trévoux. Op.cit.
* 715Comme nous l'avons vu
Dorfeuille n'en est pas à ses premiers essais de propagande
révolutionnaire par le moyen du spectacle ou de la fête, et
Blanc-Désisle, n'hésite pas là non plus à mettre au
service de la cause révolutionnaire, les atouts physique de sa femme.
"Madame Blanc-Désisles est belle et on la dit peu farouche, tout
simplement peut-être parce que chacun a pu admirer son académie le
jour qu'à demi-nue, elle a posée sur l'autel de la vierge noire,
coiffé d'un bonnet phrygien". In Visages de l'Ain
numéro 58, page 16.
* 716Registre de
correspondance du district de Bourg. A.D.A 2L28
* 717Convers et Vauquoy,
punition contre les individus qui ne célébrainet pas la
décade, rapport du 24 ventôsse an II. A.D.A 2LL49.
* 718Le 23 brumaire an II, la
Convention décide que les autorités constituées sont
autorisées à reçevoir les abdications des prêtes.
* 719Cité par E.Dubois
in Histoire de la révolution dans l'Ain, Op.cit, tome 4 page
337.
* 720"C'est dans la
Saône-et-Loire et dans l'Ain que Javogues commence à prendre des
mesures punitives contre tous les prêtres sans distinction."
C.Lucas, Op.cit, page 186.
* 721Gouly, le 13 nivôse
an II,fait mettre en prison tout les prêtes et ex-prêtes des
districts de Pont-de-Vaux et Nantua.Le 17 nivôse an II, il fait
libérer 15 prêtes à condition qu'ils se marient ou qu'ils
adoptent un enfant de sans-culotte.
* 722Adresse de l'agent
national provisior du district de Bourg, cité par E.Dubois in
Histoire de la Révolution dans l'Ain, Op.cit page, tome 4 page
333.
* 723Pour Dorfeuille, comme
nous l'avons vu page 62, il est préférable de prier les astres.
Dans le même registre, lors d'une réunion de la
société populaire de Lent, Dorfeuille "y prêche
ouvertement l'athéisme (ce qui est contraire aux idées de
Rollet-Marat), en disant qu'il n'y avait point d'extstence divine, que le
paradis et l'enfer étainet des inventions des prêtes; que lorsque
nous étions mort, il n'y avait que la mort". Témoignage du
citoyen Pochon, maire de Tossiat. Extrait des minutes du secrétariat de
la municiaplité de Bourg. 3 vendémaiaire an III. A.D.A ancien
L219.
* 724Lettre d'Albitte au
C.S.P. du 21 Pluviôse an II. A.Aulard receuildes actes du
Comité de Salut Public tome 11 page 30.
* 725Lettre d'Albitte au
C.S.P. du 11 Ventôse an II. A.Aulard; Ibid, page 492.
* 726Lettre d'Albitte au
C.S.P. du 11 Ventôse an II. A.Aulard, ibid, page492.
* 727"Je te
préviens qu'il s'est commis une erreur dans la copie de la
rédaction de l'abjuration des prêteres et l'imprimeur au lieu du
mot reconnaitre a mis celui de méconnaitre. Tu es invité a la
rectifier exactement et à placer une virgule après le mot
imposture". Lettre de Darrasse à Rollet-Marat, du 21 pluviôse
an II. A.D.A série L fonds nonc lassé.
* 728Lettre de Rollet-Marat
à Albitte du 20 pluviôse an II. A.D.A 2L28.
* 729Arrêté du 8
pluviôse an II, A.D.A série L fonds non classé.
* 730Ibid.
* 731registre du comité
de surveillance de Lagnieu. A.D.A série L fonds non classé.
* 73283 prêtres à
Bourg, 60 à Belley, 47 à St Rambert, 18 à Gex, 36 à
Nantua, 31 à Chatillon, 24 à Pont-de-Vaux, 37 à
Trévoux et 25 à Montluel.
* 733C'est le cas de Bruno
Branche, agé de 58 ans, qui signe son abdiquation sur la liste de
prisonnier qu'établissent les commissaires d'Albitte envoyés dans
les prisons de Bourg durant la première d"écade de pluviôse
an II.
* 734Biographie de
l'abbé Mermet, cité par Ph. le Duc, Op.cit, tome 4 page 443.
* 735Parmi les prêtres
qui se rétractent en l'an III, quelques uns disent avoir signé
sous la préssion des terroristes.
* 736Il s'agit du citoeyn
Auger, chanoine à Bourg, qui épouse dans le temple de la Raison,
la citoyenne Temporal, ex-visitandine.
* 737lettre de Rollet-Marat
à Albitte du 15 germinal an II. Op.cit.
* 738Lettre d'Albitte à
Rollet-Marat, du 18 ventôse an II. A.D.A série L fonds non
classé.
* 739registre municipal;
cité par Ph. le Duc, Op.cit, tome 5 page 67.
* 740"Je connais la
conduite des prêtres qui se sont retiré dans le Jura et je vais
prendre un arrêté vigoureux contre les imposteurs, par lequel je
le décalrerai émigrés, s'il ne rentre dans un terme fixe
dans le départemnt de l'Ain.". Lettre d'Albitte à
Rollet-Marat, Op.cit.
* 741Registre du directoire du
district de Bourg, cité par E.Dubois in histoire de la
Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome 4 page 415.
* 742Lettre de Rollet-Marat
aux Comité de Sureté Général et de Salut Public.
A.D.A 2L28.
* 743Plusieurs
ex-prêtres s'engagent comme volontaires.
* 744Lettre d'Albitte à
ses collègues de Commune-Affranchie. Op.cit.
* 745Décret de la
Convention Nationale du 23 juillet 1793, 2 pages in°8, de l'imprimerie
J.M.Cuchet à grenoble. Collection de l'auteur.
* 746F.Braesch, Op. cit, page
402.
* 747Secrétariat de la
municipalité de Bourg, témoighnage duc tiotyen Pochon, du 3
vendémiaire an III. A.D.A ancien L219.
* 748Arrêté du 7
pluviôse an II. Registre des représentants en mission, Op.cit.
* 749Le cousin du père
Duchésne, de Millet et Bonnerot,4 pages in°8 imprimerie P.Bernard
aux Halles de la Grennette à Commune-Affranchie an II.
* 750Le 26 Ventôse,
Albitte écrit au C.S.P : "toutes les cloches se transforment
à présent en canons, soit à Pont-de-Vaux, soit à
Valence". A.Aulard receuildes actes du Comité de Salut
Public tome 12 , page 11.
* 751Lettre d'Albitte au
C.S.P. du 11 Ventôse an II. A.Aulard Ibid, tome 11 page 492.
* 752Lettre d'Albitte,
Ibid.
* 753Tableau analithyque. .
., OP.cit, page 21.
* 754Registre de
correspondance de l'agent national du district de Bourg. A.D.A 2L26.
* 755"Quatre pères
de famille ont été victimes de leurs grand zèle à
détruire ces monuments odieux qui insultaient à la Raison".
Lettre de Rollet-Marat à Albitte du 15 Germinal an II. Op.cit.
* 756Registre de
correspondance du directoire du district de Bourg. OP.cit.
* 757registre de
correspondance du directoire du district de Bourg. A.D.A 2L28.
* 758Souvent, des membres des
comités de surveillance sont requis d'assister aux démolitions,
comme à Salavre.
* 759Cité par E.Dubois
in Histoire de la Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome 4 page
436.
* 760Voir E.Dubois in
Histroire de la Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome 4 page
434.
* 761Le comité de
surveillance de Lagnieu, fait mention de vols de fer provenant du clocher.
* 762Propriété
des citoyens Frèrejean, elle est insdtallée à Pont-de-Vaux
par arrêté du Comité de Salut Public le 25 frimaire an II.
La première fonderie avait été installé à
Lyon en 1793, mais les évènements amènent à la
faillite de la fonderie. Dans son arrêté du 25 frimaire an II, le
Commité de salut Public prévoit une aide à l'installation
de la fonderie de 40.000 livres. Proche de la Sâone, la fonderie
s'installe dans l'ancine couvent des Ursulines. La fonderie commence à
marcher en pluviôse an II, et arrête sa production en l'an V.
* 763Cette mesure, bien que
préconisée dans l'arrêté, n'zst pas toutjours
suivit. En l'an VI, quand les restant de matières premières qui
reste à la fonderie de pont-de-Vaux sont
réexpédiés, certaines cloches sont encore
entières.
* 764Arrêté du 8
pluviôse an II, registre des représentants en mission. A.D.A
L98.
* 765Millet et Bonnerot dans
le cousin du père Duchèsne, du 17 ventôse an II.
* 766Lettre d'Albitte au
C.S.P. du 26 Ventôse an II. A.Aulard receuildes acts du Comité
de Salut Public, tome 12 page 11.
* 767Lettre d'Albitte,
Ibid.
* 768Voir page 29.
* 769Arrêté du 8
plkuviose an II, registre des représentant en mission. A.D.A L98.
* 770Notes de La
Teyssonnière, citées par Ph. le Duc, Op.cit, tome 5 page 69.
* 771Démolition des
chateaux de Crangeat et Attignat. A.D.A L 359.
* 772Le 25 ventôse an
II, la société populaire de Treffort se plaint que les tours du
chateau de Villars ne sont pas encore détruite, car les officiers
minicipaux n'ont pas trouvé d'ouvriers pour le faire.
* 773Cité par Ph.le
Duc, OP.cit, tome 5 page 69-78.
* 774Ibid.
* 775Comme pour
l'arrêté du 7 pluviôse an II, le flou des termes
enpoyé, donne une certane autonomie aus hommes chargé des
l'éxécution de l'arrêté.
* 776il est en effet courant
à la fin de l'ancien-régime que des bourgeois pour
s'agréer à la noblesse, fassent construire des tours, pigeonniers
et volières.
* 777Alban est acheteur d'une
porte et de la ferraille provenant d'un château, pour la somme de 110
livres; Ce château est sans doute celui de Lateyssonière.
* 778Le conseil
général de la commune de
Bourg-Régénéré, à la Convention
Nationale, 4 page in° 8 sans nom d'imprimeur. Bibliothèque de
la société d'émulationde l'Ain. A.D.A.
* 779Tableau analytique. .
., Op.cit page 22.
* 780Durant une visite, les
Sans-Culottes avec Lajollais font enlever tous les paravants qui
séparent les détenus dans la salle des notables de la maison des
Claristes, pour les faire jeter dans la cour. Lajollais en sabre un, qui
appartient au citoyen Bergier car il comportait des insignes maçonniques
dessus.
* 781Conseil
général du département de l'ain à ses
concitoyens. Op.cit.
* 782Lettre d'Albitte.
A.Aulard receuil des actes du Comité de Salut Public tome 11
page 29.
* 783Le C.S.P
désaprouve les actions de Gouly, le 24 Pluviôse, le 26
Pluviôse et le 27 Pluviôse an II.
* 784Témoignage de
Claude-Marie Gayet, cahier de dénonciation 1, Op.cit.
* 785Lettre du 4 ventôse
an II, de Vauquoy et Convers Op.cit
* 786Lettre de Merle,
OP.cit
* 787Lettre de Gouly au C.S.P.
A.N. AF II. 154.
* 788Déclaration de
Convers. Op.cit.
* 789Témoignage de Jean
Rougemont, cahier de dénonciation 1, Op;cit .
* 790Témoignage de
François-Marie Charron Ibid.
* 791Témoignage de
Claude-Marie Gayet, Ibid.
* 792registre de
correspondance du comité de surveillance de la commune de Bourg. A.D.A
série L fonds nonclassé.
* 793E.Dubois in Histoired
ella révolution dans l'Ain, Op.cit , tome 4 page 268.
* 794Témoignage de
Marie-Charles-Joseph Beffroy, garde magasin du timbre du département de
l'Ain. Cahier de dénonciation, Op.cit. Dans les scélloés
de Blanc-Désislse, le 18 fructidor an II, plusieurs lettres de Pache
pour Alban sont découvertes. A.D.A 2L56
* 795Le C.S.P. informe Albitte
que ses arrêtés des 7, 8, 15, 19 et l'envoi du 24 Pluviôse
ont été matière à réclamation.
* 796"Parmi tes
opérations, citoyen collègues, il en est qui ont donné
lieu à quelques dénoncitions; ces dénonciations portent
sur ton arrêté du 8 pluviôse qui a paru renfermer des
dispositions contraires aux décrets sur les cultes; celui du 7 du
même mois qui ordonne l'enlèvement de toutes les cloches; sur la
translation à Commune-Affranchie de plusieurs particuliers du
départemetn de l'Ain pour être juger par la Commission".
Lettre du 10 ventôse an II, cité par E.Dubois, in Histoire dela
révolution dans l'Ain, Op.cit tome 5, page 5.
"Il est citoyen collègue, queleus dénocaittions
qui ont échappé au comité dans sa précedante lettre
: la première porte sur la formule d'abdication des prêtres. .
.;la seconde sur les hommes qui t'entourent". Lettre du 11 ventôse
an II. Ibid.
* 797Lors de la plainte des
convnetionnels de l'Ain le 28 Pluviôse, Gauthier et Merlino disent au
C.S.P. d'Albitte "que son coeur dément ce que sa main signe, . .
.qu'i a été subjugué par des intriguants qui
préfèrent l'anarchie au règne des lois" A.Aulard
receuil des actes du Comité de Salut Public tome 11 page
454.
* 798Le 25 Ventôse an
II, il écrit au C.S.P. de Chambéry pour
répondreaccusations qui sont portées contre lui. De mêm e
il écrit encore le 26 au C.S.P. et à la Convnetion. Le silence du
Comité face à ses actions lui font craindre le 26 Ventôse,
de ne plus avoir la confiance de ce dernier.
* 799témoignage du
citoyen Guillemot, cahier de témoignage C, Op.cit.
* 800Voir E.Dubois, in
Histoire de la Révolution dans l'Ain, Op.cit tome 5 page
14-17.
* 801Conduite du
représentant Gouly dans les districts de Bourg et dans celui de
Belley, par Baron-Chalier, manuscrit in°4 de 7 pages.A.D.A
série L fonds non classé.
* 802Déclaration du
citoyen Joseph Debost, ancien militaire, du 9 nivôse an III. Extrait des
minutes des dénonciations du comité révolutionnaire et de
sruveillance du district de Bourg. A.D.A ancien L219.
* 803Témoignage de
Claude-Marie-François Joly, cahier de dénonciation, Op.cit.
* 804Témoignage de
Marie-Claudine Lussy, femme du concierge de la maison d'arrêt de Brou.
Cahier de dénonciation, Op.cit.
* 805Témoignage
numéro 15, cahier de témoignage A, Op.cit.
* 806Diverses
témoignages du cahier de dénonciation, Op.cit.
* 807Voir Ph.leDuc, Op.cit,
tome 5 page 102.
* 808Tableau analytique . .
.Op.cit, page 26.
* 809Témoignage
numéro 15, cahier de témoignage A, Op.cit.
* 810Témoignage de Jean
Rougemont. Cahier de dénonciation 1, Op.cit.
* 811Lettre de
Gauthier-Cincinatus, du 10 germinal an II, cité par E.Dubois in
Histoire de la Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome 5 page 14.
* 812Ibid.
* 813Il cite plus haut un
discours qu'il a entendu à la société populaire, par
Blanc-Désisleset Alabn :"Citoyens. . .Souvenez-vous que vous
êtes souverains; souvenez-vous que vous êtes plus puissant que la
Convention. Vous pouvez la dissoudre, mais elle ne peut pas vous dissoudre;
elle n'en a ni le droit ni le pouvoir. Emparez-vous du bien des riches, ils
sont à vous : ces égoîstesont assez jouîs; il est
teemps que les sans-culottes, que les pauvres jouissent à leur
tour." Letre de Gauthier-Cincinatus à Gauthier-des-Orcières,
citée par E.Dubois in Histoire de la Révolution dans l'An,
Op.cit, tome 5 page 16.
* 814Ibid.
* 815registre de
corresponddance du district de Bourg. A.D.A 2L28.
* 816Lettre d'Albitte au
Comité de Salut Pblic du 26 Ventôse an II. A.Aulard receuil
des actes du Comité de Salut Public. Tome 12 page 13.
* 817Registre du comité
de surveillance de Jujurieux. A.D.A série L fonds non classé.
* 818Lettre de
Gauthier-Cincinatus du 10 germinal an II, citée par E.Dubois in
Histoire de la Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome 5 page 15.
* 819Lettre de Rollet-Marat
à Albitte du 19 germinal an II. Registre de correspondance du directoire
du district de Bourg, Op.cit.
* 820Le courrier met plus de 7
jours pour parvenir aux intéressés, entre son arrivée
à Bourg et sa remise en main propre.
* 821Lettre d'Albitte au
C.S.P. du 28 Wgerminal an II. A.Aulard receuil des actes du Comité
de Salut Public. Tome 12 page 658.
* 822Cité par E.Dubois
in Histoire del aRévolution dans l'Ain, Op.cit, Tome 5 page
28.
* 823Lettre d'Albitte au
Comité de Salut Public du 18 floréal an II, citée par
E.Dubois, Iibd, page 28.
* 824registe de correspondance
du directoire du district de Bourg, Op.cit.
* 825A.Boudier, cité
par V.Courtine, Op.cit, page 103.
* 826"Nous avions
trouvé indispensable qu'Albitte, l'un de nous prolonge son séjour
à l'armée d'Italie pour le temps nécessaire à ette
expédition qui ne peut-êter de longue durée."
V.Courtine, Op.cit, page 106.
* 827V.Courtine, Op.cit, page
112.
* 828Cité par
A.kuscinski, Op.cit.
* 829Eloge de Loubat de Bohan
par Lalande page 11, réedité en 1977 par le centre cultuerl de
Buenc.
* 830Témoignage de Jean
Rougemont, Op.cit page RRR.
* 831Témoignage
n°15, cahier de témoignage A, Op.cit page RRR.
* 832Cité par E.Dubois
inHistoire de la Révolution Française, Op.cit, tome 5 page
189.
* 833"Blanc-Désiels
est le monste dont je veux vous parler. Cet histrion couvert de tous les
crimes, dégouttant encore du sang de nos concitoyens, n'a cessé,
depuis l'arrestation dont l'a rappé noter vertueux et juste Boisset, de
touremnter les autorités constituées". Cité par
E.Dubois in Histroire de la Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome5
page 197.
* 834E.Dubois, Ibid page
233.
* 835Acte d'accusation
rédigé à Yssingeaux le 18 brumaire an VII, cité par
E.Dubois in Histoire dela Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome5
page 285.
* 836Lettre du procureur
syndic du districtd de Bourg à celui de Belley, du 3 floréal an
III, suite à l'assassinat de Désisles, Rollet, Merle, Chaigneau,
Ducret et Juvanon. A.D.A série L fonds non classé.
* 837Déposition de
Benoit Ravet. Dénnciations et insignes calomines faites conte des
citoyens de la commune de Bourg. A.D.A 2J23.
* 838Lettre de Boisset au
Cmité de Sureté Général, du 5 floréal an
III. A.D.R L208.
* 839Lettre de Boisset au
Comité de Salut Public du 5 floréal an III. A.D.R L208
* 840B.Benoit in Chasser
le mathevon à Lyon en l'an III, le tournant de l'an III,
page 505.
* 841Le terme de muscadin
regroupe les juenes hommes d'origine bourgeoise, qui ont connu la prison en
l'an II, ou qui ont eu un de leur proche emprisonner ou guillotiner. C'est le
cas à Bourg avec le fils Joly, les fils Braconnier et Montbarbon.
* 842Voir J.Croyet : le
massacre des Sans-Culottes. A paraitre.
|