I) Sommaire
Pages
Dédicaces.................................................................................................
2
Remerciements............................................................................................
3
Liste des sigles et
acronymes..........................................................................
4
Introduction...............................................................................................
7
Première partie : Le delta du fleuve
Sénégal : un milieu
artificialisé....................... 14 Chapitre 1: Le milieu
naturel et le cadre humain dans le Delta....................................
16
Chapitre 2 : L'introduction de l'irrigation et
l'artificialisation progressive du milieu......... 34
Deuxième partie : Organisation de la gestion
et travaux d'entretien dans le
périmètre de
Boundoum...............................................................................
45
Chapitre 1: Organisation de la gestion et de l'exploitation du
périmètre ........................ 46
Chapitre 2 : Infrastructures hydrauliques et travaux
d'entretien.................................. 59
Troisième partie : La nouvelle politique de
maintenance : un cadre de dialogue entre Etat, collectivités
locales et
usagers.................................................................
72 Chapitre 1 : La nouvelle politique de
maintenance............................................... ..... 73
Chapitre 2 : La mise en oeuvre de la nouvelle politique
de maintenance : Pratiques et
perspectives à
Boundoum...........................................................................84
Conclusion................................................................................................
94
Bibliographie.............................................................................................
96
Tables des
illustrations..........................................................................
99 Tables des
matières....................................... ...................................
102 Annexes
I) DEDICACES
Ce travail est dédié à mon défunt
père Amadou Diéle et mon regretté ami d'enfance Ngandji
Sarr. Que la terre de Ronkh leur soit légère et que le bon Dieu
les accueille dans les prairies de son paradis.
A ma très chère et brave mère Daro Ndao qui
n'a jamais cessé de me procurer l'envie et le courage
d'étudier.
A toute la famille Ndiélène de Ronkh.
A toute la famille de Feu Babacar Diop Imam à Dagana.
A toute la famille de Ndiaga Diop à Ndiangué.
A tous mes ami (e) s d'enfance et de promotion.
Aux anciens élèves de la 3 M1A du CEM de
Richard-Toll (promotion 1999), à tous mes camarades du module
Aménagement rural et à tous les walo-walo de l'UGB.
A tous les étudiants de la dahira Mouhtacimina
Bihablilahil Matini de l'UGB.
Une mention spéciale aux personnes qui me sont
chères : Adama Thiaw, Yallé Sarr, Birane Ndiaye Wade,
Alioune Mbodj, Djiby Séye, Awa Ndao, Laye Bâ, Massata, Cheikhou,
Badara, Cheikh Sidate Sy, Mansour Séne, Papa Diagne, Djiby Diop, El hadj
Abdoulaye Diop, Mouhamadou Lamine Diop, Awa Diao, Abdoul Aziz Diao, Oumar
Ndiaye, leuz, Mame Sakory.
Aux «éternels forçats de la faim» (les
paysans).
A toute la communauté estudiantine.
I) REMERCIEMENTS
En conformité aux exigences de la reconnaissance, nous
tenons à remercier :
Le bon Dieu pour avoir permis et donné la
possibilité d'entamer et de terminer ce travail.
Notre directeur de mémoire, le professeur Sidy Mohamed
Seck pour avoir accepté d'encadrer ce travail, son concours très
précieux, sa disponibilité permanente et ses conseils .
A tous les professeurs de la section de géographie pour
leur générosité dans la transmission du savoir :
Messieurs Oumar Diop, Serigne Modou Fall, Boubou Aldiouma SY, Géraud
Magrin, Cheikh Samba Wade, Adrien Coly Cheikh Sarr, André D'almeida, Dah
Dieng.
Ce travail n'aurait, sans nul doute, abouti à bon port
sans la collaboration fructueuse de :
M. Abdou Rahim Ndiaye, ingénieur et chef du DMR à
la DAM pour avoir été notre directeur de stage ;
M. Abou Ndao, ingénieur des travaux agricoles, chef de
l'opération de Boundoum ;
M. Macoumba Diop, conseiller agricole, responsable de la gestion
et de la maintenance du périmètre de Boundoum ;
M. Amadou Niang, cartographe à la SAED ;
M. Abdoulaye Diop, comptable de l'union des OP de
Boundoum :
A tous les agents de la DAM, de la Délégation de
Dagana et de la DAIH.
A tous ceux qui ont de prés ou de loin contribué
à la réalisation de ce travail.
I) Listes des sigles et acronymes
ADRAO : Association pour le
Développement de la Riziculture en Afrique de l'Ouest
AEP : Adduction d'Eau Potable.
AFD : Agence Française de
Développement.
AI : Aménagement
Intermédiaire.
B.R.G.M : Bureau de Recherche
Géologique et Minière.
BU : Bibliothèque Universitaire.
CIFA : Centre Interprofessionnel de
Formation aux métiers de l'Agriculture.
CIFAS : Club des Investisseurs
Français au Sénégal.
CNCAS : Caisse Nationale de Crédit
Agricole du Sénégal.
CORAF : Conférence des
Responsables de recherche agricole en Afrique de l'Ouest et du Centre.
CSC : Contre-saison Chaude.
CSF : Contre-saison Froide.
CSS : Compagnie Sucrière
Sénégalaise.
CTA : Centre Technique de
Coopération Agricole et Rurale.
DAGE : Division Aménagement et
Gestion de l'Eau (au sein des Délégations de la
SAED).
DAIH : Direction des Aménagements et
des Infrastructures Hydro agricoles.
DAM : Direction Autonome de Maintenance des
infrastructures hydro agricoles.
DAT : Dépôt à Terme
FAO : Organisation des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture.
FOMAED : Fonds de Maintenance des
Adducteurs et Emissaires de Drainage.
FOMIIG : Fonds de Maintenance des
Infrastructures d'Intérêt Général.
FOMPI : Fonds de Maintenance des
Périmètres Irrigués.
FOMUR : Fonds Mutuel de Renouvellement des
stations de pompage et équipements
Hydromécaniques.
FPA : Fédération des
Périmètres Autogérés.
GA : Grand Aménagement.
GEP : Groupe électropompe.
GER : Gros Entretien et Renouvellement.
GDS : Grands Domaines du
Sénégal.
GIE : Groupement d'Intérêt
Economique.
G.I.R.A.R.D.E.L : Groupe
Interdisciplinaire de Recherche pour l'Appui à la
Planification Régionale et au
Développement Local.
GMP : Groupe Motopompe.
HTM : Hauteur Manométrique
Totale.
ICA : Ingénieurs Consultants
Associés.
ISRA : Institut Sénégalais de
Recherches Agricoles.
KFW: Kreditanstalt Für Wiederaufbau.
MARP : Méthode Active de Recherche
Participative.
MAS : Mission d'Aménagement du
Sénégal.
MEC : Mutuelle d'Epargne et de
Crédit.
MEFS : Mission d'Etudes du Fleuve
Sénégal.
NEG : Note d'Entretien et de Gestion.
NPA : Nouvelle Politique Agricole.
OAD : Organisme Autonome du Delta.
OAV : Organisme Autonome de la
Vallée.
OMVS : Organisation pour la Mise en Valeur
du fleuve Sénégal.
OP : Organisation Paysanne.
PDRG : Plan de Développement
intégré de la Rive Gauche.
PME : Petites et Moyennes Entreprises.
PIP : Périmètre
Irrigué Privé.
PIV : Périmètre
Irrigué Villageois.
PSI : Pole régional de recherche sur
les Systèmes irrigués soudano sahéliens.
RGPH : Recensement Général de
la Population et de l'Habitat.
RIDEV: Rice Development.
RNEDHA : Réseau National
d'Expérimentation et de Démonstration du Secteur de
l'Hydraulique Agricole.
SAED : Société nationale
d'Aménagement et d'Exploitation des Terres du Delta du
fleuve Sénégal et des Vallées du
fleuve Sénégal et de la Falémé.
SCIEPS : Société de Conseils,
d'Ingénierie, d'Etudes et de Prestations de Services.
SDRS : Société de
Développement Rizicole du Sénégal.
SEMRY : Société d'Expansion
et de Modernisation de la Riziculture de Yagoua.
SNTI : Société Nationale de
Tomate Industrielle.
SOCAS : Société de Conserve
Alimentaire du Sénégal.
SOMALAC: Société Malgache
d'Aménagement du Lac Alaotra.
SV: Section Villageoise.
T.E.R: Travail d'étude et de
Recherche.
UGB: Université Gaston Berger.
UL: Union Locale.
USAID: Us Agency for International
Development.
VHR: Variété à Haut
Rendement.
I) Introduction
De tout temps, l'Afrique subsaharienne a connu de difficiles
moments de sécheresses ayant comme conséquences des
pénuries de denrées alimentaires. Et les systèmes de
production traditionnels ne permettaient plus de penser à une
sécurité alimentaire. La notion de sécurité
alimentaire renvoie à la capacité d'assurer que le système
alimentaire fournit à toute la population un approvisionnement
alimentaire nutritionnellement adéquat sur le long terme. Cette partie
du continent connaît également une forte pression
démographique et une baisse continue de la pluviométrie.
Cependant, comme l'avaient bien écrit Heq. J et
Dugauqier F. (1990), l'Afrique sahélienne a la chance d'être
traversée par les grands fleuves que sont le Sénégal, le
Niger, les Voltas, le Chari, etc. et afin de valoriser ces ressources en eaux
beaucoup d'Etats sahéliens, dans leurs stratégies, notamment pour
atteindre l'objectif d'autosuffisance alimentaire, ont considéré
comme panacée la réalisation de grands périmètres
irrigués (Groupe de travail, Coopération Française, 1989).
Ces derniers étaient placés sous la tutelle de
Sociétés de Développement rural tels que l'Office du Niger
au Mali, la SOMALAC à Madagascar, la SEMRY au Cameroun, la SAED au
Sénégal, etc.
Au Sénégal, c'est précisément le
Delta qui a été le site privilégié des ambitions
d'aménagement (Sarr. B 1995). L'option pour la riziculture
irriguée répondait à l'origine à un objectif
national qu'à une volonté de développement
régional, dira Jamin P.Y (1987) cité par Fall. M (1999). En effet
il s'agissait dans des grands aménagements de produire du riz pour
résorber le déficit céréalier.
Dans le Delta qui constitue notre zone d'étude, on y
trouve environ la moitié des superficies aménagées dans la
vallée sous diverses formes : grands périmètres
irrigués, périmètres intermédiaires et
périmètres irrigués villageois (Le Gal. P-Y et Dia. I
1991).
Dans ce secteur, se posent pas mal de problèmes
relatifs à l'aménagement. En effet, la gestion de beaucoup de
périmètres est maintenant du ressort d'organisations de
producteurs regroupés sous forme d'unions hydrauliques. Ces derniers
n'étant pas bien préparés dans cet exercice, il est
évident qu'ils seront confrontés à certaines
difficultés. C'est dans cette logique que nous avons choisi de
travailler sur la pratique de la maintenance des aménagements hydro
agricoles avec comme cas d'étude le périmètre de Boundoum
dont la gestion est aujourd'hui assurée par les paysans eux-mêmes.
A. Problématique
La région du Delta s'étend sur 500 km2, de
Saint-Louis à Dagana (Dia. I., LE Gal. P.Y, 1991). Cette partie du
pays, depuis l'indépendance, a retenu l'attention des autorités
sénégalaises pour être le lieu d'application des politiques
d'aménagements hydro agricoles. La création, en 1965, de la SAED
matérialise cette ferme volonté de la part des pouvoirs publics
d'assurer un développement économique et social en
général et hydro agricole, en particulier dans le Delta.
L'étude des aménagements présents dans le
delta du fleuve Sénégal révèle différents
types. On y rencontre les grands aménagements transférés,
les grands aménagements non transférés, les petits
périmètres transférés et les aménagements
intermédiaires transférés qui sont l'oeuvre de la
SAED ; les périmètres irrigués villageois (PIV), les
périmètres irrigués privés (PIP) et l'agro
industrie (CSS, SOCAS) qui sont hors SAED.
Les grands aménagements (GA) y présentent une
importance sans égal car plus de 85% des GA recensés dans la rive
gauche se trouvent dans le Delta. En terme d'investissement, ils sont
relativement onéreux et le prix à l'hectare se situe entre 5 et
6,5 millions de Fcfa (Wade.M et al. 1996).
Le mode de fonctionnement, de gestion et la maintenance des
aménagements hydro agricoles varient suivant l'évolution des
politiques étatiques en matière d'aménagement. En fait,
selon l'attitude des pouvoirs publics, deux grandes périodes marquent
l'aménagement du delta du fleuve Sénégal.
Pour la période allant des indépendances (1960)
jusqu'aux années 1980, c'est l'Etat qui assurait, par le biais de l'OAD
puis de la SAED, toutes les charges relatives au fonctionnement, à la
gestion et aux travaux d'entretien. Sa présence dans l'activité
agricole se sentait d'amont en aval puisqu'il intervenait dans l'étude
des aménagements jusqu'à l'exploitation éventuelle en
régie (Maïga.M, 1995).
Vers la fin des années 1980, la gestion étatique
qui prédominait, se heurta à des problèmes de coûts
et de charges : faible performance du système irrigué due en
grande partie à des insuffisances d'entretien.
La seconde période est caractérisée par
le désengagement de l'Etat de la gestion des aménagements
réalisés ou réhabilités sur fonds publics :
c'est l'ère du transfert des aménagements hydro agricoles et des
responsabilités aux organisations de producteurs.
Le transfert de responsabilités aux producteurs
signifie aussi un transfert de charges aux producteurs (Lavigne Delville. Ph,
1991). Mais ce transfert a occasionné l'établissement de contrats
de concession et des NEG (Note d'entretien et de Gestion) entre la SAED et les
OP. Ce sont des mesures consistant à définir les
modalités de fonctionnement des réseaux et des
équipements, la nature, l'intérêt et les coûts des
travaux d'entretien à réaliser pour assurer la durabilité
des performances des aménagements.
Ainsi, l'entretien des périmètres, des stations
de pompage, des réseaux, des mailles hydrauliques et des parcelles
relève désormais de la compétence des usagers et de leurs
organisations. Concernant les aménagements structurants ou collectifs,
c'est l'Etat qui assure aussi bien leur réalisation que leur entretien.
Un aménagement structurant est un type d'aménagement hydro
agricole dont la vocation est de desservir d'autres aménagements, soit
dans un objectif unique d'adduction d'eau (exemple : l'axe Gorom-Lampsar)
soit de drainage (exemple : l'Emissaire du Delta) soit de circulation ou
de protection contre les crues (exemple : la digue de ceinture du
Delta).
Prés d'une décennie après la concession,
on s'est rendu compte que les paysans n'étaient pas en mesure d'assurer
pleinement la relève de la SAED. Les résultats que l'on
espérait obtenir étaient décevants suite à des
difficultés telles que l'insuffisance de la maintenance. Alors des
mesures d'accompagnement ne sont-elles pas à mettre en oeuvre si l'on
veut réussir totalement ce souhait de responsabiliser les paysans?
Mieux, ne doit-on pas appuyer davantage les unions concessionnaires dans
l'exercice de certaines tâches comme la maintenance afin de lever toute
inquiétude pour ce qui est de la pérennité des
infrastructures hydro agricoles?
C'est ce que l'Etat du Sénégal, secondé
par ses partenaires au développement (Banque Mondiale, KFW, AFD, etc.),
a très vite compris en prenant à bras le corps la
maintenance. Cette ferme volonté se traduira par : d'abord, la
Division Autonome de Maintenance (DAM) voit le jour en janvier 1998 et
deviendra une Direction en Mars 2002 ; ensuite, une étude relative
à la mise en place des fonds de maintenance a été
lancée pour mener à bien cette nouvelle politique de maintenance.
Les fonds créés sont les suivants : les FOMAED (Fonds de
Maintenance des Adducteurs et Emissaires de Drainage), les FOMUR (Fonds Mutuel
de Renouvellement des stations de pompage), les FOMPI (Fonds de Maintenance des
Périmètres Irrigué) et les FOMIIG (Fonds de Maintenance
des Infrastructures d'Intérêt Général).
A la suite de Moulaye.A et Almadjir.R (1996) nous pouvons
définir la maintenance « comme l'entretien de tous les
constituants complexes d'un aménagement mais aussi et surtout l'ensemble
des actions qui visent la pérennité du
fonctionnement ». Un aménagement est constitué
d'une partie équipements électromécaniques (par
exemple : station de pompage, d'exhaure) et d'une autre partie
aménagement proprement dit (par exemple : les modules à
masque, vannes, prises à parcelle, etc.). La mobilisation de ressources
financières à un niveau suffisant pour la réalisation des
travaux d'entretien et de renouvellement est à inclure dans cette
définition de la maintenance car étant une condition
indispensable pour le bon fonctionnement permanent des installations (Ponsy.P,
1998).
Nous avons choisi de travailler sur les grands
périmètres plus précisément sur le
périmètre de Boundoum pour plusieurs raisons :
- D'abord, l'aménagement de Boundoum fait partie des
réalisations les plus anciennes (1964). Donc le périmètre
est assez vieux (plus de trente ans) ;
- Ensuite, le casier a fait l'objet de plusieurs travaux de
réhabilitations ; ce qui fait qu'il constitue un cas exemplaire des
difficultés de gestion et de maintenance des grands aménagements
dans le Delta ;
- Enfin, la gestion du périmètre n'est plus
assurée par la SAED : elle est confiée aux organisations
paysannes regroupées autour de l'Union des OP et qui sont
appelées à assurer la maintenance.
Notre travail d'étude et de recherche se fixe comme
objectifs de contribuer à une meilleure compréhension de
l'importance de la maintenance et de l'entretien des aménagements hydro
agricoles mais surtout des exigences ainsi que des aspects financiers,
techniques et sociologiques rattachés à ce programme. Ce modeste
travail prétend être un complément par rapport aux
nombreuses études menées dans le Delta et se veut une
contribution en direction des chercheurs et décideurs qui y
interviendraient.
Pour mener à bien notre étude, nous avons
posé les hypothèses suivantes :
- Les potentialités naturelles ont joué un
rôle considérable dans l'artificialisation du delta du fleuve
Sénégal ;
- l'organisation actuelle de la gestion et de la maintenance
dans le périmètre de Boundoum, laissée à l'Union
des OP seulement ne permet pas d'espérer une durabilité de
l'aménagement ;
- La nouvelle politique de maintenance va servir de cadre de
dialogue entre l'Etat, les collectivités locales et les usagers.
A. Méthodologie
Pour ce travail d'étude et de recherche, la
démarche suivie s'est déroulée en trois principales
phases :
La première phase était dévolue à
la synthèse bibliographique. En effet, elle visait à
connaître l'état de la production scientifique sur notre sujet.
Elle nous a conduit à consulter les ouvrages généraux
(« La vallée du fleuve Sénégal :
évaluation et perspectives d'une décennie
d'aménagement »), entre autres ; des thèses et
mémoires que nous avons pu trouver dans les centres de documentation des
sections de géographie et de sociologie, de la BU, du G.I.R.A.R.D.E.L,
du CIFA, de l'ADRAO, etc. Cette première étape nous a permis
d'apprécier la dimension du travail qui nous attendait et de participer
à notre guise à la recherche sur la problématique de
maintenance des aménagements hydro agricoles dans le delta du fleuve
Sénégal.
Ce premier exercice nous a donc procuré une bonne
imprégnation sur la question, son importance mais aussi et surtout
d'affiner notre problématique.
La collecte de données de terrain également
appelée descente sur le terrain a constitué la deuxième
phase de notre démarche. Elle s'est déroulée au niveau de
quatre villages du casier : Boundoum-barrage, Boundoum Nord ou Diawar
(siége social de l'union), Wassoul et Ronkh et a duré trois mois
avec comme base l'élaboration d'un questionnaire destiné aux
agriculteurs, aux conseillers ruraux, aux agents des services techniques
intervenant sur la filière agricole comme la SAED, l'ISRA.
La collecte des données qualitatives nous a
été en grande partie facilitée par l'usage de quelques
outils de la MARP (méthode active de recherche participative) comme le
profil historique et l'interview semi structuré. Le profil historique
nous a permis d'avoir une idée sur les événements qui ont
marqué l'histoire de cette collectivité. Par exemple la grande
crue des années 1960 appelée
« mbeund » par la population locale. L'interview
semi structuré consistait par des questions plus ou moins ouvertes
portant sur des thèmes sélectionnés d'avance (agriculture,
élevage, etc.) à faire discuter les populations locales afin de
faire émerger des informations utiles pour mieux comprendre l'objet
à étudier.
Par ailleurs, nous avons bénéficié d'un
stage de formation qui a duré un mois (du 15 janvier au 15
février 2007) à la Direction Autonome de Maintenance des
infrastructures hydro agricoles (DAM). Ce stage qui portait sur la maintenance
des infrastructures hydro agricoles : de la station de pompage aux
parcelles nous a beaucoup aidé dans cette tâche de collecte de
données surtout celles relatives à l'aspect protocolaire de la
maintenance.
La troisième et dernière phase de notre
démarche est le traitement des données de terrain. Le traitement
s'est fait à partir des systèmes de traitement statistique et
graphique et l'usage de l'outil informatique.
Les traitements statistiques nous ont permis de classer les
données numériques en tableaux et d'en déduire des valeurs
et variables pertinentes pour développer nos analyses. Avec les
traitements graphiques des données, nous avons pu, de façon
synthétique, présenter certaines informations. L'outil
informatique nous a permis la saisie de notre document (Microsoft Word), la
cartographie (Mapinfo) et la réalisation de courbes d'évolution
et de diagramme (Microsoft Excel).
Pour mener à bien ce travail, nous étudierons
dans un premier temps l'artificialisation du delta du fleuve
Sénégal ; puis nous analyserons l'organisation de la gestion
et les travaux d'entretiens dans le périmètre de Boundoum et
enfin la nouvelle politique de maintenance des aménagements hydro
agricoles constituera notre troisième partie.
I) 1ere partie
A. Chapitre 1
Le Delta se situe à l'extrême Nord-Ouest du
Sénégal (cf.fig 1). Il couvre une superficie de 5 000
km2 de Richard-Toll à l'ancienne embouchure naturelle du
fleuve Sénégal. L'originalité du milieu naturel a fait que
cette zone ait fait l'objet de grands programmes d'aménagements en vue
de sa mise en valeur agricole. Ces derniers ont fortement bouleversé les
systèmes de production traditionnels à tel enseigne qu'ils aient
fortement artificialisé le Delta.
Pour une bonne compréhension de la situation qui
prévaut actuellement dans le Delta, nous consacrons cette partie
à l'analyse des différentes évolutions qui se sont
opérées au niveau écologique, économique,
démographique, politique voire institutionnel.
1) A- Le milieu naturel
1) 1-Unités géomorphologiques, sols et
végétation
1) 1-1) Les unités géomorphologiques
Dans le Delta s'opposent deux grandes catégories
d'unité paysagères : une zone régulièrement
inondée par les crues du fleuve appelée walo et une
autre non inondable à cause de sa topographie un peu plus haute qu'on
appelle diéri.
Dans cet ensemble se distinguent trois ensembles
morpho-pédologiques qui sont spatialement imbriqués. Il s'agit
des cuvettes de décantation, des levées- fluvio deltaïques
et des dunes du diéri.
a) Les cuvettes de décantation (appelées
walo)
Les cuvettes de décantation forment des
dépressions topographiques où l'alluvionnement était
moindre et assurent la transition entre les versants et les levées (J.
Tricart, 1961). Ce sont des unités postnouakchottiennes
c'est-à-dire qu'elles ont été édifiées
après le retrait de la mer. Les sols sont localement appelés
hollaldé, avec une grande proportion d'argile (environ 55%).
Ces sols ont une très bonne capacité de rétention et sont
très indiqués pour la riziculture irriguée. Les
périmètres qui ont été les premiers à
être réalisés ont été dans leur plus grande
majorité installés sur ces cuvettes. Nous avons le cas par
exemple du casier rizicole de Richard-Toll dans le haut delta, le
périmètre de Boudoum dans le moyen delta, etc.
b) Les levées
fluviodeltaïques
Les levées sont des bourrelets de berge construits par
le fleuve lui-même à partir de piégeage de
sédiments. Fluviodeltaïque vient de la combinaison de deux
mots : fluvio qui veut dire la charge solide du cours d'eau et de
deltaïque qui renvoie à une nappe d'eau. Cette unité a
été mise en place pour l'essentiel durant la période golfe
(transgression marine) qui a duré de 12 000 jusqu'à
2 000 ans Bp. Du point de vue granulométrique, les
dépôts fluvio deltaïques sont constitués de sables
fins, de limons et d'argiles. Localement, les sols de cette unité sont
désignés sous le nom de fondé. Ces
dépôts sont aujourd'hui le support des aménagements hydro
agricoles de type PIP, le long de l'axe Gorom-Lampsar plus
précisément dans le moyen delta (SY.B, 1995).
c) Les dunes du diéri
Les dunes du diéri se présentent sous
la forme de grands alignements longitudinaux de direction est/sud-ouest
à la bordure méridionale du Delta. D'autres alignements
s'étendent depuis Gorom-aval jusqu'à l'île de Ntieng. Elles
se sont mises en place durant une période d'aridité très
marquée (22 000-1 2000 ans Bp) que l'on appelle ogolien. Les sols
qu'on trouve sur ces dunes sont de type bruns subarides grâce aux phases
de stabilité (pluvial tchadien et pluvial néolithique) qu'a
connues le système ogolien. Ces dunes supportaient des cultures
pluviales et constituaient des champs de parcours pour le bétail.
Aujourd'hui les alignements sont très discontinus
à cause des sapements et recoupements par les différents bras.
Une perte progressive du profil pédologique par dénudation et/ou
remaniement caractérise la dynamique actuelle de ce système
dunaire.
Sur l'ensemble des unités présentées se
sont développés des sols déterminés en grande
partie par l'hydromorphie ou la salure.
1-2) les sols
Dans le delta du fleuve Sénégal, les sols
peuvent être regroupés en deux grandes familles. Une
première formée par les sols déterminés par la
présence de l'eau et une seconde regroupant les sols salés.
a) Les sols hydromorphes
Les sols hydromorphes sont principalement ceux des cuvettes de
décantation. Ils résultent d'une submersion plus ou moins durable
par les eaux de la crue du fleuve. Ce sont les sols de
« walo » constitués essentiellement
de « hollaldé » très argileux,
pauvres en matière organique et d'une structure massive. Difficiles
à travailler, ils conviennent à la riziculture.
b) Les sols salés
Les sols salés sont également appelés
sols halomorphes. Ils sont localisés au niveau de certaines cuvettes de
décantation et levées fluviodeltaiques. On peut aussi les
rencontrer dans les dépressions vouées à recueillir les
eaux de drainage. Les facteurs explicatifs de la présence du sel dans
ces sols sont la proximité de l'océan et la transgression marine
(Houma.Y 1993).
Aujourd'hui, le processus de salinisation des terres du delta
du fleuve Sénégal est si accrue que l'on note beaucoup d'abandons
en pleine campagne agricole. Et face à cette situation alarmante, des
mesures draconiennes sont à prendre car la présence du sel dans
les sols compromet toute activité agricole (Lerricolais.A et al.
1976).
Hormis ces deux grandes familles de sols, il faut y ajouter
les sols du système dunaire plus connus sous le nom de sols du
diéri. Ce sont des sols bruns subarides dont la teneur en
argile est faible.
1-3) la végétation
Les écosystèmes du Delta sont des formations
sahéliennes. Le couvert végétal naturel est souvent bien
adapté aux conditions difficiles du milieu. Dans l'ensemble, la
végétation est discontinue et composée à
majorité d'herbes xérophiles. Selon Konaté.M. (1999), une
corrélation positive existe entre formation végétale et
type de sol dans ce paysage sahélien. Ainsi, sur chaque grand ensemble
morpho-pédologique que compte le Delta vont pousser des espèces
spécifiques.
* Sur les dunes du diéri
Du point de vue floristique, les dunes du
diéri supportaient des espèces ligneuses comme
Acacia albida, Acacia radiana, Acacia seyal, Balanites
aegyptiaca, etc. ; les strates arbustives et herbacées sont
constituées d'euphorbiacées (Euphorbia balsamifera), de
combrétacées (Guiera senegalensis), et de
graminées saisonnières (Cenchrus biflorus, etc.) Wade
(2003). Ces espèces végétales sont celle de la savane.
* Sur les cuvettes
Dans les cuvettes argileuses de décantation, autour des
défluents du Sénégal, prospéraient des forêts
d'Acacia nilotica. A cela s'ajoutaient les graminées
pérennes telles que Oryza longistaminata, Echinochola stagnina et
Vossia cuspidata qui constituaient une ressource alimentaire d'une
importance non moins considérable pour le bétail.
Dans les cuvettes très salées (Sebkhas) se
développaient des plantes halophiles comme Salsola baryosma,
Tamarix senegalensis, etc.
* Sur les levées fluvio deltaïques
Les levées fluvio deltaïques constituent le plus
souvent le support des aménagements hydro agricoles.
Sous l'effet combinatoire de facteurs physiques
(sécheresses) et humains (création d'aménagements hydro
agricoles), de nombreuses espèces ont disparu ou ne subsistent
qu'à l'état résiduel (Kane. A in mélanges) d'une
part ; de nouvelles espèces ont vu le jour (Typha australis,
Salvinia molesta, etc.) d'autre part.
2- Climatologie
Le climat peut être défini comme la
synthèse des temps qu'il fait. Selon Maxe Sorre cité par Brunet.R
et al. (2005), « le climat d'un lieu est la série des
états de l'atmosphère au-dessus de ce lieu dans leur succession
habituelle ».
Le climat du delta du fleuve Sénégal est
caractérisé par la double influence de l'océan et du
continent. Il est conditionné par trois principaux centres d'action ou
anticyclones. Ces anticyclones sont celui des Açores, de
Sainte-Hélène et du Sahara communément appelé
anticyclone libyen. Chacun d'eux est responsable de l'installation d'un type de
vent spécifique et qui domine la circulation atmosphérique
générale du Delta pendant un moment bien
déterminé.
2-1) Les masses d'air
* L'alizé maritime : c'est un vent issu de
l'anticyclone des Açores, de direction Nord à Nord Ouest. De
novembre à février (saison sèche froide) ce vent domine la
circulation atmosphérique générale de la zone. Il est
chargé d'humidité en raison de son parcours océanique mais
n'est pas porteur de pluies. Il provoque un abaissement de la
température, du brouillard, de la rosée cependant il
s'assèche rapidement vers l'intérieur.
* L'alizé continental ou Harmattan : de Mars
à juin (saison sèche chaude) domine l'harmattan. C'est un air
saharien issu de l'anticyclone libyen. Il est caractérisé par une
grande sécheresse (la population l'appelle
« mboyo ») avec des amplitudes thermiques
fortes : frais ou froid la nuit, il est chaud le jour. Souvent il
s'accompagne de poussière, de sable.
* La mousson : ce vent ne s'installe qu'en juin-octobre
et issu de l'anticyclone de Sainte-Hélène. Son long trajet
maritime le rend très humide. Il est responsable de la
quasi-totalité des précipitations enregistrées au niveau
du Delta.
En dehors de ces types de vent, il est possible de rencontrer
dans la zone des vents locaux qui se manifestent généralement en
fin de saison sèche : ce sont les vents tourbillonnaires que la
population locale désigne sous le nom de
« ngëlewër ».
2-2) Les températures
L'étude de la température présente une
importance capitale pour l'agriculture irriguée. Dans le delta du fleuve
Sénégal, les températures sont élevées et
sont liées à la latitude tropicale de la région. Les
moyennes annuelles vont de 20 à 40°c avec des extrêmes
variant entre 12°c (novembre-février) et 45°c (mai-juin). Les
températures sont également caractérisées par des
variations dans le temps avec les saisons notamment avec les
précipitations qui les abaissent et dans l'espace avec la
proximité ou l'éloignement de la mer.
Il convient de signaler que lorsqu'elle est
élevée, la température favorise le développement de
la plante de riz tandis que si elle est basse, elle est source d'avortement du
riz conduisant sans doute à de mauvais rendements. C'est pour cette
raison qu'il n'est pas indiqué de cultiver du riz en saison
sèche froide.
2-3) Les précipitations
Les précipitations revêtent une grande importance
en ce sens que l'essentiel des activités du Delta leur sont tributaires
(Diagne P.S, 1974). La pluviométrie y est globalement faible et est
caractérisée par une irrégularité interannuelle
très marquée (voir tab.1). L'existence d'une seule et courte
saison pluvieuse (3 mois d'hivernage sur 12) fait que la quasi-totalité
des précipitations tombent durant cette période. Cependant, en
saison sèche, la zone peut enregistrer des pluies
éphémères dues aux perturbations du front polaire
appelées «Eug» par la population locale.
Tableau (1): Evolution de la pluviométrie
de 2000 à 2004
Postes Pmm
|
2000/2001
|
2001/2002
|
2002/2003
|
2003/2004
|
2004/2005
|
H
|
NJ
|
H
|
NJ
|
H
|
NJ
|
H
|
NJ
|
H
|
NJ
|
Dagana
|
Dm
|
Dm
|
307
|
17
|
170
|
13
|
275
|
18
|
118
|
9
|
Richard-Toll
|
359
|
19
|
318
|
19
|
163
|
16
|
261
|
17
|
221
|
12
|
Mbane
|
387
|
19
|
350
|
15
|
237
|
13
|
308
|
20
|
207
|
12
|
Ross-Béthio
|
Dm
|
Dm
|
366
|
24
|
226
|
14
|
263
|
15
|
185
|
11
|
Rao
|
419
|
22
|
Dm
|
Dm
|
191
|
17
|
216
|
23
|
159
|
14
|
Saint-Louis
|
446
|
23
|
282
|
31
|
228
|
20
|
353
|
28
|
131
|
16
|
H = hauteur - NJ= nombre de jour de pluie - Dm= données
manquantes
Source : DRDR/Saint-Louis
D'après le tableau ci-dessus, la zone a reçu,
dans la période de 2000 à 2004, une moyenne pluviométrique
de l'ordre de 217mm, et la station de Richard-Toll située dans le haut
Delta, une moyenne de 264,4mm ( voir fig.1). Pour ce qui est du nombre de jours
de pluie, on note aussi une faible moyenne (soit 14 jours de pluie).
Au cours de cette période, les maxima et minima
enregistrés à Saint-Louis sont de 446mm et 131mm, alors
qu'à Richard-Toll nous avons 359mm et 221mm. Le nombre de jours de pluie
n'est pas constant d'une année à une autre. A Saint-louis les
extrêmes sont 31 et 16 (soit une moyenne de 23,5) et à
Richard-Toll ils sont 19 et 12 (soit une moyenne de 15,5).
Figure 1 : Courbe d'évolution de la
pluviométrie à Richard-Toll de 2000 à 2004
En culture d'hivernage, lorsque la pluie est importante, elle
peut influer négativement sur l'activité agricole. En effet, la
pluie provoque la prolifération des adventices, rend impraticable les
pistes d'accès occasionnant le report de certaines tâches
déterminantes (par exemple les épandages).
3) Le réseau hydrographique
Le réseau hydrographique du Delta est tributaire
à la fois de la configuration géologique et
géomorphologique et du régime pluviométrique de la sous
région. Au niveau de cette région, le fleuve
Sénégal semble être le plus important concernant les eaux
de surface.
· Le fleuve Sénégal
Le fleuve Sénégal, d'une longueur de 1700 km,
traverse les zones sahélo soudaniennes et sahéliennes où
il constitue le seul cours d'eau permanent (Lavigne Delvigne Ph., 1991). Cela,
J. Rodier cité par S.M. Seck (1981), l'a si bien souligné
lorsqu'il parlait de «fleuve tropical débouchant en zone
sahélienne». Donc c'est un fleuve allochtone formé par la
jonction du Bafing (appelé Sénégal blanc par Muriel Devey)
et du Bakoye à Bafoulabé.
Dans le delta du fleuve Sénégal, le
régime naturel du fleuve est caractérisé par une
période de hautes eaux de juillet à octobre et de basses eaux de
décembre à juin (Thior P. 1998). L'eau de la mer remontait le
fleuve jusqu'à la hauteur de Dagana en saison sèche. Ce
phénomène de remontée de la langue salée est aboli
suite à la construction, sur le fleuve, du barrage anti-sel de Diama en
1986.
A coté de ce dernier, nous avons un réseau de
cours d'eau anastomosés dont certains jouent le rôle d'adducteur
et d'autres, le rôle d'émissaire de drainage (Voir carte
2) :
- Le Gorom, long de 60km, part du village de
Ronkh plus précisément sur le site de Bépar. Il est
intrinsèquement lié au fleuve d'où proviennent presque
toutes ses eaux. Avant les barrages, le Gorom servait de réserve d'eau
douce pour la population, en période de décrue. Il permettait
également la pratique de cultures de décrue qui occasionnaient le
déplacement de nombreuses de familles. Aujourd'hui avec les mutations
que le réseau hydrographique a connues (artificialisation hydrologique),
le Gorom ne contribue qu'à l'approvisionnement en eau des
périmètres irrigués en plus de l'activité de
pêche qui s'y développe. Il rejoint le fleuve en amont de
l'île de Tieng en alimentant sur sa rive gauche les marigots du
Kassack et du Lampsar.
- Le Lampsar relié au Gorom amont
à hauteur du village de Boundoum-barrage où il prend son origine,
entre en confluence, successivement, avec les marigots du Kassack, du Djeuss et
du marigot de Khant avant de se jeter dans le fleuve Sénégal en
amont de la ville de Saint-Louis. Il décrit des méandres
engainés par de petites levées alluviales. Il en résulte
un isolement de cuvettes plus ou moins grandes à Thiléne,
Pont-Gendarme, etc. Fall.M (1999).
Le Gorom et le Lampsar constituent un axe qui retient, avec
six autres ensembles, l'attention d'un fonds de maintenance
dénommé FOMAED. C'est pour cette raison qu'on parle de
système adducteur Gorom-Lampsar.
- Le Djeuss, long d'une cinquantaine de km,
prend son origine au sud-est du parc de Djoudj et s'écoule presque
parallèlement au Lampsar avec qui il entre en confluence au nord de la
ville de Saint-Louis.
- Le Kassack a son origine entre le Gorom et
le Lampsar. Sa jonction avec ces derniers est aujourd'hui faite par
l'intermédiaire des ouvrages de Diambar et de Demba (près de
Diawar) ; il s'écoule parallèlement au Gorom sur 30 km avant de
se joindre au Lampsar.
- Le Diawel et le
Natché situés au Nord Est du Delta servent
aujourd'hui de collecteurs d'eaux de drainage des casiers rizicoles de Thiagar
et sucriers de la CSS ; son écoulement s'arrête dans une plaine
à l'ouest de Richard-Toll ;
- Le Ngalam situé au sud-est de l'axe
Gorom-Lampsar, dans le dièri, reçoit les eaux de lessivage de la
réserve attenante à l'ouvrage vanné de Ndiawdoune.
- Le lac de Guiers
Principale réserve d'eau douce du
Sénégal, le lac de Guiers occupe une dépression
allongée dans l'axe Nord-Sud d'environ 50 km de large entre 15°55
et 16°16 de longitude ouest. L'alimentation du lac dépend du fleuve
Sénégal par l'intermédiaire de la rivière Taouey.
C'est à partir de ce lac que se fait l'alimentation en eau de la ville
de Dakar.
4.Le cadre humain
Le Delta correspond un peu à l'ancien royaume du Waalo
qui s'est périclité en 1859. La population de ce royaume
était essentiellement composée de wolofs qui s'y sont
installés depuis fort longtemps (Barry.B 1985). Il y avait aussi des
peuls et des maures. Cependant, contrairement à la moyenne
vallée, la zone du delta du fleuve Sénégal et ses bordures
apparaissaient comme des déserts humains avant les aménagements.
En fait, les conditions du milieu naturel n'autorisaient aucune installation
humaine durable.
L'avènement de la riziculture irriguée et de
l'agro-industrie a vu la création de nouveaux établissements
humains et la venue de populations nouvelles. Il en est résulté
un enrichissement de la composition ethnique.
1- La composition ethnique
Les ethnies que l'on rencontre dans le Delta sont
principalement :
- Les wolofs qui constituent la population autochtone. Ils
représentent plus de 63,6 % de la population d'après le
recensement de 1988. Ils sont des sédentaires et se concentrent le plus
souvent dans les villages anciens.
- Les peuls qui sont des nomades par excellence en raison de
l'activité pastorale qui le leur exigeait. On note aujourd'hui une
sédentarisation de certain parmi eux qui se sont convertis en de
véritables agro pasteurs. Il y a également le rôle non
moins considérable de l'Etat. En effet, dans beaucoup de hameaux peuls
des salles de classe ont été construites.
- Les maures : leur présence dans cette zone peut
s'expliquer par les rapports qu'entretenaient le royaume du Waalo et les maures
du Trarza. Leur nombre n'est devenu important qu'au lendemain du
célèbre conflit frontalier Sénégalo-Mauritanien.
Les politiques de peuplement du Delta,
développées par la SAED ont été à l'origine
de l'apparition d'ethnies étrangères. Il s'agit des toucouleurs
venus du Fouta et des sérères provenant de l'intérieur du
pays.
En outre, dans des endroits où l'agro-industrie s'est
développée, il est possible d'y trouver la majeure partie des
ethnies existant au Sénégal. C'est le cas par exemple de
Richard-Toll avec la CSS, de Dagana avec la SNTI, etc.
2) Peuplement et colonisation du Delta
L'une des ambitions que nourrissait la SAED était
d'inciter les gens à venir pratiquer l'agriculture à travers une
politique dite de peuplement. Pour l'accueil de ces populations, de nouveaux
villages ont été construits. Faisons d'abord une étude sur
les villages traditionnels avant de parler de ces villages de colons.
2.1) Les villages traditionnels
Sont qualifiés de villages traditionnels les villages
qui existaient dans le Delta avant la création de la SAED. Ces villages
se situaient presque tous au bord du fleuve. Cette proximité du fleuve
présentait un double avantage selon Diagne P.S : les populations
pouvaient aisément s'adonner à la pêche en plus de cela,
elles avaient la possibilité, en période de décrue, de
faire de l'agriculture de décrue.
Aujourd'hui, beaucoup de ces villages (dans le Moyen delta et
un peu dans le Haut delta) ont connu un déguerpissement suite à
la demande de l'OMVS. Par exemple, les villages de Wassoul, Ronkh, Khor,
Ndiaténe sont actuellement derrière la grande digue de protection
créée en 1964.
2.2) Les villages neufs
Avec la SAED, de nouveaux villages sont crées.
C'était dans le but non seulement de peupler la zone qui offrait un peu
l'aspect d'un «no men's land » (désert humain) mais aussi
et surtout d'encourager le développement de l'agriculture
irriguée. Ainsi pour l'installation des gens en provenance du
Diéri, le village de Boundoum Barrage fut crée en 1965.
En 1966, deux autres villages virent le jour et
étaient peuplés de paysans déplacés à cause
de la crue : Boundoum Est pour les paysans venus du village de Ronkh et
Boundoum Nord pour ceux qui sont venus de Kheune et Wassoul. Mais la plupart de
ces populations déplacées retourneront plus tard dans leurs fiefs
d'origine. Ce qui fait que Boundoum Est et Boundoum Nord sont plus connus
respectivement sous les noms de Ronkh Delta et de Diawar.
Les villages neufs ne se limitaient pas à ces trois
car dans la même année, la SAED créa deux autres qui ont
servi de zone d'accueil aux toucouleurs venus du Fouta (Kassack Nord) et aux
sérères (Kassack Sud).
Il convient de noter que ces villages étaient
construits suivant les mêmes règles architecturales et il y'a des
maisons qui perdurent jusqu'à nos jours.
2.3) Population et évolution
démographique
Le Delta, qui correspond à peu prés au
département de Dagana, a une population relativement faible. Selon les
résultats provisoires du recensement général de la
population et de l'habitat (RGPH) de 2005, la population du delta du fleuve
Sénégal est passée de 204 371 à
192 207hbts entre 1976 et 1988. En 2002 elle se chiffrait à
192 987hbts et les estimations donnent le chiffre de 215 395hbts pour
l'année 2005 (voir tableau 2).
Tableau 2 : La répartition de la
population du département de Dagana selon la collectivité locale
et les différents recensements en 2005.
Collectivités locales
|
Population issue des recensements
|
Population estimée
|
RGPH 1976
|
RGPH 1988
|
RGPH 2002
|
2004
|
2005
|
Gaé
|
|
13 015
|
18 713
|
19 968
|
20 793
|
Mbane
|
|
20 028
|
30 536
|
33 535
|
34 921
|
Ross-Béthio
|
|
33 220
|
53 393
|
57 541
|
59 615
|
Ronkh
|
|
|
20 191
|
22 521
|
23 451
|
Population rurale
|
66 263
|
122 833
|
133 565
|
138 780
|
Rosso Sénégal
|
|
17 523
|
9 328
|
9 783
|
10 187
|
Dagana
|
|
15 742
|
18 205
|
19 092
|
19 882
|
Richard-Toll
|
|
29 679
|
42 621
|
44 699
|
46 546
|
Population urbaine
|
62 944
|
70 154
|
73 574
|
76 615
|
Total Département
|
204 371
|
129 207
|
192 987
|
207 139
|
215 395
|
Source : Service Régional de la Statistique de
Saint-Louis.
Malgré la présence de trois communes :
Dagana, Richard-Toll et Rosso Sénégal, la population du Delta est
à majorité rurale avec 138 780hbts contre 76 615hbts
qui vivent en milieu urbain en 2005 soit un taux d'urbanisation faible de
l'ordre de 35%.
L'augmentation de cette population est grande partie due au
développement de l'irrigation et d'une agro industrie relativement
conséquente qui ont eu à drainer d'importantes populations.
Toutefois, il est important de souligner que la zone n'est
pas à l'abri de l'émigration. En effet, la majeure partie de la
population dépend directement de l'agriculture. Or cette activité
connaît de sérieuses contraintes durant ces dernières
années. C'est ce qui explique le départ de bon nombre de
« bras » de cette économie fortement rurale. Les
villes comme Nouakchott et Rosso en Mauritanie constituent les destinations
les plus fréquentes de ces départs.
3- Les activités
traditionnelles
Les conditions climatiques et hydrologiques avaient rendu
possibles des modes d'exploitation des ressources du milieu variables dans le
temps et dans l'espace : la culture de décrue sur les terres du
walo et la culture pluviale sur les contreforts du
diéri. Ce terroir dont les principales ressources
étaient l'eau, la terre et les pâturages, a été
pendant des siècles, le théâtre d'activités comme
l'agriculture, l'élevage et la pêche. En outre, d'autres
activités traditionnelles, mais d'envergure moindre, se pratiquaient
dans ce secteur.
3-1) L'agriculture
L'agriculture a pu se développer dans cette
région sahélienne en grande partie grâce à la
présence du fleuve Sénégal. Elle reposait essentiellement
sur les cultures de décrue ou cultures du walo et celles dites de
diéri ou cultures pluviales.
Les cultures de décrue se faisaient durant la saison
sèche ou contre-saison sur les sols inondables du walo. Leur
étendue dépendait de l'importance ou non des crues du fleuve et
de ses défluents. Sur les berges du fleuve on cultivait du sorgho (gros
mil), du niébé, du maïs, etc. Le long du Gorom
(défluent du fleuve), sur les bourrelets de berges, la patate douce, le
manioc, etc. se cultivaient. Cependant le problème majeur de ces
cultures de décrue était le sel qui l'a toujours rendue
faible.
La production était généralement
destinée à l'autoconsommation familiale. Selon Tourrand F. et
Jamin F.Y (1986), cette activité était le propre des wolofs
installés sur le fleuve dans le moyen et le haut delta entre Débi
et Richard-Toll, qui étaient les vrais les waalo waalo.
Sur le diéri, formé de bas plateaux et
dépendant des précipitations, se pratiquaient des cultures sous
pluie. Les principales cultures étaient le mil, le sorgho, le maïs,
le niébé ainsi que l'arachide lorsque la pluviométrie
était suffisante.
Cette agriculture engendrait peu de revenus monétaires
du fait de sa vocation vivrière. Elle était le plus souvent
associée à l'élevage qui fut l'activité la plus
importante dans la zone du Delta.
3-2 L'élevage
L'élevage était à coté de
l'agriculture l'un des piliers de cette économie essentiellement rurale.
Son développement s'expliquait par plusieurs raisons. D'abord des
facteurs physiques propices : présence de l'eau, pâturages.
Ensuite, les facteurs humains : présence d'ethnies pour lesquelles
l'élevage n'a pas de secret (Peulhs, Maures). C'était un
élevage transhumant extensif qui gravitait autour des points d'eau.
Cependant quelques différences méritent
d'être soulignées entre le système des Maures et celui des
Peulhs : en hivernage, les Maures partaient en Mauritanie avec leurs
troupeaux pour ne revenir dans le Delta qu'en saison sèche où le
bétail pouvait se contenter des reliques de cultures de
décrue ; tandis que les Peulhs partaient vers le sud du Delta (le
diéri) durant la saison pluvieuse où ils associaient
l'élevage aux cultures pluviales. Lorsque la valeur fourragère du
diéri diminuait et surtout dès l'assèchement des
marres (en saison sèche), le retour vers le Delta s'imposait comme une
condition sine qua none.
De nos jours, avec le recul des cultures traditionnelles
auxquelles il était lié, le développement de la culture
irriguée et de l'agro-industrie qui offre des emplois
rémunérés, l'élevage bat de l'aile et est
condamné à être relégué au second plan. En
somme, l'exploitation du cheptel, faute d'une bonne organisation des
éleveurs, demeure faible et mal assurée. Il s'y ajoute que les
conditions sanitaires sont relativement affectées par les effets
écologiques des barrages (pollutions de drainage et prolifération
de mauvaises herbes telles que le typha).
Les conditions du milieu plaidaient également en
faveur d'une autre activité mais d'une importance moindre : la
pêche.
3-3) La pêche
La pratique de la pêche dans le delta du fleuve
Sénégal était rendue possible par les eaux du fleuve et
l'existence d'une gamme importante de cours d'eau (Gorom, Lampsar, etc.). Pour
Barry B. si l'élevage attirait l'attention des peuples nomades, la
pêche était le monopole des Waalo Waalo. Une partie des prises
était réservée à la commercialisation et le reste
à l'autoconsommation.
3-4) Les autres activités
traditionnelles
A côte de l'agriculture, l'élevage et la
pêche, les habitants du Delta connaissaient d'autres activités
mais d'importance relativement moindre. Il s'agit de la chasse et la
cueillette, de l'artisanat et du commerce.
Avec l'introduction de l'irrigation dans ce secteur et
l'artificialisation de plus en plus soutenue du milieu naturel, ces
systèmes de production traditionnels connaîtront de profonds
bouleversements.
A- L'introduction de l'irrigation
1- Du plan de colonisation agricole du baron Roger
à la création de la SAED
L'introduction de l'irrigation au Sénégal
remonte vers le XIX ième siècle. Elle résulte
de la volonté des puissances coloniales de substituer le commerce des
comptoirs à une colonisation agricole. Le projet de colonisation
agricole a été encouragé en partie par l'abolition de
l'esclavage. En effet, face aux difficultés d'amener la main-d'oeuvre
là où se trouvait les plantations, la meilleure solution fut de
faire l'inverse c'est-à-dire de transporter le travail là
où il y'avait la main d'oeuvre corvéable (Barry B. 1985 citant
Scheffer). Donc c'était le coup d'envoi de la colonisation agricole qui
venait d'être donné avec le Sénégal, le Madagascar
et la Guyane qui furent retenus comme lieux d'expérimentation.
Au Sénégal, c'est le royaume du Waalo qui fut
retenu par ces tentatives avec la signature d'un traité de concession
des terres entre le gouverneur Schmaltz et Amar Fatim Mborso, brack du Waalo
d'alors. Schmaltz, dans le souci d'alimenter l'industrie naissante en
matière première, avait pensé à la canne à
sucre, le coton et l'indigotier.
Dans l'ensemble, ces tentatives se sont soldées par
des échecs qui ont entraîné le remplacement du gouverneur
Schmaltz par le baron Roger en 1821. Ce dernier créera plus tard un
jardin d'expérimentation à Richard-Toll.
Pour promouvoir la recherche agronomique dans le royaume du
Waalo, Roger mit en place un jardin d'essai à Richard-Toll en 1822. Ce
jardin était placé sous la férule d'un
pépiniériste du nom de Richard. Concernant l'exploitation, des
primes et mesures incitatives telles que bestiaux, machines à
égrener, étaient mises à la disposition des plus
méritants (Maiga M. 1995).
Du point de vue de la conception technique, nous avions de
petites parcelles délimitées par des digues. Le système
d'approvisionnement en eau était calqué sur le modèle qui
prévalait en Algérie : la Noria.
Une gamme très diversifiée de
variétés était cultivée à Richard-toll.
Néanmoins, on peut les regrouper en trois grandes familles :
d'abord les fruits et légumes (manguier, goyavier, papayer, etc. pour
les fruits et chou, carotte, etc. pour les légumes) ; ensuite les
céréales avec le riz comme espèce dominante et enfin les
cultures de rente (coton, mûrier, plantes tinctoriales, etc.).
Le bilan des travaux de Roger a été plus ou
moins décevant avec une exception faite pour les légumes qui ont
connu un franc succès. En plus de cet échec, le royaume du Waalo
était sous la domination des Maures. Cette annexion suscitait de
sérieuses inquiétudes chez les français et il faudra
attendre jusqu'au XX iéme siècle pour voir les vrais
programmes d'aménagements se développer dans le Delta. Vers 1900,
l'aménagement de la vallée et du delta était mis en
veilleuse au profit de la monoculture arachidière qui n'avait pas
manqué à exacerber le déficit vivrier du pays (Sarr B.,
1995).
Ce n'est que vers les années 1920 que de nouvelles
possibilités d'aménagement furent étudiées dans la
vallée du fleuve Sénégal avec le plan Augier.
C'était un plan multisectoriel qui comprenait entre autres objectifs la
régularisation du fleuve, une navigabilité permanente de Kayes
à Saint-louis, etc. Ce projet qui était coûteux va pousser
l'administration coloniale à reculer et à adopter des projets
beaucoup plus modestes. En 1935 la MEFS (Mission d'Etude du Fleuve
Sénégal) est créée. Cette structure était
chargée de la conduite et de l'exécution de tous les travaux
expérimentaux à réaliser dans tout le bassin du fleuve
Sénégal. Elle sera remplacée par la MAS (Mission
d'Aménagement du Sénégal) en 1938 qui n'était rien
d'autre que son prolongement.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, face au
déficit céréalier consécutif à la rupture
des importations de riz en provenance d'Indochine, on ordonna à la MAS
de mettre en valeur l'ensemble du Delta (P.S Diagne, cité par Seck.S.M
1981). L'objectif poursuivi dans tout cela était l'aménagement en
l'espace d'une décennie de 50.000 ha et la production de 80.000 tonnes
de paddy afin de couvrir les besoins nationaux. Ainsi, en 1946, le casier
pilote de Richard-toll fut réalisé et nécessita la mise en
place d'un pont-barrage entre la Taouey et le fleuve Sénégal.
Tous ces travaux pouvaient se traduire par une forte artificialisation de la
zone en donnant un autre cachet à Richard-Toll poussant certains
chercheurs comme (S.M Seck, 1981) à parler de l'émergence d'un
«second Richard-Toll». La gestion de ce casier était
assurée par la SDRS (Société de Développement
Rizicole du Sénégal) et du fait du sous-peuplement du Delta
à ce moment le recours à la mécanisation était
imparable.
Dés l'aube des indépendances (1960), la MAS
céda la place à l'OAD ( Organisation Autonome du Delta) dans le
delta du fleuve Sénégal et à l'OAV (Organisation Autonome
de la Vallée), soeur jumelle de l'OAD intervenant au niveau de la
vallée (G. Diemer et E.Van der Laan, 1987). Cependant aucun de ces deux
organismes ne disposait ni d'une personnalité juridique ni d'une
autonomie financière ; ce qui faisait qu'ils atteignaient
très tôt la limite de leurs prérogatives. En 1965, l'OAD
céda la place à une structure beaucoup plus solide avec le statut
de société publique à caractère industriel et
commercial : la SAED (Société d'Aménagement des
terres du Delta).
En 1972, la zone d'intervention de la SAED fut étendue
à la zone de l'OAV (Basse Vallée) puis en 1974 sur l'ensemble de
la rive gauche.
2) Le processus d'artificialisation du
milieu
Le processus d'artificialisation dans le delta du fleuve
Sénégal peut se résumer sur trois principales
phases : la reconversion des cuvettes de décrue en cuvettes
rizicoles, la création de la digue de protection et l'artificialisation
du régime hydrologique interne.
2-1) Des cuvettes de décrue aux cuvettes
rizicoles
Beaucoup de casiers rizicoles du Delta faisaient l'objet de
cultures de décrue avant d'être destinés à la
riziculture. Ces casiers étaient tributaires des marigots tels que le
Gorom, le Kassack, le Lampsar, le Djeuss, etc. En raison de la forte
quantité de sel induite par les transgressions marines du 1er
quaternaire, une partie importante de ces cuvettes n'étaient pas
favorables à la riziculture (Maïga M., 1995).
L'artificialisation a consisté à transformer
ces cuvettes en casiers rizicoles. Pour ce faire, on a réalisé un
ensemble de digues et de canaux dont le but était de rendre les hauteurs
de plans d'eau dans le fleuve, les chenaux et les cuvettes indépendants
les uns des autres sous réserve d'une hiérarchisation correcte de
ces niveaux.
Ainsi, on cultivait du riz en pratiquant la submersion
contrôlée qui consistait à faire pousser la plante par la
pluie et à la faire développer par la crue du fleuve dont
l'entrée dans les cuvettes était assurée par un
système de digues et de vannes.
2-2) L'endiguement du Delta
Le deuxième événement phare de
l'artificialisation progressive du Delta est la création de la digue de
protection. En effet, en 1964, sous l'initiative de la MAS, une digue longue de
82 km a été édifiée sur la rive gauche du fleuve
Sénégal. Elle était équipée d'ouvrages pour
le contrôle de la submersion dès les premières heures de la
crue. Donc l'aménagement consistait à dresser des endiguements
de protection contre la crue et surtout à la mise en place d'ouvrages
vannés pour la régulation de l'eau à l'entrée et
également en empêchant la pénétration de la langue
salée qui émanait de la mer en période de
décrue.
Cette digue représentait alors l'un des
éléments importants d'un dispositif évolutif qui a
été parachevé en 1986 par la fermeture du barrage de
Diama.
2-3) L'artificialisation du régime
hydrologique interne
Le régime hydrologique interne renvoie à
l'ensemble des marigots présents dans le Delta et qui constituent des
défluents pour le fleuve Sénégal. Certains ont fait
l'objet d'aménagements et ont acquis un régime artificiel. Il
s'agit du Gorom, Djeuss, Ngalam, Djoudj, Kassack, etc. Avec l'artificialisation
de leur régime leurs eaux sont destinées principalement à
l'irrigation au niveau des aménagements hydro agricoles. Selon le
rôle qui leur est dévolu, nous pouvons en distinguer des
adducteurs et des émissaires :
Un adducteur est un aménagement structurant dont
l'objet est l'adduction d'eau à des aménagements terminaux. Parmi
ces adducteurs on peut citer le Gorom Amont, Gorom Aval, Lampsar, Kassack,
Diovol, Ngalam et trois marigots au sud de la RN2 (voir carte2).
Un émissaire de drainage se définit comme un
aménagement structurant dont l'objet est l'évacuation des eaux de
drainage des aménagements terminaux. Les émissaires que l'on
rencontre dans le Delta sont : le Noar, le Natché, le Krankaye, le
Mbeurbeuf, le Ndiael et l'émissaire du Delta (voir carte 2).
3- De la reconversion des aménagements vers la
maîtrise de l'eau
3-1) les aménagements en submersion
contrôlée
La submersion contrôlée est un principe
d'aménagement hydro agricole d'origine asiatique plus
précisément dans le delta du Mékong et la plaine du
Tonkin. Elle sera introduite en Afrique et expérimentée dans
l'office du Niger. Ce n'est que sous la MAS qu'elle est introduite dans le
delta du fleuve Sénégal vers les années 1960. C'est pour
cette raison que tous les aménagements réalisés pendant
cette époque étaient qualifiés
d'aménagements primaires.
Ces aménagements connaîtront un peu plus tard,
en 1968, des modifications ; mieux des améliorations à cause
des problèmes que connaissait la submersion contrôlée
(irrégularité des précipitations, problèmes
topographiques, cycle cultural qui dépendait trop des conditions
climatiques etc....). Ces améliorations avaient pour noms :
construction de canaux et de diguettes et édification de stations de
pompage au niveau des départs (Seck.S.M, 1991). Avec cette
évolution, on leur qualifia d'aménagements
secondaires. Ainsi le problème de l'eau à
l'amenée venait d'être réglé mais un autre restait
encore sans solution : celui de la distribution de l'eau à
l'intérieur des parcelles.
3-2) Les aménagements en maîtrise
complète de l'eau
En 1972, la SAED va réaliser des aménagements
permettant une maîtrise complète de l'eau par pompage de relais
à partir du retrait de la langue salée du fleuve
Sénégal qui avait le plus souvent lieu du 8 au 15 Septembre(
Reynard A. et Monnier J, 1971). Si la station de pompage permettait de
maîtriser l'eau à l'amenée, le réseau
hiérarchisé de canaux d'irrigation et de drainage assurait quant
à lui la maîtrise de l'eau à la distribution.
Ces progrès d'ordre technologiques marquèrent
l'avènement des aménagements tertiaires. Et
l'heure venait de sonner pour que l'on abandonnât l'irrigation par
submersion contrôlée. Par ailleurs les aménagements
secondaires seront progressivement convertis en aménagements tertiaires
et tous les nouveaux aménagements seront réalisés sur ce
modèle.
B- Les différents types de
périmètres et leur organisation
Dans le delta du fleuve Sénégal, on note la
présence de divers types de périmètres. Ils sont souvent
l'oeuvre de sociétés d'Etat (la SAED par exemple) d'où
leur qualification d'aménagements publics ou privées (CSS,
SOCAS).
1- Les périmètres irrigués de la
SAED
Dans la réalisation des périmètres
irrigués, la SAED intervient à plusieurs niveaux. Nous avons les
grands aménagements, les petits périmètres et les
aménagements intermédiaires.
1-1) Les grands
aménagements
Un grand aménagement est un périmètre
dont la taille varie entre plusieurs centaines et quelques milliers d'hectares.
Il est le plus souvent localisé dans une cuvette aménagée
d'un seul tenant. Il est également caractérisé par la
hiérarchisation de son réseau de canaux (canaux primaires,
secondaires et tertiaires) avec surtout une station de pompage. On peut retenir
aussi que le grand aménagement est divisé en mailles hydrauliques
subdivisées en parcelles. C'est un aménagement relativement
coûteux avec un prix à l'hectare variant entre 5 et 6,5 millions
de Fcfa /ha (SAED : Banque de données, 1997).
Les populations bénéficiaires ne sont, pour la
plupart du temps, pas associées à la réalisation de
l'aménagement. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les grands
périmètres étaient difficiles à gérer
à ce stade de l'évolution du monde paysan et techniquement lourd
à manier.
Au niveau du Delta, selon l'organisation de la gestion nous
avons deux types (voir tableau) : ceux qui sont placés sous la
gestion d'une union hydraulique (aménagements transférés)
et ceux qui ne le sont pas avec un comité d'usagers qui est
l'équivalent de l'union hydraulique pour ces derniers.
Tableau 3: Les GA du Delta et leur
mode de gestion
Périmètre
|
Gérant
|
Boundoum
|
Union hydraulique
|
Débit-Tiguet
|
Union hydraulique
|
Grande Digue-Tellel
|
SAED
|
Kassack
|
Union hydraulique
|
Thiagar
|
Union hydraulique
|
Source : compilé par l'auteur
1-2) Les petits
périmètres
Les aménagements que la SAED a réalisés
en guise de petits périmètres ont une faible superficie qui
tourne autour de 20 à 50 ha et répondent parfois sous le nom de
PIV (périmètre irrigué villageois). Contrairement au grand
aménagement, le petit périmètre se localise
généralement sur un bourrelet de berge. Mais cela peut
s'expliquer par le fait qu'il est irrigué à partir d'une moto
pompe. Le coût à l'hectare est compris entre 600 mille et 1,5
million de Fcfa/ha (SAED : Banque de données, 1997).
Concernant la conception technique des petits
périmètres, la SAED avait surtout bénéficié
de la participation manuelle des populations.
1-3) Les aménagements
intermédiaires
Vers les années 1980, dans le but d'éviter les
méfaits des grands aménagements et de récupérer les
bienfaits des petits périmètres, la SAED avait
décidé de changer de stratégie. C'est dans cette optique
que le périmètre de Ndombo-Thiago fut créé vers la
fin des années 1970. Ce genre de périmètre est
appelé périmètre intermédiaire. Sa superficie varie
de 50 à 1500 ha et l'hectare peut coûter au minimum 4 millions de
Fcfa et au maximum 4,5 millions de Fcfa (SAED : Banque de données,
1997).
2- Les périmètres
privés
Dans le Delta, la présence des aménagements
hydro agricoles privés est due à la combinaison de plusieurs
facteurs que sont entre autres le désengagement de l'Etat, le
reversement des zones pionnières en zones de terroir, un accès
facile au crédit de la Caisse Nationale de Crédit Agricole du
Sénégal (CNCAS) et une ressource en eau rendue disponible avec la
mise en service des barrages (Diama et Manatali, notamment).
En moins d'une décennie, les superficies
aménagées se sont développes de manière fulgurante
passant de 1300 ha en 1987 à plus de 40 000 ha en 1994.
Du point de la conception technique, l'aménagement
peut se résumer sur l'installation d'un groupe moto pompe au bord de la
voie d'eau (voir photo1), le percement d'un canal d'amenée et la
réalisation de diguettes. Dans l'ensemble, ce sont des
aménagements sommaires, réalisés sans respect des normes
techniques requises avec un coût d'investissement à l'hectare se
situant entre 100 000 et 250 000 Fcfa.
Photo 1 : un groupe moto pompe installé
sur les berges du Gorom-Amont
Tableau 4: Les différents types
d'aménagement en fonction du coût d'investissement à
l'hectare.
Type d'aménagement
|
Coût d'investissement à
l'hectare
|
GA
|
Entre 5 et 6,5 millions Fcfa
|
PIV
|
Entre 600 mille et 1,5 million Fcfa
|
PIP
|
Entre 100 mille et 250 mille Fcfa
|
AI
|
Entre 4 et 5 millions Fcfa
|
Source : SAED, d'après Banque de données de
1997
3- Les périmètres
agro-industriels
Ce sont des types d'aménagement hydro agricoles
gérés par des compagnies spécialisées dans la
production d'une spéculation particulière (la Compagnie
Sucrière Sénégalaise pour le sucre, la
Société de Conserves Alimentaires du Sénégal pour
la tomate).
3-1) les aménagements de la
CSS
Créée en 1970 par le groupe Mimran, la
Compagnie Sucrière du Sénégal (CSS) produit de la canne
à sucre dans les anciens casiers rizicoles de Richard-toll. En
convertissant ces casiers rizicoles, on souhaitait que la CSS soit en mesure
d'assurer la couverture des besoins du pays en sucre. Cette entreprise
agro-industrielle a aménagé 7 300 ha (FAO, 2006). Elle
dispose d'une usine et d'un centre de recherche pour améliorer les
variétés de canne à sucre. L'eau d'irrigation est fournie
par le lac de guiers et le canal de la Taouey à partir duquel des canaux
secondaires irriguent et drainent des zones de culture. Le mode d'irrigation
est l'irrigation à la rigole, siphonage ou à la raie.
3-2) Les aménagements de la
SOCAS
La Société de Conserves Alimentaires du
Sénégal a été créée en 1969 par les
Moulins SENTENAC. Entreprise privée possédant sa propre fabrique,
la SOCAS est l'un des plus gros complexes agro-industriel du
Sénégal, sis dans la région du Fleuve (CIFA, 2006). Sur
une surface totale d'à peu près 260 ha, 14 000 paysans
contribuent à la production de 70 000 tonnes de tomates
achetées par la SOCAS qui leur garantit l'achat à un prix
rémunérateur (FAO, 2006).
Aujourd'hui, on note l'apparition d'une autre
société agroalimentaire : les Grands Domaines du
Sénégal (GDS). Cette entreprise à capitaux
français, s'est implantée dans le bas Delta un peu en amont du
village de Ndiawdoune. Elle utilise une technique d'irrigation moderne qui
demande beaucoup de moyens : c'est l'irrigation au goutte-à-goutte.
La production se fait sous serre et est vouée directement à
l'exportation.
A- Organisation de la production et de la gestion du
périmètre
1) 1- Historique et évolution de l'aménagement
de Boundoum
1) 1.1) Localisation et historique
Le périmètre de Boundoum se trouve à 70
km au nord-est de la ville de Saint-louis. On y accède par la Nationale
2 à partir de Ross-Béthio par une route plus ou moins
défectueuse longue de 20 km et qui va jusqu'au village de Boundoum
barrage.
Le casier a été créé depuis 1964
par l'organisation autonome du Delta (OAD). C'est une cuvette dont
l'aménagement est marqué par différentes phases suivant
l'évolution technologique. En fait en 1964, la superficie totale se
chiffrait à 1800 ha sous forme d'aménagement primaire
(aménagement sommaire qui permettait de canaliser la crue vers les
dépressions). La technique agricole que cela exigeait était la
submersion contrôlée.
La première campagne a eu lieu pendant hivernage
1964-1965 avec les semis envolés. Les variétés
cultivées étaient photopériodiques dont le cycle
dépendait de la variation de la température.
L'aménagement secondaire constituait une
amélioration avec la création d'une station de pompage à
Diawar en 1970. Mais cette station ne permettait pas alors une maîtrise
complète de l'eau. L'évolution vers l'aménagement
tertiaire se fera progressivement et sera matérialisée par des
endiguements et des réseaux d'irrigation et de drainage. Cela a
réellement démarré en 1974 et 596 ha vont s'ajouter
à la superficie (soit une superficie totale de 2396 ha).
En 1991 le casier a été réhabilité
puis concédé à l'Union des GIE et SV de Boundoum et ce
transfert s'inscrivait dans le cadre de l'application de la politique de
responsabilisation des organisations de producteurs.
Aujourd'hui le périmètre est divisé en
118 secteurs hydrauliques. Ce sont des blocs autonomes d'irrigation de taille
variable appelés également mailles hydrauliques.
1.2) Les réhabilitations et extension du
périmètre
Le périmètre a bénéficié
d'une réhabilitation et d'une extension entre 1991 et 2001 avec l'appui
de la KFW (coopération allemande) et de la Banque Mondiale (BM) pour un
coût global de 9 292 millions de FCFA. Suite à cette
opération la superficie a été portée à
3 295 ha dont 3098,56 ha sont présentement exploitables soit
93,85%.
Nous entendons par réhabilitation une opération
qui découle d'une prise de conscience d'une situation de
départ jugée insatisfaisante, et qui propose des principes et des
démarches en vue d'une situation d'arrivée satisfaisante. Elle
vise donc la durabilité de l'aménagement et l'amélioration
des rendements et par extension celle du niveau de vie des populations
locales.
Avec cette réhabilitation, on voulait résoudre
un lot important de problèmes dont le périmètre
était confronté. En effet, avant la réhabilitation, il
était presque difficile de réaliser de bonnes performances dans
le casier de Boundoum à la suite d'un défaut notoire de
maintenance ou de conception : la salinisation des terres, l'ensablement
et l'enherbement des canaux, l'absence d'une station d'exhaure en
constituaient les causes majeures.
Les travaux de la réhabilitation se sont
organisés suivant deux grandes tranches :
- Le 22 Avril 1990 marque le début de la
première tranche qui n'avait duré pas moins de 14 mois. Cette
première tranche avait permis la réalisation des deux
premières phases pour une superficie de 972 ha dont 913 ha
étaient mis en culture depuis 1991. En 1993 démarre une
troisième phase de 725 ha qui concernait la partie génie civil de
l'extension de la station de Diawar de même que la protection des berges
des canaux primaires.
La première tranche a pris fin le 30 Juin 1994 et en ce
moment, la superficie nette irrigable était 1697ha.
- La seconde tranche de la réhabilitation a
débuté en Septembre 1995. Subdivisée en deux phases, elle
est livrée en Mars 1997. La superficie couverte par cette
deuxième tranche était 1664 ha (voir tableau 5). Mais c'est en
2001 que les travaux ont complètement pris fin.
Tableau 5 :
Chronologie de la réhabilitation
Première tranche
|
Zones
|
(3 phases)
|
B. barrage
|
B. Nord
|
B. Est
|
Total
|
784ha
|
329ha
|
584ha
|
1697ha
|
Deuxième tranche
|
Phase 1
|
224ha
|
378ha
|
160ha
|
726ha
|
Phase 2
|
418ha
|
_
|
169ha
|
902ha
|
|
Total
|
1426ha
|
1022ha
|
913ha
|
3361ha
|
Source : Réhabilitation du périmètre
de Boundoum ; RAZEL, 1998.
1.3) Evolution de la gestion des terres
Dans le delta du fleuve Sénégal, c'était
la SAED qui se chargeait de l'affectation des terres. En effet, celle-ci en
rapport avec les coopératives représentées par leur
président, affectait les terres dans les cuvettes
aménagées. Mais ce mode de distribution avait très
tôt montré ses limites en ce sens que chaque année, la
répartition des terres était reprise et les paysans couraient le
risque de ne plus retrouver les mêmes terres.
La SAED changea vite de méthodes afin d'instaurer un
climat de stabilité dans le mode d'affectation des parcelles. Ainsi,
elle continuait à assurer la gestion des terres jusqu'en 1987 qui marque
le renversement des zones pionnières dans la zone dite de terroir. A
partir de cette date, la SAED n'exerça plus son pouvoir sur ces terres
dont la gestion venait d'être confiée aux Conseils Ruraux.
Des problèmes n'ont pas manqué de surgir
lorsqu'on a voulu réhabiliter le casier. En fait, au moment de la
réhabilitation, la SAED avait demandé aux Conseils Ruraux de
confirmer les unions comme affectataires des terres. En réaction
à cette requête, une délibération du Conseil Rural
avait affecté les terres du périmètre aux unions
hydrauliques et cela était en parfaite contradiction avec les textes
législatifs qui affectaient ces terres non pas aux unions hydrauliques
mais aux OPB ou groupements de producteurs.
Apres l'extension, beaucoup de paramètres
étaient pris en considération dans l'affectation des terres.
Ainsi pour être attributaire d'une parcelle de 0,40 ha (appelée
« kop » par les paysans du périmètre), il
fallait être âgé de 18 ans ou plus, être habitant d'un
des villages de l'union, appartenir à un groupement de producteurs ou
une coopérative librement constituée.
2- Organisation de la gestion et de
l'exploitation
2.1) Organisation de la production
Le périmètre de Boundoum polarise au total sept
(7) villages : Boundoum-Barrage (wolofs et Maures), Boundoum-Est (wolofs),
Diawar appelé Boundoum-Nord (wolofs), Wassoul (wolofs), Ronkh (wolofs),
Kheun (wolofs) et Diadiam (Maures). Il concerne une population de 15 508
habitants repartis dans ces sept villages. La superficie totale exploitable
s'élève à 3 098,56 ha et va au profit de 2 557
familles attributaires de parcelles (voir tableau ci-dessous).
Tableau 6 : la
répartition des terres entre les villages
Villages
|
Pop Totale
(Hbts)
|
Familles
Attributaires
|
Sup exploitables
(Ha)
|
Sup/attributaire
(Ha/Fam)
|
S.V
|
Boundoum-
Barrage
|
4 500
|
964
|
1180,51
|
1,22
|
10
|
Boundoum-Est
|
722
|
103
|
102,6
|
1,00
|
2
|
Diawar
|
3 363
|
337
|
602,45
|
1,79
|
9
|
Wassoul
|
941
|
319
|
190,39
|
0,60
|
3
|
Ronkh
|
3960
|
479
|
629,71
|
1,31
|
9
|
Kheun
|
1307
|
116
|
186,75
|
1,61
|
3
|
Diadiam
|
715
|
239
|
206,15
|
0,86
|
3
|
Total
|
15 508
|
2 557
|
3 098,56
|
1,21
|
39
|
Source : Données SAED
2005
Figure 2 : répartition des superficies aux
villages
2.2) Les organisations paysannes
- L'union hydraulique
L'union des OP de Boundoum a été
créée en 1991. Elle regroupe trente neuf (39) Sections
Villageoises (SV), six GIE et sept (7) Groupements Féminins (GPF). Son
siège social se trouve à Diawar.
Avec comme vocation initiale de piloter l'agriculture et la
gestion des aménagements hydro agricoles, l'union a vu son objet
s'étendre vers un appui aux GIE et SV membres à travers la
fourniture de bon nombre de services tels que l'approvisionnement en eau et sa
gestion, l'octroi d'intrants agricoles et de crédit, l'entretien des
canaux. L'union assure d'autres activités :
- L'exploitation et l'entretien des stations de pompage
(irrigation et drainage).
- Elle dispose d'une commission
« matériel » qui a pour charge la gestion et
l'entretien des locaux et des magasins de l'union, des équipements et du
matériel de bureau, du véhicule de transport de l'union.
- La commission « commercialisation »
assure le suivi de la collecte du paddy, de son décorticage et de sa
vente pour le remboursement de la redevance hydraulique et des avances
effectuées sur intrants par l'union. Elle se charge également de
suivre les opérations de commercialisation entre l'union et les
riziers.
- La commission « adduction d'eau
potable » (AEP) est responsable de la gestion des différents
systèmes d'adduction d'eau potable installés dans les villages du
casier.
Loin de se limiter à ces différentes
tâches, l'union entretient des relations plus ou moins
privilégiées avec des partenaires comme :
- la SAED : Appui-conseil ;
- la CNCAS : Crédit de campagne ;
- la F.P.A (Fédération des
Périmètres Autogérés) : Affiliation ;
- l'union des coopératives ;
- l'union de Boundoum-Barrage ;
- etc.
Le fonctionnement de l'union repose essentiellement sur la
redevance hydraulique payée par les OPB comme source unique de
financement. En plus de cela, il y a les organes de décision qui sont au
nombre de trois : le bureau exécutif de 12 membres, le conseil
d'administration composé de 53 membres et l'assemblée
générale d'environ 203 membres mandatés par les
différentes sections villageoises.
- Les OP de base
Les OP de base sont chargées de la maintenance des
aménagements terminaux, l'acquisition et la gestion du crédit et
la mise en valeur agricole. Ces différentes tâches sont
définies par un contrat qui lie les OP de base à leur Union.
Suivant cette logique les organisations paysannes de base assurent les
fonctions suivantes :
- Recenser les expressions de besoins, dresser des demandes de
crédit qu'on soumettra au visa technique de la SAED et négocier
le crédit nécessaire auprès des structures de
crédit locales ;
- Rendre compte l'Union de tous les éventuels
problèmes de leurs membres et de leur organisation (par exemple retard
au niveau de l'approvisionnement en semence, etc.) ;
- distribuer les intrants et recouvrir les exigibles
auprès des membres débiteurs ;
- maintenir en état les aménagements terminaux,
c'est-à-dire ceux qui sont à l'intérieur de la maille
hydraulique de leur groupement ;
- etc.
2.3) Les relations avec les partenaires
extérieurs
1) a) L'accès au crédit
A la suite de Peter Torekens, dans un film
réalisé par Jean Michel D'Estaing sur la riziculture au niveau de
la vallée du fleuve Sénégal, nous pouvons dire que le
crédit est d'une importance capitale pour le démarrage de la
campagne.
Pour le cas de Boundoum, l'union ne prend pas de
crédit. Ce sont les sections villageoises qui le font. Sur ce
crédit, elles paient à l'union le service de l'eau. Mais pour
être bénéficiaire du crédit, il faut remplir un
certain nombre de conditions : être dans une organisation reconnue
juridiquement (GIE), avoir un compte au niveau de la CNCAS, disposer du visa
technique attesté par la SAED, etc.
Il y a également d'autres conditions d'accéder
au crédit qui, cependant, sont jugées très
subjectives : par exemple il faut que la banque ait confiance en
l'individu.
Ce crédit doit être obligatoirement être
remboursé même en cas de calamité majeure ou agression
agricole (péril acridien, attaque d'oiseaux, etc.) d'où la
nécessité pour les paysans de la cuvette de disposer d'un fonds
de calamité. Malheureusement il n'y en a pas à Boundoum.
b) Relation avec la SAED
La SAED est la société de
développement qui encadre l'union. Après le transfert de 1991,
elle ne s'est pas totalement désengagée. En fait, il y a un
contrat de concession qui la lie avec l'union des OP de Boundoum. Mais ce
contrat est d'une durée indéterminée. Elle a à sa
charge trois missions :
- Encadrement technique et formation des membres de
l'Union ;
- Encadrement de la Section Villageoise pour l'entretien et la
gestion du périmètre ;
- Contrôle périodique de la gestion technique et
financière de l'Union.
D'ailleurs un conseiller agricole
représentant la SAED est basé à Boundoum-Barrage.
2.3) Les prestataires de services
L'intervention des prestataires de service survient surtout
dans le cadre de certains travaux hors de la portée de l'union. Par
exemple, pour les travaux d'entretien des stations de pompage et de
renouvellement des équipements hydromécaniques, l'union fait
appel à l'expertise de la DAM.
Les autres prestataires de services intéressent le plus
les sections villageoises qui forment ce qu'on appelle Union Locale (UL)
à l'intérieur de chaque village et agissent à l'occasion
du travail du sol, de la récolte (mécanique) et du battage (les
engins que la population locale appelle << bourga>> voir
photo 2). Ces fournisseurs sont en général des privés ou
des organisations de producteurs qui disposent du matériel agricole.
.
Photo 2 : une batteuse « bourga
»
B- Mise en valeur et contraintes à l'exploitation
dans l'aménagement de Boundoum
1- La mise en valeur
Généralement, l'aménagement n'est
cultivé qu'en hivernage et avec 100% du riz.
Le tableau ci-dessous montre que de 1991 à 1996, la
mise en valeur au niveau du casier était marquée par des cultures
d'hivernage et de contre-saison chaude (double culture). Cela peut s'expliquer
par le fait que la réhabilitation venait de débuter et que
l'aménagement fût remis en neuf. Mais il convient de signaler que
le riz est la seule culture pratiquée dans le casier. Après
1999, les paysans du casier ont cessé de pratiquer la culture de contre
saison et cela jusqu'en 2005. Cette non mise en valeur était le
résultat d'un dysfonctionnement de l'Union qui, face à
l'extension de ses fonctions au-delà de ses prérogatives
normales, s'était retrouvée dans un climat de difficultés
pour ce qui était de ses relations avec ses partenaires.
Face à cette situation de crise, la SAED avait
jugé nécessaire de procéder à une opération
d'audit du fonctionnement de l'Union et à une restructuration en
2002/2003. Ce réaménagement a entraîné la mise en
oeuvre d'un programme de redressement et de relance de la mise en valeur dont
la mise en application n'a été effective qu'en 2004/2005 puis
consolidée par le retour de la double culture en 2005/2006.
Tableau 7 : la mise en valeur au cours de cette
période
Années
|
Hivernage
|
Contre Saison Chaude
|
Sup.(ha)
|
Rdt. (t)
|
Prod. (t)
|
Intensité culturale
|
Sup. (ha)
|
Rdt. (t)
|
Prod. (t)
|
1991/1992
|
825,70
|
5,40
|
4458,78
|
1,98
|
825,70
|
5,00
|
4128,50
|
1992/1993
|
784,06
|
6,30
|
4939,58
|
0,95
|
_
|
_
|
_
|
1993/1994
|
789,29
|
6,80
|
5367,17
|
1,50
|
452,17
|
5,01
|
2265,37
|
1994/1995
|
1456,64
|
5,30
|
7720,19
|
1,38
|
759,01
|
5,00
|
3795,37
|
1995/1996
|
1550,58
|
5,15
|
7985,49
|
1,28
|
514,00
|
4,50
|
2313,00
|
1996/1997
|
2256,00
|
5,50
|
12408,0
|
0,95
|
_
|
_
|
_
|
1997/1998
|
3088
|
6,7
|
20636
|
0,91
|
_
|
_
|
_
|
1998/1999
|
3088
|
6,04
|
20205
|
1,41
|
1664,7
|
4,48
|
7458
|
1999/2000
|
2884,39
|
5,40
|
15576
|
1,21
|
1200
|
6,21
|
7452
|
2000/2001
|
2635,21
|
5,20
|
13719
|
0,78
|
_
|
_
|
_
|
2001/2002
|
3080,28
|
5,50
|
16942
|
0,95
|
_
|
_
|
_
|
2002/2003
|
909,34
|
4,50
|
4092
|
0,27
|
_
|
_
|
_
|
2003/2004
|
2982,28
|
5,74
|
17118
|
0,90
|
_
|
_
|
_
|
2004/2005
|
2994
|
5,76
|
17245
|
0,90
|
_
|
_
|
_
|
2005/2006
|
3039,9
|
5,08
|
15443
|
0,92
|
_
|
_
|
_
|
2006/2007
|
2856
|
_
|
_
|
1,52
|
1291,91
|
6,83
|
8823,74
|
Source : union de Boundoum
1.1) Les rendements
Les rendements ont relativement évolué et sont
plus constants en hivernage (avec une moyenne de 5,62 t/ha) qu'en
contre-saison chaude où le rendement moyen tourne autour de 5,29 t/ha.
Ce léger accroissement des rendements s'explique par l'emploi d'engrais
chimiques qui sont des fertilisants, l'usage d'herbicides pour les mauvaises
herbes et de pesticides pour les parasites. L'option pour les
variétés à haut rendement (VHR) comme le Sahel 108, IR 15
29 ne doit pas être négligée pour l'explication de
l'augmentation des rendements. En fait, le Sahel 108 peut donner, si les
conseils du technicien et l'itinéraire technique sont bien
respectés, des rendements de 11 t/ha.
1.2) L'intensité culturale
Dans la cuvette de Boundoum, la mise en valeur est
caractérisée par une intensité culturale qui évolue
en dent de scie de 1991 à 2006 (figure 3).Durant cette période,
l'intensité culturale d'une moyenne de 1,11 a été variable
d'une année à l'autre. Cette variabilité est due aux
facteurs qui suivent : l'accès au crédit, le remboursement
des dettes, la commercialisation de la production, l'organisation des
producteurs.
Figure 3 : L'évolution de
l'intensité culturale de 1991 à 2006.
2- Les contraintes à
l'exploitation
L'exploitation au niveau du périmètre
connaît de nombreuses contraintes. N'eussent été ces
difficultés, les exploitants du casier pourraient faire de bons
résultats. Ces difficultés ont pour noms :
- travail du sol parfois sommaire (un seul passage de
disques) ;
- une faible fertilité du sol (insuffisante
quantité, non respect des dates d'épandage dû parfois
à l'impraticabilité des pistes surtout en saison des
pluies) ;
- les adventices (herbes nuisibles aux cultures) ne sont
encore pas très bien maîtrisés. Les adventices peuvent
entraîner une chute de rendement de plus de 50% par rapport aux zones non
infestées (DIOP, 1980), cité par M. DIAGNE, 1995.
Tableau 8 : Quelques adventices rencontrés
dans le périmètre
Nom scientifique
|
Nom vernaculaire (wolof)
|
Oryza longistaminata
Oryza barthli
Ludwigia sp
Ischaemum rugosum
Echinichloa colona
Ipomoea aquatiqua
|
Njem
Xalir
Mboyte
Mbara
Mbay dek ou Mbaket
Lawlawane
|
- le calendrier, bien vrai qu'il soit bien établi,
n'est pas toujours respecté ;
- le retard de la livraison des intrants souligné par
plusieurs producteurs ;
- la non praticabilité des pistes, surtout le
tronçon Ross-Béthio-Boundoum Barrage, qui ne facilite pas
l'acheminement des intrants pendant l'hivernage ;
- le prix de l'engrais est devenu élevé. Par
exemple pour l'urée, le sac coûte 12 000 FCFA ;
- la non maîtrise par les paysans du RIDEV (Rice
Development). Le RIDEV est un logiciel qui fournit des instructions relatives
à la planification de la campagne qui permettent de prévoir selon
la variété, le site et en fonction de la date de semi, les dates
d'épandage, de floraison, de dernier drainage et de récolte,
ainsi que le taux de stérilité (Voir annexes).
Selon ce logiciel, si on sème en Septembre,
l'épiaison ou floraison va se faire au mois de Décembre et le
riz, sous l'effet de la fraîcheur, avorte ; ce qui se
répercutera sur le rendement.
Cependant l'analyse de la mise en valeur agricole
révèle des responsabilités à différentes
échelles. Ainsi à l'échelle de la parcelle, l'exploitant
respecte-t-il réellement l'itinéraire technique
suggéré ? Au niveau extérieur du
périmètre, il y'a d'autres paramètres à prendre en
considération comme les difficultés d'approvisionnement en
intrants et la disponibilité en matériel agricole.
L'entretien, gage d'un maintien en état des
infrastructures hydro agricoles de la cuvette, revêt une importance de
taille. En effet, il y va non seulement de la rentabilité de tant
d'efforts financiers, techniques, physiques, etc. consentis mais aussi et
surtout de la subsistance d'une population de presque 20 000 personnes.
Ces travaux d'entretien, dans la mesure où ils visent
pour l'essentiel l'amélioration des conditions de l'irrigation, alors
n'est-il pas opportun de voir dans un premier moment la façon dont l'eau
est gérée avant de nous lancer dans leur étude ?
A- Gestion hydraulique dans le
périmètre
On est tenté de définir la notion de gestion
avec DEBACKER, cité par (A.COLY, 2004) comme
« l'administration des biens d'un autre et de ses
intérêts avec soin, avec talent dans le but principal du
succès ». Ce qui revient à dire que la gestion de
l'eau équivaudrait à une situation où il n'y aurait aucun
déséquilibre (ni dans sa circulation, ni dans l'état du
réseau), aucun problème eu égard à la ressource
eau. C'est d'ailleurs dans cette optique qu'une étude menée par
l'ADRAO en 1990 suggérait que « la gestion de l'eau doit
inclure toutes les activités d'exécution et de direction
concernant la distribution de l'eau, l'entretien des infrastructures et la
gestion des conflits ».
1- Les infrastructures hydrauliques
A l'instar de tous les aménagements tertiaires, le
réseau du casier est composé du réseau d'irrigation, de
drainage et des pistes. Il y a aussi d'autres équipements qui sont
présents dans les villages du périmètre. Il s'agit des
hangars, des AEP et du réseau électrique.
1.1) Les stations de pompage
a) La station d'irrigation de Diawar
La station d'irrigation du casier de Boundoum se trouve
à Diawar, siège social de l'union des OP. Elle est née en
1968 et édifiée sur la fameuse digue de protection construite par
la MAS en 1964. Son équipement peut se résumer sur cinq (5)
électropompes totalisant un débit de 11,7 m3/s dont
deux (2) pompes SULZER de 2400 l/s chacune et trois (3) pompes FLYGT de 2300
l/s chacune.
Comme tout station de pompage pour l'irrigation, son
rôle est d'aspirer des volumes d'eau et de les refouler sous une certaine
pression dans les canalisations du réseau (RNEDHA, 1996).
Photo 3 : la Station de pompage de
Diawar
b) La station d'exhaure de
Gaéla
La station d'exhaure du casier dispose de quatre (4) pompes de
2 200 l/s chacune totalisant un volume de refoulement de 8,8 m3/s et une
hauteur manométrique totale (HTM) de 2,7m.
Le rôle essentiel de la station d'exhaure est d'assurer
l'évacuation des eaux pluviales, des eaux des vidanges stockées
dans les parcelles (eau de submersion) et des eaux de drainages des sols en
culture dans un émissaire de drainage. Ainsi, serait-il trop dire que
d'affirmer que la station d'exhaure permet l'assainissement du
périmètre tout entier ?
1.2) Le réseau d'irrigation et les
équipements hydromécaniques
C'est un réseau en commande par l'aval.
C'est-à-dire qu'il y a une vanne Avio au niveau de chaque tête. Ce
réseau est constitué d'un canal adducteur de 1970 m de long.
C'est le canal qui va de la station de pompage jusqu'aux canaux primaires.
Pour les canaux principaux, on en dénombre six (6) qui
sont le BN (Boundoum Nord), le C1A, le C1B, le C1C, le C2 et le C3. Ces canaux
totalisent une longueur de 32 948 m linéaire. Les canaux
secondaires du périmètre, d'un linéaire de 17 003 m,
sont au nombre de 15. La troisième catégorie de canal à
savoir les canaux tertiaires compte 144 canaux qui s'allongent sur 99 756
m. Enfin viennent les canaux quaternaires qui n'ont pas pu être
recensés à cause de leur nombre pléthorique et qui
assurent l'alimentation en eau des parcelles.
Dans l'ensemble, tous les canaux à l'exception des
quaternaires qui sont en déblai fossé simple sur terrain naturel
sont en terre compactée.
Pour assurer la sécurité des cavaliers en cas de
débordement, on a mis en place trois (3) déversoirs. Des modules
à masque qui sont au nombre de 130 (certains secteurs en ont 2) sont
dressés sur les canaux principaux et desservent des canaux de types
secondaires. Ce sont ces derniers qui assurent l'alimentation en eau des
mailles hydrauliques (environ 10 à 12 hectares).
Photo 4 : un module à masque
Nous avons en dehors des modules d'autres ouvrages tels que
les partiteurs et ceux qui officient pour la régulation d'où leur
nom d'ouvrage régulateur.
1.3) Le réseau de drainage
Le réseau de drainage du périmètre de
Boundoum se structure de la façon suivante : cinq (5) drains
primaires totalisant un linéaire de 27 301m ; dix sept (17)
drains secondaires d'une longueur total de 33 710m et cent cinq ( 105)
drains tertiaires d'un linéaire de 55 760m.
Pour limiter les problèmes que les contraintes que le
mauvais drainage causait, il s'est avéré nécessaire
d'évacuer les eaux de drainage vers l'océan par
l'intermédiaire d'un chenal de drainage appelé émissaire
de drainage.
a) L'émissaire de drainage du
Delta
Relié à la station de Boundoum par des ouvrages
de connexion, l'émissaire de drainage est composé des
dépressions suivantes : la dépression de Boundoum qui fait
400ha et la dépression de Krankaye qui fait elle 1200ha de plus que la
première soit 1600ha. L'émissaire comprend un canal primaire
endigué et long de 12km. La largeur de plafond varie entre 8 et 10m et
l'eau est déversée dans les deux dépressions
déjà citées.
La création de l'émissaire s'inscrivait dans le
cadre du plan de développement intégré de la rive gauche
(PDRG). Le financement du projet était assuré par la KFW pour un
montant de 4 Milliards 800. 000 .000 F CFA et les travaux de la
première phase sont achevés en Juin 2000.
b) Les problèmes résolus par
l'émissaire
Avec la réalisation de l'émissaire du Delta
l'évacuation des eaux de drainage du périmètre de Boundoum
depuis la station de Gaéla jusqu'au fleuve plus
précisément en aval du barrage de Diama a été
rendue possible. L'émissaire a également contribué
à renforcer la capacité d'alimentation de l'axe Gorom-Lampsar en
libérant le Gorom aval. Du point de vue écologique, ce chenal de
drainage a été d'un apport considérable. En effet, le
drainage sur le Ndiael qui est une zone protégée et
classée au rang de patrimoine mondiale de l'humanité est
arrêté. La salinisation est réduite car les eaux stagnantes
qui la favorisaient avant la construction de l'émissaire sont
aujourd'hui éliminées.
Cependant, ces bienfaits de l'émissaire ne doivent
surtout pas nous faire oublier un certain nombre problèmes qu'il a
engendrés. A titre d'exemple, les parcours pastoraux sont
réduits.
1.4) Les pistes et autres
infrastructures
1) a) Les pistes
Pour le passage des engins, ou l'évacuation de la
récolte, l'aménagement de pistes parait être d'une
importance considérable. Les pistes dont dispose le
périmètre de Boundoum totalisent un linéaire de
236 431m. Cela se décompose comme suit :
- piste principale revêtue en latérite de
166, 750km de long ;
- piste principale revêtue partiellement longue de
4km ;
- piste secondaire non revêtue d'un linéaire de
0,9km ;
- piste tertiaire en bordure des drains non revêtue
totalisant 203,381km de long.
Pour l'entretien des pistes principales, un fonds de
maintenance est mis en place et cela dans le cadre de la nouvelle politique de
maintenance. Ce fonds est appelé Fonds de Maintenance des
Infrastructures d'Intérêt général (FOMIIG) que nous
verrons plus tard.
b) les hangars
Pour le stockage de la production et des intrants, l'union des
OP de Boundoum a construit sept (7) hangars et un bureau pour l'union sur
financement conjoint IDA/KFW. Dans chaque village il y a un hangar où se
tiennent les opérations de distribution d'engrais d'herbicides, de
semences, le pesage, etc.
c) Les AEP
L'Union des OP de Boundoum dispose aussi d'une commission AEP
(Adduction d'Eau Potable). Cette commission intervient dans la gestion de l'eau
en mettant en place des comités de gestion au sein des villages membres
de l'Union. Ainsi, des châteaux d'eau (voir photo) sont installés
dans chacun des sept villages assurant du coup l'approvisionnement des
populations locales en eau potable.
Le fonctionnement des AEP avait dès le début
connu de sérieux problèmes relatifs au prix de l'eau. Face
à cette situation, la solution de fixer la bassine de 30 litres à
15 F au lieu de 25 F a été finalement adoptée.
Le niveau de consommation présente deux
caractéristiques majeures : d'abord il n'est pas tellement
élevé ; ensuite il varie en fonction du temps.
L'eau potable n'est généralement utilisée
qu'à des fins alimentaires et pour les autres activités telles
que la lessive, l'abreuvement des animaux domestiques, les ablutions et parfois
les bains et « petites toilettes », l'eau venant
directement du fleuve ou de ses défluents est utilisée. Par
exemple pour le village de Ronkh la présence, à
côté, d'un marigot appelé Beud fait que les habitants ne
se servent de l'eau potable que pour la boisson.
La situation socioéconomique de la zone explique en
grande partie la variation du niveau de consommation. En effet, ce n'est que
pendant la période de récolte qu'on l'on enregistre les forts
taux de consommation. Cela découle non seulement du fait que les paysans
voient leur pouvoir d'achat augmenter mais aussi et surtout de l'arrivée
massive des travailleurs saisonniers (« Sourga »,
les transporteurs de la production, les commerçants, etc.).
Avec les AEP, plusieurs maladies, qui étaient
liées à l'eau et qui empêchaient les producteurs qu'elles
affectaient de se rendre aux lieux de travail (les champs), ont reculé.
Ces maladies étaient la bilharziose, la diarrhée, la dysenterie,
etc. et sont aujourd'hui devenues de vieux souvenirs. Vu cela, nous pouvons
conclure que les AEP ont contribué à l'amélioration des
conditions de vie des populations du casier.
Photo 5 : Le château d'eau du village de
Ronkh
d) l'électrification rurale
La satisfaction des besoins en électricité des
équipements électromécaniques des stations de pompage
(irrigation et drainage) a finalement abouti à l'électrification
des différents villages du périmètre de Boundoum. Des
systèmes d'éclairage public peuvent être notés dans
tous les villages et la transformation du riz sera plus facile avec
l'installation de rizeries fonctionnant à partir de
l'électricité.
La construction de l'émissaire du Delta,
l'avènement des AEP et l'électrification des villages qui sont
des mesures d'accompagnement de la réhabilitation sont dans l'ensemble
d'une grande importance pour les populations du casier de Boundoum.
3- La distribution de
l'eau
La culture du riz est très sensible au manque d'eau et
nécessite, dans les conditions pédoclimatiques du delta du fleuve
Sénégal, un apport hydrique non moins important. La distribution
de ce liquide précieux au niveau du casier de Boundoum se fait de la
manière suivante : c'est l'union hydraulique, responsable de la
fourniture et de la gestion de l'eau, qui se charge du remplissage du canal
principal et laisse par la suite aux SV le choix de déterminer les
modalités de l'irrigation. Tous les modules qui sont branchés sur
le réseau peuvent fonctionner synchroniquement.
A l'intérieur de la maille hydraulique, l'eau qui entre
fera l'objet d'un contrôle très strict obligeant les paysans
à organiser des tours d'eau. La mise en place de tours d'eau pour
éviter les dilapidations renvoie à la police de l'eau. Pour ce
faire, des aiguadiers ont été formés et sont
chargés de passer la clé du module (les modules sont
cadenassés) d'amont en aval ou inversement afin qu'il y ait un respect
strict du tour d'eau. L'irrigation à la parcelle s'effectue par des
prises directes ou des buses en PVC à travers le remblai des canaux.
Cependant, cette distribution pour qu'elle se fasse dans les
meilleures conditions, il faut que l'état sanitaire du réseau ne
fasse l'objet d'aucune lamentation. Partant de là, la porte ne nous
est-elle pas ouverte pour analyser l'état du réseau ?
4- L'état du réseau
C'est surtout au niveau du réseau de drainage qu'il y'a
des problèmes. En effet, une insalubrité notoire due
principalement aux mauvaises herbes comme le typha caractérise ce
réseau. Pour les pistes, les difficultés surviennent le plus
souvent en hivernage. Par exemple, la non praticabilité de la piste
principale Ross-Bethio-Boundoum Barrage rend très difficile
l'acheminement des intrants en saison des pluies. Dans l'ensemble, ce sont ces
quelques maux qui affectent le réseau. D'où la
nécessité d'y mener, dans l'immédiat, des travaux
d'entretien si l'on veut bien sûr assurer la pérennité de
l'aménagement.
Photo 6 : Un Canal de drainage envahi par les
typhas australis
1) B- Les travaux d'entretien et la redevance
hydraulique
1- Les travaux d'entretien
L'entretien du réseau est
une condition sine qua non quant à la circulation normale de l'eau.
Avant le transfert, c'était la SAED qui assurait toutes ces fonctions.
Désormais c'est l'union qui s'en charge à travers sa commission
aménagement et matériel. C'est cette commission qui fait chaque
année, avec notamment l'appui de la SAED, le recensement des besoins en
termes de maintenance. Elle valorise ces besoins, les propose au bureau
exécutif. Le bureau exécutif, à son tour, les propose au
conseil d'administration pour validation. Si ce dernier valide le programme, la
commission aménagement et matériel avec la SEAD lancent un appel
d'offres pour la réalisation des travaux d'entretien. Après
dépouillement, les entreprises qui seront retenues commencent à
exécuter les travaux en présence des membres de la commission et
d'un technicien de la SAED pour le suivi et le contrôle des travaux.
Parmi les entreprises qui intervenaient pour le compte de
l'Union dans le cadre de la maintenance nous pouvons citer RAZEL, GIE Mamadou
Bâ (Ross Béthio), Entreprise Africaine (Boundoum Barrage), etc.
Selon la date d'intervention, nous pouvons distinguer deux
types d'entretien ou de maintenance. Il s'agit de l'entretien préventif
et de l'entretien curatif.
1.1) L'entretien préventif
L'entretien préventif a lieu avant la campagne et
comme son nom l'indique, il consiste à maintenir en état les
canaux d'irrigation (primaires, secondaires et tertiaires) et les chenaux des
eaux de drainage et cela se fait chaque année. Quand les talus sont
affaissés ou bien quand ils ont subi des déformations, on fait
intervenir des engins lourds comme graders pour le réprofilage. Du fait
de la déflation, éolienne les canaux sont ensablés. Pour
corriger cela, on fait recours à une technique dénommée
curage. Le curage peut se faire soit avec une pelle mécanique pour les
grands canaux soit avec un camion ou grader pour les petits canaux.
Il convient de souligner que toutes ces opérations se
font en fonction des besoins exprimés par l'union locale.
1.2) L'entretien curatif
L'entretien curatif se déroule durant la campagne et
surtout en cas d'urgence. Par exemple, l'excès d'eau dans les canaux
peut causer des fissures ou débordements. Il peut également
arriver que les canaux d'irrigation ou drains soient envahis par des herbes
(enherbement) pouvant porter atteinte à la bonne circulation de l'eau
dans le réseau. La technique utilisée par les exploitants pour
faire face à l'enherbement est le faucardage manuel. On l'appelle
faucardage manuel parce qu'ils utilisent des faucilles pour arracher
l'herbe.
Parfois, chaque exploitant est sous l'obligation de nettoyer
la partie du canal correspondant à sa parcelle. Dans ce cas, l'union
effectue des visites régulières sur chaque secteur hydraulique et
une amande de l'ordre 50 000 FCA est infligée aux
Récalcitrants.
Il y a aussi le faucardage mécanique si on utilise des
engins lourds, et à cette occasion, les SV expriment leurs besoins
à l'union qui, à son tour, fait appel à des prestataires
mécanisés.
Pour les stations de pompage, que ce soit l'irrigation ou
l'exhaure, chaque année, la SAED, sur la base d'un contrat de
maintenance, fait une descente et vérifie les équipements
électromécaniques. Pour ce faire, elle procède à
des contrôles systématiques des appareils électriques et
hydromécaniques une fois dans l'année. Pour les appareils
mécaniques, le contrôle systématique se fait deux (2) fois
par an. Il convient cependant de retenir que le contrôle est
assuré conjointement par la SAED et l'union. A la demande de l'Union, la
SAED effectue les dépannages électriques et les
réparations d'ordre électrique ou mécanique.
Le tableau ci-dessous résume l'opération de
maintenance dans le casier.
Tableau 9 : La maintenance des infrastructures du
périmètre de Boundoum
Intervention
|
Ouvrages concernés
|
Fréquence
|
Prestataire
|
Faucardage
|
Canaux d'irrigation, drains
|
Par campagne
|
Exploitants
|
Curage, ré profilage, rechargement cavaliers, planage
|
Canaux d'irrigation, drains, diguettes, parcelles
|
Annuelle
|
Prestataires spécialisés par consultation ou appel
d'offres
|
Ouvrages hydromécaniques, ouvrages génie civil
|
Ouvrages sur réseaux d'irrigation et drainage ou de
pistes
|
Selon la nécessite
|
idem
|
Equipements électromécaniques des stations de
pompage
|
Station d'irrigation de Diawar, station d'exhaure de
Gaéla
|
*1 fois par an pour le contrôle systématique
des appareils électriques.
*2fois par an pour le contrôle systématique des
appareils mécaniques.
*1 fois par an pour le contrôle systématique des
appareils hydromécaniques, dépannage selon
nécessité.
|
SAED par contrat de maintenance
|
Source : Union de Boundoum.
La réalisation de tous ces travaux relatifs à
la maintenance a nécessité des dépenses plus ou moins
lourdes. Ainsi, de 1998 à 2005, le montant total que l'union des OP de
Boundoum a consacré à la maintenance se chiffre à
214 836 917 FCFA. Mais 79% de cette somme est alloué à la
maintenance préventive soit 170 516 919 FCFA. Cela s'explique par
le fait que l'union ne souhaite qu'aucun problème ne soit
rencontré au cours de la campagne.
Tableau 10 : Les dépenses
effectuées sur la maintenance (en FCFA)
Année
|
Terrassement
maintenance préventive
|
Terrassement
maintenance. curative
|
Génie civil
Maintenance préventive
|
Faucardage
Manuel (maintenance. préventive)
|
Total
|
1998/1999
|
28 147 000
|
0
|
0
|
4 205 000
|
32 352 000
|
1999/2000
|
25 883 384
|
0
|
1 842 000
|
2 600 000
|
30 325 384
|
2000/2001
|
50 790 650
|
389 048
|
1 240 000
|
7 582 660
|
60 002 358
|
2001/2002
|
25 300 575
|
722 150
|
3 389 000
|
0
|
29 411 725
|
2002/2003
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2003/2004
|
18 571 310
|
2 028 490
|
3 383 450
|
5 383 350
|
29 366 000
|
2004/2005
|
21 824 000
|
1 236 550
|
1 583 900
|
8 734 400
|
33 378 850
|
Total
|
170 516 919
|
4 376 238
|
11 438 350
|
28 505 410
|
214 836 917
|
Source : SAED
2- La redevance hydraulique
C'est la somme que doit payer chaque paysan qui irrigue ou
draine à partir des réseaux d'irrigation ou de drainage de
l'aménagement. La redevance rémunère les efforts fournis
par l'Union dans le cadre de la distribution de l'eau et lui permet de couvrir
les frais suivants :
- Fonctionnement (salaires, indemnités,
électricité, entretien véhicules, carburant,
déplacements) ;
- Renouvellement et grosses réparations (DAT) ;
Entretien des parcelles, des canaux et des digues.
Suite à l'application de la nouvelle politique de
maintenance en 2003/2004, le coût hydraulique sera revu à la
hausse. En effet, le périmètre de Boundoum est assujetti au fonds
de maintenance des adducteurs et de l'émissaire du Delta (FOMAED). Le
montant de la redevance pour le service de drainage est de 16 000 FCFA par
hectare et par an. Aujourd'hui la redevance hydraulique est de 75 000 FCFA
par hectare.
Tableau 11 : La décomposition de la
redevance hydraulique.
Elément
|
Montant à l'hectare (F.CFA)
|
Renouvellement et grosses réparations (DAT)
|
20 000
|
Réfection canaux par piste
|
10 000
|
Réfection parcelles
|
10 000
|
Fonctionnement (électricité, carburant,
salaires, indemnités, déplacements)
|
19 000
|
FOMAED
|
16 000
|
TOTAL
|
75 000
|
Source : d'après entretien avec
Abdoulaye Diop, comptable de l'union.
Il est à signaler que le coût hydraulique a
beaucoup évolué au niveau du casier. Avant la concession, il
était fixé à 41 000 FCFA par ha net. De 50 000
FCFA après le transfert, il sera porté à 60 000 FCFA
avec la dévaluation du FCFA survenue en 1994.
De cette analyse, on peut retenir qu'à Boundoum, on
consacre beaucoup d'efforts à la maintenance. Cependant cette
dernière souffre de problèmes financiers pour être bien
pratiquée. Selon M. Abou Ndao (Responsable de l'opération de
Boundoum), les fonds destinés à l'entretien sont insuffisants et
cela résulte du fait que l'union consomme plus dans la rubrique
Fonctionnement au détriment des autres (exemple sur
50 000 000FCFA qu'elle devait verser sur DAT, elle n'a versé
que 12 000 000FCFA. Donc le fonctionnement pèse lourd).
Face à cette situation, des mesures idoines sont
à adopter dans l'immédiat afin d'assurer la préservation
de l'aménagement et de la production. L'union doit dans un premier temps
mettre l'accent sur le respect des principes normatifs (l'utilisation) de la
redevance car c'est l'avenir de l'aménagement qui en jeu. Ensuite une
importance doit être accordée à la pérennisation du
périmètre.
I) Troisieme partie
I) Chapitre 1
I) Facteurs explicatifs et finalités de la nouvelle
politique de maintenance
1- Les Facteurs explicatifs de la
nouvelle politique de maintenance
La maintenance, gage de la performance des différents
ouvrages réalisés et de la préservation de leur efficience
globale, est une condition indispensable d'obtention de bons rendements.
En 1997, l'Etat du Sénégal, soucieux de prendre
à bras le corps la maintenance, a mis en application de maintenance des
aménagements hydro agricoles. Cette option s'explique par plusieurs
raisons dont nous essayerons d'analyser les plus déterminantes. Il
s'agit des échecs de l'ancien système de maintenance, de
l'avènement de la décentralisation et des pressions
exercées par les bailleurs de fonds.
1.1) Les insuffisances de l'ancien système de
maintenance des aménagements
hydro agricoles
Les échecs voire les insuffisances notées dans
l'ancien système de maintenance des aménagements hydro agricoles
étaient telles que l'Etat du Sénégal s'est vu être
sous l'obligation de revoir sa manière de faire en termes de
maintenance. En fait, l'opération de maintenance, dans toute la
vallée du fleuve Sénégal, se faisait à la sauvette
ou encore avec hâte et de façon irrégulière. En
plus, il n'existait aucun fonds pouvant cautionner les efforts fournis dans ce
domaine. Personne n'était disposé à mettre ses sous dans
l'entretien des infrastructures. Cela était dû en grande partie au
fait que les paysans accordaient plus d'intérêt à la
production qu'à la pérennité des infrastructures hydro
agricoles.
Par ailleurs, l'argent mis dans les NEG (Note d'Entretien et
de Gestion) n'était pas toujours suffisant pour permettre aux unions
concessionnaires de renouveler leurs équipements. Et très
souvent, certaines unions n'ont pas pu maintenir en état leurs
équipements en raison des pressions exercées par certains usagers
qui ne pouvaient plus avoir accès à la CNCAS. Cela se traduisait
en général, par le détournement des provisions
constituées pour le renouvellement à d'autres fins. Un tel
état de fait contribuait sans doute à fragiliser leur
situation.
Toutes ces raisons ont stimulé l'Etat du
Sénégal à réfléchir sur les voies et moyens
à mettre en oeuvre pour prendre en charge de manière beaucoup
plus sérieuse l'activité de maintenance.
1.2) L'avènement de la loi sur la
décentralisation
En 1996, intervient au Sénégal la loi sur la
décentralisation. Cette loi a vu le renforcement des compétences
des communautés rurales devenues collectivités locales et qui ont
pour mission d'organiser l'aménagement de leurs terroirs.
Désormais la collectivité locale est responsable de la gestion
de ces propres ressources naturelles (l'eau, la terre, etc.).
Selon cette loi, ce sont les conseils ruraux qui
détiennent l'essentiel des moyens de pression sur les usagers
défaillants, essentiellement par la possibilité de
désaffecter les terres. Et elles doivent être consultées
dans les activités relatives à la maintenance des infrastructures
hydro agricoles de leurs terroirs.
1.3) La pression des bailleurs de fonds
Les bailleurs de fonds (Banque Mondiale, KFW et AFD) ont
joué un rôle considérable dans la définition d'une
nouvelle politique de maintenance. En effet, s'étant rendus compte de la
non rentabilité des moyens financiers qu'ils investissaient dans la
filière agricole suite à des défauts d'entretien, ces
derniers ont suggéré à l'Etat du Sénégal
qu'il fallait réformer le système d'entretien en vigueur. Les
bailleurs stigmatisaient aussi la formule « tout par l'Etat et rien
par les paysans » : les paysans ne participaient pas
financièrement aux travaux d'entretien et c'était l'Etat qui
assurait tout.
Dans leur plan d'actions, ils préconisaient la mise en
place d'un fonds d'entretien dont l'organisation, le fonctionnement et le
financement seront définis dans le cadre d'une étude à
mener sur la base de termes de référence à soumettre
à l'ensemble des parties concernées.
Suite à l'analyse approfondie de ces facteurs, l'Etat
Sénégalais et ses partenaires au développement ont
adopté le plan d'actions de Ndiaye en 1997. Ce plan aboutira à la
mise en place, en Janvier 1998, d'un nouveau dispositif de maintenance
caractérisé par la création d'une Division autonome avec
pour mission la maintenance des infrastructures hydro agricoles (DAM) ainsi que
le lancement d'une étude pour la définition de la nouvelle
politique de maintenance. Cette étude prévoit également la
mise en place de fonds de maintenance.
La DAM est installée à Ross-Béthio dans
les anciens locaux de la SAED. Elle a pour mission principale de :
- assurer la maîtrise d'ouvrage
déléguée des travaux de maintenance des infrastructures
hydro agricoles (adducteurs, drains, stations de pompage, équipements
électriques et hydromécaniques, pistes et digues) sous la
responsabilité de la SAED ;
- assurer l'exécution des contrats de maintenance
conclus avec les unions hydrauliques pour les installations hydro agricoles qui
leur sont transférés ;
- assister, à la demande, les unions et les autres
irrigants privés pour la maintenance de leurs infrastructures ;
- fournir le conseil et les services techniques
nécessaires aux unions hydrauliques et aux privés pour les
décisions de renouvellement ou d'investissement en équipement
électrique, électromécanique et hydromécanique
ainsi que leur réalisation.
Les différents fonds de maintenance qui sont
concernés par cette étude sont : le FOMAED (Fonds de
Maintenance des Adducteurs et Emissaires de Drainage), le FOMUR (Fonds Mutuel
de Renouvellement des stations de pompage des équipements
hydromécaniques), le FOMPI (Fonds de Maintenance des
Périmètres Irrigués) et le FOMIIG (Fonds de Maintenance
des Infrastructures d'intérêt Général).
2- Les finalités de la nouvelle politique de
maintenance
Dans le cadre de la nouvelle politique de maintenance, l'Etat
souhaite atteindre entre autres objectifs :
- l'évolution de la SAED vers des fonctions de
prestataires de service rémunéré par les usagers et par
l'Etat ;
- les usagers et les conseils ruraux seront bien
impliqués dans la gestion des aménagements hydro
agricoles ;
- le renforcement des bases juridiques des relations
qu'entretiennent la puissance publique et les unions d'usagers concessionnaires
des périmètres publics ;
- le développement et l'usage d'outils de gestion et de
suivi tels que le Répertoire des ouvrages et la Base de suivi de la
maintenance (Annexes) ;
- l'intensification de la culture irriguée, sous
l'effet d'une redevance payable progressivement à l'hectare
affecté (redevance FOMAED et provisions à verser au
FOMUR) ;
- une plus grande efficacité de gestion et de mise en
valeur des aménagements hydro agricoles grâce notamment, à
la formation prévue pour tous les acteurs concernés (usagers,
conseils ruraux et autres personnels de la SAED) ;
- le développement des activités de PME dans la
maintenance des aménagements grâce à une programmation plus
efficace et mieux étalée dans le temps des travaux, et la
sécurisation des ressources financières dédiées
à la maintenance.
B- La politique des fonds de maintenance
Pour réussir la maintenance des infrastructures hydro
agricoles, plusieurs fonds ont été constitués. Ces fonds
seront donc destinés à financer l'entretien des
aménagements structurants, des périmètres et
équipements hydrauliques et des infrastructures d'intérêt
général.
1- Les aménagements concernés
1.1) Les aménagements structurants
On appelle aménagement structurant tout
aménagement hydro agricole dont la vocation est de desservir d'autres
aménagements, généralement avec un objectif unique
(adduction d'eau, drainage, circulation ou protection contre les crues). Dans
la vallée du fleuve Sénégal, ces types d'équipement
sont au nombre de sept (7) : les adducteurs Gorom-Lampsar, Ancienne
Taouey, Ngallenka Amont, Dioulol, et Diamel et les émissaires de
drainage du Delta et de Namardé.
Pour la maintenance de ces ensembles, un fonds
dénommé FOMAED est constitué. Ce fonds recevra les
redevances payées par les usagers et l'Etat apportera la
différence sur la base des coûts normalisés annuels de
maintenance.
La redevance à percevoir auprès des usagers est
de 14 000 FCFA par hectare net et par an pour le service de d'adduction et
varie de 16 000 à 18 000 FCFA par hectare net et par an pour
le service de drainage. Les contributions de l'Etat seront versées au
prorata des redevances recouvrées auprès des usagers.
Photo 7 : Travaux de faucardage manuel sur un
adducteur
1.2) Les périmètres et
équipements hydrauliques
Pour le financement de la maintenance des
périmètres (périmètres publics
transférés, périmètres publics non
transférés ainsi que les PIV de première
génération) et des équipements hydrauliques (station de
pompage et équipements hydromécaniques), on a mis en place deux
fonds. Il s'agit du FOMUR et du FOMIIG.
Le FOMUR est un instrument d'orientation et de contrôle
du gros entretien et renouvellement (GER) des périmètres publics
transférés. Il doit également permettre d'assurer une
meilleure rémunération aux provisions constituées que les
DAT utilisent actuellement. Ce fonds sera alimenté par les provisions
constituées par les usagers pour le renouvellement des
équipements des périmètres publics concédés.
La part de l'Etat est prévue pour financer en partie les dépenses
de GER dans les périmètres transférés mais
structurellement déficitaires.
Le FOMPI est destiné à financer les travaux
d'entretien des grands périmètres publics non
transférés et à contribuer au financement du gros
entretien et renouvellement des groupes moto pompe et réseaux des PIV
de 1ière et 2ième génération
sur la base de 5% par an des GMP et superficies concernées. Les
contributions de la puissance publique sont conditionnées par une
garantie de mise en culture et une participation financière des usagers
de ces périmètres à leur mise en état.
1.3) Les infrastructures d'intérêt
général
La maintenance des pistes rurales, des digues
protégeant des lieux d'habitation ou plusieurs périmètres
irrigués ainsi que toutes les infrastructures sur lesquelles se font les
transports des intrants et de la production, les axes hydrauliques naturels ne
faisant pas l'objet d'aménagements visant à la desserte de
périmètres irrigués, sera financée par le FOMIIG.
C'est un fonds qui est constitué exclusivement des contributions de
l'Etat.
2- La gestion des fonds et utilisation des
ressources
2.1) La gestion des fonds
Pour permettre à la nouvelle politique de maintenance
des aménagements hydro agricoles de porter ses fruits, les fonds doivent
être gérés de manière compétente. Cependant,
les fonds de maintenance, puisqu'ils ne sont pas alimentés de la
même manière présentent quelques différences dans
leur mode de gestion. Ainsi, le FOMAED est géré par la SAED mais
sous le contrôle des usagers ; le FOMUR, bien vrai qu'il n'est pas
encore fonctionnel, sera administré par un représentant des
usagers avec un contrôle de la SAED ; la gestion du FOMPI est
assuré par la SAED à partir des contributions de l'Etat ;
c'est la SAED qui se charge également de la gestion du FOMIIG mais les
travaux ne sont engagés qu'après délibération
officielle des conseils ruraux et approbation de l'autorité
compétente.
2.2) L'utilisation des ressources
Les fonds de maintenance ne sont pas utilisés n'importe
comment. Ainsi ils sont destinés à financer :
- tout types de travaux d'entretien des infrastructures
concernés ;
- le renouvellement des équipements installés
sur ces infrastructures ;
- la rémunération de la maîtrise d'oeuvre
(études et contrôle des travaux de maintenance) correspondant,
soit 7% du montant hors taxes des travaux réalisés ;
- la rémunération de la maîtrise d'ouvrage
assurée par la Direction Autonome de la Maintenance (DAM), au tarif de
2,5% du montant hors taxes des travaux réalisés ;
- le remboursement éventuel des frais de
déplacement des délégués des comités
d'usagers et leurs représentants à la commission des
marchés de la SAED ;
- les frais de procédures éventuellement
engagées pour le recouvrement de la redevance, à l'exception des
coûts internes à la SAED ;
- les frais d'audit des fonds éventuellement
demandés par les comités d'usagers.
Tout fonds destiné à la maintenance d'une
infrastructure donnée ne peut pas être employé pour la
maintenance d'une autre infrastructure.
3- Les comités d'usagers
Un des bienfaits de la nouvelle politique de maintenance et
qui est loin d'être négligeable est la mise sur pied de
comités d'usagers. Ces derniers ont pour mission principale d'assurer le
suivi et l'usage de la dotation de l'Etat et de la gestion de la redevance
perçue auprès des usagers. Ainsi chaque adducteur et
émissaire de drainage dispose d'un comité d'usager.
Les comités d'usagers comprennent : des usagers
agricoles directement raccordés (souvent des Unions hydrauliques)
disposant d'un branchement sur les aménagements hydro agricoles
structurants concernés ; des entreprises n'utilisant pas l'eau
à des fins principales d'irrigation, mais prélevant ou rejetant
de l'eau dans ces aménagements et des conseils ruraux de la zone
concernée.
Puisque la nouvelle politique privilégie le dialogue
entre acteurs, les comités d'usagers donnent leurs points de vue et
parfois prennent des décisions relatives aux travaux de maintenance.
Donc ils ont des attributions consultatives et décisionnelles que nous
tenterons d'étudier.
3.1) Les attributions des comités
d'usagers
a) Les attributions consultatives
Afin de permettre aux usagers de se sentir carrément
impliqués dans la maintenance des aménagements hydro agricoles,
un certain nombre d'attributions leurs sont conférées. Cela peut
donc être salué comme une approche participative de gestion. Ces
attributions sont entre autres :
- la participation à l'identification de tous les
besoins en terme de maintenance ;
- la fourniture de propositions sur les programmes annuels et
pluriannuels de maintenance et sur les fonds qui s'y rapportent ;
- donner un avis sur l'inventaire des surfaces redevables
établis par la SAED ;
- la proposition de mesures concernant le recouvrement des
redevances auprès des usagers et notamment l'examiner et la
prononciation sur les demandes de dégrèvement de redevance faites
par les usagers, etc.
b) Les attributions
décisionnelles
Les prérogatives des comités d'usagers ne sont
pas uniquement d'ordre consultatives, il existe d'autres à
caractère décisionnel. Parmi ces derniers on peut
retenir :
- la demande ou l'interdiction à la SAED (avec les
Conseils Ruraux) de lancer des procédures de désaffectation des
terres ou de saisie sur les ressources ou sur les biens des usagers ;
- la participation au choix des bureaux d'études et des
entreprises (participation à la commission des marchés de la SAED
au même titre que les représentants de la SAED) intervenant dans
la maintenance des aménagements de leur ressort ;
- la saisie des autorités de tutelle de la SAED en cas
d'insuffisance du service fourni ou de la gestion déficiente des fonds
destinés à la maintenance des aménagements de leur
ressort.
3.2) La structuration des comités
d'usagers
Les comités d'usagers sont composés d'une
assemblée générale, d'un conseil des
délégués et des commissions.
L'Assemblée Générale regroupe les usagers
de chaque comité, avec des sous assemblées
générales autour de sous-ensembles hydrauliques en fonction de la
diversité des situations physiques et socio-économiques.
Le Conseil des Délégués est élu
par l'Assemblée Générale avec un mandat qui dure trois ans
renouvelables.
Les Commissions sont constituées soit par sous-ensemble
hydraulique et, dans ce cas, prévues par l'arrêté
interministériel, soit selon des thèmes laissés à
l'initiative des comités.
Etat
Usagers
Redevance hydraulique
Financement du
Service public
Redevance
FOMAED
SAED DAM
Budget Travaux de main-
Unions d'usager
tenance, appui-conseil,
formation, contrôle. Gestion
Travaux de maintenance
Aménagements terminaux
( périmetres)
Aménagements structurants et
D'intérêt général
(adducteurs, émissaires, pistes, digues, etc.)
Adduction,
drainage
Légende :
Prestations
Rémunération acteurs
Figure 3 : Schéma de l'organisation de la
maintenance
4- Les réunions de sensibilisation
Dans le cadre de la mise en place des fonds de
maintenance, la SAED a développé des mesures incitatives,
C'est dans ce cadre que des réunions ont été
programmées et tenues avec le dispositif SAED. La DAM avait
multiplié en grand nombre tous les documents relatifs aux fonds pour les
mettre à la disposition de tout le dispositif pour qu'il puisse
s'imprégner davantage des tenants et aboutissants de ces divers fonds et
convaincre par voie de conséquence les producteurs à participer
à leur établissement.
Par la suite, la DAM avait également pris l'initiative
d'organiser des réunions de sensibilisation au niveau de l'ensemble des
villages où il y a des périmètres publics sur les enjeux
des fonds de maintenance et de leur importance. Ainsi les usagers de ces
aménagements étaient suffisamment informés voire mise au
parfum de la nouvelle politique de maintenance.
Cependant, l'information avait des problèmes pour
passer avec les producteurs privés malgré les nombreuses
réunions.
Dans cette série de réunions, il a noté
que les communautés rurales n'ont pas été en reste. En
effet, en rapports avec les conseils ruraux, la DAM a tenu des rencontres de
sensibilisation dans leurs principaux locaux.
A. chapitre 2
A- Les programmes annuels et coûts de
maintenance
1- Les programmes de maintenance
Les travaux d'entretien des infrastructures hydro agricoles
sont réalisés en fonction des programmes bien définis
communément appelés programmes annuels de maintenance. Chaque
année, on donne l'ordre aux différentes Délégations
d'établir un programme pour la mise en bon état de fonctionnement
du patrimoine aménagé. Pour ce faire, on organise une rencontre
réunissant les représentants du comité des usagers, de la
SAED et du conseil rural et dans laquelle on fait une évaluation des
activités de l'année précédente afin de faire
jaillir les priorités. Ce sera sur la base de ces dernières et en
fonction du budget alloué (par exemple pour l'année 2006, le
budget se chiffrait à 188 113 417FCFA, DAM cf. réunion)
qu'on lance le programme.
Une fois le programme de maintenance lancé, la DAM en
parfaite collaboration avec la DAGE établie et lance un dossier d'appel
d'offres. En réponse à cet appel d'offre, des entreprises ayant
des expériences dans le domaine de la maintenance réagissent en
faisant des prestations de services.
Dans le cadre des travaux d'entretien qui se font annuellement
sur les infrastructures hydro agricoles, plusieurs entreprises interviennent
dans le périmètre de Boundoum. Parmi ces dernières, nous
pouvons citer EGECAM (cette entreprise a été créée
par des anciens de RAZEL), le GIE THAYTOU, Equip Plus, etc.
Cependant avant que les travaux n'aient lieu, des contrats
doivent être au préalable signés par la SAED et l'union
hydraulique d'où les contrats de maintenance.
1.1) Les contrats de
maintenance
Dans le cadre de l'entretien préventif il y a un
contrat qui lie la SAED et les unions concessionnaires. Ce contrat peut soit
intéresser les services d'adduction et de drainage (contrat FOMAED),
soit intéresser les stations de pompage. Dans la pratique un contrat de
maintenance avait été signé par l'union des OP de Boundoum
et la SAED en 1999. Son analyse nous permettra de comprendre réellement
ce qui a été fait dans le casier de Boundoum. Ce contrat
était relatif à la maintenance des équipements
électriques, électromécaniques et hydromécaniques.
Dans tout cela la SAED avait pour mission d'assurer des prestations de services
que l'union devait rémunérer.
a) Les prestations de services de la
SAED
En premier lieu, la SAED avait procédé à
un contrôle systématique électrique consistant à
vérifier et au besoin à remettre en état toute la partie
électrique des stations de pompage (moyennes et basses tensions) ainsi
que ses automatismes et sa régulation.
Ensuite il y a eu un contrôle systématique
mécanique qui consistait quant à lui à vérifier
l'état des diverses machines et appareillages tout en assurant leur
entretien. En présence du contractant (M. Brahim Niang, président
de l'union d'alors) une opération de mise en service avait
été faite. Cette mise en service permettait de mettre en marche
les installations au début de chaque campagne d'irrigation et d'en
vérifier leur bon fonctionnement.
Après cela, un contrôle des appareillages
hydromécaniques du réseau s'était opéré. Ce
travail avait pour objectif de vérifier leur bon fonctionnement, de
procéder aux différents réglages et d'effectuer
l'entretien courant des vannes de garde, des vannes de sectionnement, des
modules à masque.
Enfin, nous avons les dépannages et réparations.
A la demande de l'union, la SAED avait effectué les dépannages
électriques et les réparations d'ordre électrique ou
mécanique dans les stations ainsi que les réparations des
appareillages hydromécaniques sur le réseau gravitaire de
distribution. Si on ne peut pas réparer un matériel sur place, on
l'amène au niveau de la DAM.
b) La durée des travaux
Le contrôle électrique systématique des
stations de pompage est réalisé une fois par an tandis que le
contrôle mécanique se fait deux fois par an avant et après
chaque campagne d'hivernage. Pour les appareillages hydromécaniques du
réseau, le contrôle a lieu une fois par an. Mais la SAED tenait
à informer à l'avance, le contractant de la date de ces trois
contrôles.
La mise en service des stations quant à elle, est faite
avant chaque campagne d'irrigation à la demande du contractant. Les
dépannages électriques sont effectués dans un délai
maximum de deux jours. Les réparations sont faites après l'aval
du contractant sur le devis correspondant qui, outre le coût,
précise également le délai global d'intervention, le plus
bref possible.
2- Le coût des prestations
Toutes ces opérations : contrôles
systématiques (électrique et mécanique), mises en service
des stations d'irrigation et de drainage ainsi que le contrôle des
appareillages hydromécaniques du réseau d'irrigation sont
rémunérées par une redevance forfaitaire.
C'est-à-dire que ces travaux se déroulent dans la
Délégation de Dagana, Podor, Matam ou de Bakel, la redevance
reste la même. La rémunération couvre
également :
- l'intervention du personnel de la SAED sur simple demande
à tout moment et cela dans le cadre du régime
d'astreinte ;
- il peut arriver que besoin se fasse sentir pour que l'on
procède à un diagnostic avant la réparation et le cas
échéant avant dépannage ;
- parfois les délais de livraison de pièces
détachées proposées par le fournisseur sont longs et pour
pallier cela, la SAED dispose d'un magasin de stockage de pièces et
machines (groupes d'électrogènes, électropompes,
transformateurs, etc.) ;
- la répercussion au contractant des conditions
commerciales consenties à la SAED par ses fournisseurs
agréés ;
- les pompistes, les aigadiers, etc. bénéficient
d'une formation à l'occasion de toutes prestations ou visites de la
SAED ;
- le conseil pour toutes décisions techniques que le
contractant sera amené à prendre lors ou en cours de campagne ou
lors de son assemblée générale annuelle ;
- l'appui-conseil nécessaire face au fournisseur si des
anomalies sont constatées au niveau de la qualité du produit, des
conditions de garantie ou de la facturation ;
- la garantie de résultats dans les jours suivants les
dépannages et réparations effectués.
Le montant de la redevance (R) sera
calculé sur un coût unitaire par pompe ou bien groupe
électropompes (GEP) de 62 000FCFA. Puisque l'union disposait en
1999 neuf (9) GEP alors :
R99 = 62 000FCFA * 9 = 558 000FCFA.
R renvoie à la redevance forfaitaire
et 99 à l'année 1999.
Le dépannage électrique est aussi facturé
sur la base d'un forfait (F) avec l'application d'un prix
unitaire à la demi journée de 10 000FCFA.
Il est important de noter que cette somme couvre tous les
frais de main-d'oeuvre et de déplacement quelque soit la distance
parcourue et le temps passé dans l'installation par l'équipe de
la SAED.
On a ainsi : F 99 = 10 000FCA * nombre de demi
journées.
Le coût d'une réparation (H)
sera facturé sur la base d'un devis. Le devis tient compte du coût
de la main-d'oeuvre, du déplacement et des fournitures
nécessaires pour la réparation. Les frais sont calculés
par application d'un prix de 3 000FCA. Le nombre d'heures est le temps
effectivement passé par l'équipe de la SAED pour faire cette
réparation.
H 99 = 3 000FCFA * nombre d'heures.
Le contractant se libère des sommes dues pour
l'exécution de ce contrat par virement au compte ouvert auprès de
la CNCAS, agence de Saint-Louis ou par chèque ou encore à la
caisse de la DAM, dés réception des factures établies par
la SAED conformément aux dispositions suivantes :
La redevance R 99 est facturée le 01 Août et
payable au plus tard le 01 Février 2 000, fin de la campagne
d'hivernage.
Les réparations H 99 sont facturées au fur et
à mesure de leurs réalisations.
Les dépannages F 99 sont facturés à la
fin des campagnes d'irrigations qui existent dans l'année.
C'est-à-dire : hivernage (01 Février) ; contre saison
froide (01 Avril) et contre saison chaude (01 Juin).
Le contactant doit s'acquitter de ces redevances un (1) mois
après avoir reçu les factures. Passé ce délai, il
subira des sanctions de la part de la SAED.
Dans le cadre de contrat aucun conflit digne de ce nom n'avait
été noté. Mais nous tenons à signaler à
l'attention des décideurs et chercheurs qui s'intéresseraient
à cette thématique que si des difficultés surgissent entre
les deux protagonistes, une solution à l'amiable sera trouvée. En
l'absence de conciliation, les litiges pouvant naître de l'application
d'un contrat seront soumis au jugement du tribunal régional de
Saint-Louis.
Hormis ce type de contrat, nous pouvons avoir d'autres que la
SAED paraphe avec les autres acteurs de la maintenance des infrastructures
hydro agricoles à savoir les usagers, les conseils ruraux.
B- Les difficultés et les perspectives de la
mise en oeuvre de la nouvelle politique de maintenance dans le
casier
1- Les blocages de la mise en oeuvre de la nouvelle
politique de maintenance
1.1) Les problèmes rencontrés par les
entreprises dans l'exécution des travaux
Au niveau du casier de Boundoum, la mise en oeuvre de la
nouvelle politique de maintenance est rendue difficile par un lot de
problèmes. D'abord, les entreprises adjudicataires des marchés de
travaux sont souvent confrontées à des difficultés
notables dans l'exécution de ces derniers. Ces problèmes sont
relatifs à la fréquence des pannes (Scrapers, Grader, pelle
hydraulique, et camions qui occasionnent des arrêts de chantiers de
l'entreprise) ; la vétusté des engins ; le
ravitaillement des engins en carburant pose également problème
(ICA, 2005).
Par ailleurs, dans les FOMIIG la réhabilitation des
pistes était souvent contraignante dans la mesure où les
carrières étaient situées à des endroits
très lointains. Ce qui réduit sans conteste le nombre de
rotations journalières des camions.
En outre, dans certains sites on note des difficultés
d'accès. A titre d'exemple, tous les travaux qui devaient
s'opérer dans l'émissaire du Delta, en 2006, n'ont pas pu
être réalisés en raison notamment du fait que les
producteurs de Boundoum drainaient leurs eaux (d'où des sols humides) et
il en est résulté d'énormes problèmes pour
l'entreprise THAYTOU d'y accéder. L'entreprise attend jusqu'à
présent une période favorable pour y faire intervenir ses engins
(SCIEPS, 2006).
1.2) La facturation et le recouvrement : facteurs
bloquants de la mise en oeuvre des fonds de maintenance dans le casier de
Boundoum
Facturation et recouvrement sont aujourd'hui des facteurs qui
entravent la réussite de la nouvelle de maintenance des
aménagements hydro agricoles dans le périmètre.
a) La facturation
En 2003, l'année où on a commencé
l'application de la nouvelle politique de maintenance (Th. Diallo, com. Orale,
mercredi du GIRARDEL), débute également des malentendus entre DAM
et producteurs. En effet, la publication des factures à recouvrer en
février 2004, avait suscité le courroux des paysans de l'union
des OP de Boundoum qui avançaient l'idée selon laquelle ils
n'avaient pas mis dans leurs expressions de besoins la redevance FOMAED. Donc
ces derniers n'étaient pas bien préparés et par voie de
conséquence le règlement a été faible voire nul.
Lors du conseil des délégués tenu au
village de Ndiaye en 2003, une décision de taille fut alors
prise : 50% du montant facturé devait obligatoirement être
payés et pour le reste, le remboursement était prévu
ultérieurement.
D'une manière globale, les problèmes liés
à la facturation dans la zone, selon M. Mamadou Wane (chef de service de
la clientèle de la DAM) sont :
- la collecte des données pose un réel
problème : les données ne sont pas toujours fiables. Ce qui
entraîne l'annulation de certaines factures ;
- la détermination des superficies redevables semble
être une équation sans solution ;
- il n'est pas toujours aisé de localiser tous les
usagers ;
- le refus catégorique de certains usagers de prendre
les factures ;
- l'acheminement des factures : ça doit se faire
main à main sans quoi certains usagers n'hésiteront pas à
dire qu'ils n'ont encore rien reçu.
b) le recouvrement
A ce niveau, ce qu'il faut surtout noter c'est que les usagers
commencent le plus souvent à payer la redevance mais pour la plupart du
temps ils proposent le remboursement en nature (riz paddy) ce qui est contraire
aux aspirations de la banque (CNCAS) qui préfère plutôt le
paiement en espèce.
Le taux de recouvrement est relativement faible pour
l'ensemble de la zone du Delta (Délégation de Dagana). Cette
situation découle en grande partie du fait que bon nombre d'usagers ne
s'acquittent plus de leurs redevances.
L'union de Boundoum n'est assujettie qu'au service de
drainage. Ici, contrairement aux autres types d'aménagement (PPNT, PIV,
PIP), la facturation est en fonction de la superficie affectée. Donc,
que les gens cultivent ou non la facture reste la même. Le tableau
suivant montre la situation du recouvrement de 2003 à 2006 dans le
casier.
Tableau 6 : Situation du recouvrement de 2003
à 2006 dans le casier de Boundoum.
Secteur
|
Usager
|
Année
|
Montant facturé en FCFA
|
Montant réglé en FCFA
|
Solde en FCFA
|
Taux en %
|
Delta central
|
Union de Boundoum
|
2003
2004
2005
2006
|
49 539 840
49 539 840
49 539 840
49 539 840
|
36 833 800
47 003 960
--
--
|
12 706 040
2 535 880
49 539 840
49 539 840
|
74%
95%
00%
00%
|
Total
|
198 159 360
|
83 837 760
|
114 321 600
|
42%
|
Source : DAM 2007
L'analyse du tableau ci-dessus montre de bons taux de
recouvrement durant les premières années de mise en application
de la nouvelle politique de maintenance (74% et 95% respectivement en 2003 et
2004). Pour les années 2005 et 2006, il n'y a pas eu de recouvrement.
Cette situation peut trouver son explication sur le fait que les deux
dernières campagnes ont été catastrophiques et une telle
situation ne permettait pas aux paysans de rembourser leurs dettes. D'ailleurs
à travers le célèbre mouvement dénommé
Forces Paysannes, ces derniers tendent la main aux autorités
étatiques afin que leurs dettes soient annulées (voir
annexes).
Cependant il convient de souligner qu'il existe une typologie
dans le comportement des clients (producteurs) de la DAM :
- un client qui peut et veut payer mais qui se contente de
dire tant que la DAM ne viendra pas chez lui il ne paierait jamais ;
- un client qui veut payer mais qui ne le peut pas faute de
moyens financiers ;
- un client qui peut payer mais qui n'est pas satisfait du
service fourni ;
- un client qui peut payer mais qui refuse par mauvaise
foi.
En définitive nous pouvons déduire que c'est
l'avenir même du FOMAED qui est rendu incertain, au regard de la
situation qui prévaut actuellement. De même, la DAM est un service
autonome, donc qui va bientôt se prendre en charge. Mais avec ce rythme
de recouvrement, force est de reconnaître qu'elle est loin de voir un tel
souhait se réaliser. Partant de là, c'est la nouvelle politique
de maintenance qui risque d'échouer dans cette partie du Delta si des
solutions ne sont pas trouvées.
2- Quelques propositions en vue d'une
amélioration
Pour mieux réussir la nouvelle politique de
maintenance, surtout à Boundoum, quelques suggestions méritent
d'être appliquées.
D'abord la mise en oeuvre du FOMAED a montré un certain
nombre de limites relatives aux activités de recouvrement et de
signature des contrats. Ces équations doivent être résolues
immédiatement. Par exemple au niveau du recouvrement on doit prendre des
mesures coercitives telles que l'application de sanctions à l'endroit
des débiteurs récalcitrants : «quand la diplomatie
atteint ses limites, il faut faire parler les armes» pour décanter
une situation de la sorte.
Ensuite, une collaboration avec les institutions mutualistes
(MEC : Mutuel d'Epargne et de Crédit) pour intégrer dans
leurs dossiers de crédit la redevance FOMAED.
En outre, des rencontres périodiques entre les
principaux acteurs que sont la DAM, Délégations,
représentants de la Direction générale,
représentants des comités d'usagers et conseils ruraux sont
nécessaires pour des évaluations à mi-parcours des
opérations relatives aux fonds de maintenance afin de corriger les
dysfonctionnements éventuels.
Enfin, la SAED, pour mieux réussir cette politique,
doit en signant les expressions de besoins exiger aux paysans de signer les
ordres de virement.
Pour éviter le vandalisme qui sévit dans
certains endroits, il est indispensable de créer des conditions
favorables à l'appropriation par les usagers de certains ouvrages.
L'implication des usagers n'est pas aussi effective que cela
puisse paraître. Durant notre stage, lors de la réunion avec les
paysans sur la situation des fonds de maintenance de 2003 à 2006 dans la
Délégation de Dagana, certains délégués ont
déploré le fait de n'avoir pas été informés
de la date de réfection. Donc cela est à corriger dans l'avenir
en mettant au courant toutes les personnes concernées le jour de
l'exécution et de faire en sorte qu'elles soient présentes
ce jour là.
3-Quelles perspectives de la mise en oeuvre de la
nouvelle politique de maintenance à Boundoum ?
Avec la mise en oeuvre de la nouvelle politique de
maintenance, de belles perspectives s'offrent et qui profiteraient bien aux
populations du périmètre de Boundoum. Ces perspectives sont
légion et se résument sur :
La mise en oeuvre, dans un avenir proche, du FOMUR. Cela
permettra la définition d'un cadre réglementaire relatif à
la constitution et à la l'utilisation des provisions pour gros entretien
et renouvellement (GER) chez l'union des OP de Boundoum. Le FOMUR permettra
également aux paysans de disposer d'une capacité
financière leur offrant la possibilité de renouveler leurs
équipements hydro agricoles. Un autre bienfait que l'on espère
dans la mise en oeuvre du FOMUR est la préservation de l'autonomie
financière et la responsabilité de l'union.
Il est prévu, cette année, l'entretien de l'axe
Ross-Béthio- Boundoum-Barrage. Cela contribuera activement à
réduire les nombreuses contraintes que les exploitants du casier
connaissent aujourd'hui. C'est le cas, par exemple, de l'acheminement des
intrants pendant l'hivernage.
Si les textes sont respectés à la lettre et que
les acteurs s'impliquent davantage, nous pouvons être optimistes sur le
fait que la nouvelle politique de maintenance des aménagements hydro
agricoles puisse assurer une pérennisation du système de
production et au-delà une relance continue de la filière
rizicole.
Conclusion générale :
Cette étude a révélé que le delta
du fleuve Sénégal est passé, suite à une
artificialisation, d'une vocation agropastorale à une vocation presque
rizicole. En effet, avant l'introduction de la culture irriguée, le
Delta était une zone d'élevage extensif et de culture de
décrue.
Aujourd'hui ce système d'exploitation traditionnel de
l'espace est fortement bouleversé par le développement rapide des
aménagements hydro agricoles.
La gestion de certains de ces aménagements a
très vite été transférée à des
organisations de producteurs. C'est ainsi que l'union des OP de Boundoum s'est
chargée d'assurer cette lourde tâche au niveau du casier rizicole
de Boundoum. Mais l'entretien de l'aménagement lui parait être un
casse-tête chinois. En fait, malgré les efforts
considérables consentis dans ce domaine, l'union connaît de
sérieux problèmes pour réussir à remettre en bon
état de fonctionnement le périmètre. Ce qui peut, sans nul
doute, porter atteinte à la préservation de l'aménagement
et de la production.
L'application de la nouvelle politique de maintenance en 2003
est une opportunité pour la relance de l'agriculture irriguée.
Cette redynamisation est très attendue par les acteurs. L'entretien
courant des infrastructures hydro agricoles revêt donc une importance
capitale. Toutes les contraintes doivent être levées pour la
réussite de cette politique. Le coût des travaux d'entretien ne
doit plus constituer un frein à la remise en bon état de
fonctionnement nonobstant les problèmes que rencontre la filière
rizicole.
La gestion intégrée et ou participative de la
maintenance des infrastructures hydro agricoles qui est l'un des acquis de la
nouvelle politique de maintenance permettra de relever les défis qui se
présentent : une gestion formelle de l'eau d'irrigation et une
gestion abordable de l'eau en agriculture qui soit favorable aux paysans
à revenus souvent faibles ; adaptation à une demande
alimentaire persistante et changeante et la recherche de niveaux durables de
développement. Une fois ces défis relevés, la
sécurité alimentaire sera assurée et l'autosuffisance
alimentaire atteinte. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons pour
nos prochains travaux de recherche l'ambition de porter notre réflexion
sur les rapports entre la maintenance des systèmes d'irrigation et la
sécurité alimentaire.
Nous osons espérer que nos éventuels travaux
intéresseront tous ceux qui de manière directe ou non sont
concernés par la maintenance et qu'ils bénéficient du
soutien de ces derniers.
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www.fao.org/docrep
www.cifas.sn
Table des illustrations
Liste des cartes et figures
Carte 1 : La carte de situation du delta du fleuve
Sénégal ....................................... P 15
Carte 2 : Le réseau hydrographique du delta
du fleuve Sénégal ................................ P 26
Carte 3 : Les différents types
d'aménagements hydro agricoles du Delta ..................... P 44
Carte 4 : Le périmètre de Boundoum
et de l'émissaire du Delta ........................... ... P 48
Figure 1 : L'évolution de la
pluviométrie à Richard-Toll de 2000 à 2004
.................... P 23
Figure 2 : La répartition des superficies
aux villages ..................... ...................... p 53
Figure 3 : L'évolution de
l'intensité culture de 1991 à 2006
.................................... P 57
Figure 4 : Schéma de l'organisation de la
maintenance ......................................... P 82
Listes des photos
Photo 1 : Un GMP installé sur les berges du
Gorom-Amont ................................... P 42
Photo 2 : Une batteuse
« bourga »
.................................................................. P 55
Photo 3 : La station de pompage de Diawar
...................................................... P 61
Photo 4 : Un module à masque
..................................................................... P 62
Photo 5 : Le château d'eau du village de
Ronkh ................................................. P 65
Photo 6 : Un canal de drainage envahi par les
Typha australis ................................. P 67
Photo 7 : Travaux de faucardage manuel sur un
adducteur ...................................... P 78
Liste des tableaux
Tableau 1 : L'évolution de la
pluviométrie de 2000 à 2004 ....................................
P 22
Tableau 2 : La répartition de la population
du Département de Dagana selon la collectivité locale et les
différents recensements en 2005
..................................................... P 30
Tableau 3 : Les grands aménagements du
Delta et leur mode de gestion ..................... P 40
Tableau 4 : Les différents types
d'aménagement en fonction du coût d'investissement à
l'hectare
................................................................................................
P 42
Tableau 5 : Chronologie de la
réhabilitation
........................ ............................. P 50
Tableau 6 : La répartition des terres entre
les villages ............................................ P 51
Tableau 7 : La situation de la mise en valeur au
cours de cette période ........................ P 56
Tableau 8 : Quelques adventices rencontrés
dans le périmètre ................................. P 58
Tableau 9 : La maintenance des infrastructures du
périmètre de Boundoum ................. P 69
Tableau 10 : Les dépenses effectuées
sur la maintenance (en FCFA) ......................... P 70
Tableau 11 : La décomposition de la
redevance hydraulique ................................... P 71
Tableau 12 : Situation du recouvrement de 2003
à 3006 dans le casier de Boundoum ...... P 91
Table des matières
Dédicaces....................................................................................................2
Remerciements..............................................................................................3
Liste des cigles et
acronymes........................................................................................4
Introduction................................................................. ................................7
Problématique..............................................................................................8
Méthodologie.............................................................. ................................10
Première partie : Le
delta du fleuve Sénégal : un milieu artificialisé
....................... 14
Chapitre I- Le milieu naturel et le
cadre humain dans le Delta .............................. 16
A-Le milieu naturel
....................................................................................
17
1.Unité
géomorphologiques, sols et végétation
................................................... 17
1.1)- Les unités
morphologiques ......................................................................
17
a)- Les cuvettes de décantation
(appelées
waalo).................................................. 17
b)- Les levées fluvio
deltaques......................................................................
18
1.3)- Les dunes du
diéri.................................................................................18
1.2)- Les
sols...............................................................................................18
a) Les sols hydromorphes
..............................................................................19
b)- Les sols
salés.........................................................................................19
1.3)- La
végétation.....................................................................................
19
2- Climatologie
..........................................................................................20
2.1- Les masses
d'air...................................................................................21
2.2-Les températures
..................................................................................
21
2.3-Les précipitations
.................................................................................
22
3. Le réseau hydrographique
...........................................................................23
B. Le cadre humain
.....................................................................................27
1)- La composition ethnique
......................................................................... 27
2.)- Peuplement et colonisation du Delta
...........................................................28
2.1)- Les villages traditionnels
.......................................................................28
2. 2)- Les villages
neufs...............................................................................28
2.3)- Population et évolution
démographique
......................................................29
3. Les activités traditionnelles
.......................................................................31
3.1.
L'agriculture ......................................................................................31
3.2.
L'élevage ..........................................................................................
32
3.3. La
pêche .............................................................................................33
3.4 Les autres activités traditionnelles
...............................................................33
Chapitre II- L'introduction de l'irrigation et
l'artificialisation progressive du milieu ..34
A - L'introduction de
l'irrigation..........................................................................................35
1)-Du plan de colonisation agricole du Baron Roger
à la création de la
SAED........................................................................................................35
2) Le processus d'artificialisation du
milieu.........................................................37
2-1) Des cuvettes de décrue aux cuvettes
rizicoles................................................37
2-2) L'endiguement du
Delta...........................................................................37
2-3) L'artificialisation du régime hydrologique
interne..........................................38
3- De la reconversion des aménagements vers la
maîtrise de l'eau..............................38
3.1) Les aménagements en submersion
contrôlée...................................................38
3. 2)- Les aménagements en maîtrise
complète de l'eau............................................38
B- Les différents types de
périmètres et leur organisation
...........................................39
1)- Les périmètres
irrigués de la
SAED................................................................39
1.1)- Les grands
aménagements......................................................................40
1.2)- Les petits
périmètres...........................................................................41
1.3)- Les aménagements
intermédiaires..........................................................41
2- Les périmètres
privés .................................................................................41
3- Les périmètres
agroindustriels.........................................................................42
3.1)- Les aménagements de la
CSS.....................................................................43
3 .2)- Les aménagements de la
SOCAS............................................................43
Deuxième partie : Organisation de la
gestion et travaux d'entretien dans le périmètre de
Boundoum................................................................................................45
Chapitre I- Organisation de la gestion et de
l'exploitation du périmètre...................46
A- Organisation de la production et de la gestion du
périmètre..............................47
1- Historique et évolution de l'aménagement
de Boundoum .....................................47
1.1) Localisation et
historique........................................................................47
1.2) Les réhabilitations et extension du
périmètre..........................................49
1.3) Evolution de la gestion des
terres........................................................50
2- Organisation de la gestion et de
l'exploitation ...................................................51
2.1) Organisation de la
production.................................................................52
2.2) Les organisations
paysannes ....................................................................52
2.3) Les relations avec les partenaires
extérieurs .................................................52
a) L'accès au
crédit ....................................................................................53
b) Relation avec la
SAED ..............................................................................54
2.3) Les prestataires de
services .......................................................................54
B- Mise en valeur et contraintes à
l'exploitation dans l'aménagement de
Boundoum................................................................... ..................................55
1- La mise en
valeur......................................................................................55
1- La mise en
valeur......................................................................................56
1.2) L'intensité
culturale.................................................................................57
2- Les contraintes à
l'exploitation.....................................................................57
Chapitre II- Infrastructures hydrauliques et travaux
d'entretien............................59
A- Gestion hydraulique dans le
périmètre ........................................................60
1- Les infrastructures
hydrauliques ...................................................................60
1.1) Les stations de
pompage ...........................................................................60
a) La station d'irrigation de
Diawar................................................................60
b) La station d'exhaure de
Gaéla ........................................................................61
1.2) Le réseau d'irrigation et les
équipements hydromécaniques
.................................61
1.3) Le réseau de
drainage .............................................................................62
a) L'émissaire de drainage du
Delta...................................................................63
b) Les problèmes résolus par
l'émissaire.............................................................63
1.4) Les pistes et autres
infrastructures...............................................................63
a) Les
pistes................................................................................................63
b) Les
hangars.............................................................................................64
c) Les
AEP ................................................................................................64
d) L'électrification
rurale...............................................................................65
2)- La distribution de
l'eau..............................................................................66
3)- L'état du
réseau........................................................................................66
B- Les travaux d'entretien et la redevance
hydraulique.......................................67
1- Les travaux
d'entretien..............................................................................67
1.1)l'entretien
préventif................................................................................68
1.2) L'entretien
curatif..................................................................................68
2)- La redevance
hydraulique...........................................................................70
Troisième partie : La nouvelle politique
de maintenance : un cadre de dialogue entre Etat, collectivités
locales et
usagers..................................................................72
Chapitre I- La nouvelle politique de
maintenance.................................................73
A- Facteurs explicatifs et
finalités de la nouvelle politique de
maintenance...............74
1- Les Facteurs explicatifs de la nouvelle politique de
maintenance ............................74
1.1) Les insuffisances de l'ancien système de
maintenance des aménagements
hydro
agricoles...........................................................................................74
1.2) L'avènement de la loi sur la
décentralisation...................................................75
1.3) La pression des bailleurs de
fonds................................................................75
2- Les finalités de la nouvelle politique de
maintenance ..........................................76
B- La politique des fonds de
maintenance.........................................................77
1- Les aménagements concernés
......................................................................77
1.1) Les aménagements
structurants...................................................................77
1.2) Les périmètres et équipements
hydrauliques....................................................78
1.3) Les infrastructures d'intérêt
général.............................................................78
2- La gestion des fonds et utilisation des
ressources................................................79
2.1) La gestion des fonds
..............................................................................79
2.2) L'utilisation des ressources
.....................................................................79
3-Les comités
d'usagers ................................................................................80
3.1) Les attributions des comités
d'usagers .........................................................80
a) Les attributions
consultatives .......................................................................80
b) Les attributions
décisionnelles .....................................................................81
3.2) La structuration des comités
d'usagers ..........................................................81
4- Les réunions de
sensibilisation......................................................................82
Chapitre II- La mise en oeuvre de la nouvelle
politique de maintenance : pratiques et perspectives à
Boundoum..............................................................................84
A- Les programmes annuels et
coûts de
maintenance...........................................84
1- Les programmes de
maintenance...................................................................85
1.1) Les contrats de
maintenance ..................................................................85
a) Les prestations de services de la
SAED ...........................................................86
b) La durée des
travaux .................................................................................86
2- Le coût des
prestations ..............................................................................87
B- Les difficultés et les perspectives de la mise
en oeuvre de la nouvelle politique de maintenance dans le
casier.............................................................89
1- Les blocages de la mise en oeuvre de
la nouvelle politique de maintenance...............89
1.1) Les problèmes rencontrés par les
entreprises dans l'exécution des travaux.............89
1.2) La facturation et le recouvrement : facteurs
bloquants de la mise en oeuvre des fonds de maintenance dans le casier de
Boundoum............................................................89
a) La
facturation .........................................................................................89
b) Le
recouvrement ......................................................................................90
2- Quelques propositions en vue d'une
amélioration ...............................................92
3- Quelles perspectives de la mise en
oeuvre de la nouvelle politique de maintenance à
Boundoum ?.............................................................................................................................92
Conclusion
générale..................................................................................94
Bibliographie.............................................................................................96
Table des
illustrations .................................................................................99
Annexes
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