RESUME
Le système des marchés publics de la
Côte d'Ivoire se caractérise par un recours récurrent aux
modes dérogatoires de passation, en l'occurrence l'AOR et le GAG, qui
confèrent une certaine marge de discrétion à
l'autorité contractante au détriment de l'efficacité
allocative. Ces modes dérogatoires sont, soit partiellement
concurrentiels, soit anti-concurrentiels ; et à ce titre, ils ne
mettent pas le système à l'abri d'une éventuelle
sélection adverse dont les principaux inconvénients sont le
renchérissement du prix de passation et le risque élevé
d'adoption de comportement opportuniste de la part de l'attributaire lors de la
phase d'exécution du marché ainsi acquis. Dans le cas particulier
des marchés de travaux, les inconvénients sont d'autant plus
lourds que les infrastructures publiques jouent un rôle indispensable
dans tout processus de développement.
Ainsi, dans le souci de garantir l'efficacité du
système des marchés publics, il s'est avéré
nécessaire de recourir davantage à l'AOO qui est le mode normal
de passation ; et mieux encore de rechercher un mécanisme
d'attribution qui règlera à la fois les problèmes de
sélection adverse et de risque moral. Un tel mécanisme devrait,
donc, être en mesure non seulement de minimiser le prix de passation,
mais aussi et surtout d'assurer la réalisation d'infrastructures
publiques aux rapports qualité-prix prévus.
La méthode utilisée par notre analyse
établit un lien remarquable entre la théorie des enchères
et la théorie des incitations. Elle considère une mise aux
enchères d'un projet indivisible entre plusieurs entreprises ; ces
dernières ayant une connaissance privée de leurs futurs
coûts à l'étape de la passation d'une part, et l'entreprise
sélectionnée investissant,ex post, dans la réduction de
ses coûts d'autre part. Le résultat fondamental découlant
de cette méthode est que l'enchère bayesienne optimale portant
sur l'annonce des paramètres de productivité est une
enchère optimale car étant un mécanisme
révélateur et permettant la sélection de l'entreprise la
plus efficace. Cette enchère inciterait les entreprises du BTP à
l'efficacité technique par la restauration de l'efficacité
allocative du système des marchés publics.
Mots clés :
Marchés publics, enchères, efficacité allocative,
efficacité technique, équilibre Nash-Bayes.
INTRODUCTION GENERALE
« Pour l'opinion publique, les marchés
publics apparaissent d'abord comme des moyens de financement des partis
politiques et sont synonymes de corruption. En droit, ce sont des contrats
passés par les collectivités publiques en vue de la
réalisation de travaux, de fournitures et
services »1(*). Ces contrats relèvent d'une
réglementation nationale (Code des Marchés Publics) et
internationale (Directives de la Banque Mondiale, de l'Union Européenne
etc.).
Au regard de leur importance relative (6,45% du budget en
2004), ils sont souvent considérés comme des instruments de
politiques préférentielles tant dans le domaine industriel que
dans celui du commerce extérieur, de l'innovation ou de
l'aménagement du territoire. Concernant ce dernier domaine, la part
relative des marchés de travaux a été de 21,6% en 2004
contre 67,6% pour les fournitures et 10% pour les prestations, les conventions
et les avenants. Toutefois l'analyse de l'évolution en pourcentage du
montant total des marchés approuvés en fonction du type de
marché de 1993 à 2002, nous révèle la
prédominance des travaux2(*). Cette prépondérance des marchés
de travaux s'explique par le poids que représentent les infrastructures
publiques dans tout processus de développement économique. En
effet, les infrastructures d'un pays et en tout premier lieu ses réseaux
de transport sont très fréquemment considérés comme
un facteur déterminant de son développement. Ports, chemins de
fer, routes et aéroports constituent autant de moyens d'ouverture,
d'échange et de communication indispensables à son essor
économique et à l'accès de ses populations aux biens et
services de première nécessité. Ces atouts ont
été confirmés par la BM, dans son rapport sur
l'infrastructure en 1994 ; à savoir, à une augmentation de
1% du capital d'infrastructure correspond une augmentation de 1% du PIB pour
l'ensemble des pays. En d'autres termes, une bonne infrastructure augmente la
productivité et réduit les coûts de production. Toutefois
il faut qu'elle se développe assez vite pour s'adapter à
l'évolution de la demande et maintenir les conditions de croissance.
Cependant, force est de constater que la
récurrence, en nombre et en montant, du recours aux modes
dérogatoires de passation, en l'occurrence l'appel d'offres restreints
et le gré à gré, devient une caractéristique
préoccupante du système actuel des marchés publics. En
effet, de 2000 à 2002, ces modes ont représenté
successivement 33,9%, 38,2% et 55,3% du montant total des marchés
approuvés. Cette tendance se confirme dans la mesure où, sur
cette même période, ils ont successivement
représenté 31,1%, 31,8% et 36,7% du nombre total des
marchés approuvés. Or ces modes dérogatoires, de part leur
nature anti-concurrentielle ou semi-concurrentielle, confèrent une
certaine marge de discrétion à l'autorité contractante
dans le choix de l'entreprise attributaire ; laquelle marge de
discrétion pouvant laisser apparaître une sélection adverse
au détriment de la bonne exécution du marché.
Face à ce problème, une solution réside
dans le même système de marchés publics : l'Appel
d'Offres Ouvert. Cependant ce mode de passation même s'il est
concurrentiel, ne permet malheureusement pas la détection des
comportements collusifs des entreprises avec à la clé le
gonflement du prix de passation.
Dans ces conditions, une redéfinition des contrats et
des modes d'attribution revêt d'une importance considérable. Ce
besoin se fait ressentir avec acuité à l'approche de la
reconstruction nationale où l'Etat aura à financer par plusieurs
moyens3(*), la remise en
état des infrastructures endommagées pendant la période de
crise interne.
De nombreuses études ont été
menées sur les marchés publics. Nous pouvons, entre autres, citer
l'article de Mougeot et Naegelen (1998) portant sur la discrimination dans les
marchés publics. Cet article montre que l'interdiction de toute
discrimination dans les marchés publics n'est pas a priori une politique
de concurrence optimale dès lors que le coût social des fonds
publics, les avantages comparatifs et les objectifs de répartition sont
pris en compte. Il montre aussi que l'argument traditionnel contre la
préférence tenant à l'absence d'incitation à la
réduction du coût n'a qu'une portée limitée et qu'en
vertu du principe de dichotomie, la règle d'attribution doit rester
discriminatoire. Cependant, il met en évidence la complexité des
règles concrètes qui devraient être mises en oeuvre pour
cette politique optimale, règles non linéaires très
éloignées des mécanismes usuels. L'on note
également l'article de Maréchal et Morand (2002) consacré
à la sous-traitance et aux avenants dans les marchés publics. Il
a mis en perspective deux réglementations différentes relative
à la temporalité de l'annonce des conditions de sous-traitance.
En particulier, il a été question d'évaluer l'impact de
ces politiques sur le coût total espéré du marché et
sur la probabilité d'obtention d'un profit ex-post négatif du
titulaire du marché. D'un part, lorsque les entreprises anticipent des
avenants en moyenne nulle, le modèle suggère que les conditions
de sous-traitance soient exigées au moment de la remise des offres. En
effet, cette réglementation est alors celle qui minimise le prix moyen
de passation du marché. De plus, il apparaît que la
procédure qui satisfait à l'objectif de minimisation du prix
espéré ne conduit pas nécessairement à une
probabilité plus élevée d'observation d'un profit ex-post
négatif du titulaire du marché. Ainsi, un objectif de
minimisation du prix de passation n'est pas incompatible avec la
pérennité de la santé financière des entreprises.
D'autre part, lorsque les avenants espérés ne sont pas de moyenne
nulle, le modèle indique que l'obligation systématique d'annonce
des sous-traitants au moment de la remise des offres n'est pas
nécessairement souhaitable. En revanche, il met en évidence la
nécessité d'un encadrement juridique spécifique du choix
du recours à l'une ou à l'autre des procédures. En outre,
Compte et al. (2002) ont examiné l'impact de la
corruption sur la mise en concurrence dans l'attribution des marchés
publics. Sous l'hypothèse qu'un bureaucrate corrompu donne
l'opportunité à une entreprise de réajuster son offre en
contrepartie d'un pot-de-vin, ils aboutissent au résultat suivant :
Premièrement, la corruption affecte négativement la concurrence
dans la mesure où les opportunités de re-soumission
accordées par le bureaucrate corrompu encouragent les soumissionnaires
à former un cartel de prix. Et les conséquences d'un tel
phénomène vont au delà d'un simple accroissement du prix
de passation du marché. Deuxièmement, le contrôle des
entreprises revêt d'une efficacité accrue dans cet
environnement ; car permettant la restauration de la concurrence des prix.
Troisièmement, lorsque le bureaucrate accorde des faveurs
supplémentaires à une entreprise, soit à la phase
d'attribution d'un marché, soit à sa phase d'exécution,
les activités de contrôle deviennent nuisibles avec pour
résultat, l'exclusion de certaines entreprises du processus
d'attribution ou d'exécution du marché public. Cependant la
particularité ou la spécificité de notre étude est
qu'elle porte sur les marchés de travaux, dans leur relation avec le
secteur du Bâtiment et des Travaux Publics en Côte d'Ivoire.
Dès lors, de nombreuses interrogations
concrètes peuvent être émises : Comment faut-il mettre
en concurrence ? Comment prendre en compte l'arbitrage
qualité-prix ? Comment définir les règles de
paiement ? Comment éviter la collusion des soumissionnaires ?
Comment gérer efficacement les avenants ? Ces différentes
interrogations découlent de la préoccupation fondamentale souvent
mise en évidence à propos des marchés publics :
Comment gérer la passation des marchés de travaux pour garantir
un bon rapport qualité-prix des Infrastructures Publiques en Côte
d'Ivoire ?
Ainsi l'objectif général
de notre étude est de proposer un mécanisme efficace
d'attribution et d'exécution des marchés publics à imposer
aux entreprises de BTP en Côte d'Ivoire. Cet objectif
général est sous-tendu par les objectifs spécifiques
suivants :
v Identifier une procédure d'enchère permettant
à l'entreprise la plus efficiente d'obtenir le marché.
v Déterminer le contrat optimal de mise en oeuvre des
infrastructures économiques.
Dès lors, notre étude s'étendra sur
deux parties. La première partie porte sur la
présentation du cadre théorique des marchés publics et
le secteur des BTP en Côte d'Ivoire. Quant à la deuxième
partie, elle sera consacrée à l'analyse du
problème à travers l'examen des
différents modes d'attribution des marchés publics et la
recherche d'une procédure optimale d'attribution et d'exécution
des marchés de travaux en Côte d'Ivoire.
PREMIERE PARTIE :
PRESENTATION DU CADRE THEORIQUE DES MARCHES PUBLICS ET
LE SECTEUR DU BTP EN COTE D'IVOIRE
Cette partie se subdivise en deux chapitres. Le chapitre
premier expose les principaux développements théoriques portant
sur les marchés publics ; tandis que le deuxième chapitre,
se voulant pratique, donnera un aperçu du secteur du Bâtiment et
des Travaux Publics (BTP) en Côte d'Ivoire.
Chapitre 1 : LES MARCHES PUBLICS SELON LA THEORIE
ECONOMIQUE
Jusqu'à une date récente, en dépit
de leur importance quantitative, les marchés publics étaient
négligés par les économistes qui les avaient
abandonnés aux juristes et aux sociologues. Ce n'est qu'avec le
développement de la théorie des enchères 4(*)et de celle des contrats
incitatifs 5(*) que s'est
élaborée une analyse rigoureuse des procédures de
passation et d'exécution de ces marchés. Les résultats
obtenus sont importants et permettent d'éclairer les débats
portant sur un grand nombre de questions concrètes.
Ce chapitre sera traité en deux sections. D'abord
nous verrons l'efficacité relative de la mise en concurrence et de la
négociation dans l'attribution des marchés publics. Ensuite, il
sera question de la mise en évidence des ententes et de la capture dans
les marchés publics.
1.1- Mise en concurrence et négociation dans les
marchés publics
Dans cette section, nous faisons d'abord une comparaison
entre la mise en concurrence et la négociation avant de présenter
les différentes procédures concurrentielles d'attribution des
marchés publics.
1.1.1- Comparaison entre la mise en concurrence et la
négociation
Nous désignons par la mise en concurrence, les
procédures formelles de droit commun correspondant aux enchères
sous plis cachetés, c'est-à-dire les appels d'offres ouverts et
restreints. Tandis que la négociation renvoie à des
procédures informelles à caractères dérogatoires
appelées marchés négociés ou gré à
gré.
Pour mettre en évidence l'intérêt de
la mise en concurrence, Mougeot et Naegelen (1997) ont considérés
l'achat d'un bien indivisible par un acheteur neutre vis-à-vis du risque
faisant face à vendeurs potentiels également neutre vis-à-vis du risque. Il est
supposé que les coûts de production sont constants et indépendants les uns des autres et
tels que chaque offreur connaisse son coût et ait des croyances sur les
coûts , de ses concurrents6(*). Dans ce contexte symétrique, ils admettent que
les coûts de toutes les entreprises sont distribués selon une
même loi de fonction de répartition et de fonction de densité définie sur un compact
, ces fonctions étant connaissance commune de l'acheteur
et des offreurs. Cette hypothèse quoique restrictive, permet de traduire
l'incertitude de chaque offreur sur les coûts de ses adversaires.
A priori, l'acheteur ne connaît pas l'entreprise la
plus compétitive et doit donc chercher une règle d'attribution du
marché et de paiement qui aboutisse à retenir l'entreprise ayant
le coût le plus bas et à réduire la rente qu'elle peut
s'attribuer en raison de l'asymétrie d'information. Dans ce contexte,
l'intuition laisse penser que l'acheteur peut compenser son asymétrie en
exploitant celle qui caractérise la situation de chaque offreur
relativement aux autres. En d'autres termes, l'acheteur public qui ignore qui
est le plus compétitif doit tenir compte du fait que les offreurs (y
compris le plus compétitif) l'ignore aussi. En organisant la transaction
de telle sorte que le marché soit attribué à celui qui
propose l'offre la plus basse et dans des conditions telles qu'au moment où les
offreurs sélectionnent leur stratégie , ils ne sachent pas si leur offre est gagnante, l'acheteur
sélectionne une règle qui atténue son handicap
informationnel. C'est la spécificité des procédures
d'enchères caractérisant la mise en concurrence dans les
marchés publics. S'il est donc vrai que les asymétries
d'information induisent des coûts sociaux liés aux rentes
informationnelles accaparées par les entreprises, il n'en demeure pas
moins vrai que la mise en concurrence permet de réduire ces rentes en
fournissant des incitations à moindre coût.
Toutefois, ces auteurs reconnaissent que la mise en
concurrence a un coût dont l'importance pourrait justifier le recours au
gré à gré. En effet, pour ces derniers, le recours
à un appel d'offres dépend de la comparaison entre le coût
d'organisation (nécessité d'un personnel spécifique, de la
mise en place de commissions ad hoc, d'une diffusion de l'information etc.) et
le gain associés à celui-ci ; soit, ex-ante, l'écart
entre l'espérance mathématique du second coût et le
coût le plus élevé . Si cet écart est faible (faible différenciation des
coûts du secteur considéré), le gain associé
à la consultation d'un offreur supplémentaire est faible et peut
donc être inférieur au coût de la procédure.
Dès lors, ils recommandent le recours à la négociation
avec une seule entreprise lorsque le coût de la procédure d'appel
d'offres est plus élevé que le gain escompté de la mise en
concurrence.
En outre, ils ont
montré que la spécificité des besoins publics, la
taille des marchés lorsqu'ils sont centralisés, l'importance des
investissements préalables ou l'existence de monopoles peuvent rendre
impossible toute mise en concurrence. En effet, la structure de l'offre est
dans certains cas une variable exogène (lorsque les barrières
à l'entrée résultent de la nature des processus de
production, de l'évolution des marchés ou des
spécifications légales) et dans d'autres une variable
endogène (conséquence du choix de la qualité des biens ou
des pratiques de favoritisme). Et l'acheteur n'étant pas neutre à
cet égard peut avoir choisi d'affronter un monopole ; ce qui
renvoie à la possibilité d'une coalition avec son fournisseur.
Même si les législations ne prennent pas en compte cette
endogénéisation de la structure de marché, elles ont
prévu les marchés dits
« négociés » dans le cas où seule une
concurrence sommaire peut être organisée ( dans le cas de
recherche, études et essais, d'urgence, de travaux secrets ou relevant
de le Défense Nationale, dans le cas de monopole légal ou
spatial, en cas de marché infructueux) ou d'impossibilité de mise
en concurrence (dans le cas de monopole légal, de
spécificité du bien, de projet type, de reconduction).
De même Bajari, P et al. (2003), proposent un cadre
de comparaison entre les enchères et la négociation en partant
des contrats de construction privée pour faire des implications aux
marchés de travaux. Leur principale conclusion est que plus les projets
sont complexes avec une anticipation d'avenants, plus la négociation
s'impose ; tandis que les enchères sont efficaces pour les projets
simples. En effet, dans les enchères, les offres sont souvent la seule
information détenue par l'acheteur public. Tandis que, dans la
négociation, l'acheteur et l'offreur discutent sur tous les
éléments du projet avant la signature du contrat. L'importance de
la communication et de la coordination entre l'acheteur et l'offreur dans les
projets complexes donne donc une explication alternative à la
corrélation entre la complexité d'un projet de construction et
l'usage du gré à gré. Aussi mettent-ils en évidence
une corrélation positive entre l'usage des enchères et le nombre
de soumissionnaire d'une part, et l'expérience de l'acheteur7(*) d'autre part. En outre, ils
arrivent à identifier une série de facteurs (la coordination ex
ante, la réputation des soumissionnaires, la durée de la
procédure ou « red tape » et la
confidentialité) qui limitent le recours aux enchères au profit
du gré à gré.
Après avoir exposé brièvement les
différents contextes dans lesquels sont relativement efficaces la mise
en concurrence et la négociation, nous allons maintenant nous
intéresser aux différentes procédures concurrentielles ou
d'enchères.
1.1.2- Procédures concurrentielles d'attribution
des marchés publics
Depuis les travaux pionniers de Vickrey (1961), les
théoriciens distinguent quatre principaux types d'enchères (appel
d'offres au premier prix, appel d'offres de Vickrey, enchère descendante
hollandaise et enchère ascendante anglaise) pouvant se regrouper en deux
familles de procédures d'enchères :
- les procédures d'enchères au premier prix dans
lesquelles le marché est attribué au moins disant,
- les procédures d'enchères au second prix dans
lesquelles le marché est attribué au moins disant qui est,
cependant payé au deuxième plus faible prix.
L'appel d'offres au premier prix et l'enchère
descendante hollandaise relèvent de la première famille tandis
que l'enchère ascendante anglaise et l'appel d'offres de Vickrey
relèvent de la seconde.
Dès lors, cette sous section se consacrera à la
comparaison entre ces deux catégories de procédure. Celle-ci se
fera dans deux cadres différents, selon la symétrie et
l'asymétrie des offreurs.
1.1.2.1- Comparaison dans un cadre symétrique
Une telle comparaison des procédures d'enchères
a été faite par Mougeot et Naegelen (1997), d'une part sous
l'hypothèse de neutralité vis-à-vis du risque et d'absence
de coût de transaction ; et d'autre part sous l'hypothèse
d'hostilité au risque des offreurs.
1.1.2.1.1- Hypothèse de neutralité vis
à vis du risque et d'absence
de coût de
transaction
Sous cette hypothèse, chaque offreur choisit une
stratégie c'est-à-dire une probabilité de gagner et un revenu . Et un agent dont le coût est a donc un profit escompté . Si , est son choix optimal, son profit escompté est : . Par application du théorème de l'enveloppe, au niveau du
choix optimal, seul l'effet direct d'une variation de subsiste et :
(1)
Par suite, si la procédure assure un profit nul
à l'agent le moins compétitif, on obtient par intégration
compte tenu de la valeur de la probabilité de gagner :
(2)
Dès lors, conformément
à l'intuition de Vickrey, le profit escompté est
indépendant des stratégies lorsque les agents utilisent leur
stratégie optimale. Ils concluent donc que, si le marché est
attribué au moins offrant, toutes les procédures assurent le
même profit au vainqueur et donc le même prix escompté pour
l'acheteur. Comme une entreprise dont le coût est ne sait pas si elle est vainqueur, son profit lorsqu'elle
gagne est . Dans un appel d'offres au premier prix, la soumission de chaque
entreprise est donc égale à la somme du coût et d'un
« mark up » stratégique égal à8(*)
lorsque chacune adopte une stratégie de Nash-Bayes symétrique.
Par suite, la soumission de chacune est égale à .
La stratégie , croissante en et décroissante en , étant choisie par le vainqueur, l'acheteur paye donc
le coût le plus bas augmenté d'un « mark up »
qui est la rente que l'entreprise s'approprie en raison de l'asymétrie
d'information. On montre également que cette offre peut
s'interpréter comme l'espérance mathématique du second
coût le plus faible conditionnée par le fait que est le coût le plus faible. L'acheteur paye donc en
moyenne cette espérance de coût. Or, compte tenu du fait que
l'enchère au second prix est révélatrice en
stratégies dominantes, le résultat de l'appel d'offres au premier
prix est, en espérance mathématique, parfaitement
équivalent à celui d'une procédure au second prix dans
laquelle l'acheteur paye en moyenne l'espérance mathématique du
second coût le plus faible annoncé.
Sous les hypothèses énoncées plus
haut, toutes les procédures, conduisant à l'attribution au moins
disant et assurant un profit nul à l'entreprise la moins performante,
sont équivalentes. Elles conduisent donc au même prix
escompté de passation qui s'obtient en considérant l'offre
proposée par le vainqueur, compte tenu que est la fonction de densité du minimum de coûts indépendants9(*).
1.1.2.1.2- Hypothèse d'hostilité au risque
des offreurs
Sous l'hypothèse que tous les offreurs sont
risquophobes, l'équivalence du prix escompté n'est plus
vérifiée. Cela peut, en effet, se comprendre intuitivement. Dans
les procédures au second prix, la stratégie optimale consiste
toujours à annoncer son vrai coût, que les entreprises soient
neutres ou non. En revanche, dans l'appel d'offres au premier prix, l'arbitrage
entre la maximisation du profit quand on gagne et celle de la
probabilité se gagner se modifie de telle sorte que le « mark
up » est réduit pour accroître celle-ci. Le prix
proposé lorsque tous les offreurs sont hostiles au risque est donc plus
bas que le prix proposé en cas de neutralité. Il en
résulte que le prix du vainqueur est plus bas en moyenne que celui du
vainqueur de l'appel d'offres au second prix, qui est égal au prix en
cas de neutralité. Dès lors, si l'acheteur ignore si les offreurs
sont tous neutres ou tous hostiles au risque, il a intérêt
à choisir l'appel d'offres au premier prix qui lui donne un
résultat équivalent ou meilleur.
Lorsque tous les offreurs sont caractérisés par
la même attitude vis-à-vis du risque, le « mark
up » décroît quand le degré d'aversion augmente.
Par suite, l'offre de chaque agent diminue et par conséquent
l'espérance mathématique du prix d'achat : plus les offreurs
sont risquophobes, plus le prix payé par l'administration est bas. Ce
facteur est d'autant plus important que les entreprises concernées
dépendent des marchés publics pour une part importante de leur
chiffre d'affaire.
1.1.2.2- Comparaison dans un cadre asymétrique
L'hypothèse de symétrie adoptée jusqu'ici
implique que l'ensemble des fournisseurs soit homogène tant en ce qui
concerne la répartition des coûts a priori que l'attitude
vis-à-vis du risque. Or
l'hétérogénéité des agents est
fréquente. Pour ce qui est des coûts, la disparité des
coûts d'opportunité, le recours à des techniques de
production différentes, la localisation ou la taille des entreprises des
facteurs susceptibles d'engendrer des disparités a priori des croyances
sur les coûts. Ces facteurs sont également susceptibles de
conduire à des attitudes différentes vis-à-vis du risque,
les entreprises ayant peu de commandes faisant preuve, par exemple, de plus
d'aversion vis-à-vis du risque que celles dont les capacités sont
saturées. Que deviennent alors les stratégies mises en
évidence lorsque les entreprises sont a priori
hétérogènes ?
En ce qui concerne les asymétries de coûts,
Griesmer et al. (1967), Maskin et Riley (1986), Benilan et al. (1996) ont mis
en évidence un ensemble de résultats complexes. D'une part, le
théorème d'équivalence du prix escompté est
invalidé. D'autre part, le système d'équations
différentielles caractérisant les stratégies optimales n'a
pas de solution analytique générale. Des solutions
particulières peuvent être obtenues dans des contextes
spécifiques (duopole, groupe d'agents homogènes, lois
particulières). Elles montrent que les stratégies optimales en
asymétrie dans l'appel d'offres au premier prix sont
conditionnées par les relations entre les lois de probabilité
(dominance stochastique) et qu'il est impossible de définir une
règle simple à portée générale. Les
stratégies sont ainsi plus (respectivement moins) agressives que dans le
cas symétrique selon que les entreprises appartiennent a priori au
groupe le moins (respectivement le plus) performant : un « mark
up » dû à l'asymétrie, traduit cette modification
des stratégies mais varie suivant la nature de l'asymétrie.
Pour la différenciation de l'attitude vis-à-vis
du risque, les travaux de Cox et al. (1982) et de Mougeot et Naegelen (1991)
ont révélé les effets similaires : absence de
solution analytiques générale des équations
différentielles, invalidation du théorème
d'équivalence du coût, différenciation des
stratégies selon le degré d'aversion vis-à-vis du risque.
L'hétérogénéité des offreurs limite donc le
résultat précédent lorsque des agents différents
sont traités de la même manière. L'acheteur peut cependant
exploiter cette hétérogénéité à son
avantage en adaptant la règle d'attribution.
En outre, Eklöf (2003) a mis en
évidence les coûts sociaux liés à une allocation
inefficace des marchés à travers la procédure d'appel
d'offres au premier prix en présence d'agents asymétriques. Cette
asymétrie implique que l'appel d'offres au premier prix est à la
base de la sélection adverse observée lors de la passation. Selon
cet auteur, cette procédure est inefficace et entraîne des
coûts sociaux non négligeables. Il recommande donc, à
l'acheteur, le recours à l'enchère au second prix qui demeure
efficace en pareille circonstance.
Après que la présente section ait mis en
évidence l'efficacité relative de la mise en concurrence, de la
négociation et différentes procédures d'appel d'offres, il
s'avère important d'analyser le phénomène de la collusion
dont la récurrence dans les marchés publics est
indéniable.
1.2- Ententes et capture dans les marchés publics
L'importance des sommes engagées dans les
procédures d'appel d'offres publics fait qu'une entrave à la
concurrence dans ces marchés peut avoir des
conséquences très néfastes du point de vue du
bien-être. La collusion dans les soumissions aux appels d'offres publics
et dans l'exécution des contrats est pourtant une pratique très
répandue.
Cette section mettra d'abord en évidence les ententes
et la capture dans l'attribution des marchés, avant d'analyser la
capture dans l'exécution des dits marchés.
1.2.1- Les ententes et la capture dans l'attribution
des marchés
publics
L'existence d'ententes et de capture dans les marchés
publics semble être de notoriété publique. Il s'agit de
deux types de collusion ou encore de deux formes de coopération dans un
jeu théorique non coopératif.
1.2.1.1- Les ententes « pour » le
marché
En 1776, Adam Smith dans
« La richesse des nations » écrivait
déjà que :
« Les gens d'une même profession se
réunissent rarement, même pour s'amuser et se distraire, sans que
la conversation n'aboutisse à une conspiration dont le public fait les
frais ou à une machination pour accroître les
prix. » 10(*)
Comme le suggère la citation, la collusion qualifie
d'une manière générale le comportement d'entreprises qui
passent des accords, s'entendent, ou se concertent pour prendre des
décisions de marchés, le plus souvent concernant leur
tarification, dans le dessein de limiter, d'entraver ou de fausser le libre jeu
de la concurrence sur ces marchés. Le marché conduit alors
à des prix trop élevés et à une mauvaise allocation
des ressources au regard de l'efficacité, c'est-à-dire au regard
d'un critère évaluant la satisfaction des besoins de la
société dans son ensemble. Il ne s'agit donc pas simplement d'un
transfert indu des consommateurs vers les entreprises, mais d'une situation
telle que tous les acteurs pourraient bénéficier d'une allocation
différente des ressources. Les ententes représentent donc un
coût pour la société, une inefficacité sociale.
Selon Hendricks et Porter (1989), l'existence d'un cartel ou
d'une collusion peut prendre plusieurs formes et apparaît essentiellement
dans les appels d'offres répétés : rotation des
vainqueurs associés à des offres fantômes,
égalités des offres, offres anormalement hautes...etc. La
détection de ces ententes est difficile car le phénomène
observé peut-être attribué à d'autres facteurs
explicatifs comme l'existence de rendements décroissants ou de
capacités limitées. Il s'agit donc d'un problème
délicat tant du point de vue pratique que du point de vue
théorique. Au plan pratique, la connaissance du phénomène
est très limitée puisqu'il s'agit de comportements illicites. On
peut cependant trouver une analyse économétrique du
problème dans Porter et Zona (1993). Au plan théorique, l'analyse
n'a véritablement commencé qu'avec l'article de Robinson (1985).
La littérature assez rare, a privilégié l'explication du
fonctionnement interne de l'entente (déterminer l'offre que chaque
membre dépose, choisir le vainqueur de l'appel d'offres parmi les
membres de l'entente, déterminer la manière dont le surplus
obtenu par la coalition sera partagé). Mc Afee et Mac Millan (1992) et
Graham et Marshall (1991) ont ainsi mis en évidence des
mécanismes de coalition optimaux dans le cas d'offreurs
symétriques. Graham et Marshall (1990), Pesendorfer (1994) puis Mailath
et Zemsky (1991) ont fait de même dans l'hypothèse
d'asymétrie. Ces travaux, même s'ils ont permis la mise en
évidence du rôle du prix de réserve comme instrument de
dissuasion des ententes, présentent toutefois une portée pratique
limitée parce qu'ils concernent surtout des enchères au second
prix.
Par ailleurs, l'acheteur public dispose de plusieurs moyens
pour rendre instables les coalitions en réduisant les
possibilités qu'ont les membres du cartel de détection des
comportements non coopératifs et en réduisant les marges de
manoeuvre du cartel. Primo, pour Mougeot et Naegelen (1997), dans le dessein de
réduire les ententes, l'acheteur peut limiter les possibilités de
manipulation collective en fixant un prix de réserve ou rendre instable
les cartels en ouvrant les marchés à la concurrence, en
réduisant les temps de réponse, en modifiant la liste des firmes
consultées, en limitant l'information transmise ex-post sur le
résultat du marché. Secundo, Linnemer et Souam (1997) proposent
deux solutions en vue de parer aux comportements collusifs. La première
consiste à diminuer le prix de réservation . Mais, comme cette solution touchera aussi bien les entreprises qui
font de la collusion que les autres, garder secret le prix de
réservation est la deuxième solution possible. Elle est meilleure
que la première ; car si les entreprises veulent faire de la
collusion, elles sont obligées de se mettre d'accord sur leurs
évaluations respectives de . Ce qui peut alors faciliter la détection de la
collusion.
1.2.1.2- La capture
Dans un marché public, les entreprises soumissionnaires
ne sont pas les seuls acteurs. Un ou des agents représentant
l'entité publique sont en charge d'organiser le marché, de
choisir la procédure d'attribution suivie, de choisir des
critères qualitatifs et leurs poids relatifs pour juger d'une offre
multicritères, d'accorder des délais supplémentaires pour
répondre à l'appel d'offres, d'invalider le résultat d'un
appel d'offres ou d'autoriser les soumissionnaires à modifier leurs
offres etc. Ces agents publics sont partie prenante de la procédure et y
jouent un rôle actif du fait de leur pouvoir discrétionnaire.
La capture ou la corruption relève donc d'une coalition
entre l'acheteur et un ou plusieurs offreurs. Mougeot et Naegelen (1997) en
distinguent trois principales formes :
- le paiement de prestations fictives ou « pot de
vin » par tous les participants équivaut à un
coût de participation qui augmente le prix moyen d'une somme
supérieure à celle du pot de vin,
- l'attribution du marché au moins disant qui
reçoit en fait ex-post un prix plus élevé à la
suite d'un avenant qui compense le paiement latéral à
l'acheteur,
- l'attribution selon l'offre économiquement la plus
avantageuse en fonction d'un critère subjectif
préférentiel.
Pour eux, le pouvoir discrétionnaire dont jouit
l'acheteur est en général suffisant à l'émergence
du favoritisme. Ainsi on ne peut lutter contre celui-ci qu'en réduisant
ce pouvoir : réduction du pouvoir de rétorsion qui justifie
le paiement de pots de vin par tous les offreurs, limitation des
possibilités d'avenants, réduction des possibilités de
choix préférentiels de la qualité. Cependant, ils sont
conscients que cette réduction peut avoir des effets pervers
(réduction du nombre de concurrents par exemple) et qu'il est impossible
de définir une règle générale.
Pour Caillaud (2001), les agents publics, comme tout agent
économique, réagissent à des motivations qui leur sont
propres, comme des priorités morales ou déontologiques, ou qui
leur sont imposées par leur environnement socio-économique, comme
celles relatives à leur carrière administrative, professionnelle
ou politique. Ainsi , bien que conscients de l'intérêt public, ces
agents peuvent être amenés à prendre des décisions
qui ne concordent pas nécessairement avec l'efficacité sociale,
car celle-ci n'est pas leur unique préoccupation et ces décisions
leur permettent de remplir au mieux leurs objectifs plus complexes. En effet,
l'agent public peut être influencé par la perspective d'une
carrière (pratique du pantouflage), de contrats futurs ou d'autres
formes licites de financement ou de compensation, et détourner la
procédure au bénéfice de l'entreprise qui peut lui assurer
de telles perspectives. Les accointances personnelles et les divers facteurs
psychologiques intervenant dans les carrières de ces agents sont aussi
sources de défaut d'objectivité. Il ne saurait donc y avoir
d'analyse des procédures d'attribution des marchés publics sans
une prise en compte de ce risque de capture.
De plus, cet auteur indique qu'à côté de
cette distorsion dans les choix des agents due aux multiples incitants auxquels
ils sont soumis, il existe aussi des formes frauduleuses de capture où
un agent public détourne une procédure en échange de
faveurs illicites tels que les voyages, les services à titre
privé, les pots-de-vin, les financements occultes d'activités ou
de campagnes politiques etc. Sans verser dans la presse à scandale,
l'existence de cette forme de capture ne peut être niée.
En outre, l'auteur distingue la capture par un soumissionnaire
de celle de plusieurs soumissionnaires. D'abord la capture de l'agent public
par un soumissionnaire résulte en général en un biais dans
l'attribution du ou des marchés, une situation
généralement qualifiée de favoritisme. Les termes de
l'attribution eux-mêmes peuvent être altérés, afin
que celle-ci se fasse à un prix plus avantageux pour le soumissionnaire
ou selon des spécifications techniques ou commerciales moins
contraignantes. Quant à la capture par un ensemble de soumissionnaires,
le but est pour ces derniers d'organiser et de coordonner une entente entre eux
par l'intermédiaire de l'agent public. La capture et les ententes sont
alors indissociables et se nourrissent l'une de l'autre. Et il est
intéressant de souligner que, dans une telle situation, il n'y a pas
à choisir le moindre d'entre deux maux ; car les deux types sont
complémentaires et on ne saurait lutter contre l'un par des mesures
susceptibles de favoriser l'émergence de l'autre.
Les conséquences de la capture sont très
similaires à celles de la collusion entre soumissionnaires. En cas de
capture, en particulier de favoritisme, l'attribution d'un marché est
détournée au profit d'un soumissionnaire à même de
proposer une contrepartie attractive à l'agent public, un critère
sans rapport avec le fait que l'entreprise ait, par exemple les coûts les
plus faibles ou l'offre la plus performante. L'inefficacité sera donc la
règle dans les situations de capture. La capture conduit aussi à
la manipulation des prix d'attribution des marchés publics au
bénéfice de l'entreprise qui l'emporte, donc aux dépens
des finances publiques et, in fine, des contribuables.
1.2.2- La capture dans l'exécution des
marchés
La capture ou corruption représente, ici, la collusion
du maître d'oeuvre et de l'entreprise victorieuse en vue de
l'exploitation du principal c'est-à-dire de l'Etat. Comme travail de
référence, nous nous appuierons exclusivement sur celui de
Meleu (1998).
Meleu a mis l'accent sur la corruption dans les achats
publics dans le cadre d'un modèle du type principal-superviseur-agent.
Pour lui, la capture résulte fondamentalement de la conjugaison de deux
hypothèses :
- La première est l'asymétrie d'information
entre le principal et son superviseur ou son agent,
- et la seconde est la divergence d'objectifs ou
d'intérêts entre le principal et le superviseur.
En effet le pouvoir de discrétion dont dispose le
superviseur combiné à ses intérêts privés,
est la cause de la capture. Par exemples, « Dans les clauses de
contrats de revêtement de route, les parties peuvent convenir de
l'épaisseur du bitume. L'ingénieur des travaux publics du
Ministère chargé du contrôle des travaux, après
avoir constaté que l'entreprise qui réalise le projet n'a pas
respecté la norme d'épaisseur convenue, a la possibilité
de cacher cette information au Ministère... Le coût unitaire de
construction de clôture d'une université publique peut être
réellement faible, et l'ingénieur du bureau de supervision des
travaux a la possibilité de montrer de façon convaincante ce
fait, mais il a aussi la possibilité de ne pas révéler
cette information. »10(*)
Par ailleurs, en combinant le modèle simple de
décision de corruption d'un agent et l'équation canonique de la
corruption11(*), il arrive
à formuler quelques éléments de politique de lutte contre
la corruption. Ce sont : la cassation du monopole dans la fourniture des
services publics, la réduction de la marge de discrétion des
agents de l'Etat, la responsabilisation, la diffusion de l'information pour
accroître la probabilité de détection de la capture,
l'instauration d'un système de sanction-récompense et la
moralisation de la gestion publique.
En somme, il paraît difficile voire impossible de
définir une procédure générale d'attribution des
marchés publics puisque la mise en concurrence et la négociation
ont chacune leur performance relative dans des environnements
spécifiques. Ainsi, le recours aux différents types
d'enchères ou au gré à gré doit être
justifié par une analyse rigoureuse portant sur les facteurs tels que la
complexité du projet, le caractère confidentiel du projet, le
nombre des soumissionnaires, leur attitude vis-à-vis du risque, la
structure de leurs coûts, leur réputation etc.
De plus, vue la récurrence des ententes et de la
capture dans les marchés publics, il s'avère nécessaire de
définir des critères d'attribution prenant en compte le prix de
réserve et le délai de réponse aux appels d'offres ;
et de veiller à assurer l'intégrité du superviseur au
regard de l'objectif de satisfaction de l'intérêt
général.
Chapitre 2 : APERCU DU SECTEUR DU BTP EN COTE
D'IVOIRE
Durant les années 90, le secteur du Bâtiment et
des Travaux Publics a connu une période faste, favorisée par le
lancement de grands projets d'infrastructures étatiques tels que
« les 12 travaux de l'éléphant d'Afrique ».
Par contre le début des années 2000 s'est
révélé particulièrement difficile pour ce secteur
avec une contribution de 3% au PIB en 200112(*) alors que la reprise enregistrée en 1998 et
1999, en raison notamment de l'attribution de travaux d'infrastructures
publiques et industrielles et de la nécessité de couvrir une
demande non satisfaite en logements neufs, laissait envisager un avenir
meilleur. L'instabilité politique et la dégradation de la
situation économique sont la principale cause de ce ralentissement de
l'activité. Ces facteurs ont, en effet, provoqué la suspension
des financements extérieurs et la contraction des investissements
privés, conduisant ainsi à l'arrêt de plusieurs chantiers
en phase de démarrage.
Le déclin de l'activité du BTP et la baisse
importante du chiffre d'affaires des entreprises, entre 30 et 50%13(*), se sont traduits notamment
par une réduction des effectifs et le retrait provisoire ou
définitif de certains acteurs tels que Fougerolle et Jean Lefebvre. Et
même si les informations disponibles sur le secteur secondaire, à
fin juillet 2004, montrent une croissance de +10,1% du BTP14(*), des efforts restent encore
à faire en terme d'efficacité pour ce secteur ; en raison de
l'existence de la corrélation positive entre qualité des
infrastructures publics et développement économique.
Dès lors, ce chapitre se présentera en deux
sections dont la première portera sur la présentation des
activités du secteur tandis que la seconde se consacrera à une
exposition des problèmes rencontrés par l'infrastructure publique
en Côte d'Ivoire.
2.1- Présentation des activités du secteur
Cette section se traitera en deux parties distinctes suivant
la nature des travaux, c'est-à-dire selon qu'il s'agisse du
bâtiment ou des travaux publics. Ainsi nous présenterons d'abord
les activités se rapportant au bâtiment avant de considérer
celles émanant des travaux publics.
2.1.1- Le Bâtiment
Le bâtiment désigne la construction
d'édifices telles que les logements, les immeubles de bureaux, les
bâtiments administratifs, les unités industrielles et les
complexes sportifs. Cette activité concerne donc à la fois les
opérateurs privés notamment les promoteurs immobiliers et les
opérateurs publics représentés par l'Etat.
Dans le logement, la promotion immobilière est
dominée par une douzaine d'entreprises. Ainsi nous pouvons dresser le
tableau suivant :
Tableau de la répartition des
opérations immobilières
Promoteur
|
Opérations immobilières (en nombre de
logements) de1996 à 1999
|
Société d'économie
mixte :
- SICOGI
|
1471
|
Opérateurs privés
professionnels :
- CERIM
- SIPIM
- BATIM-CI
- SCI IPROBAT
-ABRI 2000
- SCI Les Lauriers / SCI EMA
- SCI Les Rosiers
|
421
2700
2402
201
981
1234
1840
|
Autres opérateurs :
-SCI LOGIVOIRE15(*)
- Autres
|
379
5764
|
TOTAL
|
17393
|
Source : Ministère de la construction et de
l'urbanisme, Sous-Direction de l'Habitat Urbain
En vertu de la diversité des métiers liés
au bâtiment, à savoir le terrassement, la charpente,
l'électricité, la climatisation etc., la constitution
d'importantes immobilisations et la disposition d'un personnel qualifié
s'imposent en préalable garantissant la bonne exécution des
travaux. On distingue ainsi deux types d'entreprises de bâtiment :
les entreprises générales de bâtiment et les entreprises
spécialisées de bâtiment.
2.1.1.1- Les entreprises générales du
Bâtiment
Les principales entreprises sont la Setao, la SONITRA
(entreprise israelo-ivoirienne), la CMI (détenue par un ressortissant
français) et la COVEC-CI (société chinoise).
2.1.1.1.1- La Société d'études et
travaux de l'afrique de l'ouest
(Setao)
La Setao est une filiale du groupe Bouygues dont les
activités en Côte d'Ivoire ont débuté en 1950. En
2003, elle a réalisé un chiffre d'affaire de 1.700.558.934 F CFA.
Plusieurs réalisations sont a son actif ; notamment la construction
de l'ambassade de la Côte d'Ivoire au Burkina Faso, du complexe
universitaire de Yamoussoukro (ex-INSET ou actuel INPHB), de la mosquée
du Plateau, des ports d'Abidjan et de San Pedro ainsi que de l'hôpital de
Yopougon.
2.1.1.1.2- La Société Nationale Ivoirienne de
Travaux (SONITRA)
La SONITRA est une entreprise israelo-ivoirienne
présente sur le marché ivoirien du BTP depuis 1963. Son chiffre
d'affaires pour l'exercice 2003 tourne autour de 6.150.431.458 F CFA. Les
principales réalisations de la SONITRA sont, en autres, la construction
d'un amphithéâtre sur le campus d'Abobo-Adjamé, du bureau
du Haut Commissaire à l'Hydraulique, du bâtiment B2 de la
cité policière de Yopougon, du centre du 23ème
congrès de l'UPU, des locaux du Conseil constitutionnel, de la
résidence du préfet de Daoukro et du motel de ladite ville et
l'aménagement du 6ème étage du CCIA.
2.1.1.1.3- La Construction Métallique Ivoirienne
(CMI)
La CMI est une entreprise détenue par un ressortissant
français ; elle est implantée en Côte d'Ivoire depuis
1987. En 2003, elle a réalisé un chiffre d'affaires de
1.304.481.804 F CFA. L'essentiel des réalisations de la CMI se situe au
niveau de l'enseignement supérieur avec la construction d'un
amphithéâtre de 500 places, la réalisation des travaux de
reprise de la couverture de l'amphithéâtre E et
l'aménagement extérieur de l'amphithéâtre 216(*).
2.1.1.1.4- La COVEC-CI
La COVEC-CI est une entreprise chinoise établie sur le
marché ivoirien du BTP depuis 1994. Elle a réalisé un
chiffre d'affaires de 153.163.172 F CFA en 2003. Parmi ses réalisations,
l'on peut citer : la réhabilitation du stade FHB17(*), l'aménagement de la
plateforme de l'UFR de Médecine de Bouaké et du marché
central de Divo, la construction d'un laboratoire d'anatomie à l'URES de
Bouaké, du bâtiment D4 de la cité policière de
Yopougon et d'un amphithéâtre de 500 places au campus
universitaire de Cocody.
2.1.1.2- Les entreprises spécialisées du
Bâtiment
Les entreprises spécialisées du Bâtiment
interviennent, le plus souvent, sur des chantiers d'envergure, en
sous-traitance des entreprises générales, ou lors d'appels
d'offres divisés en lots. Pour avoir une idée des principales
entreprises spécialisées, l'on peut consulter le tableau
suivant.
Tableau représentant les entreprises du
bâtiment selon leurs spécialités
Métiers ou secteur d'activité
|
Entreprises
|
Terrassement
Charpente/structures métalliques
Electricité
Climatisation
Menuiserie
Aluminium
Revêtement de sols, murs et plafonds
Etanchéité/isolation
|
TD-CI (filiale CMI)
SAMELA, IVOIRE INGENIERIE
JP Entreprise, SIDELAF
COGIM-TECNOA, SEEE, RICA
OCPI, SOMCI
METALUX
JP PARGADE, EIRB, SOCIBAT, JADEAU
ATOLCO, SERI-CI, SOCAFRE
|
Source : Mission Economique d'Abidjan
2.1.2- Les Travaux Publics
Les travaux publics sont des ouvrages d'utilité
publique (routes, hydraulique, éclairage public etc.)
exécutés pour le compte d'une personne morale administrative et
entrepris aux frais de l'Etat ou des collectivités locales. Mais, cette
activité se rapporte, en général, beaucoup plus aux
infrastructures de transport (réseaux et voiries).
Contrairement au sous secteur du Bâtiment, on ne
distingue qu'un seul type d'entreprise de Travaux Publics ; en
l'occurrence les entreprises générales de Travaux Publics
qui sont des entreprises polyvalentes ou multitâches. Et ce, d'autant
plus que les travaux publics ne renferment qu'un nombre très
limité de métier ou d'activité (réseau et voiries).
Les entreprises considérées n'éprouvent donc aucun
intérêt à la spécialisation.
Le sous secteur des Travaux Publics compte plusieurs
entreprises ; mais les plus représentatives sont Sogea Satom, Colas
et SONITRA18(*) .
2.1.2.1- L'entreprise Sogea Satom
Sogea Satom est une filiale du groupe français Vinci
dont l'installation en Côte d'Ivoire date de 1957. Le bilan de son
exercice 2003 révèle un chiffre d'affaires de 201.725.336 F CFA.
Quoi qu'ayant des interventions moins fréquentes que celles des autres
groupes, Satom Sogea arrive à décrocher les gros marchés
tels que la modernisation du complexe fruitier du PAA et les travaux de
renforcement de l'alimentation en eau dans les villes d'Abidjan et de
Man19(*).
2.1.2.2- L'entreprise Colas-CI
Colas-CI est une société du groupe
Bouygues ; elle est implantée en Afrique depuis les années
30 même si sa présence sur le marché ivoirien du BTP date
de 1960. Elle intervient dans le domaine de la construction et de l'entretien
des infrastructures (autoroutes, routes et aéroports) et déploie
une forte activité industrielle (granulats et émulsions). Son
chiffre d'affaires a été de 426.637.197 F CFA en 2003 contre
1.862.161.703 F CFA en 2002. Ses principales réalisations sont :
l'aménagement de la voie d'accès à Akoupé village,
du boulevard Nangui Abrogoua et de la route Bondoukou-Bouna, la
réhabilitation des routes en terre à Bouaké et à
Yamoussoukro ainsi que de celle de 312,05 km de piste de desserte à
Ferkessédougou, la réfection de la chaussée sur la
corniche de Cocody, le bitumage des rues de la commune de Treichville et de la
voie principale d'Akéikoi dans la commune d'Abobo et la construction de
la route Konawolo-Korhogo.
2.1.2.3- La SONITRA
Les interventions de la SONITRA dans le sous-secteur des
travaux publics sont nombreuses. Et parmi celles-ci, l'on peut citer : les
travaux de voirie et de drainage des villes d'Abengourou, de Dabou, de Gagnoa
et de Kotobi, les travaux d'aménagement des routes N'douci-Divo
(tronçon Héré-Mankono), Akoupé-Afféry,
Agboville-Grand-Morie-Agou, Divo-Guitry-Côtière, de
Daoukro-Aprompronou et d'Akrési-Abengourou, le bitumage de la cour du
Ministère de la Défense et la construction du pont Kokonou sur le
Comoé (axe Daoukro-Agnibilékro.
Les grands groupes privilégient la qualité de
leurs prestations et leur notoriété ; et remportent
pratiquement tous les grands chantiers. Pour des travaux de moindre envergure,
on trouve quelques entreprises locales solides, détenues par des
ressortissants français, libanais ou italiens, telles que Sud
Construction, E. G. T. B ou SIBAGEC. Celles-ci participent à l'extension
du réseau routier en réalisant des pistes rurales ou de petits
axes routiers.
Après cette présentation du secteur du BTP, il
sera maintenant question de d'exposer, dans une seconde section, quelques
défaillance de l'infrastructure publique en terme de délai de
réalisation, de qualité et d'entretien.
2.2- Quelques défaillances de l'infrastructure
publique en Côte d'Ivoire
La Côte d'Ivoire dispose d'un réseau routier
relativement développé par rapport à ceux des autres pays
de la zone CEDEAO. Ce réseau compte environ 82000 km, dont 73500 km de
routes en terre et 6500 km de routes revêtues. En outre, le taux de
couverture en hydraulique villageoise est estimé à 88% en 2004 et
l'on prévoie un taux de couverture de 90% pour 200520(*). Cela traduit le niveau de
développement acquis par ce type d'infrastructure.
Cependant, le secteur du BTP doit fournir des efforts
considérables en raison des défaillances relevées
(difficultés de respect des délais de réalisations,
différence entre caractéristiques ex ante et ex post des
infrastructures, défaut de l'entretien).
2.2.1- Difficultés liées au respect des
délais de réalisation
Le non respect des délais dans l'exécution des
travaux est un fait récurrent. Et si les aléas climatiques ou
socio-politiques peuvent être la cause de cette défaillance, cette
dernière est généralement imputable aux entreprises.
Cependant, aucune statistique n'est disponible pour
étayer l'importance de ces retards. Et ce, d'autant plus que l'Etat, lui
aussi, accuse beaucoup de retards dans le règlement de ses factures.
Tout retard étant sanctionné, conformément au CMP, les
parties contractantes en présence sont donc incitées à
opter, implicitement, à un échange de faveurs
réciproques : le titulaire renonce à ses
intérêts moratoires en contrepartie des pénalités de
retard auxquelles renonce l'autorité contractante. De telles
transactions ne laissent aucune trace, encore moins des statistiques.
2.2.2- Différence entre qualité ex-ante et
qualité ex-post
Une exécution de marché de travaux non conforme
aux caractéristiques techniques prévues, est la manifestation
principale du risque moral de la part du titulaire. Et c'est pour minimiser
l'apparition de ce risque que l'exécution de ces marchés est
placée sous la supervision d'un maître d'oeuvre public ou
privé.
Cependant, il apparaît souvent que le titulaire et le
maître d'oeuvre optent pour la collusion dans l'optique d'exploiter
directement l'autorité contractante, et indirectement les usagers de
l'ouvrage. Une telle collusion ne peut que cautionner, implicitement, le risque
moral. Dès lors, même s'il y a présence de comportement
opportuniste de la part du titulaire, celui-ci ne pourra être
décelée que si le maître d'oeuvre exerce parfaitement sa
mission de supervision.
2.2.3- L'insuffisance de l'entretien
Au niveau de l'entretien routier, les résultats ne sont
pas réconfortants. En effet, à l'issue du séminaire tenu
les 27, 28, 29 juin 2001 à Grand-Bassam sur la revue à
mi-parcourt du programme de cession effective au privé de l'ensemble du
matériel public d'entretien routier, force a été de
constater que les résultats obtenus sont largement en deçà
de ceux attendus. La réalisation de cet volet entretien est
inférieure à 10% par rapport au niveau initial des objectifs
visés. Ainsi, il a été observé que :
- l'entretien courant avait été
exécuté à moins de 20% du programme initialement
arrêté à l'évaluation du projet CI-PAST,
- l'entretien périodique des routes en terre n'avait
quasiment pas été effectué, avec un taux moyen de
réalisation de l'ordre de 8%.
La dégradation du réseau routier est telle
qu'elle impose des travaux de réhabilitation, voire de reconstruction,
dont le coût est trois à cinq fois supérieur à celui
d'un entretien préventif. La BM estime ainsi qu'un franc
d'économie réalisée sur le budget d'entretien routier se
traduit par une dépense supplémentaire de deux à trois
fois sur les coûts d'exploitation des véhicules de transport.
D'où une augmentation des frais de transport qui double, voire triple,
le prix de vente de certains produits de consommation courante21(*).
En dépit de quelques faiblesses mises en
évidence, le secteur de BTP reste un secteur clé de
l'économie ivoirienne en raison du rôle des infrastructures
publiques dans son processus de développement.
DEUXIEME
PARTIE :
ANALYSE DES MODES DE PASSATION ET MECANISME OPTIMAL
D'ATTRIBUTION DES MARCHES DE TRAVAUX
EN COTE D'IVOIRE
Cette seconde partie se compose de deux chapitres. Le premier
porte sur l'organe et les modes de gestion des marchés publics en
Côte d'Ivoire ; tandis que le deuxième est relatif à
la recherche d'une procédure optimale d'attribution des marchés
de travaux.
Chapitre 3 : ORGANE DE GESTION ET MODES DE
PASSATION
DES MARCHES PUBLICS EN COTE D'IVOIRE
En Côte d'Ivoire, les marchés publics sont
gérés par la Direction des Marchés Publics (DMP), ex
Direction Centrale des Marchés (DCM) créée par le
décret n°68-604 du 26 décembre 1968, qui est une sous
direction de la Direction Générale du Budget et des Finances
placée sous la tutelle du Ministère de l'Economie et des
Finances. Ils constituent un système complet de régulation des
opérations d'achat public. Ce système est soutenu par un ensemble
de textes légaux dont le principal est le Code des Marchés
Publics. Et, selon ce code, les MP sont des contrats écrits, conclu
à titre onéreux avec une ou des personnes physiques ou morales
par l'Etat, les établissements publics, les collectivités
territoriales et, plus généralement, par les personnes morales de
droit public ainsi que par les sociétés d'Etat, en vue de
répondre à leurs en matière de travaux, de fournitures ou
de prestations.
Ainsi, le présent chapitre se traitera en deux
sections : la première se consacrera à la
présentation de la DMP ; et la seconde mettra en exergue les
différents modes d'attribution des marchés publics.
3.1- Présentation de la DMP
La création de la DMP résulte de
l'arrêté n°051/MB du 29/08/1989 portant fixation de ses
attributions et organisation de ses services, et des dispositions de la
réglementation des marchés publics.
3.1.1- Attributions et organisation de la DMP
Les attributions et l'organisation actuelles de la DMP ont
été fixées par l'arrêté n°272 MEF/DMP du
20 septembre 1999 portant modification de l'arrêté n°051 du
29 août 1989.
3.1.1.1- Les attributions
La DMP est définie essentiellement comme un rouage
administratif chargé d'instruire les marchés conformément
à la réglementation ; entre autres représenter le
Ministre au sein des commissions, assurer sous son autorité, le
contrôle de la passation, de l'approbation, du suivi et de
l'exécution des MP, approuver les marchés d'un montant
inférieur ou égal à cent millions de francs CFA et
apprécier l'obligation de passer un marché relativement au
seuil.
3.1.1.2- L'organisation des services de la DMP
La DMP est composées de deux sous-directions, de
services extérieurs et de services rattachés .
v La Sous-Direction du Contrôle de la Passation des
Marchés Publics qui est chargée du contrôle des dossiers
d'appel à la concurrence, de la publication et de la diffusion du
Bulletin Officiel des Annonces des Marchés Publics de la
République de Côte d'Ivoire, et de l'instruction des demandes de
gré à gré, d'appels d'offres restreints sans appels public
à candidatures et des avenants et de l'établissement, du suivi
des calendriers hebdomadaires d'ouverture et de jugement des appels d'offres.
Cette sous-direction comprend deux services :
- le Service Travaux
- et le Service Fournitures et Services.
v La Sous-Direction du Contrôle de l'Approbation des
Marchés Publics qui est chargée du contrôle des MP et de
l'organisation et la gestion de la Commission Consultative d'Approbation et de
la Commission de Résiliation des Marchés. Elle comprend
également deux services :
- le Service Traitement des Marchés
- et le Service Suivi de l'Exécution des
Marchés.
v Outre les Sous-Directeurs, le Directeur des MP est
assisté d'un Conseiller Technique. Il est chargé de la
coordination des activités de réglementation, des études
et évaluation, de la formation ; de la Communication, et de tout
autre tâche que le Directeur juge nécessaire de lui confier. Il
coordonne deux services :
- le Service Réglementation et Etudes
- et le Service Communication.
v Par ailleurs, trois services sont directement
rattachés au Directeur. Ce sont :
- le Service Administratif et Financier ;
- le Service des Carburants Administratifs ;
- et le Service Informatique, de Archives et de la
Documentation.
Tous ces services et sous-directions ont été
regroupés et intégrés pour dresser l'organigramme de la
DMP (Voir page 30).
3.1.2- Circuit général de passation et
d'approbation
des marchés Publics
Le circuit général de la passation et de
l'approbation, décrit, de façon détaillée, les
procédures de passation et d'approbation des MP en faisant intervenir
les différents acteurs du processus ; à savoir le
Maître d'oeuvre ou l'Autorité Contractante, la DMP, l'Attributaire
et le Ministre de l'Economie et des Finances. Pour aller à l'essentiel
de ce processus qui dure en moyenne 90 jours (soit 3 mois), l'on peut se
reporter sur la page 31.
ORGANIGRAMME DE LA DIRECTION DES MARCHES PUBLICS (DMP
)
Service Suivi de l'Exécution des Marchés
Service Traitement
des Marchés
Service Fournitures et Prestations
Service
Travaux
SOUS-DIRECTION DU CONTROLE
DE L'APPROBATION DES MARCHES
SOUS-DIRECTION DU CONTROLE
DE LA PASSATION DES MARCHES
CONSEILLER TECHNIQUE
Service de la Réglementation et des Etudes
Service Communication
Service Informatique des Archives et de la Documentation
Service des Carburants
Administratifs
Service Administratif et Financier
DIRECTEUR DES MARCHES PUBLICS
Source : Ministère de l'Economie et
des Finances/ Direction des Marchés Publics
Ministre del'Economie et des Finances
Attributaire
Direction des
Marchés Publics
(DMP)
Maître d'oeuvre(MO) ou
Autorité Contractante (AC)
Conception d'un Dossier d'Appel d'Offres
(DAO)
Examen du DAO
Publication de l'Avis d'Appel d'Offres AAO
Ouverture des Plis par la
COJMP
Examen du rapport d'Analyse
Rédaction PV d'ouverture et Rapport d'analyse
Jugement des Offres et Attribution par la COJMP
Rédaction
PV de Jugement, Information
Signature
Mise au point du Projet
Marché
Signature du Projet Marché
Réception et Contrôle des Pièces
Dossiers de Marché
Commission Consultative d'Approbation pour Avis
CABINET DU MEF
Pour Approbation pour les marchés
100.000.000
Mise en forme du Dossier pour Approbation
Le DMP pour approbation pour les marchés
100.000.000
Retrait des Marchés approuvés
Retour du Marché à la DMP
Notification à l'Attributaire après
Approbation
Enregistrement des Marchés
Exécution des Marchés
Source : Ministère de l'Economie et
des Finances/Direction des Marchés Publics
3.2- Modes d'attribution des marchés publics
Conformément à l'article 16 du CMP, les
marchés peuvent être passés, soit sur appel d'offres ouvert
(AOO) ou restreint (AOR) avec ou sans concours, soit par adjudication ouverte
(ADO) ou restreinte (ADR), soit de gré à gré (GAG). Pour
un aperçu global, le tableau ci-dessous peut être
consulté.
Répartition des modes d'attribution des MP
selon le niveau de concurrence (A)
et le nombre de
critères imposés (B)
A
B
|
Nul
|
Limité
|
Libre
|
Imprécis
Monocritère
Multicritères
|
GAG
/
/
|
/
ADR
AOR
|
/
ADO
AOO
|
Source : Construit par l'auteur
Dès lors, nous présentons, primo, ces
différents modes avant d'analyser, secundo, l'efficacité de
chacun d'eux.
3.2.1- Présentation des différents modes
En matière de mode ou de procédures
d'attribution des MP, il faut distinguer les modes normaux de passation des
modes dérogatoires.
3.2.1.1- Les modes normaux
Le système des MP compte deux modes normaux de
passation qui sont l'AOO et l'ADO.
3.2.1.1.1- L'AOO
L'AOO est une mise en concurrence n'excluant, à priori,
aucun candidat répondant aux conditions posées par l'actuel CMP.
Le marché sur AOO est, alors, attribué au soumissionnaire dont
l'offre est jugée intéressante compte tenu, notamment, du prix
des fournitures, prestations ou travaux définis au Dossier d'Appel
d'Offres (DAO), de leur coût d'utilisation et d'exploitation, de leur
valeur technique, de leur adaptation aux conditions locales, du délai
d'exécution et des garanties professionnelles et financières
présentées par chacun des soumissionnaires. En d'autres termes,
le choix de l'attributaire est fondé sur des critères
administratifs, techniques et financiers.
3.2.1.1.2- L'ADO
L'ADO est également une mise en concurrence où
toute candidature, répondant aux conditions posées par l'actuel
CMP, est à priori acceptée. Mais ici, le seul critère qui
est pris en considération est le prix. Ainsi, un marché sur ADO
est obligatoirement attribué au soumissionnaire le moins disant.
3.2.1.2- Les modes dérogatoires
A l'instar des modes normaux, le système des MP
distingue deux modes dérogatoires ; à savoir la mise en
concurrence restreinte et le GAG.
3.2.1.2.1- La mise en concurrence restreinte
Ce mode renvoie à l'AOR et à l'ADR.
a- L'AOR
Nous sommes en présence d'un AOR lorsque seuls certains
candidats sont autorisés à déposer une offre, après
sélection dans les conditions prévues au CMP. Et le choix de
l'attributaire est basé sur les mêmes critères que dans
l'AOO ; c'est à dire, l'offre la plus intéressante
économiquement, techniquement et financièrement.
Par ailleurs, nous distinguons l'AOR avec appel public à
candidature et l'AOR sans appel à candidature :
- Dans le premier cas, un avis de présélection doit
être porté à la connaissance du public, par une insertion
obligatoire faite dans le Bulletin Officiel des Annonces des Marchés de
la République de Côte d'Ivoire, conformément à
l'article 17 du CMP.
- Dans le second cas, l'Autorité Contractante ou le
Maître d'oeuvre, s'il existe, établit la liste des candidats
pressentis.
b- L'ADR
L'ADR est un mode concurrentiel qui consiste à demander
aux candidats présélectionnés, conformément aux
conditions prévues par le CMP, de faire des propositions de prix
uniquement comme dans le cadre de l'ADO. Ainsi, un marché sur ADR est un
marché dont le règlement prévoit, obligatoirement,
l'attribution au soumissionnaire le moins disant.
3.2.1.2.2- Le GAG
Un marché est dit GAG lorsque l'Autorité
contractante ou le Maître d'oeuvre, s'il existe, engage les
négociations ou consultations appropriées et attribue ensuite le
marché au candidat qu'elle a retenu, après avoir
préalablement adressé une demande motivée au Ministre de
l'Economie et des Finances pour conclusion du contrat. Cette procédure
ne peut être autorisée que conformément aux onze cas
prévus à l'article 37 du CMP.
3.2.2- Analyse de l'efficacité des modes
L'efficacité recherchée à travers le
système des MP, renvoie à la fois à l'efficacité
allocative et à l'efficacité technique. La première
désigne la bonne affectation des ressources financières de
l'Etat, c'est à dire, à l'efficacité de la dépense
publique. Et une telle efficacité, visant par ailleurs, à
éviter la sélection adverse, doit assurer l'attribution du MP
à l'entreprise la plus compétitive. La seconde, quant à
elle mesure la capacité de l'entreprise retenue ou du titulaire à
respecter les caractéristiques techniques des travaux telles que
décrites dans les cahiers de charge. Toutefois, dans le cadre du
système des MP, l'efficacité allocative induit
l'efficacité technique en incitant les entreprises à discipliner
leurs offres, à les adapter à la demande publique et à
recourir davantage aux innovations technologiques.
Ainsi, notre analyse de l'efficacité des modes
d'attribution des MP se fera, uniquement, en considération du concept de
l'efficacité allocative. Il s'agira de savoir si les différents
modes de passation garantissent l'attribution des marchés de travaux aux
entreprises les plus compétitives.
3.2.2.1- L'AOO
L'AOO est l'un des modes normaux de l'attribution des MP. Il
s'agit d'une mise en concurrence extrême car à la fois libre et
multicritères (critères administratif, financier et technique).
Et en plus de l'offre de base qui traduit exactement les besoins de l'acheteur
public, l'AOO est favorable à l'apparition de variantes qui prennent en
compte les améliorations proposées par les
soumissionnaires ; toute chose qui encourage, donc, l'extension du champ
de la concurrence et son amplification.
C'est sans doute cette vertu concurrentielle qui a
guidé la DMP, depuis 1999, a recourir davantage à cet mode. En
effet, de 1999 à 2002, l'AOO a été le mode d'attribution
le plus utilisé22(*). Cependant, à partir de l'année 2001,
nous assistons à une réduction du taux de recours à l'AOO.
Cette tendance se confirme, avec acuité, au niveau du montant des
marchés. De façon concrète, nous sommes passés de
61,3% du montant total des marchés approuvés en 2000, à
56,9% en 2001 puis à 39,7% en 200223(*). Ce constat qui milite en faveur d'un recours
tendanciel aux modes dérogatoires, est bien loin de garantir
l'efficacité allocative recherchée par la DMP.
3.2.2.2- L'ADO
Même si elle constitue le second mode normale
d'attribution des MP, l'ADO est une mise en concurrence libre mais
monocritère ; en se sens que les entreprises ne sont
autorisées à compétir qu'en prix. Or, les besoins de
l'Etat ne se rapportent pas exclusivement au prix. En effet, outre le prix, la
décision d'un achat public en infrastructure publique peut être
motivé par des considérations de durabilité, de
commodité, de rapidité d'exécution, de garanties
professionnelles et financières etc.
Ainsi, l'ADO qui est un principe du moins disant, se traduit
par une compétition anarchique au détriment de l'exécution
finale du marché avec à la clé, l'attribution du
marché à une entreprise n'ayant pas la capacité requise
pour la bonne exécution du marché en question. C'est pourquoi, la
DMP, pour assurer l'efficacité de la dépense publique, a
décidé d'exclure le recours à l'ADO, quoique
autorisée par le CMP.
3.2.2.3- La mise en concurrence restreinte
Partant de la réalité que l'AD n'est plus
d'actualité dans le système des MP, nous allons épargner
l'ADO de notre analyse, pour ne considérer que l'AOR. A cet effet, il
est nécessaire de préciser que l'AOR, à l'instar de l'AOO,
est une mise en concurrence multicritères. Mais sa particularité
est qu'elle a un caractère discriminatoire ; car elle
prédéfinit la liste des entreprises habilitées à
postuler pour le marché en question. Et cette marge de discrétion
laissée à l'autorité contractante ou au maître
d'oeuvre, s'il existe, pourrait être utilisée à l'encontre
de l'efficacité allocative en privilégiant des entreprises
très peu compétitives ou en écartant de la
compétition les entreprises susceptibles de remporter le marché
à moindre coût.
L'examen des faits révèle que de 1999 à
2002, la part des marchés attribués par AOR est en pleine hausse
après une légère chute enregistrée en 2001. En
effet, sur cette période, la DMP a enregistré les taux
suivants : 7% en 1999, 8,5% en 2000, 5,4% en 2001 et 14,1% en
200224(*). La même
tendance haussière est à noter au niveau du montant total des
marchés approuvés avec les taux de 10,9% en 1999, de 13,9% en
2000, de 9,2% en 2001 et de 16,3% en 200225(*).
S'il est donc vrai que l'AOR permet d'obtenir une bonne
attribution des marchés, il n'en demeure pas moins vrai que ce mode
peut, dans sa phase de présélection, jouer contre
l'intérêt général.
3.2.2.4- Le GAG
Le GAG, en tant que mode dérogatoire hostile à
toute concurrence, n'admet aucun effet incitatif à l'égard des
entreprises. Ses critères de sélection sont fortement subjectifs
car dépendants exclusivement de l'autorité contractante ou du
maître d'oeuvre. Ainsi, le recours excessif à ce mode qui exclut
l'ouverture à la concurrence, peut masquer la volonté de
l'autorité contractante de garder le contrôle des
opérations ; et ce souvent au détriment des entreprises les
plus aptes à l'exécution des marchés.
En effet, il n'est pas rare que les responsables
administratifs retardent le lancement des consultations, pour obtenir, au
dernier moment et dans la précipitation, l'autorisation de recourir au
GAG. En outre, il revient que certains responsables administratifs s'engagent
unilatéralement dans l'exécution de certains travaux, avant la
consultation de la DMP pour entamer la procédure formelle. Dans ce cas
d'espèce, la DMP intervient pour régulariser cette
informalité par la conclusion du contrat dans le sens déjà
envisagé par l'autorité contractante.
Les statistiques montrent qu'en nombre, le recours au GAG se
caractérise par une certaine instabilité de 1999 à
200226(*). Cependant, la
référence au montant total des marchés approuvés
sur la même période, révèle un accroissement de
l'usage du GAG avec une légère baisse en 200027(*).
Toutefois, le GAG est, dans certains cas prévus par le
CMP, le mode d'achat la plus efficace. Il ne doit donc pas être
systématiquement banni.
Les observations qui précèdent, nous montrent
que le système actuel des MP ne garantit pas la réalisation de
l'efficacité allocative nécessaire à rendre plus efficaces
les entreprises du BTP. La gestion de ce système n'est donc pas
optimale. Et même si la gestion 2004, révèle que la mise en
concurrence a permis de dégager des économies28(*) de 15,4 milliards de F CFA sur
une estimation de dépenses de 113,9 milliards de F CFA, ces
économies proviennent essentiellement des fournitures avec 67% ;
les travaux ne procurant que 32% des gains29(*). Ce résultat paraît insuffisant dans la
mesure où les travaux sont prépondérants en montant.
S'il est donc vrai que la DMP jouit d'une bonne organisation
de ses services, il n'en demeure pas moins vrai que l'attribution des
marchés de travaux ne permet pas toujours la minimisation du risque
d'une sélection adverse. Une adaptation de l'actuel menu des modes
d'attribution des marchés de travaux devrait, donc, s'imposer.
Chapitre 4 : MECANISME OPTIMAL D'ATTRIBUTION DES
MARCHES DE TRAVAUX
L'asymétrie d'information, qui est au coeur des
relations mandant-mandataire, n'épargne pas les MP. En effet, l'Etat
dans la satisfaction de ses besoins en infrastructures publiques, fait face
à une double asymétrie d'information par rapport aux entreprises
du BTP ; à savoir l'ignorance de leurs vrais paramètres
d'efficacité et l'inobservabilité de leur niveau d'effort. Cette
situation est à l'origine de phénomènes tels que la
sélection adverse lors du processus d'attribution du marché et le
risque moral pendant son exécution qui induisent des coûts sociaux
considérables.
Ainsi, dans le souci de minimiser le risque
d'apparition de tels phénomènes et de leurs conséquences,
nous nous proposons de déterminer un mécanisme optimal
d'attribution. Pour ce faire, et contrairement aux autres formats
d'enchères qui résolvent que les problèmes de
sélection adverse et de collusion des soumissionnaires, nous retenons
l'enchère bayesienne optimale qui va au delà en mettant le
système d'attribution à l'abri de l'aléa moral dans la
phase d'exécution du marché. Nous présentons d'abord le
modèle de base de notre analyse ; et après, il sera question
de présenter l'enchère bayesienne optimale afin de tirer les
implications économiques nécessaires à l'adaptation des
modes d'attribution des marchés de travaux.
4.1- Présentation du modèle de base
Le modèle de base de notre analyse est celui de
Laffont et Tirole (1987). Il s'agit d'un modèle du type
principal-agent où le principal et l'agent sont à la fois neutres
au risque. Dans notre étude, l'Etat représente le principal
tandis que l'entreprise soumissionnaire est l'agent.
Le cadre d'analyse lié à ce modèle n'est
pas sensiblement différent de celui de l'attribution des marchés
de travaux en CI. D'une part, l'Etat étant chargé d'assurer le
financement de certains biens comme les infrastructures publiques et
l'éducation de base qui sont d'une grande utilité dans tout
processus de développement, il sera toujours amené à le
faire quelque soit l'importance des risques qui se présenteront,
éventuellement, à lui. A ce titre, les interventions
étatiques ne sont motivées par aucun souci de réalisation
de profit ; ce qui confère à l'Etat une attitude de
neutralité à l'égard du risque. Cependant, dès lors
que la puissance publique poursuit des objectifs politiques (mandat
présidentiel ou de député) ou discriminatoires
(favoritisme au profit d'une entreprise parentale ou l'encontre des entreprises
étrangères), elle devient averse au risque dans la mesure
où le MP en question revêt un enjeu considérable. Mais, ces
considérations étant purement subjectives, elles ne sauraient
être prise en compte par notre analyse qui se veut la plus objective
possible. D'autre part, pour déterminer la nature de l'attitude vis
à vis du risque des principales entreprises du BTP, nous nous sommes
inspirés d'un calcul de ratio suggéré par Mougeot et
Naegelen (1997). Ce ratio se définit comme suit :
où désigne le montant des marchés de travaux obtenus en une
année par une entreprise ; et étant le chiffre d'affaires de cette dernière dans la
même année. Quant au ratio dont la valeur doit être comprise entre 0 et 1, il sera
calculé sur la période 1999-2003 à cause de la
disponibilité limité des chiffres d'affaires des entreprises
considérées. Ainsi, lorsque la valeur de sera proche de 1, nous conclurons que l'entreprise
considérée est averse au risque puisque dépendant
fortement des MP. Cette entreprise est, par contre, neutre au risque si la
valeur de est proche de 0.
Calcul du ratio R pour les principales entreprises du
BTP
Année
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
CMI
|
MT
CA
Ratio MT/CA
|
0
7382805810
0
|
0
4965379149
0
|
3497448
3255755014
0,001
|
0
1058739067
0
|
0
1304481804
0
|
COLAS-CI
|
MT
CA
Ratio MT/CA
|
1139469204
5867171567
0,194
|
2058919351
4831378330
0,426
|
0
2584789228
0
|
0
1862161703
0
|
0
426637197
0
|
COVEC-CI
|
MT
CA
Ratio MT/CA
|
1986960827
5063470062
0,392
|
69176844
273776534
0,253
|
235201270
564462455
0,417
|
156800846
418350998
0,375
|
0
153163172
0
|
SETAO
|
MT
CA
Ratio MT/CA
|
2280128076
18846140807
0,121
|
0
6971028954
0
|
0
2039863422
0
|
0
753276209
0
|
0
1700558934
0
|
SOGEA SATOM
|
MT
CA
Ratio MT/CA
|
0
1193000
0
|
0
700000
0
|
451216914
1858209489
0,243
|
517352193
1922672181
0,269
|
100482121
201725336
0,498
|
SONITRA
|
MT
CA
Ratio MT/CA
|
10325308748
25958591186
0,398
|
5253080131
8562471967
0,614
|
5384043544
7738895034
0,696
|
3318502223
7776278467
0,427
|
2366920290
6150431458
0,385
|
Source : Construit par l'auteur sur la
base des données obtenues à la DMP et à l'INS.
L'observation du tableau ci-dessus, nous révèle
que la CMI et la SETAO sont neutres au risque car leurs ratios sont compris
dans l'intervalle. Quant à la COLAS-CI, la COVEC-CI et la SATOM SOGEA, leurs
ratios s'étendant sur l'intervalle, il peut alors en découler que ces entreprises sont
«faiblement» neutres au risque. En ce qui concerne la SONITRA, son
ratio appartient à l'intervalle; dès lors, il paraît difficile de donner avec
précision la nature du comportement de cette entreprise vis-à-vis
du risque.
Pour surmonter cette difficulté, le recours à la
moyenne du ratio sur la période 1999-2003 peut s'avérer utile. L'expression
de cette moyenne est :
Les résultats obtenus sont contenus dans le
tableau ci-dessous :
Calcul de la moyenne du ratio R sur la période
1999-2003
Entreprises
|
CMI
|
COLAS-CI
|
COVEC-CI
|
SETAO
|
SATOM SOGEA
|
SONITRA
|
|
0,0002
|
0,124
|
0,2874
|
0,0242
|
0,202
|
0,504
|
Source : Construit par l'auteur sur la
base des données obtenues à la DMP et à l'INS.
De ces derniers résultats, il apparaît que,
hormis la SONITRA qui est « partiellement » neutre au
risque car ayant en moyenne un ratio égale à 0,504, les
principales entreprises du BTP, et partant l'ensemble des entreprises
présentent sur le marché ivoirien du BTP, sont neutres au risque.
En somme, l'on peut conclure que, conformément au cadre d'analyse notre
modèle de base, l'Etat et les entreprises du BTP sont à la fois
neutres au risque.
On suppose que entreprises peuvent participer
à une enchère ; et que chaque entreprise,, est capable de réaliser un projet indivisible
d'infrastructure à un coût :
(1)
Où désigne le niveau d'effort ex-post de
l'entrepreneur
et le paramètre d'efficacité de son entreprise prenant en
compte la duré d'exécution des travaux, la qualité etc. Il
existe une relation inverse entre le paramètre d'efficacité et la qualité d'une part, et une relation positive entre ce
paramètre et la durée d'exécution d'autre part.
Les paramètres d'efficacité () sont tirés indépendamment de la même distribution
avec une fonction de distribution cumulative sur l'intervalle et une fonction de densité différenciablebornée par un nombre strictement positif sur. En plus, est une connaissance commune et satisfait à la
propriété de monotonicité du taux de hasard.
Hypothèse 1 : est croissant.
Cette hypothèse facilite l'analyse en assurant que le
schéma incitatif optimal s'adresse à une seule entreprise en
différenciant les caractéristiques potentielles de celle-ci.
La fonction d'utilité de l'entrepreneur, , est :
,
(2)
où est le transfert monétaire net qu'il reçoit de
l'Etat
et la désutilité ou le coût de son effort avec.
Hypothèse 2 :.
Cette seconde hypothèse facilite l'analyse en assurant
qu'il n'est pas nécessaire de recourir à des schémas
incitatifs stochastiques dans le cadre d'une seule entreprise et
parallèlement dans le cadre de entreprises.
Notons l'utilité sociale du projet ou du lot. En information
complète, l'Etat à travers la DMP sélectionne l'entreprise
ayant le plus petit paramètre, nommée entreprise, et effectue, ex post, un transfert uniquement à cette
dernière. Le paiement global effectué par l'autorité
contractante est : .
Le coût social d'une unité monétaire ou
encore coût des fonds publics est , avec de sorte que l'utilité sociale nette du projet pour un
Etat utilitariste est :
(3)
où désigne le niveau d'utilité de l'entreprise.
Chaque entreprise a des opportunités externes
représentant son niveau de rationalité individuelle que nous
normalisons à zéro. En information complète, le niveau
d'effort optimal du titulaire devrait être déterminé par
(i.e la désutilité marginale de l'effort
est égale au coût marginal épargné) et le transfert
net devrait être.
Cependant l'Etat n'observe ni ni. Ex post, il observe le coût réalisé par
l'entreprise titulaire. Pour sélectionner et contrôler cette
entreprise, l'Etat à travers la DMP organise une enchère.
4.2- Présentation de l'Enchère Bayesienne
Optimale
L'idéal, au niveau des MP, serait de passer ceux-ci
conformément aux résultats obtenus en information
complète. Mais, puisque dans la pratique, prévalent des
asymétries d'information entre les parties en présence, il
faudrait recourir à l'enchère bayesienne optimale et montrer par
la suite qu'elle incite les entreprises à révéler leurs
vrais paramètres d'efficacité.
L'enchère bayesienne optimale consiste à
déterminer le mécanisme qui puisse induire un équilibre Nash-Bayes basé sur les
vrais paramètres d'efficacité des entreprises ; où
désigne la probabilité avec laquelle l'entreprise
se voit attribuer le marché, désignant le niveau de coût que l'Etat veut imposer
à l'entreprise pour atteindre le paramètre annoncé et le transfert espéré par l'entrepreneur.
Une condition nécessaire d'annonce de la
vérité sur ces paramètres est :
. (CI1)
Ce qui signifie que l'utilité marginale du transfert
espéré par l'entrepreneur doit être égale à
l'utilité marginale de la désutilité de son effort
anticipé.
Cette condition est suffisante si et seulement si :
; c'est-à-dire que le coût de
l'entrepriseest une fonction croissante de son annonce.
; c'est-à-dire que la probabilité que l'entreprise
remporte le marché est une fonction décroissante
de son annonce.
4.2.1- Le « timing » de
l'Enchère Bayésienne Optimale
Cette enchère se déroule en trois
étapes :
Ø D'abord, les entreprises font
simultanément30(*)
leurs offres, dans des enveloppes scellées, portant sur l'annonce leurs
paramètres d'efficacité.
Ø Ensuite, l'Etat identifie le soumissionnaire ayant plus
petit paramètre d'efficacité et lui attribue le marché. Ce
qui revient à écrire que :
Ø Enfin, l'Etat impose à l'entreprise retenue,
le niveau de coût et le transfert sur la base du niveau d'effort de second rang obtenu par l'expression
. L'Etat a donc la possibilité d'agir, à la baisse, sur
le taux de hasard, pour diminuer la rente informationnelle laissée à
l'attributaire par la rapprochement de son niveau d'effort de celui de premier rang . En effet, quand tend vers 0, tend vers 1 qui est aussi égal à . De façon explicite, on obtient la fonction de transfert
suivante : ,
où est le niveau d'utilité de premier de l'entreprise ,
et est le supplément de transfert ou encore la rente que celle-ci
obtient en raison l'incomplétude de l'information.
4.2.2- Caractère révélateur de
l'enchère bayesienne optimale
Pour que la révélation des vrais
paramètres d'efficacité soit la meilleure stratégie
Nash-Bayes, doit être la meilleure réponse de
l'entreprisequand celle-ci suppose que ses concurrentes
révèlent leurs véritables paramètres. Autrement
dit, doit être solution du programme :
.
La fonction objectif satisfait aux conditions suffisantes de
Guesnerie et Laffont (1984) ; c'est-à-dire :
,
.
Les transferts doivent satisfaire à la condition de
premier ordre de compatibilité des incitations
(CI1) évoquée plus haut. Ainsi, dès lors que croît avec et que décroît avec, les fonctions et s'associent à la fonction transfert, solution de (CI1),
pour constituer un mécanisme révélateur.
En somme, sous les hypothèses 1 et 2,
l'enchère bayesienne optimale attribue le marché à
l'entreprise ayant le plus petit paramètre de coût ; laquelle
enchère est déterministe. De plus, le niveau d'effort, qui lui
est inhérent, est en dessous de son niveau de premier rang et
décroît avec le paramètre de coût ou
d'efficacité. Par ailleurs, la mise en concurrence qui a pour but de
déterminer l'entreprise la plus efficace, permet de tronquer
l'intervalle à, où désigne la deuxième plus petite offre. Ainsi,
à mesure que croît, le paramètre d'efficacité du potentiel vainqueur se rapproche en probabilité de , c'est à dire que tend vers zéro, et le niveau d'effort se rapprochant de
son niveau optimal. La mise en concurrence résout alors,
asymptotiquement, le phénomène de l'aléa moral par la
résolution de celui de la sélection adverse.
Finalement, l'on peut retenir que l'enchère bayesienne
optimale constitue le mode optimal de passation de MP car résolvant
à la fois les phénomènes de sélection adverse et de
risque moral ; et ce, d'autant plus qu'il constitue un mécanisme
révélateur à l'instar de celui de Vickrey. Toutefois, il
serait intéressant de développer un test empirique portant sur
les implications de notre modèle de base.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Les marchés de travaux représentent un enjeu
majeur dans le processus de développement économique et social de
la Côte d'Ivoire. Cependant, le fonctionnement de son système des
marchés publics révèle à la fois, un recours
récurrent aux modes dérogatoires réputés passibles
de sélection adverse et l'usage d'une mise en concurrence n'étant
pas de nature à éviter une incitation à la collusion chez
les soumissionnaires. Dans une telle mesure, la réalisation de
l'efficacité allocative pourrait s'avérer incertaine ; et si
tel est le cas, les entreprises du secteur du BTP seraient moins
incitées à innover et à investir dans la réduction
de leurs coûts de production.
Ainsi, eu égards des conséquences liées
à cette faiblesse du système des MP, à savoir la passation
des marchés à des prix élevés, le recours à
la sous-traitance, le dépassement des délais de
réalisation prévus et une qualité des infrastructures
inférieure à celle attendue, il s'est avéré
nécessaire de trouver un mécanisme de passation qui serait en
mesure de conférer au système des marchés publics une
efficacité allocative de laquelle découlerait l'efficacité
technique des entreprises du BTP. En cela, l'enchère bayesienne, qui est
une mise en concurrence dont la particularité est l'annonce des
paramètres d'efficacité des entreprises, apparaît comme le
mode optimal de passation ; car étant d'une part un
mécanisme révélateur au même titre que
l'enchère de Vickrey, et d'autre part, garantissant l'attribution du
marché à l'entreprise ayant le plus petit paramètre
d'efficacité. Il s'agit d'une enchère qui résout,
asymptotiquement, le problème du risque moral par la résolution
de celui de la sélection adverse. Toutefois, elle débouche sur un
contrat incitatif induisant un niveau d'effort de second rang s'apparentant
à un contrat à prix fixe lorsque la première offre
décroît.
La complexité du sujet et la simplicité avec la
quelle nous l'avons traité, nous conduisent à réaliser la
modestie de notre contribution au débat sur les mécanismes
d'attribution des MP. Cette étude regorge, en outre, des insuffisances
qu'il convient de relever :
§ D'abord, la nature mathématique de notre
modèle de base conduit à des résultats qui pourraient
être qualifiés de « trop » abstraits. Ainsi,
il serait intéressant de développer un test empirique portant sur
les implications de ce modèle.
§ Ensuite, notre modèle de base prend, uniquement,
en compte les projets d'infrastructure indivisibles ; alors que dans la
pratique, le CMP prévoie, également, le cas des marchés
divisibles en lots.
§ Enfin, l'inexistence d'une grille de valeurs permettant
de faire, avec précision, la correspondance entre la valeur du ratioet la nature du comportement des entreprises vis-à-vis du risque.
C'est pourquoi, devant la difficulté d'identifier la nature de
neutralité ou d'aversion au risque de la SONITRA, nous avons conclut
qu'elle était neutre au risque après avoir admis qu'elle
était « partiellement » neutre au risque.
En dépit de ces insuffisances qui ne sauraient
être exhaustives ; et fort des résultats qui doivent
constituer un guide pour l'Etat, à travers le Ministère des
Infrastructures Economiques, le Ministère de la Construction et de
l'Urbanisme et la DMP, dans ses achats sur le marché locale du BTP, nous
sommes amenés à faire les cinq recommandations
suivantes :
ü Recourir au mécanisme de l'enchère
bayesienne optimale pour la passation et l'exécution des MP dans la
mesure où, outre sa nature concurrentielle qui incite les entreprises
candidates à l'efficacité technique, permet de résoudre
à la fois les problèmes de sélection adverse et du risque
moral.
ü Exiger que les soumissions portent, non sur l'annonce
des coûts, mais plutôt sur celle des paramètres
d'efficacité tels que la durée de réalisation, les
caractéristiques techniques et la qualité des infrastructures
publiques.
ü Imposer une démarche qualité à
toute entreprise candidate en vue d'obtenir la certification de la
qualité de son produit.
ü Opter pour le contrat à prix fixe qui est
« fortement » incitatif ; et qui permet de dissuader
le titulaire du marché à recourir aux avenants qui apparaissent
lui comme un moyen de réviser à la hausse le prix de passation ou
de modifier la combinaison des matériaux nécessaires en vue
d'accroître sa marge bénéficiaire.
ü Par ailleurs, la conclusion d'un contrat
prévoyant un audit à la fin de la réalisation avec
à la clé des pénalités, pourrait contraindre
davantage les entrepreneurs à offrir des infrastructures de bonne
qualité.
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Mission Economique d'Abidjan (2001), Le secteur de BTP en
Côte d'Ivoire.
TABLE DES MATIERES
Dédicace
....................................................................................................i
Remerciements
.........................................................................................................................ii
Sigles et
abréviations....................................................................................iv
Glossaire
...................................................................................................v
Sommaire...................................................................................................vi
Résumé......................................................................................................1
Introduction
générale....................................................................................2
Première partie : Présentation du
cadre théorique des marchés publics
et le secteur du BTP en
Côte d'Ivoire..............................................6
Chapitre 1 : Les marchés publics selon la
théorie économique.................................7
1.1- Mise en concurrence et négociation dans les
marchés publics.........................7
1.1.1- Comparaison entre la mise en concurrence et la
négociation...............7
1.1.2- Procédures concurrentielles d'attribution des
marchés publics...........10
1.1.2.1- Comparaison dans un cadre
symétrique...........................10
1.1.2.1.1- Hypothèse de neutralité vis à
vis du risque
et d'absence de coût de
transaction.......................10
1.1.2.1.2- Hypothèse d'hostilité au risque des
offreurs..........12
1.1.2.2- Comparaison dans un cadre
asymétrique.........................12
1.2- Ententes et capture dans les marchés
publics..........................................13
1.2.1- Les ententes et la capture dans l'attribution des
marchés publics........14
1.2.1.1- Les ententes « pour » le
marché....................................14
1.2.1.2- La
capture.............................................................15
1.2.2- La capture dans l'exécution des
marchés....................................17
Chapitre 2 : Aperçu du secteur du BTP en
Côte d'Ivoire.......................................19
2.1- Présentation des activités du
secteur.....................................................19
2.1.1- Le
Bâtiment......................................................................19
2.1.1.1- Les entreprises générales du
Bâtiment............................20
2.1.1.1.1- La Société d'études et de
travaux d'afrique de l'ouest
(Setao)
......................................................20
2.1.1.1.2- La Société Nationale Ivoirienne de
Travaux
(SONITRA)................................................21
2.1.1.1.3- La Construction Métallique Ivoirienne
(CMI)....... 21
2.1.1.1.4- La
COVEC-CI.............................................21
2.1.1.2- Les entreprises spécialisées du
Bâtiment.........................21
2.1.2- Les Travaux
Publics.............................................................22
2.1.2.1- L'entreprise Sogea
Satom...........................................22
2.1.2.2- L'entreprise
COLAS-CI.............................................23
2.1.2.3- La
SONITRA.........................................................23
2.2- Quelques défaillances de l'infrastructure en
Côte d'Ivoire...........................24
2.2.1- Difficultés liées au non respect des
délais de réalisation..................24
2.2.2- Différence entre les qualités ex post et
ex ante..............................24
2.2.3- L'insuffisance de
l'entretien...................................................25
Deuxième partie : Analyse des modes de
passation et mécanisme optimal
d'attribution des
marchés de travaux en Côte
d'Ivoire...................26
Chapitre 3 : Organe de gestion et modes de
passation des marchés publics ...............27
3.1- Présentation de la
DMP...................................................................27
3.1.1- Attributions et organisation de la
DMP......................................27
3.1.1.1- Les
attributions.......................................................27
3.1.1.2- L'organisation des services de la
DMP............................28
3.1.2- Le circuit général de passation et
d'approbation des marchés public....29
3.2- Modes d'attribution des marchés
publics...............................................32
3.2.1- Présentation des différents
modes.............................................32
3.2.1.1- Les modes
normaux..................................................32
3.2.1.1.1-
L'AOO.....................................................32
3.2.1.1.2-
L'ADO.....................................................33
3.2.1.2- Les modes
dérogatoires............................................................33
3.2.1.2.1- La mise en concurrence
restreinte.......................33
a-
L'AOR.........................................................33
b-
L'ADR.........................................................33
3.2.1.2.2- Le
GAG....................................................34
3.2.2- Analyse de l'efficacité des
modes............................................34
3.2.2.1-
L'AOO............................................................... 37
3.2.2.2-
L'ADO..................... ..........................................37
3.2.2.3- La mise en concurrence
restreinte.................................38
3.2.2.4- Le
GAG...............................................................36
Chapitre 4 : Mécanisme optimal
d'attribution des marchés de travaux .....................
38
4.1- Présentation du modèle de base
.........................................................38
4.2- Présentation de l'Enchère Bayesienne
Optimale ......................................42
4.2.1- Le « timing » de l'Enchère
Bayesienne Optimale ............... .........43
4.2.2- Le caractère révélateur de
l'Enchère Bayesienne Optimale ..............44
Conclusion et
recommandations.....................................................................46
Références
bibliographiques.........................................................................48
Table des matières
......................................................................................52
Annexe
* 1 Mougeot et Naegelen (1997)
pp.4
* 2Voir Tableau 5 en annexe.
* 3 Fonds propres ou
Trésor, emprunt, don etc.
* 4 Voir Mc Afee et Mc Millan
(1987), Milgrom (1987), Milgrom et Weber (1982), Myerson (1981), Riley et
Samuelson (1981
* 5 Voir Mc Afee et Mc Millan
(1988), Laffont et Tirole (1993), Mougeot et Naegelen (1993)
* 6 Ce contexte est celui de la
« valeur privée » qui correspond à la
définition juridique des marchés publics. Les aléas
associés à la réalisation de certains contrats peuvent
cependant impliquer la présence d'éléments relevant de la
« valeur commune » que nous ne retiendrons pas ici.
* 7 Cette relation est en
adéquation à leur « red tape
hypothesis »dans la mesure où plus l'acheteur est
expérimenté, plus faibles seront ses coûts d'organisation
liés à la procédure d'enchères.
* 8
* 9 D'où
* 10Citation reprise dans
Linnemer-Souam (1997).
* 10 Extrait de Meleu (1998),
pp 44.
* 11 Corruption = Monopole +
Discrétion - Obligation de rendre compte - Revenu insuffisant.
* 12 Voir BAfD/OCDE (2003),
Perspectives économiques en Afrique, p141.
* 13 Voir Mission Economique
d'Abidjan (2001), Le secteur du BTP en Côte d'Ivoire, p1.
* 14 Voir Kouassy, O. (2004) in
Mission Economique d'Abidjan (2005).
* 15 Opérateur
privé non professionnel (projets développés par la
société d'eau SODECI)
* 16 Ces travaux ont tous
été réalisés au Campus universitaire de Cocody.
* 17 La réhabilitation
du stade FHB a été faite progressivement en trois
marchés : les vestiaires en 1997, la piste d'athlétisme en
1998 puis les tribunes et le pelouse en 1999.
* 18 SONITRA intervient aussi
bien au niveau du Bâtiment que dans le secteur routier.
* 19 Les prix de passation de
ces marchés sont respectivement 4.512.169.141 et 3.449.014.620 F
CFA ; ces montants étant évalués TTC.
* 20 Cf. Côte
d'Ivoire-Document de Stratégie pour la Réduction de la
Pauvreté- Intérimaire (2002)
* 21 Voir Le Courrier ACP-UE
n°169, mai-juin 1998
* 22 Voir tableau 7 en
annexe.
* 23 Voir tableau 9 en
annexe.
* 24 Voir tableau 7 en
annexe.
* 25 Voir tableau 9 en
annexe.
* 26 Voir tableau 7 en
annexe.
* 27 Voir tableau 9 en
annexe.
* 28 Ces économies
réalisées au taux de 13,5%, proviennent essentiellement (83,7%)
du budget de l'administration centrale avec 12,9 milliards de F CFA ; les
autres entités n'ayant contribué qu'à hauteur de 2,5
milliards de F CFA
* 29 Voir tableau 10 en
annexe.
* 30 Même si les
entreprises ne déposent pas leurs offres au même moment, tout ce
passe comme si c'était le cas, car aucune entreprise ne peut savoir les
différentes offres de ses concurrentes pour ajuster la sienne. Il s'agit
donc du cadre théorique d'un jeu statique à information
incomplète.
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