4.1- Présentation du modèle de base
Le modèle de base de notre analyse est celui de
Laffont et Tirole (1987). Il s'agit d'un modèle du type
principal-agent où le principal et l'agent sont à la fois neutres
au risque. Dans notre étude, l'Etat représente le principal
tandis que l'entreprise soumissionnaire est l'agent.
Le cadre d'analyse lié à ce modèle n'est
pas sensiblement différent de celui de l'attribution des marchés
de travaux en CI. D'une part, l'Etat étant chargé d'assurer le
financement de certains biens comme les infrastructures publiques et
l'éducation de base qui sont d'une grande utilité dans tout
processus de développement, il sera toujours amené à le
faire quelque soit l'importance des risques qui se présenteront,
éventuellement, à lui. A ce titre, les interventions
étatiques ne sont motivées par aucun souci de réalisation
de profit ; ce qui confère à l'Etat une attitude de
neutralité à l'égard du risque. Cependant, dès lors
que la puissance publique poursuit des objectifs politiques (mandat
présidentiel ou de député) ou discriminatoires
(favoritisme au profit d'une entreprise parentale ou l'encontre des entreprises
étrangères), elle devient averse au risque dans la mesure
où le MP en question revêt un enjeu considérable. Mais, ces
considérations étant purement subjectives, elles ne sauraient
être prise en compte par notre analyse qui se veut la plus objective
possible. D'autre part, pour déterminer la nature de l'attitude vis
à vis du risque des principales entreprises du BTP, nous nous sommes
inspirés d'un calcul de ratio suggéré par Mougeot et
Naegelen (1997). Ce ratio se définit comme suit :
où désigne le montant des marchés de travaux obtenus en une
année par une entreprise ; et étant le chiffre d'affaires de cette dernière dans la
même année. Quant au ratio dont la valeur doit être comprise entre 0 et 1, il sera
calculé sur la période 1999-2003 à cause de la
disponibilité limité des chiffres d'affaires des entreprises
considérées. Ainsi, lorsque la valeur de sera proche de 1, nous conclurons que l'entreprise
considérée est averse au risque puisque dépendant
fortement des MP. Cette entreprise est, par contre, neutre au risque si la
valeur de est proche de 0.
Calcul du ratio R pour les principales entreprises du
BTP
Année
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
CMI
|
MT
CA
Ratio MT/CA
|
0
7382805810
0
|
0
4965379149
0
|
3497448
3255755014
0,001
|
0
1058739067
0
|
0
1304481804
0
|
COLAS-CI
|
MT
CA
Ratio MT/CA
|
1139469204
5867171567
0,194
|
2058919351
4831378330
0,426
|
0
2584789228
0
|
0
1862161703
0
|
0
426637197
0
|
COVEC-CI
|
MT
CA
Ratio MT/CA
|
1986960827
5063470062
0,392
|
69176844
273776534
0,253
|
235201270
564462455
0,417
|
156800846
418350998
0,375
|
0
153163172
0
|
SETAO
|
MT
CA
Ratio MT/CA
|
2280128076
18846140807
0,121
|
0
6971028954
0
|
0
2039863422
0
|
0
753276209
0
|
0
1700558934
0
|
SOGEA SATOM
|
MT
CA
Ratio MT/CA
|
0
1193000
0
|
0
700000
0
|
451216914
1858209489
0,243
|
517352193
1922672181
0,269
|
100482121
201725336
0,498
|
SONITRA
|
MT
CA
Ratio MT/CA
|
10325308748
25958591186
0,398
|
5253080131
8562471967
0,614
|
5384043544
7738895034
0,696
|
3318502223
7776278467
0,427
|
2366920290
6150431458
0,385
|
Source : Construit par l'auteur sur la
base des données obtenues à la DMP et à l'INS.
L'observation du tableau ci-dessus, nous révèle
que la CMI et la SETAO sont neutres au risque car leurs ratios sont compris
dans l'intervalle. Quant à la COLAS-CI, la COVEC-CI et la SATOM SOGEA, leurs
ratios s'étendant sur l'intervalle, il peut alors en découler que ces entreprises sont
«faiblement» neutres au risque. En ce qui concerne la SONITRA, son
ratio appartient à l'intervalle; dès lors, il paraît difficile de donner avec
précision la nature du comportement de cette entreprise vis-à-vis
du risque.
Pour surmonter cette difficulté, le recours à la
moyenne du ratio sur la période 1999-2003 peut s'avérer utile. L'expression
de cette moyenne est :
Les résultats obtenus sont contenus dans le
tableau ci-dessous :
Calcul de la moyenne du ratio R sur la période
1999-2003
Entreprises
|
CMI
|
COLAS-CI
|
COVEC-CI
|
SETAO
|
SATOM SOGEA
|
SONITRA
|
|
0,0002
|
0,124
|
0,2874
|
0,0242
|
0,202
|
0,504
|
Source : Construit par l'auteur sur la
base des données obtenues à la DMP et à l'INS.
De ces derniers résultats, il apparaît que,
hormis la SONITRA qui est « partiellement » neutre au
risque car ayant en moyenne un ratio égale à 0,504, les
principales entreprises du BTP, et partant l'ensemble des entreprises
présentent sur le marché ivoirien du BTP, sont neutres au risque.
En somme, l'on peut conclure que, conformément au cadre d'analyse notre
modèle de base, l'Etat et les entreprises du BTP sont à la fois
neutres au risque.
On suppose que entreprises peuvent participer
à une enchère ; et que chaque entreprise,, est capable de réaliser un projet indivisible
d'infrastructure à un coût :
(1)
Où désigne le niveau d'effort ex-post de
l'entrepreneur
et le paramètre d'efficacité de son entreprise prenant en
compte la duré d'exécution des travaux, la qualité etc. Il
existe une relation inverse entre le paramètre d'efficacité et la qualité d'une part, et une relation positive entre ce
paramètre et la durée d'exécution d'autre part.
Les paramètres d'efficacité () sont tirés indépendamment de la même distribution
avec une fonction de distribution cumulative sur l'intervalle et une fonction de densité différenciablebornée par un nombre strictement positif sur. En plus, est une connaissance commune et satisfait à la
propriété de monotonicité du taux de hasard.
Hypothèse 1 : est croissant.
Cette hypothèse facilite l'analyse en assurant que le
schéma incitatif optimal s'adresse à une seule entreprise en
différenciant les caractéristiques potentielles de celle-ci.
La fonction d'utilité de l'entrepreneur, , est :
,
(2)
où est le transfert monétaire net qu'il reçoit de
l'Etat
et la désutilité ou le coût de son effort avec.
Hypothèse 2 :.
Cette seconde hypothèse facilite l'analyse en assurant
qu'il n'est pas nécessaire de recourir à des schémas
incitatifs stochastiques dans le cadre d'une seule entreprise et
parallèlement dans le cadre de entreprises.
Notons l'utilité sociale du projet ou du lot. En information
complète, l'Etat à travers la DMP sélectionne l'entreprise
ayant le plus petit paramètre, nommée entreprise, et effectue, ex post, un transfert uniquement à cette
dernière. Le paiement global effectué par l'autorité
contractante est : .
Le coût social d'une unité monétaire ou
encore coût des fonds publics est , avec de sorte que l'utilité sociale nette du projet pour un
Etat utilitariste est :
(3)
où désigne le niveau d'utilité de l'entreprise.
Chaque entreprise a des opportunités externes
représentant son niveau de rationalité individuelle que nous
normalisons à zéro. En information complète, le niveau
d'effort optimal du titulaire devrait être déterminé par
(i.e la désutilité marginale de l'effort
est égale au coût marginal épargné) et le transfert
net devrait être.
Cependant l'Etat n'observe ni ni. Ex post, il observe le coût réalisé par
l'entreprise titulaire. Pour sélectionner et contrôler cette
entreprise, l'Etat à travers la DMP organise une enchère.
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