I) Identification des gènes régulés
par RpoS
L'approche la plus ancienne visant à déterminer
quels gènes sont sous le contrôle de RpoS consisterait à
cribler une banque de bactéries contenant des fusions lacZ
aléatoires en y mutant le gène rpoS. Les fusions
lacZ sont une bonne méthode de mesure de l'expression des
gènes puisque la â-galactosidase est stable et très facile
à doser, et particulièrement pour l'étude des gènes
en phase stationnaire, où la stabilité des ARN et
protéines étudiés est inconnue. (3. VIJAYAKUMAR, et al,
2004)
Une approche plus récente et plus globale est celle
des puces à ADN, comparant le transcriptome de bactéries
possédant ou non un gène rpoS fonctionnel soumises
à des stress. On observera donc des profils d'expression
différents, correspondant aux gènes régulés
directement ou indirectement par óS. (2. WEBER, et al, 2005)
Matériels et méthodes
Souches bactériennes et conditions de
croissance (pour l'études des fusions lacZ). Les
auteurs (3. VIJAYAKUMAR, et al, 2004) ont utilisé des souches
dérivées de K12 : HS1002-HS1100 (ÄlacU169) et
portant des fusions lacZ aléatoires construites comme
indiqué par Schellhorn et al., 1998, cité par 3. VIJAYAKUMAR, et
al, 2004), GC122 (ÄlacU169 rpoS::Tn10, Schellhorn et
al., 1988, cité par 3. VIJAYAKUMAR, et al, 2004). HS1002-HS1100 (les
souches de la banque de fusions lacZ) ont été
conjuguées avec une GC122 Hfr (rpoS::Tn10 est
transféré quelques minutes après l'origine de transfert).
L'allèle sauvage de rpoS est inactivé par recombinaison homologue
de rpoS::Tn10 chez les souches portant les fusions : cette
recombinaison est sélectionnée par une diminution de la
coloration bleutée des cellules sur LB lactose + Xgal, et la
dépendance à óS des gènes affectés par la
fusion a été vérifiée par complémentation
avec le plasmide pMMkatF3, portant l'allèle sauvage de
rpoS (Muvey et al. 1988). (figure 1)
Test enzymatique. L'activité
â-galactosidase a été testé avec de l'ONPG
(o-nitrophényl-â-D-galactopyranoside), et calculée
ainsi : (1000 x DO420nm)/(temps d'incubation en minutes x
volume en mL x DO600nm). (3. VIJAYAKUMAR, et al, 2004) Le test a
été effectué sur des cellules en phase stationnaire ou
exponentielle.
Identification des gènes en fusion avec
lacZ. Les zones proximales à l'insertion de lacZ ont
été séquencées comme indiqué par Roy et al.,
1995, (cité par 3. VIJAYAKUMAR, et al, 2004) et identifiées
grâce au logiciel BLASTN. Les fonctions de ces gènes ont
été prédites grâce aux logiciel SWISSPROT. (3.
VIJAYAKUMAR, et al, 2004)
Souches bactériennes et conditions de
croissance (pour les puces à ADN). Les auteurs (2. WEBER, et
al, 2005) ont utilisé un dérivé de la souche MC4100,
portant la mutation rpoS::Tn10 ou non (souches MC4100 et RH90). Les
souches sont cultivées en LB (milieu de Luria Bertani) à
37°C sous agitation. Pour l'expérience de choc hyperosmotique, on
transfère les cellules en milieu minimum M9 avec glycérol (0,4%)
pendant au moins 3 générations avant d'ajouter du NaCl à
0,3M. Pour l'expérience de choc acide (chute du pH), on cultive les
cellules pendant au moins 4 générations en LB avant d'ajouter
170mM d'acide 4-morpholine-methasulfonique (MES), ce qui acidifie le milieu
à pH=5. Les croissances sont mesurées par densité optique
à 578nm. (2. WEBER, et al, 2005)
Origine des puces à ADN de E. coli K12.
Les puces génomiques ont été fabriquées en
spottant avec un robot des produits de PCR obtenus avec des amorces permettant
l'extension d'ORF (cadres de lectures). On obtient donc toutes les ORF doubles
brins du génome. (détails de la procédure
utilisée : Polen et al., 2006, cité par 2. WEBER, et al,
2005)
Préparation de L'ARN et marquage des
ADNc. Les bactéries recueillies ont été
cultivées selon trois conditions différentes, qui permettent une
forte production de RpoS et une forte induction des gènes
contrôlés par RpoS : (i) durant la transition entre la phase
exponentielle et stationnaire de croissance en LB (DO578nm=4.0),(ii)
20 minutes après ajout de 0.3M de NaCl (ajouté à
DO578nm=0.3) en milieu M9+glycérol 0.4%, et (iii) 40 min
après chute du pH à 5 en LB (ajout de MES à
DO578nm=0.4). Les cellules sont centrifugées 2 min à
4500g à 4°C, et le culot est resuspendu dans 700ìL de tampon
RLT (RNeasy, QIAGEN, Allemagne) et lysées par choc grâce à
un appareil de lyse à microbilles (Mini-Bead Beater, Biospec products).
Après centrifugation, 500ìL d'éthanol est ajouté au
lysat, et le lysat est séparé en 2 lots. Les ARN totaux sont
extraits sur colonne RNeasy (QIAGEN) selon les instructions du fabriquant. Les
ARN isolés sont traités à la DNAse I (pour éliminer
l'ADN qui pourrait contaminer la solution) pendant 20min à 37°C,
puis incubés à 70°C pendant 10min pour inactiver la DNAse I,
et enfin extraits avec de l'alcool phénol-chlorformisoamyl et de
l'alcool chloroformisoamyl, puis par précipitation à
l'éthanol. (Polen et al., 2006, cité par 2. WEBER, et al, 2005)
Des quantités équivalentes d'ARN de chaque lots ont
été utilisés pour générer des ADNc
marqués au Cy3-dUTP et au Cy5-dUTP comme décrit par Polen et al.,
2006. (cité par 2. WEBER, et al, 2005)
Expérimentation avec les puces à ADN et
analyse des résultats. L'hybridation sur les puces est
réalisées comme indiquée par Polen et al., 2006,
(cité par 2. WEBER, et al, 2005) et la fluorescence à 532nm
(Cy3-dUTP) et à 635nm (Cy5-dUTP) a été
déterminée avec le scanner GenePix 4000 (Axon Inc.) et
analysée avec le logiciel GenePixPro 3.0. Chaque expérience a
été réalisée en triplicat. Les gènes ont
été considéré comme s'exprimant
différentiellement si (i) le ration signal/bruit excédait 3, (ii)
le signal été présent sur au moins 2 des triplicats, (iii)
un test de Student montre que le taux d'ARN relatif aux contrôles (ADN
génomique) est significatif, (iv) les taux moyens de variation
étaient supérieurs à 3 sur chaque réplicat. Les
gènes ont été regroupés en groupes fonctionnelles
à l'aide des logiciels GenProtEC (http://genprotect.mbl.edu), MEME
(http://meme.sdsc.edu) et BioProspector
(http://robotics.standford.edu/~xliu/BioProspector/) (Liu et al., 2001,
cité par 2. WEBER, et al, 2005).
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