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UNIVERSITY DE YAOUNDE II
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES FACULTY OF ECONOMICS
AND ET DE GESTION MANAGEMENT
EFFICACITE DES PRIVATISATIONS CAMEROUNAISES :
Une analyse à travers la théorie de la gouvernance
partenariale
Mémoire présenté et soutenu publiquement
en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies (D.E.A) en
Sciences de Gestion, option Finance
Par :
BIWOLE FOUDA Jean Maîtrise en Finance et
Comptabilité BBA in Accounting and Finance
Sous la direction du : Assisté de :
Pr. Claude BEKOLO Isaac TAMBA
Agrégé des Sciences de Gestion Docteur d'Etat
ès
Directeur de L'ENSET de Douala Sciences Economiques
Directeur Adjoint de L'ESSEC de Chargé de Cours
à
Douala L'Université de Yaoundé II, (FSEG)
Juillet 2004
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SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
........................................................................................
2
PREMIERE PARTIE: ASPECTS THEORIQUES DE LA RELATION
PRIVATISATION
PERFORMANCE............................................................................
11
CHAPITRE 1
...........................................................................................................................
12
LE CADRE CONCEPTUEL DE LA PRIVATISATION
................................................................ 12
Section 1 : Privatisation : définitions et objectifs
........................................................... 12
Section 2 : Le Débat sur la Relation Privatisation
Performance .................................... 16
CHAPITRE 2
...........................................................................................................................
26
LA THEORIE DE LA GOUVERNANCE : UN NOUVEAU CADRE
D'ANALYSE DE LA RELATION P/P
....................................................................................................................
26
Section 1 : Origines et Implications de la TGP
............................................................... 26
Section 2 : LA PRIVATISATION : un changement du
système de gouvernance ............. 32
CONCLUSION PREMIERE
PARTIE...........................................................................
42
CHAPITRE 3
...........................................................................................................................
46
PRIVATISATIONS CAMEROUNAISES : DEROULEMENT ET METHODE
D' EVALUATION
..............................................................................................................
46
Section 1 : Le processus de privatisation camerounais
................................................... 46
Section 2 : Démarche d'investigation dans le secteur
des entreprises privatisées au
Cameroun
.........................................................................................................................
55
CHAPITRE 4
...........................................................................................................................
67
UN APERÇU DES PERFORMANCES ECONOMIQUES ET
PARTENARIALES DES ENTREPRISES PRIVATISEES AU CAMEROUN
.................................................................
67
Section 1 : Les Résultats du Modèle d'EPP
.................................................................... 67
Section 2 : Interprétations et implications des
résultats du modèle d'EPP .................... 80
CONCLUSION DEUXIEME PARTIE
.........................................................................
83
CONCLUSION GENERALE
..............................................................................
84
AVERTISSEMENT
« L'Université de Yaoundé II
n'entend donner aucune approbation
ou improbation aux opinions contenues dans ce
mémoire, celles-ci doivent être considérées comme
étant propres à l'auteur »
DEDICACES
A mes parents :
- Mme FOUDA née MBIA MANGA Rébecca
- M. FOUDA OBONO Joseph
REMERCIEMENTS
Un proverbe Beti nous fait savoir que "celui qui dit merci
demande encore".
Qu'il me soit permis de dire vivement merci :
- au Seigneur Dieu tout Puissant, car il est
à l'origine de tout ce qu'il y a de bon dans ce mémoire ;
- à mon Père et ma Mère
à qui je dois tout ;
- au Professeur Claude BEKOLO pour la
très grande disponibilité avec laquelle il a conduit ce
travail, malgré ses nombreuses responsabilités ;
- au Docteur Isaac TAMBA, pour ses
précieuses remarques. En
tant que spécialiste des privatisations, il a
éclairé vivement ce travail ;
- aux responsables de la CTPL (Commission Technique de
Privatisation et des Liquidations), et particulièrement
à M. Bruno EPOUBE qui a été mon encadreur durant les
quatre semaines de stage effectué dans cette structure ;
- aux responsables de la Direction de la Statistique
et de la Comptabilité Nationale, pour les données sur les
entreprises privatisées mises à notre disposition ;
- à mon grand frère Zéphirin BAHEL pour
toute la logistique mise
à ma disposition ;
- à mes camarades et amis Mbilli Onana André-marie,
Jean- bosco Effa, Gaston Betsama, Thiery Enoa, Jules Lipouck, Laurent Patrick
Ndenga, Freddy Christel Bekono, et Rosine Bangue Mambo pour leurs soutiens
multiformes ;
- à ma petite soeur Hélène Estelle Ngono
Fouda, pour le climat
familial qu'elle a toujours su préservé autour de
moi.
- VI -
RESUME
L'objectif de cette recherche est de savoir
quel est l'impact de la privatisation sur la performance
économique et partenariale des entreprises privatisées au
Cameroun ? En nous appuyant sur les arguments avancés par les
théories néo institutionnelles, nous émettons la
première hypothèse selon laquelle "la privatisation
améliore la performance économique de la firme". La
deuxième hypothèse trouve ses fondements dans la TGP et
affirme que "la privatisation améliore la valeur appropriable par
chaque partenaire". Une comparaison des résultats
avant/après la privatisation de 12 entreprises camerounaises
aboutit aux conclusions suivantes. La privatisation accroît la
performance économique des entreprises ainsi que la valeur appropriable
par
les partenaires personnel et bailleurs de fonds.
Mots clés : Privatisation --
Performance économique -- Performance partenariale -- Théorie de
la Gouvernance Partenariale
- VII -
ABSTRACT
The objective of this research work is to find the impact of
privatization
on economic and stakeholder performance of Cameroon
enterprises. Our first hypothesis, based on the neo-institutional theories is
as follows: "privatization increases economic performance of firm". The second
hypothesis in line with the stakeholder governance theory is that
"privatization increases the assets value
of each stakeholder". A comparative study lead on
results before and after privatization of twelve firms in Cameroon
confirms the validity of our two hypothesis.
Key words: Privatization --
Economic Efficiency -- Stakeholder Efficiency-- Stakeholder governance
theory.
- VIII -
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
CA Conseil d'Administration
CTPL Commission Technique de
Privatisation et des Liquidations
DSCN Direction de la Statistique et de
BICIC Banque Internationale pour le Commerce
et
l'Industrie du Cameroun
CAMSHIP : Cameroon Shipping Lines
CAMSUCO Cameroon Sugar Company
Comptabilité Nationale
EPP : Efficacité partenariale des
CAMTEL MOBILE
Cameroon Télécommunications - Mobiles
privatisations
GE : Gouvernance d'entreprise
Moy A : Moyenne after
Moy B : Moyenne before
P/P : Privatisation /performance
RE : Ratio de rentabilité
économique
ROE : Return on equity
TAG : Théorie de l'agence
généralisée
TG : Théorie de la gouvernance
TGP : Théorie de la gouvernance
partenariale
VA : Valeur ajoutée
VBF : Valeur appropriable par les bailleurs de
fonds
VE : Valeur appropriable par l'Etat
VS : Valeur appropriable par les
Salariés
CEPER Centre de Production et d'Edition pour
l'Enseignement et la Recherche
CHOCOCAM Chocolaterie Confiserie
Camerounaise
COCAM Contreplaqués du Cameroun
HEVECAM Hévéa du Cameroun
OCB Organisation Camerounaise de la Banane
ONDAPB Office Nationale de Développement de
l'Aviculture et du Petit Bétail.
REGIFERCAM Régie Nationale des Chemins
de Fer du
Cameroun
SCDM Société Camerounaise de
Métallurgie
SEPBC Société d'Exploitation des
Parcs à Bois du
Cameroun
SOCAMAC Société Camerounaise de
Manutention et d'Acconage
SOCAPALM Société Camerounaise
des Palmeraies SOFIBEL Société
Forestière et Industrielle de Belabo SONEL
Société Nationale d'Electricité du Cameroun
SPFS Société de Palmeraie de la
Ferme Suisse
SRL Société de Raffinage du
Littoral
-IX -
LISTE DES TABLEAUX
TABLEAU 2.1 : Exemple de conflits cognitifs et
contractuels entre partenaires
de l'organisation
TABLEAU 3.1 : Evolutions attendues
TABLEAU 3.2 : Données sur les
Entreprises Privatisées TABLEAU 3.3 : Entreprises
privatisées au Cameroun TABLE 4.1 : Test du ROE
TABLE 4.2 : Test du RE TABLE 4.3 :
Test du VS TABLE 4.4 : Test du VE TABLE 4.5 :
Test du VBF
TABLE 4.6 : Synthèse des
Résultats
- X -
LISTES DES GRAPHIQUES
Figure 2.1 : Le statut de créancier
résiduel et élargissement de la
Gouvernance chez certains auteurs
Figure 3.1 : Principales étapes du
processus de prise de décision
Figure 3.2 : Techniques contractuelles des
privatisations
Figure 3.3 : Modèle d'efficacité
partenariale des privatisations
Graphique 1 : Evolution du ROE Graphique
2 : Evolution du RE Graphique 3 : Evolution du VS
Graphique 4 : Evolution du VE
Graphique 5 : Evolution du VBF
- XI-
Introduction generale
" Dans une monarchie, la recherche
de l'honneur fait mouvoir toutes les parties du corps politique
de sorte qu'il se trouve que chacun va au bien commun, croyant aller à
ses intérêts particuliers"
Montesquieu
L'esprit des lois
INTRODUCTION GENERALE
S'il est un phénomène économique à
la mode ces deux dernières décades dans tous les continents,
ce pourrait bien être la privatisation. En effet elle a connu
une acceptation mondiale, au point d'en convaincre même les plus
sceptiques. Barber Conable l'ancien directeur de la Banque Mondiale
trouvait d'ailleurs que l'une des caractéristiques les plus
remarquables de ces dernières années est le consensus
fait autour des forces du marché et l'efficacité
économique, comme étant le meilleur moyen d'aboutir à
un développement durable. C'est donc en toute logique que les flux
financiers générés par les cessions des entreprises
publiques sous forme d'offre publique d'achat ces vingt dernières
années s'élèvent à plus de 400 milliards de
dollars
( Megginson et Netter 1997 ).
L'internationalisation du phénomène étant un
fait, il faut cependant relever que
les raisons qui poussent les décideurs à choisir
cette option diffèrent selon que celle-ci s'opère dans un pays
développé ou non. Dans le premier cas, la privatisation
répond à une logique de vitalité, à un souci
d'impulser une nouvelle dynamique à l'économie ou encore
à une volonté des pouvoirs publics d'accroître
l'actionnariat populaire. Bref elle est une politique volontariste de la part
de ces gouvernements. Par contre dans les pays en voie de développement,
en général il est beaucoup plus question d'entrer dans
la mouvance du libéralisme, se pliant ainsi aux
exigences des bailleurs de fonds internationaux qui ne sont
disposés à n'aider que ceux qui désengagent l'Etat
du secteur productif.
Le Cameroun n'est pas épargné par ce vent.
Confronté à la fin de la décennie 80
à de graves difficultés
économiques1, il tente dans un premier temps de solutionner
le problème par un ajustement volontaire ( Gankou et Bondoma 2003).
Après l'échec de celui-ci, il entreprend un vaste programme de
privatisation qui, quoique imposé par les créanciers
internationaux vient tout de même sonner le glas d'une gestion
moribonde
des entreprises du portefeuille de l'Etat2.
1 En 1990 le rapport de la SNI sur les
performances des entreprises publiques camerounaises révèle
que 87
d'entre elles ont un déficit de plus de 33.6 milliards
FCFA et des Dettes à court terme de plus de 400 milliards
FCFA...
2 - La loi N° 90/004 du 22juin 1990 relative
à la privatisation des Entreprises publiques et parapubliques ;
- La loi N° 90/1423 du 03/10/90 portant privatisation de
certaines entreprises du secteur public et parapublic
La démarche relative à la définition de la
problématique de la présente
étude s'articule autour de deux points.
D'abord il sera question pour nous de mentionner sans entrer dans
les développements quelques fondements théoriques des
privatisations. Ensuite nous retracerons le parcours de la recherche empirique
sur cette thématique en soulignant les limites de chaque étape et
essayerons de nous situer dans
ce processus.
Il faut remonter en 1776 pour trouver les premiers
écrits officiels en faveur des forces du marché. En effet
à cette époque, la question fondamentale à laquelle il
fallait trouver une réponse était celle de savoir si oui ou non
l'Etat en tant que producteur assurait mieux que quiconque le bien être
des populations. En d'autres termes, serait-il avantageux pour le citoyen
de laisser la responsabilité à l'Etat de décider
sur la qualité, la quantité et le prix des biens et services
à produire ? Ou faudrait-il laisser agir les forces du marché ?
Adam Smith apporte une réponse à cette question à
travers
sa philosophie du « laisser faire ». Il
démontre dans « The wealth of Nations » que pour un
plus grand bien être commun, il est préférable de
limiter l'intervention de l'Etat dans l'économie, et de laisser les
mécanismes de marché jouer pleinement. Mill affirmera plus tard
que « le laissez faire en bref doit être la pratique
générale. Chaque manquement à cette règle,
à moins qu'il ne soit nécessaire pour un grand bien,
représente un certain mal ».
Les arguments en faveur de la privatisation se
dénombrent également sur un plan micro économique
avec les théories néoclassiques, particulièrement
dans leurs développements néoinstitutionnels (théorie des
droits de propriété, théorie des coûts de
transaction, théorie de l'agence). Toutes ces contributions se
prononcent en faveur d'une supériorité du système de
propriété privé.
Sur un plan purement empirique, le débat sur
l'accroissement de performance, induit par la privatisation comme le
prévoit la théorie, à toujours suscité une grande
controverse. En effet, les méthodes utilisées par les
différents auteurs pour filmer cette relation ont connu une
évolution dont le file conducteur est la recherche d'une
plus
grande visibilité.
On n'est parti des études faisant une comparaison
entre les entreprises privées
d'une part et les entreprises publiques d'autre
part3. Ces études ne portaient pas directement sur la
privatisation. Et aussi paradoxale que cela puisse paraître, un
très grand nombre d'études sur les privatisations se regroupent
dans cette vague4. Le fait
que celles-ci aboutissent à des résultats ambigus
décrédibilise cette méthode. En effet,
on ne saurait comparer des entreprises
différentes dans leurs objectifs, leurs tailles (petites,
moyennes, grandes), leurs contextes (monopole, concurrente). La critique
majeur ici à notre avis est que ces recherches comparent des
entreprises, et non pas le phénomène de la privatisation ou
mieux les effets du passage du public au privé.
A la lumière de ces critiques, on a évolué
vers des recherches étudiant l'impact
du transfert d'une entreprise du secteur privé
au secteur public. A ce niveau, si la comparaison des performances ex
ante et ex post5 est le dénominateur commun, il n'en demeure
pas moins vrai que de nombreux clivages persistent dans les
approches de comparaison. La performance d'une entreprise privatisée
peut être comparée respectivement avec sa propre performance avant
la privatisation, avec d'autres firmes
qui n'ont pas encore été
privatisées, avec la performance des entreprises
étrangères privatisées ou pas, etc.... Ici les
études de cas sont monnaie courante, ceci compte tenu de la
faible quantité de données disponibles pour envisager
des modèles économétriques. La méthode mise
sur pied par Megginson et al (1994) est particulièrement
intéressante et mérite d'être mentionnée.
En effet ces auteurs recensent une soixantaine d'entreprises (61) dans
18 pays et 32 industries différentes et comparent leurs performances
avant et après la privatisation sur une période de sept ans (3
ans avant la privatisation et 3 ans après).
Une grosse critique faite à ces études est
leur caractère international. En effet, «la diversité
des cadres juridiques et réglementaires, les particularités
des
économies nationales ( par exemple le niveau de
développement ou la qualité de
3 On pourrait également loger dans ce ensemble
(quoique les critiques n'auraient pas la même ampleur), les
études qui comparent les performances des firmes
privatisées à celle d'un groupe de firmes non privatisées,
ou à
la performance qu'elles auraient réalisées si elles
étaient restées publiques (performance potentielle). C'est la
dimensions transversale selon Charreaux et Alexandre (2001)
4 Blankart(19980), De Alesi(1980), borcherdind
et al (1982), Millward(1982), Millward et Parker (1983), Courchesne(
1985), Yarrow(1986), Domberger et Pigott(1986), Borins et
Boothman et vining(1987), Donohue(1989), Baily et Pack(1995).
5 Charreaux et Alexandre (2001) designent cette
méthodologie comme étant la dimension longitudinale
l'administration publique6), la
comparabilité des cadres comptables », sont autant
d'éléments qui réduisent la
fiabilité de telles comparaisons. C'est ainsi que Charreaux souligne la
nécessité de recourir à des études
nationales, tout au moins de manière complémentaire pour
échapper à ces biais. Notre étude obéit à
cette logique.
Une autre limite que l'on attribue à ces études
est que malgré l'accent qui est mis sur le phénomène
de privatisation, il reste quand même que l'ambiguïté
des résultats, déjà fustigée dans la
première vague de recherche est toujours présente. En effet,
certaines de ces études comme celles de Parker et Martin (1991) Parker
(1993), Bishop et Kay (1989) arrivent à la conclusion que la
privatisation n'est pas forcement synonyme d'accroissement de performance.
D'autres par contre comme celles de Galal, Leroy, Tandon et
Vogelsang(1992) et celle de Megginson, Nash et Randerborhg (1994)
aboutissent à une forte performance consécutive aux
privatisations. Face à cette lacune persistante, on est en droit de se
poser la question de savoir pourquoi ces va-et-vient entre prédictions
théoriques et observations empiriques ?
La dernière vague de recherche empirique sur la
privatisation est une tentative
de réponse à cette question. Les protagonistes
de ce courant affirment que jusque là la littérature existante
sur la privatisation a partiellement analysé le problème,
en le limitant à la question de savoir si oui ou non le
système de propriété privée était
consécutif à une plus grande performance. Pourtant, la
supériorité de cette forme de propriété sur la
forme publique en terme de performance n'est que la condition
nécessaire de l'existence d'une relation positive
privatisation/performance (Villalonga
2000). Mais cette condition n'est pas suffisante. C'est ainsi
qu'on assiste à la mise sur pied des modèles
économétriques à même de mieux analyser la relation.
Les auteurs introduisent donc dans l'analyse l'étude des facteurs
temps (statique/dynamique), et environnement (politique et
économique). C'est le cas de Villalonga (2000) qui fait
l'hypothèse selon laquelle les effets de la privatisation sur
la performance sont fonction de la période de temps (plus ou moins
longue) considérée par l'étude. Il teste
cette proposition par un échantillon d'entreprises
espagnoles. C'est le cas également de
6Une des limites est que ces études font
l'hypothèse d'une gestion publique également inefficace
dans les différentes nations. Ce qui est loin d'être vrai.
certains auteurs qui intègrent dans le modèle les
variables telles que « le contexte de
privatisation, les caractéristiques organisationnelles et
de gouvernance de l'entreprise,
et le levier d'efficacité », qui sont de nature
à influencer d'une manière ou d'une autre
la performance des firmes privatisées.
Cette dernière vague de recherche a beau
affiné l'analyse, l'ambiguïté des résultats --
certaines aboutissant même à un accroissement de performance
quelques années avant la privatisation, ce qui justifie un
effort de restructuration ( Villalonga
2000, Charreaux et Alexandre 2000) -- ainsi que de
nombreuses autres critiques demeurent valables :
- les mesures de performance utilisées jusque
là ne tiennent comptent que du mesurable, et ne se focalisent que
sur l'actionnaire comme seul créancier résiduel. C'est à
ce titre qu'elles privilégient la valeur actionnariale comme
indicateur de mesure d'efficacité. Pourtant, une conception plus large
de la rente organisationnelle (préconisée par la
théorie de la gouvernance partenariale), symbolisée par la
« stakeholder value » (Charreaux et Alexandre 1998, Figge et
Schaltegger 2000) devrait également être prise en compte pour une
mesure de la performance. Le danger de limiter la valeur crée à
la seule valeur actionnariale est illustré par Charreaux et al (1998) en
faisant une « analogie avec le domaine de l'enseignement où la
seule note attribuée à un élève ne saurait mesurer
la totalité de
la valeur crée par la fonction éducative sur lui
;
- pratiquement dans la même lancée, la
plupart de ces études ne prennent en compte les effets de la
privatisation sur le bien être des consommateurs, des
salariés, etc.... Cette critique est d'ailleurs faite par
Megginson et Netter (2000), ainsi que par Charreaux et al (2000) dans
le but d'orienter la recherche vers ces nouveaux axes ;
- une autre critique et non des moindres est que ces
études ne tiennent pas compte du sujet auquel ce programme s'applique
à savoir l'entreprise7. Pourtant la
privatisation entraîne des bouleversements à
l'intérieur de l'entreprise à même de
7Ceci s'apparente au problème de l'entreprise
« boîte noire» dans le débat sur la théorie de
la
firme.
donner un coup de fouet à la performance. Vouloir
attribuer l'accroissement de
performance au seul changement de
propriété, au temps et à l'environnement
politico-économique toute chose étant égale par
ailleurs serait une considération bien partielle du
phénomène qui pourrait bien justifier
l'hétérogénéité des résultats
empiriques.
C'est pour contourner ces dernières critiques
que Chatelin (2002 et 2001)
rapproche la thématique de la privatisation à la
théorie de la gouvernance partenariale
et démontre sa portée explicative dans la
compréhension de la dynamique organisationnelle sous-jacente à la
privatisation. La prise en compte de l'ensemble des partenaires, et donc
l'analyse de la valeur partenariale est ainsi nécessaire pour
comprendre le comportement de l'entreprise en matière de performance.
Malgré que cette approche se heurte aujourd'hui au difficile
problème de la mesure de la valeur partenariale, notre étude
se réclame de cette nouvelle tendance. Elle s'inspire des
travaux des pionniers et se propose d'apporter une réponse
à certaines questions restées en suspens. Se limitant aux
privatisations effectuées au Cameroun, elle voudrait savoir
quel est l'impact de la privatisation sur la performance
économique
et partenariale des entreprises camerounaises ?
Autrement dit qu'elle est son impact sur chacun des partenaires de
l'entreprise ? A qui profite les privatisations menées au Cameroun
?
Pour apporter une réponse à ces questions,
nous émettons les hypothèses suivantes :
- H1 « la privatisation
accroît la performance économique de l'entreprise »
- H2 « la privatisation
accroît la valeur appropriable par chaque groupe de partenaire pris
individuellement »
Cette étude nous permet de percevoir des
intérêts aussi bien sur le plan scientifique
que sur le plan pratique.
Au niveau de la recherche scientifique, elle permet
d'affirmer la nécessité de développer l'approche
partenariale de la firme qui n'est qu'émergente et
déjà confrontée à une adversité farouche. En
effet, Jensen (2000) considère que celle-ci ne saurait être un
concurrent sérieux de la conception actionnariale de la firme. Pour cet
auteur le fait que cette conception souffre d'un manque d'indicateur de mesure
agrée
la discrédite énormément. Il trouve
d'ailleurs qu'elle n'est qu'une résurgence des approches
marxistes. Sternberg (1997) dans le même lancée estime que
la liste des partenaires étant inépuisable, la rente
potentielle ne sera jamais équitablement repartie. Cette étude se
propose donc de montrer l'importance de l'approche partenariale, car la mesure
de l'efficacité d'une privatisation devrait s'étendre
à ses effets sur tous les partenaires de l'entreprise.
Sur le plan de la recherche scientifique également, cette
étude nous permettra de confirmer la véracité de la
relation positive qui semble exister entre la privatisation et
la performance dans les pays sous développés
en général et au Cameroun en particulier. Ainsi elle va
poser les bases d'une tentative d'explication de la réussite ou
de l'échec des programmes de privatisation dans ces
économies.
Sur un plan pratique, cette étude permettra de porter
un jugement de valeur sur le programme de privatisation en cours au Cameroun.
Cette appréciation pourrait ainsi ajuster le comportement du
Gouvernement dans la négociation des contrats afin de garantir
une réussite totale aux opérations avenirs. Aussi la
présente étude, parce que faisant ressortir dans une
certaine mesure l'impact de la privatisation sur les partenaires
sociaux de l'entreprise (client, salariés, Etat, Bailleurs de
fonds etc....), permettra au Gouvernement de savoir si la privatisation est un
moyen de lutte contre
la pauvreté, en d'autres termes si elle contribue au
développement.
L'objectif de cette recherche est de savoir si la privatisation
permet d'améliorer de manière significative les performances des
entreprises privatisées au Cameroun. Cette
préoccupation bien évidemment ne se limite pas
à la seule influence du phénomène sur
la richesse des actionnaires. Elle cherche également
à connaître l'impact de la
privatisation sur les autres partenaires de l'entreprise que sont
les salariés, les clients,
les fournisseurs, l'Etat, et les autres bailleurs de fonds. En
d'autres termes elle voudrait être à mesure de répondre
au terme de cette étude à la question de savoir si
les privatisations menées au Cameroun permettent une
amélioration des performances partenariales des entreprises
privatisées.
En fin de compte cette étude s'articule autour de deux
axes :
- la première partie est consacrée
à l'étude théorique de la relation P/P et comporte
deux chapitres. Le premier s'attelle à donner un contenu
à la notion de privatisation et à rappeler quels sont ses
différents objectifs. Il s'agit également dans ce chapitre,
d'entrer pleinement dans le débat sur la relation P/P, en
rappelant les fondements théoriques des politiques de privatisations et
en examinant les raisons de l'ambiguïté des résultats qui
caractérise les recherches empiriques sur la dite relation.
Le deuxième chapitre quant à lui se consacre
au renouvellement de l'analyse de la relation P/P, à travers la
TGP.
- la deuxième partie qui comporte également
deux chapitres se consacre à la vérification de la relation
établie, en se penchant non seulement sur la performance
économique, mais également sur la performance partenariale.
Ainsi, le chapitre trois entre dans les profondeurs du processus de
privatisation camerounais et explique la méthodologie
utilisée pour l'évaluer. Le dernier chapitre enfin donne
un aperçu des
performances économiques et partenariales des
privatisations menées au Cameroun.
ASPECTS THEORIQUES DE LA
RELATION PRIVATISATION PERFORMANCE
"Le laissez faire en bref doit être
la pratique générale. Chaque manquement à
cette règle, à
moins qu'il ne soit nécessaire
pour un grand bien, représente un certain mal"
J.S. Mill
PREMIERE PARTIE: Aspects Théoriques de la
Relation Privatisation
Performance
Parmi les phénomènes qui ont marqués
le monde économique ces vingt dernières années figure
en bonne place la faillite du système socialiste avec la chute
du mur de Berlin, et la monté en puissance du capitalisme.
Une des manifestations de
ce mouvement est la très grande croyance faite aux forces
du marché, et l'abandon par
les Etats des moyens de production au profit des
particuliers. Ce processus de
« dénationalisation » qui prend pour la
première fois son appellation actuelle de
« privatisation » sous le gouvernement conservateur
de Margaret Thatcher en 1979 en Grande Bretagne, va gagner le monde et modifier
le rôle de l'Etat aussi bien dans les pays développés qu
`en voie de développement.
La vitesse avec laquelle le phénomène va
se rependre est quand même surprenante. En effet, ni la
littérature théorique disponible à cette
époque, ni les résultats ambigus des quelques recherches
empiriques sur le phénomène ne sauraient justifier cet
engouement en faveur de la privatisation. Megginson et al (1994)
affirment d'ailleurs que c'est avec foi que les gouvernements des
différents pays ont adopté cette politique.
Aujourd'hui, plus de vingt ans après le lancement des
premiers programmes de privatisation, il serait intéressant de
s'interroger d'avantage sur le phénomène. Si la
littérature actuelle recense plusieurs fondements théoriques des
privatisations, il reste que les études empiriques n'arrivent pas
toujours à corroborer entièrement l'hypothèse
d'accroissement de performance induite par la privatisation. Quelle est
donc la nature
de la relation qui semble exister entre la privatisation et
la performance ?
La première partie de cette étude propose
à la première escale de revisiter le concept de privatisation
dans son contenu et ses objectifs, de parcourir ses fondements
théoriques et de tirer les leçons de la dispersion des
résultats empiriques. Ensuite, nous rapprochons la
thématique de la privatisation à celle de la GE en
montrant comment les évolutions dans ce domaine, notamment avec
l'émergence de la TGP
devraient renouveler notre manière d'analyser la relation
P/P.
Page 11
CHAPITRE 1
LE CADRE CONCEPTUEL DE LA PRIVATISATION
Dans toute économie organisée, il existe un secteur
public et un secteur privée.
Le premier est caractérisé par un fort engagement
de l'Etat dans l'activité économique alors que dans le second,
sont les particuliers réunis en groupes ou individuellement
qui interviennent. On parlera par exemple d'entreprise
publique (dans laquelle l'Etat détient la majorité du
capital) par opposition à l'entreprise privée. Le passage
d'un secteur à un autre est une opération sous-tendue soit par
une volonté politique, soit par une exigence des bailleurs de fonds
internationaux qui l'introduisent dans un grand ensemble appelé
programme d'ajustement structurel. En effet, la transition secteur
privé secteur public porte le nom de nationalisation. Son contraire, la
dénationalisation entendez privatisation, plus fréquente de nos
jours est une politique libérale visant à désengager
l'Etat du secteur productif. Quel est le véritable visage de la
privatisation aujourd'hui ? Quels sont ses fondements théoriques ? Que
pouvons nous retenir des études empiriques sur le
phénomène ? Ce sont là les questions auxquelles ce
chapitre tentera d'apporter une réponse. Il est structuré
en deux sections. La première nous donnera une idée sur le
contenu et les objectifs des privatisations. La deuxième section quant
à elle reviendra sur les va-et-vient entre prédictions
théoriques et observations empiriques et essayera d'en tirer les
leçons qui s'imposent.
Section 1 : Privatisation : définitions et
objectifs
Le concept de privatisation c'est très souvent vu
attribuer un contenu différent selon les auteurs. Traditionnellement, la
privatisation est définie comme un transfert d'actifs détenus par
les agents publics au profit des agents privés (BÖS 1991).
L'Etat
qui détient la propriété d'une
entreprise, se désengage progressivement ou en bloc en cédant
les droits de propriété à des particuliers qui
deviennent alors les nouveaux propriétaires. Pour exercer
efficacement le contrôle de l'entreprise, le nouveau
propriétaire doit pouvoir détenir la
majorité du capital. Ce qui fait dire à certains
auteurs que la privatisation est la cession par l'Etat de plus de
la moitié du capital aux
privés. C'est donc un transfert du contrôle de
l'entreprise à des agents privés.
Cette conception du phénomène de privatisation
justifie l'analyse faite par de nombreuses recherches sur les effets du
transfert de propriété sur la performance de la firme. En effet
pour la majorité d'entre elles, l'accroissement de performance attendue
après chaque privatisation est dû au seul changement de
propriétaire (public/privé). Mais seulement, les résultats
de ces recherches amènent à penser que la privatisation
ne saurait se limiter à la seule nature de la
propriété mais qu'elle est d'avantage à l'origine
d'un changement organisationnel plus complexe.
1.1. La Privatisation comme modification de
l'architecture organisationnelle
En analysant l'intérieur de la « boîte
noire », on se rend compte que la privatisation engendre des
modifications organisationnelles profondes. Ces Changements s'opèrent
principalement à trois niveaux :
- Le processus organisationnel ;
- Le système de gouvernance ;
- Le niveau de valeur appropriable par les partenaires de
l'entreprise
(Chatelin 2001)
Williamson (1992) affirme à cet effet que la
privatisation consiste à placer la coopération sous la
gouvernance du marché financier privé. Elle engendre des
modifications au niveau organisationnel permettant à la
firme de passer d'une gouvernance de la forme fonctionnelle (F-Form)
à une gouvernance de la forme multidivisionnelle (M-Form). Nous
reviendrons en profondeur sur ces relations entre privatisation et gouvernance
dans la suite. Le moins que l'on puisse dire à ce niveau
est qu'en analysant les modifications organisationnelles
internes consécutives à la privatisation, sa conception
traditionnelle du seul changement de propriété est
dépassée. En ce sens, elle constitue également un
transfert des droits décisionnels, et
une modification du système de gouvernance.
1.2. Privatisation comme
déréglementation de l'activité
A un troisième niveau, la privatisation
pourrait être considérée comme l'ouverture à
la concurrence, la déréglementation d'un secteur. Celle-ci se
manifeste
par la disparition des monopoles publics et
l'entrée de nouveaux opérateurs dans le secteur. Ici ni le
contrôle, ni la direction de l'entreprise, encore moins l'architecture
organisationnelle ne sont modifiés. La seule manifestation
visible de cette forme de privatisation est l'accroissement de
l'offre du service ou du bien produit par l'entreprise.
1.3. Les Objectifs des
Privatisations
Les objectifs des programmes de privatisations
diffèrent selon que ceux-ci s'opèrent dans un pays
développé ou non. Cette distinction naît de celle qui
existe dans les raisons qui amènent à la privatisation.
En effet dans les pays développés, comme le Japon, la
privatisation va répondre à une logique de
vitalité, à un souci d'impulser une nouvelle forme de
dynamisme à l'économie du pays. En France, la
privatisation répond à trois soucis majeurs : la réduction
de la fiscalité, celle-ci étant devenue trop pressante pour la
classe moyenne la réduction des déficits, la résolution
du problème de sous capitalisation des entreprises
publiques par le développement de l'actionnariat populaire. Par
contre dans les pays en voie de développement, on privatise
pour entrer dans la mouvance du libéralisme, se pliant ainsi
à une des exigences des bailleurs de fonds qui ne sont disposés
à n'aider que ceux qui s'engagent
à désengager l'Etat dans l'économie.
Ainsi les objectifs assignés à la privatisation sont
fonction du niveau de développement de chaque pays.
1.3.1. Les Objectifs des privatisations dans les
Pays développés.
Dans les pays développés, les privatisations
sont une volonté politique réelle et font partie des programmes
électoraux des partis politiques. Ce sont des instruments de politique
économique qui sont décidés par les gouvernements de
manière autonome. Elles ont pour objectifs :
- D'assouplir les contraintes budgétaires ;
- De développer l'actionnariat populaire ;
- De promouvoir la participation des salariés au capital
des entreprises ;
- De réduire le poids de l'Etat dans
l'économie et restaurer les mécanismes de marché
afin d'accroître l'efficacité du système
économique global ;
- De remédier à la sous capitalisation de certaines
grandes entreprises publiques...
Pour atteindre ces objectifs, il existe des structures
d'accueils, un secteur privée dynamique et attractif, une
épargne privée, des repreneurs, des marchés
financiers développes, un cadre institutionnel adapté, et des
informations disponibles.
1.3.2. Les Objectifs des Privatisations dans les
Pays en voie de développement
Dans ces pays la volonté politique est non
réelle. La privatisation fait partie des politiques d'ajustement
structurel et devient même une des conditionnalités pour
l'octroi des prêts par les bailleurs de fonds internationaux.
Olivier C., Campbell et Anita (1998) mentionnent que les pays
africains ont privatisé pour les raisons
suivantes :
- Changement politique ;
- Un besoin d'octroi d'aide financière de la Banque
mondiale, du FMI
et d'autres donneurs ;
- La nécessité de mobiliser des fonds en vendant
des entreprises ;
- L'état précaire de certaines entreprises
publiques ;
- L'impératif de maintenir les niveaux d'emploi ;
- Parfois, la nécessité de satisfaire des
intérêts spéciaux.
Au Cameroun par exemple, le cadre légal
des privatisations est défini conjointement par le décret
n° 89/010 du 04 janvier 1989 portant élargissement des attributions
de la mission de réhabilitation des entreprises du Secteur
Public et Parapublic, et par l'ordonnance n° 90/004 du 22 juin
1990 relative à la privatisation des entreprises publiques et
parapubliques. Dans l'article 2 de ce dernier texte, nous pouvons lire
que « la privatisation à pour objectifs essentiels :
l'assainissement des finances publiques, la stabilisation
des initiatives privées, la
promotion des investissements, la restauration des
mécanismes de marché, et la
mobilisation de l'épargne nationale vers des
investissements productifs ».
Section 2 : Le Débat sur la Relation Privatisation
Performance
Les recherches sur la nature de la relation entre
la privatisation et la performance se caractérisent par de
nombreux va-et-vient entre prédictions théoriques
et observations empiriques. En effet plusieurs théories
prédisent un accroissement de performance consécutif à
la privatisation. Mais rares sont les études totalement en
accord avec la théorie. Certaines lui sont même
diamétralement opposées. D'où la
nécessité pour nous de revenir au coeur même de cette
contradiction, afin de mieux maîtriser ses contours, avant
d'envisager des pistes de réconciliation. Il sera donc question
pour nous dans un premier temps de parcourir les fondements théoriques
des privatisations. Ensuite, en rappelant d'abord brièvement les
différentes directions prises par les résultats des
études empiriques, nous allons tirer les leçons de ces
écarts avec la théorie en proposant un élargissement de la
notion de performance.
2.1. Les fondements théoriques des politiques
de privatisation
Il faut remonter en 1776 pour trouver les premiers
écrits officiels en faveur des forces du marché. En effet
à cette époque, la question fondamentale à laquelle il
fallait trouver une réponse était celle de savoir si oui ou non
l'Etat en tant que producteur assurait mieux que quiconque le bien être
des populations. En d'autres termes, serait-il avantageux pour le citoyen
de laisser la responsabilité à l'Etat de décider
sur la qualité, la quantité et le prix des biens et services
à produire ? Ou faudrait-il laisser agir les forces du marché ?
Adam Smith apporte une réponse à cette question à
travers
sa philosophie du « laisser faire ». Il
démontre dans « The wealth of Nations » que pour un
plus grand bien être commun, il est préférable de
limiter l'intervention de l'Etat dans l'économie, et de laisser les
mécanismes de marché jouer pleinement. Mill affirmera plus tard
que « le laissez faire en bref doit être la pratique
générale. Chaque manquement à cette règle,
à moins qu'il ne soit nécessaire pour un grand bien,
représente un certain mal ». Ses prises de positions en faveur des
forces du marché ne
se limitent pas au niveau de l'économie prise dans
son ensemble. Sur un plan
microéconomique, bon nombre d'auteurs se sont
penchés sur la question. Nous
examinerons les contributions essentielles que sont les
théories des contrats incomplets, des droits de
propriété, celles de l'efficience X, du Public Choice et
de
l'Agence.
2.1.1. La théorie des Contrats
Incomplets
On dit d'un contrat qu'il est incomplet si certaines
éventualités ne sont pas couvertes par le contrat. En effet il
est difficile, voir impossible de mentionner tous les évènements
qui peuvent surgir dans l'exécution d'un contrat. Ceci compte tenu de la
rationalité limitée des agents. Cette
quasi-impossibilité de contrat complet pose justement le
problème de la véritable propriété. Ainsi,
cette théorie distingue deux aspects de la propriété
: l'allocation des droits résiduels et l'appropriation des gains
résiduels (Grossman et Hart 1986 ; Hart et Moore, 1990).
· Le « control right » ou allocation des
droits sur l'actif.
L'allocation des droits sur l'actif correspond au droit
de prendre toutes les décisions concernant l'usage de cet actif qui
ne sont ni contrôlées explicitement par la
loi, ni attribuée contractuellement à d'autres
agents.
· Le « cash flow right » ou appropriation des
gains
L'appropriation des gains est le droit de
bénéficier des gains associés à la possession
de l'actif dont l'affectation n'est pas prévue contractuellement.
Ce double aspect de la propriété rendu visible
par l'existence d'un contrat incomplet permet d'identifier l'entreprise
publique comme étant justement la propriété de l'Etat dans
la mesure où de prime abord il détient le «
control right » et le « cash flow right ». Mais
le constat qui se dégage d'une analyse en profondeur est que
les responsables politiques disposent des droits de décisions
résiduels sur les actifs publics, mais ne possèdent pas
légalement les droits d'appropriation des gains résiduels.
Ces derniers appartiennent au trésor public. C'est ce
décalage entre les
« control rights » et les « cash flow
rights » associé au contrôle politique sur
l'activité économique qui serait à l'origine de
l'inefficacité de la firme publique (Shleifer et
Vishny 1993, 1994).
2.1.2. La théorie des droits de
propriété
Grossman et Hart (1986) définissent la
propriété d'un bien, comme étant le droit d'exercer
le contrôle sur ce bien dans les situations qui n'auraient pas
été décrites dans le contrat. Cette analyse de la
propriété met l'accent comme nous l'avons vu
précédemment sur deux dimensions essentielles de
l'économie des droits de propriété :
la vocation de rendement résiduel et la
détention du contrôle résiduel. Le propriétaire
d'un actif pour maximiser son profit doit pouvoir contrôler la
totalité de ses droits s'approprier les bénéfices nets
(Alchian (1965) et Demsetz (1967)). Pour que cela soit possible, ces droits
doivent avoir deux attribues essentiels :
- L'exclusivité qui garantit à l'individu
un usage des biens non subordonnés à d'autres agents ;
- La transférabilité qui permet un libre choix
entre les différents droits.
En nous basant sur cette analyse, l'entreprise publique offre le
cas le plus clair
de la mise en cause de la propriété. D'abord
parcequ'ici les droits ne peuvent pas être cédés (Boycko et
al 1996). Ensuite ces droits n'étant considérés comme la
propriété d'une tierce personne ont un caractère
diffus. Ils sont alors sources de coûts contractuels plus
importants (Cave 1990, Vichers et Yarrow 1988). Toutes choses qui permettent
d'affirmer la supériorité du système de droit de
propriété privé sur le système de droit de
propriété public.
2.1.3. La théorie de l'X
efficiency
Cette théorie à pour point de départ un
grand nombre d'observations ayant mis
en évidence que les firmes aux caractéristiques
techniques identiques pouvaient avoir des différences de coût de
production très importantes. Leibenstein (1966) parle donc d'X
efficiency pour qualifier les facteurs non mesurables qui ont une influence sur
la performance de la firme. A cet effet il fait état des fortes
pressions qui s'exercent sur
les Managers des entreprises publiques, ce qui ne permet pas
à celles-ci de se situer sur leur courbe de coût minimal.
C'est pourquoi Leibenstein pense que l'entreprise publique est source
d'inefficience X parce que :
- Elle évolue dans un environnement économique non
concurrentiel
lui permettant de mener une « vie tranquille » ;
- Elle bénéficie souvent des subventions lui
permettant de limiter la probabilité de faillite ;
- Elle poursuit une multitude d'objectifs souvent incompatibles
avec les contraintes d'efficacité économique.
Ainsi étant source d'inefficacité X, l'entreprise
publique est moins performante
et devrait être privatisée.
2.1.4. La théorie du « Public choice
»
L'argument de l'école des choix publics est que les
politiques cherchent leurs propres intérêts plutôt que
ceux de la communauté. En effet ce courant de pensée
relève que la propriété publique est fortement
influencée par la sphère politique. Celle-
ci à travers l'entreprise va chercher à
satisfaire les objectifs qui lui assureraient une
réélection (embauche non justifiée, investissements
non rentables dans telle ou telle région...) ( Boycko et Vishny
1996, Villalonga 2000). Et comme le démontre Jensen (2001), une firme en
poursuivant plusieurs objectifs à la fois ne poursuit finalement aucun.
Shapiro et Willing (1990) pensaient déjà que la
privatisation se justifiait par l'existence d'informations privées,
c'est à dire détenues par une partie et ne pouvant être
connues ou vérifiées par une autre. En décidant de
privatiser, une firme d'une part limite ce pouvoir discrétionnaire
des gestionnaires publics et rend plus coûteuse la recherche de
leurs intérêts particuliers. D'autre part, la privatisation
dépouille la firme
de l'influence politique en éliminant le
contrôle direct du dirigeant public sur l'entreprise. Ainsi donc,
la gestion privée est supérieure à la gestion publique.
2.1.5. La théorie de
l'agence
On parle de relation d'agence dès lors qu'un
particulier ou une entreprise (principal) confie plus ou moins partiellement
la gestion de ses propres intérêts à autrui (agent). Dans
cette relation, le principal peut se trouver confronté à
deux catégories d'incertitudes :
- La première est liée au comportement de l'agent,
qui est
difficilement prévisible. Celui-ci compte tenu de son
opportunisme
peut en effet choisir de trahir les intérêts de son
principal au profit
des siens. On parle alors de « risque moral » ;
- La seconde naît de la qualité du
recrutement et de la, sélection effectuée par le
principal qui dans un contexte d'asymétrie informationnelle
peut se tromper. Il y a donc antisélection ou sélection
adverse.
En présence d'une relation d'agence, et donc de telles
incertitudes, l'objet de la théorie de l'agence est de
rechercher des modalités de contrôle de l'agent
(monitoring), et d'établir de structures incitatives optimales. C'est le
cas de la relation propriétaire dirigeant, où les
solutions suivantes sont offertes au propriétaire (principal)
pour réduire les conflits avec l'agent :
- L'existence d'un marché des droits de
propriété qui donne la latitude
au propriétaire de céder son droit s'il
n'est pas satisfait des performances de l'équipe dirigeante ;
- La menace d'absorption
- La menace de la faillite.
Si l'existence d'une relation d'agence et d'un
conflit d'intérêt entre les Managers et les
propriétaires est une réalité dans les deux types
d'entreprises (publique/privée), il faudrait quand même
souligner que l'invocation des solutions proposées
antérieurement n'est pas possible dans le cas d'une entreprise publique.
Ici
les droits de propriété sont très
rarement cessibles. Par conséquent la menace d'absorption est
nulle. Celle de faillite l'est également ceci compte tenu des concours
financiers dont bénéficie ce genre d'entreprise. Les
conflits d'agences étant donc moins contrôlés ici, ces
entreprises sont moins performantes que les firmes privées.
Comme nous pouvons le constater, la théorie
reconnaît de nombreuses limites
au système de droit de propriété
public. Mais cette théorie seule ne suffit pas pour justifier
une décision de privatisation. Encore faudrait - il que tout le
bien dont elle prédit puisse être effectif après chaque
privatisation.
2.2. Aspects factuels de la relation P/P :
l'ambiguïté des résultats
empiriques
Dans la définition de notre problématique, nous
avons longuement épilogué sur
les différentes méthodologies utilisées
dans les recherches empiriques et les critiques que l'on pouvait faire
à celles-ci. Ici nous allons évoquer les
différentes directions prises par les résultats de ces
recherches avant de tirer les leçons qui s'imposent.
2.2.1. Rappel des principaux résultats
empiriques
En négligeant la méthodologie utilisée,
les recherches empiriques sur la relation privatisation performances
aboutissent à trois vagues de résultat. Certaines montrent
que les entreprises privées sont supérieures aux entreprises
publiques, d'autres que les entreprises publiques sont aussi moins
performantes que les entreprises privées, et enfin un dernier
groupe qui indique que les entreprises publiques sont plus
performantes que les entreprises privées.
2.2.1.1. Performance supérieure du
système de propriété privé.
Aussi bien dans les études transversales que dans les
études longitudinales, on dénombre de nombreuses recherches
aboutissant à cette conclusion qui, rappelons le,
est celle prédite par la théorie. On les
rencontre dans les industries aussi diverses comme
l'électricité, le transport, la finance, l'éducation, la
santé8... On les dénombre également dans de
nombreux pays aux caractéristiques différentes en niveau
de développement, et en situation géographique. Elles sont
de loin les plus fréquentes. Parmi celles-ci nous pouvons citer
entre autres celles de Galal, Leroy, Tandon et Vogelsang (1992) et celle
de Megginson , Nash et Randenborhg (1994).
2.2.1.2. Performance supérieure du
système de propriété public Comme les
précédentes, les études qui aboutissent à
l'une ou l'autre de ces conclusions ne saurait être
spécifiées, car on les retrouve dans toutes les grilles. Parmi
celles qui ne trouvent pas de différence significative entre les deux
formes d'entreprise
en matière de performance, nous pouvons citer entre autres
les recherches de Parker et
Martin (1991), Parker (1993) Bishop et Kay (1989).
8 Pour une revue détaillée de tous ces
travaux, voir le Table2 a et b de Villalonga (2000).
S'agissant du dernier cas, il existe plusieurs articles
publiées c'est vraie dans
des revues reconnues pour leurs allégeance au
néo-libéralisme (the Review of Economic and Statistcs
de l'Université d'Haward et the National Tax Journal du
Massachusetts Institute of Technology), qui démontrent que les
entreprises publiques sont plus efficaces que les privées dans certains
cas. L'étude de Pier, Vernon et Wicks
sur la collecte des ordures ménagères dans l'Etat
du Montara, arrive à la conclusion selon laquelle les entreprises
publiques sont plus efficaces pour une localité ayant plus
de 1750 habitants. Une autre étude qui va dans le
même sens est celle de Meyer sur les coûts de production de
transaction et de maintenance de trente entreprises productrice
d'électricité. Selon Meyer, « tout semble indiquer que
la structure des coûts la plus basse est celle du secteur public
», et il propose, fait rare à souligner, de faire parvenir
à qui en fera la demande ses tableaux de chiffres
détaillés.
Dans une synthèse de ces études faite par
Villalonga (2000), on dénombre 104
en faveur d'une plus grande performance de l'entreprise
privée, 14 contre et 35 qui sont neutres. A cette classification,
nous pouvons ajouter celles des études économétriques
qui constatent un accroissement de la performance quelques années avant
la privatisation (Villalonga 2000, Charreaux et Alexandre 2001).
En somme, aussi bien dans les études transversales que
dans celles longitudinales, les résultats ne permettent pas de se
prononcer absolument en faveur d'un accroissement de la performance induite par
la privatisation. La question est de savoir pourquoi ce décalage avec
la théorie ? Nous pensons pouvoir répondre à cette
question en revisitant le contenu de la notion de performance.
2.2.2. Les leçons à tirer de
l'ambiguïté des résultats empiriques
A la question de savoir pourquoi cet écart
entre théorie et observations, nous pouvons apporter plus d'une
réponse. Le fait que les résultats des études empiriques
soient aussi divergents d'une méthode à une autre nous
pousse quand même à constater que le problème n'est pas
forcement au niveau de son opérationnalisation. Il faudrait
peut-être chercher dans sa conception ou dans celle des
variables prises en
compte dans les analyses pour trouver ses origines.
2.2.2.1. Le biais dû à la
diversité des environnements
concurrentiels
Généralement, la privatisation s'accompagne de
modifications dans l'environnement concurrentiel et réglementaire.
Vichers et Yarrows (1988) remarquent d'ailleurs que la privatisation est
optimale quand les entreprises évoluent dans un marché
concurrentiel. En effet la concurrence à pour effet d'accroître
l'incitation du manager. Car sur le marché de bien et service,
l'entreprise doit pouvoir offrir à la demande des produits
capables de s'imposer. L'opportunité des décisions prises
permet ainsi la comparaison des managers. Egalement sur le
marché du capital humain, l'absence de concurrence entre managers
aurait pour effet de diminuer leur incitation et d'augmenter leur
propension à satisfaire leurs propres intérêts
au détriment de ceux des propriétaires. La
possibilité de leur trouver des substituts nécessitant
d'énormes coûts liés au caractère spécifique
de cet actif.
Ainsi donc, deux entreprises privatisées n'auraient pas le
même comportement
en matière de performance si elles évoluent
dans des environnements concurrentiels différents. Pourtant un bon
nombre de recherches empiriques sur la privatisation n'intègrent
pas le degré de concurrence propre à chaque entreprise.
Même dans le cas des études nationales, cette négligence
des effets de la concurrence sur la performance pourrait être
préjudiciable à l'harmonie des résultats. Ces
études intégrant des entreprises exerçant dans des
secteurs d'activité bien différents les uns des autres, avec des
intensités concurrentielles différentes. A priori nous
pouvons dire qu'une étude
qui introduit dans son modèle une variable mesurant le
degré de la concurrence propre
à chaque entreprise aurait pour effet de diminuer la
divergence des résultats.
Même en unifiant les environnements concurrentiels,
on annulerait pas le résidu. Il faudrait encore s'interroger sur la
capacité des différents indicateurs utilisés dans les
différents modèles à rendre compte de l'évolution
des variables interpellées.
2.2.2.2. Les limites du cadre théorique
traditionnel d'analyse de
la relation P/P
Traditionnellement, les études sur la privatisation
analysent les effets du changement de propriété
(publique/privée) sur la performance de la firme. Celle-ci est
le plus souvent mesurée par les indicateurs de
rentabilité, de profitabilité, ainsi que
ceux de politique financière et de politique de
dividendes (Megginson et al, 1994 ; Parker 1994 ; Charreaux et Alexandre
2001). Ici, l'actionnaire est traditionnellement considéré
comme le seul créancier résiduel. Dans l'approche
originelle de la gouvernance il assure seul l'intégralité des
pertes de l'entreprise et perçoit la totalité des gains
résiduels. Voilà pourquoi toutes les mesures de
performance dans cette approche sont fondées sur la maximisation de la
richesse des actionnaires. Celle-ci se matérialise classiquement par la
capitalisation boursière, ou la valeur de marché des actions
de l'entreprise (Chatelin, Trebucq 2003). La valeur crée dans
ce cas est assimilée à la valeur actionnariale
(shareholder value) et c'est à juste titre que plusieurs
études se fondent sur la notion de valeur actuelle nette pour la
mesurer. La shareholder value repose donc sur la notion d'évaluation des
entreprises dans l'optique des propriétaires ( Copeland et al. 1993).
Elle découle du point de vue méthodologique
du calcul dynamique de l'investissement. Il s'agit de
déterminer la valeur de marché
du capital propre de l'entreprise. Pour ce faire, on escompte les
« free cash flow » qui seront vraisemblablement disponibles
pour rémunérer les actionnaires.
Une seconde vague des études intègre dans
l'analyse de la performance, l'influence des variables environnementales.
Ainsi selon cette approche, la propriété ne serait pas le seul
facteur explicatif de la performance. Pour Villalonga (2000) par
exemple, la performance serait liée à la période de temps
considérée par l'étude. Voilà pourquoi son
analyse est effectuée en statique (avant, après la
privatisation) et en dynamique (sur toute la période).
Au vu de ce cadre d'analyse théorique, on
pourrait critiquer le fait que les mesures de performances (donc
d'efficacité) utilisées ne soient orientées que sur les
seuls actionnaires. Pourtant, les décisions de la firme entraînent
des conséquences sur l'ensemble des SH. Voilà pourquoi selon
le principe d'efficacité, la mesure de la performance
devrait s'étendre sur tous ces SH.
D'autre part ces mesures de performance ne cadrent pas
avec les nouvelles représentations théoriques de la firme. En
particulier elles sont incompatibles avec la
représentation contractuelle qui présente la firme
comme étant un noeud de contrats.
CONCLUSION
Dans ce chapitre, il a été question pour nous de
mieux connaître ce qu'est la privatisation et de savoir quels sont
ses différents objectifs. Nous avons également parlé
des fondements théoriques des politiques de privatisations, ainsi
que des résultats que fournissent les études empiriques
sur ce phénomène à la mode. Sans pour autant
prétendre évacuer toute la polémique née
autour de l'infidélité des observations à la
théorie, il nous a semblé nécessaire de pointer du
doigt non seulement le cadre théorique traditionnel
utilisé pour analyser la relation P/P, mais également les
indicateurs utilisés pour mesurer la performance. Le constat de
la nécessité du renouvellement de ce cadre théorique a
été fait. Ainsi, l'élargissement de
la notion de performance matérialisée par la
mesure de la valeur partenariale telle que préconisée par la
TGP pourrait aboutir à une réconciliation entre la
théorie et la recherche empirique. Cette avancée ne peut
être possible que si l'on réussit à démontrer
comment un renouvellement de l'analyse de la relation P/P est possible à
partir de la TG. Le chapitre qui suit se penche sur cette question
en examinant
particulièrement les apports de la TGP.
CHAPITRE 2
LA THEORIE DE LA GOUVERNANCE : UN NOUVEAU CADRE
D'ANALYSE DE LA RELATION P/P
La représentation classique de la firme, qui la
considère comme une "boîte noire", reconnaît
à celle-ci un seul objectif, la maximisation de la richesse de
l'actionnaire. Cette conception réductrice de la firme et ses
conséquences sur la mesure
de la performance est de moins en moins acceptée
aujourd'hui. En effet, le consensus semble se dégager autour de la
pluralité de l'entreprise et de la reconnaissance de l'homme
comme étant sa richesse essentielle (Caby et Hirigoyen, 2001).
Ainsi, la firme est considérée aujourd'hui comme un
noeud de contrats au centre duquel se trouve le dirigeant. Au
primat des shareholders, succède celui des stakeholders, et la
maximisation de la valeur actionnariale de la firme, on observe un
déplacement théorique vers la maximisation de la
stakeholder value, préconisée par la TGP. Le renouvellement
de l'analyse de la relation P/P étant recherché, nous
nous posons la question de savoir comment est-il possible à partir de
cette théorie ? En privilégiant la mesure de
l'efficacité organisationnelle, synonyme de performance
partenariale, la TGP semble mieux éclairer cette relation. Nous
trouvons nécessaire de revenir dans une première section
sur les origines de la TGP. Ensuite nous analyserons dans la
deuxième section les changements que la privatisation
entraîne dans le système de gouvernance dont dépend la
performance organisationnelle.
Section 1 : Origines et Implications de la TGP
Il faudrait remonter en 1776 avec la publication de l'Essai
sur la Richesse des Nations pour trouver les premières
appréhensions formulées sur le conflit d'intérêt
qui existe entre mandants et mandatés. Adam Smith estimait
déjà à cette époque que « l'on
ne peut guère s'attendre à ce que les
régisseurs de l'argent d'autrui y apportent la même
vigilance exacte et soucieuse que les associés d'une
société apportent souvent dans le maniement de leurs fonds
propres ». Ce débat va véritablement émerger avec
Berle et Means (1932) qui s'interrogent sur les
conséquences de la séparation des
fonctions de propriété et de décision dans
les grandes sociétés (firmes managériales).
Plus de quarante années après quand Jensen et
Meckling (1976) parlent de « relation d'agence » pour qualifier la
relation entre le dirigeant (agent) d'une part et le
propriétaire (principal) d'autre part, on se rend compte que les
appréhensions de leurs prédécesseurs sues-cités
étaient justifiées. En effet Jensen et Meckling qualifient
toute
« relation d'agence », comme source de
conflits et par conséquent de coûts d'agence.
A l'origine la corporate governance va donc se
concentrer sur la seule relation dirigeants/ actionnaires, en cherchant
à trouver les mécanismes visant à faire coïncider
les intérêts de ces derniers. Mais compte tenu de la
relative impuissance des solutions proposées par la théorie
(Cohen, 2002)9, les auteurs ont été amenés
à élargir le champ
de la GE à toutes les questions liées
à la répartition du pouvoir dans l'entreprise. Aujourd'hui,
elle se définit comme étant l'ensemble des
mécanismes (spontanés comme les marchés, intentionnels
comme le CA, le système d'information comptable,
ou le système de rémunération) qui
contrôle et contraignent le processus décisionnel.
La TAG étant considérée comme la
racine de cette nouvelle conception de la gouvernance, nous l'analysons
avant d'évoquer les implications de la TGP.
1.1 La Théorie de l'Agence
Généralisée de Hill et Jones
La TAG de Hill et Jones est une représentation
séduisante de la firme pluraliste qui vient rompre avec le cadre
traditionnel de la théorie de l'agence. En effet, cette
représentation place le dirigeant au centre des liens contractuels et
lui attribue le rôle
de médiateur actif exerçant une influence sur le
processus de création et de répartition
de la valeur. Les points suivant consacrent
particulièrement cette nouvelle vision :
- tous les stakeholders sont explicitement pris en compte
: ici tous les groupes ou agents qui ont une "créance
légitime" sur la firme sont considérés comme
stakeholders. Cette "créance légitime" peut être
liée à l'apport d'une ressource financière,
matérielle, humaine, infrastructurelle etc.... Dans cette
vision, les dirigeants qui sont en relation avec toutes les autres parties
sont considérées comme
leur agent. Leur rôle est donc d'assurer les
intérêts de l'ensemble des stakeholders.
9 Cohen affirme qu'on était persuadé
d'avoir trouvé un système faisant coïncider les
intérêts des actionnaires et ceux des dirigeants. Mais ces
derniers manipulent le CA et le mécanisme de stock-option n'a rien
arrangé.
- Les phénomènes de pouvoir réglementent les
relations dans cette représentation.
En effet, ses auteurs expliquent la notion de dépendance
qui caractérise une relation entre deux agents par le
différentiel de pouvoir. Il y a dépendance de B vis à vis
de A
si le différentiel de pouvoir entre A et B est en faveur
de A, c'est à dire que B dépend plus fortement de A que de B.
- Ces phénomènes de pouvoir qui
réglementent la répartition de la rente et de la quasi-rente
peuvent aboutir à des situations de déséquilibre dans
lesquelles on observe des hold up (situations dans lesquelles un
partenaire s'accapare d'une partie de la rente
qui revient à l'autre), de renforcement du pouvoir
discrétionnaire des dirigeants, ainsi que l'acquisition des positions
dominantes. Dans ce dernier cas par exemple, un agent peut investir pour
acquérir un différentiel de pouvoir afin d'accroître la
dépendance des autres stakeholders par rapport à lui et ainsi
s'approprier les rentes.
Cette théorie représente donc l'entreprise
comme un ensemble de relation où chaque partenaire, y compris les
dirigeants exploite les inégalités qui existent entre les
transactions avec l'autre pour s'approprier une plus grande part de la valeur
crée. Ainsi cette théorie est considérée
à juste titre comme étant à l'origine d la TGP
dans la mesure où tous les stakeholders sont pris en compte. Egalement,
la valeur crée et sa répartition entre les différents
partenaires résulte du processus décisionnel dont le
caractère optimal conditionne l'efficacité organisationnelle dans
la TGP.
1.2. Les implications de la TGP
La TAG étant considérée comme à
l'origine de la TGP, nous nous interrogeons actuellement sur la notion
même de créancier résiduel, directement liée
à la mesure
de la performance. Nous tentons également à
la suite de certains auteurs de donner quelques caractéristiques
de la TGP.
1.2.1. La révision du statut de
créancier résiduel
Selon la théorie des contrats incomplets, la
véritable propriété est celle qui rassemble le «
control right » et le cash flow right. Le créancier résiduel
en référence à cette considération est donc le
véritable propriétaire. Il est le seul bénéficiaire
du droit
et assume toutes les altérations possibles. C'est
donc à juste titre que ce statut
privilégier est attribué à
l'actionnaire, faisant de lui l'unique propriétaire de
l'entreprise. Ceci se justifie non seulement dans les
études relatives à la théorie de l'agence, mais
également dans celles sur la GE. Les premières font de
l'actionnaire pratiquement l'unique « principal » et les secondes
accordent un rôle primordial dans
la recherche des mécanismes de protections de leurs
intérêts. Une autre perspective de cette gouvernance actionnariale
qui fait de l'actionnaire l'unique créancier résiduel est celle
qui insiste particulièrement sur la préservation de la
propriété du capital financier (Shleifer et Vishny, 1997).
Au-delà de cette vision, et en ne s'éloignant pas
du contenu initialement donné
au concept de créancier résiduel, on peut
se rendre compte justement que ceux qui assument les pertes
résiduelles et bénéficient des gains de
même nature sont nombreux. En effet, aussi bien les salariés
que les autres bailleurs de fonds, les clients
et l'Etat pour ne citer que ceux là, subissent les
conséquences des décisions prises et des choix faits par
l'entreprise. L'entreprise étant une coalition
d'intérêts, le retrait d'un maillon pour une raison ou une autre
peut causer de lourds préjudices et aboutir même au
dénouement du noeud. Et parce que détenteurs d'information
spécifiques,
ces partenaires devraient participer dans le meilleur des cas
à la ratification et même à
la surveillance des décisions prises dans l'entreprise.
Et quand on sait que la fonction
de contrôle regroupe la ratification et la surveillance des
décisions, on déduit en toute logique que le statut de
créancier résiduel devrait leur être attribué. La
figure suivante
nous montre comment a évolué le statut de
créancier résiduel depuis 1930.
Créanciers résiduels
Gouvernance élargie
Autres
groupes d'intérêts, gouvernement
Fournisseurs
Clients
Hill
Jones
92
Zigales
98
Char reaux Desb rières
98
ZIGA LES
00
Salariés
Dirigeants
Créanciers
Financiers
Actionnaires
Jensen Meckli ng
76
Castani as Helfat
91
Blair 95
Shleife r Vishny
97
1930 source : Chatelin, Trebucq (2003) 2000's
Figure 2.1 : le statut du créancier
résiduel et l'élargissement de la gouvernance chez certains
auteurs
1.2.2. Les caractéristiques de la
GP
La révision du statut de créancier
résiduel vient donner à la théorie positive de l'agence
son sens initial tel qu'attribué par Jensen et Meckling (1976).
En effet, ces auteurs appréhendent l'organisation comme une
coalition d'intérêts divergents qui interagissent sur la
coopération entre différents partenaires. C'est ce qui
justifie le paradigme de « noeud de contrats ». Les travaux
sur la GP ne s `éloignent pas de cette logique. Ils considèrent
l'entreprise comme un ensemble de relations au centre duquel
se trouve le dirigeant. Le système de
gouvernance permet à chaque partenaire d'exercer une influence sur
le comportement de ce dernier. L'approche de la GP est alors à l'origine
d'une série complexe de conflits tant contractuels que
cognitifs10. Le
tableau suivant nous fait ressortir ces conflits potentiels.
10 Un conflit contractuel est fondé sur
l'asymétrie d'information alors qu'un conflit cognitif est fondé
sur une interprétation des informations existantes construites à
partir du modèle cognitif propre à l'individu (Charreaux
2002).
TABLEAU 2.1. Exemples de conflits cognitifs et
contractuels entre partenaires
de l'organisation
|
|
|
Dirigeants
|
Actionnaires
|
Salariés
|
Clients
|
Fournisseurs
|
Environnement
|
Dirigeants
|
Conflits
cognitifs entre dirigeants généraux
intermédiaires inférieurs Opportunité/cho ix
d'investissement
|
Type
d'investissement politique de financement
Conflits
Contractuels et cognitifs
|
Gestion des
ressources humaines (rémunération, recrute-ment,
conditions de travail, choix d'investissement en recherche et
développement production... conflits contractuels et cognitifs
|
Qualité globale
coût
Conflits
contractuels et cognitifs
|
Coût qualité
industrielle conflits contractuels et cognitifs
|
Rentabilité Engagement
éthique, Pollution, développement local... Conflits
cognitifs
|
Action
naires
|
|
Conflits cognitifs :
minoritaires/majorita ires individuels, collectifs
Dividende, choix d'investissement prix de cession
|
Conflits sur les
choix de rationalisation des coûts, répartition
de valeur Dissonance cognitive et conflits contractuels
|
Conflits indirects
en fonction des arbitrages opérés entre
rentabilité et qualité des produits
|
Conflits contractuels
et cognitifs
Coûts
|
Rentabilité
Engagement éthique, pollution,
développement local... Conflits cognitifs
|
Salariés
|
|
|
Concurrence
interne, surveillance mutuelle
Conflits cognitifs et contractuels verticaux et
horizontaux
|
SAV , qualité de la
prestation conflits et contractuels
|
Qualité, coût de la
prestation, coopération conflits cognitifs et
contractuels
|
Rentabilité Engagement
éthique,
Pollution ,développemen t local...
Conflits cognitifs
|
Clients
|
|
|
|
Conflits cognitif
Comportement du consommateur et critère de choix
|
Conflits cognitifs sur,
le produit, matière première
|
Engagement éthique,
Pollution ,développemen t local...
Conflits cognitifs
|
Fournis
seurs
|
|
|
|
|
Conflits cognitifs sur
produit organisation
|
Engagement éthique,
Pollution ,développemen t local...
Conflits cognitifs
|
Environnement
|
|
|
|
|
|
Conflits cognitifs entre
groupes d'intérêts
|
Source : Chatelin et Trebucq 2003
Williamson (1985) en analysant les différents
mécanismes qui permettent de
gérer les différentes transactions entre la
firme et les stakeholders, donne une autre caractéristique
à la GP. En retenant le concept de coûts de
transaction comme fondamental (au lieu de conflit
d'intérêt), il définit l'objectif de la GP comme
étant la minimisation des coûts de transactions dans toute
relation avec un partenaire. Il analyse particulièrement les
relations de la firme avec les salariés, les créanciers
financiers, les actionnaires, et oppose les mécanismes intentionnels
aux mécanismes spontanés11. En caractérisant
les actifs par leurs spécificités, il arrive à la
conclusion
que les mécanismes intentionnels sont appropriés
pour la gestion des actifs fortement
spécifique, alors que les actifs facilement
redéployables sont mieux protégés par les
mécanismes spontanés.
Cette première section nous a permis de savoir les
origines les caractéristiques
et les implications de la TGP dans l'étude de
la performance. Toutes ces analyses resteraient sans objet pour notre
étude si nous nous arrêtons là. Afin de les rentabiliser
nous les intégrons dans l'examen des privatisations, car
elles permettent un renouvellement de la lecture du
phénomène. Ce nouvelle aidera plus tard dans l'étude
de la performance partenariale des privatisations.
Section 2 : LA PRIVATISATION : un changement du
système de gouvernance
L'un des arguments souvent avancés pour justifier
l'accroissement de performance consécutive à une
privatisation est qu'elle renforce les différents
mécanismes de gouvernance. On peut classer ces mécanismes de
plusieurs manières.
Ils peuvent être regroupés selon leur
nature et là on parlera de mécanismes
réglementaires par opposition aux mécanismes contractuels.
On peut également les classer par rapport à leur
spécificité, et là on distinguera les mécanismes
spécifiques des non spécifiques. Dans cette dernière
classification, une autre distinction entre
mécanismes intentionnels et mécanismes
spontanés à l'intérieur de chaque groupe est
11 Les mécanismes intentionnels sont ceux
nés d'une volonté de contrôle de nature intentionnelle
(environnement légal et réglementaire, contrôle direct des
actionnaires, le CA, structure formelle...), alors que les mécanismes
spontanés sont de nature contractuelle (les différents
marchés, l'intermédiation financière, surveillance
mutuelle,
la culture d'entreprise, la régulation interne...).
possible. Enfin les mécanismes de gouvernance peuvent
être internes ou externes, et
dans un cas comme dans l'autre, la privatisation entraîne
des changements profonds justifiant ainsi son caractère
d'opération véritablement complexe.
2.1. Le renforcement des mécanismes externes
de GE
Parmi les mécanismes de gouvernance externe nous
pouvons citer entre autres l'environnement législatif, les syndicats
nationaux, les auditeurs légaux, les associations de consommateurs,
mais également les différents marchés (des biens et
services, financiers, du travail, de la formation, du capital humain).
Nous analysons respectivement le marché financier, le
marché de bien et service et le marché du capital humain,
compte tenu de leur impact plus direct dans l'encadrement du dirigeant
de l'entreprise.
2.1.1. Renforcement de la discipline du
Marché financier
Williamson (1992) affirme que la privatisation permet de financer
la firme par
la dette. Son acquisition est rendue possible par l'existence
d'un marché financier qui
est un mécanisme de gouvernance indéniable. En
effet par l'émission d'un emprunt, l'entreprise donne un signal fort de
sa santé financière et de la qualité de sa gestion. Les
attributs de mécanisme de gouvernance efficace reconnus à la
dette sont amplifiés quand on fait face à des actifs non
spécifiques comme les équipements et les édifices.
Voilà pourquoi le défaut de satisfaire techniquement les
tests de solvabilité et de viabilité donne droit aux
prêteurs de liquider les actifs ou de forcer la réorganisation
de
la firme. Ainsi, en considérant le fait que les
entreprises publiques se financent par des créneaux autres que la
dette (et quand bien même cette solution est envisager, les
potentiels prêteurs serraient moins intéressés
sachant que dans les pays sous développés en
particulier, s'attaque à l'Etat est un exercice très
périlleux), on comprend bien combien le changement du statut de
l'entreprise renforce le contrôle du dirigeant, via la dette.
De manière plus directe, la privatisation a pour
conséquence de soumettre l'entreprise sous la discipline du
marché financier. Car en remplissant sa fonction
d'évaluation objective, il impose à la
nouvelle société privée des exigences de
performances, de publication de l'information
financière, ce qui n'était pas le cas
vraisemblablement dans le passé. Le marché
financier influence également de manière positive le
système d'incitation du dirigeant. Non seulement il permet
d'aligner les intérêts ces derniers à ceux des
actionnaires en rendant possible la pratique de stocks options, mais
également il fait planer la menace d'une prise de contrôle qui
pourrait
lui être préjudiciable.
2.1.2. Renforcement de la discipline du
marché des biens et services et du marché du capital
humain
Très souvent la privatisation est accompagnée
d'une déréglementation du
secteur d'activité de la firme privatisée. La
privatisation elle-même est parfois perçues non pas comme un
transfert de propriété mais comme une
déréglementation et donc une ouverture à la concurrence.
Cette ouverture impose une certaine exigence dans la qualité des biens
et services produits, un respect des normes liés à
l'environnement et une plus grande écoute des besoins de la
clientèle. Ainsi la privatisation en entraînant une
déréglementation du secteur d'activité privatisé,
modifie le système de gouvernance en renforçant
l'intensité concurrentielle (Charreaux et Alexandre, 2001). Ceci est
en principe plus vrai pour les économies africaines où
la majorité des entreprises privatisées étaient en
situation de monopole. La déréglementation auquel il faudrait
ajouter la libéralisation du commerce international fait que
l'offre devient abondante et par respect au principe de sélection
naturelle, les entreprises sont obligées d'accroître la
qualité de leurs produits pour survivre.
Pour ce qui est du marché du capital humain, les
conditions de recrutements de promotions dans les entreprises publiques sont de
nature à donner au salarié de mener une « vie tranquille
». Cette situation se vérifie mieux dans les pays sous
développés
où le politique pour assuré sa
réélection impose des recrutements qui ne sont pas
motivé par une logique économique. On se retrouve dans
certaines situations où soit
le personnel, n'est pas compétent (et dans ce cas les
coûts d'apprentissage sont élevés), soit en face d'une
mains d'oeuvre oisive.
Egalement dans les entreprises publiques, la promotion
obéit à des critères qui
sont de natures à faire tomber l'incitation du
salarié. Si ce n'est pas par affinité qu'elle
intervient, le plus souvent c'est par ancienneté. Et le
grand nombre de fonctionnaires
que l'on retrouve dans les rangs des cadres des
entreprises publiques, vient quelque peu brouiller les choses. Car
malgré les hautes responsabilités que très souvent
ils occupent, cette catégorie se caractérise plus par une inertie
manifeste justifiée par leur dépendance à la fonction
publique. Et bien plus leur présence est souvent
considérée
par la direction générale comme celle d'un
espion que le gouvernement envoie dans l'entreprise. Ainsi la privatisation
renforce la discipline exercée par le marché du capital
humain. En effet, en rendant le salarié méritant de son
recrutement, de sa promotion et le cas échéant responsable
de son licenciement, elle augmente son incitation. Parcequ'attirant une
main d'oeuvre plus qualifiée et en lui offrant des conditions
de travail plus favorables à l'innovation, la privatisation amène
le personnel
à se sentir concerné, responsable de la survie
de l'entreprise. Et très souvent la cession d'une entreprise
s'accompagne d'un plan social qui attribut une part du capital au
personnel.
Ce qui est vrai pour les salariés l'est également
pour les dirigeants. Le marché
de dirigeants n'exerce en principe aucune influence sur
la gestion d'une firme publique, dans la mesure où c'est le
politique qui nomme les personnes en charge de cette gestion. Ce qui n'est pas
le cas dans l'entreprise privée dans laquelle le dirigeant
est soumis à une obligation de bons résultats. Ceci
entre autres parce que sa quotte sur
le marché des dirigeants est fonction de la qualité
de la gestion de l'entreprise dont il
est à la tête. L'existence de potentiels
concurrents entraînant la possibilité d'être
préféré à un autre mieux quotté sur le
marché est un facteur qui va influencer, encadrer son comportement.
La privatisation semble t-il accentue la pression
disciplinaire des mécanismes externes de gouvernance. Le dirigeant
d'une entreprise privatisée se trouve non seulement mieux
contrôlé, mais également dispose d'une liberté
plus grande lui permettant d'engager des actions à même de
satisfaire les propriétaire et donc de lutter pour son maintien. Mais
il existe également des mécanismes internes capables de
discipliner le comportement du dirigeant.
2.2. Le renforcement des mécanismes internes
de gouvernance : la
modification de l'architecture
organisationnelle
Au-delà du renforcement des mécanismes internes
de gouvernance, la privatisation a comme effet de modifier l'architecture
organisationnelle de l'entreprise. Celle-ci peut être
considérée comme étant l'ensemble des systèmes
d'allocation de décision et de contrôle. En effet, Jensen
et Fama (1983a et b) identifient quatre composantes essentielles du
processus de décision en matière d'allocation de
ressources et de création de valeur : l'initiative de la
décision, sa ratification, sa mise
en oeuvre et enfin sa surveillance. Dans les
organisations complexes ces auteurs remarquent une distinction entre
l'initiative et la mise en oeuvre d'un côté, la
ratification et le contrôle de l'autre. L'architecture
organisationnelle se trouve donc modifiée dans sa composante
fonctionnelle liée à la ratification et au contrôle (le
C.A), ainsi que dans sa structure générale
représentée par le processus décisionnel.
2.2.1. Le renforcement du rôle du conseil
d'administration
Le CA est le mécanisme interne de gouvernance
le plus souvent évoqué. En principe son rôle
principal est de contrôler directement le dirigeant. Mais comme
le montre Charreaux (1991) son efficacité dépend de celle
des autres mécanismes de gouvernance comme la structure de
propriété. En effet dans le cas où il n'y a aucun
actionnaire majoritaire, le rôle du CA est battue en
brèche quelque soit sa composition12. S'agissant
particulièrement des entreprises publiques, le CA y joue un
rôle de gouvernance bien négligeable. Ceci est vrai
dans les pays développés13, et plus
vrai dans les pays du tiers monde. Au Cameroun par exemple, les
CA des entreprises publiques ressemblent plus à des chambres de
validation qu'à celles de contrôle. Nous
en voulons pour preuve, la quasi-inviolabilité dans la
périodicité (un an) de tenue de
ces conseils, malgré les situations de crises dans
lesquelles ces sociétés se trouvent souvent (situations
qui en principe devraient conduire à la tenue d'un
conseil
12 l'indépendance du CA
appréciée par sa composition en administrateurs internes
/externes est souvent considérée implicitement comme facteur
déterminant de son efficacité (Charreaux, 1991, Charreaux et
Pitol-
Berlin ,1990)
13 Charreaux (1997) dans le cas du Crédit
Lyonais en France montre que le CA joue un rôle de gouvernance bien
mineur.
d'administration extraordinaire). Ainsi la privatisation vient
rompre avec cet
immobilisme. Le capital de l'entreprise étant ouvert au
public, on devrait s'attendre à
un accroissement de l'actionnariat populaire conduisant
en toute conséquence à la dispersion du capital. On peut donc
observer un accroissement du nombre de tenu du CA, et des missions d'audit
qu'il recommande. Tout ceci nous amène à affirmer qu'en principe,
la privatisation entraîne un accroissement de l'efficacité du
CA.
2.2.2. Les modifications du processus
décisionnel et ses conséquences
Le processus décisionnel est caractérisé
par une séparation fonctionnelle plus
ou moins prononcée. L'efficacité organisationnelle
qui dépend de l'allocation optimale
de chaque type de décision ne peut être
atteinte que si chaque partenaire de la coopération
détenant une information spécifique se voit attribuer un droit
décisionnel.
Il semble que la privatisation favorise cette
efficacité et par conséquent modifie favorablement le niveau
de valeur appropriable par chaque groupe de partenaire.
2.2.2.1.Evolution du processus
décisionnel
Afin de réduire les coûts contractuels, les
droits décisionnels doivent être alloués de
manière optimale. Cela sous-entend qu'on attribue ce droit à
tout détenteur d'une information spécifique. La
conséquence d'une telle d'une telle opération est la
décentralisation du processus décisionnel. Or l'entreprise
publique se caractérise entre autre par une centralisation par les
pouvoirs publics du processus de décision (Chatelin
2001). Le rôle du CA, véritable organe de
contrôle étant limité, et la fonction de, gestion
qui regroupe l'initiative et la mise en oeuvre de la décision
étant sous l'influence forte de la même personne (les pouvoirs
publics), les allocations de droits décisionnels sont loin d'être
optimales. La privatisation va permettre le transfert total
ou partiel des droits détenus par les pouvoirs publics aux
particuliers, et diminuer ainsi
la centralité du processus décisionnel.
En considérant que chaque niveau de la
hiérarchie détient des informations spécifiques
liées à son activité, et conformément au principe
d'efficacité organisationnelle, l'initiative de la décision
doit lui être attribuée. En effet déjà au
sommet de la hiérarchie, une démarcation claire
devrait être faite entre la fonction de
gestion déléguée au dirigeant et la
fonction de contrôle qui est du ressort de compétence de
l'actionnaire. Le dirigeant s'en sort ainsi avec une latitude
décisionnelle plus grande. De même, les vendeurs étant
considérés comme situés à un niveau plus bas de la
hiérarchie, ils devraient être à l'origine des
décisions en rapport
la qualité du produit, parcequ'étant au contact de
la clientèle. Ainsi « la privatisation
en tant que processus de réallocation de droits de
propriété conduit à une séparation fonctionnelle
plus nette » et implique une décentralisation du processus
décisionnel. Cette réallocation des droits de
propriété entraîne évidemment des modifications
dans
la répartition de la valeur crée.
2.2.2.2. La dynamique de la répartition de la
valeur crée
La modification de l'architecture organisationnelle de la firme
qui se manifeste
par l'influence qu'exerce désormais chaque
partenaire dans le processus décisionnel nous amène
à considérer la valeur crée ici comme valeur
partenariale. En effet, la rupture de la coopération suite à
la sortie d'un partenaire insatisfait par la rente reçue, conduit le
dirigeant à repartir cette valeur de manière à assurer la
continuité. Ainsi, plus l'influence d'un partenaire est grande, plus la
valeur appropriable par ce dernier l'est aussi. Il est vrai que le
marché qui est alternatif à la coopération peut aussi
bien accueillir les partenaires insatisfaits qu'en être
pourvoyeur, et ainsi assurer la continuité de la
coopération malgré l'existence de coûts liés
au changement. Voilà pourquoi l'influence d'un partenaire dans le
partage de la valeur sera tributaire de l'état des
différents marchés (Charreaux et Desbrières,
1998). Nous analysons comment les différents groupes de
partenaires s'approprient une partie de la rente, suite à une
privatisation.
· La valeur appropriable par les
salariés
Les salariés disposent principalement de deux modes
de contrôle de leurs intérêts : le système de
rémunération, et la participation au capital.
Le système de rémunération (système
de bonus) concerne la partie du revenu du
salarié qui est indexée à la
performance. Il permet de récompenser le supplément
d'effort fourni par le salarié. Ce dernier est ainsi incité
à une et c'est la productivité qui ainsi s'améliore.
L'entreprise dans le but de contrôler la performance des
salariés, devrait renforcer la responsabilité des organes
chargés de ce contrôle, dans la mesure
où ils deviennent de véritables centres
décisionnaires, parce que détenant l'information
spécifique. Ce mécanisme interne de
rémunération presque inexistant dans les entreprises
publiques serait limité dans le cas où il existe par la forte
centralisation qui
les caractérise. La privatisation à travers
la dynamique du processus décisionnel qu'elle entraîne aboutit
à une plus grande décentralisation et favorise ainsi la mise en
application de ce mécanisme.
La participation des salariés au capital est
également un mécanisme de contrôle particulièrement
incitatif. D'abord parcequ'il permet de diminuer, voir d'annuler le conflit
qui existe entre les actionnaires et les salariés14,
en faisant converger leurs intérêts. Ensuite il permet
à l'entreprise de garder en son sein le capital humain
spécifique et d'éviter les coûts liés à
la recherche de telles compétences. Voilà pourquoi
Desbrières (1997) trouve que la participation est
particulièrement incitative. Malheureusement cette stratégie
n'est pas fréquente dans les entreprises publiques en
général, et particulièrement dans notre contexte
camerounais. C'est pourquoi le
passage du public au privé est particulièrement
intéressant, surtout que le plus souvent
la réglementation sur ce transfert recommande
l'entrée des salariés dans le capital.
En somme nous pouvons affirmer avec Chatelin (2001) que la
privatisation à travers les modifications de l'architecture
organisationnelle qu'elle entraîne permet à priori aux
salariés d'accroître le niveau de valeur qu'ils peuvent
s'approprier, à fortiori
les salariés actionnaires au capital humain fortement
spécifique de la firme.
· La valeur appropriable par les
clients
La privatisation, nous l'avons dit antérieurement
peut simplement être conçu comme étant l'ouverture d'un
secteur (jadis réservé à une seule entreprise d'Etat)
à la
14 D'après le tableau ci-dessus entre les
actionnaires et les salariés, il existe un conflit sur le choix de la
rationalisation des coûts, la répartition de la valeur, la
dissonance cognitive et les conflits contractuels.
concurrence. Et même quand il y a juste transfert
de la gestion, la privatisation est
toujours synonyme de déréglementation et
d'accroissement de l'intensité concurrentielle. Nous avons
également souligné antérieurement que cette nouvelle
donne augmentait le contrôle exercé par le marché des biens
et services. En effet ce renforcement est le résultat de l'action du
client. Dans un environnement concurrentiel, les clients peuvent
décider de rompre leur lien avec la firme à tout moment,
surtout si les coûts de sortie sont faibles. Ainsi la
forte intensité concurrentielle donne aux clients un droit de
contrôle sur la valeur crée par la firme, dans la mesure où
ils peuvent influencer considérablement celle-ci.
Par ailleurs, la privatisation donne la
possibilité à certains clients de devenir actionnaires.
Ainsi, ce nouveau statut leur offre un droit de contrôle plus vaste sur
la valeur crée. En plus, étant au courant de
l'information interne de l'entreprise, ils augmentent leur satisfaction en
diminuant l'asymétrie informationnelle qui a toujours
caractérisée les échanges entre clients et vendeurs.
Egalement la décentralisation des droits décisionnels
consécutive à la privatisation va entraîner une
prise de décision plus optimale par le décideur. Ceci
dans la mesure où l'actionnaire client détient
l'information spécifique nécessaire à la prise d'une
décision véritablement optimale. Finalement c'est le niveau de
valeur appropriable par le client qui va s'accroître suite
à tous ces changements rendu possible par la
privatisation.
· La valeur appropriable par les
fournisseurs
Plusieurs situations sont possibles en ce qui concerne
la relation avec le stakeholder fournisseur. Quand on est en
présence d'un fournisseur unique, le comportement du dirigeant
de la firme publique ne se démarque pas de celui du dirigeant
de la firme privée. Ils sont tous dans l'obligation d'accepter les
conditions d'échange qui leur sont proposées par le
fournisseur. Par contre face à plusieurs fournisseurs, le dirigeant
va rechercher le plus offrant, c'est à dire celui qui lui permet
de minimiser au mieux ses coûts et donc
d'accroître sa rentabilité. Sous cette hypothèse, le
comportement du dirigeant diffère selon le type d'entreprise qu'il
dirige.
Le dirigeant à la tête d'une entreprise
publique est moins incité et parfois sous la
pression de l'Etat, qui base ses choix sur des critères
non économiques. C'est ainsi que
le droit d'un tel fournisseur sur la valeur crée peut
s'amortir suite à la privatisation
d'une entreprise publique.
Mais la privatisation en offrant la possibilité aux
fournisseurs d'entrer dans le capital de l'entreprise réduit le risque
de perte de contrôle sur la valeur crée. En effet
en étant fournisseur actionnaire il va exercer un
contrôle optimal dans la mesure où les décisions de la
firme en rapport avec la relation entreprise fournisseurs font de lui un
détenteur de l'information spécifique. C'est dans ce sens
qu'une privatisation peut accroître la valeur appropriable par le
fournisseur.
CONCLUSION
Ce chapitre nous a permis dans un premier temps de
mieux appréhender certains aspects du débat sur la GE,
surtout dans sa nouvelle approche de GP, particulièrement
intéressante pour l'étude de la performance partenariale. Ensuite
nous nous sommes arrêtés véritablement sur la relation
privatisation GE. Il en ressort que la privatisation en étant
source de modifications organisationnelles considérables,
renforce le rôle de mécanismes de gouvernance et donne la
possibilité aux partenaires autres que les actionnaires d'influencer
le comportement du dirigeant en matière de répartition de
la valeur créée par la firme. Ainsi, parcequ'on a une
influence plus grande sur le processus décisionnel dans l'entreprise,
on s'en tire avec une part plus importante de la valeur crée. La mesure
de l'efficacité ou de la performance qui est un synonyme de la valeur
crée dans le langage actuel (Charreaux et Alexandre 2000)
devrait pouvoir intégrer cette vision partenariale de la firme. A
priori, la privatisation a
un effet positif sur l'efficacité partenariale. Afin
de nous prononcer avec plus d'assurance sur la nature de cette
relation, il nous semble nécessaire de la passer à
l'épreuve des faits.
CONCLUSION PREMIERE PARTIE
Au terme de la première partie de cette étude,
nous savons que la privatisation n'est pas seulement synonyme de transfert de
droit de propriété, ou de déréglementation. Elle
est également modification de l'architecture organisationnelle avec
tout ce que cela entraîne dans le processus
décisionnel, le système de gouvernance et la
répartition de la valeur crée. Nous savons
également que la TGP permet un renouvellement de l'analyse de la
relation P/P, capable d'atténuer dans une certaine mesure
l'ambiguïté des résultats empiriques qui semble
caractériser cette relation. En effet, parce que cette théorie
privilégie une lecture globale de l'entreprise, notamment avec la mesure
de la performance partenariale, elle permet de dépasser le cadre
théorique traditionnellement utilisé dans les
études qui reposent sur la maximisation de la valeur
actionnariale. Ainsi, la privatisation semble à priori
accroître la performance partenariale de la firme en augmentant la valeur
appropriable
par chaque groupe de partenaire. En faisant
l'hypothèse que la performance partenariale, mesurée par la
valeur partenariale, est la somme des valeurs appropriables par chaque
partenaire impliqué dans la coopération, il ne nous reste plus
qu'à vérifier la véracité de cette
relation dans le cas des privatisations camerounaises.
Impact de la privatisation sur la
performance économique et partenariale :
le cas du Cameroun
"Nous devons construire des relations de confiance
pas simplement dans les entreprises mais aussi au sein
de la société. Par relation de confiance, j'entends
la reconnaissance d'un objet commun pour lequel nous travaillons ensemble et
dont nous bénéficions tous. Il s'agit d'une économie
partenariale (stakeholder economy) dans laquelle les opportunités sont
accessibles à tous, l'avancement se fait au mérite et
de laquelle aucun groupe ni classe n'est mis à part ou
exclu"
Tony Blair
Discours prononcé en Janvier 1996 à Singapour
DEUXIEME PARTIE: Impact de la privatisation sur la
performance économique
et partenariale : le cas du Cameroun
L'histoire politique de la majorité des Etats africains
nous apprend que c'est au début des années soixante qu'ils ont
acquis leurs indépendances. En tant que nouveaux Etats
indépendants, ces anciennes colonies ont commencé à faire
face aux problèmes liés à leur nouveau statut. Dans
un monde d'après guerre caractérisé par un fort
consensus fait autour du secteur public comme étant le seul
véritable moteur de croissance économique et de
stabilité sociopolitique, ces nouvelles républiques ne vont pas
inventer de nouvelles politiques macroéconomiques. Mues par le
souci d'opérer des allocations efficientes de ressources dont
elles disposent, et faisant face à un secteur privée
quasi-inexistant (compte tenu du volume d'investissements dépassant la
capacité de mobilisation du secteur privé), les dirigeants de ces
nouveaux pays vont amener l'Etat à produire lui-même les biens et
services nécessaires à la satisfaction des besoins individuels
et collectifs des citoyens. On assiste ainsi à la
création de nombreuses entreprises publiques capables d'assumer ce
rôle. Au Cameroun par exemple, ce mouvement est marqué en
1963 par la création de la SNI, véritable
société holding dont le rôle est de favoriser le
développement et l'industrialisation du pays, en créant des
entreprises qui une fois rentables seront
rétrocédées au secteur
privé national.
Un peu moins de trente ans après, la situation de ces
sociétés du portefeuille de l'Etat n'est guerre luisante.
Prenant en compte le contexte économique pas du tout favorable
de la décennie 80, le Gouvernement lance un vaste
programme de rétrocession de ces entreprises. Le décret n°
90/004 du 22 juin 1990 fixe les règles du
jeu des privatisations au Cameroun, pendant que celui n°
90/1423 du 13 octobre 1990 donne la première liste des entreprises
concernées par l'opération. C'est donc en toute logique que le
premier appel d'offre est lancé le 13 octobre 1990 et la
première convention signée le 15 février 1991.
Treize années ont passé depuis cette date
et le processus de privatisation est toujours en cours. Rien de plus
normal pour nous de pouvoir s'arrêter un instant, le temps de nous poser
la question de savoir si du point de vue de l'efficacité
économique
et partenariale, les fruits ont tenu la promesse des fleurs.
Quel bilan pouvons nous faire
des privatisations menées au Cameroun ? Quel est
son impact sur les différents
partenaires de l'entreprise ?
Il nous semble nécessaire de revisiter au
préalable le processus de privatisation camerounais, et d'expliquer
clairement la démarche que nous allons utiliser pour mesurer son
efficacité. Nous essayerons d'atteindre cet objectif dans le
premier chapitre de cette partie. Le deuxième chapitre quant à
lui se penchera véritablement sur
l'établissement du bilan de cette opération au
Cameroun.
CHAPITRE 3
PRIVATISATIONS CAMEROUNAISES : DEROULEMENT ET METHODE
D' EVALUATION
Le processus de privatisation en cours au Cameroun
soulève aujourd'hui de vives réactions de la part du grand
public. Pour l'homme de la rue, la privatisation est
un pire cauchemar. Les désagréments
observés depuis la reprise de la SONEL par l'américain
AES, notamment avec le phénomène de "délestage"
n'a fait que conforter cette opinion. A la Commission Technique de
Privatisation et de Liquidation, on est plutôt préoccupé
par les opérations en cours, et on promet de leur assurer un
succès tout aussi retentissant que celui des opérations
antérieures. En effet dans un des bulletins
périodiques15 publiés par cette entité, on
peut se rendre compte du fait que la concession des chemins de fer du
Cameroun et la reforme du secteur des
télécommunications sont présentées comme
étant un succès. Par ailleurs, on observe dans le paysage
économique camerounais, la naissance d'une catégorie
bien particulière d'institutions, il s'agit des Agences de
régulations. Toute cette dynamique
pousse quand même à s'interroger en profondeur
sur le phénomène. Quelles sont les règles du jeu des
privatisations au Cameroun ? Comment arrive-t-on à la décision de
privatiser ? Et dans la mesure où nous sommes appelés
à évaluer l'efficacité du processus en cours, quelle
démarche allons nous employer pour le faire ? Ce chapitre apporte une
réponse à ces questions en présentant dans une
première partie le processus de privatisation camerounais, et
dans une seconde la méthode qui sera utilisée pour
l'évaluer.
Section 1 : Le processus de privatisation camerounais
Pour un succès optimal de tout programme de
privatisation, il est urgent de définir les règles qui
vont le régir. En effet, par la mise sur pied d'un cadre
réglementaire, les initiateurs cherchent à répondre
aux questions suivantes : Quels
15 Il s'agit du n°01/mai 2000 de
"Privatisations News"
objectifs voulons nous atteindre ? Quelles techniques de
privatisation allons nous
retenir ? Quelles entreprises devons nous privatiser, à
qui et à quel prix ? Il s'agit pour nous dans cette section, de montrer
quelles sont les règles du jeu et les procédures de
privatisations définies par l'Etat camerounais.
1.1. Le cadre légal et principes directeurs
des privatisations camerounaises
Les règles du jeu des privatisations au Cameroun
comprennent non seulement l'ensemble des textes de lois qui conditionnent la
procédure de privatisation et donne la liste des entreprises
concernées, mais également les principes directeurs qui
sont observés lors de cette procédure.
1.1.1. Le cadre légal des Privatisations au
Cameroun
On pourrait situer la genèse de la
réglementation de la privatisation au
Cameroun à la date du 03 juin 1986, avec la signature par
le chef de l'Etat du décret n°
86/656 portant création d'une Mission de
Réhabilitation des Entreprises du Secteur Public et Parapublic
(MRESPPP). La quintessence de cet acte réglementaire nous permet
de lire déjà dans les intentions du gouvernement, la
volonté de solutionner le problème de la mauvaise santé
des entreprises de son portefeuille, avec notamment la mise en place des
structures telles que la Commission Technique et le Comité
interministériel, tous deux organes de la mission de
Réhabilitation. Cette intention va mieux s'afficher dans le
décret n° 89/010 du 04 janvier 1989 portant élargissement
des attributions de la MRESPPP. En effet dans son article premier, nous pouvons
lire que
la Mission " veille à la mise en oeuvre du programme de
privatisation et de liquidation des entreprises publiques et parapubliques
arrêté par le gouvernement".
Jusqu'ici, bien que la mise sur pied d'un programme de
privatisation soit déjà évoquée, la question du
comment est encore sans réponse. Il faudra attendre le 22 juin
1990, avec la signature de l'ordonnance n° 90/004
relative à la privatisation des entreprises publiques et
parapubliques pour y voir plus claire. Ce texte, véritable code
en matière de privatisation dans notre pays mentionne
d'abord ce que l'Etat attend des privatisations. Ensuite, il liste les
personnes concernés par l'opération, définit les
différents objectifs assignés à celle-ci, choisit les
techniques qui seront utilisées, et fixe
les modalités juridiques financières et fiscale qui
devront guider l'opération. Le décret
d'application de cette importante ordonnance est
référencé au n° 90/1257 du 30 août
1990. La première liste des entreprises sujettes
à cette opération est contenue dans le décret 90/1423 du
03 octobre 1990. Ainsi se sont 15 entreprises appartenant à
différents secteurs d'activité qui sont pointées du
doigt. Les décrets n° 94/ du 14 juillet 1994 et n°
99/210 du 22 septembre 1999 viennent compléter cette liste en
y ajoutant respectivement 15 et 7 autres entreprises. Au total se
sont 37 entreprises (auxquelles il faudrait ajouter trois
établissements financiers) qui ont déjà faits l'objet
d'une volonté manifeste de rétrocession de la part du
Gouvernement.
1.1.2. Les principes directeurs des privatisations
au Cameroun
Dans le but de créer et de renforcer les conditions de
transparence et de saine concurrence dans le processus de privatisation, les
principes suivants sont respectés :
- L'évaluation préalable et objective de
l'entreprise ;
- L'appel à la concurrence ;
- la publicité
L'évaluation préalable est systématique
avant chaque opération de privatisation de manière à ce
que l'Etat sache ce qu'il vend et que les candidats investisseurs aient une
information fiable et complète sur chaque entreprise. L'appel
à la concurrence se traduit par des appels d'offres lancés au
plan international afin de susciter le plus grand intérêt de la
part des investisseurs. La publicité quant à elle est
destinée à informer aussi bien l'opinion nationale que les
investisseurs camerounais et étrangers. Elle se fait à toutes
les phases du processus, depuis l'admission de l'entreprise à la
procédure
de privatisation, jusqu'à la sélection provisoire
et définitive du repreneur.
A ces principes résultant de la loi, il faudrait
ajouter une pratique complémentaire consistant à assurer un
traitement égal à tous les candidats, notamment en ce
qui concerne l'accès à l'information et l'assujettissement aux
conditions prescrites par les cahiers de charges. Ces principes de
transparences et d'égalité de traitement des candidats ont
été étendus au processus de recrutement des
Cabinets d'Etudes et de Banques d'affaires qui assistent le
gouvernement dans la conduite des opérations de
privatisation.
1.2. Le Processus de prise de
décision
Le décret n° 90/004 du 22 juin 1990 dans son
article 3 prévoit comme mode désengagement de l'Etat non
seulement les opérations de privatisation (peuvent s'effectuer de
plusieurs manières), mais également celles de
liquidation et de dissolution. Pour pouvoir décider du mode de
désengagement à utiliser, il existe
tout un processus qui comprend plusieurs étapes.
1.2.1. La liquidation
De manière très simple liquider une entreprise
c'est vendre tout son actif afin de couvrir dans un certain pourcentage et
selon un ordre légal de préférence son passif.
En effet c'est une opération qui intervient quand
l'entreprise souffre d'un sérieux déséquilibre
financier, et ne peut plus faire face à ces engagements à court
terme. Pour
ce qui est du processus camerounais de
rétrocession, les étapes préalables qui
déclenchent le processus de prise de décision sont celles de
l'analyse en profondeur et
de l'évaluation de l'entreprise. Cette
évaluation est effectuée dans le but d'informer l'Etat et les
candidats investisseurs sur la valeur de ce qui va être vendu. Au bout de
cette étape, on peut savoir si l'entreprise est viable et si elle a
réellement des chances
de subsister. Dans le cas contraire, on décide de liquider
l'entreprise.
1.2.2. La restructuration
Après une analyse en profondeur et une
évaluation de l'entreprise, si on se rend compte que celle-ci n'est que
convalescente, autrement dit qu'avec quelques efforts de gestion elle peut
encore subsister, alors on l'engage dans un processus de restructuration. La
restructuration est une opération par laquelle l'Etat s'engage
à rendre l'entreprise mieux vendable soit en durcissant sa gestion,
soit en engageant des opérations assainissement, capables de la ramener
sur le chemin de la prospérité. Si l'opération de
restructuration (qui peut être plus ou moins longue)
s'avère être une réussite à terme, l'Etat aura
ainsi contribué à rendre l'appel d'offre plus attrayant. Et la
concurrence entre les potentiels repreneurs parce que plus
incités est de nature à
augmenter le prix de cession de l'entreprise. Il peut
également arriver qu'au bout d'une
opération de restructuration, l'Etat n'ait pas
réussi à améliorer la santé financière de
l'entreprise. Dans ce cas, la solution précédente,
celle de la liquidation est la seule à pouvoir être
envisagée.
1.2.3. De la stratégie de Privatisation
à la signature du contrat
Maintenant que l'on est fixé sur le sort de
l'entreprise, il faudrait établir une stratégie de
privatisation qui soit adaptée à ses spécificités.
Il faudrait également lancer l'appel d'offre et aboutir à la
signature de la convention de vente.
1.2.3.1. La préparation de la stratégie
de Privatisation
Les études faites au préalable auront permis
d'avoir les informations nécessaires
à la définition des conditions et des
modalités par lesquelles la privatisation devra être faite pour
atteindre les objectifs qui lui sont assignés. Ainsi comptes tenus des
forces et des faiblesses de l'entreprise, de ses contraintes et atouts
spécifiques, des conventions
qui la lient avec les tiers, ou avec certains associés,
l'Etat va adopter une stratégie. Il s'agira par exemple de
négocier un plan social lorsque celui-ci est prévu,
d'harmoniser
les points de vue des différents stakeholders avec
lesquels l'entreprise est liée, avant de passer à la phase
cruciale de lancement d'appel d'offre. Par ailleurs la stratégie
de privatisation en intégrant dans ses coefficients directeur les
informations fournies par
les études antérieures déterminent
une valeur de référence à l'entreprise qui est
destinée à servir de repère dans l'appréciation des
résultats de l'appel d'offre, ou dans la négociation. Car le
prix réel de l'entreprise est celui issu de la confrontation
entre l'offre et la demande.
1.2.3.2. L'Appel d'offre
L'opération d'appel d'offre est une étape
fondamentale dans le processus de privatisation d'une entreprise. Dans
son quatrième article, le décret n°90/004 du 22 juin
1990 stipule "qu'afin d'assurer la transparence des opérations de
privatisation, et dans un souci d'obtenir un juste prix pour l'Etat,
elles devront être effectuées
conformément aux principes directeurs" parmi lesquels
l'appel à la concurrence. Les
différentes informations concernant l'entreprise, le
secteur d'activité dans lequel exerce
l'entreprise, sont contenus dans le dossier d'appel d'offre.
Une fois l'appel d'offre lancé, la gestion
du processus de sélection de l'adjudicataire est
organisée par rapport à chaque dossiers. Les offres
reçus sont évaluées aussi bien sur les aspects techniques
que financiers, pour la désignation de l'adjudicataire provisoire avec
qui il convient de négocier.
1.2.3.3. Signature de la convention de
cession
Les résultats des négociations avec
l'adjudicataire provisoire sont sanctionnés
par une convention qui définit les conditions et
modalités de la cession. Ces conditions sont souvent contenues dans
un cahier de charges. La convention étant signée, le
transfert de propriété entre l'Etat et l'acheteur est
effectué.
En somme, les principales étapes du processus de
privatisation sont résumées
dans le schéma suivant :
FIGURE 3.1 :
PRINCIPALES ETAPES DU PROCESSUS DE PRISE DE DECISION
Analyse en profondeur et évaluation de
l'entreprise
L'entreprise est-elle
viable et a-t-elle réellement des chances de
subsister ?
NON
LIQUIDATION
OUI
L'entreprise peut-elle
être privatisée en l'état
?
OUI
NON
RESTRUCTURATION
La restructuration
NON
Préparation de la
stratégie de Privatisation
OUI
est-elle réussie ?
Est-il prévu un plan
social ?
NON
OUI Négociation du plan
social
Lancement de l'appel
d'offres
Evaluation des Offres
techniques et financières
DESIGNATION DE L'ADJUDICATAIRE
Négociation
Signature de la Convention de Cession
source : "Privatisation News", n°01/mai 2000
1.3. Les Techniques de
privatisations
Ces techniques de privatisation tiennent compte des
caractéristiques propres
à l'entreprise, du secteur où celle-ci
opère et de la structure de son marché. Elles peuvent
prendre l'une des formes suivantes selon qu'il existe un marché
financier ou non : la vente d'éléments d'actifs, la vente
d'actions, l'ouverture de capital, le contrat
de gestion et la concession.
1.3.1. La vente d'éléments
d'actifs
Cette technique est généralement
utilisée pour les entreprises à structure financière
déséquilibrée et dont le redressement nécessite des
moyens importants. Elle porte sur la cession d'unités autonomes
d'exploitation. Cette technique, de moins en moins utilisées,
cède progressivement la place à la technique de vente de
blocs
d'actions.
1.3.2. Vente de blocs d'actions
Les ventes de blocs d'actions se font en recourant
à la concurrence, soit par appel d'offres sur la base d'un
cahier des charges, soit à la criée par le biais de la
bourse des valeurs mobilières. Elle peut aussi prendre la forme d'une
vente d'un bloc
de contrôle combinée avec une offre
publique de vente (O.P.V). Cette pratique est utilisée pour
les entreprises financières saines et disposant d'un
potentiel de croissance. Dans ce cas, la vente d'un bloc de contrôle
est combinée avec la réalisation d'une O.P.V. Cette technique
est de nature à assurer une large diffusion de l'actionnariat et
l'introduction en bourse de nouveaux titres.
1.3.3. L'ouverture du capital
Cette technique consiste à procéder à
l'ouverture du capital de certaines grandes entreprises publiques avec pour
objectif de leur permettre de s'assurer de l'appui d'un partenaire à
haut potentiel, soit technique, soit financier, de dynamiser le
marché
financier et de promouvoir l'actionnariat populaire.
1.3.4. La concession
Elle consiste en un transfert de la gestion et de
l'exploitation d'une activité traditionnellement assurée par
une entité publique, à une personne ou une entité
privée, et ce pour une période déterminée (+
de10 ans) au cours de laquelle le concessionnaire réalise et
finance les investissements. Elle offre un grand avantage aux pouvoirs publics
dans la mesure où ils n'assurent aucun engagement financier. Mais elle
ne va pas sans inconvénients. La possibilité qu'elle offre
à l'investisseur de partitionner les activités de
l'entreprise peut déboucher à une situation peu
confortable dans laquelle les activités non rentables resteraient la
propriété de l'Etat.
1.3.5. Le contrat de gestion et
l'affermage
Dans ce cas, l'Etat demeure propriétaire des actifs et
ne cède que la gestion de l'entreprise au secteur privé
approprié, la durée du contrat n'excédant pas cinq
ans. Ainsi, l'Etat continue à assurer les risques commerciaux de
l'activité et les charges de maintenance de renouvellement et
d'extension des investissements.
Dans le cas où la gestion de l'entreprise et l'entretien
des équipements sont sous
la responsabilité de l'investisseur privé, on
parle plutôt de contrat d'affermage. Celui-
ci à une durée de cinq à dix ans et le
concessionnaire supporte tous les risques liés à son
activité. Le diagramme ci-dessous montre combien le niveau de
délégation ou le risque transféré est
positivement corrélé au volume d'investissements
financiers
réalisés par l'opérateur privé et la
durée du contrat.
Investissements, Répartition des
risques
Privé
Public
0
Affermage
Location gérance
Régie intéressée
Contrat de gestion
Sous-traitance
source : Bulletin d'information du CREDDA n°13
Concessions
Privatisation
Durée illimitée
Figure 3.2
Techniques contractuelles de privatisation
Section 2 : Démarche d'investigation dans le
secteur des entreprises privatisées au
Cameroun
Il existe de nombreuses démarches pour rendre
compte de l'efficacité des privatisations. Celle que nous utilisons
ici est empruntée à Megginson et al (1994) et
réadaptée en fonction non seulement du contexte
camerounais, mais également de l'aspect partenarial sur lequel
l'étude s'étend. Avant de présenter
concrètement cette démarche, nous rappelons d'abord la
problématique, les hypothèses de cette recherche, ainsi
que le modèle élaborée et ses ingrédients.
2.1. Rappel de la Problématique et des
hypothèses de recherche
Il s'agit pour nous à ce niveau de rafraîchir la
mémoire du lecteur, afin de lui permettre de mieux appréhender
les développements qui vont suivre. La présentation
schématique du modèle à la fin de ce paragraphe
obéit également à cette logique.
2.1.1. La problématique de la relation P/P au
Cameroun
La revue de la littérature sur la relation privatisation
performance montre que celle-ci est encore controversée. En effet
il existe de nombreuses ambiguïtés non seulement entre la
théorie et la recherche empirique, mais également entre les
résultats des diverses recherchent qui sont loin de
s'accordés. Cette situation nous pousse à rechercher dans
le contenu donné à la notion de privatisation, mais
surtout à la performance qui ne devrait pas se limiter à sa
seule connotation économique. Fort de
ce constat, et plus d'une dizaine d'années
après le lancement du programme de privatisation camerounais, il
nous a semblé nécessaire de s'interroger sur ses
résultats. Ainsi cette étude se pose la question de savoir
quel est l'impact de la privatisation sur
la performance économique des entreprises, sur les
bailleurs de fonds, sur l'état, et sur
le personnel ? En d'autres termes, à qui profite la
privatisation ?
2.1.2. Base des hypothèses et
Hypothèses recherche
Pour pouvoir résoudre ce problème,
nous nous appuyons sur la théorie néoclassique, et en
particulier dans ses développements néo institutionnels,
qui affirment la supériorité du système de
propriété privé. Ainsi notre première
hypothèse s'intitule comme suit :
H1: "la privatisation accroît
la performance économique des entreprises
privatisées".
La TGP est le fondement de notre deuxième
hypothèse. En effet cette théorie
considère tout partenaire étant en possession
d'information spécifique, comme devant être à l'origine
d'une décision. Et comme l'entreprise est désormais
considérée comme
un noeud de contrat au centre duquel se trouve le dirigeant, ce
dernier subit l'influence
de chacun dans la prise de ses décisions
notamment en matière de répartition de la valeur
crée. Compte tenu du fait que la privatisation accroît cette
latitude de chaque partenaire à discipliner le dirigeant, elle permet
par conséquent une amélioration de la part de chacun dans le
partage de la valeur globale crée par l'entreprise. D'où
l'hypothèse suivante :
H2 : "la privatisation accroît la valeur
appropriable par chaque groupe de partenaire pris
individuellement".
Pour faciliter l'opérationnalisation de cette
dernière hypothèse, nous l'éclatons
en trois sous hypothèses :
H2a : " la privatisation accroît la valeur appropriable
par les salariés".
H2b : " la privatisation accroît la valeur appropriable
par les Bailleurs de fonds".
H2c : " la privatisation accroît la valeur appropriable
par l' Etat".
Le schéma suivant résume donc l'ensemble de nos
propositions:
Performance économique
(H1)
PRIVATISATION
(*)
(H2a)
(H2b) (H2c)
(H2d)
Valeur appropriable
par les salariés
Valeur appropriable par
les Bailleurs de fonds
Valeur
appropriable par l'Etat
Valeur
appropriable par les clients
Relation d'accroissement
(*) Cette relation ne sera pas vérifié
dans notre étude
2.1.3. Présentation schématique du
modèle d'EPP
Au regard de ce qui précède, nous pouvons
schématiser le modèle de la manière suivante:
PRIVATISATION
Accroissement de la discipline exercée par chaque groupe
de partenaires sur
le dirigeant, d'où accroissement de la valeur appropriable
par chacun d'eux.
*
Déréglem entation
Transfert de la Propriété
Modification de l'Architecture
organisationnelle
Accroissement de la discipline du Conseil d'Administration
Processus décisionnel
plus décentralisé.
(H1)
(H2)
Performance
économique
(H2a) (H2b)
(H2c)
Valeur
appropriable par les salariés
Valeur appropriable par l'Etat
Valeur appropriable
par les Bailleurs de fonds
Performance Partenariale
Relation d'accroissement
Relation d'égalité
*Aspect de la modification de l'architecture
organisationnelle vérifié dans cette étude
FIGURE 3.3 :
Modèle d'efficacité Partenariale des
privatisations
2.2. Les Ingrédients du Modèle
d'EPP
Par ingrédient du modèle, nous entendons
les différentes variables prises en compte ainsi que les indicateurs
choisis pour pouvoir les approximer. Nous présentons également un
tableau des différentes évolutions attendues
2.2.1. Les Indicateurs de mesure des Variables du
modèle d'EPP
A l'instar des études antérieures sur la
privatisation (Megginson et al 1994, Villalonga 2000, Carreaux et
Alexandre 2001), nous optons pour l'utilisation des indicateurs
comptables. Malgré les nombreuses critiques notamment celles
liées aux possibilités d'habillage ou de manipulation des
résultats, ils semblent être les seuls à pouvoir
approximer la performance actionnariale et partenariale surtout dans un
environnement économique marqué par l'absence d'un marché
financier.
Pour mesurer la performance économique, nous allons
utiliser deux ratios:
i) le taux de rentabilité des Capitaux
propres
Return On Equity (ROE)= Résultat
Net/Capitaux Propres
Ce ratio reste le seul indicateur qui soit
fondé en tant qu'approximation comptable de la valeur
actionnariale, véritable mesure de la rentabilité de
l'entreprise. Il consacre effectivement l'idée selon laquelle
l'actionnaire est le seul créancier résiduel et affirme en
toute rigueur que le résultat net n'est secrété que par
les capitaux propres. L'inconvénient de ce ratio
est qu'il est très sensible aux manipulations comptables.
Voilà pourquoi nous l'accompagnons d'un autre ratio.
ii ) Le ratio de rentabilité
économique
(RE)= Excédent Brut
d'Exploitation (EBE)/Capitaux
Permanents
L' EBE incorporant les frais financiers, le ratio
permet de mesurer la rentabilité obtenue de l'ensemble des
capitaux investis par les investisseurs actionnaires et créanciers
financiers.
Pour ce qui est de la valeur appropriable par les
différents partenaires, de nombreuses difficultés demeurent
quant à l'utilisation d'un indicateur agrée par la
communauté scientifique. Ceci vient du fait que pour certains
partenaires les flux
monétaires avec l'entreprise sont unidimensionnels
(Figge et Schaltegger, 2000).
L'autre difficulté est liée à la
nature même de la valeur. En effet celle-ci n'est pas toujours
quantifiable et nécessite l'utilisation des stratégies
d'investigation qualitative pour être tout au moins approximée.
Pour le client par exemple, la valeur appropriable peut dépendre du
prix, mais également de la qualité du service
commerciale. En faisant l'hypothèse d'un attachement commun de tous les
clients aux mêmes valeurs, il reste que la mesure des indicateurs
de cette valeur serait difficilement quantifiable. Ceci justifie le fait
que la valeur appropriable par les clients ne soit pas analysée dans
cette étude. Cette dernière reste donc à explorer.
Pour ce qui est des autres partenaires, l'analyse du partage
de la valeur ajoutée nous semble être assez significative
pour approximer la valeur reçue par chaque partenaire. Patrice
Vizzavona trouve en elle l'indicateur permettant de mesurer au mieux
l'efficacité de l'entreprise et la combinaison des facteurs qui sont mis
en oeuvre pour son fonctionnement et sa survie. La principale critique faite
à la valeur ajoutée comme mesure de la valeur crée
est qu'elle ne tient compte que des prix et coûts explicites.
Pourtant, l'une des raisons de l'écart entre coûts prix
explicites et ceux d'opportunité est l'asymétrie d'information
qui existe entre deux cocontractants. Voilà pourquoi la
réduction de cette asymétrie informationnelle a pour effet
d'améliorer l'approximation de la valeur partenariale par la valeur
ajoutée.
Cela dit la valeur ajoutée étant retenue comme
indicateur de valeur créée pour
les trois groupes de partenaires concernés par notre
étude, les ratios suivantes mesurent
la valeur appropriable par chacun d'eux:
Valeur appropriable par les salariés
VS = Frais de
personnel(FP)
Valeur ajoutée(VA)
Valeur appropriable par les bailleurs de fonds
VBF = Intérêts
Versés(IV)
Valeur ajoutée
Valeur appropriable par l'état
Impôts et Taxe(IT)
VE =
Valeur ajoutée
2.2.2. Les Evolutions Attendues
En rapprochant chaque indicateur de la variable qu'il est
sensé mesurer, nous pouvons élaborer le Tableau suivant,
véritable tableau de bord qui nous permettra de
confirmer ou d'infirmer nos hypothèses:
Tableau 3.1 Evolutions attendues
|
|
HYPOTHESES
|
VARIABLES
|
INDICATEURS
|
EVOLUTION
ATTENDUE*
|
H1
|
Performance
Economique et
Financière
|
ROE= RN
CP
RE= EBE
CPerm.
|
ROEA >ROEB
REA >REB
|
H2
|
H2a
|
Valeur
appropriable par le personnel
|
VS=
FP
VA
|
VSA >VSB
|
H2b
|
Valeur
appropriable par les bailleurs de fonds
|
VBF = IV
VA
|
VBFA > VBFB
|
H2c
|
Valeur
appropriable par l'Etat
|
VE= IT
VA
|
VEA > VEB
|
Source : l'auteur
*L'indice A signifie « After privatisation »,
après privatisation
*L'indice B signifie « Before
Privatisation », avant la privatisation
2.3. La Méthode d'évaluation de
l'Efficacité : une approche longitudinale
La littérature sur la privatisation permet de
dénombrer quatre principales démarches utilisées pour
évaluer l'efficacité des privatisations : la mesure de
l'efficacité, la dimension
transvesalité/longitudinalité, les effets temporels de la
privatisation, et la modélisation du lien privatisation performance
(Charreaux et Alexandre, 2001). Si pour la dernière
démarche le difficile accès aux données quand bien
même elles existent et l'absence d'un marché
financier16 justifie son abandon, celle qui la
précède directement nous semble moins adaptée à
notre étude. En effet cette démarche dite
d'effets temporels correspond aux études dont
16 Dans cette démarche, les variables
comme l'appartenance à un indice boursier mesurent
l'intensité de la discipline exercées par le marché
financier. Elles sont explicatives des performances dans la mesure
où cette
appartenance entraîne une attention renforcée des
investisseurs et des autorités boursières.
l'objectif est de montrer l'influence du temps dans la
réussite d'une privatisation. La méthode
dite d'approche longitudinale est en quelque sorte une
synthèse des deux premières. Avant de décrire
l'échantillon et les tests qui seront effectués, nous
allons d'abord présenter cette méthode.
2.3.1. Présentation de la méthode dite
d'approche longitudinale
C'est une approche proposée par Megginson et al
(1994). Elle consiste à comparer les valeurs prises par certains
indicateurs des variables concernées par l'étude, avant et
après la privatisation. En effet on constitue deux
sous-échantillons, un pour les données des trois années
avant la privatisation et un autre pour celles des trois années les
plus récentes (dans la base de donnée) après la
privatisation. Ensuite on détermine pour chaque entreprise et
pour chaque indicateur une série des moyennes dans chacun des sous
échantillons. Ces deux séries de moyennes nous permettent de
caractériser l'évolution en médiane et en moyenne de
chaque indicateur avant et après
la privatisation. Ainsi, pour chacun des indicateurs, nous aurons
une moyenne et une médiane avant et après la privatisation.
2.3.2. Présentation de la population
d'entreprises privatisées au
Cameroun, et méthode
d'échantillonnage
La population d'entreprises privatisées à ce jour
dans notre pays est constituée
de 18 entreprises (Tableaux 3.3). Ces entreprises se recensent
dans tous les secteurs d'activité. Pour pouvoir retenir un
échantillon d'entreprises concernées finalement par
l'étude, nous faisons un sondage exhaustif selon les critères
suivants :
· La date de privatisation
Notre étude portant sur une durée de sept ans,
(trois ans avant la privatisation, et trois ans après), les
entreprises dont la date de privatisation se situe après le 01
janvier
2001 sont écarté de l'échantillon final.
Ceci non seulement parce que les trois années, après celle de la
privatisation ne sont pas encore échues, mais également à
cause des réaménagements survenu au cours de l'année 2002
au Cameroun, avec l'arrimage de l'année budgétaire à
l'année civile, conformément aux prescriptions de l'acte OHADA
actuellement en vigueur dans notre pays ;
· La disponibilité des informations
Nos besoins en informations sont résumés dans le
Tableau 3.1. ci dessous :
Tableau 3.2. : Données sur les entreprises
privatisées
RAISON SOCIALE
...................................................................
|
Eléments
|
Avant la
privatisation
|
N
Année de privatisation
|
Après la privatisation
|
N-3
|
N-2
|
N-1
|
N+1
|
N+2
|
N+3
|
...............
|
2001/2002
|
Résultat Net
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Capitaux
propres
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Excédent
brut d'exploitation
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Capitaux
permanents
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Frais de
personnel
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Intérêts
versés
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Impôts et
taxes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Valeur
Ajoutée
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : l'auteur
Ainsi, grâce à la collaboration de la Direction
de la Statistique, et de la CTPL (Commission Technique de Privatisation et de
Liquidation) nous avons pu collecter les données qui seront
analysées dans la suite. Et c'est par rapport à la
disponibilité de ces informations que finalement notre étude ne
portera que sur 12 entreprises mentionnées
dans le tableau suivant :
Tableau 3.3 Entreprises privatisées au
Cameroun
Entreprises
|
Secteur
d'activité
|
Date de
lacement de
l'appel d'offre
|
De
signatur e du
contrat de vente
|
Acquéreurs
|
% du
secteur privé étrange r
|
Montan
t de la vente
en millions de CFA
|
O.C.B
|
Production et
commercialisatio n de la banane
|
Le 13
octobre
1990
|
Le 15
Février
1991
|
Compagnie
Fruitière de
Marseille
|
70
France
|
2,281
|
SOCAMAC *
|
Manutention et
Acconage
|
Le 16
Avril
1991
|
Le 03
Octobre
1993
|
CCEI
Devenu
GEODIS
|
51
France
|
849,243
|
CHOCOCAM*
|
Transformation
Du cacao
|
Le 16
Avril
1991
|
Le 12
Décembr e
1995
|
Groupe
Barry sa
|
70
France
|
258,112
|
SEPBC*
|
Exploitation du
parc à bois
|
Le 16
Avril
1991
|
Le 12
Avril
1991
|
Investisseurs
étrangers
|
70
France
|
1,813
|
ONDAPB
|
Aviculture
Et petit bétail
|
Le 16
Janvier
1992
|
Le 23
Février
1995
|
Groupe
Fadil(Yaound é)
Daniel YOK Muyoka
|
34
France
|
-
|
SCDM*
|
Industrie
métallurgique
|
Le 16
Avril
1991
|
Le 30
Juin
1994
|
HOBUM
AFRIKA
|
86,6
Alleman d
|
300
|
SOFIBEL
|
Industrie
Du bois
|
Le 26
décembre
1991
|
Le 13
décembre
1995
|
Groupe
Fadil
|
Moins
de
50
|
1,425
|
CEPER
|
Impression et
édition
|
Le 10
Mars
1992
|
Le 24
Septembr e
1998
|
MUPEC
|
0
|
500
|
COCAM*
|
Transformation
Du bois
|
De
décembre
1991 à Septembr e
1992
|
Le 29
Décembr e
1992
|
Société
Khoury
|
87,6
Inde et
Pakistan
|
500
|
CAMSUCO
|
Culture et
transformation
de la canne à
|
1991,
1993,
1995,
|
Le 22
Décembr e
|
SOSUCAM
|
98,12%
|
11,000
|
|
sucre
|
1998
|
1998
|
|
|
|
SPFS*
SRL*
|
Raffinerie
Huile de palme
|
Le 01
Mai et
Janvier
1993
|
Le 23
Février
1995
|
Groupe Fadil
Et autres Partenaires étrangers
|
63,49
Suisse
|
-
|
CAMSHIP*
|
Transport
Maritime
|
Le 14
Juillet
1994
|
Le 13
Février
1997
|
Groupe
privés
|
48,41%
|
3,000
|
HEVECAM*
|
Culture et
Commercialisati on
De l'hévéa
|
Le 14
Juillet
1994
|
Le 09
Décembr e
1996
|
GMG
|
90
USA
|
23,000
|
SOCAPALM*
|
Culture et
Transformation De l'huile de palme
|
Le 14
Juillet
1994
|
Le 12
Février
1999
|
COGEFAR
CAMPALM
|
90
France
|
25,000
|
REGIFERCA
M*
|
Transport
ferroviaire
|
Le 14
Juillet
1994
|
Le 01
Mars
1999
|
SAGA
COMA ZAR
|
77
France et Afrique du sud
|
|
CAMTEL*
MOBILE
|
Téléphone
mobile
|
Le 08
Septembr e
1998
|
Le 15
Février
2000
|
MTN
|
100
Afrique du Sud
|
40,635
|
SONEL*
|
Electricité
|
Octobre
1999
|
Le 18
juillet
|
AES
|
51
USA
|
23,000
|
BICIC
|
Secteur bancaire
|
|
|
- Banques
populaires
|
71
France
|
-
|
Source : Monkam et Nzomo
(2002), Tamba (1996), Tsafack Nanfosso et Touna Mama
(2000).
* Entreprises concernées par les
tests
2.3.3. Description du test de différence de
médiane
Pour pouvoir confirmer ou infirmer nos hypothèses, nous
faisons recours au test
de différence de médiane, le test de Wilcoxon. Ce
test non paramétrique nous permet
de cerner l'impact de la privatisation sur les indicateurs
d'efficacité utilisés. De manière plus explicite, quatre
étapes permettent de parcourir le test dans le cas où
N, le nombre de paire d'observations non nulles est inférieur ou
égal à 30:
- Etape 1 : on détermine
les différences DI et on les classe dans l'ordre croissant de
leur valeur absolue en écartant les différences nulles.
Si nous revenons à notre étude, DI = MoyAI -
MoyBI
Avec : MoyAI, la moyenne du sous
échantillon après la privatisation pour l'entreprise i
: MoyBI, la moyenne du sous échantillon
avant la privatisation pour l'entreprise i
- Etape 2 : on fait la somme des rangs
des différences positives qu'on note T+,
et celle des différences négatives en valeur
absolue notée T-.
- Etape 3 : pour la suite du test, nous
prenons la valeur minimale entre T+ et
T-. Cette valeur notée T sera utilisée pour
prendre notre décision.
- Etape 4 : on décide. On lit
dans la table de Wilcoxon, la valeur critique de
T correspondant à N et à un seul de
significativité.
Si T est inférieur ou égal à la
valeur critique lue sur la table, on rejette l'hypothèse
nulle.
En prenant l'exemple de notre première hypothèse :
"la privatisation accroît la performance économique des
entreprises privatisées", nous aurons :
HO : pas de différence entre les situations avant ou
après la privatisation. (dans ce cas notre hypothèse n'est pas
vérifiée).
H1 : il y a une différence entre les deux situations.
Et particulièrement dans notre étude, cette différence
doit être positive pour signifier un accroissement. Il faudrait ainsi que
T+ soit supérieur à T-.
Ainsi après lecture dans la table de la valeur
critique de T, nous pouvons nous prononcer de la manière suivante
:
T valeur critique lue sur la
table
|
On rejette HO
|
T > valeur critique lue sur la table
|
On accepte HI
|
CONCLUSION
Ce chapitre nous a permis de savoir quels sont les textes de
droit et les principes qui régissent la privatisation dans notre
pays. Une entreprise publique en situation financière critique
peut soit être liquidée, soit être privatisée.
Nous avons vu que la liquidation pouvait intervenir immédiatement
ou à l'issue d'une restructuration non
concluante. Il a également été question
dans ce chapitre de démarche, de méthodologie
appropriée pour l'étude que nous menons.
Compte tenu de la réalité camerounaise,
caractérisée par l'absence d'un marché
financier, la priorité a été accordée aux
indicateurs comptables, qui sont utilisés dans une approche
longitudinale dite de comparaison avant/après privatisation.
Ainsi nous savons qu'une valeur partenariale globale n'est pas
calculée, mais qu'une approximation lui sera faite par la
valeur appropriable par chaque partenaire. Les douze entreprises qui
sont en fin de compte concernées par l'étude sont
également connues, ainsi que les tests qui seront effectués.
Tous ces ingrédients étant rassemblés, il ne nous reste
plus qu'à les mettre ensemble et
à les exploiter pour aboutir à des
résultats, véritable point culminant de cette partie
Page 67
CHAPITRE 4
UN APERÇU DES PERFORMANCES ECONOMIQUES ET
PARTENARIALES DES ENTREPRISES PRIVATISEES AU CAMEROUN
Le programme privatisation camerounais est lancé en 1990
avec l'appel d'offre
de l' O.C.B. Depuis cette date, pratiquement une double dizaine
d'anciennes entreprises publiques exerçant dans des secteurs
d'activité aussi différents les uns des autres ont
été vendues et actuellement dix de ces entreprises
sont en cours de privatisation17. Le
cadre d'analyse utilisé pour justifier
l'efficacité des privatisations est principalement issu des
théories néo- institutionnelles (théorie du droit de
propriété, théorie de l'agence...). Ces
dernières affirment la supériorité du système de
propriété privée sur celui de propriété
publique. Si ces arguments ont déjà été
abordés antérieurement, il reste que dans le contexte
camerounais nous ne les avons pas encore passés à
l'épreuve des faits. Pour avoir montrer la nécessité
d'étendre l'analyse de l'efficacité à
sa large conception de performance partenariale, la
véritable interrogation à laquelle il faudrait apporter une
réponse est celle de savoir quels sont les effets de la privatisation
non seulement sur l'entreprise et les actionnaires mais
également sur le personnel, l'Etat et les autres Bailleurs de fonds ?
Nous présentons dans une première section les résultats
du modèle d'EPP. La deuxième section quant à elle
se penchera sur l'interprétation et les implications qu'ils
imposent.
Section 1 : Les Résultats du Modèle
d'EPP
Les résultats du modèle sont
présentés dans le Tableau 4.6. Pour chaque indicateur, sont
calculés les moyennes et les médianes obtenues à partir de
deux séries
de moyennes (Avant et après la privatisation). En
effet en calculant des indicateurs agrégés, nous avons une
série de valeurs avant la privatisation et une série
après la
privatisation. Compte tenu de la difficulté à
obtenir toutes les données et en nous
17 Le PAD (Port Autonome de Douala), la CDC (Cameroon
Development Cooporation), la CAMTEL (Cameroon
Télécommunications), la SODECOTON, la SNEC (Société
Nationale des Eaux de Cameroun), la CAMAIR (Cameroon Airlines), la SCDP
(Société Camerounaise des Dépôts
Pétroliers).
appuyant sur les conclusions l'étude de Villalonga
(2000) qui a démontré que la
visibilité de l'effet de la privatisation est fonction
du temps, nous avons utilisé comme valeurs après la
privatisation, les trois (3) valeurs les plus récentes dans notre base.
Si nous prenons l'exemple d'HEVECAM, la date de privatisation effective est
celle du 09 décembre 1996, soit l'exercice 1996/1997; notre
base de données ayant les informations depuis cette date
jusqu'à l'exercice 2001/2002, nous retenons les trois (3)
dernières années après la privatisation soit 2001/2002,
2000/2001 et 1999/2000 ; nous
les comparons donc aux données des trois années qui
précèdent la privatisation.
Compte tenu également de la variation
inexplicable des capitaux propres de l'entreprise CAMSHIP au cours de
l'exercice 2000/200118, nous avons à certains moments
exclu cette entreprise de l'analyse, car cette variation n'influence
pas la relation étudiée ici. Par rapport à tous ses
ajustements, les tests de Wilcoxon ont été appliqués aux
cinq (5) indicateurs. Pour chacun d'entre eux, nous présentons d'abord
graphiquement une évolution annuelle en moyenne et une tendance en
médiane. Puis sous forme de tableau nous parcourons toutes les
étapes de la procédure du test.
1.1. Présentation graphique des
évolutions et des Tableaux des Tests
Pour chaque indicateur, nous faisons au préalable
une analyse graphique de l'évolution globale avant/après
la privatisation. Ensuite pour approfondir l'analyse, nous parcourons les
étapes du test non paramétrique de Wilcoxon.
18 Les capitaux propres de CAMSHIP passent de
1988847344 en 1998/1999 à -42860000 en 2000/2001
Présentation graphique de
l'évolution du ROE
Graphique 1
0,4
0,3
0,2
0,1
N+2
0
N-3
N-2
N-1
N
-0,1
-0,2
-0,3
-0,4
-0,5
Evolution de la
N+1
Moyenne
N+3
Tendance de la
Médiane
Source : l'auteur, sur la base des
données reçues de la DSCN
Ce graphique nous présente l'évolution du
taux de rentabilité moyen annuel des capitaux propres sur la
période une période de sept ans. Afin de mieux visualiser
l'effet
de la privatisation, nous faisons une
réinitialisation à l'année de privatisation. Ainsi
pour ce qui est de cet indicateur, nous pouvons constater que la privatisation
a eu un effet positif considérable sur la performance. En effet pour
l'évolution en moyenne, le ratio passe de la zone des résultats
négatifs avant la privatisation à la zone de résultats
positifs après la privatisation. Et pour contourner les limites dues
à l'utilisation de la moyenne nous calculons la médiane de chaque
sous échantillons, et trouvons l'allure
de son évolution. Nous constatons à cet effet
que la médiane avant est supérieure à la médiane
après, ce qui est synonyme d'une amélioration du ratio
après la privatisation. Donc en se limitant à l'analyse de ce
graphique, la privatisation améliore la rentabilité
des capitaux propres.
Présentation du test du
ROE
TABLE 4.1
TEST DU ROE
|
SUBJEC2T.1.1
|
MOY A
|
MOY B
|
Differences
|
Signed Ranks
|
CAMSHIP
|
0,0529
|
0,1213
|
-0,0684
|
-4
|
HEVECAM
|
-0,0010
|
-0,5423
|
0,5413
|
9
|
CAMTEL
|
0,0390
|
0,0104
|
0,0286
|
3
|
SOCAMAC
|
0,2219
|
0,2205
|
0,0014
|
1
|
SEPBC
|
0,3004
|
0,1427
|
0,1577
|
8
|
SPFS
|
0,2911
|
0,3076
|
-0,0166
|
-1,5
|
REGIFERCAM
|
0,0845
|
-0,0294
|
0,1139
|
5
|
CHOCOCAM
|
0,1555
|
0,0363
|
0,1192
|
6
|
SCDM
|
0,2883
|
-4,4024
|
4,6907
|
11
|
SOCAPALM
|
0,0173
|
0,0007
|
0,0166
|
1,5
|
SRL
|
0,1449
|
0,2949
|
-0,1500
|
-7
|
COCAM
|
0,9254
|
0,0000
|
0,9254
|
10
|
T+ )
|
54,5
|
|
|
|
T-
|
12,5
|
|
|
|
N
|
12
|
|
|
|
Source : l'auteur, sur la base des
données reçues de la DSCN
Pour les douze entreprises concernées par le
calcul de cet indicateur, trois (3)
seulement ont des rangs négatifs. La somme de ces
rangs en valeurs absolues nous donne
12,5 ( 4 + 1,5 +
7) soit T- de TABLEAU 4.1 ; les rangs positifs quant
à eux donnent une somme de 54,5 soit T+ de TABLE
5.1. Pour prendre une décision, nous retenons la valeur de
T la plus petite soit T= 12,5
présentation graphique de
l'évolution du RE
Graphique 2
0,35
0,3
0,25
0,2
0,15
0,1
0,05
N-3
N-2
N-1
N
0
Evolution de la
Moyenne
N+2
N+3
Tendance de la
Médiane
N+1
Source : l'auteur, sur la base des
données reçues de la DSCN
Pour ce ratio qui mesure la rentabilité économique,
nous constatons également une amélioration aussi bien en moyenne,
qu'en médiane. En effet, de 0,1 à l'année N-1,
la dernière avant la privatisation, nous passons à
plus de 0,3 l'année N+1. La médiane
du sous échantillon avant la privatisation est
sensiblement égale à 0,1 alors celle de l'échantillon
après la privatisation est supérieure à 0,15. Ainsi
à la lumière de ce graphique nous pouvons confirmer
l'hypothèse d'accroissement de rentabilité
économique après la privatisation.
Test de la Rentabilité Economique
(RE)
TABLE 4.2
TEST DU RE
|
SUBJECT
|
MOY A
|
MOY B
|
Differences
|
Signed Ranks
|
HEVECAM
|
-0,0010
|
-0,5423
|
-0,0458
|
-2
|
CAMTEL
|
0,0390
|
0,0104
|
0,1388
|
5
|
S,E,P,B,C
|
0,3004
|
0
|
0,6630
|
9
|
SPFS
|
0,2911
|
0,3076
|
0,0946
|
3
|
REGIFERCAM
|
0,0845
|
-0,0294
|
0,2640
|
7
|
CHOCOCAM
|
0,1555
|
0,0363
|
0,2066
|
6
|
SCDM
|
0,2883
|
-4,4024
|
0,8408
|
10
|
SOCAPALM
|
0,0173
|
0,0007
|
-0,1243
|
-4
|
SRL
|
0,1449
|
0,4629
|
-0,0328
|
-1
|
COCAM
|
0,9254
|
0,0000
|
0,2877
|
8
|
T+
|
34
|
|
|
|
T-
|
7
|
|
|
|
N
|
10
|
|
|
|
Source : l'auteur, sur la base des
données reçues de la DSCN
Pour les dix entreprises concernées (après
avoir sorti la CAMSHIP et la SOCAMAC) par le calcul de cet indicateur, trois
(3) seulement ont de rangs négatifs et la somme de ces rangs en valeurs
absolues nous donne 7 (2+ 4 +
1) soit T- de TABLE 4.2 ; les rangs positifs quant à eux
donnent une somme de 34 soit T+ de TABLE 4.2. Pour prendre
une décision, nous retenons la valeur de T la plus petite soit
T= 7
présentation graphique de
l'évolution du VS
Graphique 3
1,2
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
N-3 N-2 N-1 N N+1 N+2 N+3
Evolution de la
Moyenne
Tendance de la
Médiane
Source : l'auteur, sur la base des
données reçues de la DSCN
Pour ce qui est de ce ratio qui approxime la part
de valeur qui revient aux salariés dans la valeur globale
crée, nous constatons qu'en moyenne, son évolution est difficile
à apprécier. En effet, après une hausse
considérable la première année après la
privatisation, sa valeur semble chuter les deux années
après. Mais en analysant l'évolution en médiane en
terme de tendance, nous nous rendons bien compte que la médiane des
valeurs avant la privatisation est inférieure à la
médiane après la privatisation. D'où
l'évolution observée sur le graphique. La
médiane étant un indicateur plus fiable, nous pouvons
conclure partiellement que la privatisation a
amélioré la valeur appropriable par les clients.
Test de la Valeur Salariale
(VS)
|
TABLE 4.3
|
|
TEST DE LA VS
|
|
SUBJECT
|
MOY A
|
MOY B
|
Differences
|
Signed Ranks
|
HEVECAM
|
0,6730
|
0,6430
|
0,0301
|
3
|
CAMTEL
|
0,2685
|
0,1795
|
0,0889
|
4
|
SOCAMAC
|
1,5841
|
0,5016
|
1,0824
|
10
|
S,E,P,B,C
|
0,4528
|
0,0000
|
0,4528
|
9
|
SPFS
|
0,4059
|
0,5563
|
-0,1504
|
-8
|
REGIFERCAM
|
0,7621
|
0,6457
|
0,1165
|
6
|
CHOCOCAM
|
0,4744
|
0,4903
|
-0,0159
|
-1
|
SCDM
|
5,1208
|
5,0131
|
0,1077
|
5
|
SOCAPALM
|
0,4303
|
0,3065
|
0,1238
|
7
|
SRL
|
0,3181
|
0,2884
|
0,0297
|
2
|
T+
|
44
|
|
|
|
T-
|
9
|
|
|
|
N
|
10
|
|
|
|
|
Source : l'auteur, sur la base des
données reçues de la DSCN
Pour les dix entreprises concernées (après
avoir sorti la CAMSHIP et la COCAM) par le calcul de cet indicateur, deux (2)
seulement ont des rangs négatifs et la somme de ces rangs en valeurs
absolues nous donne 9 (8 + 1) soit T-
de TABLE 4.3 ; les rangs positifs quant à eux donnent une somme
de 44 soit T+ de TABLE 4.3. Pour prendre une
décision, nous retenons la valeur de T la plus petite soit T=
9
Présentation de l'évolution du
VE
Graphique 4
0,14
0,12
0,1
0,08
0,06
0,04
0,02
N-3
N-2
N-1
N N+1
0
Evolution de la
Moyenne
N+3
Tendance de la
Médiane
N+2
Source : l'auteur, sur la base des
données reçues de la DSCN
Ce ratio connaît une évolution à la hausse
en dents de scie. En effet après une forte progression la
première année après la privatisation, nous observons une
baisse la deuxième puis une nouvelle hausse la troisième
année après. Mais en nous basant sur l'analyse en médiane,
on constate que la tendance est à la hausse car, la médiane des
observations avant la privatisation est inférieure à celle
d'après. Ce qui nous amène à conclure avec quelques
retenues quand même à une hausse de la valeur prise par ce
ratio après la privatisation.
Test de la Valeur Etat
TABLE 4.4
TEST DE LA VE
|
SUBJECT
|
MOY A
|
MOY B
|
Differences
|
Signed Ranks
|
CAMSHIP
|
-0,0435
|
0,0215
|
-0,0650
|
-7
|
HEVECAM
|
0,0635
|
0,0186
|
0,0450
|
6
|
CAMTEL
|
0,0137
|
0,0069
|
0,0069
|
2
|
SOCAMAC
|
0,0903
|
0,0352
|
0,0551
|
-1
|
S,E,P,B,C
|
0,0392
|
0,0000
|
0,0392
|
5
|
SPFS
|
0,0375
|
0,1306
|
-0,0931
|
-9
|
REGIFERCAM
|
0,3912
|
0,0003
|
0,3909
|
10
|
CHOCOCAM
|
0,0414
|
0,0341
|
0,0072
|
3
|
SCDM
|
0,0600
|
0,1801
|
-0,1200
|
-12
|
SOCAPALM
|
0,0941
|
0,0165
|
0,0776
|
8
|
SRL
|
0,0607
|
0,0386
|
0,0221
|
4
|
COCAM
|
0,2250
|
0,0955
|
0,1295
|
11
|
T+
|
49
|
|
|
|
T-
|
29
|
|
|
|
N
|
12
|
|
|
|
Source : l'auteur, sur la base des
données reçues de la DSCN
Pour les douze entreprises concernées par le
calcul de cet indicateur, quatre (4)
seulement ont des rangs négatifs et la somme de ces en
valeurs absolues nous donne 29 (7+
1+9+12) soit T- de TABLE 4.4 ; les
rangs positifs quant à eux donnent une somme de 49
soit
T+ de TABLE 4.4 Pour prendre une décision, nous
retenons la valeur de T la plus petite soit
T= 29
Présentation de l'évolution de
la VBF
Graphique 5
0,35
0,3
0,25
0,2
0,15
0,1
0,05
N-3
N-2
N-1
N
0
Evolution de la
N+3
Moyenne
N+2
Tendance de la
Médiane
N+1
Source : l'auteur, sur la base des
données reçues de la DSCN
En observant l'évolution en moyenne de ce ratio,
on peut se rendre compte qu'à l'instar des autres, l'année
après celle de la date de privatisation est toujours
bénéfique.
En effet on passe de 0.15 l'année avant la
privatisation à 0.25 un an après la privatisation, puis
à plus de 3 l'année d'après. Ce n'est qu'à la
troisième année après que l'on observe une chute. En
observant la tendance en médiane, l'évolution à la
hausse est bien visible.
Ces analyses graphiques nous donnent une première
idée, quoique pas très fiable
de l'impact du phénomène de privatisation sur les
variables de performances retenues.
Il convient donc pour nous de les compléter avec l'analyse
des résultats des différents tests effectués.
Test de la Valeur Bailleurs de Fonds
(VBF)
TABLE 4.5
TEST DE LA VBF
|
SUBJECT
|
MOY A
|
MOY B
|
Differences
|
Signed Ranks
|
|
|
|
|
|
HEVECAM
|
0,0795
|
0,0209
|
0,0586
|
10
|
CAMTEL
|
0,0046
|
0,0079
|
-0,0032
|
-3
|
SOCAMAC
|
0,0534
|
0,0247
|
0,0287
|
7
|
S,E,P,B,C
|
0,0112
|
0,0000
|
0,0112
|
6
|
SPFS
|
0,0680
|
0,0649
|
0,0030
|
1
|
REGIFERCAM
|
0,0567
|
0,0637
|
-0,0070
|
-5
|
CHOCOCAM
|
0,0029
|
0,0079
|
-0,0050
|
-4
|
SCDM
|
1,7721
|
1,0792
|
0,6929
|
11
|
SOCAPALM
|
0,1078
|
0,0573
|
0,0505
|
9
|
SRL
|
0,1665
|
0,1316
|
0,0349
|
8
|
COCAM
|
0,0272
|
0,0241
|
0,0031
|
2
|
T+
|
54
|
|
|
|
T-
|
12
|
|
|
|
N
|
11
|
|
|
|
Source : l'auteur, sur la base des
données reçues de la DSCN
Pour les onze (11) entreprises concernées par le
calcul de cet indicateur, trois (3)
seulement ont des rangs négatifs et la somme de ces en
valeurs absolues nous donne 12 (3+
5+4) soit T- de TABLE 4.5 ; les
rangs positifs quant à eux donnent une somme de 54 soit
T+
de TABLE 4.5 Pour prendre une décision, nous retenons
la valeur de T la plus petite soit T=
12
TABLE 4.6
1.2. Synthèse des
Résultats
Indicateurs
|
Nombre d'entreprises
|
Médianes (Moyennes) avant
|
Médianes (Moyennes) après
|
Différences Médianes (Moyennes)
|
Test de
Wilcoxon
|
(%) de firmes
évoluant comme prévu
|
ROE
|
12
|
(-0,2732) (-0,3241)
|
0,1753
0,2023
|
0,4485
0,5264
|
12,5**
|
12-3/12=3/4
d'où 75%
|
RE
|
10
|
0,2136
0,1145
|
0,2621
0,2733
|
0,4757
0,1588
|
7**
|
10-3/10=7/10
d'où 70%
|
VS
|
10
|
0,8516
0,8979
|
0,9285
0,8454
|
0.0769
(-0,0525)
|
11*
|
10-2/10=8/10
d'où 80%
|
VE
|
12
|
0,0359
0,0568
|
0,0516
0,0885
|
0,0157
0,0317
|
29
|
12-4/12=8/12
d'où 66,67%
|
VBF
|
11
|
0,1235
0,1346
|
0,2413
0,1914
|
0,1179
0,0567
|
12*
|
11-3/11=8/11
d'où 72,72%
|
Source : l'auteur, sur la base des
données reçues de la DSCN
* Test rejetant l'hypothèse nulle
d'absence de différence de médiane au seuil de 10%
** Test rejetant l'hypothèse nulle
d'absence de différence de médiane au seuil de 5%
Le Tableau 4.6 nous donne les résultats du
modèle. La première colonne rappelle juste les indicateurs
utilisés. La deuxième donne le nombre d'entreprises
finalement concernées par le calcul de cet indicateur. Les
colonnes 3 et 4 montrent respectivement les moyennes et médianes
avant et après la privatisation ; la colonne 5 fait apparaître les
variations des valeurs moyenne/médianes des indicateurs alors que
la colonne 6 présente les résultats du test de
Wilcoxon. La dernière colonne du tableau
donne le pourcentage de firmes ayant évoluées selon
nos prévisions
Section 2 : Interprétations et implications des
résultats du modèle d'EPP
Les différentes tables de test, ainsi que le tableau de
synthèse des résultats nous donnent une idée de
l'évolution des indicateurs de mesure des variables du
modèle. Mais pour une compréhension plus accessible, et pour
rendre potentiellement utilisable
ces résultats, nous les interprétons et
mentionnons quelques implications qui en découlent.
2.1. Interprétation des Résultats du
modèle d'EPP
De prime à bord, la privatisation semble
être bénéfique non seulement pour l'entreprise,
considérée comme une entité, mais également
pour les trois groupes de partenaires concernés par
l'étude. En effet, les différents indicateurs
d'efficacité économique (ROE, RE) ainsi que ceux
d'efficacité partenariale (VS, VBF, VE) s'améliorent en
moyenne et bien plus en médiane. En dehors de la Valeur salariés
qui présente une différence négative synonyme d'une
baisse, tous les autres connaissent une évolution conforme à
nos prévisions.
Cette première analyse souffrirait de
naïveté si nous nous limitons à ce niveau.
Le test de différence de médiane est
effectué pour annuler les biais que l'utilisation d'un indicateur
comme la moyenne peut introduire dans l'analyse. En effet en nous
basant sur cet indicateur, une variation de même ampleur mais
de sens opposé aboutirait à la conclusion selon laquelle le
phénomène étudié n'a pas d'effet.
En nous appuyant sur les résultats de ce test, on
se rend bien compte que la valeur appropriable par l'Etat ne connaît
pas une évolution significative. Autrement dit,
la privatisation n'accroît pas la part en valeur
relative des sommes qui reviennent à l'Etat. Pour ce qui est
des autres variables le test confirme l'accroissement de leurs valeurs,
consécutive à la privatisation. Ceci est plus vrai pour le ROE
qui mesure la rentabilité des capitaux propres et le R.E qui lui
mesure la rentabilité économique. Pour ces deux indicateurs
le test est concluant aussi bien à un seuil de significativité
de
10% qu'à celui de 5%.
2.2 Les implications des résultats du
modèle d'EPP
Les résultats de cette étude nous
permettent d'interpeller non seulement les maîtres d'oeuvre du
programme de privatisation en cours au Cameroun, mais
également les partenaires sociaux concernés par
l'étude.
2.2.1 Implications au niveau de l'état et du
processus de privatisation en cours
La présente étude devrait amener les
maîtres d'oeuvre du programme de privatisation en cours au Cameroun
à l'accélérer. En effet, l'étude ayant
révélée que la privatisation améliore
significativement la performance économique des entreprises
concernées par l'opération, l'Etat devrait au plus vite
les céder au secteur privé. La Camair pour ne citer que cet
exemple, connaît actuellement de nombreux problèmes financiers qui
rendent perceptibles la difficile restructuration à laquelle se heurtent
les dirigeants de cette firme. En moins de dix ans, cette
société a connu trois équipes
dirigeantes. Et l'actualité la plus récente sur le
"Dja" 19 , vient confirmer cet Etat de
convalescence dans lequel se trouve cette compagnie
aérienne.
Les maîtres d'oeuvre du programme de privatisation
au Cameroun devraient également privilégier les
investisseurs nationaux dans la cession des sociétés du
portefeuille de l'Etat, car comme nous le montre la présente
étude, la privatisation est bénéfique aux bailleurs de
fonds. Nous constatons malheureusement que la très grande
majorité des repreneurs sont étrangers. Ainsi cet avantage
consécutif à la privatisation
ne profite qu'aux étrangers. L'Etat en mettant sur pied
des mesures qui accorderaient la priorité aux investisseurs nationaux
sans pour autant fermer la porte aux étrangers, limiterait
considérablement cette fuite de capitaux.
2.2.2 Implications au niveau de partenaires de
l'entreprise
Pour les partenaires de l'entreprise, la principale
implication des résultats de la présente étude est
qu'ils devraient se mettre ensemble pour bénéficier au
mieux des retombés de la privatisation. Les investisseurs nationaux,
compte tenu de l'effet positif
de la privatisation sur la valeur appropriable par les bailleurs
de fonds doivent former
19 Le Dja, c'est le nom de baptême
d'un des avions de la CAMAIR. Il assure les vols régionaux et nationaux.
En l'espace d'une semaine, il a été d'abord annoncé comme
ayant été restitué à son propriétaire
(Cameroon Tribune
n° 8284/4409 du 24 juin 2004), avant d' être
finalement recupéré par la société (Cameroon
Tribune n°8128/4413
du 30 juin 2004).
des blocs, afin d'associer leurs avoirs et leurs savoirs
pour pouvoir faire face à la
concurrence imposée par le caractère internationale
des appels d'offre.
Les résultats de l'étude nous montrent que le
personnel aussi est bénéficiaire du changement de
propriété. Il serait donc plus opportun pour lui de se
regrouper en association, en syndicat, ou en amicale, afin de parler d'une
seule voix et surtout de favoriser l'acquisition des savoirs
spécifiques. Car ceux-ci valorisent le personnel, augmentent la
valeur qui lui revient et rendent son limogeage coûteux
pour l'entreprise.
CONCLUSION
Ce chapitre nous a permis de passer les
différentes propositions émises à l'épreuve des
faits, d'interpréter et de tirer les leçons des résultats
du modèle d'EPP. Au terme de cette confrontation, il ressort que
la privatisation a effectivement un effet positif sur la performance
économique des entreprises privatisées au Cameroun. Pour
ce qui est de l'effet sur les partenaires, de prime à
bord (analyse graphique), tous les trois profitent de ce changement. Mais une
analyse plus approfondie (les tests), révèle que deux des
trois groupes étudiés sont en conformité avec nos
prévisions. Il s'agit notamment des bailleurs de fonds et des
salariés qui voient la part de valeur qui leur revient
s'accroître. Seule le partenaire Etat semble rester indifférent
à la privatisation. Cela peut être compréhensible dans la
mesure où cette opération diminue le pouvoir et
la discipline que l'Etat exerce sur le dirigeant. Ainsi, celui-ci
étant au centre du noeud
de contrat, et ayant sous son arbitrage la distribution
de la valeur crée, il va marginaliser l'Etat dans la mesure
où celui-ci exerce une discipline relativement faible
sur les décisions qu'il prend. Malgré
cet argument il reste quand même que l'amélioration
des performances économiques consécutive à la
privatisation devrait entraîner un accroissement des impôts
et taxes payés. Voilà pourquoi nous pouvons attribuer ce
bémol aux différents biais liés à
l'incomplétude des données, et surtout à
l'incapacité de l'indicateur valeur appropriable par l'Etat à
filmer la totalité des effets
de ce changement. Car cette valeur ne peut que
s'améliorer dans la mesure où non seulement les impôts
et les taxes versés à l'Etat devraient augmenter, mais ce dernier
reçoit également des fonds dus à la cession des
entreprises et fait des économies de
subvention.
CONCLUSION DEUXIEME PARTIE
Les questions posées au début de cette partie
étaient celles de savoir quel bilan
on peut faire des privatisations menées au
Cameroun et quel est l'impact de ce phénomène sur les
partenaires de l'entreprise ? S'agissant du bilan, nous l'avons fait en deux
points, sur le plan économique, et sur le plan partenariale.
Pour ce qui est du premier point, il est satisfaisant dans la mesure
où la privatisation a permis d'améliorer
les performances économiques des entreprises qui ont faits
l'objet de cette opération.
En terme de bilan partenariale, ce qui rejoint la deuxième
préoccupation posée
au début de cette partie, nous pouvons dire que la
privatisation a été bénéfique pour le personnel et
les bailleurs de fonds. Et s'il faut s'en tenir aux résultats de cette
étude, elle n'a pas changé grand chose pour l'Etat. C'est
à ces trois catégories de partenaire
que nous avons restreint la présente étude.
Conclusion Générale
CONCLUSION GENERALE
La principale interrogation à l'origine de cette
étude était celle de savoir si les privatisations menées
au Cameroun ont été efficaces. En adoptant l'approche de
la firme partenariale, un tel questionnement ne saurait se limiter
à la seule mesure de l'efficacité économique. C'est
pourquoi, s'interroger sur l'efficacité des privatisations menées
au Cameroun revient à étudier l'impact du phénomène
aussi bien sur la firme,
sur les actionnaires que sur les autres partenaires.
L'efficacité ici devient donc synonyme de performance
partenariale.
Compte tenu de cette considération peut-on
conclure au terme de cette recherche que les privatisations
menées dans notre pays ont été efficaces ? Au regard des
résultats obtenus par les indicateurs de performance économique
à savoir le ROE (Taux de rentabilité des capitaux propres) et le
RE (taux de rentabilité économique), nous pouvons affirmer
qu'en terme d'efficacité économique les privatisations
camerounaises sont satisfaisantes. Ce résultat interpelle l'Etat
à accélérer le processus
de privatisation en cous au Cameroun, en se débarrassant
au plus vite des sociétés dont
le processus de restructuration continue à être
infructueux.
S'agissant de l'efficacité partenariale, cette
étude permet de nous prononcer par rapport à trois groupes de
partenaires. Le personnel et les bailleurs de fonds des entreprises
privatisées au Cameroun sortent bénéficiaire de cette
opération car la part prise par eux dans la valeur crée
est en nette augmentation. Ainsi, pour ces deux partenaires, les
privatisations menées au Cameroun sont efficaces. Pour
bénéficier de
ce changement, le regroupement en association afin de mieux
défendre leurs intérêts
est nécessaire. L'Etat pourrait
également mettre sur pieds des conditions qui favoriseraient
les bailleurs de fonds nationaux, dans le cas où ceux-ci
feraient des offres aussi intéressantes que les étrangers.
Pour ce qui est du troisième partenaire concerné
par l'étude à savoir l'Etat, la privatisation n'apporte pas un
changement significatif dans la valeur qui lui revient. Ce résultat
quoique compréhensible dans la logique de la discipline exercée
par chaque partenaire sur le dirigeant prête quand même
à confusion. En effet, la privatisation
entraîne un bon volume de rentrées dans les
caisses de l'Etat en terme d'impôts et
Conclusion générale
taxes et en terme de cession d'actifs. Et parce qu'elle permet
également une économie
de subvention accordée par les pouvoirs publics aux
entreprises, on est en droit de se poser des questions sur la fiabilité
de ce dernier résultat. On pourrait particulièrement pointer un
doigt accusateur en direction des indicateurs utilisés pour
mesurer cette Valeur Etat ( Impôts et taxes / Valeur Ajoutée).
Parce que cet indicateur n'intègre pas toutes ces variations, il ne rend
pas compte d'une proportion bien importante de la part
de valeur qui revient à l'Etat. Ceci nous amène
justement à évoquer les limites de cette
étude.
La première de ces limites est qu'on ne saurait
véritablement parler d'efficacité partenariale des privatisations
sans se prononcer sur le partenaire client ; tant il est vrai que ce dernier
est celui qui consomme l'output produit par l'entreprise. Il est de ce fait
pleinement affecté par les décisions prises au sein de
celle-ci. Le phénomène de délestage qui a court au
Cameroun actuellement en est une parfaite illustration dans le sens où
se sont les populations qui en sont victimes. Ainsi, compte tenu de
la complexité que pose la mesure de la valeur appropriable par
cette catégorie de partenaire, notre étude ne l'a pas
intégré. Nous pensons pouvoir examiner cet aspect
du problème dans nos recherches futures.
On peut aussi reprocher à cette recherche d'avoir
abandonnée involontairement
un nombre non négligeable d'informations. En
effet, la population d'entreprises privatisées au Cameroun est de 18
entreprises, mais la présente recherche ne concerne que 12 d'entre
elles, soit 6 entreprises absentes. Ce qui pourrait être à
l'origine d'un biais non négligeable ; quoique le caractère non
aléatoire de cet échantillon vienne le réduire.
Ainsi, on pourrait se poser la question de savoir si
ces limites devraient conduire à la contestation des résultats
de cette étude et la rendre par conséquent sans
intérêt. Nous ne le pensons pas. D'abord parce que les
résultats obtenus viennent confirmer considérablement
l'hypothèse d'accroissement de performance consécutive à
une privatisation comme le prévoit la théorie.
L'ambiguïté des résultats empiriques observés dans
les recherches antérieures ( celles-ci étant faites pour la
plupart dans les pays développés), s'en trouve ainsi
atténuée. Cette amélioration pourrait trouver une
explication dans le fait que la gestion publique est plus lourde
et génératrice de coûts
Conclusion Générale
de transaction énormes dans les pays sous
développés. La privatisation a donc des
effets escomptés plus nets dans les économies en
voie de développement comme celle
du Cameroun parcequ'elle libère les entreprises de cette
lourdeur et de ces coûts.
Enfin parce que ces résultats confirment le bien
fondé du programme de privatisation en cours au Cameroun, ils
devraient encourager les initiateurs et les
maîtres d'oeuvres de ce programme à le
poursuivre.
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privatisation des Entreprises
Publiques et ParaPubliques.
Décret n° 90/1423 du 03 octobre 1990
portant Privatisation de certaines
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Décret n° 99/210 du 22 septembre 1999
portant admission de certaines entreprises du secteur Public et
Para-Public à la procédure de Privatisation.
Acte uniforme portant organisation et harmonisation des
comptabilités des entreprises sises dans les Etats-parties au
traité relatif à l'harmonisation du droit des affaires en
Afrique.
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE
.......................................................................................................................
III DEDICACES
.......................................................................................................................
V
REMERCIEMENTS..........................................................................................................
VI RESUME
............................................................................................................................VII
ABSTRACT
.....................................................................................................................
VIII LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
....................................................................
IX LISTE DES
TABLEAUX....................................................................................................
X LISTES DES
GRAPHIQUES............................................................................................
XI
INTRODUCTION GENERALE
........................................................................................
2
PREMIERE PARTIE: ASPECTS THEORIQUES DE LA RELATION
PRIVATISATION
PERFORMANCE............................................................................
11
CHAPITRE 1
...........................................................................................................................
12
LE CADRE CONCEPTUEL DE LA PRIVATISATION
................................................................ 12
Section 1 : Privatisation : définitions et objectifs
........................................................... 12
1.1. La Privatisation comme modification de
l'architecture
organisationnelle.......................................................................................................
13
1.2. Privatisation comme
déréglementation de l'activité
.............................. 14
1.3. Les Objectifs des Privatisations
.................................................................
14
1.3.1. Les Objectifs des privatisations dans les Pays
développés. ............ 14
1.3.2. Les Objectifs des Privatisations dans les Pays en voie
de développement
........................................................................................................
15
Section 2 : Le Débat sur la Relation Privatisation
Performance .................................... 16
2.1. Les fondements théoriques des politiques
de privatisation ................... 16
2.1.1. La théorie des Contrats
Incomplets..................................................... 17
2.1.2. La théorie des droits de
propriété
...................................................... 18
2.1.3. La théorie de l'X
efficiency...................................................................
18
2.1.4. La théorie du « Public choice »
........................................................... 19
2.1.5. La théorie de
l'agence...........................................................................
19
2.2. Aspects factuels de la relation P/P :
l'ambiguïté des résultats
empiriques
..................................................................................................................
21
2.2.1. Rappel des principaux résultats
empiriques....................................... 21
2.2.1.1. Performance supérieure du
système de propriété privé.
.............. 21
2.2.1.2. Performance supérieure du
système de propriété public ............
21
2.2.2. Les leçons à tirer de
l'ambiguïté des résultats empiriques ..............
22
2.2.2.1. Le biais dû à la
diversité d'environnement concurrentiels .......... 23
2.2.2.2. Les limites du cadre théorique
traditionnel d'analyse de la
relation P/P
........................................................................................................
23
CHAPITRE 2
...........................................................................................................................
26
LA THEORIE DE LA GOUVERNANCE : UN NOUVEAU CADRE
D'ANALYSE DE LA RELATION P/P
....................................................................................................................
26
Section 1 : Origines et Implications de la TGP
............................................................... 26
1.1 La Théorie de l'Agence
Généralisée de Hill et Jones
............................. 27
1.2. Les implications de la TGP
.........................................................................
28
1.2.1. La révision du statut de créancier
résiduel ........................................ 28
1.2.2. Les caractéristiques de la GP
.............................................................. 30
Section 2 : LA PRIVATISATION : un changement du
système de gouvernance ............. 32
2.1. Le renforcement des mécanismes externes
de GE .................................. 33
2.1.1. Renforcement de la discipline du Marché
financier.......................... 33
2.1.2. Renforcement de la discipline du marché des
biens et services et du marché du capital humain
....................................................................................
34
2.2. Le renforcement des mécanismes internes
de gouvernance : la modification de l'architecture organisationnelle
................................................ 36
2.2.1. Le renforcement du rôle du conseil
d'administration ....................... 36
2.2.2. Les modifications du processus décisionnel et
ses conséquences ... 37
2.2.2.1.Evolution du processus décisionnel
.................................................. 37
2.2.2.2. La dynamique de la répartition de la
valeur crée .......................... 38
CONCLUSION PREMIERE
PARTIE...........................................................................
42
CHAPITRE 3
...........................................................................................................................
46
PRIVATISATIONS CAMEROUNAISES : DEROULEMENT ET METHODE
D' EVALUATION
..............................................................................................................
46
Section 1 : Le processus de privatisation camerounais
................................................... 46
1.1. Le cadre légal et principes directeurs
des privatisations
Camerounaises
..........................................................................................................
47
1.1.1. Le cadre légal des Privatisations au
Cameroun................................ 47
1.1.2. Les principes directeurs des privatisations au
Cameroun .............. 48
1.2. Le Processus de prise de décision
.............................................................
49
1.2.1. La liquidation
.........................................................................................
49
1.2.2. La restructuration
.................................................................................
49
1.2.3. De la stratégie de Privatisation à la
signature du contrat .............. 50
1.2.3.1. La préparation de la stratégie
de Privatisation .............................. 50
1.2.3.2. L'Appel d'offre
....................................................................................
50
1.2.3.3. Signature de la convention de cession
............................................ 51
1.3. Les Techniques de privatisations
..............................................................
53
1.3.1. La vente d'éléments d'actifs
................................................................. 53
1.3.2. Vente de blocs d'actions
.......................................................................
53
1.3.3. L'ouverture du
capital...........................................................................
53
1.3.4. La concession
.........................................................................................
54
1.3.5. Le contrat de gestion et
l'affermage.................................................... 54
Section 2 : Démarche d'investigation dans le secteur
des entreprises privatisées au
Cameroun
.........................................................................................................................
55
2.1. Rappel de la Problématique et des
hypothèses de recherche................. 55
2.1.1. La problématique de la relation P/P au Cameroun
.......................... 55
2.1.2. Base des hypothèses et Hypothèses
recherche.................................. 55
2.1.3. Présentation schématique du
modèle d'EPP ...................................... 57
2.2. Les Ingrédients du Modèle d'EPP
............................................................
58
2.2.1. les Indicateurs de mesure des Variables du
modèle d'EPP.............. 58
2.2.2. Les Evolutions Attendues
......................................................................
60
2.3. La Méthode d'évaluation de
l'Efficacité : une approche ....................... 60
longitudinale
..............................................................................................................
60
2.3.1. Présentation de la méthode dite
d'approche longitudinale .............. 61
2.3.2. Présentation de la population d'entreprises
privatisées au
Cameroun, et méthode d'échantillonnage
.......................................................... 61
2.3.3. Description du test de différence de
médiane .................................... 64
CHAPITRE 4
...........................................................................................................................
67
UN APERÇU DES PERFORMANCES ECONOMIQUES ET
PARTENARIALES DES ENTREPRISES PRIVATISEES AU CAMEROUN
.................................................................
67
Section 1 : Les Résultats du Modèle d'EPP
.................................................................... 67
1.1. Présentation graphique des
évolutions et des Tableaux des Tests ...... 68
1.2. Synthèse des
Résultats.................................................................................
79
Section 2 : Interprétations et implications des
résultats du modèle d'EPP .................... 80
2.1. Interprétation des Résultats du
modèle d'EPP ........................................
80
2.2 Les implications des résultats du
modèle d'EPP ..................................... 81
2.2.1 Implications au niveau de l'état et du processus
............................... 81
de privatisation en
cours.......................................................................................
81
2.2.2 Implications au niveau de partenaires de l'entreprise
...................... 81
CONCLUSION DEUXIEME PARTIE
.........................................................................
83
CONCLUSION GENERALE
..............................................................................
84
BIBLIOGRAPHIE.................................................................................................
87
TABLE DES
MATIERES...............................................................................
93
Table des matières
Page 84
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