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La production imprimée à  Angers pendant la période révolutionnaire, 1787-1799


par Cédric Pichot
Université d'Angers - Maà®trise d'histoire du livre 2002
  

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B- Des métiers contrôlés :

Le rapport des perquisitions du 23 juin 179178 précise ce qui est trouvé chez chaque commerçant de l'imprimé. Les constatations des enquêteurs sont stéréotypées, c'est pourquoi trois exemples suffisent pour les illustrer : chez Etienne-René Jahyer, imprimeur, rien n'est trouvé de << contraire à la morale et au bien public >>. Cette remarque est celle qui est faite à propos d'une large majorité de ces professionnels. Ce même jour, une perquisition a également eu lieu chez << le sieur Parisot >>, mais il n'y est signalé << aucun livre imprimé, écrit, contraire aux bons principes de la Constitution >>.. En revanche, chez Pierre Tripier, libraire, un certain nombre de livres ont été trouvés, << dont certains en quelques exemplaires et de plusieurs pages par exemplaire >> (352 p. pour l'un d'eux). Selon leurs titres, ces livres semblent être des plaidoyers favorables à l'église cherchant à coaliser la population à ses côtés. Cependant, ce sont les seuls renseignements que l'on puisse tirer de ces enquêtes.

Les éventuelles sanctions qui sont prises à la suite de ces perquisitions ne figurent pas dans ce rapport et nous restent inconnues. En revanche, ces perquisitions prouvent la volonté de conserver un certain contrôle sur l'activité des différents commerçants du livre. Si cette vérification ne consiste, pour le moment, qu'à éviter de voir se répandre des textes subversifs, elle représente néanmoins une certaine forme de censure qui évitera à chacun de s'apercevoir que celle-ci est ensuite progressivement rétablie. De toute façon, la censure n'a pas véritablement été supprimée, puisqu'elle subsiste sous certaines formes.

78 ibid.

Conclusion du chapitre 2 :

L'augmentation du nombre de personnes exerçant les métiers du livre pendant la période révolutionnaire est un fait remarquable, mais seulement à partir de 1795 pour Angers. On peut donc y voir une preuve de l'amélioration des conditions d'exercice de ces métiers à partir de ce moment, en plus du regain d'intérêt qui les a touchés dès 1789 du fait de la liberté d'imprimer. Néanmoins, on constate parallèlement que les métiers du livre sont généralement combinés : s'il est généralement normal que l'imprimeur soit simultanément libraire, en vendant les livres qu'il imprime ainsi que d'autres, le fait que les libraires soient en même temps relieurs ou que les relieurs soient aussi prêteurs de livres est révélateur. Cela peut signifier qu'ils ont le temps d'exercer une autre activité, parallèle à la principale. Mais cela peut également signifier que celle-ci n'est pas suffisamment rémunératrice et qu'ils sentent la nécessité financière de la compléter par une autre.

A travers ce chapitre, on constate que le personnel travaillant dans le livre connaît une grande mobilité durant la période révolutionnaire, du moins relativement à ce qu'elle était auparavant : les imprimeurs et les libraires arrivent et partent sans que leur nombre n'augmente excessivement, tandis que les relieurs se multiplient. En même temps, on remarque que ces professions sont très bien placées pour connaître et communiquer les idées nouvelles, surtout lorsqu'un imprimeur libraire conseille à quelqu'un d'acheter un livre qu'il a fait imprimer. Ces différentes personnes, évoquées au cours de ce chapitre, semblent donc être les mieux placées pour véhiculer les informations et les idées à la société angevine. Néanmoins, les personnes qui choisissent les idées qu'ils souhaitent répandre sont les clients des imprimeurs, c'est à dire ceux qui écrivent les livres et les font ensuite publier. C'est pourquoi il faut maintenant étudier ces acteurs fondamentaux de la production d'imprimée, en essayant de découvrir quel type de clients ils sont.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand